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La dynamique des langues en Belgique - Ecares

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REGARDSPublication préparéepar les économistes de l'UCLÉCONOMIQUESJuin 2006 • Numéro 42<strong>La</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong><strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>*Ce numéro de Regards économiquesest consacré à la question<strong>des</strong> connaissances linguistiques<strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> et dans sestrois régions (Bruxelles,Flandre, Wallonie). Les <strong>en</strong>quêtesmontr<strong>en</strong>t que la Flandre estbi<strong>en</strong> plus multilingue, ce quiest sans doute un fait bi<strong>en</strong>connu, mais la différ<strong>en</strong>ce estconsidérable : alors que 59 %et 53 % <strong>des</strong> Flamandsconnaiss<strong>en</strong>t le français ou l'anglaisrespectivem<strong>en</strong>t, seulem<strong>en</strong>t19 % et 17 % <strong>des</strong> Wallonsconnaiss<strong>en</strong>t le néerlandais oul'anglais. Les mesures préconiséespar le Plan Marshall vontdans la bonne direction, maissont sans doute très insuffisantespour combler le retard.Victor Ginsburgh Le cinquième et dernier élargissem<strong>en</strong>t de l’Union europé<strong>en</strong>ne(Union ou UE) <strong>en</strong> 2004 conduit à un “pays” deShlomo Weber450 millions d’habitants, dont le produit intérieur brutest proche de celui <strong>des</strong> États-Unis et qui doit gérer 21 <strong>langues</strong>. Tout cela <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dantle bulgare, le roumain, le croate et le turc.<strong>La</strong> question à laquelle nous essayons de répondre dans cet article, est de savoircomm<strong>en</strong>t la <strong>Belgique</strong> se situe dans ce fatras linguistique. Heureusem<strong>en</strong>t, les trois<strong>langues</strong> “officielles” <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> (allemand, français et néerlandais) sont aussi<strong>des</strong> <strong>langues</strong> officielles de l’Union, ce qui n’est pas toujours le cas pour les autrespays de l’UE. En Espagne, par exemple, le catalan est la langue maternelle deplus de 6 millions d’habitants, 1 sans être une langue officielle de l’UE.Pour y voir un peu plus clair, considérons les chiffres qui apparaiss<strong>en</strong>t dans leTableau 1 et qui donn<strong>en</strong>t un aperçu <strong>des</strong> sept <strong>langues</strong> les plus utilisées dans l’UE.<strong>La</strong> première colonne donne la population <strong>des</strong> pays dont la langue est originaire etoù celle-ci est parlée comme langue “naturelle”. Les deuxième et troisième colonnesrésult<strong>en</strong>t <strong>des</strong> calculs faits par Ginsburgh et Weber (2005) 2 et donn<strong>en</strong>t lespopulations qui connaiss<strong>en</strong>t chaque langue dans l’Union avant et après le dernierélargissem<strong>en</strong>t. Les chiffres qui apparaiss<strong>en</strong>t dans la quatrième colonne résult<strong>en</strong>tsimplem<strong>en</strong>t de la division <strong>des</strong> chiffres de la troisième colonne par ceux de la première: ils montr<strong>en</strong>t le “coeffici<strong>en</strong>t multiplicateur” de la langue, très élevé pour1Selon www.ethnologue.com.2Ces chiffres sont basés sur les <strong>en</strong>quêtes auxquelles a fait procéder la Direction Éducation et Culture de la Commission europé<strong>en</strong>nesur l'utilisation <strong>des</strong> <strong>langues</strong> dans l'Europe <strong>des</strong> Quinze et dans les pays qui ont adhéré à l'Union <strong>en</strong> 2004. Il s'agit ici, comme dans lasuite, d'ordres de grandeur, sans précision sur la “qualité” de la connaissance, à laquelle une <strong>en</strong>quête de ce type ne permet pas derépondre. Les personnes interrogées ont sans doute t<strong>en</strong>dance à exagérer leurs connaissances. Cela contribue à embellir la situationdans les trois régions belges, parce qu'il n'y a pas de raison de croire qu'un groupe de la population exagère plus qu'un autre.* Nous remercions Vinc<strong>en</strong>t Bodart, Muriel Dejemeppe, Robert Deschamps et Jean Hindriks pour leurs nombreuses remarques quinous ont permis de clarifier, d'améliorer et de compléter certaines parties de l'article.Institut de Recherches Economiques et Sociales de l'Université Catholique de Louvain1


<strong>La</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>l’anglais (le nombre de citoy<strong>en</strong>s europé<strong>en</strong>s qui connaiss<strong>en</strong>t l’anglais est 3,6 foisplus élevé que la population du Royaume-Uni). Ce coeffici<strong>en</strong>t s’élève à 2 pour lefrançais et tombe à 1,06 pour le polonais, qui n’est pratiquem<strong>en</strong>t parlé qu’<strong>en</strong>Pologne. 3 Il est un peu plus élevé pour le néerlandais : 2,5 millions de citoy<strong>en</strong>seuropé<strong>en</strong>s connaiss<strong>en</strong>t le néerlandais ailleurs qu’aux Pays-Bas et <strong>en</strong> Flandre. <strong>La</strong>dernière colonne, <strong>en</strong>fin, fournit l’estimation faite par Crystal (2001), un <strong>des</strong>meilleurs spécialistes internationaux de la question, relative au nombre de locuteursde chaque langue dans le monde.Tableau 1 - <strong>La</strong>ngues principalesdans l'UE(<strong>en</strong> millions et <strong>en</strong> unités pour lescoeffici<strong>en</strong>ts multiplicateurs)Source : Ginsburgh and Weber (2005)pour l'UE 15 et Fidrmuc et Ginsburgh(2005) pour l'UE 25. Les locuteurs dansle monde provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de Crystal (2001).Il faut noter que les chiffres de Crystal(colonne 5) sont moins élevés que ceuxde la colonne 3 dans certains cas, <strong>en</strong>particulier pour l'allemand,le français et le néerlandais.Population Population qui connaît Coeffici<strong>en</strong>t Locuteursnaturelle* la langue multiplicateur dans le mondeUE 15 UE 25(1) (2) (3) (4) (5)Anglais 62,3 208,6 224,3 3,60 1000-1500Français 64,5 127,8 130,0 2,01 122Allemand 90,1 118,3 132,6 1,47 120Espagnol 39,4 56,3 56,3 1,43 350Itali<strong>en</strong> 57,6 65,2 65,2 1,13 63Néerlandais 21,9 24,3 24,3 1,11 20Polonais 38,6 nd 40,8 1,06 44* L'anglais est considéré comme langue "naturelle" <strong>en</strong> Grande Bretagne et <strong>en</strong> Irlande, lefrançais est naturel <strong>en</strong> France et pour 40 % <strong>des</strong> Belges, l'allemand est naturel <strong>en</strong> Allemagneet <strong>en</strong> Autriche, le néerlandais aux Pays-Bas et pour 60 % <strong>des</strong> Belges. L'espagnol, l'itali<strong>en</strong>et le polonais sont naturels <strong>en</strong> Espagne, Italie et Pologne respectivem<strong>en</strong>t.Comme le montr<strong>en</strong>t ces résultats, deux <strong>des</strong> <strong>langues</strong> utilisées <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>, le françaiset l’allemand, sont deuxième et troisième <strong>langues</strong> sur le plan de l’importancedans l’UE actuelle, le néerlandais vi<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> septième position.Il n’<strong>en</strong> reste pas moins que l’anglais est la langue dominante dans le monde,comme l’illustr<strong>en</strong>t les chiffres du Tableau 2. Qu’il s’agisse du nombre de pagessur la toile, de l’utilisation d’une langue dans un domaine sci<strong>en</strong>tifique tel que lachimie (mesuré par la proportion d’articles indexés suivant la langue dans laquelleils ont été écrits), de la proportion <strong>des</strong> <strong>langues</strong> utilisées dans les premiers jets<strong>des</strong> textes écrits par l’administration de l’UE, la chose est <strong>en</strong>t<strong>en</strong>due : l’anglaisdomine très largem<strong>en</strong>t. Et l’allemand précède le français, sauf dans un cas, celui<strong>des</strong> textes écrits par l’administration de l’UE. Mais il y a plus inquiétant si l’onexamine la <strong>dynamique</strong> dans deux <strong>des</strong> trois cas où <strong>des</strong> données sont disponibles :l’utilisation de l’anglais augm<strong>en</strong>te s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t, et celle du français se réduit. 4Dans ce qui suit, nous nous basons ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur l’<strong>en</strong>quête INRA (2001),commanditée par la Direction Générale Education et Culture de la Commissioneuropé<strong>en</strong>ne. Nous utilisons égalem<strong>en</strong>t certains résultats d’une <strong>en</strong>quête réalisée <strong>en</strong>2001 dans les dix pays qui ont été admis <strong>en</strong> 2004. Ces deux étu<strong>des</strong> fourniss<strong>en</strong>t<strong>des</strong> données sur les <strong>langues</strong> maternelle(s) et étrangère(s) parlées dans chacun <strong>des</strong>25 pays de l’UE. Tout <strong>en</strong> n’étant pas tout à fait comparables, et contestées par cer-3Il faut noter que le russe est parlé par quelque 24 millions de personnes dans les pays d'Europe c<strong>en</strong>trale qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d'adhérer àl'Union, dont 12 millions <strong>en</strong> Pologne. Le russe est donc davantage parlé dans l'UE que le néerlandais, mais il n'est bi<strong>en</strong> sûr pas considérécomme langue officielle.4<strong>La</strong> diminution relative <strong>des</strong> pages web <strong>en</strong> anglais et l'augm<strong>en</strong>tation <strong>des</strong> pages <strong>en</strong> français sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t liées au retard qu'avai<strong>en</strong>tpris les autres pays sur les Etats-Unis, retard qui est heureusem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> train de se combler.2REGARDS ÉCONOMIQUES


<strong>La</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>Tableau 2. Quelles <strong>langues</strong> <strong>en</strong>Europe et dans le Monde ?Quelques indicateursSource : Pages sur toile : Maurais(2003, p. 22); Indexation articles :<strong>La</strong>ponce (2003, p. 60); Textes primairesUE : Truchot (2003, p. 104) pourles années 1986 et 1999 et Vand<strong>en</strong>Abeele (2004) pour l'année 2002.Pages Indexation Textessur le web articles primaires UE1997 2000 1978 1998 1986 1999 2002(%) % % % % % %Anglais 84,0 68,4 62,3 82,5 26,0 52,0 57,4Français 1,8 3,0 2,4 0,5 58,0 35,0 29,1Allemand 4,5 5,8 5,0 1,6 11,0 5,0 4,6Espagnol nd 2,4 nd nd nd nd 2,0Itali<strong>en</strong> 1.0 1,6 nd nd nd nd 2,1Chinois 3.9 3,9 0,3 5,9 - - -Portugais nd 1,4 nd nd nd nd 0,6Russe nd 2,4 19,5 3,1 - - -Autres <strong>langues</strong> nd 4,1 5,8 1,9 5,0 8,0 3,4Total 100 100 100 100 100 100tains auteurs 5 qui estim<strong>en</strong>t que les <strong>en</strong>quêtes exagèr<strong>en</strong>t le nombre de citoy<strong>en</strong>s quidis<strong>en</strong>t parler ou connaître les <strong>langues</strong>, nous utiliserons ces deux étu<strong>des</strong> qui ont l’avantageévid<strong>en</strong>t de fournir <strong>des</strong> résultats, alors que l’on joue souv<strong>en</strong>t à deviner.Faire mieux nécessiterait de soumettre à <strong>des</strong> exam<strong>en</strong>s linguistiques quelque25.000 citoy<strong>en</strong>s (<strong>en</strong>viron 1.000 individus dans chacun <strong>des</strong> 25 pays), ce qui seraitsans doute utile, mais difficile et coûteux à réaliser. En dépit <strong>des</strong> possibles exagérations<strong>des</strong> individus sondés sur leurs connaissances linguistiques, nous p<strong>en</strong>sonsque les résultats comparatifs (par exemple <strong>en</strong>tre pays, ou, comme ce sera lecas dans la suite, <strong>en</strong>tre régions) sont suffisamm<strong>en</strong>t soli<strong>des</strong> pour étayer nos conclusions.Nous nous intéressons à la connaissance <strong>des</strong> <strong>langues</strong> dans les trois régions belgeset sommes forcés de constater que la partie francophone se trouve dans une situationtrès défavorable, et que celle-ci ne changera guère à défaut d’investissem<strong>en</strong>tsimportants dans l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>langues</strong>, et peut-être davantage <strong>en</strong>core, àdéfaut d’un changem<strong>en</strong>t de m<strong>en</strong>talité qui permette de ress<strong>en</strong>tir l’importance <strong>des</strong><strong>langues</strong> (et pas uniquem<strong>en</strong>t de l’anglais) dans le monde dans lequel nous vivonsaujourd’hui (sections 1 et 2). Dans la section 3, nous abordons quelques aspectsqui illustr<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces importantes que la connaissance d’une langue peutavoir à la fois sur le plan macroéconomique et sur le plan individuel. <strong>La</strong> section4 est consacrée à <strong>des</strong> conclusions.1. <strong>La</strong> connaissance <strong>des</strong><strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>Le Tableau 3 donne les détails <strong>des</strong> <strong>langues</strong> pratiquées <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> à l’heureactuelle (2000). 6 De façon globale, l’espagnol et l’itali<strong>en</strong> le sont peu. L’itali<strong>en</strong> estmalgré tout connu par 10 pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong> habitants de la Wallonie, ce qui est sansdoute une conséqu<strong>en</strong>ce de l’immigration itali<strong>en</strong>ne <strong>des</strong> années d’après guerre.L’allemand atteint égalem<strong>en</strong>t une dizaine de pour c<strong>en</strong>t dans la partie wallonne dupays (où réside la communauté germanophone), et <strong>en</strong> Flandre. Les trois <strong>langues</strong>principales sont, par ordre d’importance, le français (75 pour c<strong>en</strong>t de la popula-5Voir par exemple Piron (1994, p. 79) qui estime qu'il faut 12.000 heures pour appr<strong>en</strong>dre une langue non-maternelle.6L'<strong>en</strong>quête a porté sur les résid<strong>en</strong>ts, ce qui peut influ<strong>en</strong>cer un peu les résultats à Bruxelles, où le nombre d'étrangers est plus importantque dans les deux autres régions.Institut de Recherches Economiques et Sociales de l'Université Catholique de LouvainREGARDS ÉCONOMIQUES 3


<strong>La</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>... <strong>La</strong> connaissance <strong>des</strong> <strong>langues</strong><strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>tion belge), le néerlandais (70 pour c<strong>en</strong>t) et l’anglais (40 pour c<strong>en</strong>t). Il importe deremarquer que le français (maternel ou acquis) est parlé par un nombre plus grandde personnes que le néerlandais. <strong>La</strong> distribution est évidemm<strong>en</strong>t inégale <strong>en</strong>tre lestrois régions du pays pour le français et le néerlandais, mais il faut souligner que95 pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Bruxellois déclar<strong>en</strong>t parler le français, alors que ce pourc<strong>en</strong>tagetombe à 59 pour c<strong>en</strong>t pour le néerlandais. Quant à l’anglais, il est connu par uneproportion importante de la population à Bruxelles (41 pour c<strong>en</strong>t); <strong>en</strong> Flandre,plus de la moitié (53 pour c<strong>en</strong>t) <strong>des</strong> citoy<strong>en</strong>s connaiss<strong>en</strong>t la langue. Le syndromed’H - personnage dont on se rappellera la déclaration sur le “contrat Francorchamps”qu’il a signé mais pas compris parce qu’il était rédigé <strong>en</strong> anglais - frappela Wallonie, où à peine 19 et 17 pour c<strong>en</strong>t de la population parl<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>tle néerlandais et l’anglais.Tableau 3 - Connaissance <strong>des</strong><strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>en</strong> 2000(<strong>en</strong> % du total du groupe)<strong>Belgique</strong> Brux. Flandre Wallonie Masc. Fém. Pr. lib. Empl. Etud.Allemand 10 3 11 11 12 9 12 11 7Anglais 40 41 53 17 45 35 64 45 71Espagnol 1 5 1 2 1 2 4 1 1Français 75 95 59 100 78 73 87 80 86Itali<strong>en</strong> 5 5 2 10 5 5 3 7 6Néerlandais 70 59 100 19 71 69 78 68 78Français seul 21 18 1 57 19 22 8 21 9Néerlandais seul 17 4 28 1 13 21 5 10 63Français & Néerlandais 44 51 57 17 47 41 63 47 63Français & Anglais 34 40 42 16 37 30 57 37 63Néerlandais & Anglais 36 33 52 7 40 31 58 40 64Français, Néerlandaiset Anglais 29 31 40 7 32 26 49 31 55Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100Les chiffres concernant la population qui parle une seule langue sont plutôtinquiétants, dans une Europe et un monde de plus <strong>en</strong> plus multilingue : 21 et 17pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Belges sont unilingues francophones ou néerlandophones et plusgrave <strong>en</strong>core, 57 pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Wallons connaiss<strong>en</strong>t uniquem<strong>en</strong>t le français.Parler de technopoles et de technologie de pointe comme le font les dirigeantswallons, alors que 57 pour c<strong>en</strong>t de la population est unilingue peut paraître paradoxalet suscite <strong>des</strong> questions, qui ont d’ailleurs été posées clairem<strong>en</strong>t dans lePlan Marshall pour la Wallonie, et dont quelques élém<strong>en</strong>ts seront discutés dans lasection 2.Ces données sont évidemm<strong>en</strong>t le miroir de la population qui peut s’exprimer <strong>en</strong>deux ou trois <strong>langues</strong>. Alors que 57, 42 et 52 pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Flamands déclar<strong>en</strong>tconnaître le français et le néerlandais, le français et l’anglais, ou le néerlandais etl’anglais respectivem<strong>en</strong>t, ces proportions tomb<strong>en</strong>t à 17, 16 et 7 pour c<strong>en</strong>t <strong>en</strong>Wallonie. Vingt-neuf pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong> belges se déclar<strong>en</strong>t trilingues, ce qui est à nouveaulargem<strong>en</strong>t dû à la Flandre, avec 40 pour c<strong>en</strong>t de trilingues, alors que laWallonie se retrouve au niveau de 7 pour c<strong>en</strong>t.Les femmes connaiss<strong>en</strong>t un peu moins bi<strong>en</strong> les <strong>langues</strong> que les hommes, et asseznaturellem<strong>en</strong>t, les professions libérales et cadres, de même que les étudiants sontplus polyglottes que le reste de la population.4REGARDS ÉCONOMIQUES


<strong>La</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>... Et le futur ?Le plan Marshall pour la Wallonie a le mérite de reconnaître le problème etconsacre un budget de 60 millions d’euros pour améliorer les connaissances linguistiques<strong>des</strong> Wallons. Plusieurs mesures sont prévues, telles que 500.000chèques supplém<strong>en</strong>taires de formation <strong>en</strong> <strong>langues</strong>, 8.000 bourses d’immersionlinguistique <strong>en</strong> 4 ans à <strong>des</strong>tination notamm<strong>en</strong>t <strong>des</strong> élèves du dernier degré de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tobligatoire, <strong>des</strong> stages à l’étranger, <strong>des</strong> échanges d’étudiants et dedemandeurs d’emploi avec la Région flamande et la Communauté germanophone.8 Le tableau est impressionnant, l’av<strong>en</strong>ir nous dira si l’opération aura réussi,mais il ne faut pas se cacher que l’ess<strong>en</strong>tiel est de changer les m<strong>en</strong>talités, <strong>en</strong>coreque celles-ci puiss<strong>en</strong>t être partiellem<strong>en</strong>t rationalisées par un raisonnem<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>ature économique.3. Quelques observationssur les bénéfices macroéconomiqueset individuelsOn peut <strong>en</strong> effet se demander pourquoi la part de la population flamande quiconnaît le français est plus élevée que la part de la population wallonne quiconnaît le néerlandais. Une réponse à cette question est donnée par Gabszewicz,Ginsburgh et Weber (2005) dans le cadre d’un modèle avec deux populations(régions) de tailles Ni et Nj et de <strong>langues</strong> i et j. Les individus dans chaque populationsont hétérogènes et diffèr<strong>en</strong>t dans leur aptitude à appr<strong>en</strong>dre l’autre langue.Un individu de la population i peut <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> communication avec Nj individusde la population j s’il <strong>en</strong> appr<strong>en</strong>d la langue et accepte d’<strong>en</strong>courir le coût d’appr<strong>en</strong>tissage.Il bénéficie alors du contact avec tous les individus de la populationj. Il peut aussi décider de ne pas appr<strong>en</strong>dre la langue j, auquel cas il pourra <strong>en</strong>trer<strong>en</strong> contact avec les individus de la population j qui ont appris sa propre langue i.Si les coûts d’appr<strong>en</strong>tissage <strong>des</strong> deux <strong>langues</strong> sont id<strong>en</strong>tiques, 9 alors la populationminoritaire <strong>en</strong> nombre appr<strong>en</strong>dra la langue de la population majoritaire, plutôtque l’inverse. Et ce qui se produit <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> est un bon exemple de conformitéau modèle, à condition de t<strong>en</strong>ir compte du fait que la France et les Pays-Bassont nos voisins directs. Dans ce contexte, il y a près de trois fois plus de francophonesque de néerlandophones, et ce rapport s’élève à plus de cinq dans l’UnionEuropé<strong>en</strong>ne (voir Tableau 1). Et ceci peut expliquer les raisons pour lesquelles 59pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Flamands ont appris le français, et seulem<strong>en</strong>t 19 pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong>Wallons connaiss<strong>en</strong>t le néerlandais. 10 Dans le cas extrême où tous les Flamandsconnaiss<strong>en</strong>t le français, aucun Wallon n’a intérêt à appr<strong>en</strong>dre le néerlandais.Cep<strong>en</strong>dant, si ce raisonnem<strong>en</strong>t peut sembler s’appliquer au néerlandais, il ne peutl’être à l’anglais. En effet, la population anglophone est suffisamm<strong>en</strong>t importantedans le monde pour que très peu d’<strong>en</strong>tre eux ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le besoin d’appr<strong>en</strong>dre unelangue étrangère (et chacun de nous peut le remarquer tous les jours !), et sur leplan international, les Wallons resteront dès lors sérieusem<strong>en</strong>t isolés.Une population peut être paresseuse et, comme nous l’avons souligné plus haut,jouer au passager clan<strong>des</strong>tin <strong>en</strong> profitant du fait que l’autre communauté le soitmoins. Au bénéfice intellectuel lié à la connaissance d’autres <strong>langues</strong> (pénétrermieux dans d’autres cultures, d’autres littératures), s’ajoute souv<strong>en</strong>t un bénéficeéconomique. Un grand nombre de recherches, qui port<strong>en</strong>t dans la plupart <strong>des</strong> cassur les connaissances linguistiques d’immigrés, montr<strong>en</strong>t que la connaissance dela langue du pays d’immigration exerce un effet positif important sur le salaire.8Voir Bay<strong>en</strong>et et Vand<strong>en</strong>dorpe (2006, p. 22) pour <strong>des</strong> détails supplém<strong>en</strong>taires.9Voir Gabszewicz, Ginsburgh et Weber (2005) pour une hypothèse plus générale sur les coûts.10<strong>La</strong> situation est similaire à celle qui prévaut au Canada où 10 pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong> anglophones connaiss<strong>en</strong>t le français, alors que 41pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong> francophones connaiss<strong>en</strong>t l'anglais. Mais les rôles <strong>des</strong> deux <strong>langues</strong> sont inversés dans la province du Québec, où 43pour c<strong>en</strong>t <strong>des</strong> résid<strong>en</strong>ts dont la langue maternelle est l'anglais peuv<strong>en</strong>t communiquer <strong>en</strong> français. Voir Bond (2001) et les résultatsdu rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t linguistique canadi<strong>en</strong> de 2001.6REGARDS ÉCONOMIQUES


<strong>La</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>... Quelques observations sur lesbénéfices macroéconomiques etindividuelsDans un article réc<strong>en</strong>t, Ginsburgh et Prieto (2006) montr<strong>en</strong>t que <strong>des</strong> effets similairesexist<strong>en</strong>t dans les pays de l’Union europé<strong>en</strong>ne pour les citoy<strong>en</strong>s d’un paysqui connaiss<strong>en</strong>t la langue d’un autre pays de l’Union. <strong>La</strong> connaissance d’une <strong>langues</strong>upplém<strong>en</strong>taire semble ainsi toujours “payante”, tant que toute la populationne la connaît pas. En <strong>Belgique</strong>, la connaissance <strong>des</strong> deux <strong>langues</strong> nationalesconduit à <strong>des</strong> avantages salariaux dans les emplois où plusieurs <strong>langues</strong> sont utilisées.De calculs <strong>en</strong> cours, il ressort qu’<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, la connaissance du françaisdans une <strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> Flandre accroît le salaire de 10 à 16 %. <strong>La</strong> connaissancedu néerlandais dans une <strong>en</strong>treprise wallonne rapporte 4 % seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne,mais ce pourc<strong>en</strong>tage monte à près de 50 % dans les deux derniers déciles dela distribution <strong>des</strong> rev<strong>en</strong>us. Les constatations sont similaires pour l’anglais.4. ConclusionsLe déficit linguistique de la partie francophone du pays est très évid<strong>en</strong>t, et si aucunemesure n’est prise, le futur risque de ressembler très fortem<strong>en</strong>t au prés<strong>en</strong>t,comme nous l’avons suggéré dans la section 2. Le modèle évoqué dans la section3 permet de montrer que dans la plupart <strong>des</strong> cas, une interv<strong>en</strong>tion publique peutêtre nécessaire, 11 mais doit être faite de façon concertée par les deux régions linguistiques.Les efforts faits par plan Marshall pourrai<strong>en</strong>t dès lors produire plusd’effets s’ils étai<strong>en</strong>t concertés avec la Flandre. Il est clair que c’est ce que requièr<strong>en</strong>tnotamm<strong>en</strong>t <strong>des</strong> pratiques d’immersion linguistique et l’on peut espérer quele plan Marshall <strong>en</strong> a t<strong>en</strong>u compte.Certaines faiblesses sont sans doute liées à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>langues</strong>. 12 Dans leprimaire, les <strong>langues</strong> vivantes (anglais, néerlandais ou allemand) sont <strong>en</strong>seignéesà partir de la cinquième année, 13 mais chaque école peut choisir lesquelles <strong>des</strong><strong>langues</strong> elle veut <strong>en</strong>seigner, et ne peut pas <strong>en</strong> choisir plus de deux. Il <strong>en</strong> résulteque certaines écoles exclu<strong>en</strong>t soit le néerlandais, soit l’anglais. Un étudiant doitchoisir les deux heures d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t obligatoire dans la même langue <strong>en</strong> primaire,ce qui semble raisonnable, mais a une conséqu<strong>en</strong>ce pour ce qui suit,puisque cette langue conditionne le choix <strong>des</strong> quatre heures obligatoires <strong>en</strong> premièreet deuxième année du secondaire. Ce n’est qu’à partir de la troisième annéeque l’étudiant peut (mais ne doit pas) choisir une deuxième langue étrangère. Unétudiant peut dès lors terminer le secondaire <strong>en</strong> ayant <strong>des</strong> notions dans une seulelangue non-maternelle. Mais il y a sans doute plus grave. Les écoles éprouv<strong>en</strong>t<strong>des</strong> difficultés à trouver <strong>des</strong> <strong>en</strong>seignants dans les trois <strong>langues</strong> germaniques. Une<strong>des</strong> raisons évoquée au Ministère et par les syndicats est que les <strong>en</strong>seignants sontmieux rémunérés <strong>en</strong> Flandre qu’<strong>en</strong> Wallonie, ce qui n’incite guère les <strong>en</strong>seignantsflamands à se déplacer <strong>en</strong> Wallonie. 14 Vand<strong>en</strong>berghe (2002, 2004) et Deschamps(2006) relèv<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> d’autres raisons et donn<strong>en</strong>t <strong>des</strong> pistes de réflexion qui port<strong>en</strong>tsur l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t francophone <strong>en</strong> général : mode de régulation très insatisfaisant,nécessité d’une culture de l’évaluation qui semble cruellem<strong>en</strong>t manquer,nécessité de combler la pénurie d’<strong>en</strong>seignants dans certaines disciplines, nécessitéd’élargir le degré d’autonomie <strong>des</strong> écoles et de réduire le contrôle bureaucratique,nécessité de supprimer les cloisonnem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre les réseaux.11<strong>La</strong> solution du modèle dans laquelle chaque individu décide d'appr<strong>en</strong>dre (ou de ne pas appr<strong>en</strong>dre) l'autre langue peut être sousoptimale(trop peu d'appr<strong>en</strong>tissage). L'optimum social n'est pas atteint, et une interv<strong>en</strong>tion publique peut s'avérer nécessaire pouratteindre une solution plus efficace.12Nous n'<strong>en</strong>visagerons ici que le cas général, excluant les communes à facilités de la frontière linguistique et Bruxelles, où le néerlandaisest obligatoire, ainsi que les villes et villages qui jouxt<strong>en</strong>t la région germanophone dans l'est du pays.13Certaines écoles inscriv<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t d'une langue étrangère plus tôt; certaines pratiqu<strong>en</strong>t aussi l'immersion linguistique.14Cette disparité salariale date de la fin <strong>des</strong> années 1990, et ne permet pas d'expliquer le passé, qui n'était pas très différ<strong>en</strong>t du prés<strong>en</strong>t.Institut de Recherches Economiques et Sociales de l'Université Catholique de LouvainREGARDS ÉCONOMIQUES 7


<strong>La</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>... ConclusionsMais il n’y a pas que l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t qui soit <strong>en</strong> cause. Il y a aussi le manque deconcertation <strong>en</strong>tre les régions. On pourrait, sans coûts supplém<strong>en</strong>taires importants,imaginer que, dans l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t primaire, <strong>des</strong> classes <strong>en</strong>tières d’unecommunauté bénéfici<strong>en</strong>t, dans leur école habituelle, de cours dans la langue del’autre communauté. On peut <strong>en</strong>courager davantage les par<strong>en</strong>ts à <strong>en</strong>voyer leurs<strong>en</strong>fants dans l’autre région linguistique p<strong>en</strong>dant les vacances. On peut offrir,comme le propose le plan Marshall, <strong>des</strong> chèques de toutes sortes. Mais il faudraitavant tout, comme le suggèr<strong>en</strong>t Dejemeppe et Van der Lind<strong>en</strong> (2006), s’interrogersur l’efficacité de telles pratiques.Alors que les néerlandophones accept<strong>en</strong>t que <strong>des</strong> films pass<strong>en</strong>t <strong>en</strong> version originaleet soi<strong>en</strong>t sous-titrés, les francophones, <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> comme <strong>en</strong> Franced’ailleurs, veul<strong>en</strong>t voir leurs films <strong>en</strong> français. Van Parijs (2003) suggère unerecette simple et peu, voire moins, coûteuse : il faut cesser de doubler. Non pasque le doublage soit une cause de l’incompét<strong>en</strong>ce linguistique, mais la suppressiondu doublage, remplacé par le sous-titrage (et pourquoi pas dans les deux <strong>langues</strong>nationales, comme c’est souv<strong>en</strong>t le cas à Bruxelles) ne peuv<strong>en</strong>t pas allerdans le mauvais s<strong>en</strong>s. Pourquoi la voix et la langue de l’interviewé à la radiocomme à la télévision doiv<strong>en</strong>t elles être sur-imprimées par du français, avec pourconséqu<strong>en</strong>ce que l’un et l’autre devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t inaudibles et/ou incompréh<strong>en</strong>sibles ?Certains diront que ceci risque de nous éloigner de notre culture, de nous “américaniser”,écrit Van Parijs. Mais il suggère, avec raison, que l’attaque, c’est à direl’appr<strong>en</strong>tissage de la (ou <strong>des</strong>) langue(s) étrangère(s) est la meilleure déf<strong>en</strong>se, lapire étant l’obstruction.Les difficultés linguistiques de la partie francophone du pays, et plus particulièrem<strong>en</strong>tde la Wallonie, sont doubles. <strong>La</strong> deuxième langue nationale, le néerlandais,y est largem<strong>en</strong>t ignorée, et l’anglais qui devi<strong>en</strong>t, de gré ou de force, la premièrelangue internationale, l’est tout autant. Ceci peut s’expliquer par le prestigedont reste <strong>en</strong>core dotée la langue française, ainsi que le voisinage de la France,un pays de quelque 60 millions d’habitants avec lesquels la communication estaisée et qui joue le rôle d’attracteur. 15 Mais il est aussi important de se rappelerque l’importance internationale du français se réduit.Nous courons le risque qu’on nous dise : “Vous tirez sur une ambulance”. C<strong>en</strong>’est peut-être pas tout à fait faux, mais nous répondrons : “Le chauffeur del’ambulance est <strong>en</strong>dormi, et il est temps qu’il se réveille”. Il ne faudrait pas quele comportem<strong>en</strong>t qui a été donné par un dirigeant wallon s’exprimant sur lecontrat Francorchamps serve d’exemple au reste de la population.Victor Ginsburgh est professeurde l'ULB et chercheur à ECARES(ULB) et au CORE (UCL).Victor Ginsburghet Shlomo WeberShlomo Weber est professeur auDépartem<strong>en</strong>t d'économie de laSouthern Methodist University(Texas) et chercheur au CORE(UCL) et au CEPR (Londres).15Voir Ginsburgh, Ortuno-Ortin et Weber (2005b).8REGARDS ÉCONOMIQUES


<strong>La</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>Référ<strong>en</strong>cesBay<strong>en</strong>et B<strong>en</strong>oît et L. Vand<strong>en</strong>dorpe (2006), Un plan de développem<strong>en</strong>t économiquepour la Wallonie : Plan Marshall, Région wallonne - Regards économiquessur les actions prioritaires, Colloque ADEL, 27 avril 2006.Bond, K. (2001), Fr<strong>en</strong>ch as a minority language in bilingual Canada,http//www3.telus.net/ linguisticsissues/fr<strong>en</strong>ch.html (accédé le 4 novembre2005).Crystal, David (2001), A Dictionary of <strong>La</strong>nguage, Chicago : ChicagoUniversity Press.Dejemeppe, Muriel et Bruno Van der Lind<strong>en</strong> (2006), Actions du plan Marshallsur le marché du travail wallon, Regards Economiques 40.Deschamps, Robert (2006), Enseignem<strong>en</strong>t francophone. Qu’avons-nous fait durefinancem<strong>en</strong>t ?, Points de vue no 33, 2006/1.DG Press and Communication (2003), Applicant Countries Eurobarometer2001 : Public Opinion in the Countries Applying for European UnionMembership, European Commission, March 2002.Fidrmuc, Jan and Victor Ginsburgh (2005), <strong>La</strong>nguages in the European Union :The quest for equality and its cost, CEPR Discussion Paper.Fodor, Fer<strong>en</strong>c and Sandriner Peluau (2003), <strong>La</strong>nguage geostrategy in Easternand C<strong>en</strong>tral Europe : Assessm<strong>en</strong>ts and Perspectives, in Jacques Maurais, ed.,<strong>La</strong>nguages in a Globalising World, Cambridge : Cambridge University Press.Gabszewicz, Jean, Victor Ginsburgh et Shlomo Weber (2005), Biligualism andcommunicative b<strong>en</strong>efits, manuscrit.Ginsburgh, Victor, Ignacio Ortuno-Ortin and Shlomo Weber (2005a),Dis<strong>en</strong>franchisem<strong>en</strong>t in linguistically diverse societies. The case of theEuropean Union, Journal of the European Economic Association 3, 946-965.Ginsburgh, Victor, Ignacio Ortuno-Ortin and Shlomo Weber (2005b), Learningforeign languages. Theoretical and empirical implications of the Selt<strong>en</strong> andPool model, CORE Discussion Paper 2004/79, November.Ginsburgh, V. and J. Prieto (2006), The returns to languages in the EuropeanUnion, May 2006.Ginsburgh, Victor and Shlomo Weber (2005), <strong>La</strong>nguage dis<strong>en</strong>franchisem<strong>en</strong>t inthe European Union, Journal of Common Market Studies 43, 273-286.INRA (2001), Eurobaromètre 54 Special, Les Europé<strong>en</strong>s et les <strong>langues</strong>,Février.<strong>La</strong>ponce, Jean (2003), Babel and the market : Geostrategy for minority languages,in Jacques Maurais, ed., <strong>La</strong>nguages in a Globalising World,Cambridge : Cambridge University Press.Maurais, Jacques (2003), Towards a new linguistic world order, in JacquesMaurais, ed., <strong>La</strong>nguages in a Globalising World, Cambridge : CambridgeUniversity Press.Ministère de l’Education Nationale (2004), Evaluation <strong>des</strong> compét<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>anglais <strong>des</strong> élèves de 15 à 16 ans dans sept pays europé<strong>en</strong>s,http//www.education.gouv.fr/stateval (Mars 2004).Piron, Claude (1994), Le défi <strong>des</strong> <strong>langues</strong>, Paris : L’Harmattan.Truchot, Claude (2003), <strong>La</strong>nguages and supranationality in Europe : The linguisticinflu<strong>en</strong>ce of the European Union, in Jacques Maurais, ed., <strong>La</strong>nguages ina Globalising World, Cambridge : Cambridge University Press.Institut de Recherches Economiques et Sociales de l'Université Catholique de LouvainREGARDS ÉCONOMIQUES 9


<strong>La</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong>... Référ<strong>en</strong>cesVand<strong>en</strong> Abeele, Michel (2004), Les <strong>langues</strong> dans l’Union europé<strong>en</strong>ne : au delà<strong>des</strong> combats d’arrière-garde, Confér<strong>en</strong>ce donnée à l’Université Libre deBruxelles, Février 2004.Vand<strong>en</strong>berghe, Vinc<strong>en</strong>t (2002), Tous cancres ? Analyse économique <strong>des</strong> performancesde l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t initial <strong>en</strong> Communauté française, RegardsEconomiques 2.Vand<strong>en</strong>berghe, Vinc<strong>en</strong>t (2004), Enseignem<strong>en</strong>t et capital humain <strong>en</strong> <strong>Belgique</strong> :où <strong>en</strong> sommes-nous ?, Regards Economiques 23.Van Parijs, Philippe (2003), Europe’s three language problem, in R. Bellamy, D.Castiglione, and C. Longman eds., Multiligualism in <strong>La</strong>w and Politics, Oxford :Hart.Directeur de la publication :Vinc<strong>en</strong>t BodartRédactrice <strong>en</strong> chef :Muriel DejemeppeComité de rédaction : Paul Belleflamme,Vinc<strong>en</strong>t Bodart, Raouf Boucekkine,Muriel Dejemeppe, Frédéric Docquier,Jean Hindriks, François Maniquet,Vinc<strong>en</strong>t Vand<strong>en</strong>bergheSecrétariat & logistique : Anne DavisterGraphiste : DominosRegards Économiques a le souti<strong>en</strong> financier de la Fondation Louvainet de la Banque Nationale de <strong>Belgique</strong>.Regards ÉconomiquesIRES-UCLPlace Montesquieu, 3B1348 Louvain-la-Neuvehttp://www.uclouvain.be/regardseconomiquesmail: regards@ires.ucl.ac.betél. 010/47 34 2610REGARDS ÉCONOMIQUES

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