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Le sacre du gène : pourquoi continue-t - Mission d'animation des ...

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L’autocensure <strong>des</strong> chercheursAnne Cambon-Thomsen, directrice de recherche Cnrs, animatrice de la plateformeGénétique & Société à la Génopole Toulouse Midi-PyrénéesConcernant la responsabilité <strong>des</strong> scientifiques, il faut noter que ces derniers parlent facilementde la « responsabilité » <strong>des</strong> gènes. C’est extrêmement connoté. La responsabilité a unesignification juridique très précise… Si on commence à donner une responsabilité au gène, jene sais pas trop ce dont on parle et où l’on va !Mais je voulais insister sur un autre point : un résultat de génotypage, c’est une donnée solide.D’autant que grâce aux performances <strong>des</strong> machines, il y a de moins en moins d’erreurs. Cettesolidité <strong>du</strong> résultat biologique est souvent confon<strong>du</strong>e avec la solidité éventuelle de lasignification et de l’interprétation de ces données. Ce saut là est opéré très facilement par toutle monde : les médias, les citoyens, mais aussi par les chercheurs.Deuxièmement, il y a effectivement un certain nombre de bases biologiques, de traitsgénétiques, dont l’expression de certains influencent <strong>des</strong> comportements. Mais dire cela esttellement dangereux sur le plan de l’utilisation politique, sociale ou économique qui pourraiten être faite que nous n’osons même pas le dire. Nous nous limitons même pour aller plus loindans les connaissances biologiques, par crainte <strong>des</strong> dérives possibles en aval. C’est grave.Valérie Péan : L’une <strong>des</strong> solutions pour pallier l’autocensure <strong>des</strong> chercheurs que vousévoquez ne consisterait-elle pas à multiplier les équipes pluridisciplinaires, mêlantsciences <strong>du</strong> vivant et sciences humaines et sociales ?Anne Cambon-ThomsenAbsolument ! D’ailleurs, l’équipe de recherche dont je suis responsable est multidisciplinaire.Je travaille dans le domaine <strong>des</strong> maladies multifactorielles, où les gènes ne sont donc passeuls à jouer un rôle dans le déclenchement <strong>des</strong> pathologies. J’ajoute que nous sommes làdans un paradoxe où les généticiens ont évidemment le désir de trouver <strong>des</strong> mécanismes defacteurs multiples qui interagissent entre eux et la conviction que cela sera utile un jour. C’estun passage obligé que de commencer par détecter ces facteurs dit de risque. En même temps,nous ne cessons de dire que le calcul <strong>du</strong> risque lui-même ne sert directement à rien pour lapersonne, pour <strong>des</strong> décisions indivi<strong>du</strong>elles. Du moins pour le moment n’y a-t-il pasd’applications directes en terme de décisions indivi<strong>du</strong>elles pour la santé humaine, dans laplupart <strong>des</strong> maladies multifactorielles. C’est un peu schizophrène !Julien Weisbein : Quelle est la modalité de la collaboration dans votre équipe entresciences <strong>du</strong> vivant et sciences sociales ? <strong>Le</strong>s chercheurs participent-ils tous d’emblée àla construction de l’objet ou y a-t-il une division <strong>des</strong> tâches ?Anne Cambon-Thomsen : Une partie de nos problématiques concerne justement lamanière dont nous interagissons au sein de notre équipe !15

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