10.07.2015 Views

La dynamique des langues en Belgique - Ecares

La dynamique des langues en Belgique - Ecares

La dynamique des langues en Belgique - Ecares

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>La</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>... Quelques observations sur lesbénéfices macroéconomiques etindividuelsDans un article réc<strong>en</strong>t, Ginsburgh et Prieto (2006) montr<strong>en</strong>t que <strong>des</strong> effets similairesexist<strong>en</strong>t dans les pays de l’Union europé<strong>en</strong>ne pour les citoy<strong>en</strong>s d’un paysqui connaiss<strong>en</strong>t la langue d’un autre pays de l’Union. <strong>La</strong> connaissance d’une <strong>langues</strong>upplém<strong>en</strong>taire semble ainsi toujours “payante”, tant que toute la populationne la connaît pas. En <strong>Belgique</strong>, la connaissance <strong>des</strong> deux <strong>langues</strong> nationalesconduit à <strong>des</strong> avantages salariaux dans les emplois où plusieurs <strong>langues</strong> sont utilisées.De calculs <strong>en</strong> cours, il ressort qu’<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, la connaissance du françaisdans une <strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> Flandre accroît le salaire de 10 à 16 %. <strong>La</strong> connaissancedu néerlandais dans une <strong>en</strong>treprise wallonne rapporte 4 % seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne,mais ce pourc<strong>en</strong>tage monte à près de 50 % dans les deux derniers déciles dela distribution <strong>des</strong> rev<strong>en</strong>us. Les constatations sont similaires pour l’anglais.4. ConclusionsLe déficit linguistique de la partie francophone du pays est très évid<strong>en</strong>t, et si aucunemesure n’est prise, le futur risque de ressembler très fortem<strong>en</strong>t au prés<strong>en</strong>t,comme nous l’avons suggéré dans la section 2. Le modèle évoqué dans la section3 permet de montrer que dans la plupart <strong>des</strong> cas, une interv<strong>en</strong>tion publique peutêtre nécessaire, 11 mais doit être faite de façon concertée par les deux régions linguistiques.Les efforts faits par plan Marshall pourrai<strong>en</strong>t dès lors produire plusd’effets s’ils étai<strong>en</strong>t concertés avec la Flandre. Il est clair que c’est ce que requièr<strong>en</strong>tnotamm<strong>en</strong>t <strong>des</strong> pratiques d’immersion linguistique et l’on peut espérer quele plan Marshall <strong>en</strong> a t<strong>en</strong>u compte.Certaines faiblesses sont sans doute liées à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>langues</strong>. 12 Dans leprimaire, les <strong>langues</strong> vivantes (anglais, néerlandais ou allemand) sont <strong>en</strong>seignéesà partir de la cinquième année, 13 mais chaque école peut choisir lesquelles <strong>des</strong><strong>langues</strong> elle veut <strong>en</strong>seigner, et ne peut pas <strong>en</strong> choisir plus de deux. Il <strong>en</strong> résulteque certaines écoles exclu<strong>en</strong>t soit le néerlandais, soit l’anglais. Un étudiant doitchoisir les deux heures d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t obligatoire dans la même langue <strong>en</strong> primaire,ce qui semble raisonnable, mais a une conséqu<strong>en</strong>ce pour ce qui suit,puisque cette langue conditionne le choix <strong>des</strong> quatre heures obligatoires <strong>en</strong> premièreet deuxième année du secondaire. Ce n’est qu’à partir de la troisième annéeque l’étudiant peut (mais ne doit pas) choisir une deuxième langue étrangère. Unétudiant peut dès lors terminer le secondaire <strong>en</strong> ayant <strong>des</strong> notions dans une seulelangue non-maternelle. Mais il y a sans doute plus grave. Les écoles éprouv<strong>en</strong>t<strong>des</strong> difficultés à trouver <strong>des</strong> <strong>en</strong>seignants dans les trois <strong>langues</strong> germaniques. Une<strong>des</strong> raisons évoquée au Ministère et par les syndicats est que les <strong>en</strong>seignants sontmieux rémunérés <strong>en</strong> Flandre qu’<strong>en</strong> Wallonie, ce qui n’incite guère les <strong>en</strong>seignantsflamands à se déplacer <strong>en</strong> Wallonie. 14 Vand<strong>en</strong>berghe (2002, 2004) et Deschamps(2006) relèv<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> d’autres raisons et donn<strong>en</strong>t <strong>des</strong> pistes de réflexion qui port<strong>en</strong>tsur l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t francophone <strong>en</strong> général : mode de régulation très insatisfaisant,nécessité d’une culture de l’évaluation qui semble cruellem<strong>en</strong>t manquer,nécessité de combler la pénurie d’<strong>en</strong>seignants dans certaines disciplines, nécessitéd’élargir le degré d’autonomie <strong>des</strong> écoles et de réduire le contrôle bureaucratique,nécessité de supprimer les cloisonnem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre les réseaux.11<strong>La</strong> solution du modèle dans laquelle chaque individu décide d'appr<strong>en</strong>dre (ou de ne pas appr<strong>en</strong>dre) l'autre langue peut être sousoptimale(trop peu d'appr<strong>en</strong>tissage). L'optimum social n'est pas atteint, et une interv<strong>en</strong>tion publique peut s'avérer nécessaire pouratteindre une solution plus efficace.12Nous n'<strong>en</strong>visagerons ici que le cas général, excluant les communes à facilités de la frontière linguistique et Bruxelles, où le néerlandaisest obligatoire, ainsi que les villes et villages qui jouxt<strong>en</strong>t la région germanophone dans l'est du pays.13Certaines écoles inscriv<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t d'une langue étrangère plus tôt; certaines pratiqu<strong>en</strong>t aussi l'immersion linguistique.14Cette disparité salariale date de la fin <strong>des</strong> années 1990, et ne permet pas d'expliquer le passé, qui n'était pas très différ<strong>en</strong>t du prés<strong>en</strong>t.Institut de Recherches Economiques et Sociales de l'Université Catholique de LouvainREGARDS ÉCONOMIQUES 7

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!