SommairePage. L<strong>et</strong>tre aux adhérents Marthe Bernus-Taylor 1. Avant-Propos Philippe Colomban 2‣ I. Notes. Céramiques émaillées au Lapis-Lazuli Philippe Colomban 4. Le lustre métallique Philippe Colomban 8. Voyage au Vi<strong>et</strong>nam 14. Colloque « Raku <strong>et</strong> Grès du Japon » 14. Datation TL – Une fausse assurance‣ II. Les céramiques <strong>et</strong> le marché <strong>de</strong> l’art. Céramiques islamiques Philippe Magloire 19‣ III. Profils. Andoche Prau<strong>de</strong>l 22. Fance Franck-Spencer 26‣ IV. Conférences SFECO 2002‣ V. Calendrier <strong>de</strong>s Expositions <strong>et</strong> Ventes 43‣ VI. Publications 46‣ VII. Sites 49‣ VIII. Librairies spécialisées 50‣ IX. Sociétés <strong>de</strong> céramiques orientales 514
I. NOTESCéramiques Emaillées au Lapis-LazuliLes Vieux Grimoires <strong>de</strong>s Alchimistes Persansavaient Raison !L’analyse par spectrométrie Raman du tesson d’une céramique iranienneattribuée du XIII ème siècle démontre que l’utilisation <strong>de</strong> lapis-lazuli comme«pigment » d’émail céramique, rapportée par les anciens textes persanscorrespondait bien à une réalité.Dans toutes les civilisations, la couleur bleu joue un rôle particulier. Ce n’<strong>est</strong> pas parhasard que le drapeau <strong>de</strong> l’Europe, <strong>de</strong>s Nations-Unies sont bleus. C<strong>et</strong>te couleur se rencontrepeu à l’état naturel où elle tire souvent sur le vert ou le viol<strong>et</strong> ; seul le lapis-lazuli, minéralrare principalement extrait d’Afghanistan possè<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te couleur bleu profond <strong>de</strong> certains cielsd’hiver. Les premiers émaux céramiques, <strong>de</strong>s glaçures alcalines au cuivre, datent <strong>de</strong> près <strong>de</strong>5000 ans, en Egypte <strong>et</strong> en Mésopotamie. L’émail au cobalt, utilisé sous les XVIII <strong>et</strong> XIX èmesdynasties égyptiennes (~1400 av. JC, en particulier sous le règne d’Akhenaton) disparaîtensuite pour n’apparaître qu’épisodiquement à l’époque romaine [1] avant <strong>de</strong> se développeren Chine sous les Tang (VIII ème siècle) <strong>et</strong> progressivement regagner la Méditerranée au traversdu mon<strong>de</strong> islamique.Le lapis-lazuli a en persan « lajvard » a été la base <strong>de</strong>s pigments picturaux bleus <strong>de</strong>splus belles enluminures du Moyen-Age occi<strong>de</strong>ntal <strong>et</strong> du mon<strong>de</strong> islamique ainsi que <strong>de</strong>speintures. La rar<strong>et</strong>é <strong>et</strong> le prix <strong>de</strong> ce pigment faisaient que son utilisation était réservée auxparties les plus nobles, comme les manteaux <strong>de</strong>s vierges <strong>de</strong> la Renaissance italienne, d’autresminéraux comme l’azurite (un carbonate hydroxylé <strong>de</strong> cuivre) étant utilisés pour d’autresparties. Dans les textes anciens, Pline ou Théophraste mentionnent un kyanos artificiel, unverre coloré ayant l’aspect du lapis-lazuli. C<strong>et</strong>te observation se r<strong>et</strong>rouve dans plusieursouvrages d’alchimistes du mon<strong>de</strong> islamique : ainsi dans son traité <strong>de</strong> minéralogie, al-Birunimentionne le lâzvard ; il en <strong>est</strong> <strong>de</strong> même dans le traité d’Abû’l-Qâsim Kâshânî [2]. Nombre <strong>de</strong>spécialistes ont interprété ces textes comme « à la manière du lapis-lazuli », l’incorporation<strong>de</strong> lapis-lazuli comme pigment d’un émail céramique leur semblant irréalisable (cf p 42 in[3]). L’œuvre <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> Jean Soustiel [4] ne prend pas parti.Le développement <strong>de</strong> l’analyse Raman au LADIR (UMR CNRS-Université Pierre <strong>et</strong>Marie Curie), métho<strong>de</strong> d’analyse sans contact, non <strong>de</strong>structive, donc remarquablementefficace pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> matériaux du patrimoine, a permis d’étudier <strong>de</strong> nombreusescéramiques dans le cadre du GDR CNRS CHIMART, en liaison avec différents muséesfrançais ou en partenariat avec <strong>de</strong>s <strong>institut</strong>ions étrangères [5-8], <strong>de</strong>s collectionneurs ouprofessionnels <strong>de</strong> l’art.________________a Le lapis-lazuli (ou lazurite) <strong>est</strong> une roche contenant principalement <strong>de</strong> la lazurite, unaluminosilicate (Na,Ca) 8 [(SO 4 ,S,Cl)(AlSiO 4 ) 6 ] faisant partie du groupe <strong>de</strong>s zéolithes(sodalite), un type <strong>de</strong> structure ouverte connue pour ses propriétés d’échange ionique(catalyseurs, lessives). C’<strong>est</strong> un minéral rare. Sites : Sar-e-Sang (à 3000 m, déjà cité parMarco Polo, au Badakhshan, Afghanistan), Chili, Baïkal, traces en Italie, Californie <strong>et</strong>Birmanie.5