Article - Journal International de Santé au Travail

Libouton Dossier médical informatisé J Int Santé Trav 2010;1:1-8
technique dont parle le philosophe et celle de l’informatique en passe de s’imposer, la dynamique
d’interaction entre le langage informatisé et l’attention à l’autre devra être étudiée.
Quel sera le devenir de cette relation dans une pratique où la part des systèmes de signalisation
formels va s’amplifier ? (4)
Cette relation, à laquelle les travailleurs et bon nombre de médecins du travail semblent attachés,
l’ordinateur serait-il en position de s’y attaquer ?
L’informatique au service du médecin ou le médecin au service de l’informatique ?
A une époque où l’on s’interrogeait sur l’intérêt à informatiser le dossier médical, le Docteur P. Carlier
(2) s’était déjà posé la question et pour y répondre il avait instruit le « procès » du dossier manuscrit. Il
avait notamment retenu quatre aspects essentiels, l’un d’eux a déjà été évoqué ci-dessus, je
m’attacherai donc aux trois autres :
1.« Le médecin doit pouvoir disposer à tout moment du dossier médical du travailleur qu’il a devant
lui ». ; Encore faut-il que le dossier informatisé soit « synchronisé » et/ou que la connexion soit fiable
et stable…..et qu’il n’y ait pas eu de perte de données…
2.« La connexion avec les données administratives, souvent modifiées dans le temps, est pénible » ;
Moins pénible actuellement ?
3.« La manipulation des dossiers à emporter n’est pas sans problèmes pour le personnel…. » ; Elle a
été remplacée par la manutention des ordinateurs portables accompagnés de l’imprimante et autre
matériel connexe.
A-t-on assez réfléchi à la place respective que doivent avoir le médecin du travail et l’informatique
dans la pratique journalière de la médecine du travail ?
Je n’aborderai pas les aspects liés à la facturation des actes médicaux et au contrôle des activités du
médecin du travail que le dossier médical informatisé peut permettre sans trop de difficultés, mais cela
pourrait faire l’objet d’un autre débat.
L’objectif de ces réflexions et interrogations est d’ouvrir la discussion pour nous éloigner de la
soumission à l’évidence et de la confiance irréfléchie en l’efficience de l’objet informatique et du
dossier médical informatisé qui en découle.
Il ne s’agit pas de s’opposer à ce dont nous percevons tout l’intérêt – l’apport de l’informatique à la
pratique de la médecine du travail – et qui s’est par ailleurs, déjà imposé !
Mais il s’agit de proposer des perspectives pour améliorer une informatisation débridée et sans doute
contre-productive.
N’a-t-on pas oublié les finalités (Art. 79 de l’Arrêté royal du 28 mai 2003 ) du dossier de santé du
travailleur qui constitue la mémoire des informations pertinentes concernant un travailleur, qui
permet au conseiller en prévention-médecin du travail d'exercer la surveillance de la santé, et de
mesurer l'efficacité des mesures de prévention et de protection appliquées sur le plan individuel et sur
le plan collectif dans l'entreprise.
Le paragraphe 2 de l’article sur les finalités du dossier de santé précise aussi que le traitement des
données médicales à caractère personnel et des données d'exposition, à des fins de recherches
scientifiques, d'enregistrements épidémiologiques, d'enseignement et de formation continue, doit
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