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Définir les politiques climatiques - Centre International de ...

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Université Paris X-NanterreU.F.R. SEGMITHESEPour obtenir le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong>DOCTEUR DE L'UNIVERSITE PARIS X-NANTERREDiscipline : Sciences économiquesPrésentée et soutenue publiquement parEmeric Fortin1 er Décembre 2004Définir <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> <strong>climatiques</strong> :rôle <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s et leçons <strong>de</strong> la modélisation économique______________________Directeur <strong>de</strong> thèse : Monsieur G. Rotillon______________________JURYMme Katheline Schubert, Professeur à l'Université Paris I-Panthéon Sorbonne RapporteurM. Jean-Christophe Péreau, Professeur à l'Université Marne-la-Vallée RapporteurM. Pierre Picard, Professeur à l'Université Paris X-Nanterre ExaminateurM. Jean-Char<strong>les</strong> Hourca<strong>de</strong>, Directeur du CIRED, CNRS-EHESS ExaminateurM. Gil<strong>les</strong> Rotillon, Professeur à l'Université Paris X-Nanterre Directeur <strong>de</strong> thèse


RemerciementsJe tiens à remercier toutes <strong>les</strong> personnes qui, par la qualité <strong>de</strong>s relations humaines que j'aipu établir avec el<strong>les</strong>, la richesse qu'el<strong>les</strong> ont su apporter à nos multip<strong>les</strong> discussions, scientifiquesou plus larges, ont contribué, directement ou indirectement, superficiellement ou profondément àla rédaction <strong>de</strong> cette thèse mais, surtout, à ma construction personnelle.Je tiens en particulier à remercier Monsieur Gil<strong>les</strong> Rotillon, mon directeur <strong>de</strong> thèse, pourla confiance qu'il m'a toujours accordée, Monsieur Jean-Char<strong>les</strong> Hourca<strong>de</strong>, pour l'ensemble <strong>de</strong>sopportunités qu'il m'a offert <strong>de</strong> saisir, pour la qualité <strong>de</strong> son encadrement scientifique et pour larichesse <strong>de</strong> sa personnalité, Messieurs Laurent Gillote, Franck Nadaud, Tarik Tazdaït etl'ensemble <strong>de</strong>s auteurs du chapitre 8 du troisième rapport du WG3 du GIEC (Groupe d'expertIntergouvernemental sur l'Evolution du Climat) avec <strong>les</strong>quels j'ai eu la chance <strong>de</strong> collaborer plusétroitement, le fruit <strong>de</strong> ces travaux communs étant en partie repris dans cette thèse.Je tiens également à remercier l'ensemble <strong>de</strong>s membres du CIRED pour leur gentil<strong>les</strong>se etleur extrême compétence et, plus particulièrement, <strong>les</strong> membres du "bureau du fond" (SandrineMathy, Doan Nhu Bui, Meriem Hamdi-Cherif, Pierre Courtois et Philippe Quirion), dont lachaleur <strong>de</strong> l'amitié me va droit au cœur.J'aimerais également remercier tous <strong>les</strong> étudiants auxquels j'ai eu la chance <strong>de</strong> transmettremon mo<strong>de</strong>ste savoir, ce qui a constitué pour moi une activité extrêmement enrichissante (etrassurante lorsque la recherche me plongeait dans <strong>les</strong> gouffres du doute).J'espère que la vie me permettra <strong>de</strong> témoigner à tous ma gratitu<strong>de</strong> et mon amitié.Enfin, à Marianne, Camille et Delphine je dois tellement plus que <strong>de</strong>s remerciements…Je reste naturellement l'unique responsable <strong>de</strong>s vues exprimées dans cette thèse, ainsi que<strong>de</strong>s omissions, inexactitu<strong>de</strong>s et autres erreurs qui ne sauraient être absentes <strong>de</strong> ce travail.1


IntroductionLe 11 décembre 1997, 84 états signaient le Protocole <strong>de</strong> Kyoto par lequel ils s'engageaientà réduire significativement leurs émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre (GES) (6% en moyenneau-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> 1990) suivis par la suite par 52 pays qui approuvèrent leprotocole (cf. tableau en annexe <strong>de</strong> cette introduction). Cette signature constitue un capimportant dans la mobilisation <strong>de</strong> la communauté internationale pour la lutte contre lechangement climatique. Elle apparaît comme une conséquence logique d'un long processus initiépar le soulèvement du problème du changement climatique par la communauté scientifique dans<strong>les</strong> années 80. La prise en charge citoyenne et médiatique <strong>de</strong> ce phénomène, comme celled'autres problèmes environnementaux (appauvrissement <strong>de</strong> la couche d'ozone, problèmes <strong>de</strong>pluies aci<strong>de</strong>s, traitement <strong>de</strong>s déchets nucléaires, approvisionnement en eau potable…), dans lecadre d'une prise <strong>de</strong> conscience collective progressive <strong>de</strong>s enjeux environnementaux cescinquante <strong>de</strong>rnières années, a permis la définition rapi<strong>de</strong> d'une réponse politique. Le Sommet <strong>de</strong>la Terre, à Rio <strong>de</strong> Janeiro en 1992, entérine la reconnaissance du problème par la communautéinternationale puisque plus d'une centaine <strong>de</strong> gouvernements adoptent la convention cadre <strong>de</strong>sNations Unies sur <strong>les</strong> changements <strong>climatiques</strong> (UNFCCC 1 ) qui inscrit la lutte contre lechangement climatique dans une perspective <strong>de</strong> développement durable et tente, vingt ans aprèsla conférence <strong>de</strong> Stockholm, <strong>de</strong> réconcilier <strong>les</strong> tensions entre l'empreinte <strong>de</strong> l'homme sur sonenvironnement et <strong>les</strong> perspectives <strong>de</strong> développement.Cependant, la non-ratification du protocole par certains pays parmi <strong>les</strong> plus grosémetteurs <strong>de</strong> GES (Etats-Unis, Australie) jette le doute sur la fermeté ou la durabilité <strong>de</strong> lareconnaissance politique du phénomène <strong>de</strong> changement climatique 2 . Il est possible d'interpréterce refus comme le simple entérinement du fait que ces pays n'ont jamais été en mesure <strong>de</strong>respecter <strong>les</strong> engagements fixés par le protocole 3 . Toutefois, <strong>les</strong> dépenses mises en œuvre par cespays pour obtenir <strong>de</strong> meilleures connaissances et certains <strong>de</strong>s arguments avancés pour motiver lerefus semblent indiquer qu'il subsiste <strong>de</strong>s doutes importants quant à l'ampleur du risque et/ouquant à la capacité <strong>de</strong> mitigation à <strong>de</strong>s coûts jugés raisonnab<strong>les</strong>.La France, qui souhaite pourtant faire <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l'environnement un droitconstitutionnel, se fait écho <strong>de</strong> ces doutes en publiant un Plan Climat qui ne retient que quelquesmicro-mesures <strong>de</strong> court terme, vraisemblablement insuffisantes pour respecter ses engagementsau sein <strong>de</strong> la bulle européenne (stabilisation <strong>de</strong> ses émissions aux niveaux <strong>de</strong> 1990) et n'insufflantaucune dynamique <strong>de</strong> long terme garantissant une réduction durable <strong>de</strong>s émissions.1 United Nations Framework Convention on Climate Change.2 A ce titre, l'engagement <strong>de</strong> la Russie dans le processus <strong>de</strong> ratification à la fin du mois <strong>de</strong> septembre 2004 changeune nouvelle fois <strong>les</strong> termes du débat en rendant effective l'entrée en vigueur du protocole. Il permet en effetd'atteindre le quorum <strong>de</strong> ratification par 55 Parties à la Convention représentant en 1990 au moins 55% <strong>de</strong>sémissions tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone (article 25 du protocole).3 Les Etats-Unis s'étaient engagés à réduire leurs émissions <strong>de</strong> 7% par rapport à 1990, mais, le niveau <strong>de</strong> leursémissions en 1997 étant <strong>de</strong> 19% supérieur à celui <strong>de</strong> 1990, cela revenait à réduire leurs émissions <strong>de</strong> 22% en à peineplus <strong>de</strong> dix ans.5


IntroductionCes exemp<strong>les</strong>, que l'on pourrait multiplier, traduisent le fait qu'en dépit <strong>de</strong> leur adhésionau protocole <strong>de</strong> Kyoto, <strong>les</strong> gouvernements ne sont pas prêts à agir lour<strong>de</strong>ment pour lutter contreune menace qui ne <strong>de</strong>meure, à leurs yeux, que potentielle. La sophistication <strong>de</strong>s débats autour ducomment agir, la complexité <strong>de</strong>s mécanismes diplomatiques et <strong>de</strong> négociation 4 qui ont poussé <strong>les</strong>pays à signer un étrange compromis à Kyoto cachent en réalité le fait que la hiérarchie <strong>de</strong>squestions qui <strong>de</strong>meure pertinente aujourd'hui pour <strong>les</strong> déci<strong>de</strong>urs <strong>politiques</strong> est :1) Faut-il agir et dans quel<strong>les</strong> proportions ?2) Quel est le meilleur tempo pour l'action ?3) Quels sont <strong>les</strong> leviers <strong>de</strong> l'action ?Parmi l'ensemble <strong>de</strong>s aspects qui ont rendu difficile l'entrée en vigueur du protocole <strong>de</strong>Kyoto, <strong>les</strong> questions liées à l'incertitu<strong>de</strong> ont légitimement joué un rôle central. Par exemple,l'échec <strong>de</strong>s négociations <strong>de</strong> la sixième conférence <strong>de</strong>s parties (en 2000 à La Haye) peut êtreattribué à une mauvaise appréhension <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> 5 . En effet, ce n'est pas l'incertitu<strong>de</strong> en tantque telle ou <strong>les</strong> divergences <strong>de</strong> croyances qui ont abouti à l'absence d'un consensus puisque l'onaurait pu mettre en place <strong>de</strong>s mécanismes qui intègrent ces incertitu<strong>de</strong>s (prix plancher et prixplafond par exemple). C'est bien le fait que chaque partie se soit raccrochée à un système <strong>de</strong>croyance unique sans chercher à introduire <strong>de</strong>s probabilités sur <strong>de</strong>s systèmes alternatifs qui ainterdit la recherche d'un compromis acceptable tenant compte <strong>de</strong>s divergences liées auxincertitu<strong>de</strong>s.Ainsi, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s liées à la quantification <strong>de</strong> ces coûts, l'impossibilitéd'expliciter le fait que <strong>les</strong> évaluations qu'avaient à l'esprit <strong>les</strong> différentes parties reposaient sur<strong>de</strong>s hypothèses divergentes quant aux systèmes technologiques, au type <strong>de</strong> politique mise enplace et l'absence <strong>de</strong> recherche d'un traitement <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> "bonnes" hypothèses ontentraîné une incompréhension réciproque à l'origine <strong>de</strong> l'échec <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> La Haye. Onattend donc prioritairement <strong>de</strong> la communauté scientifique qu'elle ai<strong>de</strong> à introduire <strong>de</strong> larationalité dans la décision, à clarifier le cadre et <strong>les</strong> éléments <strong>de</strong> la décision, à hiérarchiser <strong>les</strong>problèmes et <strong>les</strong> solutions. Sa mission est également pédagogique dans la mesure où <strong>les</strong>déci<strong>de</strong>urs opposent une résistance forte à intégrer l'incertitu<strong>de</strong> dans leur schéma <strong>de</strong> décisions,préférant se ramener à un cadre certain, avec tous <strong>les</strong> sacrifices en termes d'information et <strong>de</strong>compréhension <strong>de</strong>s problèmes que cela engendre. En effet, la difficulté qu'ont <strong>les</strong> économistes àexpliciter pleinement le cadre <strong>de</strong> validité <strong>de</strong> leurs travaux, à faire correctement appréhen<strong>de</strong>rl'incertitu<strong>de</strong> inhérente à leurs résultats se traduit par une incompréhension (allant parfois jusqu'aurejet) <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs, qui atten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s réponses univoques, face à <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> modélisationincapab<strong>les</strong> d'en fournir. En conséquence, cette thèse choisit d'explorer l'ensemble <strong>de</strong>s questionscentra<strong>les</strong> pour la définition d'une stratégie <strong>de</strong> lutte contre le changement climatique en seconcentrant sur le traitement <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s. L'ambition rési<strong>de</strong> dans la volonté <strong>de</strong> clarifier <strong>les</strong>résultats <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong>s modélisateurs en mettant en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> conditions dans <strong>les</strong>quels ilsont été obtenus et en précisant la nature <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s qui y sont irrémédiablement présentes.4 Ma participation à la rédaction d'un chapitre du troisième rapport du troisième groupe <strong>de</strong> travail du GIEC (Grouped'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) m'a permis <strong>de</strong> découvrir que la collaboration <strong>de</strong>scientifiques <strong>de</strong> différentes nationalités à la rédaction d'un document d'information à l'usage <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs <strong>politiques</strong>impliquait autant <strong>de</strong> discussions diplomatiques que <strong>de</strong> débats scientifiques.5 Cf. Hourca<strong>de</strong>, J-C. et F. Ghersi, 2002 : The Economics of a Lost Deal: Kyoto - The Hague - Marrakech. TheEnergy Journal, 23 (3).6


IntroductionCe travail cherche donc a établir <strong>les</strong> conditions d'un langage commun entre scientifiqueset parties prenantes <strong>de</strong> la décision. Tous recourent en effet à un vocabulaire commun mais quirecouvre en réalité <strong>de</strong>s notions très différentes dans leur contenu et dans leur complexité (coût,inertie, articulation court terme/long terme). Cette recherche implique <strong>de</strong>s allers-retours entreprésentation <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la modélisation, analyse <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> cestravaux et recommandations méthodologiques pour mieux présenter et comprendre <strong>les</strong> résultats.Cette thèse présente en premier lieu un bref résumé <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong>s connaissancesscientifiques du phénomène <strong>de</strong> changement climatique abordé dans ses trois composantes(climats, dommages et socio-économie) en se focalisant sur la nature et l'ampleur <strong>de</strong>sincertitu<strong>de</strong>s scientifiques et en en proposant une typologie (chapitre 1).Fort <strong>de</strong> cet état <strong>de</strong> l'art qui donne <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réponse importants quant à la nécessité<strong>de</strong> l'action, cette thèse présente et analyse <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>(technico-)économiques concernant <strong>les</strong> coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto. Elle cherche àdéterminer <strong>les</strong> enjeux économiques liés à l'action, à rechercher quel<strong>les</strong> sont, selon <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>,<strong>les</strong> voies d'intervention <strong>les</strong> plus efficientes (chapitre 4). Mais cela passe par une parfaitecompréhension <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s résultats produits par <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>. Aussi, le <strong>de</strong>uxième chapitre<strong>de</strong> cette thèse s'intéresse à la notion <strong>de</strong> coût. Il présente la nature exacte <strong>de</strong>s coûts selon lemodèle et la méthodologie retenus. Dès ce niveau, pour bien comprendre la nature <strong>de</strong>s résultats<strong>de</strong> la modélisation, la question du déroulement <strong>de</strong>s effets dans le temps se pose et fait doncl'objet d'une analyse spécifique dans la <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> ce chapitre.Or l'appréhension <strong>de</strong>s modifications dynamiques <strong>de</strong>s coûts peut avoir un impactconsidérable sur le calcul <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers sur une longue pério<strong>de</strong>. C'est ce qu'illustre le chapitre 3à partir du modèle DICE. Ce modèle ayant été utilisé pour justifier un report <strong>de</strong> l'effortd'abattement dans le temps, il est apparu pertinent <strong>de</strong> mieux comprendre quels élémentsl'amenaient à tirer une telle conclusion. Ce chapitre permet <strong>de</strong> mieux comprendre <strong>les</strong> termes dudébat sur la répartition optimale <strong>de</strong>s efforts dans le temps et y contribue en s'intéressant plusparticulièrement au rôle <strong>de</strong> l'inertie <strong>de</strong>s systèmes économiques dans la détermination <strong>de</strong> cetiming. Il fournit par là même une illustration à la distinction entre coût statique et coût endynamique proposée dans le chapitre 2.Ce détour méthodologique achevé, le chapitre 4 analyse <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> bottomupet top-down s'intéressant à l'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto. Il s'attache à i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong>robustesses et <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s résultats qu'ils fournissent, en recourant, entre autres, à latypologie <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> réalisée dans la secon<strong>de</strong> partie du chapitre 1. Mélangeant analysequalitative et quantitative <strong>de</strong>s résultats, il cherche à dégager <strong>de</strong>s conclusions opérationnel<strong>les</strong> <strong>de</strong> lacomparaison <strong>de</strong>s différents résultats fournis par <strong>les</strong> différents modè<strong>les</strong>.Parce que <strong>les</strong> analyses menées dans le chapitre 4 mettent en évi<strong>de</strong>nce le rôle du scénario<strong>de</strong> référence par rapport auquel <strong>les</strong> coûts sont calculés dans la détermination <strong>de</strong>s résultats etparce qu'un axe majeur <strong>de</strong> cette thèse est constitué par l'analyse <strong>de</strong>s déroulements dans le temps<strong>de</strong>s phénomènes, le chapitre 5 présente et analyse <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> long terme. Il met alors enévi<strong>de</strong>nce le rôle <strong>de</strong>s systèmes énergétiques dans la détermination <strong>de</strong>s émissions et renforcel'intérêt <strong>de</strong> prendre en compte la forte inertie <strong>de</strong> ces systèmes dans le débat entre attentisme etaction.7


IntroductionEnfin, nous revenons aux instruments <strong>de</strong> l'action qui constituent un axe important <strong>de</strong>sdébats dans lequel l'incertitu<strong>de</strong> joue un grand rôle. En effet, parce que le changement climatiqueconstitue un champ d'investigation scientifique dans lequel l'incertitu<strong>de</strong> est structurelle, ilconvient d'étudier comment l'action peut se faire dans ce cadre incertain. Le <strong>de</strong>rnier chapitre <strong>de</strong>cette thèse présente donc <strong>les</strong> différentes catégories d'instruments dont disposent <strong>les</strong> déci<strong>de</strong>urs<strong>politiques</strong> pour mettre en œuvre une politique <strong>de</strong> mitigation, en insistant particulièrement sur larobustesse <strong>de</strong> ces instruments face à l'incertitu<strong>de</strong>. Il offre une contribution au débat du choix <strong>de</strong>ces instruments dans un tel cadre en proposant un modèle <strong>de</strong> négociation qui permetd'internaliser l'incertitu<strong>de</strong> et donc <strong>de</strong> mettre en œuvre une politique plus proche <strong>de</strong> l'optimum quel'on atteindrait dans un cadre certain.Cette thèse offre donc plusieurs éclairages qui tous permettent <strong>de</strong> mieux cerner <strong>les</strong>incertitu<strong>de</strong>s et <strong>les</strong> robustesses <strong>de</strong>s travaux économiques autour <strong>de</strong>s coûts d'une politique <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre. En utilisant la pluralité <strong>de</strong> ces travaux et enoffrant <strong>de</strong>s remarques méthodologiques permettant <strong>de</strong> bien comprendre la nature <strong>de</strong>s résultatsfournis, elle propose une réflexion sur <strong>les</strong> modalités <strong>de</strong> traitement et <strong>de</strong> présentation <strong>de</strong>s résultats<strong>de</strong> la modélisation économique et permet une meilleure compréhension du rôle stratégique <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong> dans <strong>les</strong> débats.8


Annexe 1Pays Signature RatificationAccession (ac),Approbation (ap)% <strong>de</strong>s émissionstota<strong>les</strong>1 Antigua et Barbuda 16/03/98 03/11/982 Argentine 16/03/98 28/09/013 Arménie 25/04/03 (Ac)4 Australie 29/04/985 Autriche 29/04/98 31/05/02 0,4%6 Azerbaïdjan 28/09/00 (Ac)7 Bahamas 09/04/99 (Ac)8 Bangla<strong>de</strong>sh 22/10/01 (Ac)9 La Barba<strong>de</strong> 07/08/00 (Ac)10 Belgique 29/04/98 31/05/02 0,8%11 Belize 26/09/03 (Ac)12 Bénin 25/02/02 (Ac)13 Bhutan 26/08/02 (Ac)14 Bolivie 09/07/98 30/11/9915 Botswana 08/08/03 (Ac)16 Brésil 29/04/98 23/08/0217 Bulgarie 18/09/98 15/08/02 0,6%18 Burundi 18/10/01 (Ac)19 Cambodge 22/08/02 (Ac)20 Cameroun 28/08/02 (Ac)21 Canada 29/04/98 17/12/02 3,3%22 Chili 17/06/98 26/08/0223 Chine 29/05/98 30/08/02 (Ap)24 Colombie 30/11/01 (Ac)25 I<strong>les</strong> Cook 16/09/98 27/08/0126 Costa Rica 27/04/98 09/08/0227 Croatie 11/03/9928 Cuba 15/03/99 30/04/0229 Chypre 16/07/99 (Ac)30 République Tchèque 23/11/98 15/11/01 (Ap) 1,2%31 Danemark 29/04/98 31/05/02 0,4%32 Djibouti 12/03/02 (Ac)33 République Dominicaine 12/02/02 (Ac)34 Equateur 15/01/99 13/01/0035 Egypte 15/03/9936 Salvador 08/06/98 30/11/9837 Guinée équatoriale 16/08/00 (Ac)38 Estonie 03/12/98 14/10/02 0,3%39 Union Européenne 29/04/98 31/05/02 (Ap)40 Fidji 17/09/98 17/09/9841 Finlan<strong>de</strong> 29/04/98 31/05/02 0,4%42 France 29/04/98 31/05/02 (Ap) 2,7%43 Gambie 01/06/01 (Ac)44 Géorgie 16/06/99 (Ac)45 Allemagne 29/04/98 31/05/02 7,4%46 Ghana 30/05/03 (Ac)47 Grèce 29/04/98 31/05/02 0,6%48 Grena<strong>de</strong> 06/08/02 (Ac)49 Guatemala 10/07/98 05/10/9950 Guinée 07/09/00 (Ac)51 Guyane 05/08/03 (Ac)52 Honduras 25/02/99 19/07/0053 Hongrie 21/08/02 (Ac) 0,5%54 Islan<strong>de</strong> 23/05/02 (Ac) 0,0%55 In<strong>de</strong> 26/08/02 (Ac)56 Indonésie 13/07/9857 Irlan<strong>de</strong> 29/04/98 31/05/02 0,2%58 Israël 16/12/98 15/03/0459 Italie 29/04/98 31/05/02 3,1%60 Jamaïque 28/06/99 (Ac)61 Japon 28/04/98 04/06/02 (Ap) 8,5%62 Jordanie 17/01/03 (Ac)63 Kazakhstan 12/03/9964 Kiribati 07/09/00 (Ac)65 Kurdistan 13/05/03 (Ac)66 République démocratique du Laos 06/02/03 (Ac)67 Lettonie 14/12/98 05/07/02 0,2%68 Lesotho 06/09/00 (Ac)69 Liberia 05/11/02 (Ac)9


Annexe1Pays Signature RatificationAccession (ac), % <strong>de</strong>s émissionsApprobation (ap) tota<strong>les</strong>70 Liechtenstein 29/06/9871 Lituanie 21/09/98 03/01/0372 Luxembourg 29/04/98 31/05/02 0,1%73 Madagascar 24/09/03 (Ac)74 Malawi 26/10/01 (Ac)75 Malaisie 12/03/99 04/09/0276 Maldives 16/03/98 30/12/9877 Mali 27/01/99 28/03/0278 Malte 17/04/98 11/11/0179 I<strong>les</strong> Marshall 17/03/98 11/08/0380 Maurice 09/05/01 (Ac)81 Mexique 09/06/98 07/09/0082 Micronésie 17/03/98 21/06/9983 Monaco 29/04/9884 Mongolie 15/12/99 (Ac)85 Maroc 25/01/02 (Ac)86 Birmanie 13/08/03 (Ac)87 Namibie 04 /09/03 (Ac)88 Nauru 16/08/0189 Pays-Bas 29/04/98 31/05/02 (Ac) 1,2%90 Nouvelle Zélan<strong>de</strong> 22/05/98 19/12/02 0,2%91 Nicaragua 07/07/98 18/11/9992 Niger 23/10/9893 Niue 08/12/98 06/05/9994 Norvège 29/04/98 30/05/02 0,3%95 Palau 10/12/99 (Ac)96 Panama 08/06/98 05/03/9997 Nouvelle Guinée 02/03/99 28/03/0298 Paraguay 25/08/98 27/08/9999 Pérou 13/11/98 12/09/02100 Philippines 15/04/98 20/11/03101 Pologne 15/07/98 13/12/02 3%102 Portugal 29/04/98 31/05/02 (Ap) 0,3%103 Corée du Nord 25/09/98 08/11/02République104<strong>de</strong> Moldavie22/04/03 (Ac)105 Roumanie 05/01/99 19/03/01 1,2%106 Russie 11/03/99107 Rwanda 22/07/04 (Ac)108 Sainte-Lucie 16/03/98 20/08/03109 Saint Vincent et Les Grena<strong>de</strong>s 19/03/98110 Samoa 16/03/98 27/11/00111 Sénégal 20/07/01 (Ac)112 Seychel<strong>les</strong> 20/03/98 22/07/02113 Slovaquie 26/02/99 31/05/02 0,4%114 Slovénie 21/10/98 02/08/02115 I<strong>les</strong> Salomon 29/09/98 13/03/03 (Ac)116 Afrique du Sud 31/07/02 (Ac)117 Espagne 29/04/98 31/05/02 1,9%118 Sri Lanka 03/09/02 (Ac)119 Suè<strong>de</strong> 29/04/98 31/05/02 0,4%120 Suisse 16/03/98 09/07/03 0,3%121 Thaïlan<strong>de</strong> 02/02/99 28/08/02122 Togo 02/07/04 (Ac)123 Trinidad et Tobago 07/01/99 28/01/99124 Tunisie 22/01/03 (Ac)125 Turkménistan 28/09/98 11/01/99126 Tuvalu 16/11/98 16/11/98127 Ouganda 25/03/02 (Ac)128 Ukraine 15/03/99 12/04/04129 Royaume-Uni et Irlan<strong>de</strong> du Nord 29/04/98 31/05/02 4,3%130 Tanzanie 26/08/02 (Ac)131 Etats-Unis 12/11/98132 Uruguay 29/07/98 05/02/01133 Ouzbékistan 20/11/98 12/10/99134 Vanuatu 17/07/01 (Ac)135 Viet Nam 03/12/98 25/09/02136 Zambie 05/08/98Total 39 97 84 65 59 44,2%10


Table <strong>de</strong>s matières11


Chapitre 1 : Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> .....................................................15Partie A : typologie <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>.............................................................................................19I. Quelle incertitu<strong>de</strong> ? .............................................................................................................21A. Risque versus incertitu<strong>de</strong> .........................................................................................21B. Ampleur et nature.....................................................................................................22C. Les sources <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans l'analyse du changement climatique ....................22II. Les 2+ 1 dimensions <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> : une nouvelle typologie.........................................29A. De l'incertitu<strong>de</strong> théorique à l'incertitu<strong>de</strong> pratique ....................................................29B. De l'incertitu<strong>de</strong> sur la compréhension du passé à l'incertitu<strong>de</strong> sur la prévision dufutur ..........................................................................................................................31C. De l'incertitu<strong>de</strong> sur le processus même <strong>de</strong> modélisation..........................................32D. Conclusion................................................................................................................33III. "Tout est faux, tout est possible, tout est douteux" : <strong>de</strong> l'appréhension du certain à celle<strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> .................................................................................................................35A. Présentation et représentation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>..........................................................35B. "La seule chose que je sache, c'est que je ne sais rien"............................................35Partie B : Analyse et traitement <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> : présentation et étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s utilisées 37I. Analyse <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> inputs aux résultats du modèle .........38A. Analyse <strong>de</strong> sensibilité...............................................................................................38B. Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> : <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s d'échantillonnage.................................49C. Les probabilités subjectives .....................................................................................52II. Choix d'une métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>...............................................................56III. De la théorie à la pratique : recensement <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> réalisées dans <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> changement climatique.................................................................................56A. Tests <strong>de</strong> sensibilité ...................................................................................................57B. Contrôle <strong>de</strong> qualité (Quality Control) ......................................................................58C. L'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans la modélisation ........................................................59D. De l’inexactitu<strong>de</strong> à l'ignorance.................................................................................66Bibliographie du chapitre 1.........................................................................................................68Chapitre 2 : La notion <strong>de</strong> coût ........................................................................................................75I. Les quatre étapes <strong>de</strong> l'appréhension <strong>de</strong>s coûts.................................................................77A. Une taxinomie <strong>de</strong>s coûts ..........................................................................................77B. Le calcul <strong>de</strong>s coûts dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> .......................................................................97C. Présentation <strong>de</strong>s résultats .......................................................................................106D. Utilisations possib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s résultats .........................................................................106E. Vers un essai <strong>de</strong> clarification : au cœur <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> coût .................................107II. Evolution dynamique <strong>de</strong>s coûts.....................................................................................110A. Présentation <strong>de</strong> l'objet.............................................................................................111B. Déterminants <strong>de</strong> l'évolution d'une pério<strong>de</strong> à une autre...........................................112C. Conclusion : courbe <strong>de</strong> coût marginale dynamique et chemin temporel optimal <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions..........................................................................................120Bibliographie du chapitre 2.......................................................................................................130Chapitre 3 : Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICE ....133I. La when flexibility ........................................................................................................137A. Chemins temporels alternatifs................................................................................137B. Facteurs justifiant le report <strong>de</strong> l'effort <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions ........................141C. Incertitu<strong>de</strong> sur la cible finale..................................................................................149D. Conclusion : pourquoi reporter à aujourd'hui ce que l'on peut faire <strong>de</strong>main ?.......15012


II. De l'absence d'inertie dans le modèle DICE..................................................................151A. Présentation du modèle DICE 99...........................................................................151B. Les conséquences <strong>de</strong> l'absence d'inertie économique dans le modèle DICE 99 ....153C. De la possibilité <strong>de</strong> modifications bruta<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production................................................................................................................................156D. Les tentatives d'introduction <strong>de</strong> l'inertie.................................................................165III. Intégration <strong>de</strong> l'inertie dans le modèle DICE 99 ...........................................................166A. Endogénéisation <strong>de</strong> l'intensité carbone ..................................................................166B. Emissions <strong>de</strong> référence, émissions optima<strong>les</strong> et émissions tendanciel<strong>les</strong>..............167IV. Du coût statique au coût dynamique : simulations à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICE 99 avecinertie.............................................................................................................................171V. Conclusion.....................................................................................................................173Bibliographie du chapitre 3.......................................................................................................174Chapitre 4 : Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto : <strong>de</strong>srobustesses aux incertitu<strong>de</strong>s ...................................................................................................179I. Typologie <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>..................................................................................................183A. Diversité <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>, diversité <strong>de</strong>s buts...............................................................183B. Modè<strong>les</strong> bottom-up versus modè<strong>les</strong> top-down.......................................................185C. Les modè<strong>les</strong> intégrés ..............................................................................................195II. Mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur<strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES àl'horizon 2010................................................................................................................202A. Les coûts techniques <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES : <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up................................................................................................................................202B. Les coûts <strong>de</strong> réduction dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down ...............................................221C. Les autres "double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>" : <strong>les</strong> bénéfices auxiliaires ......................................250D. La where flexibility ................................................................................................259III. Conclusion.....................................................................................................................277Bibliographie du chapitre 4.......................................................................................................283Chapitre 5 : Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong>référence ..................................................................................................................................303I. De l'importance du scénario <strong>de</strong> référence dans la détermination <strong>de</strong>s coûts ..................307II. Vers <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence "<strong>de</strong> référence".............................................................311A. Les scénarios antérieurs aux SRES ........................................................................313B. Les scénarios SRES................................................................................................316Bibliographie du chapitre 5.......................................................................................................360Chapitre 6 : De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociationen présence d'incertitu<strong>de</strong> ..............367I. Les instruments d'internalisation <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong> serre ......................................................371A. Présentation <strong>de</strong>s instruments d'intervention ...........................................................372B. Comparaison <strong>de</strong>s instruments.................................................................................378II. Un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d'une asymétrie informationnelle ...................385A. Introduction ............................................................................................................385B. Le modèle dans un contexte statique......................................................................386C. La négociation dans un contexte dynamique .........................................................391D. Discussion ..............................................................................................................394Bibliographie du chapitre 6.......................................................................................................404Conclusion.......................................................................................................................................40513


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>16


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Table <strong>de</strong>s matièresTypologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> ...........................................................................................................19I. Quelle incertitu<strong>de</strong> ? ....................................................................................................................21A. Risque versus incertitu<strong>de</strong> .......................................................................................................21B. Ampleur et nature...................................................................................................................22C. Les sources <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans l'analyse du changement climatique ..................................221. Incertitu<strong>de</strong> sur l'évolution du climat...................................................................................232. Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> dommages.............................................................................................273. Incertitu<strong>de</strong> anthropique ......................................................................................................27II. Les 2+ 1 dimensions <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> : une nouvelle typologie .................................................29A. De l'incertitu<strong>de</strong> théorique à l'incertitu<strong>de</strong> pratique ..................................................................29B. De l'incertitu<strong>de</strong> sur la compréhension du passé à l'incertitu<strong>de</strong> sur la prévision du futur .......31C. De l'incertitu<strong>de</strong> sur le processus même <strong>de</strong> modélisation........................................................32D. Conclusion..............................................................................................................................33III. "Tout est faux, tout est possible, tout est douteux" : ..................................................................<strong>de</strong> l'appréhension du certain à celle <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> ..............................................................35A. Présentation et représentation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>........................................................................35B. "La seule chose que je sache, c'est que je ne sais rien"..........................................................35Analyse et traitement <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> : présentation et étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s utilisées .37I. Analyse <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> inputs aux résultats du modèle ....................38A. Analyse <strong>de</strong> sensibilité.............................................................................................................381. La métho<strong>de</strong> Surface-Réponse : le cas d'une fonction à <strong>de</strong>ux inputs ..................................392. Approximation gaussienne.................................................................................................413. Généralisation : la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moments..........................................................................414. Analyse <strong>de</strong> la sensibilité à variation nominale (nominal range sensitivity).......................455. Analyse paramétrique.........................................................................................................466. Arbre <strong>de</strong> probabilité ...........................................................................................................47B. Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> : <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s d'échantillonnage...............................................491. La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Monte Carlo...............................................................................................492. La métho<strong>de</strong> d'échantillonnage hypercube latin (Latin Hypercube Sampling). ..................503. Autres métho<strong>de</strong>s d'évaluation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>....................................................................52a La métho<strong>de</strong> "controlled variate"....................................................................................52b La métho<strong>de</strong> Rack............................................................................................................52C. Les probabilités subjectives ...................................................................................................531. Les probabilités bayesiennes..............................................................................................532. Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> lois <strong>de</strong> probabilité suivie par <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> incertaines..........................53a Révélation <strong>de</strong>s avis d'experts..........................................................................................53b Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Delphes.......................................................................................................56II. Choix d'une métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> .........................................................................56III. De la théorie à la pratique : recensement <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> réalisées dans <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> changement climatique....................................................................................................57A. Tests <strong>de</strong> sensibilité .................................................................................................................57B. Contrôle <strong>de</strong> qualité (Quality Control) ....................................................................................58C. L'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans la modélisation ......................................................................59D. De l’inexactitu<strong>de</strong> à l'ignorance...............................................................................................66Bibliographie du chapitre 1 ................................................................................................................6817


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>18


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Partie ATypologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>19


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>20


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>En préambule d’une thèse sur l’incertitu<strong>de</strong> dans la modélisation <strong>de</strong>s effets économiques <strong>de</strong>la lutte contre l’effet <strong>de</strong> serre s’impose l’évi<strong>de</strong>nte nécessité <strong>de</strong> dresser une typologie <strong>de</strong>l’incertitu<strong>de</strong>. En effet, <strong>les</strong> différentes sources, <strong>les</strong> différentes natures, <strong>les</strong> importancesrelatives différentes, <strong>les</strong> différents domaines où apparaît l’incertitu<strong>de</strong> sont autant <strong>de</strong> typesd’analyses et <strong>de</strong> traitements qui s’imposent à l’économiste en général et au modélisateur enparticulier. Il doit donc en premier lieu parfaitement spécifier l’incertitu<strong>de</strong> qu’il souhaite analyseret traiter au risque <strong>de</strong> voir son action totalement inefficace ou, pire, erronée.Ce premier chapitre va donc s’attacher à réaliser une typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> rencontréedans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> traitant du problème du changement climatique, en isolant dans un premiertemps <strong>les</strong> différentes incertitu<strong>de</strong>s selon leur source et le domaine scientifique où el<strong>les</strong>apparaissent, puis selon leur nature, en séparant suivant qu’il s’agit d’une incertitu<strong>de</strong> liée à uneméconnaissance d’un phénomène ou à un problème <strong>de</strong> prévisibilité. Ceci nous permettra <strong>de</strong>construire à la fin <strong>de</strong> ce chapitre un tableau récapitulatif présentant <strong>de</strong> manière synthétique latypologie élaborée.I. Quelle incertitu<strong>de</strong> ?A. Risque versus incertitu<strong>de</strong>Il convient <strong>de</strong> séparer dans un premier temps l'incertitu<strong>de</strong> mesurable (probabilité,comportements stochastiques) et l'incertitu<strong>de</strong> radicale. On appelle risque un évènement qui peutse produire avec une probabilité mesurable et incertitu<strong>de</strong> un évènement dont la probabilitéd'arrivée est totalement méconnue. Se placer dans le cadre d'une analyse du risque implique doncque l'on soit capable d'inférer à chaque état possible du mon<strong>de</strong> une probabilité d'arrivée. Celasuppose donc en premier lieu que l'on connaisse l'ensemble <strong>de</strong>s états du mon<strong>de</strong>. On peut en faitbâtir une échelle d'incertitu<strong>de</strong> croissante à partir <strong>de</strong> l'échelle qualitative <strong>de</strong> la connaissancescientifique proposée par Godard (2001). Il distingue quatre niveaux d'état <strong>de</strong>s connaissancesscientifiques auxquels vont donc correspondre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés d'incertitu<strong>de</strong> croissants :• Univers risqué : l'ensemble <strong>de</strong> la communauté scientifique converge vers un uniquescénario et dispose <strong>de</strong>s données suffisantes pour inférer à celui-ci une distribution <strong>de</strong>probabilité objective.• Incertain partiel : <strong>de</strong>s travaux scientifiques robustes permettent d'étayer un certain nombred'hypothèses mais une incertitu<strong>de</strong> résiduelle persiste, due à une incomplètecompréhension d'une partie du phénomène étudié, encore sujette à <strong>de</strong>s conflits d'expertssans qu'aucune conclusion définitive ne puisse être pour l'instant tirée.• Incertain total : la perception du phénomène n'émane que d'une simple conjecturescientifique ou bien d'un certain nombre d'hypothèses non étayées, mais conformes à uneméthodologie validée, si bien que le débat scientifique sur l'existence même duphénomène est permis.• Ignorance : on ne connaît ni ne soupçonne l'existence du phénomène. On peut alorsdistinguer entre ignorance partagée, lorsque la liste <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> la nature est commune àtous mais non exhaustive, et ignorance personnelle lorsque <strong>les</strong> agents ont <strong>de</strong>s listes d'états<strong>de</strong> la nature différentes mais l'ignorent.21


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>- Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> sociétés et leur <strong>de</strong>venir (incertitu<strong>de</strong>s économiques, sociologiques,géo<strong>politiques</strong>, démographiques).1. Incertitu<strong>de</strong> sur l'évolution du climatL'ampleur du phénomène <strong>de</strong> réchauffement <strong>de</strong> l'atmosphère et son évolution à venir sontloin <strong>de</strong> recueillir l'unanimité <strong>de</strong>s diverses communautés scientifiques étudiant le phénomène.Cependant, un certain nombre <strong>de</strong> faits scientifiques semblent désormais établis et <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>sconvergences se <strong>de</strong>ssinent là où, il y a cinq ans encore, <strong>les</strong> phénomènes mis en évi<strong>de</strong>nce étaientsujets à <strong>de</strong>s controverses extrêmes. En outre, le lien entre ce phénomène <strong>de</strong> réchauffement <strong>de</strong>l'atmosphère et la concentration <strong>de</strong>s différents gaz à effet <strong>de</strong> serre (GES) est encore mal établi.Figure I.1. Résumé schématique <strong>de</strong>s variations observées <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> températuresOCEANBasse stratosphèreTERREBaisse <strong>de</strong> 0,5 à 2,5°C <strong>de</strong>puis 1979OCEANTroposphèreHaute Pas ou peu <strong>de</strong> changement <strong>de</strong>puis 1979Basse àmoyenneAccroissement <strong>de</strong> 0,0 à 0,2°C <strong>de</strong>puis 1979Accroissement <strong>de</strong> 0,0 à 0,4°C <strong>de</strong>puis 1960Surface1990s: déca<strong>de</strong> la plus chau<strong>de</strong> du millénaire1998: Année la plus chau<strong>de</strong>Réduction <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong> la couverture neigeuseprintanière <strong>de</strong>puis 1987 par rapport à lamoyenne 1966-86Retrait massif <strong>de</strong>s glaciers <strong>de</strong>montagne au cours du XX°Accroissement <strong>de</strong> la température <strong>de</strong>l'air marin <strong>de</strong> 0,4°C à 0,7°C <strong>de</strong>puis lafin du XIX°Accroissement <strong>de</strong> la température<strong>de</strong> la surface <strong>de</strong> l'eau <strong>de</strong> 0,4 à 0,8°C<strong>de</strong>puis la fin du XIX° et <strong>de</strong> 0,04°Cpar déca<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis 1950 pourl'océanAccroissement <strong>de</strong> la température terrestre<strong>de</strong> 0,4° à 0,8°C <strong>de</strong>puis la fin du XIX°Fonte plus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s lacs et rivières <strong>de</strong>haute et moyenne montagneAccroissement <strong>de</strong> la températurenocturne <strong>de</strong>ux fois plus rapi<strong>de</strong> que celui<strong>de</strong> la température diurne <strong>de</strong>puis 1950Réduction <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong>l'épaisseur <strong>de</strong>s glaces en été<strong>de</strong>puis 1950 en ArctiquePas <strong>de</strong> changementsignificatif pour <strong>les</strong> glacesantarctiques <strong>de</strong>puis 1978Virtuellement certain (Probabilité > 99%)Très probable (Probabilité >90% mais 60% mais 33% mais


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Encadré I.1: Bref <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s mécanismes du changement climatique.La terre absorbe <strong>les</strong> radiations du soleil, principalement à sa surface. Cette énergie estredistribuée par la circulation atmosphérique et océanique puis renvoyée dans l'espace à une longueurd'on<strong>de</strong> plus importante. Chaque facteur qui altérerait la radiation reçue du soleil ou la redistribution<strong>de</strong> cette énergie dans l'atmosphère et entre l'atmosphère, l'océan et la terre peut affecter le climat. Onparle <strong>de</strong> forçage positif (resp. négatif) lorsque la quantité nette d'énergie radiative disponible dansl'atmosphère est accrue (décrue).L'accroissement <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> GES émis va réduire l'efficience <strong>de</strong> la radiation <strong>de</strong> lasurface <strong>de</strong> la Terre vers l'espace. Il en résulte un forçage positif qui accroît la température <strong>de</strong> la partiebasse <strong>de</strong> l'atmosphère et <strong>de</strong> la surface du globe. Les gaz à effet <strong>de</strong> serre (vapeur d'eau, dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong>carbone, ozone, méthane et oxy<strong>de</strong>s nitreux) sont présents dans l'atmosphère <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s milliardsd'années et permettent d'obtenir une température moyenne à la surface du globe <strong>de</strong> 18°C contre –15°C sinon. Mais l'accroissement <strong>de</strong> leur concentration dans l'atmosphère (365 parties par millions envolume (ppmv) contre 280 ppmv en 1750) renforce le forçage radiatif. Ce renforcement va bienévi<strong>de</strong>mment dépendre <strong>de</strong> l'accroissement <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s GES, <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong>forçage <strong>de</strong>s gaz impliqués et <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong>s autres GES déjà présents dans l'atmosphère.Les aérosols anthropiques (comme ceux qui dérivent <strong>de</strong> la combustion d'énergies fossi<strong>les</strong> ou<strong>de</strong> la biomasse) présents dans la troposphère peuvent réfléchir <strong>les</strong> radiations solaires, ce qui conduit àune tendance au refroidissement du climat. Mais, dans le même temps, d'autres aérosols absorbent <strong>les</strong>radiations solaires, ce qui réchauffe le climat. Enfin, une modification <strong>de</strong> la concentration en aérosolspeut modifier le nombre <strong>de</strong> nuages ainsi que leurs propriétés et leur durée <strong>de</strong> vie. L'effet netcorrespond généralement à un forçage radiatif négatif et la durée <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s aérosols est très inférieureà celle <strong>de</strong>s GES (quelques jours ou semaines).L'activité volcanique peut rejeter dans la stratosphère un nombre important <strong>de</strong> gaz contenantdu souffre qui vont se transformer en aérosols souffreux. Ainsi, une éruption volcanique peutprovoquer pendant quelques années un refroidissement <strong>de</strong> la surface du globe et <strong>de</strong> la partie basse <strong>de</strong>l'atmosphère.Tableau I.1. Exemple <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre affecté par l'activité humaineCO 2 CH 4 N 2O CFC-11 HFC-23 CF 4Dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> Méthane Oxy<strong>de</strong> nitreux Chlorfluoro Hydrofluorocarbone-23Perfluorométhanecarbone-carbone-11Concentration préindustrielle 280 ppm 700 ppb 270 ppb 0 0 40 pptConcentration en 1998 365 ppm 1745 ppb 314 ppb 268 ppt 14 ppt 80 pptTaux d'évolution <strong>de</strong> laconcentration a 1,5 ppm/an b 7,0 ppb/an b 0,8 ppb/an -1,4 ppt/an 0,55 ppt/an 1 ppt/anDurée <strong>de</strong> vie dansl'atmosphère5 à 200 ans c 12 ans 114 ans 45 ans 260 ans > 50 000 ansPotentiel <strong>de</strong> réchauffementglobal d 1 23 296 12 000 5 7000ppm: parties par millions; ppb: parties par billions; ppt: partie par trillions Source: IPCC, 2001a : Taux calculés sur la pério<strong>de</strong> 1990-1999b : Les taux ont fluctué entre 0,9 ppm/an et 2,8 ppm/ an pour le CO 2 et entre 0 et 13 ppb/an pour le CH 4c : Il existe plusieurs durées <strong>de</strong> vie pour le CO 2 qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s différents processus <strong>de</strong> <strong>de</strong>structiond : Le potentiel <strong>de</strong> réchauffement global est défini comme le ratio du forçage radiatif induit par l'émission d'un kg du gazconsidéré sur l'ensemble <strong>de</strong> sa durée <strong>de</strong> vie par rapport au forçage radiatif d'un kg émis d'un gaz <strong>de</strong> référence, en l'occurrence le CO 2, surl'ensemble <strong>de</strong> sa durée <strong>de</strong> vie.L'énergie émise par le soleil varie faiblement (0,1%) sur <strong>de</strong>s cyc<strong>les</strong> <strong>de</strong> onze ans.Lorsque le forçage radiatif varie, <strong>les</strong> réponses du climat se font à différentes échel<strong>les</strong> <strong>de</strong>temps. La dynamique <strong>de</strong> la fonte <strong>de</strong>s glaces et l'inertie thermique <strong>de</strong> l'océan permettent d'étaler cesimpacts sur plusieurs sièc<strong>les</strong>.24


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Partant du travail réalisé par <strong>les</strong> historiens du climat et <strong>de</strong>s données recueillies <strong>de</strong> plus enplus finement <strong>de</strong>puis le milieu du XIX e , il apparaît clairement qu'un phénomène <strong>de</strong>réchauffement climatique se produit. L'accroissement <strong>de</strong> la température <strong>de</strong> 0,6° ( ± 0,2° C)aucours du XX e est en effet statistiquement significatif et ne saurait être expliqué uniquement par lavariabilité interne du climat (IPCC, 2001a), bien que <strong>les</strong> paléo-climatologues aient mis enévi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s phénomènes passés que l'on pourrait croire <strong>de</strong> même nature, tels que le petit âgeglaciaire entre 1550 et 1850 ou <strong>les</strong> phases <strong>de</strong> transition relativement bruta<strong>les</strong> (évènements <strong>de</strong>Dansgaard-Oeschger ou <strong>de</strong> Heinrich). Cet accroissement <strong>de</strong>s températures s'accompagne <strong>de</strong> celui<strong>de</strong>s précipitations (entre 0,5% et 1% par déca<strong>de</strong>) pour <strong>les</strong> latitu<strong>de</strong>s moyennes et hautes <strong>de</strong>l'hémisphère Nord (excepté en Asie <strong>de</strong> l'Est). Cet accroissement est moins prononcé dans <strong>les</strong>régions tropica<strong>les</strong> (0,2% à 0,3% par déca<strong>de</strong>) alors que dans <strong>les</strong> régions subtropica<strong>les</strong> on observeune baisse <strong>de</strong>s précipitations (d'environ 0,3% par déca<strong>de</strong>).Figure I.2. Résumé schématique <strong>de</strong>s variations observées <strong>de</strong>s indicateurs hydrologiquesOCEANTERREOCEANBasse stratosphèreAccroissement <strong>de</strong> la vapeur d'eau <strong>de</strong> 20% <strong>de</strong>puis 1980TroposphèreHauteBasse àmoyennePas <strong>de</strong> tendance significative pour la vapeur d'eau <strong>de</strong>puis1980 ; accroissement <strong>de</strong> 15% dans <strong>les</strong> tropiques (10°N à 10°S)Plus <strong>de</strong> vapeur d'eau <strong>de</strong>puis 1960 dans beaucoup <strong>de</strong> régionsAccroissement <strong>de</strong> la masse nuageuse au<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong> l'océan <strong>de</strong> 2 % <strong>de</strong>puis 1952SurfaceAccroissement <strong>de</strong> la masse nuageuse au<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong>s terres <strong>de</strong> 2% <strong>de</strong>puis 1952Pas <strong>de</strong> changement détectable pour<strong>les</strong> torna<strong>de</strong>s, orages et grê<strong>les</strong>Précipitation : Baisse <strong>de</strong> 2 à 3% dans<strong>les</strong> régions sub-tropica<strong>les</strong> ; augmentation<strong>de</strong> 2 à 3% dans <strong>les</strong> tropiquesPas <strong>de</strong> changement détectablepour <strong>les</strong> pluies extra-tropica<strong>les</strong>Pas <strong>de</strong> changement détectablepour <strong>les</strong> pluies extra-tropica<strong>les</strong>Accroissement <strong>de</strong>s précipitations <strong>de</strong>5 à 10% dans l'hémisphère Nord, cetaccroissement étant lié à <strong>de</strong>sévénements <strong>climatiques</strong> extrêmesAccroissement significatif <strong>de</strong>s vapeursd'eau dans l'hémisphère Nor<strong>de</strong>ntre 1975 et 1995Très probable (Probabilité >90% mais 60% mais 33% mais


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Néanmoins, comme l'illustrent <strong>les</strong> figures I.1 et I.2, ces mesures sont déjà l'objetd'incertitu<strong>de</strong>s liées principalement au manque <strong>de</strong> précision <strong>de</strong>s relevés antérieurs à 1979(apparition <strong>de</strong> relevés satellites). De même, l'attribution du forçage radiatif aux différents agentsest victime <strong>de</strong> données <strong>de</strong> qualités et d'âges différents.Une conséquence <strong>de</strong> la modification du climat est le recul <strong>de</strong>s zones enneigées <strong>de</strong> 10%<strong>de</strong>puis <strong>les</strong> années 60. De même, le nombre <strong>de</strong> glacier dans l'hémisphère Nord diminue, maisaucune tendance significative ne peut être distinguée. En outre, au cours du XX e siècle, le niveau<strong>de</strong> la mer s'est accru <strong>de</strong> 1 à 2 mm par an selon <strong>les</strong> données. En revanche, rien n'indique pourl'instant un accroissement du nombre <strong>de</strong>s événements <strong>climatiques</strong> extrêmes liés au réchauffement<strong>de</strong> la planète.A ces incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> nature pratique, liées à la mauvaise qualité <strong>de</strong>s données, seconjuguent <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s scientifiques sur le rôle joué par <strong>les</strong> différents gaz (encadré I.1),notamment l'ozone stratosphérique, l'ozone troposphérique et le sulfate. Or, on estime que lefonçage radiatif moyen dû à l'accroissement <strong>de</strong> l'ozone troposphérique <strong>de</strong>puis l'ère préindustriellea renforcé le forçage <strong>de</strong>s gaz à effets <strong>de</strong> serre anthropiques <strong>de</strong> 0,35 ± 0,2Wm −2 ; cequi en fait le troisième GES après le CO 2 (dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone) et le CH 4 (méthane). Le rôle <strong>de</strong>saérosols est également source d'incertitu<strong>de</strong>s. Cel<strong>les</strong>-ci sont liées à la difficulté à connaître leursconcentrations, leurs caractéristiques radiatives et à déterminer la part liée aux activités humainesdans leurs émissions (ce qui constitue un exemple d'incertitu<strong>de</strong> bâtar<strong>de</strong>, à la fois théorique etpratique).D'autres gaz interviennent également <strong>de</strong> manière indirecte (l'oxy<strong>de</strong> et le péroxy<strong>de</strong> d'azote,l'oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone et <strong>les</strong> composés organiques volati<strong>les</strong>) en contrôlant, d'une part, la capacitéd'oxydation <strong>de</strong> la troposphère et, d'autre part, l'abondance <strong>de</strong> l'ozone. En outre, ils jouent un rô<strong>les</strong>ur la durée <strong>de</strong> vie du méthane et d'autres GES. Là encore, le rôle joué par ces gaz est difficile àcomprendre et à chiffrer.Si <strong>les</strong> mécanismes qui interviennent dans la détermination <strong>de</strong> l'équilibre instable duclimat sont connus, ils ne sont encore qu'imparfaitement appréhendés. Le rôle modérateur <strong>de</strong>l'océan, la complexité <strong>de</strong> la circulation thermohaline, le rôle <strong>de</strong> la vapeur d'eau, la formation et leforçage radiatif <strong>de</strong>s nuages, le rôle <strong>de</strong>s glaciers, <strong>de</strong>s plantes, le cycle du carbone sont autant <strong>de</strong>phénomènes que l'on étudie <strong>de</strong> manière toujours plus fine sans pour autant avoir résoluscientifiquement tous <strong>les</strong> problèmes que pose leur compréhension.Néanmoins, la décennie passée est marquée par <strong>de</strong>ux grands progrès dans la modélisationdu climat. Le premier est le développement <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> couplés océan atmosphère combiné audéveloppement <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong>s ordinateurs (IPCC, 2001a). Le second est le couplage<strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> chimiques atmosphériques et <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>climatiques</strong> qui permet un traitement <strong>de</strong>l’interaction complexe entre <strong>les</strong> gaz à effets <strong>de</strong> serre, <strong>les</strong> polluants urbains et <strong>les</strong> autressubstances pouvant être explicitement représentées (Wang et al., 1998 ; Mayer et al., 2000).26


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>2. Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> dommagesEn plus <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> concernant le lien entre <strong>les</strong> émissions anthropiques <strong>de</strong> gaz à effet<strong>de</strong> serre et l'accroissement <strong>de</strong> la température, <strong>les</strong> effets même <strong>de</strong> cet accroissement, sur <strong>les</strong>ystème climatique général mais également sur l'accroissement du niveau <strong>de</strong>s mers, l'évolution<strong>de</strong>s capacités agraires, en bref, toutes <strong>les</strong> conséquences directement préjudiciab<strong>les</strong> ou, aucontraire, bénéfiques à l'humanité, sont mal connus.En dépit <strong>de</strong>s progrès déjà réalisés, d'importants fossés <strong>de</strong> connaissance <strong>de</strong>meurentconcernant l'exposition, la sensibilité, la capacité d'adaptation et la vulnérabilité <strong>de</strong>s systèmesphysiques, écologiques et humains au changement climatique. Il est très vraisemblable que laréponse <strong>de</strong> ces systèmes au changement climatique présente d'importantes non-linéarités, <strong>de</strong>gran<strong>de</strong>s discontinuités, une intégration complexe et <strong>de</strong> fortes différences selon <strong>les</strong> endroits oùel<strong>les</strong> s'effectueront. Il reste donc beaucoup d'incertitu<strong>de</strong> à la fois dans la détermination <strong>de</strong>sphénomènes et dans l'évaluation <strong>de</strong> leur ampleur à une échelle géographique relativement fine.3. Incertitu<strong>de</strong> anthropiqueDans <strong>les</strong> phénomènes <strong>climatiques</strong> observés, il est très difficile <strong>de</strong> différencier ce quirelève <strong>de</strong> la variabilité interne du climat <strong>de</strong> ce qui dépend d'une influence humaine. Il estcependant certain que <strong>les</strong> changements récents observés ne sauraient être attribués uniquement àla variabilité interne du climat. Les analyses statistiques actuel<strong>les</strong>, qui attribuent une partie <strong>de</strong> ceschangements à <strong>de</strong>s causes anthropiques, sont cohérentes avec la réalité et il n'existe pasd'alternative crédible au forçage radiatif d'origine humaine pour expliquer <strong>les</strong> récentschangements. En effet, lorsque <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>climatiques</strong> actuels ne simulent que <strong>les</strong> facteurs nonanthropiques du forçage radiatif, ils ne sont pas à même <strong>de</strong> retrouver <strong>les</strong> changements<strong>climatiques</strong> observés récemment. La plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s estiment même que le taux et l'ampleurdu réchauffement climatique dû à l'accroissement <strong>de</strong> la concentration en GES sont comparab<strong>les</strong>voire supérieurs à ceux du changement observé pour ces cinquante <strong>de</strong>rnières années.Des progrès ont été réalisés dans l'attribution aux activités humaines du changementclimatique observé. Cependant <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>meurent. On n'arrive toujours pas à reproduire<strong>de</strong> manière complète le profil vertical <strong>de</strong>s températures dans la troposphère. En outre, lavariabilité interne du climat est encore loin d'être parfaitement estimée à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> et<strong>de</strong>s observations. Cela s'explique en partie par <strong>les</strong> considérab<strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s qui pèsent surl'estimation du forçage radiatif solaire et volcanique en raison <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> reconstructionliés à l'utilisation <strong>de</strong> variab<strong>les</strong> proxy ou d'observations limitées. De plus, l'attribution duchangement climatique aux activités humaines pâtit <strong>de</strong> la méconnaissance actuelle du rôle <strong>de</strong>saérosols, uniquement émis par l'homme. Enfin, <strong>les</strong> réponses <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> à un même forçageradiatif <strong>de</strong>meurent encore assez différentes, illustrant ainsi la somme <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s qui pèsentencore sur la compréhension du changement climatique. Pour donner une idée <strong>de</strong> ces différences,el<strong>les</strong> sont d'ordre plus important que cel<strong>les</strong> que l'on obtient au sein d'un même modèle avec etsans prise en compte du rôle <strong>de</strong>s aérosols.27


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Indépendamment <strong>de</strong> l'attribution du phénomène <strong>de</strong> réchauffement climatique auxactivités anthropiques, intervient l'incertitu<strong>de</strong> sur le comportement humain, à la fois à l'échelle<strong>de</strong>s individus et à celle <strong>de</strong>s sociétés. Car si l'on peut admettre que l'humanité ne se situe pas dansun cadre évolutionniste mais cherche bien à atteindre un but et que l'on peut représenter ce butsous forme d'une fonction d'utilité (ce qui constitue déjà une hypothèse importante), personne nepourra jamais intégrer tous <strong>les</strong> arguments qui composent réellement cette fonction et encoremoins <strong>les</strong> quantifier. L'humanité constitue donc une source d'incertitu<strong>de</strong> importante <strong>de</strong> natureparticulière mais dont toute politique doit également tenir compte.Figure I.3. Récapitulatif <strong>de</strong> la chaîne d'incertitu<strong>de</strong> dans la prévision climatique<strong>de</strong> long terme.Hypothèses socio-économiques à long termeScénarios d'émissionsRéponses <strong>politiques</strong>: réductions et adaptationProjections <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s différentsGES et <strong>de</strong>s aérosolsProjections du forçage radiatifProjections duniveau <strong>de</strong> la merProjections <strong>climatiques</strong>Scénarios<strong>climatiques</strong>Scénarios <strong>de</strong> changement globalInteractions et effets en retourImpactsSource : D'après IPCC 2001a28


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>B. De l'incertitu<strong>de</strong> sur la compréhension du passé à l'incertitu<strong>de</strong> sur laprévision du futurL'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> valeurs que l'on rencontre dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> renvoie à <strong>de</strong>uxproblèmes distincts. D'une part, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> sont calibrés sur <strong>de</strong>s données passées, ce qui peutgénérer <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s suivantes :- Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> supposées à l'origine <strong>de</strong>s phénomènes décrits- Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> frontières <strong>de</strong>s systèmes décrits- Incertitu<strong>de</strong> sur la pertinence <strong>de</strong> ces phénomènes et impact du contexte- Incertitu<strong>de</strong> concernant <strong>les</strong> synergies et <strong>les</strong> antagonismesD'autre part, à ces incertitu<strong>de</strong>s dans la collecte et le traitement <strong>de</strong>s données passées,viennent s'ajouter <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s liées à la prévision. El<strong>les</strong> concernent l'évolution <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>svariab<strong>les</strong> (démographiques, économiques géo<strong>politiques</strong>) déterminant <strong>les</strong> futurs systèmespolitico-économiques et <strong>les</strong> futures consommations énergétiques (en volume et en intensité encarbone). Le GIEC travaille à l'élaboration <strong>de</strong> plusieurs scénarios possib<strong>les</strong> qui sontgénéralement intégrés comme données exogènes dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> technico-économiques visantà prévoir <strong>les</strong> futures émissions <strong>de</strong> GES et à estimer <strong>les</strong> coûts d'éventuel<strong>les</strong> réductions <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>-ci.On peut distinguer, comme le propose Dowlatabadi (1999) :• L'incertitu<strong>de</strong> stochastique : qui apparaît lorsque le comportement caractéristique est bienconnu mais varie au cours du temps et ne peut pas être représenté par une distributionconstante (c'est par exemple le cas <strong>de</strong> la variabilité naturelle du climat où l'interaction <strong>de</strong>scyc<strong>les</strong> <strong>de</strong> durées différentes est d'autant plus mal appréhendée que <strong>les</strong> données dont ondispose sont trop récentes et déjà bruitées par le changement climatique).• L'incertitu<strong>de</strong> structurelle : qui apparaît lorsque la connaissance est insuffisante pourdiscriminer entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> explicatifs en compétition.L'incertitu<strong>de</strong> concernant le futur porte à la fois sur <strong>les</strong> causes, <strong>les</strong> impacts, le contexte, <strong>les</strong>surprises et <strong>les</strong> interactions. L'idée est donc <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s "blocs <strong>de</strong> prédictions" (Renn, 1999)en dégageant dans <strong>les</strong> phénomènes étudiés ce qui relève <strong>de</strong> :• Lois naturel<strong>les</strong> : déterministes, stochastiques, chaotiques.• Tendances et extrapolations : analyse et modélisation <strong>de</strong>s séries chronologiques.• Variations aléatoires et événements singuliers.• Ruptures ou événements exceptionnels31


Chapitre 1 - Typologie <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Pour bien i<strong>de</strong>ntifier l'incertitu<strong>de</strong> dans le processus <strong>de</strong> modélisation, il convient, une foisencore, d'opérer une distinction entre structure technique et structure théorique d’un modèle. Lastructure technique d’un modèle correspond à la transposition <strong>de</strong> sa structure conceptuelle sur unordinateur dont <strong>les</strong> capacités, <strong>les</strong> possibilités, la confiance que l’on peut lui accor<strong>de</strong>r ne sont pasinfinies, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> co<strong>de</strong>s imparfaits. L’incertitu<strong>de</strong> sur la structure technique du modèle peut êtredivisée en <strong>de</strong>ux sous-catégories : l’incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> techniques <strong>de</strong> modélisation (erreurs <strong>de</strong>processus, erreurs <strong>de</strong> résolution, erreurs d’agrégation) et <strong>les</strong> bugs (erreurs numériques, erreurs <strong>de</strong>programmation et erreurs dues au hardware).Néanmoins, s'il est vivement souhaitable d'opérer la distinction entre incertitu<strong>de</strong>théorique et incertitu<strong>de</strong> liée au processus <strong>de</strong> modélisation, il nous faut reconnaître que cettedistinction n'est pas toujours réalisable, notamment dans <strong>les</strong> sciences non expérimenta<strong>les</strong> où <strong>les</strong>progrès <strong>de</strong> la connaissance se font en partie via la modélisation. Ceci est particulièrement vraidans le cadre du changement climatique où la complexité <strong>de</strong>s phénomènes et <strong>de</strong> leursinteractions oblige à passer par <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> pour en saisir la nature.D. ConclusionIl est donc pertinent <strong>de</strong> classer <strong>les</strong> différentes sources d'incertitu<strong>de</strong>s auxquel<strong>les</strong> on estconfronté dans l'étu<strong>de</strong> du changement climatique en distinguant selon la nature <strong>de</strong> celle-ci(théorique ou pratique) et selon qu'il s'agit d'une incertitu<strong>de</strong> liée à une incompréhension (totaleou partielle d'un phénomène) ou à <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> prévisions <strong>de</strong>s déterminants <strong>de</strong> cephénomène, tout en gardant à l'esprit que <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> auxquels on a recours pour l'analyseimpliquent leurs propres biais et incertitu<strong>de</strong>s. Le tableau I.3 présente une liste relativementexhaustive <strong>de</strong> ces types d'incertitu<strong>de</strong> en <strong>les</strong> séparant selon <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux axes qui constituent le cœur<strong>de</strong> la typologie proposée dans cette thèse.33


Tableau I.3. Typologie <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>Incertitu<strong>de</strong>s théoriques : Incertitu<strong>de</strong>s pratiques :Incertitu<strong>de</strong> sur : Incertitu<strong>de</strong> sur :ClimatDommagesSociétéModélisation- Caractère incomplet <strong>de</strong> l'information- Problèmes <strong>de</strong> frontières <strong>de</strong>s systèmes présents, problèmes <strong>de</strong>définition <strong>de</strong>s objets et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s pour traiter du problèmeconsidéré- Caractère incomplet <strong>de</strong> l'information- Problèmes <strong>de</strong> frontières <strong>de</strong>s systèmes présents, problèmes <strong>de</strong>définition <strong>de</strong>s objets et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s pour traiter du problèmeconsidéré- Caractère incomplet <strong>de</strong> l'information- Problèmes <strong>de</strong> frontières <strong>de</strong>s systèmes présents, problèmes <strong>de</strong>définition <strong>de</strong>s objets et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s pour traiter du problèmeconsidéré- Perceptions différentes d’un problème, priorité et préférencessubjectives- Incertitu<strong>de</strong> liée à l’approche formelle qu’implique la modélisation- Structure conceptuelle du modèle- Erreurs <strong>de</strong> modélisation liées à l’inadéquation <strong>de</strong> la théorie auproblème étudié ou à la complexité <strong>de</strong>s systèmes naturels- Caractère incomplet <strong>de</strong> l'information- Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> relations fonctionnel<strong>les</strong> au sein du modèle- Incertitu<strong>de</strong> sur la formalisation <strong>de</strong>s systèmes décrits : incertitu<strong>de</strong>sur la modélisation <strong>de</strong> l'état courant du système et sur lamodélisation <strong>de</strong> son état futur- Valeurs estimées <strong>de</strong>s paramètres- Erreurs <strong>de</strong> mesures- Imparfaite qualité <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données- Erreurs dans le report <strong>de</strong>s données- Variabilité naturelle- Caractère incomplet <strong>de</strong> l'information- Approximations, agrégations et simplificationsCompréhension du passé- Propagation <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> prédiction Prévision du futur- Valeurs estimées <strong>de</strong>s paramètres- Erreurs <strong>de</strong> mesures- Imparfaite qualité <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données- Erreurs dans le report <strong>de</strong>s données- Approximations, agrégations et simplificationsCompréhension du passé- Propagation <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> prédiction Prévision du futur- Valeurs estimées <strong>de</strong>s paramètres- Erreurs <strong>de</strong> mesures- Imparfaite qualité <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données- Erreurs dans le report <strong>de</strong>s données- Approximations, agrégations et simplifications- Propagation <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> prédiction- Incertitu<strong>de</strong> sur certaines valeurs (valeur <strong>de</strong> la vie humaine, tauxd’actualisation…)- Structure technique du modèle- Approximations, agrégation et simplifications- Erreurs dans <strong>les</strong> software et hardware- Propagation <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> prédiction- Erreurs systématiques lorsque <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> sont utilisés pour <strong>de</strong>ssituations différentes <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> ils ont étésdéveloppés- Approximations, agrégations et simplifications- Conflits rendant <strong>les</strong> conséquences d’un processus <strong>de</strong> prise <strong>de</strong>décision imprévisible- Erreurs dans <strong>les</strong> software et hardwareCompréhension du passéPrévision du futurCompréhension du passéPrévision du futur34


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>III. "Tout est faux, tout est possible, tout est douteux" :<strong>de</strong> l'appréhension du certain à celle <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>A. Présentation et représentation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>Il existe différentes notions <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>. Au moins une distinction existe selon quel'incertitu<strong>de</strong> est appréhendée par <strong>les</strong> déci<strong>de</strong>urs <strong>politiques</strong>, <strong>les</strong> auteurs <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> ou qu'ils'agisse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> telle qu'elle existe dans le mon<strong>de</strong> réel. En outre, <strong>les</strong> déci<strong>de</strong>urs<strong>politiques</strong> et, plus généralement, l'ensemble <strong>de</strong>s citoyens ont du mal à bien interpréter <strong>les</strong>probabilités. Néanmoins, c'est lorsque l'incertitu<strong>de</strong> est présentée sous forme <strong>de</strong> fréquencequ'elle peut être appréhendée le plus facilement par le plus grand nombre. Aux Etats-Unis parexemple, la météo est présentée sous forme probabiliste. Si, dans l'année, il a été annoncé àcinquante reprises qu'il y avait 60% <strong>de</strong> chance qu'il pleuve et qu'il a effectivement plu 30 fois,alors <strong>les</strong> prévisions ainsi présentées sont bien meilleures que si l'on avait essayé <strong>de</strong> restreindrel'ensemble <strong>de</strong>s possib<strong>les</strong> à pleuvoir ou non (un indice <strong>de</strong> confiance sur 5 est maintenantprésenté pour <strong>les</strong> prévisions à 4 et 7 jours en France). Malheureusement, une telle présentationest difficile dans le cas du changement climatique.B. "La seule chose que je sache, c'est que je ne sais rien"Partant <strong>de</strong> la phrase <strong>de</strong> Montesquieu : « un organe <strong>de</strong> plus ou <strong>de</strong> moins dans notremachine nous aurait fait une autre intelligence. Enfin, toutes <strong>les</strong> lois établies sur ce que notremachine est, d’une certaine façon seraient différentes si notre machine n’était pas <strong>de</strong> cettefaçon », nous pourrions développer un raisonnement similaire à celui <strong>de</strong> Maupassant dans LeHorla (1885) : un aveugle <strong>de</strong> naissance évolue dans un mon<strong>de</strong> à cinq dimensions sensoriel<strong>les</strong>et n'en capte <strong>de</strong> quatre. Donc, toutes <strong>les</strong> informations qu’il est uniquement donné à l’œil <strong>de</strong>recevoir ne sont lui sont pas accessib<strong>les</strong>. Cela ne l'empêche pas d'évoluer dans ce mon<strong>de</strong>, etbien qu'il ait connaissance <strong>de</strong> l'existence <strong>de</strong> ce cinquième sens par le dialogue avec <strong>les</strong> autres,la façon dont il appréhen<strong>de</strong> le mon<strong>de</strong> qui l'entoure est fondamentalement différente. Alors, sitous <strong>les</strong> hommes étaient aveug<strong>les</strong> et n'avaient donc pas connaissance <strong>de</strong> cette cinquièmedimension sensorielle, il est probable qu’un certain nombre <strong>de</strong> notions fondamenta<strong>les</strong> seraientappréhendées différemment. Aussi, rien ne nous empêche d’envisager que nous évoluons dansun mon<strong>de</strong> à six, sept ou n sens, et m dimensions. Si bien que <strong>les</strong> informations transmises parnos cinq sens, <strong>de</strong> même que l’interprétation que nous en fournit le cerveau, qui lui aussi estorganisé d’une certaine manière, ne seraient que partiel<strong>les</strong>, erronées, et qu’un certain nombred’éléments fondamentaux ou secondaires nous échappent totalement. Ainsi, le contexte danslequel nous évoluons et auquel nous nous référons pour bâtir notre science et notreconnaissance ne pourra jamais être le mon<strong>de</strong> tel qu'il est mais le mon<strong>de</strong> tel que nous lepercevons.Sans aller si loin dans la pratique du doute métaphysique <strong>de</strong> Descartes, reconnaissonsque <strong>les</strong> sciences humaines tel<strong>les</strong> que l'économie ne pourront produire <strong>de</strong> loi fondamentale ausens d'autres sciences comme la mécanique par exemple et que tout est basé sur <strong>de</strong> la<strong>de</strong>scription statistique. Rien ne pourra donc être considéré comme définitivement établi dans<strong>de</strong> tels champs <strong>de</strong> la connaissance et donc, tout <strong>de</strong>meure incertain.35


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>36


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Partie BAnalyse et traitement <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> :présentation et étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s utilisées37


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Quel que soit le domaine d'application d'un modèle, <strong>les</strong> résultats quantitatifs qu'il fournitdoivent toujours être l'objet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s précautions quant à leur interprétation et utilisation.Les principaux enseignements qu'ils nous donnent sont d'ordre qualitatif, <strong>les</strong> réponsesquantitatives présentées ne pouvant être légitimement interprétées autrement que comme <strong>de</strong>sordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>urs. Ceci est particulièrement vrai pour <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> s'intéressant au changementclimatique dont <strong>les</strong> portées géographiques, scientifiques et temporel<strong>les</strong> sont très importantes.Aussi l'incertitu<strong>de</strong> qui pèse sur <strong>les</strong> résultats est-elle digne d'autant d'intérêt, si ce n'est plus, que lerésultat lui-même. C'est pourquoi la mise en évi<strong>de</strong>nce et l'analyse <strong>de</strong> cette incertitu<strong>de</strong>représentent aujourd'hui un objectif primordial au sein <strong>de</strong> la communauté scientifique et furentd'ailleurs désignés comme tels dans l'élaboration du troisième rapport <strong>de</strong> l'IPCC (2001b).Cette partie s'attache à présenter la philosophie et <strong>les</strong> techniques <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s différentesmétho<strong>de</strong>s utilisées pour analyser <strong>les</strong> différents types d'incertitu<strong>de</strong>s auxquels <strong>les</strong> modélisateurssont confrontés.I. Analyse <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> inputs auxrésultats du modèlePour étudier comment l'incertitu<strong>de</strong> sur la valeur d'un input du modèle se retrouve dans <strong>les</strong>résultats du modèle, trois grands types <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s existent :• Analyse <strong>de</strong> sensibilité : calcule l'effet <strong>de</strong> la variation <strong>de</strong> la valeur d'un input sur l'outputdu modèle.• Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> : calcul <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur l'output du modèle à partir <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>ur <strong>les</strong> inputs.• Analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> : comparaison <strong>de</strong> l'importance relative <strong>de</strong> certains inputs dans ladétermination <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur l'output.Nous présenterons donc ces différentes métho<strong>de</strong>s avant <strong>de</strong> <strong>les</strong> comparer et d'étudiercomment et dans quel cadre el<strong>les</strong> sont effectivement utilisées par <strong>les</strong> auteurs <strong>de</strong> modè<strong>les</strong>.A. Analyse <strong>de</strong> sensibilitéL'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans un modèle renvoie à l'utilisation <strong>de</strong> critères qualitatifs(choix <strong>de</strong> certains inputs que l'on considère incertains, influence <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur le signe <strong>de</strong>srésultats…) mais passe avant tout par un traitement quantitatif <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>. Celui-ci a pourpremier but d'éclairer le chercheur sur <strong>les</strong> priorités à donner au traitement <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> : doitonen priorité chercher à modifier la structure du modèle ou seulement (quelques) une(s) <strong>de</strong>srelations présentes ; doit-on avant toute chose améliorer la qualité <strong>de</strong> l'information présente dansla base <strong>de</strong> données, son traitement, <strong>les</strong> prévisions établies à partir <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>-ci ? En outre, unetelle quantification est la condition sine qua non d'une analyse scientifique <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s inputs aux outputs <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>.38


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>On cherche donc une mesure fiable <strong>de</strong> l'importance <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>, qui soit facile àconstruire pour être mise en œuvre le plus souvent possible, tout en étant robuste et en nerisquant pas, pour <strong>de</strong>s raisons techniques, d'induire en erreur le modélisateur cherchant à traiterl'incertitu<strong>de</strong> dans son modèle.1. La métho<strong>de</strong> surface-réponse : le cas d'une fonction à <strong>de</strong>ux inputsC'est le plus simplement du mon<strong>de</strong> que le recours aux dérivées partiel<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'output enfonction <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s inputs du modèle s'impose pour évaluer l'impact <strong>de</strong> la variation <strong>de</strong> lavaleur prise par un input sur le résultat du modèle. C'est l'esprit <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> (dont le nomrenvoie à la représentation graphique <strong>de</strong>s calculs <strong>de</strong> dérivées partiel<strong>les</strong> effectués), qui n'est doncvalable que lorsque l'incertitu<strong>de</strong> qui pèse sur <strong>les</strong> inputs est <strong>de</strong> faible amplitu<strong>de</strong>, le recours aucalcul <strong>de</strong>s dérivées impliquant que <strong>les</strong> variations considérées sont infinitésima<strong>les</strong>.Prenons une fonction f, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux inputs incertains x1et x2, et ayant y pour output :y=f( x1,x2)Un scénario X est une situation particulière, décrite par la valeur prise par chacun <strong>de</strong>sinputs :X = ( x1,x2)0On nommera scénario <strong>de</strong> base X , le scénario obtenu à partir <strong>de</strong>s valeurs "nomina<strong>les</strong>" <strong>de</strong>chacun <strong>de</strong>s inputs (ces valeurs pouvant être la moyenne, la médiane, la plus probable…). On aalors :( 1 2) ( 1 2)X = x ,x et y = f x ,x0 0 0 0 0 0On cherche donc une métho<strong>de</strong> permettant <strong>de</strong> donner une mesure <strong>de</strong> l'importance <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong>, que l'on notera I( xi, y ) i=1,2. Une analyse <strong>de</strong> sensibilité classique nous donne I à0partir <strong>de</strong>s dérivées partiel<strong>les</strong> calculées en X :s( )I x ,yi⎡ ∂y⎤= ⎢ ⎥⎣∂xi⎦0X39


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Figure I.4. Un exemple <strong>de</strong> surface-réponse : fonction à <strong>de</strong>ux argumentsyx 1x 2La figure I.4 présente <strong>de</strong> manière graphique le principe général <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong>. Il s'agitdonc tout simplement <strong>de</strong> recourir au calcul <strong>de</strong>s dérivées partiel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la fonction ayant <strong>les</strong>différents inputs comme arguments et l'output comme image. Graphiquement, chacune <strong>de</strong>ssurfaces <strong>de</strong> ce graphique permet <strong>de</strong> lire directement la variation <strong>de</strong> l'output consécutive à lavariation <strong>de</strong>s inputs. Plus précisément, la sensibilité <strong>de</strong> l'output aux inputs est égale à la pente <strong>de</strong>stangentes à la surface le long <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux axes parallè<strong>les</strong> aux axes horizontaux. (figure I.5). On peutalors attribuer directement la variation <strong>de</strong> l'output à l'un <strong>de</strong>s inputs, et donc avoir une idée exacte<strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>.Figure I.5. Exemple d'analyse graphique <strong>de</strong> sensibilitéy2x 1∂y∂x11Valeurs nomina<strong>les</strong>∂y∂x212x 240


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>L'inconvénient d'une telle approche est que la comparaison <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> imputable auxdifférents facteurs dépend <strong>de</strong> l'échelle, <strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s différents inputs et <strong>de</strong> l'output.On définit alors la sensibilité normalisée comme le ratio du changement relatif <strong>de</strong> y induit par lavariation relative d'une unité <strong>de</strong> X. Il s'agit en fait d'une élasticité :⎡ ∂y⎤x0ins ( i ) = ⎢ ⎥ 0⎣∂xi⎦ 0 yXI x ,yReste que cette métho<strong>de</strong> ne permet absolument pas <strong>de</strong> prendre en compte le <strong>de</strong>gréd'incertitu<strong>de</strong> portant sur chacun <strong>de</strong>s inputs. La sensibilité <strong>de</strong> l'output à l'un <strong>de</strong>s inputs peut êtrerelativement faible mais l'ampleur <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> portant sur cet input est tout aussi importante àprendre en compte.2. Approximation gaussienneLa manière la plus simple <strong>de</strong> rendre compte à la fois <strong>de</strong> la sensibilité et <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> estle recours à l'approximation gaussienne, ou approximation du premier ordre. Si l'on considèreque l'écart-type σxrend compte du <strong>de</strong>gré d'incertitu<strong>de</strong> sur l'input xii, alors l'approximation <strong>de</strong>Gauss nous donne comme mesure <strong>de</strong> la contribution <strong>de</strong> l'input à l'incertitu<strong>de</strong> sur l'output y leproduit <strong>de</strong> la sensibilité avec l'incertitu<strong>de</strong> soit :⎡ ∂y⎤( ) = ⎢ ⎥ σiI x ,yG i x⎣∂xi⎦ 0XOn peut alors directement calculer la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>. La variance <strong>de</strong> l'output2σyest estimée à partir <strong>de</strong> la somme <strong>de</strong>s carrés <strong>de</strong>s contributions <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s inputs.L'approximation gaussienne <strong>de</strong> la variance est :2 2⎡ ∂y⎤ ⎡ ∂y⎤σ = σ + σ2 2 2y ⎢ ⎥ x1 ⎢ ⎥ x2⎣∂x1⎦ 0 ∂x20X ⎣ ⎦XL'incertitu<strong>de</strong> totale sur l'output est donc décomposée en somme <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s surchacun <strong>de</strong>s inputs.3. Généralisation : la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s momentsNous considérerons maintenant que X n'est plus fonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux arguments mais <strong>de</strong> narguments :( x ,x ,...,x )X =y=f(X)1 2 n41


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>On supposera que la valeur nominale pour chaque input est égale à son espérance :0i[ ]Pour i = 1 à n, x = E xEn conséquence, le scénario nominal est égal à l'espérance <strong>de</strong> X :( 1 2 n) [ ]0 0 0 0X = x , x ,..., x = E XLe développement <strong>de</strong> Taylor (Cheney, 1966) permet d'exprimer la variation <strong>de</strong> l'output <strong>de</strong>0y− y en fonction <strong>de</strong>s déviations <strong>de</strong>s inputs <strong>de</strong> leur valeur nomina<strong>les</strong>on niveau nominal ( )0( xi− xi) :n∑( i i )y y x x⎡ ∂y⎤0 0− = − ⎢ ⎥i=1 ⎣∂xi ⎦ 0X1 ⎡2yn n0 0 ∂ ⎤+ ∑∑( xi −xi )( xj−xj)⎢ ⎥2 ⎢⎣∂x ∂x⎥⎦i= 1 j=1 i j 0X31 ⎡ ∂ yn n n⎤0 0 0+ ∑∑∑( xi −xi )( xj−x j)( xk − xk)⎢ ⎥ + ...3! i= 1 j= 1 k=1 ⎢⎣∂x i∂x j∂xk ⎥⎦On a alors une approximation <strong>de</strong> l'espérance <strong>de</strong> l'output (si on se limite au terme d'ordre<strong>de</strong>ux) :soit :⎡ ∂y ⎤ 1 ⎡ ∂ y ⎤E⎣ ⎡y− y ⎦⎤ = E⎣ ⎡x − x ⎦⎤ + E⎣x −x x −x⎦⎢ ⎥n n n20 0 0 0∑ i i ⎢ ⎥ ∑∑ ⎡( i i )( j j)⎤i= 1 ⎣∂xi⎦ 0 2X i= 1 j=1⎢⎣∂xi∂xj⎥⎦0Xi0X⎡ ⎤− = ⎢ ⎥⎢⎣⎥⎦n n20 1 ∂ yE⎡ ⎣y y ⎤⎦ ∑∑ Cov⎡x i,xj2⎣⎤⎦i= 1 j=1 ∂xi∂xj0XRemarquons que tant que <strong>les</strong> dérivées secon<strong>de</strong>s ne sont pas nul<strong>les</strong> (fonctions nonlinéaires),l'espérance <strong>de</strong> l'output est différente <strong>de</strong> sa valeur nominale et dépend <strong>de</strong> la variance etcovariance <strong>de</strong>s inputs. On parle parfois <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moments car l'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sefait ici à partir <strong>de</strong>s moyennes, variances et covariances.En première approximation, si on ne retient que <strong>les</strong> termes d'ordre un, on a :0E⎡⎣y−y ⎤⎦ 0Ey y f X0 0[ ] = ( )42


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>et on a donc comme estimation <strong>de</strong> la variance <strong>de</strong> y :2n ⎡2 ⎛0 0⎡ ∂y⎤ ⎞ ⎤Var[ y] = E ⎡( y y )⎤ E ⎢ ( xixi) ⎥⎢− −⎣ ⎥⎦ ∑ ⎢ ⎥i=1⎢⎜ ∂x⎟i 0 ⎥⎣⎝⎣ ⎦X⎠ ⎦Var[ y] n n0 0⎡ ∂y⎤ ⎡ ∂y⎤∑∑ E ⎡( xi xi )( xjxj)⎤⎣− −⎦⎢⎥ ⎢ ⎥⎣ ∂ x ⎦ ⎢⎣ ∂ x ⎥⎦Var[ y]⎡ ∂y⎤ ⎡ ∂y⎤Cov ⎡x , x ⎤⎢⎥ ⎢ ⎥i= 1 j=1 i 0X j 0X⎣ i j⎦ ⎣ ∂ xi⎦ 0 xX ⎢⎣ ∂j⎥⎦0XSi l'on suppose que <strong>les</strong> inputs sont indépendants entre eux, on a :Var y[ ] Var[ x ]i⎡ ∂y⎤⎢ ⎥⎣∂xi⎦n⎛ ⎞Lorsque la fonction est linéaire ⎜y=∑ aixi⎟ou log-linéarisée 8⎝ i=1 ⎠nn⎛a⎞i⎜y = ∏ xi ⇔ ln ( y) = ∑ailn ( xi)⎟, le développement gaussien est alors la formule exacte et⎝ i=1i=1 ⎠l'on a :n[ ] = ∑aiE[ xi]E y2[ ] = ∑∑ = ∑ [ ] + ∑∑n n n( ) = ∑2i ( i) + ∑∑ ⎡i j ( i) ( j)20Xi=1n n n n nVar y aaCov⎡ ⎣x,x ⎤⎦ a Var x 2 aaCov⎡ ⎣x,x⎤⎦i j i j i i i j i ji= 1 j= 1 i= 1 i= 1 j= 1+1n⎡⎣ ( ) ⎤⎦ = ∑aiE⎡⎣ln( xi)⎤⎦i=1E ln yVar⎡⎣ln y ⎤⎦ a Var⎡⎣ln x ⎤⎦ 2 a a Cov ln x ,ln x ⎤⎣ ⎦i= 1 i= 1 j= 1+1Il est cependant possible, si l'on ne désire pas appliquer une log-linéarisation, d'utiliser laformule <strong>de</strong> Gauss comme une approximation pour étudier la propagation <strong>de</strong>s erreurs.8 La moyenne du logarithme d'une variable aléatoire est égale au logarithme <strong>de</strong> sa moyenne géométrique et lavariance du logarithme d'une variable aléatoire est égale au logarithme <strong>de</strong> sa variance géométrique43


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Si on a :ny= ∏ xi=1aiiAlors on a :na[ ] ∏ E[ x ] iiE yi=1En outre, on a :⎡ ∂y ⎤ ⎡ ⎤ ⎡a x ⎤ ⎡a ⎤ a⎢ ⎥ ⎤∂x x x E x⎣ ⎦⎣ ⎦ ⎣ ⎦ ⎣ ⎦ ⎣ ⎦ain nai−1 aj i i aj i aji= ⎢ax i i× ∏xj ⎥ = ⎢ × ∏xj ⎥ = ⎢ × ∏xj ⎥ = × E⎡xji 0 j i 0 i j i 0 i j 1 0 [ i]∏X ≠X≠X=Xj=1D'où on déduit :⎡ ∂y ⎤ a a⎢× E[ y]=⎣∂x E x xii⎥0i⎦0 [ i]XiCe qui nous donne comme approximation <strong>de</strong> la variance :comme suit :n⎛ a 0⎞iVar[ y] ∑ Var[ xi ] ⎜ y0 ⎟i=1 ⎝xi⎠Var[ y]Var[ x ]⇔n2 i2 ∑ai0 02i=1( y )( xi)Le terme h ( z ), généralement appelé erreur relative ou coefficient <strong>de</strong> variation, est défini( h( z))20( z )[ ]Var z=La variance <strong>de</strong> l'output peut alors se réécrire sous la forme suivante :n2 22( h( y)) ai( h( xi))= ∑i=1En d'autres termes, on peut estimer l'erreur relative d'un produit <strong>de</strong> puissance par lasomme du carré <strong>de</strong>s erreurs relatives <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s composants <strong>de</strong> la somme, pondérée par lecarré <strong>de</strong> leurs puissances. Ainsi, si l'on a le modèle suivant :2y20a jxxy =x31 2344


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>et que <strong>les</strong> erreurs relatives <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s inputs sont :( ) ( ) ( )h x = 1%, h x = 5%, h x = 2%1 2 3alors on peut avoir une approximation <strong>de</strong> l'erreur relative sur y :( ( )) ( ) ( ) ( )h( y)10,16%2 2 2 2h y 1× 1 + 2× 5 + − 0,5× 3 = 1+ 100 + 2, 25 = 103,25Lorsque la fonction se complexifie, il convient <strong>de</strong> retenir plus <strong>de</strong> termes dans ledéveloppement Taylor pour évaluer la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>. Cependant, la complexitéalgébrique s'accroît rapi<strong>de</strong>ment avec la complexité <strong>de</strong> la fonction. Par exemple, l'expressionexacte pour une fonction <strong>de</strong> quatre variab<strong>les</strong> norma<strong>les</strong> comporte vingt-huit termes. Aussi, lamétho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong>vient-elle rapi<strong>de</strong>ment inapplicable.Cependant, lorsque le modèle est simple et que <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s sont faib<strong>les</strong>, la métho<strong>de</strong><strong>de</strong>s moments est adaptée. Elle fournit une base claire pour l'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> endécomposant l'incertitu<strong>de</strong> sur l'output en la somme <strong>de</strong>s contributions <strong>de</strong> chaque input. Cettemétho<strong>de</strong> est d'une ai<strong>de</strong> précieuse pour le développement <strong>de</strong>s intuitions sur <strong>les</strong> combinaisons et lapropagation <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s.Un <strong>de</strong>s avantages <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> est qu'elle n'est pas très coûteuse en informationpuisqu'elle ne nécessite <strong>de</strong> connaître que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux premiers moments <strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong>s inputs.Pour <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> très coûteux à exécuter, la métho<strong>de</strong> RSM (Response Surface Methods)<strong>de</strong>vient intéressante. Un effort initial important doit certes être accepté pour obtenir une bonneréponse, mais elle offre <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> possibilités d'analyses <strong>de</strong> la sensibilité et <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>.Cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moments, comme <strong>les</strong> précé<strong>de</strong>ntes, est une approche locale et n'estdonc valable que pour <strong>de</strong> faib<strong>les</strong> variations <strong>de</strong>s inputs et conduira à <strong>de</strong>s erreurs importantes encas <strong>de</strong> larges incertitu<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong> non-continuité dans le modèle.4. Analyse <strong>de</strong> la sensibilité à variation nominale (nominal range sensitivity)Dans <strong>les</strong> cas où <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s basées sur <strong>les</strong> dérivées partiel<strong>les</strong> ne sont plus valab<strong>les</strong>, il estnécessaire d'utiliser une approche globale, ne nécessitant plus le recours à un scénario normalisé.La métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> sensibilité à variation nominale suppose que <strong>les</strong> valeurs prises par− +chacun <strong>de</strong>s inputs soient bornées, ⎡⎣x,x⎤1 1 ⎦ et − +⎡⎣x,x⎤2 2⎦ , et calcule l'effet sur l'output <strong>de</strong> lavariation <strong>de</strong> chaque input entre ces bornes, <strong>les</strong> autres inputs prenant leurs valeurs nomina<strong>les</strong> :( ) = (+ 0) − (− 0)( ) = (0 +) − (0 −)I x ,y f x ,x f x ,xnvs 1 1 2 1 2I x ,y f x ,x f x ,xnvs 2 1 2 1 245


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Figure I.6. Illustration <strong>de</strong> l'analyse à variation nominaleyx 1HauteNormaliséeBasseInvs ( x1,y)Invs ( x2,y)BasseNormaliséeHautex 25. Analyse paramétriqueIl est clair cependant que la mesure fournie par une analyse <strong>de</strong> sensibilité à variationnominale ne saurait constituer une mesure globale, puisque <strong>les</strong> autres inputs que celui considérésont pris à leur valeur nominale. Une information encore plus détaillée peut être fournie par uneanalyse paramétrique. Il s'agit <strong>de</strong> calculer différentes valeurs <strong>de</strong> y lorsqu'un <strong>de</strong>s inputs varie,ceteris paribus, puis <strong>de</strong> présenter <strong>les</strong> différentes courbes obtenues lorsqu'on fait varier la valeur<strong>de</strong>s autres paramètres. Il s'agit en fait d'une projection en <strong>de</strong>ux dimensions <strong>de</strong>s figures en troisdimensions précé<strong>de</strong>ntes.Si l'information fournie par une analyse paramétrique est assez complète, elle <strong>de</strong>vient trèsdifficile à obtenir et à gérer, et ce <strong>de</strong> manière exponentielle, lorsque le nombre d'inputs et lenombre <strong>de</strong> valeurs que chacun peut prendre s'accroissent. On peut alors ne s'intéresser qu'àquelques scénarios tels que le scénario <strong>de</strong> base, le pire, le meilleur… Les enseignements apportésseront déjà très importants.46


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>yFigure I.7. Un exemple d'analyse paramétrique21,510,50x 2Légen<strong>de</strong> : <strong>les</strong> chiffres en couleur représentent <strong>les</strong> différentes valeurs <strong>de</strong> x 16. Arbre <strong>de</strong> probabilitéLorsque l'on introduit <strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong> probabilité sur <strong>les</strong> inputs, quelle qu'en soitl'origine, <strong>de</strong>s renseignements supplémentaires peuvent être obtenus. Si ces distributions sontdiscrètes, on peut alors construire un arbre <strong>de</strong> probabilité. Comme l'illustre la figure I.8, celui-ciaura pour racine la situation initiale, puis l'ensemble <strong>de</strong>s branches <strong>de</strong> premier niveau seraconstitué par l'ensemble <strong>de</strong>s valeurs que peut prendre le premier input, l'ensemble <strong>de</strong>s branches<strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième niveau par celui <strong>de</strong>s valeurs du <strong>de</strong>uxième input et ainsi <strong>de</strong> suite pour <strong>les</strong> n inputs dumodèle. Chaque chemin complet allant <strong>de</strong>s racines <strong>de</strong> l'arbre à une branche terminale a pourprobabilité le produit <strong>de</strong>s probabilités conditionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong> chaque branche le long du chemin.47


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Figure I.8. Exemple d'arbre <strong>de</strong> probabilitéY P f0,61 1 1× = = 0, 0510 2 200,051,01 1 1× =10 6 600,0167 0,071,48 1 4× =10 3 150, 267 0,331,68 1 4× =10 3 150, 267 0,601,88 1 4× =10 3 150, 267 0,871,91 1 1× = = 0, 02510 4 400,892,01 1 1× = = 0, 0510 2 200,942,41 1 1× = = 0, 02510 4 400,973,01 1 1× =10 3 300, 033 1,00p=110p=110p 8 10=1x1= 0,3x = 1,0x1= 1,7p=1 2p=1 4p=1 4p=1 3p=1 3p=1 3p=1 6p=1 2x2= 0,5x2= 1,0x2= 1,5x = 0,52x2= 1,0x2= 1,5x = 0,52x2= 1,0y=0,6y=1,9y=2,4y=1,4y=1,6y=1,8y=1,0y=2,0p=1 3x2= 1,5y=3,0A partir <strong>de</strong> l'arbre précé<strong>de</strong>nt, on obtient la fonction <strong>de</strong> répartition :Figure I.9. Fonction <strong>de</strong> répartition établie à partir d'un arbre <strong>de</strong> probabilité1,000,900,800,700,600,500,400,300,200,100,000 0,5 1 1,5 2 2,5 3Ceci constitue l'approche standard utilisée en analyse <strong>de</strong> la décision (Raiffa, 1968 ;Watson et Bue<strong>de</strong>, 1987).48


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Il faut comprendre que, dans cette approche, la question centrale n'est pas "est-ce quecette hypothèse ou cette incertitu<strong>de</strong> affecte <strong>les</strong> résultats ?", mais "est-ce que cela modifie ladécision ?" Puisque c'est cette question qui est pertinente aux yeux <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs, il est logiquequ'ils cherchent à discrétiser <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> continues incertaines afin <strong>de</strong> pouvoir construire <strong>de</strong>sarbres <strong>de</strong> décision, quitte à dangereusement simplifier le modèle sous-jacent.Lorsque le modèle est assez simple, une telle présentation contient suffisamment peu <strong>de</strong>branches fina<strong>les</strong> pour que cette approche soit claire, facile à commenter et que <strong>les</strong> calculspuissent être faits à la main. En outre, il est généralement plus facile d'exprimer <strong>les</strong> dépendancesprobabilistiques entre <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> comme <strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong> probabilités conditionnel<strong>les</strong>discrètes plutôt que comme <strong>de</strong>s corrélations entre <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> continues. Enfin, il est plus faciled'appliquer la règle <strong>de</strong> Bayes sur un arbre <strong>de</strong> probabilités discrètes que sur <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong>continues.Néanmoins, il est rare que <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> distribution soient discrètes et il est alors trèsrare <strong>de</strong> pouvoir obtenir une fonction <strong>de</strong> distribution pour l'output à partir <strong>de</strong> fonctions <strong>de</strong>distribution continues sur <strong>de</strong>s inputs incertains.En outre, dès que le nombre <strong>de</strong> variab<strong>les</strong> s'accroît, même si el<strong>les</strong> ne prennent quequelques valeurs discrètes, le nombre <strong>de</strong> branches termina<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'arbre explose et cela entraîne<strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> calcul informatique importants.Globalement, à l'exception <strong>de</strong> cas simp<strong>les</strong> (e.g. combinaison linéaire <strong>de</strong> variab<strong>les</strong>norma<strong>les</strong>), <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s exactes d'analyse <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sont très gourman<strong>de</strong>sen calculs (Springer, 1979).B. Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> : <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s d'échantillonnageLes différentes métho<strong>de</strong>s d'échantillonnage ont été élaborées afin <strong>de</strong> limiter le nombre <strong>de</strong>calculs (exécutions du modèle) nécessaires à une bonne évaluation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans unmodèle. L'esprit est un peu différent <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes qui se limitaient àcalculer l'effet <strong>de</strong> la variation <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s inputs sur celle <strong>de</strong> l'output. Les métho<strong>de</strong>sd'échantillonnage déterminent l'incertitu<strong>de</strong> sur l'output à partir <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> pesant sur <strong>les</strong> inputs.1. La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Monte CarloLa métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> simulation Monte Carlo sélectionne <strong>de</strong> manière aléatoire <strong>les</strong> branchestermina<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'arbre <strong>de</strong> probabilités correspondant au modèle, en respectant bien entendu <strong>les</strong>probabilités associées à chacune <strong>de</strong>s branches. Cela permet d'obtenir une approximation <strong>de</strong> ladistribution <strong>de</strong> probabilité <strong>de</strong> l'output.49


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Le nombre <strong>de</strong> branches termina<strong>les</strong> peut donc être très élevé. En effet, l'effort <strong>de</strong> calcul nedépend plus <strong>de</strong> ce nombre mais <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> l'échantillon simulé. Plus cet échantillon est grand,meilleure est l'approximation <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong> probabilité sur l'output. Si l'on souhaite obtenirun intervalle <strong>de</strong> confiance α, alors le nombre <strong>de</strong> simulations doit être :⎛2cσ⎞m > ⎜ ⎟⎝ w ⎠où c est la déviation d'une variable normale à l'intérieur <strong>de</strong> l'intervalle <strong>de</strong> confiance <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré α, σla variance calculée à partir <strong>de</strong> l'échantillon obtenu 9 , et w la taille <strong>de</strong> l'intervalle.L'avantage évi<strong>de</strong>nt d'une telle métho<strong>de</strong> rési<strong>de</strong> dans la réduction du coût en calculmachine<strong>de</strong> l'évaluation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur l'output tout en ne nécessitant pas le recours à unediscrétisation <strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong> probabilités. Elle donne en fait à la personne chargée <strong>de</strong>réaliser l'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> <strong>les</strong> termes d'un arbitrage entre précision <strong>de</strong> l'analyse et nombred'exécution du modèle à effectuer. En effet, il <strong>de</strong>meure toujours possible d'améliorer la précision<strong>de</strong>s résultats par <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> exécutions du modèle. L'effort <strong>de</strong> calcul est linéaire du nombred'inputs incertains, alors qu'il est exponentiel dans le cas d'arbres <strong>de</strong> probabilités.22. La métho<strong>de</strong> d'échantillonnage hypercube latin (Latin HypercubeSampling).Les simulations à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> Monte Carlo permettent <strong>de</strong> tracer la structure <strong>de</strong> ladistribution <strong>de</strong> probabilité <strong>de</strong>s résultats du modèle en calculant <strong>les</strong> résultats déterministes pour unlarge nombre <strong>de</strong> valeurs suivant <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> distributions <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> et paramètresexogènes. Cependant, cela se traduit par un temps <strong>de</strong> calcul qui <strong>de</strong>meure important. Pour cetteraison, une métho<strong>de</strong> d'échantillonnage plus avancée a été développée afin <strong>de</strong> limiter le nombred'exécutions du modèle nécessaires à l'obtention d'une information suffisante sur la distribution<strong>de</strong>s résultats.De plus, il est important <strong>de</strong> comprendre que l’objectif premier <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> Monte Carlon’est pas <strong>de</strong> produire un échantillon <strong>de</strong> valeurs aléatoires mais <strong>de</strong> révéler <strong>les</strong> propriétésd’équidistribution <strong>de</strong> l’échantillon dans l’espace <strong>de</strong>s paramètres. Une fois reconnu commeprimordial cet objectif <strong>de</strong> production d’une distribution plus uniforme <strong>de</strong>s points dans l’espace<strong>de</strong>s paramètres, le recours aux métho<strong>de</strong>s d’échantillonnage stratifié <strong>de</strong>vient nécessaire.L'échantillonnage hypercube latin (Latin Hypercube Sampling, LHS) est la métho<strong>de</strong> laplus efficiente pour obtenir cette information. Il recourt à une stratification parmi l'échantillon<strong>de</strong>s paramètres individuels et à l'information préexistante sur la corrélation entre <strong>les</strong> variab<strong>les</strong>exogènes (McKay et al., 1979, Janssen et al., 1990, Janssen et al, 1994, Schimmelpfennig,1996). Il représente la plus pratiquée <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s d'échantillonnage stratifié (Iman et al., 1980).9 2σ =m1∑ m−1 i = 1( y −y)i250


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Pour générer un m-échantillon en utilisant la métho<strong>de</strong> LHS, chaque distribution d’inputest divisée en m interval<strong>les</strong> équiprobab<strong>les</strong>. Dans la version standard <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> LHS, unevaleur est échantillonnée <strong>de</strong> manière aléatoire au sein <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ces interval<strong>les</strong>, selon laprobabilité <strong>de</strong> distribution. Cela produit un échantillon <strong>de</strong> m valeurs pour chaque input qui sontplus uniformément réparties, et ce sur l'ensemble <strong>de</strong> l'espace <strong>de</strong>s valeurs pour chaque input, quelors d’un échantillonnage classique.Une version alternative <strong>de</strong> la théorie LHS, dite médiane (Midpoint Latin HypercubeSampling, MLHS), produit un échantillon encore plus uniforme, car c’est la médiane <strong>de</strong> chaqueintervalle équiprobable qui est choisie.On peut également, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces métho<strong>de</strong>s, générer <strong>de</strong>s échantillons permettantd’éclairer certaines zones <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong>s paramètres, si l’on est plus intéressé par certainesparties <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong> l’output que par d’autres (Clark, 1961).Lorsque cette métho<strong>de</strong> est utilisée, parce qu’elle produit <strong>de</strong>s scénarios mieux répartisdans le domaine <strong>de</strong>s inputs, <strong>les</strong> approximations <strong>de</strong> la moyenne, <strong>de</strong> la variance et <strong>de</strong>s autresparamètres <strong>de</strong> distribution obtenues seront plus fines que cel<strong>les</strong> obtenues lors <strong>de</strong> l’emploi <strong>de</strong>métho<strong>de</strong>s plus classiques. El<strong>les</strong> sont presque exactes dans le cas <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> MLHS. Alors, sile modèle est assez linéaire ou si seuls quelques inputs sont à l’origine <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>, lamoyenne <strong>de</strong> l’output convergera rapi<strong>de</strong>ment. Dans le cas contraire, la métho<strong>de</strong> LHS ne serévélera pas meilleure que celle <strong>de</strong> Monte Carlo.L’inconvénient <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> LHS lorsqu’on la compare à la métho<strong>de</strong> Monte Carlo estque <strong>les</strong> échantillons réalisés à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong>, et donc <strong>les</strong> outputs, sont aléatoires maispas complètement indépendants. Aussi <strong>les</strong> statistiques utilisées pour estimer la précision <strong>de</strong>srésultats produits par la métho<strong>de</strong> Monte Carlo ne sont plus applicab<strong>les</strong> ici et la précision réel<strong>les</strong>era toujours sous-estimée. Il est clair cependant qu’un tel point ne saurait constituer unevéritable limite. En général, la métho<strong>de</strong> MLHS est considérablement plus performante que lamétho<strong>de</strong> LHS standard, mais est sujette à <strong>de</strong> rares mais importants problèmes, en particulier si lemodèle est périodique par rapport à un input 10 .Les alternatives à la métho<strong>de</strong> Monte Carlo standard accroissent la précision <strong>de</strong>s résultatsà peu <strong>de</strong> frais. La métho<strong>de</strong> LHS et plus particulièrement MLHS semble donc désignée pouranalyser l'incertitu<strong>de</strong> dans <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> complexes 11 .10 Considérons par exemple le modèle suivant :x Uniforme (0,100)y = cos( 2πx)L’espérance <strong>de</strong> y est alors 0. Si l’on réalise un échantillonnage <strong>de</strong> taille 100 à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> MLHS, alors Xsera divisé en 100 interval<strong>les</strong> équiprobab<strong>les</strong>, dont <strong>les</strong> médianes seront ( 0.5, 1.5, 2.5, ..., 99.5 ) . On aura alorsE[ yˆ] =− 1.11 Tant que l'on peut être sûr dans le cas <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> MLHS que le modèle ne contient pas <strong>de</strong> comportements dontla fréquence soit très élevée, ce qui est extrêmement improbable dans un modèle <strong>de</strong>stiné à analyser un risque.51


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>3. Autres métho<strong>de</strong>s d'évaluation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>a. La métho<strong>de</strong> "controlled variate"Diverses métho<strong>de</strong>s existent pour limiter le nombre d’exécutions du modèle. Une enparticulier utilise <strong>les</strong> connaissances structurel<strong>les</strong> ou toute autre information disponible sur lemodèle pour réduire la variance dans l’estimation <strong>de</strong> la moyenne (Rubinstein, 1982 ; Johnson,1987). Il s'agit <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> controlled variate qui peut également être utilisée s’il existe uneapproximation simplifiée du modèle moins coûteuse à exécuter. Par exemple, un modèleanalytique basé sur le développement <strong>de</strong> Taylor (métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moments) peut être utilisé.y f Xŷ= f ˆ X .Supposons que le modèle exact soit = ( ) et que son approximation soit ( )Il est facile <strong>de</strong> calculer la moyenne du modèle simplifié, E[ y ˆ ], et la moyenne du modèlecomplet est alors :m1E y E y y y∑[ ] = [ ˆ] + ( − ˆ )m i = 1Si le modèle simplifié est suffisamment bon, la variance <strong>de</strong> ( y yˆ)iii− sera inférieure àcelle <strong>de</strong> yi. Le nombre d’exécutions du modèle nécessaire pour atteindre une précision donnéesera alors inférieur.ib. La métho<strong>de</strong> RackIl s’agit <strong>de</strong> faire tourner le modèle avec <strong>de</strong>s valeurs extrêmes afin d’en observer lecomportement. Si <strong>de</strong>s comportements étranges ne se font pas jour, c’est que le modèle est stableet bien programmé. Si, à l'inverse, <strong>de</strong>s comportements bizarres apparaissent, il faut tâcher <strong>de</strong>trouver une explication. En particulier, s’ils apparaissent pour <strong>de</strong>s valeurs déviant certes <strong>de</strong> leurtrend mais sans être extrêmes pour autant, alors le problème à régler n'est vraisemblablement pasmineur.52


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>C. Les probabilités subjectives1. Les probabilités bayesiennesLe changement climatique, plus que tout autre sujet peut-être, incite à pratiquer une autrescience. Ainsi, la météorologie peut être considérée fondamentalement comme une scienceexacte 12 , se basant, à l'instar <strong>de</strong> la physique newtonienne par exemple, sur <strong>de</strong>s loisfondamenta<strong>les</strong>. Cependant, la complexité <strong>de</strong> ces lois, leur nombre très important, la richesse <strong>de</strong>leurs interactions conjuguées au caractère non reproductible d'un certain nombre <strong>de</strong> phénomènesen jeu font que le climat ne saurait être aujourd'hui parfaitement prévisible. Aussi, l'ensemble <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong> météorologiques combinent recours à <strong>de</strong>s lois fondamenta<strong>les</strong> et <strong>de</strong>scriptions statistiquespour établir leur prévision. Ce caractère (temporairement ?) non-exact <strong>de</strong> la science justifie <strong>les</strong>différences observab<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s divers modè<strong>les</strong> développés pour étudier lechangement climatique.De même, <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> natures différentes, <strong>de</strong> sources diverses et portant sur <strong>de</strong>sobjets multip<strong>les</strong> obligent toute personne s'intéressant à l'effet <strong>de</strong> serre à recourir aux probabilitéssubjectives. Cet emploi <strong>de</strong>s probabilités bayesiennes permet en effet <strong>de</strong> pallier l'absence <strong>de</strong> loisétablies pour la plupart <strong>de</strong>s phénomènes étudiés. La fonction <strong>de</strong> distribution utilisée pour décrireun phénomène dépend alors bien entendu <strong>de</strong> ce phénomène mais également <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong>l'information concernant ce phénomène.C'est à Savage (1954) que l'on doit la transposition <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> probabilité objectives auxprobabilités subjectives. Si ces <strong>de</strong>rnières respectent <strong>les</strong> mêmes axiomes (plus quelques autres)que <strong>les</strong> premières alors la transposition est simple et totale. La question qui se pose alors est celle<strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> ces probabilités subjectives.2. Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> lois <strong>de</strong> probabilité suivie par <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> incertainesa. Révélation <strong>de</strong>s avis d'expertsLe recours aux avis d'experts permet <strong>de</strong> pallier le manque <strong>de</strong> connaissance sur <strong>les</strong> lois <strong>de</strong>probabilités que suivent <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> utilisées. C'est la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> construction <strong>de</strong>s probabilitéssubjectives la plus répandue. Néanmoins, elle doit faire l'objet <strong>de</strong> soins particuliers (Spetzler etStaël von Holstein, 1975 ; Morgan et al., 1984). Il n'existe pas un unique protocole <strong>de</strong> révélation<strong>de</strong>s avis d'experts, chacun possédant ses forces et ses faib<strong>les</strong>ses.12 Ne souhaitant pas rentrer dans le débat sur le caractère exact d'une science qui apparaît fragile suite auxdéveloppements <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> la relativité (Einstein, 1905) et <strong>de</strong> la mécanique quantique, nous limiterons ici ladistinction entre science exacte et science non-exacte au caractère reproductible du phénomène étudié en ce qu'il estintégré fondamentalement dans la démarche du scientifique. Aussi, nous considérerons qu'une science est exacte sielle base sa démarche sur la mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> lois fondamenta<strong>les</strong> régissant un phénomène. A l'inverse, nousconsidérerons comme non-exacte une science s'appuyant principalement sur la <strong>de</strong>scription statistique sans pouvoirrecourir à <strong>de</strong>s expériences indéfiniment reproductib<strong>les</strong> sous certaines conditions. En particulier, <strong>les</strong> scienceshumaines seront considérées comme non-exactes, considérant que le comportement humain ne saurait être régi parun ensemble fini <strong>de</strong> lois fondamenta<strong>les</strong> ou que l'ensemble <strong>de</strong>s paramètres à considérer pour justifier d'uncomportement est infini et non appréhendable.53


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Morgan et Henrion (1990) ont tenté <strong>de</strong> définir <strong>les</strong> attributs d'un bon protocole. Il doitd'abord et avant tout ne jamais être considéré comme un processus général que l'on appliqueraitcomme on suit une recette <strong>de</strong> cuisine. La personne chargée <strong>de</strong> faire révéler <strong>les</strong> avis d'experts doity consacrer le temps nécessaire et doit rester attentive aux problèmes et aux développementsinhabituels survenant au cours du processus. Chaque révélation doit être considérée comme unproblème particulier, et nécessite l'emploi <strong>de</strong> termes appropriés.En second lieu, le processus même <strong>de</strong> révélation doit être clairement explicité à l'expertinterrogé, et plus particulièrement ce que l'on sait sur la psychologie <strong>de</strong>s jugements formés dansun cadre incertain. Cela doit prendre au minimum la forme d'une brève présentation <strong>de</strong> lalittérature sur <strong>les</strong> biais heuristiques et cognitifs et d'une discussion plus en profon<strong>de</strong>ur avecl'expert s'il se montre intéressé. Cela permet aux experts <strong>de</strong> mieux comprendre comment onfon<strong>de</strong> <strong>les</strong> jugements qu'ils vont eux-mêmes être amenés à formuler et <strong>de</strong> justifier à leurs yeux laforme que va prendre le processus <strong>de</strong> révélation. En outre, cela renforce la confiance qu'ils vontattribuer au processus <strong>de</strong> révélation et à la personne qui en est chargée ; l'implication personnelle<strong>de</strong>s experts pour mener à bien ce processus en sera d'autant plus gran<strong>de</strong>.Troisièmement, la ou <strong>les</strong> personnes chargées <strong>de</strong> la révélation doivent maîtriserraisonnablement le sujet sur lequel elle porte. En effet, le processus est plus à même d'êtreperformant si <strong>de</strong>s discussions techniques peuvent être engagées à tout moment, en particulierpour que l'expert précise pourquoi il porte tel <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> confiance aux différentes données etinterprétations.Quatrièmement, il est important que <strong>les</strong> quantités que l'on cherche à faire révéler parl'expert soient définies <strong>de</strong> telle façon que celui-ci puisse utiliser ses connaissances aussidirectement et pleinement que possible, sans <strong>de</strong>voir pratiquer <strong>de</strong> transformation mentale. Il estimportant <strong>de</strong> travailler la définition <strong>de</strong>s quantités à révéler jusqu'à ce qu'elle soit unique etdébarrassée <strong>de</strong> toute ambiguïté.Il convient à tout moment <strong>de</strong> chercher à faire surgir et à examiner <strong>les</strong> hypothèsesimplicitement formulées par l'expert. Ceci permet à la fois une meilleure compréhension <strong>de</strong>séventuel<strong>les</strong> différences qui peuvent se faire jour entre <strong>les</strong> avis <strong>de</strong>s différents experts, mais aussiune meilleure appréhension du phénomène et donc une justification plus soli<strong>de</strong> du choix <strong>de</strong> lafonction <strong>de</strong> distribution subjective. De plus, il convient d'étudier <strong>les</strong> corrélations ou dépendancesavec <strong>les</strong> autres valeurs et <strong>de</strong> <strong>les</strong> traiter correctement.Enfin, <strong>les</strong> éventuels problèmes rencontrés lors du processus <strong>de</strong> révélation doivent êtretraités au fur et à mesure <strong>de</strong> leur apparition et non pas <strong>de</strong> manière globale, une fois le processusachevé.Généralement, <strong>les</strong> divers experts interrogés ne fournissent pas <strong>les</strong> mêmes estimations. Ladiversité <strong>de</strong> ces estimations offre en soit une information précieuse. Avant <strong>de</strong> <strong>les</strong> traiter <strong>de</strong>quelque manière que ce soit pour gérer numériquement cette disparité, il convient <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong>l'expliquer. Des différences <strong>de</strong> disciplines, <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> théoriques en sont-el<strong>les</strong> à l'origine ?Peuvent-el<strong>les</strong> être expliquées par <strong>de</strong>s points ignorés par certains et importants pour d'autres, parla présence <strong>de</strong> biais <strong>de</strong> motivation ? Les questions posées ne peuvent-el<strong>les</strong> pas être l'objet d'unconsensus ?54


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Si l'étendue <strong>de</strong>s valeurs données n'a pas un impact significatif sur <strong>les</strong> résultats du modèle,alors combiner <strong>les</strong> différentes visions <strong>de</strong>s experts pour obtenir une vision "moyenne" peuts'avérer parfaitement justifié et n'entraîne pas <strong>de</strong> perte d'information significative. (Morgan etHenrion, 1990). Si ce n'est pas le cas, l'analyste peut confronter <strong>les</strong> experts entre eux pour tenterd'expliquer et <strong>de</strong> réduire ces divergences, ou bien il <strong>de</strong>vra choisir parmi <strong>les</strong> estimations oucombinaisons d'estimations. Seaver (1978) montre que <strong>les</strong> résultats d’une métho<strong>de</strong> d’agrégationbayesienne (Winkler, 1968) sont moins bien calibrés et donc plus durs à utiliser que ceux d’uneseule moyenne linéaire. Combiner <strong>les</strong> opinions <strong>de</strong>s multip<strong>les</strong> experts interrogés ne conduit pasforcément à une meilleure appréhension <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>. Cependant, il y a <strong>de</strong> bonnes raisons <strong>de</strong>croire que le résultat sera plus informatif sur la valeur centrale que l’utilisation d’un seul avisd’expert (Winkler, 1971 ; Seaver, 1976).Il est clair que la confrontation <strong>de</strong>s experts peut apporter <strong>de</strong>s éclaircissementsappréciab<strong>les</strong> sur un point donné, mais elle peut aussi être à l'origine <strong>de</strong> pressions <strong>de</strong>structrices <strong>de</strong>toutes sortes, comme par exemple la domination d'individus particuliers pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong>statut social ou simplement <strong>de</strong> personnalité et sans lien avec une compétence plus importante(Myers et Lamm, 1975). Cette interaction peut se faire <strong>de</strong> diverses façons, d'une discussionautour d'une table à la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Delphes, où <strong>les</strong> participants ne se rencontrent pas et oùl'interaction se limite à l'émission anonyme d'avis (Dalkey, 1969, Linstone et Turoff, 1975). Ceséchanges peuvent se répéter plusieurs fois et généralement une convergence apparaît. Il fauttoutefois reconnaître que dans bien <strong>de</strong>s cas, <strong>les</strong> experts d’un même domaine se connaissent à lafois par la lecture réciproque <strong>de</strong> leurs artic<strong>les</strong> mais aussi grâce aux colloques. Ils sont doncsouvent déjà familiers avec <strong>les</strong> argumentations et la confrontation ne produit que <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>stesraffinements.Même si ces règ<strong>les</strong> simp<strong>les</strong> sont suivies, <strong>de</strong>s biais peuvent apparaître lors du processus <strong>de</strong>révélation. Des métho<strong>de</strong>s existent pour tenter d'éviter ces biais (Kahneman et Tversky, 1979)mais on ne peut jamais être certain <strong>de</strong> <strong>les</strong> éviter totalement.Il se peut en outre que <strong>les</strong> experts, en dépit <strong>de</strong> leurs efforts et <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> la personnechargée du processus <strong>de</strong> révélation, ne puissent formuler un jugement sur <strong>les</strong> points <strong>de</strong>mandés ouqu'ils trouvent que la connaissance sur ce sujet est trop pauvre ou incomplète pour qu'unscientifique digne <strong>de</strong> ce nom puisse émettre un jugement. Des considérations éthiques peuventégalement limiter leur participation au processus (certains objets ne doivent pas être probabilisésou quantifiés). Ces comportements se retrouvent en particulier parmi <strong>de</strong>s scientifiques tels que<strong>les</strong> biologistes, <strong>les</strong> toxicologues ou <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins qui ont une approche plus qualitative du mon<strong>de</strong>.L'anonymat peut en partie permettre <strong>de</strong> passer outre ce type <strong>de</strong> problème, mais est difficilementréalisable dans la mesure où <strong>les</strong> résultats du processus <strong>de</strong> révélation n'ont un intérêt que si <strong>les</strong>experts sont clairement reconnus comme tels. Un anonymat partiel (liste publique <strong>de</strong>s expertsmais aucun lien entre <strong>les</strong> estimations individuel<strong>les</strong> et <strong>les</strong> noms) peut cependant être envisagé.55


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>b. Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> DelphesUne possibilité <strong>de</strong> pallier le manque <strong>de</strong> connaissance sur <strong>les</strong> distributions <strong>de</strong> probabilité<strong>de</strong>s inputs et paramètres du modèle est le recours aux probabilités subjectives à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> lamétho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Delphes (Dalkey, 1967). Il s'agit d'un processus en <strong>de</strong>ux étapes. En premier lieu, onrecueille <strong>les</strong> avis <strong>de</strong>s experts comme présenté précé<strong>de</strong>mment. Puis on élabore une moyenne àpartir <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> cette première consultation et on ré-interroge <strong>les</strong> mêmes experts poursavoir s'ils modifient leur position connaissant la valeur moyenne. Il s'agit donc d'une métho<strong>de</strong>parmi d'autres <strong>de</strong> confrontation <strong>de</strong>s avis d'experts. Titus et Narayanan (1995) ont utilisé cettemétho<strong>de</strong> pour i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> distributions <strong>de</strong>s inputs et paramètres <strong>de</strong> leur modèle surl'évolution du niveau <strong>de</strong> la mer. L' <strong>International</strong> Institute for Applied Systems Analysis (IIASA) aégalement eu recours à cette métho<strong>de</strong> lors du développement <strong>de</strong> ses projections sur ladémographie mondiale (Lutz et al., 1996).Si ces métho<strong>de</strong>s permettent d’évaluer l’incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’output, el<strong>les</strong> ne permettent pasd’attribuer cette incertitu<strong>de</strong> aux différents inputs (Cox et Baybutt, 1981). Mais une mesureindirecte est toujours possible, en régressant par exemple l’échantillon <strong>de</strong>s outputs sur <strong>les</strong> celui<strong>de</strong>s inputs ou en utilisant <strong>les</strong> coefficients <strong>de</strong> corrélations partiel<strong>les</strong> (Iman et Helton, 1990), quisont <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> la contribution <strong>de</strong> chaque input à l’incertitu<strong>de</strong> sur l’output, après avoir traité<strong>les</strong> effets attribuab<strong>les</strong> aux autres inputs.II.Choix d'une métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>Beaucoup d'artic<strong>les</strong> comparent ces différentes métho<strong>de</strong>s (Cox, 1977 ; Ahmed et al.,1981 ; Cox et Baybutt, 1981 ; Jackson, et al., 1981 ; Martz et al., 1983 ; Fiksel et al., 1984 ;Iman et Helton, 1988), mais leurs conclusions sont hétérogènes quant aux mérites relatifs <strong>de</strong>sdifférentes techniques, en partie en raison <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> problèmes et <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> étudiés.Avant <strong>de</strong> choisir <strong>les</strong> "comment", il convient <strong>de</strong> toujours définir <strong>les</strong> "pourquoi". Aussi, lechoix d'une métho<strong>de</strong> dépend <strong>de</strong>s objectifs que l'on s'est fixé. En premier lieu, il convient <strong>de</strong>prendre en compte <strong>les</strong> points suivants concernant le modèle :• Il faut s'interroger sur l'importance relative <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur la forme du modèlecomparée à l'incertitu<strong>de</strong> qui pèse sur <strong>les</strong> inputs. En effet, si la structure du modèle et <strong>les</strong>relations entre <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> sont l'objet <strong>de</strong> débat ou mal maîtrisées, mener une analysepoussée <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> inputs peut ne pas s'avérer pertinent ou conduire à <strong>de</strong>fausses conclusions.• De même, la taille du modèle (nombre d'inputs) et le coût d'une exécution sont <strong>de</strong>s pointsimportants à prendre en considération pour choisir une métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>.En outre, il convient <strong>de</strong> savoir si le modèle est (quasi-)linéaire ou non, s'il présente <strong>de</strong>sdiscontinuités…56


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Puis, il faut s'interroger sur <strong>les</strong> actions qui suivront la présentation <strong>de</strong>s conclusions <strong>de</strong>l'analyse. Le but est-il <strong>de</strong> fournir un gui<strong>de</strong> à un travail <strong>de</strong> raffinement du modèle et/ou à larecherche d'informations supplémentaires sur <strong>les</strong> inputs ? La recherche <strong>de</strong> la valeur centrale <strong>de</strong>l'output (médiane ou moyenne) est-elle l'objectif ou la caractérisation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> est-elle ensoit importante ? Quelle est la précision recherchée dans l'évaluation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> ? Est-ilimportant <strong>de</strong> connaître <strong>les</strong> valeurs extrêmes que peut prendre l'output ?Enfin, il est nécessaire <strong>de</strong> faire l'inventaire <strong>de</strong>s ressources dont on dispose pour menerl'analyse (temps et argent disponib<strong>les</strong>, qualifications et expérience <strong>de</strong>s analystes).III. De la théorie à la pratique : recensement <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong> réalisées dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> changementclimatiqueLes métho<strong>de</strong>s présentées précé<strong>de</strong>mment ne proposent pas d'intégrer l'incertitu<strong>de</strong> dans larésolution même du modèle mais <strong>de</strong> l'analyser ex post. En dépit <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> simplicité <strong>de</strong>ce type d'analyses et <strong>de</strong> traitements <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>, ils ne sont encore que rarement oupartiellement appliqués. Ainsi, sur <strong>les</strong> vingt modè<strong>les</strong> traitant <strong>de</strong>s pluies aci<strong>de</strong>s que recensentHordjijk et al. (1999), seuls six prennent explicitement en compte l'incertitu<strong>de</strong> et celle-ci portetoujours sur la valeur <strong>de</strong>s paramètres, jamais sur la structure du modèle ou sur ses processus <strong>de</strong>résolution. En outre, rien n'est dit sur le rapport entre le traitement opéré <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> et <strong>les</strong>résultats obtenus par le modèle.Un fossé existe entre le développement <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s théoriques et appliquées pour traiterl'incertitu<strong>de</strong> et le traitement réellement opéré, comme l'illustre la troisième partie <strong>de</strong> ce chapitrequi présente <strong>les</strong> traitements <strong>les</strong> plus couramment opérés pour <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> traitant <strong>de</strong>s pluiesaci<strong>de</strong>s ou du changement climatique.A. Tests <strong>de</strong> sensibilitéMême s'ils <strong>les</strong> publient rarement, tous <strong>les</strong> modélisateurs pratiquent <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> sensibilitésur certains paramètres clé du modèle. Ces tests peu coûteux à effectuer (une dizaine <strong>de</strong>paramètres clé, trois ou quatre valeurs par paramètres) possè<strong>de</strong>nt le double avantage d'être faci<strong>les</strong>à interpréter et riches en enseignements. Tout d'abord, ils renseignent l'auteur sur la stabilité dumodèle. Ils permettent également <strong>de</strong> hiérarchiser la priorité <strong>de</strong>s informations et traitements àaméliorer, mais affinent également considérablement <strong>les</strong> conclusions que l'on peut tirer <strong>de</strong> lalecture <strong>de</strong>s résultats du modèle.Le tableau suivant offre un exemple d'une telle analyse réalisée pour le modèle Gemini-E3 (Bernard, 1995). Il présente pour la France la sensibilité <strong>de</strong>s résultats du modèle aux valeurs<strong>de</strong> différents paramètres.57


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Ainsi, il apparaît clairement à la lecture <strong>de</strong> ce tableau que la flexibilité <strong>de</strong> l'offre <strong>de</strong> travailconstitue un paramètre essentiel dans ce modèle, l'élasticité <strong>de</strong> substitution entre le travail, lematériel et <strong>les</strong> carburants constituant également un paramètre important. Les autres élasticités <strong>de</strong>substitution jouent un rôle moins important dans la détermination <strong>de</strong> l'ampleur <strong>de</strong>s gains à laréforme fiscale simulée. En outre, ils dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la forme retenue pour la fonction <strong>de</strong>production et <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> séparabilité.Tableau I.4. Sensibilité <strong>de</strong>s résultats du modèle Gemini-E3aux valeurs <strong>de</strong>s paramètres pour la France.Résultats avec <strong>les</strong>valeurs initialement (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)retenues.P.I.B. au prix <strong>de</strong> marché 1,76 1,49 1,76 1,79 1,70 1,62 1,76 1,62Investissement privé 0,86 0,38 0,86 0,53 1,02 0,01 0,81 0,02Exportations -0,86 -1,30 -0,86 -0,41 -1,13 -1,06 -0,83 -1,06Importations 0,04 0,40 0,04 0,05 0,06 -0,68 0,01 -0,67Prix à la consommation 3,19 4,50 3,19 1,75 4,13 2,15 3,16 2,16Salaire réel 1,32 1,40 1,32 1,21 1,32 1,35 1,32 1,35Taux d'intérêt réel-0,21 -0,15 -0,22 -0,08 -0,28 -0,16 -0,22 -0,16(variation absolue)Consommation d'énergie -4,40 -4,25 -4,39 -1,21 -6,42 -4,70 -4,40 -4,70Emplois (×1000) 91 0 92 33 116 68 90 68(1) Faible flexibilité <strong>de</strong> l'offre <strong>de</strong> travail.(2) Faib<strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> substitution entre <strong>les</strong> carburants.(3) Faib<strong>les</strong> élasticités <strong>de</strong> substitution entre le travail, le matériel et <strong>les</strong> carburants.(4) Fortes élasticités <strong>de</strong> substitution entre le travail, le matériel et <strong>les</strong> carburants.(5) Forte exposition à la compétition internationale.(6) Faib<strong>les</strong> élasticités <strong>de</strong> substitution au premier <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> production.(7) Fortes élasticités <strong>de</strong> substitution au premier <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> production.Source : Bernard, 1995.On le voit à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> cet exemple, l'intérêt <strong>de</strong> la réalisation d'un test <strong>de</strong> sensibilité est telqu'il est difficilement envisageable <strong>de</strong> ne point le réaliser. On ne peut que déplorer que ces testsne soient que trop rarement publiés.B. Contrôle <strong>de</strong> qualité (Quality Control)Beaucoup d’auteurs ont cherché à établir une liste <strong>de</strong>s améliorations nécessaires àproduire en terme <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> (Keepin, et Wynne, 1984 ; Toth, 1995 ;Van <strong>de</strong>r Sluijs, 1997 ; Ravetz, 1997). Le manque <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong> bonne pratiquescientifique peut avoir, principalement, <strong>de</strong>ux causes :1. Certaines personnes ont effectivement <strong>de</strong> bonnes pratiques mais cel<strong>les</strong>-ci sont peudiffusées parmi leurs confrères.58


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>2. L’histoire suivante illustre bien le second problème : un soir, un homme voit son voisinsemblant chercher quelque chose sur le trottoir. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce qu’il a perdu. Celui-cilui répond qu’il cherche ses clés. L’homme lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> alors s’il sait où il <strong>les</strong> a perdues.« Oui, répond son voisin, je <strong>les</strong> ai perdues <strong>de</strong>vant mon portail.Mais c’est <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la rue, s’étonne alors le premier homme.Je sais bien, mais c’est ici que se trouve le lampadaire. »Ainsi <strong>les</strong> chercheurs se concentrent sur <strong>les</strong> problèmes solub<strong>les</strong>, même si <strong>les</strong> autres sontparfois plus importants. Un exemple frappant <strong>de</strong> cela est que, même si <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 nereprésentent que 60% <strong>de</strong> l'effet radiatif <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s gaz considérés comme intervenant dansl'effet <strong>de</strong> serre, il est rare que <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> ces autres gaz apparaissent autrement que <strong>de</strong>manière ad hoc dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> (IPCC, 1996), bien qu'un effort récent dans ce sens peut êtreobservé (IPCC, 2001b). La raison d'une telle omission est à la fois scientifique et historique : <strong>les</strong>sources d'émissions <strong>de</strong>s autres GES sont particulièrement diffici<strong>les</strong> à modéliser, alors que <strong>les</strong>émissions <strong>de</strong> CO 2 sont directement liées à la consommation d'énergies fossi<strong>les</strong> dont lamodélisation a été fortement développée dans <strong>les</strong> années 1970 suite aux chocs pétroliers.C. L'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans la modélisationLa tableau I.5 présente, selon différents auteurs, <strong>les</strong> techniques d'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>dans la modélisation économique, fournissant ainsi une illustration <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s utilisées dans<strong>les</strong> processus <strong>de</strong> modélisation.Le tableau I.6 illustre, dans le cas <strong>de</strong> la modélisation intégrée, l'ensemble <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong> qui ont été menées. Les techniques couramment utilisées pour l’analyse et letraitement <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> intégrés présentent trois principaux inconvénients :• El<strong>les</strong> ne traitent pas complètement l’ensemble <strong>de</strong>s aspects du problème au sein <strong>de</strong>l’ensemble <strong>de</strong>s types et sources d’incertitu<strong>de</strong>.• El<strong>les</strong> ne parviennent pas à produire <strong>de</strong>s éclairages non ambigus pour <strong>les</strong> modélisateurs et<strong>les</strong> utilisateurs sur :- la qualité et <strong>les</strong> limites <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> intégrés ;- la qualité et <strong>les</strong> limites <strong>de</strong>s réponses apportées aux questions <strong>politiques</strong> par <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> intégrés.• El<strong>les</strong> échouent dans le traitement systématique <strong>de</strong> la partie subjective <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>.59


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Contrôle par :ScientifiquesTableau I.5. Taxinomie <strong>de</strong>s critères d'un contrôle <strong>de</strong> qualitéContrôle sur : Input Output ProcessusContrainte <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> ressource, étatd'avancement <strong>de</strong> la théorie, supportinstitutionnel, hypothèse, qualité <strong>de</strong>sdonnées disponib<strong>les</strong>, état <strong>de</strong> l'art.Validation, analyse <strong>de</strong> sensibilité,sophistication technique, <strong>de</strong>gréd'acceptabilité <strong>de</strong>s conclusions, impactsur le débat public, imitation,reconnaissance par <strong>les</strong> professionnels.Choix <strong>de</strong> la méthodologie,communication, mise en œuvre,promotion, <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> formalisation<strong>de</strong>s activités analytiques au sein <strong>de</strong>l'organisation.PairsQualité <strong>de</strong>s données, modèle et/outhéorie utilisée, adéquation <strong>de</strong>s outils,problème <strong>de</strong> formulation, choix <strong>de</strong>sdonnées.Sujet <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>, conclusions soutenuespar <strong>les</strong> évi<strong>de</strong>nces, offense au senscommun, robustesse <strong>de</strong>s conclusions,couverture adéquate <strong>de</strong>s points traités.Documentation, revue <strong>de</strong>stechniques <strong>de</strong> validation, style,interdisciplinarité.Directeur du programmeCoût, support institutionnel au sein <strong>de</strong>sutilisateurs, qualité <strong>de</strong> l'équipe analytique,type <strong>de</strong> financement.Fréquence d'utilisation, type d'utilisation,contribution à la méthodologie et àl'avancement <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> l'art, prestige,capacité <strong>de</strong>s résultats à être généralisés,appliqués à d'autres domaines.Dissémination, collaboration avec<strong>les</strong> utilisateurs, l'étu<strong>de</strong> a-t-elle étéexaminée ?Déci<strong>de</strong>urs <strong>politiques</strong>Qualité <strong>de</strong>s analystes, coûts <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>,outils techniques utilisés (hardware etsofware), est-ce que la formulation <strong>de</strong>sproblèmes a du sens ?Les résultats du modèle sont-ilsfamiliers et compréhensib<strong>les</strong> ? L'étu<strong>de</strong>génère-t-elle <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> idées ? Lesindications <strong>politiques</strong> sont-el<strong>les</strong>conclusives ? Correspon<strong>de</strong>nt-el<strong>les</strong> auxstandards éthiques ?Facilité d'utilisation, documentation,ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s analystes durant lamise en œuvre, interaction avec lepersonnel <strong>de</strong> l'agence, avec <strong>les</strong>groupes d'intérêt.Groupes d'intérêt publicCompétence et intégrité intellectuelle<strong>de</strong>s analystes, comptabilité <strong>de</strong>s systèmes<strong>de</strong> valeurs, acceptabilité <strong>de</strong> la formulation<strong>de</strong>s problèmes, implicationsnormatives <strong>de</strong>s techniques.Nature <strong>de</strong>s conclusions, équité, prise enconsidération <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s points<strong>de</strong> vue.Participation, communication <strong>de</strong>sdonnées et autres informations,adhésion aux règ<strong>les</strong> strictes duprocessus.Source : Clark et Majone, 198560


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Tableau I.6. Ensemble <strong>de</strong>s techniques d'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> économiques.Référence Technique d'analyse <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong>Beck, 1987ValidationMorgan et Henrion,1990Analyse <strong>de</strong> sensibilitéPrévision <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong>serreursRéduction <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>Analyse <strong>de</strong> sensibilitéPropagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>Description <strong>de</strong> la techniqueEtant donnés la structure du modèle et l'estimation <strong>de</strong>sparamètres, détermine le comportement sous différentesconditions pour <strong>les</strong> intrants observés afin <strong>de</strong> comparer <strong>les</strong>réponses du modèle sous différents comportements observésEtant donnés la structure du modèle et l'estimation <strong>de</strong>sparamètres, détermine la variation dans <strong>les</strong> résultats qui résulte<strong>de</strong> la modification <strong>de</strong> la valeur estimée <strong>de</strong>s paramètresEtant donnés la structure du modèle et l'estimation <strong>de</strong>sparamètres, détermine le comportement futur sous différentesconditions initia<strong>les</strong> incertaines (supposées)Détermine quel<strong>les</strong> sources d'erreurs (d'incertitu<strong>de</strong>) contribuentle plus à l'incertitu<strong>de</strong> dans la réponse et propose <strong>de</strong>sexpériences en vue <strong>de</strong> résoudre l'incertitu<strong>de</strong>Métho<strong>de</strong> pour calculer <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> changements <strong>de</strong>s intrantssur la réponse du modèleMétho<strong>de</strong>s pour déterminer le <strong>de</strong>gré d'incertitu<strong>de</strong> dans <strong>les</strong>résultats du modèle liée à l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> intrantsAnalyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> Métho<strong>de</strong>s pour comparer la contribution relative <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> différents intrants à l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong>résultatsType d'incertitu<strong>de</strong> traitéIncertitu<strong>de</strong> sur la structure du modèleIncertitu<strong>de</strong> sur la valeur <strong>de</strong>sparamètres estimés du modèlePropagation <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> prévisionRéduction <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s critiquesassociées à un modèleQuantificationStructureSimplification et autres hypothèseslors du processus <strong>de</strong> modélisationQuantificationStructureSimplification et autres hypothèseslors du processus <strong>de</strong> modélisationQuantificationStructureSimplification et autres hypothèseslors du processus <strong>de</strong> modélisation61


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Référence Technique d'analyse <strong>de</strong> Description <strong>de</strong> la techniqueType d'incertitu<strong>de</strong> traitél'incertitu<strong>de</strong>Rubin, 1990Description qualitative Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> intrants du modèleDescription quantitativeDeux ou plusieurs valeurs pour certains paramètres et Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> intrants du modèlevariab<strong>les</strong> (faible, normale, élevée)Distribution <strong>de</strong> probabilité (discrète, continue)Analyse du scénarioExécuter le modèle avec <strong>de</strong>s valeurs simp<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> résultats du modèleet paramètres incertainsPropagation <strong>de</strong>s erreurs du premier La dérivée <strong>de</strong>s résultats en fonction <strong>de</strong> chaque variable et Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> résultats du modèleordre (Gauss)paramètre incertain est combinée à la valeur <strong>de</strong> la varianceassociée à chacun <strong>de</strong> ces paramètres ou variab<strong>les</strong> pour évaluerle <strong>de</strong>gré d'incertitu<strong>de</strong> totale sur <strong>les</strong> résultats et la contribution<strong>de</strong> chaque variable et paramètre à cette incertitu<strong>de</strong>Arbre <strong>de</strong> décision ou <strong>de</strong> probabilité Un scénario combinatoire est réalisé pour calculer la valeurrésultant <strong>de</strong> chaque combinaison <strong>de</strong> décisions et <strong>de</strong> variab<strong>les</strong>incertaines, auxquel<strong>les</strong> sont attribuées <strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong>probabilités discrètesIncertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> résultats du modèleDen Elzen, 1993Simulation probabiliste oustochastiqueL'incertitu<strong>de</strong> induite sur <strong>les</strong> résultats du modèle est estiméepour chaque distribution <strong>de</strong> probabilité discrète ou continuesur <strong>les</strong> intrants (Monte Carlo)Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> résultats du modèleFormes <strong>de</strong> modèle alternatives Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> résultats du modèleAnalyse <strong>de</strong> sensibilitéEtu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'influence <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong>s sources d'incertitu<strong>de</strong> sur<strong>les</strong> résultats du modèleIncertitu<strong>de</strong> scientifiqueAnalyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s aspects incertains dans le modèle et <strong>de</strong> leur Incertitu<strong>de</strong> scientifiqueinfluence sur <strong>les</strong> résultats du modèle. L'estimation <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> sources est décrite à travers unedistribution <strong>de</strong> probabilité subjective contrairement au casprécé<strong>de</strong>nt où elle évoluait parmi un ensemble donné <strong>de</strong> valeurs(entre une borne inférieure et une borne supérieure)62


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Référence Technique d'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> Description <strong>de</strong> la technique Type d'incertitu<strong>de</strong> traitéSorensen, 1994 Intervalle <strong>de</strong> convergenceIntervalle dans lequel la valeur attendue moyenne du résultat Incertitu<strong>de</strong> techniquerési<strong>de</strong> avec une certaine probabilitéApproximation Gaussienne Expression analytique <strong>de</strong> la variance du résultat du modèle Incertitu<strong>de</strong> techniqueMétho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Monte Carlo Probabilité <strong>de</strong> distribution du résultat du modèle Incertitu<strong>de</strong> techniqueComparaisonsEstimation quantitative <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> imposée au résultat du Incertitu<strong>de</strong> techniquemodèleScénariosModification <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> résultats, suite à une Incertitu<strong>de</strong> techniquemodification <strong>de</strong>s valeurs ou <strong>de</strong>s hypothèsesApproche du choix stratégique Gestion <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> manière à prendre une décision Incertitu<strong>de</strong> sur la structureincrémentielleAnalyse <strong>de</strong> robustesseGestion <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> manière à prendre une décision Incertitu<strong>de</strong> sur la structureincrémentielleVan <strong>de</strong>r Sluijs, 1997 Analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> basée sur la Outils afin d'établir comment <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s spécifiques sur <strong>les</strong> Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> intrantsmétho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Monte Carlointrants <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> se transmettent aux résultats clé du modèleComparaison entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> Erreur dans <strong>les</strong> spécificationsfonctionnel<strong>les</strong>Vérification du modèleTester le modèle sur le passé, adopter <strong>de</strong>s types et <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Erreurs <strong>de</strong> modélisationmodélisation communs à d'autres modè<strong>les</strong> afin <strong>de</strong> faciliterl'intercomparaisonVérification du co<strong>de</strong>Examen <strong>de</strong>s techniques numériques dans le co<strong>de</strong> afin <strong>de</strong> vérifierqu'il correspond bien à l'approche conceptuelle développée lors <strong>de</strong>la construction du modèle et qu'une solution numérique peut bienêtre obtenue. On peut par exemple entrer <strong>de</strong>s valeurs extrêmes etobserver ce qui se passe ou bien au contraire vérifier qu'unevariation relativement faible <strong>de</strong> la valeur d'un ou <strong>de</strong> quelquesintrants ne provoque pas une variation importante dans <strong>les</strong>résultatsErreurs <strong>de</strong> programmationReproductibilité sur d'autres ordinateurs Erreurs liées au hardware63


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Référence Technique d'analyse <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong>Kann, 1998Analyse <strong>de</strong> sensibilitéAnalyse du scénarioPropagation <strong>de</strong> la variabilitéstochastiquePrise <strong>de</strong> décision séquentielle sousincertitu<strong>de</strong>Description <strong>de</strong> la techniqueVariation <strong>de</strong>s paramètres qui ne sont pas connus avec certitu<strong>de</strong>et enregistrement <strong>de</strong> l'impact sur <strong>les</strong> résultats du modèle. Celapermet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> clé et <strong>les</strong> valeursseuil importantes pour ces variab<strong>les</strong>Exécution du modèle avec différentes hypothèses etcombinaisons <strong>de</strong> valeurs pour <strong>les</strong> intrantsImplique la spécification <strong>de</strong>s probabilités jointes (discrètes oucontinues) sur une sélection d'intrantsType d'incertitu<strong>de</strong> traitéDétermination <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong>vantêtre traités stochastiquementLa distribution <strong>de</strong> probabilité sur <strong>les</strong>résultats issue <strong>de</strong> cet exercice fournitau déci<strong>de</strong>ur politique une idée plusprécise du risque associé aux résultatsI<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la valeur espérée <strong>de</strong>l'informationSource : Hordjijk et al., 1999.64


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Tableau I.7. Type d'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> réalisée dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> intégrés traitant du changement climatiqueCatégorie d'analyse <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong>Contrôle <strong>de</strong> qualitéAnalyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> interneAnalyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> externeDescription- Vérification indépendante <strong>de</strong>s calculs et <strong>de</strong>la documentation- Evaluation <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> calcul- Evaluation du caractère raisonnable <strong>de</strong>sdonnées utilisées- Evaluation qualitative <strong>de</strong>s sources connuesou suspectées d'incertitu<strong>de</strong>- Estimation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> par <strong>les</strong> experts- Analyse <strong>de</strong> sensibilité- Propagation <strong>de</strong>s erreurs ou <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>- Analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>- Mesure directe <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s paramètres,<strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> ou <strong>de</strong>s résultats du modèle- Mesure indirecte- Comparaison avec d'autres modè<strong>les</strong>- Comparaison d'autres structures avec lemême modèleApplication dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>- Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> paramètres (système actuel) :1. Simulation stochastique/ Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Monte Carlo2. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur la valeur <strong>de</strong> certains intrants3. Mise en œuvre <strong>de</strong> différentes approches pour estimer la valeur <strong>de</strong>l'information sur certains paramètres- Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> paramètres (système futur) :1. Comparaison explicite <strong>de</strong> stratégies alternatives dans un très grand nombre<strong>de</strong> futurs possib<strong>les</strong>2. Prise <strong>de</strong> décision séquentielle sous incertitu<strong>de</strong>/ Prise <strong>de</strong> décision séquentielleavec processus d'apprentissage continu3. Analyse <strong>de</strong> la décisionSource : d'après Kann, 1998.65


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>D. De l’inexactitu<strong>de</strong> à l'ignoranceVan <strong>de</strong>r Sluijs (1999) recense <strong>les</strong> outils dont disposent <strong>les</strong> modélisateurs pour traiterl'incertitu<strong>de</strong> et propose une classification selon le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>, comme l'illustre letableau I.8. On voit dans ce tableau que l’inexactitu<strong>de</strong> peut être traitée à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> modè<strong>les</strong>stochastiques, associés éventuellement à <strong>de</strong>s probabilités subjectives et à l’ai<strong>de</strong> d'unéchantillonnage <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s interprétations d’experts défendab<strong>les</strong>. Le manque <strong>de</strong>confiance dans <strong>les</strong> valeurs attribuées aux inputs nécessite un contrôle <strong>de</strong> qualité et une évaluation<strong>de</strong> la qualité. La réduction <strong>de</strong> l’ignorance passe, elle, par la mise en œuvre <strong>de</strong> programmes <strong>de</strong>recherche. La prévision d’éventuel<strong>les</strong> surprises nécessite une analyse systématique <strong>de</strong>s surprisespassées.Il s’agit <strong>de</strong> la catégorie d’incertitu<strong>de</strong> la plus difficile à traiter, ne serait-ce que parce quenous ne sommes pas à même <strong>de</strong> savoir tout ce que l’on ignore.Indépendamment <strong>de</strong> leurs ampleurs respectives, la simple liste <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s auxquel<strong>les</strong>on se confronte lorsque l'on cherche à évaluer <strong>les</strong> coûts d'une politique <strong>de</strong> lutte contre leréchauffement climatique donne une idée <strong>de</strong> l'importance du travail d'analyse <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>pour une compréhension pertinente <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la modélisation. Bien que plusieurs métho<strong>de</strong>s<strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> existent, el<strong>les</strong> ne sont que peu employées par la communautéscientifique qui préfère implicitement répondre aux incertitu<strong>de</strong>s en développant <strong>de</strong>s travauxalternatifs et en comparant leurs résultats. C'est donc la démarche qui sera suivie dans cette thèse.Mais avant <strong>de</strong> comparer <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> modélisation, il convient <strong>de</strong> bien en définirla nature, ce à quoi le chapitre 2 s'attache.66


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Tableau I.8. Outils disponib<strong>les</strong> pour le traitement <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>SourceDonnéesStructureconceptuelledu modèleStructuretechnique dumodèleBugsExhaustivitédu modèleTypeParamètresRelationsErreur <strong>de</strong>procédureErreur <strong>de</strong>résolutionErreurd'agrégationErreurnumériqueSoftwareInexactitu<strong>de</strong> Incertitu<strong>de</strong> Ignorance- Analyse <strong>de</strong> sensibilité- Simulation à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> Monte Carlo- Distributions <strong>de</strong> probabilité subjectives- Avis d'experts- Analyse <strong>de</strong> sensibilité- Simulation à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> Monte Carlo- Distributions <strong>de</strong> probabilité subjectives- Avis d'experts- Simulation à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> Monte Carlo- Avis d'experts- Comparaison inter-modè<strong>les</strong>- Tests sur <strong>de</strong>s données historiques- Prédiction à court terme- Utilisation <strong>de</strong> co<strong>de</strong>s communs à d'autresmodè<strong>les</strong>- Métho<strong>de</strong> rack- Advisory boards- Examen par <strong>les</strong> pairs- Comparaison inter-modè<strong>les</strong>- Tests sur <strong>de</strong>s données historiques- Prédiction à court terme- Utilisation <strong>de</strong> co<strong>de</strong>s communs à d'autresmodè<strong>les</strong>Analyse <strong>de</strong> sensibilitéAnalyse <strong>de</strong> sensibilitéAnalyse <strong>de</strong> sensibilité- Analyse <strong>de</strong> sensibilité- Vérification du co<strong>de</strong>- Assurance qualité- Evaluation <strong>de</strong> la qualité- Advisory boards- Examen par <strong>les</strong> pairs- Métho<strong>de</strong> rack- Assurance qualité- Evaluation <strong>de</strong> la qualité- Advisory boards- Examen par <strong>les</strong> pairs- Métho<strong>de</strong> rack- Assurance qualité- Evaluation <strong>de</strong> la qualité- Comparaison inter-modèle- Tests sur <strong>de</strong>s données historiques- Prédiction à court terme- Utilisation <strong>de</strong> co<strong>de</strong>s communs àd'autres modè<strong>les</strong>- Métho<strong>de</strong> rack- Advisory boards- Examen par <strong>les</strong> pairs- Assurance qualité- Comparaison inter-modè<strong>les</strong>- Tests sur <strong>de</strong>s données historiques- Prédiction à court terme- Utilisation <strong>de</strong> co<strong>de</strong>s communs àd'autres modè<strong>les</strong>- Métho<strong>de</strong> rack- Advisory boards- Examen par <strong>les</strong> pairs- Assurance qualité- Métho<strong>de</strong> rack- Assurance qualité- Métho<strong>de</strong> rack- Assurance qualité- Métho<strong>de</strong> rack- Assurance qualité- Vérification du co<strong>de</strong>- Métho<strong>de</strong> rack- Tests <strong>de</strong> reproductibilitéHardware Analyse <strong>de</strong> sensibilité - Assurance qualité- Métho<strong>de</strong> rack- Advisory boards- Comparaison inter-modè<strong>les</strong>- Examen par <strong>les</strong> pairs- Groupes <strong>de</strong> travail spécialisés- Tests <strong>de</strong> reproductibilité- Assurance qualité- Advisory boards- Comparaison inter-modè<strong>les</strong>- Examen par <strong>les</strong> pairs- Groupes <strong>de</strong> travail spécialisésRechercheRechercheRechercheRechercheRechercheRechercheSource : van <strong>de</strong>r Sluijs, 1999Analysemathématiquedu modèleMétho<strong>de</strong> rackMétho<strong>de</strong> rack- Validationdu contexte- Participation- Recherche67


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Bibliographie du chapitre 1Ahmed, S., D.R. Metcalf et J.W. Pegram, 1981 : Uncertainty Propagation in Probabilistic RiskAssessment : A Comparative Study. Transaction of the American Nuclear Society, 1981 AnnualMeeting, 38, pp. 483-484.Ambrosi, P., 2004 : Amplitu<strong>de</strong> et calendrier <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> réductions <strong>de</strong>s émissions face aux risques<strong>climatiques</strong>. Leçon <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> intégrés. Thèse <strong>de</strong> doctorat. <strong>Centre</strong> <strong>International</strong> <strong>de</strong> Recherche surl'Environnement et le Développement.Beck, M.B., 1987 : Water Quality Mo<strong>de</strong>lling : A Review of the Analysis of Uncertainty. Water ResourcesResearch, 23 (8), pp. 1393-1442.Bernard, A.L. 1995 : Gemini-E3, a General Equilibrium Mo<strong>de</strong>l of <strong>International</strong> National Interaction forEconomy-Energy-Environment. Working Paper, Ministère <strong>de</strong> l'équipement et <strong>de</strong>s transports,France.Cheney, E.W.,1966 : Introduction to Approximation Theory. McGraw-Hill, New York.Clark, C.E., 1961 : Importance Sampling in Monte Carlo Analysis. Operation Research, 9, pp. 603-620.Clark, W.C. et G. Majone, 1985 : The Critical Appraisal of Scientific Inquiries with Policy Implications.Science Technology and Human Values, 10 (3), pp. 6-19.Cox, D.C. et P. Baybutt, 1981 : Methods for Uncertainty Analysis : A Comparative Survey. RiskAnalysis, 1, pp. 251-258.Cox, N.D., 1977 : Comparison of Two Uncertainty Analysis Methods. Nuclear Science and Engineering,n°64, pp. 258-265.Dalkey, N.C., 1967 : Delphi. RAND Corporation paper P-3704, Rand Corporation, Santa Monica (CA).Dalkey, N.C., 1969 : The Use of Self-Ratings to Improve Group Estimates. Technological forecasting,12, pp. 283-291.Den Eizen, M., 1993 : Global Environmental Change : An Integrated Mo<strong>de</strong>lling Approach. Thèse <strong>de</strong>doctorat. Rijksuniversiteit Limburg, Pays-Bas.Dowlatabadi, H., 1999 : Integrated Assessment : Implications of Uncertainty. In : Encyclopaedia of LifeSupport Systems. Oxford University Press, Oxford.Einstein, A, 1905 : Théorie <strong>de</strong> la relativité restreinte.Fiksel, J.R., L.A. Cox et H.D. Ojha, 1984 : Dealing with Uncertainty in Risk Analysis. Arthur D. LittleInc., paper partially supported by the National Science Foundation, Division of Policy Research,and Analysis, un<strong>de</strong>r grant n° PRA-8303162.Godard, O., 2001 : Précaution légitime et proportionnalité. Risques, n°47.68


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Hordjijk, L., J. van Aar<strong>de</strong>nne et C. Kroeze, 1999 : Integrated Assessment Mo<strong>de</strong>ls and UncertaintyAnalysis. Environmental Systems Analysis Group, Wageningen Agricultural University, Pays-Bas.Draft présenté à : EFIEA Workshop on Uncertainty, Ba<strong>de</strong>n bei Wien, Autriche, 10-18 juillet 1998.Iman, R.L. et J.C. Helton, 1988 : An Investigation of Uncertainty and Sensitivity Analysis for ComputerMo<strong>de</strong>ls. Risk Analysis, 8 (1), pp. 71-90.Iman, R.L., J.M. Davenport et D.K. Zigler, 1980 : Latin Hypercube Sampling. Program User’s Gui<strong>de</strong>.Prepared by Sandia Laboratory for the U.S. Department of Energy un<strong>de</strong>r Contract. DE-AC04-76DP00789, SAND79-1473.IPCC (<strong>International</strong> Panel on Climate Change), 1996 : Climate Change 1995. Economic and SocialDimensions of Climate Change. Contribution of Working Group III to the Second AssessmentReport of the Intergovernmental Panel on Climate Change. Cambridge University Press.IPCC, 2001a : Climate Change 2001 : The Scientific Basis, J.T. Houghton, et al. (eds.).CambridgeUniversity Press, Cambridge, 896 p.IPCC, 2001b : Climate Change 2001. Mitigation. Contribution of Working Group III to the ThirdAssessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change. Cambridge UniversityPress.Jackson, P.S., R.W. Hokenbury et M. L. Yeater, 1981 : Uncertainty Analysis for System Reliability andavailability Assessment. Nuclear Engineering and Design, 68, pp. 5-29.Janssen, P.H.M., P.S.C. Heuberger et R. San<strong>de</strong>rs, 1994 : UNCSAM : a Tool for Automating Sensitivityand Uncertainty analysis. Environment Software, 9, pp. 1-11.Janssen, P.H.M., W. Slob et J. Rotmans, 1990 : Sensitivity Analysis and Uncertainty Analysis : AStatement of Affairs of I<strong>de</strong>as, Methods and Techniques. National Institute of Public Health andEnvironment (RIVM) report n° 958805001, Bilthoven, Pays-Bas.Johnson, M., 1987 : Multivariate Statistical Simulation. J. Wiley (ed.), New York.Kahneman, D. et A. Tversky, 1979 : Intuitive Prediction : Biases and Corrective Procedures. TIMSStudies in Management Sciences, 12, pp. 313-327.Kann, A., 1998 : A Comparison of Approaches for Performing Uncertainty Analysis in IntegratedAssessment Mo<strong>de</strong>ls. Working Paper 14.4 Energy Mo<strong>de</strong>lling Forum, Stanford University, Stanford,Californie.Keepin, B., et B. Wynne, 1984 : Technical Analysis of IIASA Energy Scenarios. Nature, 312, 1984, pp.691-695.Linstone, H. et M. Turoff, 1975 : The Delphi Method : Techniques and Applications. Addison-Wesley,Reading, Mass.Lutz, W., W. San<strong>de</strong>rson, et S. Scherbov, 1996 : Probabilistic World Population Projections Based onExpert Opinion. IIASA working paper WP-96-17, Laxenburg, 27 pp.McKay, M.D., R.J. Beckman et W.J. Conover, 1979 : A Comparison of Three Methods for SelectingValues of Input Variab<strong>les</strong> in the Analysis of Output from a Computer Co<strong>de</strong>. Technometrics, 21 (2),pp. 239-245.69


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Martz, H.F., A.G. Beckman, K. Campbell, D.E. Whiteman et J.M. Booker, 1983 : A Comparison ofMethods for Uncertainty Analysis of Nuclear Power Plant Safety System fault Tree Mo<strong>de</strong>ls.NUREG/CR-3263, L. A. 9729-MS, Los Alamos National Laboratory, N. M.Mayer, M., C. Wang, M. Webster, et R. G. Prinn, 2000 : Linking Local Air Pollution to GlobalChemistry and Climate. Journal of Geophysical Research 105 (D 18), pp. 22 869-22 896.Morgan, M.G. et M. Henrion, 1990 : Uncertainty, A Gui<strong>de</strong> to Dealing with Uncertainty in QuantitativeRisk and Policy Analysis. Cambridge University Press.Morgan, M.G., S. C. Morris, M. Henrion, D. A. L. Amaral et W. R. Rish, 1984 : Technical Uncertaintyin Quantitative Policy Analysis : A Sulfur Air Pollution Example. Risk Analysis, 4, pp. 201-216.Myers, D.G. et H. Lamm, 1975 : The Polarizing Effect of Group Discussions. American Scientist, 63, pp.297-303Raiffa, H.,1968 : Decision Analysis : Introductory Lectures on Choice Un<strong>de</strong>r Uncertainty. AddisionWesley (ed.), New York.Ravetz, J.R., 1997 : Integrated Environmental Assessment Forum : Developing Gui<strong>de</strong>line for GoodPractice. ULYSSES Working Paper 97-1, Darmstadt.Renn, O., 1999 : Uncertainty and Participation in Integrated Assessments. Présenté à : EFIEA Workshopon Uncertainty, Ba<strong>de</strong>n bei Wien, Autriche, 10-18 juillet 1998.Rubin, 1990 : Characterizing Uncertainty in Integrated Environmental Mo<strong>de</strong>ls. Developments inEnvironmental Mo<strong>de</strong>lling, 15, pp. 399-413.Rubinstein, R.Y., 1982 : Simulation and the Monte Carlo Method. J. Wiley (ed.), New York.Savage, L.J., 1954 : The Foundations of Statistics. Wiley, New York.Schimmelpfennig, D., 1996 : Uncertainty in Economic Mo<strong>de</strong>ls of Climate Change Impacts. ClimaticChange, 33 (2), pp. 213-234.Seaver, D.A., 1976 : Assessment of Group Preferences and Group Uncertainty for Decision Making.Technical report 76-4, Social Science Research Institute, University of Southern California, LosAnge<strong>les</strong>.Seaver, D.A., 1978 : Assessing Probabilities with Multiple Individuals : Group Interaction vs.Mathematical Aggregation. Technical report SSRI-78-3, Social Science Research Institute,University of Southern California, Los Ange<strong>les</strong>.Sorensen, L., 1994 : Environmental Planning and Uncertainty, Riso National Laboratory Report R-709(EN), Danemark.Spetzler, C.S. et C-A. von Holstein, 1975 : Probability Encoding in Decision Analysis. ManagementScience, 22, n°3.Springer, M. D.,1979 : The Algebra of Random Variab<strong>les</strong>. J. Wiley (ed.), New York.Titus, J.G., et V.K. Naranayan, 1995 : The Probability of Sea Level Rise. EPA 230-R-95-008,Environmental Protection Agency, Washington, D.C.70


Chapitre 1 - Typologie et métho<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>Toth, F.L., 1995 : Practice and Progress in Integrated Assessments of Climate Change, A WorkshopOverview. Energy Policy, 23 (4/5), pp. 253-267.van <strong>de</strong>r Sluys, J.P., 1997 : Anchoring Amid Uncertainty. On the Management of Uncertainties in RiskAssessment of Anthropogenic Climate Change. PhD Thesis, Utrecht University.van <strong>de</strong>r Sluijs, J.P., 1999 : Turning NUSAP for its Use in Integrating Mo<strong>de</strong>l Quality Assurance : TheCase of Climate Change. Report in Commission of European Commission. Utrecht University, TheNetherlands. Draft présenté à : EFIEA Workshop on Uncertainty, Ba<strong>de</strong>n bei Wien, Autriche, 10-18juillet 1998.Wang, C., R.G. Prinn et A.P. Sokolov, 1998 : A Global Interactive Chemistry and Climate Mo<strong>de</strong>l :Formulation and Testing. Journal of Geophysical Research, 103(D3), pp. 3399-3417.Watson, S.R. et D.M. Bue<strong>de</strong>, 1987 : Decisions Synthesis : The Principle and Practice of DecisionAnalysis. Cambridge University Press, New York.Winkler, R.L., 1968 : The Consensus of Subjective Probability Distributions. Management Science, 15,n°2, pp. 1105-1120.Winkler, R.L., 1971 : Probabilistic Prediction : Some Experimental Results. Journal of AmericanStatistical Association, 66, pp. 675-685.71


Chapitre 2La notion <strong>de</strong> coût73


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coût74


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtTable <strong>de</strong>s matièresI. Les quatre étapes <strong>de</strong> l'appréhension <strong>de</strong>s coûts ..................................................................77A. Une taxinomie <strong>de</strong>s coûts ...............................................................................................771. Du coût technique au coût en bien-être : définition <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong> coûts....77a. Les coûts techniques..............................................................................................78b. Les coûts macroéconomiques................................................................................83c. Le double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>..............................................................................................90d. Les coûts <strong>de</strong> bien-être............................................................................................942. Coût total, coût moyen et coût marginal ...................................................................943. L'axe <strong>de</strong>s abscisses ....................................................................................................964. Dynamique du signal-prix.........................................................................................965. Coûts privés/Coûts publics........................................................................................966. Conclusion.................................................................................................................97B. Le calcul <strong>de</strong>s coûts dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> ............................................................................971. Des modè<strong>les</strong> différents pour calculer <strong>les</strong> coûts à différents niveaux ........................972. Quelques exemp<strong>les</strong> concrets .....................................................................................98a. Le calcul <strong>de</strong>s coûts dans un cadre bottom-up : le modèle MARKAL...................98b. Le calcul <strong>de</strong>s coûts dans un modèle technico-comportemental : .............................le modèle CIMS ..................................................................................................100c. Le calcul <strong>de</strong>s coûts dans un modèle technico-économique : le modèle POLES.103d. Les coûts dans un modèle <strong>de</strong> croissance optimale : le modèle DICE 99............103C. Présentation <strong>de</strong>s résultats ............................................................................................106D. Utilisations possib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s résultats ..............................................................................106E. Vers un essai <strong>de</strong> clarification : au cœur <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> coût ......................................1071. Un concept faussement trivial .................................................................................1072. Affectation <strong>de</strong>s coûts...............................................................................................1073. Détermination du point <strong>de</strong> comparaison .................................................................1074. Cohérence <strong>de</strong>s chronogrammes...............................................................................1085. Que représente une tonne abattue ?.........................................................................108II. Evolution dynamique <strong>de</strong>s coûts.......................................................................................110A. Présentation <strong>de</strong> l'objet..................................................................................................111B. Déterminants <strong>de</strong> l'évolution d'une pério<strong>de</strong> à une autre................................................1121. Evolution du contexte économique appréhendée dans le scénario <strong>de</strong> référence.....112a. Analyse à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya..................................................................112b. Changement technique autonome .......................................................................1142. Evolution du contexte économique liée à la mise en œuvre <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions...................................................................................................115a. Croissance induite ...............................................................................................115b. Modification <strong>de</strong>s comportements et <strong>de</strong>s préférences ..........................................115c. Changement technique induit..............................................................................116d. Stock <strong>de</strong> capital et inertie ....................................................................................116e. Renouvellement ou éviction <strong>de</strong>s opportunités ....................................................1173. Réduction en niveau / Réduction en pourcentage ...................................................119C. Conclusion : courbe <strong>de</strong> coût marginale dynamique et chemin temporel optimal <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions.......................................................................................................120Bibliographie du chapitre 2...................................................................................................... 13075


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coût76


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtL'analyse <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> pour tenter <strong>de</strong> dégager <strong>les</strong> canaux <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>sincertitu<strong>de</strong>s passe par une parfaite compréhension <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> ces résultats. Or <strong>les</strong>coûts calculés dans <strong>les</strong> différentes étu<strong>de</strong>s n'incarnent pas forcément la même réalitééconomique. L'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> cette réalité peut être réalisée en quatre étapes. La premièreconsiste en l'i<strong>de</strong>ntification du type <strong>de</strong> coût calculé et <strong>de</strong> la définition qui en est retenue. Lasecon<strong>de</strong> renvoie à l'explicitation <strong>de</strong> la façon dont <strong>les</strong> différents types <strong>de</strong> coûts sont calculés enpratique dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>. La troisième étape consiste à analyser comment ces coûts sontrapportés, et, en particulier, mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> agréations réalisées et réalisab<strong>les</strong>. Alorsseulement, on pourra définir le cadre <strong>de</strong>s utilisations légitimes <strong>de</strong>s résultats obtenus, ce quiconstitue la <strong>de</strong>rnière étape du processus.Il faut bien comprendre que <strong>les</strong> courbes <strong>de</strong> coût d'abattement présentes dans la littératurene sont pas <strong>de</strong>s inputs <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> à partir <strong>de</strong>squels ils déci<strong>de</strong>nt à chaque pério<strong>de</strong> la quantitéqu'ils vont abattre, mais <strong>de</strong>s outputs <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> qui présentent <strong>les</strong> coûts obtenus par ces <strong>de</strong>rniersen fonction <strong>de</strong> différents niveaux d'abattement simulés. La nature hybri<strong>de</strong> <strong>de</strong> cet objet entraîneune mauvaise interprétation <strong>de</strong>s résultats présentés sous cette forme. Un effort <strong>de</strong> clarificationnous est donc apparaît primordial pour appréhen<strong>de</strong>r l'exacte nature <strong>de</strong> cet objet. Cet effort <strong>de</strong>clarification passe en particulier par une distinction entre phénomènes statiques et dynamiquesqui déterminent la forme <strong>de</strong> cette courbe <strong>de</strong> coût d'abattement.I. Les quatre étapes <strong>de</strong> l'appréhension <strong>de</strong>s coûtsA. Une taxinomie <strong>de</strong>s coûtsAvant d’étudier <strong>les</strong> différents modè<strong>les</strong> s’intéressant au changement climatique, ilconvient <strong>de</strong> définir précisément ce que <strong>les</strong> auteurs retiennent comme définition <strong>de</strong>s coûtséconomiques d’une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. Le choix <strong>de</strong>s indicateurs retenus pourrendre compte <strong>de</strong>s coûts d'une politique <strong>de</strong> limitation <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre (GES)est presque aussi important dans l'analyse <strong>de</strong>s résultats et <strong>les</strong> recommandations <strong>politiques</strong> qui endécoulent que la valeur <strong>de</strong> ces indicateurs elle-même. Ce choix doit être dicté par la bonnecompréhension <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> ces indicateurs via celle <strong>de</strong> leur processus <strong>de</strong> construction. Unegran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s difficultés, <strong>de</strong>s malentendus et <strong>de</strong>s erreurs d'interprétation <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong> et <strong>de</strong> leur comparaison est liée au fait que <strong>les</strong> concepts <strong>de</strong> coûts utilisés sont différentsselon <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s (IPCC, <strong>International</strong> Panel on Climate Change, 1996).1. Du coût technique au coût en bien-être : définition <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong>coûtsLes étu<strong>de</strong>s existantes utilisent <strong>de</strong> nombreuses approches méthodologiques et définitions<strong>de</strong> coûts pour évaluer <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> limitation <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES. Aucune n'est en mesure <strong>de</strong>fournir une évaluation complète <strong>de</strong>s coûts sociaux. En revanche, el<strong>les</strong> fournissent <strong>de</strong>sinformations complémentaires sur ces <strong>de</strong>rniers : estimations <strong>de</strong>s coûts financiers directs <strong>de</strong>mesures technologiques spécifiques, évaluations <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> à gran<strong>de</strong> échelle surl'activité économique globale, estimations <strong>de</strong> l'évolution du bien-être collectif suite àl'introduction <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> lutte contre le réchauffement climatique.77


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûta. Les coûts techniquesSi l’on procè<strong>de</strong> à la définition <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong> coûts qui peuvent être présents dans<strong>les</strong> modè<strong>les</strong> avec un niveau <strong>de</strong> généralité croissant, on commence par <strong>les</strong> coûts directs industrielset financiers <strong>de</strong>s mesures techniques spécifiques qui correspon<strong>de</strong>nt aux coûts microéconomiques(coûts initiaux <strong>de</strong> mise en place d’une nouvelle technologie plus coûts énergétiques et <strong>de</strong>fonctionnement annuels), généralement en termes <strong>de</strong> valeur actualisée sur l’ensemble du cycle <strong>de</strong>vie d’une technique ou d’un projet. En effet, que l'objectif <strong>de</strong> réductions soit défini par rapport àun trend <strong>de</strong> référence ou par rapport à une année donnée, la réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> gaz àeffet <strong>de</strong> serre passera par l'implémentation <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies. Concrètement cela setraduit par l'achat d'un capital d'un genre nouveau, moins intensif en énergies fossi<strong>les</strong>. Engénéral, plusieurs solutions techniques, alternatives ou complémentaires, sont disponib<strong>les</strong>. Laquestion se pose alors <strong>de</strong> la comparabilité <strong>de</strong> ces différentes techniques et du choix <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> quiseront finalement retenues. Pour être parfaitement rigoureux, le choix <strong>de</strong>s technologies retenuesdoit passer par une comparaison <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> technologies et combinaisons <strong>de</strong>technologies disponib<strong>les</strong>.Pour réaliser ces comparaisons, on recourt à l'actualisation <strong>de</strong>s coûts et bénéfices liés àchaque investissement pour toute la durée <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> l'équipement qu'il a permis d'acquérir. Lanotion <strong>de</strong> bénéfice peut ici recouvrir <strong>de</strong>ux réalités distinctes. Soit on se place dans une logiquecoûts/bénéfices et on entend alors par bénéfices l'évaluation monétaire <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>sbienfaits (environnementaux en particulier) rendus possib<strong>les</strong> par l'installation du nouveléquipement. Se pose alors la question <strong>de</strong> l'évaluation <strong>de</strong> ces bénéfices. Soit on se place dans unelogique coût/efficacité, cohérente avec le respect du protocole <strong>de</strong> Kyoto où l'objectif estdéterminé <strong>de</strong> manière exogène au processus <strong>de</strong> décision d'investissement, et <strong>les</strong> bénéficesrecouvrent alors <strong>les</strong> éventuels gains en coûts <strong>de</strong> fonctionnement associés au nouvel équipement.Lors <strong>de</strong> l'évaluation du coût <strong>de</strong>s technologies qu'il est nécessaire <strong>de</strong> mettre en place pour réduire<strong>les</strong> émissions, il est logique <strong>de</strong> ne pas se situer à une échelle autre que celle <strong>de</strong>s entreprises quiadoptent effectivement ces technologies et donc <strong>de</strong> ne considérer que <strong>les</strong> éventuels gains futurs<strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> fonctionnement.A chaque investissement peut être associé à la fois un niveau <strong>de</strong> réduction d'émissions <strong>de</strong>GES par rapport à un trend pré-établi et une valeur actuelle nette. Cela permet <strong>de</strong> construire unecourbe <strong>de</strong> coût technique reliant le coût <strong>de</strong> l'investissement au niveau <strong>de</strong> réduction espéré parrapport au scénario <strong>de</strong> référence, comme l'illustre la figure II.1 (cette courbe peut revêtir unaspect un peu erratique car le nombre <strong>de</strong> technologies ou <strong>de</strong> groupement <strong>de</strong> technologiesaccessib<strong>les</strong> n'est pas infini).Concrètement, il existe au moins trois métho<strong>de</strong>s pour construire une courbe <strong>de</strong> coûttechnique :• Approche partielle : chaque option technologique est évaluée séparément et <strong>les</strong> résultatssont comparés projet par projet soit à un projet <strong>de</strong> référence soit à un scénario <strong>de</strong>référence. L'absence <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong>s interdépendances entre <strong>les</strong> actions offre unetechnique d'évaluation simple mais insatisfaisante.• Approche rétrospective : on compare un scénario d'abattement à un cas <strong>de</strong> référence quel'on a construit préalablement. Le premier incorpore un cadre d'analyse <strong>de</strong>s usagesénergétiques qui autorise la prise en compte <strong>de</strong>s interdépendances dans le systèmeénergétique. L'approche partielle constitue une première étape à cette métho<strong>de</strong> puis <strong>les</strong>78


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtoptions sont inclues <strong>de</strong> manière incrémentale par ordre d'efficacité décroissant dans <strong>de</strong>sexécutions successives d'un modèle qui permet la prise en compte <strong>de</strong> ces options entreel<strong>les</strong>. Cette approche ne permet cependant pas d'évaluer <strong>les</strong> coûts d'une option en tenantcompte <strong>de</strong>s options moins efficaces qu'elle, ce qui n'est pas forcément cohérent avec laréalité.• Approche intégrée : chaque point <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> coût est la solution minimisant <strong>les</strong> coûtsdu système énergétique total en intégrant à la fois l'offre et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. L'ensemble <strong>de</strong>soptions technologiques sont classées comme précé<strong>de</strong>mment, puis <strong>de</strong>s paniers <strong>de</strong>technologies sont construits pour simuler un grand nombre <strong>de</strong> scénarios d'émission etcalculer <strong>les</strong> coûts associés. Enfin, le scénario à moindre coût est retenu pour chaqueniveau d'abattement et une courbe enveloppe <strong>de</strong>s coûts d'abattement est ainsi construite.Cette approche peut aboutir à la conclusion qu'il existe plusieurs systèmes énergétiquespermettant un même niveau d'abattement à <strong>de</strong>s coûts similaires mais en présentant <strong>de</strong>sdifférences techniques importantes, notamment en termes <strong>de</strong> source énergétiquedominante. Cela génère la nécessité d'introduire d'autres critères <strong>de</strong> jugement poureffectuer <strong>les</strong> décisions d'investissement.VANFigure II.1.Niveau <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions nécessairepour respecter le protocole <strong>de</strong> KyotoMontant <strong>de</strong> taxe total actualisénécessaire pour inciter <strong>les</strong>entreprises à respecter l'objectifsi on ne tient pas compte <strong>de</strong>l'ensemble <strong>de</strong>s effets d'interactionNiveau <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissionspar rapport au scénario <strong>de</strong> référenceNote : la présence d'une VAN positive pour <strong>de</strong>s faib<strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> réduction témoigne <strong>de</strong> l'existence <strong>de</strong>potentiels sans regrets pour <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> coûts d'investissement initiaux sont plus que compensés par la séquence <strong>de</strong>sgains futurs en termes <strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> fonctionnement.Ces coûts dépen<strong>de</strong>nt donc <strong>de</strong> données technico-économiques ainsi que <strong>de</strong> la valeurretenue du taux d'intérêt et <strong>de</strong>s autres composantes du taux d'actualisation. Ils peuvent êtreutilisés pour tracer <strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong> coûts <strong>de</strong>s technologies similaires à cel<strong>les</strong> représentées sur lafigure II.2. Ces coûts peuvent être négatifs si, par exemple, <strong>les</strong> économies d'énergies renduespossib<strong>les</strong> par l'adoption d'une nouvelle technologie représentent un montant supérieur à celui <strong>de</strong>la mise en place <strong>de</strong> cette technologie.79


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtFigure II.2. Courbes types <strong>de</strong> coûts techniques d'abattementCoûtstechniquesC 1C 2C 3AbattementPour <strong>les</strong> pays ou <strong>les</strong> secteurs pour <strong>les</strong>quels aucun modèle macroéconomique n'a étédéveloppé, ces coûts techniques constituent la seule source d'information disponible.On peut cependant s'interroger sur la pertinence d'une démarche consistant à classer <strong>les</strong>coûts uniquement en fonction <strong>de</strong> leur valeur actualisée nette (VAN 1 ) qui ne fait pas intervenir laplus ou moins gran<strong>de</strong> échéance du projet. Or, l'incertitu<strong>de</strong> croissant avec l'échéance, à aversiondu risque donnée et pour une même VAN, on préférera le projet dont le terme est le plus court.L'utilisation courante par <strong>les</strong> industriels <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> récupération (DR 2 ) comme critère <strong>de</strong>sélection <strong>de</strong> projets d'investissement alternatifs, notamment en avenir incertain (Babusiaux,1990) illustre le caractère incomplet <strong>de</strong> la VAN pour construire une courbe <strong>de</strong> coût technique.Weingartner (1969) cherche à déterminer <strong>les</strong> données du problème <strong>de</strong> choix quirestitueraient la rationalité <strong>de</strong> ce critère a priori irrationnel au regard d'un cadre standard. Il meten évi<strong>de</strong>nce que la combinaison d'hypothèses requises <strong>de</strong>vrait comprendre :- l'incertitu<strong>de</strong> sur la taille et l'échéancier <strong>de</strong>s résultats ;- l'irréversibilité <strong>de</strong> l'investissement financier ;- une contrainte <strong>de</strong> financement.Il conclut que pour toutes ces raisons "un certain type d'information revêt une importanceextrême pour le déci<strong>de</strong>ur. Il s'agit du taux <strong>de</strong> résolution escomptée <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> relative à unprojet. Même si aucun indice unique ne peut synthétiser l'information nécessaire, la DR fournitune certaine idée <strong>de</strong>s données pertinentes." Richard (1982) complète cet argumentaire en mettanten évi<strong>de</strong>nce qu'en avenir incertain, <strong>les</strong> lacunes du critère <strong>de</strong> la VAN peuvent être totalement1 Un projet est défini par la donnée <strong>de</strong> coûts initiaux, C0, et <strong>de</strong> coûts et bénéfices futurs, Ctet B.tLa valeuractualisée nette associée à ce projet est égale à la somme <strong>de</strong>s flux financiers actualisés associés à ce projet :Bt Ct Bt − CtVAN = ∑ −t ∑ =t ∑ où le taux d'actualisation retenu est le taux d'intérêt i.tt (1+ i) t (1+ i) t (1+i)2 Le temps <strong>de</strong> récupération d'un projet est égal à la durée d'exploitation <strong>de</strong> l'équipement nécessaire pour que <strong>les</strong>revenus dégagés permettent <strong>de</strong> récupérer le montant <strong>de</strong> l'investissement. Lorsque <strong>les</strong> flux <strong>de</strong> trésorerie peuvent êtresupposés constants, on a:ID = Fmoù D représente la durée <strong>de</strong> récupération, I le montant <strong>de</strong> l'investissement et F m le flux <strong>de</strong> trésorerie d'une annéed'exploitation "moyenne".80


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtcorrigées par la prise en compte <strong>de</strong> l'effet d'irréversibilité. Autrement dit, précise Favereau(1989), le critère <strong>de</strong> la DR peut être rationalisé en supposant une très forte valeur d'option 3 enfaveur <strong>de</strong>s projets à rotation rapi<strong>de</strong>.1. Potentiel techniqueEncadré II.1. Les potentiels sans regretsUn potentiel technique <strong>de</strong> réduction sans regret <strong>de</strong>s émissions apparaît lorsque <strong>les</strong> économiesd'énergie, ou n'importe quel autre bénéfice secondaire (cf. chapitre 4, partie II.C) permis parl'introduction ou l'exploitation à une plus gran<strong>de</strong> échelle d'une nouvelle technologie représentent unmontant supérieur à celui du coût lié à cette introduction ou exploitation.Si l'on représente l'économie comme produisant <strong>de</strong>ux biens, le bien composite d'une part, i.e.un agrégat <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> biens et service existants, et le bien environnemental <strong>de</strong> l'autre, on peut alorstracer une frontière <strong>de</strong> production théorique qui symbolisera l'arbitrage entre l'activité économique et<strong>les</strong> réductions d'émissions.Figure II.3. Mise en évi<strong>de</strong>nce du potentiel sans regretPotentiel <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s émissionsBCIAProductionSi on se situe initialement au point I, alors on peut accroître le niveau <strong>de</strong> l'activité économiquesans modifier celui <strong>de</strong>s émissions (point A), ou bien réduire ce <strong>de</strong>rnier sans réduire le niveau <strong>de</strong> laproduction (point B) ou enfin améliorer simultanément le niveau <strong>de</strong> l'activité économique et celui <strong>de</strong>l'environnement (point C). Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l'analyse <strong>de</strong>s coûts, la question est donc <strong>de</strong> savoir oùl'on se situe par rapport à cette frontière. Si l'on suppose que l'on se trouve sur la frontière, alors touteréduction <strong>de</strong>s émissions a un impact négatif sur la production.3 Lorsque l'on doit effectuer un choix sur plusieurs pério<strong>de</strong>s entre une décision irréversible et une décision flexible,la valeur d'option représente le surplus maximum moyen supplémentaire que l'on peut espérer retirer d'une décisioninitiale réversible lié au fait que la flexibilité permettra d'exploiter <strong>les</strong> gains ultérieurs d'information. Elle s'ajoute auprix d'option, qui est le surplus maximum moyen que l'on peut espérer retirer d'une décision initiale réversible parrapport à une stratégie <strong>de</strong> référence totalement rigi<strong>de</strong>, pour mesurer l'authentique coût d'opportunité <strong>de</strong> la nonflexibilité (Henry, 1974).81


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtLes imperfections dans le fonctionnement <strong>de</strong>s marchés peuvent expliquer pourquoi l'économiene se situe pas sur la frontière d'efficience à un moment donné. El<strong>les</strong> peuvent être liées à un manqued'informations, à <strong>de</strong>s signaux-prix distordus, à un manque <strong>de</strong> compétition sur un marché ou à l'absence<strong>de</strong> marché pour le bien "environnement". A ces imperfections <strong>de</strong> marché peuvent s'ajouter <strong>de</strong>simperfections institutionnel<strong>les</strong> tel<strong>les</strong> qu'une régulation inadéquate, un système fiscal distorsif ou <strong>de</strong>smarchés, notamment financiers, incomplets. Pour pouvoir jouir du potentiel sans regret, il faut alorsque <strong>les</strong> imperfections soient clairement i<strong>de</strong>ntifiab<strong>les</strong> et qu'il soit possible <strong>de</strong> mettre en œuvre unepolitique permettant <strong>de</strong> <strong>les</strong> supprimer, sans que le coût <strong>de</strong> cette politique dépasse le gain attendu.2. Potentiel économiqueOn peut réinterpréter la frontière précé<strong>de</strong>nte comme étant une frontière d'efficienceéconomique et non plus une frontière d'efficience technologique. Autrement dit, chaque point <strong>de</strong> cettecourbe représente la gran<strong>de</strong>ur maximale <strong>de</strong> l'activité économique pour un niveau <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>sémissions données mais en tenant compte <strong>de</strong>s éventuel<strong>les</strong> imperfections, <strong>de</strong> sorte que la courbereprésentée sur la figure précé<strong>de</strong>nte peut être différente d'une frontière <strong>de</strong> production théorique <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux biens. En adoptant une telle position, on évite d'entrer dans le débat entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux "approches" :en choisissant d'interpréter ainsi la frontière précé<strong>de</strong>nte, on accepte implicitement l'argument <strong>de</strong>séconomistes selon lequel un potentiel technologique <strong>de</strong> stratégies sans regret ne va jamais être utilisécar <strong>les</strong> raisons économiques (imperfections diverses) 1 qui justifient l'éventualité d'un tel potentielempêchent son utilisation ; ou bien on évite <strong>de</strong> s'y confronter, et l'on regar<strong>de</strong> ce qui se passe enprésence d'imperfections économiques irrévocab<strong>les</strong>. Existe-t-il alors, même en présence <strong>de</strong> tel<strong>les</strong>imperfections, un potentiel exploitable <strong>de</strong> stratégies sans regret ? En analysant <strong>les</strong> raisons quiconduiraient à l'existence d'un tel potentiel, problèmes informationnels <strong>de</strong> court terme (qui n'ont paslieu d'être jugés comme pertinents à long terme mais qui brouillent <strong>les</strong> signaux économiques à courtterme et font qu'on ne se situe pas à l'optimum à chaque instant du temps), économie en sous-emploi,cadre transitoirement imparfait dans lequel <strong>de</strong>s agents prennent leurs décisions, complexité et volatilité<strong>de</strong> certains signaux économiques, on est amené à conclure à la plausibilité <strong>de</strong> cette hypothèse.3. Potentiel sans regret et scénario <strong>de</strong> référenceLors <strong>de</strong> l'élaboration <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence, la question se pose <strong>de</strong> l'intégration <strong>de</strong>spotentiels sans regrets mais également <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong> ceux-ci au cours du temps selon qu'on <strong>les</strong>utilise ou non. Les déterminants d’un potentiel sans regret ou <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> son apparition futuresont sensiblement <strong>les</strong> mêmes et le problème se retrouve alors posé non plus en <strong>de</strong>s termes statiquesmais dynamiques. Mais cette transposition <strong>de</strong>s termes du débat n’est tout <strong>de</strong> même pas sans effet,notamment en ce qui concerne la nature <strong>de</strong>s incitations qu’il convient <strong>de</strong> fournir. Les signauxéconomiques à envoyer ne sont naturellement pas <strong>les</strong> mêmes lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> créer <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong>l’apparition d’un potentiel sans regret et lorsqu’il s’agit d’exploiter un potentiel déjà existant.On distingue en fait <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> potentiels sans regret : à technologies données ou àtechnologie future. L'exploitation du premier type <strong>de</strong> potentiel pose le problème du renouvellement dustock <strong>de</strong> capital qui est d'autant plus coûteux que ce renouvellement se fait sur un capital dontl'amortissement n'est pas terminé. L'exploitation du second renvoie aux conditions <strong>de</strong> son apparition.Les <strong>politiques</strong> économiques visant à utiliser ces potentiels sont donc <strong>de</strong> natures très différentes.1 Cameron et al. (1999) ont tenté <strong>de</strong> dresser une liste exhaustive <strong>de</strong>s défaillances <strong>de</strong> marché et <strong>de</strong>s barrièresnécessaires au dégagement d'un potentiel sans regret.La question qui se pose alors est l'attribution <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong> ces coûts à la politique <strong>de</strong>lutte contre l'effet <strong>de</strong> serre. En effet, ces investissements peuvent être décidés par <strong>les</strong>entrepreneurs pour un ensemble <strong>de</strong> raisons parmi <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le respect d'une contrainted'émission <strong>de</strong> GES. Il convient donc avant toute chose <strong>de</strong> s'interroger sur le caractère isolé <strong>de</strong> lamesure envisagée ou <strong>de</strong> son intégration à un ensemble d'autres mesures. Dans ce <strong>de</strong>rnier cas,82


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtl'attribution d'une partie <strong>de</strong>s coûts à la mesure précisément étudiée est délicate. Si <strong>les</strong> marchésétaient parfaits et le nombre <strong>de</strong> technologies disponib<strong>les</strong> infini, il suffirait d'évaluer le surcoûtnécessaire <strong>de</strong> l'investissement lié à la mesure étudiée. Mais lorsque l'on adopte une approchebottom-up qui prend en compte <strong>les</strong> technologies réellement disponible, ce partage esttechniquement plus difficile à effectuer.La meilleure évaluation <strong>de</strong> coûts techniques est fournie par <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up quidécrivent finement <strong>les</strong> technologies potentiel<strong>les</strong>. Mais une limite <strong>de</strong> cet exercice est qu'au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>2050, l'évaluation <strong>de</strong>s coûts techniques par cette approche pragmatique paraît impossible etl'utilisation <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> bottom-up pour une évaluation <strong>de</strong>s coûts à très long terme paraît un peudangereuse. En outre, si la pério<strong>de</strong> étudiée est assez longue ou si l'on étudie ce qui se passe surplusieurs pério<strong>de</strong>s comme c'est le cas dans la secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> chapitre, la question se pose <strong>de</strong>l'actualisation <strong>de</strong>s tonnes. En effet, une tonne abattue aujourd'hui est-elle équivalente à une tonneabattue dans dix ans ? Normalement, seu<strong>les</strong> <strong>de</strong>s considérations physico-<strong>climatiques</strong> <strong>de</strong>vraientpermettre <strong>de</strong> répondre à cette question en fournissant le coefficient d'équivalence entre ces <strong>de</strong>uxtonnes. Mais lorsque le marché intervient, cette équivalence implique que le prix <strong>de</strong> la tonne <strong>de</strong>carbone va croître au taux d'actualisation. Aussi, pour réaliser une courbe <strong>de</strong> coût dans un cadrebottom-up, il convient <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s hypothèses sur l'évolution du prix du carbone et la courbetrouvée dépend alors fondamentalement <strong>de</strong> ces hypothèses.On définit ensuite <strong>les</strong> coûts pour un secteur donné, obtenus dans le cadre d’une analysed’équilibre partiel, généralement effectuée par un modèle sectoriel qui intègre un ensemble <strong>de</strong>mesures afin d’obtenir <strong>de</strong>s représentations cohérentes pour un secteur <strong>de</strong> l’économie. Cesscénarios utilisent quelques indicateurs macroéconomiques dans leur élaboration (e.g. le taux <strong>de</strong>croissance global) mais ne prennent pas en compte <strong>les</strong> effets d'interaction entre le secteurconsidéré et le reste <strong>de</strong> l'économie. La plupart <strong>de</strong> ces modè<strong>les</strong> concernent <strong>les</strong> secteurs énergie etsylviculture, même si un nombre croissant <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> ce type sont développés pour <strong>les</strong>secteurs transport et agriculture.b. Les coûts macroéconomiquesα. En économie ferméeLa mise en œuvre d'une mesure précise a <strong>de</strong>s impacts qui s'éten<strong>de</strong>nt très au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> sonlieu d'implémentation. Les effets d'équilibre général se traduisent par une modification <strong>de</strong>l'ensemble <strong>de</strong>s prix et une ré-affectation <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s ressources lorsque l'on modifiel'équilibre sur un seul marché. La prise en compte <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> ces modifications ne peut sefaire que dans un modèle macroéconomique dont l'objet principal est précisément l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cesinteractions. Et cette prise en compte <strong>de</strong>s effets d'équilibre général est centrale car ils peuventmodifier jusqu'au signe <strong>de</strong>s évolutions obtenues dans le cadre d'un modèle d'équilibre partiel (cf.encadré II.2). Cette intégration dans un cadre d'équilibre général permet <strong>de</strong> voir comment le chocintroduit sur un marché se répercute sur <strong>les</strong> autres pour aboutir finalement à une modification duniveau et <strong>de</strong> la composition du PIB national. En outre, seuls <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> d'équilibre généralcalculable (MEGC) permettent d'étudier l'impact <strong>de</strong> l'utilisation <strong>de</strong>s recettes générées par uneéventuelle taxe sur <strong>les</strong> émissions ou un marché <strong>de</strong> permis d'émissions négociab<strong>les</strong> (PEN) vendusaux enchères.83


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtEncadré II.2. Le théorème Sonnenschein-Debreu-MantelLa construction d'une courbe <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en équilibre partiel se fon<strong>de</strong> sur l'hypothèse que lamodification du prix <strong>de</strong> ce bien n'a pas d'impact sur <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>s autres biens. Alors, si le prix du bienconsidéré (que l'on appellera X) augmente et qu'il s'agit d'un bien normal, <strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs vont luisubstituer d'autres biens (effet substitution) et vont également diminuer la consommation <strong>de</strong> tous <strong>les</strong>biens en raison <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> pouvoir d'achat consécutive à l'augmentation <strong>de</strong> l'indice <strong>de</strong>s prix (effetrevenu). Les <strong>de</strong>ux effets jouant dans le même sens, la courbe <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour un bien normal estdécroissante.Le passage à l'équilibre général oblige à prendre en compte l'impact <strong>de</strong> la modification d'unprix sur un marché sur <strong>les</strong> prix prévalant sur <strong>les</strong> autres marchés. Lorsque la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bienssubstituab<strong>les</strong> au bien X augmente, <strong>les</strong> prix <strong>de</strong> ces biens subissent une pression à la hausse qui limitel'effet substitution. En outre, la hausse du prix du bien X, si elle entraîne une baisse <strong>de</strong> pouvoird'achat pour <strong>les</strong> agents <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> X, se traduit également par une hausse <strong>de</strong> pouvoir d'achat pour<strong>les</strong> agents offreurs <strong>de</strong> bien X et donc une redistribution du pouvoir d'achat qui peut soit accentuer soitamortir la baisse <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> X. Tout va en fait dépendre <strong>de</strong>s élasticités-prix <strong>de</strong> l'offre et <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> du bien X et <strong>de</strong>s autres biens.La figure II.4 permet d'illustrer cela. Considérons que le prix du bien se situe initialement auniveau p 1 et que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est alors égale à d 1 . Si le prix du bien X passe à p 2 , ceteris paribus, la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> bien X sera alors égale à d 2 . Mais le passage <strong>de</strong> p 1 à p 2 va également se traduire par uneredistribution <strong>de</strong>s revenus et une hausse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s biens qui lui sont substituab<strong>les</strong> et une baisse <strong>de</strong>ceux qui lui sont complémentaires. Si ces effets limitent <strong>les</strong> effets revenus et substitutions observésen équilibre partiel, alors en équilibre général, la baisse <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> bien X consécutive àl'augmentation <strong>de</strong> son prix sera moins prononcée (d' 2 ). Il est même envisageable que cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>finisse par s'accroître sans que l'on soit pour autant en présence d'un bien Giffen (d'' 2 ).Figure II.4. Modification <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>lors <strong>de</strong> la prise en compte <strong>de</strong>s effets d'interactionq xD''d'' 2d 1d' 2d 2DD'p 1 p 2p xC'est donc la validité <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui est remise en cause lorsque l'on sort du cadre<strong>de</strong> l'équilibre partiel, ce que résume le théorème Sonnenschein-Debreu-Mantel (Sonnenschein, 1973,1974, Debreu 1974, Mantel, 1974) qui affirme que la fonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'ensemble <strong>de</strong>s agentsmaximisateurs peut avoir n'importe quelle forme (celle-ci dépendant <strong>de</strong>s paramètres caractérisant <strong>les</strong>agents : goûts, technologie, ressources…). Aussi, si la loi <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> paraît irréfutable pour unagent quelconque, elle peut ne pas être vérifiée si l'on considère l'ensemble <strong>de</strong>s agents.84


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtDans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> qui fournissent <strong>de</strong> tels coûts, le lien entre le coût marginal calculé et lecoût total calculé en point <strong>de</strong> PIB n'est plus du tout direct. En effet, dans <strong>les</strong> MEGC, le coûtmarginal est calculé en fixant différents niveaux <strong>de</strong> taxe et en calculant <strong>les</strong> niveaux d'abattementscorrespondants. Il s'agit donc d'un prix implicite (shadow price 4 ) pour le producteur qui rendcompte d'un coût technique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. Le coût total exprimé en termes <strong>de</strong>points <strong>de</strong> PIB témoigne d'un coût macroéconomique après prise en compte <strong>de</strong>s effets retour,notamment via une modification <strong>de</strong> la fiscalité. Il ne correspond donc pas à l'intégrale située sousla courbe <strong>de</strong> coût marginal d'abattement (CmA). Le coût marginal macroéconomique associé aucoût total exprimé en points <strong>de</strong> PIB et qui représenterait la perte <strong>de</strong> revenu générée au niveaumacroéconomique par l'abattement d'une tonne supplémentaire n'est jamais présenté. Selon <strong>les</strong>scénarios <strong>de</strong> référence par rapport auxquels ces coûts sont calculés, une même perte exprimée entermes <strong>de</strong> points <strong>de</strong> PIB peut cacher un coût total très différent, mais reflète mieux la notiond'effort qu'un coût total exprimé <strong>de</strong> manière absolue. Par exemple, si l'on observe une perte <strong>de</strong>PIB d'un point en 2100 dans un mon<strong>de</strong> caractérisé par une forte croissance et une globalisationtrès prononcée (scénario SRES A1, cf. chapitre 5), alors cette perte correspondra à 5,5 billions <strong>de</strong>dollars, alors que dans un mon<strong>de</strong> caractérisé par une forte démographie qui grève la croissance etune régionalisation plus forte (SRES A2), la perte ne sera plus que <strong>de</strong> 2,5 billions <strong>de</strong> dollars.β. En économie ouverte(i) Modification <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échangeEn termes statiques, en l'absence <strong>de</strong> mobilité du capital, <strong>les</strong> coûts en bien-être d'unepolitique d'abattement pour une économie ouverte peuvent se décomposer en <strong>de</strong>ux (Dixit etNorman, 1984) :- coûts qui apparaissent dans une économie fermée ;- changement <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échange qui constituent le premier canal <strong>de</strong>transmission <strong>de</strong>s effets d'entraînement 5 .L'encadré II.3 montre comment, lorsque la contrainte <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions affectele bien qui est exporté par un pays vers <strong>de</strong>s pays qui ne subissent pas cette contrainte, <strong>les</strong> termes<strong>de</strong> l'échange évoluent en faveur du pays qui subit la contrainte environnementale et le bien-êtreest réduit dans <strong>les</strong> autres pays (et réciproquement lorsque la contrainte affecte le bien importé par<strong>les</strong> pays subissant la contrainte). Il convient néanmoins <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à l'esprit que l'effet mis enévi<strong>de</strong>nce ici ne concerne que <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> l'échange et que l'effet revenu consécutif à unecontrainte environnementale affecte négativement l'ensemble <strong>de</strong>s pays, plus que compensant <strong>les</strong>effets substitution observés dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> pays. Le résultat final est que le pays <strong>de</strong>l'annexe B 6 qui subit la contrainte environnementale produit moins <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s biens mais quela part <strong>de</strong> la production du bien exporté dans sa production totale augmente. Cette contrainteenvironnementale n'est donc pas économiquement souhaitable pour le pays qui l'impose mais lamodification <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échange en sa faveur en tempère <strong>les</strong> effets économiques négatifs.4 Le shadow price (dont la traduction par "prix implicite" nous paraît hautement préférable à la traduction littérale"prix d'ombre" parfois employée) mesure l'augmentation <strong>de</strong> la fonction objectif lorsque l'on <strong>de</strong>sserre d'une unité lacontrainte liée à sa maximisation. Dans <strong>les</strong> MEGC, la contrainte s'impose au producteur et le shadow price associécorrespond donc au niveau auquel il convient <strong>de</strong> fixer la taxe pour atteindre un objectif <strong>de</strong> réduction donné et, donc,ici, au coût technique.5 Effets d'entraînement constitue la traduction retenue dans cette thèse <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> spillover effect.6 L'annexe B du protocole <strong>de</strong> Kyoto regroupe l'ensemble <strong>de</strong>s pays s'étant engagés à réduire quantitativement leursémissions <strong>de</strong> GES d'ici 2008-2012 (cf. encadré IV.1 du chapitre 4).85


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtEncadré II.3. Contrainte environnementale et modification <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échangeOn se place dans le cadre néoclassique standard (Heckscher - Ohlin) à <strong>de</strong>ux pays (un paysappartenant à l'annexe B et un n'y appartenant pas) et à <strong>de</strong>ux biens (un bien polluant et un bien non polluant).Dans ce cadre, un pays se spécialise dans la production du bien dont la production est intensive dans lefacteur le plus abondant chez lui relativement aux autres pays. Néanmoins, il n'y a pas spécialisation totale enraison du caractère imparfaitement substituable <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production. Chaque pays produit <strong>de</strong> chacun<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux biens, exporte du bien dans lequel il est spécialisé et importe <strong>de</strong> l'autre bien. On suppose que le pays<strong>de</strong> l'annexe B se spécialise dans la production <strong>de</strong> bien Y et que l'autre se spécialise dans celle <strong>de</strong> bien X.Le cas où le bien Y, exporté par le pays <strong>de</strong> l'annexe B, est la seule source d'émission est illustré sur lafigure II.5A. La frontière <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> production initiale (en l'absence <strong>de</strong> contrainte environnementale)pour le pays <strong>de</strong> l'annexe B est donnée par Y ABX ABet pour le pays n'appartenant pas à l'annexe B parYnABXnAB. L'équilibre international initial est atteint lorsque la droite <strong>de</strong>s prix mondiaux, PP, est tangente à lafrontière <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> production pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays. La combinaison productive du pays <strong>de</strong> l'annexe Bse situe au point AB et celle du pays non-annexe B au point nAB.Considérons maintenant que le pays <strong>de</strong> l'annexe B adopte une contrainte d'émission. Sa frontière <strong>de</strong>spossibilités <strong>de</strong> production <strong>de</strong>vient alors Y AB′ X AB. Comme le mon<strong>de</strong> peut globalement moins produire <strong>de</strong> bienY qu'auparavant comparativement au bien X, le prix relatif du bien Y s'accroît. On est donc ici dans un cadrequi ne retient pas l'hypothèse <strong>de</strong> petit pays puisqu'une modification <strong>de</strong> l'offre dans un <strong>de</strong>s pays affecte <strong>les</strong> prixmondiaux <strong>de</strong>s biens. Précisons en outre qu'il s'agît bien <strong>de</strong>s prix mondiaux et non pas <strong>de</strong>s prix quiprévaudraient en autarcie. Ainsi, alors que la production <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux biens diminue dans chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays,la part <strong>de</strong> la production du bien Y dans la production totale va s'accroître dans chacun <strong>de</strong>s pays en réponse àcette modification <strong>de</strong>s prix relatifs mondiaux. Le nouvel équilibre international est atteint lorsque la droite<strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>vient PP ′ ′ et le pays <strong>de</strong> l'annexe B produit maintenant au point AB ′ tandis que l'autre paysproduit au point nAB ′ .La production dans le pays non-annexe B s'est déplacée dans le sens opposé <strong>de</strong> son avantagecomparatif initial impliquant une baisse <strong>de</strong> production du bien qu'il exporte (X) et une hausse <strong>de</strong> productiondu bien qu'il importe (Y). Une quantité donnée du bien qu'il exporte pourra désormais acheter une quantitéplus faible du bien qu'il importe. Son avantage comparatif est réduit. Les termes <strong>de</strong> l'échange international sesont modifiés en défaveur du pays non-annexe B ce qui entraîne mécaniquement une baisse <strong>de</strong> son bien-être.L'accroissement <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> bien Y dans le pays non-annexe B témoigne d'une fuite d'émission <strong>de</strong>carbone du pays annexe B vers l'autre pays lorsque le premier s'impose une contrainte sur ses émissions.Dans le second cas, illustré par la figure II.5B, le bien importé par le pays <strong>de</strong> l'annexe B (le bien X)est l'unique source <strong>de</strong> pollution. Comme précé<strong>de</strong>mment, l'équilibre initial est atteint lorsque la production dupays <strong>de</strong> l'annexe B se situe au point AB et lorsque celle <strong>de</strong> l'autre pays se situe au point nAB. L'adoption d'unecontrainte sur <strong>les</strong> émissions par le pays <strong>de</strong> l'annexe B entraîne un déplacement <strong>de</strong> sa frontière <strong>de</strong>s possibilités<strong>de</strong> production vers Y ′′ABXAB. Dans la mesure où la production mondiale <strong>de</strong> bien X s'est réduite relativement aubien Y, son prix s'accroît. Le nouveau prix mondial est donné par PP ′′ ′′ qui correspond aux points <strong>de</strong>production AB ′′ et nAB ′′ .La production dans le pays n'appartenant pas à l'annexe B s'est déplacée dans le sens <strong>de</strong> son avantagecomparatif qui se trouve donc accru, <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> l'échange se modifiant donc en faveur <strong>de</strong> ce pays dans lecas où c'est le bien qu'il exporte qui est à l'origine <strong>de</strong>s émissions sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le pays <strong>de</strong> l'annexe B s'imposeune contrainte. Ceci entraîne un accroissement du bien-être dans le pays non annexe-B et correspondégalement à une fuite <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> carbone.86


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtFigure II.5. Evolution <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échange lorsque l'annexe B adopte une politique <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissionsA : La contrainte n'affecte que le bien exporté par le pays <strong>de</strong> l'annexe BYY ABPY′ABY nABP'AB'•AB•P'PP'nAB'•P'P• nABPXABB : La contrainte n'affecte que le bien importé par le pays <strong>de</strong> l'annexe BYXnABXY ABY nABP''PAB''•AB•P''PP• nABP''PnAB''•X′′ABXABP''XnABX87


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtDans la réalité, la contrainte affecte simultanément <strong>les</strong> biens importés et <strong>les</strong> biensexportés mais <strong>les</strong> mécanismes en œuvre restent ceux présentés dans l'encadré II.3. Le résultat netdépend <strong>de</strong> la mesure dans laquelle la contrainte pèse plutôt sur <strong>les</strong> biens exportés par <strong>les</strong> pays <strong>de</strong>l'annexe B que sur <strong>les</strong> biens qu'ils importent. Si la contrainte affecte <strong>de</strong> manière prédominante <strong>les</strong>premiers, elle encourage un accroissement <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> ces biens par <strong>les</strong> paysn'appartenant pas à l'annexe B pour leur consommation personnelle. Si la contrainte affecteprincipalement <strong>les</strong> biens importés, l'accroissement <strong>de</strong> la production <strong>de</strong>s pays non-annexe B estmajoritairement exporté vers <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe B. La fuite <strong>de</strong>s émissions 7 ne bénéficie auxpays n'appartenant pas à l'annexe B que dans le second cas, dans la mesure où elle est associée àune amélioration en leur faveur <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échange.Un autre facteur, qui influence l'accroissement <strong>de</strong> la production <strong>de</strong>s biens intensifs enémissions dans <strong>les</strong> pays non-annexe B, rési<strong>de</strong> dans l'effet <strong>de</strong> l'abattement par <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexeB sur leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> intermédiaire d'énergie fossile. En effet, l'abattement va réduire <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>sénergies fossi<strong>les</strong> par le simple fait que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> va en diminuer, ce qui encourage laproduction <strong>de</strong> biens plus intensifs en énergie fossile et le recours à <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> productionplus intensives en énergies fossi<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> pays non-annexe B.L'introduction <strong>de</strong> la mobilité du capital complique l'analyse. Outre <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>production et <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> l'échange, la contrainte sur le carbone modifie <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> retour ducapital dans <strong>les</strong> pays subissant la contrainte relativement à ceux qui ne la subissent pas. Lamobilité <strong>de</strong>s capitaux renforce la restriction qu'impose la contrainte environnementale sur lafrontière <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> production (homothétie dont le rapport est inférieur à 1) tandisqu'elle permet à la frontière <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s pays non-annexe B <strong>de</strong> subir une homothétie <strong>de</strong>rapport supérieur à 1. Les balances <strong>de</strong>s paiements se trouvent alors modifiées, <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s <strong>de</strong>scomptes <strong>de</strong>s transactions courantes <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'annexe B se détériorant tandis que ceux <strong>de</strong>scomptes financiers s'améliorent suite à l'accroissement <strong>de</strong> leurs investissements étrangers.χ. Compétitivité et nature du marché du travailDes analyses théoriques ont été menées pour mettre en évi<strong>de</strong>nce l'impact sur lacompétitivité d'une taxe sur l'énergie. Leur conclusion est que, si le marché du travail ne subitpas d'imperfection, une petite économie ouverte ne voit pas sa compétitivité affectée par leprélèvement d'une telle taxe (Bucovetsky et Wilson, 1991 ; Bovenberg, 1999). En revanche, si duchômage involontaire existe dans cette économie, tant que le taux <strong>de</strong> taxe sur le travail excè<strong>de</strong>celui sur l'énergie, une réforme fiscale, neutre en termes <strong>de</strong> revenus pour le gouvernement(recyclage vers une baisse <strong>de</strong>s taxes sur le travail), permet d'accroître à la fois la production danscette économie et la compétitivité internationale (Shöb, 2003). La compétitivité est maximalelorsque le taux <strong>de</strong> taxe sur l'énergie est égal à celui sur le travail.7 On parle <strong>de</strong> fuite <strong>de</strong>s émissions lorsque <strong>les</strong> émissions s'accroissent dans <strong>les</strong> pays ne subissant pas <strong>de</strong> contrainteenvironnementale à la suite <strong>de</strong>s modifications dans la répartition internationale <strong>de</strong> la production consécutives àl'adoption par certains pays d'une contrainte environnementale. El<strong>les</strong> modèrent l'effet <strong>de</strong>s réductions par <strong>les</strong> payssubissant la contrainte.88


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtδ. Mise en place d'un marché international <strong>de</strong> PENLorsque la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions s'impose à plusieurs régions et que cel<strong>les</strong>cimettent en œuvre une politique d'échange <strong>de</strong> PEN, alors le prix s'établit comme suit.Supposons que l'effort d'abattement en l'absence <strong>de</strong> PEN soit <strong>de</strong> q 1 pour la première région et q 2pour la secon<strong>de</strong>. En l'absence <strong>de</strong> marché international <strong>de</strong> PEN, <strong>les</strong> prix s'établissent alors auxniveaux p 1 et p 2 respectivement, comme l'illustre la figure II.6. En revanche, si un marché et misen place, le prix <strong>de</strong>s PEN s'établira au niveau p'.Figure II.6. Coût marginal d'abattement dans le cas d'un commerce international <strong>de</strong> PEN.CmACmA 1 CmA 2p 1Ap 'p 2A'I 1 I 2BB'Oq' 1 q 1 q 2 q' 2Tonnes abattues par rapport auscénario <strong>de</strong> référenceEn abattant plus que sa contrainte ne lui impose, la secon<strong>de</strong> région se retrouve offreusenette <strong>de</strong> permis que la région 1 a intérêt à lui acheter tant que leur prix est inférieur à son CmA.De même, la secon<strong>de</strong> région ne va abattre au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> son objectif que si le prix <strong>de</strong>s PEN qu'ellepourra alors vendre est supérieur à son coût marginal. Le prix d'équilibre final p' qui s'établit estalors tel que <strong>les</strong> coûts marginaux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux régions sont égaux et que la quantité abattue au-<strong>de</strong>là<strong>de</strong> son objectif par la secon<strong>de</strong> région est égale à la quantité abattue en moins par la première, <strong>de</strong>sorte que la réduction totale <strong>de</strong>s émissions n'est pas modifiéeq − q ' = q ' − q et p ' q ' = p ' q ' = p' . Le coût total d'abattement pour la première région( ( ) ( ) )1 1 2 2 1 1 2 2passe <strong>de</strong> OAq1àOA q+{ ' ' ' '1 1 1 1Cout technique Achat <strong>de</strong> PEN à la région 2A I q q14243 , soit un gain égal à la surface 'AA I1hachurée enrouge. Pour la secon<strong>de</strong> région, le coût total d'abattement passe <strong>de</strong> OBq2à' ' ' ''OBq2 + BBq2q2 − I2B q2q2soit un gain égal à la surface BB I214243 14243Cout technique lié à l'abattement supplémentaire Vente <strong>de</strong> PEN à la région 1hachurée en bleu sur la figure II.6. Le gain total lié à la mise en œuvre d'un marché <strong>de</strong> PEN parrapport à une situation où <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux régions réalisent chacune leur effort d'abattement sanscoordination est donc égal à la somme <strong>de</strong>s surfaces hachurées sur la figure II.6.89


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtMais la question se pose alors <strong>de</strong> savoir si <strong>les</strong> coûts d'abattement d'une région peuventêtre affectés par <strong>les</strong> abattements réalisés dans d'autres régions, notamment par le biais d'unealtération <strong>de</strong>s flux commerciaux internationaux. Il est évi<strong>de</strong>nt que la réponse est oui, mais il resteà déterminer dans quel<strong>les</strong> proportions. A ce titre, le graphique II.1 nous renseigne un peu enprésentant la comparaison réalisée par <strong>les</strong> auteurs du modèle EPPA (Ellerman et al., 1998) <strong>de</strong>scourbes <strong>de</strong> CmA obtenues pour chaque région en l'absence d'un marché international <strong>de</strong> PEN etdans le cas d'un marché pleinement efficient. On assiste donc à une relative robustesse <strong>de</strong>scourbes régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> CmA aux hypothèses retenues quant à l'existence ou non d'un marché <strong>de</strong>PEN.Graphique II.1. Courbes <strong>de</strong> coût marginal dans le modèle EPPAen présence et en l'absence d'un marché international <strong>de</strong> PENSource : Ellerman et al., 1998.c. Le double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>Lorsque l'on s'intéresse aux coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES, il convient <strong>de</strong>prendre en compte <strong>les</strong> effets positifs potentiels <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions sur lacroissance et sur l'emploi. Ces effets positifs peuvent être principalement obtenus par <strong>de</strong>ux types<strong>de</strong> moyens : le recyclage <strong>de</strong>s recettes d'une taxe sur le carbone et <strong>les</strong> externalités technologiques,généralement liées à la promotion <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> recherche et développement. On parlera <strong>de</strong>double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> lorsque <strong>les</strong> impacts économiques négatifs d'une politique environnementalepeuvent être atténués (double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> au sens faible) voire annulés (sens fort) par <strong>les</strong> effetspositifs directs ou indirects <strong>de</strong> cette même politique.L'idée d'un divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> économique est d'abord apparu dans un article <strong>de</strong> Tullock (1967)puis a été débattu à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> en équilibre partiel développé par Nichols (1984), Terkla(1984) et Lee et Misiolek (1986). Dans <strong>les</strong> années 1990, la limitation <strong>de</strong>s coûts d'une politiqueenvironnementale par une politique <strong>de</strong> recyclage <strong>de</strong>s recettes supplémentaires engendrées par samise en œuvre a fait l'objet d'un grand effort <strong>de</strong> recherche scientifique. La possibilité d'apparitiond'un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> (Pearce, 1992) d'une politique qui, à la fois, entraîne une amélioration <strong>de</strong>la qualité <strong>de</strong> l'environnement et compense au moins en partie <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> bien-être a orienté unepartie importante <strong>de</strong>s débats.90


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtL'introduction d'une taxe sur le carbone, d'un système <strong>de</strong> PEN ou <strong>de</strong> normes techniques,crée une incitation à changer <strong>de</strong> technologie en impliquant un relèvement <strong>de</strong>s coûts marginaux<strong>de</strong> l’énergie. Or, l’impact <strong>de</strong> ce relèvement sera d’autant plus fort que l’on part d’un niveau élevé<strong>de</strong> fiscalité énergétique. Le double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> d’une réforme fiscale verte se produit lorsque ceteffet d’interaction avec le système fiscal préexistant peut être contrebalancé par l'utilisation par<strong>les</strong> pouvoirs publics du produit <strong>de</strong> la taxe (ou <strong>de</strong>s permis vendus aux enchères) pour baisserd’autres prélèvements.Figure II.7. Taxe carbone et coûts <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> environnementa<strong>les</strong>CoûtéconomiqueA 0A 1AA 3A 2OB’A : Coût brutA 0 : Coût net, cas d'une norme ou d'un signal-prix sans recyclage.A 1 : Coût net, cas d'un signal-prix avec recyclage forfaitaire.A 2 : Coût net, cas d'un signal-prix avec recyclage vers la diminution d'une taxe distorsive, formefaible du double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>.A 3 : Version forte <strong>de</strong> l'hypothèse précé<strong>de</strong>nte.BAbattementLa notion centrale pour éclairer ce débat est celle <strong>de</strong> coût marginal <strong>de</strong>s fonds publics, i.e.combien d'euros faut-il prélever pour accroître <strong>les</strong> dépenses <strong>de</strong> l'Etat d'un euro ? Ce coûtmarginal <strong>de</strong>s fonds publics constitue en effet un indicateur <strong>de</strong> la distorsion moyenne engendréepar la politique fiscale d'un pays. Or, l'intuition <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> est que la taxeque l'on va introduire sera moins distorsive que celle(s) dont on va réduire le(s) taux, ce qui vapermettre <strong>de</strong> diminuer la distorsion moyenne engendrée par la fiscalité. Un coût marginal élevé<strong>de</strong>s fonds publics ouvre alors un champ plus large pour l'apparition d'un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> qu'uncoût marginal faible. En effet, <strong>les</strong> paramètres qui déterminent le double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> sont :- <strong>les</strong> coûts directs pour le secteur régulé (changement <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> production oucoût d'installation <strong>de</strong> technologies moins polluantes) ;- l'effet d'interaction <strong>de</strong>s taxes ;- l'effet du recyclage du revenu nouvellement généré.Aussi, comme le montrent Bovenberg et Goul<strong>de</strong>r (2001) : "plus le coût social <strong>de</strong>prélèvement <strong>de</strong> revenus pour le gouvernement est élevé [i.e. plus le coût marginal <strong>de</strong>s fondspublics est élevé], plus le bénéfice marginal social lié à la réduction <strong>de</strong> la pollution doit êtreélevé pour justifier une taxe environnementale donnée. Il est en fait probable que l'évolution ducoût marginal <strong>de</strong>s fonds publics en fonction <strong>de</strong> l'objectif d'abattement suive une courbe en U.Dans un premier temps en effet, ce coût sera décroissant car <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s empiriques (cf. chapitre91


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coût4) montrent que la taxe sur l'énergie est moins distorsive que ne le sont <strong>les</strong> taxes sur d'autresmarchés (marché du travail en Europe, du capital aux Etats-Unis). La substitution <strong>de</strong> cette taxemoins distorsive aux autres permet <strong>de</strong> réduire le coût marginal <strong>de</strong>s fonds publics. Mais au fur et àmesure que l'objectif d'abattement s'accroît, la taxe sur l'énergie nécessaire pour atteindre cetobjectif augmente. Or la distorsion est croissante du niveau <strong>de</strong> la taxe. Aussi, la distorsion sur lemarché <strong>de</strong> l'énergie s'accroît en même temps que celle sur <strong>les</strong> autres marchés diminue. Le rythme<strong>de</strong> réduction du coût marginal <strong>de</strong>s fonds publics ralentit puis, au-<strong>de</strong>là d'un certain niveaud'abattement, le coût marginal <strong>de</strong>s fonds publics se remet à croître. A partir <strong>de</strong> ce pointd'inflexion, la question se pose d'un recyclage plus pertinent (vers une subvention <strong>de</strong>s solutionstechniques <strong>de</strong>s réductions <strong>de</strong>s émissions qui permettrait d'accroître l'abattement sans modifier leniveau <strong>de</strong> la taxe sur l'énergie par exemple).Si <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions dépassent <strong>les</strong> éventuels potentiels sans regret,<strong>les</strong> économistes s'accor<strong>de</strong>nt à dire que si <strong>de</strong>s normes sont introduites ou si <strong>de</strong>s PEN sontdistribués gratuitement, le coût social est supérieur aux simp<strong>les</strong> dépenses d'abattement (IPCC,2001). Les producteurs transfèrent une partie du CmA aux consommateurs via un accroissementdu prix <strong>de</strong> vente, ce qui implique une diminution du surplus du consommateur. Si l'élasticité <strong>de</strong>l'offre est assez élevée, cela peut conduire à une perte nette du surplus du producteur. Cependant,si cette élasticité est faible, le surplus net du producteur peut s'accroître lorsque la politiqueenvironnementale crée une restriction sur le produit car la rente générée par cette politique plusque compense la perte liée à la baisse <strong>de</strong>s ventes.Lorsque <strong>les</strong> revenus <strong>de</strong> la taxe sont recyclés <strong>de</strong> manière forfaitaire aux ménages et auxentreprises, l'effet d'interaction <strong>de</strong>s taxes est systématiquement plus élevé que l'effet positif lié aurecyclage du revenu. Si bien que le coût net <strong>de</strong> la politique environnementale <strong>de</strong>meure plus élevéque son coût brut (comparaison <strong>de</strong>s courbes A et A 1 sur la figure II.7), même si le recyclage <strong>de</strong>srevenus atténue cet effet (comparaison <strong>de</strong>s courbes A 0 et A 1 ). Cependant, il est possibled'améliorer ces résultats en utilisant <strong>les</strong> revenus pour baisser le niveau d'autres taxes distorsives(à recettes publiques constantes) et obtenir ainsi un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> qui sera fort ou faible selonque l'effet <strong>de</strong> recyclage du revenu plus que compense ou non la combinaison du coût primaire etl'effet d'interaction <strong>de</strong>s taxes (Goul<strong>de</strong>r, 1995). Dans ce cas, qui est plus difficile à obtenir, le coûtnet <strong>de</strong> la politique d'abattement est négatif (déplacement <strong>de</strong> la courbe A 1 à la courbe A 3 ), aumoins pour un objectif <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions limité. Il se peut que, préalablement àl'introduction <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions, le système fiscal soit hautementinefficace dans ses dimensions non environnementa<strong>les</strong>.Le débat théorique mené <strong>de</strong>puis 1994 à la suite <strong>de</strong>s contributions <strong>de</strong> Bovenberg et <strong>de</strong>Mooij (1994) a permis un consensus sur le fait que, pour aboutir à un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> fort,l'effet <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s distorsions doit être suffisant pour contrebalancer le fait qu'une taxecarbone, si elle se substitue à une taxe directe sur un facteur <strong>de</strong> production intermédiaire, nemodifie pas <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> production et pèse in fine sur le secteur productif, rajoutant au passage<strong>de</strong>s distorsions sur le marché <strong>de</strong>s biens et services finaux. Le pouvoir d’achat <strong>de</strong>s ménages setrouve alors réduit, ce qui bloque l’apparition d’un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> fort. Ce blocage est moinsfort lorsque la taxe prélevée retombe sur <strong>les</strong> énergies importées ou sur <strong>les</strong> revenus non salariauxet non sur <strong>les</strong> facteurs productifs. Il y a donc aujourd’hui une convergence théorique sur <strong>les</strong>déterminants du <strong>de</strong>uxième divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> et le rôle <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> empiriques est alors d’évaluer dansquelle mesure ce <strong>de</strong>uxième divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> peut réduire, voire annuler, <strong>les</strong> coûts en bien-être <strong>de</strong>sdépenses d’abattement <strong>de</strong>s GES.92


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtEncadré II.4. Le triangle <strong>de</strong> Harbergera) Sans taxe préexistantetPmP 1D 1R AP 0Q 1 Q 0D 0b) Avec une taxe préexistantePmDSur ces schémas, D est la courbe <strong>de</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Q 0 est la quantité <strong>de</strong> bien achetée au prixP 0 . Le bien-être pour le consommateur qui achèteune quantité Q 0 du bien est égale à la surface dutriangle PmP 0 D 0 , qui correspond au gain lié à ladifférence entre le prix maximum que leconsommateur accepterait <strong>de</strong> payer pour chaqueunité <strong>de</strong> bien en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> Q 0 et le prix réellementacquitté. Lorsqu'une taxe est prélevée, le nouveauprix est P 1 . Le surplus du consommateur est alorségal à la surface du triangle PmP 1 D 1 . La perte <strong>de</strong>bien-être est alors égale à la surface du triangle Aplus celle du rectangle R pour le consommateur,mais le gain <strong>de</strong> bien-être pour le gouvernement estégal à la surface <strong>de</strong> ce même rectangle R, si bien quela perte nette <strong>de</strong> bien-être pour la collectivité estégale à la surface du triangle A.tP 2P 1D 2R' A' D 1R B AP 0Q 1 Q 0D 0DSi une taxe est instaurée alors qu'une taxeantérieure était déjà prélevée, la perte nette <strong>de</strong> bienêtrepour la collectivité est égale à la surface dutriangle A plus celle du triangle A' plus celle durectangle B. La surface du rectangle B représentedonc le coût supplémentaire d'une taxe lorsqu'elle estprélevée en plus <strong>de</strong>s taxes distorsives déjà existantes.Plus la taxe préexistante est élevée, plus la perte <strong>de</strong>bien-être consécutive à l'instauration d'une nouvelletaxe sera importante.Parry (1997), Goul<strong>de</strong>r et al. (1997), Parry et al., (1999) et Goul<strong>de</strong>r et al., (1999) montrent que lecoût <strong>de</strong>s PEN est plus élevé lorsque <strong>de</strong>s taxes sur <strong>les</strong> facteurs <strong>de</strong> production existent préalablement.L'introduction <strong>de</strong> PEN aboutit en effet à un accroissement <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production et du prix <strong>de</strong> vente, cequi réduit le taux <strong>de</strong> retour sur le capital et le travail et exacerbe alors <strong>les</strong> distorsions initia<strong>les</strong>.S'il faut reconnaître que le divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> économique est simplement associé à la réformefiscale et non pas à la politique environnementale, force est <strong>de</strong> constater que cette politique peutêtre la condition sine qua non <strong>de</strong> la mise en œuvre d'une réforme fiscale. Ce sont alors <strong>les</strong>caractéristiques nationa<strong>les</strong> spécifiques et la manière dont el<strong>les</strong> sont représentées au sein <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong> qui déterminent si la possibilité d'un divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> économique sous sa forme forte existeou non. Ainsi, une telle possibilité apparaît lorsque le prix <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production est rendudistorsif par le système fiscal ou <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> marché spécifiques, ou s'il existe undéséquilibre <strong>de</strong> la balance commerciale en raison d'une forte importation d'énergie fossile, ouenfin si <strong>les</strong> choix <strong>de</strong>s consommateurs sont faussés par le système fiscal (Parry et Bento, 2000).93


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtCes analyses reposent sur l'hypothèse que <strong>les</strong> signaux-prix reçus par <strong>les</strong> agents sont <strong>les</strong>"bons" signaux. Or <strong>les</strong> taxes et <strong>les</strong> subventions sont souvent construites <strong>de</strong> telle manière que <strong>les</strong>prix à la consommation ne reflètent pas la rareté relative courante <strong>de</strong>s biens. Cette situation estencore compliquée par le fait que certaines taxes ou subventions sont el<strong>les</strong>-mêmes construitespour internaliser certains coûts externes diffici<strong>les</strong> à quantifier. En outre, le système fiscal n'estpas le seul à générer <strong>de</strong>s distorsions dans le système économique. Les monopo<strong>les</strong> <strong>de</strong> productionet/ou <strong>de</strong> distribution du gaz et <strong>de</strong> l'électricité dont <strong>les</strong> prix doivent être déterminés par un agentrégulateur à un niveau qui peut ne pas être économiquement efficient peuvent également avoir<strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> même nature. La question <strong>de</strong> la pureté du signal prix est alors posée et peut venirperturber l'ensemble <strong>de</strong>s résultats théoriques et numériques autour <strong>de</strong>s enjeux environnementaux.d. Les coûts <strong>de</strong> bien-êtreLes coûts en termes <strong>de</strong> bien-être représentent le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> généralité le plus élevé <strong>de</strong>scoûts présents dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>. Les variations <strong>de</strong> PIB ne donnent pas <strong>de</strong> mesure directe du bienêtrehumain, bien que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux entités soient souvent corrélées. Tout d'abord parce que <strong>les</strong>changements <strong>de</strong> composition du PIB peuvent, à niveau <strong>de</strong> PIB constant, entraîner <strong>de</strong>smodifications <strong>de</strong> bien-être. Ensuite, la variation du bien-être n'est pas une fonction linéaire duniveau <strong>de</strong> la consommation. De plus, <strong>de</strong> même que la composition du PIB n'est pas contenuedans son niveau, l'évolution <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s revenus conditionne l'évolution du bien-être.Enfin, il est clair qu'un indicateur <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> l'environnement doit être pris en compte dans lecalcul du bien-être, et si le PIB peut évoluer à la baisse consécutivement à une politique <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions, le bien-être peut s'améliorer car la composante environnementalevarierait <strong>de</strong> façon à compenser la variation à la baisse <strong>de</strong>s autres composantes <strong>de</strong> ladétermination du bien-être 8 . Dans la plupart <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> empiriques, le coût <strong>de</strong> bien-être estcalculé comme une variation <strong>de</strong> revenu nécessaire pour compenser le prélèvement d'une taxe.Cependant, la plupart <strong>de</strong>s calculs en termes <strong>de</strong> bien-être se limite à l'évaluation du revenunécessaire pour qu'un ménage ne soit pas appauvri après l'introduction d'une taxe. Or, le "triangle<strong>de</strong> Harberger" (encadré II.4) montre que <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> bien-être augmentent plus rapi<strong>de</strong>ment quela taxe.Néanmoins, <strong>les</strong> résultats présentés dans la suite <strong>de</strong> cette thèse ne sont pas <strong>de</strong>s mesuresexhaustives <strong>de</strong>s coûts du bien-être. En premier lieu parce qu'ils ne ren<strong>de</strong>nt généralement pascompte <strong>de</strong>s effets dynamiques <strong>de</strong>s mesures <strong>politiques</strong> importantes concernant la technologie et<strong>les</strong> préférences <strong>de</strong>s consommateurs. En second lieu parce qu'ils reposent sur <strong>de</strong>s calculs effectuéssur <strong>de</strong>s biens marchands et ne ren<strong>de</strong>nt pas compte <strong>de</strong>s biens et services produits par <strong>de</strong>séconomies non marchan<strong>de</strong>s ou informel<strong>les</strong>.2. Coût total, coût moyen et coût marginalLe coût total donne la valeur totale du coût <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissionstandis que le coût moyen la rapporte à l'effort fournit. Enfin, le coût marginal, en donnant le coût<strong>de</strong> réduction d'une tonne supplémentaire, indique à quel niveau une éventuelle taxe sur lecarbone doit être fixée pour obtenir <strong>de</strong> manière décentralisée un niveau <strong>de</strong> réduction désiré.8 On rentre alors dans une logique d'analyse coûts/bénéfices dont l'utilisation est plus sujette à controverse que celled'une analyse coûts/efficacité qui permet <strong>de</strong> passer outre <strong>les</strong> problèmes d'évaluation monétaire <strong>de</strong>s améliorations ou<strong>de</strong> l'absence <strong>de</strong> détériorations environnementa<strong>les</strong> rendues possib<strong>les</strong> par la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions.94


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtQuelle que soit la nature du coût étudié, il convient <strong>de</strong> rappeler que ces trois coûtstémoignent <strong>de</strong> notions fondamentalement différentes. Ainsi, si le coût marginal est l'indicateur leplus souvent utilisé (car il est égal au prix payé par chacun pour l'émission d'une tonne <strong>de</strong>carbone dans un système <strong>de</strong> taxe comme dans celui <strong>de</strong> PEN), il n'est qu'un très mauvaisindicateur du coût total <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions, qui est égal à la somme <strong>de</strong>s coûts marginaux.Ainsi, certains pays avec <strong>de</strong> faib<strong>les</strong> coûts marginaux <strong>de</strong> réduction ont un coût total <strong>de</strong> réductionélevé et vice versa. Cela peut être expliqué par <strong>de</strong>ux principaux points :- pour un niveau <strong>de</strong> coût marginal donné, un nombre plus élevé d'investissements dans<strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction vont être effectués dans un pays à faible coût marginal d'abattement ;- le coût total du programme sera élevé lorsque l'effet volume plus que compense l'effetprix.Si l'on compare en effet <strong>les</strong> situations <strong>de</strong>s pays A et B sur la figure II.8, on remarque quele coût marginal associé au niveau <strong>de</strong> réduction q est plus élevé dans le pays A que dans le paysB. Pour autant, le coût total <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions est négatif (BqD-OAB) dans ce premierpays alors qu'il est strictement positif dans le pays B (OqC).Figure II.8. Coût marginal et coût totalCoût marginal d'abattement($/tonne CO 2Equiv)Cm ACm A(q)Cm B(q)Cm BOACoût total d'abattement($/tonne CO 2Equiv)BR qCT ARéduction <strong>de</strong>s émissions(en tonne/à une situation <strong>de</strong> référence)Pente <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong> = Coût moyen <strong>de</strong> réduction•• Pente <strong>de</strong> la tangente =Coût marginal <strong>de</strong> réductionOBRRéduction <strong>de</strong>s émissions(en tonne/à une situation <strong>de</strong> référence)Potentiel sans regretLa portion initiale <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> coût marginal (section A-B) correspond à <strong>de</strong>s options<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions à coûts négatifs, qui peuvent représenter une partie importante <strong>de</strong>sréductions nécessaires au respect du protocole <strong>de</strong> Kyoto. Puis, lorsque <strong>les</strong> réductions d’émissionss’accroissent (section B-C-D <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> coût marginal), le coût marginal <strong>de</strong>vient positif sibien que le coût total finit par être lui-même positif au-<strong>de</strong>là d’un objectif <strong>de</strong> réduction égal à R.95


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtLa différence entre le coût marginal et le coût total peut être d’ampleur plus importante que celleentre coût technique et coût macroéconomique.3. L'axe <strong>de</strong>s abscissesSelon <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>, on a quatre possibilités pour l'axe <strong>de</strong>s abscisses dans la présentation<strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong> coûts : premièrement, <strong>les</strong> coûts présentés peuvent être <strong>de</strong>s coûts par tonne abattuepar rapport au scénario <strong>de</strong> référence, ou bien, <strong>de</strong>uxièmement par tonne abattue par rapport à uneannée <strong>de</strong> référence donnée ; troisièmement, il peut s'agir <strong>de</strong> coûts en fonction du pourcentage <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions par rapport au scénario <strong>de</strong> référence ou, quatrièmement par rapport à uneannée <strong>de</strong> référence donnée. En statique, il suffit <strong>de</strong> connaître <strong>les</strong> émissions dans le scénario <strong>de</strong>référence pour rapporter à un même référentiel ces quatre types <strong>de</strong> coûts. Nous verrons que cettetransformation est bien plus complexe en dynamique. Quoi qu'il en soit, même en statiquecomparative, il convient <strong>de</strong> prendre gar<strong>de</strong> à la nature <strong>de</strong> l'axe <strong>de</strong>s abscisses lors <strong>de</strong>sinterprétations réalisées <strong>de</strong>s coûts présentés par <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>.C'est pourquoi on ne peut que regretter que <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> référence utilisés par <strong>les</strong>modélisateurs pour évaluer <strong>les</strong> coûts ne soient que très rarement présentés car ils jouent un rôlefondamental dans la détermination <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers (cf Chapitre 5, Tableau V.1).4. Dynamique du signal-prixDans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> simulation, le coût marginal présenté est celui qui prévaut à la fin <strong>de</strong>la pério<strong>de</strong> considérée. Mais il ne renseigne pas sur le chemin temporel suivit par le signal-prixpour atteindre l'objectif <strong>de</strong> réduction désiré : la taxe est-elle introduite directement à ce niveau etmaintenue constante tout au long <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> ou bien a-t-elle été introduite progressivement ?Le coût marginal en fin <strong>de</strong> pério<strong>de</strong> ne constitue donc qu'une information partielle sur la politiqueà suivre pour atteindre un niveau <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions donné qui doit être complétée par laprésentation du chemin temporel suivit par le signal prix. En cas d'introduction progressive <strong>de</strong> lataxe, le coût total doit alors être calculé comme la somme sur <strong>les</strong> différents niveaux <strong>de</strong> taxeadoptés au cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> considérée <strong>de</strong>s intégra<strong>les</strong> situées sous la courbe <strong>de</strong> coût marginal.5. Coûts privés/Coûts publicsLa répartition <strong>de</strong>s coûts entre coûts publics et coûts privés constitue un indicateur trèsessentiel aux yeux <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs <strong>politiques</strong> et peut se révéler importante, notamment lorsque lecoût marginal <strong>de</strong>s fonds publics est élevé. Néanmoins, elle ne représente pas un critère <strong>de</strong>classification <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> pertinent à l'échelle macroéconomique. C'est pourquoi, si l'on trouveparfois la répartition <strong>de</strong>s coûts entre coûts publics et coûts privés pour <strong>de</strong>s mesures précises dansle cadre d'une analyse en équilibre partiel, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s globa<strong>les</strong> ne présentent jamais ce type <strong>de</strong>répartition <strong>de</strong>s coûts.96


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coût6. ConclusionQuelle que soit la nature <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>, mais particulièrement pour <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up,il existe <strong>de</strong>s différences considérab<strong>les</strong> dans la nature <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>GES présentés. Ces différences peuvent être liées à l'inclusion ou à l'exclusion <strong>de</strong> certains types<strong>de</strong> coûts (coûts d'ajustement, coûts en bien-être…) ou bien à la méthodologie retenue pourl'agrégation <strong>de</strong>s coûts ou encore à la prise en compte (ou non) <strong>de</strong> certains phénomènes (réponseaux prix <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> technico-énergétiques, <strong>de</strong>s effets liés au caractèreinternational <strong>de</strong> l'économie…). Il convient donc <strong>de</strong> bien distinguer dans l'analyse <strong>de</strong>s différences<strong>de</strong> coûts la part qui relève <strong>de</strong> différences méthodologiques et celle qui peut être imputée à <strong>de</strong>shypothèses retenues divergentes.B. Le calcul <strong>de</strong>s coûts dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>1. Des modè<strong>les</strong> différents pour calculer <strong>les</strong> coûts à différents niveauxComme l'illustre la figure II.9, pour chaque mesure ou "paquets" <strong>de</strong> mesure, <strong>les</strong> coûtspeuvent être appréhendés à plusieurs niveaux. La réalisation du calcul par <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> renvoie àtrois distinctions fondamenta<strong>les</strong>. Tout d'abord à chaque type <strong>de</strong> modèle va correspondre uneméthodologie <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong>s coûts particulière :• Modè<strong>les</strong> d’arbitrage entre techniques : intégration au sein d'une représentation cohérente<strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s informations sur <strong>les</strong> coûts techniques et <strong>les</strong> coûts d'utilisation etd'adaptation.• Modè<strong>les</strong> sectoriel d’équilibre partiel : agrégation au niveau d'un secteur, prise en compted'indicateurs macroéconomiques.• Modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> optimale : détermination <strong>de</strong>s coûts à partir <strong>de</strong>s prix duaux associésau programme d'optimisation.• Modè<strong>les</strong> macroéconomiques nationaux, modè<strong>les</strong> macroéconomiques multi-régionaux :détermination <strong>de</strong>s coûts dans un cadre d'équilibre général ou à partir d'un ensembled'équations économiques simultanées.Ensuite, la nature même <strong>de</strong>s inputs <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> influe sur celle <strong>de</strong>s résultats fournis par<strong>les</strong> modè<strong>les</strong> et sur <strong>les</strong> interprétations que l'on peut en faire. Ces inputs constituent <strong>les</strong> hypothèsesfondamenta<strong>les</strong>, non prouvab<strong>les</strong>, <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong> modélisation. Trois principaux élémentsconstituent ces inputs : <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> production (formes fonctionnel<strong>les</strong> et valeur <strong>de</strong> certainscoefficients), <strong>les</strong> fonctions d'utilité ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (formes fonctionnel<strong>les</strong> et valeur <strong>de</strong> certainscoefficients) et l'ensemble <strong>de</strong>s dires d'experts introduits comme données entrantes dans <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> (techniques, hypothèses <strong>de</strong> productivité, démographie, changements structurels…). Lechoix <strong>de</strong>s formes fonctionnel<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s valeurs ad hoc <strong>de</strong> certains paramètres reposent sur <strong>de</strong>sdires d'experts qui renvoient souvent à <strong>de</strong>s choix effectués par d'autres équipes <strong>de</strong> modélisateursmais non obligatoirement cohérent avec la démarche suivie.97


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtFigure II.9.Au niveau <strong>de</strong> l’ingénieurCoûts techniques + Coûts <strong>de</strong> conversion, d’adaptationAnalyse d’équilibre partielAu niveau sectorielAu niveau nationalCoûts sectoriels (Analyse <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> système)Analyse macroéconomiqueen économie ferméeCoûts macroéconomiques, coûts en bien-êtreIntégration <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong>capitaux internationauxAu niveau internationalEffets d’entraînement, compétitivitéEnfin, la méthodologie <strong>de</strong> calcul influence <strong>de</strong> manière fondamentale <strong>les</strong> résultatsnumériques fournis par <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>. La plupart <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> sont calibrés sur une année donnée,i.e. la valeur <strong>de</strong>s paramètres est calculée <strong>de</strong> façon à reproduire une année précise, ce qui pose leproblème <strong>de</strong> la dépendance <strong>de</strong>s résultats à l'année donnée et <strong>de</strong> la faible mémoire historiqueincluse dans la valeur <strong>de</strong>s paramètres. D'autres sont basés sur <strong>de</strong>s relations économétriques, cequi implique une difficulté à introduire <strong>de</strong>s ruptures. En outre, alors que certains modè<strong>les</strong>imposent un prix du carbone et en déduisent le montant <strong>de</strong>s émissions réduites, d'autres imposentce montant et font apparaître le prix comme prix implicite <strong>de</strong> la contrainte ainsi introduite.Tout ceci se traduit par une ambiguïté gênante sur le statut <strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong> coût marginald’abattement (sont-el<strong>les</strong> <strong>de</strong>s inputs ou <strong>de</strong>s outputs <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>?)2. Quelques exemp<strong>les</strong> concretsa. Le calcul <strong>de</strong>s coûts dans un cadre bottom-up : le modèle MARKALParce qu'il offre un cadre unique adaptable à toutes <strong>les</strong> économies (cf. encadré II.5), grâceà une politique mondiale <strong>de</strong> développement et à <strong>de</strong>s liaisons à d'autres modè<strong>les</strong> pertinentes (cf.chapitre 4), le modèle MARKAL fait aujourd'hui référence en tant que modèle bottom-up. Lafigure II.10 présente la mécanique d'évaluation <strong>de</strong>s coûts dans ce modèle. A partir <strong>de</strong>sinformations contenues dans la base <strong>de</strong> données construite pour chaque pays, un simple module<strong>de</strong> minimisation <strong>de</strong>s coûts permet <strong>de</strong> déterminer <strong>les</strong> choix technologiques réalisés et <strong>les</strong> coûtsassociés à un objectif <strong>de</strong> niveau d'émissions donné. Les coûts d’abattement dans ce modèlecorrespon<strong>de</strong>nt donc aux coûts <strong>de</strong> substitutions technologiques et d’utilisation à <strong>de</strong>man<strong>de</strong> donnée.Un <strong>de</strong>s avantages <strong>de</strong> cette approche est que l’endogénéisation <strong>de</strong>s choix techniques permet <strong>de</strong>prendre en compte l’effet d’une modification <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> production <strong>de</strong> l’énergie dans ladétermination <strong>de</strong>s coûts d’usage énergétique dans <strong>les</strong> autres secteurs. En revanche, l’impact <strong>de</strong>cette modification sur <strong>les</strong> coûts d’investissements n’est pas prise en compte, en raison <strong>de</strong>l’absence <strong>de</strong> calcul du nouveau "vecteur <strong>de</strong> prix relatifs".98


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtEncadré II.5. Le projet MARKALMARKAL (MARKet ALlocation) est un modèle générique adaptable aux données sourcespour évaluer sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 40 ou 50 ans un système énergétique particulier pour une nation, unerégion ou une province. Aujourd'hui, 77 institutions dans 37 pays (dont beaucoup <strong>de</strong> pays endéveloppement) utilisent ce modèle.Il a été développé au sein d'une coopération internationale baptisée "Energy TechnologySystems Analysis Programme" (ETSAP) sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> près <strong>de</strong> vingt ans par l'Agence<strong>International</strong>e <strong>de</strong> l'Energie. Ce programme offre :• Un cadre <strong>de</strong> coopération internationale éprouvé ;• Un réseau d'experts internationaux ;• Une méthodologie pour l'analyse énergétique et environnementale ;• Un modèle standard simple <strong>de</strong> recherche du moindre coût rendant possible <strong>les</strong> comparaisons<strong>de</strong>s résultats nationaux ;• Un ensemble <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données énergétiques et technologiques commun et cohérent ;• La possibilité d'intégrer facilement <strong>de</strong> nouveaux utilisateurs.Un modèle MARKAL régional est caractérisé par <strong>les</strong> différents types d'énergies utilisab<strong>les</strong> etpar <strong>les</strong> technologies <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s émissions accessib<strong>les</strong>. Chacune <strong>de</strong> ces composantes estreprésentée par un ensemble quantitatif <strong>de</strong> caractéristiques <strong>de</strong> coût et <strong>de</strong> performance. La <strong>de</strong>scription<strong>de</strong>s technologies existantes et à venir constitue donc <strong>les</strong> intrants du modèle. L'approche intègre à lafois l'offre et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> telle sorte qu'un changement d'un côté implique automatiquement unchangement <strong>de</strong> l'autre. Le modèle MARKAL, à l'inverse d'autres modè<strong>les</strong> bottom-up, ne requiert pasun classement a priori <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES. Le choix et la combinaison <strong>de</strong>ces mesures dépend généralement du montant <strong>de</strong> l'abattement requis, ce qui constitue un avantageparticulièrement fort du modèle MARKAL par rapport à ces modè<strong>les</strong>.L'exécution du modèle nécessite une projection <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> énergétique par type. Unscénario <strong>de</strong> référence est alors élaboré puis <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>s différents scénarios d'abattement calculés.Dans chacun <strong>de</strong>s cas, le modèle détermine la combinaison <strong>de</strong> technologies permettant <strong>de</strong> minimiser lecoût du système énergétique permettant d'atteindre (dans la limité <strong>de</strong> la faisabilité) l'objectif <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions fixé. Une courbe <strong>de</strong> coût d'abattement peut alors être construite et à chaquepoint correspondra un ensemble technologique différent. En outre, le coût marginal <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>sémissions à chaque pério<strong>de</strong> est déterminé.MARKAL peut donc être utilisé pour :• I<strong>de</strong>ntifier le système énergétique le moins coûteux ;• I<strong>de</strong>ntifier la meilleure réponse en termes <strong>de</strong> coûts à un objectif <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions ;• Réaliser une analyse prospective <strong>de</strong> long terme <strong>de</strong> la balance énergétique dans différentsscénarios ;• Evaluer <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies et <strong>les</strong> priorités pour la R&D ;• Réaliser une projection <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES futures ;• Estimer le gain à la coopération régionale.Pour plus d'information : http://www.ecn.nl/unit_bs/etsap/markal/in<strong>de</strong>x.html99


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtLa limite principale <strong>de</strong> MARKAL est donc <strong>de</strong> ne pas prendre en compte <strong>les</strong> effets sur <strong>les</strong>prix <strong>de</strong> l’énergie d’une amélioration <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> l’énergie ni d’unemodification <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l’énergie sur l’équilibre macroéconomique. Néanmoins, MARKAL-MACRO permet <strong>de</strong> lier la modification <strong>de</strong>s coûts énergétiques à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’énergie enétudiant son impact sur l’utilité <strong>de</strong>s consommateurs 9 .Figure II.10. La détermination <strong>de</strong>s coûts dans le modèle MARKALBase <strong>de</strong> données MARKALHypothèses sur <strong>les</strong> prix<strong>de</strong>s énergies primairesPour chaque technologie, la base <strong>de</strong>donnée fournit :- une évaluation <strong>de</strong>s coûtstechniques <strong>de</strong> mise en place- <strong>les</strong> caractéristiques techniquesMinimisation <strong>de</strong>s coûtsDeman<strong>de</strong> d’usages finauxChoix <strong>de</strong>s sources d’énergies primairesChoix <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> transformationsChoix <strong>de</strong>s technologiesb. Le calcul <strong>de</strong>s coûts dans un modèle technico-comportemental : le modèle CIMSLe modèle CIMS (Jaccard et al., 2000) a été développé sous la direction <strong>de</strong> Mark Jaccardà la School of Resource and Environmental Management <strong>de</strong> l'Université Simon Fraser 10 . Lemodèle CIMS a été construit pour fournir aux déci<strong>de</strong>urs <strong>politiques</strong> une réponse probable <strong>de</strong>sentreprises et <strong>de</strong>s ménages à <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> qui visent à influencer leurs décisions d'acquisition etd'utilisation <strong>de</strong>s technologies 11 . La différence fondamentale entre ce modèle et le modèleMARKAL est que CIMS cherche à décrire <strong>les</strong> comportements tels qu'ils seront et non pas telsqu'ils <strong>de</strong>vraient être. Le modèle CIMS fournit alors la probabilité que la politique atteigne sesobjectifs, <strong>les</strong> coûts probab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'atteinte <strong>de</strong> ces objectifs et <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s liées aux simulationsréalisées.9 Une fois que MARKAL a déterminé la stratégie la moins coûteuse pour satisfaire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'usages finals, <strong>les</strong>coûts énergétiques sont intégrés dans un module MACRO qui <strong>les</strong> compare avec l'activité dans le reste <strong>de</strong>l'économie. Si une baisse <strong>de</strong>s coûts énergétiques entraîne une augmentation <strong>de</strong> l'utilité <strong>de</strong>s consommateurs, alors unaccroissement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> services énergétiques est estimé et réintégré dans MARKAL qui réalise unenouvelle analyse pour satisfaire cette nouvelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. MARKAL-MACRO continue ce processus jusqu'à ce quele niveau d'utilité atteint par <strong>les</strong> consommateurs soit le plus élevé possible.10 La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s usages finaux <strong>de</strong> l'énergie, ITSUM, et diverses <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong> l'offre énergétique ont étéutilisées au cours du temps, mais le modèle CIMS complet n'est disponible que <strong>de</strong>puis 1998.11 Technologie est ici entendu dans un sens large, incluant <strong>les</strong> équipements mais aussi <strong>les</strong> bâtiments et <strong>les</strong>infrastructures.100


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtCette démarche apporte un élément <strong>de</strong> clarification dans le débat entre modélisateurs topdownet bottom-up sur <strong>les</strong> stratégies sans regrets : la base <strong>de</strong> données sur <strong>les</strong> technologies met enévi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s potentiels <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions mais la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s comportementsretenue, basée sur une étu<strong>de</strong> très fine <strong>de</strong>s comportements d'adoption <strong>de</strong>s technologies, rendpossible l'absence (partielle ou totale) d'exploitation <strong>de</strong> ces potentiels. L'idée selon laquelle ilexiste <strong>de</strong>s barrières à l'adoption <strong>de</strong>s stratégies sans regret est donc constructrice <strong>de</strong> la démarche<strong>de</strong> modélisation <strong>de</strong>s comportements. Implicitement, <strong>les</strong> choix technologiques ne répon<strong>de</strong>nt pasuniquement à une rationalité économique, du moins telle qu'elle est décrite dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong>choix à moindres coûts. L'étu<strong>de</strong> économétrique <strong>de</strong>s comportements permet <strong>de</strong> mettre enévi<strong>de</strong>nce, explicitement ou implicitement le rôle joué par d'autres facteurs. Ce discours secomprend néanmoins à information constante et une modification <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> cetteinformation ou <strong>de</strong>s conditions à son accès va modifier <strong>les</strong> comportements <strong>de</strong> choix <strong>de</strong>stechnologies. Or cet élément est encore imparfaitement intégré par <strong>les</strong> auteurs <strong>de</strong> CIMS, quiconsidèrent toutefois que la facilité d'accès à l'information sur une technologie estproportionnelle aux nombres d'utilisateurs <strong>de</strong> celle-ci.Si l'architecture du modèle est relativement simple, la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>stechnologies est très fine. Il s'agit donc d'un modèle orienté sur <strong>les</strong> choix technologiques plutôtque sur l'énergie. Le modèle se concentre donc sur <strong>les</strong> interactions entre <strong>les</strong> secteursconsommateurs d'énergie et <strong>les</strong> secteurs qui produisent et transforment celle-ci. Une politique quivise à influencer l'offre ou la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'énergie peut également avoir <strong>de</strong>s effets indirects telsqu'une modification <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s en produits finis ou intermédiaires. Afin <strong>de</strong> prendre encompte ces effets, le modèle CIMS inclut <strong>de</strong>s bouc<strong>les</strong> d'effets en retour macroéconomiques.Cependant, ces effets peuvent être ignorés en cas <strong>de</strong> recours à un modèle macroéconomique plusélaboré.Une simulation à l'ai<strong>de</strong> du modèle CIMS comporte cinq étapes fondamenta<strong>les</strong> :1. Les technologies sont représentées dans le modèle en termes <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> serviceénergétique fourni (tonnes-kilomètres parcourus, tonnes <strong>de</strong> papiers, m 2 chauffés ou climatisés).Une prévision <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> service énergétique est ensuite réalisée. Cesprévisions encadrent <strong>les</strong> simulations par pas <strong>de</strong> cinq ans.2. A chaque pério<strong>de</strong>, une portion du stock initial <strong>de</strong> technologies est détruite, sur la base<strong>de</strong> son âge 12 . Le stock résiduel permet <strong>de</strong> satisfaire une partie <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> prévue, le reste<strong>de</strong>vant l'être par l'acquisition d'un nouveau stock <strong>de</strong> technologies.3. L'objectif du modèle est <strong>de</strong> simuler la compétition entre <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies.Pour cette étape, le modèle s'appuie fortement sur <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> marché passées et prospectivesafin <strong>de</strong> donner aux simulations un caractère plus positif que normatif. La compétition est simulée<strong>de</strong> manière probabiliste. Les coûts financiers ne représentent qu'un <strong>de</strong>s nombreux facteurs <strong>de</strong>détermination <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s technologies.4. A chaque pério<strong>de</strong>, une compétition similaire a lieu entre <strong>les</strong> technologies résiduel<strong>les</strong>pour simuler <strong>les</strong> arbitrages entre <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies et <strong>les</strong> technologies déjà installées etpas encore déclassées.12 Il est clair que d'autres considérations interviennent dans le déclassement du capital mais l'âge est apparu commeun facteur majeur et facilement prévisible.101


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coût5. A chaque pério<strong>de</strong>, le modèle itère pour obtenir <strong>les</strong> montant d'acquisition <strong>de</strong>stechnologies consommatrices d'énergie et cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s technologies génératrices d'énergiepermettant d'atteindre un prix <strong>de</strong> l'énergie qui équilibre offre et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.A chaque technologie est associé un niveau d'usage énergétique net, <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>GES et un coût total, la simulation s'achève donc par la sommation <strong>de</strong> ces éléments pourl'ensemble <strong>de</strong>s technologies pour obtenir <strong>de</strong>s indicateurs globaux. Les différences obtenues entreun scénario business as usual et un scénario interventionniste donne une estimation <strong>de</strong> laprobabilité d'occurrence <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier auquel on peut alors associer <strong>de</strong>s coûts effectifs.En tant que modèle <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription technologique explicite et d'analyse du comportementréel <strong>de</strong>s agents, le modèle CIMS simule comment <strong>les</strong> entreprises et <strong>les</strong> ménages effectuent leurschoix technologiques. C'est pourquoi <strong>les</strong> algorithmes <strong>de</strong> décision combinent <strong>de</strong>s informations sur<strong>les</strong> coûts financiers avec d'autres critères intervenants dans la prise <strong>de</strong> décision <strong>de</strong>s agents telsque <strong>les</strong> préférences non financières, <strong>les</strong> différences réel<strong>les</strong> et perçues <strong>de</strong> risque, <strong>les</strong> variationsdans <strong>les</strong> perceptions <strong>de</strong>s coûts financiers et <strong>les</strong> préférences en termes <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> retour.Certains <strong>de</strong>s coûts implicitement inclus dans la valeur <strong>de</strong>s paramètres du modèle ou <strong>de</strong> labase <strong>de</strong> donnée représentent <strong>de</strong>s coûts réels ou attendus tandis que d'autres représentent <strong>de</strong>s coûtsperçus ou liés au risque. Le défi est donc d'arriver à rendre compte <strong>de</strong>s coûts qui :- reflètent comment <strong>les</strong> entreprises et <strong>les</strong> ménages prennent leurs décisions, si bienque le modèle puisse être utilisé pour simuler ou prévoir <strong>les</strong> impacts directs réelsd'une politique particulière ;- donnent une estimation <strong>de</strong>s coûts nécessaires aux modè<strong>les</strong> macroéconomiques poursimuler <strong>les</strong> impacts indirects <strong>de</strong> la politique ;- estiment <strong>les</strong> coûts directs pour le gouvernement d'un ensemble <strong>de</strong> mesures.L'originalité du modèle CIMS rési<strong>de</strong> donc dans la prise en compte qu'il opère <strong>de</strong>s coûtsnon financiers. Un certains nombre <strong>de</strong> facteurs assurent la pertinence <strong>de</strong> cette démarche. Toutd'abord, aux nouvel<strong>les</strong> technologies est associé un risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir d'abandon plus élevé 13 et <strong>de</strong>scoûts attendus du capital plus élevés. De même, parce que <strong>les</strong> agents y sont moins familiers, <strong>les</strong>coûts <strong>de</strong> transaction associés aux nouvel<strong>les</strong> technologies risquent d'être plus élevés et pour lamême raison, <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> publicité et plus largement d'information, <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> mise en placesont plus importants. En outre, au fur et à mesure que <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies pénètrent <strong>les</strong>marchés, leur coût a tendance à décroître ce qui accroît la perte <strong>de</strong> valeur du capital détenu par<strong>les</strong> premiers acquéreurs <strong>de</strong> ces nouvel<strong>les</strong> technologies. Par ailleurs, <strong>les</strong> technologies dont la durée<strong>de</strong> vie est plus longue ont un (une) coût (valeur) d'option plus élevé (faible) puisqu'el<strong>les</strong>interdisent pendant plus longtemps aux agents <strong>de</strong> s'adapter aux changements d'environnementéconomique.13 L'introduction d'une nouvelle technologie peut dépendre par exemple <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong>s standards qu'elle incarneou nécessite à s'imposer à l'échelle régionale ou mondiale et donc le risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir abandonner cette technologieen cas d'échec <strong>de</strong> cette imposition est plus élevé que celui associé à une technologie dont <strong>les</strong> standards sont déjàlargement diffusés.102


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtc. Le calcul <strong>de</strong>s coûts dans un modèle technico-économique : le modèle POLESComme l'illustre la figure II.11, <strong>les</strong> coûts d’abattement dans POLES résultent <strong>de</strong> laconfrontation <strong>de</strong> l’offre et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sous contrainte d’un sentier d’émission. La <strong>de</strong>man<strong>de</strong>est déterminée économétriquement sans que soit spécifiée une fonction d’utilité. Unemodification <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> se fait donc "sans coût" mais la valeur retenue <strong>de</strong>s coefficients <strong>de</strong>sfonctions <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> intègre implicitement <strong>de</strong>s comportements macroéconomiques. Du côté <strong>de</strong>l’offre, <strong>les</strong> coûts d’investissement et d’utilisation sont pris en compte et ils résultent du"comportement global" du système énergétique.La nature <strong>de</strong>s coûts sectoriels dans ce modèle intègre <strong>de</strong>s éléments techniques du côté <strong>de</strong>l’offre et <strong>de</strong>s éléments implicitement macroéconomiques du côté <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.Figure II.11. La détermination <strong>de</strong>s coûts dans le modèle POLESHypothèses exogènesPIBPopulationMarché mondial <strong>de</strong> l’acierProduction d’acier1. Deman<strong>de</strong> d’énergie finale(38 pays/régions)1.1 Deman<strong>de</strong> d’énergie finale (économétrie)1.2 Module d’offre énergétique1.3 Emissions <strong>de</strong> CO2 globa<strong>les</strong> et sectoriel<strong>les</strong>2. Offre d’énergie fossile(38 pays/régions)2.1 Pétrole2.2 Charbon2.3 Gaz4. Prix mondiaux <strong>de</strong> l’énergie4.1 Pétrole4.2 Charbon4.3 GazDébut <strong>de</strong> la simulation3. Prix mondiaux <strong>de</strong> l’énergie3.1 Pétrole3.2 Charbon3.3 GazFin <strong>de</strong> la simulationd. Les coûts dans un modèle <strong>de</strong> croissance optimale : le modèle DICE 99DICE99 (Dynamic Integrated Climate Economy) (Nordhaus et Boyer, 1999) est unmodèle intégrant une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s processus géophysiques et économiques du changementclimatique. Il s'agit <strong>de</strong> contrôle optimal à un seul bien et une seule région. Sa simplicité (unetrentaine <strong>de</strong> lignes d'équation) en a fait un <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus utilisés.103


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtCe modèle respecte l'équilibre comptable <strong>de</strong>s opérations sur <strong>les</strong> biens et services à chaqueinstant du temps. Pour tout t, on a donc :Yt = Rt + Itoù Ytreprésente la richesse par tête à l'instant t,l'investissement par tête avec :Rt, la consommation par tête, et I tYt = F( Kt) ⎡⎣ 1−D( Xt) ⎤⎡ ⎦⎣1−C( at)⎤⎦où Ktreprésente le stock <strong>de</strong> capital à l'instant t, D( Xt ), <strong>les</strong> dommages liés à la hausse <strong>de</strong> latempérature à l'instant t et C( at ) la perte par unité produite liée à une activité d'abattement <strong>de</strong>a% <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES à l'instant t.Il ne s'agit donc pas à proprement parler d'un coût technique dans la mesure où aucunetechnique n'est représentée dans ce modèle mais peut y être assimilé. Cette dépense necorrespond pas à un investissement dans un stock <strong>de</strong> capital d'abattement, puisqu'il n’existe pas<strong>de</strong> représentation <strong>de</strong> la dynamique d'accumulation <strong>de</strong> ce stock. Si l'on pose :( ) ⎡1( )Yt = F Kt ⎣ −D Xt⎤⎦où Ytcorrespond alors à la production réalisée en présence <strong>de</strong>s dommages, le coût total <strong>de</strong> laréduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> a% par rapport au scénario non interventionniste à l'instant t est alorsYC a .égal à ( )ttLes émissions à la date t s'écrivent :( 1 ) ( )Et = −at σtF Ktoù σ test un indicateur <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production à l'instant t. Un abattement <strong>de</strong> a%par rapport au scénario non interventionniste implique donc une réduction <strong>de</strong>s émissions enniveaux <strong>de</strong> At = atσtF( Kt)tonnes par rapport à ce même scénario. Le coût technique par tonneabattue s'écrit logiquement :et le coût marginal :( )Cm At( )CM At( )( )YCtat=a σ F Kt t t( ) ( ) ∂a( )∂CT A ∂YC a ∂C a= = = Y∂A ∂a ∂A ∂at t t tttt t t t1∂At∂a1 1= YC′ t a ( a )( ) 1 ( ) ( )t t= F Kt ⎡ −D Xt ⎤C′aat tσ F( K⎣ ⎦)σ F K1= C′a ( a ) 1 ( )t t⎡⎣−D Xt⎤σ⎦tt( )t t t t104


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtLe calibrage du modèle DICE 99 amène à se poser <strong>de</strong>s questions sur le statut <strong>de</strong>s coûtsfournis par le modèle. En effet, ce <strong>de</strong>rnier est calibré <strong>de</strong> manière à reproduire <strong>les</strong> trajectoires <strong>de</strong>production et d'abattement optima<strong>les</strong> fournies par le modèle RICE 99 (Regional Integratedmo<strong>de</strong>l of Climate and the Economy).Or, le modèle RICE 99 est plus qu'une version régionalisée du modèle DICE 99 dans lamesure où la spécification n'est pas la même :( , ) ⎤⎡1( )C ⎡it ,+ Iit ,= Yit ,=⎣F Kit ,Eit ,− pEit , ⎦⎣ −D Xt⎤⎦La fonction <strong>de</strong> production est calibrée sur <strong>de</strong>s données existantes d'utilisation <strong>de</strong> l'énergie,<strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l'énergie et <strong>de</strong> l'élasticité-prix <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'énergie. Dans ce modèle, l'abattementest réalisé par réduction <strong>de</strong> la consommation d'énergie fossile dont le prix suit une règled'Hotelling. Un scénario <strong>de</strong> référence est établi en faisant tourner le modèle en l'absence <strong>de</strong>dommage. Cela fournit une trajectoire <strong>de</strong> référence pour <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> production et <strong>de</strong>consommation d'énergie fossile,dommage nulY et E ,. Puis on introduit la fonction <strong>de</strong>dommage nulit ,dommage (exogène) pour obtenir la trajectoire d'abattement optimal. Le coût <strong>de</strong> cet abattementpeut donc être appréhendé par <strong>de</strong>ux biais : le prix implicite du carbone et la variation du PIB.Le premier correspond au multiplicateur associé à la contrainte d'abattement mais faitalors intervenir, puisque nous sommes dans un modèle à plusieurs régions, <strong>les</strong> coefficients <strong>de</strong>Negishi 14 .Le second peut être calculé à partir <strong>de</strong> la différence entre <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> productiondommage nul abattement optimalYit ,et Yit ,. Il s'agit alors d'un coût macroéconomique dont la déterminationdépend <strong>de</strong> la règle d'évolution du prix <strong>de</strong> l'énergie retenue.En résumé, la « dépense » <strong>de</strong> DICE 99 est calculée sur <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> RICE 99 qui combineun ensemble complexe <strong>de</strong> paramètre techniques et <strong>de</strong> réactions macroéconomiques.it14 Lorsque <strong>les</strong> utilités margina<strong>les</strong> sont décroissantes, <strong>les</strong> coûts marginaux d’abattement croissants et <strong>les</strong> dommagesmarginaux croissants, alors il existe une infinité <strong>de</strong> distributions optima<strong>les</strong> au sens <strong>de</strong> Pareto. Il existe <strong>de</strong> plus unerelation bijective entre tout équilibre <strong>de</strong> Pareto et toute distribution <strong>de</strong>s poids définie à un facteur multiplicatif prèsdans la fonction d’utilité sociale. De fait, choisir un jeu <strong>de</strong> poids revient à retenir un optimum <strong>de</strong> Pareto parmil’ensemble <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> équilibres possib<strong>les</strong>.Un point <strong>de</strong> vue largement partagé tant par <strong>les</strong> économistes que par <strong>les</strong> non économistes consiste à penser que cechoix relève essentiellement <strong>de</strong> considérations éthiques, mora<strong>les</strong> ou <strong>politiques</strong> sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’économiste en tantque tel n’est pas légitime pour prendre position. Nous choisissons <strong>les</strong> poids <strong>de</strong> telle sorte que la distribution initiale<strong>de</strong>s revenus soit considérée comme « optimale » par le planificateur en ce sens que même s’il le pouvait, c’est-à-diremême s’il était autorisé à réaliser <strong>de</strong>s transferts forfaitaires entre régions, il laisserait cette distribution intacte.La traduction mathématique <strong>de</strong> cette condition d’optimalité ex ante est donnée par le théorème <strong>de</strong> Negishi (1960),qui stipule que dans un mon<strong>de</strong> comprenant n biens, m consommateurs et p producteurs, il existe, à un facteurmultiplicatif près, une unique distribution <strong>de</strong> poids <strong>de</strong>s utilités individuel<strong>les</strong> dans la fonction d’utilité collective telleque l’équilibre résultant <strong>de</strong> la maximisation <strong>de</strong> cette fonction soit i<strong>de</strong>ntique à l’équilibre issu <strong>de</strong> la mise en placed’un marché parfait entre chacun <strong>de</strong> ces agents et correspondant à leur dotation initiale en biens. Les coefficients <strong>de</strong>Negishi (Negishi weights) sont alors égaux, à un facteur <strong>de</strong> proportionnalité près, à l’inverse <strong>de</strong> l’utilité marginale durevenu.105


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtC. Présentation <strong>de</strong>s résultatsSelon le niveau auquel on étudie <strong>les</strong> coûts et selon <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>, <strong>les</strong> résultats sontprésentés sous <strong>de</strong>s formes différentes :- Résultats pour une année donnée (% <strong>de</strong> PIB en 2010, niveau <strong>de</strong> la taxe en 2010…)- Résultats agrégés pour une pério<strong>de</strong> donnée (somme actualisée)- Résultats agrégés <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> optimale- Profil <strong>de</strong> coût sur une pério<strong>de</strong> donnée- Résultats désagrégés par secteurs ou par type <strong>de</strong> populationLes coûts présentés correspon<strong>de</strong>nt soit à une réduction par rapport à une année <strong>de</strong>référence, soit à une réduction par rapport au scénario <strong>de</strong> référence. Dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cas, celui-ciest crucial pour comprendre <strong>les</strong> résultats (cf. chapitre 5).Cette pluralité <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> présentation <strong>de</strong>s résultats nuit gran<strong>de</strong>ment au débatscientifique dans la mesure où il empêche toute comparaison efficace entre <strong>de</strong>ux résultatsprésentés sous formes différentes (le passage d'une forme à une autre ne pouvant se faire <strong>de</strong>manière simple dans la plupart <strong>de</strong>s cas).D. Utilisations possib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s résultatsAussi proprement que travaillent <strong>les</strong> modélisateurs, ils sont tous obligés <strong>de</strong> recourir à unnombre plus ou moins importants d'approximations dans leur démarche, soit dans la formulationmême du modèle, soit dans l'estimation <strong>de</strong> ses paramètres. Il convient alors d'interpréter avecprécaution <strong>les</strong> résultats fournis. Si <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> d'arbitrage entre technologies et <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>d'équilibre partiel fournissent <strong>de</strong>s estimations assez exhaustives <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s coûtstechniques liés à une mesure, l'absence <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong>s interactions implique qu'il ne fautpas comprendre ces coûts comme ceux qui s'imposent à la société mais comme <strong>les</strong> coûts engagéspar <strong>les</strong> entreprises avant <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> certains effets en retour. Les modè<strong>les</strong>macroéconomiques, parce qu'ils recourent à certaines simplifications ou approximations, nesauraient être interprétés dans une logique purement quantitative. Il convient <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>senseignements <strong>de</strong> nature qualitative (sens <strong>de</strong> variation, ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur) <strong>de</strong> ces modè<strong>les</strong>. Enoutre, dans la mesure où chacun réalise <strong>de</strong>s approximations sur <strong>de</strong>s points différents mais aussiparce que chaque modèle est spécialisé dans le traitement d'un ou plusieurs points particuliers, lacomparaison quantitative <strong>de</strong>s résultats est périlleuse. Une bonne connaissance <strong>de</strong> l'ensemble duprocessus <strong>de</strong> modélisation (<strong>de</strong> la conception au calibrage) est nécessaire pour pouvoir interpréter<strong>les</strong> différences <strong>de</strong> résultats entre <strong>de</strong>ux modè<strong>les</strong>.De même, parce que le calibrage dépend <strong>de</strong>s hypothèses retenues dans la modélisationcomme dans la détermination du scénario <strong>de</strong> référence, il est dangereux <strong>de</strong> réutiliser <strong>les</strong> valeurs<strong>de</strong> paramètres trouvées par une équipe <strong>de</strong> modélisation dans un autre modèle. Pour la mêmeraison, l'utilisation <strong>de</strong>s outputs d'un modèle comme inputs d'un autre modèle nécessite uneconnaissance parfaite <strong>de</strong>s conditions dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> outputs du premier ont été produits.106


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtE. Vers un essai <strong>de</strong> clarification : au cœur <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> coût1. Un concept faussement trivialDans <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s ou modè<strong>les</strong> s'intéressant à l'évaluation <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> luttecontre l'effet <strong>de</strong> serre, <strong>les</strong> résultats sont présentés sous la forme d'un indicateur a priori simple : lecoût par tonne abattue ou évitée. Or tant le concept <strong>de</strong> coût que celui <strong>de</strong> tonne posent <strong>de</strong>sproblèmes méthodologiques complexes. Sans négliger l'importance du calcul du dénominateurdans la validité et la compréhension <strong>de</strong> l'indicateur, nous nous concentrerons dans la présenteétu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> problèmes méthodologiques liés à la notion <strong>de</strong> coûts.Pour revenir au cœur même <strong>de</strong> la notion, un coût est la conjugaison d'un élémentphysique et d'un système <strong>de</strong> prix. Un coût ne va donc pouroir être compris que dans un système<strong>de</strong> prix donné. Il convient donc <strong>de</strong> parfaitement comprendre, et donc d'expliciter, comments'établit le système prix, notamment si l’on compare <strong>les</strong> coûts domestiques aux coûts importés.En outre, il faut étudier comment ce système <strong>de</strong> prix va être modifié par le "paquet" <strong>de</strong> mesuresconsidéré. Pour cela, il convient d'analyser <strong>les</strong> effets :- <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong> la taxe carbone implicite ;- du recyclage <strong>de</strong>s recettes d’une éco-fiscalité ou <strong>de</strong> PEN vendus aux enchères ;- <strong>de</strong> la modification <strong>de</strong>s marges (rémunérations <strong>de</strong>s capitaux) ;- <strong>de</strong> la modification <strong>de</strong>s taux d’intérêts ;- <strong>de</strong> la modification <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l’échange.L’incertitu<strong>de</strong> sur ces paramètres peut être aussi importante que celle sur <strong>les</strong> coefficientstechniques.2. Affectation <strong>de</strong>s coûtsUne fois le système <strong>de</strong> prix <strong>de</strong> référence explicité, la question se pose <strong>de</strong> l’additionnalitéet <strong>de</strong> l’affectation <strong>de</strong>s coûts. Pour y répondre, on doit s'interroger sur le caractère isolé ou non <strong>de</strong>la mesure dont on cherche à évaluer le coût, puis évaluer sa contribution additionnelle àl’objectif environnemental si elle n'est pas isolée. La difficulté que l'on rencontre alors est liée aucaractère multi-objectifs <strong>de</strong> certaines mesures. Les pouvoirs publics définissent en effet <strong>de</strong>s« paquets <strong>de</strong> mesures » formant un ensemble cohérent permettant <strong>de</strong> remplir plusieurs objectifs,éventuellement <strong>de</strong> nature différente, que le gouvernement s'est fixé. Il est donc nécessaire <strong>de</strong>clairement i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> interactions possib<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> différentes <strong>politiques</strong>, environnementa<strong>les</strong>ou non.3. Détermination du point <strong>de</strong> comparaisonUn coût est par essence défini comme l'ensemble <strong>de</strong>s ressources à affecter au passaged'une situation à une autre. Or la définition <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux situations n'est pas fixe. Il faut enpremier lieu définir le scénario <strong>de</strong> référence à la fois en termes <strong>de</strong> consommation énergétique et<strong>de</strong> système <strong>de</strong> prix énergétique (volume <strong>de</strong>s gisements à coût négatif, imperfections fisca<strong>les</strong>…).Puis il convient <strong>de</strong> s'interroger sur <strong>les</strong> éventuels bénéfices qui apparaissent dans la nouvel<strong>les</strong>ituation et sur la part qui peut être retranchée lors <strong>de</strong> l'évaluation du coût.107


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coût4. Cohérence <strong>de</strong>s chronogrammesL'introduction d'une mesure environnementale a <strong>de</strong>s effets qui s'inscrivent dans troistemporalités différentes :- chronogramme <strong>de</strong>s flux financiers : <strong>les</strong> coûts et <strong>les</strong> éventuel<strong>les</strong> économies se déroulentdans le temps. Néanmoins, la comparaison <strong>de</strong> flux est un exercice délicat et on cherche àexprimer à l’ai<strong>de</strong> d’un scalaire <strong>les</strong> résultats qui se déroulent dans le temps. Intervient alors unedémarche d’actualisation qui pose le problème <strong>de</strong> la valeur du taux d’actualisation à retenir.- chronogramme <strong>de</strong>s flux techniques : problème <strong>de</strong> décalage entre <strong>les</strong> dépenses et <strong>les</strong>abattements qui est lié à celui <strong>de</strong>s différences d’inertie selon <strong>les</strong> secteurs.- chronogramme <strong>de</strong>s flux d’abattement physique.5. Que représente une tonne abattue ?A chaque politique est associé un flux <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. La métho<strong>de</strong> choisiepour traduire ce flux <strong>de</strong> réductions en un scalaire auquel on rapportera <strong>les</strong> coûts calculés influeconsidérablement sur la valeur trouvée du coût par tonne. Trois métriques physiques coexistentdans la littérature : la métrique <strong>de</strong> sommation <strong>de</strong>s flux, la métrique <strong>de</strong>s stocks moyens et lamétrique <strong>de</strong>s flux actualisés.La métrique <strong>de</strong> sommation <strong>de</strong>s flux, <strong>de</strong> durée T est définie mathématiquement par :T( ) ( )msff = ∫ f t dtoù f(t) représente le flux d'abattement à la pério<strong>de</strong> t. L'unité <strong>de</strong> cette métrique est la tonne <strong>de</strong>carbone. Cette métrique associe au projet le cumul <strong>de</strong>s tonnes séquestrées à l'horizon T du projet.Avec cette métrique, on évalue donc le coût actualisé du stock constitué à la fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong>. CeTstock est donné par ∫ f()t dt. Dans le cas <strong>de</strong>s flux constants, f(t) = f , on retrouve une métho<strong>de</strong>0utilisée par la plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s bottom-up d'évaluation <strong>de</strong>s coût d'abattement.On appelle métrique <strong>de</strong>s stocks moyens, <strong>de</strong> durée T, la métrique ainsi définie :T t1msm( f ) = f () s ds dtT∫∫L'unité <strong>de</strong> cette métrique est la tonne <strong>de</strong> carbone. Cette métrique associe au projet lamoyenne du stock d'abattement. Cette métrique permet <strong>de</strong> transcrire partiellement la structuretemporelle <strong>de</strong>s flux d'abattement : en l'utilisant, on évalue le coût actualisé du stock additionneltmoyen <strong>de</strong> carbone lié au projet. Un tel stock additionnel, à un instant t est égal à f()s ds, oùf (s) est le flux d'abattement annuel net. L'intérêt <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> est <strong>de</strong> permettre unerémunération différenciée du carbone en fonction <strong>de</strong> la dynamique temporelle <strong>de</strong> stockage,même dans <strong>les</strong> cas où <strong>les</strong> flux nets cumulés sont i<strong>de</strong>ntiques : <strong>les</strong> projets entraînant un abattementtardif sont pénalisés. Comparons par exemple <strong>de</strong>ux projets réduisant <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong>carbone (CO 2 ) <strong>de</strong> X tonnes par rapport au scénario <strong>de</strong> référence sur la pério<strong>de</strong> considérée (d'une000∫0108


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtdurée <strong>de</strong> 10 ans). Supposons que soit associé à ces projets un coût actualisé i<strong>de</strong>ntique C tot maisque <strong>les</strong> flux temporels d'abattement diffèrent : le premier projet se traduit par un abattement <strong>de</strong>sX tonnes au bout <strong>de</strong> la première année, tandis que le second ne se traduit par un abattement <strong>de</strong>sX tonnes qu'au bout <strong>de</strong> neuf ans. Le tableau II.1 présente le calcul <strong>de</strong>s tonnes abattues selon lamétrique du stock moyen pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux projets.Tableau II.1. Comparaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux projets à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la métrique <strong>de</strong>s stocks moyens 15Projet 1Projet 2Fluxd'abattementStockd'abattementFluxd'abattementStockd'abattement1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 MoyenneX 0 0 0 0 0 0 0 0 0X100 X X X X X X X X X9X100 0 0 0 0 0 0 0 X 0 X100 0 0 0 0 0 0 0 0 X X10Le coût <strong>de</strong> la tonne <strong>de</strong> carbone dans le premier cas est alors égal à :et dans le second :C 10C C= = 1,19X 9 X X10tot tot totCtotX10C= 10XtotL'application <strong>de</strong> la métrique <strong>de</strong>s stocks moyens conduit donc à <strong>de</strong>s coûts inférieurs pourle projet qui réalise <strong>les</strong> abattements le plus tôt alors que la métrique <strong>de</strong>s flux cumulés auraitconduit à <strong>de</strong>s coûts similaires.Enfin, la métrique <strong>de</strong>s flux actualisés, <strong>de</strong> durée T, est définie par :T( ) ( )−ρtmfaf f t e dt0= ∫où ρ est la taux d'actualisation. L'unité <strong>de</strong> cette métrique est appelée équivalent tonnes nettesprésentes. Elle associe au projet la somme actualisée <strong>de</strong>s flux d'abattement.Normalement, seu<strong>les</strong> <strong>de</strong>s considérations physico-<strong>climatiques</strong> <strong>de</strong>vraient permettred'évaluer le taux auquel il convient d'actualiser <strong>les</strong> tonnes abattues en fournissant le coefficientd'équivalence entre <strong>de</strong>ux tonnes. Mais lorsque le marché intervient, cette équivalence impliqueque le prix <strong>de</strong> la tonne <strong>de</strong> carbone va croître au taux d'actualisation. Aussi, pour réaliser unecourbe <strong>de</strong> coût dans un cadre bottom-up, il convient <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s hypothèses sur l'évolution duprix du carbone et la courbe trouvée dépend alors fondamentalement <strong>de</strong> ces hypothèses.15 Cet exemple est issu <strong>de</strong> la thèse <strong>de</strong> V. Gitz (2004).109


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtAfin <strong>de</strong> clarifier l'impact <strong>de</strong> cette métrique sur l'évaluation <strong>de</strong>s coûts, étudions un projetpermettant <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> X tonnes sur 10 ans au rythme constant <strong>de</strong> X/10 tonnesXpar an : f(t) = . Le coût actualisé <strong>de</strong> ce projet est égal à C tot . On actualisera <strong>les</strong> tonnes abattues10à un taux <strong>de</strong> 5% par an. Le tableau suivant illustre que la métrique <strong>de</strong> sommation <strong>de</strong> flux aboutitau coût par tonne le plus faible tandis que la métrique du stock moyen aboutit au coûtd'abattement le plus élevé.Tableau II.2. Comparaison <strong>de</strong>s coûts en fonction <strong>de</strong> la métrique choisieMétrique Sommation <strong>de</strong>s flux Stock moyen Flux actualisésTonnes ou tonnes actualisées X5X100,77XCoût par tonneC totC totCtot Ctot2 = 1,295XX 0,77X XII.Evolution dynamique <strong>de</strong>s coûtsQu'elle constitue un input ou un output d'un modèle, qu'elle représente <strong>de</strong>s coûtstechniques ou <strong>de</strong>s coûts macroéconomiques, une courbe <strong>de</strong> CmA n'est définie qu'à un instantdonné du temps. Elle donne la valeur du signal à envoyer pour atteindre un objectif <strong>de</strong> réductiondonné à ce moment du temps. Or, une politique <strong>de</strong> mitigation n'a <strong>de</strong> sens que si elle est suiviedans le temps. Rien ne permet <strong>de</strong> dire qu'en maintenant constant le signal-prix, on obtiennetoujours le même montant <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. Cette partie s'intéresse donc à i<strong>de</strong>ntifier<strong>les</strong> facteurs économiques qui peuvent entraîner un déplacement dans le plan <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong>CmA au cours du temps. Dans la mesure où une partie <strong>de</strong> ces facteurs va dépendre du chemind'abattement suivi, on va mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s phénomènes autant entraînant au cours dutemps. Cette analyse ai<strong>de</strong> à comprendre <strong>les</strong> mécanismes qui peuvent jouer lorsque l'on cherche àoptimiser le timing <strong>de</strong>s réductions d'émissions pour atteindre un objectif <strong>de</strong> concentration donnéà une certaine date.110


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtA. Présentation <strong>de</strong> l'objetAfin <strong>de</strong> réaliser l'analyse <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong> coût dans le temps, nous partironsd'une courbe <strong>de</strong> coût exprimée en tonne abattue par rapport au scénario <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> la formesuivante :Figure II.12. Courbe <strong>de</strong> coût marginal par tonne abattuepar rapport au scénario <strong>de</strong> référenceCoût marginal(en $/tC)Tonne <strong>de</strong> CO 2 évitéeIl s'agit du CmA à une échéance donnée en fonction <strong>de</strong> l'effort <strong>de</strong> réduction d'émissionpar rapport au scénario <strong>de</strong> référence qui aura été réalisé durant la pério<strong>de</strong> considérée. On voitque, dans un premier temps, le coût marginal est négatif, ce qui correspond à un potentiel <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions sans regret. Puis il <strong>de</strong>vient positif au-<strong>de</strong>là d'un certain montant <strong>de</strong>réduction. Ce coût est calculé par rapport à un scénario <strong>de</strong> référence qui correspond à un scénarionon interventionniste dont la définition est donc cruciale dans la détermination <strong>de</strong>s coûts.L'existence d'un potentiel sans regret implique que ce <strong>de</strong>rnier n'a pas été utilisé dans <strong>les</strong>cénario <strong>de</strong> référence et que celui-ci n'est donc pas optimal. La courbe présentée ci-<strong>de</strong>ssus nesaurait donc être issue d'un modèle d'optimisation qui intègre par définition l'utilisation dupotentiel sans regret au scénario <strong>de</strong> référence. Il ne s'agit pas non plus d'une courbe issue d'unmodèle bottom-up car elle peut intégrer <strong>les</strong> bouclages macroéconomiques et témoigner d'autrechose que d'un simple coût technique. Il s'agit donc plutôt d'une courbe <strong>de</strong> coût "théorique" bienqu'il puisse paraître un peu schizophrénique <strong>de</strong> théoriser un objet qui, par nature, est produit parun modèle appliqué.111


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtB. Déterminants <strong>de</strong> l'évolution d'une pério<strong>de</strong> à une autre1. Evolution du contexte économique appréhendée dans le scénario <strong>de</strong>référenceOn s'intéresse ici à l'évolution <strong>de</strong> cette courbe au cours <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s successives. Commele coût <strong>de</strong> réduction est évalué par rapport à un scénario <strong>de</strong> référence, il est pertinent <strong>de</strong> séparer,dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la modification du contexte économique d'une pério<strong>de</strong> à l'autre pouvant avoir unimpact sur la courbe <strong>de</strong> CmA, ce qui va être intégré au scénario <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> ce qui ne va pasl'être. En effet, la modification <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA d'une pério<strong>de</strong> à l'autre est due,premièrement, à l'évolution du contexte économique à chaque pério<strong>de</strong> telle qu'elle estappréhendée dans le scénario <strong>de</strong> référence et, <strong>de</strong>uxièmement, aux modifications liées àl'introduction d'une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions qui change la trajectoire sur laquelle onse trouve dès le début <strong>de</strong> la nouvelle pério<strong>de</strong> sans pour autant que ceci soit pris en compte dans <strong>les</strong>cénario <strong>de</strong> référence initial. Deux cas <strong>de</strong> figure se présentent en fait :1. Toutes <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s que l'on considère sont incluses dans le scénario <strong>de</strong> référence. Dans cecas, <strong>les</strong> courbes <strong>de</strong> CmA pour chaque pério<strong>de</strong> peuvent être déterminées dès l'origine enprenant en compte l'évolution du contexte dans le scénario <strong>de</strong> référence et seule lapolitique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions peut modifier ces courbes.2. Au début <strong>de</strong> chaque nouvelle pério<strong>de</strong>, un nouveau scénario <strong>de</strong> référence peut être construitqui intègre <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> informations concernant l'ensemble <strong>de</strong>s déterminants <strong>de</strong>l'évolution économique et éventuellement, la politique environnementale passée. Ondéfinira dans cette thèse le scénario tendanciel comme étant le scénario <strong>de</strong> référence quiintègre au fur et à mesure qu'el<strong>les</strong> se produisent <strong>les</strong> modifications du contexte socioenvironementalo-économiquequi peuvent influencer le scénario <strong>de</strong> référence. Il s'agitdonc d'intégrer à chaque instant l'ensemble <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>s choix passés sur le scénario quise produirait en l'absence <strong>de</strong> la mise en œuvre ou <strong>de</strong> la poursuite d'une politique <strong>de</strong> luttecontre le changement climatique. Les <strong>de</strong>ux origines <strong>de</strong> la modification <strong>de</strong> la CmA sontalors fusionnées dans la construction du nouveau scénario <strong>de</strong> référence. Pour autant, lacourbe CmA n'aura pas nécessairement la même forme à chaque pério<strong>de</strong>.a. Analyse à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> KayaNous étudions donc dans un premier temps l'évolution du contexte dans lequel <strong>les</strong>réductions sont entreprises d'une pério<strong>de</strong> à l'autre tel qu'il est décrit dans le scénario <strong>de</strong> référenceet qui peut éventuellement modifier la forme <strong>de</strong> la courbe CmA. Nous avons pour cela recours àl'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya (1990), qui propose <strong>de</strong> relier (en impliquant un lien causal implicite) <strong>les</strong>émissions <strong>de</strong> CO 2 à quatre gran<strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> : la démographie (POP), le produit intérieur brut(PIB) par tête, le contenu énergétique du PIB et le contenu en carbone <strong>de</strong> la productionénergétique. L'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya s'écrit :PIB Nrj CO2CO2= POP * * *POP PIB Nrj112


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtChacune <strong>de</strong>s composantes <strong>de</strong> cette i<strong>de</strong>ntité va évoluer d'une pério<strong>de</strong> à l'autre et doncinfluencer la forme et l'emplacement <strong>de</strong> la CmA dans le plan :1. Démographie : Une démographie croissante va entraîner une pression à la hausse sur <strong>les</strong>émissions. Mais cette pression est incluse dans le scénario <strong>de</strong> référence et rien a priori nepermet <strong>de</strong> penser que la démographie va avoir une influence sur la courbe <strong>de</strong> CmA, sauf àintégrer <strong>de</strong>s effets d'échelle qui peuvent réduire <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions etdonc entraîner un étirement horizontal <strong>de</strong> la courbe CmA et peut-être un déplacement versle bas si, par exemple, certaines techniques sans regret ne peuvent être implémentées qu'àpartir d'une certaine échelle.2. Croissance économique : une économie à la croissance soutenue se trouve face audilemme suivant : d'un côté, la croissance permet un accroissement rapi<strong>de</strong> du capital etoffre donc un nombre important d'opportunités d'installation <strong>de</strong> technologies efficientes oufaiblement carbonées ; mais, d'un autre côté, un taux <strong>de</strong> croissance élevé se traduit par uneplus gran<strong>de</strong> consommation énergétique. Cependant, si le second effet est intégré auscénario <strong>de</strong> référence, le premier ne peut l'être car il ne joue que dans le cadre d'unepolitique volontariste. Il est donc tentant d’affirmer que <strong>les</strong> opportunités <strong>de</strong> réduction sont« dilatées » par la croissance, c’est-à-dire que la croissance augmente le volume <strong>de</strong>réductions possib<strong>les</strong> à un prix donné. Par exemple, l’augmentation avec la construction <strong>de</strong>nouvel<strong>les</strong> maisons bon marché du nombre d’ampou<strong>les</strong> peu efficaces en service 16 créeautant <strong>de</strong> possibilités nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> leur substituer <strong>de</strong>s ampou<strong>les</strong> à haute efficacité, pour unprix i<strong>de</strong>ntique (modulo la baisse du prix unitaire due au changement technique, cf.paragraphe suivant). Le sens <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> dilatation <strong>de</strong> la croissance sur une courbe <strong>de</strong>coût marginal dont l’axe <strong>de</strong>s abscisses (niveau d’abattement) est exprimé en volume <strong>de</strong>réductions semble clair : la courbe sera aplatie, ou autrement dit étirée horizontalement.Mais en fait il est difficile <strong>de</strong> dire si elle sera étirée avec la même amplitu<strong>de</strong> pour tous <strong>les</strong>niveaux <strong>de</strong> prix, ce qui reviendrait à implicitement considérer que l’économie subit unehomothétie donc que la croissance est homogène entre <strong>les</strong> secteurs. Or il est clair qu'aucours <strong>de</strong> sa croissance, une économie subit généralement <strong>de</strong>s changements structurels etn’est donc pas uniformément dilatée. Il est même possible que, du fait <strong>de</strong> certains secteursen récession au sein d’une économie globalement en croissance, dans <strong>les</strong>quels <strong>les</strong>opportunités <strong>de</strong> réduction à bas coût étaient nombreuses, la croissance soit accompagnéenon plus d’un étirement <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> coût mais d’un rétrécissement horizontal pourcertains niveaux <strong>de</strong> prix. En résumé rien ne permet <strong>de</strong> préciser finement l'évolution due àl’augmentation globale du volume <strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA entre <strong>de</strong>uxpério<strong>de</strong>s.3. Intensité énergétique : l'intensité énergétique peut évoluer en l'absence <strong>de</strong> politiqueinterventionniste. Sa diminution peut être par exemple liée à la diffusion d'une technologiepour <strong>de</strong>s raisons autres qu'environnementa<strong>les</strong> (exploitation d'un potentiel sans regret) etpeut, si l'on prend en compte <strong>de</strong>s effets d'échelle et d'apprentissage, aboutir à la réductiondu CmA. Certes, cette intensité peut également augmenter, mais c'est une évolutioncontraire à ce que l'on a globalement observé jusqu'à présent (cf. Chapitre 3), sauf pourl'Afrique, le Moyen Orient et l'ex-URSS, comme l'illustre le tableau II.3. Il convientcependant <strong>de</strong> noter que cette intensité énergétique est calculée à l'ai<strong>de</strong> du PIB exprimé en16 Car, dans le scénario <strong>de</strong> référence, il n'y a aucune raison pour que <strong>les</strong> ampou<strong>les</strong> efficaces qui n'étaient pasadoptées à la première pério<strong>de</strong> le <strong>de</strong>viennent à la secon<strong>de</strong>, sauf à considérer qu'il s'agit d'une technologie émergentequi va se diffuser progressivement, ce qui implique implicitement un progrès technique lié à cette technologie (cf.infra).113


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtdollar et que la forte dépréciation du rouble après la chute du mur <strong>de</strong> Berlin diminueartificiellement la valeur du PIB, ce qui explique en partie l'accroissement <strong>de</strong> l'intensitéénergétique observé.4. Contenu carbone <strong>de</strong> l'énergie : là encore, un certain nombre <strong>de</strong> facteurs noninterventionnistes peuvent expliquer la modification du contenu carbone <strong>de</strong> l'énergie. Leprincipal <strong>de</strong>meure la modification <strong>de</strong> l'importance relative <strong>de</strong>s sources d'énergie carbonéespar rapport aux autres qui peut en particulier réduire l'intensité carbone <strong>de</strong> l'énergie.Toutefois, il <strong>de</strong>meure hasar<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> chercher l'impact <strong>de</strong> cette modification autonome surla courbe <strong>de</strong> CmA.Tableau II.3. Taux <strong>de</strong> croissance annuel <strong>de</strong> l'intensité énergétique entre 1971 et 2000(en TEP par US$1995)1971-1981 1981-1990 1990-2000 1971-2000Mon<strong>de</strong> -0,84% -0,81% -1,08% -0,91%OCDE Amérique du Nord -1,86% -2,00% -1,38% -1,74%OCDE Europe -1,10% -1,39% -1,15% -1,21%OCDE Pacifique -1,35% -0,68% 1,04% -0,33%Total OCDE -1,57% -1,72% -0,75% -1,34%Afrique 0,72% 1,36% 0,20% 0,74%Moyen-Orient 7,42% 6,23% 3,06% 5,53%Europe non-OCDE -1,65% 0,84% -2,88% -1,32%Ex-URSS -0,67% 2,80% 0,71% 0,87%Amérique Latine -1,07% 0,34% -0,15% -0,31%Asie -1,60% -1,32% -1,42% -1,45%Chine -1,86% -4,06% -5,81% -3,92%Total non-OCDE -0,40% 0,98% -1,99% -0,53%Source : d'après AIE, 2002.b. Changement technique autonomeLe changement technique dit « autonome » peut avoir, sur <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s émissions, principalement <strong>de</strong>ux effets clairement i<strong>de</strong>ntifiés : faire émerger <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong>solutions techniques, diminuer le coût d’options existantes. On peut donc décomposer <strong>les</strong> effetssecondaires <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux bienfaits du progrès technique en <strong>de</strong>ux :- du fait <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong>s prix, la courbe est revue à la baisse : tous ses points sont« <strong>de</strong>scendus » verticalement ;- il faut rajouter à cela <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> opportunités existant grâce à <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong>solutions techniques, qui viennent s’intercaler dans la courbe <strong>de</strong> coût et renforcent lerésultat précé<strong>de</strong>nt mais <strong>de</strong> manière non uniforme.114


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtOn voit donc que, bien qu'inclus dans le scénario <strong>de</strong> référence par rapport auquel <strong>les</strong>coûts sont calculés, <strong>les</strong> modifications qui affectent ces variab<strong>les</strong> macroéconomiques peuventégalement modifier la forme et l'emplacement dans le plan <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA. Mais il existeégalement entre <strong>les</strong> courbes <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s successives <strong>de</strong>s liens dynamiques liés aux réductionsentreprises, autrement dit à l’écartement <strong>de</strong> la trajectoire réelle par rapport au scénario <strong>de</strong>référence. Il s’agit <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r quelle est la trace laissée par <strong>les</strong> abattements d’une pério<strong>de</strong>donnée dans <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s suivantes ?2. Evolution du contexte économique liée à la mise en œuvre <strong>de</strong> la politique<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissionsLe fait d'opérer <strong>de</strong>s réductions en première pério<strong>de</strong> va modifier <strong>les</strong> chemins temporelssuivis par <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> présentes dans le scénario <strong>de</strong> référence et donc entraîner une modification<strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong> CmA d'une pério<strong>de</strong> à l'autre lorsque le scénario <strong>de</strong> référence n'est pas ajusté àchaque étape en fonction <strong>de</strong>s réductions effectuées. Ces réductions vont affecter dynamiquement<strong>les</strong> courbes <strong>de</strong> CmA via cinq principaux canaux dont l'étu<strong>de</strong> constituera <strong>les</strong> cinq prochaines sousparties.a. Croissance induiteEn favorisant l'utilisation <strong>de</strong> potentiel sans regret, en améliorant éventuellement le cadrefiscal et en entraînant une réorganisation <strong>de</strong> l'économie dans son ensemble, la politique <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions peut se traduire par une croissance accrue qui permet <strong>de</strong> réduire le coûtd'une tonne abattue via <strong>les</strong> mécanismes décrits précé<strong>de</strong>mment. Mais la politiqueenvironnementale peut également, comme c'est le cas dans la plupart <strong>de</strong>s modélisations chiffrées,entraîner une réduction <strong>de</strong> la croissance et donc orienter à la hausse le CmA.b. Modification <strong>de</strong>s comportements et <strong>de</strong>s préférencesDe même, <strong>les</strong> incitations à réduire <strong>les</strong> émissions fournies aux consommateurs ou auxentrepreneurs (comme une taxe sur <strong>les</strong> transports « sa<strong>les</strong> » ou <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s pour acquérir <strong>de</strong>séquipements plus efficaces), sont susceptib<strong>les</strong> d’avoir <strong>de</strong>s effets induits. Des incitations fortessur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 5 ans pour que <strong>les</strong> citadins prennent <strong>les</strong> transports collectifs peuvent déplacer<strong>les</strong> habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ces citadins, et à la pério<strong>de</strong> suivante, ceux-ci continueront en partie à gar<strong>de</strong>r ceshabitu<strong>de</strong>s. Autrement dit, si <strong>les</strong> incitations cessaient à la pério<strong>de</strong> suivante, on ne retournerait pasimmédiatement à la situation initiale : une partie <strong>de</strong>s gens aurait vendu leur voiture et/ou se seraitorganisés autour <strong>de</strong>s transports en commun. Economiquement parlant, cela signifie que soit <strong>les</strong>incitations auront modifié <strong>les</strong> élasticités <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>s individus en révisant lapondération <strong>de</strong> l'environnement dans l'utilité via une prise <strong>de</strong> conscience environnementale, soit<strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> incorporent <strong>de</strong>s effets d'habitu<strong>de</strong>s. Il est probable que l’effet <strong>de</strong> cemécanisme sur la courbe <strong>de</strong> coût sera <strong>de</strong> diminuer le coût <strong>de</strong>s réductions associées à cescomportements puisque, avec une incitation moins forte, on aboutit aux mêmes résultats entermes environnementaux que précé<strong>de</strong>mment. Dans le même temps, une modification <strong>de</strong>shabitu<strong>de</strong>s n'est pas une mesure qui peut se répéter indéfiniment et une fois <strong>les</strong> nouveauxcomportements adoptés, le potentiel <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions liée à cette modificationcomportementale disparaît. L'effet total est a priori indéterminé.115


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtc. Changement technique induitLe fait d’entreprendre <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> réduction permet d’accélérer l’innovation et <strong>les</strong>efforts <strong>de</strong> recherche et développement pour <strong>les</strong> technologies propres. Cette induction estparticulièrement difficile à quantifier, et aucun modèle top-down ne fournit encore une<strong>de</strong>scription correcte <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> recherche et développement (cf. IPCC, 2001). L’effet duprogrès technique induit peut être décrit comme celui du progrès technique autonome, mais il estdifficile <strong>de</strong> déterminer son sens <strong>de</strong> manière qualitative. En revanche, ce progrès technique induitn'apparaissant pas dans le scénario <strong>de</strong> référence, il se traduit par un déplacement <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong>CmA entre <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s tel que décrit précé<strong>de</strong>mment.Tous <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> minimisation dynamique <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> stabilisation montrent l'intérêtqu'il existe à reporter l'effort <strong>de</strong> réduction. L'importance <strong>de</strong> ce report dépend pour une large partdu traitement du changement technique. Bien que, pour l'instant, aucune théorie complète etcohérente <strong>de</strong> croissance endogène n'existe, <strong>de</strong>ux éléments ont été i<strong>de</strong>ntifiés et largement explorésdans la littérature : le progrès technique induit et l'effet apprentissage (learning by doing)(Arrow, 1962). Les travaux <strong>de</strong> Ha-Duong et al. (1997), Grubb et al. (1995), Grubb (1997) etKypreos et Barreto (1999) étudient la modification <strong>de</strong>s résultats impliquée par la prise en compte duprogrès technique induit, <strong>de</strong> l'effet d'apprentissage et <strong>de</strong> l'inertie dans un cadre d'incertitu<strong>de</strong> etconcluent à l'intérêt <strong>de</strong> reporter dans le temps <strong>de</strong> manière appropriée <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> réduction. De leurcôté, Goul<strong>de</strong>r et Mathai (2000) on montré que, lorsque le canal du progrès technique est la R&D(recherche et développement), le progrès technique induit rend préférable la concentration <strong>de</strong>sefforts dans le futur car il diminue <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>s abattements futurs relativement aux abattementsactuels. En revanche, lorsque le canal du progrès technique est l'effet d'apprentissage, le progrèstechnique induit implique <strong>de</strong>ux conséquences jouant en sens opposé : d'un côté il rend <strong>les</strong> coûtsd'abattement futurs relativement moins élevés que <strong>les</strong> coûts présents mais, d'un autre côté,l'abattement présent possè<strong>de</strong> une valeur ajoutée par rapport à l'abattement futur puisqu'il correspondà une expérience permettant l'apprentissage et donc la réduction <strong>de</strong>s coûts futurs. L'un ou l'autre <strong>de</strong>seffets l'emporte selon <strong>les</strong> hypothèses que l'on retient et <strong>les</strong> entreprises que l'on considère.d. Stock <strong>de</strong> capital et inertiePlus l'inertie <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> consommation est importante, plus <strong>les</strong>coûts <strong>de</strong> limitation <strong>de</strong>s émissions seront liés au profil temporel <strong>de</strong>s abattements. Mais cetteinertie détermine également la perte <strong>de</strong> bien-être <strong>de</strong>s consommateurs. Si le nombre <strong>de</strong>salternatives disponib<strong>les</strong> est faible, le consommateur aura tendance à en souffrir durant la pério<strong>de</strong><strong>de</strong> transition.Le stock <strong>de</strong> capital produisant et consommant <strong>de</strong> l'énergie a une durée <strong>de</strong> vie longue etdonc une réduction immédiatement importante <strong>de</strong>s émissions implique un remplacement <strong>de</strong> cecapital avant qu'il soit arrivé en fin <strong>de</strong> vie, ce qui est coûteux. Plus généralement, le stock <strong>de</strong>capital peut être divisé en trois :- <strong>les</strong> équipements d'usage final qui ont une durée <strong>de</strong> vie courte et peuvent donc êtreremplacés en quelques années ;- <strong>les</strong> infrastructures, bâtiments et sites <strong>de</strong> production qui ne sauraient être entièrementremplacés en moins <strong>de</strong> cinquante ans ;- le capital lié à l'aménagement du territoire dont la périodicité <strong>de</strong> remplacements'exprime en sièc<strong>les</strong>.116


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtLes offres et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s biens et services dans ces trois domaines sont reliées entreel<strong>les</strong> <strong>de</strong> manière complexe (Grubb et al., 1995 ; Grubb, 1997 ; Jaccard et al., 1997).Ces différents stocks <strong>de</strong> capitaux nous amènent à classer <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> réduction en <strong>de</strong>uxcatégories :• <strong>les</strong> projets <strong>de</strong> courte durée, couvrant uniquement la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> décision, soit <strong>de</strong> type"subventions vertes", pour <strong>de</strong>s acteurs ayant un certain consentement à recevoir pourchanger leur comportement en un comportement moins émetteur, soit <strong>de</strong> type"investissement <strong>de</strong> court-terme", parmi <strong>les</strong>quels un certain nombre d’aménagements"end-of-pipe 17 " pour neutraliser ou capter une partie <strong>de</strong>s polluants.• <strong>les</strong> projets <strong>de</strong> longue durée, couvrant tous <strong>les</strong> investissements dont <strong>les</strong> effets en terme <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions et <strong>de</strong> financement s’étalent sur plusieurs pério<strong>de</strong>s. Par exemple,<strong>les</strong> changements <strong>de</strong> technologie <strong>de</strong> production d’électricité constituent <strong>de</strong>s projets dontl’horizon est supérieur à 20 ans.La secon<strong>de</strong> catégorie <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> réduction a <strong>de</strong>s effets qui dépassent largement leurpério<strong>de</strong> <strong>de</strong> lancement. Par exemple, si un gouvernement (e.g. l'Allemagne) déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> relancer unprogramme nucléaire qui a été mis en veille, <strong>les</strong> réductions dues à ce programme seront <strong>de</strong> faitréalisées pendant plusieurs pério<strong>de</strong>s par rapport à un scénario business as usual (BAU) fondé surun mix d’énergies fossi<strong>les</strong>. Il est vrai que <strong>les</strong> coûts seront eux aussi supportés pendant <strong>les</strong>pério<strong>de</strong>s suivantes, et que, finalement, cela revient à dire que <strong>les</strong> potentiels <strong>de</strong> réduction existentencore aux pério<strong>de</strong>s suivantes, au coût moyen annualisé <strong>de</strong>s investissements <strong>de</strong> premièrepério<strong>de</strong>. La nuance importante est que ces réductions seront réalisées quoi qu’il arrive, quel quesoit le régime d’engagement <strong>de</strong> réduction au cours <strong>de</strong> ces pério<strong>de</strong>s suivantes. Pour traduire celasur la courbe <strong>de</strong> coût marginal <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s suivantes, il faudrait graduer l’axe <strong>de</strong>s abscisses nonplus à partir <strong>de</strong> zéro mais à partir du volume <strong>de</strong>s abattements « obligatoires » dus aux capitaux <strong>de</strong>longue durée installés à la première pério<strong>de</strong>, sans oublier d’ajouter à la facture totale <strong>de</strong>sréductions <strong>les</strong> coûts associés à ces réductions.Enfin, l'inertie <strong>de</strong>s comportements est également à l'origine <strong>de</strong> l'irréversibilité duchangement technologique. Cette irréversibilité provient <strong>de</strong> facteurs classiquement étudiés parl'analyse économique tels que l'effet d'apprentissage, <strong>les</strong> économies d'échel<strong>les</strong> et <strong>de</strong> dimensions,<strong>de</strong>s externalités liées aux effets <strong>de</strong> réseau... Il en résulte que <strong>les</strong> choix techniques dépen<strong>de</strong>nt dumoment où ils sont opérés et entraînent <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> lock-in (Arthur, 1988). En outre, <strong>les</strong> agentsne peuvent formuler <strong>de</strong>s préférences sur <strong>de</strong>s objets dont ils ne connaissent rien encore. Il est doncprobable que <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies pénètrent sur <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> manière classique, à savoiren suivant une courbe en S (DeCanio et Watkins, 1996).e. Renouvellement ou éviction <strong>de</strong>s opportunitésLe problème du capital <strong>de</strong> long-terme mentionné ci-<strong>de</strong>ssus fait émerger une questionsubsidiaire : si <strong>les</strong> opportunités <strong>de</strong> réduction sur du capital <strong>de</strong> long-terme (industrie, énergie,construction d’infrastructures <strong>de</strong> transports en commun, etc.) qui sont à bas coûts sont saisies à lapremière pério<strong>de</strong>, qu’en sera-t-il <strong>de</strong> ce type d’opportunités pour <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s suivantes ? Celarevient à supposer que la frontière <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> production représentée dans la figure II.317 On parle <strong>de</strong> projets end of pipe pour qualifier une mesure d'abattement qui ne modifie pas le processus <strong>de</strong>production mais se place à l'issue <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier pour capturer et/ou limiter <strong>les</strong> émissions.117


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtse déplace au cours du temps, comme l'illustre la figure II.13 ci-<strong>de</strong>ssous. Si l'on se situaitinitialement au point I et que l'on s'est déplacé vers <strong>les</strong> points A, B ou C, alors, en ces points quiappartiennent à l'ancienne frontière <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> production apparaissent <strong>de</strong> nouveauxpotentiels sans regrets que l'on peut utiliser. De même, si initialement on se trouvait sur lapremière frontière <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> production (I'), celle-ci s'étant déplacée, on peut bénéficieren secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s potentiels sans regrets apparus.Figure II.13. Evolution dynamique <strong>de</strong> la frontière <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> productionet potentiel sans regretPotentiel <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s émissions.B'BC'ICI'AA'ProductionCeci amène à redéfinir la notion <strong>de</strong> potentiel sans regret. Pour cela, il convient <strong>de</strong>s'interroger sur la nature <strong>de</strong> la frontière présente sur la figure II.3 et II.13, et plus précisément surla mesure dans laquelle l'introduction ou l'exploitation d'une nouvelle technologie va impliquerun déplacement <strong>de</strong> cette frontière. Par ce qu'il implique en termes <strong>de</strong> mise en œuvre d'unecertaine dynamique d'évolution (effet d'apprentissage, orientation <strong>de</strong> la R&D, effets d'échelle…),l'investissement dans une technologie peut légitimement entraîner un déplacement <strong>de</strong> la frontièred'efficience. La nation <strong>de</strong> potentiel sans regret doit alors être analysée dans un cadre dynamiqueet une politique pourra être jugée sans regret si elle se traduit par un déplacement vers lanouvelle frontière d'efficience.Il est certain que <strong>les</strong> coûts et <strong>les</strong> réductions associés aux opportunités <strong>de</strong> long termesaisies persistent dans <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s suivantes. Mais, concernant <strong>les</strong> opportunités <strong>de</strong> long terme àbas coût dans <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s suivantes, il est légitime <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong> long terme bon marché vont émerger ou si <strong>les</strong> réalisations <strong>de</strong> la première pério<strong>de</strong>ôtent toute possibilité <strong>de</strong> long terme bon marché. La réponse nous semble assez tranchée enfaveur du renouvellement <strong>de</strong>s opportunités. En effet, nous nous situons à la marge d’un scénario<strong>de</strong> croissance BAU pour juger <strong>de</strong> l’abattement effectué. Dans ce scénario <strong>de</strong> croissance, lecapital <strong>de</strong> long terme est renouvelé et augmenté selon une certaine dynamique et en fonction <strong>de</strong>certaines durées <strong>de</strong> vie. Les opportunités <strong>de</strong> réduction à bas coût sur ce capital correspon<strong>de</strong>nt à<strong>de</strong>s choix plus "propres" au moment du renouvellement du capital ou à <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> installationscontenues dans le scénario BAU, car <strong>les</strong> modifications sur le capital <strong>de</strong> long-terme "en cours <strong>de</strong>vie" raccourcissent sa durée <strong>de</strong> vie et sont en général plus coûteuses. Or, à notre niveaud’agrégation, intégrant dans chaque courbe <strong>de</strong> coût marginal une quantité considérable <strong>de</strong>capitaux <strong>de</strong> long-terme renouvelés ou nouveaux, il est clair que chaque pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 5 ansapportera son flot <strong>de</strong> renouvellements et <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> installations à effectuer, du fait <strong>de</strong> la118


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtcroissance décrite par le scénario <strong>de</strong> référence. Par exemple sur la région Europe <strong>de</strong> l’Ouest, <strong>les</strong>cénario <strong>de</strong> référence suppose à chaque pério<strong>de</strong> un certain nombre <strong>de</strong> remplacements <strong>de</strong>centra<strong>les</strong> <strong>de</strong> production d'électricité en fin <strong>de</strong> vie, et apporte donc à chaque pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong>opportunités <strong>de</strong> choix <strong>de</strong> technologies plus propres à bas coût.Grubb et al. (1995) présentent plusieurs exemp<strong>les</strong>, à <strong>de</strong>s niveaux d'agrégation différents,qui semblent indiquer que <strong>de</strong> tels renouvellements sont envisageab<strong>les</strong>. Ainsi, le Ministère <strong>de</strong>l'Energie britannique, à l'issue d'une évaluation du potentiel d'amélioration <strong>de</strong> l'efficacitéénergétique, estimait-il en 1980 que l'intensité énergétique industrielle pourrait être réduite <strong>de</strong>20% sur 20 ans à l'ai<strong>de</strong> d'investissements rentab<strong>les</strong>. Mais dix ans plus tard, il est apparu quepresque tous <strong>les</strong> potentiels i<strong>de</strong>ntifiés avaient été exploités. Cependant, la nouvelle étu<strong>de</strong> concluaitégalement qu'en dépit <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l'énergie, <strong>de</strong>s améliorations rentab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'efficacitéénergétique <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 20% pouvaient <strong>de</strong> nouveau être i<strong>de</strong>ntifiées.Niveau <strong>de</strong>sémissionsTaux <strong>de</strong>croissanceentre t+i ett+i+1Réductionnécessaire parpério<strong>de</strong> en %3. Réduction en niveau / Réduction en pourcentageLa courbe <strong>de</strong> CmA que nous considérons reporte le coût <strong>de</strong> réduction par tonne évitée parrapport au scénario <strong>de</strong> référence. Cependant, le protocole <strong>de</strong> Kyoto fixe <strong>de</strong>s objectifs en niveauxpuisque déterminés par rapport aux émissions <strong>de</strong> 1990. Il est alors important <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à l'espritque toute modification du contexte, qu'elle soit liée à l'évolution normale <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong>macroéconomiques ou à une politique volontariste qui entraîne une réduction <strong>de</strong>s émissions,diminue d'autant l'effort à faire pour respecter le protocole et donc le coût total associé. Dans lemême temps, toute croissance <strong>de</strong>s émissions dans le scénario <strong>de</strong> référence constitue autant <strong>de</strong>tonnes à abattre en plus pour atteindre un objectif en niveau. Le tableau II.4 illustre à l'ai<strong>de</strong> d'unexemple numérique arbitraire simple comment le niveau <strong>de</strong>s réductions à effectuer se modifie aucours du temps selon que l'objectif environnemental est déterminé relativement au scénario <strong>de</strong>référence ou <strong>de</strong> manière absolue.Tableau II.4. Niveau <strong>de</strong>s émissions et montant nécessaire <strong>de</strong> réductionpar pério<strong>de</strong> selon l'objectif(base 100 : émission en t, situation initiale)Emissionen t :niveauinitialEmission en t+1dans le scénario <strong>de</strong>référenceEmission en t+2dans le scénario <strong>de</strong>référenceEmission en t+1dans le scénario<strong>de</strong> référenceajusté 1Emission en t+2 dansle scénario <strong>de</strong>référence ajusté100 120 150 100 1252012020% 25% 25%5025× 100 = 16,67% × 100 = 33,33%× 100 = 20%1501251 L'ajustement consiste ici à gar<strong>de</strong>r le même taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s émissions que dans le scénario <strong>de</strong> référence (soit16,6% ici entre la première et la <strong>de</strong>uxième pério<strong>de</strong>) mais à l'appliquer aux émissions effectivement réalisées aprèsabattement.119


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtSupposons que l'on souhaite stabiliser <strong>les</strong> émissions à leur niveau initial égal à 100 en t.Supposons également qu'en l'absence d'intervention <strong>les</strong> niveaux soient <strong>de</strong> 120 et t+1 et <strong>de</strong> 150 ent+2. Alors pour atteindre l'objectif en t+1, il faut diminuer <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> 16,67%. Pourl'atteindre en t+2 et en l'absence d'action entre t et t+1, il faut alors diminuer <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong>33,33%. En revanche, si <strong>les</strong> émissions ont été stabilisées en t+1 à leur niveau en t, alors, engardant le même taux <strong>de</strong> croissance que dans le scénario <strong>de</strong> référence, el<strong>les</strong> atteignent 125 en t+2et la stabilisation au niveau <strong>de</strong> t n'implique plus qu'une diminution <strong>de</strong> 20%.Figure II.14. Evolution dynamique <strong>de</strong> l'objectif <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissionsCm 1Cm 2A1: Réduction <strong>de</strong> 20 unités par rapport auscénario <strong>de</strong> référence en 1 e pério<strong>de</strong>A2: Réduction <strong>de</strong> 50 unités en 2 e pério<strong>de</strong> parrapport au scénario <strong>de</strong> référenceB2: Réduction <strong>de</strong> 25 unités en 2 e pério<strong>de</strong> parrapport au scénario <strong>de</strong> référenceCm 2 (Avant ajustement <strong>de</strong> l'objectif)Cm 1Cm 2 (Après ajustement <strong>de</strong> l'objectif)A 1B 2A 2Tonne <strong>de</strong> CO 2 évitéeLorsque l'objectif <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions est défini par rapport à un scénario <strong>de</strong>référence, il croît mécaniquement avec <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> référence (passage <strong>de</strong> A 1 à A 2 sur lafigure II.14), mais <strong>les</strong> abattements réalisés dans <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes permettent <strong>de</strong> limiterl'effort à effectuer dans la pério<strong>de</strong> actuelle (comparaison <strong>de</strong> la troisième et <strong>de</strong> la cinquièmecolonne du tableau II.4, passage <strong>de</strong> A2 à B2 sur la figure II.14). Dans le même temps, en raison<strong>de</strong>s effets énoncés précé<strong>de</strong>mment, la courbe <strong>de</strong> CmA va se déplacer dans le plan. Dans notreexemple, on constate que la baisse du CmA permet <strong>de</strong> plus que compenser la hausse du nombre<strong>de</strong> tonne à abattre liée à la hausse <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> référence ( Cm1 (A1)> Cm2(B2)).C. Conclusion : courbe <strong>de</strong> coût marginale dynamique et chemintemporel optimal <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissionsBovenberg et Goul<strong>de</strong>r (2001) ont développé un modèle d'équilibre général calculable afind'étudier <strong>les</strong> propriétés théoriques d'une taxe environnementale. Ils montrent en particulier que,dans le cas d'une pollution <strong>de</strong> stock, la taxe environnementale doit être croissante. En outre, untaux d'actualisation plus élevé, en réduisant le prix <strong>de</strong>s abattements futurs relativement à ceuxprésents, implique un accroissement <strong>de</strong> la taxe plus élevé.120


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtDe même, une valeur plus élevée du taux d'absorption naturelle du polluant impliqueégalement un accroissement plus rapi<strong>de</strong> du niveau <strong>de</strong> la taxe au cours du temps. En effet, enéliminant <strong>de</strong> l'atmosphère <strong>les</strong> émissions précoces, l'absorption naturelle donne un argument auxpartisans du report <strong>de</strong> l'effort <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions, d'autant plus que cette valeur estélevée. Enfin, partant du fait que la taxe optimale doit être égale au dommage marginal divisé parle coût marginal <strong>de</strong>s fonds publics plutôt qu'au simple dommage marginal lorsque l'on prend encompte <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> second ordre, <strong>les</strong> auteurs mettent en évi<strong>de</strong>nce que cette prise en compte nemodifie pas l'évolution temporelle <strong>de</strong> la taxe optimale dans la mesure ou le coût marginal <strong>de</strong>sfonds publics n'évolue pas au cours du temps.L'analyse réalisée dans ce chapitre permet d'i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>ux groupes d'effets influençant lamodification <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA d'une pério<strong>de</strong> à l'autre, comme le résume le tableau II.5 (cf.annexe <strong>de</strong> ce chapitre pour une discussion plus générale). La question se pose alors <strong>de</strong> juger <strong>les</strong>différents instruments d'intervention dont dispose le régulateur pour réaliser sa politique <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions à l'aune <strong>de</strong> l'adaptabilité dynamique. Il est clair que le chemin temporelque doit suivre le signal-prix dépend à la fois du profil temporel <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions maiségalement <strong>de</strong> l'évolution au cours du temps <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA et que ces <strong>de</strong>ux effetsconjugués peuvent conduire à une évolution dynamique du signal-prix optimal complexe. Cettecomplexité retirant une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la lisibilité <strong>de</strong> ce signal, elle concourt à rendre lapolitique optimale difficilement réalisable. Un arbitrage doit être fait entre lisibilité du signal etoptimalité dynamique. Pour le réaliser, il convient <strong>de</strong> construire un modèle <strong>de</strong> croissanceoptimale dans lequel l'évolution du CmA au cours du temps est donnée par une fonction dont <strong>les</strong>arguments sont <strong>les</strong> points développés dans l'analyse précé<strong>de</strong>nte. Ainsi, pour que <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> cetarbitrage soient corrects, il convient <strong>de</strong> construire la fonction <strong>de</strong> transformation T qui associe àchaque instant du temps une fonction <strong>de</strong> CmA en fonction <strong>de</strong>s abattements réalisésprécé<strong>de</strong>mment et du contexte économique.A la lecture du tableau II.5, on constate que, globalement, la plupart <strong>de</strong>s effets conduisentà une réduction du CmA au cours du temps lorsque l'on considère le CmA par rapport auscénario <strong>de</strong> référence. Il est donc probable que la courbe <strong>de</strong> CmA d'une pério<strong>de</strong> à l'autre évoluecomme le décrit sur le graphique suivant :Figure II.15. Evolution <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA au cours du tempset taxation dynamique optimaleCm1Cm2Coût marginal(en $/tC)Cm 1 (A 1 +A 2 )Cm 2 (A 1 +A 2 )Cm 1 (A 1 )Cm 2 (A 2 )Tonne <strong>de</strong> CO 2 évitéeA 1 A 2A 1 +A 2121


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtTableau II.5. Impacts <strong>de</strong>s différents facteurs susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> modifier dans le tempsla courbe <strong>de</strong> CmADémographieType d'effetDéplacement dans leplan <strong>de</strong> la courbeCmAVers le bas si prise encompte d'effet d'échelleEffet sur la pente <strong>de</strong> lacourbe CmAEtirement horizontal siprise en compte d'effetd'échelleCoût d'un abattementdonné en secon<strong>de</strong>pério<strong>de</strong> par rapport àcelui d'un mêmeabattement enpremière pério<strong>de</strong>Inférieur si prise encompte d'effet d'échelleEffets indépendants du chemin suiviEffets dépendants du chemin suiviCroissance exogèneIntensité énergétiqueAucun car intégré dansle scénario <strong>de</strong> référenceVers le bas si prise encompte d'effet d'échelleet d'apprentissageIndéterminé, dépendantdu contenu <strong>de</strong> lacroissanceEtirement horizontal siprise en compte d'effetd'échelle etd'apprentissageIndéterminé, dépendantdu contenu <strong>de</strong> lacroissanceInférieur si prise encompte d'effet d'échelleet d'apprentissageContenu carbone <strong>de</strong> la croissance Peu d'effet a priori Peu d'effet a priori Peu d'effet a prioriProgrès technique autonomeBaisse <strong>de</strong>s prixDéplacement vers lebasAucunApparition <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> Déplacement vers le Réduction <strong>de</strong> la pentesolutionsbasen certains endroitsCroissance induite Aucun Indéterminé, dépendantdu contenu <strong>de</strong> lacroissanceProgrès technique induitBaisse <strong>de</strong>s prixDéplacement vers le AucunbasApparition <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> Déplacement vers le Réduction <strong>de</strong> la pentesolutionsModifications <strong>de</strong>s préférencesCapital <strong>de</strong> longue duréebasDéplacement vers lebasDéplacement <strong>de</strong> l'axe<strong>de</strong>s ordonnées lié àprise en compte <strong>de</strong>sréductions renduesobligatoires par <strong>les</strong>investissementsprécé<strong>de</strong>ntsen certains endroitsSans doute uneréduction <strong>de</strong> la penteliée à la modification<strong>de</strong>s élasticités prix <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong>AucunInférieurInférieurIndéterminé, dépendantdu contenu <strong>de</strong> lacroissanceInférieurInférieurInférieurAucun effet122


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtOn voit donc pour résumer que :• La prise en considération <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s déterminants <strong>de</strong>s émissions est fondamentaledans l'estimation du CmA dynamique.• La forme <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA dépend <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong>s abattements.• L'omission <strong>de</strong> ces déterminants conduit dans ce cas à surestimer le coût marginal <strong>de</strong>sabattements.• Etaler dans le temps l'effort <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions est efficace économiquement.• Si la courbe <strong>de</strong> coût marginal est constante au cours du temps, la taxe doit être croissantepour que <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions soient croissants, mais ne doit pas sesituer au niveau du coût marginal associé à l'effort total sur l'ensemble <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s, sinoncet effort est entièrement assumé en première pério<strong>de</strong>.• Même pour effectuer un effort croissant <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions, il peut être pertinentd'avoir une taxe décroissante au cours du temps.Dans un cadre coût/efficacité, la taxe optimale est plus faible lorsque l'on prend en compte leprogrès technique induit par la R&D mais doit être introduite rapi<strong>de</strong>ment bien que <strong>les</strong> abattementseffectifs soient repoussés dans le temps. S'il existe <strong>de</strong>s imperfections <strong>de</strong> marché pour la R&D(comme par exemple l'externalité positive qu'implique le développement <strong>de</strong> la connaissance), alorssubventionner la R&D se justifie dans la mesure où cela accroît le bien-être social et accroît leniveau d'abattement (Goul<strong>de</strong>r et Schnei<strong>de</strong>r, 1999 ; Weyant et Olavson, 1999 ; Goul<strong>de</strong>r et Mathai,2000). Il se peut cependant que le progrès technique induit par la R&D augmente plutôt qu'il nediminue le coût social associé à une taxe sur le carbone en raison <strong>de</strong> l'effet d'éviction <strong>de</strong> la R&Ddans <strong>les</strong> autres secteurs : le niveau <strong>de</strong> la taxe nécessaire pour un abattement donné est plus faibleque sous l'hypothèse <strong>de</strong> progrès technique exogène mais une part <strong>de</strong> cette baisse est compenséelorsque l'on prend en compte <strong>les</strong> effets d'équilibre général.Faut-il en conclure pour autant qu'il est plus pertinent <strong>de</strong> financer une activité <strong>de</strong> R&Denvironnementale plutôt que d'imposer une taxe ? Goul<strong>de</strong>r et Schnei<strong>de</strong>r (1999) montrent qu'unetaxe est préférable s'il n'existe pas d'effet d'entraînement lié à la R&D. Dans le cas contraire, lacombinaison d'une taxe et d'une subvention à la R&D permet <strong>de</strong> minimiser le coût d'un abattementdonné, la subvention permettant d'internaliser l'effet d'entraînement tandis que la taxe permetd'internaliser la pollution liée à l'émission <strong>de</strong> GES. Il convient cependant <strong>de</strong> noter que ces résultatssont très sensib<strong>les</strong> aux hypothèses retenues concernant <strong>les</strong> éventuels effets d'entraînement.123


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtUn message clé <strong>de</strong> l'analyse sur le rôle du progrès technique est qu'une distinction doitêtre opérée entre le timing <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> mitigation et le timing <strong>de</strong>sabattements. En présence d'effet d'apprentissage, la mise en œuvre rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions est souhaitable. En raison <strong>de</strong> l'inertie dans <strong>les</strong> changementstechnologiques, une action à court terme est souhaitable pour abattre plus dans le futur, mais unniveau donné d'abattement à un moment donné du temps ne constitue pas une bonne mesure <strong>de</strong>l'effort. La nécessité <strong>de</strong> cette distinction est renforcée par la prise en compte <strong>de</strong> l'inertie dans <strong>les</strong>stocks <strong>de</strong> capital. Les coûts d'atténuation dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s hypothèses sur la durée <strong>de</strong> vie du capital<strong>de</strong>s équipements et <strong>de</strong>s usines existantes. Par exemple, une modification <strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong>transports et <strong>de</strong> l'architecture <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> ne peut se faire que très lentement et ne permettra <strong>de</strong>réduire <strong>les</strong> émissions qu'à un terme assez lointain.Pour terminer, il convient <strong>de</strong> mentionner qu’une introduction progressive <strong>de</strong> la taxe, sielle ne permet pas <strong>de</strong> l’éviter, permet <strong>de</strong> réduire le coût <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong>s industries en déclin vers<strong>les</strong> industries en croissance, transfert qui s’opère en raison <strong>de</strong> la modification <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> enréponse à une augmentation <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l'énergie.Le chapitre suivant va s'attacher à illustrer l'importance <strong>de</strong> la distinction entre coûtmarginal <strong>de</strong> court terme et coût marginal après intégration <strong>de</strong>s éléments dynamiques qui expliqueson évolution au cours du temps. Cela permettra <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce la modification du profiltemporel optimal <strong>de</strong> taxation engendrée par la prise en compte <strong>de</strong> ces éléments.124


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtAnnexeLe coût marginal <strong>de</strong> la tonne abattue dépend en fait <strong>de</strong> trois arguments, dont seul lepremier est représenté par l'axe <strong>de</strong>s abscisses <strong>de</strong>s figures II.12, II.14 et II.15 :t⎛⎞CmAt = CmA⎜A t,Eco t, ∑ At − i⎟⎝i=1 ⎠Ainsi, le CmA, pendant une pério<strong>de</strong> considérée indicée t, est une fonction <strong>de</strong> la quantité abattueA , du contexte économique dans lequel cet abattement s'opère, décrit par l'indicateur Eco , ett<strong>de</strong> la somme <strong>de</strong>s abattements réalisés jusqu'alors,tAt − ii=1∑ . Ecotapparaît alors comme unevariable proxy qui englobe toutes <strong>les</strong> composantes susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> faire évoluer <strong>les</strong> émissions aucours du temps tel<strong>les</strong> que nous <strong>les</strong> avons décrites précé<strong>de</strong>mment. Si l'on admet que le signe <strong>de</strong>sdérivées <strong>de</strong> cette variable par rapport à ses composantes est constant, on peut la construire <strong>de</strong>telle manière que le coût marginal augmente toujours en fonction <strong>de</strong> Ecot. C'est donc l'évolutionau cours du temps <strong>de</strong> cet indicateur qu'il est pertinent <strong>de</strong> prendre en compte. L'évolution dans letemps va donc dépendre <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s dérivées premières et secon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la fonction CmA parrapport àEcotett∑ At − ii=1. Pour avoir la discussion la plus générale possible, le tableau II.6considère tous <strong>les</strong> cas <strong>de</strong> figure. On combine pour cela <strong>de</strong>ux jeux d'hypothèses. Le premier estconstitué par la comparaison entre l'effet sur la pente du CmA d'une évolution du contexte2∂ CmAt ∂ ⎛∂CmA ⎞t∂Ecot ∂CmAtéconomique ( = ⎜ ⎟=) et l'effet sur la pente du CmA <strong>de</strong>s∂∂ tAt ∂t⎝∂At ⎠ ∂t ∂Ecot∂At2∂ CmAtabattements antérieurs (effets d'apprentissage, progrès technique induit…) (). Let∂ A ∂Asecond est constitué par la comparaison entre l'effet sur la position dans l'espace <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong>∂CmAt ∂EcotCmA engendré par l'évolution du contexte économique ( ) et celui engendré par∂Ecot∂t∂CmAt<strong>les</strong> abattements antérieurs ( ). On a :t∂∑At − ii=1∑i=1t−itt∂Eco ∂CmA ∂ CmA ∂Eco ∂CmA ∂ CmA ∂Eco ∂CmA ∂ CmAa : , b : , c :∂t ∂Eco ∂A ∂t ∂Eco ∂A ∂t ∂Eco ∂A2 2 2t t t t t t t t t> < =t t tt t t t t t∂∑At−i∂At ∂∑At−i∂At ∂∑At−i∂Ati= 1 i= 1 i=1∂CmA ∂Eco ∂CmA ∂CmA ∂Eco ∂CmA ∂CmA ∂Eco ∂CmAt t t t t t t t tet α : > , β : < , χ :=t t t∂Ecot ∂t ∂Ecot ∂t ∂Ecot∂t∂∑At−i ∂∑At−i ∂∑At−ii= 1 i= 1 i=1125


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtTableau II.6. Evolution dynamique <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA : analyse systématique∂Ecot∂CmAt∂t ∂Eco ∂A> 0tt∂2∂ CmAt∑i=1> 0< 0At−it∂At∂CmA∂Eco> 0< 0= 0> 0< 0= 0tt∂Eco∂tt∂CmAtt∂∑ At − ii=1Evolution dans le temps<strong>de</strong> la pente <strong>de</strong> la courbe<strong>de</strong> CmAEvolution dans le temps<strong>de</strong> la position dans le plan<strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA> 0 La pente s'accroît Vers le haut< 0Vers le haut si α, vers lebas si β, inchangée si χ= 0Vers le haut> 0Vers le bas si α, vers lehaut si β, inchangée si χ< 0Vers le bas= 0Vers le bas> 0Vers le haut< 0Vers le bas= 0Inchangée> 0 La pente s'accroît si a, Vers le haut< 0 décroît si b, reste Vers le haut si α, vers leinchangée si c bas si β, inchangée si χ= 0Vers le haut> 0Vers le bas si α, vers lehaut si β, inchangée si χ< 0Vers le bas= 0Vers le bas> 0Vers le haut< 0Vers le bas= 0InchangéeInterprétationLe coût marginal s'accroît au cours du temps. Un arbitrage doit êtreeffectué entre réduire le plus tôt possible pour éviter d'avoir à le fairelorsque <strong>les</strong> coûts seront plus élevés (en raison <strong>de</strong> la modification ducontexte économique) et abattre le plus tard possible pour repousserl'augmentation <strong>de</strong>s coûts (car <strong>les</strong> coûts croissent avec <strong>les</strong> effortsd'abattement passés). Dans le sous-cas β, on observe en outre qu'aucours du temps, <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réduction s'accroissent pour <strong>de</strong>s niveauxélevés d'abattement, mais peuvent se réduire pour <strong>de</strong> faib<strong>les</strong> niveaux.On retrouve le même arbitrage que précé<strong>de</strong>mment avec, dans tous <strong>les</strong>sous-cas (sauf β), une réduction possible <strong>de</strong>s coûts associés à unfaible abattement au cours du temps.Même arbitrage que précé<strong>de</strong>mment avec réduction possible <strong>de</strong>s coûtsassociés à un faible abattement au cours du temps dans le <strong>de</strong>uxièmesous-cas. La discussion concernant l'évolution <strong>de</strong> la position dans leplan <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA est similaire dans le reste du tableau et nesera donc pas reprise.Le coût marginal s'accroît au cours du temps. Tout concourt àmaximiser l'effort présent <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions afin <strong>de</strong>bénéficier d'un coût d'abattement plus faible et <strong>de</strong> limiter la haussefuture <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier (effets d'échelle et d'apprentissage).126


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coût∂Ecot∂CmAt∂t ∂Eco ∂Att∂2∂ CmAt∑i=1> 0= 0< 0> 0< 0At−it∂At∂CmA∂Eco> 0< 0= 0> 0< 0= 0> 0< 0= 0tt∂Eco∂tt∂CmAtt∂∑ At − ii=1Evolution dans le temps<strong>de</strong> la pente <strong>de</strong> la courbe<strong>de</strong> CmAEvolution dans le temps<strong>de</strong> la position dans le plan<strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA> 0 La pente s'accroît Vers le haut< 0Vers le haut si α, vers lebas si β, inchangée si χ= 0Vers le haut> 0Vers le bas si α, vers lehaut si β, inchangée si χ< 0Vers le bas= 0Vers le bas> 0Vers le haut< 0Vers le bas= 0Inchangée> 0 La pente décroît si a, Vers le haut< 0 s'accroît si b, reste Vers le haut si α, vers leinchangée si c bas si β, inchangée si χ= 0Vers le haut> 0Vers le bas si α, vers lehaut si β, inchangée si χ< 0Vers le bas= 0Vers le bas> 0Vers le haut< 0Vers le bas= 0Inchangée> 0 La pente décroît Vers le haut< 0Vers le haut si α, vers lebas si β, inchangée si χ= 0Vers le haut> 0Vers le bas si α, vers lehaut si β, inchangée si χ< 0Vers le bas= 0Vers le bas> 0Vers le haut< 0Vers le bas= 0InchangéeInterprétationLe coût marginal s'accroît au cours du temps. Cependant, seule lahausse du CmA au cours du temps justifie <strong>de</strong> maximiser l'effortprésent car il n'y a pas d'impact <strong>de</strong> l'effort passé sur le CmA futur.Le coût marginal décroît au cours du temps mais <strong>les</strong> effortsd'abattement passés limitent cette décroissance, voire la plus quecompensent dans le cas b. Ce peut être le cas si, par exemple, <strong>les</strong>potentiels sans regrets utilisés pendant <strong>les</strong> premières pério<strong>de</strong>s ne serenouvellent pas. On a dans ce cas tout intérêt à reporter l'effort <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions.Au cours du temps, le coût marginal décroît. Il est cependantnécessaire d'entreprendre dès aujourd'hui <strong>de</strong>s réductions d'émissionspour pouvoir bénéficier d'effets d'apprentissage qui réduiront <strong>les</strong>coûts dans <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s suivantes.127


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coût∂Ecot∂CmAt∂t ∂Eco ∂Att∂2∂ CmAt∑i=1< 0= 0= 0> 0< 0At−it∂At∂CmA∂Eco> 0< 0= 0> 0< 0= 0> 0< 0= 0tt∂Eco∂tt∂CmAtt∂∑ At − ii=1Evolution dans le temps<strong>de</strong> la pente <strong>de</strong> la courbe<strong>de</strong> CmAEvolution dans le temps<strong>de</strong> la position dans le plan<strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA> 0 La pente décroît Vers le haut< 0Vers le haut si α, vers lebas si β, inchangée si χ= 0Vers le haut> 0Vers le bas si α, vers lehaut si β, inchangée si χ< 0Vers le bas= 0Vers le bas> 0Vers le haut< 0Vers le bas= 0Inchangée> 0 La pente s'accroît Vers le haut< 0Vers le haut si α, vers lebas si β, inchangée si χ= 0Vers le haut> 0Vers le bas si α, vers lehaut si β, inchangée si χ< 0Vers le bas= 0Vers le bas> 0Vers le haut< 0Vers le bas= 0Inchangée> 0 La pente décroît Vers le haut< 0Vers le haut si α, vers lebas si β, inchangée si χ= 0Vers le haut> 0Vers le bas si α, vers lehaut si β, inchangée si χ< 0Vers le bas= 0Vers le bas> 0Vers le haut< 0Vers le bas= 0InchangéeInterprétationLe CmA décroît au cours du temps, et, ne pouvant pas bénéficierd'effet d'apprentissage, il est optimal <strong>de</strong> reporter le plus possiblel'effort d'abattement.Le contexte économique dans lequel s'opèrent <strong>les</strong> réductions <strong>de</strong>spério<strong>de</strong>s successives est stable et ne modifie donc pas la courbe <strong>de</strong>CmA dans le temps. Seuls <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> réduction passés peuventavoir un impact sur l'évolution dans le temps <strong>de</strong> ce CmA. Lorsque <strong>les</strong>efforts passés accroissent le coût marginal, il convient <strong>de</strong> limiter aumaximum ces efforts et en reportant l'effort d'abattement. Si cesefforts passés permettent au contraire <strong>de</strong> jouir d'effets d'apprentissagelimitant <strong>les</strong> coûts marginaux futurs, une intervention précoce sejustifie. Enfin, dans le <strong>de</strong>rnier cas, rien n'influence la courbe <strong>de</strong> CmAau cours du temps, on ne peut donc conclure quant à la temporalitéoptimale <strong>de</strong> l'effort <strong>de</strong> réduction (modulo <strong>les</strong> effets liés aux dérivéessecon<strong>de</strong>s étudiés dans le premier tableau).128


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coût∂Ecot∂CmAt∂t ∂Eco ∂Att∂2∂ CmAt∑i=1= 0= 0At−it∂At∂CmA∂Eco> 0< 0= 0tt∂Eco∂tt∂CmAtt∂∑ At − ii=1Evolution dans le temps<strong>de</strong> la pente <strong>de</strong> la courbe<strong>de</strong> CmAEvolution dans le temps<strong>de</strong> la position dans le plan<strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA> 0 La pente reste inchangée Vers le haut< 0Vers le haut si α, vers lebas si β, inchangée si χ= 0Vers le haut> 0Vers le bas si α, vers lehaut si β, inchangée si χ< 0Vers le bas= 0Vers le bas> 0Vers le haut< 0Vers le bas= 0InchangéeInterprétation129


Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtBibliographie du chapitre 2AIE (Agence <strong>International</strong>e <strong>de</strong> l'Energie), 2002 : Emissions <strong>de</strong> CO 2 dues à la combustion d'énergie 1971-2000. OECD, IAE 2002.Arrow, K.J., 1962 : The Economic Implications of Learning by Doing. Review of Economic Studies, 29,pp. 155-173.Arthur, W.B., 1988 : Self-Reinforcing Mechanisms in Economics. In The Economy as an EvolvingComplex System, P.W. An<strong>de</strong>rson, K.J. Arrow et D. Pines (eds). Addison-Wesley, Redwood city.Babusiaux, D., 1990 : Décision d'investissement et calcul économique dans l'entreprise. (Chapitre 2 : <strong>les</strong>critères empiriques) Collection "Economie et Statistiques avancées", Economica.Bovenberg, A.L., 1999 : Green Tax Reforms and the Double Divi<strong>de</strong>nd: An Updated Rea<strong>de</strong>r’s Gui<strong>de</strong>.<strong>International</strong> Tax and Public Finance, 6, pp. 421-443.Bovenberg, A.L. et A. <strong>de</strong> Mooij, 1994 : Environmental Levies and Distortionary Taxation. AmericanEconomic Review, 84, 4, pp. 1085-1089.Bovenberg, A.L. et L.H. Goul<strong>de</strong>r, 2001 : Environmental Taxation and Regulation. NBER Working Paper8458, 76 p.Bucovetsky, S. et J.D. Wilson, 1991 : Tax Competition with Two Tax Instruments. Regional Science andUrban Economics, 21, pp. 333-350.Cameron, L.J., W.D. Montgomery et H.L. Foster, 1999 : The Economics of Strategies to ReduceGreenhouse Gas Emissions. Energy Studies Review, 9 (1), pp. 63-73.Debreu, G., 1974 : Excess Demand Functions. Journal of Mathematical Economics, 1, pp. 15-21.DeCanio, S.J. et W.E. Watkins, 1998 : Information Processing and Organizational Structure. Journal ofEconomic Behavior and Organization 36 (3), pp. 275-294.Dixit, A. et V. Norman, 1984 : Theory of <strong>International</strong> Tra<strong>de</strong>: A Dual General Equilibrium Approach.Cambridge University Press, Cambridge, 339 p.Ellerman, A.D., Jacoby, H.D. et A. Decaux, 1998 : The Effects on Developing Countries of the KyotoProtocol and CO 2 Emissions Trading. Report n°41, Joint Program on the Science and Policy ofGlobal Change, Massachusetts Institute of Technology.Favereau, O., 1989 : Valeur d'option et flexibilité : <strong>de</strong> la rationalité substantielle à la rationalitéprocédurale. In : Flexibilité, Information et Décision (Chapitre 4). P. Cohen<strong>de</strong>t et P. Llerena(eds.), Economica, Paris, pp.121-182.Gitz, V., 2004 : Usage <strong>de</strong>s terres et <strong>politiques</strong> <strong>climatiques</strong> globa<strong>les</strong>. Thèse <strong>de</strong> doctorat en sciences <strong>de</strong>l'environnement sous a direction <strong>de</strong> J-C. Hourca<strong>de</strong>. CIRED.130


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Chapitre 2 – La notion <strong>de</strong> coûtLee, D.R. et W. S, Misiolek, 1986 : Substituting Pollution Taxation for General Taxation : SomeImplications for Efficiency in Pollution Taxation. Journal of Environmental Economics andManagement, 13, pp. 338-347.Mantel, R., 1974 : On the Characterization of Aggregate Excess Demand. Journal of Economic Theory,7, pp. 348-353.Nichols, A.L., 1984 : Targeting Economic Incentives for Environmental Protection. MIT Press.Cambridge Mass. and London.Nordhaus, W. et J. Boyer, 1999 : Warming the World: Economic Mo<strong>de</strong>ls of Climate Change. MIT Press.Parry, I.W.H., 1997 : Environmental Taxes and Quotas in the Presence of Distorting Taxes in FactorMarkets. Resource and Energy Economics 19, pp. 203-220.Parry, I.W.H. et A. Bento, 2000 : Tax Deductions, Environmental Policy, and the Double Divi<strong>de</strong>ndHypothesis. Journal of Environmental Economics and Management, 39 (1), pp. 67-96Parry, I.W.H., R. Williams et L.H. Goul<strong>de</strong>r, 1999 : When Can Carbon Abatement Policies IncreaseWelfare ? The Fundamental Role of Distorted Factor Markets. Journal of EnvironmentalEconomics and Management.Pearce, D.,1992 : The Secondary Benefits Of Greenhouse Gas Control. Working Paper GEC 92-12,CSERGE, University College London and University of East Anglia, Royaume-Uni.Richard, A., 1982 : Eléments <strong>de</strong> synthèse entre Valeur Actualisée et Délai <strong>de</strong> Récupération : "l'Effetd'Irréversibilité". Revue d'économie politique, 1, pp. 1-15.Schöb, R., 2003 : The Double Divi<strong>de</strong>nd Hypothesis of Environmental Taxes : A Survey. CESifo WorkingPaper n o 946.Sonnenschein, H., 1973 : Do Walras I<strong>de</strong>ntity and Continuity Characterize the Class of CommunityExcess Demand Functions ? Journal of Economic Theory, 6, pp. 345-354.Sonnenschein, H., 1974 : Market Excess Demand Functions. Econometrica, 40, pp. 549-563.Terkla, D., 1984 : The Efficiency Value of Effluent Tax Revenues. Journal of Environmental Economicsand Management, 11, pp. 107-123.Tullock, G., 1967 : Excess Benefit. Water Resources Research, 3, pp. 643-644.Weingartner, H.M., 1969 : Some New Views on Pay-back Periods and Capital Budgeting Decisions.Management Science, pp. B594-B607.Weyant, J. et T. Olavson, 1999 : Issues in Mo<strong>de</strong>lling Induced Technological Change in Energy,Environment and Climate Policy. Journal of Environmental Management and Assessment, 1, pp.67-85.132


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEChapitre 3Du coût statique au coût dynamique :illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICE 11 Ce chapitre est réalisé à partir <strong>de</strong> l'article suivant : Fortin, E. et L. Gilotte : Optimal policy and inertia of carbonintensity trends. Cet article a été présenté à la 6 ème conférence européenne <strong>de</strong> l'<strong>International</strong> Association for EnergyEconomics, Zurich 1-3 septembre 2004. Cet article avait également été accepté pour le 44e congrès <strong>de</strong> la SociétéCanadienne <strong>de</strong> Science Economique, Québec, <strong>les</strong> 5 et 6 mai 2004.133


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICE134


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICETable <strong>de</strong>s matièresI. La when flexibility ...........................................................................................................137A. Chemins temporels alternatifs.....................................................................................137B. Facteurs justifiant le report <strong>de</strong> l'effort <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions .............................1411. I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s forces en présence ......................................................................1412. De l'importance du progrès technique.....................................................................142C. Incertitu<strong>de</strong> sur la cible finale.......................................................................................149D. Conclusion : pourquoi reporter à aujourd'hui ce que l'on peut faire <strong>de</strong>main ?............150II. De l'absence d'inertie dans le modèle DICE ...................................................................151A. Présentation du modèle DICE 99................................................................................151B. Les conséquences <strong>de</strong> l'absence d'inertie économique dans le modèle DICE 99 .........153C. De la possibilité <strong>de</strong> modifications bruta<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production....1561. Analyse historique...................................................................................................1562. Analyse en coupe instantanée .................................................................................1573. Impact du contre-choc pétrolier sur l'intensité carbone <strong>de</strong> la production ...............160D. Les tentatives d'introduction <strong>de</strong> l'inertie......................................................................165III. Intégration <strong>de</strong> l'inertie dans le modèle DICE 99 .........................................................166A. Endogénéisation <strong>de</strong> l'intensité carbone .......................................................................166B. Emissions <strong>de</strong> référence, émissions optima<strong>les</strong> et émissions tendanciel<strong>les</strong>...................1671. Définition ................................................................................................................1672. Calibrage .................................................................................................................1683. Résultats du modèle DICE 99 avec inertie..............................................................169IV. Du coût statique au coût dynamique : ..............................................................................simulations à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICE 99 avec inertie..................................................171V. Conclusion.......................................................................................................................173Bibliographie du chapitre 3 ............................................................................................. 174135


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICE136


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEDans le chapitre 2, nous présentons comment la prise en compte d'éléments dynamiquespeut amener à modifier l'évaluation que l'on fait <strong>de</strong>s coûts d'une politiqueenvironnementale interventionniste. Or, face aux incertitu<strong>de</strong>s scientifiques qui<strong>de</strong>meurent quant à l'ampleur du phénomène <strong>de</strong> réchauffement climatique et <strong>de</strong>s dommages qu'ilpourrait entraîner, et à la façon dont el<strong>les</strong> interviennent dans <strong>les</strong> arbitrages <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs<strong>politiques</strong> (refus <strong>de</strong> ratification du protocole <strong>de</strong> Kyoto <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s Etats-Unis, réduction duPlan Climat français <strong>de</strong> lutte contre l'effet <strong>de</strong> serre à une liste <strong>de</strong> petites mesures <strong>de</strong> court terme et<strong>de</strong> déclarations d'intentions), plus que jamais la question du chemin temporel d'abattement sepose. Ce chapitre vise donc à apporter un élément nouveau dans ce débat en insistant surl'importance <strong>de</strong> l'inertie <strong>de</strong> systèmes économiques et en démontrant comment l'utilisation erronéed'un modèle très répandu peut amener à faire le choix <strong>de</strong> l'attentisme pour <strong>de</strong> mauvaises raisons.Après avoir rappelé <strong>les</strong> termes du débat sur la when flexibility, nous présenterons l'importance <strong>de</strong>l'introduction <strong>de</strong> l'inertie du système technico-économique dans le modèle DICE (DynamicIntegrated Climate Economy) puis illustrerons la notion <strong>de</strong> coût d'abattement dynamique à partir<strong>de</strong>s simulations réalisées à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce modèle modifié.I. La when flexibilityA. Chemins temporels alternatifsLe succès du protocole <strong>de</strong> Montréal (1987) qui a permis une réduction drastique <strong>de</strong>l'utilisation <strong>de</strong>s CFC (Chlorofluorocarbone) en vue <strong>de</strong> protéger la couche d'ozone, a contribué aucaractère très volontariste du protocole <strong>de</strong> Kyoto en raison d'une analogie plus ou moinsimplicitement effectuée entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux problèmes 2 . C'est pourquoi, alors que le second rapport <strong>de</strong>l'IPCC (<strong>International</strong> Panel on Climate Change, IPCC, 1996) concluait à l'évi<strong>de</strong>nce statistiqued'une influence humaine discernable sur le climat mais précisait que la quantification <strong>de</strong>l'ampleur <strong>de</strong> cette influence était limitée par <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s sur <strong>les</strong> facteurs clé, le protocolepropose <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> réduction chiffrés ambitieux, et ce, à un terme relativement court (2008-2012). Or, réduire aujourd'hui trop fortement <strong>les</strong> émissions peut s'avérer non optimaléconomiquement car cela implique un renouvellement du capital avant la fin <strong>de</strong> son cycle <strong>de</strong> vieet ne permet pas <strong>de</strong> bénéficier du progrès technique lié à l'activité <strong>de</strong> recherche et développement(R&D) environnemental. Ceci légitime le débat sur la when flexibility, c'est-à-dire sur larecherche du chemin temporel <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions pour atteindre une concentrationdonnée en 2100 conduisant au coût le plus faible. Manne et Richels (1999) ont montré, à l'ai<strong>de</strong>du modèle MERGE et pour un profil <strong>de</strong> stabilisation à 550 ppmv (parties par million en volume),qu'appliquer Kyoto puis un profil minimisant <strong>les</strong> coûts au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 2010 était 40% plus coûteuxque <strong>de</strong> suivre directement le profil le plus efficient qui implique une moindre réduction <strong>de</strong>s coûtsà court terme. Ils en concluent que, à moins que le niveau <strong>de</strong> concentration nécessaire pour éviterle risque <strong>de</strong> changement climatique ne soit très inférieur à 550 ppmv, le protocole <strong>de</strong> Kyotoimplique une trajectoire <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions qui n'est pas efficiente.La trajectoire temporelle optimale peut donc être déterminée par un programme <strong>de</strong>minimisation <strong>de</strong>s coûts sous contrainte d'atteindre un niveau <strong>de</strong> concentration finale donné. Elledépendra donc fortement <strong>de</strong>s hypothèses retenues dans l'élaboration du scénario <strong>de</strong> référence(notamment en termes <strong>de</strong> croissance économique et <strong>de</strong> progrès technique).2 Paterson (1996, chapitres 2 et 3) propose un historique pertinent <strong>de</strong> ces négociations environnementa<strong>les</strong>.137


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICELe graphique III.1 illustre la flexibilité dynamique <strong>de</strong>s émissions lorsque l'on souhaiteatteindre un objectif <strong>de</strong> concentration donné en présentant, pour plusieurs niveaux <strong>de</strong>concentration en 2100, <strong>de</strong>ux chemins temporels alternatifs pour l'évolution <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong>CO 2 et <strong>les</strong> chemins temporels d'émissions anthropiques qui leur sont associés. Le premiercorrespond au profil temporel proposé par le premier groupe <strong>de</strong> travail du GIEC 3 (WGI 4 , en traitplein bleu) (IPCC, 1995) et le second à celui proposé par Wigley, Richels et Edmonds (WRE, enpointillés noir) (Wigley et al., 1996). Les profils WGI ont été construits <strong>de</strong> façon à respecter <strong>les</strong>contraintes suivantes :- un niveau d'émission initial (1990) donné et <strong>de</strong>s taux d'évolution <strong>de</strong> laconcentration initiaux prescrits ;- un ensemble prescrit <strong>de</strong> niveaux <strong>de</strong> stabilisation ainsi que <strong>les</strong> dates <strong>de</strong> réalisation ;- la nécessité que <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> varient pas <strong>de</strong> manière trop abrupte.Les émissions cumulées sont plus importantes dans le profil WRE que dans le profilWGI, ce qui reflète le fait que <strong>de</strong>s émissions précoces ont le temps <strong>de</strong> disparaître <strong>de</strong> l'atmosphèreet que <strong>les</strong> concentrations plus élevées associées génèrent <strong>de</strong>s puits océanique et terrestres plusimportants. Ainsi, une réduction plus tardive <strong>de</strong>s émissions permet <strong>de</strong>s émissions cumulées plusimportantes, notamment pour <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> stabilisation élevés, ce qui peut avoir <strong>de</strong>simplications économiques importantes (Wigley et al., 1996).Graphique III.1. Chemins temporels <strong>de</strong> stabilisation alternatifsSource : Wigley et al., 1996.La conclusion robuste que l'on peut tirer <strong>de</strong> l'analyse <strong>de</strong> l'IPCC et <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Wigleyet al. (1996) est qu'atteindre certains niveaux <strong>de</strong> concentration impliquera nécessairement <strong>de</strong>réduire <strong>les</strong> émissions jusqu'à atteindre <strong>de</strong>s nivaux très inférieurs à ceux qui prévalaient à la fin duXX e siècle. En revanche, aucun profil ne met en évi<strong>de</strong>nce la nécessité <strong>de</strong> réductions aussibruta<strong>les</strong> que cel<strong>les</strong> préconisées par le protocole <strong>de</strong> Kyoto.3 Groupement <strong>International</strong> <strong>de</strong>s Experts sur le Climat, traduction <strong>de</strong> IPCC.4 Working Group I <strong>de</strong> l'IPCC138


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICERéunissant nombre <strong>de</strong>s principaux modè<strong>les</strong> évaluant <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> lutte contre l'effet<strong>de</strong> serre et proposant une harmonisation <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s paramètres clés afin <strong>de</strong> dégager dans <strong>les</strong>résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>de</strong>s différences liées aux structures plutôt qu'aux hypothèses quantitatives,l'Energy Mo<strong>de</strong>lling Forum (EMF-14, 1997 ; EMF-16, 1999) constitue une source d'informationcapitale lorsque l'on s'intéresse aux différentes questions économiques posées par le changementclimatique. Il fournit en l'occurrence <strong>de</strong>s informations importantes en comparant <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>stabilisation <strong>de</strong>s émissions selon que l'on suit le profil WGI ou WRE. Le graphique III.2, quiprésente ces résultats, montre que le profil WGI est toujours associé à <strong>de</strong>s coûts plus élevés quele profil WRE. Ainsi, en permettant <strong>de</strong> décaler dans le temps l'effort <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions(le profil WRE permet en effet <strong>de</strong> moins réduire <strong>les</strong> émissions dans un premier temps que leprofil WGI ne l'exige, impliquant une transition plus douce mais <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> réduction à longterme plus importants que ceux qu'entraîne le profil WGI), on réduit le coût total actualisé <strong>de</strong> lastratégie <strong>de</strong> stabilisation. En outre, on remarque que la mise en place ou non d'un marchéinternational <strong>de</strong> permis d'émission négociab<strong>les</strong> (PEN) (cf. chapitres 2 et 4) est beaucoup plusimportante dans la détermination <strong>de</strong> l'ampleur <strong>de</strong> ces coûts que le choix du profil temporel <strong>de</strong>stabilisation suivi.Graphique III.2. Coûts <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong>s concentrations à 550 ppmv, actualisé à 5% 52015FUNDPays non-annexe 1Pays d'Europe <strong>de</strong> l'Est et ancienne URSSOCDEEn billions <strong>de</strong> $105CETAMERGE MiniCAM CPMRIVMSC: sans commerceAC: Avec commerceSGM0-5WGI - SCWGI - ACWRE - SCWRE - ACWGI - SCWGI - ACWRE - SCWRE - ACWGI - SCWGI - ACWRE - SCWRE - ACWGI - SCWGI - ACWRE - SCWRE - ACWGI - SCWGI - ACWRE - SCWRE - ACWGI - SCWGI - ACWRE - SCWRE - AC5 Entre <strong>les</strong> systèmes français, anglais, américain et l'ancien système français l'appellation <strong>de</strong>s puissances <strong>de</strong> dixdiffère, ce qui risque d'entraîner <strong>de</strong>s confusions dans la tête du lecteur. On précise que le terme billion correspond à10 12 (un million <strong>de</strong> million) et correspond donc au billion anglais et au trillion américain.Français Définition Français ancien Britannique USA(avant 1948)10 3 Mille Thousand Thousand10 6 Million Million Million10 9 Milliard Billion Milliard Billion10 12 Billion Un million <strong>de</strong> millions Trillion Billion Trillion10 18 Trillion Un milliard <strong>de</strong> milliards / un million <strong>de</strong> billions Trillion139


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICESi le graphique III.2 illustre <strong>les</strong> coûts actualisés associés à <strong>de</strong>ux profils <strong>de</strong> stabilisation<strong>de</strong>s émissions à 550 ppmv, il ne présente pas le profil <strong>de</strong> stabilisation qui permettrait <strong>de</strong>minimiser ces coûts. Cet exercice avait été réalisé lors du précé<strong>de</strong>nt round <strong>de</strong> l'Energy Mo<strong>de</strong>llingForum (EMF-14, 1997) et est illustré sur le graphique III.3. On constate que ces trajectoiresimpliquent <strong>de</strong>s réductions faib<strong>les</strong> dans un premier temps (éloignement faible <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong>référence) pour accroître progressivement l'effort <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. Ainsi, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong><strong>de</strong> minimisation <strong>de</strong> coûts à long terme impliquent-ils un éloignement <strong>de</strong>s émissions du scénario<strong>de</strong> référence plus progressif que <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> qui ont recours à une trajectoire externe <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions.Graphique III.3. Chemin temporel <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions par rapport au scénario<strong>de</strong> référence permettant <strong>de</strong> stabiliser <strong>les</strong> concentrations à 550 ppmv au moindre coût100,090,080,0Réductions par rapport au scénario <strong>de</strong> référence (%)70,060,050,040,030,0CETAFUNDMERGEMiniCAM1MiniCAM2RICE20,010,00,02010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100Ce graphique confirme que plusieurs chemins temporels <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions àmoindre coût sont envisageab<strong>les</strong>. Cependant, il s'agit ici <strong>de</strong> réduction par rapport aux scénarios<strong>de</strong> référence qui, eux-mêmes diffèrent. Le graphique III.4 présente <strong>les</strong> trajectoires temporel<strong>les</strong> <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions obtenues à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> impliqués dans le processus SRES(Special Report on Emissions Scenarios, IPCC, 2000) lorsque le scénario <strong>de</strong> référence est pourtous A1B (cf. chapitre 5). Deux classes <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> sont présentés : <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> qui suivent unchemin temporel exogène (en pointillés) et <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> qui minimisent <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> long terme(en traits pleins). Deux principa<strong>les</strong> remarques peuvent être tirées <strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong> ce graphique.Premièrement, même lorsque l'on homogénéise <strong>les</strong> hypothèses concernant la population, lacroissance et l'énergie finale, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s différences <strong>de</strong>meurent entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>.Deuxièmement, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> minimisation <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> long terme choisissent <strong>de</strong> moinsréduire <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> court terme, conformément à ce que l'on a pu observer précé<strong>de</strong>mment.140


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEGraphique III.4. Chemins alternatifs pour atteindre une concentration <strong>de</strong> 550 ppmvlorsque le scénario <strong>de</strong> référence est A114,012,0Gt C10,08,0A1B-550 AIMA1B-550 MESSAGEA1B-550-EA WorldScanA1B-550 IMAGEA1B-550 MiniCAMA1B-550 MARIAA1B-550 PETROA1B-550-DR WorldScan6,04,02,0Les courbes en traitspleins correspon<strong>de</strong>nt auxmodè<strong>les</strong> <strong>de</strong> minimisation<strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> long terme etcel<strong>les</strong> en pointillés, auxmodè<strong>les</strong> qui suivent unetrajec-toire d'émissionsexogène0,01990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100B. Facteurs justifiant le report <strong>de</strong> l'effort <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions1. I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s forces en présenceComme le souligne Grubb (1997), il existe plusieurs hypothèses clés qui déterminent laforme du chemin temporel <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong>s émissions à moindre coût. On a vu, dans la partieII du chapitre 2, comment la courbe <strong>de</strong> coût marginal d'abattement (CmA) pouvait évoluer aucours du temps. L'analyse sépare clairement <strong>les</strong> déterminants <strong>de</strong> cette évolution qui sont liés à lamise en œuvre d'une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> ceux qui en sont indépendants.Parmi ces <strong>de</strong>rniers, il en ressort que cinq types <strong>de</strong> forces fondamenta<strong>les</strong> et partiellementinterdépendantes interviennent pour générer le gain éventuel du report <strong>de</strong> l'effort <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s émissions (cf. également Grubb et al., 1994; Hourca<strong>de</strong> et Chapuis, 1994 ; Manne et Richels,1992) :• Contexte démographico-économique : on a mis en évi<strong>de</strong>nce qu'une démographie plusimportante permettait <strong>de</strong> bénéficier d'effets d'échelle tandis qu'une croissance plussoutenue risquait <strong>de</strong> se traduire par un étirement horizontal <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> CmA.• Progrès technique : qu'il soit autonome ou induit, le progrès technique permet uneréduction considérable <strong>de</strong>s coûts d'abattement au cours du temps et constituevraisemblablement le premier argument en faveur d'un report. Mais son caractère induit141


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEincite néanmoins à une action précoce particulière pour pouvoir bénéficier au maximum<strong>de</strong> cet effet.• Flexibilité ou inertie <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation, particulièrement pour <strong>les</strong>consommations qui sous-ten<strong>de</strong>nt l'activité dans <strong>de</strong>s secteurs émettant <strong>de</strong>s gaz à effet <strong>de</strong>serre (GES) comme l'énergie, <strong>les</strong> transports ou le ciment. La flexibilité détermine en faitla vitesse <strong>de</strong> réaction à un signal donné, économique ou non, et recouvre <strong>de</strong>ux aspects :d'une part, le taux <strong>de</strong> renouvellement <strong>de</strong>s équipements d'usage final existant et, d'autrepart, le temps <strong>de</strong> rotation du système d'offre énergétique, la flexibilité <strong>de</strong>s réponses<strong>politiques</strong> étant liée à la taille et à la phase d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s planifications associées auxnouvel<strong>les</strong> technologies d'offre énergétiques. Les liens systématiques entre <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>consommation, la technologie et la répartition spatiale <strong>de</strong>s activités conduisent à uneinflexibilité plus critique encore. L'inertie du stock <strong>de</strong> capital, particulièrement dans <strong>les</strong>ecteur énergétique, justifie le report <strong>de</strong>s efforts d'abattement afin d'éviter <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>transition importants.• Les caractéristiques comportementa<strong>les</strong> qui déterminent le changement technique etl'évolution <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie. Les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation ne sont pas déterminésexclusivement par <strong>de</strong>s paramètres économiques, mais sont également la résultante <strong>de</strong>facteurs culturels, d'habitu<strong>de</strong>s et d'autres déterminants sociaux que l'on ne peut modifierfacilement et rapi<strong>de</strong>ment (Robinson, 1991 ; Lutzenhiser, 1993 ; Schipper et al., 1996).• Les effets interactifs dus aux rétroactions entre l'utilisation <strong>de</strong>s certaines options et lereste <strong>de</strong> l'économie. Certains secteurs ont une influence qui se fait sentir un peu partoutdans le reste <strong>de</strong> l'économie et <strong>de</strong>s adaptations trop radica<strong>les</strong> provoqueraient <strong>de</strong> graveschocs structurels dans l'ensemble du système <strong>de</strong> production.Ces forces vont interagir <strong>de</strong> manière complexe pour déterminer l'évolution du CmA aucours du temps et justifier éventuellement d'un report <strong>de</strong>s efforts d'abattement et <strong>de</strong> la mise enplace précoce d'un signal fort permettant <strong>de</strong> jouir <strong>de</strong>s effets induits.2. De l'importance du progrès techniqueA la suite <strong>de</strong> travaux pionniers <strong>de</strong> Tinbergen (1942) qui attribuaient la croissance <strong>de</strong> 60%du produit intérieur brut (PIB) en Allemagne, <strong>de</strong> 73% aux Etats-Unis et <strong>de</strong> 80% en Angleterre àla croissance <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production (travail et capital) pour la pério<strong>de</strong> 1870-1914, Solow(1957) met en évi<strong>de</strong>nce un net recul <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> ces facteurs dans l'explication <strong>de</strong> la croissance<strong>de</strong> la première moitié du XX e siècle. Selon <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s et <strong>les</strong> pays, cette croissance seraitexpliquée jusqu’à 60% par le progrès technique. Solow estime même que, pour <strong>les</strong> Etats-Unis, cesont 87% <strong>de</strong> la croissance qui pourraient être ainsi expliqués. Il convient cependant <strong>de</strong> noter queces estimations sont réalisées en recourant à <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> production à ren<strong>de</strong>ments d'échelleconstants, ce qui vise à largement surestimer la part <strong>de</strong> la croissance imputable au progrèstechnique. En second lieu, le rôle réel <strong>de</strong> l'investissement dans le processus <strong>de</strong> croissance est malpris en compte lorsque le progrès technique est appréhendé <strong>de</strong> manière exogène. En effet, unaccroissement <strong>de</strong> 1% du stock <strong>de</strong> capital ne permet d'expliquer que 0,25 point <strong>de</strong> croissancelorsque l'élasticité <strong>de</strong> la production au capital est égale à ¼. Alors, une croissance <strong>de</strong> 2 à 3% peutêtre observée dans un tel modèle en l'absence d'investissement (grâce au progrès techniqueexogène) tandis qu'un taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> 6% nécessiterait un effort d'investissementconsidérable, l'augmentation du stock <strong>de</strong> capital <strong>de</strong>vant se faire à un rythme <strong>de</strong> 20% par an. En142


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEendogénéisant le progrès technique, Solow (1962) met en évi<strong>de</strong>nce que, pour augmenter le taux<strong>de</strong> croissance d'un point (<strong>de</strong> 3% à 4% par exemple), le taux <strong>de</strong> croissance du stock <strong>de</strong> capital doitêtre augmenté <strong>de</strong> 20% et passer <strong>de</strong> 9-10% à 11-12%, alors qu'il <strong>de</strong>vait passer <strong>de</strong> 3,5% à 20%lorsque le progrès technique était modélisé comme autonome.Denison (1962) a voulu affiner l'analyse en étudiant le rôle <strong>de</strong> l'éducation dansl'explication du "résidu <strong>de</strong> Solow" 6 . Après avoir corrigé <strong>de</strong> la durée moyenne du travail, il met enévi<strong>de</strong>nce que 23% <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong> la production est imputable à une amélioration <strong>de</strong>l'éducation aux Etats-Unis pour la pério<strong>de</strong> 1929-1957. Denison a poursuivi ses travaux (Denisonet Poullier, 1967) et a mis en évi<strong>de</strong>nce, notamment en Europe, le rôle joué par la réallocation <strong>de</strong>sressources et <strong>de</strong>s économies d'échelle qui expliqueraient chacune 20% <strong>de</strong> la croissance observée.Le tableau III.1 présente <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> Denison ainsi que ceux <strong>de</strong> Carré et al. (1972), qui ontmené une étu<strong>de</strong> similaire pour la France pour la pério<strong>de</strong> 1951-1963 mais qui n'arrivent pas àexpliquer plus <strong>de</strong> 50% du taux <strong>de</strong> croissance.Tableau III.1. Les facteurs explicatifs <strong>de</strong> la croissance entre 1929 et 1965DenisonCarré et al.Pays Etats-Unis FrancePério<strong>de</strong> 1929-1957 1951-1965Taux <strong>de</strong> croissance2,93% 5%moyen- Croissance du facteur travail 2,06% 0,3%- Accroissement <strong>de</strong> l'emploi 1%- Baisse <strong>de</strong> la durée du travail -0,2% -0,1%- Amélioration <strong>de</strong> la qualité du travail0,67% 0,4%liée à une meilleure éducationProgrès <strong>de</strong>s connaissances 0,59%- Croissance du facteur capital 0,44% 1,5%- Accroissement <strong>de</strong> la valeur du1,1%capital- Rajeunissement du capital 0,4%- Economies dues à l'ampleur<strong>de</strong>s opérations liées audéveloppement du marché- Restriction à l'utilisationoptimale <strong>de</strong>s ressources- Réallocation <strong>de</strong> la maind’œuvre- Intensité d’utilisation <strong>de</strong>sfacteurs0,26%-0,06%0,6%0.1%Source : Denison, 1962 ; Carré et al., 1972.6 On appelle "résidu <strong>de</strong> Solow" la part <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong> la production qui ne peut être directement imputée à celle<strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production.143


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEMaddison (1991) réalisa une étu<strong>de</strong> similaire sur la pério<strong>de</strong> 1913-1987 dont <strong>les</strong> résultatssont présentés dans le tableau III.2. L'observation <strong>de</strong> ces résultats confirme tout d’abordl’importance <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la croissance qui reste imputable uniquement à une évolution <strong>de</strong> laproductivité <strong>de</strong>s facteurs. En outre, on constate que <strong>les</strong> résultats diffèrent gran<strong>de</strong>ment entre <strong>les</strong>pays et cela permet <strong>de</strong> réaliser l’ampleur <strong>de</strong> l'erreur commise lorsque l’on applique à l’Europe <strong>les</strong>résultats d’étu<strong>de</strong>s réalisées pour <strong>les</strong> Etats-Unis, même si cette démarche permet <strong>de</strong> pallier lemanque temporaire d’étu<strong>de</strong>s comparab<strong>les</strong> pour l’Europe.Selon <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s, le progrès technique explique donc entre 25 et 50% <strong>de</strong> la croissance duPIB. L’évolution du progrès technique <strong>de</strong>vient alors le premier facteur d’incertitu<strong>de</strong> dans lamodélisation <strong>de</strong> long terme. Jorgenson et Griliches (1967) ont élaboré un modèle afin <strong>de</strong> faireémerger <strong>les</strong> déterminants du progrès technique. Ils mettent en évi<strong>de</strong>nce que le résidu n'apparaîtque par suite <strong>de</strong>s erreurs qui ont été commises sur <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>s biens, <strong>de</strong>s services du capital etsur le taux d'utilisation <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> production.Tableau III.2. Les explications <strong>de</strong> la croissance entre 1973 et 1987France Allemagne Etats-Unis JaponVariation <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> travail -0,96 -0,77 1,45 0,36 (1)dont Croissance <strong>de</strong> la 0,02 0,00 1,93 0,84main d’œuvreEvolution <strong>de</strong> la -0,98 -0,77 -0,47 -0,25durée du travailEvolution <strong>de</strong> la qualité du travail 0,61 0,07 0,42 0,59Evolution totale du facteur travail -0,35 -0,70 1,87 0,95Variation <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> capital4,49 3,45 3,28 7,57rési<strong>de</strong>ntielEvolution <strong>de</strong> la qualité du capital1,34 1,24 1,36 1,22non rési<strong>de</strong>ntielEvolution totale du capital non5,90 4,73 4,69 8,58rési<strong>de</strong>ntielEvolution du capital rési<strong>de</strong>ntiel 2,27 5,08 2,48 5,16Evolution <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s facteurs (2) 1,24 0,79 2,55 2,95Taux <strong>de</strong> croissance du P.N.B. 2,16 1,80 2,51 3,73Part du taux <strong>de</strong> croissance0,92 1,01 -0,04 0,78imputable à une évolution <strong>de</strong> laproductivité totalePourcentage <strong>de</strong> l’évolution du taux <strong>de</strong>42,6% 56,1% 20,9%croissance imputable à celle <strong>de</strong> laproductivité totale(1) La différence entre la valeur <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> travailet cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> main d’œuvre et <strong>de</strong> durée du travail estimputable à une thésaurisation <strong>de</strong> la main d’œuvre.(2) Moyenne pondérée.Source : Maddison, 1991.L’endogénéisation du progrès technique permet <strong>de</strong> le relier à d’autres variab<strong>les</strong> présentesdans le modèle et donc, notamment, d’analyser <strong>de</strong> manière beaucoup plus fine <strong>les</strong> effets d’unepolitique <strong>de</strong> R&D dont le tableau III.3 et le graphique III.5 illustrent l'importance. Cetteendogénéisation du progrès technique a été réalisée par Jorgenson et Fraumeini (1981) dans unmodèle à 36 secteurs. Le progrès technique leur est apparu comme une fonction décroissante duprix du capital dans la plupart <strong>de</strong>s branches (26 sur 36), décroissante du prix <strong>de</strong> l’énergie (30 sur144


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICE36) mais croissante du prix <strong>de</strong>s matières premières. Ce résultat est fondamental car il signifiequ’un accroissement <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l’énergie engendre une baisse <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong> laproductivité, qui elle-même se traduit par une baisse <strong>de</strong> la croissance économique totale.L’estimation économétrique a en outre mis en évi<strong>de</strong>nce le fait que le progrès technique dans 30<strong>de</strong>s 36 secteurs est utilisateur d’énergie et que, donc, un accroissement <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l’énergieentraîne un ralentissement <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong> la productivité totale. C’est pourquoi, en 1991,Jorgenson et Hogan écrivaient : « Le biais positif, bien que faible, implique qu’au cours dutemps le rôle <strong>de</strong> l’énergie va changer pour prendre une plus large part dans <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>production. Chaque accroissement dans <strong>les</strong> prix relatifs <strong>de</strong> l’énergie va alors conduire à unralentissement <strong>de</strong> la croissance du progrès technique global. Cette perte <strong>de</strong> productivité n'est pasincorporée dans <strong>les</strong> prix <strong>de</strong> marché, si bien que la perte <strong>de</strong> bien-être qu’elle représente est uneexternalité qui ne peut être intégrée dans aucune analyse coût-bénéfice <strong>de</strong>s effets d’une politique<strong>de</strong> lutte contre le changement climatique. »Tableau III.3. Dépenses intérieures <strong>de</strong> R&D en nombre <strong>de</strong> chercheurs en 2000(ou année la plus récente disponible)Pays Dépense intérieure <strong>de</strong> R&D(en millions <strong>de</strong> $PPA courantes)% financéspar l'industrie% financéspar l'EtatNombre total <strong>de</strong> chercheurs(en équivalent plein temps)Australie 7 764,3 45,9 46,1 65 805Autriche 4 429,0 p 39,4 41,3 18 715Belgique 4 944,7 66,2 23,2 30 219Canada 17 437,4 42,0 32,1 90 810Danemark 3 071,0 58,0 32,6 18 438Finlan<strong>de</strong> 4 459,6 70,2 26,2 34 847France 34 249,7 52,5 38,7 172 070Allemagne 55 386,1 66,5 31,0 257 774Grèce 1 123,0 24,2 48,7 14 748Hongrie 998,0 37,8 49,5 14 406Irlan<strong>de</strong> 1 170,7 c 64,1 21,8 8 217Italie 15 843,8 43,0 50,8 66 110Japon 98 560,4 72,4 19,6 e 647 572Corée 18 972,4 72,4 23,9 108 370Mexique 3 505,0 23,6 61,3 21 879Pays-Bas 8 697,9 49,7 35,7 40 390Nouvelle-Zélan<strong>de</strong> 760,7 34,1 50,6 8 768Norvège 2 432,0 49,5 42,5 18 295Pologne 2 611,2 30,8 64,8 56 241Portugal 1 283,5 21,3 69,7 15 752Espagne 8 116,1 49,7 38,6 76 670Suè<strong>de</strong> 7 864,8 67,8 24,5 39 921Suisse 5 608,3 69,1 23,2 25 755Turquie 2 641,5 42,9 50,6 23 083Royaume-Uni 27 029,2 49,3 28,9 157 662Etats-Unis 282 292,7 68,3 26,9 1 261 227Union européenne 174 695,4 55,8 34,7 969 143Total OCDE 602 899,0 64,2 28,5 3 363 301Argentine 1 925,7 25,8 74,3 25 656Chine 50 285,5 695 062Israël 5 787,3 63,7 29,1Fédération <strong>de</strong>12 604,6 33,6 57,2 505 778RussieSingapour 1 993,2 54,2 38,1 16 740Source : OCDE (Organisation pur la coopération et le développement économique), 2002.145


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEDe tel<strong>les</strong> conclusions vont donc à l’encontre <strong>de</strong> la mise en place d’une écotaxe.Néanmoins, la prise en compte du progrès technique ne conduit pas forcément à conclure à lanon-pertinence <strong>de</strong> la taxe sur le carbone pour lutter contre l’effet <strong>de</strong> serre. Tout d’abord,l’approche présentée ci-<strong>de</strong>ssus supporte <strong>de</strong>ux principa<strong>les</strong> critiques :• Les résultats économétriques ne sont pas robustes à une modification <strong>de</strong> la forme <strong>de</strong> lafonction <strong>de</strong> production (Schurr et al., 1983 ; Considine, 1989) et à la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> tempsconsidérée (Berndt et Wood, 1985).• Les chocs pétroliers <strong>de</strong> années 70 perturbent énormément l'analyse économétrique <strong>de</strong>séries longues et empêchent une compréhension robuste <strong>de</strong> la nature du progrèstechnique.• Les mécanismes causaux mis en évi<strong>de</strong>nce pour la pério<strong>de</strong> considérée par Jorgensonn’offrent aucune certitu<strong>de</strong> quant à leur <strong>de</strong>venir. Il n’y a en effet aucune raison <strong>de</strong> croireque la direction prise par le progrès technique soit invariante. Si tel était le cas, nous neserions pas en mesure <strong>de</strong> l’influencer d’une quelconque manière, ce qui n’est pas réaliste.Graphique III.5. Dépenses intérieures brutes <strong>de</strong> R&Det part <strong>de</strong>s chercheurs dans la population activeSource : OCDE, 2002.Carraro et Galeotti (1997) ont cherché à avoir une <strong>de</strong>scription plus explicite <strong>de</strong>smécanismes à travers <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> économiques affectent le progrès technique. Ils ontproposé une approche alternative intéressante, qui consiste en l'introduction du progrès techniqueà travers une variable latente. Les dépenses tota<strong>les</strong> R&D, qu'el<strong>les</strong> soient publiques ou privées, <strong>les</strong>importations <strong>de</strong> brevets, <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> cycle économique sont <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> causa<strong>les</strong> retenuesdans ce modèle. On retire donc <strong>de</strong> ces variab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s informations sans être pour autant capabled'avoir une représentation claire du progrès technique. Dans leur modèle, <strong>les</strong> auteurs divisent en<strong>de</strong>ux parties le stock <strong>de</strong> capital : une partie respectueuse <strong>de</strong> l'environnement et une partiepolluante. Toutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs, un accroissement <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> recherche etdéveloppement augmente <strong>les</strong> possibilités technologiques <strong>de</strong> l'économie et entraînent uninvestissement en capital non polluant. De même, un accroissement <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l'énergie incite146


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICE<strong>les</strong> entreprises à réduire la part <strong>de</strong> leur investissement <strong>de</strong>stinée au capital polluant. Le montant<strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> recherche et développement est une variable endogène du modèle. Elle est liéeau niveau <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, avec l'hypothèse d'une élasticité unitaire à long terme, en fonction <strong>de</strong>sprix et <strong>de</strong> variab<strong>les</strong> <strong>de</strong> politique économique (taxes et subventions à la recherche etdéveloppement). Ils définissent Kt, le stock <strong>de</strong> capital, Ke, le stock <strong>de</strong> capital non polluant, et Kple stock <strong>de</strong> capital polluant (avec Kt = Ke + Kp). Une fois obtenues <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux séries temporel<strong>les</strong>,Ke et Kp, un indicateur du changement technique, interprétable ici comme un indicateur <strong>de</strong> laqualité environnementale du stock <strong>de</strong> capital, est le ratio T = Ke/Kp. Le taux <strong>de</strong> croissancemoyen <strong>de</strong> cet indicateur est assez faible en Europe (2% en France, Allemagne et Italie), alorsqu'il est beaucoup élevé dans <strong>de</strong>s pays moins développés (9% en Irlan<strong>de</strong> et 30% en Grèce). Danstous <strong>les</strong> pays, le taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> T <strong>de</strong>vient plus faible au fur et à mesure que le pays sedéveloppe. Enfin, l'indicateur <strong>de</strong> progrès technologique est incorporé comme argument <strong>de</strong>séquations comportementa<strong>les</strong> concernant la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> facteur et l'offre <strong>de</strong> produits finis.La modélisation du progrès technique, en raison du nombre important et <strong>de</strong> la variété <strong>de</strong>ses déterminants, n’est pas une chose aisée et aucune métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> modélisation ne peut prétendreêtre meilleure qu’une autre. Reste qu’il s’agit d’un facteur essentiel à analyser lorsque l’ons’intéresse aux <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> lutte contre l’effet <strong>de</strong> serre. Bien que la modélisation soit paressence un exercice <strong>de</strong> simplification <strong>de</strong> la réalité, n’ayant pas pour condition sine qua non à sonexistence <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir coller parfaitement au mon<strong>de</strong> réel, la modélisation incorrecte ou la nonmodélisationdu progrès technique représente une <strong>de</strong>s limites principa<strong>les</strong> à l’exercice <strong>de</strong>chiffrage économique. Ainsi, lorsque <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> d’équilibre général calculable (MEGC)s’intéressent aux coûts d’une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions, ils commettent une erreursystématique engendrée par le fait que ces coûts sont obtenus dans un cadre d’optimisation <strong>de</strong>l’allocation <strong>de</strong>s ressources, optimisation qui est troublée par l’action gouvernementale.L’équilibre technologique actuel est un produit historique qui peut très bien s’avérer sousoptimal.On trouve d’ailleurs dans cette démonstration un possible argument pour ceux quiconsidèrent qu’il existe un potentiel <strong>de</strong> stratégies sans regret (cf. chapitre 2 et 4).Quatre modè<strong>les</strong> (ERM, Global 2100, Fossil 2 et CRTM) ont été utilisés pour tester unscénario <strong>de</strong> recherche et développement accéléré. Leurs estimations d'économies potentiel<strong>les</strong>sont remarquablement proches. Avec l'adoption d'hypothèses technologiques <strong>les</strong> plus optimistes,<strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> PIB pour un scénario <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> 20% seraient réduites d'environ 65%. Celasignifie que 35% environ <strong>de</strong>s pertes actualisées interviennent durant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition. Lesautres coûts surviennent lorsque l'on entre dans la phase où <strong>les</strong> technologies backstop 7 sontdisponib<strong>les</strong> en quantité illimitée.7 La technologie backstop (butoir) représente l'alternative non polluante aux technologies actuel<strong>les</strong>. Il s'agit soitd'une technologie n'existant pas encore et apparaissant à long terme, soit, dans un cadre plus général, d'unetechnologie dont le prix décroît au cours du temps. La valeur <strong>de</strong> ce prix représente alors à chaque instant le niveaumaximum <strong>de</strong> la taxe, puisqu'au-<strong>de</strong>là la technologie backstop est mise en place.147


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICELa modélisation <strong>de</strong> l'effet d'apprentissage utilise, pour évaluer celui-ci, <strong>les</strong> capacitésinstallées ou leur utilisation cumulée. Les coûts d'abattement sont représentés par <strong>de</strong>s coûtsd'investissement spécifiques en $/kWh. Les modè<strong>les</strong> étant globaux, la diffusion du processus estprise en compte. Cependant, le problème d'optimisation ainsi posé n'est plus convexe, ce quientraîne <strong>de</strong>s difficultés calculatoires importantes pour trouver un optimum. Néanmoins, un travailpionner mené par l'IIASA (<strong>International</strong> Institute for Applied Systems Analysis) à l'ai<strong>de</strong> dumodèle MESSAGE et <strong>les</strong> développements additionnels réalisés à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> MARKALet ERIS (Kypreos et Barreto 1999 ; Kypreos et al., 2000 ; Seebregts et al., 1999 ; Tseng et al.,1999) démontrent <strong>de</strong>s progrès réalisés dans cette direction. Lorsque l'on développe un modèle <strong>de</strong>croissance endogène, la comparaison du scénario <strong>de</strong> référence avec la politique d'interventionoptimale n'est plus réalisable directement en raison <strong>de</strong> la dépendance <strong>de</strong>s résultats au cheminparcouru. Les résultats <strong>les</strong> plus importants sont :- une plus gran<strong>de</strong> cohérence <strong>de</strong>s résultats avec <strong>les</strong> développements observés duprogrès technique ;- <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies apparaissent d'abord dans <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> niches avecune part <strong>de</strong> marché croissante ;- la percée <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> technologies peut être influencée par <strong>de</strong>s mesures <strong>politiques</strong>si el<strong>les</strong> sont assez fortes ;- l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s technologies clé, tel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> cellu<strong>les</strong> photovoltaïques, pour <strong>les</strong>investissements publics <strong>de</strong> R&D est difficile ;- <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> lock-in technologiques dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s coûts.Toutefois, ces résultats doivent être tempérés par la prise <strong>de</strong> conscience que non seulement<strong>les</strong> modè<strong>les</strong> sont hautement non-linéaires, et donc potentiellement très sensib<strong>les</strong> aux hypothèsesretenues, mais également que <strong>les</strong> valeurs quantitatives employées par <strong>les</strong> modélisateurs sont tiréesd'exemple historiques couronnés <strong>de</strong> succès. En outre, pour l'instant, la recherche se limite auxsystèmes énergétiques et ignore <strong>les</strong> autres formes <strong>de</strong> changements endogènes complexes qui sontimportants pour <strong>les</strong> émissions, comme <strong>de</strong>s modifications dans <strong>les</strong> sty<strong>les</strong> <strong>de</strong> vie et <strong>les</strong> institutionssocia<strong>les</strong>.Comme l'illustre la comparaison <strong>de</strong>s artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> Porter et van <strong>de</strong>r Lin<strong>de</strong> (1995) et Palmer etal. (1995), le débat sur la réduction <strong>de</strong>s coûts induite par le progrès technique reste très ouvertpuisque <strong>les</strong> premiers concluent à une quasi-compensation <strong>de</strong>s coûts par le progrès techniquealors que <strong>les</strong> seconds se basent sur <strong>de</strong>s données existantes pour conclure au faible impact duprogrès technique sur <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions.Dans le cadre <strong>de</strong> la prospective, qui correspond à celui dans lequel le débat sur la whenflexibility se pose, une façon d'appréhen<strong>de</strong>r le rôle du progrès technique est <strong>de</strong> se reporter àl'article <strong>de</strong> Manne et Richels (1990), dans lequel ils réalisent une analyse <strong>de</strong> sensibilité sur lavaleur du coefficient d'AAEE 8 (Amélioration Autonome <strong>de</strong> l'Efficacité Energétique traduction <strong>de</strong>Autonomous Energy Efficiency Improvement) : en comparant <strong>de</strong>ux scénarios d’intervention, entous points similaires, exceptée la valeur <strong>de</strong> ce paramètre qui est <strong>de</strong> 0% dans le premier et <strong>de</strong> 1%par an dans le second, <strong>les</strong> auteurs observent que la valeur prévue <strong>de</strong> la consommationénergétique dans le second cas est moitié moins élevée que dans le premier en 2050.8 C'est via ce paramètre que le progrès technique est introduit <strong>de</strong> manière exogène dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>. Dans leurmodèle (Global 2100, dérivé d’ETA-MACRO), Manne et Richels emploient la fonction <strong>de</strong> production suivante :α 1−α ρ β 1−β ρ1−ρσ −1Y = ⎡⎣a(K L ) + b(E N ) ⎤⎦ , avec ρ = pour σ≠ 0,1, ∞ . (où L représente le travail, K, le capital, E,σl'énergie électrique et N l'énergie non-électrique). La paramètre d'AAEE est capté dans la croissance <strong>de</strong> b.148


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEC. Incertitu<strong>de</strong> sur la cible finaleS'il peut paraître optimal <strong>de</strong> reporter une partie <strong>de</strong>s réductions d'émissions pour atteindreun objectif <strong>de</strong> concentration donné, le risque <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir réviser cet objectif <strong>de</strong>concentration si le phénomène <strong>de</strong> changement climatique apparaît plus rapi<strong>de</strong> ou plus prononcéque ce que la science anticipe aujourd'hui. Dans ce cas, le report <strong>de</strong>s émissions a pourconséquence d'accroître le phénomène <strong>de</strong> lock-in technologique et plus généralement d'exposerl'économie au risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir faire face à <strong>de</strong> coûteuses réductions massives d'émissions. Ilconvient alors d'envisager <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> émissions dès aujourd'hui pour lisser dans le temps unéventuel renforcement <strong>de</strong> la contrainte environnementale.Certains modè<strong>les</strong> se sont intéressés à l'impact <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> relative aux niveaux <strong>de</strong>concentration nécessaires à long terme sur <strong>les</strong> réductions à effectuer à court terme en présenced'inertie dans le stock <strong>de</strong> capital. C'est via la prise en compte <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transition que cetteinertie est intégrée dans ces modè<strong>les</strong> et l'on compare <strong>les</strong> coûts d'une action immédiate et d'unreport <strong>de</strong> 20 ans <strong>de</strong> l'effort <strong>de</strong> réduction. Dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> n'ayant qu'un seul secteur productif,<strong>les</strong> coûts dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'inertie dans le système, du report <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction et du niveaucible <strong>de</strong> concentration. Pour un niveau <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong> 450 ppmv, <strong>les</strong> coûts peuvent croître<strong>de</strong> 70% lorsque l'inertie est élevée (50 ans <strong>de</strong> temps caractéristique), alors qu'une inertie faible(20 ans) n'accroît <strong>les</strong> coûts que <strong>de</strong> 25 à 32% selon <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>, ce qui <strong>de</strong>meure toutefois trèsimportant. Les coûts <strong>de</strong> transition sont plus importants que <strong>les</strong> coûts permanents jusqu'en 2050 etvont jusqu'à représenter 1,4% du PIB en 2040 mais atteignent logiquement 0 en 2070. Lorsque leniveau <strong>de</strong> concentration désiré s'accroît, la sensibilité <strong>de</strong>s coûts à l'inertie diminue. Dans unmodèle à <strong>de</strong>ux secteurs avec une inertie différenciée, <strong>les</strong> niveaux d'abattement nécessaires sontapproximativement <strong>les</strong> mêmes mais <strong>les</strong> coûts sont prioritairement supportés par le secteur le plusflexible. Les coûts sont plus élevés et <strong>les</strong> différences plus marquées dans le cas d'un report quedans le cas d'une action immédiate. Ces résultats mettent principalement en évi<strong>de</strong>ncel'importance <strong>de</strong>s éventuels coûts <strong>de</strong> transaction qui donne une légitimation forte à recherche d'untiming <strong>de</strong> réduction optimal.Tous <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> intégrés relient le montant <strong>de</strong>s dommages à l'ampleur <strong>de</strong> la modification<strong>de</strong>s températures mais pas à leur taux <strong>de</strong> croissance, bien que <strong>les</strong> experts s'accor<strong>de</strong>nt pour direque <strong>les</strong> dommages nets seront d'autant plus grands que le changement climatique sera rapi<strong>de</strong>. Enoutre, <strong>de</strong>s systèmes géophysiques tels que l'océan peuvent être sensib<strong>les</strong> au taux <strong>de</strong> changement<strong>de</strong> la température (IPCC, 2001). Tol (1996 ; 1998) a utilisé le modèle FUND pour conduire uneanalyse <strong>de</strong> sensibilité au taux d'actualisation, à la forme analytique <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> dommage, àla température optimale au niveau <strong>de</strong> la variance et <strong>de</strong>s dommages à la variance du taux. Lesrésultats ne sont pas très tranchés, mais la mise en œuvre d'une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>sémissions précoce est préférable dans un nombre significatif <strong>de</strong> cas, recouvrant <strong>les</strong> interval<strong>les</strong>généralement reconnus pour <strong>les</strong> différents paramètres. Tol conclue que <strong>les</strong> impacts en termes <strong>de</strong>coûts dans ce cas sont 20% inférieurs à ceux observés lorsque l'on reporte l'effort <strong>de</strong> réductionmais surtout que cette différence s'accroît lorsque <strong>les</strong> coûts dépen<strong>de</strong>nt également <strong>de</strong> la rapidité duchangement, lorsque la sensibilité <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> dommage est accrue et lorsque la variance dutaux inclut <strong>les</strong> dommages antérieurs.149


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICED. Conclusion : pourquoi reporter à aujourd'hui ce que l'on peut faire<strong>de</strong>main ?Tableau III.4. Résumé <strong>de</strong>s arguments en faveur d'un effort <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissionslimité à court termelié àArgumentfavorisant <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>stes réductions à court termefavorisant un effort d'abattement <strong>de</strong> court termeimportantDéveloppementtechnologiqueStock <strong>de</strong> capital et inertieEffets sociaux et inertie• Les technologies énergétiques changentet s'améliorent au cours du temps,indépendamment d'une intervention politique• Une implantation mo<strong>de</strong>ste <strong>de</strong>stechnologies se développant rapi<strong>de</strong>ment permetune réduction <strong>de</strong>s coûts via l'effetd'apprentissage sans abandon prématuré <strong>de</strong>stechnologies moins productives• Le développement <strong>de</strong> technologiesradicalement avancées nécessite un effortd'investissement dans la R&D• Commencer par <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>stes réductionsd'émissions évite un renouvellement tropprécoce du stock <strong>de</strong> capital et permet <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>run taux <strong>de</strong> turnover naturel• En outre, cela permet d'éviter <strong>de</strong>s coûts<strong>de</strong> transition et évite d'accroître <strong>les</strong> prix via uneffet d'encombrement• Une réduction graduelle <strong>de</strong>s émissionslimite le choc sur l'emploi dans certainssecteurs en laissant plus <strong>de</strong> temps pour laformation et en lissant <strong>les</strong> transitionsstructurel<strong>les</strong> sur le marché du travail• De plus, cela évite <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> bienêtreliées à une modification brutale <strong>de</strong> style <strong>de</strong>vie• La présence <strong>de</strong> mesures à bas coûts peutavoir un impact fondamental sur la trajectoire<strong>de</strong>s émissions• Le changement endogène via <strong>les</strong>marchés peut accélérer le développement <strong>de</strong>solutions à bas coûts (learning by doing)• La R&D énergétique doit êtrerapi<strong>de</strong>ment déviée du développement <strong>de</strong>sénergies fossi<strong>les</strong> vers celui <strong>de</strong>s technologiesfaiblement carbonées• En limitant <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO2 à unniveaux cohérent avec <strong>de</strong> faib<strong>les</strong>concentrations, <strong>de</strong>s abattements précocesimportants préservent l'option d'obtention <strong>de</strong>faib<strong>les</strong> concentrations tout en gardant <strong>les</strong>technologies courantes• En outre, cela réduit le risque lié àl'incertitu<strong>de</strong> et qui forcerait à <strong>de</strong> très rapi<strong>de</strong>sréductions impliquant un renouvellementprécoce du stock <strong>de</strong> capital dans le futur• Particulièrement si <strong>de</strong>s réductionsfutures importantes seront requises pouratteindre <strong>les</strong> faib<strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> concentrationnécessaire à l'évitement d'un changementclimatique trop marqué, <strong>de</strong> fortes réductionsprécoces limitent <strong>les</strong> problèmes <strong>de</strong> transitionfuturs et donc <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> bien être associées àces possib<strong>les</strong> modifications bruta<strong>les</strong> <strong>de</strong>s sty<strong>les</strong><strong>de</strong> vieActualisation• Le taux d'actualisation réduit la valeurprésente <strong>de</strong>s efforts futurs• Le taux d'actualisation réduit la valeurprésente <strong>de</strong>s impacts futursCycle du carbone etchangement radiatifImpacts du changementclimatique• Un faible abattement précoce se traduitpar une absorption plus précoce <strong>de</strong>s émissions<strong>de</strong> carbone et permet donc un niveaud'émissions plus élevé pour atteindre uneconcentration donnée à la fin du XXI e siècle• Des abattements précoces importantsréduisent <strong>les</strong> pics dans la changement <strong>de</strong>stempératures• Un effort précoce important permetd'éviter <strong>les</strong> dommages <strong>les</strong> plus élevés liés à <strong>de</strong>staux trop élevés <strong>de</strong> changement climatiqueComme le résume le tableau III.4, il existe plusieurs raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> uneminimisation dynamique <strong>de</strong>s coûts conduit à reporter l'effort <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions :• Si l'on veut réduire <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> manière significative à court terme, il faudraremplacer <strong>les</strong> équipements existants à un rythme accéléré, ce qui coûte éminemment cher.150


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICELes possibilités <strong>de</strong> réduction à faib<strong>les</strong> coûts seront beaucoup plus nombreuses lorsque <strong>les</strong>équipements actuels arriveront en fin <strong>de</strong> cycle.• La disponibilité et <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> substitution <strong>de</strong> combustib<strong>les</strong> <strong>de</strong>vraients'améliorer dans le temps.• En raison <strong>de</strong> la positivité du taux <strong>de</strong> retour sur le capital, <strong>les</strong> réductions futures peuventêtre réalisées à un moindre coût que <strong>les</strong> réductions présentes. Ainsi, si l'on suppose que letaux <strong>de</strong> retour du capital est <strong>de</strong> 5% par an et que le coût d'évitement d'une tonne <strong>de</strong>carbone émise est <strong>de</strong> 50 €, alors abattre cette tonne aujourd'hui coûte 50 € alors qu'ilsuffit d'investir 19 € aujourd'hui pour créer <strong>les</strong> ressources nécessaires à l'abattement d'unetonne <strong>de</strong> carbone en 2020.• Même si <strong>les</strong> coûts restent inchangés dans le temps, un taux d'actualisation positif estfavorable au report <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction.Tout en gardant à l'esprit <strong>les</strong> raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> reporter l'effort <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>sémissions peut se traduire par un coût total plus faible, il convient <strong>de</strong> comprendre que ce reportne doit pas se traduire par l'inaction mais par une mise en œuvre progressive (R&D, premièresimplantations en vue <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> l'effet d'apprentissage…) dès aujourd'hui d'une dynamique <strong>de</strong>défossilisation <strong>de</strong> l'économie. Enfin, toute action sans regret doit être entreprise dès aujourd'hui.II.De l'absence d'inertie dans le modèle DICEA. Présentation du modèle DICE 99Le modèle DICE (Nordhaus, 1994 ; Nordhaus et Boyer, 1998) fut le premier modèled'évaluation intégrée <strong>de</strong>s enjeux économiques liés à l'effet <strong>de</strong> serre. Il a été construit <strong>de</strong> sorte àpouvoir capter la majeure partie <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> moyen et long termes <strong>de</strong> la croissanceéconomique. Le changement climatique est donc modélisé dans un cadre théorique issu <strong>de</strong> lathéorie <strong>de</strong> la croissance (Ramsey, 1928 ; Koopmans, 1967 ; Solow, 1970). Les modè<strong>les</strong> DICE etRICE (Regional Integrated mo<strong>de</strong>l of Climate and the Economy) constituent donc <strong>de</strong>s extensionsdu modèle <strong>de</strong> Ramsey incluant <strong>de</strong>s investissement en "environnement", le stock <strong>de</strong> GES pouvantêtre assimilé à un "capital négatif".Dans ce modèle sont donc présentes à la fois une <strong>de</strong>scription du système économique etune du système climatique. Les variab<strong>les</strong> <strong>de</strong> décisions en vue <strong>de</strong> maximiser le bien-être collectifsont la consommation, le taux d'investissement et le taux d'abattement. Il s'agit <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> trèsagrégés (un seul bien) sans commerce international (à l'exception <strong>de</strong>s PEN dans RICE). Lechangement technique prend <strong>de</strong>ux formes : le changement technique général, neutre au sens <strong>de</strong>Hicks 9 , et un changement technique affectant la technologie économisatrice <strong>de</strong> carbonemodélisée comme réduisant le ratio <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 par input d'énergie fossile.9 C'est-à-dire augmentant simultanément <strong>les</strong> productivités <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production.151


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICESi <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> DICE et RICE initiaux incluaient <strong>les</strong> CFC, seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> émissionsindustriel<strong>les</strong> <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone (CO 2 ) sont décrites dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> DICE 99/RICE 99 10 .Dans ces modè<strong>les</strong>, il est supposé qu'il existe trois réservoirs <strong>de</strong> carbone : l'atmosphère, unréservoir combinant la surface <strong>de</strong>s océans et la biosphère à court terme, et <strong>les</strong> profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>socéans. Le changement climatique est appréhendé via la température moyenne à la surface duglobe.La structure analytique du modèle peut être présentée comme celle d'un modèle <strong>de</strong>contrôle optimal. Les variab<strong>les</strong> <strong>de</strong> contrôle sont a t et b t , respectivement <strong>les</strong> taux d'abattement etd'investissement à la date t ( a,bt t∈[ 01 ,]). Les variab<strong>les</strong> d'état sont le stock <strong>de</strong> capital, Kt, qui sedéprécie au taux δ, le stock <strong>de</strong> carbone dans l'atmosphère, Mtet Xt, un vecteur <strong>de</strong> quatrevariab<strong>les</strong> décrivant <strong>les</strong> autres variab<strong>les</strong> environnementa<strong>les</strong> parmi <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le stock <strong>de</strong> carbonedans la biosphère et <strong>les</strong> températures. L'évolution <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> entre t et t+1 est donnée par <strong>les</strong>équations dynamiques 11 (accumulation du capital, accumulation <strong>de</strong>s GES dans l'atmosphère,évolution <strong>de</strong>s autres variab<strong>les</strong> environnementa<strong>les</strong>) suivantes :( 1 ) ( )( ) ( )( )Kt+1= −δ Kt +πbY t tKt,X t,at(1)Mt+1=αmMt + h Xt +πβεt Kt,at(2)Xt+1= g Xt,Mt(3)où Yt () . représente la richesse disponible pour consommer et investir, produite à l'ai<strong>de</strong> du stock<strong>de</strong> capital en fonction <strong>de</strong>s conditions environnementa<strong>les</strong> et nette <strong>de</strong> l'abattement, et ε t () . définitle niveau <strong>de</strong>s émissions comme une fonction <strong>de</strong> l'abattement et du stock <strong>de</strong> capital. π correspondau pas <strong>de</strong> temps du modèle qui est <strong>de</strong> dix ans.Le stock <strong>de</strong> carbone évolue en fonction d'un paramètre d'inertie naturelle, α m, <strong>de</strong>sconditions environnementa<strong>les</strong>, appréhendées via la fonction h( Xt ) et <strong>de</strong>s émissions à la pério<strong>de</strong>considérée, dont seu<strong>les</strong> une partie accroît le stock initial <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre, expliquant laprésence d'un taux d'absorption naturelle (1-β). L'évolution du vecteur X entre t et t+1 dépend <strong>de</strong>sa valeur initiale et du niveau <strong>de</strong> concentration.10 Une présentation complète du modèle est effectuée dans Nordhaus et Boyer, 1999.11 "+ 1" correspond ici au pas <strong>de</strong> temps, soit 10 ans en réalité. Nous sommes conscients qu'il aurait été préférable <strong>de</strong>tout exprimer en ne considérant soit que <strong>de</strong>s variations annuel<strong>les</strong>, soit que <strong>de</strong>s variations décenna<strong>les</strong>. Néanmoins, cen'est pas la démarche suivie par Nordhaus qui, par exemple, utilise comme variable explicative <strong>de</strong> l'évolution dustock <strong>de</strong> capital entre <strong>de</strong>ux pas <strong>de</strong> temps (donc sur 10 ans) un investissement annuel qu'il multiplie alors par 10.Nous avons gardé sa logique afin d'éviter d'importants problèmes <strong>de</strong> recalibrage.152


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICELa richesse disponible et le niveau <strong>de</strong>s émissions sont <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> intermédiaires (<strong>de</strong>transfert) uti<strong>les</strong> pour la présentation du modèle :Yt( Kt,X t,at) = Ft( Kt) 1−D( Xt) 1−Ct( at)0Et = ( 1−at) σtFt( Kt)F(.) 12 est la fonction <strong>de</strong> production (Cobb-Douglass), ( )⎡⎣ ⎤⎡ ⎦⎣ ⎤⎦oùtD . la fonction <strong>de</strong> dommageclimatique, Ct () . la fonction <strong>de</strong> coût d'abattement (coût engendré par a% d'abattement par0rapport au scénario <strong>de</strong> référence) et σ tun indicateur <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production àl'instant t.L'objectif est <strong>de</strong> maximiser le bien-être collectif, J :∑ T t t t t t tJ ( a,b,K,X ) = πv ⎡⎣( 1−b ) Y ( K ,X ,a )t = 0v est l'utilité actualisée à la pério<strong>de</strong> t, et ( ) ( )oùt1− b tY tK t,X t,a tle montant <strong>de</strong> la consommationà la pério<strong>de</strong> t. Il est clair que la dynamique <strong>de</strong> l'environnement (cinq variab<strong>les</strong> d'état) est plusriche que celle <strong>de</strong> l'économie (une seule variable d'état).⎤⎦(4)(5)(6)B. Les conséquences <strong>de</strong> l'absence d'inertie économique dans le modèleDICE 99Nous avons vu dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt (cf. chapitre 2, partie I.B.2.d) que le coûtmarginal d'abattement 13 à l'instant t pouvait s'écrire dans DICE :1Cm A C a ⎣ D X( ) = ′ ( ) ⎡1− ( )t 0 att tσt⎤⎦(7)0Il dépend donc <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production à l'instant t, σ t. Or cette variableest exogène dans le modèle DICE. L'intensité en carbone ne dépend donc pas du chemind'abattement suivi, ce qui traduit l'absence <strong>de</strong> la prise en compte d'une quelconque inertie dans <strong>les</strong>ystème économique 14 .12 Dans la mesure où la fonction <strong>de</strong> production est également une fonction <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> travail disponible, Lt, etdu progrès technique autonome, λ t, on indice la forme fonctionnelle par t car ces <strong>de</strong>ux variab<strong>les</strong> sont exogènes. Ona en fait : Ft ( Kt) = F( Lt,K t, λt).13 Un abattement <strong>de</strong> a% par rapport au scénario non interventionniste implique donc une réduction <strong>de</strong>s émissions enniveaux <strong>de</strong> At= atσtF( K t ) tonnes par rapport à ce même scénario14 1 2Comparons <strong>de</strong>ux situations pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production n'est pas la même, e.g. : σt>σt.1 1Alors on a : C′ ( ) 1 ( ) ′1 aa ⎡ −


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEL'absence d'accumulation <strong>de</strong>s dépenses d'abattement entraîne une indépendance <strong>de</strong>s coûtsd'abattement au chemin d'abattement suivi. Cela implique qu’aucune réduction <strong>de</strong>s émissionsn’est réalisée avant la date t si l’objectif environnemental est exprimé en niveau d’émissions à ladate t plutôt qu’en concentration à la date t. Le graphique III.6 présente le profil d'émissionsoptimal fournit par DICE 99 lorsque l'on se fixe pour objectif d'atteindre en 2050 un niveaud'émissions <strong>de</strong> moitié inférieur à celui qui prévalait en 1990. L'absence d'inertie dans le modèle,conjugué à un taux <strong>de</strong> remplacement du capital très élevé (en dix ans, pas <strong>de</strong> temps du modèle,une gran<strong>de</strong> partie du capital est renouvelée puisque le taux <strong>de</strong> dépréciation du capital est <strong>de</strong> 10%par an) incite à n'engager aucun effort avant la pério<strong>de</strong> pour laquelle l'objectif est fixé.Graphique III.6. Profil d'émission optimale pour atteindre en 2050 un niveaud'émission <strong>de</strong> moitié inférieur à celui <strong>de</strong> 1990161412Emissions industriel<strong>les</strong> en GtC1086Emmisions <strong>de</strong> référenceEmissions optima<strong>les</strong>4201990 2010 2030 2050 2070 2090La conséquence est que, sur un laps <strong>de</strong> temps très court (10 ans), on divise par trois leniveau <strong>de</strong>s émissions. Ceci n'apparaît pas dans <strong>les</strong> résultats habituellement publiés à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> cemodèle car il existe une inertie dans la <strong>de</strong>scription du système climatique qui implique qu'ilexiste à chaque pério<strong>de</strong> un bénéfice à abattre <strong>les</strong> émissions lié à la décroissance <strong>de</strong> la températureque cela implique à long terme. Cela suggère que la répartition harmonieuse <strong>de</strong>s effortsd'abattement dans le temps est une conséquence <strong>de</strong> l'inertie dans le module climatique et n'estdonc pas générée par le réalisme <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l’économie.154


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEUn corollaire <strong>de</strong> cette absence d'inertie dans le système économique est illustré par legraphique III.7 qui présente l'impact <strong>de</strong> l'abandon d'une politique environnementale sur <strong>les</strong>émissions <strong>de</strong> référence 15 . Dans un tel cadre, le scénario par rapport auquel on évalue le coût <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions à chaque pério<strong>de</strong> ne s'ajuste en fonction du chemin d'abattement suivique pour prendre en compte <strong>les</strong> éventuel<strong>les</strong> modifications dans le niveau du stock <strong>de</strong> capital liéesà l'activité d'abattement. Ces modifications <strong>de</strong>meurant nécessairement très légères, l'optimisationest réalisée à chaque étape en comparant ce qui peut être fait non pas par rapport à un scénarioréajusté 16 mais par rapport au scénario <strong>de</strong> référence. Alors, lorsque l'on abandonne en cours <strong>de</strong>route une politique d'abattement, on récupère à la pério<strong>de</strong> suivante la trajectoire d'émissionsobtenue en l'absence <strong>de</strong> dommage 17 . Cela implique qu'en dix ans, <strong>les</strong> émissions retrouventquasiment le niveau qu'el<strong>les</strong> auraient connu en l'absence d'abattement même après quarante ansd'un effort d'abattement soutenu. En termes <strong>de</strong> coûts, cela signifie qu'en dépit <strong>de</strong>s effortsconsentis <strong>de</strong> 2000 à 2040, la dépense d'abattement nécessaire pour atteindre un niveau d'émissiondonné en 2050 est aussi élevée que si aucun effort n'avait été effectué.Graphique III.7. Impact <strong>de</strong> l'abandon d'une politique environnementa<strong>les</strong>ur <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> référence 18121110Emissions en GtC9Emmisions <strong>de</strong> référenceEmissions optima<strong>les</strong>Emissions tendanciel<strong>les</strong>8761990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060Le brutal accroissement <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production que cela entraîne (32% en10 ans) est incompatible avec <strong>les</strong> données historiques, comme le démontre la partie suivante.15 Les émissions optima<strong>les</strong> représentées sur ce graphique correspon<strong>de</strong>nt à cel<strong>les</strong> qui faut réaliser pour aboutir à unobjectif <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong> 550 ppmv16 i.e. tenant compte <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> nature <strong>de</strong> ce stock <strong>de</strong> capital.17 En fait, on se place sur une trajectoire légèrement différente du fait d'une légère différence dans le stock <strong>de</strong>capital.18 cf. infra (p. 157) pour la définition <strong>de</strong>s émissions tendanciel<strong>les</strong>.155


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEC. De la possibilité <strong>de</strong> modifications bruta<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong>la productionLa partie qui suit cherche à répondre à <strong>de</strong>ux question :- a-t-on déjà observé historiquement <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> laproduction d'une ampleur comparable à celle suggérée par <strong>les</strong> résultats du modèleDICE ?- Existe-t-il une asymétrie dans la réponse aux chocs sur <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>s énergies quitraduise une inertie dans <strong>les</strong> systèmes énergétiques ?Ce débat se situe dans un cadre large qui recouvre à la fois <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s portant surl'existence d'une courbe <strong>de</strong> Kuznet environnementale (cf. Sel<strong>de</strong>n et Song, 1994 ; Roberts etGrimes, 1997) et l'ensemble <strong>de</strong>s travaux économétrique visant à i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> ruptures dans <strong>les</strong>trends historiques <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 (Liski et Lanne, 2004 ; Andres et al., 1999 ; Kunnas etMyllyntaus, 2002 ; Perron, 1989 ; Perron et Vogelsang, 1993). Nous avons limité notrecontribution à l'observation <strong>de</strong>s trends historiques <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production etdéveloppé une analyse économétrique simple pour étudier l'impact <strong>de</strong>s chocs et contre-chocpétroliers sur ces trends.1. Analyse historiqueAfin <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce l'incompatibilité <strong>de</strong> ces résultats, engendrée par ladésincarnation totale du capital dans le modèle DICE, avec <strong>les</strong> observations <strong>de</strong>s comportementsréels, nous nous sommes intéressés à étudier l'impact du contre-choc pétrolier du milieu <strong>de</strong>sannées 80 sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> pétrole afin d'établir si elle avait retrouvé un niveau comparable àce qu'elle aurait été en l'absence <strong>de</strong>s chocs <strong>de</strong> 1973 et 1979. Nous avons, dans un premier temps,construit une série très longue (1800-1992) en combinant <strong>les</strong> données sur <strong>les</strong> émissions fourniespar le CDIAC (Carbon Dioxi<strong>de</strong> Information Analysis <strong>Centre</strong> 19 , Marland et al., 2000) et <strong>les</strong>données sur le produit mondial brut (PMB) et le PIB construites par Maddison (1995). Legraphique III.8 présente <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> croissance décennaux <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la productionmondiale entre 1870 et 1990 (calculés annuellement à partir <strong>de</strong> 1960). On constate que, <strong>de</strong>puis laveille <strong>de</strong> la première guerre mondiale, ces taux sont compris entre +21% et − 15,5% . En <strong>de</strong>hors<strong>de</strong>s phases d'industrialisation ou <strong>de</strong> très forte croissante (début <strong>de</strong>s années 60), ces taux sontnégatifs et ne sont supérieurs à 5% que dans la phase d'industrialisation mondiale. Or, il est trèspeu vraisemblable que le système économique mondial connaisse <strong>de</strong>s mutations aussi fortes quecel<strong>les</strong> qui ont caractérisé le passage <strong>de</strong> l'ère préindustrielle à l'ère industrielle. En tout cas, cesmutations ne sont pas présentes dans le scénario <strong>de</strong> référence utilisé par Nordhaus.19 http://cdiac.esd.ornl.gov/trends/trends.htm156


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEGraphique III.8. Evolution <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production mondialeentre 1870 et 199050%40%30%20%10%0%1870 1890 1910 1930 1950 1970 1990-10%-20%-30%2. Analyse en coupe instantanéeLa démonstration précé<strong>de</strong>nte peut être renforcée lorsque l'on prend en compte le lien quipeut exister entre l'intensité carbone <strong>de</strong> la production et le PIB par tête. Nous avons pour celaconjugué <strong>de</strong>ux types d'analyses : analyse temporelle et analyse en coupe instantanée. L'analyseen coupe instantanée présente sur un même graphique <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> PIB par tête et d'intensitécarbone <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> 115 pays en 2000 à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l'AIE (2002). Sur legraphique III.9 est également présentée une analyse temporelle <strong>de</strong> long terme élaborée à partir<strong>de</strong>s données Maddison (1995) et du CDIAC 20 qui présentent l'évolution du lien entre le PMB etl'intensité en carbone <strong>de</strong> la production mondiale entre 1820 et 1992. L'observation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxséries nous permet <strong>de</strong> juger comme raisonnable l'hypothèse d'un lien décroissant entre le PIB partête et l'intensité carbone <strong>de</strong> la production (notons cependant que <strong>les</strong> pays producteurs <strong>de</strong> pétrolereprésentent à ce titre une exception) et qu'en outre une rupture semble apparaître au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> d'uncertain niveau <strong>de</strong> revenu par tête.20 Pour cette série, <strong>les</strong> données d'intensité-carbone <strong>de</strong> la production et <strong>de</strong> PIB sont calculées en US$1990.157


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEGraphique III.9. Intensité carbone <strong>de</strong> la production en fonction du PIB par tête :Analyse temporelle et en coupe instantanée5 000Intensité carbone (en tCO2/millions <strong>de</strong>US$1995)4 5004 0003 5003 0002 5002 0001 5001 000500ex-URSSPays producteurs <strong>de</strong> pétroleCoupe instantanéeAnalyse temporelle00 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000PIB par têteUne observation plus fine <strong>de</strong>s donnes (en particulier séparant <strong>les</strong> pays développés <strong>de</strong>sPED) confirme cette corrélation négative. C'est ce qu'illustrent <strong>les</strong> graphiques III.10 et III.11 quiprésentent ce lien pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDE et pour <strong>les</strong> pays n'appartenant pas à l'OCDE à partir<strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l'AIE (2002) pour une pério<strong>de</strong> comprise entre 1971 et 2000. Dans la plupart <strong>de</strong>scas, pour une région du mon<strong>de</strong> donnée, on observe au cours du temps un accroissement durevenu par tête conjuguée à une diminution <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production (sur <strong>les</strong>graphiques III.10 et III.11, pour une série donnée, un déplacement <strong>de</strong> la gauche vers la droitecorrespond quasi-systématiquement à une progression dans le temps.158


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEGraphique III.10. Intensité carbone <strong>de</strong> la production en fonction du PIB par têtepour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDEIntensité carbone <strong>de</strong> la production (en tCO2/millions <strong>de</strong>US$1995)14001200100080060040020000 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 40 000PIB par tête (en US$1995)Mon<strong>de</strong>OCDE AmériqueOCDE EuropeOCDE PacifiqueTotal OCDEGraphique III.11. Intensité carbone <strong>de</strong> la production en fonction du PIB par têtepour <strong>les</strong> pays n'appartenant pas à l'OCDE8000Intensité carbone <strong>de</strong> la production (en tCO2/millions <strong>de</strong>US$1995)7000600050004000300020001000AfriqueMoyen-OrientEurope Non-OCDEEx-URSSAmérique LatineAsieChineTotal Non-OCDEMon<strong>de</strong>00 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000PIB par tête (en US$1995)159


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICE3. Impact du contre-choc pétrolier sur l'intensité carbone <strong>de</strong> la productionLa nature décroissante <strong>de</strong> ce lien entre le PIB par tête et l'intensité carbone <strong>de</strong> laproduction, même en l'absence <strong>de</strong> contrainte sur le prix <strong>de</strong>s énergies fossi<strong>les</strong> (avant 1973, après1986) semble témoigner d'une dynamique d'évolution <strong>de</strong>s économies vers une certainedéfossilisation tendancielle qui invite à rejeter la possibilité d'un retournement brusque <strong>de</strong>l'intensité carbone. A ce titre, le contre-choc pétrolier <strong>de</strong> 1986 fournit un exemple tout à faitintéressant. En effet, comme l'illustre le graphique III.8, la réduction du prix <strong>de</strong>s énergies fossi<strong>les</strong><strong>de</strong> 1986 (pour retrouver <strong>de</strong>s niveaux à peine supérieurs à ceux prévalant avant 1973, cf. encadréIII.1) ne s'est pas traduite par une augmentation <strong>de</strong>s taux d'intensité carbone <strong>de</strong> la productionmais par un ralentissement <strong>de</strong> sa diminution. Même si on limite l'analyse aux pays <strong>de</strong> l'OCDE(graphique III.10), pour <strong>les</strong>quels le taux <strong>de</strong> croissance du PIB par tête est toujours positif sur lapério<strong>de</strong> considérée (sauf pour <strong>les</strong> années 1974, 1982 et 1990 pour l'Amérique du Nord, 1992pour l'Europe et 1974 et 1997 pour le Pacifique), on ne peut noter aucun relèvement <strong>de</strong> l'intensitécarbone <strong>de</strong> la production suite au contre-choc pétrolier. Pour l'OCDE dans son ensemble, on peutnoter un léger ralentissement <strong>de</strong> la décroissance <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production à partir dumilieu <strong>de</strong>s années 80 (graphique III.12).Graphique III.12.Taux <strong>de</strong> croissance du PIB par tête et <strong>de</strong> l'intensité-carbone <strong>de</strong> la productiondans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDE8%6%4%2%0%1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000-2%PIB Amérique du NordPIB EuropePIB PacifiquePIB OCDEIntensité Amérique duNordIntensité EuropeIntensité PacifiqueIntensité OCDE-4%-6%Des travaux économétriques mettent clairement en évi<strong>de</strong>nce la pertinence <strong>de</strong> rejeterl'hypothèse <strong>de</strong> réversibilité-prix parfaite <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> mondiale <strong>de</strong> pétrole (Gately, 1993). Lessources <strong>de</strong> l'irréversibilité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'énergie lorsque <strong>les</strong> prix diminuent sont liées à ladurabilité <strong>de</strong>s améliorations incluses au stock <strong>de</strong> capital, à l'irréversibilité <strong>de</strong>s connaissancestechniques d'amélioration, au non-abandon <strong>de</strong> certaines <strong>politiques</strong> environnementa<strong>les</strong> (labels,normes…) (Watkins and Waverman, 1986). Grubb et al. (1995) attribuent la surestimation <strong>de</strong>l'ampleur <strong>de</strong>s retournements à une mauvaise appréhension du progrès technique induit.160


Encadré III.1. Prix international du pétrole brut6050En dollar par baril40302010123875497121310111514161718192620212225232428229Prix officiel SaoudienPrix d'importation dupétrole brutPrix mondial en dollar1996 par baril0janv-70 juin-75 déc-80 juin-86 nov-91 mai-97 nov-021 Début <strong>de</strong> l'embargo pétrolier (19-20 Octobre 1973).2 L'OPEP gèle <strong>les</strong> prix.3 Fin <strong>de</strong> l'embargo pétrolier (18 Mars 1974).4 L'OPEP déci<strong>de</strong> un accroissement <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> 14,5% pour 1980.5 L'OPEP augmente <strong>les</strong> prix <strong>de</strong> 14,5% le 1 er Avril 1980.6 L'OPEP augmente <strong>les</strong> prix <strong>de</strong> 15%.7 L'Arabie Saoudite augmente <strong>les</strong> prix <strong>de</strong> pétrole brut <strong>de</strong> 19$/bbl à 26$/bbl.8 Les prix saoudiens augmentent à 28$/bbl.9 Les prix saoudiens augmentent à 34$/bbl.10 Le Prési<strong>de</strong>nt Reagan abolit <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> d'allocations.11 Les prix du marché (spot price) sont supérieurs aux prix officiels <strong>de</strong> l'OPEP.12 Les USA boycottent le pétrole libyen ; l'OPEP prévoit une production <strong>de</strong> 18 millions <strong>de</strong> barils par jour.13 La Libye est à l'origine d'une baisse <strong>de</strong>s prix ; la production <strong>de</strong>s pays non-OPEP atteint 20 millions <strong>de</strong> barils par jour ; la production <strong>de</strong>l'OPEP diminue à 15 millions <strong>de</strong> barils par jour.14 L'OPEP baisse <strong>les</strong> prix à 5$/bbl et accepte <strong>de</strong> produire 17.5 millions <strong>de</strong> barils par jour.15 L'OPEP permet à l'Arabie Saoudite <strong>de</strong> baisser ses prix à 28$/bbl.16 La production <strong>de</strong> l'OPEP atteint 18 millions <strong>de</strong> barils par jour.17 L'Irak envahit le Koweït.18 Début <strong>de</strong> l'opération Tempête du Désert.19 Fin <strong>de</strong> la première Guerre du Golfe.20 Les USA lancent une attaque aérienne dans le sud <strong>de</strong> l'Irak à la suite d'une invasion kur<strong>de</strong> soutenue par le gouvernement irakien dansla zone sécurisée au nord du pays.21 L'Irak commence à exporter du pétrole sous mandat <strong>de</strong>s Nations Unies.22 L'OPEP accroît son plafond <strong>de</strong> production à 27,5 millions <strong>de</strong> barils par jour. C'est le premier accroissement <strong>de</strong>puis 4 ans.23 L'offre mondiale augmente <strong>de</strong> 2,25 millions <strong>de</strong> barils par jour en 1997, soit la plus gran<strong>de</strong> augmentation <strong>de</strong>puis 1988.24 Les prix du pétrole continuent <strong>de</strong> dégringoler en raison <strong>de</strong> l'accroissement <strong>de</strong> la production irakienne et <strong>de</strong> la stabilité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>asiatique due à la crise traversée par cette région et <strong>de</strong> "l'accroissement" <strong>de</strong>s réserves lié à <strong>de</strong>ux hivers très doux.25 L'OPEP s'engage à une nouvelle baisse <strong>de</strong> la production pour la troisième fois <strong>de</strong>puis mars 1998. L'engagement total porte sur 4,3millions <strong>de</strong> barils par jour.26 Les prix du pétrole triplent entre janvier 1999 et septembre 2000 en raison <strong>de</strong> la forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> mondiale, <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> la production<strong>de</strong> l'OPEP et du faible niveau <strong>de</strong>s stocks.27 Chute <strong>de</strong>s prix mondiaux en raison <strong>de</strong> la faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (récession américaine et surproduction <strong>de</strong> l'OPEP).28 Forte baisse <strong>de</strong>s prix du pétrole suite au 11 septembre en raison <strong>de</strong> la crainte d'une récession mondiale. Puis accroissement <strong>de</strong>s prixsuite à une baisse <strong>de</strong> production <strong>de</strong> l'OPEP et <strong>de</strong>s non-OPEP au début 2002 et crainte d'un nouveau conflit en Irak.29 Baisse <strong>de</strong> production <strong>de</strong> l'OPEP, troub<strong>les</strong> au Vénézuela et tension croissante au Moyen-Orient contribuent à un fort accroissement <strong>de</strong>sprix entre janvier et juin.


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEAfin d'utiliser pleinement l'exemple du contre-choc pétrolier pour vali<strong>de</strong>r l'hypothèse <strong>de</strong>la non-symétrie <strong>de</strong> la consommation d'énergie fossile aux chocs sur <strong>les</strong> prix, nous avons effectuéun traitement économétrique simple sur sa série temporelle représentant l'intensité carbone <strong>de</strong> laproduction mondiale. Nous voulions déterminer ce qu'aurait été l'intensité carbone <strong>de</strong> laproduction en l'absence <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux chocs pétroliers qui ont ébranlé <strong>les</strong> économies dans <strong>les</strong> années70 et du contre-choc <strong>de</strong> 1986. Nous avons donc mené une analyse <strong>de</strong> la série temporelle <strong>de</strong>l'intensité carbone <strong>de</strong> la production mondiale. Les données concernant <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> carbonesont cel<strong>les</strong> fournies par le CDIAC. Pour le PMB, nous avons utilisé <strong>les</strong> données <strong>de</strong> Maddison(1995) 21 .Plus précisément, nous avons effectué un traitement statistique pour six séries construitesà partir <strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nte : celle portant sur la pério<strong>de</strong> 1950-1972, celle portant sur la pério<strong>de</strong>1950-1978, celle portant sur la pério<strong>de</strong> 1950-1985, celle portant sur la pério<strong>de</strong> 1973-1978, celleportant sur la pério<strong>de</strong> 1973-1985 et enfin celle portant sur la pério<strong>de</strong> 1979-1985. L'observation<strong>de</strong>s autocorrélogrammes et <strong>de</strong>s autocorrélogrammes partiels <strong>de</strong> ces séries et la valeur <strong>de</strong>sindicateurs statistiques associés nous a conduit a appliquer un traitement ARIMA (1,0,0) surchacune <strong>de</strong> ces séries. Ce traitement nous a ensuite permis d'établir <strong>de</strong>s prévisions sur cequ'aurait été le trend d'évolution <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production mondiale en l'absence duchoc pétrolier <strong>de</strong> 1973, <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> 1979 et du contre-choc <strong>de</strong> 1986.Le graphique III.13 présente en rouge <strong>les</strong> prévisions que l'on aurait pu réaliser en 1972pour l'évolution <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production mondiale sur la pério<strong>de</strong> 1973-2000 àpartir <strong>de</strong>s données pour la pério<strong>de</strong> 1950-1972. Notons que ces prévisions incluent un trend quin'est pas statistiquement significatif et que la "bonne" prévision serait une droite parallèle à l'axe<strong>de</strong>s ordonnées au niveau <strong>de</strong> la moyenne pour la pério<strong>de</strong> 1950-1972. En violet et en rose sontprésentées <strong>les</strong> prévisions que l'on aurait pu effectuer pour la pério<strong>de</strong> 1978-2000 à partirrespectivement <strong>de</strong>s données pour <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s 1950-1978 et 1973-1978. Cette <strong>de</strong>rnière prévisionpermet d'inclure pleinement la rupture <strong>de</strong> tendance engendrée par le premier choc pétrolier sansque celle-ci soit écrasée par <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> 1950-1972. Certes, l'utilisation <strong>de</strong> lamétho<strong>de</strong> ARIMA sur une série constituée <strong>de</strong> six points ne présente pas une gran<strong>de</strong> légitimitéstatistique mais permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce la rupture engendrée par le premier choc pétrolier.Cette absence <strong>de</strong> légitimité est renforcée par le fait que la mise en évi<strong>de</strong>nce d'une rupture <strong>de</strong>tendance est ici plus nette qu'elle ne l'est dans <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> Liski et Lanne (2004). Même sil'analyse <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers portent sur <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 par tête dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDE, cettedivergence <strong>de</strong> résultat nous incite à la plus gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce. En vert foncé sont présentées <strong>les</strong>prévisions que l'on aurait pu construire en 1985 à partir <strong>de</strong>s données pour la pério<strong>de</strong> 1950-1985.Si le trend est un peu plus prononcé que pour la série <strong>de</strong> prévisions pour la pério<strong>de</strong> 1979-2000réalisée avec <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> 1950-1978, la rupture avec le trend précé<strong>de</strong>nt est moinsbrutale que celle que l'on pouvait observer après le premier choc pétrolier. Ceci pourrait nousinciter à conclure que le <strong>de</strong>uxième choc <strong>de</strong> 1979 n'a pas eu d'influence majeure sur le trend suivipar l'intensité carbone <strong>de</strong> la production mondiale, mais cela s'explique par le faible poids <strong>de</strong> lapério<strong>de</strong> <strong>de</strong> temps (1973-1978, soit six points sur 29).21 Cependant, <strong>les</strong> données sur le PMB tirées <strong>de</strong> Maddison ne sont disponib<strong>les</strong> que jusque pour l'année 1992. Nousaurions pu alors prolonger la série à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s données AIE qui sont disponib<strong>les</strong> jusque pour l'année 2000 mais pasavant 1970. Toutefois, la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong>s données implique <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> niveaux qui auraient créé unevariation artificielle entre <strong>les</strong> années 1992 et 1993. Nous avons prolongé la série constituée à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s donnéesCDIAC et Maddison en lui appliquant <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> l'intensité carbone calculés à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>l'AIE (2002)162


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICELes séries en vert clair et en bleu nous présentent <strong>les</strong> prévisions pour la pério<strong>de</strong> 1986-2000 obtenues à partir <strong>de</strong>s données pour <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s 1973-1985 et 1979-1985 respectivement(avec <strong>les</strong> mêmes réserves sur la validité statistique <strong>de</strong>s résultats obtenus à partir d'un si faiblenombre <strong>de</strong> points). On observe alors non seulement le nouveau décrochement dans le trendimpulsé par le second choc pétrolier, mais surtout comment le contre-choc pétrolier est venulimiter la décroissance <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production puisque la série réelle se trouve au<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux prévisions.Graphique III.13. Estimation <strong>de</strong>s trends d'évolution <strong>de</strong> l'intensité carbone duPMBen l'absence <strong>de</strong>s chocs sur <strong>les</strong> prix du pétrole <strong>de</strong> 1973, 1979 et 1986120011001000En tCO2 par millions <strong>de</strong> 1995US$900800700Série Madisson AIESérie 1950-1972Série 1950-1978Série 1950-1985Série 1973-1978Série 1973-1985Série 1979-19856005004001950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000Ce qui est frappant, c'est que le trend <strong>de</strong>s prévisions réalisées en 1978 pour la pério<strong>de</strong>1979-2000 à partir <strong>de</strong> la série 1973-1979, colle à l'évolution <strong>de</strong> la série réelle. On peut enconclure que le contre-choc pétrolier annule <strong>les</strong> effets du second choc pétrolier mais pas ceux dupremier en ce sens que le trend engendré par ce premier choc est maintenu pendant et au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>l'inci<strong>de</strong>nt "<strong>de</strong>uxième choc pétrolier". Ceci, en cohérence qualitativement avec <strong>les</strong> résultatséconométriques <strong>de</strong> Gately (1993), nous amène à mettre en évi<strong>de</strong>nce que la réponse à une baisse<strong>de</strong>s prix n'est pas symétrique à celle à une hausse <strong>de</strong>s prix puisque la proportion dans laquelle <strong>les</strong>prix ont baissé en 1986 est plus gran<strong>de</strong> que celle dans laquelle ils avait augmenté en 1979. Enoutre, la récupération du trend engendré par le premier choc traduit le fait que l'on ne récupèrepas le niveau d'intensité carbone <strong>de</strong> la production mondiale antérieur à 1979 mais un niveauinférieur.163


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICELe graphique III.14 présente <strong>les</strong> prévisions que l'on aurait pu réaliser aux différents pointsdu temps pertinents (1972, 1978 et 1985) à partir <strong>de</strong>s séries dont on dispose mais en ajustant <strong>les</strong>prévisions en fonction <strong>de</strong>s erreurs commises par rapport aux réalisations. On constate toutd'abord que <strong>les</strong> prévisions pour la pério<strong>de</strong> 1950-1972 sont assez bonnes et ce d'autant plusqu'el<strong>les</strong> n'incluent pas <strong>les</strong> ruptures <strong>de</strong> trends observées en 1973 et 1979. D'autre part, onremarque que l'ajustement sur <strong>les</strong> données réel<strong>les</strong> ne modifie pas <strong>les</strong> résultats qualitatifs mis enévi<strong>de</strong>nce sur le graphique III.13 (on retrouve <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux ruptures <strong>de</strong>s trends ainsi que l'effet ducontre-choc pétrolier). Enfin, on note que l'ajustement sur <strong>les</strong> données réel<strong>les</strong> ne permet pas <strong>de</strong>faire <strong>de</strong> bonnes prévisions, ce qui s'explique par la présence <strong>de</strong> ruptures dans <strong>les</strong> trends dont lepoids dans la détermination <strong>de</strong>s prévisions est suffisamment élevé pour ne pas être compensé parl'ajustement sur <strong>les</strong> données réel<strong>les</strong>.Graphique III.14. Estimation <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong> l'intensité carbone du PMBen l'absence <strong>de</strong>s chocs sur <strong>les</strong> prix du pétrole <strong>de</strong> 1973, 1979 et 1986 avec ajustement sur <strong>les</strong>données réel<strong>les</strong>120011001000En tCO2 par millions <strong>de</strong> 1995US$900800700Série Madisson AIESérie 1950-1972Série 1950-1978Série 1950-1985Série 1973-1978Série 1973-1985Série 1979-19856005004001950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000Cette analyse <strong>de</strong> la série temporelle <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong> la production mondiale, sielle n'a qu'une légitimité statistique limitée (faib<strong>les</strong>se du nombre <strong>de</strong> points), nous donne toutefoisquelques éclairages importants pour répondre aux interrogations qu'entraîne l'observation <strong>de</strong>srésultats du modèle DICE. Il est clair en effet qu'il est historiquement plus qu'improbabled'observer <strong>de</strong>s accroissements <strong>de</strong> l'intensité énergie <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur. Cela est d'autant plusdouteux qu'une asymétrie évi<strong>de</strong>nte existe dans la réponse à <strong>de</strong>s chocs sur <strong>les</strong> prix <strong>de</strong> l'énergie.Tout ceci concor<strong>de</strong> pour mettre en évi<strong>de</strong>nce la nécessité d'introduire une forme d'inertie <strong>de</strong>ssystèmes économiques dans le modèle DICE.164


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICED. Les tentatives d'introduction <strong>de</strong> l'inertieLe lien dynamique entre <strong>les</strong> coûts d'abattement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s se fait via <strong>de</strong>ux canaux :- la persistance <strong>de</strong> certains supports <strong>de</strong>s réductions passées qui renvoie à la notiond'inertie ;- <strong>les</strong> effets d'apprentissage et d'échelle dans la mise en œuvre <strong>de</strong>s réductions quirenvoient à la notion <strong>de</strong> progrès technique qualifié d'endogène car impulsé par etdonc dépendant <strong>de</strong> la politique d'abattement passée.Ces <strong>de</strong>rniers effets ont fait l'objet d'une évolution du modèle DICE (Nordhaus, 2002 ;Popp, 2003) afin d'introduire l'accélération du progrès technique grâce aux dépenses <strong>de</strong> R&D.Mais dans la mesure où, dans ces modè<strong>les</strong>, seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> améliorations permises par la R&D ont <strong>de</strong>seffets durab<strong>les</strong>, le manque <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong> l'inertie dans le système économique mis enévi<strong>de</strong>nce précé<strong>de</strong>mment <strong>de</strong>meure et explique le faible avancement dans le temps <strong>de</strong> l'effortd'abattement optimal auquel <strong>les</strong> simulations réalisées concluent.Grubb et al. (1995) introduisent l'inertie dans leur modèle en faisant dépendre le coût <strong>de</strong>l'écart au scénario <strong>de</strong> référence non seulement <strong>de</strong> cet écart mais également du taux d'évolution <strong>de</strong>cet écart par rapport à la pério<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte, induisant alors un coût à changer brutalement <strong>de</strong>trajectoire. Ils montrent alors logiquement que plus la part relative <strong>de</strong> l'inertie dans ladétermination <strong>de</strong>s coûts est élevée, plus il est souhaitable <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> émissions dans un cadrecoût/bénéfice : une fois réalisé l'effort initial, l'économie bénéficie <strong>de</strong>s effets d'inertie qui luipermettent <strong>de</strong> continuer à abattre à un coût relativement faible.Ha-Duong et al. (1997) ont étendu cette analyse pour y introduire l'impact <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>sur <strong>les</strong> dommages <strong>climatiques</strong>. En fournissant une justification à la nécessité d'un changementbrutal (obtention d'une information négative sur le changement climatique dans le futur),l'incertitu<strong>de</strong> donne toute sa légitimité à un effort d'abattement précoce afin <strong>de</strong> ne pas <strong>de</strong>voir subir<strong>les</strong> coûts trop élevés d'une modification <strong>de</strong> trajectoire en présence d'inertie du systèmeéconomique. Certes, dans un premier temps le coût certain est plus élevé que celui quiprévaudrait en l'absence d'incertitu<strong>de</strong>, mais cela est plus que compensé par la réduction du coûtaléatoire futur.Lecocq et al. (1998) prolongent l'exercice précé<strong>de</strong>nt en étudiant l'impact conjugué <strong>de</strong>l'inertie et <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans un modèle à <strong>de</strong>ux secteurs présentant une inertie différente. C'estassez logiquement qu'ils concluent à la nécessité d'engager <strong>de</strong>s efforts immédiats dans le secteurle plus rigi<strong>de</strong> (la rigidité provenant dans leur modèle <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> vie du capital).Goul<strong>de</strong>r et Mathai (2000) ont proposé <strong>de</strong> modifier la fonction <strong>de</strong> coût d'abattement dansleur modèle d'équilibre partiel pour la faire dépendre du stock <strong>de</strong> connaissances, lui-mêmeaffecté par <strong>les</strong> dépenses <strong>de</strong> R&D ou simplement l'effort d'abattement (learning by doing). Dansce modèle, quelle que soit la taille du stock <strong>de</strong>s connaissances, le trend <strong>de</strong>s émissions optima<strong>les</strong>n'est pas changé mais seulement le coût qui lui est associé. En d'autres termes, comme dans lemodèle DICE, si la politique d'abattement est abandonnée, <strong>les</strong> émissions tendanciel<strong>les</strong> rejoignent<strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> référence sans transition.165


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEIII. Intégration <strong>de</strong> l'inertie dans le modèle DICE 99Parce que <strong>les</strong> réductions <strong>de</strong>s émissions sont en partie liées à l'introduction <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong>technologies et à la construction d'infrastructures qui perdurent au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> pendantlaquelle <strong>les</strong> réductions sont effectuées et parce que <strong>de</strong>s changement comportementauxaccompagnent ces réductions, il est légitime <strong>de</strong> considérer qu'au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>, <strong>les</strong>émissions qui se produiraient en l'absence <strong>de</strong> poursuite <strong>de</strong> l'effort <strong>de</strong> réduction sont inférieures àcel<strong>les</strong> qui sont présentes dans le scénario <strong>de</strong> référence qui n'inclut aucun effort <strong>de</strong> réduction àaucun moment (Hourca<strong>de</strong>, 1993) (cf. partie II du chapitre 2). Nous avons donc intégré cetteforme d'inertie dans le modèle DICE et réalisé <strong>de</strong>s simulations dont <strong>les</strong> résultats sont présentésdans ce qui suit.A. Endogénéisation <strong>de</strong> l'intensité carboneLa façon la plus naturelle d'introduire <strong>de</strong> l'inertie dans le modèle DICE 99 estd'endogénéiser l'intensité carbone <strong>de</strong> la production. A la date t, elle dépend <strong>de</strong> l'intensité carbone0<strong>de</strong> la production <strong>de</strong> référence, σ t, qui est une variable exogène, et du taux d'abattement, at, qui0est une variable <strong>de</strong> contrôle, soit : ( 1− at) σt. Laisser cette variable exogène, c'est supposer quel'effort d'abattement ne peut pas avoir d'impact sur elle, qu'il est donc complètement désincarné.Nous avons donc choisi d'endogénéiser cette variable <strong>de</strong> sorte qu'à un instant donné t,l'intensité carbone <strong>de</strong> la production dépen<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'intensité précé<strong>de</strong>nte et <strong>de</strong> l'effort d'abattementcourant :où( )σt+1= Stσt,at0σ= − σ + σ −ξavec :0 t + 1( 1 e) e ( 1 a )0σ0=σ0t+1 t 0tσt0σ test la valeur <strong>de</strong> référence exogène <strong>de</strong> l'intensité carbone,0σt + 10σtvaleur, e et ξ <strong>de</strong>s paramètres exogènes appartenant à l'intervalle [ 01], .(8)l'évolution exogène <strong>de</strong> cette166


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEB. Emissions <strong>de</strong> référence, émissions optima<strong>les</strong> et émissionstendanciel<strong>les</strong>1. DéfinitionLes émissions <strong>de</strong> référence sont <strong>les</strong> émissions qui se produiraient en l'absence totaled'abattement tel<strong>les</strong> qu'el<strong>les</strong> sont présentées dans le modèle DICE 99 originel. Les émissionsoptima<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> émissions qui maximisent le bien-être collectif, i.e. qui résultent <strong>de</strong> l'arbitragecoût/bénéfice présent dans le modèle. Enfin, <strong>les</strong> émissions tendanciel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> émissions qui seproduiraient en l'absence <strong>de</strong> la poursuite d'un effort d'abattement, mais qui diffèrent <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong> référence en incluant <strong>les</strong> effets d'inertie engendrés par <strong>les</strong> abattements passés.La dynamique Stdéfinit la valeur <strong>de</strong> l'intensité carbone pour la pério<strong>de</strong> t+1 comme unesomme pondérée <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong>ur dans le modèle DICE initial et <strong>de</strong>son niveau dans le modèle à la pério<strong>de</strong> t. Les paramètres e et ξ sont calibrés afin <strong>de</strong> reproduireune réponse asymétrique précise en termes d'émissions à une réduction <strong>de</strong>s prix conformémentaux évolutions empiriques présentées précé<strong>de</strong>mment. ξ représente la fraction <strong>de</strong> l'effortd'abattement dont <strong>les</strong> effets sont persistants et e le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> permanence <strong>de</strong> cette persistance.Pour e = 1, un abattement non nul en t modifie la trajectoire future <strong>de</strong> l'intensité carbone <strong>de</strong>manière permanente par rapport à la trajectoire <strong>de</strong> référence ( σ 0u ), même en l'absence d'effortu > tdans <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s suivantes. Alors, plus la valeur <strong>de</strong> e est faible, plus <strong>les</strong> émissions tendanciel<strong>les</strong>se rapprocheront rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> référence.Le graphique III.15 présente <strong>les</strong> émissions optima<strong>les</strong> et <strong>de</strong> référence du modèle DICE 99ainsi que <strong>les</strong> trend d'émissions pour 2015 dans <strong>de</strong>ux cas extrêmes :- la réponse aux prix est symétrique, ce qui implique que l'intensité carbone peutremonter rapi<strong>de</strong>ment si la contrainte environnementale est levée. Il s'agit <strong>de</strong> latrajectoire en bleu sur le graphique qui correspond au modèle DICE originel ;- la réponse à la baisse <strong>de</strong>s prix est nulle ( e = 1 et ξ = 1) et donc la croissance <strong>de</strong>sémissions n'est liée qu'à la croissance <strong>de</strong> la production amputée du tauxd'amélioration autonome <strong>de</strong> l'efficacité énergétique, exogène dans le modèleDICE 99.Les simulations présentées ci-<strong>de</strong>ssous sont réalisées avec le modèle DICE intégrant notreendogénéisation <strong>de</strong> l'intensité carbone mais également d'autres modifications par rapport aumodèle original :- une modification <strong>de</strong> la dynamique suivie par la température reprise <strong>de</strong> Ambrosi etal. (2003) qui permet une <strong>de</strong>scription plus fine du réchauffement pour <strong>les</strong> décennies àvenir 22 ;- une fonction <strong>de</strong> dommage à seuil, également reprise <strong>de</strong> Ambrosi et al. (2003) ; latransition entre dommages faib<strong>les</strong> et élevés apparaît entre 1,7°C et 2,3°Cd'accroissement.22 Les températures d'équilibre sont <strong>les</strong> même que cel<strong>les</strong> données par Nordhaus. La sensibilité du climat estégalement égalisée à la valeur centrale <strong>de</strong> 3,5°C.167


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICECes modifications impliquent déjà une politique d'abattement plus agressive que cellefournie par le modèle original. En particulier, la concentration optimale ne dépasse jamais 470ppmv (parties par millions en volume). Les résultats <strong>de</strong> ces modifications préliminaires peut êtreobservés à travers <strong>les</strong> émissions optima<strong>les</strong> obtenues en l'absence d'inertie ( e = 0 ).Graphique III.15. Emissions <strong>de</strong> référence et émissions tendanciel<strong>les</strong>8580Re fE 2015TendSE 2015TendNE 2015OptE 2015Niveau d'abattement considérécomme nécessaire pour atteindrele niveau d'émissions Et+1Niveau d'abattement effectivementnécessaire pour atteindre le niveaud'émissions Et+1Emissions en GtC7570A 2005Re fE 2005OptE 2005Emissions <strong>de</strong> référence65601995 2000 2005 2010 2015Emissions optima<strong>les</strong>Emissions tendanciel<strong>les</strong> avec réponsesymétrique aux modifications <strong>de</strong> prixEmissions tendanciel<strong>les</strong> en l'absence <strong>de</strong>réponse à la baisse <strong>de</strong>s prix2. CalibrageLes travaux mentionnés dans la partie précé<strong>de</strong>nte (III.A) ont tous une forte pertinencequalitative mais ne se confrontent pas au douloureux problème <strong>de</strong> la calibration du paramètred'inertie. La calibration retenue pour cet exercice est basée sur <strong>les</strong> résultats économétriques <strong>de</strong>Gately (1993) qui donne une estimation <strong>de</strong> l'imparfaite réversibilité <strong>de</strong> la réponse aux prixmondiaux du pétrole. Nous avons calibré <strong>les</strong> paramètres e et ξ <strong>de</strong> telle sorte que, dans lemodèle DICE 99 modifié, l'écart entre <strong>les</strong> émissions tendanciel<strong>les</strong> et <strong>les</strong> émissions optima<strong>les</strong>représentent 35% <strong>de</strong> l'écart entre <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> référence et <strong>les</strong> émissions optima<strong>les</strong>. En effet,Gately montre que la réponse à la baisse <strong>de</strong>s prix n'est en volume que <strong>de</strong> 35% celle à la hausse<strong>de</strong>s prix dans une même proportion.Plaçons-nous sur la pério<strong>de</strong> 2005-2015. Par définition,avec t = 1 en 2005 et t = 2 en 2010.0σσTendS 0 Opt TendN t+1 Opt OptEt =σt + 1F( Kt + 1 ) et Et = ( −at ) σtF( Kt+1 )10t168


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEComme on contraint le modèle à ne pas abattre entre 1990 et 2000, on a :si bien que :a et doncOpt0= 0( ) ( )E = S a σ F KTend Opt Opt Opt2 1 1 20σ1=σ pt10⎡σ= ⎢ − σ + σ −ξ0⎣σ1= −ξ σ0 0 2 Opt Opt( 1 e) 2e1 ( 1 a1 ) F( K2)Opt 0 Opt( 1 a1 ) 2F( K2)⎤⎥⎦L'asymétrie <strong>de</strong> la réponse aux prix où le volume <strong>de</strong> la réponse à la baisse <strong>de</strong>s prix est <strong>de</strong>χ% celui à la hausse <strong>de</strong>s prix implique :ce qui implique :( t )E − E =χ E −ETend TendN Tend TendS2 t2e ξ = 1− χ3. Résultats du modèle DICE 99 avec inertieOn peut maintenant comparer <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> réductions optima<strong>les</strong> selon que l'onendogénéise ou non l'inertie telle que nous le décrivons dans l'équation (8) et selon <strong>les</strong> valeursretenues pour <strong>les</strong> paramètres e et ξ . Nous allons en fait considérer <strong>de</strong>ux cas polaires cohérentsavec notre calibration :- <strong>les</strong> dépenses d'abattement ont un effet permanent sur la trajectoire <strong>de</strong> l'intensitécarbone ( e = 1) et 65% <strong>de</strong> l'effort engendre <strong>de</strong>s effets durab<strong>les</strong> ( ξ = 0, 65 ) (trajectoireen vert sur le graphique) ;- tout l'effort d'abattement a <strong>de</strong>s effets durab<strong>les</strong> ( ξ = 1)mais l'intensité carbone tend àrejoindre doucement la trajectoire <strong>de</strong> référence si aucun nouvel effort n'intervientdans le futur ( e = 0,65).Les graphiques III.16 et III.17 présentent <strong>les</strong> chemins d'émissions et d'abattementoptimaux pour <strong>les</strong> trois cas. En cohérence avec <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> Grubb et al. (1995), noustrouvons que la prise en compte <strong>de</strong> l'inertie implique un effort d'abattement plus intense et plusrapi<strong>de</strong>.169


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEGraphique III.16. Emissions optima<strong>les</strong> et tendanciel<strong>les</strong>en fonction du <strong>de</strong>gré d'inertie du système économique16141210Optima<strong>les</strong> (e = 0)Optima<strong>les</strong> (e = 0,65; Xi = 1)8Optima<strong>les</strong> (e = 1; Xi = 0,65)Tendanciel<strong>les</strong> (e = 0)Tendanciel<strong>les</strong> (e = 0,65; Xi = 1)Tendanciel<strong>les</strong> (e = 1; Xi = 0,65)6422000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100Dans la mesure où l'approche retenue est ici une approche coût/bénéfice, l'effet <strong>de</strong>l'anticipation <strong>de</strong> l'effort d'abattement causée par la prise en compte <strong>de</strong> l'abattement ne s'arrête pasà la réduction <strong>de</strong>s coût futurs mais conduit à baisser durablement le niveau <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>sorte à atteindre une concentration en carbone inférieure.Graphique III.17. Abattements optimauxen fonction du <strong>de</strong>gré d'inertie du système économique0,90,80,70,6Taux d'abattement0,50,4e = 0e = 0,65; Xi = 1e = 1; Xi = 0,650,30,20,102000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100170


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEIV. Du coût statique au coût dynamique : simulations à l'ai<strong>de</strong>du modèle DICE 99 avec inertieComme on l'a montré dans le chapitre 2 (partie I.B.2.d), le coût marginal d'abattementdans le modèle DICE 99 s'écrit :1Cm A C a ⎣ D X( ) = ′ ( ) ⎡1− ( )t 0 att tσt⎤⎦(7)Dans la structure coût/bénéfice définie par le modèle DICE original, on en déduitfacilement que le prix dual du carbone est égal à ce coût marginal d'abattement 23 :oùMt+1t∂Yt∂at∂Et∂at() ##µtβ= −πv′µ est la valeur duale négative (en unité <strong>de</strong> bien-être) associée au niveau <strong>de</strong> concentration. La partie gauche <strong>de</strong> l'équation se simplifie pour <strong>de</strong>venir le coût marginal d'abattement et lapartie droite définit le prix dual <strong>de</strong>s émissions exprimé en unité <strong>de</strong> consommation.Cette équivalence n'est plus vraie lorsque l'inertie est prise en compte. Le prix dual ducarbone est alors égal au coût marginal d'abattement minoré <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> la baisse marginale<strong>de</strong> l'intensité carbone future engendrée par une baisse marginale <strong>de</strong>s émissions aujourd'hui :CmA() #ηt+πv′t() #∂St∂at∂Et∂att() #() ##µtβ= −πv′où ηtest la valeur duale négative associée à l'intensité carbone σt+ 1.Le prix dual du carbone peut alors être interprété comme le niveau <strong>de</strong> taxe permettant <strong>de</strong>décentraliser la politique d'abattement optimale. Lorsque l'intensité carbone est endogénéisée,cela implique en effet que l'agent représentatif tienne compte <strong>de</strong>s impacts sur sa valeur futurelorsqu'il détermine ses niveaux d'abattement. Le niveau <strong>de</strong> la taxe doit donc être égalisé à ce coûtmarginal dynamique (i.e. tenant compte <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> long terme) qui est inférieur au coûtmarginal statique décrit par l'équation (7).t() #23 Dans l'hypothèse toutefois d'une solution intérieure.171


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICELe graphique III.18 présente <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s calculs <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> coûts pour <strong>les</strong><strong>de</strong>ux cas polaires simulés. Il est très clair que la prise en compte <strong>de</strong> la dépendance au cheminsuivi qui implique à la fois un lissage dans le temps <strong>de</strong>s efforts d'abattement mais aussi uneréduction <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> long terme. Cette <strong>de</strong>rnière est induite par <strong>les</strong> efforts d'abattement initiauxet se traduit par <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> taxation optimale inférieurs à ceux obtenus en l'absence <strong>de</strong> laprise en compte <strong>de</strong> ces liens dynamiques.Graphique III.18. Comparaison <strong>de</strong>s coûts marginaux d'abattementstatiques et dynamiques250200US$90 par tC150100CmA statique = CmA dynamique (e = 0)CmA dynamique (e = 0,65; Xi = 1)CmA statique (e = 0,65; Xi = 1)CmA dynamique (e = 1; Xi = 0,65)CmA statique (e = 1; Xi = 0,65)5002000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100Un résultat un peu plus surprenant est que même au début <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong>, le niveau <strong>de</strong>taxation doit être moins fort. Il peut paraître étonnant que la recherche <strong>de</strong> niveaux d'abattementprécoces plus élevés ne se traduise pas par <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> taxation plus élevés. Cela estattribuable au fait que la réponse, en termes d'abattement, à un niveau donné <strong>de</strong> taxe en début <strong>de</strong>pério<strong>de</strong> est beaucoup plus forte car elle intègre le fait qu'un abattement plus élevé aujourd'huiréduira <strong>les</strong> dépenses <strong>de</strong>main. Cet effet s'estompe au cours du temps (d'autant plus que lapermanence <strong>de</strong>s effets, incarnée par e, est faible) mais la taxe ne se rapproche pas pour autant ducoût marginal statique car <strong>les</strong> niveaux d'abattement à long terme s'éloignent <strong>de</strong> ceux quiprévaudraient en l'absence <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong>s effets dynamiques (d'autant plus que lapermanence <strong>de</strong>s effets est faible) (graphique III.17).Le graphique III.19 présente <strong>les</strong> impacts <strong>de</strong> la prise en compte <strong>de</strong> l'inertie dans le calcul<strong>de</strong>s coûts totaux d'abattement. C'est sans surprise que l'on constate que <strong>les</strong> coûts sont plus faib<strong>les</strong>lorsque <strong>les</strong> effets d'inertie sont intégrés. Le lissage <strong>de</strong>s profils d'abattement se traduit par unlissage <strong>de</strong>s coûts et l'on voit que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> persistance <strong>de</strong>s effets a un impact plus important sur<strong>les</strong> coûts totaux que la part <strong>de</strong>s investissements d'abattement dont <strong>les</strong> effets se propagent à longterme. En toute logique, cela est particulièrement vrai à très long terme par effet mécaniqued'accumulation <strong>de</strong>s effets persistants <strong>de</strong>s abattements passés.172


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEGraphique III.19. Coûts d'abattement totaux selon que l'on intègre ou nonla dépendance au chemin suivi1000800En milliards <strong>de</strong> US$90600400e = 0e = 0,65; Xi = 1e = 1; Xi = 0,6520002000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100V. ConclusionConformément aux intuitions présentées dans le chapitre 2, la prise en compte <strong>de</strong>s effetsdynamiques <strong>de</strong> modification <strong>de</strong>s coûts d'abattement en fonction du chemin d'abattement suiviremet en cause <strong>de</strong> manière fondamentale à la fois <strong>les</strong> estimations <strong>de</strong> coûts fournies par <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> mais également le profil temporel optimal <strong>de</strong> taxation et d'abattement. Le recours à <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong> trop agrégés, qui empêchent d'incarner <strong>de</strong> manière acceptable <strong>les</strong> dépenses d'abattementsous forme d'un capital plus propre et durable, amène à <strong>de</strong>s conclusions erronées quant à larépartition <strong>de</strong>s efforts d'abattement dans le temps et quant à leur coût. Si l'argument d'un coût <strong>de</strong>transition inacceptable lié à un remplacement du capital avant sa fin <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>meure pertinent, unreport trop important <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions empêche <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong>s effetsd'apprentissage, <strong>de</strong>s modifications comportementa<strong>les</strong> engendrés par <strong>de</strong>s abattements passés quiviennent réduire <strong>de</strong> façon très importante <strong>les</strong> coûts d'abattement futurs. La when flexibilityoptimale passe donc par un lissage dans le temps <strong>de</strong>s efforts d'abattement et la prise en compte<strong>de</strong> l'inertie <strong>de</strong>s systèmes économiques et sociaux offre une justification forte aux effortsd'abattement prescrits par le protocole <strong>de</strong> Kyoto qui semblent cohérents avec <strong>les</strong> résultats quenous obtenons en calibrant ces effets d'inertie sur <strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong> réponse aux prix réels.173


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEBibliographie du chapitre 3AIE (Agence <strong>International</strong>e <strong>de</strong> l'Energie), 2002 : Emissions <strong>de</strong> CO 2 dues à la combustion d'énergie.OCDE, Paris.Ambrosi, P., J-C. Hourca<strong>de</strong>, S. Hallegatte, F. Lecocq, P. Dumas, et M. Ha-Duong, 2003 : OptimalControl Mo<strong>de</strong>ls and Elicitation of Attitu<strong>de</strong>s towards Climate Damages. Environmental Mo<strong>de</strong>lingand Assessment, 8 (3), pp.133-147, Special issue on Mo<strong>de</strong>ling the Economic Response to GlobalClimate Change.Andres, R.J., D.J. Fielding, G. Marland, T.A. Bo<strong>de</strong>n, N. Kumar, et A.T. Kearney, 1999 : Carbon Dioxi<strong>de</strong>Emissions from Fossil-Fuel Use, 1751-1950. Tellus 51B, pp. 759-765.Berndt, E.R. et D.O. Wood, 1985 : Energy Price Shocks and Productivity Growth : A Survey. M.I.T.Energy Laboratory. Report n°85-003WP.Carraro, C. et M. Galeotti, 1997 : Economic Growth, <strong>International</strong> Competitiveness and EnvironmentalProtection - R&D and Innovation Strategies with the WARM Mo<strong>de</strong>l. Energy Economics, 19.Carré, J-J, P. Dubois et E. Malinvaud, 1972 : La Croissance française. Un essai d'analyse causale <strong>de</strong>l'Après-Guerre. Ed : Le Seuil.Considine, T., 1989 : Estimating the Demand for Energy and Natural Resource Inputs : Tra<strong>de</strong>-offs inGlobal Properties. Applied Economics, vol 21, pp. 931-945.Denison, E.F., 1962 : The Sources of Economic Growth in the United States and the Alternatives BeforeUs. Committee on Economic Development. New York.Denison, E.F. et J.P. Poullier, 1967 : Why Growth Rates Differ. Brookings, 1967.EMF-14 (Energy Mo<strong>de</strong>lling Forum) Working Group, 1997 : Integrated Assessment of Climate Change.The EMF 14 Working Group, Stanford Energy Mo<strong>de</strong>lling Forum, Stanford University, Stanford,CA.EMF-16 (Energy Mo<strong>de</strong>lling Forum) Working Group, 1999 : Economic and Energy System Impacts of theKyoto Protocol : Results from the Energy Mo<strong>de</strong>lling Forum Study. The EMF 16 Working Group,Stanford Energy Mo<strong>de</strong>lling Forum, Université <strong>de</strong> Stanford, Stanford, CA.Gately, D., 1993 : The Imperfect Price-Reversibility of World Oil Demand. The Energy Journal, Vol 14(4), pp. 163-182.Goul<strong>de</strong>r, L.H. et K. Mathai, 2000 : Optimal CO2 abatement in the presence of induced technical change.Journal of Environmental Economics and Management, 39, pp. 1-38.Grubb, M., 1997 : Technologies, Energy Systems and the Timing of CO 2 Abatement : An Overview ofEconomic Issues. Energy Policy, 25 (2), pp. 159-172.174


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Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICEPerron, P. et T.J. Vogelsang, 1993 : The Great Crash, the Oil Price Shock, and the Unit Root Hypothesis:Erratum. Econometrica, 61, pp. 248-249.Porter, M., et C. van <strong>de</strong>r Lin<strong>de</strong>, 1995 : Towards a New Conception of the Environment-CompetitivenessRelationship. Journal of Economic Perspectives, 9 (4), pp. 97-118.Popp, D., 2003 : Endogenous Technological Change in the DICE Mo<strong>de</strong>l of Global Warming. Journal ofEnvironmental Economics and Management. Article in Press.Ramsey, F. 1928 : A Mathematical Theory of Saving. The Economic Journal, pp. 543-559.Roberts, J.T. et P.E. Grimmes, 1997 : Carbon Intensity and Economic Development. 192-91 : A BriefExploration of the Environmental Kuznets Curve. World Development, 25 (2) pp. 191-198.Robinson, J., 1991 : The Proof of the Pudding : Making Energy Efficiency Work. Energy Policy, 19 (7),pp. 631-645Schipper, L., R. Hass, et C. Sheinbaum, 1996 : Recent Trends in Resi<strong>de</strong>ntial Energy Use in OECDCountries and their Impact on Carbon Dioxi<strong>de</strong> Emissions: A Comparative Analysis of the Period1973-1992. Journal of Mitigation and Adaptation Strategies for Global Change, 1, pp. 167-196.Schurr, S., S. Sonenblum et D.O. Wood (eds), 1983 : Energy, Productivity and Economic Growth.CambridgeSeebregts, A.J., T. Kram, G.J. Schaeffer et A.J.M. Bos, 1999 : Mo<strong>de</strong>lling Technological Progress in aMARKAL Mo<strong>de</strong>l for Western Europe including Clusters of Technologies. Papier présenté à :European IAEE/AEE Conference : Technological Progress and the Energy Challenge, 30 sept-1oct 1999, Paris, 16 p.Sel<strong>de</strong>n, T.M. et D. Song, 1994 : Environmental Quality and Development: Is There a Kuznets Curve forAir Pollution Emissions? Journal of Environmental Economics and Management, 27, pp. 147-162.Solow, R., 1957 : Technical Change and the aggregate Production Function. Review of Economics andStatistics, 39, pp. 312-320.Solow, R., 1962 : Technical Progress, Capital Formation and Economic Growth. American EconomicReview.Solow, R., 1970 : Growth Theory : An Exposition. Oxford University Press, New York.Tinbergen, J., 1942 : Zur Theories <strong>de</strong>r langfristigen Wirtschaftsentwicklung. Weltwirtschaftliches Archiv,Vol. 55, pp. 511-549. (Traduit en 1959, In Jan Tinbergen: Selected Papers L.H. Klaassen, L.M.Koyck et H.J. Witteveen (eds). Amsterdam.Tol, R. S. J., 1996 : The Climate Framework for Uncertainty, Negotiation and Distribution (FUND),Version 1.5. In An Institute on the Economics of Climate Resources, K.A. Miller at R.K. Parkin(eds.). University Corporation for Atmospheric Research, Boul<strong>de</strong>r, CO, pp. 471-496.Tol, R. S. J., 1998 : On the Difference in Impact of two almost i<strong>de</strong>ntical Climate Change Scenarios.Energy Policy, 26, pp. 13-20.177


Chapitre 3 - Du coût statique au coût dynamique : illustration à l'ai<strong>de</strong> du modèle DICETseng, P., J. Lee, S. Kypreos et L. Barreto, 1999 : Technology Learning and the Role of RenewableEnergy in Reducing Carbon Emissions. <strong>International</strong> Workshop on Technologies to ReduceGreenhouse Gas Emissions: Engineering-Economic Analysis of Conserved Energy and Carbon;Washington, Mai 1999.Watkins, G et L. Waverman, 1986 : Oil Demand Elasticities : The Saviour as well as the Scourge ofOPEC. In Proceedings of Eighth North American Conference of the <strong>International</strong> Association forEnergy Economics, Boston.Wigley, T., R. Richels, et J. Edmonds, 1996 : Economic and Environmental Choices in the Stabilizationof Atmospheric CO 2 Concentrations. Nature, 379, pp. 240-243.178


Chapitre 4Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûtsd'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto :<strong>de</strong>s robustesses aux incertitu<strong>de</strong>s 1« Un organe <strong>de</strong> plus ou <strong>de</strong> moins dans notre machine nousaurait fait une autre intelligence. Enfin, toutes <strong>les</strong> lois établies surce que notre machine est d’une certaine façon seraient différentes sinotre machine n’était pas <strong>de</strong> cette façon. »Montesquieu1 La partie II <strong>de</strong> ce chapitre est réalisé à partir du huitième chapitre du troisième rapport du groupe <strong>de</strong> travail III duGroupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (IPCC, 2001), Global, Regional and National Costsand Ancillary Benefits of Mitigation, dont je suis l'un <strong>de</strong>s auteurs principaux. Ma contribution à ce chapitre fut à la foistechnique (collecte et mise en forme <strong>de</strong>s données, gestion <strong>de</strong> la bibliographie) et scientifique (choix <strong>de</strong> la présentation<strong>de</strong>s données, comparaisons et interprétations <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>-ci, rédaction <strong>de</strong> certaines parties du chapitre), étant à la foisauteur principal du chapitre et assistant <strong>de</strong> Jean-Char<strong>les</strong> Hourca<strong>de</strong>, coordinateur du chapitre.179


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto180


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTable <strong>de</strong>s matièresI. Typologie <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>.............................................................................................................183A. Diversité <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>, diversité <strong>de</strong>s buts.............................................................................183B. Modè<strong>les</strong> bottom-up versus modè<strong>les</strong> top-down.....................................................................1851. Bref historique <strong>de</strong> la modélisation "Economie, énergie, environnement" .......................1852. Les différences fondamenta<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux méthodologies .........................................1873. Les modè<strong>les</strong> bottom-up ....................................................................................................1894. Les modè<strong>les</strong> top-down......................................................................................................1915. De la réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 aux étu<strong>de</strong>s multi-gaz ...........................................1936. Conclusion : vers une intégration bottom-up/top-down ...................................................194C. Les modè<strong>les</strong> intégrés ............................................................................................................1951. Historique <strong>de</strong> la modélisation intégrée.............................................................................1962. Structure <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> intégrés.........................................................................................197II. Mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réductions <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GESà l'horizon 2010 ................................................................................................................................202A. Les coûts techniques <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES : <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up............2021. Introduction ......................................................................................................................2022. Présentation <strong>de</strong>s résultats .................................................................................................203a. De l'importance du potentiel sans regret dans <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s technologie par technologie 203b. L'apport <strong>de</strong> l'approche d'équilibre partiel .....................................................................2063. Analyse <strong>de</strong>s résultats ........................................................................................................211a. Analyse <strong>de</strong>s résultats pour <strong>les</strong> pays développés...........................................................211α. Différences liées aux conditions nationa<strong>les</strong> spécifiques ..........................................212β. Différences liées aux hypothèses et limites <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>.........................................213b. Analyse <strong>de</strong>s résultats pour <strong>les</strong> pays en développement................................................2134. Extensions récentes <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> bottom-up ....................................................................216a. Impact du progrès technique endogène........................................................................217b. Impact <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> ..................................................................................................2175. Conclusion........................................................................................................................220B. Les coûts <strong>de</strong> réduction dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down..............................................................2211. Présentation générale <strong>de</strong>s résultats...................................................................................2212. De l'importance d'un recyclage pertinent .........................................................................2233. L'engagement réciproque .................................................................................................2284. Remarques sur <strong>les</strong> subventions ........................................................................................231181


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto5. Les limites <strong>de</strong> l'analyse agrégée : analyse <strong>de</strong>s impacts redistributifs <strong>de</strong> l'écotaxe ...........232a. Entre <strong>les</strong> agents.............................................................................................................232b. Entre <strong>les</strong> secteurs..........................................................................................................232α. Exemption ................................................................................................................235β. Différenciation <strong>de</strong> la taxe .........................................................................................235χ. Compensation...........................................................................................................236δ. Distribution gratuite <strong>de</strong>s PEN ..................................................................................236c. Entre <strong>les</strong> différentes catégories <strong>de</strong> ménages.................................................................238α. Les effets régressifs <strong>de</strong> l'écotaxe ..............................................................................238β. Cadrage théorique : Classification selon le revenu versus classification selon <strong>les</strong>dépenses et revenu courant versus revenu permanent......................................................239χ. Analyse dynamique : <strong>de</strong> l'importance du recyclage.................................................241(i) Recyclage forfaitaire ............................................................................................241(ii) Recyclage vers la baisse du taux d’une taxe distorsive....................................241δ. La lutte contre <strong>les</strong> effets régressifs...........................................................................243ε. Conclusion................................................................................................................2446. Prise en compte <strong>de</strong>s autres GES.......................................................................................2447. Analyse quantitative <strong>de</strong>s résultats ....................................................................................2468. Conclusion........................................................................................................................249C. Les autres "double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>" : <strong>les</strong> bénéfices auxiliaires ....................................................250a. Evaluation <strong>de</strong>s impacts sur la santé publique...............................................................251b. Les bénéfices auxiliaires sectoriels ..............................................................................257α. Secteur énergétique ..................................................................................................257β. Agriculture et forêts .................................................................................................258χ. Transports.................................................................................................................258c. Conclusion....................................................................................................................259D. La where flexibility...............................................................................................................2591. Les avantages <strong>de</strong> la coopération internationale................................................................2592. Le principe <strong>de</strong> supplémentarité ........................................................................................2693. Les effets d'entraînement internationaux..........................................................................270a. Variation <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échange ................................................................................271b. Les fuites <strong>de</strong> carbone....................................................................................................273c. Comportement <strong>de</strong> l'OPEP (Organisation <strong>de</strong> Pays Producteurs <strong>de</strong> Pétrole)..................274d. Transferts technologiques et effets d'entraînement positifs .........................................275e. Conclusion : <strong>de</strong> l'importance du système <strong>de</strong> PEN sur <strong>les</strong> échanges internationaux.....2754. Le partage <strong>de</strong>s efforts à long terme ..................................................................................275III. Conclusion................................................................................................................................277Bibliographie du chapitre 4..............................................................................................................283182


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoI. Typologie <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s gaz à effet <strong>de</strong> serre (GES) a véritablement débuté à lasuite <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Nordhaus (1977) et s'est largement développée <strong>de</strong>puis 1988. Elle s'esthistoriquement inscrite à la suite <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> modélisation énergétique développés dans <strong>les</strong>années 1970 en réponse à l'instabilité <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> l'époque. Ces modè<strong>les</strong> spécialisés dans la<strong>de</strong>scription fine du secteur énergétique étaient <strong>les</strong> plus à même <strong>de</strong> décrire <strong>de</strong>s substitutions entretechnologies et énergies tant du côté <strong>de</strong> l'offre que du côté <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, répondant ainsi auxquestions économiques fondamenta<strong>les</strong> posées par <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux crises pétrolières <strong>de</strong>s années 1970.Aujourd'hui, une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> traite <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong> GES en l'abordant par <strong>de</strong>s ang<strong>les</strong> différents et en y apportant <strong>de</strong>s réponses différenteset complémentaires. Cette partie présente une typologie <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> capab<strong>les</strong> <strong>de</strong>fournir une évaluation <strong>de</strong> ces coûts. Elle peut être effectuée suivant trois critères : <strong>les</strong> objectifs dumodèle, leur structure et leurs hypothèses externes.A. Diversité <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>, diversité <strong>de</strong>s butsDe nombreux modè<strong>les</strong> sont utilisés à <strong>de</strong>s fins prédictives, fournissant une estimation <strong>de</strong>l’ensemble <strong>de</strong>s futurs <strong>les</strong> plus probab<strong>les</strong>. Cela impose <strong>de</strong>s contraintes méthodologiques très fortesaux auteurs du modèle. Le scénario <strong>de</strong> référence doit en effet incarner la représentation la plusprobable <strong>de</strong> l’avenir. Dans la mesure où le scénario <strong>de</strong> référence correspond au scénario enl'absence <strong>de</strong> politique interventionniste produit par le modèle, ce <strong>de</strong>rnier doit alors intégrer untraitement endogène du comportement économique et <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s généraux <strong>de</strong> croissance. On tenteen effet d’extrapoler <strong>les</strong> tendances historiques dans le futur, avec un minimum <strong>de</strong> paramètresexogènes, en apportant un soin particulier à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s interactions possib<strong>les</strong>. Cette approche esttypique <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> prévision gouvernementale et sectorielle et <strong>de</strong>s premières analyses <strong>de</strong>scénarios du changement climatique. Si ces analyses restent parfaitement valab<strong>les</strong> et uti<strong>les</strong> à courtterme, puisque l'on peut supposer que <strong>les</strong> extrapolations <strong>de</strong> tendances effectuées seront relativementpertinentes sur une telle pério<strong>de</strong>, leur incapacité à prédire <strong>les</strong> ruptures et <strong>les</strong> chocs <strong>les</strong> rendinadaptées pour <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s à plus long terme. La plupart <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> économiques <strong>de</strong> court termeont donc adopté cette logique. Pour le long terme, seuls <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> "Jorgenson-Wilcoxen"(Jorgenson et al., 1992 ; Shackleton, 1998), "McKibbin-Wilcoxen" (1996) et "Goul<strong>de</strong>r" (1995) ontadopté cette approche.D’autres modè<strong>les</strong> préfèrent se fixer un objectif d’exploration du futur plutôt que <strong>de</strong>prédiction, et, ce faisant, fournissent <strong>de</strong>s estimations potentiellement contre-intuitives. Les auteursdoivent pour ce faire construire plusieurs scénarios correspondant à <strong>de</strong>s visions cohérentes du futur,basés sur <strong>de</strong>s valeurs différentes pour <strong>les</strong> paramètres clés, technologiques, démographiques ouéconomiques, et <strong>les</strong> comparer à un scénario <strong>de</strong> référence. C’est par exemple la démarche suivie parl’IPCC (<strong>International</strong> Panel on Climate Change) dans la construction <strong>de</strong> scénarios <strong>de</strong> référence pourle siècle à venir (IPCC, 2000 ; cf. Chapitre 5). Pour autant, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> sont rarement élaborés danscet unique but, mais doivent parfois être adaptés pour pouvoir l’atteindre au mieux.183


Encadré IV.1. Annexe I et annexe BSelon <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s et selon leur sujet, on parle <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'annexe I ou <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'annexe B.L'annexe I <strong>de</strong> la Convention Cadre sur <strong>les</strong> Changements Climatiques <strong>de</strong>s Nations Unies (CCCCNU),signée à Rio en 1992, recense <strong>les</strong> pays signataires s'engageant dans un processus <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>sémissions. Elle comprend <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’OCDE, <strong>les</strong> pays est-européens et l’ex-URSS. L'annexe II <strong>de</strong> laCCCCNU regroupe un sous-ensemble <strong>de</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe I (<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDE) qui s'engagent en plus<strong>de</strong>s pays en transition à financer l'adaptation, le transfert <strong>de</strong> technologie et le renforcement <strong>de</strong>s capacités<strong>de</strong>s pays en développement. L'annexe B correspond à l'annexe du protocole <strong>de</strong> Kyoto en recensantégalement <strong>les</strong> signataires ayant accepté <strong>de</strong>s objectifs, quantitatifs cette fois, <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions.Seuls le Belarus et la Turquie appartiennent à l'annexe I sans appartenir à l'annexe B. Les autres payssignataires (pays en voie <strong>de</strong> développement) ne s'engagent ni qualitativement ni quantitativement dansun processus <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions mais dans un processus <strong>de</strong> coopération en termes d'informationet <strong>de</strong> transferts <strong>de</strong> technologie avec <strong>les</strong> autres pays signataires.ANNEXE IANNEXE BEngagements en % <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>GES par rapport à 1990Engagement au sein <strong>de</strong> labulle européenneAllemagne Allemagne -8 % -21%Australie Australie +8 %Autriche Autriche -8 % -13%BelarusBelgique Belgique -8 % -7,5%Bulgarie Bulgarie -8 %Canada Canada -6 %CEE CEE -8 %Croatie -5 %Danemark Danemark -8 % -21%Espagne Espagne -8 % +15%Estonie Estonie -8 %Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique -7 %Fédération <strong>de</strong> Russie Fédération <strong>de</strong> Russie 0 %Finlan<strong>de</strong> Finlan<strong>de</strong> -8 % 0%France France -8 % 0%Grèce Grèce -8 % +25%Hongrie Hongrie -6 %Irlan<strong>de</strong> Irlan<strong>de</strong> -8 % +13%Islan<strong>de</strong> Islan<strong>de</strong> 10 %Italie Italie -8 % -6,5%Japon Japon -6 %Lettonie Lettonie -8 %Liechtenstein -8 %Lituanie Lituanie -8 %Luxembourg Luxembourg -8 % -28%Monaco -8 %Norvège Norvège 1 % +1%Nouvelle-Zélan<strong>de</strong> Nouvelle-Zélan<strong>de</strong> 0 %Pays-Bas Pays-Bas -8 % -6%Pologne Pologne -6 %Portugal Portugal -8 % +27%République tchèque -8 %Roumanie Roumanie -8 %Royaume-Uni et d'Irlan<strong>de</strong> Royaume-Uni et d'Irlan<strong>de</strong>du Norddu Nord-8 % -12,5%Slovaquie -8 %Slovénie -8 %Suè<strong>de</strong> Suè<strong>de</strong> -8 % +4%Suisse Suisse -8 %TchécoslovaquieTurquieUkraine Ukraine 0 %En vert: <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe II, en rouge, <strong>les</strong> pays à économie en transition.


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoEnfin, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> peuvent servir à évaluer la faisabilité <strong>de</strong>s différents avenirs, souventdéfinis en termes <strong>de</strong> désirabilité plutôt que <strong>de</strong> vraisemblance. Ce but contraste avec <strong>les</strong> <strong>de</strong>uxprécé<strong>de</strong>nts dans la mesure où il implique l’élaboration d’une vision <strong>de</strong> l’état futur du systèmeétudié, puis une analyse <strong>de</strong> la manière dont cet état futur pourrait être réalisé. Cette méthodologie <strong>de</strong>"prévision à rebours" permet une i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s changements majeurs, ainsi que <strong>de</strong>sdiscontinuités dans <strong>les</strong> tendances actuel<strong>les</strong> qui pourraient être nécessaires si un avenir souhaitable<strong>de</strong>vait être atteint (Robinson, 1988, 1990).Les efforts actuels <strong>de</strong> modélisation ont surtout été portés sur <strong>de</strong>s objectifs exploratoires, mais<strong>les</strong> analyses <strong>de</strong> "prévision à rebours" visant à étudier <strong>de</strong>s scénarios d’avenir très différents <strong>de</strong> ceuxqui seraient retenus autrement continuent <strong>de</strong> susciter l’intérêt <strong>de</strong>s modélisateurs.B. Modè<strong>les</strong> bottom-up versus modè<strong>les</strong> top-down1. Bref historique <strong>de</strong> la modélisation "Economie, énergie, environnement"La fin <strong>de</strong>s années soixante est caractérisée, en économie <strong>de</strong> l’environnement, par l’apogée <strong>de</strong>l’économétrie. Le premier choc pétrolier va donc marquer une rupture, en brisant l’élasticitéunitaire jusque-là constatée entre le taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> l’économie et celui <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>énergétique. Les modè<strong>les</strong> économétriques étaient constamment recalibrés mais <strong>les</strong> prévisionseffectuées s’avéraient pourtant toujours erronées, ce qui jeta peu à peu le discrédit sur ces modè<strong>les</strong>.Figure IV.1. Evolution <strong>de</strong> la prévision <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> énergétiquesuite aux chocs pétroliersPrévisionavant le chocPremière révisionDeuxième révisionRéalité1973Temps185


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoEn réalité, la faib<strong>les</strong>se principale <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> économétriques est que leur validité reposesur l’hypothèse implicite d’égalité <strong>de</strong>s programmes primal et dual. Or cette égalité n'est vraie qu’àl’équilibre, ou au voisinage <strong>de</strong> l’équilibre, si bien qu’un tel modèle ne peut apporter <strong>de</strong>s prévisionsprécises lorsque <strong>les</strong> variations considérées (généralement cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s prix) sont importantes, commece fut le cas pour <strong>les</strong> prix <strong>de</strong> l’énergie suite au premier choc pétrolier <strong>de</strong> 1973 (cf. encadré III.1 duα βchapitre 3). En effet, si on a : E = k. R . p , où E est la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'énergie, R le revenu et p le prix<strong>de</strong> l'énergie, alors β est l’élasticité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> par rapport au prix, avec :β =∂EE∂PPβ ainsi définie mesure alors <strong>les</strong> variations infinitésima<strong>les</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’énergie sur <strong>les</strong>variations infinitésima<strong>les</strong> <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l’énergie.On suppose donc que l’on est toujours au voisinage <strong>de</strong> l’équilibre. Or, lorsque l’on étudie,même brièvement, la courbe d’évolution du prix du baril <strong>de</strong> pétrole, on s’aperçoit que tel n’est pasle cas. S’il peut paraître réaliste <strong>de</strong> supposer que la valeur d’une telle élasticité est par exemple<strong>de</strong> − 0,5 , cela implique <strong>de</strong>s résultats parfaitement inacceptab<strong>les</strong>. En effet, cela signifierait quelorsque le prix du baril double, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> diminue <strong>de</strong> 50%, puis lorsqu’il est à nouveau multipliépar <strong>de</strong>ux, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> se retrouve au quart <strong>de</strong> son niveau d’origine. Cela n’est absolument pasréaliste, ne serait-ce que parce que <strong>les</strong> variations <strong>de</strong> prix connues dans <strong>les</strong> années soixante-dix furentbruta<strong>les</strong> et que le capital en place ne pouvait être intégralement remplacé dans <strong>de</strong>s laps <strong>de</strong> tempstrès courts. En outre, le prix du baril est passé en moins <strong>de</strong> dix ans <strong>de</strong> 2$ à 32$.Des modè<strong>les</strong> technico-économiques sont alors élaborés qui donnent <strong>de</strong>s prévisions beaucoupplus fiab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la consommation énergétique. Ces modè<strong>les</strong> fournissent une<strong>de</strong>scription fine <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s déterminants <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. La décomposition <strong>de</strong> Kaya (1990)fournit un exemple d'une grille <strong>de</strong> lecture explicative <strong>de</strong>s modifications observées <strong>de</strong> laconsommation énergétique. Si on appelle E la consommation énergétique, VA i la valeur ajoutée dusecteur i (<strong>les</strong> différents secteurs <strong>de</strong> l’économie étant indicés par i) et PIB le produit intérieur brut, ona :E VAiE= ∑ PIBVA PIBiiSi l'on passe en variation, on obtient alors :A⎛ E ⎞VAi∆ E= PIB∑∆⎜ ⎟i ⎝VAi⎠ PIBE ⎛VAi⎞+PIB∑∆ ⎜ ⎟i VAi ⎝ PIB ⎠E VAi+ ∑ ∆( PIB)VA PIBiieffet lié au contenu énergétique <strong>de</strong> la productioneffet <strong>de</strong> structureeffet d’activité.186


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoAu Japon, par exemple, environ 60% <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> la consommation énergétique observéedans <strong>les</strong> années 70 étaient imputab<strong>les</strong> à une mutation structurelle <strong>de</strong> leur économie, puisque <strong>les</strong>usines <strong>de</strong> fusion d’aluminium ont été fermées durant cette pério<strong>de</strong>.Les modè<strong>les</strong> technico-économiques étaient donc plus adaptés pour appréhen<strong>de</strong>r ce qui sepassait, dans la mesure où <strong>les</strong> trois catégories d’effets pouvaient y être représentées. Le problèmeétait que ces modè<strong>les</strong> appréhendaient mal <strong>les</strong> effets-prix. C’est pourquoi, progressivement, <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> plus économiques, mais incorporant une <strong>de</strong>scription plus fine que leurs aînés <strong>de</strong>sdéterminants <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, sont revenus sur le <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la scène <strong>de</strong> la modélisation économicoénergétiqueà partir du milieu <strong>de</strong>s années 1980. Les modè<strong>les</strong> qui traitent aujourd’hui <strong>de</strong>s problèmeséconomiques liés au changement climatique sont pour la plupart <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scendants <strong>de</strong> ces modè<strong>les</strong> etforment <strong>de</strong>ux catégories, selon qu’ils sont plutôt l’œuvre d’économistes (modè<strong>les</strong> top-down), avecune priorité donnée à la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> marché, ou celle d’ingénieurs, qui préfèrentune <strong>de</strong>scription fine <strong>de</strong>s technologies (modè<strong>les</strong> bottom-up). Néanmoins, l’opposition entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>uxparadigmes n’est plus aussi caricaturale et beaucoup <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> aujourd’hui, même s'ils comportenttoujours une prédominance <strong>de</strong> l’un ou l’autre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux paradigmes, fournissent une analyse plusmixte <strong>de</strong>s phénomènes, incluant une <strong>de</strong>scription fine <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> tout en prenant largement encompte <strong>les</strong> mécanismes économiques.2. Les différences fondamenta<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux méthodologiesDerrière l’opposition entre <strong>de</strong>ux paradigmes, celui <strong>de</strong>s ingénieurs et celui <strong>de</strong>s économistes,se cache une opposition fondamentale entre <strong>de</strong>ux approches qui diffèrent, tant par le point <strong>de</strong> vuequ’el<strong>les</strong> adoptent que par <strong>les</strong> réponses qu’el<strong>les</strong> donnent aux mêmes questions. Le tableau suivantrécapitule <strong>les</strong> quatre gran<strong>de</strong>s caractéristiques structurel<strong>les</strong> qui permettent <strong>de</strong> classer <strong>les</strong> différentsmodè<strong>les</strong> existants et situent <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s catégories, top-down et bottom-up, pour chacune <strong>de</strong>ces caractéristiques. Il montre clairement l’opposition entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux approches et illustre l’aptitu<strong>de</strong><strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> top-down à prévoir <strong>les</strong> effets économiques généraux (prévision) et celle <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> àsimuler <strong>les</strong> substitutions technologiques (exploration). Chacune <strong>de</strong>s dimensions présentées dans letableau IV.1 sont indépendantes.Les étu<strong>de</strong>s basées sur <strong>de</strong>s évaluations plus détaillées et plus complètes <strong>de</strong>s mesurestechnologiques ten<strong>de</strong>nt à donner <strong>de</strong>s potentiels d’efficacité plus importants et <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> réductionmoindres que <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s moins détaillées. En outre, la plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s bottom-up ne quantifientpas la rétroaction <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’énergie sur <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>s combustib<strong>les</strong>, ni l’effetsupplémentaire d’une baisse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s combustib<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s services énergétiques sur <strong>les</strong>niveaux d’efficacité énergétique rentable et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’énergie. De ce fait, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s bottom-upten<strong>de</strong>nt à surestimer <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> réduction que <strong>les</strong> mesures <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong>s marchéspermettraient d’atteindre.187


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.1. Caractéristiques structurel<strong>les</strong> clés <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> énergie/économieCaractéristiques structurel<strong>les</strong>Implications en termes <strong>de</strong> pertinence dansl'utilisation1. Degré d’endogénéisation : mesure danslaquelle <strong>les</strong> relations comportementa<strong>les</strong> sontendogénéisées dans <strong>les</strong> équations <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>ou considérées comme <strong>de</strong>s hypothèsesendogènes.2. Etendue <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s composants<strong>de</strong>s secteurs non liés à l’énergie <strong>de</strong>l’économie (investissement, commerce,consommation <strong>de</strong> biens et services nonénergétiques, répartition <strong>de</strong>s revenus...).Les modè<strong>les</strong> qui endogénéisent <strong>les</strong>comportements sont appropriés à la prévision<strong>de</strong> résultats réels ; <strong>les</strong> autres sont plusappropriés à la simulation <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>schangements en fonction <strong>de</strong>s comportementspassés.Les modè<strong>les</strong> qui décrivent ces secteurs endétail (modè<strong>les</strong> top-down) sont plusappropriés à l’analyse <strong>de</strong>s effets économiquesgénéraux <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> énergétiques.3. Etendue <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s usages finals<strong>de</strong> l’énergie.4. Etendue <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s technologiesd’offre <strong>de</strong> l’énergie.Les modè<strong>les</strong> qui décrivent en détail cesusages (modè<strong>les</strong> bottom-up) sont plusappropriés à l’analyse <strong>de</strong>s potentielstechnologiques pour l’efficacité énergétique.Les modè<strong>les</strong> décrivant en détail cestechnologies (modè<strong>les</strong> bottom-up) sont plusappropriés à l’analyse <strong>de</strong>s potentiels <strong>de</strong>substitution entre sources d'énergie primaireset technologies <strong>de</strong> transformation.Les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> répon<strong>de</strong>nt chacun à une logique différente. De nombreuxmodè<strong>les</strong> top-down, initialement construits à <strong>de</strong>s fins d'analyse <strong>de</strong> politique économique, ont recoursà <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sectoriel<strong>les</strong> agrégées ou quasi-agrégées. La conséquence en est qu'ilssaisissent <strong>les</strong> tendances <strong>de</strong> développement et <strong>les</strong> tendances technologiques futures par le biais <strong>de</strong>relations économétriques classiques. Les utiliser dans <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> long terme revient àextrapoler <strong>les</strong> tendances actuel<strong>les</strong> dans le long terme, ce qui est difficilement acceptable. Enrevanche, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up, conçus à l'origine pour <strong>les</strong> besoins <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> spécifique d'unsecteur donné, se fon<strong>de</strong>nt sur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions relativement précises <strong>de</strong>s technologies d'usage finalet <strong>de</strong> production mais ne traitent généralement pas <strong>de</strong>s rétroactions macroéconomiques. Cesmodè<strong>les</strong> sont donc plus adaptés à une analyse du type "Que se passe-t-il si..." qu'à <strong>de</strong>s prévisions.On voit donc que la différenciation entre modè<strong>les</strong> top-down et bottom-up dépasse le rapport qu’ont<strong>les</strong> auteurs à la réalité. Par leur structure propre, ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> permettent <strong>de</strong> répondreà <strong>de</strong>s questions différentes, ou aux mêmes questions mais envisagées sous différents points <strong>de</strong> vue.Il est nécessaire d’avoir ceci à l’esprit lorsque l’on s’engage dans une comparaison <strong>de</strong>s résultatsobtenus avec <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux types d’approches.188


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoFondamentalement, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down analysent <strong>de</strong>s comportements agrégés, basés sur<strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> prix et <strong>de</strong>s élasticités économiques. De leur côté, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up se fon<strong>de</strong>ntsur une analyse détaillée <strong>de</strong>s potentiels techniques, axée sur l’intégration <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s technologieset <strong>de</strong> données <strong>de</strong> performance. Tous <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> existants ne correspon<strong>de</strong>nt pas parfaitement à l'une<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux catégories et un certain nombre <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> « hybri<strong>de</strong>s » existent désormais. Cettedistinction entre top-down et bottom-up recouvre souvent une opposition entre pessimisme duparadigme économique (puisque, par nature, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> économiques supposent que <strong>les</strong> lois dumarché ne permettent aucun dysfonctionnement sur lequel baser une politique économique <strong>de</strong> luttecontre l’effet <strong>de</strong> serre à coût nul ou faible) et l’optimisme du paradigme <strong>de</strong>s ingénieurs. Lesmodè<strong>les</strong> bottom-up démontrent l’existence <strong>de</strong> cet écart d’efficacité et suggèrent donc que, grâce auxmesures à coûts négatifs (utilisation du potentiel <strong>de</strong> stratégies sans regrets), <strong>de</strong>s réductionsd’émissions substantiel<strong>les</strong> pourraient être réalisées moyennant <strong>de</strong>s taxes et <strong>de</strong>s coûts peu élevés,voire <strong>de</strong>s économies nettes. Le tableau suivant résume <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> différences entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>uxtypes d'approches.Tableau IV.2. Distinctions structurel<strong>les</strong> clés entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down et bottom-upTop-downBottom-upDimension conceptuelle1. Concepts et termes Approche économique Approche d'ingénieur2. Traitement du capital Concept homogène et abstrait Description précise <strong>de</strong> l’équipement3. Traitement du changement Recours à <strong>de</strong>s taux tendanciels, Menu <strong>de</strong>s options technologiquestechniquegénéralement exogènes4. Force en action dans le modèle Réponses <strong>de</strong>s agents économiques enfonction d’élasticités prix et revenusOptimisation <strong>de</strong>s choix technologiquesen fonction d'un taux d’actualisation5. Perception du marché Marchés parfaits Marchés imparfaits et présence <strong>de</strong>barrières6. Potentiel d’amélioration <strong>de</strong>l’efficacitéGénéralement faibleI<strong>de</strong>ntification d’opportunités à coûtsnégatifsDimension structurelle Premiers modè<strong>les</strong> Modè<strong>les</strong> récents Premiers modè<strong>les</strong> Modè<strong>les</strong> récents1. Endogénéisation <strong>de</strong>sElevée Elevée Faible En augmentationcomportements2. Degré <strong>de</strong> détail sur <strong>les</strong> secteurs Moyen Moyen Faible En augmentationnon liés à l’énergie3. Degré <strong>de</strong> détail sur <strong>les</strong> usages Faible En augmentation Elevé Elevéfinals <strong>de</strong> l’énergie4. Degré <strong>de</strong> détail sur <strong>les</strong> Faible En augmentation Elevé Elevétechnologies d’offre d’énergie5. Orientation prédictive Elevée En baisse Faible En augmentation3. Les modè<strong>les</strong> bottom-upLes modè<strong>les</strong> technico-économiques ont été mis au point, suite au premier choc pétrolier,pour explorer le potentiel d’un découplage <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en énergie et <strong>de</strong> la croissance. Celanécessitait <strong>de</strong>s analyses bottom-up ou désagrégées sur <strong>les</strong> alternatives techniques et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> enservices spécifiques.189


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoParmi <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up, on distingue habituellement trois approches :• Les modè<strong>les</strong> tableurs qui résolvent un ensemble d’équations simultanées pour décrire lamanière dont un ensemble donné <strong>de</strong> technologies est, ou pourrait être, adopté par uneéconomie.• Les modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> simulation qui offrent une représentation complexe <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong>l'offre dans le secteur énergétique (usages finals, technologie <strong>de</strong> conversion et <strong>de</strong> productionfinement détaillée). Ces modè<strong>les</strong> sont très flexib<strong>les</strong> et peuvent généralement facilementtraduire <strong>les</strong> spécificités nationa<strong>les</strong> mais présentent <strong>les</strong> trois limites suivantes (UNEP, 1991) :c'est souvent à l'utilisateur du modèle <strong>de</strong> s'assurer <strong>de</strong> sa cohérence, ce qui peut représenter untravail important ; <strong>les</strong> résultats d'un scénario <strong>de</strong> simulation n'indiquent pas si l'on se trouve àl'optimum ou non ; la nécessaire connaissance globale du modèle par l'utilisateur est renduedifficile par son <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> détail.• Les modè<strong>les</strong> d’optimisation, qui associent à un niveau détaillé <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription du secteurénergétique une programmation linéaire visant à minimiser <strong>les</strong> coûts actualisé <strong>de</strong> long terme<strong>de</strong> satisfaction <strong>de</strong>s usages finals.Chacune <strong>de</strong> ces approches peut être utilisée soit dans une démarche prescriptive soit dansune démarche <strong>de</strong>scriptive. Un modèle prescriptif étudie l’effet <strong>de</strong> la seule acquisition <strong>de</strong>stechnologies disponib<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus efficaces, ou l’effet <strong>de</strong> la minimisation <strong>de</strong>s coûts explicites d’unservice donné au niveau d’un système (par exemple l’offre d’électricité, <strong>les</strong> transports urbains oul’occupation <strong>de</strong>s sols). En revanche, un modèle <strong>de</strong>scriptif essaiera d’estimer le panier technologiquequi résulterait <strong>de</strong> décisions réel<strong>les</strong>, basées sur <strong>de</strong>s facteurs tels que <strong>de</strong>s préférences plus complexes(<strong>de</strong>s personnes préférant leur voiture particulière même si le coût au kilomètre est supérieur à celuidu rail), <strong>les</strong> coûts intangib<strong>les</strong> (<strong>les</strong> exemp<strong>les</strong> courants <strong>de</strong> coûts intangib<strong>les</strong> étant le coût d’uneinformation suffisante sur une nouvelle technologie permettant <strong>de</strong> l’envisager vraiment comme uneoption, <strong>les</strong> risques perçus associés aux coûts <strong>de</strong> capital et d’exploitation d’une technologie ou, enfin,<strong>les</strong> divers coûts <strong>de</strong> transaction associés à la recherche, la comman<strong>de</strong>, l’envoi, l’installation,l’entretien d’une nouvelle technologie), <strong>les</strong> contraintes liées au capital, <strong>les</strong> attitu<strong>de</strong>s vis à vis durisque et <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> ou tout type <strong>de</strong> barrière <strong>de</strong> marché. De tel<strong>les</strong> analyses auront typiquementtendance à être moins optimistes que <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s prescriptives sur la limitation, à moins que l’onsuppose que <strong>de</strong>s mesures appropriées suppriment <strong>les</strong> barrières s’opposant à l’adoption <strong>de</strong>smeilleures technologies disponib<strong>les</strong>.Tous <strong>les</strong> scénarios bottom-up <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> future d’énergie reposent sur l’hypothèse selonlaquelle l’intervention <strong>de</strong>s pouvoirs publics peut, au moins partiellement, changer <strong>les</strong>comportements <strong>de</strong>s consommateurs et <strong>de</strong>s entreprises en matière d’investissement, en <strong>les</strong> faisantévoluer <strong>de</strong> schémas traditionnellement sous-optimaux vers <strong>de</strong>s choix économiquement optimaux.On fait alors l’hypothèse que <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> publiques modifieront <strong>les</strong> achats d’équipementscomplémentaires ou <strong>de</strong> remplacement pendant la pério<strong>de</strong> étudiée. Pour <strong>de</strong>s horizons temporelscourts, cette hypothèse implique qu’un changement total au profit d’équipements <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>efficacité énergétique se produira en un cycle <strong>de</strong> renouvellement du capital, ce qui représente unehypothèse vraisemblablement trop optimiste.Par contre, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up adoptent une position assez pessimiste en considérant que<strong>les</strong> <strong>politiques</strong> actuel<strong>les</strong> limiteraient la généralisation <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong>s marchés.Le potentiel d’économies réalisab<strong>les</strong> est donc logiquement estimé à un faible niveau.190


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoEnfin, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s qui retiennent un horizon plus éloigné font un compromis entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux.La plupart <strong>de</strong>s biens d’équipement seront remplacés une ou plusieurs fois, ce qui permet d’atteindre<strong>de</strong>s niveaux d’efficacité énergétique au moindre coût, même si <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> menées n’entraînentpas la modification <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong>s investissements la première fois.Par rapport aux étu<strong>de</strong>s top-down, <strong>les</strong> hypothèses <strong>de</strong> départ sont déterminantes dans <strong>les</strong>étu<strong>de</strong>s bottom-up, tandis que la structure <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> l'est généralement moins. Pour un horizontemporel donné et une zone géographique déterminée, <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> résultats entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>bottom-up sont imputab<strong>les</strong> essentiellement à :- la qualité <strong>de</strong> l’analyse technique à partir <strong>de</strong> laquelle sont établies <strong>les</strong> courbes d’offrepour l’efficacité énergétique et d’offre provenant <strong>de</strong> la cogénération et <strong>de</strong>s énergiesrenouvelab<strong>les</strong> ;- l’efficacité supposée <strong>de</strong>s instruments <strong>politiques</strong> pour mobiliser un potentiel <strong>de</strong>ressource d’une bonne efficacité-coût.La manière <strong>de</strong> traiter <strong>les</strong> coûts administratifs <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> peut également jouer un rôleimportant. La plupart <strong>de</strong>s analyses bottom-up se fon<strong>de</strong>nt sur l’hypothèse selon laquelle <strong>de</strong>s normesd’efficacité énergétique seraient le principal outil. Si cel<strong>les</strong>-ci ont <strong>de</strong>s coûts administratifsnégligeab<strong>les</strong>, ce n’est pas le cas <strong>de</strong> certains types <strong>de</strong> programmes d’incitation. Cela est pris encompte dans <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s <strong>les</strong> plus récentes.4. Les modè<strong>les</strong> top-downA cette approche pragmatique mais partielle <strong>de</strong>s ingénieurs s’oppose la démarche globale etthéorique <strong>de</strong>s économistes. Les modè<strong>les</strong> top-down ont recours à quatre types <strong>de</strong> méthodologies :• Modè<strong>les</strong> INPUT-OUTPUT : ces modè<strong>les</strong> s'attachent à décrire <strong>les</strong> interrelations entre <strong>les</strong>secteurs économiques par le biais d'un ensemble d'équations simultanées linéaires. Lescoefficients <strong>de</strong> ces équations sont fixés, ce qui implique que <strong>les</strong> substitutions <strong>de</strong> facteurs, leprogrès technique et l'ensemble <strong>de</strong>s modifications comportementa<strong>les</strong> consécutives à la miseen œuvre d'une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions ne peuvent pas être mises en évi<strong>de</strong>nce.Les modè<strong>les</strong> I-O considèrent la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> agrégée comme donnée. Ils sont particulièrementuti<strong>les</strong> pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s conséquences sectoriel<strong>les</strong> d'une politique, dans la mesure où ilsfournissent un niveau <strong>de</strong> détail élevé sur la satisfaction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> dans chacun <strong>de</strong>ssecteurs (Fankhauser et McCoy, 1995). Néanmoins, en raison du caractère statique <strong>de</strong> la<strong>de</strong>scription fournie, la validité <strong>de</strong> ces modè<strong>les</strong> est limitée au court terme (5 à 15 ans).• Modè<strong>les</strong> macroéconomiques néo-keynésiens : suivant une logique keynésienne, ces modè<strong>les</strong>considèrent que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> finale est le principal déterminant <strong>de</strong> la production nationalefinale et décrivent donc la dynamique <strong>de</strong> consommation et d'investissement dans différentssecteurs, considérant que <strong>les</strong> ajustements se font par <strong>les</strong> quantités plutôt que par <strong>les</strong> prix.Une sous-utilisation <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> production et du chômage involontaire sont alorsenvisageab<strong>les</strong>, ce qui prédispose naturellement ces modè<strong>les</strong> à traiter <strong>de</strong>s éventuelsrecyclages <strong>de</strong>s recettes d'une écotaxe. Ces modè<strong>les</strong> englobent <strong>de</strong>s ensemb<strong>les</strong> d’équations,dont <strong>les</strong> paramètres sont estimés économétriquement, qui incarnent à court et moyen termela dynamique <strong>de</strong>s agrégats économiques nationaux et <strong>de</strong>s composants <strong>de</strong> l’activitééconomique qui leur sont liés (travail, épargne, consommation). Ils simulent habituellementla production potentielle globale comme une fonction <strong>de</strong>s intrants agrégés du capital et dutravail et parfois <strong>de</strong> l’énergie et <strong>de</strong>s matériaux. Ils utilisent <strong>de</strong>s tableaux entrées/sorties pour191


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotodécrire <strong>les</strong> transactions entre <strong>les</strong> secteurs économiques et <strong>de</strong>s équations avec retard pourmodéliser l’inertie dans <strong>les</strong> processus d’ajustement et tenir compte du chômage à courtterme en réponse aux chocs. Pour <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s plus longues, ils ne ren<strong>de</strong>nt pas compte <strong>de</strong>seffets <strong>de</strong> préférence et <strong>de</strong>s attentes intertemporel<strong>les</strong> et saisissent le changement technique <strong>de</strong>manière plutôt statique. C'est pourquoi on limite la validité <strong>de</strong> ces modè<strong>les</strong> au moyen terme.• Modè<strong>les</strong> d’équilibre général calculable (MEGC) : ces modè<strong>les</strong> utilisent le cadremicroéconomique standard et simulent donc <strong>de</strong>s marchés sur <strong>les</strong>quels l'offre et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>se rencontrent, déterminant alors simultanément <strong>les</strong> prix et <strong>les</strong> quantités d’équilibre surchacun <strong>de</strong>s marchés considérés (marchés <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production, <strong>de</strong>s biens, <strong>de</strong>s échangesextérieurs…). Par opposition avec <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> néo-keynésiens, ils ne se fon<strong>de</strong>nt passystématiquement sur <strong>de</strong>s relations économétriques. Par contre, ils sont souvent calibrés surune année donnée, <strong>de</strong> manière à garantir la cohérence <strong>de</strong>s paramètres. Ceci pose alors leproblème <strong>de</strong> la dépendance <strong>de</strong>s résultats à l’année choisie pour le calibrage du modèle. Cenon recours à l’économétrie permet une plus gran<strong>de</strong> flexibilité dans l’utilisationd’informations provenant <strong>de</strong>s autres modè<strong>les</strong> ou <strong>de</strong> jugement d’experts sur <strong>les</strong> déplacements<strong>de</strong>s tendances actuel<strong>les</strong>. Bien que limitant l’assise statistique, ceci constitue une force pource type <strong>de</strong> modèle car cela permet une meilleure appréhension du long terme que nel'autorise l’économétrie pure. Le modèle cherche donc le vecteur (prix, salaires, tauxd'intérêt, taux <strong>de</strong> change) qui va permettre d'établir l'équilibre sur l'ensemble <strong>de</strong>s marchésconsidérés. Par conséquent, <strong>les</strong> processus d'ajustement ne sont pas représentab<strong>les</strong> dans un telcadre. Même s’il <strong>de</strong>meure possible d’introduire un déséquilibre dans un tel modèle àl’origine, à la première itération du modèle, tous <strong>les</strong> marchés sont à l'équilibre. La recherched'un potentiel sans regret ou d'un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> économique dans ce type <strong>de</strong> modèle estdonc interdite par la nature même <strong>de</strong> celui-ci sauf à le contraindre <strong>de</strong> manière artificielle auprix d'une très gran<strong>de</strong> dévalorisation du crédit que l'on peut accor<strong>de</strong>r aux résultatsquantitatifs du modèle.• Modè<strong>les</strong> d'optimisation énergétique dynamique : assimilab<strong>les</strong> par bien <strong>de</strong>s points à lacatégorie précé<strong>de</strong>nte, ces modè<strong>les</strong> d'équilibre partiel pour le secteur énergétique minimisentle coût total du système énergétique complet (incluant donc <strong>les</strong> usages finals) sur unepério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 40-50 ans. Ces coûts incluent <strong>les</strong> coûts d'investissement et d'opération pour tous<strong>les</strong> secteurs, établis à partir d'une représentation détaillée du coût <strong>de</strong>s facteurs et en fonction<strong>de</strong>s hypothèses sur la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. Les premières versions <strong>de</strong> cesmodè<strong>les</strong> cherchaient à satisfaire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au moindre coût, tandis que <strong>les</strong> plus récentespermettent également à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> s'ajuster aux prix. En outre, <strong>les</strong> versions <strong>les</strong> plusrécentes <strong>de</strong> ces modè<strong>les</strong> établissent un lien entre le niveau <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> macroéconomiqueet celui <strong>de</strong> l'énergie. Comme dans <strong>les</strong> MEGC, la dynamique <strong>de</strong> ces modè<strong>les</strong> est produite parl’accumulation <strong>de</strong>s capitaux et/ou la croissance exogène <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> laproductivité. La représentation détaillée <strong>de</strong>s technologies permet d'endogénéiser le taux <strong>de</strong>turnover du capital et <strong>les</strong> effets d'apprentissage. Ces modè<strong>les</strong> sont particulièrement adaptéspour étudier <strong>les</strong> aspects dynamiques <strong>de</strong>s coûts et potentiels <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions.Du fait que <strong>les</strong> relations économétriques entre <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> agrégées sont généralement plusfiab<strong>les</strong> que <strong>les</strong> relations entre <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> désagrégées et que le comportement du modèle estégalement plus stable avec le premier type <strong>de</strong> variab<strong>les</strong>, il est courant d’adopter <strong>de</strong>s niveaux élevésd’agrégation (<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à dix biens et services) dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> économétriques top-down, pour <strong>les</strong>rendre plus soli<strong>de</strong>s sur <strong>de</strong> longues pério<strong>de</strong>s, ce qui signifie que, à quelques notab<strong>les</strong> exceptions près,l’écart d’agrégation entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down et bottom-up tend à s’accroître lorsque <strong>de</strong> trèslongues pério<strong>de</strong>s sont prises en considération.192


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoOn peut affirmer que <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down s’intéressent surtout aux flux financiers <strong>de</strong>l’économie dans son ensemble et fournissent <strong>de</strong>s outils analytiques sophistiqués à ce niveau, tandisque <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> sectoriels, qui ont eu également tendance à être top-down, mais avec <strong>de</strong>sreprésentations assez détaillées <strong>de</strong>s technologies, sont axés sur la dynamique <strong>de</strong>s marchés provenantd’une structure industrielle donnée, mais accordant peu <strong>de</strong> place aux rétroactions globa<strong>les</strong> avec lereste <strong>de</strong> l’économie. Dans le passé, cette différence d’accent a entraîné <strong>de</strong>s différences significativesentre <strong>les</strong> résultats car <strong>les</strong> bouc<strong>les</strong> <strong>de</strong> rétroactions économiques plus larges tendaient à augmenter <strong>les</strong>coûts macroéconomiques <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. Plus récemment, d’autres rétroactions ont étéintroduites (recyclage <strong>de</strong>s recettes fisca<strong>les</strong>) qui ten<strong>de</strong>nt à réduire <strong>les</strong> coûts macroéconomiques.Figure IV.2. Répartition <strong>de</strong>s principaux modè<strong>les</strong> top-down par typeModèle d'équilibre général calculableModèle d'évaluation intégrésModèle <strong>de</strong>scriptifdu système énergétiqueModèle macroéconomiquesPOLESAIMGRAPEMERGEISGM CETARICE EDGE G-CUBED E3-MEEPPAOXFORDGEM-E3GREENGTEMMS-MRTSGMWorldscanModèle d'analyse<strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> PENECNZhangCICERO5. De la réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 aux étu<strong>de</strong>s multi-gazLe lien historique entre <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s économiques traitant du problème <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong> serre et <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> énergétiques élaborés dans <strong>les</strong> années soixante-dix a, pendant une vingtaine d'années,limité le champ <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s aux émissions <strong>de</strong> CO 2 (dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone). Cel<strong>les</strong>-ci étantprincipalement liées à l'utilisation <strong>de</strong>s énergies fossi<strong>les</strong>, l'utilisation <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> purementénergétiques paraissait parfaitement justifiée. La légitimité <strong>de</strong> l'utilisation <strong>de</strong> cet outil est d'autantplus gran<strong>de</strong> que <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 représentent environ 60% <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>GES.Les modè<strong>les</strong> traitant <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>s autres GES ont <strong>de</strong>mandé un effort <strong>de</strong> constructionimportant et le traitement <strong>de</strong> ces autres gaz <strong>de</strong>meure parfois imparfait. Il reste cependant vrai que laplupart <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> ne retiennent que le CO 2 dans leurs simulations, notamment dans la classe <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong> macroéconomiques mondiaux.193


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto6. Conclusion : vers une intégration bottom-up/top-downEn définitive, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux approches, top-down et bottom-up, représentent chacune unedéfinition différente du changement technique, en ce sens qu’un économiste estimera que lacroissance <strong>de</strong> la productivité est liée à d’autres facteurs que <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> caractéristiquestechnologiques du système <strong>de</strong> production : une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ralentie ou <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s croissantespeuvent engendrer une plus faible productivité économique, même si <strong>les</strong> équipements ont uneefficacité technique importante.D’ailleurs, à l'instar <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> bottom-up dont c'est le cœur, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down ren<strong>de</strong>ntcompte <strong>de</strong>s changements technologiques via <strong>de</strong>ux paramètres : l’indice d’amélioration autonome <strong>de</strong>l’efficacité énergétique d’une part et l’élasticité <strong>de</strong> substitution entre <strong>les</strong> inputs agrégés pour <strong>les</strong>ménages et <strong>les</strong> entreprises d’autre part. Le premier paramètre est une fonction du temps et indiquele taux auquel la pénétration <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> technologies peut changer l’intensité énergétique <strong>de</strong>l’économie. Le second est une fonction <strong>de</strong>s prix relatifs <strong>de</strong>s inputs, et permet <strong>de</strong> mesurer le <strong>de</strong>gréauquel le capital et le travail peuvent se substituer à l’énergie dans la production à mesure que <strong>les</strong>prix <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier facteur <strong>de</strong> production augmentent relativement à ceux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux premiers.Récemment, <strong>les</strong> modélisateurs top-down se sont montrés plus disposés à abandonner <strong>les</strong>paramètres calculés à partir <strong>de</strong>s données passées en faveur d’autres valeurs, dérivées par exempled’analyses bottom-up détaillées, tant pour l’indice d’amélioration autonome <strong>de</strong> l’efficacitéénergétique que pour l’élasticité <strong>de</strong> substitution. Cette inclusion d’informations issues <strong>de</strong> modè<strong>les</strong>bottom-up est relativement facile à réaliser dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down utilisant <strong>de</strong>s approches <strong>de</strong>"référence" pour le calibrage.De même, certains modè<strong>les</strong> bottom-up ont intégré un certain nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>scriptions plusfines <strong>de</strong>s comportements économiques et <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> rétroactions entre <strong>les</strong> secteurs. En particulier,<strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s bottom-up sont <strong>de</strong>venues plus sophistiquées en ce qui concerne :- l’analyse technique, et en particulier <strong>les</strong> améliorations d’efficacité du côté <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> ;- <strong>les</strong> coûts administratifs. La plupart <strong>de</strong>s anciennes analyses bottom-up supposaient que<strong>les</strong> normes d’efficacité énergétique, avec <strong>de</strong>s coûts administratifs minimaux, seraient leprincipal instrument. L’analyse récente prend <strong>de</strong> plus en plus en considération <strong>les</strong> coûtsadministratifs qu’impliquent <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’électricité.Ces coûts varient entre <strong>de</strong>s valeurs négligeab<strong>les</strong> (Eto et al., 1994) et <strong>de</strong>s valeursconsidérab<strong>les</strong> (Joskow et Marron, 1993), principalement en fonction du type <strong>de</strong> mesuresincitatives envisagées ;- l’efficacité <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong>. Les résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s bottom-up varient selon la manièredont el<strong>les</strong> prennent en compte <strong>les</strong> coûts administratifs et <strong>de</strong> transition.Dans ces modè<strong>les</strong> bottom-up, il arrive que le coût net soit plus élevé que le coût brut puisquele recyclage <strong>de</strong>s recettes ne peut être effectué qu'à mauvais escient. Pour <strong>les</strong> modélisateurs topdown,au contraire, il existe <strong>de</strong>s défauts <strong>de</strong> marché dans <strong>les</strong> systèmes énergétiques, <strong>les</strong> systèmes <strong>de</strong>transport et <strong>de</strong> l'agriculture, qui peuvent être corrigés par <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions.Rares sont <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> qui simulent une politique complexe combinant plusieursinstruments et surtout plusieurs catégories d'instruments. Le tableau IV.3 présente, selon lacatégorie <strong>de</strong> modèle, la pertinence à simuler <strong>les</strong> différentes catégories d'instruments.194


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoModè<strong>les</strong> macroéconomiquesI-OKeynésiensEquilibre général calculableTableau IV.3. Présentation <strong>de</strong>s instruments simulab<strong>les</strong> selon la nature du modèleInstrumentséconomiquesTous <strong>les</strong> instrumentsmais généralement pas<strong>de</strong> modélisation <strong>de</strong>scoûts <strong>de</strong> transactionInstrumentsinstitutionnelsHypothèses exogènesSoutien <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong>volontaristesFonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>pour <strong>les</strong> biens environnementauxTechnico-économique Exogène Exogène, apprentissage Hypothèses qualitativesModè<strong>les</strong> sectorielsEquilibre partielTous <strong>les</strong> instrumentsFonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>Changement du stock <strong>de</strong><strong>de</strong>s biens environnementauxcapitalexogèneOptimisation ou simulationtechnico-économiqueEvaluation <strong>de</strong>s projetsAnalyse coûts/bénéficesAnalyse coûts/efficacitéEvaluation technologiqueTous <strong>les</strong> instruments àtravers un changementdu stock <strong>de</strong> capitalTous <strong>les</strong> instrumentsTous <strong>les</strong> instrumentsAucun instrumentHypothèses exogènessur <strong>les</strong> normes et laR&D ; courbes d'apprentissageDonnées technologiquesexogènesL'investissement reflète<strong>les</strong> prévisions sur lavaleur <strong>de</strong> l'environnement.Fonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>de</strong>s biens environnementauxexogèneSi <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> macroéconomiques sont adaptés pour simuler une politique basée surl'utilisation d'instruments économiques, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> technico-économiques ne peuvent le faire que<strong>de</strong> manière indirecte. Cependant, la représentation stylisée <strong>de</strong>s marchés empêche la plupart dutemps <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> macroéconomiques <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transaction. Il est claircependant que <strong>les</strong> MEGC et <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> d'équilibre partiel ne sont pas à même <strong>de</strong> rendre compte<strong>de</strong>s impacts du recyclage <strong>de</strong>s recettes d'une taxe, même s'ils arrivent <strong>de</strong> mieux en mieux àincorporer <strong>de</strong>s imperfections sur le marché du travail (e.g., Welsch, 1996 ; Honkatukia, 1997 ;Cambridge Econometrics, 1998 ; Commission Européenne, 1998). Les modè<strong>les</strong> technicoéconomiquessont plus adaptés pour simuler <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> utilisant la technologie, bien que lecaractère exogène <strong>de</strong>s hypothèses sur <strong>les</strong> préférences <strong>de</strong>s agents traduisant la séparation qui est faitedans ces modè<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> données technologiques et la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s marchés puisse rendrel'évaluation <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> mise en œuvre difficile. Enfin, tout ce qui a trait au changementtechnologique et à la recherche et développement (R&D) est difficilement intégrable dans <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> quels qu'ils soient.C. Les modè<strong>les</strong> intégrésAussi ambitieux que puisse paraître le projet d'analyser au sein d'un même modèle <strong>les</strong>aspects technico-économiques et <strong>climatiques</strong> <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong> serre, la modélisation intégrée a réussi àbâtir un cadre cohérent pour analyser le cycle production-émissions-dispersion-climat-dommagesproduction.195


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoL'évaluation intégrée se distingue <strong>de</strong> la recherche unidisciplinaire par la hiérarchie <strong>de</strong> sesbuts. En effet, elle s'est fixé comme mission première d'informer <strong>les</strong> politiciens, si bien que laprogression du savoir n'apparaît plus comme l'élément constitutif <strong>de</strong> sa dynamique mais comme unmoyen <strong>de</strong> l'obtenir. Elle permet <strong>de</strong> répondre à trois objectifs :• Evaluer <strong>les</strong> stratégies potentiel<strong>les</strong> face au changement climatique en évaluant <strong>les</strong>conséquences <strong>de</strong> ce changement et <strong>de</strong>s stratégies d'évitement ou d'adaptation, enreprésentant à la fois <strong>les</strong> processus physiques et <strong>les</strong> processus socio-économiques.• En offrant une vision complète et cohérente, elle peut favoriser une vision élargie duproblème et une représentation cohérente <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s actuel<strong>les</strong> en hiérarchisant leurimportance. Dans la mesure où <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s <strong>les</strong> plus importantes dans une perspective <strong>de</strong>pertinence politique ne sont pas nécessairement <strong>les</strong> plus importantes pour la compréhension<strong>de</strong> base, cette fonction <strong>de</strong> l'évaluation intégrée peut être très précieuse.• Enfin, elle permet <strong>de</strong> resituer le problème du changement climatique dans un contexte plusglobal et d'en estimer l'importance relative par rapport aux autres défis qui se posent àl'humanité.L'évaluation intégrée constitue donc un complément aux autres recherches mais ne sauraits'y substituer.1. Historique <strong>de</strong> la modélisation intégréeBien que <strong>de</strong>s expériences d'évaluation intégrées aient déjà été menées pour répondre à <strong>de</strong>gran<strong>de</strong>s questions environnementa<strong>les</strong>, le niveau d'activité sur l'évaluation intégrée du changementclimatique est sans précé<strong>de</strong>nt.La première évaluation intégrée sur une question environnementale globale fut le ClimateImpacts Assessment Program (Programme d'évaluation <strong>de</strong>s impacts <strong>climatiques</strong>, Grobecker et al.,1974), mené par le ministère américain <strong>de</strong>s transports en vue d'évaluer <strong>les</strong> impacts surl'environnement du vol <strong>de</strong>s avions supersoniques dans la stratosphère. Six équipesinterdisciplinaires d'experts ont examiné séparément un maillon d'une chaîne causale s'étendant <strong>de</strong>sactivités humaines (scénarios <strong>de</strong> vol supersonique et conception <strong>de</strong>s moteurs d'avion) aux impactsbiologiques, économiques et sociaux, en passant par la chimie <strong>de</strong> l'atmosphère et <strong>les</strong> radiations.Plusieurs évaluations intégrées ont été réalisées au cours <strong>de</strong>s années 1970 et 1980 avec unestructure similaire <strong>de</strong> comités interdisciplinaires d'experts et le recours à un modèle intégré formel.Les étu<strong>de</strong>s d'évaluation intégrée modélisées <strong>de</strong> façon formelle puisent leur inspiration, si ce n'estleurs métho<strong>de</strong>s précises, dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> globaux <strong>de</strong>s années 1970, tels ceux <strong>de</strong> Meadows et al.(1972) et Mesarovic et Pestel (1974). Ces modè<strong>les</strong> dynamiques agrégés <strong>de</strong> développement mondial,comprenaient <strong>de</strong>s représentations généralisées <strong>de</strong> la pollution et <strong>de</strong> l'épuisement <strong>de</strong>s ressources maisn'abordaient aucun sujet environnemental particulier. Les modè<strong>les</strong> formels d'évaluation intégrée duchangement climatique ont fait leur apparition à la fin <strong>de</strong>s années 1970, à partir <strong>de</strong>s premiersmodè<strong>les</strong> économiques et techniques <strong>de</strong> politique énergétique. Nordhaus (1979) a présenté lepremier modèle qui combinait la conversion énergétique, <strong>les</strong> émissions, et la concentrationatmosphérique <strong>de</strong> CO 2 . Au cours <strong>de</strong>s années 1980, <strong>les</strong> évaluations modélisées ne s'étendaientnormalement pas au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la concentration atmosphérique <strong>de</strong> CO 2 , excluant à la fois <strong>les</strong> autresGES et <strong>les</strong> changements dans le climat et <strong>les</strong> impacts. El<strong>les</strong> possédaient donc une portée plus196


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotolimitée que cel<strong>les</strong> utilisant <strong>de</strong>s comités interdisciplinaires d'experts. Une ligne <strong>de</strong> travail séparée,commençant avec le projet MINK (Rosenberg et Crosson, 1991 ; Rosenberg, 1993) mettait plusspécifiquement l'accent sur <strong>les</strong> impacts <strong>climatiques</strong>, combinant <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> sectoriels détaillés pourl'agriculture, <strong>les</strong> forêts, l'énergie et <strong>les</strong> ressources en eau.Le premier modèle d'évaluation intégrée a avoir couvert intégralement le processus, <strong>de</strong>sémissions aux impacts fut le modèle RAINS (Alcamo et al., 1990) qui, au début <strong>de</strong>s années 80,abordait le problème <strong>de</strong>s pluies aci<strong>de</strong>s, plus facile à traiter <strong>de</strong> façon analytique que celui duchangement climatique. Le projet RAINS a également été pionnier en mettant en relation étroiteune équipe <strong>de</strong> modélisation et <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs. Cela a permis d'obtenir un modèle politiquement pluspertinent et <strong>de</strong> contribuer aux négociations et aux décisions <strong>politiques</strong> d'une façon plus efficace quece qui avait été fait sur d'autres questions.Les premières étapes qui ont élargi la modélisation formelle intégrée du changementclimatique ont été franchies par Mintzer (1987) qui a ajouté <strong>les</strong> gaz autres que le CO 2 et l'évolution<strong>de</strong> la température globale, suivi par Lashof et Tirpak (1989) qui ont développé un cadre <strong>de</strong>stabilisation atmosphérique. IMAGE 1.0 (Rotmans, 1990), premier modèle à tenter unereprésentation totalement intégrée du climat <strong>de</strong>puis <strong>les</strong> émissions jusqu'aux impacts, est <strong>de</strong>venu labase du modèle intégré européen ESCAPE (Hulme et al., 1995).Depuis 1990, le nombre <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> modélisation concernant l'évaluation intégrée duchangement climatique global a rapi<strong>de</strong>ment augmenté. Avant 1992, on ne recensait que <strong>de</strong>uxmodè<strong>les</strong> intégrés (Nordhaus, 1989, 1991 ; Rotman, 1990). Le Groupe d'expertsIntergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC, 1995) en recensait 22 en 1995 à différents<strong>de</strong>grés d'opérationnalité et on en compte actuellement un peu moins d'une trentaine (la tableau IV.4en fournit une liste non exhaustive). L'idée selon laquelle il était possible <strong>de</strong> mettre au point <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong> uti<strong>les</strong> pour couvrir l'ensemble du problème climatique a progressivement gagné du terraindans la mesure où la faisabilité <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> projets a augmenté grâce aux progrès dans lapuissance <strong>de</strong> calcul et la compréhension <strong>de</strong>s différentes disciplines, ainsi qu'aux efforts <strong>de</strong>modélisation sectorielle sur <strong>les</strong>quels reposent ces projets <strong>de</strong> modélisation intégrée. La figure IV.3illustre la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l'ambition et <strong>de</strong> la réussite <strong>de</strong>s modélisateurs en présentant l'ensemble <strong>de</strong>scomposantes qui sont aujourd'hui présentes dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> intégrés.2. Structure <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> intégrésLes modè<strong>les</strong> se scin<strong>de</strong>nt en <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> : <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> d'évaluation <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong>qui projettent <strong>les</strong> conséquences physiques, écologiques, économiques et socia<strong>les</strong> <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> et<strong>les</strong> modè<strong>les</strong> d'optimisation <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> qui optimisent <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> <strong>de</strong> contrôle importantes <strong>de</strong>s<strong>politiques</strong> en fonction <strong>de</strong>s objectifs formulés tels que la maximisation du bien-être ou laminimisation <strong>de</strong>s coûts. Les modè<strong>les</strong> d'évaluation <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> se divisent eux-mêmes en <strong>de</strong>uxsous-groupes : <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> déterministes <strong>de</strong> projection dans <strong>les</strong>quels chaque entrée et chaque sortiea une seule valeur et <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> stochastiques <strong>de</strong> projection où au moins certaines entrées et sortiessont traitées <strong>de</strong> manière stochastique. Les modè<strong>les</strong> d'optimisation dont la logique recoupeparfaitement celle d'une analyse coût/bénéfice forment trois grands groupes : <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> quioptimisent <strong>les</strong> stratégies en fonction d'objectifs en matière d'émissions ou d'impacts du changementclimatique, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> qui cherchent à équilibrer <strong>les</strong> coûts et <strong>les</strong> bénéfices <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong><strong>climatiques</strong> et <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> décision séquentielle en matière climatique en présence d'incertitu<strong>de</strong>.Certains modè<strong>les</strong> parmi <strong>les</strong> plus avancés peuvent être utilisés dans plusieurs <strong>de</strong>s objectifs définis ci<strong>de</strong>ssus.197


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoFigure IV.3. Composantes clés <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> d'évaluation intégrée completsComposition atmosphériqueClimat et niveau <strong>de</strong> la merChimie <strong>de</strong>l'atmosphèreClimatCycle océanique ducarboneOcéan:- Température- Niveau <strong>de</strong> la merActivités humainesEcosystèmesSystème énergétiqueAutres systèmeshumainsCycle terrestre ducarboneEcosystème nonexploitéAgriculture, élevageet forêtsSystème CôtierCulture et forêtsHydrologieLa modélisation intégrée pose <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> cohérence : cohérence <strong>de</strong>s échel<strong>les</strong> spatia<strong>les</strong>retenues dans <strong>les</strong> différents modu<strong>les</strong>, dans la délimitation <strong>de</strong>s zones géographiques étudiées, dans lecaractère positif <strong>de</strong> la modélisation (alors que la tendance normative est forte en économie), dans lechoix <strong>de</strong>s hypothèses (il n'est pas pertinent par exemple d'avoir une vision pessimiste <strong>de</strong>sdommages dans le module climatique et optimiste dans le module économique).Les impacts sont généralement abordés dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> d'évaluation intégrée sous formed'une fonction <strong>de</strong> dommage qui regroupe l'ensemble <strong>de</strong>s dommages <strong>de</strong> différentes natures allant <strong>de</strong>l'accroissement du niveau <strong>de</strong> la mer à l'évolution <strong>de</strong> certaines maladies en passant par lamodification <strong>de</strong>s systèmes agrico<strong>les</strong> ou encore l'évolution <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l'air au niveau local. LesGES pris en considération dans <strong>les</strong> évaluations intégrées le sont non pas en fonction <strong>de</strong> leurimportance dans le processus <strong>de</strong> changement climatique mais en fonction <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s émissionsanthropiques dans <strong>les</strong> émissions tota<strong>les</strong> et du forçage radiatif.Dans la mesure où <strong>les</strong> phénomènes <strong>climatiques</strong> étudiés sont chaotiques, <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong> dépen<strong>de</strong>nt fortement et arbitrairement <strong>de</strong> la manière dont ils sont calibrés. Le chaos estassocié à <strong>de</strong>s dynamiques non linéaires et a pour conséquence que <strong>de</strong> petits changements dans <strong>les</strong>données introduites entraînent <strong>de</strong>s changements non systématiques dans <strong>les</strong> résultats.198


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.4. Liste <strong>de</strong>s principaux modè<strong>les</strong> intégrésModèle Auteurs Instituts RéférenceAIM(Asian-Pacific Integrated Mo<strong>de</strong>l)AS/ExM(Adaptative Strategies/ Exploratoty Mo<strong>de</strong>l)CETA(Carbon Emissions Trajectory Assessment)T. MoritaM. KainumaY. MatsuokaR. LempertD. PopperM. Sch<strong>les</strong>ingerS. PeckT. TeibergNational Institute for Environmental Studies, JaponNational Institute for Environmental Studies, JaponKyoto UniversityRandRandUniversity of IllinoisElectric Power Research InstituteTeiberg AssociatesMorita, T. et al., 1994 : AIM - Asian-Pacific Integrated Mo<strong>de</strong>l forEvaluating Policy Options to Reduce GHG Emissions andGlobal Warming Impacts, Interim Report. Mimeo, NationalInstitute for Environmental Studies, Tsukuba, Japon.Lempert, R. J, M. E. Sch<strong>les</strong>inger et S. C. Banks, 1996 : When wedon't know the costs or benefits: adaptive strategies forabating climate change. Climatic Change, 33, pp. 235-274.Peck, S. C. et T. J. Teisberg, 1992 : CETA: A Mo<strong>de</strong>l for CarbonEmissions Trajectory Assessment. Energy Journal, 13 (1),pp. 55-77.Connecticut (Yohe) G. Yohe Wesleyan University Yohe, G. et R. Wallace, 1995 : Near Term Mitigation Policy forGlobal Change un<strong>de</strong>r Uncertainty: Minimizing the ExpectedCost of Meeting Unknown Concentration Thresholds.Mimeo, Wesleyan University.CRAPS(Climate Researh and Policy Synthesis Mo<strong>de</strong>l)CSERGE(<strong>Centre</strong> for Social and Economic Research on theGlobal Environment)DIAM(Dynamics of Inertia and Adaptability Mo<strong>de</strong>l)DICE(Dynamic Integrated Climate and Economy Mo<strong>de</strong>l)FUND(The climate Framework for Uncertainty,Negotiation and Distribution)J. HammitA. JainD. Wuebb<strong>les</strong>Harvard UniversityUniversity of IllinoisUniversity of IllinoisHammitt, J. K., 1996 : Expected Values of Information andCooperation for Abating Global Climate Change. In WiseChoices: Games Decisions and Negotiations, R. J.Zeckhauser, R. Keeney et J. K. Sebenius (eds). Cambridge.D. Maddison University College of London Maddison, D., 1995 : A Cost-Benefit Analysis of SlowingClimate Change. Energy Policy, 23 (415), pp. 337-346.M. GrubbM. Ha DuongT. ChapuisRoyal Institute of <strong>International</strong> Affairs<strong>Centre</strong> <strong>International</strong> Recherche sur l'Environnementet le DéveloppementChapuis, T., M. Ha Duong et M. Grubb, 1995 : The GreenhouseCost Mo<strong>de</strong>l: An Exploration of the Implications for ClimateChange Policy of Inertia and Adaptability in EnergySystems. Présenté à l'<strong>International</strong> Energy Workshop,HMA, Laxemburg, Autriche, 20-22 Juin.W. Nordhaus Yale University Nordhaus, W D., 1994 : Managing the Global Commons: TheEconomics of Climate Change. Cambridge, MIT PressR. S. J. Tol Vrije Universiteit Amsterdam Tol, R. S. J., T van <strong>de</strong>r Burg, H. M. A. Jansen et H. Verbruggen,1995 : The Climate Fund : Some Notions on the Socio-Economic Impacts of Greenhouse Gas Emissions andEmission Reduction in an <strong>International</strong> Contex. ReportR95/03, Institute for Environmental Studies, VrijeUniversiteit, Amsterdam.199


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoModèle Auteurs Instituts RéférenceICAM(Integrated Climate Assessment Mo<strong>de</strong>l)H. DowlatabadiG. MorganCarnegie-Mellon UniversityCarnegie-Mellon UniversityDowlatabadi, H. et M. G. Morgan, 1995 : A Mo<strong>de</strong>l Frameworkfor Integrated Assessment of the Climate Problem. Mimeo,Department of Engineering and Public Policy, CarnegieICLIPS(Integrated assessment of CLImate ProtectionStrategies)M. LeimbachT. BrucknerM. Füssel,A. GritsevskiiG. KlepperG. Petschel-HeldR. SandsL. Schrattenholzer,K. Springer,F. TothJ. AlcamoIIASAMellon University.Toth, F. L., M. Leimbach, T. Bruckner et G. Petschel-Held,1998 : Tolerable Climate Windows and Emission Corridors:New Results with the ICLIPS Mo<strong>de</strong>l. In Energy Mo<strong>de</strong>ls forDecision Support - New Challenges and Possible Solution.Laege, E. ; Schaumann, P. (eds.). Stuttgart, PIK ; Universityof Stuttgart, pp. 211-232.IMAGERijksinstitut voor Volksgezondheid Alcamo, J. (ed.), 1994 : Image 2.0: Integrated Mo<strong>de</strong>ling of(Integrated Mo<strong>de</strong>l to Assess the Greenhouse Effect) M. KrolMilieuhygiène, Pays-BasGlobal Climate Change. Dordrecht, Pays-Bas. Kluwer.MAGICC Wigley, T., M. Hulme et S. Raper, 1993 : MAGICC: Mo<strong>de</strong>l forthe Assessment of Greenhouse Induced Climate Change.Boul<strong>de</strong>r, University Consortium for Atmospheric Research.MARIA(Multiregional Approach for Resource and IndustryAllocation)MERGE(Mo<strong>de</strong>l for Evaluating Regional and Global Effectsof GHG Reductions Policies)MiniCAM(Mini Global Change Assessment Mo<strong>de</strong>l)MIT(Massachusetts Institute of Technology)PAGE(Policy Analysis of Greenhouse Effect)S. Mori University of Tokyo Mori, S., 1995 : Long-Term Interactions Among Economy,Environment, Energy and Land-Use Changes: An Extensionof MARIA Mo<strong>de</strong>l. Technical Report IATR-95-04, ScienceUniversity of Tokyo, Japon.A. ManneR. Men<strong>de</strong>lsohnR. RichelsJ. EdmondsR. RichelsT. WigleyH. JacobyR. PrinnZ. YangC. HopeJ. An<strong>de</strong>rsonP. WenmanStanford UniversityYale UniversityElectric Power Research InstitutePacific Northwest LabElectric Power Research InstituteUniversity Consortium for AtmosphericResearchMassachusetts Institute of TechnologyMassachusetts Institute of TechnologyMassachusetts Institute of TechnologyCambridge UniversityEnvironmental Resource ManagementEnvironmental Resource ManagementManne, A. S., R. Men<strong>de</strong>lsohn et R. G. Richels, 1995 : MERGE: AMo<strong>de</strong>l for Evaluating Regional and Global Effects of GHGReduction Policies. Energy Policy, 23 (1), pp. 17-34.Massachusetts Institute of Technology (MIT), 1994 : JointProgram on the Science and Technology of Global ClimateChange. Cambridge, MIT.Commission of the European Communities (CEC), 1992 : PAGEUser Manual. Bruxel<strong>les</strong>.200


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoModèle Auteurs Instituts RéférencePEF(Policy Evaluation Framework)J. ScheragaS. HerrodEnvironmental Protection AgencyEnvironmental Protection AgencyCohan, D., R. Stafford, I Scheraga et S. Herrod, 1994 : TheGlobal Climate Policy Evaluation Framework. Proceedings,1994 A&WMA Global Climate Change Conference, 5-8ProCAM(Process oriented global Change AssessmentMo<strong>de</strong>l)J. EdmondsH. PitcherN. RosenbergT. WigleyPacific Northwest LabPacific Northwest LabPacific Northwest LabUniversity Consortium for AtmosphericResearchAvril, 1994, Phoenix.Edmonds, J., J. Pitcher, N. Rosenberg et T Wigley, 1994 : Designfor the Global Change Assessment Mo<strong>de</strong>l. Proceedings,<strong>International</strong> Workshop on Integrative Assessment ofMitigation, Impacts and Adaptation to Climate Change, 13-15 Octobre 1994, IIASA, Australie.RICE(Regional DICE)SLICE(Stochastic Learning Integrated Climate EconomyMo<strong>de</strong>l)TARGETS(Tool to Assess Regional and GlobalEnvironmental and Health Targets forSustainability)WIAGEM(World Integrated Assessment General EquilibriumMo<strong>de</strong>l)W. NordhausZ. YangYale UniversityMassachusetts Institute of TechnologyNordhaus, W D. et Z. Yang, 1996 : A Regional DynamicGeneral-Equilibrium Mo<strong>de</strong>l Of Alternative Climate-ChangeStrategies. American Economic Review, 86, pp.741-765.C. Kolstad University of California, Santa Barbara Kolstad, C. D., 1996 : Learning and Stock Effects inEnvironmental Regulation: The Case of Greenhouse GasEmissions. Journal of Environmental Economics andManagement, 31, pp. 1-18.David L. et Char<strong>les</strong> D. Kolstad, 1999 : Malthus and Climate:Betting on a Stable Population. Mimeo, UCSB EconomicsDepartment, Février.J. RotmansM.B.A. von AsseltA. BeusenM.G.J <strong>de</strong>n ElzenM. JanssenH.B.M. Hil<strong>de</strong>rinkA.Y. HoekstraH.W. KosterW.J.M. MartensL.W. NiessenB. StrengersH.J.M. <strong>de</strong> ViesRijksinstitut voor VolksgezondheidMilieuhygiène, Pays-BasRotmans, J., 1995 : TARGETS in Transition. RIVM report,Rijksinstitut voor Volksgezondheid Milieuhygiène, (Institutnational <strong>de</strong> la santé publique et <strong>de</strong> l'environnement),Bilthoven, Pays-Bas.C. Kempfert Ol<strong>de</strong>nburg University Kempfert, C., 2001 : Economy-Energy-Climate Interaction – TheMo<strong>de</strong>l Wiagme. Note di Lavoro 71.2001201


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoII. Mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES à l'horizon 2010La controverse entre l’optimisme <strong>de</strong>s ingénieurs et le pessimisme <strong>de</strong>s économistesconcernant <strong>les</strong> coûts techniques d’abattement (Grubb et al., 1993) constitue une figure imposée<strong>de</strong>s débats <strong>climatiques</strong>. Elle tend cependant à cacher le nombre croissant <strong>de</strong> points <strong>de</strong>convergence entre ces <strong>de</strong>ux approches et à discriminer à l'ai<strong>de</strong> d'un critère unique trop grossier<strong>les</strong> modè<strong>les</strong> dont <strong>les</strong> structures et <strong>les</strong> résultats diffèrent pourtant très largement au sein d'unmême paradigme. Après avoir présenté <strong>les</strong> résultats obtenus dans chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux cadres, nousanalyserons <strong>les</strong> causes <strong>de</strong>s différences entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> pour dégager <strong>les</strong> certitu<strong>de</strong>s et <strong>les</strong>incertitu<strong>de</strong>s concernant <strong>les</strong> impacts économiques d'une lutte contre le changement climatique.A. Les coûts techniques <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES : <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> bottom-up1. IntroductionLes étu<strong>de</strong>s bottom-up peuvent être classées en trois catégories :• La première catégorie est constituée par <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s effectuant un simple calculéconomique d'ingénieur, technologie par technologie (Krause, 1995 ; LEAP, 1995 ; VonHippel et Granada, 1993 ; UNEP 2 , 1994a ; Brown et al., 1998 ; Conniffe et al., 1997).Les coûts et réductions associés à un grand nombre d'actions y sont présentés <strong>de</strong> manièreagrégée. Ils sont calculés par sommation <strong>de</strong>s coûts déterminés pour chaque technologie<strong>de</strong> manière indépendante en actualisant un coût net (Investissement + Mise en place +Maintenance ± Coûts/économies d'énergie). Un coût est estimé pour chaque action, puis<strong>les</strong> coûts sont classés par ordre croissant donnant alors naissance à une courbe <strong>de</strong> coûttotal net, actualisé à l'ai<strong>de</strong> d'un taux d'actualisation social choisi <strong>de</strong> manière exogène.Cette approche nécessite un grand soin dans l'examen <strong>de</strong>s possib<strong>les</strong> interactions d'actionsvariées sur la courbe <strong>de</strong> coût dans la mesure où le coût et la réduction d'émission associésà une action vont dépendre <strong>de</strong>s autres actions entreprises. Si <strong>de</strong>s interactions simp<strong>les</strong> sontfacilement mesurab<strong>les</strong> pour un analyste rigoureux, beaucoup d'interactions <strong>de</strong>meurentdifficilement représentab<strong>les</strong> autrement que par le recours à un modèle plus complexe.Comment évaluer simplement par exemple le coût total et la réduction <strong>de</strong>s émissionsassociés aux trois mesures suivantes prises simultanément : changement <strong>de</strong> procédé <strong>de</strong> laproduction d'électricité, facilitation du commerce inter-régional d'électricité et mise enœuvre d'actions visant à limiter <strong>les</strong> pertes d'électricité dans <strong>les</strong> usages finals ? Chacune <strong>de</strong>ces trois actions ayant un impact sur la désirabilité et l'efficacité <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s autres,seul un modèle prenant en compte par le biais d'itérations successives <strong>les</strong> interactions <strong>de</strong>ces actions entre el<strong>les</strong> permet d'évaluer correctement coûts et réductions d'émissions.2 United Nations Environment Program (Programme <strong>de</strong>s Nations Unies pour l'environnement)202


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto• La <strong>de</strong>uxième catégorie regroupe <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> intégrés d'équilibre partiel <strong>de</strong> l'ensemble dusystème énergétique qui permettent la prise en compte <strong>de</strong> ces interactions (MARKAL 3 ,MARKAL-MACRO 4 , MARKAL-MATTER 5 , EFOM 6 , MESSAGE 7 , NEMS 8 , PRIMES 9 ).Ces modè<strong>les</strong> ont l'avantage <strong>de</strong> calculer simultanément <strong>les</strong> prix <strong>de</strong> l'énergie et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>susages finals à partir d'algorithmes <strong>de</strong> recherche du plus bas coût ou <strong>de</strong> calculs d'équilibresimilaires à ceux effectués dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down. La principale avancée <strong>de</strong> ces modè<strong>les</strong>rési<strong>de</strong> dans l'intégration <strong>de</strong> mécanismes permettant <strong>de</strong> prendre en compte la réponse <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux prix. En outre, beaucoup <strong>de</strong> ces modè<strong>les</strong> sont multi-régionaux ce qui permetune prise en compte explicite <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong>s différentes formes d'énergie et <strong>de</strong> biensintensifs en énergie.• Enfin, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> simulation constituent la troisième catégorie. Ces modè<strong>les</strong>autorisent <strong>les</strong> agents à prendre <strong>de</strong>s décisions d'investissement qui ne soient pas basées sur<strong>les</strong> seuls coûts techniques (CIMS 10 ). Il est logique que <strong>de</strong> tels modè<strong>les</strong> produisent <strong>de</strong>scoûts d'abattement plus élevés que <strong>les</strong> précé<strong>de</strong>nts.Cependant, cette typologie reste théorique et certains modè<strong>les</strong> n'appartiennent pasuniquement à une <strong>de</strong>s trois catégories. Par exemple, NEMS et PRIMES n'incluent la réponse auxprix que dans certains secteurs. A l'inverse, le modèle ITSUM (Bailie et al., 1998 ; Jaccard et al.,1996) a été étendu pour permettre le calcul par itération d'un modèle d'équilibre partiel (lemodèle ainsi crée s'appelle CIMS).Plus généralement, l'introduction d'une réponse aux prix <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> énergétique ausein d'un modèle d'équilibre partiel représente le défi le plus souvent relevé par <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>sbottom-up récentes qui sont donc à même <strong>de</strong> présenter à la fois un coût technique <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s émissions et une perte <strong>de</strong> surplus <strong>de</strong>s consommateurs. Cette prise en compte tempèrel'optimisme <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> modèle qui se rapprochent alors ce ceux observés dans <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> d'origine économique pure. Le second champ d'investigation <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> modè<strong>les</strong>bottom-up est l'inclusion <strong>de</strong>s autres gaz dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>GES.2. Présentation <strong>de</strong>s résultatsa. De l'importance du potentiel sans regret dans <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s technologie partechnologieLa plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s bottom-up simp<strong>les</strong> mettent en évi<strong>de</strong>nce un fort potentiel sans regret.Ce potentiel sans regret a pour double origine un potentiel pour l'heure inexploité <strong>de</strong> gaind'efficacité à la fois dans la production et la consommation énergétique (Krause 1995, 1996).Plusieurs étu<strong>de</strong>s concrétisent cette vue à la fois en Europe et en Amérique du Nord. Ainsi,3 Bahn et al., 1999a ; Contaldi et Tosato, 1999 ; Gielen, 1999 ; Kanudia et Loulou, 1998b ; Kram et Hill, 1996 ;Kypreos et Barreto, 1999 ; Loulou et Kanudia, 1998, 1999a et 1999b ; Loulou et Lavigne, 1996 ; Loulou et al.,1998 ; Loulou et al., 2000 ; Sato et al., 1999 ; Seebregts et al., 1999 ; Shukla, 1996 ;Ybema et al., 1999.4 IAT, 1997 ; Kypreos, 1998 ; Tseng et al., 1999.5 Gielen et Pieters, 1999 ; Gielen et al., 1999b et 1999c.6 Bahn et al., 1998 ; Gielen et al., 1999a ; Kram, 1999a et 1999b ; Larsson et al., 1998 ; Unger et Alm, 1999.7 Messner, 1995.8 Brown et al., 1998 ; Koomey et al., 1998 ; Ky<strong>de</strong>s, 1999.9 Capros et al., 1999a.10 Jaccard et al., 2000.203


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotol'importante étu<strong>de</strong> ITSEP (résumée dans Krause et al., 1999) conclut que l'on peut atteindre en2030 un niveau d'émission <strong>de</strong> 50% inférieur à celui <strong>de</strong> 1990 à un coût négatif ou nul. Bienentendu cela suppose une introduction judicieuse <strong>de</strong>s technologies moins polluantes et uneintervention pertinente <strong>de</strong> l'Etat (politique d'incitations, mise en place <strong>de</strong> normes d'efficacitéénergétique, campagne d'éducation et d'information). Pour <strong>les</strong> Etats-Unis, certaines <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>sprésentes dans le comparatif 5-Lab (Brown et al., 1997a, 2000) estiment que l'engagement signéà Kyoto peut être atteint à coût négatif (entre -7 milliards US$ 11 et -34 milliards US$). Une étu<strong>de</strong>réalisée à l'ai<strong>de</strong> du modèle NEMS (Koomey et al., 1998) estime pour sa part que 60% <strong>de</strong>l'objectif américain peut être atteint tout en accroissant le produit intérieur brut (PIB). Cependant,une autre étu<strong>de</strong>, toujours réalisée à l'ai<strong>de</strong> du modèle NEMS (EIA, 1998), estime pour sa part queremplir <strong>les</strong> engagements <strong>de</strong> Kyoto entraînerait une perte <strong>de</strong> PIB comprise entre 1,7% et 4,2%selon la taille du marché <strong>de</strong> permis d'émissions négociab<strong>les</strong> (PEN) retenu et <strong>les</strong> choix retenusdans la définition <strong>de</strong>s puits <strong>de</strong> carbone. Pour le Canada, le modèle MARKAL (Loulou etKanudia, 1998, Loulou et al., 2000) montre que <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> respect du protocole <strong>de</strong> Kyoto sesituent entre -26 milliards et +20 milliards <strong>de</strong> dollars selon que l'on inclut ou non dans <strong>les</strong>cénario <strong>de</strong>s mesures visant à améliorer l'efficacité énergétique. Pour le même pays, le modèleISTUM simule un certain nombre d'options proactives. Il estime par exemple que, dans <strong>les</strong>ecteur rési<strong>de</strong>ntiel, <strong>les</strong> émissions peuvent être réduites <strong>de</strong> 17% à 25% (par rapport à 1990) dès2008 par <strong>de</strong>s mesures à coûts négatifs. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cet objectif le coût marginal va <strong>de</strong> 25 $ à 89 $par tonne <strong>de</strong> carbone évitée.Si <strong>les</strong> économistes ne nient pas le potentiel technique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions à bascoûts, il leur est difficile d'intégrer dans la logique <strong>de</strong> leur modélisation <strong>de</strong> tels potentiels.Comment expliquer en effet si <strong>les</strong> agents sont rationnels qu'ils n'adoptent pas ces technologiesqui ont une valeur actuelle nette supérieure (si l'on intègre dans son calcul le trend <strong>de</strong> dépensesénergétiques futures) ? Il serait schizophrénique <strong>de</strong> leur part <strong>de</strong> ne pas expliquer cela par <strong>de</strong>simperfections <strong>de</strong> marchés. Aussi rétorquent-ils aux ingénieurs que si <strong>de</strong> tels potentiels existent,ils ne sont pas pour autant exploitab<strong>les</strong> (du moins dans leur totalité) en raison (Jaffe et Stavins,1994) :- <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transaction lorsqu'on lève <strong>les</strong> imperfections <strong>de</strong> marchés qui empêchentl'adoption <strong>de</strong>s technologies <strong>les</strong> plus efficaces (réformes tarifaires, information,réforme <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> l’énergie) ;- <strong>de</strong>s coûts économiques externes d’une transformation <strong>de</strong>s systèmes énergétiques et<strong>de</strong>s systèmes d'incitation ;- <strong>de</strong>s coûts cachés ;- <strong>de</strong> "l'effet rebond" qui fait qu'une amélioration <strong>de</strong> l'efficacité énergétique d'unetechnologie va certes se traduire par la baisse <strong>de</strong>s émissions mais également par unaccroissement <strong>de</strong> l'utilisation <strong>de</strong> cette technologie, ce qui vient limiter l'effetpremier ;- <strong>de</strong>s préférences <strong>de</strong>s consommateurs qui peuvent ne pas être compatib<strong>les</strong> avecl'exploitation <strong>de</strong> fort potentiel <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions (véhicule individuel versustransports collectifs par exemple).11 En l'absence d'indication contraire et pour alléger l'exposé, le terme dollar ($) renvoie à <strong>de</strong>s dollars états-uniens(US$). Il s'agit généralement <strong>de</strong> dollars 1990 ; néanmoins, lorsque ce n'est pas le cas, l'année sera précisée entreparenthèses.204


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoCela explique en gran<strong>de</strong> partie pourquoi <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> bottomupet top-down sont moins importantes lorsque <strong>les</strong> premiers incorporent une approche pluscomportementale (cf. infra). Néanmoins, on i<strong>de</strong>ntifie ici une source d’incertitu<strong>de</strong> forte liée à lacompréhension <strong>de</strong>s comportements d’adoption <strong>de</strong> technologie. Pour classer cette incertitu<strong>de</strong> àl’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la typologie proposée au chapitre 1 (cf. tableau I.3), elle est , par nature, plutôt d’ordrethéorique et porte sur la compréhension <strong>de</strong>s comportements passés. Toutefois, rien ne prouve lastabilité <strong>de</strong>s tenants <strong>de</strong> la décision d’équipement technologique. Alors, même une meilleurecompréhension <strong>de</strong>s raisons qui pourraient expliquer l’existence <strong>de</strong> potentiels sans regrets n’estpas forcément suffisante pour i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> leviers qui en permettaient l’exploitation.DeCanio (1993, 1998) utilise une approche <strong>de</strong> gestionnaire pour expliquer ce fossé entrecoûts techniques et coûts économiques (efficiency gap). Il estime en effet que l'argument selonlequel <strong>les</strong> opportunités <strong>de</strong> profit inexploitées ne peuvent exister puisque <strong>les</strong> entreprises sont pardéfinition <strong>de</strong>s entités maximisatrices <strong>de</strong> profit n'est pas scientifiquement recevable 12 . Il se réfèrepour justifier cette position à Popper (1934, 1962), selon lequel <strong>les</strong> hypothèses ou conjectures nepeuvent pas être scientifiquement recevab<strong>les</strong> si el<strong>les</strong> ne sont pas confrontab<strong>les</strong> à la réalité.L'hypothèse forte <strong>de</strong> maximisation du profit est contradictoire avec l'existence même <strong>de</strong>s firmes.Si la maximisation du profit était la seule stratégie <strong>de</strong>s entreprises, on pourrait l'automatiser et <strong>les</strong>fonctions <strong>de</strong> management disparaîtraient. DeCanio propose alors trois explications possib<strong>les</strong> àl'existence <strong>de</strong> l'efficiency gap :• Rationalité limitée : on choisit une solution satisfaisante basée sur une informationapproximative et incomplète plutôt qu'une solution optimale ;• Préférence pour <strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong> court terme (en partie en raison <strong>de</strong> la pression <strong>de</strong>sactionnaires) ;• Peu d'intérêt porté aux projets réduisant faiblement <strong>les</strong> coûts.Les modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> simulation tels que ISTUM, NEMS ou AIM (Jiang et al., 1998 ;Kainuma et al., 1999 ; Kainuma et al., 2000) estiment implicitement <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transaction via<strong>de</strong>s "fonctions <strong>de</strong> choix" où la part <strong>de</strong> marché n'est pas seulement déterminée par un critère <strong>de</strong>moindre coût. Les modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> moindre coût commencent à intégrer <strong>de</strong>s limites à la pénétrationou <strong>de</strong>s taux d'actualisation spécifiques 13 qui représentent approximativement <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>transaction inconnus et l'ensemble <strong>de</strong>s autres manifestations <strong>de</strong> la résistance au changement <strong>de</strong>sagents économiques. Dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cas, cela se traduit par une modération dans l'optimisme <strong>de</strong>srésultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> bottom-up et par un rapprochement avec <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> topdown.En outre, si <strong>les</strong> conclusions <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> bottom-up sont effectivement moins optimisteslorsqu'ils tiennent mieux compte <strong>de</strong>s comportements réels <strong>de</strong>s agents, il faut égalementreconnaître que <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down sous-estiment la possibilité <strong>de</strong> modifier cescomportements grâce à une politique adaptée.12 On appelle généralement cette hypothèse l'hypothèse forte <strong>de</strong> maximisation du profit.13 MARKAL, par exemple, introduit une contrainte <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong>s technologies dans certains secteurs où unelimite à la pénétration a été empiriquement observée.205


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoCependant rien n'empêche la mise en œuvre <strong>de</strong> mesures non-tarifaires permettant <strong>de</strong>contourner ces obstac<strong>les</strong> à l'exploitation du potentiel sans regret. Un soin particulier doit doncêtre apporté à l'étu<strong>de</strong> théorique et empirique <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> mesures. Néanmoins le fossé entre <strong>les</strong>coûts techniques et <strong>les</strong> coûts économiques <strong>de</strong>meure une réalité qui ne saurait être ignorée. Lesquelques étu<strong>de</strong>s empiriques existantes (Ostertag, 1999) suggèrent que <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> transactionpeuvent représenter une part importante <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> technologies. L'étu<strong>de</strong> 5-Labdémontre que <strong>les</strong> coûts peuvent être négatifs ou positifs selon l'agressivité avec laquelle <strong>les</strong>mesures d'efficacité énergétique sont mises en œuvre (Interlaboratory Working Group, 1997 ;Brown et al., 1998).b. L'apport <strong>de</strong> l'approche d'équilibre partielLa plus importante limite <strong>de</strong> cette approche technologie par technologie est l'omissionqu'elle réalise <strong>de</strong>s interactions entre <strong>les</strong> différentes actions envisagées. Il arrive souvent en effetque le coût et la réduction d'émission attaché à un investissement particulier dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>beaucoup d'autres actions. Ainsi par exemple, remplacer son système <strong>de</strong> chauffage par unsystème plus efficient générera plus ou moins d'économie d'énergie selon le type d'habitat etd'isolement, et une action simultanée sur l'isolement et le système <strong>de</strong> chauffage produira <strong>de</strong>srésultats différents <strong>de</strong> la somme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux. On peut tenter <strong>de</strong> pallier cet effet en recalculant <strong>les</strong>coûts <strong>de</strong>s investissements et <strong>les</strong> réductions d'émissions après avoir effectué la classification parordre croissant. Néanmoins, cela oblige à adopter un nombre important d'hypothèses ad hoc et àmultiplier <strong>les</strong> scénarios d'actions.Les modè<strong>les</strong> d'équilibre partiel au moindre coût ont été élaborés pour répondre à cesproblèmes. Ils considèrent donc toutes <strong>les</strong> actions simultanément et déterminent l'ensemble <strong>de</strong>sactions optima<strong>les</strong> dans tous <strong>les</strong> secteurs et pour toutes <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s considérées par le biais <strong>de</strong>techniques tel<strong>les</strong> que l'optimisation ou le calcul d'équilibre au moindre coût. Si ces étu<strong>de</strong>spermettent <strong>de</strong> déterminer le coût marginal à partir du point B sur la figure II.8, ils requièrent unensemble <strong>de</strong> valeurs <strong>de</strong>s paramètres arbitrairement choisies pour simuler un scénario sousoptimalet donc mettre en évi<strong>de</strong>nce l'existence d'un potentiel sans regret. C'est pourquoi cesétu<strong>de</strong>s n'explorent que la partie <strong>de</strong> la courbe présentant <strong>de</strong>s prix du carbone positifs (partie CD <strong>de</strong>la figure II.8).Il existe plusieurs modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> ce type, parmi <strong>les</strong>quels MARKAL, EFOM, MESSAGE,PRIMES sont peut-être <strong>les</strong> plus connus et utilisés. Comme en témoignent <strong>les</strong> tableaux IV.5 àIV.7, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s plus intégrées concluent à <strong>de</strong>s coûts économiques totaux <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong> GES plus importants que <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s technologie par technologie.Toutes <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s bottom-up font donc apparaître <strong>de</strong>s plages <strong>de</strong> coûts négatifs du type <strong>de</strong>celle montrée sur la figure II.8, puis une forte montée <strong>de</strong>s coûts marginaux même dans <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> optimistes. Ainsi, au-<strong>de</strong>là d'un certain montant <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES, <strong>les</strong>coûts d'abattement croissent très rapi<strong>de</strong>ment, comme en témoigne la relative importance <strong>de</strong>spentes <strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong> coûts marginaux présentées sur le graphique IV.1. Une sous-estimation exante du scénario <strong>de</strong> base se reporte dès lors plus que proportionnellement sur <strong>les</strong> coûtsmarginaux. L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Direction Générale <strong>de</strong> la Recherche <strong>de</strong> la Commission Européenne (DGXII), réalisée à l'ai<strong>de</strong> du modèle PRIMES illustre l'importance <strong>de</strong> ce point. Si l’on corrige lasous-estimation <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> transport et <strong>de</strong>s coûts immatériels d’adoption pour le véhiculepropre qui caractérise cet exercice (Cired, 1998), on fait passer en 2010 <strong>les</strong> émissionstendanciel<strong>les</strong> <strong>de</strong> +8% par rapport à 1990 à +16% et le coût marginal <strong>de</strong> la contrainte carbone <strong>de</strong>297 ECU/tC à 404 ECU/tC.206


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.5. Résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s bottom-up par paysPays Référence Modèle /approcheEtats-Unis EIA, 1998 NEMSIAT, 1997 ;Tseng et al., 1999Ky<strong>de</strong>s, 1999Koomey et al., 1998Avec <strong>de</strong>man<strong>de</strong>élastiqueAvec modu<strong>les</strong>macroéconomiqueet international.MARKAL-MACROAvec <strong>de</strong>man<strong>de</strong>élastiqueNEMSAvec <strong>de</strong>man<strong>de</strong>élastiqueAvec modu<strong>les</strong>macroéconomiqueet internationalEtu<strong>de</strong>s 5-labNEMS + E-EPério<strong>de</strong> Scénarios Réduction <strong>de</strong>sGES (en % parrapport à 1990)Jusqu'en 2020Jusqu'en 2020Jusqu'en 2020Les résultatssont donnéspour 2015Scénario <strong>de</strong> référence1990 +24% sans commerce1990 +14% sans commerce1990 +9% sans commerce1990 sans commerce1990 -3% sans commerce1990 -7%(Kyoto) sans commerceScénario <strong>de</strong> référenceCas 1,25Cas 1,25 ; stabilisation en 2010Cas 1,75Cas 1,75 ; stabilisation en 2010Scénario <strong>de</strong> référenceAccroissement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'offre et<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>Accroissement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'offre et<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (-15%)Accroissement faible <strong>de</strong> l'offre et<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>Accroissement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'offre,lent <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>Accroissement lent <strong>de</strong> l'offre,rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>Accroissement lent <strong>de</strong> l'offre,rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (-15%)+33%+24%+14%+9%Niveaux <strong>de</strong> 1990-3%-7%+31%+28%1990 (2010-2020)+13%1990 (2010-2020)+25%+20%+19%+31%+27%+23%+22%Coût total(2010 et 2020)1,0% ; 0,5%1,7% ; 0,5%2,0% ; 0,6%3,1% ; 0,6%3,5% ; 0,7%4,2% ; 0,8%88 milliardsUS$9545 milliardsUS$95Jusqu'en 2010 60% <strong>de</strong> Kyoto Le PIB s'accroît<strong>de</strong> 0,6% en 2010De -70 à -100milliards <strong>de</strong> $ en2020Coûtmarginal(2010 et 2020)67; 99 US$96/tC129 ; 123163 ; 141254 ; 200294 ; 240348 ; 305128.9 US$95/tC23.6 US$95/tCDe 7$ à 14$/ tCO 2RemarquesL'objectif est atteint entre 2008 et 2012 et est maintenuconstant jusqu'en 2020.Les recettes <strong>de</strong> la vente <strong>de</strong>s PEN sont recyclées vers unebaisse <strong>de</strong>s impôts sur le revenu.Le prix intérieur du carbone domestique est égal au prixinternational.Coût total = % diminution du PIB par rapport à lasituation <strong>de</strong> référenceCoût marginal = prix du carbone en milliards <strong>de</strong> dollars1996 par tonne <strong>de</strong> carboneLe cas 1,25 (resp. 1,75) suppose un taux d'amélioration<strong>de</strong> l'intensité énergétique <strong>de</strong> 1,25% (resp. 1,75%).Maximisation du bien-être <strong>de</strong>s consommateursCoût total = diminution du PIB en milliards <strong>de</strong> US$95par rapport à la situation <strong>de</strong> référenceExamine le rôle du progrès techniqueCertains scénarios supposent que <strong>les</strong> taux d'obstac<strong>les</strong>ont réduits <strong>de</strong> 15%.Incitations et régulations diverses207


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoPays Référence Modèle /approcheEtats-Unis Brown et al., 1998 Etu<strong>de</strong>s 5-LabNEMSCriqui et Kouvaritakis,1997Pério<strong>de</strong> Scénarios Réduction <strong>de</strong>s GES(en % par rapport à1990)Jusqu'en 2010PIB : +1,9% par anCO 2 : +1,2% par anCoût total-6% in 2010 De -34 milliards à -9milliards <strong>de</strong> dollarsen 2010POLES Jusqu'en 2010 Kyoto sans flexibilité -29% / scénario <strong>de</strong> référenceCanada Bailie et al., 1998 ISTUM Jusqu'en 2010 Scénario <strong>de</strong> croissancemoyenOntario(Canada)OntarioQuébecBritishColombiaQuébecOntarioAlbertaLoulou et al., 1998Criqui et Kouvaritakis,1997Loulou et Lavigne,1996Jaccard et al., 1996Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 6% <strong>de</strong>réduction entre 1990 et2010Pas <strong>de</strong> réduction1990 -6% perpétuelMARKAL Jusqu'en 2030 Scénario <strong>de</strong> référenceAvecKyoto prolongé<strong>de</strong>man<strong>de</strong>élastiquejusqu'en 2030Kyotoprolongé/optimiste1990 -6% perpétuelPOLES Jusqu'en 2010 Kyoto sans flexibilité -23%/ scénario <strong>de</strong>référenceMARKAL Jusqu'en 2010 Scénario <strong>de</strong> référence1. -20% avec <strong>de</strong>man<strong>de</strong>élastique2. -20% sans <strong>de</strong>man<strong>de</strong>élastiqueAvec<strong>de</strong>man<strong>de</strong>élastiqueISTUM-RVersionrési<strong>de</strong>ntielleen liaisonavec unmodèled'offred'électricitéEntre 1998 et2008Scénario <strong>de</strong> référenceTaxe <strong>de</strong> 24$/tCO 2Taxe <strong>de</strong> 48$/tCO 2PotentieltechnologiqueObjectif <strong>de</strong> -20%Objectif <strong>de</strong> -25%Loulou et al., 1998 MARKAL Jusqu'en 2030 RéférenceKyoto sans commerce-9% (<strong>de</strong>puis 1988)-17%-19%-75%-20%-25%Sans réduction-6% en 2010 et au-<strong>de</strong>làCoûtmarginal14$/tCO 231 975 millions <strong>de</strong> $ 149 $/tCPas <strong>de</strong> potentielsans regret2010 2020 203050 50 6728 43 502 274 millions <strong>de</strong> $ 174 $/tCPerte <strong>de</strong> surplussocial :1. 52 milliards <strong>de</strong> $2. 42 milliards <strong>de</strong> $175 milliards <strong>de</strong> $ 24 $/ tCO 248 $/ tCO 2(par tête/par an)4460 C$55 $/ tCO 289 $/ tCO 2En 2010 :De 21 à 163 C$Promotion "agressive"Seulement le CO 2RemarquesSont aussi calculés la perte <strong>de</strong> surplus collectif, <strong>les</strong>investissements sectoriels et <strong>les</strong> profits.Etudie l'impact <strong>de</strong> la prise en compte <strong>de</strong> l'élasticité <strong>de</strong>la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> réductions d'émissionsParamètres comportementaux (perception du risque,contrainte <strong>de</strong> capital, variabilité <strong>de</strong>s coûts réels etperçus)Analyse <strong>de</strong> sensibilité sur <strong>les</strong> taux d'actualisationSeulement <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 liées à la combustiond'énergie fossi<strong>les</strong> dans le secteur rési<strong>de</strong>ntiel mais <strong>les</strong>prix <strong>de</strong> l'énergie incluent <strong>les</strong> émissions liées à laproduction (taxe)Coût total : évalué selon une perspective <strong>de</strong>consommateur .Analyse <strong>de</strong>s flux physiques et financiers entre <strong>les</strong>différentes provinces.208


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoPays Référence Modèle /approcheAllemagne Jochem, 1998 MISO (topdown)andIKARUS(bottom-up)Italie Contaldi et Tosato,1999MARKALAvec<strong>de</strong>man<strong>de</strong>sfixesIrlan<strong>de</strong> Conniffe et al., 1997 Courbes <strong>de</strong>coûtsEx-URSSCriqui et Kouvaritakis,1997Pério<strong>de</strong> Scénarios Réduction <strong>de</strong>s GES(en % par rapport à1990)Jusqu'en 2020 Scénario <strong>de</strong> référence :Croissance du PIB <strong>de</strong>2% par an, prix dupétrole : 28$ par baril,Energie : -15% entre1990 et 2010CO 2 : -16% entre 1990et 2010, -20% en 2020Jusqu'en 2010et 2020Référence : Pas <strong>de</strong>taxeCas I : Taxe carboneénergieitalienneCase II : Taxe sur <strong>les</strong>GES2010 Référence : croissancedu PIB <strong>de</strong> 5% par an,croissance <strong>de</strong> laconsommation énergétique<strong>de</strong> 2,7% par an,croissance <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong> CO 2 <strong>de</strong>2,1 % par an (soit +53% entre 1990 et2010), croissance <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong> GES <strong>de</strong>1,2% par an.Cas I : 30% <strong>de</strong> réductionen 2010Cas II : 40% <strong>de</strong> réductionen 2010Référence : +14,5% en2010Cas I : +12,5% en 2010Cas II : + 10% en 2010Kyoto :GHG : +15% en 2010CO 2 : +29% en 2010POLES Jusqu'en 2010 Kyoto sans flexibilité +57% / scénario <strong>de</strong> référenceCoût totalCoût moyen partonne : CO 2 en2010:Cas I : 12 $Cas II : 68 $ (35%du PIB)Proche <strong>de</strong> zéroCoûtmarginal($/t CO 2 -eq)Cas I : taxecomplexeCas II : 17 $ en201041 $/tCO 2 en2010RemarquesToutes <strong>les</strong> réductions ne concernent que le CO 2 etseulement celui émis par le secteur <strong>de</strong> productiond'énergie. Les coûts obtenus représentent donc unevision pessimiste <strong>de</strong>s coûts réels.209


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoPays Référence Modèle /approcheJapon Kainuma et al., 2000 AIMSimulation avecintégration <strong>de</strong>sliens économiquesKainuma et al., 1999AIMSimulation avecintégration <strong>de</strong>sliens économiquesPério<strong>de</strong> Scénarios Réduction <strong>de</strong>sGES (en % parrapport à 1990)Jusqu'en 2030Jusqu'en 2010RéférenceSociété contemporaineSociété créative, intensive enconnaissanceCas I : Référence, pas <strong>de</strong> taxeCas II : Taxe carbone avecrecyclage sectorielCas III : Taxe carbone avecrecyclage globalPas <strong>de</strong> réduction1990 -6.1%1990 -7.6 %Cas II +0.5% en 2010-0.7% en 2010-1.2% en 2010-5.4% en 2010Cas III -2.1% en 2010-2.9% en 2010-2.4% en 2010-4.9% en 2010Criqui et Kouvaritakis, POLES Jusqu'en 2010 Kyoto sans flexibilité -20%/ scénario <strong>de</strong>1997référenceSato et al., 1999 MARKAL Jusqu'en 2050(2020) (2050)- Référence : pas <strong>de</strong> taxe- Pas <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> centra<strong>les</strong>nucléaires- Avec nouvel<strong>les</strong> centra<strong>les</strong>nucléaires- Nucléaire + cogénération- Pas <strong>de</strong> nucléaire +Séquestration du CO 2- Nucléaire + Séquestrationdu CO 2- Pas <strong>de</strong> nucléaire + Gaz- Pas <strong>de</strong> nucléaire +Séquestration du CO 2 +GazIn<strong>de</strong> Shukla, 1996 MARKAL Jusqu'en 2035 Scénarios <strong>de</strong> référenceQuatre scénarios <strong>de</strong> taxeChine Jiang et al., 1998 AIM 2010 Référence : Croissance duPIB : 8%, <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>CO 2 : 130%.Taxes sur le CO 2 :- avec recyclage- sans recyclage+43% +105%+27% +34%+2% - 11%+2% -18%+19% -17%- 6% - 36%+18% +12%+8% - 33%(En % <strong>de</strong>s émissions<strong>de</strong> référence)2010 2020-1% - 4%-5% -14%-13% - 18%-15% - 20%% d'accroissement parrapport à 1990Faible Elevée+53% +45%+ 115% +95%Coût totalCoûtmarginal($/t CO 2 -eq)Avec recyclage<strong>de</strong> la taxe : 7 $en 2010Sans recyclage<strong>de</strong> la taxe :70 $ en 20107 $ en 201023 $ en 201068 $ en 2010230 $ en 20107 $ en 201023 $ en 201068 $ en 2010230 $ en 20105 742 M$ 203 $/tCCoût moyen/t.(2020) (2050)67 739.5 349 3590 11029 4668 8687 1052010 2020$4 $7$8 $14$12 $21$16 $28Faible Elevée28 $ 140$RemarquesLe recyclage éventuel se fait sous forme <strong>de</strong>subventions aux technologies <strong>de</strong> conservation et <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES.Attention particulière portée à l'impact du recyclagesous forme <strong>de</strong> subventions aux technologies moinspolluantes. L'impact du recyclage sur <strong>les</strong> réductionsd'émissions est évalué pour quatre niveaux <strong>de</strong> taxe <strong>de</strong>faible à élevé. Les engagements <strong>de</strong> Kyoto ne sontremplis que pour le niveau élevé.L'étu<strong>de</strong> inclut également une analyse top-down etcalcule <strong>les</strong> effets <strong>de</strong>s abattements d'émissions <strong>de</strong> GESsur <strong>les</strong> énergies renouvelab<strong>les</strong>.Les réductions par secteurs sont présentées.210


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto3. Analyse <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s bottom-upa. Analyse <strong>de</strong>s résultats pour <strong>les</strong> pays développésIl est très difficile <strong>de</strong> rendre compte en une seule présentation <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l'ensemble<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s suivant une approche bottom-up. Le graphique IV.1 présente nombre <strong>de</strong>s résultatsobtenus par une variété <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> estimant le coût <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions pour un seul paysou un seul ensemble <strong>de</strong> pays en ignorant <strong>les</strong> variations <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échange. Ne sontprésentées ici que <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s fournissant assez d'information pour construire une courbe <strong>de</strong> coûtmarginal d'abattement (CmA) en fonction d'un niveau donné <strong>de</strong> réduction par rapport auxniveaux <strong>de</strong> 1990. Il faut donc noter qu'un nombre important d'étu<strong>de</strong>s, concernant notamment <strong>les</strong>pays en développement, ne sont pas présentées sur ce graphique puisqu'el<strong>les</strong> estiment <strong>les</strong> coûts<strong>de</strong> réduction par rapport à un scénario d'émission <strong>de</strong> référence qui leur est propre. Leurs résultatssont néanmoins reportés dans <strong>les</strong> tableaux IV.5 à IV.7. Sur le graphique IV.1, chaque pointreprésente pour un niveau particulier <strong>de</strong> réduction (par rapport à 1990) le coût marginal <strong>de</strong>réduction correspondant. La courbe ainsi construite correspond donc à <strong>de</strong>s exécutions multip<strong>les</strong>du même modèle avec un montant <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions qui varie.Graphique IV.1. Résultats par pays <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s bottom-up350300USAJaponCoût marginal par tonne <strong>de</strong> carbone (US 1990$)250200150100IATEIAJAPON 2ECN-2YLKSGKCAP 99JABANYJAPON 1GIEPIEU.E.Irlan<strong>de</strong>CanadaItalieNote: Une réductionnégative <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>GES correspond à unaccroissement <strong>de</strong>sémissions par rapport auxniveaux <strong>de</strong> 1990. Cetaccroissement implique uncoût marginal positiflorsqu'il correspond à unaccroissement inférieur àcelui qui se serait produitdans une situation <strong>de</strong>laisser-faire.50ESRILOUKAGKKRTOS0-40% -20% 0% 20% 40% 60% 80%Réduction <strong>de</strong>s émissisons <strong>de</strong> GES[EIA] : EIA, 1998.[ESRI] : Conniffe et al., 1997.[IAT] : IAT, 1997.[TOS] : Contaldi et Tosato, 1999.[Capros-99] : Capros et al., 1999a.[Japon-2] : Kainuma et al., 1999.[Japon-1] : Kainuma et al., 2000.[ECN-2] : Gielen et al., 1998.[LOUKA] : Loulou et al., 1998.[GKKR] : Gielen et al., 1999a.[YLKSGK] : Ybema et al., 1999.[GIEPIE] : Gielen et Pieters, 1999.211


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoBien évi<strong>de</strong>mment, le graphique IV.1 met en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> considérab<strong>les</strong> différences d'uneétu<strong>de</strong> à l'autre. Ces différences peuvent cependant être expliquées par un certain nombre <strong>de</strong>facteurs, dont certains reflètent <strong>les</strong> conditions très différentes <strong>de</strong>s situations qui prévalent dans<strong>les</strong> différents pays considérés, tandis que d'autres sont liés aux hypothèses, limites et natures <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong>.α. Différences liées aux conditions nationa<strong>les</strong> spécifiques• Dotation énergétique : <strong>les</strong> pays qui possè<strong>de</strong>nt un large potentiel naturel d'énergie fossile,trouvent généralement peu coûteux <strong>de</strong> substituer du gaz au charbon, et peuvent alorsréduire facilement et significativement leurs émissions, dans la mesure où la substitutions'opère, autant que faire se peut, au taux <strong>de</strong> renouvellement <strong>de</strong>s équipements existants, etnon plus rapi<strong>de</strong>ment. C'est par exemple le cas aux Etats-Unis (producteurs <strong>de</strong> charbon et<strong>de</strong> pétrole) 14 . A l'autre extrémité du spectre, on trouve <strong>les</strong> pays qui ont basé leur systèmeénergétique sur l'hydroélectricité, le nucléaire et quelques gaz et pour <strong>les</strong>quels s'offrentpeu d'opportunités <strong>de</strong> substitution vers <strong>de</strong>s énergies moins intensives en CO 2 . C'est parexemple le cas <strong>de</strong> la Norvège (principalement basée sur l'hydroélectricité), <strong>de</strong> la France(hydroélectricité et nucléaire) et du Japon (nucléaire et quelques carburants fossi<strong>les</strong>).Néanmoins, il convient <strong>de</strong> noter que <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> réduction fixés au sein <strong>de</strong> la bulleeuropéenne lors <strong>de</strong>s négociations <strong>de</strong> Kyoto (décembre 1997) tiennent compte <strong>de</strong> cela(objectif <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong>s émissions aux niveaux <strong>de</strong> 1990 pour la France, autorisationd'un accroissement <strong>de</strong> 1% par rapport à ces mêmes niveaux pour la Norvège contre unediminution <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> 21% pour l'Allemagne qui <strong>de</strong>vra profiter <strong>de</strong>s forts potentiels<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> l'ex-RDA, très intensive en CO 2 ).• Croissance économique : une économie à la croissance soutenue se trouve face audilemme suivant : d'un côté, la croissance permet une augmentation rapi<strong>de</strong> du capital etoffre donc un nombre important d'opportunités d'installation <strong>de</strong> technologies efficientesou faiblement carbonées ; mais, d'un autre côté, un taux <strong>de</strong> croissance élevé se traduit parune plus gran<strong>de</strong> consommation énergétique. Le résultat net est que ces pays ont tendanceà décroître leur intensité énergétique, mais à accroître significativement leurs émissionstota<strong>les</strong>, le second effet prévalant sur le premier. Pour <strong>de</strong> tels pays, une réduction <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong> GES par rapport à une année donnée est généralement coûteuse. C'esttypiquement le cas pour <strong>les</strong> pays à développement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Est et du Sud-Est asiatique.C'est pourquoi <strong>les</strong> réductions d'émissions présentées sont calculées pour ces pays non paspar rapport aux niveaux d'une année donnée mais par rapport à un scénario <strong>de</strong> référence.• Intensité énergétique : là encore, le niveau <strong>de</strong> l'intensité énergétique d'un pays joue dans<strong>de</strong>ux directions opposées. En effet, une forte intensité énergétique peut être le fruit d'unenon efficacité du système énergétique et donc être synonyme d'un potentiel <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s émissions à bas coût. Mais une économie à forte intensité énergétique estgénéralement basée sur la production <strong>de</strong> biens intensifs en énergie et une réduction nonmarginale <strong>de</strong>s émissions impliquerait <strong>de</strong>s changements structurels importants et doncinenvisageab<strong>les</strong> à court terme. C'est en particulier le cas <strong>de</strong> l'Amérique du Nord quidispose donc d'un certain potentiel <strong>de</strong> réduction à faible coût <strong>de</strong>s émissions mais d'unecourbe <strong>de</strong> coût marginal <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions fortement croissante au-<strong>de</strong>là d'uncertain seuil.14 Cependant, bien que le coût direct d'abandon du charbon puisse être faible, <strong>les</strong> coûts indirects (y compris <strong>les</strong> coûts<strong>politiques</strong>) peuvent être importants.212


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotoβ. Différences liées aux hypothèses et limites <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>• Hypothèse sur l'utilisation <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong> l'écotaxe : en fait, la plupart <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> dont<strong>les</strong> résultats sont présentés sur le graphique IV.1 et dans <strong>les</strong> tableaux IV.5, IV.8, IV.22 etIV.23 adoptent une approche hybri<strong>de</strong> entre simple étu<strong>de</strong> technologie par technologie etmodèle d'équilibre partiel sophistiqué qui tend généralement vers <strong>de</strong>s calculs d'équilibregénéral (AIM, NEMS, MARKAL, MARKAL-MACRO, PRIMES et CIMS). Cela permet<strong>de</strong> considérer l'impact sur la courbe <strong>de</strong> coût d'une redistribution <strong>de</strong>s recettes d'une taxe surle carbone. Les résultats obtenus pour le Japon à l'ai<strong>de</strong> du modèle AIM montrentclairement qu'une telle politique permet <strong>de</strong> diminuer <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions<strong>de</strong> manière drastique.• Choix <strong>de</strong> modélisation : certains modè<strong>les</strong> incorporent <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> retour économiquespartiels par le biais <strong>de</strong> l'élasticité <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (MARKAL, Loulou et Kanudia, 1999a).Pour ces modè<strong>les</strong>, <strong>les</strong> coûts marginaux d'abattement sont généralement plus faib<strong>les</strong>lorsque la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est fixe car il n'est alors pas nécessaire d'installer <strong>les</strong> technologies <strong>les</strong>plus coûteuses. De même, la portée sectorielle du modèle (secteur énergétique seul ouensemble <strong>de</strong>s secteurs pris en compte) va jouer un rôle important dans la détermination<strong>de</strong>s résultats.• Choix <strong>de</strong> scénarios : <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s diffèrent par <strong>les</strong> scénarios qu'el<strong>les</strong> adoptent concernant lapénétration libre ou limitée <strong>de</strong>s technologies (en particulier <strong>les</strong> énergies renouvelab<strong>les</strong> etle nucléaire), <strong>les</strong> GES considérés (CO 2 seul ou étu<strong>de</strong>s multi-gaz), la croissanceéconomique prévue… En outre, certaines étu<strong>de</strong>s se présentent el<strong>les</strong>-mêmes commevolontaristes et proposent une série <strong>de</strong> mesures qui utilisent pleinement le potentieltechnique <strong>de</strong>s technologies faiblement carbonées ou économisatrices d'énergie. Dans laplupart <strong>de</strong>s cas, <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> volontaristes incorporent <strong>de</strong>s mesures à coûts négatifs etpour un certain niveau d'abattement, <strong>les</strong> coûts marginaux d'abattement restent faib<strong>les</strong>,contrastant par là-même non seulement avec <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> d'origineéconomique, mais également avec <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s bottom-up qui supposent la mise en placed'instruments économiques pour atteindre <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> réduction d'émissions plutôtque <strong>de</strong>s instruments réglementaires. La différence dans <strong>les</strong> résultats dépend finalement dujugement émis par <strong>les</strong> modélisateurs sur la possibilité <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> certainesmesures pour <strong>de</strong>s raisons autres qu'une politique climatique. On a donc ici une incertitu<strong>de</strong>théorique prévisionnelle sur l’ampleur <strong>de</strong>s bénéfices secondaires <strong>de</strong> politique volontaristeautres que climatique.b. Analyse <strong>de</strong>s résultats pour <strong>les</strong> pays en développementPlusieurs évaluations récentes <strong>de</strong>s potentiels <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES dans <strong>les</strong>pays en développement ont été menées dans le cadre d'une coordination internationale par <strong>les</strong>Nations Unies, au sein <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux programmes : le programme <strong>de</strong>s Nations Unies pourl'environnement (UNEP, 1999a-1999g) et le programme <strong>de</strong>s Nations Unies pour ledéveloppement, en partenariat avec la Banque Asiatique <strong>de</strong> Développement et le GlobalEnvironment Facility (ALGAS, 1999a-1999f). Les résultats présentés dans le tableau IV.6 sontobtenus à partir <strong>de</strong>s évaluations réalisées <strong>de</strong> différentes options dans le secteur énergétique queviennent compléter <strong>de</strong>s mesures dans <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong>s transports et <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s déchets etsur l'usage <strong>de</strong>s sols. Les réductions <strong>de</strong>s émissions ne sont plus définies par rapport aux niveaux<strong>de</strong> 1990, mais par rapport à un scénario <strong>de</strong> référence à l'horizon 2020 ou 2030 ou bien sous213


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotoforme <strong>de</strong> réductions cumulatives sur la pério<strong>de</strong> considérée par l'étu<strong>de</strong>. Ces étu<strong>de</strong>s permettentd'obtenir une indication précieuse sur l'étendue et <strong>les</strong> coûts du mécanisme <strong>de</strong> développementpropre dans ces pays.Encadré IV.2. Le mécanisme <strong>de</strong> développement propreSuccesseur <strong>de</strong> la "Mise en Œuvre Conjointe", le "Mécanisme <strong>de</strong> Développement Propre"(MDP), inscrit à l’Article 12 du Protocole <strong>de</strong> Kyoto, consiste à "ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> Parties non incluses dansl’Annexe I dans la recherche d’un développement durable, contribuer à atteindre le but ultime <strong>de</strong> laConvention, et ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> Parties <strong>de</strong> l’Annexe I à respecter leurs engagements <strong>de</strong> limitation et <strong>de</strong>réduction d’émissions <strong>de</strong> GES."Concrètement, il permet à <strong>de</strong>s investisseurs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Annexe I <strong>de</strong> participer à <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong>réduction d’émissions dans <strong>les</strong> pays en développement (PED). Ceux-ci donnent lieu à <strong>de</strong>s Crédits <strong>de</strong>Réduction d’Emission (CRE) d’un montant égal au volume <strong>de</strong> réductions ainsi réalisées par rapport àune situation <strong>de</strong> référence définie en l’absence du projet. Ces CRE viennent s’ajouter au quota alloué aupays investisseur et sont échangeab<strong>les</strong> avec <strong>les</strong> réductions obtenues par <strong>les</strong> autres mécanismes duProtocole <strong>de</strong> Kyoto. Chaque tonne <strong>de</strong> carbone réduite pourra ainsi être échangée contre <strong>de</strong>s PEN et seradonc ainsi valorisée au prix international du carbone établi par le marché.Le MDP exige <strong>de</strong> remplir un double objectif : réduction <strong>de</strong>s émissions (objectifenvironnemental) et contribution au développement du pays. Le MDP permettra <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s projetsqui n’auraient pas pu avoir lieu en son absence. Au niveau institutionnel, le MDP est placé sous l’égi<strong>de</strong>du Comité Exécutif, constitué <strong>de</strong> 10 personnes avec une majorité <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong>s PED, et qui, entreautres, approuve <strong>les</strong> méthodologies retenues pour la construction <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence (ce qui seserait passé sans le MDP). Ceux-ci comprennent le choix <strong>de</strong> références ou normes technologiques quidoivent être établies pour le calcul <strong>de</strong>s réductions d’émission.Ce mécanisme pose <strong>de</strong>ux principaux problèmes : la définition du scénario <strong>de</strong> référence, crucialedans l'évaluation <strong>de</strong>s CRE et le fait que <strong>de</strong>s coûts élevés <strong>de</strong> transaction et <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> petites installationspourraient interdire l’accès à ce mécanisme pour <strong>de</strong>s pays hôtes n’offrant pas une incitation suffisantepour <strong>les</strong> investisseurs, ou ne disposant pas <strong>de</strong> capacités institutionnel<strong>les</strong> et techniques capab<strong>les</strong> <strong>de</strong>prendre en charge le suivi du projet MDP. Ce point est crucial pour <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus pauvres et <strong>de</strong> petitetaille, typiquement la plupart <strong>de</strong>s pays d’Afrique, et cette situation pourrait encore contribuer à renforcer<strong>les</strong> disparités géographiques déjà existantes sur <strong>les</strong> niveaux d’ai<strong>de</strong> et <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> technologie (Lespays <strong>de</strong> l’Afrique subsaharienne recevaient une ai<strong>de</strong> publique en moyenne <strong>de</strong> 27 dollars par habitant etune ai<strong>de</strong> provenant <strong>de</strong>s investissements directs étrangers <strong>de</strong> 3 dollars, alors que ces chiffres pourl’Amérique Latine sont respectivement <strong>de</strong> 13 et 62.). D’un autre côté, <strong>les</strong> problèmes d’observabilité <strong>de</strong>sscénarios <strong>de</strong> référence font craindre que pays hôte et pays investisseur cherchent conjointement àmajorer <strong>les</strong> réductions, <strong>les</strong> premiers pour rendre le projet plus attractif, le second pour récupérer plus <strong>de</strong>crédits.Les courbes <strong>de</strong> coûts présentées dans <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s ALGAS 15 mettent en évi<strong>de</strong>nce unpotentiel <strong>de</strong> réduction cumulée pour un coût inférieur à 25 dollars par tonne <strong>de</strong> CO 2 comprisentre 10% et 25% <strong>de</strong>s émissions tota<strong>les</strong> sur la pério<strong>de</strong> 2000-2020. Ces coûts sont parfoisnégatifs, notamment dans <strong>les</strong> pays d’Asie (Philippines, Birmanie). Les différences observéesentre <strong>les</strong> pays correspon<strong>de</strong>nt principalement aux différences dans le nombre d’options inclusesdans l’étu<strong>de</strong>. Ainsi <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s concernant <strong>de</strong>s pays comme le Pakistan ou la Birmanie ont pris encompte un grand nombre d’options et mettent en évi<strong>de</strong>nce un large potentiel <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>sémissions à bas coûts. Pour presque tous <strong>les</strong> pays, il apparaît que <strong>les</strong> mesures susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong>réduire <strong>les</strong> émissions au plus faible coût sont : une amélioration <strong>de</strong> l’efficacité énergétique dans15 Asian Least-Cost Greenhouse Gas Abatement Strategy (stratégie d'abattement à moindre coût pour l'Asie)214


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto<strong>les</strong> usages finals, <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la consommation d’électricité dans le secteurrési<strong>de</strong>ntiel et <strong>les</strong> services et l’introduction <strong>de</strong> moteurs et <strong>de</strong> chaudières plus efficaces. Ces étu<strong>de</strong>sont relativement peu évalué d’options en rapport avec l’offre énergétique conventionnelle.Tableau IV.6. Potentiel <strong>de</strong> réduction d'émissions à un coût inférieur ou égalà 25 US$/tCO 2 pour <strong>les</strong> pays en développement et <strong>les</strong> économies en transitionRéduction annuelle par rapport au scénario <strong>de</strong> référencePays MtC0 2 /an %Argentine (UNEP, 1999a) – 11.5Botswana (UNEP, 1999c) 2,87 15.4Chine (ALGAS, 1999a) 606 12.7Equateur (UNEP, 1999b) 12,7 21.3Estonie (UNEP, 1999g) 9,6 58.3Hongrie (UNEP, 1999f) 7,3 7.6Philippines (ALGAS, 1999e) 15 6.2Corée du sud(ALGAS, 1999b) 5,3 5.7Zambie (UNEP, 1999d) 6,09 17.5Brésil (UNEP, 1994) – 29Egypte (UNEP, 1994) – 52Sénégal (UNEP, 1994) – 50Thaïlan<strong>de</strong> (UNEP, 1994) – 29Venezuela (UNEP, 1994) – 24Zimbabwe (UNEP, 1994) – 34Réduction cumulative par rapport au scénario <strong>de</strong> référencePays MtCO 2 /an %Birmanie (ALGAS, 1999c) 44 23Pakistan (ALGAS, 1999d) 1120 23.7Thaïlan<strong>de</strong> (ALGAS, 1999f) 431 4.2Vietnam (UNEP, 1999e) 1016 13.4Les étu<strong>de</strong>s UNEP mettent en évi<strong>de</strong>nce un certain nombre <strong>de</strong> similarités entre <strong>les</strong> pays.D’ici 2030, <strong>les</strong> émissions peuvent être réduites <strong>de</strong> 25% (voire 30%) par rapport au scénario <strong>de</strong>référence pour un coût là encore inférieur ou égal à 30 dollars par tonne <strong>de</strong> CO 2 . De nouveau, lenombre d’options retenues dans l’étu<strong>de</strong> détermine <strong>de</strong> façon fondamentale l’ampleur <strong>de</strong> cepotentiel <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions à bas coûts. Il convient <strong>de</strong> noter qu’au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces objectifs<strong>de</strong> réduction, pour beaucoup <strong>de</strong> pays, <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions s’accroissent <strong>de</strong>manière brutale. De nouveau, ce sont principalement <strong>de</strong>s options visant à améliorer l’efficacité<strong>de</strong>s usages finals qui ont été simulées et qui représentent, pour <strong>les</strong> ménages et l’industrie, <strong>les</strong>réductions d’émissions <strong>les</strong> moins coûteuses. En outre, le passage à d’autres sources d'énergiespour <strong>les</strong> transports se révèle pertinent. L’introduction <strong>de</strong> moteurs et <strong>de</strong> chaudières plus efficacesapparaît également comme un outil prioritaire d’une bonne politique climatique, confirmant ainsi<strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s UNEP précé<strong>de</strong>ntes (UNEP, 1994b). En revanche, l’introductiond’énergies renouvelab<strong>les</strong> (éolien, solaire, photovoltaïque, bio-électricité) ne se révèle pasgénératrice <strong>de</strong> réductions importantes <strong>de</strong>s émissions. Pour la Hongrie et le Vietnam, <strong>les</strong>potentiels <strong>de</strong> réduction sont relativement faib<strong>les</strong> mais ceci s’explique par le fait que ces étu<strong>de</strong>s seconcentrent sur <strong>de</strong>s options d’amélioration <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong>s usages finals et d’économied’électricité qui ne constituent pas l’ensemble <strong>de</strong>s options pouvant générer <strong>de</strong>s réductions à bascoûts dans ces <strong>de</strong>ux pays.215


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoD’autres étu<strong>de</strong>s isolées fournissent <strong>de</strong>s résultats pour <strong>les</strong> pays en voie <strong>de</strong> développement àpartir <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> d’équilibre partiel. Les résultats du modèle d’optimisation ETO pour la Chine,l’In<strong>de</strong> et le Brésil, du modèle MARKAL pour l’In<strong>de</strong>, le Niger et l’Indonésie, et du modèle AIMpour la Chine sont présentés dans le tableau IV.7. Alors que <strong>les</strong> réductions d’émissions parrapport au scénario <strong>de</strong> référence considéré sont assez importantes, <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>meurent faib<strong>les</strong>voir négatifs. Ces étu<strong>de</strong>s mettent en évi<strong>de</strong>nce la pertinence d’un même ensemble d’options pourréduire <strong>les</strong> émissions : éclairage, chauffage et climatisation efficaces, amélioration <strong>de</strong> l’efficacitédu transport et <strong>de</strong> la distribution, introduction <strong>de</strong> chaudières industriel<strong>les</strong> plus efficaces.Tableau IV.7. Coûts d'abattement pour cinq grand pays en développementPays Chine In<strong>de</strong> Brésil Niger IndonésieRéférenceWu et al. Jiang et al. Mongia et Shukla La Rovere et A<strong>de</strong>gbulugbe Adi et al.(1994) (1998) al. (1994) (1996) al. (1994) et al. (1997) (1997)Portée temporelle <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> 1990–2020 1990–2010 1990–2025 1990–2020 1990–2025 1990–2030 1990–2020Emissions en 1990 (MtCO 2 ) 2411 422 264Emissions la <strong>de</strong>rnière année dans le scénario <strong>de</strong> 6133 3523 1446référence (MtCO 2 )Evolution (en %) 154% 130% 735% 650% 447%Emissions la <strong>de</strong>rnière année dans le scénario <strong>de</strong> 4632 2393 495réduction (MtCO 2 )Evolution (en %) 92% 53% 467% 520% 88%Evolution (en %) : réduction versus scénario <strong>de</strong>référence, <strong>de</strong>rnière année–40% –59% –36% –20% –80% –20% –20%Coût marginal la <strong>de</strong>rnière année ($/tCO 2 ) 32 28 –16 28 –7


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoUne nouvelle vague <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> décrivant finement <strong>les</strong> technologies cherche à incorporerun traitement plus élaboré du changement technique, ainsi qu'un meilleur traitement <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong> :- progrès technique endogène lorsque le coût <strong>de</strong>s technologies économisatrices encarbone décroît en fonction <strong>de</strong> l'expérience cumulée (learning by doing),d'économies d'échel<strong>les</strong> et <strong>de</strong> dimension (Messner, 1995; Seebregt et al., 1999) ;- incertitu<strong>de</strong> concernant <strong>les</strong> réponses aux signaux-prix et sur <strong>les</strong> performanceseffectives <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> technologies.a. Impact du progrès technique endogèneLe tableau IV.8 présente <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s quelques étu<strong>de</strong>s récentes qui incorporent leprogrès technique <strong>de</strong> manière endogène. Par essence, ces étu<strong>de</strong>s explorent <strong>les</strong> bénéficespotentiels <strong>de</strong> la promotion <strong>de</strong> certaines technologies clés afin d'accroître leur part <strong>de</strong> marché etainsi provoquer une réduction significative <strong>de</strong>s coûts d'investissement. Des techniquesmathématiques spécia<strong>les</strong> ont été utilisées dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> MESSAGE et MARKAL afin <strong>de</strong>modéliser simultanément la relation entre le coût unitaire <strong>de</strong> la technologie et sa capacitétotalement installée. Bien que d'autres expériences doivent être menées avant <strong>de</strong> pouvoirconclure quant à l'impact <strong>de</strong> l'introduction du progrès technique endogène dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>bottom-up sur <strong>les</strong> coûts, le peu d'étu<strong>de</strong>s aujourd'hui disponib<strong>les</strong> estiment que la réduction <strong>de</strong>scoûts permise par le progrès technique s'étale entre 15% et 30% <strong>de</strong>s coûts totaux.b. Impact <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>Le tableau IV.9 met en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s quelques étu<strong>de</strong>s traitant explicitement<strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> plutôt que <strong>de</strong> se contenter d'apprécier l'impact <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> à travers <strong>de</strong>multip<strong>les</strong> scénarios. Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, chaque scénario <strong>de</strong> référence conduit à <strong>de</strong>s stratégiesdifférentes <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. En revanche, lorsque <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> opèrent un traitementexplicite <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>, une seule stratégie émerge, réponse "au milieu <strong>de</strong> la route" à plusieursscénarios possib<strong>les</strong> auxquels fait face le déci<strong>de</strong>ur politique. Cette approche présente <strong>de</strong>uxprincipaux avantages. Tout d'abord, elle aboutit à une conclusion éminemment pratiquepuisqu'elle préconise une unique et cohérente ligne d'action pour le court terme, en attendant quesoient résolues <strong>les</strong> différentes incertitu<strong>de</strong>s tandis que l'approche par multip<strong>les</strong> scénarios aboutit àla production <strong>de</strong> recommandations mutuellement incohérentes. Deuxièmement, elle réduit lerisque inhérent à la prise <strong>de</strong> décisions dans l'incertain. En particulier, certaines <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>sminimisent précisément le regret d'avoir pris la mauvaise décision.Une difficulté spécifique est <strong>de</strong> résoudre en présence d'incertitu<strong>de</strong> <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>d'optimisation incorporant un traitement endogène du progrès technique. De premiers efforts ontété effectués par l'<strong>International</strong> Institute for Applied Systems Analysis (Grübler et al., 1999) pourétudier l'effet <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> systèmes <strong>de</strong> long terme. Ils concluent que, selon <strong>les</strong> attentesconcernant <strong>les</strong> performances <strong>de</strong>s technologies, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> conduisent à <strong>de</strong>ux grands typesd'équilibres possib<strong>les</strong> : le premier avec <strong>de</strong>s technologies intensives en carbone, l'autre aucontraire avec <strong>de</strong>s technologies faiblement carbonées avec une faible probabilité pour <strong>de</strong>sscénarios intermédiaires.217


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.8. Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coût avec incorporation du progrès techniqueEurope <strong>de</strong>l'OuestMon<strong>de</strong>Pays Référence Modèle /approcheUSAUECa-Aus-NZJaponEurope <strong>de</strong> l'Est,ex-URSSChineIn<strong>de</strong>Mexique-OPEPRDMMon<strong>de</strong>(Voir plus haut)Seebregts et al.,1999Barreto etKypreos, 2000Kypreos etBarreto, 1999MARKALAvecapprentissageProjet TEEMERISVersion multirégionaleversion avecMIPProjet TEEMMARKALAvec MIPPério<strong>de</strong> Scénarios Réduction <strong>de</strong>sGES (en % parrapport à 1990)Jusqu'en 2050 Tiré par le marchéKyoto prolongé avec -24% (2050)apprentissage endogèneKyoto prolongé sans -24% (2050)apprentissageJusqu'en 2050Jusqu'en 2050Scénario <strong>de</strong> référenceKyoto sans commerce - LPKyoto sans commerce - MIPKyoto avec commerceAnnexe 1- LPKyoto avec commerceAnnexe 1- MIPKyoto avec commerceglobal - LPKyoto avec commerceglobal - MIPScénario <strong>de</strong> référenceScénario <strong>de</strong> référence avecMIP+80% app. (2050)-5% (2010)-5% (2010)-5% (2010)-5% (2010)-5% (2010)-5% (2010)+50% app. (2050)+40% app. (2050)Coût total(en milliards)Coût marginal($/t CO 2 -eq)N/R 2010 2030 2050140 60 170350 $9821524011522080130 100 220N/R(2010 2030 2050)RemarquesAppliqué à quatre principauxensemb<strong>les</strong> <strong>de</strong> technologies :turbines éoliennes, modu<strong>les</strong>solaires, pi<strong>les</strong> à combustible,et turbines à gaz.Coût marginal enECU95/tCO 2 .ERIS : Modèle prototypedéveloppé au sein du projetTEEM pour évaluer différentsconcepts"LP :Linear programming.""MIP :Mixed IntegerProgramming."Courbes d'apprentissage pour13 technologies.Deman<strong>de</strong> d'électricité dumodèle POLES et <strong>de</strong> l'IIASA(scénario B).Analyse stochastique sur <strong>les</strong>contraintes d'émissions <strong>de</strong>CO 2 , la croissance <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>les</strong> tauxd'apprentissage.Modèle global avec <strong>de</strong>man<strong>de</strong>d'électricité IIASA (ScénarioB)Projet TEEMStabilisationStabilisation avec MIP-5% (2010)-5% (2010)893,4 US96$811,733 ; 22 ; 2839 ; 17 ; 0Courbes d'apprentissage pour13 technologies.Capacité max : 6000 GW.Coût marginal en $/tCO 2 .218


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.9. Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coûts tenant compte <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>Pays Référence Modèle /approcheQuébec Kanudia etLoulou, 1998aMARKALVersionstochastiqueavec <strong>de</strong>man<strong>de</strong>élastiquePério<strong>de</strong>(Jusqu'en)Scénarios2035 Stratégies déterministesABCDRéduction <strong>de</strong>sGES (en % parrapport à 1990)-57%-62%-11%-16%Coût total(en milliards)3,27 CDN$0,5810,4212,50Coût marginal($/t CO 2 -eq)375338329RemarquesConduit à différentes stratégies dans la mesureoù <strong>les</strong> scénarios diffèrent entre eux, mêmeavant la date <strong>de</strong> résolutionCoût marginal CDN$/tCO 2 -eqQuébec Kanudia etLoulou, 1999MARKALVersionstochastiqueavec <strong>de</strong>man<strong>de</strong>élastique etcritère du regretminimaxStratégies stochastiques2035 Stratégies déterministesABCDEStratégie <strong>de</strong> minimisation ducoût attendu-59%-62%-1%-14%0%-10%-20%-30%-40%0113 CDN$6318593,5104736640N/RN/RConduit à une seule stratégie contenant <strong>de</strong>sactions qui diffèrent après la date <strong>de</strong> résolutionCoût total = valeur attendue <strong>de</strong> la perte enmilliards <strong>de</strong> dollars canadiensCoût total = différence <strong>de</strong> coût entre la stratégieconsidérée et la meilleure stratégie, avecinformation parfaite en milliards <strong>de</strong> dollarscanadiensPays BasYbema et Kram,1996Suisse Bahn et al.,1996MARKALVersionstochastiqueavec <strong>de</strong>man<strong>de</strong>fixeMARKALVersionstochastiqueStratégie du regret minimax2045 Déterministe avec Info parfaiteSans contrainteRéduction mo<strong>de</strong>steRéduction contraignanteStratégie stochastique(Prob : 60 ; 30 ;10)2030 Scénario <strong>de</strong> référenceRéduction sans commerceStratégie stochastique(Prob : 25% ; 50% ; 25%)+20%-10%-20%+20%-10%-20%+13%-10% (2000-2030)-20% (2030)1990 level (2010)-20% (2030)3,3(2010 ; 2040)0 ; 0 M NLG298 ; 33881496 ; 6021N/R584 ; 219584 ; 2836584 ; 8984N/R (2000 ; 2030)23 ; 1 SFr/l9 ; 1.1 SFr/lBase <strong>de</strong> donnée simplifiée (50 technologies)Coût total en millions <strong>de</strong> couronnes danoisesAnalyse <strong>de</strong> sensibilité (2010) :Ref case prob (60 ; 30 ; 10)= 584 M NLGLow prob (68 ; 30 ; 2)= 543 M NLGHigh prob (40 ; 30 ; 30)= 845 M NLGCoût total = gain par rapport au scénario <strong>de</strong>réduction sans commerceCoût marginal en francs suisses par litre <strong>de</strong>carburant (taxe)219


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto5. ConclusionCes <strong>de</strong>rnières années, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s bottom-up ont produit une gran<strong>de</strong> richesse <strong>de</strong> nouveauxrésultats à la fois pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Annexe I et ceux n'y appartenant pas. En outre, ils ont étenduleur portée au-<strong>de</strong>là du simple calcul <strong>de</strong> coût technologique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES,en incluant <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s effets sur <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> l'échange, une étu<strong>de</strong> spécifique duprogrès technique et un traitement nouveau <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>. La conclusion principale que l’onpeut tirer <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> ces résultats est leur très gran<strong>de</strong> dépendance au scénario retenu.Certaines étu<strong>de</strong>s proposent une série <strong>de</strong> mesures publiques qui permettent d’utiliser assezprofondément le potentiel technique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions à bas coûts. Dans bien <strong>de</strong>s cas,cela se traduit par <strong>de</strong>s coûts totaux <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions négatifs ou faib<strong>les</strong>. Unecomparaison avec <strong>les</strong> approches au moindre coût est difficile car el<strong>les</strong> évaluent à la fois <strong>les</strong>cénario <strong>de</strong> référence et le scénario politique comme <strong>de</strong>s systèmes optimisés et n’incorporent pas<strong>les</strong> éventuel<strong>les</strong> imperfections institutionnel<strong>les</strong> et <strong>de</strong> marché. Loulou et Kanudia (1999a) ontproposé une comparaison systématisée <strong>de</strong>s résultats obtenus par <strong>les</strong> différentes approchesbottom-up, mais leur travail reste préliminaire.On l’a vu, le débat suscité par ces résultats se concentre sur la capacité <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s bottomupà intégrer <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> transaction engendrés par le passage d’une technologie à une autre oud’un système énergétique à un autre. Si l’on a pu reprocher pendant longtemps aux modè<strong>les</strong>bottom-up <strong>de</strong> ne pas intégrer d’analyse historique <strong>de</strong>s comportements et ainsi justifier <strong>les</strong> faib<strong>les</strong>coûts comparés à ceux obtenus par <strong>les</strong> approches top-down (IPCC, 1996), l’intégration récente<strong>de</strong>s approches comportementa<strong>les</strong> aux étu<strong>de</strong>s bottom-up invite à réviser cette opinion. Desmodè<strong>les</strong> tels que ISTUM, NEMS, PRIMES ou AIM prennent implicitement en compte certainscoûts <strong>de</strong> transaction via divers mécanismes, si bien que <strong>les</strong> parts <strong>de</strong> marché ne sont plusseulement déterminées par une logique du plus faible coût visible. Les modè<strong>les</strong> au moindre coût(MARKAL, EFOM, MESSAGE, ETO) cherchent également à introduire <strong>de</strong>s limites à lapénétration et/ou à prendre en compte <strong>de</strong>s taux d’actualisation spécifiques afin d’appréhen<strong>de</strong>rimplicitement <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> transaction et d’autres manifestations <strong>de</strong> résistance au changement <strong>de</strong>sagents économiques. Dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cas, l’optimisme concernant la taille du potentiel sans regretest modéré, réduisant l’écart avec <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> top-down. Cependant, <strong>les</strong> auteurs <strong>de</strong>modè<strong>les</strong> bottom-up soutiennent fermement que <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down sous estiment la possibilité<strong>de</strong> modifier <strong>les</strong> comportements par <strong>de</strong>s instruments pertinents au premier rang <strong>de</strong>squels unemeilleure information.En dépit <strong>de</strong> toutes ces remarques et critiques, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s bottom-up fournissent uneinformation dont l’étendue va au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la portée <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> top-down puisque à la fois <strong>les</strong>coûts marginaux et <strong>les</strong> coûts totaux <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> sont calculés. Or, on a vu que le coût marginalseul ne fournissait qu’une très mauvaise information sur <strong>les</strong> coûts réels d’une politique.Enfin, un message crucial bien qu’indirect délivré par ces étu<strong>de</strong>s rési<strong>de</strong> dans le rôlecentral joué par l’innovation. Lorsque sa représentation est déficiente, le modèle propose unevision pessimiste <strong>de</strong>s coûts liés à une réduction plus drastique <strong>de</strong>s émissions à long terme (unecourbe <strong>de</strong> coût marginal très pentue au-<strong>de</strong>là d’un certain niveau <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions).Comme on la verra par la suite, ce point n’est pas lié au paradigme du modèle et l’introduction<strong>de</strong>s déterminants du progrès technique dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> est aujourd’hui un enjeu central <strong>de</strong> lamodélisation environnementale.220


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoB. Les coûts <strong>de</strong> réduction dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down1. Présentation générale <strong>de</strong>s résultatsDu point <strong>de</strong> vue économique, une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions se fait par le biaisd'une incitation financière à modifier la technologie à laquelle chaque agent recourt à court etlong terme. Cette incitation financière prend principalement trois formes : soit on paie une taxeen fonction du niveau <strong>de</strong> ses émissions, soit on achète <strong>de</strong>s PEN, soit on reçoit <strong>de</strong>s subventionspour polluer moins ou adopter une technologie donnée. Les <strong>de</strong>ux premiers instruments génèrent<strong>de</strong>s recettes dont l'utilisation va avoir un impact fondamental sur le coût économique total <strong>de</strong> lapolitique environnementale.Peu <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> considèrent que <strong>les</strong> recettes liées à la mise en œuvre <strong>de</strong> la politiqueenvironnementale viennent simplement gonfler le budget <strong>de</strong> l'Etat sans que celui-ci ne cherche àbaisser d'autre prélèvement. Le type <strong>de</strong> recyclage le plus simple à simuler est un recyclageforfaitaire qui correspond à une redistribution directe <strong>de</strong>s ressources collectées sans autre critère.Bien entendu une telle forme <strong>de</strong> recyclage ne correspond nullement à une politique réellementenvisageable mais <strong>les</strong> résultats obtenus lors <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> simulations donnent déjà un nombreimportant <strong>de</strong> renseignements, en permettant notamment la comparaison <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>sdifférents modè<strong>les</strong> (la simplicité technique <strong>de</strong> cette simulation autorise sa réalisation à l'ai<strong>de</strong> duplus grand nombre <strong>de</strong> modè<strong>les</strong>).A ce titre, l'étu<strong>de</strong> comparative réalisée au sein <strong>de</strong> l'Energy Mo<strong>de</strong>ling Forum (EMF,Standford University) et présentée dans le tableau IV.10 constitue une expérience très riche enenseignements. Les douze modè<strong>les</strong> présents lors <strong>de</strong> l'EMF-16 (1999) calculent <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>respect du protocole <strong>de</strong> Kyoto pour <strong>les</strong> Etats-Unis, l'Europe (OCDE-E), le Japon et unregroupement Canada-Australie-Nouvelle-Zélan<strong>de</strong> (CANZ). Comme on l'a montré dans lechapitre 2, le coût marginal représenté par le niveau <strong>de</strong> la taxe n'est pas directement comparableau coût marginal calculé dans le cadre d'un modèle bottom-up. Il est déterminé à partir <strong>de</strong> ladifférence <strong>de</strong> coût marginal <strong>de</strong> l'offre (incluant la conservation) avec et sans objectif <strong>de</strong>réduction. Là encore, le niveau <strong>de</strong> la taxe dépend d'hypothèses clés telle que la présence ou nond'une technologie backstop 16 , la valeur <strong>de</strong> l'élasticité prix <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l'offre énergétique<strong>de</strong> court et <strong>de</strong> long terme. Les coûts marginaux présentés dans ce tableau donnent une idée <strong>de</strong>spotentiels technologiques retenus pour chaque région, mais sans prise en compte explicite <strong>de</strong>spotentiels sans regrets éventuels.Deux différences majeures avec <strong>les</strong> résultats bottom-up sont à noter :• Ces modè<strong>les</strong> ne prennent pas en compte d'éventuels potentiels <strong>de</strong> réductions à coûtsnégatifs et supposent que, si une action est justifiée économiquement, elle sera réalisée enl'absence <strong>de</strong> toute autre considération (environnementale entre autres).• Dans la mesure où ils prennent en compte l'élasticité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> effetsen retour macroéconomiques, ces coûts marginaux n'ont pas la même nature que ceuxproduits par <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up.16 Plutôt que <strong>de</strong> supposer la présence d'une technologie backstop, certains modélisateurs considèrent que <strong>de</strong>sénergies non fossi<strong>les</strong> sont disponib<strong>les</strong> en quantité limitée si bien que leurs prix augmentent lorsqu'on <strong>les</strong> consommeen plus gran<strong>de</strong> quantité. Cette hypothèse est raisonnable pour certaines sources (hydro-électricité) mais apparaîtinappropriée pour d'autres (solaire par exemple).221


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.10. Niveau <strong>de</strong> taxe et pertes <strong>de</strong> PIB associés au respect du protocole <strong>de</strong> Kyotoselon <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'EMF-16 (en 2010)Niveau <strong>de</strong> la taxe en 2010 (en 1990 US$) Pertes <strong>de</strong> PIB en 2010 (%)Modèle USA OCDE-E Japon CANZ USA OCDE-E Japon CANZABARE-GTEM 322 665 645 425 1,96 0,94 0,72 1,96AIM 153 198 234 147 0,45 0,31 0,25 0,59CETA 168 1,93G-Cubed 76 227 97 157 0,42 1,50 0,57 1,83GRAPE 204 304 0,81 0,19MERGE3 264 218 500 250 1,06 0,99 0,80 2,02MIT-EPPA 193 276 501 247MS-MRT 236 179 402 213 1,88 0,63 1,20 1,83Oxford 410 966 1074 1,78 2,08 1,88RICE 132 159 251 145 0,94 0,55 0,78 0,96SGM 188 407 357 201WorldScan 85 20 122 46Minimum 76 20 97 46 0,42 0,31 0,19 0,59Maximum 410 966 1074 425 1,96 2,08 1,88 2,02Moyenne 209 347 435 209 1,28 1,02 0,85 1,48Ecart-type 106,74 296,07 304,06 115,58 0,62 0,60 0,57 0,57Le montant <strong>de</strong> la taxe requis (explicitement ou implicitement) et la variation <strong>de</strong> PIB entraînée sont calculés dans lecas d'un respect <strong>de</strong>s engagements <strong>de</strong> Kyoto sans commerce international avec un recyclage forfaitaire <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong>la taxe.Source : Weyant (1999).La première conclusion que l'on pourrait hâtivement tirer à la lecture <strong>de</strong> ce tableau estqu'il n'existe pas <strong>de</strong> corrélation stricte entre le niveau <strong>de</strong> la taxe et <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> PIB (coefficient<strong>de</strong> corrélation <strong>de</strong> 0,37). Néanmoins, celle-ci doit être fortement pondérée par le fait que, si l'onrecalcule ce coefficient par région, on trouve 0,6 pour CANZ, 0,67 pour <strong>les</strong> Etats-Unis, 0,73 pourl'Europe et 0,80 pour le Japon. Il semble donc que lien entre coût marginal (i.e. le signal prix àenvoyer eux entreprises pour qu’el<strong>les</strong> réalisent <strong>les</strong> réductions souhaitées) et coût total d'unepolitique (i.e. la perte <strong>de</strong> PIB) soit plus étroit dans le cadre top-down qu'il ne l'était dans le cadrebottom-up. En effet, comme le souligne le chapitre 2, la nature <strong>de</strong> ces coûts totaux diffèrefortement puisque dans le <strong>de</strong>rnier cas il s’agît d’un coût technique alors que dans le cadre topdown,il inclue l’ensemble <strong>de</strong>s effets retour macroéconomiques (effets d’équilibre général,politique <strong>de</strong> recyclage <strong>de</strong>s recettes…). Néanmoins, alors que le niveau <strong>de</strong> taxe nécessaire auJapon pour atteindre <strong>les</strong> objectifs fixés lors du protocole <strong>de</strong> Kyoto est plus élevé que celui <strong>de</strong>sUSA (United States of America), <strong>les</strong> pertes en termes <strong>de</strong> points <strong>de</strong> PIB y sont plus faib<strong>les</strong>. Plusgénéralement, si <strong>les</strong> taxes sont plus élevées en Europe et au Japon, <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> PIB sont plusgran<strong>de</strong>s aux Etats-Unis et dans <strong>les</strong> autres pays <strong>de</strong> l'OCDE (Organisation pour le Coopération et leDéveloppement Economique). Ceci s'explique par la différence <strong>de</strong>s systèmes énergétiques, <strong>de</strong> lastructure fiscale pré-existante et <strong>de</strong> l'activité économique en général. Il est clair par exemplequ'un pays dont l'industrie est relativement peu intensive en carbone, dont le système énergétiques'appuie déjà en bonne partie sur <strong>de</strong>s énergies renouvelab<strong>les</strong> sera moins affecté qu'un autre parun niveau donné <strong>de</strong> taxe. En revanche, dans la mesure où <strong>les</strong> réductions d'émissions <strong>de</strong>vront êtreeffectuées par quelques secteurs seulement, le niveau <strong>de</strong> la taxe pour atteindre un objectif donnésera d'autant plus élevé. Mais d'après <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>, ce <strong>de</strong>rnier effet ne compense pasle premier.222


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoLa secon<strong>de</strong> observation est que le recyclage forfaitaire n'entraîne jamais un doubledivi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> au sens fort (cf. chapitre 2). Cela est confirmé par <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s nationa<strong>les</strong>. Les étu<strong>de</strong>spour le Danemark (Frandsen et al., 1995 ; Jensen, 1998 ; Gørtz et al., 1999), la France (Bernar<strong>de</strong>t Vielle, 1999), l'Allemagne (Boehringer et al., 1997), la Finlan<strong>de</strong> (Jerkkola et al., 1993 ;Nilsson, 1999) et la Norvège (Bren<strong>de</strong>moen et Vennemo, 1994 ; Johnsen et al., 1996 ; Håkonsenet Mathiesen, 1997) mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> bien-être comparab<strong>les</strong> à celle <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>globaux, comprises entre 0,14% et 1,2% pour divers objectifs <strong>de</strong> réduction compris entre -15% et-25% sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 10 ans. Seu<strong>les</strong> quelques étu<strong>de</strong>s mettent en évi<strong>de</strong>nce un doubledivi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> au sens fort mais sans fournir <strong>de</strong> renseignements sur la contradiction avec <strong>les</strong> travauxanalytiques.2. De l'importance d'un recyclage pertinentSi <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up sont donc pertinents pour mettre évi<strong>de</strong>nce l'existence <strong>de</strong>potentiel sans regret, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down sont eux adaptés pour étudier et comparer <strong>les</strong>différents types <strong>de</strong> recyclage <strong>de</strong>s recettes d'une taxe environnementale ou <strong>de</strong> PEN vendus auxenchères.La recherche d'un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> au sens fort implique un recyclage sous forme <strong>de</strong>réduction d'un taux <strong>de</strong> taxe très distorsif. L'ampleur du phénomène du chômage involontaire,notamment en Europe, incite <strong>les</strong> modélisateurs à considérer qu'une baisse <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong>serait le meilleur moyen d'atteindre un tel divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>. Le graphique IV.2 présente <strong>les</strong> résultatsnumériques obtenus avec cette forme <strong>de</strong> recyclage pour un ensemble <strong>de</strong> pays européens.Graphique IV.2. Variation <strong>de</strong> bien-être en Europeavec un recyclage vers une baisse <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong>Variation <strong>de</strong> bien-être2,50%2,00%1,50%1,00%DanAllRURUPItItBDanEspLuxIrIrLuxEspU.E.Texte en :Noir : Variation <strong>de</strong> bien-êtreRouge : Variation <strong>de</strong> la consommation privéeBleu : Variation du PIBPU.E.All0,50%U.E.AllFNorFFAll0,00%F0,00% 5,00% 10,00% 15,00% F 20,00% 25,00% 30,00%U.E.BU.E.-0,50%-1,00%P-BP-BBFAll-1,50%Réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>s GES223


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoLes résultats lisib<strong>les</strong> sur ce graphique sont bien plus optimistes que <strong>les</strong> précé<strong>de</strong>nts,confirmant ainsi l'analyse théorique selon laquelle le coût net d'une politique environnementalepeut être considérablement réduit, voire annulé ou rendu négatif par une politique <strong>de</strong> recyclagevers <strong>les</strong> taxes <strong>les</strong> plus distorsives. Pour la Norvège, Håkonsen et Mathiesen (1997) ont utilisé unMEGC statique pour comparer un recyclage forfaitaire en faveur <strong>de</strong>s ménages et une baisse <strong>de</strong>scotisations socia<strong>les</strong>. Pour une réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 <strong>de</strong> 20% entre 1990 et 2002, laperte <strong>de</strong> bien-être, calculé à partir d’un indice combinant consommation et loisir, est <strong>de</strong> 1% dansle cas d’un recyclage forfaitaire alors qu’elle n’est que <strong>de</strong> 0,3% dans l’autre cas.Ces résultats sont conformes aux travaux théoriques <strong>de</strong> Bovenberg et van <strong>de</strong>r Ploeg(1998) qui mettent en évi<strong>de</strong>nce un effet positif sur l'emploi d'une taxe verte recyclée vers unebaisse <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong>. Dans un modèle avec salaire d'efficience, Schnei<strong>de</strong>r (1997) avaittrouvé un résultat similaire. De leur côté, Koskela et Schöb (1999) ont utilisé un modèle avecnégociations salaria<strong>les</strong> et ont montré que si <strong>les</strong> allocations chômage sont fixées nominalement etsont taxées à un taux plus bas que <strong>les</strong> revenus salariaux, alors une réforme fiscale verte, neutredu point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong> l'Etat, permet effectivement <strong>de</strong> réduire le chômage. Ainsi, <strong>les</strong>résultats standards <strong>de</strong> la littérature sur la taxation optimale selon <strong>les</strong>quels une petite économieouverte diminue son bien-être lorsqu'elle substitue une taxe sur un facteur mobile tel quel'énergie à une taxe sur le travail (cf. e.g. Bucovetsky et Wilson, 1991 ; Razin et Sadka, 1991) nes'appliquent pas lorsque cette économie connaît du chômage involontaire. Cependant, Brunello(1996) et Carraro et al. (1996) <strong>de</strong>meurent pessimistes quant aux effets <strong>de</strong> long terme, rappelantqu'un accroissement <strong>de</strong>s salaires liés à la baisse du chômage peut finir par compenser ledivi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> en termes d'emploi <strong>de</strong> court terme. Cet effet dépend toutefois <strong>de</strong> manière cruciale <strong>de</strong>l'hypothèse du cadre <strong>de</strong> négociation salariale retenu et <strong>les</strong> dépassements <strong>de</strong> ces travaux fournispar Blanchard et Katz (1999), au prix d'hypothèses plus réalistes, se traduisent par unemodération <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong> court terme en raison d'un accroissement <strong>de</strong>s salaires sans que ce <strong>de</strong>rniercompense complètement l'effet sur l'emploi qui <strong>de</strong>meure donc positif à long terme.Un second aspect associé à ce type <strong>de</strong> recyclage renvoie au débat du choix <strong>de</strong> l’indicateurpour juger <strong>de</strong> l’efficacité d’une politique. Si la variation du PIB est un indicateur relativementfacile à appréhen<strong>de</strong>r (bien qu’il soit finalement difficile <strong>de</strong> comprendre ce que signifie une perte<strong>de</strong> 2% <strong>de</strong> PIB autrement qu’en la comparant à d’autres chocs connus), il n’est pas pour autantforcément le plus pertinent. Il est clair par exemple que le coût social associé au chômageinvolontaire en Europe est très élevé et que toute politique qui le réduit doit être considérée avecattention, même si elle s’accompagne d’une réduction du PIB. C’est pourquoi certains auteursparlent <strong>de</strong> double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> d’une telle politique lorsque l’impact sur l’emploi est positif et nonlorsque le PIB s’accroît. D'ailleurs, n'est-il pas plus parlant <strong>de</strong> dire d'une politique qu'elle aengendré tant <strong>de</strong> chômeurs en plus ou en moins plutôt que <strong>de</strong> parler d'une baisse <strong>de</strong> PIB enpourcentage ? Capros et al. (1999b) ont démontré que la hausse <strong>de</strong> l’emploi est plus importantelorsque l’on retient une hypothèse <strong>de</strong> rigidité <strong>de</strong>s salaires plutôt que <strong>de</strong> flexibilité classique dumarché <strong>de</strong> l’emploi, comme l'illustre le graphique IV.3. On y voit clairement apparaître undouble divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> économique d'une politique environnementale avec recyclage <strong>de</strong>s recettes versune baisse <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong> dont l'ampleur varie du simple ou double selon que le marchédu travail est supposé flexible ou non. De la même manière, alors que Bernard et Vieille (1999)ne concluent pas à la possibilité d’un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> en France, Hourca<strong>de</strong> et al. (2000) mettenten évi<strong>de</strong>nce un accroissement <strong>de</strong> la consommation privée car ils intègrent le chômage structurel.C’est également la raison pour laquelle le modèle E3-ME (Barker, 1999), d’obédience néokeynesienneet économétrique par construction, produit <strong>de</strong>s résultats plus optimistes que sescongénères. Il incorpore en effet <strong>de</strong>s rigidités sur le marché du travail. Pour tous <strong>les</strong> paysd’Europe, il conclut à un accroissement du PIB compris entre 0,8% et 2,2% selon <strong>les</strong> pays, sauf224


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotopour <strong>les</strong> Pays-Bas, le meilleur résultat étant obtenu au Royaume-Uni. Les modè<strong>les</strong> LINK et DRI,<strong>de</strong> nature similaire, ne donnent pas <strong>de</strong> tels gains pour <strong>les</strong> Etats-Unis, mais une perte <strong>de</strong> 0,39%.Graphique IV.3. Evolution <strong>de</strong> l’emploi en fonction <strong>de</strong> la nature supposée du marché<strong>de</strong> l’emploi pour une taxe coordonnée permettant une baisse <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 <strong>de</strong> 10%2,50%2,00%1,50%1,00%0,50%0,00%Allemagne Belgique Danemark Espagne France Grèce Irlan<strong>de</strong> Italie Pays-Bas Portugal Royaume-UniUE-11-0,50%Marché du travail classiqueTaux <strong>de</strong> salaire réel fixeTaux <strong>de</strong> salaire fonction <strong>de</strong> la productivité du travailSource : Capros et al., 1999b.L’ampleur du double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> dans <strong>les</strong> MEGC est généralement moindre que dans <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> keynésiens. Toutefois, bien que <strong>les</strong> horizons temporels diffèrent ainsi que <strong>les</strong> objectifs<strong>de</strong> réduction d’émission, tous confirment l’intérêt d’un recyclage en faveur d'une baisse <strong>de</strong>scotisations socia<strong>les</strong>, du moins en Europe. En outre, il est frappant <strong>de</strong> constater que <strong>les</strong> moinsbons résultats sont obtenus dans le cas <strong>de</strong> réductions unilatéra<strong>les</strong> dans <strong>de</strong>s petits pays tels que laBelgique (Proost et van Regemorter, 1995) ou le Danemark (An<strong>de</strong>rsen et al., 1998).Bien entendu, l’ampleur du double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> dépend <strong>de</strong> l’objectif <strong>de</strong> réduction qui luimêmedétermine, pour un système fiscal donné, le niveau <strong>de</strong> taxation nécessaire (directementconditionné par la valeur <strong>de</strong> l’élasticité <strong>de</strong> décarbonisation du secteur productif et <strong>de</strong> laconsommation <strong>de</strong>s ménages). Malheureusement, seul un petit nombre d’étu<strong>de</strong>s rapporte <strong>les</strong>niveaux <strong>de</strong> taxe pour <strong>les</strong>quels un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> apparaît. Hourca<strong>de</strong> et al. (2000) retrouventune courbe similaire à la courbe C 3 <strong>de</strong> la figure II.2 du chapitre 2 : après un effet optimal autour<strong>de</strong> 100 $/tC, le double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> s’étiole progressivement. Håkonsen et Mathiesen (1997)estiment qu’une amélioration du bien-être se produit pour un objectif <strong>de</strong> réduction compris entre5% et 15%. Mais il est clair cependant que ces résultats dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> manière cruciale <strong>de</strong>shypothèses <strong>de</strong> modélisation. Ainsi, Capros et al. (1999c) estiment-ils que la consommation <strong>de</strong>sménages s’accroît <strong>de</strong> 1% lorsque l’objectif <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions passe <strong>de</strong> 20% à 25% et,225


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotomême si l’accroissement marginal est plus faible que lorsque l’objectif passe <strong>de</strong> 5% à 10%, onpeut s’interroger sur la forme <strong>de</strong> la courbe qui relie <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux effets et notamment sur l’absence <strong>de</strong>seuil.Encadré IV.3. Comparaison <strong>de</strong> différentes formes <strong>de</strong> recyclage: le cas allemandLe tableau ci-<strong>de</strong>ssous présente <strong>les</strong> impacts <strong>de</strong> différents types <strong>de</strong> recyclage d'une écotaxe. Le fait que la cib<strong>les</strong>oit la même (-25%) pour la même année (2010) facilite <strong>les</strong> comparaisons.Comparaison <strong>de</strong>s impacts d'une taxe-carbone en Allemagne en 2010 selon différents types <strong>de</strong> recyclagespour une réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> 25% entre 1990 et 2010Modèle Référence Type <strong>de</strong> recyclage Taxe nationalePrix a ∆ PIB ∆ EmploiPanta Rhei Almon 1991Cotisations socia<strong>les</strong>salarié70 -2.8% -0.9Cotisations socia<strong>les</strong>employeur135 -0.7% +3.4Réduction du déficitpublic55 -4.2% -1.9Lean Welsch et Hoster, 1995Cotisations socia<strong>les</strong>salarié35 -0.1% -0.09Cotisations socia<strong>les</strong>employeur35 +0.5% +0.8Réduction <strong>de</strong>s taxes surle capital30 +0.1% -0.06Gem-E3 Conrad et Schmidt, 1997Cotisations socia<strong>les</strong>salarié70 +0.2% +0.6Cotisations socia<strong>les</strong>employeur70 +0.1% +0.5Réduction du déficitpublic65 -0.03% +0.1Newage Boehringer, 1997Cotisations socia<strong>les</strong>employeur15 +0.4% +0.3Réduction <strong>de</strong>s taxes surle capital15 +1.0% +0.3a En DM 95.Trois <strong>de</strong>s quatre modè<strong>les</strong> présents dans ce tableau, Lean (excepté dans le cas d'un recyclage vers une baisse <strong>de</strong>scotisations salaria<strong>les</strong>), Gem-E3 (excepté dans le cas d'une utilisation <strong>de</strong>s recettes pour diminuer la <strong>de</strong>tte publique) etNewage, concluent à l'existence d'un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> au sens fort. Tous sont d'accords pour dire que le recyclage versla baisse <strong>de</strong>s cotisations salaria<strong>les</strong> employeur aura l'impact le plus important sur l'emploi et, généralement, sur le PIB.Newage est le seul à conclure à la supériorité d'un recyclage vers une baisse <strong>de</strong> l'impôt sur le capital. Il est intéressant<strong>de</strong> constater que le résultat net est quasi-systématiquement plus favorable pour l'emploi que pour le PIB, d'oùl'importance du choix <strong>de</strong>s indicateurs pour juger <strong>de</strong> la pertinence relative d'une politique.226


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoAux USA, le recyclage le plus pertinent ne consiste pas en une baisse <strong>de</strong>s cotisationssocia<strong>les</strong> mais en une réduction <strong>de</strong>s taxes sur le capital. C’est principalement a structure fiscalepré-existante qui détermine la forme <strong>de</strong> recyclage la plus pertinente. Ainsi, le modèle Jorgenson-Wilcoxen (Shackleton, 1998) met en évi<strong>de</strong>nce la possibilité d'obtention d'un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> sile recyclage prend la forme d'une baisse <strong>de</strong>s taxes sur le capital, <strong>les</strong> distorsions pré-existantesliées aux taxes sur le capital étant considérablement plus importantes que cel<strong>les</strong> liées au travail.Jorgenson (1997) aboutit à une perte <strong>de</strong> 0,6% dans le cas d'un recyclage vers une diminution <strong>de</strong>staxes sur <strong>les</strong> salaires et <strong>les</strong> revenus, divisant ainsi par un facteur trois le coût total obtenu dans lecas d'un recyclage forfaitaire. En revanche, c'est un gain <strong>de</strong> 0,19% qui apparaît lorsque lafiscalité sur le capital est allégée. Pour l'Europe, seul le modèle Newage pour l'Allemagne jugepertinent un tel recyclage (Boehringer, 1997).Comme on peut l'observer sur le graphique IV.4, d'autres mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> recyclage ont étésimulés (réduction <strong>de</strong> la TVA 17 , remboursement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte publique, subvention àl'investissement) qui réduisent bien <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> la politique environnementale mais dans <strong>de</strong>sproportions moindres que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> recyclage précé<strong>de</strong>mment présentés. Alors que leurétu<strong>de</strong> concluait systématiquement à l'existence d'un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> en Australie dans le casd'un recyclage sous forme d'une réduction <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong>, McDougall et Dixon (1996)aboutissent à une perte <strong>de</strong> PIB lorsque <strong>les</strong> revenus sont utilisés pour rembourser une partie <strong>de</strong> la<strong>de</strong>tte publique. D'ailleurs, cette forme <strong>de</strong> recyclage n'est pas plus pertinente en Irlan<strong>de</strong> où le PIBdiminue <strong>de</strong> 1% (Fitz Gerald et McCoy, 1992) ou en Allemagne (voir encadré IV.3). Pour laFrance, Schubert et Beaumais (1998), après avoir comparé plusieurs types <strong>de</strong> recyclage,concluent à la supériorité d'un recyclage vers une baisse <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong> dans la mesureoù c'est le seul à déclencher <strong>de</strong>s mécanismes affectant l'emploi et le niveau <strong>de</strong> l'activité. Pour laSuè<strong>de</strong>, Brännlund et Gren (1999) estiment dans une analyse <strong>de</strong> court terme que <strong>les</strong> revenusprivés <strong>de</strong>meurent inchangés lorsque le recyclage prend la forme d'une baisse <strong>de</strong> la TVA car celapermet <strong>de</strong> compenser l'effet revenu négatif <strong>de</strong> la taxe. Cependant, dans la mesure oùl'accroissement du revenu dans cette étu<strong>de</strong> est relativement important par rapport à celui <strong>de</strong>s prix,<strong>les</strong> taxes peuvent s'accroître sans affecter considérablement le comportement <strong>de</strong>sconsommateurs.On peut par contre regretter le petit nombre d'étu<strong>de</strong>s traitant <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> recyclagedans <strong>les</strong> pays en développement. La Chine représente toutefois une exception. Zhang (1997,1998) analyse <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux scénarios <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> 20% et 30% en<strong>de</strong>ssous du scénario <strong>de</strong> référence en 2010. Le PNB chute respectivement <strong>de</strong> 1,5% et 2,8% en2010 par rapport au scénario <strong>de</strong> référence et le bien-être, mesuré par la variation équivalente <strong>de</strong>revenu au sens <strong>de</strong> Hicks, chute <strong>de</strong> 1,1% et 1,8% respectivement. Si une partie <strong>de</strong>s revenus estutilisée pour réduire <strong>les</strong> taxes indirectes <strong>de</strong> 5% et 10% respectivement, et ce <strong>de</strong> manière égalepour tous <strong>les</strong> secteurs, l'effet en termes <strong>de</strong> bien-être est considérablement amoindri et peut mêmese transformer en gain. Garbaccio et al. (1999) sont encore plus optimistes. A l'ai<strong>de</strong> d'un MEGCdynamique, ils simulent une réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> 5%, 10% et 15% par rapport au scénario<strong>de</strong> référence dans le cas d'un recyclage sous forme d'une baisse proportionnelle <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>sautres taxes. Dans tous <strong>les</strong> cas, une légère perte <strong>de</strong> PIB est observable la première année maisrapi<strong>de</strong>ment un accroissement du PIB se fait jour suite à une substitution entre consommation etinvestissement. Cependant, il serait bien dangereux <strong>de</strong> se précipiter à étendre ces résultats àl'ensemble <strong>de</strong>s pays en développement. Les structures fisca<strong>les</strong> <strong>de</strong> ces pays diffèrent en effetfondamentalement <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'OCDE et <strong>les</strong> distorsions pré-existantes y sontgénéralement bien moins importantes, limitant ainsi <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>. Dansces pays, <strong>les</strong> pertes directes <strong>de</strong> bien-être associées à la taxe environnementale peuvent réduire <strong>les</strong>17 Taxe sur la Valeur Ajoutée227


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotoopportunités <strong>de</strong> réduction au sein d'un ensemble <strong>de</strong> réformes fisca<strong>les</strong>. Pour l'instant, <strong>les</strong>évi<strong>de</strong>nces empiriques sont trop peu nombreuses pour qu'une conclusion, qui plus est générale,puisse être tirée.Graphique IV.4. Variation <strong>de</strong> bien-être selon le type <strong>de</strong> recyclage2,00%1,00%AllVariaton <strong>de</strong> bien-être0,00%-1,00%-2,00%-3,00%-4,00%NorIrU.E.U.KU.E.Texte en :Noir : Variation <strong>de</strong> bien êtreRouge : Variation <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong>s ménagesBleu : Variation du PIBPoint en :Noir : Subvention à l'investissementViolet : Recyclage forfaitaireVert : Réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte publiqueGris ; Réduction <strong>de</strong>s taxes sur le capitalOrange : Réduction <strong>de</strong> la TVAU.E.FU.E.DenDanAllAllAllU.E.-5,00%0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%Réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES3. L'engagement réciproque 18Cette dénomination regroupe un ensemble disparate <strong>de</strong> mesures. Leur point commun estqu'el<strong>les</strong> résultent toutes d'une négociation entre entreprises et Etat visant à un transfert financieren échange d'un engagement à réduire <strong>les</strong> émissions.La nature même <strong>de</strong> cet outil n'est pas encore totalement claire. Parce qu'il incorpore <strong>de</strong>sobligations pour <strong>les</strong> firmes, chiffrées en termes <strong>de</strong> réductions physiquement réalisées,l'engagement réciproque (ER) est en cela assimilable à n'importe quelle norme classique. Maiscomme il implique également <strong>de</strong>s incitations financières pour <strong>les</strong> entreprises, il peut être analysécomme un instrument économique. Il est en fait défini par <strong>de</strong>ux caractéristiques principa<strong>les</strong> :- il incite à l'innovation environnementale et à l'effort en termes <strong>de</strong> recherche etdéveloppement environnementaux ;- il est associé à <strong>de</strong>s incitations fisca<strong>les</strong> ou financières à l'innovation et à la rechercheet développement pour <strong>les</strong> entreprises qui adhèrent à l'accord.18 La traduction habituelle <strong>de</strong> Voluntary Agreements est accord volontaire. Considérant cette dénomination troppléonastique, nous préférons parler d'engagement réciproque : le terme "engagement" reflétant le caractère spontanéet non contraint lié à la notion <strong>de</strong> Voluntary Agreement, tandis que l'adjectif "réciproque" renvoie à la contrepartieofferte par l'Etat à la réduction <strong>de</strong>s émissions que se proposent <strong>de</strong> réaliser <strong>les</strong> entreprises.228


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoCertains auteurs se sont attachés à démontrer l'inefficacité <strong>de</strong>s outils économiquestraditionnels pour atteindre le niveau <strong>de</strong> recherche et développement optimal. Même dans lecadre <strong>de</strong> la concurrence pure et parfaite, <strong>les</strong> taxes peuvent entraîner un sur- ou un sousinvestissement,aussi bien que <strong>de</strong>s distorsions en marché (e.g : en présence <strong>de</strong> taxespréexistantes). Laffont et Tirole (1993) ont par exemple montré que, dans un cadre dynamique,<strong>les</strong> taxes ou <strong>les</strong> PEN peuvent inciter <strong>les</strong> entreprises à surinvestir afin <strong>de</strong> réduire le poids <strong>de</strong> lafiscalité.L'engagement réciproque peut être notamment utilisé dans <strong>les</strong> cas où l'approcherégulatrice est impossible, ce qui risque d’être le cas pour un problème <strong>de</strong> pollution transfrontièretel que celui qui nous est posé en raison <strong>de</strong> l'absence d'autorité nationale sur <strong>les</strong>entreprises étrangères.Carraro et Galleotti (1995) ont simulé à l'ai<strong>de</strong> du modèle WARM <strong>de</strong>ux formesparticulières d'engagement réciproque : une subvention à la R&D 19 et une ai<strong>de</strong> à l'investissement(<strong>les</strong> résultats sont présentés dans <strong>les</strong> tableaux IV.11 à IV.14).Tableau IV.11. Evolution du P.I.B. en cas d’engagement réciproque(Pourcentage <strong>de</strong> différence cumulée en 2015 par rapport au scénario <strong>de</strong> référence).Pays Recherche et développement InvestissementBelgique -0,6 +0,1France +0,7 +0,6Allemagne +0,2 +0,7Italie +1,5 +1,0Pays-Bas +0,3 -0,2Royaume-Uni -0,3 +0,4Source : Carraro et Galeotti.L'impact sur le PIB est positif dans la plupart <strong>de</strong>s pays d'Europe et plus important dans lecas d'une subvention à l'investissement. En revanche, l’impact sur l’emploi est plutôt faible (saufpour la Belgique et le Royaume-Uni dans le cas d’une politique <strong>de</strong> R&D). Cela confirme <strong>les</strong>résultats macroéconomiques bottom-up <strong>de</strong> Boetti-Botteon (1994), selon <strong>les</strong>quels l’innovationtechnologique visant à réduire la consommation d’énergie n’est pas intensive en travail.19 Dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cas, le montant <strong>de</strong>s subventions est fonction <strong>de</strong>s informations disponib<strong>les</strong> sur la nature du stock <strong>de</strong>capital et <strong>de</strong> la perception qu’il a du consentement à payer <strong>de</strong>s consommateurs. Ce consentement est évalué ici à unmontant égal à 5% du montant du PIB, ce qui correspond à une taxe sur le carbone <strong>de</strong> 19 Euros par tonne. Lessubventions sont financées par un accroissement <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> impôts, directs et indirects. Le modèle endogénéisel’effet <strong>de</strong> la recherche et développement sur la structure du stock <strong>de</strong> capital <strong>de</strong>s firmes.229


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.12. Impact sur la compétitivité d’une politique d’engagement réciproque(Pourcentage <strong>de</strong> différence cumulée en 2015 par rapport au scénario <strong>de</strong> référence).Pays Recherche et développement InvestissementBelgique +15,7 +3,5France -0,8 -7,1Allemagne +5,3 -10,1Italie +3,8 -0,3Pays-Bas +5,3 +0,8Royaume-Uni +26,8 -11,7Source : Carraro et Galeotti.En termes <strong>de</strong> compétitivité internationale également, une politique d’ER paraît engendrer<strong>de</strong>s effets intéressants. Seuls la France et le Royaume-Uni voient leur balance commerciale sedétériorer. L’amélioration générale <strong>de</strong> la compétitivité est liée à la baisse <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> productionsuite à la moindre consommation d’énergie permise par l’investissement ou la R&D. Commepour l’effet sur la croissance, le moindre effet d’amélioration <strong>de</strong> la compétitivité dans le casd’une politique d’investissement par rapport à une politique <strong>de</strong> R&D est dû au fait que lapremière implique une hausse <strong>de</strong>s importations.Tableau IV.13. Evolution <strong>de</strong> l’emploi en cas d’engagement réciproque(Pourcentage <strong>de</strong> différence cumulée en 2015 par rapport au scénario <strong>de</strong> référence).Pays Recherche et développement InvestissementBelgique -1,0 -0,3France -0,1 +0,1Allemagne -0,2 +0,1Italie -0,5 -0,2Pays-Bas -0,1 -0,3Royaume-Uni -0,8 +0,1Source : Carraro et Galeotti.Si la politique d’investissement fournit <strong>de</strong> meilleurs résultats en termes <strong>de</strong> d’emploi, lapolitique <strong>de</strong> R&D permet une plus forte réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 . A l’exception duRoyaume-Uni, tous <strong>les</strong> pays connaissent une baisse <strong>de</strong> leurs émissions, mais cette baisse restetrès inférieure à celle que l’on obtient généralement dans <strong>les</strong> simulations d’une taxe sur lecarbone d’un taux proche <strong>de</strong> 19 Ecus par tonne (ces réductions étant le plus souvent au moinséga<strong>les</strong> à 10% alors qu'ici el<strong>les</strong> sont comprises généralement entre -0,5% et -3,6%).230


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.14. Impact sur l’environnement d’une politique d’engagement réciproque(Emissions <strong>de</strong> CO 2 ).(Pourcentage <strong>de</strong> différence cumulée en 2015 par rapport au scénario <strong>de</strong> référence).Pays Recherche et développement InvestissementBelgique -3,6 -1,8France -2,5 -1,3Allemagne -1,0 -0,1Italie -1,0 -0,5Pays-Bas -2,6 -1,4Royaume-Uni -1,0 +0,6Source : Carraro et Galeotti.Une politique d’engagement réciproque semble donc permettre l’obtention d’un doubledivi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>. On voit ici que l’effet sur l’économie est incontestablement positif tandis que l’effetsur l'emploi est négligeable, mais il s’agit <strong>de</strong>s résultats d’une seule simulation. Le choix entreune politique d’investissement et une politique <strong>de</strong> R&D doit dépendre <strong>de</strong>s caractéristiqueséconomiques nationa<strong>les</strong>, mais, généralement, une politique <strong>de</strong> R&D permet l’obtention <strong>de</strong>meilleurs résultats, tant d’un point <strong>de</strong> vue économique qu’environnemental. Cependant, l'effetsur <strong>les</strong> émissions est plus faible qu'avec d'autres types d'outils. On peut toutefois noter qu’unetelle politique peut être conjuguée à une autre, <strong>de</strong> taxation ou <strong>de</strong> PEN, pour permettre d’atteindreplus efficacement le niveau <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions nécessaire à une lutte efficace contrel’effet <strong>de</strong> serre.4. Remarques sur <strong>les</strong> subventionsUn certain nombre <strong>de</strong> subventions au secteur énergétique existent pour l’heure et ont pourbut <strong>de</strong> :- garantir une certaine indépendance énergétique ;- permettre l’accès à l’énergie pour <strong>les</strong> bas revenus ;- prévenir ou réduire la perte d’emploi du secteur minier ;- renforcer la compétitivité <strong>de</strong> l’industrie nationale.Les subventions au charbon en particulier ont favorisé la production <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier dansbeaucoup <strong>de</strong> pays industrialisés et accru la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> dans <strong>les</strong> pays en développement (OCDE,1997).Supprimer <strong>les</strong> subventions et <strong>les</strong> barrières commercia<strong>les</strong> sectoriel<strong>les</strong> pourrait engendrer àla fois une amélioration en termes environnementaux mais également un accroissement du PIB(Burniaux et al., 1992 ; Hoeller et Coppel, 1992 ; Larsen et Shah, 1992, 1995 ; An<strong>de</strong>rson etMcKibbin, 1997). Les étu<strong>de</strong>s loca<strong>les</strong> précisent en outre que supprimer <strong>les</strong> subventions à laproduction et à l’utilisation <strong>de</strong> charbon se traduirait par <strong>de</strong>s substitutions importantes dans <strong>les</strong>principaux pays consommateurs <strong>de</strong> charbon et par une baisse <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production <strong>de</strong>l’électricité (DRI, 1994 ; Shelby et al., 1994 ; Golub et Gurvich, 1996 ; Michaelis, 1996 ; OECD,1997, Appendix A).231


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto5. Les limites <strong>de</strong> l'analyse agrégée : analyse <strong>de</strong>s impacts redistributifs <strong>de</strong>l'écotaxeToutes ces analyses sont menées en supposant que le recyclage laisse inchangé <strong>les</strong>recettes fisca<strong>les</strong>. Or cela ne suffit pas à garantir la neutralité fiscale car l'introduction d'une taxesur le carbone ou d'un système <strong>de</strong> PEN vendus aux enchères dans l'hétérogénéité du mon<strong>de</strong> réelpeut avoir <strong>de</strong>s impacts redistributifs importants.a. Entre <strong>les</strong> agentsSavoir dans quel<strong>les</strong> proportions l’accroissement du prix <strong>de</strong> l'énergie sera supportédirectement par <strong>les</strong> ménages ou par <strong>les</strong> entreprises est relativement difficile à évaluer simplementet dépendra in fine <strong>de</strong> la structure fiscale du pays et <strong>de</strong>s pouvoirs <strong>de</strong> marchés réciproques dans <strong>les</strong>différents secteurs.L’importance <strong>de</strong> la répercussion <strong>de</strong> la taxe sur <strong>les</strong> prix en aval dépend en partie ducontexte international qui prési<strong>de</strong> à son instauration. Si plusieurs pays mettent en œuvre <strong>de</strong>smesures semblab<strong>les</strong>, il y a plus <strong>de</strong> chance que le poids <strong>de</strong> la taxe soit supporté en partie par <strong>les</strong>détenteurs <strong>de</strong> sources d'énergie et non pas entièrement par <strong>les</strong> consommateurs. En outre, ilimporte <strong>de</strong> considérer cet aspect dans la durée. A court terme, la taxe risque fort <strong>de</strong> toucher <strong>les</strong>consommateurs, tandis qu’à long terme, <strong>les</strong> producteurs et détenteurs <strong>de</strong> sources d'énergie ensupporteront une part plus importante.b. Entre <strong>les</strong> secteursLes effets d'une politique environnementale sont différents selon <strong>les</strong> secteurs. Lesindustries intensives en énergie (électricité, sidérurgie, cimentier, chimie), <strong>les</strong> transports et <strong>les</strong>producteurs <strong>de</strong> biens durab<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> perdants dans une telle réforme, en raison <strong>de</strong>l’accroissement <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l’énergie. A l’inverse, <strong>les</strong> industries <strong>de</strong> biens <strong>de</strong> consommation et <strong>les</strong>services sont <strong>les</strong> bénéficiaires d’une telle réforme. L’effet sur l’agriculture <strong>de</strong>meure incertain.De même, toutes <strong>les</strong> entreprises d’un même secteur ne sont pas nécessairement touchées<strong>de</strong> la même manière par une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. S’agissant <strong>de</strong> la taxe sur <strong>les</strong>émissions <strong>de</strong> carbone par exemple, <strong>les</strong> sites <strong>de</strong> production <strong>les</strong> plus anciens, dont le ren<strong>de</strong>menténergétique est inférieur à celui <strong>de</strong>s sites plus mo<strong>de</strong>rnes, en subiront davantage <strong>les</strong> conséquences.La majorité <strong>de</strong>s secteurs arrivent à annuler l’effet <strong>de</strong> la taxe sur le coût <strong>de</strong> production àl’exception <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong> l'énergie et <strong>de</strong>s biens intermédiaires. Les différences sectoriel<strong>les</strong>proviennent <strong>de</strong> plusieurs sources :• L’intensité relative en énergie et en main d’œuvre <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> production : pourcertains secteurs en effet, l'énergie représente une part minoritaire du coût unitaire <strong>de</strong>production, alors que la réduction <strong>de</strong>s coûts du travail permise par le recyclage <strong>de</strong> la taxeconstitue une manne importante.232


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto• Le poids <strong>de</strong>s cotisations et le niveau préalable <strong>de</strong>s rémunérations : suivant le secteur et lepays considérés, <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> cotisations socia<strong>les</strong> représentent une part plus ou moinsimportante <strong>de</strong> la masse salariale, déterminant le bénéfice ex ante <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s taux.• La structure <strong>de</strong> la consommation énergétique : plus la consommation d'énergie d’un paysou d’un secteur donné est portée par <strong>de</strong>s produits à fort contenu en CO 2 , plus la charge <strong>de</strong>la taxe sera importante.• Le niveau <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> permettant ou non <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s économies d’échelle : cemécanisme joue particulièrement pour le secteur énergétique qui voit son coût <strong>de</strong>production s’accroître fortement suite à l’introduction <strong>de</strong> la taxe.• L’intensité capitalistique en technologies économisatrices d'énergie.Mais <strong>les</strong> effets redistributifs entre <strong>les</strong> secteurs doivent également être étudiés du point <strong>de</strong>vue <strong>de</strong> la compétitivité internationale. Ainsi, tous <strong>les</strong> secteurs ne sont pas également frappés par<strong>les</strong> pertes en termes <strong>de</strong> compétitivité internationale qu’entraîne une mesure unilatérale <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions. Les différences dans <strong>les</strong> effets intersectoriels entre <strong>les</strong> pays sontprincipalement dues à :- <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> flexibilité du marché du travail ;- <strong>de</strong>s différences dans le <strong>de</strong>gré d’exposition <strong>de</strong>s secteurs au commerce extérieur et àla dépendance <strong>de</strong>s secteurs affaiblis par la réforme ;- <strong>de</strong>s différences dans <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong>s taxes préexistantes ;- <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> flexibilité du système énergétique.Lorsque la concurrence se fon<strong>de</strong> principalement sur la différenciation <strong>de</strong>s produits,comme c’est le cas <strong>de</strong>s produits pharmaceutiques par exemple, et non sur <strong>les</strong> prix, comme c’estle cas pour <strong>les</strong> combustib<strong>les</strong> fossi<strong>les</strong>, l’écotaxe a <strong>de</strong>s chances d’être moins préjudiciable à lacompétitivité internationale.Enfin, il faut noter qu’il existe une différence essentielle entre <strong>les</strong> taxes (ou <strong>les</strong> PEN) et<strong>les</strong> autres instruments d’action : avec <strong>les</strong> taxes, <strong>les</strong> entreprises supportent non seulement <strong>les</strong> coûts<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions, mais acquittent également une taxe sur <strong>les</strong> rejets restant. Parconséquent, du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la compétitivité d’un secteur ou d’une entreprise, l’écotaxe peutavoir une inci<strong>de</strong>nce plus marquée que <strong>les</strong> autres <strong>politiques</strong>.Le tableau IV.5 présente <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> plusieurs étu<strong>de</strong>s multi-sectoriel<strong>les</strong> et metclairement en évi<strong>de</strong>nce le fait que <strong>les</strong> secteurs producteurs d'énergie sont <strong>les</strong> grands perdants lors<strong>de</strong> la mise en place d'une taxe sur <strong>les</strong> émissions.233


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.15. Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s impacts multi-sectoriels d'une réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2Région ou pays Chine UE-6 UE-11 Nouvelle Zélan<strong>de</strong> Royaume-Uni USA USA USARéférence Garbaccio et al. (1999) DRI (1994) Barker (1999) Bertram et al. (1993) CambridgeEconometrics(1998)CRA et DRI (1994) Jorgenson et al.(1999)McKibbin et al.(1999)FinanceurMinistère <strong>de</strong> l’énergieUSAU.E. U.E. Ministère <strong>de</strong>l’environnementNouvelle Zélan<strong>de</strong>FFF-FOEElectric PowerResearch InstituteModèle DRI E3ME ESSAM MDM-E3 DRI JWS G-cubedNature du modèle CGE statique Macro Macro CGE Macro Macro CGE dynamique CGE dynamiquePolitique Taxe carbone Taxe carbone Taxe carbone Taxe carbone-énergie Taxe carbone Taxe carbone PEN PENTypes <strong>de</strong> recyclage Toutes <strong>les</strong> autres taxes Cotisationssocia<strong>les</strong>employeurCotisationssocia<strong>les</strong>employeurCorporate taxCotisationssocia<strong>les</strong>employeurUS EPAForfaitaire Impôt sur le revenu ForfaitaireNombre <strong>de</strong> secteurs 29 20-30 30 28 49 Environ 100 35 12Carburants différents 4 17 11 4 10 4 4 5Pério<strong>de</strong> 1992 à 2032 1992 à 2010 1970 à 2010 1987 à 1997 1960 à 2010 1990 à 2010 1996 à 2020 1996 à 2020Effect year 2032 2010 2010 1996/97 2010 2010 2020 2010CO 2 -15% -15% -10% -46% -4.4% -15.3% -31% -29.6%PIB +1% +0.9% +1.4% +4.6% +0.1% -2.3% +0.6% -0.7%Charbon -19% -8% -24% 0% -25% -52% -40%Essence -2 -17 -22 -0 -6 -4 -16Energie : -7%Gaz -4 -41 -4 -18 -25 -14Electricité +3 a -3 -17 -1 -17 -12 -6Agriculture +0 a -7 +3 +4 +0 +4 -1Forêts .. .. .. +5 .. .. -1Agro-alimentaire +0 a Manufacture :+2 +3 +0 +5Biens nondurab<strong>les</strong> :–1Acier +1 a +1 -26 -1 -5 -3 Biens durab<strong>les</strong> : –1Chimie +1 a +1+2 +6 -0 -0 ..Bâtiment +1 a .. +1 +0 +0 +1 ..Transport +1 a -2 +0 +5 +0 -4 +1 -2Services +0 a +1 +1 +6 +0 -2 +3 -0Dépenses <strong>de</strong>sconsommateurs+0.8% +6.7% +0.1% -1.9% +0.7% -0.4%a : Année 1.234


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoConcrètement, dans tous <strong>les</strong> pays où une taxe a été introduite, <strong>de</strong>s exemptions ont étéaccordées à certains secteurs ou la taxe a été différenciée selon <strong>les</strong> secteurs 20 (ECON, 1997). Lesménages paient pleinement la taxe tandis que <strong>les</strong> industries orientées vers l'exportation n'enacquittent qu'un montant faible ou nul.α. ExemptionUne première métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> lutte contre <strong>les</strong> effets régressifs <strong>de</strong> la taxe consiste en laréduction <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nces du programme <strong>de</strong> réforme ex ante, <strong>de</strong> façon à ce que <strong>les</strong> impactspotentiels ne se manifestent pas. Par exemple, <strong>les</strong> pouvoirs publics peuvent alléger ou supprimerune disposition antipollution si elle risque <strong>de</strong> porter préjudice à certains groupes. On rencontreici à nouveau le dilemme entre efficacité et équité, dans la mesure où la recherche <strong>de</strong> l’équitépeut nuire à l’obtention <strong>de</strong> bénéfices environnementaux.S’agissant <strong>de</strong>s écotaxes, il semble que l’on considère ces stratégies d’atténuation bienplus comme une métho<strong>de</strong> pour limiter <strong>les</strong> coûts transitoires <strong>de</strong> la mise en œuvre d'une politiqueenvironnementale que comme un moyen <strong>de</strong> compenser <strong>les</strong> effets redistributifs à long terme.Généralement, el<strong>les</strong> prennent la forme d’exonération ou <strong>de</strong> dégrèvements fiscauxDans tous <strong>les</strong> pays où l’on a instauré une taxe sur le carbone, <strong>de</strong>s exemptions oudégrèvements ont été accordés aux secteurs gros consommateurs d'énergie. Cependant, il sembleque ces exonérations risquent d’entraîner une distorsion en faveur <strong>de</strong>s industries consommantbeaucoup d'énergie, soit le contraire <strong>de</strong> l’objectif initial. La modélisation économique démontreen effet que vouloir lutter contre <strong>les</strong> effets sectoriels via <strong>de</strong>s exemptions pour <strong>les</strong> secteurs <strong>les</strong> plustouchés conduit à un coût macroéconomique très élevé. Boehringer et Rutherford (1997)montrent ainsi qu'en Allemagne l'exemption <strong>de</strong>s industries énergétiques et d'exportations accroît<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 20% le coût d'une réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 <strong>de</strong> 30%. Pour le Danemark, Jensen(1998) montre qu'exempter <strong>les</strong> six secteurs <strong>les</strong> plus polluants, qui correspon<strong>de</strong>nt à 15% <strong>de</strong>sémissions, augmente significativement <strong>les</strong> coûts en bien-être : le coût par tonne passe <strong>de</strong> 40$/tCO 2 à 70 $/tCO 2 pour <strong>les</strong> secteurs non exemptés et la perte <strong>de</strong> bien-être s'élève à 1,9% contre1,2% en l'absence d'exemption. De même, Hill (1999) estime que, pour la Suè<strong>de</strong>, l'accroissement<strong>de</strong>s coûts en bien-être liés à ces exemptions correspondrait à un facteur 2,5. Ces étu<strong>de</strong>sconcernent principalement <strong>les</strong> pays scandinaves qui sont <strong>les</strong> premiers à avoir introduit une taxesur le carbone. Néanmoins, la non-pertinence <strong>de</strong> l'exemption est confirmée pour <strong>les</strong> Etats Unis(Babiker et al., 2000).β. Différenciation <strong>de</strong> la taxeC'est encore pour la Suè<strong>de</strong> que Bergman (1995) étudie <strong>les</strong> effets d'une taxe différenciéeoù le taux qui s'applique aux industries est égal au quart <strong>de</strong> celui qui s'applique aux ménages etaux autres entreprises. Le MEGC qu'il utilise met en évi<strong>de</strong>nce un coût légèrement supérieur àune taxe uniforme. Cependant, le pouvoir d'achat <strong>de</strong>s revenus agrégés du travail et du capitaldiminue significativement.20 La Norvège constitue à ce titre un contre-exemple dans la mesure où <strong>les</strong> pétroliers et <strong>les</strong> gaziers s'y voientappliquer le taux maximum.235


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoEn évitant le paradoxe <strong>de</strong> l'exemption qui consiste à exclure <strong>de</strong> la politiqueenvironnementale <strong>les</strong> entreprises <strong>les</strong> plus polluantes, la différenciation <strong>de</strong>s taxes évite <strong>de</strong> fairepeser trop lour<strong>de</strong>ment la réduction sur <strong>les</strong> secteurs <strong>les</strong> moins polluants et donc limite le surplus<strong>de</strong> coût par rapport à une taxe uniforme. Néanmoins, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s empiriques restent trop peunombreuses pour entériner définitivement la supériorité supposée <strong>de</strong> cet instrument sur leprécé<strong>de</strong>nt.χ. CompensationSi l'on ne souhaite pas avoir recours aux <strong>de</strong>ux instruments précé<strong>de</strong>nts, il est possibled'envisager une compensation au paiement <strong>de</strong> la taxe sous forme d'une subvention. Lacompensation consiste à ai<strong>de</strong>r certains groupes ex post. Par rapport aux mesures d’atténuation, lacompensation permet à la fois <strong>de</strong> mieux corriger <strong>les</strong> divers problèmes <strong>de</strong> redistribution auxquels<strong>les</strong> écotaxes peuvent donner naissance et <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r <strong>les</strong> signaux-prix efficaces en termes <strong>de</strong> luttecontre la pollution. Le cas où la compensation est directement ou indirectement liée au montantacquitté par <strong>les</strong> entreprises ou <strong>les</strong> ménages constitue la seule exception à cette règle.La compensation peut prendre comme forme, ainsi que l'ont simulé Boehringer etRutherford (1997) et Hill (1999), une subvention à l'emploi afin <strong>de</strong> maintenir un niveau d'emploidonné. Leur conclusion est que, comparé à une exemption pour <strong>les</strong> industries énergétiques etd'exportation, ceci permet d'atteindre <strong>les</strong> mêmes niveaux d'émissions et d'emploi à un coûtmoindre.Bovenberg et Goul<strong>de</strong>r (2001) ont mis en évi<strong>de</strong>nce la différence qui existe entre préserverle profit <strong>de</strong>s firmes et leur éviter le paiement <strong>de</strong> la taxe. Ainsi, éviter aux firmes le paiement d'undollar <strong>de</strong> taxe surcompense <strong>les</strong> entreprises en accroissant leur profit et en <strong>les</strong> favorisant parrapport aux autres si l'on compare à une situation sans politique environnementale. Ceci est lié aufait que <strong>les</strong> producteurs transmettent la plus gran<strong>de</strong> partie du poids <strong>de</strong> la politique auxconsommateurs. Une compensation pertinente apparaît donc comme un instrument plus adéquatpour lutter contre <strong>les</strong> effets sectoriels négatifs d'une politique environnementale.δ. Distribution gratuite <strong>de</strong>s PENLa question <strong>de</strong> la distribution initiale <strong>de</strong>s permis est centrale dans le processus <strong>de</strong>négociation internationale autour <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong> serre. Sans abor<strong>de</strong>r pour l'instant la question <strong>de</strong> ladétermination <strong>de</strong>s quotas par pays et par secteurs, l'alternative est une distribution gratuite <strong>de</strong>spermis versus une vente aux enchères. Si le prix d'équilibre <strong>de</strong>s PEN n'est pas affecté par la règled'allocation initiale <strong>de</strong>s droits (puisqu'il est toujours déterminé par le courbe <strong>de</strong> coût techniqued'abattement), <strong>les</strong> recettes vont à l'Etat dans le second cas alors que dans le premier el<strong>les</strong> vontaux entreprises (la non-vente d'un PEN apparaissant comme un coût d'opportunité pour <strong>les</strong>entreprises).Cependant, dans le cas d'une distribution gratuite <strong>de</strong>s permis, le choix <strong>de</strong> l'allocationinitiale permet <strong>de</strong> combattre <strong>les</strong> effets sectoriels <strong>de</strong> la politique environnementale.236


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoCoût marginalTaxe / PrixCm 1 Cm 2Encadré IV.4. Fonctionnement d'un système <strong>de</strong> PEN.t*q 1q+ q2*q 2* *1 2q iNombre <strong>de</strong> tonnes émisesEn l'absence <strong>de</strong> politique interventionniste, <strong>les</strong> entreprises émettent q i . Leur coût marginal <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions est supposé d'autant plus élevé que <strong>les</strong> émissions sont faib<strong>les</strong> initialement (cf.chapitre 2). On suppose ici que le coût marginal d'abattement <strong>de</strong> l'entreprise 2 est plus élevé que celui <strong>de</strong>l'entreprise 1.* *Si l'état impose une taxe au taux t, <strong>les</strong> entreprises déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> réduire leurs émissions à q1et q 2*respectivement. Cela leur évite en effet <strong>de</strong> payer la taxe sur la quantité ( qi− qj), j= 1,2, ce qui imposecertes <strong>de</strong> supporter le coût technique <strong>de</strong> dépollution mais, celui-ci étant inférieur au taux <strong>de</strong> taxe, <strong>les</strong>entreprises gagnent à réduire leurs émissions plutôt que d'acquitter la taxe. Le gain <strong>de</strong> l'entreprise 2 à agirainsi est représenté par la surface hachurée en orange tandis que celui <strong>de</strong> l'entreprise 1 est représenté parla somme <strong>de</strong>s surfaces hachurées en orange et en vert. La réduction totale <strong>de</strong>s émissions est égale àq − q * + q − q * = 2q −q * − q* .( ) ( )i 1 i 2 i 1 2* *Si l'état vend aux enchères <strong>de</strong>s permis en quantité 2qi − q1 − q2, chaque entreprise arbitre entreacheter <strong>de</strong>s permis et réduire ses émissions. Le prix d'équilibre <strong>de</strong>s permis est alors égal à t.* *Si l'état distribue gratuitement <strong>de</strong>s permis en quantité 2qi − q1 − q2, chaque entreprise reçoit* *( q1 + q2)qi− . Chaque entreprise arbitre alors entre réduire ces émissions, vendre et acheter <strong>de</strong>s permis.2L'entreprise 1 dont le CmA est plus faible que celui <strong>de</strong> l'entreprise 1 va réduire plus ses émissions que sonquota ne le lui impose car elle pourra revendre l'excé<strong>de</strong>nt à l'entreprise 2. Pour la première, le coûttechnique <strong>de</strong> réduction est inférieur au prix <strong>de</strong> revente <strong>de</strong>s permis tandis que, pour la secon<strong>de</strong>, le prixd'achat <strong>de</strong>s permis est inférieur au coût technique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions (pour une comparaisondétaillée <strong>de</strong>s instruments d'intervention, cf. chapitre 6).237


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoToutes <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s menées jusqu'à ce jour proscrivent la distribution gratuite <strong>de</strong>s permis, lecoût total d'une politique <strong>de</strong> vente aux enchères <strong>de</strong>s PEN avec recyclage <strong>de</strong>s recettes s'avéranttoujours inférieur (Jensen, 1998 ; Bye et Niborg, 1999 ; Parry et al., 1999). Pour le Danemark,Jensen et Ramussen (1998) obtiennent, pour une réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> 20% entre 1999 et2040, une perte <strong>de</strong> bien-être <strong>de</strong> 0,1% lorsque <strong>les</strong> permis sont vendus aux enchères alors qu'el<strong>les</strong>'élève à 2,1% lorsqu'ils sont distribués gratuitement en fonction <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché et <strong>de</strong>sémissions sectoriel<strong>les</strong>.Bovenberg et Goul<strong>de</strong>r (2001) montrent qu'éviter <strong>les</strong> impacts négatifs en termes <strong>de</strong> profitet d'équité dans <strong>les</strong> industries utilisant <strong>de</strong> l'énergie fossile peut se faire sans engendrer <strong>de</strong> coûtstrop élevés. Tout simplement parce que <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions peuventengendrer <strong>de</strong>s revenus suffisants pour compenser la perte <strong>de</strong> profit <strong>de</strong> ces entreprises. Alors, enautorisant <strong>les</strong> entreprises à conserver une petite fraction <strong>de</strong> ces revenus potentiels, legouvernement peut protéger <strong>les</strong> profits et l'équité. Dans la mesure où <strong>les</strong> transferts entre agentsrestent très diffici<strong>les</strong> à mettre en œuvre, ceci peut se faire en distribuant gratuitement une partie<strong>de</strong>s permis ou en exemptant une partie <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> l'assiette <strong>de</strong> la taxe.c. Entre <strong>les</strong> différentes catégories <strong>de</strong> ménagesα. Les effets régressifs <strong>de</strong> l'écotaxeL’introduction d’une écotaxe va agir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux manières sur <strong>les</strong> ménages. Tout d’abord, uneffet direct <strong>de</strong> cette taxe est qu’elle pèsera directement sur l’achat <strong>de</strong> carburant et d’énergiedomestique, et influencera donc directement le niveau <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s ménages. Mais, en étantprélevée également sur l’énergie utilisée par l’industrie, une telle taxe va affecter indirectementce niveau <strong>de</strong> vie, en changeant notamment <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> l’arbitrage entre <strong>les</strong> biens dont laproduction est intensive en énergie et ceux dont elle ne l'est pas.Il existe <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s d’analyse <strong>de</strong>s effets redistributifs d’une taxe sur l’énergie ou surle carbone entre <strong>les</strong> différentes catégories <strong>de</strong> ménages. La première approche, statique par nature,consiste en une désagrégation <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> à partir <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> consommation<strong>de</strong>s différentes catégories <strong>de</strong> ménages en présence. Faire cette importante mais limitativehypothèse permet d’évaluer <strong>les</strong> revenus d’une telle taxe mais surtout d’en localiser la provenanceet ainsi d’affecter aux différentes catégories <strong>de</strong> ménages retenues le poids relatif <strong>de</strong> cettenouvelle taxe. De tels calculs sont assez faci<strong>les</strong> à effectuer et, en l’absence d’élasticités-prix tropélevées ou hétérogènes selon <strong>les</strong> catégories <strong>de</strong> revenus, permettent d’obtenir une premièreapproximation <strong>de</strong> bonne qualité <strong>de</strong>s effets revenus et distributionnels d’une taxe sur l’énergie.Néanmoins, il convient <strong>de</strong> la compléter, dans un second temps, par une intégration ausein même <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>de</strong>s différentes catégories <strong>de</strong> ménages, avec différentes fonctions <strong>de</strong>réaction aux prix pour chacune d’entre el<strong>les</strong> afin <strong>de</strong> bien intégrer toutes <strong>les</strong> interdépendances quipeuvent être pertinentes dans une telle étu<strong>de</strong>. Cependant, Smith (1998), en comparant <strong>les</strong>résultats obtenus pour la Gran<strong>de</strong> Bretagne suivant que l’on introduisait ou non <strong>de</strong>s réponsescomportementa<strong>les</strong> à la nouvelle taxe, a mis en évi<strong>de</strong>nce le faible impact <strong>de</strong> ces réponses sur <strong>les</strong>effets redistributifs <strong>de</strong> la politique environnementale, bien que <strong>les</strong> élasticités diffèrent selon <strong>les</strong>catégories <strong>de</strong> ménages.238


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoLe graphique IV.5 illustre la part <strong>de</strong> ces dépenses énergétiques et <strong>de</strong> carburants selon lerevenu en France en 1995. Il met en évi<strong>de</strong>nce la régressivité <strong>de</strong> toute taxe qui porterait sur <strong>les</strong>dépenses énergétiques ou <strong>les</strong> achats <strong>de</strong> carburant puisque le coefficient budgétaire associé à ces<strong>de</strong>ux postes décroît avec le revenu.Plus généralement, <strong>les</strong> écotaxes déjà en présence dans <strong>les</strong> différents systèmes fiscauxeuropéens apparaissent légèrement régressives (OCDE, 1995, 2004). De même, dans son étu<strong>de</strong>portant sur <strong>les</strong> Etats-Unis, Poterba (1991) montre qu’une taxe sur le carbone <strong>de</strong> 100$ par tonneest régressive puisqu’elle accroît <strong>les</strong> dépenses énergétiques du quintile le plus pauvre(classification selon <strong>les</strong> dépenses) <strong>de</strong> 3,7% alors que le quintile le plus riche ne <strong>les</strong> voits’accroître que <strong>de</strong> 2,3%.Graphique IV.5. Dépenses énergétiques et <strong>de</strong> carburant selon la classe <strong>de</strong> revenu5,00%4,50%Part <strong>de</strong>s dépenses d'énergie etd'essence dans <strong>les</strong> dépenses tota<strong>les</strong>4,00%3,50%3,00%2,50%2,00%1,50%1,00%0,50%EnergieEssence0,00%20% <strong>les</strong> pluspauvresDéci<strong>les</strong> 3 à 820% <strong>les</strong> plusrichesEnsembleSource : D’après INSEE, 1995β. Cadrage théorique : classification selon le revenu versus classification selon<strong>les</strong> dépenses et revenu courant versus revenu permanentDans l’étu<strong>de</strong> sur l’impact redistributif d’une taxe sur l’énergie aux Etats-Unis, Poterba(1991) a mis en évi<strong>de</strong>nce trois faits majeurs. Tout d’abord, selon que l’on définit <strong>les</strong> classes <strong>de</strong>ménages en fonction <strong>de</strong> leurs dépenses courantes ou en fonction <strong>de</strong> leur revenu courant,l’ampleur <strong>de</strong> l’impact redistributif d’une taxe sur le carbone est fondamentalement différente,puisque la charge fiscale annuelle supplémentaire d'une taxe <strong>de</strong> 100$/tC représente 10,1% durevenu <strong>de</strong>s plus faib<strong>les</strong> alors qu'elle ne représente que 3,7% <strong>de</strong> leurs dépenses. Pour <strong>les</strong>cinquième et dixième déci<strong>les</strong> 21 , cela représente respectivement 3,6% et 1,5% <strong>de</strong> leurs revenustotaux et 3,4% et 2,3% <strong>de</strong> leurs dépenses tota<strong>les</strong>.21 Un décile représente un dixième <strong>de</strong> la population totale. Le premier décile regroupe <strong>les</strong> ménages <strong>les</strong> plus pauvrestandis que le dixième réunit <strong>les</strong> plus riches.239


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoPour interpréter correctement ces résultats, il convient <strong>de</strong> distinguer <strong>de</strong>ux points. Toutd'abord, on remarque que <strong>les</strong> dépenses excè<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> revenus pour <strong>les</strong> ménages <strong>les</strong> plus pauvres.Ceci résulte <strong>de</strong> la conjugaison <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux phénomènes. Le premier rési<strong>de</strong> dans la forme <strong>de</strong> lafonction d'épargne : l'épargne est négative pour <strong>de</strong>s faib<strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> revenus puis croit plusvite que le revenu. Au fur et à mesure que le revenu s'accroît, la consommation d'un bien donnéreprésente une part plus importante <strong>de</strong>s revenus que <strong>de</strong>s dépenses, puis la différence se réduitjusqu'à s'inverser pour <strong>les</strong> personnes dont l'épargne est positive. Le second phénomène, et le plusimportant, est que <strong>les</strong> agents raisonnent en termes <strong>de</strong> revenu permanent plutôt qu'en termes <strong>de</strong>revenu courant. Or, Poterba a remarqué qu’au Etats-Unis, une personne n’avait que 41% <strong>de</strong>chance d’appartenir au même quintile <strong>de</strong> population (classification par le revenu) entre 1971 et1978, ce pourcentage s’élevant à 54 lorsque la personne appartient initialement au quintile leplus pauvre. Ce phénomène dynamique d'ascension sociale explique que <strong>les</strong> dépenses excè<strong>de</strong>nt<strong>les</strong> revenus pour <strong>les</strong> déci<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus pauvres dans la mesure où <strong>les</strong> agents raisonnent surl'ensemble <strong>de</strong> leur cycle <strong>de</strong> vie et ont donc un comportement <strong>de</strong> dépense qui reflète leuranticipation d'un accroissement futur <strong>de</strong> leur revenu.Il convient donc d'observer <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> vue pour réaliser une analyse complète <strong>de</strong>seffets redistributifs d'une taxe sur l'énergie. Selon Poterba, une taxe sur l'énergie apparait moinsrégressive si l’on adopte une approche en termes <strong>de</strong> revenu permanent 22 plutôt qu’en termes <strong>de</strong>revenu courant, c’est-à-dire qu’une approche <strong>de</strong> long terme semble mieux convenir à cette étu<strong>de</strong>qu’une approche <strong>de</strong> court terme qui ne permet pas <strong>de</strong> prendre en compte <strong>les</strong> évolutions <strong>de</strong> laposition sociale du ménage dans son propre cycle <strong>de</strong> vie. Dans une étu<strong>de</strong> portant sur la Gran<strong>de</strong>-Bretagne, Smith (1998) montre que la part allouée à l’achat d’énergie domestique est <strong>de</strong> 2,7% sil’on se base sur une classification à partir <strong>de</strong>s dépenses courantes, 3,9% si l’on se base sur lerevenu courant, soit 40% <strong>de</strong> différence, pour <strong>les</strong> 10% <strong>les</strong> plus riches. Néanmoins, dans d’autresenquêtes, ces différences sont moins marquées que dans celle utilisée par Poterba.Cependant, à court terme, le revenu courant reste pertinent pour étudier <strong>les</strong> impactsredistributifs. Par exemple, <strong>les</strong> générations <strong>les</strong> plus âgées vont être plus touchées par une taxe surla consommation que par une taxe sur le revenu, même si globalement, sur l’ensemble <strong>de</strong> leurvie, <strong>les</strong> générations à venir seront indifférentes à un tel changement.D'autres éléments tels que la taille du ménage ou sa composition doivent être pris encompte mais cela n'affecte pas <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> manière significative. Ainsi, <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>Jorgenson et al. (1992), qui séparent <strong>les</strong> ménages en 16 128 groupe selon la taille, l'âge et le sexedu chef <strong>de</strong> famille, le lieu et le type <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce, sont-ils très similaires à ceux <strong>de</strong>s autres étu<strong>de</strong>sprésentées ici. Il convient juste <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à l'esprit que la taille du ménage diminue lorsque lerevenu augmente. En France par exemple, le décile le plus pauvre est constitué en moyenne <strong>de</strong>2,75 unités <strong>de</strong> consommation alors que le plus riche n'en compte que 2,07.22 En pratique, connaître le revenu que <strong>les</strong> ménages espèrent obtenir sur l’ensemble <strong>de</strong> leur cycle <strong>de</strong> vie est unechose assez difficile. Une bonne proxy est alors <strong>de</strong> considérer <strong>les</strong> dépenses courantes. L’hypothèse implicite estalors que <strong>les</strong> dépenses courantes dépen<strong>de</strong>nt plus du revenu attendu sur l’ensemble <strong>de</strong> sa vie que du revenu courantdu ménage, la différence entre le revenu courant et <strong>les</strong> dépenses courantes étant bien sûr l’épargne.240


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotoχ. Analyse dynamique : <strong>de</strong> l'importance du recyclageL'introduction <strong>de</strong> différentes classes <strong>de</strong> ménages selon leurs revenus au sein même dumodèle permet non seulement d'intégrer <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> réponses aux variations <strong>de</strong>s prixrelatifs et donc d'avoir une idée plus précise <strong>de</strong>s effets redistributifs d'une écotaxe liée à lamodification <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> la consommation, mais également d'étudier l'impact <strong>de</strong>sdifférentes formes <strong>de</strong> recyclage sur le bien-être <strong>de</strong>s différentes classes <strong>de</strong> ménages.(i) Recyclage forfaitaireUn tel recyclage remet fortement en cause <strong>les</strong> effets redistributifs relevés précé<strong>de</strong>mmentpuisqu'il est clair que <strong>les</strong> ménages <strong>les</strong> plus pauvres vont recevoir une somme qui est,proportionnellement à leurs revenus, beaucoup plus élevée que celle distribuée aux ménages <strong>les</strong>plus riches et que ce recyclage compense, au moins en partie, la régressivité <strong>de</strong> la taxe liée auxstructures <strong>de</strong> consommation (Barker et Köhler, 1998).Reste qu'un recyclage purement forfaitaire <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong> la taxe <strong>de</strong>meure un moyen tropgrossier et imprécis <strong>de</strong> correction <strong>de</strong>s effets redistributifs induits, que ce soit entre <strong>les</strong> différentescatégories <strong>de</strong> revenus ou au sein d'une même catégorie.Il faut alors comprendre, particulièrement au sein d'une même catégorie <strong>de</strong> revenu, ce quijustifie <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> dépenses en énergie domestique, savoir si el<strong>les</strong> relèvent <strong>de</strong> différencesen termes <strong>de</strong> préférences ou en termes <strong>de</strong> besoins. Selon que l'on se trouve dans l'un ou l'autrecas, l'intervention en vue <strong>de</strong> rétablir une certaine équité ne trouve ni la même justification ni lemême <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> nécessité. Il faut alors recenser <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> qui justifient réellement unedifférence dans la consommation d'énergie. On peut par exemple retenir l'âge, considérant <strong>les</strong>personnes âgées comme plus vulnérab<strong>les</strong> aux températures extrêmes, ou la situationgéographique. Mais, on peut également prendre en compte le type d'habitat si l'on considère qu'ilne résulte pas d'un choix libre <strong>de</strong>s ménages mais d'une défaillance <strong>de</strong> marché qu'il convient <strong>de</strong>pallier. Il apparaît clairement dans ce choix <strong>de</strong> variable un caractère arbitraire qu'il faudra doncréduire à son strict minimum et éventuellement soumettre à <strong>de</strong>s révisions régulières.(ii) Recyclage vers la baisse du taux d’une taxe distorsiveIl est possible d'obtenir ce même effet <strong>de</strong> compensation <strong>de</strong> la régressivité <strong>de</strong> la taxe enadoptant <strong>de</strong>s mesures économiquement plus efficaces qu'un recyclage forfaitaire (Smith, 1998).Smith a étudié l'impact redistributif d'une taxe sur l'énergie recyclée sous forme d'une baisse <strong>de</strong>l'ensemble <strong>de</strong>s autres taux <strong>de</strong> taxes distorsives en Gran<strong>de</strong>-Bretagne. Une telle taxe présente unerégressivité faible puisque <strong>les</strong> ménages <strong>les</strong> plus aisés profitent plus <strong>de</strong> la compensation que <strong>les</strong>plus pauvres car ils supportaient le poids <strong>de</strong>s taxes antérieures <strong>de</strong> manière plus importante. Laconséquence <strong>de</strong> cela est que, pour qu'un recyclage soit neutre dans ses termes redistributifs, ilconvient <strong>de</strong> l'accompagner d'une différenciation <strong>de</strong> recyclage selon <strong>les</strong> revenus du ménage. Lanature du lien entre efficacité et équité reste cependant très mystérieuse et il <strong>de</strong>meure fortprobable que tout acte visant à améliorer l'équité d'une réforme fiscale nuise à l'efficacité <strong>de</strong>celle-ci. Si le système <strong>de</strong> taxation initial est à l'optimum en termes d'arbitrage entre efficacité etéquité, l'introduction d'une taxe sur l'énergie avec recyclage <strong>de</strong>s revenus n'altérera passignificativement cet équilibre mais <strong>les</strong> perspectives d'un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> seront alors minces.241


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoJ'ai moi-même étudié (Fortin, 1999) <strong>les</strong> impacts redistributifs d'une taxe en France àl'ai<strong>de</strong> du modèle IMACLIM lors d'un recyclage sous forme d'une baisse <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong>.Comme l'illustre le graphique IV.6, <strong>les</strong> effets en termes <strong>de</strong> diminution du chômage vont dans <strong>les</strong>ens inverse <strong>de</strong> la régressivité a priori <strong>de</strong> l’écotaxe puisque ce sont <strong>les</strong> ménages <strong>les</strong> plus pauvresqui bénéficient <strong>de</strong> l’amélioration la plus notable sur le marché <strong>de</strong> l’emploi (alors même que lerecyclage ne se fait pas ici prioritairement vers <strong>les</strong> bas salaires). En outre, <strong>les</strong> travailleurs salariésbénéficient <strong>de</strong> façon plus prononcée <strong>de</strong>s effets positifs <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> recyclage que <strong>les</strong>travailleurs indépendants.L’amélioration <strong>de</strong> la situation sur le marché du travail se traduit par une augmentation <strong>de</strong>ssalaires, cette augmentation <strong>de</strong>s salaires bénéficiant en premier lieu aux ménages appartenant aux<strong>de</strong>ux premiers déci<strong>les</strong> 23 et salariés. Ceci s’explique par le fait que ce sont ces ménages quibénéficient <strong>de</strong> la plus forte diminution du taux <strong>de</strong> chômage, ce qui se traduit par unaccroissement <strong>de</strong>s revenus pour une personne qui touchait auparavant une allocation chômagedont le niveau est inférieur au salaire qu’il perçoit sur le marché du travail. C'est donclogiquement la consommation <strong>de</strong>s ménages <strong>les</strong> plus pauvres qui s'accroît le plus nettement. Onremarque également que la consommation énergétique diminue dans <strong>de</strong>s proportions tout à faitsimilaires quelle que soit la catégorie <strong>de</strong> revenu à laquelle on appartient.Graphique IV.6. Evolution du chômage lors d'une taxerecyclée sous forme d'une baisse <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong> en FranceEvolution du chômage0.00%300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700 1800 1900 2000 Taxe(en Frs par tonne)-2.00%-4.00%-6.00%-8.00%-10.00%-12.00%-14.00%-16.00%-18.00%Déci<strong>les</strong> 1 et 2 (salariés) Déci<strong>les</strong> 1 et 2 (indépendants) Déci<strong>les</strong> 3 à 8 (salariés)Déci<strong>les</strong> 3 à 8 (indépendants) Déci<strong>les</strong> 9 et 10 (salariés) Déci<strong>les</strong> 9 et 10 (indépendants)Source : Fortin, 1999.23 Dans mon étu<strong>de</strong>, je distingue trois catégories <strong>de</strong> revenus : <strong>les</strong> 20% <strong>les</strong> plus riches, <strong>les</strong> 20% <strong>les</strong> plus pauvres et <strong>les</strong>60% autres.242


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoDeux étu<strong>de</strong>s anglaises se sont intéressées aux effets redistributifs d'une politiqueclimatique. Barker et Johnstone (1993) simulent une taxe carbone-énergie dont <strong>les</strong> revenus sontrecyclés soit forfaitairement, soit sous forme <strong>de</strong> programmes d'amélioration <strong>de</strong> l'efficacitéénergétique. Ils mettent en évi<strong>de</strong>nce que le poids d'une telle politique repose plus fortement sur<strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong> revenus. Dans le même temps, dans la mesure où <strong>les</strong> gains liés à l'amélioration <strong>de</strong>l'efficacité énergétique concernent prioritairement <strong>les</strong> faib<strong>les</strong> revenus, l'effet régressif <strong>de</strong> la taxeest plus que compensé. Symons et al. (1994) montrent également que le recyclage sous formed'une baisse <strong>de</strong> la TVA et d'une compensation pour <strong>les</strong> ménages <strong>les</strong> plus pauvres permet <strong>de</strong>compenser <strong>les</strong> effets régressifs <strong>de</strong> la taxe observés autrement.La conclusion est la même pour <strong>les</strong> autres pays. Pour l'Irlan<strong>de</strong>, O'Donoghue (1997) meten évi<strong>de</strong>nce le caractère régressif <strong>de</strong> la taxe sur le carbone mais également qu'un recyclageforfaitaire permet d'annuler cet effet. Pour la Norvège, Bren<strong>de</strong>moen et Vennemo (1994)concluent qu'une taxe <strong>de</strong> 325 $/tC en 2000 et 700 $/tC en 2025 n'a pas d'impact significatif sur laredistribution régionale du bien-être. Pour l'Australie, Cornwell et Creedy (1996), trouventqu'une taxe sur le carbone supportée uniquement par <strong>les</strong> ménages (la matrice input-output estconstante dans leur modèle) a <strong>de</strong>s effets clairement régressifs mais qu'un recyclage pertinentpermet <strong>de</strong> contrer ceci. Harrison et Kriström (1999) ont étudié <strong>les</strong> effets d'équilibre général d'unaccroissement <strong>de</strong>s taxes carbones existantes <strong>de</strong> 100% avec recyclage sous forme d'une réduction<strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong> mais sans remettre en cause <strong>les</strong> exemptions pré-existantes. Tous <strong>les</strong>ménages sont alors perdants, d'autant plus que leur taille est gran<strong>de</strong>.Il convient en outre <strong>de</strong> noter que l'accroissement du coût <strong>de</strong>s transports privés est néfastepour <strong>les</strong> personnes se trouvant à la campagne et n'ayant pas accès à un réseau <strong>de</strong> transports encommun (Koopman et Denis, 1995 ; Dargay et Gately, 1997). Cependant, un développement duréseau urbain <strong>de</strong> transports en commun bénéficie d'abord aux bas revenus, notamment dans <strong>les</strong>pays en développement, ainsi que <strong>les</strong> réductions associées <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO, NO x et SO 2(Bose et Srinivasachary, 1997).δ. La lutte contre <strong>les</strong> effets régressifsLe recyclage <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong> la taxe sur l'énergie peut être l'occasion <strong>de</strong> lutter contre <strong>les</strong>effets régressifs <strong>de</strong> celle-ci, en recyclant vers une baisse d’autres taxes, au moins aussirégressives (comme par exemple la TVA sur <strong>les</strong> produits alimentaires 24 ), <strong>de</strong> sorte que l’effetredistributif global <strong>de</strong> la réforme soit neutre voire progressif.En général, il peut s’avérer difficile <strong>de</strong> dédommager suffisamment <strong>les</strong> ménages <strong>les</strong> plusmo<strong>de</strong>stes <strong>de</strong>s effets régressifs d’une écotaxe par un simple réajustement du système fiscal. Eneffet, ces ménages acquittent peu d’impôts, directs tout au moins, et tenter d’accroître leursrevenus par le biais du système fiscal risque fort d’entraîner un accroissement du revenu <strong>de</strong>sfoyers <strong>les</strong> plus aisés. On doit pouvoir cibler plus précisément <strong>les</strong> foyers mo<strong>de</strong>stes par <strong>de</strong>sajustements du système <strong>de</strong> transferts publics (sécurité sociale, assurance chômage, retraite).Cette option peut toutefois aller à l’encontre d’une redistribution <strong>de</strong>s taxes dans laquelle <strong>les</strong>écotaxes servent à alléger d’autres taxes, mais elle peut également mieux s’en rapprocher. Unexamen précis doit alors être effectué. Une autre option peut être <strong>de</strong> financer une amélioration <strong>de</strong>l'efficacité énergétique <strong>de</strong> la construction sociale.24 De nombreuse étu<strong>de</strong>s prévoient d'ailleurs que le changement climatique pourrait se traduire par une hausse <strong>de</strong>sprix <strong>de</strong> la nourriture ce qui revêtirait un caractère régressif au moins aussi prononcé qu'une taxe sur l'énergie(Scheraga et Leary, 1993).243


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotoε. ConclusionS’il est clair qu’une taxe portant sur la consommation d’énergie, fossile ou globale, estgénératrice d’effets socialement négatifs en imposant un effort plus important aux ménages <strong>les</strong>plus pauvres, le recyclage <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong> cette taxe vers une baisse <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong>permet <strong>de</strong> compenser ces effets en favorisant, tant sur le plan <strong>de</strong> la création d’emploi que surcelui <strong>de</strong> l’accroissement <strong>de</strong>s salaires, <strong>les</strong> ménages <strong>les</strong> moins riches.Plus généralement, chaque facteur influençant l’impact macroéconomique d’une écotaxeinfluence dans le même temps son impact redistributif. Par exemple, la compétitioninternationale limite la possibilité pour <strong>les</strong> entreprises <strong>de</strong> transférer la taxe vers <strong>les</strong> prix à laconsommation, réduisant alors l’effet redistributif lié à l’accroissement <strong>de</strong> prix <strong>de</strong>s différentsbiens. De la même manière, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> substitution entre <strong>les</strong> facteurs <strong>de</strong> production déterminedans quelle mesure la taxe va changer <strong>les</strong> prix. En outre, comme la substitution entre <strong>les</strong> facteursest généralement supposée limitée dans le court terme et croissante au fur et à mesure que lecapital existant est remplacé, <strong>les</strong> effets redistributifs d’une écotaxe vont varier avec le temps.Bien qu'il conviendrait <strong>de</strong> construire un indicateur <strong>de</strong> bien-être pour mesurer s’il y a ounon plus que compensation <strong>de</strong> l’effet régressif a priori <strong>de</strong> l’écotaxe par le recyclage <strong>de</strong>s recettesvers une baisse <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>les</strong>, on trouve ici un nouvel argument pour justifier <strong>de</strong>l’intérêt du recyclage.Il est très important enfin <strong>de</strong> ne pas considérer <strong>les</strong> impacts redistributifs <strong>de</strong> la taxeindépendamment <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> la politique environnementale, notamment la répartition <strong>de</strong>savantages induits par <strong>les</strong> mesures prises (Yin, 1993 ; OCDE, 2004). Si <strong>les</strong> ménages <strong>les</strong> pluspauvres peuvent avoir à supporter <strong>les</strong> effets régressifs, <strong>les</strong> améliorations en termesd'environnement peuvent en revanche être réparties <strong>de</strong> manière progressive (meilleure qualité <strong>de</strong>l’air dans <strong>les</strong> banlieues pauvres directement frappées par <strong>les</strong> problèmes <strong>de</strong> pollution parexemple). Aussi convient-il <strong>de</strong> prendre en considération <strong>les</strong> effets redistributifs nets <strong>de</strong> la taxe.Ceci ne peut généralement se faire que <strong>de</strong> manière qualitative, dans la mesure où le chiffrage entermes monétaires <strong>de</strong>s améliorations <strong>de</strong> l'environnement est rarement effectué car délicat.6. Prise en compte <strong>de</strong>s autres GESL'immense majorité <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> top-down, pour <strong>de</strong>s raisons historiques et pratiquesénoncées plus haut dans ce chapitre, ne prend pas en compte <strong>les</strong> GES autres que le CO 2 , pourtantinclus dans la protocole <strong>de</strong> Kyoto et représentant 40% environ <strong>de</strong>s émissions tota<strong>les</strong> <strong>de</strong>s GES(IPCC, 1996) : le méthane (CH 4 ), <strong>les</strong> oxy<strong>de</strong>s nitreux (NO 2 ), <strong>les</strong> perfluorocarbones (PFC), <strong>les</strong>hydrofluorocarbones (HFC) et l'hexachlorure <strong>de</strong> souffre (SF 6 ). Un nombre croissant <strong>de</strong> modè<strong>les</strong>bottom-up incluent pour leur part d'autres GES que le CO 2 mais ne prennent toujours pas encompte <strong>les</strong> émissions du secteur agricole (CH 4 ) et la séquestration 25 .25 Le protocole <strong>de</strong> Kyoto reconnaît la notion <strong>de</strong> puits <strong>de</strong> carbone et permet <strong>de</strong> comptabiliser comme réduction <strong>de</strong>sémissions toute séquestration <strong>de</strong> carbone réalisée par la reforestation ou la non-déforestation après 1990.244


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoGraphique IV.7. Emissions françaises par secteur <strong>de</strong>s 6 GES retenus par le protocole<strong>de</strong> Kyoto (En t eq CO 2 , échelle logarithmique)100000048210000062 319 78 994100006 727teqCO210001 6392 263AutresAutres transportsTransport routierAgriculture/SylvicultureRési<strong>de</strong>ntiel/TertiaireIndustrie manufacturièreTransformation énergie100101Dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carboneMéthaneOxy<strong>de</strong> nitreuxHydrofluorocarburesPerfluorocarburesHexafluorure <strong>de</strong> souffreSource : Citepa (www.citepa.org)Comme on le verra dans le chapitre 5, le calcul <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> certains <strong>de</strong>s GES ne faitpas pour l'instant l'objet d'un consensus. La première difficulté pour une étu<strong>de</strong> multi-gaz est doncliée au recensement <strong>de</strong>s sources d'émissions <strong>de</strong> ces gaz, à leur évaluation et à leur prévision,notamment dans <strong>les</strong> pays en développement. Toutefois, un certain nombre d'étu<strong>de</strong>s propose <strong>de</strong>srésultats en prenant en compte trois (C0 2 , CH 4 et N 2 O) ou <strong>les</strong> six (<strong>les</strong> trois précé<strong>de</strong>nts plus PFC,HFC et SF 6 ) gaz à effet <strong>de</strong> serre inclus dans le protocole <strong>de</strong> Kyoto (Holtsmark et Maestad, 2002 ;Jensen et Thelle, 2001 ; Burniaux, 2000 ; Jakeman et al., 2001 ; Manne et Richels, 2000 ;MacCracken et al., 1999 ; Sijm et al., 2000 et Zhang, 2000). Leurs estimations d'émissions pourl'année 1990 sont assez semblab<strong>les</strong> (cf. Chapitre 5, tableau V.1) et bien que <strong>les</strong> prévisions pour2010 soient mécaniquement plus élevées que dans le cas du seul CO 2 , <strong>les</strong> réductions relativesnécessaires sont plus faib<strong>les</strong>. Si bien que <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> respect du protocole sont également plusfaib<strong>les</strong>. En outre, cette baisse <strong>de</strong>s coûts peut s'expliquer par le plus grand potentiel <strong>de</strong>réchauffement global (PRG) <strong>de</strong> ces gaz comparativement au CO 2 (cf. Chapitre 1, tableau I.1 )(Manne et Richels, 2000) et par <strong>de</strong>s coûts d'abattement plus faib<strong>les</strong> pour ces différents gazrelativement à ceux obtenus pour le CO 2 .245


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoUne étu<strong>de</strong> menée par Reilly et al. (1999) estime <strong>les</strong> coûts du protocole <strong>de</strong> Kyoto pour <strong>les</strong>USA en prenant en compte <strong>les</strong> autres GES ainsi que <strong>les</strong> puits. Pour l'année 1990, <strong>les</strong> auteursestiment que pour <strong>les</strong> Etats-Unis, ces émissions correspondaient à 1 645 MtC eq (1 362 MtC eqpour le carbone seul), la conversion <strong>de</strong>s autres GES en tC eq étant réalisée à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong>PRG comme préconisé par le protocole <strong>de</strong> Kyoto. En l'absence d'une politique <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong> GES, cel<strong>les</strong>-ci s'élèveraient en 2010 à 2 188 MtC eq (1 838 MtC eq pour le carboneseul). Pour analyser l'impact <strong>de</strong> la prise en compte <strong>de</strong>s autres GES, <strong>les</strong> auteurs considèrent troiscas :- Objectifs et contrôle <strong>de</strong>s émissions du CO 2 fossile uniquement ;- Objectif multigaz mais réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 uniquement ;- Objectif et réduction <strong>de</strong>s émissions définis pour tous <strong>les</strong> gaz.Le premier cas est donc comparable à ce que fournissent <strong>les</strong> autres étu<strong>de</strong>s qui ne prennenten compte que <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 . L'objectif ne correspond pas aux engagements <strong>de</strong> Kyotoqui sont définis pour plusieurs GES. Le prix du carbone s'élève alors à 187 $(1985) (soit 269$(1997)). Le <strong>de</strong>uxième permet d'évaluer le coût du respect du protocole (défini pour six gaz) enlimitant <strong>les</strong> réductions au seul CO 2 sans prendre en compte <strong>les</strong> opportunités <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>sautres gaz ni <strong>les</strong> puits. Le prix s'élève alors à 229 $(1985) (soit 330 $(1997)). En revanche, bienque <strong>les</strong> réductions tota<strong>les</strong> soient plus élevées que dans le premier cas, le troisième cas engendreun prix du carbone <strong>de</strong> 150 $(1985) (soit 216 $(1997)). Par rapport au <strong>de</strong>uxième cas, ces coûtsinférieurs d'environ 40% pour un objectif i<strong>de</strong>ntique nous renseignent sur <strong>les</strong> potentiels <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s coûts liés à la fois à l'optimisation sur un panier plus large <strong>de</strong> ces réductions (moinsréduire <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 en réduisant d'abord cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s autres gaz lorsque cela est moinscoûteux 26 ), à la synergie dans <strong>les</strong> réductions <strong>de</strong>s émissions et à la prise en compte <strong>de</strong>s puits. En$(1997), <strong>les</strong> coûts totaux en termes <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> production s'élèvent à 54 milliards dans lepremier cas, 66 dans le <strong>de</strong>uxième et 40 dans le troisième.Bien qu'aucune analyse <strong>de</strong> sensibilité ne soit présentée dans cette étu<strong>de</strong>, <strong>les</strong> auteursinsistent sur la très gran<strong>de</strong> incertitu<strong>de</strong> qui caractérise leurs résultats. Ces incertitu<strong>de</strong>s sont d'abordliées à l'évaluation <strong>de</strong>s émissions passées et futures <strong>de</strong>s autres GES mais aussi à l'évaluation durôle <strong>de</strong>s puits dans un système <strong>de</strong> marché flexible <strong>de</strong>s émissions. Les coûts <strong>de</strong> mesures et <strong>de</strong>contrôle peuvent alors accroître significativement <strong>les</strong> coûts calculés dans cette étu<strong>de</strong>.7. Analyse quantitative <strong>de</strong>s résultatsLe tableau Face aux incertitu<strong>de</strong>s qui caractérisent l'exercice d'évaluation <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>l'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto, la construction et la comparaison <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> plusieursmodè<strong>les</strong> alternatifs apparaît <strong>de</strong> facto comme une métho<strong>de</strong> pragmatique d'analyse. Si la recherched'explication <strong>de</strong>s différences observées implique une très bonne connaissance <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>, cellecine permet <strong>de</strong> hiérarchiser que <strong>de</strong> manière ad hoc <strong>les</strong> choix <strong>de</strong> modélisation et <strong>les</strong> valeurs <strong>de</strong>sparamètres qui expliquent <strong>les</strong> divergences entre <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>. Pour conforter cesintuitions, aussi fondées puissent-el<strong>les</strong> paraître, <strong>de</strong>ux exercices d'analyse quantitative <strong>de</strong>sdifférences entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> ont été menés.26 D'ailleurs, le fait que le prix du carbone dans le troisième cas soit inférieur <strong>de</strong> 20% à celui obtenu dans le premiercas montre bien que l'on réduit <strong>de</strong> manière moins forte <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 lorsque l'on effectue <strong>les</strong> réductions surl'ensemble <strong>de</strong>s six gaz.246


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoRepetto et Austin (1997) ont été <strong>les</strong> premiers à réaliser ce travail à partir <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>présents à l'EMF (162 simulations réalisées par 16 modè<strong>les</strong> différents). L'harmonisation que ceforum impose entre <strong>les</strong> différents modè<strong>les</strong> permet <strong>de</strong> mieux cibler <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> qui pourraientexpliquer <strong>les</strong> différences entre <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s simulations <strong>de</strong>s différents modè<strong>les</strong>. En effet,lorsque <strong>les</strong> valeurs <strong>de</strong>s paramètres sont harmonisées, seu<strong>les</strong> <strong>de</strong>s différences dans <strong>les</strong> hypothèsesconcernant le scénario <strong>de</strong> référence ou dans <strong>les</strong> caractéristiques structurel<strong>les</strong> peuvent expliquer<strong>les</strong> divergences <strong>de</strong> résultats. Les auteurs ont réalisé une régression <strong>de</strong> la variation du PIB à la fin<strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> sur plusieurs variab<strong>les</strong> : pourcentage <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 nécessaireselon le modèle pour atteindre <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> Kyoto à la fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> (CO 2 ), nature dumodèle (modèle macro ou MEGC) (MACRO), présence ou non d'une technologie backstop(NCBACK), simulation ou non d'un recyclage <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong> la taxe (RECYCLING), prise encompte ou non <strong>de</strong>s dommages liés au changement climatique (CLIMATE), prise en compte ounon <strong>de</strong>s dommages liés à la pollution (NON-CLIMATE), simulation <strong>de</strong> la mise en place d'unmarché <strong>de</strong> PEN (JI), <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> substitution <strong>de</strong>s produits entre eux (PRODUCTION), nombre <strong>de</strong>sources d'énergie primaires présentes dans le modèle et substituab<strong>les</strong> entre el<strong>les</strong> (FUELS) etenfin nombre d'années disponib<strong>les</strong> pour atteindre l'objectif <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions (YEARS).Le tableau IV.16 présente <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> leur régression.Tableau IV.16. Analyse quantitative <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong>s résultats entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> :la régression <strong>de</strong> Repetto et AustinVariab<strong>les</strong> Coefficient VarianceCO 2 -0,02319 0,00907(CO 2 ) 2 -0,00079 0,00011MACRO a -0,05548 0,01395NCBACK b 0,00051 0,00005RECYCLING c 0,04427 0,00652CLIMATE d 0,00943 0,00399NON-CLIMATE e 0,03823 0,00778JI f 0,02337 0,00327PRODUCTION 0,00378 0,00365FUELS 0,00018 0,00116YEARS 0,00005 0,00006a= 1 si le modèle est macro, 0 s'il s'agit d'un MEGCb= 1 si le modèle intègre une technologie backstop, 0 sinonc= 1 si le modèle simule un recyclage vers une baisse <strong>de</strong>s taxes distorsives, 0 sinond = 1 si <strong>les</strong> dommages <strong>climatiques</strong> sont pris en comptee = 1 si <strong>les</strong> dommages liés à la pollution sont pris en comptef= 1 si le modèle autorise la substitution <strong>de</strong>s produits entre euxSource : Repetto et Austin (1997)Le R 2 associé à cette régression étant <strong>de</strong> 0,83, <strong>les</strong> auteurs concluent que ces quelquesgran<strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> expliquent la très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s divergences visib<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> résultats<strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> 27 . Bien que l'exercice présente quelques fail<strong>les</strong> 28 , il permet à la fois <strong>de</strong> confirmer <strong>les</strong>27 Une régression dans laquelle seul le pourcentage <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 nécessaire pour atteindre <strong>les</strong>objectifs <strong>de</strong> Kyoto est retenu comme variable explicative permet d'expliquer environ 50% <strong>de</strong> la variance <strong>de</strong>srésultats entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> (cf. également, tableau V.1)28 Il n'y a que <strong>de</strong>ux modè<strong>les</strong> macroéconomiques (DRI et LINK) parmi <strong>les</strong> 16, ce qui tend à rendre surexplicative lavariable MACRO dans l'analyse <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> ces modè<strong>les</strong> avec ceux <strong>de</strong>s autres. En outre, certainsmodè<strong>les</strong> sont sur-représentés (24 simulations pour le modèle Jorgenson-Wilcoxen contre 3 pour le modèleMARKAL-MACRO).247


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotointuitions qualitatives à la base <strong>de</strong> l'analyse fournie dans ce chapitre et <strong>de</strong> mieux cerner <strong>les</strong>incertitu<strong>de</strong>s.Le graphique IV.8 présente <strong>de</strong> manière synthétique comment <strong>les</strong> hypothèses clés retenuespar Repetto et Austin influencent la courbe <strong>de</strong> coût marginal d'abattement macroéconomique(perte <strong>de</strong> PIB). L'ensemble <strong>de</strong>s coûts couverts confirme bien que ces variab<strong>les</strong> expliquent unegran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s différences observées entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>.Graphique IV.8. Impact <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> clés sur <strong>les</strong> coûts macroéconomiquesd’une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions54Cas le plus favorable :1. Technologie backstop sans carbone disponible2. Réponses efficientes <strong>de</strong>s agents économiques (modèle EGC)3. Substitution énergie / produit accru4. Mise en œuvre conjointe5. Recyclage efficace <strong>de</strong>s revenus6. Prise en compte <strong>de</strong>s dommages liés à la pollution <strong>de</strong> l'air7. Prise en compte <strong>de</strong>s dommages liés au changement climatique1, 2, 3, 4, 5, 6, 71, 2, 3, 4, 5, 6, 7Impact économique (% <strong>de</strong> changement du PIB)3210-1-2-3-4-5-6-7-810 20 30 40 50 60Cas le moins favorable :1. Pas <strong>de</strong> technologie backstop sans carbone disponible2. Réponses <strong>de</strong>s agents économiques en partie efficientes (modèle macro)3. Substitution énergie / produit minimale4. Pas <strong>de</strong> mise en œuvre conjointe5. Recyclage forfaitaire <strong>de</strong>s revenus6. Pas <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong>s dommages liés à la pollution <strong>de</strong> l'air7. Pas <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong>s dommages liés au changement climatique1, 2, 3, 4, 5, 6, 7% d'abattement <strong>de</strong>s émissions<strong>de</strong> CO 2 par rapport au scénario<strong>de</strong> référence1, 2, 3, 4, 5, 6, 71, 2, 3, 4, 5, 6, 71, 2, 3, 4, 5, 6, 71, 2, 3, 4, 5, 6, 71, 2, 3, 4, 5, 6, 7Source : Repetto et Austin, 1997.L'analyse réalisée par Fischer et Morgenstern (2003) est assez complémentaire <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>Repetto et Autin en ce sens qu'elle se concentre plus sur <strong>les</strong> caractéristiques structurel<strong>les</strong> <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong> pour expliquer <strong>les</strong> différences dans <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s simulations. Elle teste l'importance<strong>de</strong> certains facteurs pouvant apparaître comme pertinents pour analyser <strong>les</strong> différences entre <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> sans pour autant rechercher à expliquer complètement ces différences. Lescaractéristiques structurel<strong>les</strong> testées sont <strong>les</strong> suivantes :• Désagrégation géographique : une désagrégation plus forte conduit à <strong>de</strong>s coûtsd'abattement plus faib<strong>les</strong> car elle offre plus <strong>de</strong> possibilités d'échanges et <strong>de</strong> spécialisation.248


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto• Modélisation du comportement <strong>de</strong>s ménages : selon que <strong>les</strong> ménages ont une durée <strong>de</strong> vieinfinie ou non, ils agissent <strong>de</strong> façon myope ou non. Or <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>vraient être plus baslorsque <strong>les</strong> ménages optimisent leur comportement sur le long terme. Cependant, si ceteffet est vérifié pour <strong>les</strong> USA et CANZ, c'est l'effet inverse qui se produit en Europetandis que pour le Japon il n'apparaît pas significatif.• Nombre <strong>de</strong> biens non énergétiques modélisés : plus le nombre <strong>de</strong> biens non-énergétiquesmodélisé est élevé, plus le CmA sera faible.• Nombre <strong>de</strong> secteurs énergétiques : l'intégration d'un plus grand nombre <strong>de</strong> secteursénergétiques multiplie <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> substitution mais permet également <strong>de</strong> mieuxsimuler <strong>les</strong> rigidités inhérentes aux différents marchés énergétiques. La régressionréalisée par Fischer et Morgenstern suggère qu'une plus gran<strong>de</strong> désagrégation <strong>de</strong>s biensénergétiques est associée à <strong>de</strong>s CmA plus élevés, cet effet étant moins marqué que celuiobtenu pour <strong>les</strong> biens non énergétiques.• Finance : la modélisation explicite <strong>de</strong> la finance internationale et <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong>capitaux se traduit par une allocation du capital sur le globe plus efficace. Une politiqueclimatique coûteuse se traduit par une baisse <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> retour et un transfert <strong>de</strong>scapitaux vers <strong>les</strong> pays non-annexe B ou vers <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe B dont <strong>les</strong> coûtsd'abattement sont plus faib<strong>les</strong>. Indépendamment <strong>de</strong> la mise en place d'un système <strong>de</strong>PEN, un rééquilibrage international s'opère. Cependant, et <strong>de</strong> manière assez surprenante,que <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> incluent ou non une <strong>de</strong>scription explicite <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> capitauxn'a pas d'impact significatif sur <strong>les</strong> CmA.• Commerce international : l'analyse indique que <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> pour <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> biensétrangers sont <strong>de</strong> parfaits substituts aux biens nationaux aboutissent à <strong>de</strong>s CmA plusfaib<strong>les</strong> que ceux qui retiennent <strong>de</strong>s spécifications Armington.Ces analyses quantitatives fournissent donc un complément aux analyses déductives etqualitatives présentées dans le reste <strong>de</strong> ce chapitre. Cependant, el<strong>les</strong> ne produisent pas <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ssurprises et permettent d'entériner un peu plus <strong>les</strong> intuitions fournies par une analyse pointue <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong> et <strong>de</strong> leurs résultats.8. ConclusionA la lecture <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>, il apparaît clairement que <strong>les</strong> coûts d'une politiqueenvironnementale peuvent être considérablement réduits ( entre -30% et -50% aux USA, au-<strong>de</strong>là<strong>de</strong> 100% en Europe) en adoptant un recyclage approprié aux conditions économiques nationa<strong>les</strong><strong>de</strong>s pays développés.On peut alors envisager d'appréhen<strong>de</strong>r <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> <strong>politiques</strong> avec un tout autre regard. Au<strong>de</strong>là<strong>de</strong>s débats autour <strong>de</strong> la réalité du phénomène <strong>de</strong> changement climatique qui se poursuitparmi <strong>les</strong> déci<strong>de</strong>urs <strong>politiques</strong>, une politique environnementale peut apparaître comme lacondition sine qua non d'une réforme fiscale.249


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoAinsi, à l'opposé d'une mesure économique compliquée, une taxe environnementale (ouun système <strong>de</strong> permis vendus aux enchères) permet <strong>de</strong> remplir <strong>de</strong> manière très efficace unobjectif environnemental et un objectif économique en déplaçant simplement l'assiette <strong>de</strong> lafiscalité du travail et du capital vers l'énergie. Le système <strong>de</strong> PEN présente l'avantage <strong>de</strong> pouvoircontrer <strong>de</strong> manière simple certains effets sectoriels non désirab<strong>les</strong> et semble jouir d'uneacceptabilité politique plus forte. En revanche, il présente moins <strong>de</strong> lisibilité dans une réformefiscale en constituant une source <strong>de</strong> revenu <strong>de</strong> nature inhabituelle. Enfin, il est clair que <strong>les</strong>avantages d'une telle réforme concernent surtout <strong>les</strong> pays développés, au premier rang <strong>de</strong>squelsceux <strong>de</strong> l'Union Européenne.C. Les autres "double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>" : <strong>les</strong> bénéfices auxiliairesUne politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES peut avoir <strong>de</strong>s effets indirectsbénéfiques qui n'étaient pas intégrés originellement aux objectifs <strong>de</strong> la politique mais dont laprise en compte renforce la pertinence <strong>de</strong> l'intervention. Les domaines dans <strong>les</strong>quels ces effetss'exercent définissent <strong>les</strong> autres formes <strong>de</strong> double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> :• Double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> environnemental : la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES par lamodification <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> la consommation énergétique et <strong>de</strong>s comportements peutêtre à l'origine <strong>de</strong> la réduction d'autres polluants ou <strong>de</strong> l'amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> vie(lorsque la réduction <strong>de</strong>s émissions passe par une évolution du système <strong>de</strong> transport setraduisant par moins <strong>de</strong> bruit en ville par exemple). On parle alors <strong>de</strong> double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>environnemental.• Double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> <strong>de</strong> santé publique.• Double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> technologique : lorsque la R&D engagée pour répondre à la politique <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions permet par synergie ou par hasard <strong>de</strong>s progrès dans <strong>de</strong>s domainesnon directement liés aux émissions <strong>de</strong> GES.On appelle bénéfice (ou impact) auxiliaire (ancillary benefits) tout bénéfice (ou coût)secondaire <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong> politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions sur un problème qui sepose indépendamment <strong>de</strong> toute politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES. Le graphique IV.9présente <strong>de</strong> manière synthétique <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong> génération <strong>de</strong> ces effets. Cela regroupe <strong>les</strong>diminutions <strong>de</strong> la pollution <strong>de</strong> l'air locale et régionale liée à la réduction <strong>de</strong>s utilisations <strong>de</strong>sénergies fossi<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s effets indirects sur le transport, l'agriculture, l'usage <strong>de</strong>s sols, l'emploi, labiodiversité (Rothman, 2000)… L'utilisation du terme "impact" est liée à la possibilité pour ceseffets d'être négatifs. Ils se distinguent <strong>de</strong>s co-bénéfices qui représentent <strong>les</strong> bénéfices non<strong>climatiques</strong><strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES, explicitement pris en compte lors<strong>de</strong> la détermination <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>-ci (équité, développement, durabilité…)250


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoGraphique IV.9. Mécanisme <strong>de</strong> génération <strong>de</strong>s bénéfices auxiliaires 29Politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissionsBénéficies auxiliaires:Im pacts nonenvironnementaux(+/-)Bénéficies auxiliaires:Im pactsenvironnementaux(+/-)Direct:Impact duchangementclim atique (+/-)SystèmeéconomiqueInstitutionsEffetsGES etautrespolluantsSystèmeécologiqueBénéficesenvironnementaux netsCoûts <strong>de</strong> réductionTrès peu d'étu<strong>de</strong>s examinant l'impact <strong>de</strong>s réductions d'émissions <strong>de</strong> GES considèrent <strong>les</strong>impacts secondaires. Pourtant, l'incertitu<strong>de</strong> est gran<strong>de</strong> quant à la valeur <strong>de</strong> ces bénéficesauxiliaires qui vont selon <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s d'une petite fraction <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions àune surcompensation <strong>de</strong> ces coûts (Burtraw et al., 1999, et revues <strong>de</strong> Pearce, 2000, Burtraw etToman, 1997 et Ekins, 1996). Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s différences liées aux secteurs considérés ou à l'airegéographique étudiée, la taille <strong>de</strong> l'intervalle dans lequel se trouvent ces estimations reflètent lemanque d'accords sur <strong>les</strong> définitions et sur <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s d'évaluation.La plupart <strong>de</strong>s bénéfices auxiliaires quantifiés jusqu'à présent apparaissent à court termeet affectent principalement <strong>les</strong> populations relativement proches <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> changement <strong>de</strong>sémissions.a. Evaluation <strong>de</strong>s impacts sur la santé publiqueUne revue <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s estimant <strong>les</strong> bénéfices auxiliaires en termes <strong>de</strong> santé publique <strong>de</strong>s<strong>politiques</strong> <strong>de</strong> réduction appliquées au secteur électrique aux Etats-Unis a été réalisée par Burtrawet al. (1999). Il en ressort que :• Les valeurs trouvées sont très sensib<strong>les</strong> aux hypothèses sur le coefficient <strong>de</strong> risque <strong>de</strong>mortalité et sur la valeur statistique <strong>de</strong> la vie (VSV) retenue. Même en restant dans <strong>les</strong>interval<strong>les</strong> fournis par une revue <strong>de</strong> la littérature pour <strong>les</strong> paramètres clés, l'évaluation <strong>de</strong>sbénéfices auxiliaires peut varier du simple au triple.• Les étu<strong>de</strong>s plus récentes employant une modélisation plus fine et moins agrégée que leursprédécesseurs aboutissent à <strong>de</strong>s valeurs plus importantes pour <strong>les</strong> bénéfices auxiliaires.• La prise en compte du Clean Air Act <strong>de</strong> 1990 dans le scénario <strong>de</strong> référence réduit lepotentiel <strong>de</strong>s bénéfices auxiliaires attribuab<strong>les</strong> à une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions<strong>de</strong> GES (dans une proportion allant jusqu'à 30% en valeur).29 Un certain nombre d'interactions possib<strong>les</strong> ne sont pas présentées sur ce graphique.251


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto• Certaines étu<strong>de</strong>s ne prennent pas en compte l'effet rebond qui consiste à substituer à unetechnologie intensive en carbone une technologie intensive en d'autres polluants.Kverndokk et Rosendahl (2000) ont étudié la plupart <strong>de</strong>s travaux sur <strong>les</strong> bénéficesauxiliaires dans <strong>les</strong> pays nordiques, le Royaume-Uni et l'Irlan<strong>de</strong>. Les ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>urs sont àpeu près comparab<strong>les</strong> à ceux relatifs aux coûts privés <strong>de</strong> réduction. Mais <strong>les</strong> valeurs attribuéessont hautement incertaines en raison <strong>de</strong> la trop frustre simplicité <strong>de</strong>s outils employés et <strong>de</strong>svaleurs <strong>de</strong>s paramètres retenues, qui sont souvent <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> transferts <strong>de</strong>s valeurs employéesdans d'autres pays ou uniquement basées sur <strong>de</strong>s dires d'experts. Ils remarquent qu'une partimportante <strong>de</strong>s différences dans <strong>les</strong> résultats pour la Norvège peut être imputable à la valeur <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l'élasticité <strong>de</strong> substitution <strong>de</strong> l'énergie. Ils concluent enfin par le fait qu'inclure unfeedback environnemental dans le modèle économique peut accroître sensiblement la valeur <strong>de</strong>sbénéfices auxiliaires estimée.Sur le graphique IV.10 sont représentés <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> 15 étu<strong>de</strong>s sur <strong>les</strong> bénéficesauxiliaires. En $/tC (1996), la valeur moyenne est <strong>de</strong> 100, mais l'intervalle très large s'étale <strong>de</strong> 2à plus <strong>de</strong> 500 et <strong>de</strong>meure important pour <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s concernant un même pays. Les valeurstrouvées pour <strong>les</strong> Etats-Unis sont assez faib<strong>les</strong> tandis que cel<strong>les</strong> estimées pour le Chili et laNorvège sont assez élevées (<strong>les</strong> résultats ainsi que <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> caractéristiques <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sontprésentées en détail dans <strong>les</strong> tableaux IV.17 et IV.18).Graphique IV.10. Evaluations <strong>de</strong> bénéfices auxiliaires en US$/tC (1996)800600US$/tC4002000ChiliChineHongrieNorvègeEurope <strong>de</strong> l'OuestUSA, RU, NorvègeUSALégen<strong>de</strong> : Les cerc<strong>les</strong> indiquent la meilleure estimation et <strong>les</strong> lignes vertica<strong>les</strong> donnent l'intervalle <strong>de</strong> confiance.Le graphique IV.11 présente ces résultats différemment en mettant en évi<strong>de</strong>nce le lienentre la taxe et <strong>les</strong> bénéfices auxiliaires. La ligne "BA = CM" délimite <strong>les</strong> résultats suivant que<strong>les</strong> bénéfices auxiliaires sont plus importants que <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réduction (au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> cette ligne)ou qu'au contraire ils ne permettent pas <strong>de</strong> la compenser pleinement (en <strong>de</strong>ssous). Les points252


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotositués sur cette première diagonale correspon<strong>de</strong>nt à une taxe "quasi-optimale" (Dessus etO'Connor, 1999) en ce sens qu'ils correspon<strong>de</strong>nt à une taxe optimale si on ne prend en compte ni<strong>les</strong> bénéfices directs liés à la réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES ni <strong>les</strong> coûts sociaux au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>scoûts privés (comme la perte sèche liée à l'interaction <strong>de</strong>s taxes par exemple). Le ratio élevéentre bénéfices auxiliaires et niveau <strong>de</strong> la taxe observable dans <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> Garbacio et al.(1999) est lié aux hypothèses optimistes concernant <strong>les</strong> valeurs <strong>de</strong>s élasticités <strong>de</strong> substitution.Aucune <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s recensées ici ne présente <strong>de</strong> coûts auxiliaires. Burtraw et al. (1999)mentionnent toutefois la possibilité d’un effet rebond.1,000Graphique IV.11. Bénéfices auxiliaires en US$/tC en fonction du niveau <strong>de</strong> taxeBénéfices auxiliaires en US$/tC10010BA = CMChiliNorvège/ Europe<strong>de</strong> l'OuestEtats-UnisChine11 10 100 1000Taxe ($/tC)Il est intéressant <strong>de</strong> comparer <strong>les</strong> diverses évaluations pour un même pays afin <strong>de</strong> bienmettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> explications <strong>de</strong>s fortes différences qui apparaissent dans <strong>les</strong> résultats.Ainsi, pour le Chili, Dessus et O’Connor (1999) estiment un bénéfice auxiliaire avoisinant <strong>les</strong>250 $/tC alors qu’il n’atteindrait que 62 $/tC selon Cifuentes et al., (2000). Or la moitié <strong>de</strong>sbénéfices auxiliaires sont constitués par le gain en termes <strong>de</strong> quotient intellectuel (QI) dansl’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dessus et O’Connor, bénéfices qui ne sont pas pris en compte dans la secon<strong>de</strong> étu<strong>de</strong>.En outre, la VSV utilisée y est presque trois fois plus importante. Pour <strong>les</strong> USA, Burtraw et al.(1999) trouvent un bénéfice auxiliaire <strong>de</strong> 2,3 $/tC (resp. 1,5 $/tC) pour une taxe <strong>de</strong> 25 $/tC (resp.50 $/tC) alors que pour une taxe légèrement supérieure (30 $/tC et 67 $/tC resp.), l’étu<strong>de</strong> menéepar Abt Associates et Pechan-Avanti Group (1999) lui donne une valeur <strong>de</strong> 8 $/tC (resp. 68 $).On voit donc ici que ces étu<strong>de</strong>s ne s’accor<strong>de</strong>nt ni sur <strong>les</strong> ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>urs, ni même, ce qui estrare, sur <strong>les</strong> sens <strong>de</strong> variation. Ceci peut s’expliquer par :- <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>s particu<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> mortalité très différents ;- <strong>de</strong>s valeurs différentes <strong>de</strong> la VSV ;- une restriction à certains secteurs dans l’étu<strong>de</strong> menée par Burtraw et al. (1999) ;- <strong>de</strong>s effets sur le SO 2 et le NO X plus importants dans l’étu<strong>de</strong> menée par AbtAssociates et Pechan-Avanti Group (1999) ;- <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence différents.253


Référence Aire et secteurs Scénarios(1996 US$)Dessus et O’Connor, 1999 Chili (bénéfices àSantiago seulement)Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.17. Scénarios et résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sur <strong>les</strong> bénéfices auxiliairesTaxe <strong>de</strong> US$67 (10% carbone réduction)Taxe <strong>de</strong> US$157 (20% carbone réduction)Taxe <strong>de</strong> US$284 (30% carbone réduction)Bénéficesauxiliairesmoyens(US$/tC ;1996 US$)251254267Polluants principauxSept polluants <strong>de</strong> l'airObjectifs <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>Santé (mortalité et morbidité 30 ), QICifuentes et al., 2000 Santiago, Chili Efficience énergétique 62 SO 2 , NO x , CO, HCNM SantéEstimations indirectes pourP 10 et <strong>les</strong> poussièressuspenduesGarbaccio et al., 2000 Chine – 29 secteurs (dont Taxe <strong>de</strong> US$1/tC52P 10 , SO 2Santé4 énergétiques)Taxe <strong>de</strong> US$2/tC52Wang et Smith, 1999 Chine – secteur Amélioration <strong>de</strong> l'efficacité dans l'offre énergétique,P, SO 2 Santéénergétique et ménages moindre coût dans la substitution entre énergiesAunan et al., 2000 ; Loulou etKanudia 1999a, 1999bHongrie Programme <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> l'énergie 508 PS, SO 2 , NO x , CO, CVO,CO 2 , CH 4 , N 2 OEffets sur la santé, dommages matériels,dommages végétauxBren<strong>de</strong>moen et Vennemo,1994Barker et Rosendahl, 2000 Europe <strong>de</strong> l'Ouest (19régions)Norvège Taxe US$840/tC 246 SO 2 , NO x , CO, CVO, CO 2 ,CH 4 , N 2 O, Particu<strong>les</strong>Indirects : coûts sur la santé, valeurrécréative <strong>de</strong>s forêts et <strong>de</strong>s lacs, corrosionDirects : bruits liés au transport,maintenance <strong>de</strong>s routes, congestion,acci<strong>de</strong>ntsTaxe US$161/tC 153 SO 2 , NO x , P 10 Santé <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s animaux etbien-être, matériels, logement et autrecapital physique, végétationSanté (mortalité et morbidité)CVO, CO 2 , PbScheraga et Leary, 1993 USA US$144/tC 41 PS, P 10, , SO x , NO x , CO,Boyd et al., 1995 USA US$9/tC 40 Pb, P, SO x , SO 4 , O 3 Santé, visibilitéAbt Associates et Pechan-Avanti Group, 1999USATaxe US$30/tCTaxe US$67/tC868Santé (mortalité et maladie), visibilité etdommages matérielsBurtraw et al., 1999 USA Taxe US$10/tCTaxe US$25/tCTaxe US$50/tC322SO 2 , NO xSantéHCNM : hydrocarbones non-methane ; P : particu<strong>les</strong> ; P 10 : particu<strong>les</strong> <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 10 microns ; PS : particu<strong>les</strong> suspendues ; CVO : composants volati<strong>les</strong> organiques.30 Nombre <strong>de</strong> mala<strong>de</strong> dans un groupe donné pendant un temps déterminé.254


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.18. Choix <strong>de</strong> modélisation et évaluation <strong>de</strong>s bénéfices auxiliaires 31RéférenceScénario <strong>de</strong> référence(2010)Dessus et O’Connor, 1999 Taux <strong>de</strong> croissance annuels :PIB : 4,5%AAEE : 1%Conso. énergétique : 3.6%PM : 1%Pb : 4,1%CO : 4,8%Cifuentes et al., 2000 Mise en œuvre du plan <strong>de</strong>décontamination <strong>de</strong> Santagio (<strong>de</strong>1998 à 2011).Garbaccio et al., 2000 De 1995 à 2040Taux <strong>de</strong> croissance annuel duPIB : 5,9% ;Doublement du carbone en 15ans, <strong>les</strong> particu<strong>les</strong> croissent aurythme <strong>de</strong> 1% par an.ModélisationéconomiqueEquilibre général calculabledynamiquePas <strong>de</strong> modélisationéconomique, mais prise encompte <strong>de</strong> coûts privés nonpositifs.MEGC dynamique à 29secteurs ; travail parfaitementmobil ; réduction <strong>de</strong>s autrestaxesWang et Smith, 1999 Pas <strong>de</strong> modélisationéconomiqueAunan et al., 2000 Pas <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s émissions Deux analyses : approchebottom-up et modélisationmacroéconomique.Modélisation <strong>de</strong> lapollution <strong>de</strong> l'airProportionnalité entre <strong>les</strong> émissionset <strong>les</strong> concentrations ambiantesDeux modè<strong>les</strong> d'évolution pour <strong>les</strong>concentrations <strong>de</strong> P 2.5(1) Modèle reliant le SO 2 et le CO 2aux P 2.5(2) Modèle simple assumant laproportionnalité entre laconcentration <strong>de</strong> P 2.5 et le SO 2 , leNO x et <strong>les</strong> émissions primaires <strong>de</strong>particu<strong>les</strong>Coefficientsémissions/concentrations tirés <strong>de</strong>Lvovsky et Hughes (1997)Proportionnalité entre émissions etconcentrationsEvaluationLa valeur <strong>de</strong>s bénéfices est dérivée <strong>de</strong>sdonnées américaines en utilisant un PPA<strong>de</strong> 80%VSV : $2,1 milVCB : $0,2 milPerte <strong>de</strong> QI : $2500/pointLa valeur bénéfices est dérivée <strong>de</strong>sdonnées américaines en utilisant un ratio<strong>de</strong> revenu par tête.VSV = US$407 000 en 2000Coefficients tirés <strong>de</strong> Lvovsky and Hughs(1997) ;VSV : US$3.6 millions (1995) à 82 700Yuan en 2010 (élasticité revenu = 1).VCB : croissance <strong>de</strong> 5% par an jusqu'àUS$72 000La valeur <strong>de</strong>s bénéfices est dérivée <strong>de</strong>sdonnées américaines en utilisant un PPA.VSL = US$123 700, 1/24 <strong>de</strong> la valeuraméricaineLa valeur <strong>de</strong>s bénéfices est dérivée <strong>de</strong>sdonnées américaines et européennes enutilisant un ratio <strong>de</strong> salaire <strong>de</strong> 0,16Traitement <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong>Test <strong>de</strong> sensibilité sur leCAP et sur <strong>les</strong> élasticités<strong>de</strong>substitutionénergétiquesSimulation Monte Carlopour tester la valeur <strong>de</strong>sparamètresAnalyses <strong>de</strong> sensibilitéTraitement explicite àl'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> simulationsMonte Carlo. Report <strong>de</strong>svaleurs centrale, haute etbasse.31 AAEE : Amélioration Autonome <strong>de</strong> l'Efficience Energétique ; P 10, 2.5 : Particu<strong>les</strong> <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 10 ou 2.5 microns, respectivement ; PPA : Parité <strong>de</strong> Pouvoir d'Achat ; CAP :Consentement à payer ; CAA : Clean Air Act ; NAAQS : National Ambient Air Quality Standards ; SIP : State Implentation Plans ; VSV : Valeur Statistique <strong>de</strong> la Vie ; VSAV : ValeurStatistique d'une Année <strong>de</strong> Vie ; FCR : Fonction Concentration Réponse ; NC : Niveau <strong>de</strong> Confiance ; VCB : Valeur d'un Cas <strong>de</strong> Bronchite.255


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoRéférenceBren<strong>de</strong>moen et Vennemo,1994Barker et Rosendahl, 2000Scénario <strong>de</strong> référence(2010)2025 : Croissance économique <strong>de</strong>2% par an, croissance <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>l'énergie <strong>de</strong> 1% par an, croissance<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'électricité et <strong>de</strong>combustible : 1 - 1.5%Croissance du CO 2 : 1,2%jusqu'en 2000 et 2% au-<strong>de</strong>làSO 2 , NO x , P supposés diminuer<strong>de</strong> 71%, 46%, 11% entre 1994 et2010ModélisationéconomiqueModélisation <strong>de</strong> lapollution <strong>de</strong> l'airEvaluationMEGC dynamique Recommandation d'expertsEvaluation contingente pour <strong>les</strong> valeursrécréatives.E3ME :modèleéconométrique pour l'EuropeScheraga et Leary, 1993 De 1990 à 2010 : croissance MEGC dynamiqueannuelle <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>carbone <strong>de</strong> 7%Croissance <strong>de</strong>s autres polluantscomprise entre 1% et 7%Boyd et al., 1995 MEGC statiqueUS$/ émissions coefficients par paysissus <strong>de</strong> EXTERNE :1 500 Euro/t NO x pour l'ozone ;Coefficients pour NO x et SO 2 à peu prèséquivalents, allant <strong>de</strong> 2,000E/t à16,000E/t. Les effets <strong>de</strong>s particu<strong>les</strong> sontplus importants (2 000 - 25 000). Recoursà la notion <strong>de</strong> VSAV plutôt qu'à la VSV :100 000 € (1990)Traitement <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong>Distributionsindépendantes etuniformesAbt Associates et Pechan-Avanti Group, 1999Burtraw et al., 1999Scénario Clean Air Act 2010 pourtous <strong>les</strong> secteurs. Plus une priseen compte au moins partielle <strong>de</strong>snormes <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> l'air. Lesbénéfices prennent en compte lerapprochement <strong>de</strong> ces standardsdans <strong>de</strong>s zones qui ne seraient pasconcernées autrement. Prise encompte du NO x SIP.PEN pour le SO 2 et NO x SIP dansle scénario <strong>de</strong> référence.MEGC statique Les émissions <strong>de</strong> SO 2sont plafonnées ;Les réductions liées auxSIP ne sont pas incluses.Modèle <strong>de</strong> simulationdynamique du secteurélectrique avec contrainte <strong>de</strong>transmission. Le modèlecalcule l'équilibre <strong>de</strong> marchépar saison et type <strong>de</strong> jour pourtrois classes <strong>de</strong> clients auniveau régional, avec échanged'énergie entre <strong>les</strong> régionsNO x et SO 2 comptent pour latransformation <strong>de</strong> NO x en particu<strong>les</strong><strong>de</strong> Nitrate.Les valeurs utilisées sont <strong>les</strong> mêmes quecel<strong>les</strong> utilisées pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'impact <strong>de</strong>la régulation menée par USEPA.Simulations Monte Carlopour <strong>les</strong> fonction <strong>de</strong>concentration-réponse..256


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoPlus généralement, en dépit d’une certaine standardisation <strong>de</strong> la littérature concernantl’évaluation <strong>de</strong>s bénéfices auxiliaires, <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> méthodologie et d’hypothèses<strong>de</strong>meurent quant à :- la sélection <strong>de</strong>s fonctions concentration-réponse par série temporelle plutôt que parétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> mortalité d’une cohorte ;- la liste <strong>de</strong>s effets qui doivent être pris en compte (notamment <strong>les</strong> effets indirects surle QI) ;- le choix <strong>de</strong>s critères à retenir pour transférer <strong>de</strong>s valeurs d’un pays à un autre (paritédu pouvoir d’achat versus revenu par tête) ;- la définition du scénario <strong>de</strong> référence ;- la valeur <strong>de</strong> certains paramètres clés.b. Les bénéfices auxiliaires sectorielsα. Secteur énergétiqueUne politique <strong>de</strong> lutte contre <strong>les</strong> émissions se traduit par une réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>charbon et <strong>de</strong> pétrole. Les principaux bénéfices auxiliaires associés à la réduction <strong>de</strong> lacombustion <strong>de</strong> charbon s'expriment en termes <strong>de</strong> santé publique. Néanmoins, la politiqueenvironnementale peut accroître l'efficacité énergétique dans l'utilisation du charbon (Tunnah etal., 1994 ; Li et al., 1995). Les pollutions <strong>de</strong> l'air et <strong>de</strong> l'eau associées à la production <strong>de</strong> pétrole,à son raffinage et à sa consommation vont être également réduites. Participant à cesaméliorations, la réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> gaz naturel implique en outre une réduction <strong>de</strong>srisques d'explosion.A la baisse <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d'énergies fossi<strong>les</strong> va se substituer une productiond'électricité accrue. Le principal bénéfice consiste en un accroissement d'emploi pour <strong>les</strong>concepteurs et constructeurs <strong>de</strong> centra<strong>les</strong>. Symétriquement toutefois, une réduction du nombred'emplois dans la construction <strong>de</strong>s structures permettant la production d'énergie fossile peutcompenser cet effet. L'impact net dépendra <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions adoptée.Mais le développement <strong>de</strong> la production d'électricité s'accompagne également <strong>de</strong> coûtsauxiliaires, principalement lorsque celle-ci est d'origine nucléaire. En dépit <strong>de</strong> ses avantages, lenucléaire n'est pas considéré comme la solution au problème <strong>de</strong> réchauffement climatique enraison :- <strong>de</strong> son coût global trop élevé en comparaison <strong>de</strong>s centra<strong>les</strong> à turbines classiques ;- <strong>de</strong>s problèmes liés au transport, au stockage et au traitement <strong>de</strong>s déchets ;- <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> fiabilité et <strong>de</strong> sécurité tota<strong>les</strong> <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> production ;- du recyclage <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> production arrivés en fin <strong>de</strong> durée <strong>de</strong> vie ;- <strong>de</strong> la prolifération <strong>de</strong>s armes nucléaires (Hagan, 1998).L'électricité ne représente pas l'unique alternative aux énergies fossi<strong>les</strong> et <strong>les</strong> énergiesrenouvelab<strong>les</strong> vont jouer un rôle essentiel dans la lutte contre l'effet <strong>de</strong> serre. Les bénéficesauxiliaires liés à leur développement ont été décrits et étudiés par plusieurs experts (Brower,1992 ; Johansson et al., 1993 ; Pimental et al., 1994 ; Miyamoto, 1997) :• Développement social et économique : accroissement <strong>de</strong>s opportunités d'emploi dans <strong>les</strong>zones rura<strong>les</strong> qui se traduit par un ralentissement <strong>de</strong> l'appauvrissement <strong>de</strong> ces zones et parune maîtrise du phénomène d'exo<strong>de</strong> rural.257


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto• Activités <strong>de</strong> restauration <strong>de</strong>s campagnes qui se traduit par une amélioration <strong>de</strong> larentabilité <strong>de</strong>s fermes, <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> opportunités <strong>de</strong> développement rural et une plusgran<strong>de</strong> prévention contre <strong>les</strong> érosions.• Réduction <strong>de</strong>s émissions et <strong>de</strong> la pollution locale.• Réduction <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s déchets.Cependant, le développement <strong>de</strong>s énergies renouvelab<strong>les</strong> s'accompagne <strong>de</strong> coûtssecondaires : problèmes posés par une culture trop intensive <strong>de</strong> la biomasse, impact surl'écosystème d'une centrale hydroélectrique, <strong>de</strong>struction du paysage et accroissement <strong>de</strong> lamortalité <strong>de</strong>s oiseaux associés à l'énergie éolienne (Brower, 1992 ; Pimental et al., 1994 ; AIE,1997, Miyamoto, 1997 ; AIE 1998).β. Agriculture et forêtsAlig et al. (1997) en modélisant <strong>de</strong>s scénarios alternatifs à l'ai<strong>de</strong> d'un modèled'optimisation <strong>de</strong>s secteurs forestiers et agrico<strong>les</strong> (FASOM) ont estimé <strong>les</strong> impacts sur le bienêtre<strong>de</strong> la séquestration <strong>de</strong> carbone pour <strong>les</strong> Etats-Unis. Il est compris entre 20,7 et 50,8 milliards<strong>de</strong> dollars mais s'accompagne d'une réduction du surplus <strong>de</strong>s consommateurs dans le secteuragricole.χ. TransportsEtant donné l'importance <strong>de</strong>s problèmes liés à la qualité <strong>de</strong> l'air urbaine et à la mortalitéassociée au développement du transport, <strong>les</strong> nations peuvent envisager <strong>de</strong> profiter d'une politique<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions pour réduire <strong>les</strong> effets néfastes <strong>de</strong>s transports. Les co-bénéficesenvisageab<strong>les</strong> sont :- une réduction <strong>de</strong> la dégradation <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l'air associée à une plus faibleconsommation <strong>de</strong> carburant fossile (Ross, 1999) ;- une réduction <strong>de</strong> la congestion dont Barker et al. (1993) estiment qu'il représente unbénéfice auxiliaire parmi <strong>les</strong> plus importants (gain <strong>de</strong> temps) ;- une réduction <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts (un certain nombre <strong>de</strong>s options envisageab<strong>les</strong> pourréduire <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> GES dans le secteur <strong>de</strong>s transports se traduisant par uneréduction <strong>de</strong> l'exposition aux acci<strong>de</strong>nts et/ou par une réduction du nombre d'acci<strong>de</strong>ntslui-même) ;- une réduction du bruit ;- une réduction <strong>de</strong>s frais d'entretien <strong>de</strong> la voirie.Un rapport récent <strong>de</strong> l'Organisation Mondiale <strong>de</strong> la Santé estime que 21 000 mortsannuel<strong>les</strong> sont liées à la pollution <strong>de</strong> l'air automobile en Europe Centrale (OMS, 1999). Demême, une étu<strong>de</strong> conjointe <strong>de</strong>s ministères <strong>de</strong> l'environnement français, suisse et autrichien meten évi<strong>de</strong>nce le fait que l'automobile tue plus par la pollution <strong>de</strong> l'air qu'elle engendre que par <strong>les</strong>acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la route. Dans ces trois pays, <strong>les</strong> coûts en termes <strong>de</strong> santé liés à la pollution <strong>de</strong> l'airsont estimés à 49,7 milliards d'euros dont 26,7 sont directement attribuab<strong>les</strong> aux transports, cequi représente entre 1,1% et 5,8% du PIB <strong>de</strong> ces pays (Sommer et al., 1999).258


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotoc. ConclusionIl est clair que l'évaluation <strong>de</strong>s bénéfices et impacts secondaires est sujette à débat carchaque étu<strong>de</strong> recourt à une méthodologie et à une paramétrisation propre qui peut paraîtreincomplète et surtout manquer <strong>de</strong> bases scientifiquement consensuel<strong>les</strong>. Il n'en <strong>de</strong>meurecependant pas moins vrai que <strong>les</strong> estimations fournies par <strong>les</strong> auteurs ayant eu le courage <strong>de</strong> seconfronter à une telle évaluation mettent en évi<strong>de</strong>nce le caractère non négligeable <strong>de</strong> cesbénéfices. Reste qu'il <strong>de</strong>meure délicat d'estimer ceux qui se réaliseraient en l'absence d'unepolitique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>s GES. Quoi qu'il en soit, on regrette que certains types<strong>de</strong> bénéfices comme la réduction <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts automobi<strong>les</strong> ou la variation <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s sols nesoient pris en compte par aucune étu<strong>de</strong> bien que se révélant pourtant potentiellement importants.D. La where flexibilityBien que ses conséquences ne soient pas uniformément réparties sur l'ensemble <strong>de</strong> laplanète, le changement climatique reste un phénomène global. Une tonne abattue a <strong>les</strong> mêmesvertus qu'elle l'ait été à Paris, New York, à Buenos Aires ou au Cap. Aussi est-il parfaitementlogique <strong>de</strong> chercher à abattre là où cela coûte le moins. C'est l'idée fondatrice d'un marchéinternational <strong>de</strong> PEN qui permet aux pays dont <strong>les</strong> coûts d'abattement sont <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong> <strong>de</strong>vendre cet abattement aux pays dont <strong>les</strong> coûts sont <strong>les</strong> plus élevés (cf. chapitre 2, partie I.A.1.b).Cette partie fournit <strong>de</strong>s évaluations chiffrées <strong>de</strong>s gains à la coopération internationale.1. Les avantages <strong>de</strong> la coopération internationaleOn l'a vu précé<strong>de</strong>mment, <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> taxe nécessaire pour atteindre <strong>les</strong> objectifs fixés lors<strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> Kyoto diffèrent selon <strong>les</strong> pays. Si <strong>les</strong> pays ne mettent pas en commun leureffort d'abattement, ce système <strong>de</strong> taxes différenciées va entraîner <strong>de</strong>s distorsions <strong>de</strong>compétitivité internationale tout en générant un perte <strong>de</strong> bien-être collectif au niveau global liéeà la non-minimisation <strong>de</strong>s coûts d'abattement globaux.Afin d'éviter cela, <strong>les</strong> pays peuvent envisager <strong>de</strong> mettre en commun leur effortd'abattement et, pour un niveau d'abattement global similaire, <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> émissions là où celaapparaît le moins coûteux. La coordination internationale peut se faire via <strong>de</strong>ux outils : <strong>les</strong> PENou bien une taxe harmonisée. Si <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux instruments sont équivalents dans un cadred'information parfaite, <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> Weitzman (1974) ont montré que, selon <strong>les</strong> pentesrespectives <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> dommage et <strong>de</strong> coûts d'abattement, un <strong>de</strong>s instruments étaitpréférable à l'autre (cf. Chapitre 6 section I.B.4). Cependant, nous nous situons ici dans un cadreun peu différent <strong>de</strong> celui étudié par Weitzman puisque l'objectif environnemental a été fixéindépendamment d'une courbe <strong>de</strong> dommage et nous suivons donc une optique coûts/efficacitéplutôt qu'une optique coûts/bénéfices qui est celle dans laquelle s'inscrit l'article <strong>de</strong> Weitzman.Dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> appliqués étudiés ici, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux instruments sont considérés commesymétriques. Toutefois, Hourca<strong>de</strong> et al. (2000) ont démontré qu'en raison <strong>de</strong> l'inégaledistribution <strong>de</strong> revenus, <strong>de</strong>s différences dans le système fiscal pré-existent ainsi que <strong>de</strong>sdifférences dans <strong>les</strong> systèmes énergétiques et <strong>les</strong> intensités carbone. Une taxe uniforme peutalors conduire à <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> bien-être différentes selon <strong>les</strong> pays, sauf si <strong>de</strong>s transfertsappropriés sont effectués, hypothèse n'apparaissant pas comme très réaliste.259


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoDans le cadre du protocole <strong>de</strong> Kyoto, l'interface entre <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> nationa<strong>les</strong> et lerégime international passe par trois principaux canaux : l'impact du commerce international <strong>de</strong>sPEN (Article 17), le mécanisme <strong>de</strong> développement propre et <strong>de</strong> mise en œuvre conjointe et,enfin, <strong>les</strong> effets d'entraînement internationaux (spillovers effect).Le tableau IV.19 présente <strong>les</strong> coûts marginaux d'abattement selon la taille du marché <strong>de</strong>sPEN pour quatre régions du mon<strong>de</strong> : <strong>les</strong> USA, le Japon, <strong>les</strong> pays européens membres <strong>de</strong> l'OCDE(OCDE-E) et <strong>les</strong> autres pays <strong>de</strong> l'OCDE que sont le Canada, l'Australie et la Nouvelle Zélan<strong>de</strong>(CANZ). Ces coûts ont été calculés par 13 modè<strong>les</strong> top-down coordonnés dans le cadre <strong>de</strong>l'Energy Mo<strong>de</strong>ling Forum (EMF-16, 1999). Les résultats du modèle POLES, un mo<strong>de</strong>l multirégionald'équilibre partiel du secteur énergétique et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s impacts économiques duprotocole <strong>de</strong> Kyoto menées par le gouvernement américain sont également présentés dans cetableau.En dépit <strong>de</strong>s larges différences <strong>de</strong> résultats selon <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>, un certain nombred'informations robustes peuvent être tirées <strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong> ce tableau : <strong>les</strong> coûts marginaux sontplus élevés au Japon que dans <strong>les</strong> pays d'Europe, <strong>les</strong> USA et CANZ ont <strong>de</strong>s résultatscomparab<strong>les</strong> avec <strong>de</strong>s coûts marginaux approximativement égaux aux 2/3 <strong>de</strong> ceux observés enEurope.Tableau IV.19. Coûts marginaux d'abattement en 2010 obtenus dans le cadre <strong>de</strong> l'EMF 16(en 1990 US$/tC ; objectifs <strong>de</strong> Kyoto)Sans commerceModèle USA OCDE-E Japon CANZCommercelimité aux pays<strong>de</strong> l'annexe ICommerceglobalABARE-GTEM 322 665 645 425 106 23AIM 153 198 234 147 65 38CETA 168 46 26Fund 14 10G-Cubed 76 227 97 157 53 20GRAPE 204 304 70 44MERGE3 264 218 500 250 135 86MIT-EPPA 193 276 501 247 76MS-MRT 236 179 402 213 77 27Oxford 410 966 1074 224 123RICE 132 159 251 145 62 18SGM 188 407 357 201 84 22WorldScan 85 20 122 46 20 5Administration 154 43 18EIA 251 110 57POLES 135.8 135.3 194.6 131.4 52.9 18.4Source : cité dans Weyant, 1999 ;Council of Economic Advisors, 1998 ; EIA, 1998 ; Criqui et al., 1999.260


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoCes chiffres traduisent le caractère potentiellement inéquitable du protocole <strong>de</strong> Kyoto.Toutefois, on est frappé à la lecture <strong>de</strong> ce tableau par la gran<strong>de</strong> incertitu<strong>de</strong> qui pèse surl'évaluation <strong>de</strong>s coûts du respect <strong>de</strong>s engagements du protocole <strong>de</strong> Kyoto : <strong>de</strong> 85 $ à 410 $ pour<strong>les</strong> USA, <strong>de</strong> 20 $ à 966 $ pour l'Europe, <strong>de</strong> 122 $ à 1074 $ pour le Japon et <strong>de</strong> 46 $ à 423 $ pourCANZ, soit <strong>de</strong>s variations du simple au quintuple dans le meilleur <strong>de</strong>s cas. On note cependantque la taille <strong>de</strong>s interval<strong>les</strong> d’évaluation <strong>de</strong>s coûts est partie due à certaines valeurs extrêmesproduites par <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> spécifiques (WorldScan et Oxford).Lorsque le commerce est limité aux pays <strong>de</strong> l'annexe I, le prix moyen <strong>de</strong>s permis s'étaleentre 20 $ et 224 $ par tonne <strong>de</strong> carbone, ce qui correspond à la fois à <strong>de</strong>s niveaux plus élevésque ceux observés en commerce total, mais également à une plus gran<strong>de</strong> dispersion <strong>de</strong>s résultats.La forte baisse du prix du carbone par rapport à une situation sans commerce s'explique engran<strong>de</strong> partie par le phénomène <strong>de</strong> hot air 32 : certains pays à économie en transition se sont vuattribuer lors du protocole <strong>de</strong> Kyoto <strong>de</strong>s droits d'émissions pour un montant supérieur à ce queseront réellement leurs émissions en raison <strong>de</strong> la récession connue par ces pays <strong>de</strong>puis 1990, ladifférence entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux niveaux constituant le hot air. En cas <strong>de</strong> mise en place d'un système <strong>de</strong>PEN entre <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe I, ces excé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> quotas d'émissions vont faire chuter fortementle prix auquel <strong>les</strong> PEN vont s'échanger. Les hypothèses concernant le hot air sont doncfondamenta<strong>les</strong> pour expliquer <strong>les</strong> différences entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> : son montant va dépendre <strong>de</strong> larapidité du rattrapage économique dans ces pays <strong>de</strong> même que <strong>de</strong>s éventuels changements dansle système énergétique qui l'accompagneront.Les impacts en termes <strong>de</strong> PIB, présentés dans le tableau IV.20, diffèrent selon <strong>les</strong>structures préexistantes <strong>de</strong> l'économie et <strong>de</strong> l'offre et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'énergie. Les pertes <strong>de</strong> PIB(en pourcentage <strong>de</strong> celui-ci) en 2010 liées à l'application <strong>de</strong> protocole <strong>de</strong> Kyoto s'étalent <strong>de</strong>0,45% à 1,96% pour <strong>les</strong> USA, entre 0,31% et 2,08% pour l'Europe, et entre 0,25% et 1,88% pourle Japon.Comme cela a déjà été précisé dans la section précé<strong>de</strong>nte, la relative étendue <strong>de</strong> cesinterval<strong>les</strong> résulte <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> jugement <strong>de</strong>s modélisateurs concernant certains paramètresclés tels que le progrès technique, <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> références, la nature <strong>de</strong> l'éventuel recyclage,et la représentation <strong>de</strong>s chocs à court terme. L’incertitu<strong>de</strong> est donc <strong>de</strong> nature essentiellementpratique et porte sur la compréhension <strong>de</strong>s comportements économiques (cf. tableau I.3). Uneautre source importante d'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> résultats est constituée par l'effet retour sur lemarché du pétrole d'une contrainte sur <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> carbone : une chute dans <strong>les</strong> prix dupétrole liée à une baisse <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> consécutive à l'introduction d'une contrainte sur <strong>les</strong>émissions <strong>de</strong> carbone peut limiter l'impact d'une taxe donnée. L'ampleur <strong>de</strong> cette réponse <strong>de</strong>sprix du pétrole à une contrainte carbone constitue donc une source d'incertitu<strong>de</strong> majeure et unelimite à l'utilisation d'un instrument prix pour l'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto.Le scénario <strong>de</strong> commerce global tel qu'il est présenté dans <strong>les</strong> tableaux IV.19 et IV.20suppose un commerce non restreint entre <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe I et un mécanisme <strong>de</strong>développement propre idéal qui permet d'exploiter toutes <strong>les</strong> options <strong>de</strong> réduction à moindrecoûts dans <strong>les</strong> pays en développement sans restriction. L'extension <strong>de</strong> l'échelle géographique surlaquelle on se situe aux pays n'appartenant pas à l'annexe I <strong>de</strong>vrait se traduire mécaniquementpar une hausse <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s en raison, premièrement, <strong>de</strong> la reproduction <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s quiprévalait dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s phénomènes pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe I, <strong>de</strong>uxièmement, <strong>de</strong> possib<strong>les</strong>jeux croisés entre <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s qui pèsent sur <strong>les</strong> pays développés et cel<strong>les</strong> qui pèsent sur <strong>les</strong>32 Le terme anglais n'est pas traduit ici par air chaud comme on le lit parfois car cette traduction littérale ne rend pascompte du jeu <strong>de</strong> mot original (hot air signifie baratin en anglais) qui justifie cette appellation en anglais.261


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotopays en développement et, enfin et surtout, <strong>de</strong> la médiocre qualité <strong>de</strong>s données statistiques donton dispose pour <strong>les</strong> pays non-annexe I (quand on en dispose). Or, et c'est là un résultatparticulièrement frappant, cette extension aboutit finalement à une réduction apparente <strong>de</strong>sincertitu<strong>de</strong>s sur l'intervalle dans lequel à la fois le prix du carbone et <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> PIB vont setrouver. Ainsi, <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> PIB pour <strong>les</strong> Etats-Unis ne s'étalent plus qu'entre 0,31% et 1,03% duPIB en 2010, pour l'Europe entre 0,13% et 0,73% et pour le Japon entre 0,05% et 0,52%. Cecitraduit, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s divergences dans <strong>les</strong> évaluations <strong>de</strong>s potentiels <strong>de</strong> réduction dans <strong>les</strong> pays nes'étant pas engagés qualitativement lors du protocole <strong>de</strong> Kyoto, la formidable convergenced'opinions sur le fait qu'un très important potentiel <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions à bas-coût existedans ces pays et que son exploitation permettrait <strong>de</strong> remplir <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> Kyoto à <strong>de</strong>s coûtsconsidérablement amoindris. On comprend pourquoi le mécanisme <strong>de</strong> développement propreconstitue une piste politiquement et économiquement très attrayante.Cependant, ces <strong>de</strong>ux tableaux témoignent surtout <strong>de</strong> l'allocation sous-optimale <strong>de</strong>s efforts<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions qui sont contenus dans le protocole <strong>de</strong> Kyoto qui implique <strong>de</strong> fait <strong>de</strong>sdistorsions dans le commerce international. La mise en place d'un système <strong>de</strong> PEN à l'échelle <strong>de</strong>l'ensemble <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'annexe I, voire à l'échelle mondiale, permet <strong>de</strong> réduire fortement cecaractère inéquitable <strong>de</strong>s objectifs tels qu'ils ont été définis lors du protocole et par là-même, <strong>de</strong>réduire fortement <strong>les</strong> coûts économiques d'application <strong>de</strong> l'objectif <strong>de</strong> concentrationimplicitement définis par ce protocole. Même <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus optimistes dans l'évaluation<strong>de</strong>s coûts en l'absence d'un mécanisme <strong>de</strong> flexibilité internationale (Worldscan par exemple)concluent à la pertinence d'offrir aux pays dont le coût marginal d'abattement est le plus élevé <strong>de</strong>réaliser leur abattement dans <strong>de</strong>s pays aux coûts marginaux plus faib<strong>les</strong>, minimisant ainsi le coûtd'abattement total et réduisant fortement le caractère possiblement inéquitable du protocole.Lors <strong>de</strong> la signature du protocole <strong>de</strong> Kyoto, l'Union Européenne a négocié un objectifglobal <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions, après avoir négocié <strong>de</strong> manière interne <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions par pays lui permettant <strong>de</strong> réaliser cet objectif global (voir encadréIV.1). Le graphique IV.12 présente <strong>les</strong> résultats fournis par cinq modè<strong>les</strong> lorsque <strong>les</strong> pays <strong>de</strong>l'Union Européenne s'échangent <strong>de</strong>s PEN entre eux et que <strong>les</strong> autres pays <strong>de</strong> l'annexe 1s'échangent leurs PEN entre eux (on parle <strong>de</strong> double bulle).Graphique IV.12. Impact <strong>de</strong> la bulle européenne1000985900800700En 1990 US$/tC600500400300200192228163224172407Comerce entre <strong>les</strong> pays <strong>de</strong>l'annexe 1Coûts pour <strong>les</strong> Etats-Unis en cas<strong>de</strong> double bulleCoûts pour l'Europe en cas <strong>de</strong>double bulle1006545532810610084590AIM G-CUBED GTEM OXFORD SGM262


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.20. Variation <strong>de</strong> PIB en 2010 selon la taille du marché <strong>de</strong> PEN (en % du PIB ; objectif <strong>de</strong> Kyoto 2010)Sans commerce Commerce limité aux pays <strong>de</strong> l'annexe I Commerce globalModèle USA OCDE-E Japon CANZ USA OCDE-E Japon CANZ USA OCDE-E Japon CANZABARE-GTEM 1,96 0,94 0,72 1,96 0,47 0,13 0,05 0,23 0,09 0,03 0,01 0,04AIM 0,45 0,31 0,25 0,59 0,31 0,17 0,13 0,36 0,20 0,08 0,01 0,35CETA 1,93 0,67 0,43G-CUBED 0,42 1,50 0,57 1,83 0,24 0,61 0,45 0,72 0,06 0,26 0,14 0,32GRAPE 0,81 0,19 0,81 0,10 0,54 0,05MERGE3 1,06 0,99 0,80 2,02 0,51 0,47 0,19 1,14 0,20 0,20 0,01 0,67MS-MRT 1,88 0,63 1,20 1,83 0,91 0,13 0,22 0,88 0,29 0,03 0,02 0,32Oxford 1,78 2,08 1,88 1,03 0,73 0,52 0,66 0,47 0,33RICE 0,94 0,55 0,78 0,96 0,56 0,28 0,30 0,54 0,19 0,09 0,09 0,19Source : cité dans Weyant, 1999263


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoOn remarque que pour <strong>les</strong> USA, le prix <strong>de</strong>s permis est moins élevé dans le cadre <strong>de</strong> ladouble bulle que dans le cas d'un commerce entre tous <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe 1, tout simplementparce que dans le premier cas l'Union Européenne n'a pas accès au hot air russe. Ces résultatsobtenus à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> modèle top-down sont confortés par quelques étu<strong>de</strong>s bottom-up récentes quifournissent une vison plus détaillée <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> développement propre. Les modè<strong>les</strong>MARKAL, MARKAL-MACRO et MESSAGE ont été étendus et adaptés pour faciliter <strong>de</strong> tel<strong>les</strong>étu<strong>de</strong>s multi-pays (cf. tableaux IV.22 et IV.23). Ces étu<strong>de</strong>s montrent que le commerceinternational <strong>de</strong>s PEN, aussi bien que le partage d'un objectif commun <strong>de</strong> réduction d'émissionspar plusieurs pays a <strong>de</strong>ux principaux effets sur le coût <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. Ils induisent,comme l'enseigne la théorie, une large réduction <strong>de</strong>s coûts d'abattement puisque <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong>réduction sont effectués là où cela coûte le moins cher (Bahn et al., 1999 ; Criqui etKouvaritakis; 1997 ; Kanudia et Loulou, 1998b ; Kypreos, 1998 ; Larsson et al., 1998 ; Loulou etal., 1998). Par exemple, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Kanudia et Loulou (1998b) pour le continent nordaméricainmontre que le coût total <strong>de</strong> l'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto pour <strong>les</strong> USA et leCanada passe <strong>de</strong> 720 milliards <strong>de</strong> dollars en l'absence <strong>de</strong> commerce à 670 milliards <strong>de</strong> dollarslorsque le commerce <strong>de</strong> PEN et d'électricité se fait sans contrainte, et chute à 340 milliards <strong>de</strong>dollars lorsque <strong>les</strong> PEN peuvent s'échanger avec l'In<strong>de</strong>.Enfin, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s multi-gaz mentionnées dans la partie II.B.6 mettent en évi<strong>de</strong>nce que labaisse <strong>de</strong>s coûts permise par la prise en compte <strong>de</strong>s autres GES que le CO 2 se traduit bien parune baisse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s PEN et donc une hausse <strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> PEN échangées, commel'illustre le tableau IV.21. Cependant, Reilly et al. (1999) mettent en évi<strong>de</strong>nce une baisse du hotair lorsque l'on prend en compte <strong>les</strong> autres GES qui peut se traduire par une baisse <strong>de</strong> la quantité<strong>de</strong> permis échangée et une hausse du prix.Tableau IV.21. Résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s multi-gaz dans un système <strong>de</strong> PEN.Modèle Référence GHGPrix(en US$ 2000)Quantités échangées(en millions <strong>de</strong> tonne <strong>de</strong> CO 2 )Commerce limité aux pays <strong>de</strong> l'annexe BCICERO Holtsmark et Maestad (2002) 6 16 1 459EDGE Jensen et Thelle (2001) 6 11GREEN van <strong>de</strong>r Mensbrugghe (1998) CO 2 18 1 503GREEN Burniaux (2000) 3 17 1 932GTEM Tulpulé et al. (1999) CO 2 36GTEM Jakeman et al. (2001) 3 26MERGE Manne et Richels (2000) CO 2 74MERGE Manne et Richels (2000) 3 38SGM MacCracken et al. (1999) 6 23 909Commerce globalECN Sijm et al. (2000) CO 2 4 2 119ECN Sijm et al. (2000) 6 3 2 365SGM MacCracken et al. (1999) 6 8 2 974Zhang Zhang (2000) 6 3 1 646Légen<strong>de</strong>: 6: C0 2 , CH 4 , N 2 O, PFC, HFC et SF 6 . 3 : C0 2 , CH 4 et N 2 OSource: Springer , 2003.264


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.22. Etu<strong>de</strong>s bottom-up multi-pays sans prise en compte <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échangePays Référence Modèle /approcheCanadaEtats-UnisIn<strong>de</strong>Australie etN lle Zélan<strong>de</strong>Kanudia et Loulou,1998bCriquietKouvaritakis, 1997U.E. Gielen et al., 1999c MARKAL-MATTERGielen et al., 1998Pério<strong>de</strong> Scénarios Réduction <strong>de</strong>s GES(en % par rapport à1990)MARKAL Jusqu'en 2030 RéférenceKyoto sans commerceUSA : -7%Canada : -6%In<strong>de</strong> :POLES Jusqu'en 2010 Kyoto sans flexibilité -29% / scénario <strong>de</strong> référenceMARKAL’sCOHERENCE/JOULEModè<strong>les</strong>d'équilibre et <strong>de</strong>simulationJusqu'en 2030 Scénario <strong>de</strong> référence :Forum U.E., croissancedu PIB <strong>de</strong> 2,2% par an,<strong>de</strong> la consommationénergétique <strong>de</strong> 5% paran, prix du pétrole$43.0/GJ5 scénarios <strong>de</strong> taxecarbone.Jusqu'en 2010 RéférenceSc.1 : Réductionuniforme <strong>de</strong> 8% danschaque paysSc.2 : Même ∆ PIBSc.3 : Même coûtmarginalSc.4 : Répartition <strong>de</strong>l'effort décidée en 1997Krause et al., 1999 IPSEP Jusqu'en 2020 Référence 1 :Référence 2 :Référence 3 :Scénario du risqueminimum :50/50%, moratoire sur lenucléaire65/50%, disparitionprogressive du nucléaire75/75%, disparitionprogressive du nucléaire100% (MINR)CriquietKouvaritakis, 1997Base : 0Sc.1 : 1GT en 2020Sc.2 : 1,7 GT en 2020Sc.3 : 2,.2 GT en 2020Sc.4 : 3,05 GT en 2020Sc.5 : 3,7 GT en 2020Pas <strong>de</strong> réductionRéduction <strong>de</strong>s émissions<strong>de</strong> 8% par rapport à 1990+14%+17%-11%-17%-17%-31%-50%POLES Jusqu'en 2010 Kyoto sans flexibilité -20% / scénario <strong>de</strong> référenceCoût total722 milliards <strong>de</strong>dollars canadiensCoûtmarginal($/t CO 2 -eq)En 2010:<strong>de</strong> 48 à 95 C$1 923 M$ 121 $/tCEn 2010 :Référence : 0 $/yrSc.1 : 1,7 MM$/yrSc.2 : 2,4 MM$/yrSc.3 : 2,0 MM$/yrSc.4 : 12,4MM$/yr2010 2020Base: 0 0Sc.1 : 11 22Sc.2 : 27 55Sc.3 : 55 110Sc.4 : 110 220Sc.5 : 275 550En 201000 à $252$7 à $39$16$0 à $251-167 B ECU/yr -158 ECU/tCO 214 325 M$RemarquesPropose un partage équitable <strong>de</strong>s bénéfices <strong>de</strong> lacoopération. Calcule <strong>les</strong> impacts sur le commerceénergétique du Canada et <strong>de</strong>s USA.6 GES sont pris en compte. Aucun recyclage <strong>de</strong>srecettes <strong>de</strong> la taxe n'est considéré. Une attentionparticulière est portée au système énergétique et plusparticulièrement sur la production et <strong>les</strong> usages finals.Attention portée sur :- économies liées à une répartition optimale <strong>de</strong> l'effortentre <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'U.E ;- problèmes d'équité et <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s coûts ;- Coûts/économies liées à la prise en compte <strong>de</strong>s 6GES.Référence 1 : continuation <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> actuel<strong>les</strong>.Référence 2 : globalisation et marchés libres .Référence 3 : Référence 2 + pressions environnementa<strong>les</strong>.MINR : la cogénération et <strong>les</strong> énergies renouvelab<strong>les</strong>sont mobilisées au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s niveaux économiquementefficients (contraintes technologiques uniquement).Les analyses incluent <strong>les</strong> effets en retour sur <strong>les</strong> coûts<strong>de</strong>s technologies et sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s élastiques. Lescoûts totaux et marginaux sont calculés à partir <strong>de</strong>référence 2.265


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoPays Référence Modèle /approcheEuropel'Ouest<strong>de</strong>Capros et al.,1999aGielen, 1999Gielen et al.,1999a ; Kram,1999aGielen etPieters, 1999PRIMES : Modèled'équilibreMARKALAvecfixesMATTERProgrammenéerlandaisMARKALEFOMRésultatsl'annexed'ETSAPMARKAL<strong>de</strong>man<strong>de</strong>set<strong>de</strong>IVAvec <strong>de</strong>man<strong>de</strong>sélatsiquesMATTER ProjectPério<strong>de</strong> Scénarios Réduction <strong>de</strong>s GES(en % par rapport à1990)Jusqu'en 2020 Référence :PIB : +70% en 2020Energie : +18% en 2020Pétrole : $18/baril en 2020CO 2 : +16% en 2020Jusqu'en 2030Jusqu'en 2010Jusqu'en 2030Référence 1 : Energie seulement20 EUR/tCO 2 eq (pénalité)50100200Référence 2 : Energie et matièrespremières20 EUR/tCO 2 eq (pénalité)50100200500Référence20 $/t (pénalité)4060Kyoto (CO 2 et GHG)Scénario <strong>de</strong> référencePolitique idéale (Energie seulement)50 EUR/tCO 2 eq (pénalité)100200Politique idéale (Energie et matièrespremières)50 EUR/tCO 2 eq (pénalité)100200Continuation <strong>de</strong> la politique(Energie seulement)50 EUR/tCO 2 eq (pénalité)100200Continuation <strong>de</strong> la politique(Energie et matières premières)50 EUR/tCO 2 eq (pénalité)100200- Référence : pas <strong>de</strong>réduction- 0% en 2005 et au-<strong>de</strong>là- - 3% en 2005 et au-<strong>de</strong>là- -6% en 2005 et au-<strong>de</strong>là+9%-15%-26%-37%-51%+16%-20%-33%-41%-62%-75%+5% 0%-2% -10%-6% -13%-9% -15%Coût total-8% 2,4 Milliards US$+15%-31%-41%-62%-41%-54%-72%-29%-35%-54%-38%-47%-65%70 B EUR140290175230380Coûtmarginal($/t CO 2 -eq)2010 2020$50 $59$78 $81$102 $11520 EUR/tCO 2 eq5010020050020 EUR/tCO 2 eq5010020050020406045 (CO 2 ) ;15 (GHG)50 EUR/tCO 2 eq10020050 EUR/tCO 2 eq10020050 EUR/tCO 2 eq10020050 EUR/tCO 2 eq100200RemarquesL'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>réduction entre <strong>les</strong> pays européens est un enjeucentral <strong>de</strong> cette analyse.Des résultats numériques sont fournis pour <strong>les</strong>substitutions entre <strong>les</strong> différentes formesd'énergie.UE+ Norvège + Suisse + Islan<strong>de</strong>.Référence 2 inclut la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>les</strong> options <strong>de</strong>réductions dans la production <strong>de</strong>s matièrespremières.Le NO 2 agricole, le CH 4 , SF 6 et <strong>les</strong> HFC nesont pas pris en compte.Coût marginal = pénalité en EUR/tCO 2 eq.Analyse post Kyoto pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'U.E.,pour le CO 2 mais aussi pour <strong>les</strong> 6 gaz inclusdans le protocole <strong>de</strong> Kyoto.Coût marginal = pénalité en EUR/tCO 2 eq.Politique idéale : <strong>les</strong> coûts marginauxd'abattement dans tous <strong>les</strong> secteurs sont égaux.Continuation <strong>de</strong> la politique : le coût marginald'abattement dans chaque secteur dépend <strong>de</strong>s<strong>politiques</strong> existantes.La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> couvre 50% du PIB (la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>n'est pas élastique dans le secteur <strong>de</strong>s services)Pas <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong>s effets du recyclage.Par hypothèse, <strong>les</strong> changements dans <strong>les</strong>termes <strong>de</strong> l'échange avec <strong>les</strong> autres régions nesont pas pris en compte.Le coût total est donné en milliards d'€, le coûtmarginal en €/tCO 2 eq.266


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoPays Référence Modèle /approcheEuropel'OuestAllemagneBelgiquePays-BasSuisseDanemarkNorvègeSuè<strong>de</strong>DanemarkNorvègeSuè<strong>de</strong>Finlan<strong>de</strong>SuisseColombie<strong>de</strong>Gielen et al.,1999bYbema et al.,1999Bahn et al.,1998Larsson et al.,1998Unger et Alm,1999Bahn et al.,1999MARKAL-MATTERAvec <strong>de</strong>man<strong>de</strong>sélastiquesMARKAL-Europe 1.0AvecfixesMARKAL +EFOM<strong>de</strong>man<strong>de</strong>sMARKAL +EFOM (Den)MARKAL +EFOM (Den)Pério<strong>de</strong> Scénarios Réduction <strong>de</strong>s GES(en % par rapport à1990)Jusqu'en 2030Jusqu'en 2030(Résultatsdonnés pour2040)Jusqu'en 2020RéférenceScénario <strong>de</strong> régulationScénario prixRéférence 1 : perspectiverationnelle :Taxe <strong>de</strong> 20 ECU/tCO 2Taxe <strong>de</strong> 50 ECU/tCO 2Taxe <strong>de</strong> 100 ECU/tCO 2Taxe <strong>de</strong> 200 ECU/tCO 2Base 2 : tiré par le marché :Taxe <strong>de</strong> 20 ECU/tCO 2Taxe <strong>de</strong> 50 ECU/tCO 2Taxe <strong>de</strong> 100 ECU/tCO 2Taxe <strong>de</strong> 200 ECU/tCO 2RéférenceRéductions individuel<strong>les</strong>Réduction collective(PEN)Pas d'action commune,faible commerceActions communes, faiblecommercePas d'actions communes,commerce importantActions communes,commerce importantPas <strong>de</strong> commerceCommerce pour le secteurélectrique seulementCommerce du CO 2uniquementLes 2 ensembleMARKAL Jusqu'en 2020 RéférenceAbattement sans MDPAbattement avec MDP2010 20201 Gt CO 2 2 Gt CO 22 Gt CO 2 3,5 Gt CO 2-19%-25%-40%-55%+50%+30%+15%-14%-30% entre 1990 et 2020-30% entre 1990 et 20201. Stabilisation2. -20% entre 1990 et 20203. -40% entre 1990 et 2020Coût total10 MM ECU20 MM ECU40 MM ECU130 MM ECU80 MM ECU170 MM ECU(en 2010)68 MM$57 MM$1 2 3-- -- --13 28 1113 11 1922 45 134Kyoto --8 MM SEKSuisse : -13%Colombie : +58%Suisse : +25%Colombie : +50%13 MM SEK28 MM SEKCoût marginal($/t CO 2 -eq)2010 203050 E ? E200 E ?E20 ECU/tCO 250 ECU/tCO 2100 ECU/tCO 2200 ECU/tCO 220 ECU/tCO 250 ECU/tCO 2100 ECU/tCO 2200 ECU/tCO 2(en 2010)<strong>de</strong> 11 $ à 130 $32 $(en 2010)très élevé$12RemarquesCompare <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> ayant recours à <strong>de</strong>sinstruments prix et d'autres utilisant <strong>de</strong>s instrumentsréglementaires (en tenant compte <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>transaction)Beaucoup d'analyses <strong>de</strong> sensibilité sont conduitesUE + Norvège + Suisse + Islan<strong>de</strong>.Perspective rationnelle : scénario écologique avec unmaximum <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> 2% par an.Tiré par le marché : scénario économique avec unmaximum <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> 0,5% par an.Seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> émissions directes <strong>de</strong> CO 2 sont prises encompte.Coût total en milliards d'ECU..Discussion sur le partage <strong>de</strong>s économies liées à lamise en commun <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> réduction.Coût total : bénéfices en milliards <strong>de</strong> couronnessuédoisesCoût total : bénéfices en milliards <strong>de</strong> couronnessuédoisesI<strong>de</strong>ntifie <strong>les</strong> projets <strong>de</strong> développement propre enColombie267


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoPays Référence Modèle /approcheBrésilEgypteSénégalThaïlan<strong>de</strong>VénézuelaZimbabweAllemagneCanadaEstonieIndieJaponSuè<strong>de</strong>Etats-UnisOntarioQuébecBelgiqueItalieNorvègePays-BasSuisseSuè<strong>de</strong>JaponMon<strong>de</strong> :Etats-UnisCanadaU.E.JaponAustralie etN lle Zélan<strong>de</strong>OCDEMon<strong>de</strong> :Etats-UnisOCDEex-URSSChineRDMPério<strong>de</strong> Scénarios Réduction <strong>de</strong>sGES (en % parrapport à 1990)UNEP, 1994b Etu<strong>de</strong> UNEP 2025/30 (Réductions cumulées)Brésil : -48%Egypte : -52%Sénégal : -50%Thaïlan<strong>de</strong> : -30%Vénézuela : -27%Zimbabwe : -38%Kram, 1999a et1999bKram et Hill,1996Criqui etKouvaritakis,1997Kypreos, 1998MARKAL ouEFOMRésultatsl'annexed'ETSAPMARKALAvecfixeRésultatsl'annexed'ETSAP<strong>de</strong>IV<strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>de</strong>IVJusqu'en 2010 0,19Jusqu'en 2020POLES Jusqu'en 2030GMMT(GlobalMARKAL-MACROTRADE)Résultatsdonnés pour2010Jusqu'en 2050RéférenceRéduction maximum(faisabilité technique)RéférenceStabilisationPas <strong>de</strong> commerceTaxe 200 $/tC OCDERéférenceKyotoKyoto prolongé jusqu'en2050Coût totalCoûtmarginal($/t CO 2 -eq)$8$0,5$0,6$25$14$80100 US$/tCO 2150 US$/tCO 2-0,06 Etats-Unis : 325Ontario : 300Québec : 130Belgique : 380Italie : 240Norvège : 170Pays-Bas : 500Suisse : 500Suè<strong>de</strong> : 325Japon : 450Pas <strong>de</strong> réduction-30% (Mon<strong>de</strong>)-15% (Annexe 1)-25%USA, -15% U.E. ;-5% Japon+50%-7%USA ; -5%OCDE-7%USA ; -5%OCDE0,3% USA, U.E.;0,45% Canada, Japon;0,6% Aus+NZ0,57% USA ; 0,27%E.U ; 0,21% Japon0,79%1,28%180 $/tC(Mon<strong>de</strong>)125 USA ; 175Aus+NZ ; 200EU ; 350 Japon200$/tCRemarquesI<strong>de</strong>ntifie <strong>les</strong> potentiels <strong>de</strong> stratégies sans regret et àbas coûts. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s projets MDP.Comparaison multinationale <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 .Chacun <strong>de</strong>s groupes nationaux a utilisé le modèleMARKAL avec <strong>de</strong>s hypothèses communes pour tous<strong>les</strong> groupes et un ensemble <strong>de</strong> technologies donné.Cependant, l'ensemble <strong>de</strong>s scénarios d'émissionsélevées ou faib<strong>les</strong> est incomplet mais a été calculépour chaque pays indépendamment.Coût marginal en US$/tCO 2. .Mon<strong>de</strong> divisé en 26 régions.Modèle <strong>de</strong> simulation récursif (ajustement progressif<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s prix).Deman<strong>de</strong>s par secteurs économiques.Prix et commerce internationaux.Pas <strong>de</strong> variab<strong>les</strong> macroéconomiques.Résultats fournis pour divers niveaux <strong>de</strong> taxescompris en 25 et 350$/tC pour 13 régions.Coût total : en % <strong>de</strong> perte du PIB.Coût marginal en $90/tC.Modèle GMMT : ensemble <strong>de</strong> sous-modè<strong>les</strong>régionaux liés entre eux par la maximisation d'unefonction <strong>de</strong> bien-être collective et par le commerceinternational.Combine <strong>les</strong> approches top-down et bottom-up.Coût total en % <strong>de</strong> perte du PIB268


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto2. Le principe <strong>de</strong> supplémentaritéLes résultats énoncés précé<strong>de</strong>mment suggèrent que <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDE ont un intérêtéconomique important a élargir le plus possible le marché <strong>de</strong>s PEN. Cependant, <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong>supplémentarité énoncés par <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> 6.1.d 33 , 12 et 17 du protocole <strong>de</strong> Kyoto pourraient êtretranscrites en termes <strong>de</strong> limitations quantitative à la satisfaction <strong>de</strong>s objectifs via l'achat <strong>de</strong> PEN.La motivation <strong>de</strong> cette limite est cohérente avec l'existence même du protocole <strong>de</strong> Kyoto : au<strong>de</strong>là<strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s existantes sur l'ampleur du phénomène <strong>de</strong> changement climatique à venir etsur <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> réduction à poursuivre pour l'éviter, la signature du protocole <strong>de</strong> Kyoto donneun signal fort à tous que, dans l'avenir, ce problème doit être internalisé par chacun. Aussi est-ilcohérent <strong>de</strong> ne pas vouloir faire disparaître le signal-prix que constitue une taxe sur le carbone oule prix <strong>de</strong>s PEN par un mécanisme qui le rendrait trop faible pour être incitatif à modifier soncomportement structurel <strong>de</strong> consommation énergétique. Une minimisation <strong>de</strong>s coûts à courtterme, en empêchant la mise en place d'un véritable processus <strong>de</strong> R&D et en n'influençant passuffisamment <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> structurel<strong>les</strong> intervenant dans la détermination du contenu en carbone<strong>de</strong> la croissance économique, risque fortement <strong>de</strong> ne pas correspondre à une minimisation <strong>de</strong>scoûts à long terme si l'on prend donc en compte <strong>les</strong> inerties techniques (Ha Duong et al., 1999).Plusieurs étu<strong>de</strong>s examinent <strong>les</strong> effets <strong>de</strong>s différentes formes <strong>de</strong> restriction sur <strong>les</strong>échanges <strong>de</strong> PEN envisageab<strong>les</strong> dans le cadre du protocole (Bollen et al., 1999 ; Bernstein et al.,1999b, Criqui et al., 1999 ; Ellerman et al., 1998 et Kemfert, 2000). Les limites à l'exportation setraduisent par un accroissement <strong>de</strong>s prix tandis que cel<strong>les</strong> à l'importation entraîne une baisse <strong>de</strong>sprix, <strong>les</strong> quantités échangées étant plus basses dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cas.Le règle proposée par l'Europe 34 est analysée dans Zhang (2001), Holtsmark et Maestad(2002) et Ellerman et Wing (2000). Ces <strong>de</strong>niers montrent que lorsque la clause (d) <strong>de</strong> l'article 6.1du protocole <strong>de</strong> Kyoto est vérifiée, seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> exportations sont limitées et <strong>les</strong> baisses <strong>de</strong> coûtssont réduites <strong>de</strong> 28%. Sans cette clause, <strong>les</strong> gains liés au commerce <strong>de</strong> PEN sont pratiquementréduits à néant puisque seu<strong>les</strong> 18 mégatonnes <strong>de</strong> CO 2 sont échangées au prix <strong>de</strong> 58 US$ 35 latonne. Holtsmark et Maestad (2002) ont réalisé leurs simulations à l'ai<strong>de</strong> d'un modèle d'équilibrepartiel. Ils montrent que la proposition européenne va se traduire par une limite quasi33 Article 6.1 : "Afin <strong>de</strong> remplir ses engagements au titre <strong>de</strong> l'article 3, toute Partie visée à l'annexe I peut cé<strong>de</strong>r àtoute autre Partie ayant le même statut, ou acquérir auprès d'elle <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions découlant <strong>de</strong>projets visant à réduire <strong>les</strong> émissions anthropiques par <strong>les</strong> sources ou à renforcer <strong>les</strong> absorptions anthropiques par <strong>les</strong>puits <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre dans tout secteur <strong>de</strong> l'économie, pour autant que :a) Tout projet <strong>de</strong> ce type ait l'agrément <strong>de</strong>s Parties concernées ;b) Tout projet <strong>de</strong> ce type permette une réduction <strong>de</strong>s émissions par <strong>les</strong> sources, ou un renforcement <strong>de</strong>sabsorptions par <strong>les</strong> puits, s'ajoutant à ceux qui pourraient être obtenus autrement ;c) La Partie concernée ne puisse acquérir aucune unité <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions si elle ne se conforme pas auxobligations qui lui incombent en vertu <strong>de</strong>s artic<strong>les</strong> 5 et 7 ;d) L'acquisition d'unités <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions vienne en complément <strong>de</strong>s mesures prises au niveau nationaldans le but <strong>de</strong> remplir <strong>les</strong> engagements prévus à l'article 3."34 "Les acquisition nettes d'une partie <strong>de</strong> l'Annexe B via <strong>les</strong> trois mécanismes <strong>de</strong> flexibilité présents dans le protocolene doivent pas excé<strong>de</strong>r la plus élevée <strong>de</strong>s propositions suivantes : (a) 5% <strong>de</strong> [(ses émissions <strong>de</strong> l'année <strong>de</strong> référence)multipliés par cinq plus (son montant <strong>de</strong> réduction), divisé par <strong>de</strong>ux] ; ou (b) 50% <strong>de</strong> [(la différence entre sesémissions annuel<strong>les</strong> sur la pério<strong>de</strong> 1994-2002) multiplié par cinq plus (son montant <strong>de</strong> réduction)]. (c) Les transfertsnets par une partie <strong>de</strong> l'annexe B ne doivent pas dépasser : 5% <strong>de</strong> [(ses émissions <strong>de</strong> l'année <strong>de</strong> référence) multipliéspar cinq plus son montant <strong>de</strong> réduction, divisé par <strong>de</strong>ux] . (d) Cependant, le plafond sur <strong>les</strong> acquisitions nettes et sur<strong>les</strong> transferts nets peuvent être relevés dans la mesure où une partie <strong>de</strong> l'annexe B atteint <strong>de</strong>s réductions d'émissionsplus élevées que le plafond pertinent dans la pério<strong>de</strong> d'engagement via <strong>de</strong>s actions internes réalisées avant 1993 et sicela est démontré par la partie <strong>de</strong> manière vérifiable…" (UNFCCC, 1999, p14).35 Tous <strong>les</strong> chiffres <strong>de</strong> cette partie sont exprimés en US$ 2000.269


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotoexclusivement du côté <strong>de</strong> l'offre, ce qui entraîne une augmentation du prix <strong>de</strong> la tonne <strong>de</strong> CO 2 <strong>de</strong>16 $ à 26 $ car <strong>les</strong> ventes <strong>de</strong> permis russes chutent <strong>de</strong> 764 mégatonnes à 153 mégatonnesd'équivalant CO 2 . La plupart <strong>de</strong>s pays ne sont donc pas touchés par <strong>les</strong> plafonds et peuventacheter <strong>les</strong> quantités <strong>de</strong> permis qu'ils désirent. Enfin, contrairement à ces <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s, Zhang(2001) met en évi<strong>de</strong>nce une baisse <strong>de</strong>s prix internationaux <strong>de</strong> 3 à 1 $ la tonne d'équivalant CO 2 .En effet, <strong>les</strong> plafonds forcent <strong>les</strong> USA et le Japon à réaliser une plus gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> leur objectif<strong>de</strong> réduction via <strong>de</strong>s actions internes (67,7% contre 18,9% en l'absence <strong>de</strong> plafond pour <strong>les</strong> USAet 55,6% au lieu <strong>de</strong> 4,8% pour le Japon). En conséquence <strong>de</strong> la clause (d), la part <strong>de</strong>s actionsinternes est d'au moins 50% dans toutes <strong>les</strong> régions et <strong>les</strong> prix s'accroissent légèrement parrapport à la situation <strong>de</strong> libre échange. La première et la <strong>de</strong>rnière étu<strong>de</strong> utilisent <strong>les</strong> mêmescourbes <strong>de</strong> CmA. La différence dans <strong>les</strong> résultats doit donc être imputable aux hypothèsesconcernant la croissance <strong>de</strong>s émissions (croissance forte pour Ellerman et Wing, faible pourZhang) et au fait que l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Zhang est multi-gaz (6GES) tandis que celle d'Ellerman et Wingne prend en compte que le CO 2 .3. Les effets d'entraînement 36 internationauxDans un mon<strong>de</strong> où <strong>les</strong> économies sont reliées entre el<strong>les</strong> par le commerce international et<strong>les</strong> mouvements <strong>de</strong> capitaux, <strong>les</strong> abattements réalisés par une économie impliquent <strong>de</strong>s effetsd'entraînement et une modification du bien-être pour <strong>les</strong> autres économies. La figure IV.4présente une typologie <strong>de</strong> ces différents effets dont l'évaluation <strong>de</strong>s conséquences par <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> est présentée ci-<strong>de</strong>ssous 37 .Figure IV.4. Typologie <strong>de</strong>s possib<strong>les</strong> effets d'entraînement internationauxPolitiques et mesuresEffets d'entraînementAvantages liés aux progrèstechnologiquesInci<strong>de</strong>nce sur <strong>les</strong> activités et <strong>les</strong>prix <strong>de</strong>s industries énergétiquesInci<strong>de</strong>nce sur <strong>les</strong> industries àforte intensité énergétiqueTransfert <strong>de</strong> ressourcesaux secteursPolitiques publiques <strong>de</strong> R&DElargissement <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>sconnaissances scientifiquesPolitiques "d'accès aux marchés"pour <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologiesNormes, subventions, ententesvolontairesTaxes sur le carboneElimination <strong>de</strong>s subventionsliées à l'énergieHarmonisation <strong>de</strong>s taxes sur lecarboneEchange national <strong>de</strong> droitsd'émissionMécanismes <strong>de</strong> mise en œuvreconjointe et <strong>de</strong> développementpropreEchange international <strong>de</strong> droitsd'émissionsAmélioration du savoir-faire parl'expérience, l'apprentissage parl'acteNouvel<strong>les</strong> normes <strong>de</strong>performance - produits etindustries plus propresChangements technologiquesinduits par <strong>les</strong> prix et diffusion<strong>de</strong>s technologiesDiminution <strong>de</strong> l'activité dusecteur <strong>de</strong>s combustib<strong>les</strong> fossi<strong>les</strong>Baisse <strong>de</strong>s prix mondiauxEffets négatifs pour <strong>les</strong>exportateurs, positifs pour <strong>les</strong>importateursPossibilité d'un effet "rebond"Transfert d'émissions <strong>de</strong> carboneEffets positifs sur l'activité,négatifs sur l'environnementdans <strong>les</strong> pays hôtesRéduction <strong>de</strong>s distorsions <strong>de</strong>concurrence entre <strong>les</strong> industriesDistorsion <strong>de</strong> concurrence siscénarios différenciés (droitsacquis contre vente aux enchères)Transferts <strong>de</strong> technologiesGain net quand prix <strong>de</strong>s droitssupérieur (et non égal) au coûtmoyen <strong>de</strong>s réductions36 Le terme entraînement est la traduction française du terme spillover qui désigne <strong>les</strong> effets apparaissant lorsquel'analyse passe d'une région fermée à une région ouverte : effets sur le commerce international, <strong>les</strong> mouvements <strong>de</strong>capitaux, <strong>les</strong> délocalisations…37 Pour une <strong>de</strong>scription en détail <strong>de</strong> cet effet, cf. chapitre 2, partie I.A.1.b270


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotoa. Variation <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échangeLa comparaison <strong>de</strong>s tableaux IV.22 et IV.23 nous donne <strong>de</strong>s renseignements sur lapertinence <strong>de</strong> la prise en compte <strong>de</strong> cet effet dans <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s bottom-up. De cette comparaison, ilressort clairement en effet que la prise en compte <strong>de</strong>s effets sur le commerce international d'unepolitique climatique change, parfois assez fondamentalement, <strong>les</strong> conclusions <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> quantà la stratégie d'abattement à adopter. C'est en particulier le cas pour <strong>les</strong> pays grands importateursou exportateurs d'énergie. C'est pourquoi il est souhaitable d'améliorer et d'étendre la portée <strong>de</strong>smodè<strong>les</strong> bottom-up afin <strong>de</strong> traiter <strong>de</strong> manière intégrée un nombre <strong>de</strong> plus en plus grand <strong>de</strong> pays.En faisant cela, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> bottom-up <strong>de</strong>viendront une alternative plus crédible au modè<strong>les</strong> topdownmulti-régionaux.En revanche, concernant l'impact d'une variation <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échange consécutive à lamise en œuvre d'une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions, il est très difficile <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>sconclusions claires <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> modélisation existants en raison <strong>de</strong>s difficultésméthodologiques d'interprétation <strong>de</strong>s MEGC. La modélisation <strong>de</strong> la mobilité <strong>de</strong>s capitaux est l'un<strong>de</strong>s points <strong>les</strong> plus sujets à débats. En effet, techniquement parlant, cela revient à égaliser <strong>les</strong> taux<strong>de</strong> retour du capital dans tous <strong>les</strong> pays mais cela confère au capital une trop gran<strong>de</strong> volatilité cequi oblige à recourir à <strong>de</strong>s hypothèses ad hoc pour obtenir <strong>de</strong>s résultats moins irréalistes.L'introduction d'un arbitrage entre risque et rentabilité permettrait <strong>de</strong> régler en gran<strong>de</strong> partie ceproblème mais reste difficile à envisager dans le cadre d'un modèle déterministe.Les modè<strong>les</strong> dont <strong>les</strong> résultats vont être interprétés dans cette section partagent un certainnombre <strong>de</strong> caractéristiques qui doivent être présentes à l'esprit lors <strong>de</strong> l'interprétation <strong>de</strong>srésultats :- ils supposent tous une concurrence pure et parfaite dans toutes <strong>les</strong> branches ;- la plupart d'entre eux ont recours à la spécification Armington selon laquelle <strong>de</strong>sbiens i<strong>de</strong>ntiques produits dans <strong>de</strong>s pays différents ne sont pas parfaitementsubstituab<strong>les</strong> : il est connu que <strong>les</strong> résultats peuvent être sensib<strong>les</strong> aux choixd'agrégation pour <strong>les</strong> biens et <strong>les</strong> régions dans le modèle (Lloyd, 1994) ;- tous <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>, excepté le modèle G-cubed <strong>de</strong> McKibbin et Wilcoxen (1995),sont <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> croissance à long terme avec commerce international, sanstraitement explicite <strong>de</strong>s marchés financiers qui affectent <strong>les</strong> ajustementsmacroéconomiques ;- <strong>les</strong> réductions d'émission ne concernent que le CO 2 ;- le changement technique n'est pas affecté par une contrainte sur <strong>les</strong> émissions et lafrontière <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> production se situe toujours en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> celle que l'onobtiendrait en l'absence <strong>de</strong> contrainte. Avec une telle hypothèse, <strong>les</strong> résultats nepeuvent être que négatifs, mais certaines économies peuvent bénéficierd'améliorations <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échange et <strong>de</strong> modification à leur avantage <strong>de</strong>s fluxinternationaux <strong>de</strong> capitaux.271


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoTableau IV.23. Etu<strong>de</strong>s avec prise en compte <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échangePays Référence Modèle /approcheEtats-Unis Criqui etKouvaritakis,1997Canada Criqui etKouvaritakis,1997CanadaEtats-UnisIn<strong>de</strong>QuébecOntarioAlbertaKanudia etLoulou, 1998bLoulou et al.,1998UE Criqui etKouvaritakis,1997Australie etN lle Zélan<strong>de</strong>Mon<strong>de</strong> :Etats-Unis,OCDE,ex-URSS,Chine, RDMCriqui etKouvaritakis,1997Kypreos, 1998Pério<strong>de</strong> Scénarios Réduction <strong>de</strong>sGES (en % parrapport à 1990)POLES Jusqu'en 2010 Kyoto(1) Commerce Annexe B(2) Commerce globalPOLES Jusqu'en 2010 Kyoto(1) Commerce Annexe B(2) Commerce globalMARKAL Jusqu'en 2030 RéférenceKyoto sans commerceKyoto avec commerce Canada-USA.Kyoto avec commerce Canada-USA-In<strong>de</strong>MARKAL Jusqu'en 2030 RéférenceKyoto avec commerce limitéKyoto avec commerce globalPOLES Jusqu'en 2010 Kyoto(1) Commerce Annexe B(2) Commerce globalPOLES Jusqu'en 2010 Kyoto(1) Commerce Annexe B(2) Commerce globalGMMT(GlobalMARKAL-MACROTRADE)Jusqu'en 2050RéférenceKyoto avec commerceKyoto prolongé avec commerceGlobal (objectif en 2050)Global avec commerceGlobal 20 (objectif en 2050)USA : -7%Canada : -6%In<strong>de</strong> : +??%Pas <strong>de</strong> réduction-6% en 2010 et au-<strong>de</strong>là-6% en 2010 et au-<strong>de</strong>là+50%-7% USA ; -5% OCDE-7%USA ; -5% OCDE0 (Mon<strong>de</strong>)0 (Mon<strong>de</strong>)-20% (Mon<strong>de</strong>)Coût total(1) 22 654 M$(2) 1 040 M$(1) 1 445 M$(2) 611 M$722 MM C$670 MM C$338 MM C$(par tête/par an)3510 C$3400 C$(1) 9 431 M$(2) 3 924 M$(1) 1 541 M$(23) 2 017 M$0.51%0.63%1.76%1.06%1.67%Coût marginal(en $/t CO 2 -eq)(en 2010)Entre 48 et 95 C$54 C$38 C$(en 2010)106 C$95 C$(1) 165 $/tC130 $/tC130190460RemarquesPropose un partage équitable <strong>de</strong>s coûts et<strong>de</strong>s bénéfices d'un abattement commun<strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES. Calcule l'impactsur le commerce énergétique du Canada et<strong>de</strong>s USA.Analyse <strong>de</strong>s flux physiques etcommerciaux dans chaque province.Coût total en % <strong>de</strong> perte du PIB272


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoDans <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s réalisées avant la signature du protocole <strong>de</strong> Kyoto et qui supposent <strong>de</strong>sobjectifs <strong>de</strong> réduction supérieurs à la moyenne <strong>de</strong> 5,2% retenue par le protocole (modèleGREEN : Coppel et Lee, 1995 ; modèle EPPA : Jacoby et al., 1997 ; modèle GTEM : Brown etal., 1997b et Donovan et al 1997 ; modèle IIAM : Harrison et Rutherford, 1999 38 ), la plupart <strong>de</strong>spays n'appartenant pas à l'annexe B sont victimes d'une détérioration <strong>de</strong> leurs termes <strong>de</strong>l'échange. Cependant, certains pays comme le Brésil ou la Corée du Sud bénéficient <strong>de</strong> gains <strong>de</strong>bien-être que l'on peut expliquer par le fait que ces pays sont importateurs nets d'énergie fossileet <strong>de</strong> gros exportateurs d'acier, <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong> métaux non ferreux. En outre, au Brésil, ces produitssont moins intensifs en énergie fossile que dans beaucoup d'autres pays 39 . Aussi le Brésil réaliset-il<strong>de</strong>s gains en raison <strong>de</strong> la baisse du prix <strong>de</strong>s énergies fossi<strong>les</strong> et <strong>de</strong> la hausse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s biensdont il est gros producteur et exportateur.Inversement, <strong>les</strong> régions n'appartenant pas à l'annexe B et qui sont exportatrices d'énergiefossile, comme le Moyen-Orient ou l'Indonésie, subissent <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> bien-être, <strong>de</strong> même que<strong>les</strong> régions qui sont gran<strong>de</strong>s importatrices <strong>de</strong> biens dont la production est intensive en énergiefossile.Lorsque <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> réduction sont plus faib<strong>les</strong> (objectifs <strong>de</strong> Kyoto), la plupart <strong>de</strong>srégions non-annexe B, qui subissaient pour <strong>de</strong>s objectifs plus élevés <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> bien-être,connaissent <strong>de</strong>s gains en bien-être. Par exemple, Coppel et Lee (1995) concluent, à l'ai<strong>de</strong> dumodèle GREEN, à <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> bien-être pour l'In<strong>de</strong> et <strong>les</strong> économies asiatiques à fortdéveloppement alors que van <strong>de</strong>r Mensbrugghe (1998) obtient avec le même modèle un légergain pour ces mêmes régions à l'ai<strong>de</strong> du même modèle lorsqu'il simule le protocole <strong>de</strong> Kyotoavec <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés divers <strong>de</strong> coopération entre <strong>les</strong> pays n'appartenant pas à l'annexe B. La principaleraison qui explique ce passage d'un gain à une perte <strong>de</strong> bien-être pour ces régions lorsque <strong>les</strong>objectifs <strong>de</strong> réduction s'accroissent est que <strong>de</strong> faib<strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> réduction peuvent être atteintspar simple substitution tandis que <strong>de</strong>s objectifs plus forts imposent une réduction <strong>de</strong> laproduction.b. Les fuites <strong>de</strong> carboneOn mesure le taux <strong>de</strong> fuite comme le ratio <strong>de</strong> l'accroissement <strong>de</strong>s émissions dans <strong>les</strong> paysn'appartenant pas à l'annexe B sur la réduction <strong>de</strong>s émissions dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe B. Denombreux modè<strong>les</strong> ont été utilisés pour estimer le taux <strong>de</strong> ces fuites <strong>de</strong> carbone (Martin et al.1992 ; Pezzey 1992 ; Oliveira-Martins et al. 1992 ; Manne et Oliveira-Martins, 1994 ; Edmondset al., 1995 ; Golombek et al., 1995 ; Jacoby et al. 1997 ; Brown et al. 1999). Alors que ces tauxpouvaient être très élevés dans <strong>les</strong> premières simulations (70% dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Pezzey (1992)utilisant le modèle Whalley-Wigle) et que l'incertitu<strong>de</strong> qui accompagnait ces résultats était trèsgran<strong>de</strong> (puisque, dans le même temps, d'autres étu<strong>de</strong>s considéraient le phénomène <strong>de</strong> fuitecomme non significatif, concluant à un taux proche <strong>de</strong> 0%), <strong>les</strong> résultats plus récents témoignentd'une réduction <strong>de</strong> la variance s'accompagnant d'une baisse <strong>de</strong> la borne supérieure prévue pour cetaux, qui se situe selon <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s entre 5% et 20%. Ce resserrage résulte en partie <strong>de</strong> l'émergence<strong>de</strong> nouveaux modè<strong>les</strong> qui adoptent <strong>de</strong>s hypothèses et <strong>de</strong>s données raisonnab<strong>les</strong> similaires maiségalement <strong>de</strong> l'effet mécanique qui implique que, le phénomène <strong>de</strong> fuite étant une fonctioncroissante <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> réduction suivis, le taux <strong>de</strong> fuite obtenu soit plus faible lorsque <strong>les</strong>38 Les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers modè<strong>les</strong> sont basés sur la base <strong>de</strong> données GTAP (Global Tra<strong>de</strong> Analysis Project) (Hertel,1997).39 Ces calculs sont réalisés à partir <strong>de</strong> la version 3 <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données GTAP, après réconciliation avec <strong>les</strong>données énergies fournies en particulier par l'Agence <strong>International</strong>e <strong>de</strong> l'Energie.273


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyotoobjectifs <strong>de</strong> Kyoto sont simulés que lorsque <strong>de</strong>s objectifs plus ambitieux l'étaient. Inversement,<strong>les</strong> régions n'appartenant pas à l'annexe B et qui sont exportatrices d'énergie fossile, comme leMoyen-Orient ou l'Indonésie, subissent <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> bien-être, <strong>de</strong> même que <strong>les</strong> régions qui sontgran<strong>de</strong>s importatrices <strong>de</strong> biens dont la production est intensive en énergie fossile.Il y a une corrélation claire entre le signe et l'ampleur <strong>de</strong>s effets d'entraînement étudiésprécé<strong>de</strong>mment et l'ampleur <strong>de</strong>s fuites <strong>de</strong> carbone estimées. Il convient cependant <strong>de</strong> bien mettreen évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> paramètres ayant une influence critique sur ces résultats :- le <strong>de</strong>gré supposé <strong>de</strong> substituabilité entre <strong>les</strong> importations et la production nationale.Ainsi, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> basés sur une spécification Armington estiment <strong>de</strong>s fuites <strong>de</strong>carbone plus faib<strong>les</strong> que <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> supposant une substituabilité parfaite ;- la facilité <strong>de</strong> substitution technologique dans la production électrique, la productiond'acier et <strong>de</strong> fer dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe B ;- le <strong>de</strong>gré supposé <strong>de</strong> compétitivité sur le marché mondial du pétrole ;- l'existence d'un système d'échange international <strong>de</strong> PEN : pour un niveaud'abattement donné, <strong>les</strong> fuites <strong>de</strong> carbone sont plus faib<strong>les</strong> si <strong>les</strong> PEN s'échangentinternationalement, ce qui est cohérent avec la discussion précé<strong>de</strong>nte sur l'ampleur<strong>de</strong>s mouvements concernant <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> l'échange. Une réduction plus importante<strong>de</strong> l'activité dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe B, liée à une non-coopération internationaledans la réduction <strong>de</strong>s émissions, stimule une production plus importante <strong>de</strong> biensintensifs en carbone dans <strong>les</strong> pays non-annexe B accompagnée d'un accroissement duprix <strong>de</strong> ces biens et d'une baisse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s énergies fossi<strong>les</strong> (ABARE-DFAT,1995 ; Brown et al., 1997b et 1999; Hinchy et al., 1998 ; McKibbin et al., 1999 ;Kainuma et al., 1999; Bernstein et al., 1999a).c. Comportement <strong>de</strong> l'OPEP (Organisation <strong>de</strong>s Pays Exportateurs <strong>de</strong> Pétrole)Les étu<strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes se placent dans le cadre <strong>de</strong> la concurrence pure et parfaite. Or i<strong>les</strong>t clair que, sur le marché du pétrole, <strong>les</strong> pays membres <strong>de</strong> l'Organisation <strong>de</strong>s Pays Exportateurs<strong>de</strong> Pétrole (OPEP) ont un pouvoir <strong>de</strong> marché réel incompatible avec l'hypothèse d'atomicité. Denombreux papiers théoriques examinent comment une taxe sur <strong>les</strong> énergies fossi<strong>les</strong> peut altérerle rythme optimal d'extraction et, symétriquement, comment la réponse en termes d'offre <strong>de</strong>spays <strong>de</strong> l'OPEP à l'introduction d'une politique environnementale peut modifier le cheminoptimal <strong>de</strong> la taxe sur ces énergies (Sinclair, 1992 ; Ulph et Ulph, 1994 ; Farzin et Tahovonen,1996 ; Hoel et Kverndokk, 1996 ; Tahvonen, 1997). Les réponses diffèrent selon la valeurretenue <strong>de</strong> certains paramètres clés et <strong>les</strong> hypothèses <strong>de</strong> mise en œuvre émises. En particulier, laquestion <strong>de</strong> la discipline au sein du cartel face à une baisse <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> se pose <strong>de</strong> manièrecruciale (Berg et al., 1997a). Une décoordination au sein <strong>de</strong> l'OPEP peut se traduire par unaccroissement <strong>de</strong> l'offre et donc une baisse <strong>de</strong>s prix ce qui implique un niveau <strong>de</strong> taxe plus élevépour atteindre un objectif <strong>de</strong> réduction donné. D'un autre côté, Bråten et Golombek (1998)suggèrent que la mise en œuvre d'une politique environnementale visant à réduire laconsommation d'énergie fossile par <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe B pourrait être interprétée comme unacte d'hostilité par <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OPEP, ce qui <strong>les</strong> inciterait à maintenir leur discipline. L'ampleuret la nature mêmes <strong>de</strong> la réponse <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'OPEP dépendra sans doute <strong>de</strong> l'ampleur relative<strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> revenus qu'ils subiront en cas <strong>de</strong> mise en œuvre du protocole <strong>de</strong> Kyoto, ces pertesse révélant plus faib<strong>les</strong> en cas d'échange <strong>de</strong> PEN entre <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe B.274


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoSi l'OPEP maintient sa discipline <strong>de</strong> cartel, <strong>les</strong> fuites <strong>de</strong> carbone en réponse à la mise enœuvre d'une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions par <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe B risquent d'être plusfaib<strong>les</strong> (Berg et al., 1997b) car le prix du pétrole sera maintenu à un niveau élevé. Quant à laforme <strong>de</strong> l'évolution dans le temps du prix <strong>de</strong>s permis en cas <strong>de</strong> marché à l'échelle <strong>de</strong> l'ensemble<strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'annexe B, Lindholt (1999) estime qu'elle n'est pas affectée par le comportement <strong>de</strong>spays <strong>de</strong> l'OPEP, le prix <strong>de</strong>s permis se trouvant simplement toujours à un niveau inférieur lorsquel'OPEP agit comme un cartel par rapport à la situation où le marché du pétrole serait compétitif(14$/tCO 2 en 2010 vs 24 $/tCO 2 ).d. Transferts technologiques et effets d'entraînement positifsL'introduction d'une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions va orienter le progrès techniquevers <strong>de</strong>s technologies plus économes en émissions, ce qui va modifier la forme <strong>de</strong> la frontière <strong>de</strong>spossibilités <strong>de</strong> production. Le développement, dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe B, <strong>de</strong> technologiespropres en réponse à la mise en place <strong>de</strong> la politique environnementale va tendre à se diffuservers <strong>les</strong> pays non-annexe B, et cet effet n'est pas pris en compte dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> étudiésprécé<strong>de</strong>mment. La question se pose alors <strong>de</strong> l'ampleur <strong>de</strong> ce phénomène et <strong>de</strong> l'impact sur <strong>les</strong>émissions par unité <strong>de</strong> PIB. C'est ce à quoi Grubb (2000) essaie <strong>de</strong> répondre à l'ai<strong>de</strong> d'un modè<strong>les</strong>implifié. Les résultats suggèrent que, en raison du caractère cumulatif et global <strong>de</strong> l'améliorationtechnologique, leur diffusion aux PED tend à dominer, à terme, <strong>les</strong> effets d'entraînementprécé<strong>de</strong>mment étudiés. Si l'on manque d'étu<strong>de</strong>s empiriques pour conclure <strong>de</strong> manière robuste surl'importance <strong>de</strong> cet effet, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Mielnik et Golombeck (2000) suggère que le potentield'un saut technologique dans <strong>les</strong> PED lié à une plus gran<strong>de</strong> coopération avec <strong>les</strong> pays développésest très important, mais que la mesure dans laquelle la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>GES influait sur l'ampleur et l'utilisation <strong>de</strong> ce potentiel <strong>de</strong>meure très incertaine.e. Conclusion : <strong>de</strong> l'importance du système <strong>de</strong> PEN sur <strong>les</strong> échangesinternationauxLa mise en place d'un système <strong>de</strong> PEN va générer <strong>de</strong> larges transferts <strong>de</strong> richesse entre <strong>les</strong>pays. Dans le cas <strong>de</strong>s Etats-Unis par exemple, McKibbin et Wilcoxen (1997a, 1997b) estimentque cela va accroître leur déficit commercial <strong>de</strong> 25 à 50 %. En outre, cela imprime uneincroyable pression sur le commerce mondial et menace d'entraîner, pour <strong>les</strong> pays développés,une très gran<strong>de</strong> volatilité dans <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> change. Cependant, Wiener (1998) défend que <strong>les</strong>transferts internationaux aux PED sont cruciaux pour accroître leur participation aux réductionsd'émissions <strong>de</strong> GES et que <strong>de</strong> tels transferts sont plus tangib<strong>les</strong> dans le cadre d'un système <strong>de</strong>PEN que lors <strong>de</strong> la distribution initiale <strong>de</strong>s permis à chacun <strong>de</strong>s pays.4. Le partage <strong>de</strong>s efforts à long termeA plus long terme, la question cruciale est bien évi<strong>de</strong>mment celle <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> d’attribution<strong>de</strong>s quotas d’émissions qui incluent l'entrée progressive <strong>de</strong> nouveau pays dans le processus <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions. Les règ<strong>les</strong> dans la littérature dépen<strong>de</strong>nt d’indicateursmacroéconomiques observab<strong>les</strong>. El<strong>les</strong> s'inscrivent toutes dans une approche particulière <strong>de</strong> lanotion d'équité 40 .40 Cf. Ridgley (1996) et Crassous (2002) pour une synthèse <strong>de</strong> la littérature sur l'équité et le partage <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions275


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoLe tableau IV.24 présente une synthèse <strong>de</strong>s différentes règ<strong>les</strong> d'allocation <strong>de</strong>s quotas etd'intégration <strong>de</strong>s PED au processus <strong>de</strong> lutte contre le réchauffement climatique. Legrandfathering qui consiste à attribuer <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> réduction en fonction <strong>de</strong>s émissions passéesne comporte pas <strong>de</strong> règle spécifique d'introduction <strong>de</strong>s pays n'appartenant pas à l'annexe B. Unseuil portant sur le PIB par tête est cependant souvent proposé. Toutefois, la différenciation <strong>de</strong>staux et notamment la possibilité d'attribuer un taux d'augmentation limitée pour <strong>les</strong> PED peutrendre inuti<strong>les</strong> certains mécanismes <strong>de</strong> transition.Le Brésil a déposé une proposition originale à Berlin, fondée sur le concept <strong>de</strong>responsabilité et le calcul <strong>de</strong>s responsabilités <strong>de</strong>s pays via leurs émissions cumulées dans letemps. Agarwal et Narain (1998) ont eux proposé une règle <strong>de</strong> convergence reposant sur <strong>les</strong>dynamiques <strong>de</strong> population régiona<strong>les</strong> mais ne prévoient aucune transition, ce qui risque <strong>de</strong>rendre la règle inacceptable pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'annexe B pour <strong>les</strong>quels le far<strong>de</strong>au à supporter dèsla première étape serait trop lourd. Jacoby et al. (1997) proposent d'allouer <strong>les</strong> quotas en fonctiondu PIB par tête selon une formule avec seuil qui intègre directement un mécanisme <strong>de</strong> transition.D’autres se réfèrent encore à l’intensité énergétique (Colombier, 1999) ou à une combinaison <strong>de</strong>plusieurs indicateurs.Tableau IV.24. Les différentes règ<strong>les</strong> d'allocation <strong>de</strong>s quotasRègle Variab<strong>les</strong> observab<strong>les</strong> Formule Paramètres négociés TransitionGrand-fathering Emissions <strong>de</strong> référence Taux <strong>de</strong> réduction uniforme Année <strong>de</strong> référence + taux <strong>de</strong> Seuils ou taux différenciésréductionPropositionbrésilienneEmissions historiquesRégle d'Agarwal PopulationRègle <strong>de</strong> Jacoby Bien-être individuel ouPIB par têteProposition du Emissions <strong>de</strong> référence etGlobal Commons populationInstituteMulti-critère Nombreuses possibilités :émissions par tête, PIBpar tête, intensitéénergétique, croissancePropositionjaponaise : menud'options d'effortPropositiondu PIB…Emissions par unité <strong>de</strong>PIB, émissions par têteCalcul <strong>de</strong>s responsabilités àl'ai<strong>de</strong> d'un modèleclimatique, réductions proportionnel<strong>les</strong>à la responsabilitéQuotas proportionnels à lapopulationTaux <strong>de</strong> réduction croissantavec la richesse par têteConvergence progressivevers un niveau uniformed'émissions par têteSomme pondérée <strong>de</strong> critèresnormalisésLibre choix ou conditionsParamétrisation du modèleclimatique, année <strong>de</strong> départ,volume <strong>de</strong> réductions àréaliserNiveau d'émissions par têteAucune dans la propositionmais intégration <strong>de</strong> seuilsstatiques ou dynamiquespossibleAucune4 paramètres interprétab<strong>les</strong> La transition fait partieintégrante <strong>de</strong> la règleAnnée et niveau <strong>de</strong> Par définition, il s'agit d'uneconvergence, année <strong>de</strong> règle <strong>de</strong> transition vers leréférencerégime d'allocation par tête.Poids + paramètre d'échelle AucuneConditions <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>soptionsOptions spécifiques pour <strong>les</strong>PEDCourbes <strong>de</strong> CmA Egalisation <strong>de</strong>s CmA Prix du carbone Seuil nécessaireaustralienneBottom-up Description <strong>de</strong>séconomies nationa<strong>les</strong>Sous-règ<strong>les</strong> sectoriel<strong>les</strong>,somme <strong>de</strong>s réductionssectoriel<strong>les</strong>Paramètres <strong>de</strong>s sous-règ<strong>les</strong>,hypothèses futuresSeuil et pério<strong>de</strong> d'ajustementSource : Crassous, 2000.276


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoPour pouvoir bénéficier <strong>de</strong>s avantages <strong>de</strong> plusieurs critères, l'organisation nongouvernementaleGlobal Commons Institute a développé un critère fusionnant <strong>les</strong> concepts <strong>de</strong>grandfathering à court terme et d'égalité <strong>de</strong>s émissions par tête à long terme. C'est également unpeu la philosophie <strong>de</strong>s propositions norvégienne et japonaise qui basent l'attribution <strong>de</strong>s quotassur plusieurs critères. Enfin, la proposition australienne vise à égaliser <strong>les</strong> efforts supportés par<strong>les</strong> pays en intégrant directement comme critère <strong>de</strong> fixation <strong>de</strong>s quotas ce que permet un marché<strong>de</strong> PEN : l'égalisation <strong>de</strong>s CmA. Néanmoins, l'évaluation ex ante <strong>de</strong> ces CmA est trop sujette àdiscussion pour que cette règle soit facilement mise en place.L'ensemble <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> citées jusque là relève d'une démarche top-down, i.e. attribuant <strong>les</strong>quotas à partir d'indicateurs globaux nationaux. Il est cependant possible d'établir <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong>d'attribution <strong>de</strong>s quotas en suivant une logique bottom-up. Ainsi, la règle du triptyque, présentéepar Phylipsen et al. (1998) pour l’annexe I, et dont l’élargissement au niveau mondial est étudiéepar Groenenberg et al. (2000) fon<strong>de</strong> l'attribution <strong>de</strong> l'effort sur l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> trois secteurs :l'industrie lour<strong>de</strong>, la production d’électricité et le secteur domestique. Des hypothèses <strong>de</strong>croissance, <strong>de</strong> progrès technique et <strong>de</strong> substitutions technologiques permettent d’établir <strong>de</strong>sréductions possib<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux premiers secteurs, tandis que le troisième est soumis à unerègle <strong>de</strong> convergence par tête. Cette règle a servi à différencier <strong>les</strong> réductions au sein <strong>de</strong> la bulleeuropéenne pour <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> Kyoto. Un autre exemple est incarné par la règle multi-secteurs(Jansen et al., 2001a) qui représente une amélioration <strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nte, dans le sens où ellepermet un niveau <strong>de</strong> détail plus élevé (7 secteurs). Pour chacun <strong>de</strong>s secteurs, <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong>croissance et <strong>de</strong> changement technique sont proposées. Cela permet <strong>de</strong> calculer <strong>de</strong>s réductionspotentiel<strong>les</strong> au niveau sectoriel puis au niveau national.Les impacts numériques <strong>de</strong> ces différents critères ne seront pas développés dans cettethèse. Des exemp<strong>les</strong> <strong>de</strong> calculs, <strong>de</strong> présentation et d'analyse <strong>de</strong> ces impacts peuvent être trouvésdans <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> Lecocq (2000), Jansen et al. (2001b) et Crassous (2002).III. ConclusionLa démarche choisie dans ce chapitre pour éclairer le débat sur <strong>les</strong> coûts d'application duprotocole <strong>de</strong> Kyoto n’a donc pas été d’interpréter plusieurs simulations réalisées à l'ai<strong>de</strong> d'unmême modèle, mais <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s enseignements <strong>de</strong> la comparaison <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s différentsmodè<strong>les</strong> disponib<strong>les</strong> et <strong>de</strong> l'analyse <strong>de</strong>s différences observées. Cela permet, premièrement, <strong>de</strong>dégager un certain nombre <strong>de</strong> résultats qui semblent robustes et <strong>de</strong>uxièmement, <strong>de</strong> mieuxappréhen<strong>de</strong>r l’ampleur et la nature <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s qui entourent ces évaluations. Les résultatsqui apparaissent robustes sont :• En premier lieu, il existe un potentiel technique <strong>de</strong> réductions <strong>de</strong>s émissions à bas coûtsvoire à coûts négatifs mais l'exploitation <strong>de</strong> ce potentiel passera par l'i<strong>de</strong>ntification et lalevée <strong>de</strong>s barrières économiques qui expliquent que ce potentiel ne soit pour l'heureutilisé. A ce titre, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> simulations <strong>de</strong> comportement d'adoption <strong>de</strong>stechnologies tel que le modèle CIMS constituent un outil pertinent d'analyse et <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong> l'écart <strong>de</strong>s résultats entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down et bottom-up.277


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto• Deuxièmement, si <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down concluent généralement à un coût nonnégligeable <strong>de</strong> la lutte contre le réchauffement climatique, ils mettent également enévi<strong>de</strong>nce que ces coûts peuvent être largement amoindris voire annulés par une politiqueéconomique pertinente (recyclage adapté aux conditions économiques nationa<strong>les</strong>spécifiques <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong> la taxe ou <strong>de</strong> la vente <strong>de</strong>s PEN, utilisation combinée <strong>de</strong>l'ensemble <strong>de</strong>s outils d'incitation <strong>de</strong> moindres émissions, orientation <strong>de</strong> la R&D vers <strong>les</strong>technologies sans carbone…).• Troisièmement, le caractère global du problème du changement climatique justifie et rendpertinente la collaboration à l'échelle <strong>de</strong> la planète pour réduire <strong>les</strong> émissions. Cetteflexibilité géographique permet <strong>de</strong> réduire considérablement <strong>les</strong> coûts en permettant <strong>de</strong>réduire là où cela est possible à moindre coûts et en optimisant donc le poids <strong>de</strong> l'effortglobal.• Enfin, une politique <strong>de</strong> lutte contre l'effet <strong>de</strong> serre s'accompagne d'un certain nombred'effets (effets redistributifs, bénéfices secondaires) qu'il convient <strong>de</strong> bien i<strong>de</strong>ntifier etévaluer afin d'adapter au mieux <strong>les</strong> instruments d'intervention.Le second axe conclusif <strong>de</strong> ce chapitre est relatif au discernement <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s quicaractérisent <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> la modélisation économique. Si l’on se réfère à la typologieprésentée dans le premier chapitre <strong>de</strong> cette thèse (cf. tableau I.3), on peut classer <strong>les</strong> différentesincertitu<strong>de</strong>s inhérentes aux exercices <strong>de</strong> modélisation cités dans ce chapitre selon leur nature,construisant ainsi le tableau IV.25.Tableau IV.25. Caractérisation <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s inhérentes à l’évaluation <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s<strong>politiques</strong> <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES.Incertitu<strong>de</strong>sur :SociétéModélisationIncertitu<strong>de</strong>s théoriques : Incertitu<strong>de</strong>s pratiques :- Incertitu<strong>de</strong> portant sur la compréhension dufonctionnement socio-économique <strong>de</strong>s PED- Incertitu<strong>de</strong> sur la compréhension <strong>de</strong>scomportements <strong>de</strong> choix technologiques- Perceptions différentes sur la capacitéd’exploitation <strong>de</strong>s potentiels sans regret- Modélisation du progrès technique- MEGC versus modè<strong>les</strong> macroéconomiqueskeynésiens- Caractère incomplet <strong>de</strong> l'information- Prise en compte <strong>de</strong>s éventuel<strong>les</strong>imperfections d’un marché mondial <strong>de</strong> PEN- Valeurs estimées <strong>de</strong>s paramètres (AAEE,élasticités, coûts <strong>de</strong>s technologiquesbackstop…)- Manques <strong>de</strong> données pour <strong>les</strong> PED- Incertitu<strong>de</strong> sur la définition <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong>référence- Incapacité à prévoir <strong>les</strong> modifications <strong>de</strong>scomportements- Incertitu<strong>de</strong> sur certaines valeurs (valeur <strong>de</strong> lavie humaine, taux d’actualisation…)- Incertitu<strong>de</strong> sur le rôle du progrès techniqueendogène- Problème d’agrégations- Propagation <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> prédictionIncertitu<strong>de</strong> sur :Compréhensiondu passéPrévision du futurCompréhensiondu passéPrévision du futur278


DémographieCroissance économiqueDeman<strong>de</strong> énergétiqueChangement structurelTableau IV.26. Impacts relatifs <strong>de</strong>s principaux déterminants <strong>de</strong>s émissions présents dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>CommentaireToutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs, une démographie plus forteentraîne <strong>de</strong>s émissions plus importantesLa croissance économique a un double effet sur <strong>les</strong> émissions.Premièrement, elle accroît l'utilisation d'énergie et donc <strong>les</strong>émissions. Mais, <strong>de</strong>uxièmement, elle accroît égalementl'investissement et donc <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> substitution auprofit <strong>de</strong> technologies moins consommatrices d'énergie.Les différents secteurs sont différemment intensifs en énergie.Un changement structurel va donc modifier la consommationénergétique totaleEffet sur <strong>les</strong> émissionsImportancerelative du facteurPositif NégatifOui FondamentaleOuiIndirectement viaun accroissement<strong>de</strong> la vitesse <strong>de</strong>renouvellement ducapitalTrès gran<strong>de</strong>Oui Oui Très gran<strong>de</strong>Changement technologique Oui FondamentaleStyle <strong>de</strong> vieExplique <strong>les</strong> changements structurels <strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong> Oui Oui Très gran<strong>de</strong>consommationOffre énergétiqueTechnologie disponible Possibilité <strong>de</strong> substitution entre <strong>de</strong>s énergies carbonées et <strong>de</strong>sénergies non carbonéesElasticités prix et revenu <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong>OuiFondamentaleTechnologie butoire Son coût représente la borne supérieure <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> réduction Oui MoyenneDes élasticités plus élevées se traduisent par <strong>de</strong>s changementsOuiGran<strong>de</strong>plus importants dans la structure <strong>de</strong> la consommationénergétiqueCoûts <strong>de</strong> transaction Oui Très gran<strong>de</strong> à courttermeInstrumentsLa catégorie d'instrument choisie (instruments économiquesvs instruments réglementaires) et le type d'instrument (prix vsquantité) vont avoir un impact sur le résultat environnemental<strong>de</strong> la politique, en fonction <strong>de</strong>s hypothèses comportementa<strong>les</strong>retenues mais également du type <strong>de</strong> recyclage <strong>de</strong>s recetteséventuel<strong>les</strong>.Oui Faible, fonction <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong>coûts279


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoL'analyse menée dans ce chapitre met en évi<strong>de</strong>nce l'importance <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référencedans l'explication <strong>de</strong>s divergences observées entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>. Si le tableau IV.26 rassemble <strong>les</strong>déterminants <strong>de</strong>s émissions dans <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>, ce sont donc <strong>les</strong> prévisions réalisées pour chacun <strong>de</strong>ces déterminants qu'il convient d'analyser finement car el<strong>les</strong> sont à l'origine d'une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>sincertitu<strong>de</strong>s qui pèsent sur l'évaluation <strong>de</strong>s coûts d'une politique environnementale interventionnisteet participent pleinement à l'accroissement <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>-ci lorsque le terme sur lequel on place l'analyses'accroît. C'est pourquoi le chapitre 5 <strong>de</strong> cette thèse s'intéresse à la diffusion dans le temps <strong>de</strong>sincertitu<strong>de</strong>s liées aux prévisions contenues dans le scénario <strong>de</strong> référence en s’intéressant enpartciluier et conformément aux enseignements fournis par le chapitre 3 au rôle <strong>de</strong>s systèmestechnologiques et énergétiques.280


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoAnnexeTableau IV.27. Etu<strong>de</strong>s nationa<strong>les</strong> avec différentes formes <strong>de</strong> recyclagePays Modèle RéférenceNiveau <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong>GESAnnée Type <strong>de</strong> recyclage Taxe nationalePrix a ∆PIB ∆WAllemagne<strong>de</strong> l'OuestE3-ME Barker, 1999 -7,8% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c 1,4% 1,2E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 1,8% 0,8Belgique E3-ME Barker, 1999 -20,2% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c 1,9% 1,2E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 1,2% 1,5Proost-VanRegemorterProost etVan Regemorter, 1995Cotisations socia<strong>les</strong> 10 -1,35 eSpot-E3 Brechet, 1998 10% Cotisations socia<strong>les</strong> 19,7 -0,2% -0,89% fDanemark E3-ME Barker, 1999 -7,3% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c 1,3% 1,8E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 1,5% 1,0Gesmec Frandsen et al., 1995 25% 2005 Forfaitaire 40 -0,7% -0,3% fMobiDK Jensen, 1998. 20% Forfaitaire 40 -1,2%Adam-Emma An<strong>de</strong>rsen et al., 1998. 1,7% Forfaitaire 7 -0,07%Espagne E3-ME Barker, 1999 -11,4% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c 1,2% 1,6E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 1,0% 1,0France E3-ME Barker, 1999 -14,2% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c 1,4% -0,9E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 1,2% 1,7Imaclim Hourca<strong>de</strong> et al., 2000 18% 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 183 -0,8% +0,13% fGemWTrapBernard et Vielle,1999-16% 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> -0,23% -0,07% fGemWTrapBernard et Vielle,1999.16% 2010 Forfaitaire 215 -0,17% -0,14% gIrlan<strong>de</strong>Fitz Gerald Fitz Gerald et McCoy,Réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte3,4%and McCoy. 1992publique-1%E3-ME Barker, 1999 -10,9% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c 0,8% 2,2E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 0,8%Italie E3-ME Barker, 1999 -10,6% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c 1,7%E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 1,6%Luxembourg E3-ME Barker, 1999 -10,7 % b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c 1,0%E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 1,0%Norvège MSG Bye, 1999 - 13,5% en 2050 Cotisations socia<strong>les</strong> ≈ 100 ≈ 0% +0,12%MSG Glomsrod et al., 1992Stabilisées en20002010 Forfaitaire -2,7%Pays-Bas E3-ME Barker, 1999 -5,8% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c -0,8%E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> -0,9%Portugal E3-ME Barker, 1999 -5,6% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c 0,6%E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 1,7%281


Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoPays Modèle RéférenceNiveau <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong>Année Type <strong>de</strong> recyclage Taxe nationaleGESRoyaume-UniE3-ME Barker, 1999 -9,0% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 156,5 c 1,8%CambridgeMDMBarker, 1999 -8% 2005 TVA +0,2%E3-ME Barker, 1999 -10% d 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 2,2%U.E. GEM E3 Capros, 1999b -10% b 2010 Cotisations socia<strong>les</strong> 88,0 h -0,20%GEM E3 Capros, 1999b -10% b 2010Subventions àl'investissement81,8 h -0,21%U.S.A. DRI Shackleton et al., 1996 2010 Impôt sur le revenu 39,8 i -0,76% j -0,39% fGoul<strong>de</strong>r Goul<strong>de</strong>r, 1995 Impôt sur le revenu 25 -0,74% j -0,33% kJorgenson-WilcoxenShackleton et al., 1996 Impôt sur le revenu 39,8 i 0,19% lJorgenson-WilcoxenShackleton et al., 1996 Taxe sur le capital 39,8 i +0,95% j 0,19% lLink Shackleton et al., 1996 Impôt sur le revenu 39,8 i -0,35% j -0,51% ca En US$ 1990.b Réductions européennes multilatéra<strong>les</strong> coordonnéesc En Ecus/tC.d Réductions européennes nationa<strong>les</strong> non-coordonnées.e Variation équivalente en pourcentage du bien-être total <strong>de</strong> référence dans le cas <strong>de</strong> salaires flexib<strong>les</strong> et d'aversion pour l'inégalité. Modèle à <strong>de</strong>uxpério<strong>de</strong>s.f Consommation privée.g∆ du surplus <strong>de</strong>s ménages en % <strong>de</strong> leur consommation finale.h En Ecus 85/tC.i Début à 15$ par tonne en 1990, croissance <strong>de</strong> 5% par an jusqu'à atteindre 39,8 $ par tonne en 2010, puis stabilisation à ce niveau.j Pourcentage <strong>de</strong> variation du PNB réel en 2010.k Coût en bien-être par dollar <strong>de</strong> revenu <strong>de</strong> la taxe, mesuré par la variation équivalente.lVariation équivalente en pourcentage <strong>de</strong> la richesse privée <strong>de</strong> référence.282


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Chapitre 4 - Présentation et analyse <strong>de</strong>s coûts d'application du protocole <strong>de</strong> KyotoZhang, Z.X., 2000 : Estimating the Size of the Potential Market for the Kyoto Mechanisms.Weltwirtschaftlich. Arch 136, pp. 491-520.Zhang, Z.X., 2001 : An Assessment of the EU Proposal for Ceilings on the Use of Kyoto FlexibilityMechanisms. Ecological Economics, 37, pp. 53-69.301


302


Chapitre 5Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>dans le long terme :analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence« La science est une balle dans l’univers <strong>de</strong> l’ignorance.Plus on étend notre connaissance, plus la surface d’ignorancerencontrée par la balle est gran<strong>de</strong>. »Pascal303


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence304


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceTable <strong>de</strong>s matièresI. De l'importance du scénario <strong>de</strong> référence dans la détermination <strong>de</strong>s coûts ....................307II. Vers <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence "<strong>de</strong> référence"...............................................................311A. Les scénarios antérieurs aux SRES .............................................................................3131. Scénarios GIEC IS92 a à f.......................................................................................3132. Scénarios IIASA&WEC 1995 A1, A2, A3, B, C1, C2...........................................315B. Les scénarios SRES.....................................................................................................3161. Présentation .............................................................................................................3162. Analyse détaillée .....................................................................................................320a. Analyse à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya ................................................................320b. La démographie...................................................................................................322c. La croissance économique ..................................................................................326d. Energie et progrès technique ...............................................................................330e. Productivité et intensité énergétique ...................................................................332f. Autres déterminants du niveau <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES en 2100..........................333g. Conclusion...........................................................................................................3393. Evolution <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>s différents GES selon <strong>les</strong> scénarios SRES .................343a. Le dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone (CO 2 )..............................................................................343b. Les autres GES....................................................................................................3484. Conclusion...............................................................................................................351Bibliographie du chapitre 5 .................................................................................................... 360305


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence306


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceOn a montré dans le chapitre 4 que plusieurs incertitu<strong>de</strong>s pesaient sur l'évaluation <strong>de</strong>scoûts d'une politique <strong>de</strong> lutte contre l'effet <strong>de</strong> serre (incertitu<strong>de</strong> sur l'existence etl'ampleur d'un potentiel sans regret, incertitu<strong>de</strong> sur la capacité d'un recyclage pertinent àannuler <strong>les</strong> coûts techniques <strong>de</strong> dépollution, incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> bénéfices liés à la mise en ouvreconjointe <strong>de</strong> l'effort <strong>de</strong> réduction, incertitu<strong>de</strong> sur le rôle <strong>de</strong> la recherche et développement (R&D)dans la réduction <strong>de</strong>s coûts futurs…). La plupart <strong>de</strong> ces incertitu<strong>de</strong>s sont captées soit à travers lavaleur <strong>de</strong> quelques paramètres clés, soit à travers la formulation même du modèle. Or, onobserve encore un distinguo important entre <strong>les</strong> travaux théoriques qui tentent <strong>de</strong> traiter <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong> (métho<strong>de</strong>s présentées dans le chapitre 1) et le traitement <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> opéré par <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> appliqués. Ces <strong>de</strong>rniers limitent, pour la plus gran<strong>de</strong> majorité d'entre eux, ce traitementà quelques tests <strong>de</strong> sensibilité sur <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> clés.L'analyse, tant qualitative que quantitative <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> met en évi<strong>de</strong>nce lerôle joué par <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> référence dans l'explication <strong>de</strong>s différences observées dans <strong>les</strong>résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>. Ce chapitre vise donc à mieux comprendre comment sont construits cesscénarios, à en évaluer la cohérence interne et à mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> paramètres clés <strong>de</strong> cesscénarios dans la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> à long terme. On peut appréhen<strong>de</strong>r une partie <strong>de</strong>l'incertitu<strong>de</strong> par le biais <strong>de</strong> scénarios <strong>de</strong> référence alternatifs et c'est l'utilisation dans un cadreunifié <strong>de</strong> ces différents scénarios qui permet ensuite, par l'interprétation <strong>de</strong>s résultats donnés parle modèle, <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce certains points où l'incertitu<strong>de</strong> joue un rôle important. Lapremière partie <strong>de</strong> ce chapitre s'attache à illustrer le rôle central joué par le scénario <strong>de</strong> référencedans la détermination <strong>de</strong>s résultats numériques <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>, et comment son importance s'accroîtencore lorsque le terme s'éloigne. Alors, la secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ce chapitre propose une analyseplus en profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> long terme <strong>les</strong> plus souvent utilisés par <strong>les</strong>équipes <strong>de</strong> modélisation.I. De l'importance du scénario <strong>de</strong> référence dans ladétermination <strong>de</strong>s coûtsDans le <strong>de</strong>uxième chapitre <strong>de</strong> cette thèse, il a été rappelé combien il était dommage que<strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> référence utilisés par <strong>les</strong> modélisateurs pour produire leurs résultats ne soientque trop rarement explicités. Il existe pourtant un lien très étroit entre le contenu <strong>de</strong> ce scénario<strong>de</strong> référence et la valeur obtenue pour le coût marginal d'abattement. C'est ce qu'illustre letableau V.1 en mettant en rapport <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>s permis d'émissions négociab<strong>les</strong> (PEN) et la valeur<strong>de</strong>s émissions retenues dans le scénario <strong>de</strong> référence, dans le cas d'un marché limité à l'annexe Bet dans celui d'un marché global. Les coefficients <strong>de</strong> corrélation calculés sont bien entendu àinterpréter avec <strong>les</strong> plus gran<strong>de</strong>s précautions dans la mesure où il captent en réalité bien d'autresphénomènes également corrélés avec le niveau <strong>de</strong>s émissions. Ils mettent toutefois en évi<strong>de</strong>nce legrand rôle que joue la rédaction du scénario <strong>de</strong> référence, notamment en termes d'émissions,dans l'explication <strong>de</strong>s différences observées dans <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>. Cette intuition estconfirmée par <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> Repetto et Austin (1997) (cf. chapitre 4) qui montrent que <strong>les</strong>différences <strong>de</strong> pourcentage <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 nécessaire pour atteindre <strong>les</strong>objectifs <strong>de</strong> Kyoto permettent d'expliquer environ à el<strong>les</strong> seu<strong>les</strong> 50% <strong>de</strong> la variance <strong>de</strong>s résultatsentre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>.307


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceTableau V.1.Niveaux <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> l'annexe B dans <strong>les</strong> différents scénarios <strong>de</strong> référence utilisés par <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>Modèle Référence GESEmissions(en millions <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> CO 2 )Réduction nécessaire(en %)Prix <strong>de</strong>s permis(en $US 2000/tonne CO 2 )(Marché limité à l'annexe B)Prix <strong>de</strong>s permis(en $US 2000/tonne CO 2 )(Marché global)1990 2010 KyotoEDGE Jensen et Thelle (2001) 6 17 614 18 344 16 723 9 11Zhang Zhang (2000) 6 18 112 19 062 17 171 10 3GEM-E3 Capros (1999) CO 2 10 17 8POLES Criqui et Viguier (2000) CO 2 14 450 16 331 13 673 12 17 6CICERO Holtsmark et Maestad (2002) 6 17 819 19 390 16 907 13 16ECN Sijm et al. (2000) 6 17 473 19 458 16 766 14 3SGM MacCracken et al. (1999) 6 18 014 20 090 17 114 15 23 8ECN Sijm et al. (2000) CO 2 14 044 15 664 13 194 16 19 4GREEN Burniaux (2000) 3 18 17GTEM Jakeman et al. (2001) 3 17 640 21 620 16 758 22 26Worldscan Bollen et al. (1999) CO 2 22 6GREEN van <strong>de</strong>r Mensbrugghe (1998) CO 2 16 804 20 761 16 009 23 18 7EPPA Ellerman et al. (1998) CO 2 14 509 18 172 13 765 24 44 8ISGM Reilly et al. (1999) 6 17 809 22 282 16 753 25GTEM Tulpulé et al. (1999) CO 2 25 36Coefficient <strong>de</strong> corrélation total 0,76 0,36Coefficient <strong>de</strong> corrélation pour <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s multi-gaz 0,83 0,65Coefficient <strong>de</strong> corrélation pour <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s CO 2 0,73 0,126 : C0 2 , CH 4 , NO 2 , PFC, HFC et SF 6 . 3 : C0 2 , CH 4 et NO 2GES : Gaz à effet <strong>de</strong> serreCO 2 : Dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carboneCH 4 : MéthaneNO 2 : Oxy<strong>de</strong> nitreuxPFC : PerfluorocarboneHFC : HydrofluorocarboneSF 6 : Hexachlorure <strong>de</strong> souffre308


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceCependant, ces résultats sont à nuancer par ceux obtenus par Fischer et Morgenstern(2003) qui montrent que l'importance du scénario <strong>de</strong> référence dans la détermination <strong>de</strong>s coûtsmarginaux d'abattement (CmA) dépend <strong>de</strong>s régions et <strong>de</strong>s objectifs d'abattement que l'on simule,comme l'illustre le tableau V.2 ci-<strong>de</strong>ssous. Par exemple, si l'objectif est <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> émissions<strong>de</strong>s USA (United States of America) à un niveau situé 10% au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> celui fixé par leprotocole <strong>de</strong> Kyoto, <strong>les</strong> différences entre <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> référence n'expliquent que 2,5% <strong>de</strong>sdifférences observées dans <strong>les</strong> coûts marginaux d'abattement produits par <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>. Lorsque<strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> Kyoto sont pleinement remplis, ce pourcentage s'élève à 8. Pour la région CANZ(Canada-Australie-Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>), ce pourcentage atteint la valeur <strong>de</strong> 24 ce qui semble donctempérer l'importance du scénario <strong>de</strong> référence dans la détermination <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> résultatsentre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>. Mais il convient <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à l'esprit que la variable expliquée dans l'analyse <strong>de</strong>Fischer et Morgenstern est le CmA tandis qu'il s'agit du produit intérieur brut (PIB) chez Repettoet Austin. Nous avons présenté dans le <strong>de</strong>uxième chapitre <strong>les</strong> différences fondamenta<strong>les</strong> entre <strong>les</strong><strong>de</strong>ux indicateurs et comment un coût marginal élevé pouvait être associé à un coût total faible etréciproquement (cf. Figure II.8) 1 .Dans le cas du Japon, si <strong>les</strong> différences dans <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> référence expliquent plus duquart <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> observées dans <strong>les</strong> résultats lorsque l'objectif correspond au niveau fixé par Kyotoplus 10%, el<strong>les</strong> n'expliquent plus que 10% <strong>de</strong> ces différences lorsque <strong>les</strong> objectifs d'abattementsont ceux définis par le protocole. Comme pour l'Union Européenne (UE) et contrairement auxautres régions, la part <strong>de</strong>s différences observées dans <strong>les</strong> CmA attribuab<strong>les</strong> à <strong>de</strong>s divergencesdans <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> référence est une fonction croissante <strong>de</strong> la sévérité <strong>de</strong>s objectifsd'abattement simulés.Tableau V.2.Effets du scénario <strong>de</strong> référence sur le coût marginal d'abattementObjectif <strong>de</strong> KyotoPourcentage <strong>de</strong> USA UE CANZ JAPONvariation du Ln 8.0 1.6 24 7.9du coût marginalObjectif <strong>de</strong> Kyoto + 5%expliqué par <strong>de</strong>s USA UE CANZ JAPONdifférences <strong>de</strong> 5.1 3.8 16.4 15.0scénarios <strong>de</strong>Objectif <strong>de</strong> Kyoto + 10%référence entre <strong>les</strong> USA UE CANZ JAPONmodè<strong>les</strong> 2.5 11.9 1.2 26.8Note : Il s'agit du R 2 associé au coefficient <strong>de</strong> la régression du Ln du coût marginal d'abattement sur le % <strong>de</strong>réduction nécessaire pour atteindre l'objectif.Source : Fischer et MorgensternC'est donc la combinaison entre <strong>les</strong> émissions du scénario <strong>de</strong> référence et l'objectifd'abattement simulé qui détermine l'importance du scénario <strong>de</strong> référence dans l'explication <strong>de</strong>sdivergences observées dans <strong>les</strong> résultats. Le graphique V.1 présente <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> stabilisation enfonction du scénario <strong>de</strong> référence en termes <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> PIB en 2050 pour plusieurs objectifs <strong>de</strong>stabilisation. Ces coûts représentent la moyenne <strong>de</strong>s coûts évalués par <strong>les</strong> six modè<strong>les</strong> ayant servi1 Le coût marginal étant calculé dans ces modè<strong>les</strong> comme le prix dual associé au <strong>de</strong>sserrement <strong>de</strong> la contrainte, onpeut l'interpréter comme un coût marginal macroéconomique plutôt que technique. Le PIB étant un indicateur ducoût macroéconomique, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux objets sont <strong>de</strong> nature comparable, ce qui autorise le rapprochement avec leraisonnement développé dans le chapitre 2.309


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceà la quantification <strong>de</strong>s storylines 2 SRES (Special Report on Emissions Scenarios), à savoir <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> AIM, ASF, MARIA, MiniCAM, MESSAGE et WorldScan (cf. partie II.B).Graphique V.1. Impact du choix du scénario <strong>de</strong> référence sur le coût en PIB<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions pour divers objectif <strong>de</strong> concentration(perte <strong>de</strong> PIB moyenne en 2050 par rapport à six scénarios SRES <strong>de</strong> référence)4.50%% <strong>de</strong> réduction par rapportau scénario <strong>de</strong> référence4.00%3.50%3.00%2.50%2.00%1.50%1.00%0.50%A1A1TA2B1B2A1F10.00%450 550 650 750Objectif <strong>de</strong> concentrationCe graphique illustre trois résultats majeurs :• Le coût <strong>de</strong> stabilisation à 450 ppmv (parties par million en volume) est beaucoup plusélevé que celui <strong>de</strong> stabilisation à 550 ppmv ou plus car il implique une très gran<strong>de</strong>contrainte, à la fois dans le développement <strong>de</strong>s pays aujourd'hui faiblement émetteurs etdans le contrôle <strong>de</strong>s émissions par <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDE (Organisation pour la Coopérationet le Développement Economique).• Le scénario <strong>de</strong> référence est crucial dans la détermination <strong>de</strong>s coûts associés à unepolitique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. On constate par exemple que l'on obtient <strong>de</strong>s coûtscomparab<strong>les</strong> lorsque l'on souhaite atteindre un niveau <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong> 750 ppmv avecpour scénario <strong>de</strong> référence le scénario A1F1 à ceux que l'on obtient lorsque l'on souhaitestabiliser <strong>les</strong> émissions à 550 ppmv en retenant d'autres scénarios <strong>de</strong> référence.• Les coûts <strong>de</strong> stabilisation restent très faib<strong>les</strong> puisque le taux <strong>de</strong> croissance annuel du PIBsur la pério<strong>de</strong> 2100 est réduit au minimum <strong>de</strong> 0,003% et au maximum <strong>de</strong> 0,06% parrapport au scénario <strong>de</strong> référence.Si <strong>les</strong> coûts sont plus bas en 2020, ils atteignent un maximum en 2050 avant <strong>de</strong>re<strong>de</strong>scendre pour toutefois atteindre en 2100 un niveau plus élevé que celui <strong>de</strong> 2020.2 On appelle storyline un scénario qualitatif présentant une vision cohérente d’un futur possible. C’est autour <strong>de</strong>squatre storylines qu’ont été effectuées <strong>les</strong> quarante simulations qui constituent l’ensemble <strong>de</strong>s scénarios SRES.310


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceIl convient <strong>de</strong> préciser que la plupart <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> stabilisation simulés icin'incorporent pas la plupart <strong>de</strong>s effets qui permettent <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> coûts et qui ont été discutésdans le chapitre précé<strong>de</strong>nt (apparition <strong>de</strong> technologies peu intensives en émissions, transfertsfinanciers et technologiques adéquats…).Le graphique V.2 confirme l'intuition selon laquelle <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> coûts observées àla lecture du graphique précé<strong>de</strong>nt sont principalement liées aux différences <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>sémissions que l'objectif <strong>de</strong> stabilisation implique en fonction du scénario <strong>de</strong> référence.Graphique V.2. Réductions moyennes <strong>de</strong> PIB et <strong>de</strong> CO 2 en 2050selon <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> référence pour un objectif <strong>de</strong> stabilisation à 550 ppmvEn % du PIB<strong>de</strong> référence2.0%1.5%1.0%0.5%0.0%A1FIA2B2A1A1TB10% 10% 20% 30% 40% 50% 60%En % <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 <strong>de</strong> référenceLes schémas régionaux <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong> PIB sont également déterminés par le niveaud'abattement requis, donc par le niveau absolu et relatif (aux autres régions) d'émissions dans <strong>les</strong>cénario <strong>de</strong> référence, par <strong>les</strong> hypothèses retenues concernant l'existence d'un marché <strong>de</strong> PEN et<strong>les</strong> transferts financiers et technologiques. Dans la plupart <strong>de</strong>s scénarios SRES, <strong>les</strong> émissionsdans <strong>les</strong> pays en développement (PED) <strong>de</strong>viennent plus élevées que <strong>les</strong> émissions dans <strong>les</strong> pays<strong>de</strong> l'annexe B à partir <strong>de</strong> 2020.II. Vers <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence "<strong>de</strong> référence"La construction d'un scénario <strong>de</strong> référence est une étape fondamentale dans l'évaluation<strong>de</strong>s dommages et <strong>de</strong>s coûts liés à l'effet <strong>de</strong> serre et à son éventuel évitement. C'est à cettesituation <strong>de</strong> référence que l'on compare un scénario interventionniste pour en évaluer <strong>les</strong> coûts.Son impact sur <strong>les</strong> résultats quantitatifs est donc extrêmement important. Il est clair par exempleque, plus <strong>les</strong> émissions retenues dans le scénario <strong>de</strong> référence sont élevées, plus le sont <strong>les</strong> coûtsd'atteinte d'un objectif environnemental basé sur <strong>les</strong> émissions passées ou sur un objectif <strong>de</strong>concentration finale en ppmv.Se pose alors la question <strong>de</strong> la nature du scénario <strong>de</strong> référence. En premier lieu, on doits'interroger sur le traitement <strong>de</strong>s ruptures par rapport aux trends passés. En effet, si l'on sait assezbien mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> ruptures dans <strong>les</strong> trends passés (grâce au test <strong>de</strong> Chow par exemple),on arrive mal à prévoir l'évolution <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> ou <strong>les</strong> mécanismes qui ont causé ces rupturesdans le passé et surtout à mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> seuils au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>squels <strong>les</strong> ruptures seproduisent. Néanmoins, il est évi<strong>de</strong>nt qu'à l'horizon d'un siècle <strong>de</strong>s ruptures vont se produire, à lafois dans <strong>les</strong> trends socio-économiques, énergétiques et technologiques et c'est par la multiplicité<strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence construits que l'on répond à ce problème. Il apparaît donc que touteétu<strong>de</strong> qui ne prend en considération qu'un seul scénario <strong>de</strong> référence ne fournit qu'une évaluationincomplète et dangereusement biaisée <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> l'intervention.311


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceUn second problème se pose qui est celui <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> la non-intervention. En effet, <strong>les</strong>scénarios <strong>de</strong> référence construits pour servir <strong>de</strong> base à une évaluation <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> lutte contrel'effet <strong>de</strong> serre n'introduisent aucune politique spécifique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES.Néanmoins, il n'existe aucune raison <strong>de</strong> ne pas introduire dans <strong>de</strong> tels scénarios <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong>environnementa<strong>les</strong> dont l'objectif est autre que la lutte contre le changement climatique. Unedouble interrogation peut alors être formulée : peut-on toujours clairement considérer qu'unepolitique environnementale spécifique n'a que <strong>de</strong>s objectifs autres que la réduction <strong>de</strong>s émissions<strong>de</strong> GES et, si oui, cela n'entraîne-t-il pas une incohérence dans la politique environnementaleconsidérée dans le scénario <strong>de</strong> référence ?Il existe <strong>de</strong>ux principa<strong>les</strong> raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> un consensus est apparu sur l'intérêt <strong>de</strong>construire <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence communs à toutes <strong>les</strong> équipes <strong>de</strong> modélisation. Toutd'abord, en raison du travail considérable que représente la construction d'un scénario <strong>de</strong> longterme pour qu'il soit crédible mais surtout cohérent <strong>de</strong> manière interne et dynamique, il est clairqu'il vaut mieux concentrer <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> tous autour <strong>de</strong> quelques projets plutôt que <strong>de</strong> multiplier<strong>de</strong>s travaux moins pointus. En second lieu, si l'intérêt <strong>de</strong> multiplier <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> pour traiter unproblème tel que le réchauffement <strong>de</strong> la planète peut paraître clair (bien que l'on ait vu que laconstruction <strong>de</strong> scénarios <strong>de</strong> référence alternatifs soit peut-être plus importante que celle <strong>de</strong>modè<strong>les</strong> alternatifs), il convient que <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> résultats soient liées uniquement à lastructure du modèle et non pas aux hypothèses formulées pour la construction du scénario <strong>de</strong>référence. Il était alors logique que l'IPCC (<strong>International</strong> Panel on Climate Change) se charge <strong>de</strong>construire <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> référence qui seraient utilisés par toutes <strong>les</strong> équipes <strong>de</strong> modélisation.Il est bien sûr impossible d’imaginer ce que sera le mon<strong>de</strong> à la fin du XXI e siècle.Néanmoins, <strong>les</strong> scénarios se concentrent sur <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> forces en présence pour en donnerune image plausible :- nature du développement démographique global et régional ;- mesure dans laquelle la globalisation économique et <strong>les</strong> interactions socia<strong>les</strong> etculturel<strong>les</strong> se poursuivent au long du siècle prochain ;- taux <strong>de</strong> développement économique global et régional et évolution <strong>de</strong>s échangescommerciaux internationaux ;- taux et direction du progrès technique ;- importance accordée à l’environnement, l’économie, le social et la technologie dans<strong>les</strong> choix <strong>de</strong>s gouvernements, <strong>de</strong>s consommateurs, <strong>de</strong>s entreprises et autres partiesprenantes;- <strong>de</strong>gré d’utilisation <strong>de</strong>s ressources humaines et naturel<strong>les</strong>.Après avoir présenté <strong>les</strong> principaux scénarios <strong>de</strong> référence, nous nous intéresserons plusparticulièrement aux scénarios SRES développé récemment par l'IPCC (2000).312


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceA. Les scénarios antérieurs aux SRESEn avril 1998, la base <strong>de</strong> donnée <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence rassemblée par le GIEC(Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) 3 (Morita et Lee, 1997)comportait plus <strong>de</strong> 416 scénarios provenant <strong>de</strong> 171 sources différentes. Même en limitant larecherche aux seuls travaux à la fois mondiaux et régionalisés, cette base <strong>de</strong> donnée proposaitencore une centaine <strong>de</strong> scénarios fournis par 32 sources différentes. L’ampleur <strong>de</strong> l’offre, quis’est encore accrue <strong>de</strong>puis la mise en place <strong>de</strong> cette base, nous impose donc <strong>de</strong> faire un choix.Au palmarès <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence, <strong>les</strong> six IS92 proposés par le GIEC en 1992(Leggett et al., 1992, Alcamo et al., 1994) s’imposent <strong>de</strong> manière évi<strong>de</strong>nte. Nous allons nous yintéresser plus particulièrement car c'est sur la base <strong>de</strong> l'expérience acquise lors <strong>de</strong> l'élaboration<strong>de</strong> ces six scénarios mais également pour répondre aux critiques qui avaient été formulées à leurencontre, que le processus SRES a été développé. Ces six scénarios ont constitué une référenceincontournable pour tous <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> modélisation numérique autour du changementclimatique dans <strong>les</strong> années 90. Le scénario IS92a en particulier a probablement constitué <strong>les</strong>cénario <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s évaluations numériques <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> <strong>climatiques</strong>jusqu'à la publication <strong>de</strong>s scénarios SRES.Toutefois, d'autres scénarios ont été également régulièrement utilisés par <strong>les</strong>modélisateurs. Nous retenons ici <strong>les</strong> six scénarios publiés par l’IIASA (<strong>International</strong> Institute forApplied Systems Analysis) 4 et le WEC (World Energy Council 5 ) (IIASA & WEC, 1995 ;Nakic;'enovic;' et al., 1998). En termes <strong>de</strong> diffusion et <strong>de</strong> réutilisation dans d’autres travaux <strong>de</strong>modélisation, <strong>les</strong> trajectoires <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> l’Energy Mo<strong>de</strong>lling Forum (EMF, 1999) ou <strong>les</strong>cénario régionalisé proposé par Manne et Richels (1992) auraient tout autant mérité <strong>de</strong> figurerdans la liste.1. Scénarios GIEC IS92 a à fDès 1989, le GIEC a souhaité préparer <strong>de</strong>s scénarios d’émissions permettant <strong>de</strong> fourniraux climatologues une base pour estimer <strong>les</strong> changements <strong>climatiques</strong> possib<strong>les</strong> à l’horizon 2100si aucune politique climatique n’était mise en œuvre d’ici là. Ce premier jeu <strong>de</strong> scénario a étépublié en 1990 (IPCC, 1990). Compte tenu <strong>de</strong>s évolutions géo<strong>politiques</strong> majeures survenues àcette époque (guerre du Golfe, chute du mur <strong>de</strong> Berlin), <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> données prospectives dansle domaine <strong>de</strong> la population, d’une révision à la hausse <strong>de</strong>s émissions liées à la déforestation et<strong>de</strong> la nécessité d’inclure d’autres gaz à effet <strong>de</strong> serre non pris en compte en 1990, le GIEC arapi<strong>de</strong>ment décidé <strong>de</strong> se doter d’un nouveau jeu <strong>de</strong> scénarios qui sera finalement publié en 1992(Leggett et al., 1992).Ces scénarios vont connaître un succès très important à la fois comme données d’entrée<strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>climatiques</strong>, mais aussi comme scénarios <strong>de</strong> référence <strong>de</strong>s très nombreuses étu<strong>de</strong>séconomiques publiées <strong>de</strong>puis lors. Le scénario IS92a en particulier, présenté comme le cas"central" ou "médian" par le GIEC en 1992, est quasi systématiquement employé par <strong>les</strong>modélisateurs.3 Traduction <strong>de</strong> IPCC4 Institut international d'analyse <strong>de</strong>s systèmes appliqués5 Conseil Mondial <strong>de</strong> l’Energie313


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceD’un point <strong>de</strong> vue méthodologique, notons que <strong>les</strong> scénarios IS92 ont été numérisés aumoyen du modèle ASF (Atmospheric Stabilization Framework) développé par l’Agence <strong>de</strong>Protection <strong>de</strong> l’Environnement américaine. Ce modèle énergétique calcule en fonctiond’hypothèses généra<strong>les</strong> sur la croissance économique et démographique et sur le progrèstechnique le jeu <strong>de</strong> prix qui équilibre offre et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’énergie. Il combine ensuite ces résultatsà <strong>de</strong>s hypothèses technologiques pour en déduire <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 dans différents secteurs<strong>de</strong> l’économie (IPCC, 2000).Les scénarios IS92 sont au nombre <strong>de</strong> six. Le premier, IS92a, est un scénario "médian"dont le second, IS92b, constitue une variation mineure. Les quatre scénarios restant,respectivement dénommés IS92c, d, e et f, font varier <strong>de</strong> manière importante <strong>les</strong> projections surla croissance économique et/ou démographique. Ils constituent ainsi <strong>de</strong>s cas extrêmes <strong>de</strong>stinésavant tout à ai<strong>de</strong>r l’analyse <strong>de</strong> sensibilité <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> économiques.Le scénario IS92a représente ainsi une projection médiane, avec une population <strong>de</strong> 11,3milliards d’habitants en 2100 et un taux <strong>de</strong> croissance mondial 1990-2100 <strong>de</strong> 2,3% par an. Lescénario IS92b ajoute à IS92a <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> et mesures liées au CO 2 qui entraînent une petiteréduction <strong>de</strong>s émissions (-6% en 2100).Le scénario IS92c suppose une croissance beaucoup plus faible <strong>de</strong> la population (jusqu’à6,4 milliards en 2100), ainsi qu’une croissance économique <strong>de</strong> 1,2% par an. Le scénario IS92dreprend <strong>les</strong> mêmes hypothèses démographiques qu’IS92c, mais avec une croissance économiqueplus forte (2% par an) qui, même si elle contribue à faire pénétrer plus rapi<strong>de</strong>ment <strong>les</strong>technologies propres, entraîne au final <strong>de</strong>s émissions plus élevées (9,9 GtC par an en 2100 dansIS92d contre 4,6 dans IS92c). Le scénario IS92e reprend <strong>les</strong> hypothèses <strong>de</strong> population <strong>de</strong> IS92a,mais fait l’hypothèse d’une croissance économique nettement plus rapi<strong>de</strong> (3% par an entre 1990et 2100). Du fait d’hypothèses basses sur la pénétration <strong>de</strong>s technologies propres, <strong>les</strong> émissionsatteignent 34,9GtC en 2100. Le scénario IS92f, enfin, suppose une croissance <strong>de</strong> la populationplus rapi<strong>de</strong> que dans IS92a (17,6 milliards d’habitants en 2100), mais le même taux <strong>de</strong>croissance <strong>de</strong> l’économie. Les émissions s’établissent alors à 25,9 GtC par an en 2100, ce quitraduit le fait que la croissance économique est dans le modèle ASF le principal moteur <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong> carbone (Alcamo et al., 1994).Le GIEC a conduit en 1994 une importante entreprise d’expertise <strong>de</strong>s scénarios IS92(Alcamo et al., 1994) basée sur une comparaison systématique avec <strong>les</strong> trajectoires <strong>de</strong> référencepubliées dans la littérature après 1992. Cette évaluation a permis <strong>de</strong> montrer que d’un point <strong>de</strong>vue global, <strong>les</strong> scénarios IS92 couvrent correctement le champ <strong>de</strong>s possib<strong>les</strong>. Du point <strong>de</strong> vuerégional par contre, <strong>les</strong> hypothèses retenues s’avèrent la plupart du temps trop élevées ou tropfaib<strong>les</strong> par rapport aux projections régiona<strong>les</strong> publiées postérieurement, en particulier pour <strong>les</strong>pays <strong>de</strong> l’Est. En outre, <strong>les</strong> estimations <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES autres que le CO 2 sont jugées peufiab<strong>les</strong> et un effort est <strong>de</strong>mandé pour mieux assurer la cohérence <strong>de</strong>s hypothèses économiques <strong>de</strong>base (IPCC, 1995a).Alcamo et al. (1994) se penchent enfin sur le cas du scénario IS92a. Ils rappellent qu’ilne s’agit pas d’un scénario médian, et que même si tel était le cas, il n’y aurait aucune raisonpour le considérer comme un futur plus probable que <strong>les</strong> autres. Ils recomman<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> faitd’utiliser l’ensemble <strong>de</strong>s six scénarios <strong>de</strong> référence et non pas un seul, une recommandation quise révèle aujourd’hui avoir été peu suivie. Cette remarque est fondamentale car c'est pourcombattre cette idée que <strong>les</strong> auteurs <strong>de</strong>s SRES insistent sur le fait qu'aucun scénario n'est plusprobable qu'un autre et qu'il ne s'agît pas <strong>de</strong> choisir parmi <strong>les</strong> scénarios celui que l'on veut suivre,314


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référencemais <strong>de</strong> choisir, parmi <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> environnementa<strong>les</strong>, cel<strong>les</strong> qui sont <strong>les</strong> plus robustes auxaléas qui différencient ces scénarios, ou au moins à certains d'entre-eux.2. Scénarios IIASA&WEC 1995 A1, A2, A3, B, C1, C2Les six scénarios publiés par l’IIASA et le Conseil Mondial <strong>de</strong> l’Energie (WEC) en 1998sont en fait le résultat <strong>de</strong> huit années <strong>de</strong> recherches menées conjointement par ces <strong>de</strong>uxorganismes. Le point <strong>de</strong> départ est donné en 1993 par le rapport Energy for Tomorrow’s World(WEC, 1993) qui analyse l’avenir <strong>de</strong> l’offre et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> énergétique au niveau mondial àl’horizon 2020. Sur cette base, l’IIASA et le WEC développent six scénarios énergétiques àl’horizon 2100 (IIASA & WEC, 1995). Ces scénarios ont ensuite été relus et régionalisés pouraboutir à l’ouvrage Global Energy Perspective (Nakic;'enovic;' et al., 1998).Comme l’indique le nom <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, l’objectif principal <strong>de</strong> l’IIASA et du WEC estd’étudier <strong>les</strong> évolutions possib<strong>les</strong> du secteur énergétique. Il est par conséquent logique <strong>de</strong>constater que <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong>s réserves énergétiques fossi<strong>les</strong>, la nature du progrès technique àlong terme dans ce secteur et la forme plus ou moins volontariste <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> publiques sont<strong>les</strong> paramètres discriminants entre <strong>les</strong> scénarios. La croissance économique, donnée <strong>de</strong> manièreexogène, vient ensuite avec une fourchette relativement étroite (entre 2,1% et 2,5%). Lesincertitu<strong>de</strong>s sur l’évolution démographique ne sont par contre pas prises en compte : <strong>les</strong> sixscénarios comportent la même évolution démographique basée sur <strong>les</strong> projections <strong>de</strong> la BanqueMondiale <strong>de</strong> 1992.Le premier scénario, dénommé A, est très optimiste sur la croissance (2,5% <strong>de</strong> croissanceannuelle mondiale moyenne d’ici à 2100) et sur le progrès technique. En termes régionaux, lacroissance très rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pays en voie <strong>de</strong> développement leur permet <strong>de</strong> rattraper d’ici à 2100leur retard sur <strong>les</strong> pays développés. Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’offre énergétique, trois options sontconsidérées :• Dans le scénario A1, l’offre d’énergie pour le siècle prochain est principalement baséesur le pétrole et le gaz naturel. Dans ce scénario, <strong>les</strong> hypothèses sur <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong>sréserves <strong>de</strong> pétrole et <strong>de</strong> gaz naturel et sur le progrès technique sont tel<strong>les</strong> que ces <strong>de</strong>uxsources d’énergie s’avèrent à la fois abondantes et abordab<strong>les</strong> pour assurer une transitionprogressive vers <strong>de</strong>s énergies alternatives (hydrogène par exemple) à la fin du siècleprochain sans entraîner <strong>de</strong> crise majeure ni obliger à recourir massivement au charbon.• Dans le scénario A2 au contraire, <strong>les</strong> réserves limitées en pétrole et en gaz naturel font ducharbon l’énergie principale du XXI e siècle. L’ampleur <strong>de</strong>s réserves et le progrèstechnique massif dans ce domaine permettent d’envisager à l’horizon 2100 une économieexclusivement charbonnière.• Le scénario A3 repose quant à lui sur <strong>de</strong>s hypothèses très optimistes sur le progrèstechnique dans le domaine du nucléaire et <strong>de</strong>s énergies renouvelab<strong>les</strong>. La pression sur <strong>les</strong>ressources en pétrole et en gaz naturel reste alors limitée, et nous aboutissons en 2100 àun mon<strong>de</strong> qui s’appuie à parts à peu près éga<strong>les</strong> sur le nucléaire, le gaz naturel, labiomasse et <strong>les</strong> autres énergies renouvelab<strong>les</strong>.315


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceLe scénario B est globalement moins optimiste que A. Il prolonge <strong>les</strong> tendances <strong>de</strong>croissance économique actuel<strong>les</strong> (2,1% <strong>de</strong> croissance annuelle moyenne d’ici à 2100). Ledéveloppement <strong>de</strong>s pays du sud reste très inégal. En l’absence d’un fort progrès technique, lapression sur <strong>les</strong> ressources <strong>de</strong> pétrole et <strong>de</strong> gaz naturel se révèle importante et aboutit à unetransition vers le nucléaire et le charbon dans la secon<strong>de</strong> moitié du XXI e siècle.Le scénario C, enfin, est caractérisé par une très forte implication <strong>de</strong> la communautéinternationale en matière d’environnement et <strong>de</strong> développement. Le taux <strong>de</strong> croissanceéconomique moyen est quasiment i<strong>de</strong>ntique à celui du scénario B (2,2%). La mise en œuvre <strong>de</strong><strong>politiques</strong> nationa<strong>les</strong> et internationa<strong>les</strong> volontaristes permet par contre <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> émissions<strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre à 2 GtC par an en 2100, soit à peine le tiers <strong>de</strong>s émissions actuel<strong>les</strong>. Lamanière dont ce résultat est atteint dépend principalement <strong>de</strong>s développements technologiques et<strong>de</strong> l’acceptabilité du nucléaire :• Dans le scénario C1 le nucléaire assure la transition au début du siècle prochain mais estensuite progressivement éliminé au fur et à mesure que d’autres technologies propres<strong>de</strong>viennent rentab<strong>les</strong>.• Dans le scénario C2 par contre, tout en conservant <strong>les</strong> mêmes objectifs environnementauxque C1, le nucléaire reste la pierre angulaire <strong>de</strong> l’offre énergétique jusqu’en 2100.A partir <strong>de</strong> ces données macroéconomiques, <strong>les</strong> auteurs ont estimé <strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>sd’énergie finale à l’ai<strong>de</strong> d’un modèle économétrique, puis affiné ces projections en utilisantconjointement <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> top-down GLOBAL 2100 (Manne et Richels, 1992) et bottom-upMESSAGE III (Messner et Strubegger, 1995). Ils obtiennent ainsi une <strong>de</strong>scription précise dusystème énergétique dans chacun <strong>de</strong>s scénarios.B. Les scénarios SRES1. PrésentationC'est en septembre 1996 que l'IPCC, sur la base <strong>de</strong> l'évaluation <strong>de</strong>s scénarios construitsen 1992 réalisée par Alcamo et al. (1995), décida en assemblée plénière <strong>de</strong> développer un nouvelensemble <strong>de</strong> quarante scénarios présentés dans le Special Report on Emission Scenario (IPCC,2000). Par rapport aux IS92, <strong>les</strong> améliorations souhaitées étaient :- une estimation <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> référence <strong>de</strong>s gaz à effet <strong>de</strong> serre autres que leCO 2 , et plus particulièrement cel<strong>les</strong> liées à l'utilisation <strong>de</strong>s sols ;- la prise en compte <strong>de</strong>s informations économiques récentes, en particulier suite à larestructuration <strong>de</strong> l'économie mondiale qui suivit la chute du mur <strong>de</strong> Berlin ;- l'élargissement du champ <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> développement économique possib<strong>les</strong>, enétudiant en particulier le rapprochement éventuel en termes <strong>de</strong> richesse <strong>de</strong>s actuelspays en développement et <strong>de</strong>s pays développés ;- l'examen <strong>de</strong> plusieurs valeurs du trend du progrès technique ;- l'évaluation <strong>de</strong>s possib<strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong> la libéralisation <strong>de</strong>s marchés et ducommerce international.316


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceIl fut décidé <strong>de</strong> développer quatre scénarios alternatifs pour tenter <strong>de</strong> décrire un gran<strong>de</strong>nsemble <strong>de</strong> futurs possib<strong>les</strong> sans pour autant trop compliquer le processus. En particulier, aucunscénario <strong>de</strong> "surprise" ou <strong>de</strong> "grand désastre" n'a été traité. Il est possible <strong>de</strong> répartir ces quatrefamil<strong>les</strong> suivant <strong>de</strong>ux axes comme l'illustre le tableau V.3.Tableau V.3.Les <strong>de</strong>ux dimensions <strong>de</strong>s scénarios SRESDegré d'ouverture et <strong>de</strong>convergence du mon<strong>de</strong>Elevé FaiblePrise en compte <strong>de</strong> Faible A1 A2considérations socia<strong>les</strong>et environnementa<strong>les</strong> Elevé B1 B2Il convient cependant <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à l'esprit que l'objectif <strong>de</strong> cet exercice était <strong>de</strong> décrire <strong>de</strong>sfuturs possib<strong>les</strong> cohérents et probab<strong>les</strong>. Il est donc impropre d’utiliser <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>ssimulations fournies par <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> pour conclure à la supériorité d'un ou plusieurs scénariossur <strong>les</strong> autres et donc d'interpréter cet exercice comme une recommandation implicite envers <strong>les</strong>déci<strong>de</strong>urs <strong>politiques</strong>. Les <strong>de</strong>ux axes discriminant <strong>les</strong> différents scénarios ne peuvent et ne doiventpas en effet être considérés comme appartenant directement au champ <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong>sdéci<strong>de</strong>urs <strong>politiques</strong> et ne sont là que pour nous éclairer quant aux <strong>de</strong>ux principaux pô<strong>les</strong> autour<strong>de</strong>squels gravitent <strong>les</strong> quatre famil<strong>les</strong> <strong>de</strong> scénarios. Ces <strong>de</strong>rnières diffèrent par d'autres points,comme l'illustre la figure IV.1 ci-<strong>de</strong>ssous, et ont <strong>de</strong> toute façon été construites comme <strong>de</strong>svisions cohérentes d'un futur possible et non pas comme une variation <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux variab<strong>les</strong>autour d'un même thème.A1A1CA1TEconomieA1GGlobalisationA1A2Figure V.1. Les quatre famil<strong>les</strong> SRES 6 Source : IPCC, 2000.RégionalisationB1B2EnvironnementAgriculturePopulation(usage <strong>de</strong>s sols)EconomieEnergie Technologie6 Pour la décomposition <strong>de</strong> la famille A1 en différentes sous-famil<strong>les</strong> liées à la nature du système énergétique voirepartie II.B.2.d dans ce chapitre.317


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceAucune <strong>de</strong> ces quatre famil<strong>les</strong> n’est jugée comme plus probable ou plus désirable a prioriqu’une autre. Il convient d’ailleurs <strong>de</strong> noter qu’un <strong>de</strong>s arguments pour ce <strong>de</strong>rnier point est qu’unmême futur peut être jugé comme positif par certains et apparaître négatif à d’autres. De même,aucun <strong>de</strong> ces scénarios ne peut être considéré comme un scénario business as usual.Pour résumer, on peut dire que la famille A1 regroupe <strong>de</strong>s scénarios à croissanceéconomique rapi<strong>de</strong> s’accompagnant d’une faible croissance démographique et d’une introductionrapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> et plus efficientes technologies. On observe une gran<strong>de</strong> convergence <strong>de</strong>s PIBpar tête et une interaction culturelle et sociale croissante. Cette homogénéisation <strong>de</strong>s économiesconstitue le grand point <strong>de</strong> divergence d’avec <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> la famille A2. Dans ces <strong>de</strong>rniers,,le mon<strong>de</strong> est hétérogène et s’appuie sur un renforcement <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités et traditions loca<strong>les</strong>. Celaentraîne une croissance économique et un changement technologique plus faib<strong>les</strong> et moinshomogènes. Enfin, la croissance démographique y est élevée et <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> fertilité très différentsselon <strong>les</strong> régions. En revanche, la famille B1 décrit un mon<strong>de</strong> convergent, à l’instar <strong>de</strong> la familleA1, mais avec une rapi<strong>de</strong> mutation <strong>de</strong>s structures économiques vers <strong>les</strong> services et l’économie <strong>de</strong>l’information, d’où résulte une dématérialisation <strong>de</strong> l’économie ce qui permet l’installation <strong>de</strong>technologies plus propres. Enfin, la famille B2 décrit un mon<strong>de</strong> recherchant <strong>de</strong>s solutions loca<strong>les</strong>aux problèmes économiques et environnementaux, développant ainsi une soutenabilité locale. Lemon<strong>de</strong> est, comme pour <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> type A2, hétérogène ce qui entraîne une croissancemoins rapi<strong>de</strong> que pour <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> <strong>de</strong> type 1, et donc un progrès technique plus lent mais dirigéen partie par <strong>de</strong>s considérations environnementa<strong>les</strong>.La famille A1 a été en outre l’objet d’une subdivision en quatre selon la nature dusystème énergétique futur (cf. partie II.B.2.d), allant d’un système très intensif en carbone(A1G : système énergétique basé sur le pétrole et le gaz et A1C : système énergétique basé sur lecharbon) à un système énergétique, au contraire, presque totalement décarboné (A1T : secteurénergie basé sur <strong>les</strong> énergies non fossi<strong>les</strong>). Cette distinction aurait pu être opérée pour <strong>les</strong> troisautres famil<strong>les</strong> mais cela n’a pas été fait pour ne pas alourdir le processus. Il a été estimé que lafamille A1 était celle qui pouvait le mieux se prêter à un tel exercice.Six modè<strong>les</strong>, listés dans le tableau V.4, ont été utilisés pour quantifier <strong>les</strong> scénariosqualitatifs développés dans <strong>les</strong> storylines. Les scénarios au sein d’une même famille diffèrentassez fortement selon <strong>les</strong> hypothèses retenues concernant l’usage <strong>de</strong>s énergies fossi<strong>les</strong>, le tauxd’amélioration <strong>de</strong> l’efficacité énergétique ou la part <strong>de</strong>s ressources naturel<strong>les</strong> dans l’offreénergétique totale.318


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceTableau V.4.Les quarante simulations SRESNom : Modèle : Développé par : Pays Référence Scénarios testés MarqueurAIM Asian Pacific IntegratedMo<strong>de</strong>lASF Atmospheric StabilizationFramework Mo<strong>de</strong>lImage/WorldScan Integrated Mo<strong>de</strong>l to Assessthe Greenhouse EffectMARIAMESSAGEMultiregional Approach forResource and IndustryAllocationMo<strong>de</strong>l for Energy SupplyStrategy Alternatives andtheir General EnvironmentalImpactMiniCAM The Mini ClimateAssessment Mo<strong>de</strong>lNational Institute ofEnvironmental StudiesICF ConsultingRIVM/ CPB (CentralPlanning Bureau)Science University ofTokyoJapon Morita et al., 1994 A1, A1C, A1G, A1T, A1A2, B1, B2Etats-Unis US EPA, 1990 ; Pepper et al., A1, A2, B1, B2 A21992Pays-Bas Alcamo, 1994 ; Alcamo et al., A1, A2 a , B1, B2 a B11998 ; <strong>de</strong> Vries et al., 1999 ; <strong>de</strong>Jong et Zalm, 1991Japon Mori et Takahashi, 1999 A1, A1T, B1, B2, B2CIIASA Autriche Messner et Strubegger, 1995 ;Riahi et Roehrl, 2000A1, A1C, A1G, A1T,A2, B1, B1High, B2PNNL Etats-Unis Edmonds et al., 1996 A1, A1C, A1G, A1v1 b ,A1v2 b , A2, A2-A1 b , B1,B1High, B2, B2Higha Les résultats du modèle IMAGE pour <strong>les</strong> scénarios A2 et B2 sont basés sur <strong>de</strong>s simulations réalisées en mars 1998 à l'ai<strong>de</strong> d'un modèle préliminaire. Leshypothèses concernant la population et la croissance ne sont pas parfaitement harmonisées avec cel<strong>les</strong> employées pour la simulation <strong>de</strong>s scénarios A1 et B1.b A1v1, A1v2, A2-A1, simulés à l’ai<strong>de</strong> du modèle MINICAM, furent présentés après <strong>les</strong> autres et diffèrent un peu <strong>de</strong>s autres scénarios <strong>de</strong> la même famille, maisseront tout <strong>de</strong> même pris en compte dans l’élaboration <strong>de</strong>s fourchettes.B2319


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceParmi l’ensemble <strong>de</strong>s simulations effectuées, une a été retenue pour chaque famille afin<strong>de</strong> constituer un "marqueur 7 " <strong>de</strong> cette famille. Il s’agit <strong>de</strong> la simulation jugée la plus illustratived’une storyline et elle ne constitue donc pas forcément une moyenne ou une médiane <strong>de</strong>l’ensemble <strong>de</strong>s simulations disponib<strong>les</strong> pour une même famille.2. Analyse détailléeNous allons dans cette partie présenter <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s différentes quantifications <strong>de</strong>sscénarios SRES Conformément à la démarche suivie dans le chapitre 2 (partie II.B.1), il nous estapparu judicieux <strong>de</strong> retenir comme structure pour cette présentation une analyse <strong>de</strong>s évolutions<strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> présentes dans l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya, puisqu'el<strong>les</strong> représentent <strong>les</strong>principa<strong>les</strong> forces en action dans la détermination <strong>de</strong>s concentrations en GES <strong>de</strong> l'atmosphère.a. Analyse à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> KayaEn 1990, Kaya proposa, afin <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> principaux mécanismes entraînantune variation <strong>de</strong>s émissions, <strong>de</strong> décomposer l'évolution <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 selon l'i<strong>de</strong>ntitésuivante :PIB Nrj COCO POP * * *POP PIB Nrj22= ,ce qui donne en variation (où tc signifie taux <strong>de</strong> croissance) :⎛ PIB ⎞⎛ Nrj ⎞⎛ CO2⎞tcCO2= ( 1+ tcPOP) ⎜1+ tc ⎟⎜1+ tc ⎟⎜1+ tc ⎟−1⎝ POP ⎠⎝ PIB ⎠⎝ Nrj ⎠8 .7 Le choix <strong>de</strong> l’équipe qui réalisa le marqueur répondait également aux critères suivants :- quantification initiale du modèle correspondant le plus à la storyline ;- préférences <strong>de</strong> certaines équipes <strong>de</strong> modélisation et lien entre <strong>les</strong> possibilités et particularités dumodèle et <strong>les</strong> caractéristiques <strong>de</strong> la storyline ;- obtention in fine d'une gran<strong>de</strong> plage <strong>de</strong> résultats concernant <strong>les</strong> émissions et <strong>les</strong> forces en actionsentre <strong>les</strong> différents marqueurs.8Pibt Nrj COt 2tPibCOt+ 1Nrjt+ 1 2t+1En t on a : CO2 = Popt t* * * et, en t+1 : CO2 = Popt 1 t+1* * * soit :+Popt Pibt NrjtPopt+ 1Pibt+ 1Nrjt+1Pibt ⎛ Pib ⎞ Nrjt ⎛ Nrj ⎞ CO2t ⎛ CO2⎞CO2 = Popt 1 t( 1+ tcPop )* 1 tc * 1 tc * 1 tc+⎜ + ⎟ ⎜ + ⎟ ⎜ + ⎟. On a alors :Popt ⎝ Pop ⎠ Pibt ⎝ Pib ⎠ Nrjt⎝ Nrj ⎠Pib ⎛ Pib ⎞ Nrj ⎛ Nrj ⎞ CO2 ⎛ CO2⎞ Pib Nrj CO2CO2 − COt 1 2= Popt t ( 1+ tcPop )* 1 tc * 1 tc * 1 tc Popt* * *+⎜ + ⎟ ⎜ + ⎟ ⎜ + ⎟−Popt ⎝ Pop ⎠ Pibt ⎝ Pib ⎠ Nrjt ⎝ Nrj ⎠ Popt Pibt NrjtPibt Nrjt CO2⎡t⎛ Pib ⎞⎛ Nrj ⎞⎛CO= Popt* * * ( 1+ tcPop)1+ tc 1+tc2⎞ ⎤⎢ ⎜ ⎟⎜ ⎟⎜1+ tc ⎟−1⎥Popt Pibt Nrjt⎣ ⎝ Pop ⎠ ⎝ Pib ⎠⎝Nrj ⎠ ⎦COdonc − 2COt 1 2t Pib Nrj CO2tcCO2( 1 tcPop)⎛ 1 tc ⎞ + ⎛ ⎞= = + ⎜ + ⎟⎜1+ tc ⎟⎜ ⎛ 1+ tc ⎟⎞ −1. Une variation <strong>de</strong> 10% à la baisse <strong>de</strong>CO Pop Pib Nrj2t⎝ ⎠⎝⎠⎝ ⎠l'intensité énergétique ne suffit donc pas à compenser une variation <strong>de</strong> 10% à la hausse du PIB. Néanmoins, pour <strong>de</strong>spetites variations (à court terme donc), cela constitue une bonne première approximation.320t t t t t t


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceGraphique V.3. Décomposition <strong>de</strong>s tendances historiques <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2selon <strong>les</strong> forces présentes dans l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya pour (<strong>de</strong> haut en bas)<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDE, l'ex-URSS et <strong>les</strong> pays en développement15001000OECD90500MtC0-500-1000-15001970 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94500FSU375250MtC MtC MtC1250-125-2501970 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 941100ALM+ASIA8255502750-275-5501970 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 944000World3000200010000-1000-20001970 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94Carbon emissionsPopulationGDPEnergy / GDPRenewable energy / EnergyCarbon / Fossil energySource : Gürer and Ban, 1997.Légen<strong>de</strong> : La croissance <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 est ici décomposée en chacune <strong>de</strong>s composantes <strong>de</strong> cette croissance :part <strong>de</strong> la croissance/décroissance <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 liée à la croissance/décroissance <strong>de</strong> la population, du PIB,<strong>de</strong> l'intensité énergétique, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s énergies renouvelab<strong>les</strong> dans l'offre énergétique et <strong>de</strong> l'intensité en carbone<strong>de</strong>s énergies fossi<strong>les</strong>.321


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceIl propose donc <strong>de</strong> relier <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 à quatre gran<strong>de</strong>s variab<strong>les</strong>, qu'il désignedonc implicitement comme <strong>les</strong> principalement forces en action dans la détermination du niveau<strong>de</strong>s émissions : la démographie (POP), le PIB par tête, le contenu énergétique du PIB et lecontenu en carbone <strong>de</strong> la production énergétique.Le graphique V.3 ci-<strong>de</strong>ssus permet l'application <strong>de</strong> l'analyse <strong>de</strong> Kaya dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>l'évolution <strong>de</strong>s émissions observées par le passé. On y voit que la démographie et le taux <strong>de</strong>croissance du PIB influencent plus largement <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 que ne le font l'intensitéénergétique <strong>de</strong> la production ou la part <strong>de</strong> l'énergie fossile dans le système énergétique.Cependant, la relative stabilité <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières empêche <strong>de</strong> dégager un effet clair sur la tendanceet <strong>les</strong> variations <strong>de</strong> la série temporelle <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> carbone. On constate par ailleurs, à lalecture <strong>de</strong> ces graphiques, que ce ne sont pas <strong>les</strong> mêmes variab<strong>les</strong> qui ont un rôle prépondérantselon <strong>les</strong> régions. En effet, le trend <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> carbone pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDE sembledonné par celui <strong>de</strong> la population, <strong>les</strong> fluctuations semblant, el<strong>les</strong>, liées aux fluctuations <strong>de</strong> natureéconomique. On remarque également que cette zone est la seule pour laquelle la décarbonisation<strong>de</strong> l'énergie a un effet réel sur le niveau <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 . En ce qui concerne l'ex-UnionSoviétique, <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 semblent être directement et quasi-exclusivement liées à celledu PIB. Enfin, pour <strong>les</strong> pays en développement, <strong>les</strong> évolutions <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 semblentêtre une résultante <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la démographie et <strong>de</strong> l'économie. Néanmoins, il ne faut pas setromper quant à la valeur <strong>de</strong> ces conclusions qui recourent plus à l'intuition et à l'analysegraphique qu'à une étu<strong>de</strong> statistique précise. Pour aboutir à <strong>de</strong> plus soli<strong>de</strong>s conclusions, ilconviendrait <strong>de</strong> réaliser une étu<strong>de</strong> économétrique fine 9 .b. La démographieα. De l'importance du taux <strong>de</strong> féconditéLa plupart <strong>de</strong>s scénarios élaborés jusqu’à présent utilisent <strong>les</strong> mêmes sources pourconstruire leurs projections en termes <strong>de</strong> démographie, à savoir cel<strong>les</strong> produites par le UnitedStates Census Bureau, par la Banque Mondiale, <strong>les</strong> Nations Unies ou l’IIASA. En particulier, <strong>les</strong>scénarios produits dans le cadre du troisième groupe <strong>de</strong> travail du GIEC utilisent <strong>les</strong> projectionsfournies par la Banque Mondiale et <strong>les</strong> Nations Unies. Les quatre scénarios SA90 (IPCC, 1990)se basent tous sur la projection médiane fournie par la Banque Mondiale (Zachariah et Vu, 1988)tandis que <strong>les</strong> six scénarios IS92 (IPCC, 1992 et 1995a ; Peper et al., 1992) se réfèrent à laprojection fournie par la Banque Mondiale en 1991 et aux projections moyennes haute et basse<strong>de</strong>s Nations Unies (1996).Si <strong>les</strong> sources sont donc peu nombreuses, l’incertitu<strong>de</strong> qui prévaut en termesdémographiques est d’ampleur comparable à celle qui prévaut en termes d’émissions futures <strong>de</strong>CO 2 . Le graphique V.4 présente <strong>les</strong> plus récentes projections fournies par <strong>les</strong> quatre organismescités précé<strong>de</strong>mment.9 En effet, seule une étu<strong>de</strong> économétrique permettrait <strong>de</strong> conclure quant au plus ou moins grand impact <strong>de</strong>sdifférentes variab<strong>les</strong> présentées ici sur le niveau <strong>de</strong>s émissions.322


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceGraphique V.4.Principa<strong>les</strong> projections démographiques pour le XXI° siècleGlobal Population(billion)3025201510502000 2050 2100 2150UN 98 HighIIASA HighUN 96 HighUN 96 LowUN 98 Med HiUN 96 MedUS CensusIIASA MediumUN 98 MediumWorld BankIIASA LowUN 98 MedLowUN 98 LowSource : IPCC, 2000.On constate que pour 2100, <strong>les</strong> projections <strong>de</strong> population s’étalent au niveau mondialentre moins <strong>de</strong> 5 milliards (prévisions basses <strong>de</strong>s Nations Unies) et plus <strong>de</strong> 25 milliardsd’habitants (projection haute <strong>de</strong>s Nations Unies), soit <strong>de</strong>s prévisions allant du simple auquintuple et donc une incertitu<strong>de</strong> comparable à celle observée pour <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 (cf.graphique V.15). Néanmoins on constate sur le graphique V.5 que <strong>les</strong> projections centra<strong>les</strong>concluent à une gran<strong>de</strong> convergence autour <strong>de</strong> 10 milliards en 2100.Le principal facteur qui déterminera le nombre d’habitants <strong>de</strong> la planète en 2100 est letaux <strong>de</strong> fertilité <strong>de</strong> long terme (IPCC, 2000). Prenons l’exemple <strong>de</strong>s projections <strong>de</strong>s NationsUnies : une réduction du taux <strong>de</strong> fertilité asymptotique <strong>de</strong> 2,1 à 1,7 enfants par femme entraîneune réduction <strong>de</strong> la population en 2100 <strong>de</strong> 46% (Nations Unies, 1996).Graphique V.5.13Projections démographiques centra<strong>les</strong>UN 1998 LRMediumGlobal Population(billion)1197IIASA 1996MediumWorld Bank1996(unpublished)US CensusBureau 1996(unpublished)52000 2050 2100 2150UN 1996RevisionMediumSource : IPCC, 2000.323


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceIl convient enfin <strong>de</strong> noter que <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s <strong>les</strong> plus récentes revoient à la baisse <strong>les</strong>prévisions. Ceci tient au fait que <strong>les</strong> taux constatés aujourd’hui sont déjà inférieurs à ce qui avaitété prévu (Nations Unies, 1997), en particulier en raison du Sida qui affecte profondémentcertains PED, notamment en Afrique. Bongaarts (1996) estime par exemple que la croissance <strong>de</strong>la population sub-saharienne a été <strong>de</strong> 1,4% inférieure à celle que l’on aurait dû observer enl’absence <strong>de</strong> la maladie.β. De l'importance <strong>de</strong> la transition démographiqueLe graphique V.6 ci-<strong>de</strong>ssous confirme très nettement le lien négatif entre la richessed’une nation et son taux <strong>de</strong> fertilité, soit une logique différente <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Malthus et quicorrespond au comportement observé dans <strong>les</strong> pays ayant opéré leur transition démographique aucours du XX° siècle. C’est ce que confirme l’étu<strong>de</strong> statistique <strong>de</strong> Barro (1997) qui met enévi<strong>de</strong>nce, ceteris paribus, la corrélation positive entre le taux <strong>de</strong> croissance et l’espérance <strong>de</strong> vie,mais négative entre le taux <strong>de</strong> croissance et le taux <strong>de</strong> fertilité. Les pays développés voient doncleur richesse avoir <strong>de</strong>ux effets contradictoires sur la population : d’une part, le taux <strong>de</strong> féconditédiminue mais, d’autre part, celui <strong>de</strong> mortalité également. Cependant, la somme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux effets setraduit par une diminution du nombre d’habitants, si l’on exclue <strong>les</strong> phénomènes <strong>de</strong> migration(Lutz (ed.), 1996).Graphique V.6.Mise en évi<strong>de</strong>nce du lien négatif entre la richesse par têteet le taux <strong>de</strong> fécondité8Total Fertility Rate(1995)64200 10000 20000 30000 40000GDP per capita (1995US$)Source : Banque Mondiale (1997)Avant 1980 cependant, la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s concluaient à une non-corrélationentre la croissance <strong>de</strong> la population et la croissance économique (National Research Council,1986). Ce n'est que <strong>de</strong>puis vingt ans que quelques étu<strong>de</strong>s ont mis en évi<strong>de</strong>nce une relationnégative faible mais significative entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux taux <strong>de</strong> croissance pour <strong>les</strong> 1970s et <strong>les</strong> 1980s(Blanchet, 1991). On a donc une relation assez claire entre le niveau <strong>de</strong> revenu et le taux <strong>de</strong>fertilité mais une relation encore floue entre <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> croissance économique etdémographique.324


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceUn second phénomène important mais difficilement interprétable quant à sesconséquences sur <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 est celui du vieillissement <strong>de</strong> la population. Il sembleraitnéanmoins que ce phénomène se traduise par un accroissement <strong>de</strong>s émissions lié au fait qu’ils’accompagne d’une réduction <strong>de</strong> la taille moyenne <strong>de</strong>s foyers (réduction accrue par la réductiondu taux <strong>de</strong> fertilité) (McKellar et al., 1995) ce qui entraînerait une consommation énergétique parpersonne plus importante (Ironmonger et al., 1995 ; Wexler, 1995).Les scénarios SRES retiennent <strong>les</strong> projections médium <strong>de</strong>s Nations Unies ainsi que <strong>les</strong><strong>de</strong>ux variantes <strong>de</strong> transition démographique lente ou rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'IIASA. Les simulationsquantitatives <strong>de</strong> ces scénarios représentées sur le graphique V.7 aboutissent à <strong>de</strong>s prévisionsmoins dispersées et plus basses que cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s scénarios IS92. Cela est en partie dû à lacorrélation introduite dans <strong>les</strong> prévisions <strong>de</strong> l'IIASA (Lutz et al., 1997) entre mortalité et fertilité.Graphique V.7.Prédictions démographiques <strong>de</strong>s scénarios SRES16 00015 00014 00013 00012 00011 00010 0009 0008 0007 0006 0005 0001 990 2 010 2 030 2 050 2 070 2 090A2B2A1B1AIM A1ASF A1IMAGE A1MARIA A1MESSAGE A1Minicam A1Minicam A1V2AIM A2ASF A2MESSAGE A2Minicam A2IMAGE A2 GMinicam A2-A1AIM B1ASF B1IMAGE B1MESSAGE B1MARIA B1Minicam B1AIM B2ASF B2IMAGE B2MARIA B2MESSAGE B2Minicam B2Source : D'après SRES Database (http://sres.ciesin.org/final_data.html)Aucun scénario ne combine <strong>de</strong> faib<strong>les</strong> taux <strong>de</strong> natalité avec <strong>de</strong> forts taux <strong>de</strong> mortalité, cequi est l’illustration d’un certain consensus entre <strong>les</strong> démographes. De même, tous <strong>les</strong> scénariosSRES font l’hypothèse d’un lien entre la démographie et le développement social et économique.Ceteris paribus, <strong>les</strong> trends <strong>de</strong> fertilité et <strong>de</strong> mortalité sont plus bas lorsque la croissance durevenu est plus rapi<strong>de</strong>.325


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référencec. La croissance économiqueα. Le taux <strong>de</strong> productivitéSi l'évolution <strong>de</strong> la démographie au XXI e siècle constitue probablement la plus gran<strong>de</strong>source d'incertitu<strong>de</strong> concernant <strong>les</strong> futures émissions <strong>de</strong> CO 2 , on a vu qu'on ne pouvait ladissocier <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la croissance économique. Cependant, la croissance économique par tête estfinalement l'objet d'un plus grand consensus.Sur <strong>les</strong> 110 <strong>de</strong>rnières années, soit un intervalle <strong>de</strong> temps équivalent à celui qui nousintéresse, le PIB mondial s'est multiplié par un facteur 20, tandis que le PIB par tête croissaitd'un facteur supérieur à 5, soit un taux annuel <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> 1,5%. Contrairement auxprojections <strong>de</strong> population, il n'existe pratiquement pas <strong>de</strong> scénarios <strong>de</strong> développement socioéconomique<strong>de</strong> long terme. Le cadre temporel le plus long est celui qu'a adopté Maddison (1998)ou la Banque Mondiale (1997). Le graphique V.8, qui présente une revue <strong>de</strong> la littérature sur <strong>les</strong>prévisions <strong>de</strong> taux <strong>de</strong> croissance du PIB par tête, nous permet <strong>de</strong> tirer <strong>les</strong> trois conclusionssuivantes :- une relative stabilité <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance par tête au cours du siècle prochain ;- <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance plus élevés dans <strong>les</strong> pays actuellement en développementque dans <strong>les</strong> pays actuellement développés ;- malgré un relatif consensus visible à la taille raisonnable <strong>de</strong>s interval<strong>les</strong>, surtout auniveau global, et à la proximité <strong>de</strong> la médiane et <strong>de</strong> la moyenne, une forte incertitu<strong>de</strong><strong>de</strong>meure.Graphique V.8.Prévisions <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance par têteGDP/capita Growth(%/year)65432Non-Annex-INon-Annex-Iliterature-maxmedianmeanminSRES-all-maxSRES-markers-maxSRES-markers-minSRES-all-minNon-Annex-I10WorldAnnex-IAnnex-IWorldWorldAnnex-I1990 - 2020 2020 - 2050 2050 - 2100Source : IPCC, 2000.326


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceL'incertitu<strong>de</strong> concerne en premier lieu <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> productivité. Une faible différence pourla valeur retenue du taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la productivité entraîne sur une si longue durée <strong>de</strong>sdifférences considérab<strong>les</strong> <strong>de</strong> PIB par tête. Ces incertitu<strong>de</strong>s sont encore accrues lorsque l'onconsidère <strong>les</strong> disparités régiona<strong>les</strong>. En particulier, <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la productivité dans<strong>les</strong> pays en développement font l'objet d'une plus gran<strong>de</strong> incertitu<strong>de</strong>. Notons <strong>de</strong> nouveau que <strong>les</strong>incertitu<strong>de</strong>s sur <strong>les</strong> évolutions démographiques interagissent avec cel<strong>les</strong> portant sur la croissanceéconomique pour accroître l'intervalle <strong>de</strong>s valeurs possib<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> GES à longterme.Des taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la productivité exogènes correspon<strong>de</strong>nt à différentes visionsqualitatives du futur reflétées par <strong>les</strong> différents scénarios SRES sur le graphique précé<strong>de</strong>nt, allant<strong>de</strong> valeurs faib<strong>les</strong> (scénario A2) à <strong>de</strong>s valeurs hautes (scénarios A1 et B1) en passant par <strong>de</strong>svaleurs intermédiaires (scénario B2).β. Nature <strong>de</strong> la croissanceIl ne convient pas <strong>de</strong> s'intéresser uniquement au taux <strong>de</strong> croissance économique pourétablir <strong>de</strong>s prévisions d'émissions <strong>de</strong> GES. Il est en effet nécessaire d'étudier la nature <strong>de</strong> cettecroissance, <strong>les</strong> changements structurels et techniques qu'elle recouvre. Le graphique suivanttraite du premier <strong>de</strong> ces points en illustrant la dématérialisation <strong>de</strong> la croissance qui s'est opéréeentre 1820 et 1995.Graphique V.9. Dématérialisation <strong>de</strong> la croissance entre 1820 et 1995100908070JapanChinaShare (%)605040302010GermanyUSAUKRussiaUSAUKJapanGermanyChinaRussiaUSAUKGermanyJapanChinaRussia01820 1870 1913 1950 1992 1820 1870 1913 1950 1992 1820 1870 1913 1950 1992Agriculture,forestry and fisheriesMining, manufacturing,construction and utilitiesServicesSource : Madisson, 1995.Des différences <strong>de</strong> définitions ren<strong>de</strong>nt difficile la comparaison <strong>de</strong>s changementsstructurels <strong>de</strong>s pays à économie centralisée à ceux <strong>de</strong>s économies <strong>de</strong> marché. Cela n'empêche pas<strong>de</strong> remarquer le déclin récent <strong>de</strong> l'agriculture dans <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> moins développés, alors que lacontribution <strong>de</strong>s services au PIB est plus importante que celle que connaissaient <strong>les</strong> paysdéveloppés pour <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> revenus comparab<strong>les</strong>. Cela illustre une fois <strong>de</strong> plus le dangerqu'il peut y avoir à transposer sans précaution <strong>les</strong> tendances passées pour prévoir le futur.327


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceHistoriquement, il est donc clair que l'accroissement du revenu par tête est associé à unchangement structurel <strong>de</strong> l'agriculture vers l'industrie dans un premier temps, puisprogressivement <strong>de</strong> l'industrie vers <strong>les</strong> services. Cette dématérialisation se traduitmécaniquement par une baisse <strong>de</strong>s émissions liées à l’industrie mais entraîne une augmentationimportante <strong>de</strong>s émissions liées aux transports.χ. Croissance et démographieSi on a pu mettre en évi<strong>de</strong>nce précé<strong>de</strong>mment l'influence <strong>de</strong> l'économie sur ladémographie, l'effet inverse existe également. En effet, la répartition par tranche d'âge <strong>de</strong> lapopulation va influencer <strong>de</strong> manière considérable le taux <strong>de</strong> croissance et le contenu du PIB. Unvieillissement <strong>de</strong> la population se traduit par une réduction du ratio actifs/non-actifs, par unaccroissement <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> sécurité sociale et par une réduction simultanée <strong>de</strong>s recettes. Bienévi<strong>de</strong>mment, une réduction <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> travail disponible peut être contrebalancée par unaccroissement du taux d'épargne (O'Neill et al., 1998), tandis que l'accroissement <strong>de</strong>s salairesaccompagnant cette réduction peut entraîner la recherche <strong>de</strong> gain <strong>de</strong> productivité du travail(Disney, 1996). Il convient néanmoins <strong>de</strong> nuancer ces résultats en remarquant que la répartitionpar âge <strong>de</strong> la population n'est pas le seul paramètre déterminant la taille relative <strong>de</strong> la populationactive. En effet, la taille <strong>de</strong> la population active est déterminée par d'autres facteurs : taux <strong>de</strong>chômage, taux <strong>de</strong> participation <strong>de</strong>s femmes et durée légale du travail. Aussi est-il fort probableque le vieillissement <strong>de</strong> la population soit compensé par une <strong>de</strong> ces variab<strong>les</strong> (aux USA parexemple, la participation <strong>de</strong>s femmes à la force <strong>de</strong> travail s'est accrue <strong>de</strong> 17% en 1890 (US DOC,1975) à 45% en 1990 (UNDP, 1997)).δ. Convergence Nord-SudDans une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1995, Barro et Sala-I-Martin ont mis en évi<strong>de</strong>nce le fait que si le trendactuel continue (et si tous <strong>les</strong> autres facteurs jouent favorablement), à la fin du siècle prochain,une économie pauvre aura rattrapé <strong>les</strong> niveaux actuels <strong>de</strong>s pays industrialisés et non pas ceux quiprévaudront alors dans ces pays.Sur <strong>les</strong> six scénarios IS92, un seul (IS92e) envisageait un rapprochement possible <strong>de</strong>spays <strong>de</strong> l'OCDE pour <strong>les</strong> pays en développement (autres que la Chine) en termes <strong>de</strong> revenus,mais, <strong>de</strong> toutes façons, pas avant 2080 (Pepper et al., 1992). Même dans le cas d'uneconvergence <strong>de</strong>s revenus par tête, <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> revenus <strong>de</strong>meurent importantes dans cescénario. C'est donc un apport important du processus SRES que d'envisager un telrapprochement, comme l'illustre le tableau V.5 où il apparaît clairement que <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> type1 qui supposent une globalisation <strong>de</strong> l'économie aboutissent à un rapprochement <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong>sPIB par tête entre <strong>les</strong> pays du Nord et ceux du Sud puisque le rapport pour le revenu par têtepasse <strong>de</strong> 1 à 13 en 1990 à moins <strong>de</strong> 1 à 1,7 en 2100, alors que dans le meilleur <strong>de</strong>s cas, ce rapportétait <strong>de</strong> 1 à 3,9 selon <strong>les</strong> scénarios IS92.328


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceTableau V.5.Evolution du revenu par tête dans <strong>les</strong> différentes régions du mon<strong>de</strong> selon <strong>les</strong> scénarios IS92 (Leggett et al., 1992) et SRESPIB par tête en milliers <strong>de</strong> US$ (aux prix et taux <strong>de</strong> change <strong>de</strong> 1990)RégionsAnnée Scenario OCDE (90) PT ASIE ALM Mon<strong>de</strong> PI PED RapportNord/Sud1990 SRES MESSAGE 19.1 2.7 0.5 1.6 4.0 13.7 0.9 15.2IS92a,b 49.0 23.2 3.7 4.8 9.2 39.7 4.1 9.7IS92c 35.2 14.6 2.2 2.9 6.3 27.4 2.5 11.0IS92d 54.4 25.5 4.1 5.4 10.5 43.4 4.6 9.42050IS92e 67.4 38.3 5.9 7.7 13.8 56.9 6.6 8.6IS92f 43.9 21.5 3.3 4.1 8.1 35.8 3.6 9.9A1 50.1 29.3 14.9 17.5 20.8 44.3 15.9 2.8A2 34.6 7.1 2.6 6.0 7.2 26.1 3.9 6.7B1 49.8 14.3 9.0 13.6 15.6 39.1 10.9 3.6B2 39.2 16.3 8.9 6.9 11.7 32.5 8.1 4.0IS92a,b 85.9 40.6 15.0 14.2 21.5 69.5 14.6 4.8IS92c 49.2 17.6 6.4 5.8 10.1 36.5 6.1 6.0IS92d 113.9 51.3 20.3 17.7 28.2 88.8 19.1 4.6IS92e 150.6 96.6 34.6 33.0 46.0 131.0 33.8 3.92100IS92f 69.7 31.3 11.9 10.7 16.8 54.9 11.4 4.8A1 109.2 100.9 71.9 60.9 74.9 107.3 66.6 1.6A2 58.5 20.2 7.8 15.2 16.1 46.6 11.0 4.2B1 79.7 52.2 35.7 44.9 46.6 72.8 40.2 1.8B2 61.0 38.3 19.5 16.1 22.6 54.4 18.0 3.0Légen<strong>de</strong> :; ALM : PED Amérique Latine, Afrique et Moyen-Orient (non Annexe I) ; ASIE: PED asiatique n'appartenant pas à l'annexe I ; PT : Pays entransition (ex Europe <strong>de</strong> l’Est, pays annexe I mais non-annexe II) ; PI : Pays industrialisés.Source : IPCC, 2000329


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenced. Energie et progrès techniqueEn 1990, la consommation d’énergie primaire à l'échelle mondiale se répartissait commesuit : un peu plus <strong>de</strong> 2/5 pour l’industrie, un peu moins <strong>de</strong> 2/5 pour habitat/bâtiment et 1/5 pourle transport. L’agriculture ne représentait en 1990 que 3% <strong>de</strong> la consommation d’énergieprimaire. Cela intégrait la stabilisation <strong>de</strong> l'intensité en carbone <strong>de</strong>s activités industriel<strong>les</strong> (saufdans <strong>les</strong> pays à développement rapi<strong>de</strong> (IPCC, 1995a) qui suivit une modification <strong>de</strong> la structure<strong>de</strong> production et une amélioration <strong>de</strong> l’efficacité énergie stimulée par la crise pétrolière. Enrevanche, dans le même temps, la consommation énergétique du secteur transport s’estrapi<strong>de</strong>ment accrue à un taux annuel <strong>de</strong> 2,8% entre 1971 et 1990 mais connaît actuellement unléger ralentissement.Newman et Kenworthy (1990) ont montré que la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> population était fortement etinversement corrélée à la consommation énergétique <strong>de</strong>s transports, ce qui s’explique à la foispar la taille moyenne <strong>de</strong>s trajets parcourus et par l’utilisation accrue <strong>de</strong>s transports en commun. I<strong>les</strong>t très difficile d’établir statistiquement l’élasticité-prix du transport, notamment du fret. Desétu<strong>de</strong>s ont mis en évi<strong>de</strong>nce une élasticité relativement faible mais souvent la significativité <strong>de</strong>srésultats n’était pas statistiquement suffisante (Voyoukas, 1993 ; Bennathan et al., 1992). Enoutre, l’élasticité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> transport est hautement dépendante du type <strong>de</strong> bien transporté(type <strong>de</strong> bien final, bien final/bien intermédiaire). On estime cependant que cette élasticité estplus importante à long terme en raison <strong>de</strong>s réponses technologiques possib<strong>les</strong> (IPCC, 2000). Onvoit là très clairement que, dans ce secteur, seul un signal prix élevé, durable et crédible peutentraîner <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong> comportements significatifs.Les technologies qui seront employées au siècle prochain assureront naturellement unecertaine continuité avec cel<strong>les</strong> dont on dispose aujourd’hui. Néanmoins, une chose est certaine,c’est que <strong>les</strong> technologies <strong>de</strong> <strong>de</strong>main seront différentes <strong>de</strong>s technologies actuel<strong>les</strong>. Les modè<strong>les</strong>ne sont pas à même <strong>de</strong> prévoir le processus du changement technique. L’incertitu<strong>de</strong> concernantl’évolution <strong>de</strong> la technologie au siècle prochain comporte trois principa<strong>les</strong> dimensions. Lapremière tient au progrès technique et en particulier aux taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la productivité et<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> l’intensité énergétique et matérielle du PIB. La <strong>de</strong>uxième tient aux ressources<strong>de</strong>s différentes énergies, aux substitutions entre ces différentes formes et aux choixtechnologiques dans l’industrie et l’agriculture. Cela influencera <strong>de</strong> manière majeure <strong>les</strong>émissions <strong>de</strong> GES au XXI e siècle. Enfin, la troisième est liée aux sty<strong>les</strong> <strong>de</strong> vie futurs et auxfuturs comportements <strong>de</strong> consommation.Parmi <strong>les</strong> différents sous-scénarios A1, l'orientation donnée au progrès technique est une<strong>de</strong>s caractéristiques discriminantes majeures. L'ensemble <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> cette famille suppose<strong>de</strong>s réductions substantiel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s énergies renouvelab<strong>les</strong> ainsi que <strong>de</strong>s progrès réelsdans l'utilisation, la production et le transport du gaz. Le scénario marqueur (simulé à l'ai<strong>de</strong> dumodèle AIM) représente un juste milieu entre <strong>les</strong> différentes visions proposées, avec <strong>de</strong>sinnovations technologiques significatives dans le domaine <strong>de</strong> l'énergie qui se traduisent par uneamélioration <strong>de</strong> l'efficacité énergétique et une baisse <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production <strong>de</strong> l'énergie. Lesscénarios A1 s'intéressent au progrès technique cumulatif, qui se traduit par <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong>développement assez largement exclusifs. Globalement, c'est ainsi que peut être lue l'expérienceénergétique passée où le succès <strong>de</strong> certaines technologies énergétiques (la vapeur au XIX e siècle,la combustion interne au XX e ) a <strong>de</strong> fait bloqué le développement <strong>de</strong> technologies alternatives.330


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceLes trois sous-famil<strong>les</strong> se décomposent comme suit :• A1G : le progrès technique permet l'utilisation <strong>de</strong> ressources pétrolières et gazeuses nonconventionnel<strong>les</strong> incluant <strong>les</strong> schistes bitumineux, <strong>les</strong> sab<strong>les</strong> bitumineux et <strong>de</strong>s gaz telsque <strong>les</strong> hydrates <strong>de</strong> méthane. Le progrès technique se traduit alors par une baisse <strong>de</strong>scoûts d'extraction <strong>de</strong> ces ressources d'environ 1% par an (Roehrl et Riahi, 2000). Desaméliorations et extensions substantiel<strong>les</strong> du réseau <strong>de</strong> pipelines <strong>de</strong> la Sibérie, <strong>de</strong> la merCaspienne au Sud-Est asiatique, <strong>de</strong> la Chine, Corée et du Japon après 2010/2020 serontalors nécessaires. Dans ce scénario, il <strong>de</strong>meure néanmoins une légère pression audéveloppement <strong>de</strong>s énergies non fossi<strong>les</strong> alternatives mais le prix en reste relativementélevé, même après certaines améliorations significatives.• A1C est un scénario <strong>de</strong> croissance d'utilisation du charbon. Il suppose <strong>de</strong>s réductions <strong>de</strong>coûts importantes dans le domaine <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> technologies propres au charbon, lecycle combiné <strong>de</strong> gazéification du charbon et le charbon liquéfié.• A1T est un scénario <strong>de</strong> progrès technique dynamique, conduit par <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong>marché et <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> l'innovation, qui permet le développement <strong>de</strong>sénergies non fossi<strong>les</strong>, surtout l'hydrogène et <strong>de</strong>s carburants synthétiques. L'électricité nonfossile (photovoltaïque par exemple) pénètre progressivement le marché et continue <strong>de</strong>s'améliorer (évolution le long <strong>de</strong> la courbe d'apprentissage). Une différence importanted'avec le scénario marqueur rési<strong>de</strong> dans le fait qu'ici <strong>de</strong>s améliorations additionnel<strong>les</strong>d'efficience dans l'utilisation finale <strong>de</strong> l'énergie sont supposées prendre place, ce qui setraduit par une baisse <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> finale d'énergie <strong>de</strong> 30% par rapport au scénariomarqueur.Les scénarios <strong>de</strong> la famille A2 incluent <strong>de</strong> lentes améliorations <strong>de</strong> l'efficience <strong>de</strong> l'offreénergétique et une timi<strong>de</strong> convergence <strong>de</strong>s efficiences dans l'utilisation finale <strong>de</strong> l'énergie dansl'industrie, le commerce, le bâtiment, le transport et le secteur rési<strong>de</strong>ntiel entre <strong>les</strong> régions. Lacombinaison <strong>de</strong> ce faible rythme <strong>de</strong> progrès technique et d'une attention plus limitée accordée àl'environnement fait que la part <strong>de</strong>s énergies fossi<strong>les</strong> et nucléaires dans l'offre d'énergie resteprédominante au siècle prochain selon ces scénarios. Cependant, dans certaines régions s'opèretout <strong>de</strong> même une certaine substitution vers <strong>les</strong> énergies renouvelab<strong>les</strong> tel<strong>les</strong> que le solaire et labiomasse.A l'inverse, en cohérence avec la plus large place accordée à l'environnement, le progrèstechnique est largement dirigé vers l'amélioration <strong>de</strong> l'efficience <strong>de</strong>s énergies propres dans <strong>les</strong>scénarios <strong>de</strong> la famille B1. Ainsi, l'efficience thermale <strong>de</strong> l'électricité est supposée s'accroître <strong>de</strong>45% (centrale au charbon) ou <strong>de</strong> 65% (centrale au gaz) d'ici 2100. Les coûts <strong>de</strong> production <strong>de</strong>sénergies nouvel<strong>les</strong> se réduisent et <strong>les</strong> taux d'apprentissage sont supposés réduire <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>production <strong>de</strong> 2% à 6% à chaque doublement <strong>de</strong> la production, ce qui constitue finalement unehypothèse assez conservatrice.Comparées à cela, <strong>les</strong> réductions <strong>de</strong> coûts sont plus mo<strong>de</strong>stes dans le mon<strong>de</strong> B2, en raison<strong>de</strong> son caractère plus régionalisé. Néanmoins, le besoin <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l'environnement auniveau local se traduit par un développement et une diffusion rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> certaines technologiesproduisant moins d'émissions tel<strong>les</strong> que <strong>les</strong> technologies <strong>de</strong> charbon avancées, le nucléaire ou <strong>les</strong>énergies renouvelab<strong>les</strong>.331


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référencee. Productivité et intensité énergétiqueIl a été montré que la quantité d'input matériel ou énergétique par unité produite est unefonction en forme <strong>de</strong> courbe en U inversé du revenu (Moll, 1989, Tilton, 1990). Les facteursexplicatifs sous-jacents sont le changement structurel <strong>de</strong> l'économie qui accompagnel'accroissement du revenu par tête et le progrès technique.Empiriquement, il semblerait que, toutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs, l'intensité énergétiquesoit intimement liée à la productivité macroéconomique (une plus gran<strong>de</strong> productivité (PIB parhabitant) se traduit par une plus faible intensité énergétique). Aussi l'intensité énergétique décroîtd'autant plus vite que la croissance économique est forte. La raison fondamentale est qu'une plusforte croissance présuppose <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> changement technique plus importants et correspond àun turnover plus grand du stock <strong>de</strong> capital et donc une incorporation plus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong>technologies dans l'économie. Historiquement toutefois, ces effets ont été plus que compenséspar la croissance économique si bien que la consommation d'énergie s'accroissait en termesabsolus (Watson et al. (eds), 1996, Grübler, 1998) (cf. chapitre 2, tableau II.3). La faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>staux d'amélioration <strong>de</strong> l'efficacité énergétique (1% par an contre 2% pour la productivité dutravail entre 1870 et 1992) traduit la faible priorité accordée à celle-ci par la plupart <strong>de</strong>sproducteurs et utilisateurs <strong>de</strong> technologie. Toutefois, <strong>de</strong> nos jours, une coupe instantanée metclairement en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> conséquences du décrochage entre intensité énergétique et niveau durevenu qui s’est opéré <strong>de</strong>puis la secon<strong>de</strong> moitié du XX e siècle. C’est ce qu’illustre la figure V.10(cf. également chapitre 3, partie II.C). Les coûts énergétiques représentent aujourd'hui environ5% du PIB. A moyen terme, en réponse à <strong>de</strong>s incitations appropriées, l'efficacité énergétiquepeut s'améliorer <strong>de</strong> manière substantielle comme on a pu l'observer pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDEsuite à la première crise pétrolière ou comme on l'observe en Chine <strong>de</strong>puis 1977 où le tauxd'amélioration <strong>de</strong> l'intensité énergétique observé est <strong>de</strong> 5%.Graphique V.10. Intensité énergétique en fonction du revenupour 11 régions du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis 19700.200.180.160.14CPA(1971-1990)commercial andtotal energyEnergy Intensity(GJ/1990US$)0.120.100.080.060.04SAS (71-90)PAS (71-90)MEAFSU (1990)EEU (71-90)USA(1800-1990)total energyAFR0.02LAMUSA0.001800-1990comm. energy WEU and PAO100 1000(1971-1990)10000100000GDP per capita 1990US$Source : d'après Nakic;'enovic;' et al., 1998.332


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceL'incertitu<strong>de</strong> concernant le progrès technique à long terme comporte trois dimensions. Lapremière concerne le taux du changement technique et en particulier le taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> laproductivité et <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> l'intensité énergétique et matérielle <strong>de</strong> la production. La secon<strong>de</strong>est liée au choix <strong>de</strong>s sources d'énergie futures et aux taux <strong>de</strong> substitution technique qui prévalentdans l'industrie et l'agriculture. Enfin, la troisième dimension <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> porte sur <strong>les</strong> sty<strong>les</strong><strong>de</strong> vie et <strong>les</strong> comportements <strong>de</strong> consommation futurs. Il est en outre important <strong>de</strong> reconnaîtrequ'il existe plusieurs façons dont ces trois dimensions <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> technologique peuventinteragir et amplifier ou au contraire réduire <strong>les</strong> effets sur le futur niveau <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES.Etant donné le caractère cumulatif et auto-entrainant du progrès technique, il est clair que <strong>les</strong>émissions ne suivront pas indéfiniment une extrapolation linéaire <strong>de</strong>s trends passés.f. Autres déterminants du niveau <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES en 2100α. Ressources futures et énergie renouvelableIl est possible qu'au siècle prochain, le solaire et le nucléaire aient un rôle prépondérantdans l'offre d'énergie, peut-être combinés à l'hydrogène (Häfele et al., 1982). En effet, la plusgran<strong>de</strong> incertitu<strong>de</strong> règne quant aux ressources pétrolières futures ainsi que pour <strong>les</strong> réserves <strong>de</strong>gaz pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> la prévisibilité semble toutefois meilleure (IPCC, 2000). Toutefois, il n’y apas <strong>de</strong> consensus clair sur le <strong>de</strong>venir du nucléaire. Alors que son avenir semble compromis enAmérique du Nord et assez incertain en Europe, il constitue encore une alternative fortementcrédible en Asie et pour d’autres pays en développement.Il est cependant probable que ce nouveau siècle voit se développer <strong>de</strong>s formes d'énergieencore margina<strong>les</strong> aujourd'hui. A moyen terme, comme le montre le tableau ci-<strong>de</strong>ssous, l’énergierenouvelable dont le potentiel est le plus important est la biomasse, suivie <strong>de</strong> loin par le solaire etl’énergie éolienne. A plus long terme l’énergie solaire semble constituer une alternative crédibleaux énergies traditionnel<strong>les</strong>.Depuis l’apparition <strong>de</strong> l’énergie éolienne au milieu <strong>de</strong>s années 1970, on a pu observer unecontinuité dans la chaîne <strong>de</strong>s créations et <strong>de</strong>s réductions <strong>de</strong> coût pour l’industrie. Christiansson(1995) a mis en évi<strong>de</strong>nce une courbe d’apprentissage liant <strong>les</strong> réductions <strong>de</strong> coûts aux capacitésinstallées : aux USA, lorsque l’on double ces capacités, le coût <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> installations estréduit <strong>de</strong> 16% par rapport à celui <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes installations.Tableau V.6. Potentiels d’énergie renouvelable pour 2020-2025(Potentiel technique maximum et flux annuels, en EJ)Consommation Potentiels en Potentiels techniques Flux1860-1990 1990 2020-2025 <strong>de</strong> long terme AnnuelsHydro 560 21 35-55 >130 >400Géothermique -- 20 >800Eolienne -- -- 7-10 >130 >200000Océan -- -- 2 >20 >300Solaire -- -- 16-22 >2600 >3000000Biomasse 1150 55 72-137 >1300Total 1710 76 130-230 >4200 >3000000Source : Watson et al., 1996.333


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceIl y a finalement peu <strong>de</strong> scénarios qui s’intéressent explicitement aux interactions entre<strong>les</strong> disponibilités <strong>de</strong>s différentes ressources énergétiques et le progrès technique. Les possibilités<strong>de</strong> substitutions technologiques vers l’utilisation <strong>de</strong>s ressources renouvelab<strong>les</strong> sont parconséquent mal appréhendées. Un lien clair apparaît au sein <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s scénarios entre laconsommation <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s types d’énergie et <strong>les</strong> ressources disponib<strong>les</strong> pour cette formed’énergie (IPCC, 2000).Comme l’illustre la figure V.11, en 1850, seulement 20% <strong>de</strong> l'énergie primaire étaitfossile, produite à partir du charbon. Les 80% restant provenaient d'énergies renouvelab<strong>les</strong>(principalement la biomasse, l'énergie hydraulique et animale). Avec l'industrialisation, lecharbon s'est substitué aux énergies renouvelab<strong>les</strong> pour atteindre ¾ <strong>de</strong> l'énergie primairemondiale en 1910. La secon<strong>de</strong> transition majeure s'est opérée dans <strong>les</strong> années 1970 où le charbonet <strong>les</strong> énergies non fossi<strong>les</strong> (notamment le nucléaire) se sont peu à peu substitués au pétrole suiteà l'accroissement brutal <strong>de</strong>s prix.Graphique V.11. Part <strong>de</strong>s différentes sources dans l'énergie primaire :Données historiques et résultats <strong>de</strong>s scénarios SRESOil/Gas20% 80%40%1990197060%60%40%Coal100%80%1950A221001920190020% 40%IS92a,b,e,fhistorical60%B22100B12100IS92c,d1850A1210020%80% 100%Renewab<strong>les</strong>/NuclearSource : IPCC, 2000.334


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceAinsi, <strong>les</strong> scénarios B1, A1T et, dans une certaine mesure A1, proposent à long terme unepart croissante aux options énergétiques sans carbone. A1G gar<strong>de</strong> plus ou moins constante la partdu gaz et du pétrole dans l'offre énergétique prolongeant par là-même la domination <strong>de</strong> cesformes d'énergie au siècle prochain. En redonnant au charbon une part importante, le scénarioA2 retrouve en 2100 la structure <strong>de</strong> l'offre énergétique qui prévalait 200 ans plus tôt, au début duXIX e siècle.Le changement le plus significatif pour <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> la famille A1 est la rapi<strong>de</strong>pénétration <strong>de</strong>s énergies renouvelab<strong>les</strong> dont la part passe <strong>de</strong> 3% à 66% <strong>de</strong> l'offre énergétique à lafin du siècle prochain. La baisse <strong>de</strong>s coûts permise par le progrès technique permet à l'énergiesolaire <strong>de</strong> pouvoir raisonnablement espérer une première place dans l'offre énergétique en 2100.De même, la biomasse contribuera à 18% <strong>de</strong> la production d'énergie primaire. Dans le mêmetemps, le charbon et le pétrole décroissent respectivement <strong>de</strong> 25% et 36% en 1990 à 2% et 5% en2100. Seul le gaz se maintient, passant <strong>de</strong> 20% à 24%. Enfin, le nucléaire est apparu comme unetechnologie backstop aux auteurs du scénario et passe donc <strong>de</strong> 2% à 10% <strong>de</strong> l'énergie primaire en2050 pour décliner ensuite à 4% en 2100 en raison <strong>de</strong> la domination du solaire.C'est le charbon qui s'impose dans <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> la famille A2 puisque sa part dansl'énergie primaire passe <strong>de</strong> 29% en 1990 à 53% en 2100 alors que le pétrole est totalement absenten 2100 en raison <strong>de</strong> l'épuisement <strong>de</strong>s ressources. En conséquence <strong>de</strong> cela, le nucléaire et <strong>les</strong>énergies renouvelab<strong>les</strong> s'imposent progressivement alors que la part du gaz reste constante. Al'échelle régionale, <strong>les</strong> résultats diffèrent selon <strong>les</strong> ressources. Le charbon domine rapi<strong>de</strong>ment enAsie alors que le nucléaire représente une alternative importante pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'OCDE, maiségalement en Asie, et que la biomasse et <strong>les</strong> autres énergies renouvelab<strong>les</strong> s'imposent plusfacilement en Afrique et en Amérique du Sud. Toutes <strong>les</strong> simulations donnent <strong>de</strong>s résultatssimilaires à l'exception <strong>de</strong> celle réalisée à l'ai<strong>de</strong> du modèle IMAGE et qui classe le gaz commepremière source d'énergie.Dans le scénario B1, un changement structurel vers <strong>les</strong> énergies non fossi<strong>les</strong> s'opère, legaz naturel constituant l'énergie intérimaire. Après 2050, la diffusion du progrès techniquepermet au changement structurel <strong>de</strong> se réaliser alors que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ne cesse <strong>de</strong> décroître. Lapart du charbon décroît continûment au cours du XXI e siècle en raison <strong>de</strong> considérationsenvironnementa<strong>les</strong>. En 2100, <strong>les</strong> énergies fossi<strong>les</strong> (principalement le gaz naturel) ne représententplus que 47% <strong>de</strong> l'énergie primaire.En 2100, l'énergie primaire se répartit comme suit dans <strong>les</strong> scénarios B2 : 23% pour labiomasse, 22% pour le charbon, 29% pour le pétrole et le gaz et 26% pour <strong>les</strong> autres énergiesrenouvelab<strong>les</strong> et le nucléaire. Comme pour le scénario A2, la structure <strong>de</strong> l'offre énergétique d'unpays va dépendre <strong>de</strong> ses ressources. Un pays pauvre mais disposant d'un certain potentielénergétique naturel va plutôt avoir recours aux énergies fossi<strong>les</strong> (le charbon pour la Chine, le gazpour l'ex-URSS et le pétrole pour le Moyen-Orient). Les pays avec peu <strong>de</strong> ressources aurontplutôt recours au nucléaire. Les différentes simulations conduisent à <strong>de</strong>s résultats très différents.Certaines mettent en évi<strong>de</strong>nce l'apparition <strong>de</strong>s carburants synthétiques et la remontée du charbontandis que d'autres opèrent une substitution vers la biomasse et le nucléaire. Ces différencesapparaissent comme étant fortement liées aux hypothèses <strong>de</strong> paramétrisation <strong>de</strong>s différentsmodè<strong>les</strong> en présence (IPCC, 2000).335


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceβ. Utilisation <strong>de</strong>s terresLa variable déterminante pour l’utilisation <strong>de</strong>s terres est la démographie qui influedirectement sur <strong>les</strong> besoins en nourriture. Bien entendu d’autres variab<strong>les</strong> viennent modifier larelation entre ces <strong>de</strong>ux entités, principalement la déforestation et l’intensification (oul’extension) <strong>de</strong> l’agriculture. Les différentes hypothèses retenues vont donc influer sur <strong>les</strong>émissions <strong>de</strong> GES, notamment le CO 2 , le CH 4 et le NO 2 .Alors que le scénario A1 produit pour le court terme <strong>de</strong>s résultats qui suivent <strong>les</strong> trendsobservés jusqu’ici, à plus long terme, ce sont <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> économiques qui déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>l’utilisation <strong>de</strong>s terres, ce qui est cohérent avec l’esprit <strong>de</strong> ce scénario. Alors que la croissance <strong>de</strong>la population, celle <strong>de</strong> la productivité agricole et celle du niveau <strong>de</strong> richesse moyen jouent ensens inverse sur la déforestation (positivement par le biais d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> accrue <strong>de</strong> nourriturepour la première, négativement par celui d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>l’environnement pour la troisième), la croissance <strong>de</strong> la rentabilité <strong>de</strong> la biomasse entraîne unaccroissement <strong>de</strong>s surfaces réservées à cette fonction.Graphique V.12. Utilisation <strong>de</strong>s terres en 1990, 2050 et 2100 selon <strong>les</strong> 4 scénarios SRES100,0%90,0%80,0%70,0%60,0%50,0%40,0%AutresForêtsBiomassePrairiesTerres agrico<strong>les</strong>30,0%20,0%10,0%0,0%1990 2050 2100 1990 2050 2100 1990 2050 2100 1990 2050 2100A1 A2 B1 B2Note : Le modèle MESSAGE (marqueur B2) n’inclue pas <strong>de</strong> changement dans l’utilisation <strong>de</strong>s terres relié à unmodule d’émissions <strong>de</strong> GES ; le modèle ASF (marqueur A2) ne retient que <strong>les</strong> changements <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> carbonetandis que <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> AIM et IMAGE (marqueurs A1 et B1 respectivement) utilisent tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux un module <strong>de</strong>changement d’utilisation <strong>de</strong>s terres lié à un module d’émissions <strong>de</strong> GES. Les changements d’utilisation <strong>de</strong>s terres et<strong>les</strong> variations d’émissions conjointes ont été calculées avec <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> alternatifs en respect <strong>de</strong>s hypothèses socioéconomiques<strong>de</strong> chaque scénario.Source : D'après SRES Database (http://sres.ciesin.org/final_data.html)336


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référencePour <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> la famille A2, c’est clairement la démographie qui est la variable cléet la forte croissance <strong>de</strong> la population entraîne un accroissement <strong>de</strong>s surfaces consacrées àl’agriculture et à l’élevage. Cela se fait principalement au détriment <strong>de</strong>s utilisations nonforestières puisque <strong>les</strong> surfaces <strong>de</strong> forêts sont stab<strong>les</strong> et l’apparition <strong>de</strong> la biomasse commesource d’énergie non marginale entraîne un accroissement <strong>de</strong>s surfaces consacrées à saproduction.En dépit d’un accroissement <strong>de</strong> la population et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> nourriture (surtout <strong>de</strong>vian<strong>de</strong>) résultant d’un accroissement du revenu par tête, <strong>les</strong> surfaces consacrées à l’agriculture ouà l’élevage diminuent dans le scénario B1. Ceci s’explique par un accroissement <strong>de</strong> laproductivité. L’intérêt porté à l’environnement dans ces scénarios se traduit par un accroissementnotable <strong>de</strong>s surfaces forestières. La biomasse, elle, ne représente que 1,5% <strong>de</strong>s terres en 2100car, on l’a vu, elle ne constitue pas une source d’énergie importante à long terme puisque <strong>les</strong>olaire est plus rentable. On note que l'intérêt pour l'environnement ne semble pas se traduire parun retour à l'agriculture extensive.Enfin, dans <strong>les</strong> scénarios B2, on constate que <strong>les</strong> surfaces consacrées à d’autres fonctionsque cel<strong>les</strong> repérées sur le graphique V.12 diminuent au profit partagé <strong>de</strong> l’agriculture, <strong>de</strong>l’élevage, <strong>de</strong> la biomasse et <strong>de</strong>s forêts. En général, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> prévoient pour <strong>les</strong> émissions liéesà l’utilisation <strong>de</strong>s terres une réduction assez importante tout au long du siècle prochain, commel’illustre le graphique IV.13.Graphique V.13. Emissions <strong>de</strong> CO 2 liées à l’utilisation <strong>de</strong>s terresselon <strong>les</strong> quatre scénarios marqueurs1.41.21.00.8[GtC]0.60.40.20.0A1A2B1B2-0.2-0.4-0.61990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100Source : IPCC, 2000337


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceχ. Politiques diverses susceptib<strong>les</strong> d'influencer le niveau <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GESLes émissions <strong>de</strong> GES peuvent être sensiblement réduites ou accrues consécutivement àla mise en place <strong>de</strong> <strong>politiques</strong> publiques, environnementa<strong>les</strong> ou non, non directement liées à unobjectif d'émission <strong>de</strong> GES. Il est clair par exemple que toute politique énergétique aura unimpact important sur <strong>les</strong> émissions futures. Mais d'autres types <strong>de</strong> <strong>politiques</strong> tels que <strong>de</strong>s<strong>politiques</strong> spécifiques d'ai<strong>de</strong> aux pays en développement, la nature <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> soutien à lacroissance, <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> d'éducation, <strong>de</strong> santé, sur <strong>les</strong> transports, l'agriculture ou <strong>les</strong> forêtsauront <strong>de</strong>s impacts considérab<strong>les</strong> sur ces émissions. De plus, le choix <strong>de</strong> l'instrument influenceranon seulement le succès relatif <strong>de</strong> la politique mais également <strong>les</strong> effets secondaires en termesenvironnementaux.Reprenant <strong>les</strong> différents termes <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya, on constate que tous peuvent êtreconsidérablement modifiés par l'introduction <strong>de</strong> <strong>politiques</strong> spécifiques qui modifieront doncindirectement la concentration <strong>de</strong> l'atmosphère en GES à la fin du siècle prochain.En premier lieu, <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> qui visent à modifier le taux <strong>de</strong> fécondité (mais également<strong>de</strong> mortalité et d'immigration), notamment dans <strong>les</strong> pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique Latine,peuvent avoir <strong>de</strong>s effets sur <strong>les</strong> émissions futures d'ordre comparable à ceux d'instrumentspurement environnementaux, d'autant plus que, on l'a vu, <strong>les</strong> effets cumulatifs <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> <strong>politiques</strong>sont très importants. Bongaarts (1994) rapporte par exemple dans son étu<strong>de</strong> que 100 millions <strong>de</strong>femmes dans <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> moins développés souhaiteraient ne pas attendre un enfant. Il avait déjànoté en 1990 que le planning familial contribuait au récent déclin <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> fertilité dans laplupart <strong>de</strong>s pays développés, pouvant être tenu pour responsable d'une réduction <strong>de</strong> la populationactuelle <strong>de</strong> 40 millions par rapport à ce qu'elle aurait dû être en l'absence <strong>de</strong> politique familiale,ce qui correspond à une réduction <strong>de</strong> 400 millions <strong>de</strong> la population mondiale en 2100. En outre,<strong>les</strong> <strong>politiques</strong> démographiques peuvent affecter <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la production. On aalors un PIB et <strong>de</strong>s émissions par tête plus importants mais un niveau d'émission global qui peutêtre réduit (comparativement à d'autres scénarios).On peut cependant estimer que <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> qui ont pour l'heure le plus influencé <strong>les</strong>niveaux d'émissions sont cel<strong>les</strong> qui ont favorisé le progrès technique, l'innovation sociale etsoutenu le développement économique (IPCC, 2000).De même, <strong>les</strong> orientations choisies en termes d'infrastructures ont <strong>de</strong>s effets considérab<strong>les</strong>sur la concentration en carbone <strong>de</strong> l'atmosphère à long terme. Notamment, <strong>les</strong> <strong>politiques</strong> quivisent à modifier le nombre <strong>de</strong> tonne-km effectuées sur la route, surtout pour le fret, sont cel<strong>les</strong>qui risquent d'influencer le plus <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> GES (Michaelis et Davidson, 1996; Watson etal. (eds.), 1996; Newman and Kenworthy, 1990). Les <strong>politiques</strong> qui s'intéressent à laconsommation énergétique dans <strong>les</strong> habitations (Levine et al., 1996; Watson et al. (eds.), 1996)et cel<strong>les</strong> qui traitent <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s terres (forêts/agriculture, agriculture/développementurbain) peuvent également avoir un impact fort sur le niveau <strong>de</strong>s émissions à long terme.338


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceAlors que <strong>de</strong>s objectifs environnementaux sont souvent attachés à <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> agrico<strong>les</strong>ou énergétiques, certains instruments sont dédiés uniquement à l'atteinte d'un objectifenvironnemental. Dans un contexte <strong>de</strong> non-réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES, la politiqueenvironnementale qui aura l'impact le plus important sur ces émissions est une politique <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> souffre. Elle peut en effet conduire à <strong>de</strong>s substitutions entre charbonet hydrocarbures. Ainsi, par <strong>de</strong>s effets secondaires négatifs, une politique d'amélioration <strong>de</strong> laqualité <strong>de</strong> l'air et d'évitement <strong>de</strong>s pluies aci<strong>de</strong>s peut exacerber le changement climatique via uneaugmentation <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES.Les effets <strong>de</strong> ces <strong>politiques</strong> sur le niveau <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES au siècle prochain sonttoutefois hautement incertains (IPCC, 1996), d'autant plus si l'on considère <strong>les</strong> interactionséventuel<strong>les</strong> entre ces <strong>politiques</strong> et <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> mises en œuvre spécifiquement pour luttercontre le changement climatique.g. ConclusionLa famille A1 est sans doute la plus proche <strong>de</strong>s autres scénarios développés récemment(e.g., Nations-Unies, 1990 ; Schwartz, 1991 ; Peterson, 1994 ; Gallopin et al., 1997 ; Glenn andGordon, 1997 ; Lawrence et al., 1997 ; Hammond, 1998 ; Nakic;'enovic;' et al., 1998 ; Raskin etal., 1998). Ces scénarios illustrent la domination d’un mon<strong>de</strong> à l’occi<strong>de</strong>ntal orienté vers leprogrès, où la technologie, notamment dans le domaine <strong>de</strong> l’information, joue un rôle central. Lalibéralisation du commerce international, l’innovation continue, la stabilité politique et socialefacilite la diffusion <strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s connaissances. Comme le souligne Wilkerson (1995), ils’agit <strong>de</strong> scénarios décrivant un mon<strong>de</strong> où le marché tient une place centrale, où laconsommation en biens matériels et immatériels est élevée, la technologie avancée, la mobilité et<strong>les</strong> communications accrues. Les trends démographiques et économiques sont liés dans cettefamille et la croissance élevée (3% par an, soit approximativement le taux <strong>de</strong> croissance moyen<strong>de</strong>puis 1850 pour <strong>les</strong> pays développés) se traduit par une baisse <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> fertilité et <strong>de</strong>mortalité si bien que la population mondiale dans ce scénario est <strong>de</strong> 9 milliards en 2050 et 7milliards en 2100. Le progrès technique permet une diminution <strong>de</strong> l’intensité énergétique <strong>de</strong> laproduction <strong>de</strong> 1,3% par an.C’est donc par un commerce international moins intense, un turnover du capital plus lentet un taux <strong>de</strong> progrès technique plus faible que <strong>les</strong> scénarios A2 se distinguent <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts. Lemon<strong>de</strong> décrit dans ces scénarios est polaire, <strong>les</strong> solutions aux problèmes économiques, sociaux etenvironnementaux sont développées régionalement et l’écart <strong>de</strong> revenu entre <strong>les</strong> pays du Nord etdu Sud n’est pas comblé. La démographie évolue donc différemment que dans le cas précé<strong>de</strong>nt :<strong>les</strong> taux <strong>de</strong> fertilité ne diminuent que lentement, surtout dans <strong>les</strong> pays actuellement endéveloppement. La population est alors <strong>de</strong> 15,1 milliards d’habitants à la fin du siècle prochain.Les démographes (Lutz et al., 1997) attachent une probabilité <strong>de</strong> 90% à ce que le niveau réel <strong>de</strong>la population en 2100 soit inférieur à celui adopté par le scénario A2. Ainsi, cette familleconstitue une borne supérieure en termes démographiques <strong>de</strong> ce que l’on trouve par ailleurs dansla littérature. Tout ceci conduit à un revenu par tête beaucoup plus faible que ceux obtenus par<strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> A1 et B1, comme l’illustre le tableau V.7. Le taux <strong>de</strong> croissance durevenu par tête entre 1990 et 2100 est <strong>de</strong> 1,3% par an, soit un niveau comparable à celui observéentre 1970 et 1995 (Banque Mondiale, 1998). De même, cette situation conduit à concentrer leprogrès technique sur la productivité agricole afin <strong>de</strong> faire face aux besoins alimentaires.339


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceCe qui frappe le plus à la lecture du tableau V.7, c’est à quel point la convergence entrepays développés et pays en développement s’opère dans l’ensemble <strong>de</strong>s scénarios où l’écart estau moins divisé <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> moitié et passe <strong>de</strong> 1 à 16 à 1 à 1,6 dans le meilleur <strong>de</strong>s cas (qui seproduit si le mon<strong>de</strong> est ouvert), que la priorité soit donnée ou non à l’économie (Famil<strong>les</strong> A1 etB1).L’absence <strong>de</strong> coopération internationale dans <strong>les</strong> scénarios A2 se traduit par <strong>de</strong>s choixénergétiques largement dépendants <strong>de</strong> la nature et <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong>s ressources loca<strong>les</strong> etnotamment par un développement <strong>de</strong>s ressources renouvelab<strong>les</strong> et du nucléaire pour <strong>les</strong> paysriches suivant leurs disponibilités tandis que <strong>les</strong> autres pays s’appuient encore essentiellementsur <strong>les</strong> énergies fossi<strong>les</strong>.Les scénarios <strong>de</strong> la famille B1 se distinguent fondamentalement par la conscienceenvironnementale et sociale qui se développe dans le mon<strong>de</strong> qu’ils décrivent et qui conduit à larecherche, à un niveau global, d’un développement durable. Ce mon<strong>de</strong> ressemble à celui décritdans <strong>les</strong> scénarios Conventional Worlds-Policy Reform (Gallopin et al., 1997), "Ecotopia" <strong>de</strong>Wilkerson (1995) ou encore dans le scénario normatif construit par Glenn et Gordon (1997) quidéveloppent tous l’idée d’un mon<strong>de</strong> tendant vers un développement durable, notamment grâce àun progrès technique important et bien orienté. Nombreux sont <strong>les</strong> scénarios qui partagent <strong>de</strong>scaractéristiques communes à cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> la famille B1. Le mon<strong>de</strong> décrit dans cescénario est plus proche du mon<strong>de</strong> A1 que du A2 en ce sens que le changement technologiques’opère rapi<strong>de</strong>ment et que la convergence économique est réelle. Cependant, <strong>les</strong> priorités sontdifférentes : <strong>les</strong> agents investissent pour accroître la productivité dans le mon<strong>de</strong> A1 tandis qu’icil'investissement est orienté vers la recherche d’une amélioration croissante <strong>de</strong> l’efficience dansl’utilisation <strong>de</strong>s ressources (dématérialisation <strong>de</strong> la production), <strong>de</strong> l’équité, d’une amélioration<strong>de</strong>s institutions socia<strong>les</strong> et <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> l’environnement. Alors que la démographie estcomparable, <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance légèrement inférieurs, surtout dans la <strong>de</strong>uxième moitié duXXI e siècle en raison <strong>de</strong> la priorité donnée au social et à l’environnement, entraînent <strong>de</strong>s revenuspar tête <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 35% inférieurs à ceux que l’on observe pour <strong>les</strong> scénarios A1 et un rattrapageplus lent <strong>de</strong>s pays du Nord par <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> Sud.Enfin, la famille B2 se situe à mi-chemin entre A2 et B1 : développement d’uneconscience sociale et environnementale mais déclin <strong>de</strong>s institutions internationa<strong>les</strong>, symboled’un régionalisme accru. On pourrait s’attendre à ce que <strong>les</strong> revenus par tête soient <strong>les</strong> plusfaib<strong>les</strong> mais l’effort consenti en termes d’éducation et surtout une démographie mieux contrôléepermettent d’obtenir <strong>de</strong>s résultats un peu meilleurs que dans le cas A2. La priorité donnée àl’environnement mais avec une recherche locale <strong>de</strong>s solutions entraîne un progrès techniquemoins efficace et plus hétérogène. Cela se traduit par un déclin <strong>de</strong> l’intensité énergétique du PIB<strong>de</strong> 1%, soit une poursuite du trend historique. Comme pour A2, <strong>les</strong> systèmes énergétiques locauxdépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s ressources naturel<strong>les</strong> disponib<strong>les</strong>.340


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceTableau V.7.Principa<strong>les</strong> hypothèses <strong>de</strong>s quatre marqueursA1A2B1B2Population (en milliards)Faible7,1 milliards en 2100IIASA (Lutz et al., 1998)Forte15,1 milliards en 2100IIASA (Lutz et al., 1998)Faible7 milliards en 2100IIASA (Lutz et al., 1998)Moyenne10,4 milliards en 2100UN (1998)Croissance économique(PIB) aTrès forte1990-2020 : 3,3 (2,8-3,6)1990-2050 : 3,6 (2,9-3,7)1990-2100 : 2,9 (2,5-3,0)Moyenne1990-2020 : 2,2 (2,0-2,6)1990-2050 : 2,3 (1,7-2,8)1990-2100 : 2,2 (2,1-2,3)Forte1990-2020 : 3,1 (2,9-3,3)1990-2050 : 3,1 (2,9-3,5)1990-2100 : 2,5 (2,5-2,6)Moyenne1990-2020 : 3,0 (2,3-3,1)1990-2050 : 2,8 (2,1-2,9)1990-2100 : 2,2 (2,0-2,3)Revenu par tête (PIB par têteen 1990 US$ par tête)Très forteEn 2100 : 107 300 US$ pour<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’annexe I,66 500 US$ ailleursMoyenne pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong>l’annexe I, faible ailleurs.En 2100 : 46 200 US$ pour<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’annexe I,11 000 US$ ailleursForteEn 2100 : 72 800 US$ pour<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’annexe I,40 200 US$ ailleursMoyenneEn 2100 : 54 400 US$ pour<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’annexe I,18 000 US$ ailleursIConsommation d’énergieprimaireTrès forteEn 2100 :2 079 (1 169-2 737) EJ.Faible intensité énergétique<strong>de</strong> 3,9 MJ/US$ForteEn 2100 :1 717 (1 304-1 964) EJTrès forte intensitéénergétique <strong>de</strong> 7,1 MJ/US$FaibleEn 2100 :515 (515-1 157) EJ.Très faible intensitéénergétique <strong>de</strong> 1,6 MJ/US$MoyenneEn 2100 :1 357 (846-1 625) EJ.Intensité énergétiquemoyenne <strong>de</strong> 5.8 MJ/US$Utilisation <strong>de</strong>s ressourcesd’hydrocarbonesPétrole : <strong>de</strong> faible à très élevée17,7 (11,5-38,5) ZJ en 2100Gaz : <strong>de</strong> forte à très forte36,1 (16,9-49,1) ZJ en 2100Charbon : <strong>de</strong> moyenne à trèsforte12,2 (4,4-60,0) ZJ en 2100Pétrole : <strong>de</strong> très faible à moyen16,1 (10,9-22,6) ZJ en 2100Gaz : <strong>de</strong> faible à élevé24,2 (18,4-35,5) ZJ en 2100Charbon: <strong>de</strong> moyenne à forte38,6 (20,1-46,9) ZJ en 2100Pétrole : <strong>de</strong> très faible à forte19,5 (11,1-19,5) ZJ en 2100Gaz : <strong>de</strong> moyen à fort14,6 (14,6-31,8) ZJ en 2100Charbon: <strong>de</strong> très faible à forte13,2 (3,3-26,6) ZJ by 2100Pétrole : <strong>de</strong> fable à moyen19,5 (11,2-22,7) ZJ en 2100Gaz : <strong>de</strong> faible à moyen26,9 (17,9-26,9) ZJ en 2100Charbon : <strong>de</strong> faible à très forte12,6 (12,6-44,4) ZJ en 2100Note : <strong>les</strong> chiffres entre parenthèses donnent <strong>les</strong> minimums et <strong>les</strong> maximums obtenus lors <strong>de</strong>s simulations numériques.a Les taux <strong>de</strong> croissance (logarithmiques) sont calculés à partir <strong>de</strong> différentes années <strong>de</strong> référence selon <strong>les</strong> modè<strong>les</strong>.b Les données d’utilisation <strong>de</strong>s sols pour B2 sont issues <strong>de</strong> la simulation d’utilisation <strong>de</strong>s sols réalisée à lai<strong>de</strong> du modèle AIM.Evolution <strong>de</strong> l’utilisation<strong>de</strong>s terresFaible1990-2100 :-3% pour l’agriculture,+6% pour la prairie et-2% pour la forêtMoyenneN.C. pour le modèle ASF(AIM : -5% pourl’agriculture, +14% pourla prairie et +6% pour laforêt)Forte1990-2100 :-27% pour l’agriculture,-45% pour la prairie et+29% pour la forêtMoyenne1990-2100 :+22% pour l’agriculture,+9% pour la prairie et+5% of pour la forêt b341


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceLe graphique V.14 présente <strong>de</strong> manière synthétique <strong>les</strong> principaux indicateurs <strong>de</strong>s quatrescénarios marqueurs. En premier lieu, il illustre le fait que <strong>les</strong> interval<strong>les</strong> retenus pour <strong>les</strong>principa<strong>les</strong> caractéristiques <strong>de</strong>s quatre scénarios SRES sont <strong>de</strong> tail<strong>les</strong> comparab<strong>les</strong> à ceux quel’on peut construire en effectuant une revue <strong>de</strong> la littérature et la démarche suivie permet doncune bonne prise en compte <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> tout en maintenant une certaine cohérence entre <strong>les</strong>types d’incertitu<strong>de</strong>s supposés. Seule exception à cette remarque, <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> GES minimumproduites par <strong>les</strong> scénarios SRES sont supérieures à cel<strong>les</strong> que l’on peut trouver dans lalittérature en raison <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> ces émissions qui constitue unehypothèse fondamentale et nécessaire à l’estimation <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions.En reconnaissant l'importance <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s forces en présence per se, le rapport SRESillustre le rôle critique <strong>de</strong>s relations et <strong>de</strong>s interdépendances entre <strong>les</strong> scénarios et ces forces.Graphique V.14. Principaux indicateurs <strong>de</strong>s scénarios marqueursCarbon Dioxi<strong>de</strong>(60 GtC)Population(20 billion)529Gross World Product (mex)(700 10 12 US$)15.1328A1- AIM10.4A2 - ASF27.8B2 - MESSAGE7.114.213.15.72351.362420.521.40.460.953.34.11.43B1 - IMAGE15.11.722.08Carbon Dioxi<strong>de</strong> perPrimary Energy(22 tC/TJ)Primary Energy(3.4 ZJ)10.5 11.1 Source : IPCC, 2000.5.9Data base rangeexceeding the SRES range1.74Final Energy perGross World Product(7 MJ/US$)Final Energy(2.4 ZJ)median max min SRES-max SRES-min342


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référence3. Evolution <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>s différents GES selon <strong>les</strong> scénarios SRESa. Le dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone (CO 2 )Les évolutions <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> étudiées ci-<strong>de</strong>ssus dans <strong>les</strong> différents scénariosse traduisent par <strong>les</strong> évolutions <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2 présentées dans le graphique V.15.Dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux scénarios qui supposent un accroissement <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> toutes naturesentre <strong>les</strong> pays, le progrès technique plus important permet d'amorcer ou <strong>de</strong> réaliser une décrue<strong>de</strong>s émissions dans la <strong>de</strong>uxième moitié du XXI e siècle tandis que l'on observe pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>uxautres scénarios un trend constamment croissant. Selon <strong>les</strong> scénarios et <strong>les</strong> simulations, <strong>les</strong>émissions en 2100 sont rangées entre 3 GtC et presque 40 GtC en 2100. Rien ne saurait mieuxtraduire l'incertitu<strong>de</strong> qui pèse, notamment à long terme, sur le réchauffement <strong>de</strong> la planète.La forte croissante économique retenue dans le scénario A1 conduit à une forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong>énergétique et donc à <strong>de</strong>s niveaux d'émissions élevés dans <strong>les</strong> premières décennies du XXI esiècle. Ce n'est qu'à long terme que <strong>les</strong> changements structurels <strong>de</strong> l'offre énergétique <strong>de</strong>viennenteffectifs en raison d'une inertie assez forte du capital. Les émissions commencent donc à déclinerdans la secon<strong>de</strong> moitié du XXI e siècle, bien que la consommation énergétique par tête <strong>de</strong> lapopulation (dont le niveau est à peu près stable) décroisse. Un pic est donc atteint aux environs<strong>de</strong> 2050 à un niveau égal à 2,7 fois celui <strong>de</strong> 1990, puis <strong>les</strong> émissions décroissent régulièrementpour atteindre 13GtC en 2100. Le bilan <strong>de</strong> cela est un montant d'émissions cumulées en 2100 <strong>de</strong>1435 GtC (graphique V.17).Toutefois, ce qui est particulièrement marquant sur le graphique V.15 c'est que l'intervalled'émissions en 2100 couvert par l'ensemble <strong>de</strong>s simulations du scénario A1 (et <strong>de</strong> ses sousfamil<strong>les</strong>énergétiques) est <strong>de</strong> taille quasi i<strong>de</strong>ntique à celui couvert par l'ensemble <strong>de</strong>s émissions.Ceci est en partie explicable par <strong>les</strong> hypothèses différentes retenues quant au PIB mondial etrégional et aux améliorations <strong>de</strong> l'intensité énergétique, mais également par <strong>les</strong> interprétationsalternatives <strong>de</strong> la storyline et notamment <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> sentier <strong>de</strong> changement techniqueéquilibré. ASF et IMAGE décrivent <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s reposant plus sur <strong>les</strong> énergies fossi<strong>les</strong>(notamment le charbon) que le scénario marqueur (AIM). C'est pourquoi <strong>les</strong> émissions atteignentselon ces modè<strong>les</strong> 23 à 26 GtC en 2050 contre 16 GtC pour le scénario marqueur. La courbed'émissions produite par MARIA est assez différente (Mori, 2000). Il n'y apparaît pas le taux <strong>de</strong>croissance <strong>de</strong>s émissions élevé dans la première partie du XXI e siècle que l'on trouve dans <strong>les</strong>autres simulations du scénario A1. Les émissions croissent au contraire assez lentement jusqu'en2030 puis un peu plus rapi<strong>de</strong>ment avant <strong>de</strong> se stabiliser à partir <strong>de</strong> 2050. Au total, <strong>les</strong> émissionscumulées varient entre moins <strong>de</strong> 1000 GtC et plus <strong>de</strong> 2500 GtC en 2100 selon <strong>les</strong> simulations.En outre, lorsque l'on considère <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 par tête (Graphique V.16), on s'aperçoitque l'éventail <strong>de</strong>s émissions par tête produit par <strong>les</strong> sous-scénarios A1 est bien plus grand quecelui couvert par l'ensemble <strong>de</strong>s autres scénarios, si bien que <strong>les</strong> émissions par tête dans <strong>les</strong> sousscénarios<strong>les</strong> plus carbonés (A1G et A1C) sont très supérieures à celle que l'on observe dansl'ensemble <strong>de</strong>s autres scénarios.343


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceLa conjugaison <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux observations permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce l'importante <strong>de</strong>shypothèses retenues pour le progrès technique énergétique <strong>de</strong> long terme et amène à poser <strong>les</strong><strong>de</strong>ux questions suivantes :• Une part trop gran<strong>de</strong> n'est-elle pas accordée au progrès technique dans ces modè<strong>les</strong> pourqu'il puisse expliquer à lui seul d'aussi gran<strong>de</strong>s différences ?• N'y a-t-il pas un problème <strong>de</strong> cohérence interne au sein <strong>de</strong> certaines simulations pourqu'avec <strong>de</strong>s données relativement comparab<strong>les</strong> <strong>les</strong> résultats divergent autant ? Enparticulier, l'investissement vers <strong>les</strong> technologies propres ne se traduit-il pas par un effetd'éviction qui ne semble pas apparaître ici ?La comparaison <strong>de</strong>s quatre famil<strong>les</strong> SRES indique que <strong>de</strong>s structures énergétiquesdifférentes peuvent conduire à <strong>de</strong>s niveaux d'émissions comparab<strong>les</strong> dans <strong>de</strong>s cadresdémographico-politico-économiques divers. De même, la comparaison <strong>de</strong>s sous-famil<strong>les</strong> A1nous renseigne quant au fait que, même dans un cadre unifié, <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong>s émissions trèsdiverses peuvent apparaître si le système énergétique est différent. D'après ce que l'on observe, lanature du système énergétique est d'égale importance avec <strong>les</strong> autres principa<strong>les</strong> forces enprésence pour déterminer le niveau <strong>de</strong>s émissions. On pourrait traduire ce constat en termes <strong>de</strong>recommandation politique en argumentant qu'en termes environnementaux, une décarbonisationdu système énergétique permet <strong>de</strong> contrer <strong>les</strong> effets <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> démographiques etéconomiques. En outre, le graphique V.16 met en évi<strong>de</strong>nce que la croissance est une conditionnécessaire mais pas suffisante à une dynamique <strong>de</strong> décarbonisation <strong>de</strong> l'économie puisque, dans<strong>les</strong> sous-scénarios A1 où <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> croissance sont élevés, on peut observer un accroissementsensible <strong>de</strong>s émissions par tête. Même si la plus faible croissance démographique observée dansces scénarios implique que cet accroissement <strong>de</strong>s émissions par tête ne se traduise pas forcémentpar <strong>de</strong>s émissions tota<strong>les</strong> plus élevées que dans d'autres scénarios, il apparaît clairement que <strong>les</strong>orientations technologiques du début du XXI e siècle joueront un rôle crucial dans la lutte contrele changement climatique.Dans la famille A2, le progrès technique est relativement lent et <strong>les</strong> énergies fossi<strong>les</strong>maintiennent leur position dominante pour répondre aux besoins d'une population croissante(Sankovski et al., 2000). A long terme, lorsque <strong>les</strong> ressources <strong>de</strong> pétrole et <strong>de</strong> gaz commencent àse tarir et que <strong>les</strong> alternatives non-fossi<strong>les</strong> ne sont pas encore concurrentiel<strong>les</strong>, le charbonretrouve une position <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>r. Le niveau d'émissions en 2100 est alors <strong>de</strong> 29 GtC, soit plus <strong>de</strong>4,5 fois plus qu'en 1990. Les émissions cumulatives du scénario marqueur sont <strong>de</strong> 1775 GtC d'ici2100. Les écarts entre <strong>les</strong> différentes simulations A2 sont moindres et l'intervalle <strong>de</strong>s émissionscumulées a pour bornes 1530 GtC et 1860 GtC en 2100, soit un écart <strong>de</strong> 1 à 1,21 selon <strong>les</strong>simulations contre un écart <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 1 à 2,5 pour <strong>les</strong> simulations <strong>de</strong> la famille A1.La tendance <strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong> consommation et <strong>de</strong> production à être plusrespectueux <strong>de</strong> l'environnement qui constitue une hypothèse fondamentale <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> lafamille B1 se traduit par <strong>de</strong>s émissions cumulées situées entre 800 GtC et 1310 GtC en 2100(soit un écart <strong>de</strong> 1 à 1,64 selon <strong>les</strong> simulations). Ces niveaux relativement faib<strong>les</strong> sont le reflet<strong>de</strong>s changements structurels vers <strong>de</strong>s activités moins intensives en matériel et en énergie quiconduisent à un découplage entre le bien-être et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'énergie dans le scénario marqueur<strong>de</strong> la famille B1 (Image) (<strong>de</strong> Vries et al., 2000). Les changements technologiques rapi<strong>de</strong>s vers<strong>de</strong>s solutions plus écologiques et économes en ressources naturel<strong>les</strong> sont supposés s'opérerrapi<strong>de</strong>ment. Un pic d'émissions est atteint en 2040 avec un niveau <strong>de</strong> 12 GtC, soit 2 fois leniveau <strong>de</strong> 1990. Puis une décrue s'amorce et le niveau annuel à la fin du siècle prochain se situeautour <strong>de</strong> 5 GtC, ce qui s'explique entre autre par un déclin <strong>de</strong> la population après 2050.344


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceEmissions <strong>de</strong> CO2 en GtCGraphique V.15. Emissions normalisées <strong>de</strong> CO 2 selon <strong>les</strong> quarante simulations SRES.40,0035,0030,0025,0020,0015,0010,005,000,001990 2010 2030 2050 2070 2090AIM A1ASF A1IMAGE A1MARIA A1MESSAGE A1Minicam A1AIM A1CMESSAGE A1CMinicam A1CAIM A1GMESSAGE A1GMinicam A1GAIM A1TMARIA A1TMESSAGE A1TMinicam A1V1Minicam A1V2AIM A2ASF A2MESSAGE A2Minicam A2IMAGE A2 GMinicam A2-A1AIM B1ASF B1IMAGE B1MARIA B1MESSAGE B1Minicam B1MESSAGE B1 HighMinicam B1 HighMESSAGE B1TAIM B2ASF B2IMAGE B2MARIA B2MESSAGE B2Minicam B2Minicam B2 HighMARIA B2CSource : D'après SRES Database (http://sres.ciesin.org/final_data.html)345


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceEmissions <strong>de</strong> CO2 par habitant (en tC)Graphique V.16. Emissions <strong>de</strong> CO 2 par tête selon <strong>les</strong> quarante simulations SRES.6,005,004,003,002,001,000,001990 2010 2030 2050 2070 2090AIM A1ASF A1IMAGE A1MARIA A1MESSAGE A1Minicam A1AIM A1CMESSAGE A1CMinicam A1CAIM A1GMESSAGE A1GMinicam A1GAIM A1TMARIA A1TMESSAGE A1TMinicam A1V1Minicam A1V2AIM A2ASF A2MESSAGE A2Minicam A2IMAGE A2 GMinicam A2-A1AIM B1ASF B1IMAGE B1MARIA B1MESSAGE B1Minicam B1MESSAGE B1 HighMinicam B1 HighMESSAGE B1TAIM B2ASF B2IMAGE B2MARIA B2MESSAGE B2Minicam B2Minicam B2 HighMARIA B2CSource : D'après SRES Database (http://sres.ciesin.org/final_data.html)346


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceGraphique V.17. Emissions cumulées <strong>de</strong> CO 2 selon <strong>les</strong> quarante simulations SRES.Emissions cumulées en CO2 en GtC3 0002 5002 0001 5001 00050001990 2010 2030 2050 2070 2090<strong>les</strong> scénarios marqueurs sont en traits plus épaisAIM A1ASF A1IMAGE A1MARIA A1MESSAGE A1Minicam A1AIM A1CMESSAGE A1CMinicam A1CAIM A1GMESSAGE A1GMinicam A1GAIM A1TMARIA A1TMESSAGE A1TMinicam A1V1Minicam A1V2AIM A2ASF A2MESSAGE A2Minicam A2IMAGE A2 GMinicam A2-A1AIM B1ASF B1IMAGE B1MARIA B1MESSAGE B1Minicam B1MESSAGE B1 HighMinicam B1 HighMESSAGE B1TAIM B2ASF B2IMAGE B2MARIA B2MESSAGE B2Minicam B2Minicam B2 HighMARIA B2CNote :Source : D'après SRES Database (http://sres.ciesin.org/final_data.html)347


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceLa dynamique du progrès technique dans <strong>les</strong> simulations B2 se poursuit le long <strong>de</strong>s trendshistoriques (dynamics as usual). Comme conséquence <strong>de</strong>s avantages comparatifs <strong>de</strong>s différentesrégions du mon<strong>de</strong>, on observe au niveau global un mélange entre <strong>de</strong>s technologies fossi<strong>les</strong>propres et <strong>de</strong>s technologies non fossi<strong>les</strong>. Le modèle MESSAGE traduit la storyline B2 en unecroissance continue <strong>de</strong> la population et du revenu par tête qui se traduit par un accroissementcontinu <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES et par <strong>de</strong>s émissions cumulées en 2100 <strong>de</strong> 1160 GtC (Riahi etRoehrl, 2000). Les émissions varient assez fortement selon <strong>les</strong> simulations (entre 1030 GtC et1510 GtC d'émissions cumulées en 2100, soit un écart <strong>de</strong> 1 à 1,46 selon <strong>les</strong> simulations) ce quireflète essentiellement <strong>de</strong>s différences dans le changement structurel du système énergétique.b. Les autres GESSi le CO 2 représente environ 60% du forçage radiatif dû à l’ensemble <strong>de</strong>s GES (IPCC,1996), il convient <strong>de</strong> s’intéresser <strong>de</strong> près aux autres gaz responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> serre qui fontl’objet d’une gran<strong>de</strong> incertitu<strong>de</strong>. Cependant, alors que <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> CO 2 sont attribuab<strong>les</strong>principalement à <strong>de</strong>ux sources majeures : l'utilisation <strong>de</strong>s sols et la consommation énergétique,<strong>les</strong> émissions <strong>de</strong>s autres GES impliquent beaucoup <strong>de</strong> secteurs et d'applications. Cela se traduitpar <strong>de</strong>s difficultés évi<strong>de</strong>ntes <strong>de</strong> modélisation.α. Le méthane (CH 4 )Graphique V.18. Emissions anthropiques <strong>de</strong> méthane selon <strong>les</strong> quatre scénarios marqueursMtCH4100090080070060050040030020010001990 2010 2030 2050 2070 2090A1A2B1B2Source : D'après SRES Database (http://sres.ciesin.org/final_data.html)Les émissions anthropiques <strong>de</strong> CH 4 proviennent <strong>de</strong> plusieurs sources (IPCC, 1995b ,1996), avec une domination <strong>de</strong>s processus biologiques, mais il existe encore une gran<strong>de</strong>incertitu<strong>de</strong> quant aux différentes sources d'émissions <strong>de</strong> CH 4 . Les futures émissions <strong>de</strong> méthanedans <strong>les</strong> scénarios dépen<strong>de</strong>nt d'une part <strong>de</strong> la consommation d'énergie fossile, avec un ajustement<strong>de</strong>s changements technologiques et <strong>de</strong>s pratiques, mais aussi, et dans une plus gran<strong>de</strong> mesure, <strong>de</strong>348


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référencela démographie régionale et <strong>de</strong>s évolutions <strong>de</strong> richesse associées à <strong>de</strong>s hypothèses sur <strong>les</strong>pratiques agrico<strong>les</strong>. Ainsi, la tendance décroissante observée ces <strong>de</strong>rnières années sur la courbed'émissions <strong>de</strong> méthane indique que <strong>les</strong> facteurs liant <strong>les</strong> émissions et leurs principauxdéterminants peuvent changer.Le graphique V.18 présente <strong>les</strong> évolutions <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CH 4 dans <strong>les</strong> quatre scénariosmarqueurs. Il présente également (traits verticaux à droite) <strong>les</strong> interval<strong>les</strong> par famille <strong>de</strong> scénario<strong>de</strong>s valeurs obtenues par <strong>les</strong> autres modè<strong>les</strong> utilisés pour quantifier <strong>les</strong> scénarios SRES. Dans <strong>les</strong>scénarios <strong>de</strong> la famille 1, <strong>les</strong> émissions suivent une courbe en cloche tandis qu’elle estcontinûment croissante dans <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> la famille 2. Selon <strong>les</strong> famil<strong>les</strong>, <strong>les</strong> interval<strong>les</strong> <strong>de</strong>svaleurs obtenues vont <strong>de</strong> 1 à 1,3 (famille B2) à 1à 2,6 (famille A1).β. Oxy<strong>de</strong> d’azote (N 2 O)Encore plus que pour le méthane, c’est la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> nourriture qui sera déterminantepour <strong>les</strong> émissions futures <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> d’azote, et donc indirectement la démographie et larichesse. C’est pourquoi seul le scénario A2 prévoit un trend constamment croissant <strong>de</strong> cesémissions au cours du siècle prochain comme on peut le voir sur le graphique V.19. La taille,l'âge, la structure et la répartition géographique <strong>de</strong> la population vont donc avoir une influencedirecte sur la courbe <strong>de</strong> ces émissions avec, là encore, un lien avec <strong>les</strong> hypothèses faites sur <strong>les</strong>pratiques agrico<strong>les</strong>. Il est donc assez logique que ce soit encore dans le cas A2 que l'on trouve <strong>les</strong>émissions <strong>les</strong> plus importantes en 2100. Il convient cependant <strong>de</strong> noter que la majorité <strong>de</strong>ssources anthropiques d'émissions <strong>de</strong> N 2 O en 1990 sont incertaines. Les trajectoires produitesdoivent donc être analysées avec la plus gran<strong>de</strong> précaution et <strong>les</strong> interval<strong>les</strong> selon <strong>les</strong> simulationsau sein d'une même famille (notamment A2) sont très larges.Graphique V.19. Emissions anthropiques d’oxy<strong>de</strong> d’azoteselon <strong>les</strong> quatre scénarios marqueurs18,016,014,0MtN2O12,010,08,06,04,02,00,01990 2010 2030 2050 2070 2090A1A2B1B2Source : D'après SRES Database (http://sres.ciesin.org/final_data.html)349


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceLe scénario marqueur B2 est celui qui propose <strong>les</strong> niveaux d’émissions <strong>les</strong> plus bas alorsque la population y est plus importante que dans <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> "1". Cela s’expliqueen partie en raison du traitement particulier <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s terres effectué par le modèleMESSAGE (IPCC, 2000). Pour A1, le profil observé est le résultat net d’une réduction <strong>de</strong>sémissions dans <strong>les</strong> pays en développement permise par la rapi<strong>de</strong> croissance économique associéeà une modification <strong>de</strong>s techniques agrico<strong>les</strong> et d’un accroissement <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>s secteursindustries et transports dans <strong>les</strong> autres pays. Encore une fois, l’incertitu<strong>de</strong> est très gran<strong>de</strong>, mêmepour <strong>les</strong> émissions actuel<strong>les</strong> et le rang <strong>de</strong>s émissions dans le cas <strong>de</strong>s scénarios A1 est parexemple <strong>de</strong> 5 à 17 MtN en 2100.χ. Halocarbones (clorofluocarbones, hydro-cloro-fluo-carbones, méthyl bromi<strong>de</strong>et hydro-fluocarbones) et composés halogènes (hydrocarbures perfluorés ethexachlorure <strong>de</strong> soufre (SF 6 ))Ces émissions sont décrites en détail dans un article <strong>de</strong> Fenhann (2000). Aucune <strong>de</strong>s sixéquipes <strong>de</strong> modélisation retenues dans le processus SRES n’a développé ses propres projections<strong>de</strong> long terme pour <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> substances détruisant la couche d’ozone et leurs substituts.Toutes <strong>les</strong> simulations SRES se sont basées sur le scénario WMO/UNEP (1998) du protocole <strong>de</strong>Montréal pour évaluer <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> ces substances. En application <strong>de</strong> ce protocole, <strong>les</strong> clorofluo-carbones(CFC) sont bannis dans <strong>les</strong> pays développés <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> l’année 1996 etaprès 2010 pour <strong>les</strong> pays en développement. En outre, <strong>les</strong> hydro-cloro-fluo-carbones (HCFC)doivent être réduits <strong>de</strong> 35%, 65% et 90% en 2004, 2010 et 2015 respectivement. A ces gaz sontsubstitués <strong>les</strong> hydro-fluo-carbones (HFC) qui n’endommagent pas la couche d’ozone.Les émissions <strong>de</strong> ces gaz sont en gran<strong>de</strong> partie liées aux différents processus <strong>de</strong>réfrigération utilisés, <strong>de</strong>s appareils domestiques aux procédés <strong>de</strong> climatisation ainsi qu'aurecyclage <strong>de</strong> ces produits. Les émissions <strong>de</strong> PCF (hydrocarbures perfluorés) sont quant à el<strong>les</strong>assez directement liées à la quantité et au processus <strong>de</strong> production <strong>de</strong> l’aluminium.Tableau V.8.Emissions <strong>de</strong> ODS, HFC, PFC et SF6 selon <strong>les</strong> scénarios SRESkt 1990 2020 2050 2100A1 A2 B1 B2 A1 A2 B1 B2 A1 A2 B1 B2ODS 2070 420 188 168HFC-23 6.4 4.9 4.9 4.9 4.9 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0HFC-32 0.0 8.3 6.4 6.0 6.2 24.3 14.0 13.9 14.1 30.3 32.8 12.9 25.9HFC-43-10 0.0 8.8 7.6 6.9 7.2 18.1 10.7 10.7 11.1 30.3 21.8 10.4 17.9HFC-125 0.0 27.1 20.7 20.6 21.5 80.4 45.6 47.9 48.7 100.8 106.5 44.3 89.1HFC-134a 0.0 325.5 252.2 248.8 261.9 931.0 506.4 547.4 561.2 980.3 1259.8 486.0 1079.3HFC-143a 0.0 20.6 16.0 15.0 15.6 60.9 35.1 34.8 35.4 75.7 82.1 32.2 64.7HFC-227ea 0.0 22.2 16.6 18.5 19.7 62.1 31.5 39.4 40.7 60.6 80.4 34.4 80.0HFC-245ca 0.0 100.5 78.7 80.3 85.4 292.3 149.2 172.6 178.5 288.5 388.0 150.2 352.7HFCs-total 6.4 517.9 403.0 401.0 422.4 1470.2 793.5 867.8 890.8 1567.3 1972.4 771.4 1710.5CF 415.8 21.1 25.2 15.7 27.1 43.8 45.6 20.9 52.7 57.0 88.2 22.2 59.9C 2 F 61.6 2.1 2.5 1.6 2.7 4.4 4.6 2.1 5.5 5.7 8.8 2.2 6.0PFCs-total 17.4 23.2 27.7 17.3 29.8 48.2 50.2 23.0 58.2 62.7 97.0 24.4 65.9SF 65.8 7.3 9.7 5.7 8.4 18.3 16.0 10.4 12.1 14.5 25.2 6.5 10.6Source : IPCC, 2000.350


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceLe SF 6 est un gaz extrêmement stable dans l’atmosphère. Environ 80% <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>ce gaz sont liées à son utilisation comme isolant dans <strong>les</strong> équipements électriques <strong>de</strong> hautsvoltages. Les 20% restants sont émis par <strong>les</strong> fon<strong>de</strong>ries <strong>de</strong> magnésium où le SF 6 est utilisé pouréviter l’oxydation du magnésium en fusion.Les effets <strong>de</strong> ces différents gaz sur le climat varient largement en raison <strong>de</strong>s différences<strong>de</strong> durée <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> forçage radiatif par molécule. L’effet radiatif net <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> halocarbones,PCF et SF 6 <strong>de</strong> 1990 à 2100 s’étale entre 6% et 9% du forçage <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> GES et du dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong>soufre.4. ConclusionComme l'illustre le graphique V.20, le forçage radiatif total dans <strong>les</strong> scénarios SRES estplus important que dans <strong>les</strong> scénarios IS92 alors que <strong>les</strong> émissions sont globalement plus faib<strong>les</strong>.Cela est dû à la perte <strong>de</strong> l'effet rafraîchissant lié aux émissions <strong>de</strong> souffre durant la secon<strong>de</strong>moitié <strong>de</strong> XXI e siècle. D'une part, la réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> soufre entraîne une réduction durôle <strong>de</strong>s aérosols soufrés dans la détermination du changement climatique futur et réduit dumême coup l'incertitu<strong>de</strong> concernant ce <strong>de</strong>rnier (d'autant plus que l'effet <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> SO 2 surle changement climatique est l'objet d'une gran<strong>de</strong> incertitu<strong>de</strong>). Mais, d'autre part, l'incertitu<strong>de</strong> estaccrue en raison <strong>de</strong>s diversités régiona<strong>les</strong> en termes d'émissions <strong>de</strong> SO 2 retenues dans <strong>les</strong>scénarios.Graphique V.20. Forçage radiatif total selon <strong>les</strong> scénarios SRES8Radiative Forcing Change(W/m 2 )642A2-ASFB2-IIASAA1-AIMA1G-IIASAA1C-IIASAA1T-IIASAB1-IMAGEIS92bIS92cIS92dIS92eIS92fIS92a01990 2020 2050 2080 2100Source : IPCC, 2000.Comme pour <strong>les</strong> émissions, l'intervalle <strong>de</strong> forçage radiatif couvert par <strong>les</strong> trois sousfamilleA1 regroupe, à peu <strong>de</strong> choses près, celui formé par <strong>les</strong> quatre famil<strong>les</strong> principa<strong>les</strong>. Celaconfirme l'importance <strong>de</strong> la technologie comparée aux autres déterminants <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong>GES. En outre, <strong>de</strong>ux trajectoires, B2 et A1, sont assez proches alors que la population et ledéveloppement social et économique sont très différents dans ces <strong>de</strong>ux situations. Bien que <strong>les</strong>scénarios B1 et B2 entraînent <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> températures comparab<strong>les</strong>, l'impact duchangement climatique dans ces <strong>de</strong>ux cas diffère profondément en raison <strong>de</strong> la vulnérabilité plusgran<strong>de</strong> dans le scénario B2 due à une évolution démographique, sociale et économiquedifférente.351


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceTableau V.9.Résumé <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES et <strong>de</strong> soufre selon <strong>les</strong> quatre scénarios SRES (émissions normalisées)A1CO 2(GtC)Moyen13,5 (13,5-17,9)d'ici 2100CH 4(MtCH4)Faible289 (289-535)d'ici 2100N 2 O(MtN)7,0 (5,8-15,6)d'ici 2100SOx(MtS)Faible27,6 (27,6-47,0) d'ici2100HFC, PFC,SF 6(GtC equiv.)MoyenTotal <strong>de</strong> 1,02d'ici 2100CO(GtCO)Moyen1,7 (0,8-2,6)d'ici 2100VOCs(Mt)Moyen193 (137-552)d'ici 2100NOx(MtN)Moyen40,2 (33,0-77,0) d'ici2100Alternative :Elevée :(25,9-36,7) pourA1C et (28,2-30,8) pour A1G,Faible : (4,3-9,1)pour A1TAlternative :Moyenne :(392-693) pourA1C et (289-735) pour A1G,Faible : (274-291) pour A1TAlternative :(6,1-16,2) pourA1C, (5,9-16,6)pour A1G et (4,8-5,4) pour A1TAlternative :Elevée :(26,9-83,3) pour A1CFaible : (27,4-40,5)pour A1G,Très faible :(20,2-27,4) pour A1TPasd'alternativedisponibleAlternative :Elevée :(2,3-3,8) pourA1C, (3,3-3,7)pour A1G et(1,5 -2,1) pourA1TAlternative :(167-372) pourA1C, (192-484)pour A1G et(114 -127) pourA1TAlternative :(63,3-151,3) pourA1C, (39,9-132,7)pour A1G et (28,1-39,9) pour A1TA2Elevé29,1 (19,6-34,5)d'ici 2100Elevé889 (549-1069)d'ici 210016,5 (8,1-16,7)d'ici 2100Modérément élevé60,3 (60,3-92,9) d'ici2100ElevéTotal <strong>de</strong> 1,33d'ici 2100Elevé2,3 (0,8-2,6)d'ici 2100Elevé342 (169-342)d'ici 2100Très élevé109,2 (70,9-110,0)d'ici 2100B1Faible5,7 (4,0-8,2) d'ici2100Faible236 (236-377)d'ici 21006,1 (5,3-20,2)d'ici 2100Très faible25,9 (12,2-25,9) d'ici2100FaibleTotal <strong>de</strong> 0,49d'ici 2100Faible0,4 (0,4-1,4)d'ici 2100Faible88 (58-349) d'ici2100Faible18,7 (16,6-35,0) d'ici2100B2Moyen13,3 (10,8-19,1)d'ici 2100Moyen597 (465-607)d'ici 21006,9 (6,9-18,1)d'ici 2100Moyen-faible47,9 (33,3-81,0) d'ici2100ModérémentélevéTotal <strong>de</strong> 1,04d'ici 2100Moyen2,0 (0,7-2,0)d'ici 2100Moyen170 (130-304)d'ici 2100Elevé61,2 (34,5-76,5) d'ici2100Note : Pour beaucoup <strong>de</strong> niveaux d'émissions reportés ici, il existe un important intervalle d'années <strong>de</strong> référence selon <strong>les</strong> modèle utilisés dans le processus SRES.352


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceEn résumé, comme l'illustre le tableau V.9, <strong>les</strong> scénarios SRES conduisent aux réflexionssuivantes :• Des combinaisons alternatives <strong>de</strong>s déterminants <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES peuvent conduireaux mêmes niveaux d'émissions. Pour un objectif donné en termes <strong>de</strong> GES, il existe <strong>de</strong>scombinaisons alternatives et <strong>de</strong>s chemins alternatifs qui respectent cet objectif.• Des possibilités <strong>de</strong> bifurcations futures existent, même au sein d'un scénario donné.Les graphiques V.21 et V.23 présentent la décomposition proposée par Kaya <strong>de</strong>sémissions <strong>de</strong> CO 2 <strong>de</strong>s scénarios SRES pour <strong>les</strong> années 2050 et 2100. Pour chacune <strong>de</strong>scomposantes <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya, l'intervalle dans lequel se situent <strong>les</strong> différentes simulationsest présenté ainsi que la valeur moyenne <strong>de</strong> ces simulations 10 . Ceci permet <strong>de</strong> réaliser un premierrepérage <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> à même d'expliquer <strong>les</strong> différences observées dans <strong>les</strong> niveaux d'émissionsselon <strong>les</strong> simulations (graphique V.15). Ainsi, une comparaison <strong>de</strong> ce qui se passe pour <strong>les</strong>quatre principaux groupes <strong>de</strong> scénarios permet d'évaluer le rôle <strong>de</strong>s différentes composantes dansla détermination du niveau <strong>de</strong>s émissions. Cette analyse peut en outre être affinée par l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssous-scénarios énergétiques <strong>de</strong> la famille A1 qui permet d'évaluer l'importance <strong>de</strong> la technologiedans la détermination <strong>de</strong>s émissions. Enfin, une analyse <strong>de</strong>s valeurs prises par <strong>les</strong> différentescomposantes <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya pour un même scénario est précieuse puisqu'elle permet <strong>de</strong>voir comment l'incertitu<strong>de</strong> sur ces composantes se propage à celle sur <strong>les</strong> émissions. Lesgraphiques V.22 et V.24 permettent <strong>de</strong> compléter cette analyse en présentant, pour chacune <strong>de</strong>scomposantes <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya, l'écart entre la valeur la plus haute et celle la plus basse,exprimé en pourcentage <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière, ce qui autorise à comparer <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s relatives.En 2050, le niveau <strong>de</strong>s émissions est plus élevé dans le scénario A1 sans que ladémographie ne puisse l'expliquer, si bien que le niveau <strong>de</strong>s émissions par tête est égalementplus élevé. Un taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> l'économie plus élevé que dans <strong>les</strong> autres scénarios paraîtexpliquer ces émissions plus importantes puisque l'intensité énergétique se situe dans la moyennebasse et que <strong>les</strong> intensités en carbone <strong>de</strong> l'énergie sont comparab<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> quatre scénarios en2050. On remarque également que la petite différence d'intensité énergétique que l'on note entre<strong>les</strong> scénarios A1 et B1, conjuguée à un PIB par habitant un peu plus faible, semble expliquer <strong>les</strong>différences observées dans <strong>les</strong> niveaux d'émissions entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux scénarios. La comparaison <strong>de</strong>sdifférents sous-scénarios <strong>de</strong> la famille A1 permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce le rôle phare <strong>de</strong>l'intensité en carbone <strong>de</strong> l'énergie dans la détermination du niveau <strong>de</strong>s émissions, si l'on exceptece que l'on observe pour <strong>les</strong> scénarios A1v1 et A1v2 simulés par le modèle Minicam. Laquestion <strong>de</strong> la cohérence interne <strong>de</strong>s sous-scénarios énergétiques <strong>de</strong> la famille A1 reste doncposée mais la décomposition <strong>de</strong> Kaya nous permet <strong>de</strong> voir que l'incertitu<strong>de</strong> n'est pas aussifacilement attribuable à une incertitu<strong>de</strong> sur l'intensité en carbone <strong>de</strong> l'énergie que l'on aurait pu lecroire <strong>de</strong> prime abord. La comparaison <strong>de</strong>s scénarios "1" et "2" nous amène à insister sur le rôlejoué par la croissance dans la baisse <strong>de</strong> l'intensité énergétique puisque dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> type "1"où le PIB par tête est plus élevé, l'intensité énergétique est plus faible. Cela s'explique par unrenouvellement plus rapi<strong>de</strong> du capital. Mais la réorientation du capital vers un capital moinsintensif en carbone n'est pas automatique puisque <strong>les</strong> interval<strong>les</strong> d'intensité en carbone <strong>de</strong>l'énergie couvrent à peu près <strong>les</strong> mêmes valeurs.10 On peut remarquer que, même pour 1990, <strong>les</strong> interval<strong>les</strong> ne sont pas réduits à un point pour l'intensité énergétiqueet l'intensité en carbone <strong>de</strong> l'énergie en raison <strong>de</strong> divergences statistiques.353


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceGraphique V.21. Décomposition <strong>de</strong> Kaya pour 2050Emissions <strong>de</strong> CO2 en 2050 (en GtC)Population en 2050 (en millions)30120002511000201000090001580001070005600001990 A1 tous A1C A1G A1T A1v A1 A2 B1 B250001990A1 (Tous)A1CA1GA1TA1 (autres)A1A2B1B2Emissions <strong>de</strong> CO2 par tête en 2050(en tC/Habitant)PIB par tête en 2050 (en US$ par habitants)3,50250003,00200002,502,00150001,50100001,000,5050000,001990 A1tousA1C A1G A1T A1v A1 A2 B1 B201990A1 (Tous)A1CA1GA1TA1 (autres)A1A2B1B2Intensité énergétique en 2050 (en Tj/US$)Intensité en carbone <strong>de</strong> l'énergie en 2050 (en tC/TJ)2,0E+07251,8E+071,6E+07201,4E+071,2E+07151,0E+078,0E+06106,0E+064,0E+0652,0E+060,0E+0001990A1 (Tous)A1CA1GA1TA1 (autres)A1A2B1B21990A1 (Tous)A1CA1GA1TA1 (autres)A1A2B1B2Source : D'après SRES Database (http://sres.ciesin.org/final_data.html)354


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceDans le scénario A2, la démographie est une force importante dans la détermination <strong>de</strong>sémissions, conjuguée à une intensité énergétique qui décroît moins vite que dans <strong>les</strong> autresscénarios, ce qui est cohérent avec la dynamique <strong>de</strong> repli sur soi développée dans ce scénario. Onnote d'ailleurs que l'incertitu<strong>de</strong> sur la démographie joue un rôle important dans la détermination<strong>de</strong> celle qui pèse sur <strong>les</strong> émissions car l'intervalle <strong>de</strong>s émissions par tête pour le scénario A2 estle plus petit <strong>de</strong> ceux observab<strong>les</strong> sur le graphique V.21. Mais le graphique V.22 permet <strong>de</strong>tempérer cette remarque en notant que l'incertitu<strong>de</strong> qui pèse sur <strong>les</strong> trois autres composantes <strong>de</strong>l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya est finalement <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> ampleur.Pour le scénario A1, l'incertitu<strong>de</strong> sur le niveau <strong>de</strong>s émissions est importante dès 2050, ceque confirme le graphique V.22 en précisant toutefois que cette incertitu<strong>de</strong> n'a pas d'originestatistique (puisque pour 1990, il n'y a pas d'incertitu<strong>de</strong> sur la valeur <strong>de</strong>s émissions, ni mêmepour celle <strong>de</strong>s émissions par tête). Il semble donc que cette incertitu<strong>de</strong> soit générée par celle quipèse sur l'intensité énergétique et sur le contenu en carbone <strong>de</strong> l'énergie puisque l'incertitu<strong>de</strong> surle niveau <strong>de</strong> PIB par habitant est faible.Pour <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> "B", si l'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> émissions ne saurait êtreexpliquée par celle sur la démographie, elle ne peut cependant pas être simplement attribuée àl'une ou l'autre <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s qui règnent sur <strong>les</strong> valeurs <strong>de</strong>s trois autres composantes.Graphique V.22. Analyse <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> en 2050140,0%120,0%100,0%80,0%60,0%40,0%A1 (Tous)A1CA1GA1TA1 (autres)A1A2B1B220,0%0,0%Emissions <strong>de</strong>CO2Emissions <strong>de</strong>CO2 par têtePopulationPIB par têteIntensitéénergétiqueIntensité encarbone <strong>de</strong>l'énergieEmissions <strong>de</strong>CO2Emissions <strong>de</strong>CO2 par têtePopulationPIB par têteIntensitéénergétiqueIntensité encarbone <strong>de</strong>l'énergie1990 2050Ainsi, sur la première moitié du XXI e siècle, <strong>les</strong> prévisions démographiques faisant l'objetd'un relatif consensus (même si <strong>les</strong> prévisions du scénario A2, qui représentent la borne haute <strong>de</strong>l'ensemble <strong>de</strong>s prévisions démographiques <strong>de</strong> long terme existantes, divergent), c'est surtout lacroissance qui explique <strong>les</strong> différences dans <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong>s émissions prévus. Si une croissanceplus soutenue permet un renouvellement du capital plus rapi<strong>de</strong>, elle ne l'oriente pas forcémentvers <strong>de</strong>s technologies moins intensives en carbone. Quant à l'incertitu<strong>de</strong>, elle ne semble pasfacilement attribuable à l'une ou l'autre <strong>de</strong>s composantes <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya, d'autant plus que<strong>de</strong>s divergences statistiques viennent brouiller <strong>les</strong> observations.355


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceGraphique V.23. Décomposition <strong>de</strong> Kaya pour 2100Emissions <strong>de</strong> CO2 en 2100 (en GtC)Population en 2100 (en millions)40,0035,001500030,001300025,0020,001100015,00900010,005,0070000,00A1 tous A1C A1G A1T A1v A1 A2 B1 B25000A1(Tous)A1C A1G A1T A1(autres)A1 A2 B1 B2Emissions <strong>de</strong> CO2 par tête en 2100(en tC/Habitant)PIB par tête en 2100 (en US$ par habitants)6,00800005,00700004,0060000500003,00400002,00300001,0020000100000,00A1 tous A1C A1G A1T A1v A1 A2 B1 B20A1(Tous)A1C A1G A1T A1(autres)A1 A2 B1 B2Intensité énergétique en 2100 (en j/US$)Intensité en carbone <strong>de</strong> l'énergie en 2100 (en tC/TJ)1,0E+07189,0E+06168,0E+067,0E+066,0E+0614125,0E+06104,0E+0683,0E+0662,0E+061,0E+060,0E+0042A1 (Tous)A1CA1GA1TA1 (autres)A1A2B1B20A1(Tous)A1C A1G A1T A1(autres)A1 A2 B1 B2Source : D'après SRES Database (http://sres.ciesin.org/final_data.html)356


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceL'observation <strong>de</strong>s mêmes composantes <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Kaya pour l'année 2100 renforcel'idée que la démographie n'est pas le facteur essentiel dans la détermination <strong>de</strong>s émissions,même s'il joue un rôle important dans le scénario A2 (y compris en termes <strong>de</strong> créationd'incertitu<strong>de</strong>) comme l'illustre la comparaison <strong>de</strong>s émissions et <strong>de</strong>s émissions par tête. Enrevanche, <strong>les</strong> dynamiques qui se <strong>de</strong>ssinaient en 2050 se confirment avec plus <strong>de</strong> vigueur. Lacroissance explique une part importante <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> niveaux d'émissions entre <strong>les</strong>scénarios bien que l'intensité énergétique élevée qui prévaut dans le scénario A2 tempère cetteobservation. Par contre, en terme <strong>de</strong> création d'incertitu<strong>de</strong>, le rôle joué par l'intensité énergétiqueet l'intensité en carbone <strong>de</strong> l'énergie s'affirme en 2100, surtout pour <strong>les</strong> sous-scénariosénergétiques <strong>de</strong> la famille A1, ce qui autorise à reposer avec force la question <strong>de</strong> la cohérenceinterne <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers.Graphique V.24. Analyse <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> en 2100800,0%700,0%600,0%500,0%400,0%300,0%A1 (Tous)A1CA1GA1TA1 (autres)A1A2B1B2200,0%100,0%0,0%Emissions <strong>de</strong> CO2Emissions <strong>de</strong> CO2 partêtePopulation PIB par tête Intensité énergétique Intensité en carbone <strong>de</strong>l'énergieL'analyse <strong>de</strong>s déterminants <strong>de</strong>s émissions à long terme dans <strong>les</strong> scénarios <strong>de</strong> référencemet bien en évi<strong>de</strong>nce le rôle prépondérant joué par <strong>les</strong> technologies au cours du siècle. Ainsi,face aux inconnues que représentent l'évolution <strong>de</strong> la démographie mondiale, la vitesse et lanature <strong>de</strong> la croissance économique, la dépendance du niveau <strong>de</strong>s émission au chemintechnologique suivi permet d'apporter une réponse robuste à différents scénarios : la mise enœuvre progressive d'une décarbonisation <strong>de</strong>s technologies par l'orientation volontariste <strong>de</strong> laR&D vers <strong>les</strong> sources d'énergie renouvelab<strong>les</strong> et/ou sans carbone permet d'abor<strong>de</strong>r l'avenirsereinement en termes d'action anthropique sur le changement climatique alors qu'une fortecroissance et une faible démographie ne suffisent pas à garantir une lutte efficace contre l'effet <strong>de</strong>serre.Le tableau V.10 présente <strong>de</strong> manière synthétique l’ensemble <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s qui jouentdans la détermination du niveau <strong>de</strong>s émissions dans <strong>les</strong> différents scénarios SRES, en <strong>les</strong> classantselon la typologie proposée dans le premier chapitre <strong>de</strong> cette thèse (cf. tableau I.3).357


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceTableau V.10. Classification <strong>de</strong>s différentes incertitu<strong>de</strong>s à l’origine <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> prévision sur le niveau <strong>de</strong>s émissionsdans <strong>les</strong> scénarios SRESIncertitu<strong>de</strong> théorique Incertitu<strong>de</strong> pratique Contribution à l’incertitu<strong>de</strong>totale sur <strong>les</strong> émissionsSociété (a) Modélisation (b) Société (a) Modélisation (b) En 2050 En 2100Variable Passé (c) Prévision (d) Passé (c) Prévision (d) Passé (c) Prévision (d) Passé (c) Prévision (d)Démographie Relative Oui Relative Oui Faible MoyenneCroissance économique(Productivité)Oui Relative Relative Relative Relative Forte ForteNature <strong>de</strong> la croissance Oui Relative Relative Relative Relative Moyenne MoyenneConvergence Nord-Sud Oui Oui Oui Oui Oui Forte ForteContenu en énergiesfossi<strong>les</strong> <strong>de</strong> la productionOui Forte ForteDisponibilité <strong>de</strong>sénergies renouvelab<strong>les</strong>Oui ? ?Progrès technique Oui Oui Oui Oui Relative Relative Moyenne ForteUtilisation <strong>de</strong>s terres Oui Oui Oui Oui ? ?Autres <strong>politiques</strong> ? ?(a) Incertitu<strong>de</strong> liée à la compréhension du fonctionnement <strong>de</strong> la société(b) Incertitu<strong>de</strong> liée au processus <strong>de</strong> modélisation(c) Incertitu<strong>de</strong> liée à la compréhension du passé(d)Incertitu<strong>de</strong> liée à la qualité <strong>de</strong>s prévisions358


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceDe natures différences, <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s et leurs interactions pesant sur la détermination duniveau <strong>de</strong>s émissions au cours du XXI° siècle sont très fortes et, par nature, irrésolub<strong>les</strong>.L’apport d’information lié à une meilleure compréhension <strong>de</strong>s mécanismes qui déterminent leniveau <strong>de</strong>s émissions, à une meilleure capacité <strong>de</strong> la modélisation à en rendre compte enrecourant à <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> meilleure qualité ne sera jamais suffisant pour que le cadre danslequel <strong>les</strong> modalités <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> <strong>climatiques</strong> se déci<strong>de</strong>nt se rapproche du cadre certain. Il fautdonc apprendre à gérer l’incertitu<strong>de</strong> et recourir à <strong>de</strong>s outils d’intervention robustes face à cesincertitu<strong>de</strong>s. Le <strong>de</strong>rnier chapitre <strong>de</strong> cette thèse propose donc une rapi<strong>de</strong> présentation <strong>de</strong>l’ensemble <strong>de</strong>s instruments d’intervention en se focalisant sur leur capacité à être efficaces dansun cadre incertain. Il propose également d’étudier plus finement, à l’ai<strong>de</strong> d’un modèle théoriqueoriginal, la pertinence du recours à la négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>.359


Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceBibliographie du chapitre 5Alcamo, J. (ed.), 1994 : IMAGE 2.0: Integrated Mo<strong>de</strong>lling of Global Change. Kluwer Aca<strong>de</strong>micPublishers, Dordrecht, Pays-Bas.Alcamo, J., A. Bouwman, J. Edmonds, A. Grübler, T. Morita et A. Sugandhy, 1994 : An Evaluation ofthe IPCC IS92 Emission Scenarios. In IPCC, Radiative Forcing of Climate Change and anEvaluation of the IPCC IS92 Emission Scenarios, J.T. Houghton, L.G. Meira Filho, J Bruce, L.H-S. Lee, B.A. Callan<strong>de</strong>r, E. Haites, N. Harris et K Maskell (eds.), Cambridge University Press,Cambridge, pp. 247-304.Alcamo, J., A. Bouwman, J. Edmonds, A. Grübler, T. Morita, et A. Sugandhy, 1995 : An Evaluation ofthe IPCC IS92 Emission Scenarios. In Climate Change 1994, Radiative Forcing of ClimateChange and An Evaluation of the IPCC IS92 Emission Scenarios, Cambridge University Press,Cambridge, UK, pp. 233–304.Alcamo, J., E. Kreileman, M. Krol, R. Leemans, J. Bollen, J. van Minnen, M. Schaefer, S. Toet et B. <strong>de</strong>Vries, 1998 : Global Mo<strong>de</strong>lling of Environmental Change: An Overview of IMAGE 2.1. InGlobal change scenarios of the 21 st century, Alcamo, J., R. Leemans et E. Kreileman (eds.).Elsevier Science, Kidlington, Oxford, UK, pp. 3-94.Banque Mondiale, 1997 : World Development Indicators 1997, World Bank, Washington, DC, USA.Banque Mondiale, 1998 : World Development Indicators. CD-ROM edition, World Bank, Washington,DC, USA.Barro, R.J., 1997 : Determinants of Economic Growth. The MIT Press, Cambridge, MA. USA.Barro, R.J., et X. Sala-I-Martin, 1995 : Economic Growth. McGraw-Hill, New York, NY, USA.Bennathan, E., J. Fraser, et L.S. Thompson, 1992 : What Determines Demand for Freight Transport?Policy Research Working Paper WPS 998, World Bank, Washington, DC, USA.Blanchet, D., 1991 : Estimating the Relationship Between Population Growth and Aggregate EconomicGrowth in Developing Countries: Methodological Problems. In Consequences of RapidPopulaton Growth in Developing Countries. United Nations (Ed.), Taylor & Francis, New York,USA, pp. 67-98.Bollen, J., A. Gielenet H. Timmer, 1999 : Clubs, Ceiling and CDM: Macroeconomics of Compliancewith the Kyoto Protocol. In The Cost of Kyoto Protocol: A Multi-Mo<strong>de</strong>l Evaluation, Weyant (ed),Special Issue of the Energy Journal, pp. 177-206.Bongaarts, J., 1994 : Population Policy Options in the Developing World. Science, 263, pp. 771-776.Bongaarts, J., 1996 : Global trends in AIDS mortality. Population and Development Review, 22 (1),pp. 21-45.Burniaux, J-M., 2000 : A Multi-Gas Assessment of the Kyoto Protocol. Département d'économie <strong>de</strong>l'OCDE, Paris.360


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Chapitre 5 - Propagation <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> dans le long terme : analyse <strong>de</strong>s scénarios <strong>de</strong> référenceSankovski, A., W. Barbour, et W. Pepper, 2000 : Interpretation of the IS99 Emission Scenario StorylinesUsing the Atmospheric Stabilization Framework (ASF). Technological Forecasting & SocialChange, Special Issue.Schwartz, P., 1991 : The Art of the Longview: Three global scenarios to 2005. Doubleday Publications.Sijm, J.P.M., F.T Ormel., J.W. Martens et al., 2000 : Kyoto Mechanisms. The Role of JointImplementation, the Clean Development Mechanism and emissions Trading in ReducingGreenhouse Gas Emissions. ECN Report C-00-026, Petten, Pays-Bas.Tilton, J.E., 1990 : World metal <strong>de</strong>mand: trends and prospects. Resources for the Future, WashingtonD.C.Tulpulé, V., S. Brown, J. Lim, C. Polidano, H. Pants et B.S. Fisher, 1999 : The Kyoto Protocol: AnEconomic Analysis Using GTEM. In The Cost of Kyoto Protocol: A Multi-Mo<strong>de</strong>l Evaluation,Weyant (ed), Special Issue of the Energy Journal , pp. 257-285.UNDP (United Nations Development Programme), 1997 : Human Development Report 1997, OxfordUniversity Press, New York.US DOC (US Department of Commerce), 1975 : Historical Statistics of the United States: ColonialTimes to 1970, Vols. I and II, USDOC, Washington, DC, USA.US EPA (United States Environmental Protection Agency), 1990 : Policy Options for Stabilizing GlobalClimate. Report to Congress. Washington, DC, USA.van <strong>de</strong>r Mensbrugghe, D., 1998 : A (Preliminary) Analysis of the Kyoto Protocol: Using the OECDGREEN Mo<strong>de</strong>l. In Economic Mo<strong>de</strong>lling of Climate Change, OCDE (ed), OCDE, Paris.Vouyoukas, L. 1993 : Elasticities for OECD Aggregate Final Energy Demand, Paris, <strong>International</strong>Energy Agency (IEA), Paris, France.Watson, R., M.C. Zinyowera, et R. Moss (eds.), 1996 : Climate Change 1995. Impacts, Adaptations andMitigation of Climate Change: Scientific Analyses. Contribution of Working Group II to theSecond Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change, CambridgeUniversity Press, Cambridge, UK, 861 p. (ISBN 0-521-56437-9).WEC (World Energy Council), 1993 : Energy for Tomorrow’s World: The Realities, the Real Optionsand the Agenda for Achievements. Kogan Page, Londres, Royaume-Uni.Wexler, L., 1995 : Households, Future Energy Use and Future Greenhouse Gas Emissions. <strong>International</strong>Institute for Applied Systems Analysis, Laxenburg, Autriche.Wilkerson, L., 1995 : How to Build Scenarios. WIRED Special Edition.WMO/UNEP (World Meteorological Organisation and United Nations Environment Programme), 1998 :Scientific Assessment of Ozone Depletion: 1998. WMO Global Ozone Research & MonitoringProject, World Meteorological Organisation (WMO), Genève, Suisse, décembre.Zachariah, K.C. and M.T. Vu, 1988 : World Population Projections 1987-88 Edition. Johns HopkinsUniversity Press, Baltimore, Maryland, USA.Zhang, Z.X., 2000 : Estimating the Size of the Potential Market for the Kyoto Mechanisms.Weltwirtschaftlich. Arch 136, pp. 491-520.365


366


Chapitre 6De la pertinenced'un modèle <strong>de</strong> négociationen présence d'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> coûts367


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>368


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Table <strong>de</strong>s matièresI. Les instruments d'internalisation <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong> serre........................................................... 371A. Présentation <strong>de</strong>s instruments d'intervention................................................................ 3721. Les instruments réglementaires................................................................................... 3722. Les instruments économiques ..................................................................................... 3733. Les autres instruments................................................................................................. 376B. Comparaison <strong>de</strong>s instruments.......................................................................................... 3781. Coût <strong>de</strong> l'information................................................................................................... 3782. Incitation à l'innovation............................................................................................... 3793. Lisibilité <strong>de</strong> la politique............................................................................................... 3804. Incertitu<strong>de</strong>.................................................................................................................... 3815. Conclusion................................................................................................................... 383II. Un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d'une asymétrie informationnelle........................ 385A. Introduction ................................................................................................................. 385B. Le modèle dans un contexte statique............................................................................... 3861. Le cadre d'analyse ....................................................................................................... 3862. Les résultats du jeu...................................................................................................... 388C. La négociation dans un contexte dynamique................................................................... 3911. Le modèle.................................................................................................................... 3912. Les issues du jeu.......................................................................................................... 393D. Discussion ................................................................................................................... 394Bibliographie du chapitre 6 .................................................................................................... 388369


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>370


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Les chapitres précé<strong>de</strong>nts mettent en évi<strong>de</strong>nce que la décision publique <strong>de</strong> lutte contre lechangement climatique se situe dans un contexte d’incertitu<strong>de</strong>s fortes et structurel<strong>les</strong>.Hormis <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s scientifiques pures portant sur l’existence et l’ampleur duphénomène d’effet <strong>de</strong> serre (cf. chapitre 1), <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s concernant <strong>les</strong> impacts socioéconomiquesd’une politique <strong>de</strong> mitigation sont au cœur du débat et donnent <strong>de</strong> puissantsarguments aux partisans du wait and see (cf. chapitre 3 et 4). Si la décision d’agir est prise, lanature <strong>de</strong> l’instrument (ou <strong>de</strong> la combinaison d’instruments) choisi(e) est cruciale et déterminerapresque aussi fortement l’ampleur <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions que <strong>les</strong>nécessaires modifications technologiques qu’elle implique. Il est donc apparu pertinent, aprèsavoir mis en évi<strong>de</strong>nce la nécessité d’une intervention rapi<strong>de</strong> (cf. chapitre 3), d’étudier <strong>les</strong> formesque pouvait prendre cette intervention, en focalisant plus particulièrement notre analyse sur lecadre incertain dans lequel la politique interventionniste se développera.Les contributions au débat sur <strong>les</strong> instruments d’intervention sont très nombreuses et unelittérature abondante étudie la résistance <strong>de</strong>s différents types d’instruments aux incertitu<strong>de</strong>s. Uneprésentation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s différents instruments est proposée en première partie <strong>de</strong> ce chapitre,avant <strong>de</strong> se focaliser plus précisément sur la robustesse relative <strong>de</strong>s différents instruments àl’incertitu<strong>de</strong> économique. Suivant la piste proposée par <strong>les</strong> chapitres 2 et 3, une analysedynamique <strong>de</strong> cette robustesse a été conduite qui nous a incité a étudier un nouvel outild’intervention qui intègre pleinement ces effets dynamiques : la négociation dynamique. Cechapitre s’achève donc par la présentation d’un modèle <strong>de</strong> négociation qui vise à utiliserl’information présente dans la réponse <strong>de</strong>s agents à un signal donné pour réduire l’incertitu<strong>de</strong>économique associée à une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre (GES).I. Les instruments d'internalisation <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong> serreLa pollution constitue une externalité environnementale en ce sens que <strong>les</strong> prix <strong>de</strong> marchéne reflètent pas ou mal <strong>les</strong> nuisances qu'elle engendre. En présence d'une externalitéenvironnementale telle que l'émission <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre, une intervention est nécessaire pourcréer <strong>les</strong> marchés afin que le système <strong>de</strong> prix reflète effectivement l'ensemble <strong>de</strong>s coûts sociaux.La présence d'incertitu<strong>de</strong>s sur <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la pollution comme sur <strong>les</strong> dommagesrend la détermination <strong>de</strong> la "bonne" intervention délicate.C’est dans ce cadre d’analyse que nous allons présenter <strong>les</strong> différents instrumentsd’intervention avant <strong>de</strong> nous attar<strong>de</strong>r sur leur capacité à résister aux incertitu<strong>de</strong>s économiques.371


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>A. Présentation <strong>de</strong>s instruments d'interventionDe nombreux problèmes d'environnement s'analysent économiquement en termes d'effetsexternes, c'est-à-dire d'une interdépendance hors marché <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong>s différents acteurséconomiques, qui se traduit par un écart entre le coût privé (pour un agent) et le coût social (pourla collectivité). Par exemple, une entreprise qui rejette <strong>de</strong>s GES est à l'origine <strong>de</strong> nuisances pourl'ensemble <strong>de</strong> la population. Le fait, pour l'entreprise, <strong>de</strong> pouvoir rejeter gratuitement sesémissions ne l'encourage pas à réduire cette pollution, alors que celle-ci a un coût social. Pourremédier aux effets externes, plusieurs solutions peuvent être proposées, dont <strong>les</strong> principa<strong>les</strong>sont :- la réglementation ;- la tarification ou l'usage <strong>de</strong> la fiscalité ;- l'attribution <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> propriété ;- la négociation coasienne.1. Les instruments réglementairesLes instruments réglementaires n'utilisent pas <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong> marché pour internaliserle problème environnemental. La réglementation est indispensable lorsque la santé <strong>de</strong>s personnesest mise en danger, et édicte <strong>de</strong>s normes à respecter. Elle prend <strong>de</strong>s formes diverses:- <strong>les</strong> normes (<strong>de</strong> déversement, <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> l'environnement, normes techniques,normes <strong>de</strong> produit) ;- <strong>les</strong> quotas d'utilisation <strong>de</strong>s ressources (quotas d'émission, quotas <strong>de</strong> prélèvements) ;- <strong>les</strong> limitations d'activités à certaines heures, dans certains lieux ;- <strong>les</strong> autorisations ;- l'établissement <strong>de</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> négociation pour une branche d'activité ou uneentreprise donnée.Les instruments réglementaires représentent à l'heure actuelle l'outil d'intervention le plusutilisé, en raison principalement <strong>de</strong> leur gran<strong>de</strong> acceptabilité par <strong>les</strong> entreprises et <strong>de</strong>s faib<strong>les</strong>coûts administratifs associés à leur mise en œuvre. Cette acceptabilité résulte en partie <strong>de</strong> latransparence liée à ce type d'instrument qui rend inutile toute stratégie <strong>de</strong> manipulation <strong>de</strong>l'information dans la mesure où <strong>les</strong> mêmes règ<strong>les</strong> s'appliquent à tous, ce qui revêt à tort unecertaine notion <strong>de</strong> justice. Ils présentent en outre l'avantage d'une parfaite prévisibilité <strong>de</strong>s effetssur l'environnement. En revanche, ils impliquent une répartition inefficace <strong>de</strong>s efforts enimposant une même règle à <strong>de</strong>s agents dont <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> dépollution diffèrent. En outre, ilspeuvent représenter une éventuelle source <strong>de</strong> distorsion <strong>de</strong> concurrence. Enfin, ils n'impliquentaucune incitation à aller au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la norme fixée.Néanmoins, toutes ces considérations ne s'appliquent que si la réglementation est adoptéesans aucune politique d'accompagnement. Mais la réglementation n'est nullement exclusive <strong>de</strong>sautres instruments, et peut s'avérer totalement indispensable et complémentaire d’une taxe oud’un marché <strong>de</strong> droits à polluer.372


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>2. Les instruments économiquesa. La fiscalité incitativeUne taxe dont le montant est proportionnel au volume <strong>de</strong>s émissions émises permet <strong>de</strong>corriger le coût <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s entreprises polluantes, afin que cel<strong>les</strong>-ci tiennent compte ducoût social que représente la pollution dont el<strong>les</strong> sont responsab<strong>les</strong>. C'est le mo<strong>de</strong>d'internalisation développé par Pigou (1920) qui sert <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment théorique au PrincipePollueur-Payeur énoncé par l'OCDE en 1972 1 .Comme l'illustre la figure VI.1, lorsque l'on instaure une taxe au taux t*, <strong>les</strong> entreprisesvont dépolluer jusqu'à ce que leur coût marginal <strong>de</strong> dépollution (que l'on suppose croissant <strong>de</strong>l'effort <strong>de</strong> dépollution) soit égal à t*. En <strong>de</strong>çà, il est en effet plus intéressant pour el<strong>les</strong> <strong>de</strong>dépolluer que d'acquitter la taxe et inversement au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> t*. On a alors égalité entre ledommage marginal et le coût marginal <strong>de</strong> dépollution, ce qui constitue l'optimum social 2 .Figure VI.1. La taxe pigouvienneDommage marginalt*Coût marginal <strong>de</strong> dépollutionq*q : quantité <strong>de</strong> déchets déversésOn notera cependant qu'une incitation équivalente peut être obtenue par la mise en placed'une subvention. Mais <strong>les</strong> impacts macroéconomiques <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux instruments diffèrent assezprofondément. En effet, alors que <strong>les</strong> taxes génèrent <strong>de</strong>s fonds dont l'utilisation est importantedans la détermination <strong>de</strong> l'impact global d'une politique environnementale, une subventionnécessite <strong>de</strong>s fonds, si bien que le coût <strong>de</strong> la dépollution n'est plus directement supporté par <strong>les</strong>entreprises mais implicitement par le contribuable. Etant donné le jeu d'interaction <strong>de</strong>s taxes,1 Le Principe Pollueur-Payeur a été adopté par <strong>les</strong> pays membres <strong>de</strong> l'OCDE en 1972 : "Le pollueur <strong>de</strong>vrait se voirimputer <strong>les</strong> dépenses associées aux mesures arrêtées par <strong>les</strong> pouvoirs publics pour que l'environnement soit dans unétat acceptable. En d'autres termes, le coût <strong>de</strong> ces mesures <strong>de</strong>vrait être répercuté dans le coût <strong>de</strong>s biens et servicesqui sont à l'origine <strong>de</strong> la pollution du fait <strong>de</strong> leur production ou <strong>de</strong> leur consommation". (OCDE 1975). L'OCDEadmet que ce principe soit amendé "si chacune <strong>de</strong>s conditions suivantes est respectée :- s'il s'agit d'ai<strong>de</strong>s à <strong>de</strong>s industries et <strong>de</strong>s zones industriel<strong>les</strong> confrontées à <strong>de</strong> sérieuses difficultés ;- si <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>s sont limitées à <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s transitoires bien définies et sont adaptées aux problèmeséconomiques spécifiques liés à la mise en œuvre du programme <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l'environnement dupays ;- si <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>s ne créent pas <strong>de</strong> distorsions importantes dans <strong>les</strong> échanges et <strong>les</strong> investissementsinternationaux" (OCDE 1989) ;Le PPP ne concerne pas expressément l'efficacité <strong>de</strong>s différentes <strong>politiques</strong> <strong>de</strong> lutte contre la pollution (il nedétermine pas ce que <strong>les</strong> pollueurs <strong>de</strong>vraient payer). Il précise que <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> lutte contre la pollution sont à lacharge du pollueur. Il se justifie, et est perçu, en termes <strong>de</strong> responsabilité dans la répartition <strong>de</strong> la charge.2 Cf. par exemple, pour une présentation détaillée <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> la taxe pigouvienne, Picard, 1992.373


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>l'impact macroéconomique d'une politique environnementale recourant aux subventions sera plusmauvais que si l'on avait eu recours à une taxe.Le principal avantage <strong>de</strong> ces instruments rési<strong>de</strong> bien entendu dans la répartition efficace<strong>de</strong>s efforts entre <strong>les</strong> pollueurs. En outre, la fiscalité fournit une incitation permanente pour <strong>les</strong>agents pollueurs à adopter <strong>de</strong>s procédés moins polluants. Mais <strong>de</strong>s délais d'ajustement <strong>de</strong>scomportements individuels en réponse au signal-prix peuvent en perturber l'efficacité. De plus,ces instruments impliquent la nécessaire adaptation du niveau <strong>de</strong> la taxe aux changements <strong>de</strong>conditions économiques pour atteindre un objectif environnemental donné. Le niveau <strong>de</strong> lare<strong>de</strong>vance fait en général l'objet d'actes législatifs et rien ne garantit que le niveau efficace <strong>de</strong>pollution soit atteint (problème <strong>de</strong> la correspondance entre le niveau du prix, <strong>de</strong>stiné à inciter, et<strong>les</strong> objectifs quantitatifs ou qualitatifs à atteindre. De plus, ils impliquent <strong>de</strong>s effets redistributifsnon négligeab<strong>les</strong> (cf. chapitre 4, section II.B.5). Enfin et surtout, la taxe jouit d'une faibleacceptabilité <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s entreprises et la notion <strong>de</strong> recyclage <strong>de</strong>s recettes n'est pas encoresuffisamment intégrée pour accroître cette acceptabilité. En revanche, <strong>les</strong> subventions profitentd'une acceptabilité maximale.b. Les marchés <strong>de</strong> droitsD'un point <strong>de</strong> vue très général, <strong>les</strong> inefficacités dues aux externalités peuvent s'expliquerpar l'absence <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> propriété sur certaines richesses, absence qui rend impossiblel'organisation <strong>de</strong> marchés. Si ces droits sont créés et peuvent s'échanger, l'incitation financière àdépolluer est retrouvée. Le système est plus souple que celui <strong>de</strong>s taxes dans la mesure où c'est lejeu <strong>de</strong>s offres et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s qui se charge <strong>de</strong> définir le prix optimal du droit à polluer. Une <strong>de</strong>sobjections qui peut lui être faite concerne le comportement concurrentiel prêté aux entreprisespolluantes. C'est là une hypothèse très forte, dans un domaine où <strong>les</strong> intérêts <strong>les</strong> plus importantssont souvent ceux <strong>de</strong> groupes industriels aptes à se coaliser.Cet instrument partage donc avec <strong>les</strong> instruments réglementaires l'avantage d'une parfaiteprévisibilité <strong>de</strong> l'effet sur l'environnement 3 . En outre, parce que c'est le marché qui fixe <strong>les</strong> prix,l'adaptation aux changements <strong>de</strong>s conditions économiques est automatique. Comme la fiscalitéincitative, <strong>les</strong> permis d'émissions négociab<strong>les</strong> (PEN) fournissent une incitation permanente pour<strong>les</strong> agents pollueurs à adopter <strong>de</strong>s procédés moins polluants et permettent une répartition efficace<strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> dépollution, puisque l'on minimise le coût global <strong>de</strong> réalisation d'un niveau globald'émission. Enfin, parce qu'ils représentent un type nouveau d'instrument d'intervention et qu'ilsoffrent une certaine flexibilité, <strong>les</strong> PEN jouissent d'une plus gran<strong>de</strong> acceptabilité politique que <strong>les</strong>taxes.Néanmoins, comme pour la taxe, <strong>les</strong> effets redistributifs doivent être étudiés. Les PENposent en outre la question délicate <strong>de</strong> la répartition initiale <strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong> leur durée etimpliquent <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> contrôle importants. Enfin, il est difficile pour <strong>les</strong> entreprises <strong>de</strong> réaliser<strong>les</strong> bons projets en raison <strong>de</strong> la méconnaissance <strong>de</strong> l'évolution du prix <strong>de</strong>s permis.3 Dans le cas où l’on se place à objectif environnemental donné, l'autorité tutélaire a besoin <strong>de</strong> peu d'informations.En particulier, elle n'a pas besoin <strong>de</strong> connaître <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> coût <strong>de</strong>s pollueurs alors que cette information estnécessaire pour déterminer le taux <strong>de</strong> taxe qui permettra d’atteindre l’objectif environnemental. Mais <strong>les</strong> coûtsd'information peuvent être élevés pour <strong>les</strong> agents présents sur le marché <strong>de</strong>s PEN.374


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>L'exemple <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> PEN créé par le Clean Air Act Amendment (CAAA) américainnous permet <strong>de</strong> préciser <strong>les</strong> propriétés <strong>de</strong> ce type d'instrument (Godard, 2000). En 1990, leCAAA est adopté, après l’échec <strong>de</strong>s premiers essais d’introduction <strong>de</strong> PEN aux Etats-Unis dansle cadre du Clean Air Act, texte fondateur <strong>de</strong> la politique américaine en matière <strong>de</strong> pollutionatmosphérique signé en 1970. Le CAAA annonce une réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> SO 2 <strong>de</strong>scentra<strong>les</strong> électriques <strong>de</strong> 50% entre 1990 et 2000. Pour <strong>les</strong> 263 sources <strong>les</strong> plus polluantes, unesérie d’objectifs intermédiaires est précisée pour la pério<strong>de</strong> 1995-2000.Les permis sont millésimés et distribués gratuitement au prorata <strong>de</strong>s émissions passées(grandfathering). Leur utilisation est laissée totalement libre : ils peuvent soit être utilisés pourjustifier d’une activité polluante, soit être vendus, soit être mis en dépôt pour une utilisation ouune vente ultérieure. L’autorité publique avait estimé que le prix <strong>de</strong> ces permis se situerait dansune fourchette <strong>de</strong> 250 $ à 400 $ par tonne <strong>de</strong> SO 2 émise.En 1995, seuls 5,3 millions <strong>de</strong>s 8,7 millions <strong>de</strong> permis millésimés distribués cette annéeont été utilisés pour polluer, soit un dépassement <strong>de</strong> l’objectif <strong>de</strong> 40%. Techniquement, 50% duvolume <strong>de</strong> dépollution a été réalisé par une désulfuration <strong>de</strong>s fumées et 50% par <strong>de</strong>smodifications <strong>de</strong> l’approvisionnement au profit <strong>de</strong> charbon à faible teneur en souffre (enprovenance du Midwest), rendu possible par une baisse <strong>de</strong>s coûts du transport (déréglementationferroviaire).Entre mars 1994 et septembre 1999, ce sont 73 millions <strong>de</strong> permis qui ont été échangés,60% <strong>de</strong> ces transactions correspondant à <strong>de</strong>s mouvements internes à une entreprise. Maisl'information principale apportée par cette expérience concerne le niveau <strong>de</strong>s prix, fluctuant entre80 et 210 dollars la tonne, sans jamais atteindre ni <strong>les</strong> 1 500 dollars prévus initialement, ni même<strong>les</strong> 250 dollars estimés après ajustement par l'EPRI (Electric Power Research Institute). Quatreraisons majeures semblent expliquer ce décalage :• Plusieurs centra<strong>les</strong> du Middlewest ont été contraintes par <strong>les</strong> autorités loca<strong>les</strong> <strong>de</strong> s'équiper<strong>de</strong> façon précoce <strong>de</strong> dispositifs <strong>de</strong> désulfuration <strong>de</strong> leurs émissions : 45% du volume <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s émissions effectuées en 1995 résultent <strong>de</strong> tels investissements dans ladésulfuration.• Diverses pressions <strong>politiques</strong> ont conduit à une distribution additionnelle <strong>de</strong> permis (11%<strong>de</strong> permis supplémentaires entre 1994 et 1999).• La déréglementation, touchant à la fois <strong>les</strong> mines <strong>de</strong> charbon à basse teneur en souffre etle transport, a permis une substitution facile en baissant <strong>les</strong> prix <strong>de</strong> 25% à 40%.• Enfin, dans la mesure où ils ne disposaient plus d'un monopole réglementaire et où ilsétaient mis en concurrence avec d'autres solutions, <strong>les</strong> producteurs d'équipement <strong>de</strong>désulfuration ont été incités à innover et sont parvenus à faire baisser <strong>de</strong> 50% le coût <strong>de</strong>leurs équipements à la tonne <strong>de</strong> SO 2 évitée.La surestimation ex ante <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s permis a conduit à un surinvestissement dans ladésulfuration et à un engagement trop important dans le long terme en approvisionnement <strong>de</strong>charbon à faible teneur en souffre dans la mesure où elle a constitué le premier signal reçu par<strong>les</strong> acteurs. Si bien que l’offre <strong>de</strong> permis trop importante entraîne un prix faible aux alentours <strong>de</strong>100 $ alors que le coût technique <strong>de</strong> dépollution est estimé en 1995 entre 180 $ et 210 $ partonne en moyenne.375


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Globalement, <strong>les</strong> économies permises par l’adoption d’un tel système sont estimées entre25% et 34 % (Ellerman et al, 1997.). Cet exemple nous enseigne principalement que :• L’incertitu<strong>de</strong> informationnelle serait plutôt dans le sens d'une surestimation <strong>de</strong>s coûtsmarginaux <strong>de</strong> dépollution <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’autorité publique. Un système <strong>de</strong> PEN est alorspréférable à une taxe, dans la mesure où il permet d’atteindre <strong>de</strong> manière certaine unobjectif environnemental donné au moindre coût (cf. partie I.B.3).• L'estimation <strong>de</strong>s prix réalisée avant la mise en place du marché constitue la seuleinformation dont <strong>les</strong> entreprises disposent en plus <strong>de</strong> leur propre coût d'abattement. Il estdonc nécessaire d'y accor<strong>de</strong>r le plus grand soin afin <strong>de</strong> fausser le moins possible le cadredans lequel <strong>les</strong> entreprises prennent leurs décisions.• Un marché <strong>de</strong> PEN fonctionne bien lorsque <strong>les</strong> agents sont peu nombreux sur le marchéet se connaissent bien.• L'échange <strong>de</strong>s permis pousse <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la pollution à la baisse <strong>de</strong> façonsensible, soit <strong>de</strong> façon directe, soit en permettant la meilleure exploitation <strong>de</strong>schangements intervenant dans le contexte institutionnel et économique <strong>de</strong>s activitésresponsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> la pollution et ils forcent à une révélation indirecte <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong> la pollution (Godard, 2000).3. Les autres instrumentsa. Les instruments informationnelsCette catégorie regroupe <strong>les</strong> éco-labels et <strong>les</strong> éco-audits. Il s'agit d'informer <strong>les</strong>consommateurs (ou tout autre agent sensible à l'environnement) sur la qualité environnementaleet <strong>de</strong> lui permettre d'exprimer son consentement à payer pour la qualité environnementale.L'expression <strong>de</strong> ce consentement à payer génère <strong>de</strong> fait un signal-prix au niveau <strong>de</strong>s pollueursincitant à la dépollution.Le label est donc un complément d'information fourni sur le produit, information dont onespère qu'elle aura un impact décisif sur certains consommateurs. En effet un produit vert estcensé être un produit dont la fabrication, l'utilisation ou l'élimination est plus respectueuse <strong>de</strong>l'environnement. Les consommateurs qui choisissent ces produits sont "altruistes" au sens où leurpropre achat d'un produit vert n'améliorera l'environnement que dans une faible proportion, etqu'ils n'en bénéficieront eux-mêmes que très peu.b. L'approche contractuelleα. PrésentationUne <strong>de</strong>rnière famille d'instruments s'applique dans <strong>les</strong> cas où <strong>les</strong> sources et <strong>les</strong> "victimes"<strong>de</strong>s effets externes sont clairement i<strong>de</strong>ntifiées, et peu nombreuses. On peut en effet faire en sorteque <strong>les</strong> intérêts <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> agents (pollueurs et pollués, par exemple) soient pris en compte parune seule entité, dont l'objectif est alors <strong>de</strong> maximiser le bien-être collectif. Lorsque <strong>les</strong> effets376


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>externes concernent <strong>de</strong>ux entreprises seulement, une intégration ou une fusion <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>-cipermet d'internaliser <strong>les</strong> effets externes et <strong>de</strong> restaurer l'optimalité <strong>de</strong>s décisions.D'éventuel<strong>les</strong> négociations directes (approche contractuelle, Coase (1960)) entre agentssources et agents victimes peuvent également rétablir une situation (ou une pollution) optimale.Cette solution ne convient cependant que lorsque la négociation représente bien l'ensemble <strong>de</strong>sagents concernés (y compris éventuellement <strong>les</strong> victimes futures), que le coût <strong>de</strong> cettenégociation est faible ou nul, et que l'information circule parfaitement.β. Théorème <strong>de</strong> CoaseSi tous <strong>les</strong> agents concernés sont représentés, si <strong>les</strong> agents économiques disposent <strong>de</strong> lamême information (en particulier, chacun connaît <strong>de</strong> l'autre autant que celui-ci sur lui-même),négocient sans frais (absence <strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> transaction), peuvent faire entre eux <strong>de</strong>s transfertsmonétaires, et enfin si le marchandage est mené jusqu'au point où il n'est plus possibled'améliorer pour tous <strong>les</strong> participants la situation à laquelle ils sont parvenus, alors lemarchandage conduit à la réalisation <strong>de</strong> l'optimum, quel<strong>les</strong> que soient <strong>les</strong> positions initia<strong>les</strong> <strong>de</strong>sagents économiques concernés.En effet, comme <strong>les</strong> agents disposent d'un moyen <strong>de</strong> compensation (<strong>les</strong> transfertsmonétaires), que négocier ne leur coûte rien (absence <strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> transaction), et que chaqueagent apprécie exactement la position <strong>de</strong>s autres (information parfaite), l'allocation à laquelle ilsparviennent est efficace. Si elle ne l'était pas, alors le marchandage continuerait.Le moyen le plus simple <strong>de</strong> s'en convaincre est d'examiner un cas où un pollueur uniqueet un pollué unique négocient. Si initialement la pollution est trop élevée, le pollué subit undommage marginal plus important que le coût marginal <strong>de</strong> dépollution, et il a donc intérêt àproposer au pollueur une compensation pour que celui-ci réduise ses émissions. Inversement, sila pollution initiale est trop réduite, le pollueur endure un coût marginal <strong>de</strong> dépollution supérieurau dommage marginal subi par la victime. Il a donc intérêt à négocier avec ce <strong>de</strong>rnier, en luiproposant <strong>de</strong> l'argent contre un surcroît <strong>de</strong> pollution. Le pollué acceptera tant que la somme quilui est proposée est supérieure au dommage supplémentaire qu'il encourt. Tant que dommagemarginal et coût marginal <strong>de</strong> dépollution diffèrent, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux parties ont intérêt à négocier. Al'issue du marchandage, ces <strong>de</strong>ux quantités sont éga<strong>les</strong>, autrement dit, la pollution est à sonniveau optimal.Il est important <strong>de</strong> remarquer que le profit total à partager après la négociation est connu.Sa répartition dépend du rapport <strong>de</strong> force dans la négociation, donc <strong>de</strong>s droits initiaux. Sous <strong>les</strong>conditions du théorème, l'optimum est donc toujours atteint, quelle que soit la répartition initiale<strong>de</strong>s droits. Selon Coase (1960), le point central dans <strong>les</strong> problèmes environnementaux est doncrelatif à l'absence <strong>de</strong> propriété clairement établie. Alors, il complète sa critique du principed'internalisation proposé par Pigou en proposant un mo<strong>de</strong> alternatif consistant en l'attribution <strong>de</strong>sdroits <strong>de</strong> propriété. Si <strong>les</strong> victimes <strong>de</strong> la pollution disposent <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriété, ce sont <strong>les</strong>pollueurs qui vont <strong>de</strong>voir <strong>les</strong> racheter et donc réaliser <strong>de</strong>s transferts vers <strong>les</strong> victimes <strong>de</strong> leurpollution.377


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Cependant, très souvent, <strong>les</strong> coûts d'information sont plus élevés pour <strong>les</strong> victimes <strong>de</strong> lapollution (éventuellement nombreuses, dispersées ou à venir) que pour <strong>les</strong> pollueurs. Dans cecas, l'issue <strong>de</strong> la négociation n'est plus indépendante <strong>de</strong> l'allocation initiale <strong>de</strong>s droits. Attribuer latotalité <strong>de</strong>s droits à polluer aux victimes <strong>de</strong> la pollution est alors la meilleure répartition <strong>de</strong>sdroits.Encadré VI.1. La négociation coasienneDommage marginalt*Coût marginal <strong>de</strong> dépollutionq*q : quantité <strong>de</strong> déchets déversésSupposons que l'on est au départ en q = 0. Le coût <strong>de</strong> dépollution en ce point est trèssupérieur au dommage marginal subi par <strong>les</strong> victimes. Le pollueur va donc proposer <strong>de</strong>dédommager <strong>les</strong> victimes pour un montant égal à leur dommage marginal. Cette somme étantinférieure à celle qu’il doit débourser pour éviter la <strong>de</strong>rnière unité <strong>de</strong> pollution, le pollueur ygagne tandis que <strong>les</strong> victimes sont indifférentes, si bien que le surplus collectif est alors accru.Tant que le coût marginal sera supérieur au dommage marginal, le pollueur va réitérer saproposition, si bien que la quantité <strong>de</strong> pollution finale sera q*. Le gain collectif <strong>de</strong> cettenégociation est représenté par la surface hachurée en vert. Le dédommagement <strong>de</strong>s victimes estau moins égal à la surface rouge et le partage <strong>de</strong> la surface verte entre pollueur et victimesdépend du pouvoir <strong>de</strong> négociation <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s parties et non pas <strong>de</strong> la distribution initiale <strong>de</strong>sdroits.La négociation coasienne est optimale puisqu’elle maximise le surplus collectif, mais ellene permet pas <strong>de</strong> dire a priori comment va se faire la répartition <strong>de</strong> ce surplus entre <strong>les</strong> agents.C'est en fait à Stigler (1966) que l'on doit la formulation du théorème <strong>de</strong> Coase. Ce<strong>de</strong>rnier est conscient que même lorsque seul un petit nombre d’agent sont concernés, <strong>les</strong>hypothèses d’informations parfaites et <strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> négociation nuls restent très fortes. Mais ilpréconise <strong>de</strong> comparer <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> la négociation et <strong>de</strong> l'acquisition éventuelle d’informationsavec ceux <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong> l’intervention publique.B. Comparaison <strong>de</strong>s instruments1. Coût <strong>de</strong> l'informationEn théorie, une norme uniforme, i.e. imposant le même objectif à toutes <strong>les</strong> firmes, estune alternative trop simpliste à la taxe. On peut en effet considérer une norme d'émissions quidifférencierait <strong>les</strong> objectifs affectés à chaque firme afin d'atteindre un optimum <strong>de</strong> Pareto. Alors,378


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>en information parfaite, tous <strong>les</strong> instruments sont efficaces. Si l'on se place dans le cadre d'uneinformation imparfaite, le coût lié à la recherche d'information pour la taxe pigouvienne, unsystème <strong>de</strong> permis d'émissions négociab<strong>les</strong> ou une norme différenciée semble a priori très élevéet i<strong>de</strong>ntique.2. Incitation à l'innovationL'incitation à l'innovation constitue un critère fondamental <strong>de</strong> discrimination entre <strong>les</strong>différents instruments <strong>de</strong> lutte contre l'effet <strong>de</strong> serre. Il paraît en effet préférable <strong>de</strong> choisir uninstrument qui non seulement permet aux acteurs d'aller au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce qui leur est <strong>de</strong>mandé, maiségalement <strong>de</strong> favoriser ce comportement qui va se traduire par une baisse <strong>de</strong>s coûts totauxd'atteinte d'un objectif environnemental donné.L’incitation à l’innovation d’un instrument dépend <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> son levier incitatif àmodifier son niveau suite à l’innovation technologique mise en œuvre par une ou plusieursentreprises (Cf. annexe 1). En effet, si le niveau <strong>de</strong> la taxe ou <strong>de</strong> la subvention (non pigouviens)sont fixés, alors l’incitation à l’innovation est plus forte que dans le cas <strong>de</strong> PEN dont <strong>les</strong> prixdiminuent consécutivement à l’adoption d’une technologique plus propre dans la mesure oùcelle-ci se traduit par une augmentation <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> PEN et une baisse <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Lorsque<strong>les</strong> permis sont distribués gratuitement, l'incitation à l'innovation est d'autant plus gran<strong>de</strong> quel'entreprise était <strong>de</strong>man<strong>de</strong>use <strong>de</strong> permis au départ. Quoi qu’il en soit, même si l'autorité publiques'adapte, l'incitation à l'innovation reste toujours non-nulle.Encadré VI.3. Le programme Auto-oil.Le programme Auto-oil est un exemple intéressant <strong>de</strong> processus <strong>de</strong> choix <strong>de</strong>s outils <strong>politiques</strong>pour réduire la pollution. L'ensemble <strong>de</strong>s pétroliers se sont, au travers <strong>de</strong> ce programme, associés avec<strong>les</strong> constructeurs automobi<strong>les</strong> pour proposer une adaptation <strong>de</strong>s moteurs et une amélioration <strong>de</strong> laqualité <strong>de</strong>s carburants. Ce travail <strong>de</strong> longue haleine (4 ans) auquel s'est joint la Commission Européennes'est traduit concrètement par <strong>de</strong>ux directives européennes visant à réduire <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> SO 2(dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> souffre), <strong>de</strong> NOx (oxy<strong>de</strong>s d'azote), <strong>de</strong> particu<strong>les</strong> et <strong>de</strong> CO (monoxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone). Il nes'agit pas à proprement parler d'engagements volontaires puisque la Communauté Européenne ne versepas <strong>de</strong> subvention en échange <strong>de</strong> ces réductions mais impose à tous, en fin <strong>de</strong> travail, par le biais <strong>de</strong>l'instrument réglementaire que représente la directive, <strong>de</strong> respecter l'engagement. Toutefois, ce travailcoopératif, basé sur une approche rationnelle partagée par <strong>les</strong> diverses parties prenantes, permet <strong>de</strong>cibler <strong>les</strong> mesures finalement décidées <strong>de</strong> façon optimale pour la collectivité. Cet exemple nous permet<strong>de</strong> formuler trois conclusions:• Les normes ont bien un effet d'incitation dynamique dans la mesure où <strong>les</strong> entreprises enanticipent le durcissement.• Anticipant ce durcissement, <strong>les</strong> entreprises préfèrent s'engager tout <strong>de</strong> suite dans la voie d'unmeilleur respect <strong>de</strong> l'environnement afin <strong>de</strong>1) Pouvoir tirer un bénéfice en termes d'image <strong>de</strong>s efforts futurs2) Orienter <strong>les</strong> décisions <strong>politiques</strong> dans un sens qui leur est favorable, en tenant compte aussirationnellement que possible <strong>de</strong>s contraintes et <strong>de</strong>s bénéfices attendus (approche rationnelle).• La norme est finalement l'instrument qui a été choisi. Ceci traduit l'intérêt partagé pour cet outilqui assure un signal clair et durable, <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> concurrence comparab<strong>les</strong> pour tous à un coûtadministratif moindre.379


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>3. Lisibilité <strong>de</strong> la politiqueL'impact d'un système <strong>de</strong> permis d'émissions négociab<strong>les</strong> sur l'innovation dépendégalement <strong>de</strong> certaines caractéristiques, en particulier <strong>de</strong> l'allocation initiale <strong>de</strong>s droits, et <strong>de</strong> lacapacité <strong>de</strong> cet instrument à fournir un signal-prix <strong>de</strong> long terme. Des modè<strong>les</strong> théoriquess'intéressant au financement <strong>de</strong> la R&D ont montré qu'un système <strong>de</strong> permis aux enchèresgénérait plus d'incitations au progrès technique qu'un système <strong>de</strong> distribution gratuite (Millimanet Prince, 1989, Jung et al, 1996). Requate (1995) a développé un modèle s'intéressant plus aumarché <strong>de</strong>s biens et non plus seulement au secteur polluant. Il a montré que ni <strong>les</strong> taxes ni <strong>les</strong>permis vendus aux enchères n'étaient supérieurs pour procurer la bonne incitation aux entreprisesà adopter une nouvelle technologie moins polluante. Les <strong>de</strong>ux peuvent conduire à une décisionnon-optimale avec sur ou sous-investissement.Plus généralement, la réussite d’une politique dépendra tout autant <strong>de</strong> sa capacité àfournir un signal simple, clair et durable que <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> ce signal. A ce titre, l’exemple <strong>de</strong> lavignette automobile française est illustratif. Comparativement au budget consacré par <strong>les</strong>ménages à l’achat et l’utilisation d’un véhicule, la vignette automobile constituait, hormis pour<strong>les</strong> très grosses cylindrées (plus <strong>de</strong> 16 chevaux fiscaux), un signal-prix d’un niveau relativementfaible (moins <strong>de</strong> 3% du budget annuel). Pourtant le caractère singulier <strong>de</strong> cet instrument (achatannuel dans <strong>les</strong> débits <strong>de</strong> tabacs) en a accru très sensiblement la lisibilité (beaucoup plus parexemple qu’une augmentation <strong>de</strong> la TIPP générant <strong>les</strong> mêmes recettes). Aussi la conjugaison <strong>de</strong>cette sur-sensibilisation <strong>de</strong>s consommateurs et d’une stratégie d’utilisation d’un avantage relatifpotentiel <strong>de</strong>s constructeurs automobi<strong>les</strong> français dans <strong>les</strong> segments petites et moyens, ainsi quedans la motorisation diesel, a orienté très fortement et durablement la construction automobilefrançaise vers le développement <strong>de</strong> berlines diesel ou essence <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 7 chevaux fiscaux.Cet exemple, qui n’a pas d’autre valeur qu’illustrative permet cependant d’appréhen<strong>de</strong>rcombien la réussite d’une politique interventionniste passe par la lisibilité <strong>de</strong>s signaux qu’elleenvoie. A ce titre, la lisibilité <strong>de</strong> long terme d’une politique fiscale qui, en déplaçant l’assiette <strong>de</strong>la fiscalité du travail vers l’énergie, recherche l’obtention d’un double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>, dépend <strong>de</strong> lacrédibilité <strong>de</strong>s gouvernements successifs à maintenir cette politique. En effet, la marge <strong>de</strong>manœuvre dégagée par la baisse <strong>de</strong> la fiscalité sur le travail ne produira d’effet sur le marché dutravail que si elle n’est pas menacée d’être utilisée, dans un futur plus ou moins proche, pouraccroître <strong>les</strong> recettes <strong>de</strong> l’Etat. Une manière <strong>de</strong> crédibiliser une telle politique serait <strong>de</strong> luiaccor<strong>de</strong>r une contrainte supra-nationale, en l’inscrivant dans une démarche européenne parexemple.La lisibilité d’une politique interventionniste dépend donc en premier lieu <strong>de</strong> la crédibilité<strong>de</strong>s gouvernements à mener <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> long terme. En outre, si la flexibilité d’un instrumentlui permet <strong>de</strong> s’adapter quasi immédiatement aux conditions économiques réel<strong>les</strong>, elle rendhiératique le signal-prix fourni, ce qui limite considérablement la capacité <strong>de</strong>s entreprises àprendre <strong>de</strong>s décisions dans un cadre stabilisé. Cette flexibilité est plutôt l’apanage <strong>de</strong>sinstruments quantité, la révision d’un taux <strong>de</strong> taxe ne pouvant s’effectuer qu’à intervalle <strong>de</strong>temps relativement long, ce qui permet d’asseoir <strong>les</strong> modifications du signal-prix fourni sur <strong>de</strong>smodifications plus structurel<strong>les</strong> que conjoncturel<strong>les</strong>.380


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>4. Incertitu<strong>de</strong>L'article "Price vs. Quantity" <strong>de</strong> Weitzman (1974) 4 fournit le cadre théorique <strong>de</strong> référencepour la comparaison <strong>de</strong>s instruments prix et quantité en présence d'incertitu<strong>de</strong>. On peutreproduire par un raisonnement graphique <strong>les</strong> démonstrations qui y sont produites. La figure VI.2illustre ce qui se passe en cas d'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> coûts.Figure VI.2. Incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> coûtsC 2C 1Dommage marginalt 2 *B E 2t 1 *pDAE 1CQ 2 *Q*Q 3 *Niveau <strong>de</strong> pollutionOn désire atteindre l’optimum E 1 qui correspond ici à l’intersection entre la courbe <strong>de</strong>dommage marginal et la vraie courbe <strong>de</strong> coût marginal <strong>de</strong> dépollution C 1 . Mais on suppose icique la puissance publique surestime <strong>les</strong> coûts marginaux <strong>de</strong> dépollution, par exemple suite à uneenquête dont <strong>les</strong> réponses stratégiques <strong>de</strong>s entreprises seraient <strong>de</strong> surévaluer ces coûts.Alors, dans le cadre <strong>de</strong> la taxation, l’autorité publique va proposer une taxe au taux t * 2,croyant que le véritable équilibre serait E 2 . En réponse à ce taux, <strong>les</strong> entreprises ne vont plusémettre que Q * 2, ce qui correspond à un effort <strong>de</strong> dépollution trop important et à une perteconsécutive <strong>de</strong> bien-être égale à la surface du triangle E 1 AB.En effet, la perte <strong>de</strong> surplus pour <strong>les</strong> producteurs est égale à la surface du trapèzeBE 1 Q*Q 2 *(perte <strong>de</strong> surplus liée au coût technique associé au sur-effort <strong>de</strong> dépollution) plus celledu rectangle t 1 *t 2 *BD (perte <strong>de</strong> surplus liée à la surévaluation <strong>de</strong> la taxe) moins celle durectangle DE 1 Q*Q 2 * (gain <strong>de</strong> surplus lié au fait que l'on paie moins <strong>de</strong> taxe puisqu'on dépollueplus). La perte nette <strong>de</strong> surplus pour le producteur est donc égale à la surface du trapèzet 1 *t 2 *BE 1 .4Cf. Riedinger (2000) pour une présentation détaillée du modèle <strong>de</strong> Weitzman et <strong>de</strong> ses dépassements.381


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Cependant, <strong>les</strong> pertes et gains du producteur liés aux impôts sont complètementcompensés par <strong>de</strong>s gains et pertes inverses pour la puissance publique qui récolte l'impôt. Ainsile déci<strong>de</strong>ur public perçoit <strong>de</strong>s recettes fisca<strong>les</strong> supplémentaires ce qui accroît son surplus <strong>de</strong> lasurface du rectangle t 1 *t 2 *BD. En revanche, le sur-effort <strong>de</strong> dépollution <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>sproducteurs se traduit par un manque à gagner fiscal équivalent à la surface du rectangleDE 1 Q*Q 2 *.Enfin, pour <strong>les</strong> victimes <strong>de</strong> la pollution, le gain <strong>de</strong> surplus est égal à la surfaceAE 1 Q*Q 2 *. La perte nette pour la collectivité est donc bien égale à la surface du triangle E 1 AB.Figure VI.3. Avantage comparatif <strong>de</strong>s taxes sur <strong>les</strong> PEN en fonction <strong>de</strong>s pentes<strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong> coûts et <strong>de</strong> dommage marginauxPertes <strong>de</strong> surplus dansle cas d'une taxet 2pC 1C 2B'B E 2E 1ACA'Q 2 Q 2 'Q 3Pertes <strong>de</strong> surplusdans le cas <strong>de</strong>s PENDommage marginalNiveau <strong>de</strong> pollutionPertes <strong>de</strong> surplusdans le cas <strong>de</strong>s PENPertes <strong>de</strong> surplus dansle cas d'une taxet 2 't 2pC 1C 2B'BAA'Q 2 ' Q 2E 1Q 3 'CQ 3E 2Dommage marginalNiveau <strong>de</strong> pollutionA l’inverse, si un système <strong>de</strong> permis d’émissions négociab<strong>les</strong> est mis en place, l’autorité*publique va distribuer une quantité <strong>de</strong> permis égale à Q3et le prix <strong>de</strong>s permis sur le marché vadonc se fixer à p. La perte <strong>de</strong> bien-être collective est alors égale à la surface du triangle E 1 E 2 C.Le gain <strong>de</strong> surplus du producteur est alors égal à la surface Q*E 1 CQ 3 * et la perte <strong>de</strong> surplus pour<strong>les</strong> riverains est égale à la surface du trapèze Q*E 1 E 2 Q 3 * si bien que la perte nette <strong>de</strong> surpluspour la collectivité est bien égale à la surface du triangle E 1 E 2 C.382


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Néanmoins, dans un cas comme dans l’autre, l’effort <strong>de</strong> dépollution est réparti <strong>de</strong> manièreefficace entre <strong>les</strong> entreprises. Comme l'illustre la figure VI.3 :- plus la courbe <strong>de</strong> dommage marginal est pentue au voisinage du point optimal, plusla perte <strong>de</strong> bien-être est élevée pour une taxe et faible pour un marché <strong>de</strong> permisd’émissions négociab<strong>les</strong> ;- plus la courbe <strong>de</strong> coût marginal <strong>de</strong> dépollution est pentue au voisinage <strong>de</strong>l’équilibre, plus la perte <strong>de</strong> bien-être est faible pour une taxe et élevée pour unmarché <strong>de</strong> droit.Stavins (1996) a montré que, lorsque <strong>les</strong> coûts et <strong>les</strong> bénéfices étaient corrélés <strong>de</strong> manièrepositive (resp. négative), un instrument quantité (resp. prix) était d'autant plus préférable quel'incertitu<strong>de</strong> était gran<strong>de</strong>, que la pente <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> coût marginal d'abattement était faible etque le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> corrélation entre <strong>les</strong> bénéfices et <strong>les</strong> coûts était grand. Il suggère <strong>de</strong> considérerque, pour <strong>les</strong> pollutions uniformément réparties (uniformly mixed pollutants), <strong>les</strong> bénéfices et <strong>les</strong>coûts ne sont pas corrélés, mais qu'ils le sont positivement dans <strong>les</strong> autres cas <strong>de</strong> pollution, sibien que <strong>les</strong> instruments quantité sont préférab<strong>les</strong>.Puisque la pollution par <strong>les</strong> GES est une pollution <strong>de</strong> stock et que, par conséquent, <strong>les</strong>émissions d'une pério<strong>de</strong> donnée n'ont qu'un faible impact sur le phénomène <strong>de</strong> changementclimatique, Newell et Pizer (1998) estiment que le dommage marginal <strong>de</strong> court terme estquasiment constant. A long terme en revanche, en raison <strong>de</strong>s non-linéarités dans le systèmeclimatique, il est probable que la courbe <strong>de</strong> dommage marginal soit convexe et présenteéventuellement <strong>de</strong>s discontinuités. A long terme, le choix <strong>de</strong> l'instrument optimal dépendra alors<strong>de</strong> manière cruciale du taux auquel <strong>les</strong> coûts et risques futurs sont actualisés et, plusgénéralement, du <strong>de</strong>gré d'altruisme intergénérationnel.Le caractère statique du modèle <strong>de</strong> Weitzman en représente la plus gran<strong>de</strong> limite dans lamesure où l'observation <strong>de</strong> ce qui se passe en première pério<strong>de</strong> apporte <strong>de</strong> précieuxrenseignements sur la nature et l'ampleur <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s asymétries d'informations.Néanmoins, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> dynamiques développés dans le prolongement <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Weitzmanen confirment l'intuition (Riedinger, 2000). Une augmentation <strong>de</strong> la pente du coût marginal(resp. du bénéfice marginal) tend à favoriser l'instrument prix (resp. quantités). Toutefois, lechoix <strong>de</strong> l'instrument optimal dépend aussi du facteur d'escompte, du facteur <strong>de</strong> persistance dustock et <strong>de</strong> la dépendance statistique temporelle <strong>de</strong>s coûts marginaux. Plus précisément,l'avantage comparatif tend d'autant plus à se déplacer relativement vers l'instrument quantité quel'on accor<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> poids au futur, que le stock est plus persistant et que <strong>les</strong> chocs sonttemporellement plus corrélés.5. ConclusionSans revenir sur le rôle fondamental du recyclage dans la détermination <strong>de</strong> l'impactmacroéconomique <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> lutte contre l'effet <strong>de</strong> serre (cf. Chapitre 2 et 4), nousrappellerons simplement qu'il peut conduire à une annulation pure et simple <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>réductions <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> GES. Cependant, si le principe <strong>de</strong> la taxe affectée existe dansplusieurs pays, le recyclage d’une taxe vers la baisse d’un autre taux <strong>de</strong> taxe pose un problèmeimportant <strong>de</strong> crédibilité, et donc d’anticipation pour <strong>les</strong> entreprises. Il est en effet peu crédibleque la marge <strong>de</strong> manœuvre créée par la baisse d’un taux <strong>de</strong> taxe <strong>de</strong>meure à jamais inutilisée.Même si le gouvernement qui met en place un tel système fiscal le fait <strong>de</strong> manière claire etcrédible, rien ne force ses successeurs à suivre une telle politique. Or il est primordial que le383


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>signal adressé aux entreprises soit lisible et clair à long terme pour qu'une substitution entreénergie et travail puisse effectivement se réaliser. L’internationalisation <strong>de</strong> la politique apporte<strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue une réponse intéressante.Le tableau VI.1 permet <strong>de</strong> résumer <strong>les</strong> inconvénients et <strong>les</strong> avantages <strong>de</strong>s différents outils.Il est clair qu'il est impossible <strong>de</strong> conclure à la suprématie d'un instrument sur <strong>les</strong> autres.Néanmoins, si l'on s'en tient aux performances économiques <strong>de</strong>s instruments (et que l'on faitdonc abstraction <strong>de</strong>s problèmes d'acceptabilité politique), <strong>les</strong> instruments générant <strong>de</strong>s recettespour l'état marquent le pas sur <strong>les</strong> autres. C'est donc le contexte qui va déterminer <strong>les</strong> critèresessentiels <strong>de</strong> choix <strong>de</strong>squels découlera le choix <strong>de</strong> l'instrument le plus adapté. On regretteracependant qu'il n'existe pas suffisamment d'étu<strong>de</strong>s pour pouvoir réaliser une comparaison <strong>de</strong>sinstruments en fonction <strong>de</strong> leur coût administratif.Capacité à déterminer l'optimum socialEn présence d'incertitu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong>coûts et/ou sur <strong>les</strong> dommagesSensibilité en termes <strong>de</strong> bien-êtreau ratio : pente du coût marginal<strong>de</strong> dépollution / pente dudommage marginalTableau VI.1. Analyse comparative <strong>de</strong>s différents instruments<strong>de</strong> politique environnementaleTaxe Subvention Permis d'émissionsnégociab<strong>les</strong>Distribués Vendus auxgratuitement enchèresNormemoyenne moyenne moyenne moyenne moyennedécroissante décroissante croissante croissante croissanteFlexibilité face aux changements exogènes faible moyenne moyenne bonne moyenneDegré <strong>de</strong> dispersion <strong>de</strong>s coûts privés <strong>de</strong>dépollutionélevé élevé moyen moyen élevéIncitation à l'innovation réelle réelle* réelle très forte impliciteStabilité / Durabilité du signal bonne bonne moyenne moyenne bonneCertitu<strong>de</strong> sur l'impact environnemental faible faible élevée élevée très élevéeCoûts <strong>de</strong> contrôle moyens moyens élevés élevés moyensPossibilité <strong>de</strong> recyclage réelle négative aucune réelle aucuneImpact sur la compétitivité internationale négatif positif négatif négatif négatifCoûts informationnels élevés élevés moyens moyens moyensAcceptabilité politique faible élevée bonne moyenne bonne* si le taux ne se modifie pasLa résistance <strong>de</strong>s différents outils face à l'incertitu<strong>de</strong> constitue dans le cadre <strong>de</strong> la luttecontre le changement climatique un argument essentiel <strong>de</strong> discrimination. Face à la complexité<strong>de</strong>s extensions dynamiques du modèle <strong>de</strong> Weiztman et conscient que l'information apportée parla réaction <strong>de</strong>s entreprises à un signal est cruciale pour l'ajustement efficient <strong>de</strong> celui-ci, nousavons construit un modèle <strong>de</strong> négociation simple entre une firme représentative et un Etatreprésentant <strong>les</strong> victimes <strong>de</strong> la pollution. La présentation et l'analyse <strong>de</strong> ce modèle font l'objet <strong>de</strong>la secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ce chapitre.384


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>II. Un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d'une asymétrieinformationnelleA. IntroductionLa littérature relative au choix d'instrument(s) <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong>s externalités s'estessentiellement articulée autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux axes. Le premier est constitué par <strong>les</strong> travaux se plaçantdans un cadre centralisé où il revient au régulateur <strong>de</strong> déterminer seul la politique la plusappropriée. Cette démarche a été inaugurée par Pigou (1920). Weitzman (1974) et Stavins (1996)se sont également insérés dans cette logique <strong>de</strong> pensée, ainsi que bien d'autres auteurs. Ces <strong>de</strong>uxauteurs se sont en particulier attachés à déterminer <strong>les</strong> avantages comparés <strong>de</strong>s instruments prixet <strong>de</strong>s instruments quantité en l'absence et en présence d'incertitu<strong>de</strong>.Le second axe rassemble <strong>les</strong> travaux qui étudient l'influence <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> pression surle choix d'instrument du régulateur. Cette problématique a vu le jour avec Siebert (1974) etBuchanan et Tullock (1975) dans le champ <strong>de</strong> ce qu'il est convenu d'appeler le choix public(public choice). Hillman et Ursprung (1992) ont prolongé cette vision, renouvelée par la suite parFre<strong>de</strong>ricksson (1997) et Aidt (1998). Ces étu<strong>de</strong>s se sont longtemps limitées à l'analyse <strong>de</strong>l'influence d'un groupe <strong>de</strong> pression, <strong>les</strong> écologistes ou <strong>les</strong> industriels. Toutefois, <strong>les</strong> travauxrécents intègrent une compétition électorale où mouvements écologiques et producteurs seconcurrencent dans le financement <strong>de</strong>s candidats aux élections.En marge <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux approches, se trouve la littérature développée à la suite <strong>de</strong>s travaux<strong>de</strong> Coase (1937, 1960). Comme on l’a présenté en première partie <strong>de</strong> ce chapitre, ces travauxsuggèrent qu'une voie pertinente et efficace pour résoudre <strong>les</strong> problèmes d'externalités estouverte par la négociation. L'originalité <strong>de</strong> l'approche <strong>de</strong> Coase rési<strong>de</strong> dans le fait que lerégulateur n'est plus la seule entité à prendre l'initiative. De même, il ne se laisse plus gui<strong>de</strong>r par<strong>les</strong> luttes d'influence <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> pression. Il recourt tout simplement à la négociation avec leresponsable <strong>de</strong> la pollution. Cet aspect a été en partie repris dans la philosophie <strong>de</strong> Gauthier(1986), qui développe une définition du contractualisme reposant sur l'idée d'une "interactioncoopérative rationnelle" entre <strong>les</strong> agents. Il s'agit <strong>de</strong> garantir la coopération par l'introduction <strong>de</strong>sprocédures <strong>de</strong> marché <strong>les</strong> plus à même <strong>de</strong> respecter <strong>les</strong> individus dans leurs différences. Celanécessite l'établissement d'une négociation, dans la mesure où cette procédure permet à <strong>de</strong>sagents aux intérêts divergents <strong>de</strong> passer d'une situation conflictuelle à une situation contractuellemutuellement avantageuse. La démarche coasienne constitue donc une évolution par rapport aucontractualisme en redonnant au marché le rôle central dans la détermination <strong>de</strong> l'équilibre. Enrevanche, comme le souligne Varian (1994), la solution proposée par Coase est incomplète dansla mesure où il ne présente pas le mécanisme spécifique <strong>de</strong> la négociation.Le problème auquel nous nous attachons dans la secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ce chapitre est <strong>de</strong>tester la pertinence d'une négociation (pour l'adoption d'une politique <strong>de</strong> taxation sur <strong>les</strong>externalités) lorsque le pollueur dispose d'une information privée. La nature du jeu défini iciprésente <strong>de</strong>s similarités avec celle proposée par Varian (1994) en ce sens que le gouvernementdécentralise la négociation. Mais nous sommes ici en présence d'incertitu<strong>de</strong>. Le modèle <strong>de</strong>négociation retenu met aux prises un consommateur représentatif et une entreprisereprésentative, et il se fon<strong>de</strong> sur une séquentialité en horizon fini. Les caractéristiques <strong>de</strong> ceprocessus sont inspirées <strong>de</strong> Fu<strong>de</strong>nberg et Tirole (1983).385


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>B. Le modèle dans un contexte statique1. Le cadre d'analyseDans le modèle <strong>de</strong> négociation que nous allons développer maintenant, le gouvernementn'apparaît pas directement. Il organise la négociation qu'il décentralise entre pollueur et victime<strong>de</strong> la pollution. Sa présence implicite explique pourquoi le pollueur est prêt à négocier un taux <strong>de</strong>taxe directement avec la victime.Considérons une négociation à <strong>de</strong>ux joueurs : un consommateur représentatif (indicé parV) et une firme représentative (indicée par F). Cette négociation s'articule autour du taux <strong>de</strong> taxeque le consommateur pourra <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au gouvernement <strong>de</strong> prélever afin d'inciter la firme àréduire le niveau <strong>de</strong> ses émissions polluantes.Le consommateur, qui est représentatif <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> la pollution,supporte un dommage DV(x F) qui décroît selon <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> lafirme, xF, et bénéficie d’un gain lié à son surplus, SV(x F,t V). Ce <strong>de</strong>rnier dépend positivement<strong>de</strong> la consommation dont le niveau dépend du jeu <strong>de</strong> l'offre et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, l'offre étant ellemême une fonction décroissante du niveau <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions. Par ailleurs, le surplus estune fonction croissante du taux <strong>de</strong> taxe qui sera prélevé par le gouvernement, t V, dans la mesureoù celui-ci pourra servir par exemple à financer un bien public. Les préférences duconsommateur ont alors pour forme :πV(x F,t V) = SV(x F,t V) − DV(x F).Pour sa part, la firme réalise un bénéfice à polluer lié à son activité productive dont la∂BFpollution est un produit résiduel, BF(x F) (avec < 0 ), et un coût lié au paiement <strong>de</strong> la taxe,∂xCF(x F, tV) . En notant πFla fonction objectif <strong>de</strong> la firme et en la supposant continue et concave,il vient :πF(x F,t V) = BF(x F) − CF(x F,t V).On admettra que le taux <strong>de</strong> taxe vérifie <strong>les</strong> hypothèses suivantes :F∂S∂tVV> 0et∂C∂tFV> 0 .Ainsi, cette variable apparaît comme un gain pour le consommateur et comme une pertepour la firme, ce qui permet <strong>de</strong> souligner la divergence d'intérêts entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux protagonistes dujeu.386


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>L'incertitu<strong>de</strong> dans ce jeu porte sur le coût total <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions que supporte lafirme en cas d'introduction d'une taxe. Deux cas sont alors possib<strong>les</strong>. Le premier est celui quicorrespond à la présentation classique du théorème <strong>de</strong> Weitzman, illustré par la figure VI.12 ci<strong>de</strong>ssus.L'incertitu<strong>de</strong> porte sur la pente <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> coût marginal. Si l'on pense que celle-ciest élevée, il convient <strong>de</strong> fixer un taux <strong>de</strong> taxe plus fort que si l'on pense que celle-ci est faible.Le second cas est illustré par le graphique II.8 du chapitre 2 (p83). Sur ce graphique, ons'aperçoit que si une entreprise dispose <strong>de</strong> potentiel sans regret mais qu'au-<strong>de</strong>là ses coûtss'accroissent très vite, on pourra lui imposer un taux <strong>de</strong> taxe relativement élevé sans que le coûttotal <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions soit prohibitif. A l'inverse, si une entreprise ne dispose pas d'untel potentiel, même si on lui impose un taux <strong>de</strong> taxe plus faible, son coût total d'abattement peut<strong>de</strong>venir lourd. Si la nature <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong> porte donc sur l'ampleur du potentiel sans regret (ou àfaible coût) alors il conviendra d'imposer un taux <strong>de</strong> taxe élevé si l'on pense que ce potentiel estélevé et un taux <strong>de</strong> taxe faible si l'on pense que le taux <strong>de</strong> taxe est faible. Dans ce qui suit, nousbaserons nos interprétation sur ce second cas. Néanmoins, l'ensemble <strong>de</strong>s résultats mis enévi<strong>de</strong>nce dans ce chapitre reste valable dans le premier cas, dans la mesure où, nous allons levoir, nous pouvons caractériser entièrement une firme par le taux <strong>de</strong> taxe qu'elle peut supporter.Nous nous limiterons donc au cas où <strong>les</strong> capacités <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la firme peuvent serésumer à <strong>de</strong>ux attitu<strong>de</strong>s possib<strong>les</strong> : soit ses capacités <strong>de</strong> réduction sont faib<strong>les</strong>, auquel cas nousinfparlerons d'une firme <strong>de</strong> type xF, soit el<strong>les</strong> sont élevées et nous parlerons d'une firme <strong>de</strong> typesupinf supxF. Ainsi, nous avons pour que le problème soit pertinent : xF < xV < xF. En outre, nousposerons :X = x (t ) etinf inf infF F FX = x (t ).sup sup supF F Finfc'est-à-dire que le montant <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions XFcorrespond à la réponse d'une firmeinf<strong>de</strong> type xFà un taux <strong>de</strong> taxe infsuptFtandis que le niveau d'abattement XFcorrespond à la réponsesupd'une firme <strong>de</strong> type xFà un taux <strong>de</strong> taxe tsupF. Nous exprimons donc <strong>les</strong> caractéristiques <strong>de</strong> lafirme en fonction du taux <strong>de</strong> taxe. En d'autres termes, à chaque taux <strong>de</strong> taxe correspond unniveau <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s firmes (ou, réciproquement, un niveau d'émissions). Plus exactement,supune firme <strong>de</strong> type xFréduira fortement ses émissions si elle est contrainte <strong>de</strong> supporter un taux<strong>de</strong> taxe élevé, supinftF. De même, une firme <strong>de</strong> type xFeffectuera <strong>de</strong> faib<strong>les</strong> réductions dès l'instantoù elle supporte un faible taux <strong>de</strong> taxe, tinfF. Finalement, le modèle à <strong>de</strong>ux variab<strong>les</strong> <strong>de</strong> décisionpeut se réduire à un modèle à une variable, le taux <strong>de</strong> taxe, dans la mesure où la réponse entermes <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> la firme est une fonction <strong>de</strong> ce taux <strong>de</strong> taxe. De même onpeut caractériser <strong>les</strong> types <strong>de</strong> firmes selon qu'el<strong>les</strong> peuvent accepter un taux <strong>de</strong> taxe élevé (firme<strong>de</strong> type tsupF) ou faible (firme <strong>de</strong> type t infF).Le jeu que nous décrivons a la structure suivante, imposée par le gouvernement. Let qu'il imposera afin d'atteindreconsommateur joue le premier en affichant le taux <strong>de</strong> taxe ( ) Vson objectif ( ) Vx . Si la firme accepte la proposition, elle s'engage alors à diminuer ses émissionset un accord en ce sens est signé. Sinon, il n'y a pas d'accord et chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux protagonistesprivilégie son intérêt propre, c'est-à-dire que <strong>les</strong> émissions seront réduites sur la base d'uncomportement non-coopératif. Le jeu ainsi établi repose sur une initiative du consommateur, lafirme se contentant d'accepter (a) ou <strong>de</strong> refuser (r) la proposition qui lui est faite.387


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Tous <strong>les</strong> contours <strong>de</strong> la négociation sont connus avec certitu<strong>de</strong> par chacun <strong>de</strong>snégociateurs. L'incertitu<strong>de</strong> se situe donc au niveau <strong>de</strong> la méconnaissance qu'a le consommateurdu niveau <strong>de</strong> réduction que la firme est en mesure <strong>de</strong> rendre effectif. Plus précisément, pour untaux <strong>de</strong> taxe donné, il n'est pas en mesure d'anticiper le comportement qui sera adopté par lafirme.Le consommateur a, pour sa part, une distribution <strong>de</strong> probabilité a priori sur⎡t ,t⎤inf sup⎣ F F ⎦ :p (t ) = p ,sup supV F Vp (t ) = p = 1− p .inf inf supV F V VNous définissons πV<strong>de</strong> telle sorte que :π (x ,t ) = 0inf supV F Fc'est-à-dire que le bien-être du consommateur est normalisé à 0 lorsqu'il propose un fort taux <strong>de</strong>suptaxe, tF, à une firme <strong>de</strong> type tinfF. Comme <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> cette firme sont réduites, elle nepourra rendre effectives <strong>les</strong> réductions correspondantes.2. Les résultats du jeuDans ce jeu, une stratégie pure du consommateur est un taux <strong>de</strong> taxe t Vtandis qu'unestratégie mixte est constituée d'une distribution <strong>de</strong> probabilité sur + qui n'est autre quel'ensemble <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> taxe possib<strong>les</strong>. Une stratégie pure <strong>de</strong> la firme est une fonction f F(.) quiinf supassocie à son information privée tF∈ ⎡ ⎣ tF,t ⎤F ⎦ et à tout taux <strong>de</strong> taxe proposé t V, un élémentfF(t F,t V) <strong>de</strong> l'ensemble {a,r} <strong>de</strong> ses réponses possib<strong>les</strong>. Une stratégie mixte <strong>de</strong> la firme estentièrement décrite par une famille <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong> probabilités sur {a, r} conditionnel<strong>les</strong> à(tF, tV) que l'on notera µF(f F/ tF, tV). Posons :πG = π(x ,t )(x ,t )inf infV F Fsup supV F FLemme 1Toutes <strong>les</strong> stratégies tVtel<strong>les</strong> quetV< t ouinfFtV> t sont inefficaces (ou dominées).supFEn effet, dans l'éventualité où le consommateur proposerait un taux <strong>de</strong> taxe supérieur à ceque la firme est susceptible <strong>de</strong> supporter, aucune réduction d'émissions polluantes ne seraentreprise par la firme (et ce, quel que soit son type). La négociation est donc par avance vouée àl'échec. Dans le cas où le consommateur proposerait un taux <strong>de</strong> taxe inférieur à ce que <strong>les</strong> <strong>de</strong>uxtypes <strong>de</strong> firmes peuvent réaliser, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> firmes réduiront leurs émissions. Néanmoins,le consommateur y perdrait car, avec un taux <strong>de</strong> taxe plus élevé (en particulier égal à t infF), ilobtiendrait le même niveau <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> firme et un niveau <strong>de</strong> satisfactionsupérieur.388


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Ce lemme implique que le consommateur est en position <strong>de</strong> faib<strong>les</strong>se face à une firme <strong>de</strong>inftype tFcar, quel que soit le taux <strong>de</strong> taxe proposé, cette firme n'est pas en mesure <strong>de</strong> faire mieuxque <strong>de</strong> réduire faiblement le niveau <strong>de</strong> ses émissions polluantes. En revanche, le consommateurest en position <strong>de</strong> force face à une firme <strong>de</strong> type t supFdans la mesure où celle-ci est à même <strong>de</strong>procé<strong>de</strong>r à d'importantes réductions <strong>de</strong> ses émissions.Compte tenu du lemme, nous pouvons restreindre <strong>les</strong> stratégies pures du consommateursupinfaux stratégies non dominées tV= tFet tV= tF, ainsi qu'à la stratégie mixtesupinft t (1 )t α∈ 0,1 exogène. Si le consommateur adopte la stratégie puret=α + −α pour [ ]V F FV= t , l'espérance <strong>de</strong> gain correspondant s'écrit :infFEπ = p π (x ,t ) + p π (x ,t ) =π (x ,t ) ,inf inf inf inf sup inf inf inf infV V V F F V V F F V F Fla firme acceptera l'offre quel que soit son type car le taux <strong>de</strong> taxe proposé est minimum. Sisupmaintenant le consommateur choisit t = t , l'espérance <strong>de</strong> gain vaut :VFEπ = p π (x ,t ) + p π (x ,t ) = p π (x ,t ).sup inf inf sup sup sup sup sup sup supV V V F F V 1 F F V V F FtVsupFOr la stratégie puretV= t est optimale si et seulement si l'espérance <strong>de</strong> gain associée àsupF= t est strictement supérieure à l'espérance <strong>de</strong> gain associée à tV= t , soit :infFsuppV> G.Par conséquent, lorsque cette <strong>de</strong>rnière condition est vérifiée, l'équilibre bayésien consistesuppour le consommateur à jouer la stratégie tV= tF. Ce taux <strong>de</strong> taxe étant maximum, seule unefirme <strong>de</strong> type t supFl'acceptera, autrement dit la firme pour laquelle <strong>les</strong> capacités <strong>de</strong> réduction sontimportantes.Dans le cas où l'inégalité serait inversée :suppV< G,infil est bénéfique pour le consommateur <strong>de</strong> proposer le taux <strong>de</strong> taxe tV= tF. Comme ce taux <strong>de</strong>taxe est minimum, il est accepté par <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> firme (puisqu'el<strong>les</strong> ne peuvent pas espérerobtenir un taux <strong>de</strong> taxe plus intéressant).389


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Enfin, si nous avons :suppV= G,l'équilibre bayésien consiste pour le consommateur à jouer la stratégiesupprobabilité α et la stratégie t tVFtV= t avec la= avec la probabilité (1- α ), pour α exogène ∈ [ 0,1]signifie que le consommateur est indifférent entre jouer t supFet joueracceptera le taux <strong>de</strong> taxe tV, si celui-ci est inférieur ou égal au taux <strong>de</strong> taxe attendu tF.inftFsupF. Cela. La firme, elle,On peut voir que G correspond à un ratio qui permet <strong>de</strong> mesurer la possibilité d'aboutir àun accord <strong>de</strong> façon presque certaine. En effet, il se compose au numérateur du gain espérédécoulant d'un accord sur un faible niveau <strong>de</strong> taxe, sachant que celui-ci sera assurément acceptépar la firme, et ce quel que soit son type. Le terme au dénominateur désigne le gain découlantd'un fort taux <strong>de</strong> taxe, c'est-à-dire en prenant le risque d'être confronté à une firme t infFet doncd'essuyer un refus <strong>de</strong> sa part. Il est donc nécessaire d'établir un seuil <strong>de</strong> référence qui permette <strong>de</strong>spécifier la limite à partir <strong>de</strong> laquelle il est ou non avantageux d'avancer une offre (risquée) t supF.Naturellement, la valeur <strong>de</strong> ce seuil va dépendre <strong>de</strong> l'a priori qu'à le consommateur concernant laprobabilité <strong>de</strong> rencontrer une firme <strong>de</strong> type tsupF, c'est à direIl découle <strong>de</strong> notre discussion, la proposition suivante :Proposition 1L'équilibre Nash bayésien du jeu s'écrit :p .- pour le consommateur :supinftV= tFsi le risque d'être confronté à une firme tFest suffisamment faible ;infinftV= tFsi le risque d'être confronté à une firme tFest trop élevé ;supinft t (1 )t α∈ 0,1 si le risque d'être confronté à une firme=α + −α pour [ ]V F FinftFn'est ni trop faible, ni trop élevé.- pour la firme <strong>de</strong> type tFaccepter toute offre tVtelle que tVsupV≤ t .Nous pouvons réécrire ces résultats en spécifiant chacun <strong>de</strong>s équilibres <strong>de</strong> Nash bayésiensà partir du seul taux <strong>de</strong> taxe. Cela tient à nos hypothèses et à la structure du jeu. Nous savons quela firme ne réagira qu'une fois qu'elle aura pris connaissance du taux <strong>de</strong> taxe qui lui sera proposé.Nous pouvons donc admettre, dans ces conditions, que le taux <strong>de</strong> taxe se trouve être le véritablepivot <strong>de</strong>s négociations. Directement ou indirectement le comportement <strong>de</strong> chaque agent endépend. Nous en déduisons :supinfsup- soit tV= tFet [ µF(a / tF, tV) = 0 et µF(a / tF, tV) = 1] ;infinfsup- soit tV= tFet [ µF(a / tF, tV) = 1 et µF(a / tF, tV) = 1];supinfinfinf- soit tV =α tF+ (1 −α )tFpour α∈ [ 0,1]et µF(a / tF, tV) = 1 si tV≤ tF, = 0supsupsinon ; et µ (a / t , t ) = 1 si t ≤ t , = 0 sinon.F F VVFF390


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>L'étu<strong>de</strong> du jeu ainsi défini suggère que la présence d'une information asymétrique estsusceptible <strong>de</strong> réduire la nature optimale <strong>de</strong> la négociation puisque différentes issues inefficacessont envisageab<strong>les</strong> : un accord peut ne pas émerger comme il peut émerger sans pour autantrefléter le type <strong>de</strong> la firme. En fait, nous constatons qu'en ouvrant <strong>les</strong> négociations, leconsommateur en vient à supporter tout le poids <strong>de</strong> la réussite.Depuis <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> Stackelberg (1934), il est bien établi que, par son engagement, lejoueur lea<strong>de</strong>r conditionne le choix du chemin d'équilibre. Il lui suffit <strong>de</strong> déterminer le choix leplus avantageux pour ensuite s'y engager et entraîner le suiveur sur l'alternative correspondante(ce qui le favorise). Nos résultats nous montrent, en revanche, qu'en présence d'asymétrie, lejoueur qui dispose d'une information privée conditionne le choix du chemin d'équilibre. Dans lamesure où la firme est ici passive (elle se contente d'accepter ou <strong>de</strong> refuser la proposition qui luiest faite) et où elle tire tout <strong>de</strong> même avantage <strong>de</strong> la négociation, il en résulte alors quel'asymétrie atténue la position <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>r. Dans certain cas, l'asymétrie informationnelle peutrenverser l'avantage que l'on a à être lea<strong>de</strong>r et le transmettre au suiveur.C. La négociation dans un contexte dynamique1. Le modèleNous reprenons le même cadre que précé<strong>de</strong>mment à la seule différence que, maintenant,la négociation se déroule sur <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s 5 . Ce jeu décrit une négociation pour laquelle leconsommateur se prononce le premier, en affichant le taux <strong>de</strong> taxe (t V) qu'il imposera afind’atteindre son objectif (xV) . Si la firme accepte la proposition du consommateur, un accord estalors signé et la firme procè<strong>de</strong> aux réductions qui s'imposent. Dans le cas contraire, lanégociation reprend sur une nouvelle proposition du consommateur qui consiste en l’annonced'un nouveau taux <strong>de</strong> taxe. Si cette offre est acceptée, un accord est conclu ; sinon aucune ententene ressort <strong>de</strong>s négociations et chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux acteurs est amené à agir selon son intérêt propre.La distribution a priori est supposée être i<strong>de</strong>ntique à celle présentée dans le modè<strong>les</strong>tatique. Notons, en outre, qu'une famille <strong>de</strong> probabilités conditionnel<strong>les</strong> pour le consommateurest une application qui, à toute histoire <strong>de</strong>s propositions <strong>de</strong> taxe et <strong>de</strong>s réponses correspondantes,inf supassocie une distribution <strong>de</strong> probabilité sur ⎡⎣t F,t ⎤F ⎦ . Dans la mesure où le jeu ne comporte que<strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s et qu'en cas d'acceptation du taux <strong>de</strong> taxe par la firme à la première pério<strong>de</strong>, le jeuse termine, seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> probabilités conditionnel<strong>les</strong> sur le type <strong>de</strong> la firme en cas <strong>de</strong> refus du tauxinf sup<strong>de</strong> taxe t Vproposé à la première pério<strong>de</strong> importent. On notera ⎡⎣p VV,p⎤VV ⎦ la distribution <strong>de</strong>probabilités du consommateur au début <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong> lorsqu'il a proposé un taux <strong>de</strong> taxet à la première pério<strong>de</strong> et observé un refus <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la firme :Vinf= ( ), ( )p p t /refus tinfVV F Vp = p t / refus t = 1− p .sup sup infVV F V VV5Comme le jeu est en horizon fini, rien d'essentiel n'est perdu en supposant seulement <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s.391


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Une stratégie pure du consommateur est un couple ( tV,tVV )(.) où t Vest un taux <strong>de</strong> taxeproposé à la première pério<strong>de</strong> et t VV(.) une fonction qui à toute taxe t Vrefusée à la premièrepério<strong>de</strong> fait correspondre une taxe t VVà la secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>. Une stratégie mixte duconsommateur est constituée d'une part d'une distribution <strong>de</strong> probabilités sur+ et, d'autre part,d'une application qui à toute taxe t Vrefusée à la première pério<strong>de</strong> fait correspondre unedistribution <strong>de</strong> probabilités sur+ , ensemble <strong>de</strong>s taxes possib<strong>les</strong> <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>.Une stratégie pure <strong>de</strong> la firme est un couple d'applications ( fF(.),fFF )(.) . La premièreinf supassocie à son information privée tF∈ ⎡ ⎣ tF,t ⎤F ⎦ et à toute taxe t Vun élément f F(t F,t V) <strong>de</strong>l'ensemble {a,r} <strong>de</strong> ses réponses possib<strong>les</strong>. La secon<strong>de</strong> fait correspondre à son informationprivée, à toute taxe t Vrefusée et à toute taxe t VVun élément f F(t F, t V, t VV) <strong>de</strong> {a,r}. Unestratégie mixte <strong>de</strong> la firme comprend d'une part une famille <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong> probabilités sur{a, r} conditionnel<strong>les</strong> à (t F, t V) que l'on notera µ F(f F/ t F, t V) et d'autre part une famille <strong>de</strong>distribution sur {a, r} conditionnel<strong>les</strong> à (tF, tV, tVV) que l'on notera µF(f FF/t F,t V,t VV).Le concept d'équilibre qui orientera notre discussion est l'équilibre bayésien parfait."Bayésien" pour marquer l'incomplétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'information et "parfait" pour préciser l'existenced'une dynamique. Les stratégies du consommateur et <strong>de</strong> la firme, relatives aux <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s dujeu, ainsi que <strong>les</strong> croyances associées, forment un équilibre bayésien parfait si la contrainte <strong>de</strong>rationalité séquentielle et la contrainte <strong>de</strong> cohérence bayésienne sont vérifiées :(1) à chaque étape du jeu, <strong>les</strong> stratégies forment un équilibre Nash bayésien comptetenu <strong>de</strong>s croyances ;(2) le long du chemin d'équilibre, <strong>les</strong> croyances sont déterminées selon la règle <strong>de</strong>Bayes.DéfinitionUn équilibre bayésien parfait est un quadruplet <strong>de</strong> stratégies⎡⎣(x V,t V),(xVV,t VV),fF(.),fFF(.)⎤⎦ qui satisfont <strong>les</strong> propriétés (1) et (2).⎤⎣⎦, à n'importe quelle étape dujeu <strong>les</strong> stratégies <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux négociateurs ⎡⎣(x V,t V),(xVV,t VV),fF(.),fFF(.)⎤⎦ forment un équilibreNash bayésien.Pour le système <strong>de</strong> croyances ⎡( p inf sup ) ( inf supV,pV, pVV(.),p VV(.))Pour <strong>les</strong> stratégies d'équilibre, le système <strong>de</strong> croyances doit être compatible avec la règle<strong>de</strong> Bayes.Formellement, cette catégorie d'équilibre s'obtient par "backward induction", (Selten,1965, 1975). Cela nous amène alors, dans un premier temps, à déterminer <strong>les</strong> différentséquilibres Nash bayésiens du jeu, ce qui a été fait dans la précé<strong>de</strong>nte section, c'est pourquoi nousen reprenons <strong>les</strong> conditions d'équilibre.392


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>2. Les issues du jeuSoit 0≤δi≤ 1, le facteur d'escompte <strong>de</strong> l'agent i, i = V,F. Notons également ˆtFle taux <strong>de</strong>taxe le plus faible accepté à la première pério<strong>de</strong> par une firme <strong>de</strong> type t infFlorsqu'elle anticipeinfque la taxe proposée à la <strong>de</strong>uxième pério<strong>de</strong> sera tVV= tF. ˆtFest alors défini par :inf inf infB(x) ˆF F− C(x,t) ˆ ˆF F F=δ ⎡F⎣B(x F F) −C(x F F,tF) ⎤⎦ .Nous nous restreindrons aux variantes du jeu correspondant aux stratégies pures duconsommateur.Proposition 2SisuppV> G, il existe un unique équilibre bayésien parfait :- pour le consommateur :supsupsoit tV= tFet tVV ( tV ) = tFsoit ˆinftV= tFet tVV ( tV ) = tF;- pour la firme :supsupµF(a / tF, tV) = 1 pour tV≤ tF, = 0 sinoninfµF(a / tF, tV) = 1 pour t ˆV≤ tFµF(a / tF, tV, tVV) = 1 pour tVV ≤ tF, = 0 sinon.En conséquence, sous <strong>les</strong> conditions associées à la proposition (2), nous distinguons <strong>de</strong>uxéquilibres bayésiens parfaits possib<strong>les</strong>. Dans le premier, le consommateur propose le taux <strong>de</strong> taxele plus élevé à chacune <strong>de</strong>s étapes du jeu. Celui-ci est accepté dès la première pério<strong>de</strong> par unefirme <strong>de</strong> type t supFtout en étant refusé à chaque étape du jeu par une firme <strong>de</strong> type tinfF. Dans <strong>les</strong>econd, le consommateur propose le taux <strong>de</strong> taxe moyen ˆt Fà la première pério<strong>de</strong> et le taux <strong>de</strong>taxe minimum t infFen secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>. Alors, quel que soit son type, la firme accepte ˆt Fà lapremière pério<strong>de</strong>.Proposition 3SisuppV< G, il existe un unique équilibre bayésien parfait :- pour le consommateur :infinfsupsoit tV= tFet ⎡⎣tVV ( tV ) = tFou tVV ( tV ) = t ⎤F ⎦soit ˆinftV= tFet tVV ( tV ) = tFinf infsupsupπF(x F,t V) −πF(x F,tF)soit tV= tFet tVV ( tV ) = tFavec la probabilité ε ( tV ) = πsup sup inf infF(x F,tF) −πF(x F,tF)]- pour la firme :infinfµF(a / tF, tV) = 1 pour tV≤ tF, = 0 sinoninf inf sup sup supsupµF(a / tF, tV) = 1 pour t ˆπV(x F,tF) −p VπV(x F,tF)V≤ tF,=sinonsup inf inf −sup supp [ π (x ,t ) −π (x ,t )]µF(a / tF, tV, tVV)= 1 pour tVV ≤ tF, = 0 sinon.V V F F V F F393


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Il ressort <strong>de</strong> la proposition (3) que, selon <strong>les</strong> paramètres du modèle, trois situationsd'équilibre sont envisageab<strong>les</strong>. Soit le consommateur ouvre la négociation en proposant le taux<strong>de</strong> taxe minimum, auquel cas la firme l'accepte dès la première pério<strong>de</strong>, quel que soit son type.La <strong>de</strong>uxième situation possible est celle où le consommateur propose un taux <strong>de</strong> taxe moyen à lapremière pério<strong>de</strong> qui est accepté uniquement par une firme <strong>de</strong> type tsupF. A la <strong>de</strong>uxième pério<strong>de</strong>,le consommateur joue le taux <strong>de</strong> taxe minimum qui est toujours accepté. Soulignons que, pourcet équilibre, le consommateur est, en quelque sorte, amené à "sol<strong>de</strong>r" en secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>, ce quiconfirme l'idée que la présence d'une asymétrie informationnelle tend à atténuer la position <strong>de</strong>lea<strong>de</strong>r du consommateur. Enfin, la troisième possibilité est celle où il est proposé à la firme letaux <strong>de</strong> taxe maximum avec une probabilité égale à 1 à la première pério<strong>de</strong> et avec uneprobabilité ε (t1) à la secon<strong>de</strong>, auquel cas la firme ne l'accepte que si elle est <strong>de</strong> type tsupF. Plusprécisément, la firme accepte l'offre avec une certaine probabilité à la première pério<strong>de</strong> ettoujours à la <strong>de</strong>uxième pério<strong>de</strong> s'ils l'ont refusé à la première.D. DiscussionLe troisième équilibre <strong>de</strong> la proposition (3) est le plus révélateur <strong>de</strong>s problèmes découlant<strong>de</strong> la présence d'une asymétrie d'information. Pour le voir, attachons-nous aux propriétés <strong>de</strong>dynamique comparative qui lui sont associées. Ainsi lorsque la firme est impatiente, c'est-à-direlorsque δFcroît, elle peut réaliser un accroissement <strong>de</strong> gain. Or le résultat inverse est obtenu eninformation complète. En fait, en étant plus impatiente, la probabilité que la firme accepte ˆt F<strong>de</strong>vient plus importante. Il est alors plus intéressant pour le consommateur <strong>de</strong> proposer ˆt Fà lapremière pério<strong>de</strong> et t supFà la secon<strong>de</strong>. Les gains nets <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> firmes augmentent parrapport à l'équilibre où le consommateur joue t infFà la première pério<strong>de</strong> avec une probabilitéégale à 1 et t infFavec une probabilité ε (tV) à la secon<strong>de</strong>. Nous pouvons encore aller plus loindans l'analyse en soulignant que cet équilibre peut ne pas être optimal. En effet, si la firmepouvait s'engager à accepter ˆt , t supau lieuFinf inf<strong>de</strong> ( F F )ˆt avec certitu<strong>de</strong>, le consommateur pourrait jouer ( ) F Ft , t , et chacun <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> firme y gagnerait pour certaines valeurs <strong>de</strong>s paramètres dujeu. Une telle éventualité ne peut être envisageable puisque le consommateur sait qu'une foisqu'il aura joué ˆt F, rien n'oblige la firme à accepter l'offre : cette <strong>de</strong>rnière peut donc attendrel'offre <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong> où t supFsera joué. En d'autres termes, même si la firme le souhaite, ellene peut s'engager vis à vis du consommateur à accepter ˆtF; d'où le paradoxe.De façon générale, prolonger la négociation sur un nombre fini d'étapes ne garantit paspour autant la signature d'un accord peu coûteux pour le consommateur. La répétition peuts'avérer pénalisante. En effet, même si <strong>les</strong> négociations s'ouvrent sur un fort taux <strong>de</strong> taxe, unefirme à fortes capacités, anticipant dans la pério<strong>de</strong> suivante une proposition plus intéressante(avec une probabilité 1 −ε (tV)), peut se comporter comme si elle était à faib<strong>les</strong> capacités. Unnouveau problème apparaît donc : la présence d'une dynamique n'exclut pas la situation pourlaquelle un refus ne révèle pas nécessairement une information fiable quant au type <strong>de</strong> la firme.En outre, lorsque le consommateur se voit essuyer un refus, il est amené à supporter un coûtsupplémentaire sous la forme d'un délai d'attente à la réalisation d'un accord.394


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>En conséquence, il ressort <strong>de</strong>s propositions (2) et (3) qu'il peut y avoir acquisitiond'information au cours <strong>de</strong> la négociation. Cette acquisition d'information est reflétée par larévision bayésienne <strong>de</strong>s probabilités a priori. Mais cela peut ne pas suffire à garantir la signatured'un accord dès la première pério<strong>de</strong>. La solution ne correspond donc pas nécessairement à unoptimum <strong>de</strong> premier rang, puisque <strong>les</strong> taux d'escompte <strong>de</strong> chaque type <strong>de</strong> firme sont strictementinférieur à 1.Notre intuition était qu'aussi pertinente que soit la démarche <strong>de</strong> Weitzman (1974), sesrésultats reposent sur <strong>de</strong>s analyses ex ante. Mais une fois la politique mise en œuvre, il estpossible <strong>de</strong> déterminer la nature <strong>de</strong>s erreurs éventuel<strong>les</strong> que l'on a pu commettre dans le choix <strong>de</strong>la valeur du taux <strong>de</strong> taxe ou du nombre <strong>de</strong> PEN distribué à partir <strong>de</strong> l'observation <strong>de</strong> ce qui sepasse réellement. La correction <strong>de</strong> ces erreurs peut remettre largement en cause <strong>les</strong> résultatsobtenus par Weitzman quant à la supériorité <strong>de</strong> tel ou tel instrument (en fonction <strong>de</strong>s pentes <strong>de</strong>sdommages et coûts marginaux) en présence d'incertitu<strong>de</strong>.Nous avons voulu construire un modèle <strong>de</strong> négociation en <strong>de</strong>ux étapes qui internaliseraitce phénomène et permettrait donc <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong>s enseignements <strong>de</strong> l'expérience avant uneréelle mise en œuvre <strong>de</strong> la politique. Le modèle que nous avons construit nous permeteffectivement <strong>de</strong> réduire l'incertitu<strong>de</strong> ex ante grâce au mécanisme <strong>de</strong> révision bayésienne.Toutefois, nous mettons en évi<strong>de</strong>nce que le modèle que nous proposons ne garantit pas <strong>de</strong>trouver un accord entre victime et créateur <strong>de</strong> pollution. Il permet cependant <strong>de</strong> conforter l'idéeque la négociation constitue une voie crédible pour résoudre <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s.395


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Annexe 1Analyse <strong>de</strong>s incitations à l’innovation relatives <strong>de</strong>s différents instrumentsDans ce qui suit, nous nous placerons <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vue du pollueur qui estime le gain qu'il aà innover dans le cadre d'un objectif environnemental donné fixe (qui ne varie pas suite àl'innovation, comme c'est le cas <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> réduction fixés par le protocole <strong>de</strong> Kyoto).Comme l'illustre la figure VI.4, nous supposerons ici que l'innovation se traduit par unerotation vers le bas <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> coût marginal <strong>de</strong> dépollution (q 0 correspond au niveau <strong>de</strong>pollution en l'absence d'intervention politique). On considère donc ici l'incitation à l'adoption <strong>de</strong>l'innovation et non pas <strong>les</strong> problèmes <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> recherche et développement (R&D).Figure VI.4. Incitation à l'innovation : taxe versus normeCoût marginal<strong>de</strong> dépollution C 2Coût marginal <strong>de</strong> dépollution C 1t= sABDCOq fq iq 0q : quantité <strong>de</strong> GES émisRéduction <strong>de</strong>s émissionsDans le cas d'une norme, le gain à l'innovation pour la firme est égal à la surface hachuréeen rouge. En effet, avant l'innovation, l'entreprise réduit ses émissions d'une quantité q 0 -q i et lecoût technique <strong>de</strong> dépollution est alors égal à la surface du triangle Bq i q 0 . Après l'innovation,l'entreprise dépollue toujours au même niveau, mais son coût est alors Cq i q 0 . Le gain àl'innovation est donc bien égal à la surface du triangle BCq 0 .Dans le cas d'une taxe, l'entreprise dépollue après innovation q 0 -q f . Le coût technique <strong>de</strong>dépollution est alors égal à la surface Aq f q 0 . Le gain à l'innovation est donc :Bqq −Cqq − ACqq + ABqq = BCq − ACqq + ABq q14243 14243= ABqi 0 i 01442443i f i f 0 i fi f 0Gain lié à la baisse du coût Perte liée au fait que l'on dépollue plus Gain lié à la baissetechnique pour dépolluer qidu montant <strong>de</strong> taxe acquittéL'incitation à l'innovation dans le cas d'une taxe est donc supérieure à celle générée parune norme (la différence étant représentée par le triangle hachuré en vert ABC). Cependant, sebasant sur <strong>les</strong> expériences passées, <strong>les</strong> entreprises savent que <strong>les</strong> normes émises à un momentdonné ont <strong>de</strong> fortes chances d'êtres durcies au cours du temps. Cette expérience historique dudurcissement <strong>de</strong>s normes fournit alors une incitation à l'innovation. Il convient cependant <strong>de</strong>noter que l'incitation fournie par une augmentation du taux <strong>de</strong> taxe au cours du temps serait entout point comparable et que l'avantage observé en statique comparative <strong>de</strong> la taxe sur la normeen termes d'incitation à l'innovation <strong>de</strong>meure.396


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Dans le cas d'une subvention, l'entreprise réduit également ses émissions d'un montantq 0 -q f après innovation. Le coût technique <strong>de</strong> dépollution est alors égal à la surface Aq f q 0 . Mais legain à l'innovation s'écrit alors :Bq q −Cq q − ACq q + Aq q D − Bq q D = BCq − ACq q + ABq q = ABq14243i 0 i 01442443i f f 0 i 014 4244430 i f i f 0Gain lié à la baisse du coût Perte liée au fait que l'on dépollue plus Gain lié à l'augmentation <strong>de</strong>s subventions perçuestechnique pour dépolluer qiOn retrouve donc ici une incitation à l'innovation tout à fait similaire à celle générée parune taxe.Si l'on sort du cadre que l'on s'est fixé avec un objectif environnemental donné et que l'onadopte une logique pigouvienne, le taux <strong>de</strong> taxe (ou <strong>de</strong> subvention) doit s'ajuster suite à lamodification <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> dépollution permise par l'innovation. La figure VI.5 illustre que le gainà l'innovation dans le cas d'une taxe pigouvienne <strong>de</strong>vient :Bq q −Cq q − ECq q + Ot Bq − Ot Eq = BCq14243 1442443+ tBCEti 0 i 01442443i f i i f f0 i fGain lié à la baisse du coût Perte liée au fait que l'on dépollue plus Gain lié à la baissetechnique pour dépolluer qidu montant <strong>de</strong> taxe acquittéFigure VI.5. Incitation à l'innovation : le cas d'une taxe pigouvienneCoût marginal<strong>de</strong> dépollution C 2Coût marginal <strong>de</strong> dépollution C 1Dommage marginalttif= si= sfAEBCOq f q iq 0q : quantité <strong>de</strong> GES émisLa gain à l'innovation dans ce cas est donc plus élevé que dans le cas d'une taxe dont letaux ne s'ajuste pas (la différence entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux gains étant égale à la surface du trapèze tAEt i f)puisque l'on bénéficie non seulement <strong>de</strong> la baisse du nombre d'unités <strong>de</strong> pollution impliquant lepaiement d'une taxe, mais également <strong>de</strong> celle du taux <strong>de</strong> taxe qui s'applique à chacune. Ce<strong>de</strong>rnier effet plus que compense la moindre diminution <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> polluant émise parrapport au cas où la taxe ne s'ajuste pas.En revanche, dans un cas où le taux <strong>de</strong> subvention s'adapte, l'incitation à l'innovation est àla fois moins forte que celle d'une taxe pigouvienne et que celle générée par une subvention dontle taux ne s'ajuste pas. Comme le montre la figure VI.6, l'incitation à l'innovation dans le cas oùle taux <strong>de</strong> subvention s'ajuste <strong>de</strong>vient :Bqiqo− Cqiq0− ECqiqf+ Eqfq0F− Bqiq0D= EGq0− BGFD1442434 1424314424443Gain lié à la baisse du coûttechnique pour dépolluer qiPerte liée au fait que l'on dépollue plusRéduction <strong>de</strong>s émissionsModification du montant <strong>de</strong> subvention reçu397


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Figure VI.6. Incitation à l'innovation : le cas d'une subvention pigouvienneCoût marginal<strong>de</strong> dépollution C 2Coût marginal <strong>de</strong> dépollution C 1Dommage marginalttif= si= sfAEBGCDFOq f q iq 0q : quantité <strong>de</strong> GES émisOn voit donc que, pour certaines valeurs relatives <strong>de</strong>s pentes <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> coûtmarginal, avant et après innovation, et <strong>de</strong> dommage marginal, l'incitation à l'innovation dans lecas d'une subvention pigouvienne peut être assez faible.Lorsque <strong>les</strong> entreprises adoptant l'innovation sont preneuses <strong>de</strong> prix sur le marché <strong>de</strong>spermis, <strong>les</strong> systèmes <strong>de</strong> permis aboutissent aux mêmes résultats que ceux mis en évi<strong>de</strong>nce dansle cas d'une taxe (ou d'une subvention) dont le taux ne s'ajuste pas. Si on lève cette hypothèse,alors il convient <strong>de</strong> considérer plusieurs cas. Dans le cas d'un système <strong>de</strong> permis d'émissionsnégociab<strong>les</strong> vendus aux enchères, l'amélioration liée à l'innovation va entraîner une baisse <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> PEN et donc une baisse du prix <strong>de</strong>s PEN (passage <strong>de</strong> p i à p f ). On retrouve donc uncas similaire à celui observé dans le cas d'une taxe pigouvienne (dont le taux s'adapte), avecpf= tf. Dans le cas d'un système <strong>de</strong> permis vendus aux enchères, le gain à l'innovation est doncégal à la somme <strong>de</strong>s surfaces (cf. figure VI.5) BCq0 + tiBCDtf.Dans le cas d'un système <strong>de</strong> permis distribués gratuitement, il faut distinguer trois casselon que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> nette <strong>de</strong> l'entreprise sur le marché <strong>de</strong>s permis est initialement nulle (cas a),négative (cas b) ou positive (cas c et d). La figure VI.7 présente ces différents sous-cas. On noteq le quota initial attribué gratuitement à l'entreprise. Si l'entreprise n'est initialement ni ven<strong>de</strong>useni acheteuse <strong>de</strong> permis (cas a), on a q = q et le gain à l'innovation est :iRéduction <strong>de</strong>s émissionsBqiq0 −Cqiq0 − ECqiqf + EHqiqf = BCq0+ ECH1442443 14243 14243Gain lié à la baisse du coûttechnique pour dépolluer qiPerte liée au fait que l'on dépollue plusGain lié à la vente <strong>de</strong> PENEn revanche, si la firme est initialement ven<strong>de</strong>use nette <strong>de</strong> permis, i.e. si q > qi, alors onretrouve une logique comparable à celle observée dans le cas d'une subvention pigouvienne,puisque la baise du prix <strong>de</strong>s permis va générer une perte pour l'entreprise. Le gain à l'innovationdans ce cas est :Bq q −Cq q − ECq q + EHq q − BH1442443 14243 14243 { IJ = EGq0−BGIJi 0 i 0 i f i fGain lié à la baisse du coût Perte liée au fait que l'on dépollue plus Gain lié à la vente <strong>de</strong> PENtechnique pour dépolluer qisupplémentaires au nouveau prixMoins-value sur <strong>les</strong> PENvendus en l'absence d'innovation398


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Figure VI.7. Incitation à l'innovation : le cas <strong>de</strong>s PEN distribués gratuitementCas a : initialement, la firme ne vend ni n'achète <strong>de</strong> permisCas b : initialement, la firme est ven<strong>de</strong>use nette <strong>de</strong> permisC1C1C2C2Hp ip fBHE Cp ip fBGE CJIOqfqi= qq0qOqf qiqq0qQuantité dépolluéeCas c : initialement, la firme achète <strong>de</strong>s permis, ex post,elle en vendQuantité dépolluéeCas d : initialement et ex post, la firme est acheteuse nette<strong>de</strong> permisC1C1pip fC2KELBHCpip fC2MNEBHCOqfqqiq0qOqqfqiq0qQuantité dépolluéeQuantité dépolluéeEnfin, si la firme est initialement acheteuse nette <strong>de</strong> permis, i.e. si q < qi, alors il fautdistinguer <strong>de</strong>ux sous-cas. Le premier apparaît lorsque la firme <strong>de</strong>vient, après innovation,ven<strong>de</strong>use nette <strong>de</strong> permis (cas c). On a alors q > q et le gain à l'innovation s'écrit :fBq q −Cq q − ECq q + EKqq + LBqq14243 123123i 0 i 01442443i f f i0Gain lié à la baisse du coûttechnique pour dépolluer qiPerte liée au fait que l'on dépollue plus Gain lié à la vente <strong>de</strong> PEN Gains lié au fait que l'entreprisen'est plus obligée d'acheter <strong>de</strong>s PEN= BCq + KLBH + EHCMais si elle <strong>de</strong>meure acheteuse nette <strong>de</strong> permis après innovation (cas d), i.e. sigain à l'innovation s'écrit :q < q , lefBq q −Cq q − ECq q + EHq q + MBHN14243 1424314243i 0 i 0 i f i f01442443Gain lié à la baisse du coût Perte liée au fait que l'on dépollue plus Gain lié à la baisseGain lié à la baisse du prix <strong>de</strong>s PENtechnique pour dépolluer qidu nombre <strong>de</strong> PEN à acquérir= BCq + MBCEN399


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Annexe 2Démonstration <strong>de</strong> la proposition (2)Supposons qu'il existe un équilibre dans lequel le taux <strong>de</strong> taxe annoncé à la premièreinf suppério<strong>de</strong> par le consommateur soit tV∈ ⎤ ⎦ tF,t ⎤F ⎦ . Si ce taux <strong>de</strong> taxe est refusé, alors en utilisantla règle <strong>de</strong> Bayes, le consommateur révise ses croyances a priori, et on a :avec :pp(x ,r / t ) µ (r / t ,t )pp(r)p(r)inf inf infinfVV=F V=F F V V() ( ) ( )p r =µ r/t ,t p +µ r/t ,t p .inf inf sup supF F V V F F V VDans la mesure oùµ (r / t ,t ) = 1 pourinfF F VtV> t , il en résulte :infFet :pinfinfVVV=inf sup suppV+µF(r/t F,tV)pVpsup supsup inf F F V VVV= −VV=inf sup suppV+µF(r/t F,tV)pVp 1 pµ,(r / t ,t )p.toutPuisque nous sommes dans le cas où : psupVµ (r / t ,t ) = 1, nous avons :supF F V> G, alors pour toutt ∈ ⎤ ⎦ t ,tinf supV F F⎤ ⎦ et pouret :pinfVV> p ,p π (x ,t ) + p π (x ,t ) > p π (x ,t ) ≥p π (x ,t ).sup inf inf inf inf inf sup sup sup sup sup supVV V F F VV V F F V V F F VV V F FinfVLe membre <strong>de</strong> gauche <strong>de</strong> l'inégalité désigne le gain net espéré du consommateur à lasecon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>, estimé au début <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>, quand il propose t infF. Le membre <strong>de</strong>droite représente la valeur <strong>de</strong> ce gain net espéré quand il propose tsupF. De cette relation, nousinf supdéduisons que pour tout taux tV∈ ⎤ ⎦ tF,t ⎤F ⎦ auquel la firme répond par la négative, leconsommateur proposera t à la secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>.infFinf supDans tout équilibre avec tV∈ ⎤ ⎦ tF,t ⎤F ⎦ , seule une firme <strong>de</strong> type t supFest susceptib<strong>les</strong>upd'accepter une telle offre à la première pério<strong>de</strong> et, par définition <strong>de</strong> ˆt F, on a µF(a / tF, tV) = 1 sit ˆG≤ tF, = 0 sinon. La proposition (3) indique le comportement <strong>de</strong> la firme à la pério<strong>de</strong> 2. Ainsi,dans tout équilibre <strong>de</strong> ce type l'espérance <strong>de</strong> gain du consommateur est égale à :sup inf inf infpVπV(x F,t V) + pVδVπ V(x F,tF) si t ˆV≤ tF.400


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Il n'est pas dans l'intérêt du consommateur <strong>de</strong> dévier <strong>de</strong> cet équilibre. En effet, comme sescaractéristiques sont connues <strong>de</strong> la firme, il ne peut espérer modifier <strong>les</strong> croyances <strong>de</strong> cette mêmefirme en jouant une stratégie hors équilibre.De même, il n'est pas dans l'intérêt <strong>de</strong> la firme <strong>de</strong> dévier <strong>de</strong> cet équilibre. En effet, unedéviation pour la firme consiste à inverser sa réponse à la première proposition duconsommateur. Mais, puisqu'à l'équilibre, le consommateur joue dans tous <strong>les</strong> cas t infFà lasecon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>, une telle déviation ne peut être que défavorable à la firme.Annexe 3Démonstration <strong>de</strong> la proposition (3)inf- Si tV= tF, la firme accepte l'offre quel que soit son type. En effet,infinfµF(a / tF, tF) = 1 ∀tF ≤ tF. La négociation se clôt alors à la première pério<strong>de</strong>. Le gain net duconsommateur est donc :p π (x ,t ) + p π (x ,t )inf inf inf sup sup supV V F F V V F Fsup- Si tV∈ ⎤ˆ⎦tF,t⎤F ⎦, par définition <strong>de</strong> ˆt Fla firme accepte l'offre si elle est <strong>de</strong> type tsupF. Ensupsupeffet, µF(a / tF, tV) = 1 par définition <strong>de</strong> ˆt Fpuisque, dans tous <strong>les</strong> cas, tV≤ tF. Si, en revanche,la firme est <strong>de</strong> type infinfinftF, elle refuse l'offre car µF(a / tF, tV) = 0 . Donc : pVV= 1. Ainsi, en cas <strong>de</strong>refus à la première pério<strong>de</strong>, le consommateur sait qu'il se trouve confronté à une firme <strong>de</strong> typeinft , c'est pourquoi il proposera t = t . Son gain espéré est alors :infFVVFp π (x ,x ,t ) + p δ π (x ,x ,t )sup inf inf infV V V F V V V V V F Fdont la valeur est maximisée pour tV= ˆt.Finf- Si tF < t ˆV< tF, <strong>de</strong> manière à déterminer l'offre <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>, nous supposeronsinfque la proposition tVa été refusée. On a alors : µF(a / tF, tV) = 0 .supSoit γ la valeur <strong>de</strong> µF(a / tF, tV)qui laisse le consommateur indifférent entre t infFetà la <strong>de</strong>uxième pério<strong>de</strong> lorsque la firme <strong>de</strong> type t infFrefuse tV.Comme il a été montré en annexe (2), la distribution révisée du consommateur sur le type<strong>de</strong> la firme est alors :suptFet :ppinfinfVVV=inf suppV+ (1 −γ)pV(1 −γ)psupsup inf VVV= −VV=inf suppV+ (1 −γ)pVp 1 p,.401


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Mais puisque le consommateur doit être indifférent entre <strong>les</strong> gains obtenus par <strong>les</strong>infsupstratégies t = t et t = t , γ doit satisfaire :VVFVVFsup sup inf(1 −γ)p V sup sup (1 −γ)p V inf inf pVinf infπV(x inf sup F,tF) = πinf sup V(x F,tF) + πinf sup V(x V,x F,tF),pV+ (1 −γ )pV pV+ (1 −γ )pV pV+ (1 −γ)pVsoit :inf inf sup sup supπV(x F,tF) −p VπV(x F,tF)γ=.sup inf inf sup supp [ π (x ,t ) −π (x ,t )]V V F F Vs F FNous allons donc montrer que dans le cas où t inf ≤ t < ˆt, alors :F V Fµ (a / t , t ) =γsupF F VNous savons que <strong>les</strong> stratégies pures non dominées du consommateur au cours <strong>de</strong> lasupinfsecon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong> sont tVV= tFet tVV= tF. Nous pouvons alors voir que t infFest préférée à tsupFsi et seulement si :π (x ,t ) −p π (x ,t )µ >.p [ (x ,t ) (x ,t )]inf inf sup sup supsup V F F V V F FF(a / tF, tV)sup inf inf sup supVπV F F−πV F FinfDe façon générale, le consommateur joue t ( t ) t(a / t , t )µ >γ ; il joue ( )supsupF F Vt t = t si et seulement siVV V FVV V FsupF F V= si et seulement siµ (a / t , t ) γ.supF F VinfDans ce cas, le consommateur joue t ( t ) tVV V Fl'intérêt <strong>de</strong> la firme <strong>de</strong> refuser toute offreµ (a / t , t ) = 0 ∀t ∈⎤t , ˆ ⎦t ⎡ ⎣, d'où une contradiction.supinfF F V V F F= à la secon<strong>de</strong> pério<strong>de</strong>. Il est donc danst ∈ ⎤t ,t ˆ ⎦⎡ ⎣. Par conséquentinfV F F2 ème cas :µ (a / t , t ) tFà la premièreinfpério<strong>de</strong>. Donc t ⎤t ,t ˆsup∈ ⎦⎡ ⎣, on a : µ (a / t , t ) = 1, ce qui contredit l'hypothèse selon laquel<strong>les</strong>upF F VV F FF F Vµ (a / t , t )


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>3 ème cas :µ (a / t , t ) =γ.supF F VAinsi,t ∈ ⎤t ,t ˆ ⎦⎡ ⎣et nous <strong>de</strong>vons avoir :infV F Fµ (a / t , t ) =γ.supF F VNous nous trouvons donc dans le cas où la firme et le consommateur adoptent chacun unestratégie mixte. La question se pose maintenant <strong>de</strong> savoir comment rendre compatib<strong>les</strong> <strong>les</strong>probabilités associées pour obtenir un équilibre bayésien parfait.Puisque la firme <strong>de</strong> type t supFjoue une stratégie mixte (accepter la stratégie t Vavec uneprobabilité γ∈ ] 0,1[), elle doit être indifférente entre accepter t Vet refuser t V. Si elle l'accepte,son gain net est : πF(x F,t V). Si elle refuse tV, son gain net espéré est :sup sup inf infE πF(x F,t VV) =δ ⎡F⎣ε(t V) πF(x F,tF) + (1 −ε(t V)) πF(x F,tF) ⎤⎦Nous <strong>de</strong>vons donc avoir :soit :πF(x F,t V) = E πF(x F,t VV),π (x ,t ) −π (x ,t )ε (t ) = .π (x ,t ) −π (x ,t )]inf infF F V F F FV sup sup inf infF F F F F FConnaissant <strong>les</strong> valeurs <strong>de</strong> γ et ε (tV), nous pouvons calculer le gain espéré duconsommateur associé à cette stratégie mixte. Il est égal à :pp (x ,t ) (x ,t ).infsup Vinf infVγπ V F V+ δinfsup VπV F FpV+ (1 −γ)pVCe gain est maximisé par( )suptV= t . D'où la stratégie du consommateur :supFtVV tV = tFavec une probabilité (tV)complémentaire.infε . Donc t ( t ) tVV V FtV= tsupF= avec la probabilité403


Chapitre 6 - De la pertinence d'un modèle <strong>de</strong> négociation en présence d’incertitu<strong>de</strong>Bibliographie du chapitre 6Coase, R.H., 1960 : The Problem of Social Costs. Journal of Law and Economics, 3.Ellerman A.D., P.L. Joskow et R. Schmaelensee, 1997 : 1996 Update on Compliance and EmissionTrading Un<strong>de</strong>r the US Acid Rain Program. CEEPR/MIT Working Paper WP-97005.Fu<strong>de</strong>nberg, et J. Tirole, 1983 : Sequential bargaining un<strong>de</strong>r incomplete information. Review of EconomicStudies, 50, pp. 221-247.Godard, O., 2000 : L'expérience américaine <strong>de</strong>s permis d'émissions négociab<strong>les</strong>. Economie<strong>International</strong>e, la revue du CEPII, n°82. La Documentation Française, pp. 45-74.Jung, C., K Krutilla et R. Boyd, 1996 : Incentives for Advanced Pollution Abatement Technology and theIndustry Level: An Evaluation of Policy Alternatives. Journal of Environmental Economics andManagement, 30, pp. 95-111.Milliman, S.R. et R. Prince, 1989 : Firm Incentives to Promote Technological Change in PollutionControl. Journal of Environmental Economics and Management, 17, pp 202-207.Newell, R.G. et W.A. Pizer, 1998 : Regulating Stock Externalities un<strong>de</strong>r Uncertainty. Discussion Paper99-10, Resources for the Future, Washington, D.C.Picard, P., 1992 : Eléments <strong>de</strong> microéconomie, T1 : théorie et applications. Ed : Montchrestien.Pigou, A.C., 1920 : The Economics of Welfare. Macmillan, Londres.Requate, T., 1995 : Incentives to Adopt New Technologies un<strong>de</strong>r Different Pollution Control Policies.<strong>International</strong> Tax and Public Finance, 2, pp. 293-315.Riedinger, N., 2000 : Régulation par <strong>les</strong> prix vs. Régulation par <strong>les</strong> quantités en présence d'incertitu<strong>de</strong> :le cas <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong> serre. Mémoire <strong>de</strong> DEA sous la direction <strong>de</strong> R. Guesnerie, DELTA.Selten, 1965 : Spieltheoretische Behandlung eines Oligopolmo<strong>de</strong>lls mit Nachfragträgheit. Zeitschrift fürdie Gesante Staatswissen, 12, pp. 301-324.Selten, 1975 : Reexamination of the Perfectness Concept for Equilibrium Points in Extensive Games.<strong>International</strong> Journal of Game Theory, pp. 25-55.Stavins, R.N., 1996 : Correlated Uncertainty and Policy Instrument Choice. Journal of EnvironmentalEconomics and Management, 30, pp.218-232.Stigler, G.J., 1966 : The Theory of Price, 3 éme édition.Varian, H.R., 1994 : A Solution to the Problem of Externalities When Agent are Well-Informed.American Economic Review, 84 (5) pp. 1278-1293.Weitzman, M.L., 1974 : Prices versus Quantities. Review of Economic Studies, 41(4), pp. 477-491.404


Conclusion« What man <strong>de</strong>sires is not knowledge but certainty. »Bertram Russel405


Conclusion406


ConclusionDans cette thèse, une synthèse <strong>de</strong> divers travaux s'intéressant aux coûts d'une politique <strong>de</strong>lutte contre le changement climatique est proposée. Parce que la bonne utilisation <strong>de</strong> cesrésultats passe par l'appréhension <strong>de</strong> leur nature, un détour méthodologique important estréalisé afin <strong>de</strong> clarifier la notion <strong>de</strong> coût et <strong>les</strong> mécanismes qui interviennent dans leur calcul ausein <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> et pour permettre une meilleure compréhension <strong>de</strong> l'articulation du court aulong terme. Enfin, en se focalisant sur le rôle <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s et sur la capacité <strong>de</strong> la modélisationà en rendre compte, cette thèse précise la nature <strong>de</strong> ce que peut être la contribution au débat <strong>de</strong>séconomistes.Différents niveaux d'incertitu<strong>de</strong> interviennent pour déterminer l'incertitu<strong>de</strong> qui pèse sur<strong>les</strong> résultats quantitatifs <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> :- incertitu<strong>de</strong>s sur <strong>les</strong> lois qui régissent <strong>les</strong> systèmes étudiés ;- incertitu<strong>de</strong>s sur la capacité <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> à correctement représenter ces lois ;- incertitu<strong>de</strong>s liées au caractère incomplet <strong>de</strong> l'information, à la qualité <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong>données, aux erreurs <strong>de</strong> mesure ;- incertitu<strong>de</strong>s liées au processus même <strong>de</strong> modélisation (choix <strong>de</strong>s formesfonctionnel<strong>les</strong>, problèmes d'agrégation et <strong>de</strong> désagrégation) ;- incertitu<strong>de</strong>s liées à la qualité <strong>de</strong> prévision que l'on effectue (prévision <strong>de</strong>s surprises,<strong>de</strong>s ruptures…).Toutefois, un certain nombre <strong>de</strong> mécanismes qualitatifs mis en évi<strong>de</strong>nce par <strong>les</strong> travaux<strong>de</strong> modélisation <strong>de</strong>meurent robustes à ces incertitu<strong>de</strong>s. La comparaison et l'analyse <strong>de</strong>sdifférentes étu<strong>de</strong>s économiques s'intéressant aux coûts d'application du protocole <strong>de</strong> Kyoto nousautorisent à considérer comme démontrés <strong>les</strong> points suivants :• Il existe un potentiel technologique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions à coûts faib<strong>les</strong> voire nuls.L'exploitation <strong>de</strong> ce potentiel passe par une meilleure compréhension <strong>de</strong>s barrièresactuel<strong>les</strong> à son utilisation qui implique une étu<strong>de</strong> fine <strong>de</strong>s comportements d'adoption <strong>de</strong>stechnologies.• Une politique fiscale adaptée (recyclage <strong>de</strong>s recettes fisca<strong>les</strong> d'une écotaxe vers la baisse<strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> taxe <strong>les</strong> plus distorsifs) permet <strong>de</strong> réduire très fortement <strong>les</strong> coûtsmacroéconomiques d'une politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre.Néanmoins, <strong>les</strong> effets redistributifs d'une telle politique doivent être finement étudiés afind'en limiter l'ampleur.• Une action précoce est nécessaire en raison <strong>de</strong> l'inertie <strong>de</strong>s systèmes économiques engénéral et énergétiques en particulier. Certes, il faut veiller à ne pas changerprématurément un stock <strong>de</strong> capital qui n'est pas arrivé en fin <strong>de</strong> vie, mais une politiquenon attentiste <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s émissions permet <strong>de</strong> profiter d'effets d'échelle etd'apprentissage. Elle permet surtout <strong>de</strong> ne pas simplement reporter le problème dans <strong>les</strong>mêmes termes en évitant <strong>de</strong> pâtir <strong>de</strong>s inerties introduites par nos choix d'aujourd'hui.407


Conclusion• Commencer à abattre dès aujourd'hui permet <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> coûts totaux d'abattement etlisse dans le temps le signal-prix à fournir aux agents économiques. Cela est d'autant plusimportant que la prévisibilité et la lisibilité d'un signal-prix sont essentiel<strong>les</strong> à ladétermination <strong>de</strong> sa capacité à modifier <strong>les</strong> comportements.• La nature <strong>de</strong>s systèmes énergétiques futurs est tout aussi cruciale pour déterminer <strong>les</strong>émissions futures que le contexte socio-économique ou la démographie.L'originalité <strong>de</strong> cette thèse porte sur l'analyse du rôle l'incertitu<strong>de</strong> sur chacun <strong>de</strong> ces points. Cettedémarche est le fruit d'une volonté <strong>de</strong> comprendre <strong>les</strong> raisons <strong>de</strong> l'incapacité <strong>de</strong>s économistes à fairepasser ces messages. Il existe en effet une différence entre l'incertitu<strong>de</strong> scientifique qui recouvre <strong>les</strong>résultats <strong>de</strong> la modélisation et l'incertitu<strong>de</strong> perçue par <strong>les</strong> déci<strong>de</strong>urs. Au-<strong>de</strong>là d'une attitu<strong>de</strong> un peu fragile<strong>de</strong>s commanditaires, une part importante <strong>de</strong> la faib<strong>les</strong>se pédagogique <strong>de</strong> la communauté scientifiquerési<strong>de</strong> dans l'absence d'explicitation <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s qui pèsent sur <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong>,ce qui implique un amalgame <strong>de</strong> la part du lecteur et l'invite à une très (trop) gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce dans lecrédit qu'il apporte à ces travaux.Cette pru<strong>de</strong>nce peut paraître légitime lorsque l'on cherche à expliciter la manière dont <strong>les</strong>coûts sont calculés. Ainsi, dans le modèle DICE (cf. chapitre 2 et 3), utilisé dans un nombreélevé d'étu<strong>de</strong>s, la nature <strong>de</strong>s coûts calculés aussi bien que le traitement du profil temporel <strong>de</strong>scoûts sont loin d'être clairs et homogènes. Plus généralement, un certain nombre <strong>de</strong> conceptsfondamentaux ne peuvent pas être bien appréhendés faute d'un travail <strong>de</strong> clarification dans laprésentation, mais aussi dans la construction même du modèle. Ainsi, si la notion <strong>de</strong> coûtsectoriel renvoie à une réalité physique presque palpable (coût technique), un coûtmacroéconomique est une entité abstraite qui contient <strong>de</strong>s informations diverses selon le cadredans lequel il est évalué. L'indicateur même <strong>de</strong> ce coût (généralement exprimé en terme <strong>de</strong> point<strong>de</strong> PIB une année donnée) renvoie à un concept peu tangible. La notion d'élasticité, simple àcomprendre en équilibre partiel revêt une imbrication <strong>de</strong> mécanismes difficile à capter dans sonintégralité lorsque l'on travaille en équilibre général (cf. théorème Sonnenschein-Debreu-Mantelprésenté dans le chapitre 2).En dépit d'exercices aussi pertinents que celui mené par l'Energy Mo<strong>de</strong>lling Forum (cf.chapitre 4 et 5) qui permet, en recourant à un jeu d'hypothèses communes, <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> sources<strong>de</strong> divergences entre <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> et <strong>de</strong> mieux comprendre <strong>les</strong> mécanismes à l'œuvre dans ladétermination <strong>de</strong>s résultats, cette thèse met en évi<strong>de</strong>nce que <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s liées à l'exercicemême <strong>de</strong> modélisation restent irrésolues et doivent donc faire l'objet d'un travail spécifique :- Incertitu<strong>de</strong> sur le jeu <strong>de</strong>s inerties <strong>de</strong>s différents systèmes (climatique, économique,technologique) ;- Rôle <strong>de</strong> l'interface avec le scénario <strong>de</strong> référence ;- Traitement <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échange.408


ConclusionLa démarche <strong>de</strong>s économistes doit donc prendre <strong>de</strong>ux directions. D'une part, il s'agitd'homogénéiser le langage et <strong>les</strong> notions sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ils travaillent, <strong>de</strong> préciser <strong>les</strong> limites <strong>de</strong>validité <strong>de</strong> leurs résultats en explicitant <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> leur obtention (mécanismes,paramètres). D'autre part, il convient <strong>de</strong> présenter <strong>de</strong> manière transparente la liste <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>squi pèsent sur leurs résultats en en précisant la nature. Cela constitue <strong>les</strong> conditions sine qua nond'une pédagogie réussie pour apprendre à appréhen<strong>de</strong>r et à gérer l'incertitu<strong>de</strong>. Cette thèse illustreà quel point <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s sont <strong>de</strong> natures diverses, <strong>de</strong> différentes ampleurs et pourquoi il estinutile d'espérer <strong>les</strong> résoudre toutes. Il est donc <strong>de</strong> la mission <strong>de</strong> la communauté scientifiqued'enseigner la gestion <strong>de</strong> l'incertitu<strong>de</strong>.La conclusion logique <strong>de</strong> cette thèse est relative à la contribution <strong>de</strong> la modélisationéconomique dans l'éclairage <strong>de</strong>s débats. Parce qu'elle permet <strong>de</strong> simuler différents types <strong>de</strong><strong>politiques</strong> et/ou d'instruments, <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce et/ou <strong>de</strong> quantifier <strong>les</strong> mécanismes et <strong>les</strong>interactions qui déterminent <strong>les</strong> résultats, la modélisation est un outil séduisant pour apporter unerationalisation scientifique à la définition <strong>de</strong>s <strong>politiques</strong> <strong>climatiques</strong>. Mais trop souvent, <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> apparaissent comme <strong>de</strong>s "boîtes noires" dont <strong>les</strong> mécanismes internes sont mal connus.En outre, le calcul <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s paramètres (calibrage sur une année, recours à <strong>de</strong>s avisd'expert) manque souvent <strong>de</strong> transparence. Tout ceci implique à la fois une suspicion fréquente àl'égard <strong>de</strong> tels travaux et une mauvaise utilisation <strong>de</strong>s résultats qu'ils fournissent imputable à uneimparfaite appréhension <strong>de</strong> leur nature. Nous espérons que cette thèse contribue à mieuxdéterminer la pertinence <strong>de</strong>s exercices <strong>de</strong> modélisation et, en <strong>de</strong>ssinant mieux <strong>les</strong> limites dans<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il est légitime d'interpréter leurs résultats, renforce la crédibilité que l'on peut yaccor<strong>de</strong>r. Toutefois, il apparaît qu'au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s citées précé<strong>de</strong>mment, <strong>les</strong> différences<strong>de</strong> résultats observab<strong>les</strong> sont en large partie attribuab<strong>les</strong> soit à la valeur <strong>de</strong> certains paramètres(niveau <strong>de</strong>s émissions dans le scénario <strong>de</strong> référence, paramètre d'amélioration autonome <strong>de</strong>l'efficacité énergétique…) soit à la nature même du modèle (bottom-up vs top-down, modèled'équilibre général vs modèle macroéconomique keynésien, croissance exogène vs croissanceendogène). On peut en conclure que, plutôt que la multiplication <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> mêmeobédience, une concentration <strong>de</strong>s efforts à concevoir quelques modè<strong>les</strong> concurrents dont <strong>les</strong>mécanismes analytiques et <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> conception et d'hypothèses seraient clairementexplicités et qui proposeraient <strong>de</strong> manière publique <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> sensibilité sur plusieursparamètres centraux contribuerait à clarifier le discours <strong>de</strong>s économistes et à renforcer leur rôleau sein <strong>de</strong>s débats.409


Liste <strong>de</strong>s sig<strong>les</strong>, abréviations, symbo<strong>les</strong> et acronymesAAEEAIMALGASAS/ExMASFBAUCAAACANZCCCCNUCDIACCETACFCCH 4CmACOCO 2CRAPSCRECSERGEDIAMDICEDRe.g.EMFEPRIERFUNDGESGIECHCFCHFCICAMICLIPSi.e.IIASAIMAGEIPCCAmélioration Autonome <strong>de</strong> l'Efficacité EnergétiqueAsian-Pacific Integrated Mo<strong>de</strong>lAsian Least-Cost Greenhouse Gas Abatement Strategy(stratégie d'abattement à moindre coût pour l'Asie)Adaptative Strategies/ Exploratoty Mo<strong>de</strong>lAtmospheric Stabilization FrameworkBusiness As UsualClean Air Act AmendmentCanada Australie Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>Convention Cadre sur <strong>les</strong> Changements Climatiques <strong>de</strong>s Nations UniesCarbon Dioxi<strong>de</strong> Information Analysis <strong>Centre</strong>Carbon Emissions Trajectory AssessmentChlorofluorocarboneMéthaneCoût marginal d'AbattementMonoxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carboneDioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carboneClimate Research and Policy Synthesis Mo<strong>de</strong>lCrédits <strong>de</strong> Réduction d’Emission<strong>Centre</strong> for Social and Economic Research on the Global EnvironmentDynamics of Inertia and Adaptability Mo<strong>de</strong>lDynamic Integrated Climate EconomyDurée <strong>de</strong> Récupérationexempli gratia (par exemple)Energy Mo<strong>de</strong>lling ForumElectric Power Research InstituteEngagement réciproqueThe climate Framework for Uncertainty, Negotiation and DistributionGaz à Effet <strong>de</strong> SerreGroupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du ClimatHydro-Chloro-Fluo-CarbonesHydrofluorocarboneIntegrated Climate Assessment Mo<strong>de</strong>lIntegrated assessment of CLImate Protection Strategiesid est (c'est-à-dire)<strong>International</strong> Institute for Applied Systems Analysis(Institut international d'analyse <strong>de</strong>s systèmes appliqués)Integrated Mo<strong>de</strong>l to Assess the Greenhouse Effect<strong>International</strong> Panel on Climate Change(groupement d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat)410


LHS Latin Hypercube SamplingMARIA Multiregional Approach for Resource and Industry AllocationMDP Mécanisme <strong>de</strong> Développement PropreMEGC Modèle d'Equilibre Général CalculableMERGE Mo<strong>de</strong>l for Evaluating Regional and Global Effects of GHG reductions policiesMESSAGE Mo<strong>de</strong>l for Energy Supply Strategy Alternatives and their General Environmental impactMiniCAM Mini global Change Assessment Mo<strong>de</strong>lMIT Massachusetts Institute of TechnologyMLHS Midpoint Latin Hypercube SamplingNO 2 Oxy<strong>de</strong> nitreuxNOx Oxy<strong>de</strong>s d'azoteOCDE Organisation pour la coopération et le développement économiqueOMS Organisation Mondiale <strong>de</strong> la SantéOPEP Organisation <strong>de</strong>s Pays Exportateurs <strong>de</strong> PétrolePAGE Policy Analysis of Greenhouse EffectPCF Hydrocarbure perfluoréPED Pays En DéveloppementPEF Policy Evaluation FrameworkPEN Permis d'Emissions Négociab<strong>les</strong>PFC PerfluorocarbonePIB Produit Intérieur BrutPMB Produit Mondial Brutppmv Parties par millions en volumeProCAM Process oriented global Change Assessment Mo<strong>de</strong>lQI Quotient IntellectuelR&D Recherche et DéveloppementPRG Potentiel <strong>de</strong> réchauffement global potentielRICE Regional Integrated mo<strong>de</strong>l of Climate and the EconomyRSM Response Surface MethodsSF 6 Hexachlorure <strong>de</strong> souffreSLICE Stochastic Learning Integrated Climate Economy Mo<strong>de</strong>lSO 2 Dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> souffreSRES Special Report on Emissions ScenariosTARGETS Tool to Assess Regional and Global Environmental and health Targets for SustainabilityTVA Taxe sur la Valeur AjoutéeUE Union EuropéenneUNEP United Nations Environment Program (Programme environnemental <strong>de</strong>s Nations-Unies)UNFCCC United Nations Framework on Convention Climate Change(Convention cadre <strong>de</strong>s Nations Unies sur le changement climatique)USA United States of AmericaVAN Valeur Actualisée Nettevs versusVSV Valeur Statistique <strong>de</strong> la VieWEC World Energy CouncilWGI Working Group I (1° groupe <strong>de</strong> travail du GIEC)WIAGEM World Integrated Assessment General Equilibrium Mo<strong>de</strong>lWRE Wigley Richels Edmonds411

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