10 (G u i d e t e c h n i q u e à l ’ u s a g e d e s c o l l e c t i v i t é s?e sm a rsLe rôle hydrologique3P ou rq u o iLes eaux pluviales du lotissement voisin sontrecueillies dans c<strong>et</strong>te mare (Commune <strong>de</strong> St Gilles)b ir é h aLes fonctions épuratrices <strong>et</strong> régulatrices <strong>de</strong> laressource en eau que remplissent les zoneshumi<strong><strong>de</strong>s</strong> sont aujourd’hui reconnues <strong>de</strong> tous. Àl’échelle <strong>de</strong> micro-bassins versants, les mares agissentaussi dans les cycles hydrologiques.En stockant l’eau, en freinant les ruissellements,en captant <strong>et</strong> en transformant les sédiments <strong>et</strong> polluants,elles participent à la lutte contre les pollutions,les inondations <strong>et</strong> l’érosion <strong><strong>de</strong>s</strong> sols.t el il erAinsi, dans certains contextes, les marespeuvent, par exemple, recueillir les eauxpluviales d'un lotissement. Les systèmes <strong>de</strong>phytoépuration par lagunage donnentaussi d'excellents résultats : la végétationaquatique <strong><strong>de</strong>s</strong> différents bassinsassure l’épuration naturelle <strong><strong>de</strong>s</strong> eauxusées d’une p<strong>et</strong>ite collectivité oumême d’une maison individuelle.Dans le contexte actuel, ce rôle estbien entendu loin d’être négligeable<strong>et</strong> doit au contraire être pris sérieusementen considération.Une superbe mare qui sert<strong>de</strong> bassin d'épurationcommunal ? C'est possible !(Commune du Sel <strong>de</strong> Br<strong>et</strong>agne)Des lavandières au travail3.3 Un témoin <strong>de</strong> l'activité locale passéeDans tous les villages, chaque mare possè<strong>de</strong> sa propre histoire.Abandonner ou détruire c<strong>et</strong>te mare, c'est aussi faire une croix surc<strong>et</strong>te histoire. Avec elle s'enfouissent les traces d'une activitéexercée dans un passé plus ou moins récent, activité parfois trèsliée au patrimoine local.C'est l'histoire du lien étroit qui existe entre l'eau<strong>et</strong> les hommes <strong>de</strong>puis toujours qui disparaît.Pour conclure, il est important <strong>de</strong> préciser que les fonctions hydrologiques <strong>et</strong>d'accueil <strong>de</strong> la biodiversité ne seront assurées que si un réseau relativementriche <strong>de</strong> mares régulièrement entr<strong>et</strong>enues subsiste. Une mare isolée dans unenvironnement dégradé ne pourra bien évi<strong>de</strong>mment pas accomplir ces fonctions.
U n e m a r e , u n l a v o i r : u n e r i c h e s s e p o u r l a c o l l e c t i v i t é3.4 Une p<strong>et</strong>ite merveille paysagèreUne mare abandonnée est une mare qui, au fil du temps, va se combler.La végétation se décompose <strong>et</strong> forme la vase qui s’accumule d’année enannée. Les saules profitent <strong>de</strong> ce substrat pour s’installer <strong>et</strong> créer un fourré<strong>de</strong>nse <strong>et</strong> impénétrable. L’eau libre disparaît peu à peu, la diversité végétalebaisse considérablement. À l’endroit multicolore <strong>et</strong> ouvert a succédé,naturellement, une saulaie monotone <strong>et</strong> fermée. La mare a disparu…Une mare en voie d’abandon est aussi souvent, malheureusement, un lieuoù l’on abandonne… toutes sortes <strong>de</strong> déch<strong>et</strong>s ! « L’endroit ne sert à rien,il n’est pas esthétique ; j<strong>et</strong>ons-y nos gravats, qui cela gênera t-il ? » Et lecercle infernal est en marche. Les déch<strong>et</strong>s appellent les déch<strong>et</strong>s, <strong>et</strong> lamare <strong>de</strong>vient une décharge, un cloaque.Dans les <strong>de</strong>ux cas, l’impact paysager (mais pas uniquement !) n’est pasnégligeable <strong>et</strong> peut même être désastreux.Pourtant, la mare, lorsqu’elle est respectée, entr<strong>et</strong>enue <strong>et</strong> mise en valeur,constitue un élément du paysage remarquable <strong>et</strong> fort esthétique.Qu’elle soit au détour d’un sentier forestier, au milieu d’un parc, à l’ombred’un grand chêne au cœur d’une prairie ou encore à l’entrée du village,la mare éclaire le paysage.La diversité végétale qui s’y installe spontanément implique une gran<strong>de</strong>variété <strong>de</strong> formes, <strong>de</strong> tailles, <strong>de</strong> couleurs…Les bouqu<strong>et</strong>s jaunes <strong>de</strong> l’iris, les flèches roses <strong>de</strong> la salicaire, les touchesbleues <strong><strong>de</strong>s</strong> myosotis,… <strong><strong>de</strong>s</strong>sinent le contour <strong>de</strong> la mare. Elles ponctuent<strong>de</strong> couleurs le vert luxuriant <strong><strong>de</strong>s</strong> rives. À la surface, les renoncules <strong>et</strong> lespotamots illuminent l’eau stagnante <strong>de</strong> taches blanches <strong>et</strong> émerau<strong>de</strong>. Leball<strong>et</strong> incessant <strong><strong>de</strong>s</strong> libellules contribue à égayer l’endroit.au début……<strong>et</strong> après quelques années.Évolution vers la ferm<strong>et</strong>ured'une mare non entr<strong>et</strong>enueAu fil <strong><strong>de</strong>s</strong> saisons, le théâtre <strong>de</strong>la mare évolue. Les couleurs sesuccè<strong>de</strong>nt, l’activité change.Chaque semaine qui passe voit unnouveau décor.Dans un but esthétique, il est aussipossible d’installer <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes. Maisdans ce cas, certaines règles sont àrespecter (voir chapitre 4.3). Ilfaut se gar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> vouloir créerun milieu totalement artificiel.Enfin, la mare, c’est aussi un paysagesonore! L’arrivée du printempsattire une foule <strong>de</strong> virtuoses. Lesamphibiens <strong>et</strong> les oiseaux en sontbien sûr les meilleurs interprètes.Les concerts <strong>de</strong> l’aube <strong>et</strong> du crépusculeen c<strong>et</strong>te saison sont parfoisspectaculaires.( 11