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Repères sur l'accompagnement des jeux de fiction ... - Sylvie Castaing

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Repères <strong>sur</strong> <strong>l'accompagnement</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jeux</strong> <strong>de</strong> <strong>fiction</strong> en rééducationPar Jean-Bernard BONANGECentre AIS lUFM <strong>de</strong> ToulouseIntervenant <strong>sur</strong> les journées <strong>de</strong> rééducateurs du Vaucluse <strong>de</strong>puis 2 ans(...) Le rééducateur doit développer <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences qui engagent et articulent à la fois unetechnicité professionnelle et une implication personnelle (...) J'en suis venu à proposer <strong><strong>de</strong>s</strong>dispositifs <strong>de</strong> formation à distance <strong>de</strong> la pratique rééducative mais présentant une homologiestructurale avec elle. Par cet exposé, je souhaite renforcer la nécessité d'une formation spécifique<strong><strong>de</strong>s</strong> stagiaires <strong>de</strong> "l'option G", liant <strong>de</strong> façon opérationnelle les dimensions professionnelle etpersonnelle, théorique et pratique. Je vais donc présenter un dispositif <strong>de</strong> formation combinantune double expérience du jeu <strong>de</strong> <strong>fiction</strong> : celle <strong>de</strong> "joueur" (qui représente le pôle <strong>de</strong> l'enfant) etcelle d'"accompagnant" (qui représente le pôle du rééducateur).1/ Protocoles d'accompagnementDeux protocoles d'accompagnement sont ainsi définis et expérimentés.Il s'agit <strong>de</strong> travailler <strong><strong>de</strong>s</strong> postures d'accompagnement <strong>sur</strong> la scène du jeu, postures quidéfinissent la fonction <strong>de</strong> partenaire symbolique. Le concept <strong>de</strong> partenaire symbolique a étéavancé par Bernard Aucouturier. Il exprime ainsi la dissymétrie fondamentale qui existe entre ces<strong>de</strong>ux partenaires <strong>de</strong> jeu que sont l'enfant et le rééducateur.On pourrait s'accor<strong>de</strong>r <strong>sur</strong> les repères suivants- Le rééducateur est impliqué corporellement aux côtés <strong>de</strong> l'enfant : cette implication ad'abord une fonction <strong>de</strong> contact, <strong>de</strong> communication avec l'enfant (communication sous la<strong>sur</strong>face du jeu), mais elle a aussi une fonction <strong>de</strong> participation au jeu (communication àl'intérieur du jeu).- Le rééducateur paraît joueravec l'enfant (c'est le sens du mot partenaire) mais en fait il nejoue pas avec lui au sens où il cherche à ne pas s'impliquer personnellement dans le jeu (nirecherche <strong>de</strong> plaisir, ni projection). Aucouturier (1) dit que "cette distance amène à direqu'il symbolise le partenaire <strong>de</strong> jeu qu'il n'est pas réellement." Je dirais qu'il fait semblant<strong>de</strong> jouer : il en donne les signes qui servent <strong>de</strong> support à l'enfant. Son jeu est doncdoublement symbolique.Je vais présenter les <strong>de</strong>ux protocoles proposés aux stagiaires en indiquant les "règles <strong>de</strong> jeu"d'accompagnement que nous explorons.• Le premier protocole permet <strong>de</strong> travailler l'empathie ludique selon <strong>de</strong>ux modalitéssuccessives:❏ L'adhésion : la règle est <strong>de</strong> suivre le joueur comme son ombre mais en relation avec luien reprenant au plus juste ce qu'il fait et ce qu'il dit. L'accompagnant se positionne ainsicomme le double du joueur, sorte d'alter ego en miroir ou en écho. Cette règle permet lamise en jeu concrète <strong>de</strong> ses qualités d'écoute, d'ajustement tonique et émotionnel, <strong>de</strong>contact, <strong>de</strong> complicité ludique, d'acceptation inconditionnelle du jeu <strong>de</strong> l'autre (dans leslimites du cadre)


On pourrait parler ici <strong>de</strong> l'expérience d'un réglage <strong>de</strong> l'adhésion : ni trop (ce serait alorsdoubler le joueur par excès d'enthousiasme ou par projection), ni pas assez (ce serait alorsmanquer d'adhésion par fermeture ou par réticence) mais justement accordé (comme enmusique !). Ce premier travail est formateur (il favorise la prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> seséventuelles difficultés <strong>de</strong> réglage) et il permet d'accé<strong>de</strong>r à une <strong>de</strong>uxième modalitéd'accompagnement plus proche <strong>de</strong> la pratique rééducative.❏ La distanciation : la règle est un prolongement <strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nte - rester dans le sillage du joueur- tout en introduisant une variante dans le jeu d'imitation qui doit être amorti, juste esquissé,moins impliqué bref distancié ce qui favorise une meilleure observation du joueur tout en restanten empathie avec lui. Le réglage recherché est celui d'un certain retrait sans perte <strong>de</strong> contact. Ladistanciation permet à l'accompagnant <strong>de</strong> ne pas se laisser prendre dans le jeu : il apprend à semaintenir en <strong>de</strong>hors du jeu (c'est le jeu du joueur et non le sien ! ). Cela <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un contrôle. Ille fait tout en apportant son soutien selon différentes procédures que le rééducateur utilise selonles besoins (nommer, questionner, relancer, ouvrir, réguler la dynamique <strong>de</strong> jeu, encourager lamise en scène, rappeler le projet dramatique, soutenir la confrontation... ) et dont je reparleraiplus loin.En définitive, ce travail d'empathie ludique distanciée définit la posture <strong>de</strong> base du rééducateurqui établit une présence proche, un contact complice avec le joueur et en même temps un rapportdistancié au jeu. Cela rejoint, à mes yeux, la formulation <strong>de</strong> Fédida (2) quand il écrit "Trouver àmême notre corps la disponibilité déjouer avec l'enfant... sans chercher l'implication active. "Ilindique aussi que "C'est moins une aptitu<strong>de</strong> à jouer avec les enfants que la capacité à laissercorporellement jouer en soi ce qui est vu et entendu (..) condition pour se trouver "en prise" <strong>sur</strong>la situation par une présence dont la créativité est constamment sollicitée." La posture <strong>de</strong> base adonc pour fonction <strong>de</strong> soutenir, <strong>de</strong> renforcer, l'engagement du joueur dans le jeu - par un étayagecorporel et verbal - <strong>de</strong> faciliter l'affirmation et le développement du jeu <strong>de</strong> <strong>fiction</strong>, mais elle aaussi une fonction <strong>de</strong> reconnaissance symbolique <strong>de</strong> l'enfant et <strong>de</strong> ses actes reçus comme unlangage signifiant.• Le second protocole permet <strong>de</strong> travailler la complémentarité dramatiqueIl est défini ainsi. Le joueur pose son personnage et la situation <strong>de</strong> <strong>fiction</strong>. Il sollicite alors unaccompagnant en lui <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong> tenir un rôle complémentaire au sien (au théâtre, on dirait luidonner la réplique). Ce personnage complémentaire représente un <strong>de</strong>uxième protagoniste, unauxiliaire ou un antagoniste qui va se trouver en interaction avec le premier personnage selon <strong><strong>de</strong>s</strong>modalités indiquées au fur et à me<strong>sur</strong>e par le joueur lui-même. Et justement, la fonction <strong>de</strong>l'accompagnant est <strong>de</strong> faire en sorte que le joueur lui définisse son jeu (dans une communicationentre partenaires ou dans une communication entre personnages). Il personnifie alors ce rôle dansun jeu distancié tout en veillant à tenir ce que j'ai appelé la posture <strong>de</strong> base. Dans ce <strong>de</strong>uxièmeprotocole, nous retrouvons encore la notion <strong>de</strong> distanciation qui concerne le rapport personnel aupersonnage et à la <strong>fiction</strong> jouée. Il s'agit là aussi d'éviter l'induction en tenant à distance sespropres affects et projections. Je dirai que l'accompagnant comme le rééducateur se prête au jeumais ne s’y donne pas.Tenir un rôle complémentaire a beaucoup d'intérêt en rééducation en particulier pour faciliter laconfrontation (jeu <strong>de</strong> l'affrontement avec la polarité opposée à celle prise par le joueur). Dans


notre protocole, dans un premier temps, c'est le joueur lui-même qui définit le jeu <strong>de</strong>l'accompagnant. Dans un second temps, l'accompagnant trouve dans la logique symbolique dupersonnage qu'il incarne <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources <strong>de</strong> relance du jeu afin d'encourager l'exploration <strong>de</strong> laconfrontation.Je signale en outre le recours possible à un troisième protocole correspondant à <strong><strong>de</strong>s</strong> posturesd'accompagnement à l'extérieur <strong>de</strong> la scène du jeu, postures plus adaptées aux situations avec<strong>de</strong>ux ou plusieurs enfants et aux médiations dramatiques en groupe. Dans ce cas, le rééducateurreste en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l'espace <strong>de</strong> jeu, à l'image <strong>de</strong> l'intervenant en expression dramatique, et as<strong>sur</strong>eles fonctions d'accompagnement <strong>sur</strong> un mo<strong>de</strong> essentiellement verbal en limitant sa présencecorporelle (qui n'est pourtant pas négligeable).2/ Modalités d'intervention verbaleDans les <strong>de</strong>ux protocoles <strong>de</strong> formation décrits, ayant ajusté leurs modalités <strong>de</strong> présence etd'intervention non-verbale, les stagiaires repèrent et diversifient peu à peu leurs modalitésd'intervention verbale. Chacun trouve, <strong>sur</strong> ces <strong>de</strong>ux registres, l'occasion <strong>de</strong> mettre en jeu sonécoute, son intuition, ses capacités d'improvisation, bref son style propre. Car la technicité durééducateur est aussi un art ; en tous cas elle dépend beaucoup <strong>de</strong> sa sensibilité, <strong>de</strong> son sensclinique et <strong>de</strong> son potentiel créateur.Je vais rapi<strong>de</strong>ment présenter les modalités d'intervention verbale dans <strong>l'accompagnement</strong> du jeu<strong>de</strong> <strong>fiction</strong> <strong>sur</strong> lesquelles nous travaillons, en les transposant dans le contexte même <strong>de</strong> la pratiquerééducative. Je me limite ici aux interventions verbales portant <strong>sur</strong> le jeu et au cours du jeu luimêmesans évoquer celles qui concernent le maintien <strong><strong>de</strong>s</strong> règles <strong>de</strong> fonctionnement et du cadrerééducatif ou celles qui ont lieu en <strong>de</strong>hors du cours du jeu.• Nommer. Cette modalité semble bien connue <strong><strong>de</strong>s</strong> rééducateurs. Paul Fernan<strong>de</strong>z (3) a largementdécrit cette fonction <strong>de</strong> nomination en rééducation. Au cours du jeu <strong>de</strong> l'enfant, elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> àêtre ajustée et pertinente. Il ne s'agit ni d'être envahissant par excès <strong>de</strong> redondance, ni d'êtreinducteur par excès d'interprétation. Le rééducateur doit trouver le mot adéquat pour nommer cequ'il voit et ce qu'il ressent <strong>de</strong>vant les actes, les affects, les évènements, les changements <strong>de</strong>rythme qui émaillent le jeu. Outre l'effet miroir, la nomination symbolise à la fois unereconnaissance <strong>de</strong> la <strong>fiction</strong> et un ancrage dans la réalité. Elle témoigne <strong>de</strong> l'écoute durééducateur et a pour effet <strong>de</strong> dédramatiser, <strong>de</strong> distancier et <strong>de</strong> structurer le jeu.• Questionner. Elle aussi largement pratiquée par les rééducateurs, la modalité interrogativeinvite l'enfant à préciser son personnage, ce qu'il fait, ce qu'il a fait ou ce qu'il va faire dans le jeuet, le cas échéant, à fournir les indications <strong>de</strong> jeu pour le rééducateur lui-même quand ilpersonnifie un personnage. Outre son intérêt opératoire pour le déroulement du jeu (renforcement<strong><strong>de</strong>s</strong> conventions <strong>de</strong> jeu, du cadre <strong>de</strong> référence commun), cette modalité témoigne <strong>de</strong> l'intérêt queporte le rééducateur au projet <strong>de</strong> l'enfant et <strong>de</strong> son souci <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong> ses initiativesludiques, <strong>de</strong> ses <strong>fiction</strong>s, <strong>de</strong> ses scénarios dont il est un témoin attentionné et exigeant (ce quil'amène parfois à exprimer sa déception <strong>de</strong>vant les répétitions compulsives... ).


• Relancer et ouvrir. Là, il s'agit <strong>de</strong> s'appuyer <strong>sur</strong> ce que l'enfant a déjà posé ou évoqué pourl'inviter à le mettre ou le remettre en jeu. On s'aperçoit que l'enfant donne une indication, ouvreparfois fugitivement une piste, puis semble l'abandonner. Or, nous savons que le processusd'expression est fait d'ouverture (par non-contrôle ou lâcher-prise) et <strong>de</strong> fermeture (par peur oucen<strong>sur</strong>e). Le rééducateur peut trouver au couur même du jeu <strong>de</strong> l'enfant <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments <strong>de</strong> relancefavorables au développement du jeu et <strong>de</strong> ses en<strong>jeux</strong>.Parfois, il pourra proposer lui-même une ouverture, une piste <strong>de</strong> jeu, une contrainte, à partir <strong><strong>de</strong>s</strong>éléments du système <strong>de</strong> jeu mis en place par l'enfant, par exemple, en proposant <strong>de</strong> chercher uneautre solution, une autre rencontre entre les personnages ou d'imaginer un autre contexte (et sic'était le len<strong>de</strong>main, la nuit, ailleurs... ? ). Par ses interventions <strong>de</strong> relance et d'ouverture, ilcherche en fait à favoriser l'exploration du jeu saisi comme gisement <strong>de</strong> significations.Pour compléter ce rapi<strong>de</strong> repérage, je voudrais indiquer comment ces modalités d'interventionhabituelles dans la pratique <strong><strong>de</strong>s</strong> rééducateurs se spécifient dans <strong>l'accompagnement</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jeux</strong> <strong>de</strong><strong>fiction</strong>. Concrètement, en situation <strong>de</strong> formation, je m'attache à centrer l'attention <strong><strong>de</strong>s</strong>accompagnants <strong>sur</strong> les indicateurs <strong>de</strong> jeu et <strong>sur</strong> les signifiants (puisque le travail <strong>sur</strong> lessignifiés est, lui, lié à la spécificité <strong>de</strong> chaque prise en charge... ). Ainsi, les signifiants corporels,non-verbaux et verbaux qui servent d'appui à l'accompagnant concernent les actes du joueur, sonexpression corporelle et émotionnelle, ses paroles, son usage <strong>de</strong> l'espace et <strong><strong>de</strong>s</strong> objets, ainsi queles personnages posés (qu'ils soient incarnés, médiatisés ou fictifs).L'accompagnant doit donner priorité au soutien du langage symbolique que représente le jeu<strong>de</strong> <strong>fiction</strong>, à son potentiel <strong>de</strong> signifiance, bref au jeu du jeu, ce qui peut se traduire par :- Soutenir la dynamique du jeu. Nous savons que, pour que le jeu se déploie, le joueur abesoin d'entrer dans un certain état <strong>de</strong> jeu qui est fait <strong>de</strong> disponibilité (un certain vi<strong>de</strong>) etd'éveil (un certain plein d'énergie et d'imaginaire). L'état <strong>de</strong> jeu tend à être mis en échecpar l'inhibition d'un côté et l'excitation <strong>de</strong> l'autre. La dynamique du jeu est donc fragile et,par sa présence et ses interventions, l'accompagnant va chercher à maintenir la flamme (niéteindre le jeu, ni le consumer).- Soutenir la mise en scène. Il s'agit que le joueur définisse clairement les espaces,aménage les lieux signifiants, utilise concrètement les ressources <strong>de</strong> l'objet.- Soutenir le projet dramatique. C'est faire en sorte que le joueur n'oublie pas ou nerenonce pas à l'enjeu <strong>de</strong> la situation posée. C'est le projet dramatique, l'intrigue qui fontl'intérêt <strong>de</strong> l'histoire jouée et donc <strong>de</strong> l'expérience fictive que le joueur se donne à luimême.- Soutenir la confrontation. Le joueur peut chercher à éviter l'épreuve, le conflit, qu'il aamenés dans son jeu. L'accompagnant aura à le soutenir dans l'expérience fictive qu'il sedonne <strong>de</strong> faire face à l'antagonisme et au risque. La confrontation pourra se faire avec unpersonnage fictif ou médiatisé (objet) ou personnifié par l'accompagnant (ou un autrepartenaire le cas échéant).


Précisons que repérer <strong>de</strong> telles modalités techniques d'intervention ne doit pas conduire à uneconception interventionniste <strong>de</strong> <strong>l'accompagnement</strong>. Le silence et l'attente gar<strong>de</strong>nt toute leurvaleur.(...)Extraits <strong>de</strong> BONANGE, J-B. & GOSSELIN, A-M. (2001). Les <strong>jeux</strong> <strong>de</strong> <strong>fiction</strong> en rééducation. L'ERREE'. Actes duCongrès <strong>de</strong> la FNAREN (Caen 2000).Notes(1) AUCOUTURIER, B., DARRAULT, I., & EMPINET, J-L., (1984). La pratique psychomotrice, rééducation etthérapie, Paris, Doin, 263 p.(2) FEDIDA, P. (1978). L'absence. Paris, Gallimard, 332 p.(3) FERNANDEZ, P. & FRIGARA, A. (1988). Essai <strong>de</strong> théorisation <strong>de</strong> la pratique rééducatrice. Les Cahiers <strong>de</strong>Beaumont, N°42,13-20.


Jean-Bernard BONANGE Repères <strong>sur</strong> <strong>l'accompagnement</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jeux</strong> <strong>de</strong> <strong>fiction</strong>

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