Congrès National de Toulouse - fncv.com
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60 ème ANNIVERSAIRE DU « COUP DE FORCE »<br />
JAPONAIS EN INDOCHINE<br />
Allocution <strong>de</strong> M. Hamlaoui MEKACHERA,<br />
Ministre délégué aux anciens <strong>com</strong>battants<br />
:<br />
« Messieurs les prési<strong>de</strong>nts d’associations,<br />
messieurs les officiers généraux,<br />
mesdames, messieurs,<br />
Voici 60 ans, jour pour jour, le<br />
9 mars 1945 en Indochine, se <strong>com</strong>mettaient<br />
<strong>de</strong>s crimes sans nom.<br />
L’attaque surprise <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong><br />
l’Empire japonais contre les troupes<br />
françaises, ce « coup <strong>de</strong> force » dont<br />
nous nous souvenons aujourd’hui, fut,<br />
en effet, d’une brutalité inoubliable et<br />
d’une cruauté in<strong>de</strong>scriptible.<br />
Ecoutons, en cet instant, les mots<br />
du général <strong>de</strong> GAULLE. Ils donnent leur<br />
juste valeur à la douloureuse page<br />
d’histoire qui nous rassemble ce<br />
matin : « Les <strong>com</strong>bats, succédant soudain<br />
à une pério<strong>de</strong> prolongée <strong>de</strong><br />
doutes, <strong>de</strong> chagrins, d’humiliations,<br />
s’étaient déroulés dans les plus amères<br />
conditions : surprise, isolement, manque<br />
<strong>de</strong> moyens, impression que Dieu<br />
est trop haut et que la France est trop<br />
loin. Dans le capital moral d’un peuple,<br />
rien ne se perd <strong>de</strong>s peines <strong>de</strong>s soldats ».<br />
Aujourd’hui, au nom du gouvernement<br />
<strong>de</strong> la République, je rends<br />
l’hommage qui leur est dû à tous nos<br />
<strong>com</strong>battants, à leur courage, à leur<br />
sens élevé <strong>de</strong> l’honneur, au patriotisme<br />
indéfectible dont ils firent preuve dans<br />
ces circonstances tragiques.<br />
La France n’a pas oublié, la France<br />
n’oublie aucun <strong>de</strong>s siens, militaires,<br />
Français libres et Résistants, civils,<br />
femmes et enfants, qui affrontèrent<br />
l’horreur <strong>de</strong> la guerre mondiale, si loin<br />
<strong>de</strong> la Métropole.<br />
Entré dans l’Histoire, le capitaine<br />
Jean D’HERS, fait Compagnon <strong>de</strong> la<br />
Libération par le général <strong>de</strong> GAULLE ;<br />
entrés dans l’Histoire, Edmond GRE-<br />
THEN, inhumé au Mémorial <strong>de</strong> la<br />
France <strong>com</strong>battante au Mont Valérien,<br />
le général LEMONNIER, honoré par<br />
une rue en ce lieu si prestigieux, les<br />
généraux SABATIER et ALESSANDRI,<br />
avec René NICOLAU, le lieutenantcolonel<br />
LECOQ et tant d’autres qui<br />
mériteraient d’être cités ; entrées dans<br />
l’Histoire, ces figures emblématiques<br />
nous invitent à nous souvenir <strong>de</strong> tous<br />
leurs frères d’armes qui allèrent jusqu’au<br />
sacrifice suprême en ce printemps<br />
<strong>de</strong> 1945.<br />
Assiégés, trompés, submergés par<br />
un adversaire maintes fois supérieur en<br />
nombre, tous firent preuve d’une résistance<br />
héroïque. Dans ces mois tragiques<br />
et dans la longue épreuve qui suivit,<br />
nos <strong>com</strong>patriotes portèrent haut les<br />
valeurs <strong>de</strong> bravoure et <strong>de</strong> dignité. Ils<br />
portèrent haut l’image <strong>de</strong> la France et<br />
<strong>de</strong>s Français.<br />
Evocation historique à l’occasion du<br />
60 ème anniversaire du coup <strong>de</strong> force<br />
japonais en Indochine (9 mars 1945) :<br />
Qui sont ces hommes pour lesquels<br />
nous sommes aujourd’hui réunis<br />
? Plus <strong>de</strong> 4 000 soldats dont 2 700<br />
français et au moins 5 000 indochinois,<br />
militaires <strong>de</strong>s trois armées et <strong>de</strong> la gendarmerie,<br />
qui ont trouvé la mort sur le<br />
sol indochinois le soir du 9 mars 1945<br />
et les jours qui ont suivi.<br />
Pourquoi ont-ils accepté <strong>de</strong> mourir<br />
? Pour l’honneur, pour leurs familles,<br />
pour nous, pour leur pays, la France,<br />
pour l’Indochine, ce pays qu’ils avaient<br />
appris à aimer.<br />
Contre qui se sont-ils battus ?<br />
Contre 70 000 Japonais et supplétifs<br />
coréens et mandchous qui attaquèrent<br />
par surprise les cita<strong>de</strong>lles et les points<br />
<strong>de</strong> défense français dans la position<br />
favorable <strong>de</strong> l’assiégeant.<br />
Dans quel état d’esprit étaient<br />
ces français ? Présents en Indochine<br />
<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années, ils aiment profondément<br />
ce pays. Beaucoup y ont fondé<br />
leur famille et ils savent que, si la<br />
guerre éclate, l’issue est inexorable et<br />
que leurs femmes et leurs enfants<br />
seront les premiers otages <strong>de</strong> l’ennemi.<br />
Les soldats français sont équipés d’un<br />
matériel usé et souvent démodé.<br />
Que s’est-il passé ? Le Japon, en<br />
repli sur la plupart <strong>de</strong>s fronts <strong>de</strong>puis<br />
1944, ne peut accepter que se maintienne<br />
un îlot <strong>de</strong> résistance, l’Indochine<br />
française, dans sa sphère d’influence.<br />
Un ultimatum <strong>de</strong> principe est adressé<br />
le 9 mars à 20 heures au gouverneur<br />
général, l’amiral Decoux, qui le rejette.<br />
Mais l’offensive est déjà lancée sur<br />
toute la péninsule.<br />
A Hanoi, la cita<strong>de</strong>lle livre un <strong>com</strong>bat<br />
acharné qui se termine le len<strong>de</strong>main<br />
après-midi faute <strong>de</strong> munitions, 50%<br />
<strong>de</strong>s effectifs sont morts ou blessés.<br />
A Dong Dang, 150 hommes brisent<br />
les vagues d’assaut japonaises pendant<br />
plus <strong>de</strong> 48 heures.<br />
A Lang Son, les Japonais subissent<br />
aussi <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s pertes. Le 10 mars, les<br />
Français <strong>com</strong>mandés par le général<br />
Lemonnier, capitulent. Les 400 rescapés<br />
sont exécutés.<br />
A Hué, les affrontements se poursuivent<br />
jusque dans la journée du<br />
10 mars, une bonne partie <strong>de</strong>s effectifs<br />
parvient à s’échapper dans l’arrière<br />
pays.<br />
Dans le Sud, en Cochinchine, une<br />
multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>com</strong>bats isolés sont livrés<br />
dans les garnisons ou dans la brousse,<br />
<strong>com</strong>me à Thudaumot où le bataillon<br />
Molard <strong>com</strong>bat jusqu’au <strong>de</strong>rnier<br />
homme.<br />
La colonne Sabatier-Alessandri,<br />
constituée <strong>de</strong> 5 000 hommes dont<br />
3 000 indochinois, ne passe la frontière<br />
chinoise qu’après <strong>de</strong>ux mois d’une<br />
retraite harassante.<br />
Et les prisonniers ? La totalité <strong>de</strong>s<br />
français d’Indochine reste sous la<br />
gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s soldats japonais, certains<br />
jusqu’au début <strong>de</strong> l’année 1946, alors<br />
même que le Japon a capitulé <strong>de</strong>puis<br />
le 2 septembre 1945.<br />
Les résistants et ceux qui assuraient<br />
le renseignement sont internés<br />
par la gendarmerie japonaise. Beaucoup<br />
d’entre eux n’y survivront pas.<br />
Les civils sont regroupés en masse<br />
dans <strong>de</strong>s camps ou astreints à rési<strong>de</strong>nce.<br />
Souffrant <strong>de</strong> la faim, ils sont l’objet<br />
au quotidien d’humiliations, d’intimidations<br />
et d’agressions physiques.<br />
De leur côté, <strong>de</strong> nombreux partisans<br />
autochtones sont fusillés, <strong>de</strong>s<br />
populations sont massacrées en représailles<br />
à l’ai<strong>de</strong> apportée à nos troupes<br />
en retraite, à nos groupes d’action et<br />
aux civils démunis.<br />
La plupart <strong>de</strong> ceux qui sont présents<br />
aujourd’hui ont vécu ces événements.<br />
Ils se retournent maintenant<br />
vers les générations suivantes auxquelles<br />
ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt d’épargner une<br />
secon<strong>de</strong> mort à leurs frères d’armes,<br />
celle <strong>de</strong> l’oubli.<br />
Evocation faite le 9 mars 2005<br />
<strong>de</strong>vant la stèle <strong>de</strong> « Cita<strong>de</strong>lles et<br />
Maquis d’Indochine 39-45 » au jardin<br />
<strong>de</strong>s Tuileries par <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>scendants<br />
représentants <strong>de</strong>s français et <strong>de</strong>s indochinois<br />
<strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>.<br />
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