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C +1 - IREM de Grenoble - Université Joseph Fourier

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6non une juxtaposition <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong>ssins. Le changement <strong>de</strong> «point <strong>de</strong> vue» sur lafigure peut se faire plus aisément.La construction <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong>ssins est une <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s proposées pour qued'une part les élèves se construisent le concept <strong>de</strong> figure, et que d'autre part, lescaractères invariants <strong>de</strong> ces figures apparaissent. Or dans la suite d'images créées àl'écran, il est possible <strong>de</strong> comprendre que, par exemple, les différents triangles n'ontété définis qu'une fois et donc sont représentants d'une même figure. Les élèvespeuvent ensuite proposer <strong>de</strong>s contraintes, «2 côtés perpendiculaires ou <strong>de</strong> mêmelongueur», et voir, grâce à l'évolution continue permise par «Géomètre», que laréalisation simultanée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux séries <strong>de</strong> contraintes n'est possible que dans un casparticulier.De plus, il ne s'agit pas <strong>de</strong> produire à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Géomètre un imagiciel quipermettait d'illustrer, <strong>de</strong> manière nouvelle, une partie du cours et <strong>de</strong> poursuivre ensuiteun apprentissage avec l'environnement habituel, mais <strong>de</strong> l'utiliser pour aller plus loin:c'est une ai<strong>de</strong> pour faire évoluer la recherche du problème par les élèves.Pourtant, R. Gras affirme: «les activités dialectiques <strong>de</strong> nature expérimentalesqui se limitent au seul spectacle visuel <strong>de</strong>s faits (mobilité <strong>de</strong>s points...) sont d'effetillusoire sur l'apprentissage... Au niveau du produit logiciel,... il Y aura nécessité <strong>de</strong>négociation régulière maître-élève, faute <strong>de</strong> quoi on pourrait assister à Ul1 vi<strong>de</strong>audiovisuel». Le lien entre les hypothèses émises par les élèves pour faire évoluer lafigure avec les propriétés <strong>de</strong> géométrie connues et leurs conséquences <strong>de</strong>vra le pluspossible être verbalisé, un apprentissage <strong>de</strong> pratiques du raisonnement étant visé.C'est un obstacle important en géométrie dès la 6ème-Sème. L'environnement crééavec Géomètre peut ai<strong>de</strong>r à le lever.I. Objectifs* Objectifs cognitifs (propres à la séquence) :- réinvestir <strong>de</strong>s droites particulières d'un triangle;- définir l'orthocentre, le centre du cercle circonscrit à un triangle;- étudier dans le cas particulier du triangle rectangle le point <strong>de</strong> concours <strong>de</strong>shauteurs, <strong>de</strong>s médiatrices;- réinvestir la propriété <strong>de</strong> la somme <strong>de</strong>s angles d'un triangle.* Objectifs cognitifs généraux:- comprendre la nécessité d'une preuve;- mettre en œuvre différents niveaux <strong>de</strong> validation.* Objectifs méthodologiques:- rédiger, formuler <strong>de</strong>s résultats;- poursuivre l'apprentissage <strong>de</strong> certaines règles <strong>de</strong> logique (différence entre«un» et «tous», «les» et «<strong>de</strong>s» ; utilisation d'expressions du style «si. .. alors») ;- apprendre à passer <strong>de</strong> l'expérience sensible à l'objet idéal (notion <strong>de</strong> figure).


7II. Prérequis- Définition <strong>de</strong> la hauteur d'un triangle, <strong>de</strong> la médiatrice d'un segment, dutriangle rectangle;- Notions d'angle obtus, aigu;- Somme <strong>de</strong>s angles d'un triangle (énoncé <strong>de</strong> la propriété).III. Description <strong>de</strong> la séquence1. Matériel utilisé, disposition <strong>de</strong> la classeLa séquence se déroule avec l'ensemble <strong>de</strong> la classe (24 élèves). Les élèvestravaillent individuellement. L'ordinateur unique (avec souris) est relié à une tabletterétroprojectable. Les figures obtenues sont projetées sur un tableau blanc (sur lequel ilest possible d'écrire). On peut donc aussi utiliser la figure projetée comme on le faitordinairement d'un <strong>de</strong>ssin au tableau.Au cours <strong>de</strong> la séquence, c'est la modification progressive qui a été utilisée: cesont le plus souvent les élèves qui sont venus manipuler eux-mêmes en réponse auxconjectures qui étaient proposées par eux-mêmes ou par l'ensemble <strong>de</strong> la classe. Lesélèves ont effectué les <strong>de</strong>ssins sur leur cahier d'exercices et on noté les résultatsobtenus au fur et à mesure (institutionnalisation).L'ensemble du travail avec l'ordinateur a duré environ 2h30 (mi-février 1991).2. Première étapea. Définition d'un triangleGéomètre définit un triangle à partir <strong>de</strong> 3 points. Le logiciel permet <strong>de</strong> lesnommer A, B, C (cela sera utile dans la partie 6 <strong>de</strong> cette étape).A l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> «Géomètre», on «saisit» l'un quelconque <strong>de</strong>s sommets et on ledéplace.B


9e. Variation <strong>de</strong> la position <strong>de</strong> l'orthocentreLe cas où l'orthocentre se trouve à l'extérieur du triangle est toujours unedifficulté pour <strong>de</strong> nombreux élèves. Géomètre permet en faisant varier la position <strong>de</strong>l'un <strong>de</strong>s sommets du triangle <strong>de</strong> faire varier celle <strong>de</strong> l'orthocentre dans le triangle.BcEn utilisant une dynamique <strong>de</strong> la figure, l'observation faite par la classeressemble à l'utilisation d'un <strong>de</strong>ssin animé: après quelques variations successives <strong>de</strong>l'orthocentre, les élèves se font leur opinion et après discussion entre eux par petitsgroupes, proposent les règles suivantes:«si l'angle est aigu, l'orthocentre est à l'intérieur du triangle,. quand l'angle<strong>de</strong>vient obtus, l'orthocentre passe à l'extérieur».L'un d'entre eux souhaite préciser la position pour laquelle l'orthocentre sort dutriangle. Il vient donc manipuler la souris. Par essais successifs, il obtient un trianglerectangle. Ce triangle apparaît donc aux élèves comme un triangle particulier non plusà cause <strong>de</strong> son angle droit, mais parce que un <strong>de</strong> ses sommets est l'orthocentre dutriangle (ceci est écrit dans le cahier et sera utilisé lors <strong>de</strong>s calculs d'aires <strong>de</strong>striangles).f. Les angles obtus d'un triangleLorsqu'on veut institutionnaliser les résultats obtenus, les élèves proposentd'écrire:«si les angles d'un triangle sont aigus, alors l'orthocentre et à l'intérieur dutriangle,. si les angles d'un triangle sont obtus, alors l'orthocentre est à l'extérieur dutriangle» .L'utilisation <strong>de</strong> la formulation «si. .. alors...» avait déjà été rencontrée au début<strong>de</strong> l'année et est réinvestie convenablement. Par contre, l'énoncé <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxièmepartie, symétrique du premier, montre comment l'énoncé <strong>de</strong>s propriétés se fait parmimétisme indépendamment <strong>de</strong> leur sens. La logique <strong>de</strong> construction <strong>de</strong>s élèves est dutype «modification à moindre frais».On va donc expérimenter grâce à Géomètre la phrase «Si les angles d'un trianglesont obtus». Oralement le professeur fait préciser le sens donné à «les angles dutriangle». Les élèves se mettent d'accord sur le fait que cela signifie que les trois


10angles sont obtus. Un élève vient donc manipuler: il part d'un triangle ABC ayantl'angle A obtus (B et C sont donc aigus). Il déplace le point pour obtenir l'angle Bobtus.(B et C sont donc égaux). Il déplace le point pour obtenir l'angle B obtus. Laclasse observe et l'encourage. La déception est gran<strong>de</strong> lorsque B étant obtus, lesélèves s'apercoivent que A est <strong>de</strong>venu aigu mais cela ne convainc pas encore qu'untriangle ne peut avoir plusieurs angles obtus.Un autre élève propose <strong>de</strong> choisir l'angle C et <strong>de</strong> recommencer. Nouvelledéception. Les élèves voient bien qu'un triangle ne peut avoir qu'un seul angle obtusmais n'en sont pas convaincus.La nécessité d'une preuve mathématique non liée à l'observationfait son chemin: c'est un réel pas en avant pour tous les élèves <strong>de</strong> cette classe. Ilfaut l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> propriétés «sélectionnées» ci-<strong>de</strong>ssous pour que la preuve soit expriméeclairement: - définition d'un angle obtus;- somme <strong>de</strong>s angles d'un triangle.Tous vont se mettre d'accord pour dire ou écrire: «si <strong>de</strong>ux angles sont plusgrands que 90°, leur somme fait plus que 180° donc il n'y a plus <strong>de</strong> place pour letroisième». Finalement, on écrit dans le cahier: «un triangle ne peut avoir qu'un seulangle obtus», puis les règles concernant la position <strong>de</strong> l'orthocentre. Les élèvesinsistent bien sur l'écriture correcte «si un triangle a UN angle obtus, alors sonorthocentre est à l'extérieur du triangle».3. DéroulementUn travail <strong>de</strong> même type est mené à propos <strong>de</strong>s médiatrices.a. Construction <strong>de</strong>s médiatrices (sans la procédure médiatrice)Le triangle ABC est construit comme dans la première étape. Géomètre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>pas à pas, comme pour les hauteurs, les éléments nécessaires à la construction <strong>de</strong> lamédiatrice, c'est : la droiteABL__+--- C- perpendiculaire ;- passant par le milieu du segment;- perpendiculaire au segment.


11Certains élèves sont étonnés : les médiatrices ne passent par les sommets. Ilsvont donc venir modifier le triangle pour faire passer une médiatrice par un sommet.La condition: «ce n'est possible que si le triangle est isocèle» est énoncée. Est-cesuffisant pour retirer <strong>de</strong> leur esprit la confusion médiane-médiatrice?On en profite pour rappeler oralement la propriété <strong>de</strong> l'équidistance <strong>de</strong>s points <strong>de</strong>la médiatrice.b. Variation <strong>de</strong> la position du point <strong>de</strong> concoursCette manipulation est <strong>de</strong>mandée par les élèves par imitation <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>l'orthocentre.B "---~+I-l:§J:.~ cLes variations «angle aigu - angle obtus» sont réinvesties avec succès, maiscette fois le triangle rectangle «apparaît» lorsque le point <strong>de</strong> concours est surl'hypoténuse (ce mot <strong>de</strong> vocabulaire est rappelé à cette occasion). Préciser qu'il s'agitdu milieu <strong>de</strong> l'hypoténuse ne posera pas <strong>de</strong> difficulté: le lien entre milieu et médiatriceest très fon dans la tête <strong>de</strong>s élèves (plus que celui <strong>de</strong> perpendiculaire-médiatrice d'oùles confusions médiane -médiatrice probablement).c. Le centre du cercle circonscritC'est le professeur qui propose <strong>de</strong> construire le cercle circonscrit au triangleprécé<strong>de</strong>nt ayant pour diamètre l'hypoténuse. On utilise la procédure «cercle défmi par<strong>de</strong>ux points». Les élèves constatent que le cercle passe par le troisième sommet dutriangle. On écrit dans le cahier cette propriété du triangle rectangle.La variation <strong>de</strong> la forme du triangle permet <strong>de</strong> montrer qu'un triangle quelconqueest inscrit dans un cercle. Le centre est précisé au tableau, <strong>de</strong>s mesures permettent <strong>de</strong> leconfirmer.


12B '---~+-1-.M.~ cB "---~+I-l:§Y~ cCe résultat écrit dans le cahier sera ensuite démontré (sans vouloir atteindre unniveau <strong>de</strong> formalisation type 4ème), les élèves cherchent surtout à se convaincre d'unrésultat en utilisant <strong>de</strong>s règles mathématiques admises par tous.IV. ConclusionL'utilisation <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong> l'image grâce au logiciel a permis uneconfrontation entre les conjectures <strong>de</strong>s élèves et la «réalité» :- non-existence <strong>de</strong> plusieurs angles obtus dans un triangle.- levée <strong>de</strong> la confusion entre médiane et médiatrice.Le débat instauré alors dans la classe a montré comment l'essai <strong>de</strong> construction<strong>de</strong> figures répondant aux hypothèses émises permet <strong>de</strong> se faire une opinion. Faire <strong>de</strong>nombreux <strong>de</strong>ssins pour résoudre un problème, ne pas émettre une hypothèseseulement à la vision d'une figure, est une méthodologie que les élèves ont réinvestiedans d'autres recherches.Par ailleurs, la construction <strong>de</strong>s divers objets nécessite la connaissance <strong>de</strong>définitions (ou <strong>de</strong> propriétés) précises et rigoureuses. D'autant plus que l'ordinateur nese contente pas d'un énoncé plus ou moins incantatoire: il exige que l'on décortiquechacun <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> l'énoncé (exemple: médiatrice, droite passant par un milieuperpendiculaire à un segment donné).


13Le logiciel pennet <strong>de</strong> dégager l'élève <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> constructions plus oumoins maladroites. Ce <strong>de</strong>rnier type d'activité n'est certes pas à rejeter, mais ici, c'estl'activité raisonnement qui est objet <strong>de</strong> l'apprentissage.Enfin, et c'est le plus intéressant, ces séquences penÎlettent «plusieurs fonnes etplusieurs niveaux <strong>de</strong> validation dont la mobilisation et la mise en œuvre sontprovoquées par les exigences <strong>de</strong> la situation dans laquelle se trouve l'élève».(Balacheff 1982)3. En effet, quand, ayant fini <strong>de</strong> construire l'orthocentre, les élèvesobservent son déplacement, ils ne vont pas se contenter <strong>de</strong> constatations, ils vontessayer d'organiser leurs résultats : c'est cela qui les conduit à préciser le rôleparticulier <strong>de</strong> l'angle droit.Lorsque les élèves veulent construire un triangle ayant plusieurs angles obtus, ceproblème n'apparaît que comme réponse au triangle ayant trois angles aigus. Lamobilité <strong>de</strong>s points et la lecture immédiate <strong>de</strong>s angles va leur pennettre <strong>de</strong> chercher àvali<strong>de</strong>r leur hypothèse par la construction d'une «figure-exemple» qui puisse êtreexhibée comme une preuve. L'impossibilité d'obtenir <strong>de</strong>ux angles obtus se constitueen obstacle tellement gênant que c'est à partir <strong>de</strong> là que la nécessité d'unraisonnement déductif s'impose. La figure, parce qu'elle ne se plie pas auxhypothèses, <strong>de</strong>vient tout à coup inutile, négligeable. Les élèves souhaitent travailler àun autre niveau <strong>de</strong> validation.Il faut rechercher la multiplication <strong>de</strong> telles structures conjecturelles pour donnerune autre représentation <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> raisonnement à nos élèves.Enfin, le travail sur les médiatrices montrent comment dépasser le cadre <strong>de</strong>l'expérimentation pour arriver à celui <strong>de</strong> la démonstration.3 N. BALACHEFF, 1982, Preuves et démonstration au collège, RDM Vol. 3.3. Ed. La PenséeSauvage. <strong>Grenoble</strong>.


ACTIVITE... LA PLUS GRANDE AIREPhilibert CLAPPONI<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong>A et B sont <strong>de</strong>ux points du cercle.Où placer le point M sur le cercle pour que l'aire du triangle ABM soit la plusgran<strong>de</strong> possible.Justifiez soi~neusement votre réponse.Comment placer les trois points R , S et T pour que l'aire du triangle RST soitla plus gran<strong>de</strong> possible.Justifiez soigneusement votre réponse.• 0~--«petit x» nO 29 p. 14, 1991-1992


AUTOUR DE L'ENSEIGNEMENTDE LA GEOMETRIE AU COLLEGEDeuxième partieAlain IvIERCIERJacques TONNELLE<strong>IREM</strong> d'Aix-MarseilleLe lecteur trouvera ci-après la <strong>de</strong>uxième partie d'un dossier élaboré à l'occasionet dans le cadre d'un stage <strong>de</strong> formation continue <strong>de</strong> quatre jours, réalisé, sous l'égi<strong>de</strong><strong>de</strong> la MAFPEN <strong>de</strong> l'Académie d'Aix-Marseille, et à l'intention <strong>de</strong> professeurs <strong>de</strong>Collège confrontés à la mise en oeuvre <strong>de</strong> nouveaux programmes, par une équipe <strong>de</strong>l'<strong>IREM</strong> d'Aix-Marseille constituée d'Yves Chevallard, Michel Jullien, Alain Mercier etJacques Tonnelle.Le texte qui suit se compose <strong>de</strong> la troisième section, intitulée Vers une étu<strong>de</strong>rationnelle <strong>de</strong> ['espace et <strong>de</strong>s objets qui sont dans ['espace. On y engagel'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'activité géométrique que les programmes induisent, et <strong>de</strong> la solution queles manuels proposent,. on y cherche une solution compatible avec les contraintesmises en évi<strong>de</strong>nce dans la première section, qui se terminait sur cette déclaration:« Le savoir géométrique - la géométrie - a été associé <strong>de</strong>puis ses originesà l'aventure <strong>de</strong> la civilisation occi<strong>de</strong>ntale. Dans cette entreprise, il a jouéconstamment un double rôle. D'une part, la géométrie s'est constituéecomme une science <strong>de</strong> l'espace, se fixant ses propres valeurs, ses propresenjeux, ses propres problèmes, et ayant pour cela un développementpartiellement autonome. Socialement, elle a constitué <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue unsavoir savant, proposé en modèle à tous les autres (quand elle n'était pasen conflit avec eux - comme ce fut le cas avec la rhétorique, dans l'Europe<strong>de</strong>s XVIIe et XVIIIe siècles). Dans le même temps, regardéeculturellement comme théorie en acte <strong>de</strong> la rationalité, elle a, comme on l'adéjà souligné, joué un rôle majeur dans la formation intellectuelle etculturelle <strong>de</strong>s hommes. Mais, d'autre part, quelque savante qu'ait été sonorganisation, la géométrie n'a jamais cessé <strong>de</strong> jouer le rôle <strong>de</strong> technologie<strong>de</strong> l'espace, <strong>de</strong> théorie <strong>de</strong> la maîtrise pratique <strong>de</strong> l'espace. Il s'agit-là d'unefonction sociale attestée dès la plus haute antiquité et dont même latradition savante nous a rapporté l'existence à travers quelques épiso<strong>de</strong>smémorables - Thalès et les pyrami<strong>de</strong>s ou, plus près <strong>de</strong> nous, Archimè<strong>de</strong>et ses « méchaniques ». (...) Toute représentation graphique est ainsi unmoment, une forme déterminée (et variable), d'une modélisation <strong>de</strong>l'espace, moyen <strong>de</strong> production <strong>de</strong> connaissances que comman<strong>de</strong> le savoir«petit x» nO 29 pp. 15 à 56, 1991-1992


16géométrique et qui comman<strong>de</strong> l'action sur le sensible. C'est à cette notionque l'on <strong>de</strong>vra tenter <strong>de</strong> rapporter ce que tout enseignement <strong>de</strong> lagéométrie, quel qu'il soit, propose »1.Soulignons que ces textes ne se veulent nullement ouverts à une lecture cursiveet indolente : faits pour l'étu<strong>de</strong>, ils appellent l'étu<strong>de</strong>...C. VERS UNE ETUDE RATIONNELLE DE L'ESPACE ET DESOBJETS DE L'ESPACE1. Le lexique <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> géométrieLa difficulté <strong>de</strong> l'analyse que nous <strong>de</strong>vons mener provient <strong>de</strong> l'absence <strong>de</strong>références savantes sur le sujet. Dans la «pratique savante» en effet, lesmathématiciens ne s'embarrassent pas <strong>de</strong> nombreuses distinctions sur la nature <strong>de</strong>sobjets qu'ils manipulent pour produire <strong>de</strong>s mathématiques, parce qu'en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>srares pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> « crise <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments », il n'est pas besoin d'épistémologie pourproduire <strong>de</strong>s savoirs nouveaux. Ainsi les mathématiciens, le plus souvent, n'étudientpas les problèmes spatiaux, mais <strong>de</strong>s systèmes géométriques pour lesquels ilsdisposent <strong>de</strong>s schémas correspondants: ce qu'ils appellent les figures géométriques.Ils n'ont, souvent, même pas besoin <strong>de</strong> «réaliser» ces figures, parce qu'elles sontdécrites dans d'autres formalismes (algébriques, etc.) avec bien plus d'efficacité (unefigure est pour eux ce que certains agents du système d'enseignement appelleraient uneconfiguration). Les multiples apparences et fonctions <strong>de</strong>s figures induisent en partie,pour les activités graphiques et les objets qu'elles produisent, une confusion <strong>de</strong>s rôlesque nous rencontrons jusque dans les mathématiques savantes, dès que le travail neporte pas sur les fon<strong>de</strong>ments mêmes <strong>de</strong> la géométrie.Etudier le lexique <strong>de</strong>s programmes du Collège, ce sera pour nous étudier le type<strong>de</strong> savoirs géométriques et <strong>de</strong> savoirs sur l'espace que les programmes proposentd'enseigner. C'est étudier conjointement les effets, dans la rédaction <strong>de</strong> cesprogrammes, <strong>de</strong> formulations venues <strong>de</strong> la pratique savante ordinaire, parce qu'ellesvont contraindre l'action enseignante: en analysant ces contraintes, nous tentons <strong>de</strong>reconquérir une part <strong>de</strong> la liberté que, en principe, le texte <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong>vraitouvrir à l'enseignant.Le titre général <strong>de</strong>s programmes actuels (1991) pour le Collège est dans la lignedu mouvement <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong> l'élève, pour les questions nongéométriquescomme pour celles qui nous intéressent ici: «Travaux géométriques».Dès la première phrase, le ton est donné. Pour la sixième comme pour les classessuivantes, la même phrase initiale est répétée: « L'objectif fondamental <strong>de</strong>meure la<strong>de</strong>scription et la représentation d'objets géométriques usuels du plan et <strong>de</strong> l'espace ».Ces objectifs <strong>de</strong>meureront tout au long du collège. Ils comman<strong>de</strong>nt le titre <strong>de</strong> cetarticle, mais nous nous sommes proposé, avec l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> l'espace, l'étu<strong>de</strong><strong>de</strong> l'espace lui-même.1 Chevallard Y., Jullien M. (1991), Autour <strong>de</strong> l'enseignement <strong>de</strong> la géométrie au collège, Premièrepartie. Petit x, 27. 41-76.


17Ces commentaires induisent une première limitation, et une confusion. Lalimitation est évi<strong>de</strong>nte: l'usage <strong>de</strong> ces objets « usuels» du plan ou <strong>de</strong> l'espace quisont <strong>de</strong>s objets « géométriques» n'est-il pas trop réduit, quand on se limite à lesdécrire et à les représenter? La confusion est plus délicate à montrer: ce n'est pas unusage matériel <strong>de</strong>s objets géométriques, ce n'est pas non plus un usage géométrique<strong>de</strong>s objets matériels qui est <strong>de</strong>mandé ici par les commentaires.Si l'on considère par exemple, en prenant le mot « géométrique» dans sonsens culturel, que <strong>de</strong>s cubes matériels - <strong>de</strong>s cubes <strong>de</strong> bois - sont <strong>de</strong>s objetsgéométriques, quel en est l'usage et en quelles opérations sont-ils usuels? Si l'onconsidère les triangles tracés sur une feuille <strong>de</strong> papier, et si on les pose comme <strong>de</strong>sobjets matériels, là encore, <strong>de</strong> quels usages matériels sont-ils les objets? En étantréalistes, et en prenant le mot d'« objets géométriques» dans son sens mathématique,nous pourrions dire que leur usage, en classe, consiste surtout ...à être les objets <strong>de</strong>notre intérêt par leur participation aux figures. Mais si les objets sont usuels, lesfigures, elles, s'étudient (d'une étu<strong>de</strong> qui s'outille en Sixième et Cinquième <strong>de</strong>ssymétries centrale et orthogonale). Elles ne se décrivent ni ne se représentent,puisqu'elles sont les représentations matérielles <strong>de</strong>s objets théoriques <strong>de</strong> la géométrieélémentaire (bien que la géométrie élémentaire n'ait pas <strong>de</strong> place en tant que théorieconstituée, dans ce contexte). Une interprétation du texte dans les termes <strong>de</strong> lagéométrie euclidienne traditionnelle (telle par exemple qu'elle pouvait vivre avant laréfonne dite « <strong>de</strong>s mathématiques mo<strong>de</strong>rnes») ne sera pas plus aisée à tenir 2 .Continuons notre lecture: «Dans l'espace, les étu<strong>de</strong>s expérimentaless'amplifient. Elles fournissent un terrain pour dégager quelques propriétés duparallélisme et <strong>de</strong> l'orthogonalité ». Ainsi se termine l'introduction, et cette fin nouséclaire.L'enjeu déclaré <strong>de</strong> l'enseignement <strong>de</strong> la géométrie au collège est bien l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>l'espace sensible. Cette étu<strong>de</strong> est censée prendre appui sur l'étu<strong>de</strong> (expérimentale) <strong>de</strong>sobjets qui sont dans l'espace.Pour les objets qui sont dans l'espace sensible « à trois dimensions », lesconfusions que nous avons repérées amènent les auteurs à pencher du côté <strong>de</strong>s objetsmatériels, que l'on construit avec <strong>de</strong>s ciseaux et <strong>de</strong> la colle (puisqu'ils n'est paspossible d'atteindre la matérialité <strong>de</strong> ces objets dans le laboratoire graphique <strong>de</strong> lafeuille <strong>de</strong> papier indépendamment d'une technique permettant <strong>de</strong> les représenter). Lesmêmes confusions les amènent à pencher du côté <strong>de</strong>s objets géométriques lorsqu'il estquestion <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> l'espace plan (le travail expérimental sur les objets matériels quesont les tracés sur la feuille <strong>de</strong> papier étant i<strong>de</strong>ntifié avec un travail géométrique sur lesfigures <strong>de</strong> l'espace géométrique).Ainsi, en un immense effet <strong>de</strong> glissement <strong>de</strong> sens dû au partage didactique <strong>de</strong>stâches, les enseignants doivent donner à voir <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong> l'espace, les classerselon que les transformations les conservent ou non, «habit~er les élèves àconjecturer, à caractériser une figure, à construire un quadrilatère en mettant en oeuvredroites et cercles, dégager <strong>de</strong>s propriétés générales, etc. », tandis que les élèvesdoivent manifester <strong>de</strong>s compétences bien matérielles: ils « représentent un prismedroit,jabriquent un prisme droit, construisent le symétrique d'un point, d'une droite,d'une ligne polygonale, par <strong>de</strong>mi-tour ou pliage, reconnaissent dans une figure un2 Il semble en effet que l'importation <strong>de</strong> la géométrie euclidienne classique (sans autre forme <strong>de</strong>procès, c'est-à-dire comme si cette importation allait <strong>de</strong> soi parce que son usage était classique il y aquelques décennies) par le biais <strong>de</strong> l'introduction <strong>de</strong>s objets géométriques dans la pratique matérielle <strong>de</strong>l'espace sensible ait pour effet <strong>de</strong> dépouiller cette pratique matérielle <strong>de</strong> toute effectivité. Nous yreviendrons.


18centre ou un axe <strong>de</strong> symétrie, reproduisent sur papier quadrillé ou blanc, unparallélogramme donné, tracent le cercle circonscrit à un triangle, tracent un trianglequand ils connaissent les longueurs <strong>de</strong>s trois côtés, etc. ». Que, <strong>de</strong> ces activités, sedégagent <strong>de</strong>s propriétés du parallélisme ou <strong>de</strong> l'orthogonalité est un résultat aussialéatoire que l'émergence d'un texte en prose dans l'activité quotidienne <strong>de</strong> MonsieurJourdain. Son professeur <strong>de</strong> philosophie n'y suffisait pas plus que les enseignantsd'aujourd'hui. L'injonction d'agir ainsi est pourtant inscrite dans les commentaires duprogramme.L'empirisme est la position épistémologique qui permet <strong>de</strong> penser que l'activitéscolaire proposée aux élèves dans ce cadre peut les conduire aux savoirsmathématiques attendus: il donne en effet à penser que le savoir s'obtient par« abstraction» <strong>de</strong> la pratique, en un processus qui tient d'une alchimie <strong>de</strong> la pensée:l'extraction <strong>de</strong> la quintessence <strong>de</strong> l'action. Nous savons que les connaissancesgéométriques ne se construisent pas ainsi, pour en avoir analysé l'émergence dans lescas où nous pouvions disposer <strong>de</strong> documents analysables: les cas historiques. C'estce que nous le montrerons d'abord.Les élèves <strong>de</strong> Collège, en attendant que l'alchimie scolaire transmue leur activitéen savoir, restent dans la position d'avoir à tracer « <strong>de</strong>s traits, <strong>de</strong>s traits, encore <strong>de</strong>straits », selon le mot <strong>de</strong> l'un d'entre eux à qui l'on posait la question « Qu'est-ce,pour toi, que la géométrie? ». D'autres, en 6° et 5° notamment, pensent que lagéométrie, c'est le calcul <strong>de</strong>s longueurs et <strong>de</strong>s surfaces: les autres activités qu'ils ontpu mener dans le cadre <strong>de</strong> la classe <strong>de</strong> géométrie ne leur sont pas repérables, elles nesont pas pour eux <strong>de</strong>s activités relevant d'un savoir nommable, comme le calcul.L'enquête peut se répéter aisément, elle produit assez systématiquement les mêmesréponses, et les élèves échouent tout autant à nommer «un phénomènegéométrique ».Pour prendre ici un exemple, la confusion entre preuve <strong>de</strong> constructibilité etprocédé <strong>de</strong> tracé est à l'œuvre dans nombre d'exercices proposés dans les manuelsactuels (ainsi que dans d'autres ouvrages <strong>de</strong>stinés aux professeurs <strong>de</strong> collège comme,par exemple, le « Suivi scientifique 1985-1986» <strong>de</strong>s lREM), parce que, dansl'ensemble <strong>de</strong> ces travaux, l'oubli <strong>de</strong>s phénomènes produits par la transpositiondidactique et en premier par le libellé <strong>de</strong>s commentaires <strong>de</strong>s programmes induit cetteconfusion. Le premier signe s'en trouve dans l'utilisation synonymique <strong>de</strong>s verbes« tracer» et « construire ». Utiliser indifféremment ces <strong>de</strong>ux termes pour indiquer laconsigne <strong>de</strong> tel ou tel exercice ne permet pas à l'élève <strong>de</strong> reconnaître ce qu'on attend <strong>de</strong>lui. Ainsi verra-t-on coexister les énoncés suivants, dans la même série d'exercices dumême ouvrage 3 :Construis un segment <strong>de</strong> longueur 2,7 cm et le cercle qui admet cesegment pour diamètre.Trace trois points non alignés A, B et C, puis le cercle passant par cespoints.Une telle distinction manifeste-t-elle une attente différente, ou est-ce un effet <strong>de</strong>style, l'emploi d'un synonyme pour éviter la répétition d'un terme? Est-ce que dans3 II s'agit du manuel Mathématiques 6e, Collection Didamath, Didier, Paris, 1986, pp. 89-90.


19le <strong>de</strong>uxième exercice, le mot « Trace» sous-entend qu'une figure obtenue par essaiset erreurs - par approximations successives - sera acceptée par le professeur? Et estceque le mot « Construis» implique que l'on <strong>de</strong>vra donner un algorithme <strong>de</strong>construction à la règle et au compas, puis, justifier que l'algorithme produit bien cequ'il annonce? (Ces exercices suivent une leçon sur la médiatrice). La réponse à cesquestions dépend essentiellement <strong>de</strong>s exigences habituelles du professeur dans saclasse et l'élève, face à tant d'implicite dans la consigne, a pour seul gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduiteces habitu<strong>de</strong>s, qui apparaissent comme les caractères personnels <strong>de</strong> tel enseignant:ses caprices.En <strong>de</strong> telles occasions, ce que l'élève risque surtout d'apprendre c'est à <strong>de</strong>vinerce qui lui apparaît comme le désir du professeur à son endroit. Cela instaure unerelation didactique qui sera nécessairement une relation à forte charge affective: unerelation du type « maternage »4. Par ce moyen, les enfants <strong>de</strong>viennent propres,apprennent à marcher et à manger seuls, mais c'est un procédé bien peu « classique»pour <strong>de</strong>s savoirs scolaires, et la gratification possible est bien abstraite, dans ce cadre.Si, même, l'enseignant réussit àéviter l'écueil du maternage au terme du glissement <strong>de</strong>sens <strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong>mandée aux élèves, il a peu <strong>de</strong> chances d'arriver à ne pasconfondre ces trois registres <strong>de</strong> l'activité géométrique qui cherche à rendre compte <strong>de</strong>phénomènes spatiaux G'ai nommé le tracé du schéma, la réalisation <strong>de</strong> l'expériencegraphique, le tracé ou la construction <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong> géométrie), et à engager l'étu<strong>de</strong><strong>de</strong>s problèmes qui se posent à propos d'objets qui sont dans l'espace.Le risque est alors bien grand, <strong>de</strong> ne plus être capable d'articuler si nécessaire lestrois niveaux <strong>de</strong> l'activité graphique en géométrie, par exemple, au moment du travail<strong>de</strong> la rationalité à l'oeuvre dans activités géométriques, au moment où seront<strong>de</strong>mandées les premières démonstrations, en Quatrième ou en Secon<strong>de</strong>.2. La question <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> l'espaceSocrate: La musique et /' architecture seules savent user <strong>de</strong> moyenssensibles qui ne soient pas <strong>de</strong>s ressemblances <strong>de</strong> choses sensibles, et <strong>de</strong>sdoubles <strong>de</strong>s êtres connus ,." donner <strong>de</strong>s figures aux lois, ou déduire <strong>de</strong>slois elles-mêmes leurs figures (. ..) Les figures, ces êtres à <strong>de</strong>mi concrets,à <strong>de</strong>mi abstraits sont <strong>de</strong>s êtres singuliers, véritables créatures <strong>de</strong> l' homme,qui participent <strong>de</strong> la vue et du toucher, mais aussi <strong>de</strong> la raison, du nombre,et <strong>de</strong> la parole (. ..)Phèdre: Mais toutes les figures ne sont-elles pas géométriques?Socrate: Pas plus qu'un bruit n'est un son musical (. ..) Pas <strong>de</strong> géométriesans la parole. Sans elle, les figures sont <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts,. et ne manifestent,ni ne servent, la puissance <strong>de</strong> l'esprit. Par elle, les mouveme.nts qui lesengendrent étant réduits à <strong>de</strong>s actes, et ces actes nettement désignés par<strong>de</strong>s mots, chaque figure est une proposition qui peut se composer avecd'autres,. et nous savons ainsi, sans plus d'égards à la vue ni aumouvement, reconnaître les propriétés <strong>de</strong>s combinaisons que nous avons4 Dans la relation dite « <strong>de</strong> maternage », l'apprentissage est la manifestation <strong>de</strong> l'amour <strong>de</strong> l'enfantpour la mère: l'anticipation du désir qu'elle a, <strong>de</strong> le voir manger, marcher, être propre, etc. La mèreattend que cet amour se traduise par <strong>de</strong>s comportements, et lorsque l'enfant a manifesté cescomportements, la mère montre son plaisir en gratifiant, en retour, l'enfant <strong>de</strong> son amour. En luipermettant par exemple un geste <strong>de</strong> réunion: -elle le prend dans ses bras et il se serre contre elle.


20faites,. et comme construire ou enrichir l'étendue, au moyen <strong>de</strong> discoursbien enchaînésCar qu'est-ce, la raison, sinon le discours lui-même, quand lessignifications <strong>de</strong>s termes sont bien assurées <strong>de</strong> leur permanence, et quandces significations immuables s'ajustent les unes avec les autres, et secomposent clairement? Et c'est là une même chose avec le calcul. (...) 52.1. Le schéma, le croquis, les représentationsDans la culture mathématique scolaire, on rencontre à peu près exclusivement unseul type d'objet graphique, les figures. Le schéma que l'on trouve parfois estconsidéré comme un brouillon <strong>de</strong>figure, dont la production serait l'effet d'un manque(<strong>de</strong> temps, <strong>de</strong> travail, etc.) et, dans certaines classes techniques où l'enjeu est <strong>de</strong> tracerla représentation d'un objet industriel, on trouve <strong>de</strong>s épures. Afin <strong>de</strong> montrer lesdifférences fonctionnelles entre figures « à la règle et au compas », « à main levée »,et « schéma» ou « épure », nous allons remonter le temps - non parce que « c'étaitmieux, ou pire, avant », mais pour prendre <strong>de</strong> la distance avec les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> laclasse <strong>de</strong> mathématiques. Nous vivons ses pratiques en enseignants, en premièrepersonne, sans pouvoir prendre suffisamment <strong>de</strong> recul. Nous allons donc observerplus particulièrement ce qu'il en est <strong>de</strong>s enjeux respectifs du schéma et <strong>de</strong> la figure.Nous nous proposons <strong>de</strong> partir d'un« <strong>de</strong>ssin» <strong>de</strong> Léonard <strong>de</strong> Vinci, qui représenteune « pince serrante 6 » (figure!). On sait qu'ilétait un ingénieur, un inventeur, et qu'il possédaittoutes les techniques du <strong>de</strong>ssin en perspective,c'est pourquoi nous pouvons affirmer que dansun <strong>de</strong> ses tableaux, Léonard <strong>de</strong> Vinci n'aurait pasreprésenté ainsi une pince réelle, parce qu'il auraitrespecté la perspective <strong>de</strong> l'objet: il est en effetl'un <strong>de</strong>s tout premiers peintres à avoirsystématiquement « saisi» tous les objets etpersonnages d'un tableau dans la mêmeconstruction perspective et à avoir unifié par cettefigure!construction l'espace <strong>de</strong> la représentation,l'espace du tableau.Chacun peut cependant remarquer les « erreurs <strong>de</strong> perspective» dont cette« représentation» est truffée. Les articulations qui permettraient le fonctionnementeffectif <strong>de</strong> l'objet, manquent. Il ne s'agit certainement pas du <strong>de</strong>ssin qui représenteraitune pince réelle, comme le peintre pourrait en tracer: Léonard <strong>de</strong> Vinci n'y aurait paslaissé ces « erreurs » <strong>de</strong>scriptives.5 Ces citations sont extraites d'un dialogue fictif écrit par Paul Valéry pour parler du travail <strong>de</strong>l'architecte. Valéry P. (1924), Eupalinos, (réédition 1944, Paris, Gallimard).6 Dessin d'après Gille B. (1964), Les ingénieurs <strong>de</strong> la renaissance, Paris, Hennann.


21Si la perspective avait été utile au travail technique,l'auteur ne se serait pas privé <strong>de</strong> faire appel à sesconnaissances en la matière comme nous le voyonspour ces paliers anti-usure sur lesquels repose l'axed'une meule? (figure 2). Que trouve-t-on sur laprésentation <strong>de</strong> la pince, que nous appellerons unschéma contrairement à l'objet graphique <strong>de</strong> la figure2, qui représente l'effet technique d'un objet réel? figure 2Les crocs sont <strong>de</strong>ssinés, pour qu'on reconnaisse qu'il s'agit d'une pince, maisce <strong>de</strong>ssin importe peu comme tel: il s'agit d'une simple esquisse. Les bras sont, euxaussi, esquissés. Les pièces importantes sont dans une représentation perspectivemieux contrôlée: la vis <strong>de</strong> serrage, l'écrou qui maintient le bras, la manivelle en croixqui manoeuvre la vis, et l'évi<strong>de</strong>ment qui permet le jeu <strong>de</strong> la vis dans le bras mobile.Analysons la pince du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> sa mécanique, nous comprenons que la vis estsaisie dans le premier bras, avec lequel elle fait un angle constant, ce qui nécessite lalongue ouverture que l'on peut voir dans le second bras.L'étu<strong>de</strong> géométrique (menée par le moyen <strong>de</strong>l'épure technique <strong>de</strong> la figure 3) montre la nécessité <strong>de</strong>cette ouverture pour assurer la mobilité <strong>de</strong>s bras <strong>de</strong> lapince. Al'actif <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, nous pouvons affirmerqu'une telle pince n'a pas existé. Nous pourrionsnous en convaincre en cherchant une pince actuelle <strong>de</strong>même type: nous n'en trouverons pas <strong>de</strong> semblable.Un raisonnement mécanique immédiat nous en montrel'impossibilité: la réaction du bras sur l'écrou et surla vis qui porte l'écrou tordrait immédiatement cellelà.Une pince serrante manoeuvrée par une vis existesans doute dans l'arsenal <strong>de</strong>s objets techniques, maisla vis doit s'y trouver prise entre <strong>de</strong>ux pointsfigure 3articulés aux bras qu'ils manœuvrent, afin que lesarticulations ne transmettent que <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong>tension: la vis tire les écrous l'un vers l'autre.Les recherches sur les utilisations possibles <strong>de</strong> la vis fleurissent dans les carnetstechniques <strong>de</strong> la Renaissance, <strong>de</strong>puis sans doute que l'on commence à fabriquer <strong>de</strong>smachines à tarau<strong>de</strong>r et <strong>de</strong>s tours à décolleter les filetages (pour les vis <strong>de</strong> bois, mais ilest possible <strong>de</strong> commencer à rêver: nous trouverons bientôt <strong>de</strong>s vis <strong>de</strong> laiton), ainsique <strong>de</strong>s machines à tailler les engrenages. Il est ainsi possible <strong>de</strong> penser mécanique,parce que l'on commence à maîtriser les idées sur les mécanismes qui gui<strong>de</strong>nt outransforment les mouvements et les forces, en même temps que l'on maîtrise mieux letravail du métal pour les éléments matériels <strong>de</strong> ces mécanismes. Léonard <strong>de</strong> Vinci luimême est connu pour avoir inventé plusieurs d'entre eux, dont certains ont étéréalisés. Mais, sa statique était-elle trop rudimentaire pour qu'il puisse, dès le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>la conception <strong>de</strong> l'outil, analyser la résultante <strong>de</strong> torsion s'exerçant sur la vis? Sansdoute. En tous cas, son schéma ne représente que ce qui, <strong>de</strong> l'idée <strong>de</strong> pince serrante,est, dans le premier moment du travail, sous contrôle : ce qui est graphiquementnécessaire à la compréhension <strong>de</strong> l'idée <strong>de</strong> l'objet, à la reconnaissance <strong>de</strong> sa fonction.7 Uonard <strong>de</strong> Vinci, Co<strong>de</strong>x Madrid J. il s'agit <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription d'un dispositif, observé en Allemagnepar un <strong>de</strong> ses assistants.


22La manivelle <strong>de</strong> manoeuvre <strong>de</strong> la vis (ou <strong>de</strong> l'écrou) parexemple, n'est pas représentée en perspective, <strong>de</strong>manière réaliste: ceci n'est décidément pas le <strong>de</strong>ssind'un objet. Observons encore le « moulin à bras »8 <strong>de</strong>la figure 4 : c'est la première représentation certaine <strong>de</strong>ce mécanisme, un système bielle-manivelle associé à unvolant d'inertie (un régulateur à masses mobiles), unmécanisme particulièrement original, qui transforme unmouvement alternatif en mouvement rotatifsuffisamment régulier. La représentation <strong>de</strong> la partie« moulin» (conventionnelle) suffit tout juste à montrerfigure 4une fonction <strong>de</strong> ce mécanisme et n'a pas été travailléeplus en détail.Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> style, il ne s'agit <strong>de</strong> représenter que <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong>machines. Car lorsqu'un peintre fait <strong>de</strong>s esquisses et <strong>de</strong>s croquis préalables à un<strong>de</strong>ssin, il est bien plus précis: les grues représentées par Peter Bruegel l'Ancien dansles tableaux représentant la construction <strong>de</strong> la Tour <strong>de</strong> Babel, le montrent à l'évi<strong>de</strong>nce.Mais il ne s'agit plus <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> d'un objet possible mais <strong>de</strong> la représentation (le <strong>de</strong>ssincontrôlé par la technique du <strong>de</strong>ssin perspectif) d'un objet mécanique qui est un <strong>de</strong>séléments du décor. Nous retiendrons l'exemple <strong>de</strong> ce tableau <strong>de</strong> B. PoccettiFabrication <strong>de</strong> la poudre à canon, Florence (figure 5).la couverture <strong>de</strong>s ingénieurs <strong>de</strong> la renaissancefigure 58 Il provient d'un manuscrit (anonyme) que les érudits allemands ont appelé « <strong>de</strong> la guerre hussite ».Daté du début du 15ème siècle (postérieur à 1421), il a dû être réalisé dans la région située entreMunich et Nüremberg.


23Nous pourrions dire alors que le <strong>de</strong>ssin perspectif a pu, dans le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong>speintres, unifier l'espace perceptif par le moyen <strong>de</strong> la représentation avant d'être l'outild'un travail sur les caractères techniques <strong>de</strong>s objets techniques. Léonard <strong>de</strong> Vinci estsans doute l'un <strong>de</strong>s premiers ingénieurs <strong>de</strong> la Renaissance à engager cette évolution,qui trouvera son point culminant avec Stevin. Lorsque cette évolution sera accomplie,à la fin <strong>de</strong> la Renaissance, il n'y aura plus <strong>de</strong> travail possible sur la technique <strong>de</strong>sobjets mécaniques sans le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> ces objets dans un espace perspectif unifié: sansl'épure technique (qui évoluera pour donner la représentation en trois vues que nousconnaissons).2.2. Le schéma, outil d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s problèmes spatiauxNous appellerons dorénavant schéma l'objet graphique dont la fonction est lareprésentation d'une idée à propos d'un objet <strong>de</strong> l'espace ou d'un objet dans l'espace.Nous avons étudié l'exemple du schéma d'une vis <strong>de</strong> serrage pour une pince, d'unsystème bielle-manivelle régulé par un système à boules, etc. Nous allons étudiercomment les schémas peuvent <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s outils pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> problèmes spatiaux,et en particulier comment ils définissent un cadre où mener le travail sur le système <strong>de</strong>signes qu'ils forment - c'est la géométrie - et comment on passe ainsi du schéma à lafigure. De l'outil d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s objets (ici, <strong>de</strong>s objets mécaniques) qui sont dans l'espaceà l'outil d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'espace où sont les objets (ici, l'espace <strong>de</strong> la mécanique).Ce qui rend nécessaire le changement <strong>de</strong> cadre et le passage au cadregéométrique proprement dit, c'est que le schéma ne permet pas <strong>de</strong> travailler une idée, ilpermet seulement <strong>de</strong> la représenter, <strong>de</strong> la mettre spatialement en scène, parce qu'iln'est pas partie prenante d'un système <strong>de</strong> signes. La souplesse qui s'ensuit en fait toutl'intérêt, dans le premier moment du travail: s'il n'est pas lui-même outil sémiotiqueélaboré, il permet l'accès à un tel outil en introduisant au cadre théorisé <strong>de</strong> lagéométrie. Nous pourrions bien sûr, pour montrer ce phénomène, revenir à Léonard<strong>de</strong> Vinci qui, dans ses étu<strong>de</strong>s techniques sur les frottements et l'usure, a utilisél'espace <strong>de</strong> la feuille <strong>de</strong> papier comme espace géométrisé pour la modélisation <strong>de</strong>squestions mécaniques qu'il abordait; nous pourrions aussi prendre un exemplecontemporain; mais nous disposons d'un exemple plus intéressant encore avec laStatique, <strong>de</strong> Simon Stevin, récemment rééditée 9 .L'étu<strong>de</strong> en est particulièrement instructive, parce que les problèmes que Stevinse pose sont <strong>de</strong>s problèmes qui se posent dans l'espace, mais ne sont pas <strong>de</strong>sproblèmes <strong>de</strong> l'espace. En étudiant la Statique, nous pourrons observer commentl'auteur se heurte à <strong>de</strong>s obstacles dûs aux techniques <strong>de</strong> géométrisation <strong>de</strong>s problèmesqu'il met au point: en surmontant ces obstacles il mathématise les problèmes <strong>de</strong>forces et il invente une science nouvelle 10 (qui se travaille dans le cadre d'un modèlegéométrique). Stevin en effet construit la Statique cornille une théorie: à la manière<strong>de</strong>s « Eléments » d'Eucli<strong>de</strong>, qui sont le modèle <strong>de</strong> la rationalité à son époque, c'est-àdiresur le modèle <strong>de</strong> ce qui est pour lui la théorie mathématique <strong>de</strong> l'espace; à lamanière <strong>de</strong> « De l'équilibre <strong>de</strong>s figures planes» d' Archimè<strong>de</strong>~ Il construit la Statiquecomme théorie mathématisée, non pas à l'image <strong>de</strong> la géométrie mais à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> lagéométrie. L'ouvrage qui nous intéresse ici est donc l'un <strong>de</strong>s tout premiers traités <strong>de</strong>9 1987, Paris, ACL-éditions.10 La théorie <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> gravité d'Archimè<strong>de</strong> est une théorie <strong>de</strong>s «centres géométriques )).Archimè<strong>de</strong>, De l'équilibre <strong>de</strong>s figures planes, (1971, Texte établi et traduit par Charles Mugler), TomeII, pp. 75-125, Paris, Les Belles Lettres.


24physique mo<strong>de</strong>rne: <strong>de</strong> physique mathématique. L'auteur part <strong>de</strong>« définitions» et <strong>de</strong>« pétitions» pour fabriquer <strong>de</strong>s « propositions» qui se divisent en « théorèmes»et « problèmes ». Nous reproduisons ci-<strong>de</strong>ssous l'argument du premier livre, DesEléments <strong>de</strong> Statique, avec la plupart <strong>de</strong>s définitions et quelques extraits <strong>de</strong>sdéclarations initiales, puis nous étudions le premier théorème <strong>de</strong> ces Eléments encommentant sa démonstration. Nous suivons le travail <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> la théorie,tout au long <strong>de</strong> l'évolution du schéma à lafigure, qui caractérise ce travaiLARGUMENT DU PREMIER LIVRELes Eléments <strong>de</strong> Statique (lesquels traitent <strong>de</strong>s pesanteurs entendues enl'idée être sans matière) se divisera en <strong>de</strong>ux parties, dont l'une sera <strong>de</strong> 14définitions, et la secon<strong>de</strong> <strong>de</strong> 28 propositions, <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s poids, quisont <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sortes, comme droits et obliques. Les droits ont <strong>de</strong>uxespèces, à savoir élevants et déprimants, décrits dans les 18 premièrespropositions. Les obliques sont aussi <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux espèces, comme élevants etdéprimants, décrits consécutivement, comme il se verra plus clairement enla table suivante.la première 14 définitionsLa théorie <strong>de</strong>s élevantspesanteurs a <strong>de</strong>ux~roitS etparties, contenant: {{{Iceux déprimantsla secon<strong>de</strong> 28 propositionsobliques élevantset iceux{ déprimantsPREMIERE PARTIEDéfinition 1.Statique, est une science qui déclare les raisons, proportions et qualités <strong>de</strong>spoids etpesanteurs <strong>de</strong>s corps.Déclaration.Tout ainsi que la Géométrie considère les gran<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>s figures, et nonpas leurs pesanteurs (...) <strong>de</strong> même la Statique considère leurs pesanteurset non pas leurs gran<strong>de</strong>urs (...)Définition II.La pesanteur d'un corps, c'est la puissance qu'il a <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre, au lieuproposé. (. ..)Définition III.Pesanteur connue est celle dont le poids se peut exprimer certainement.(...)Définition IV.Centre <strong>de</strong> gravité est celui, auquel si on imagine le soli<strong>de</strong> être suspendu, ilse tiendra en toutes les positions qu'on lui peut donner. (...)


~E25Déclaration.Soit ABC un globe <strong>de</strong> matière et pesanteur semblable<strong>de</strong> tout côté, suspendu en son centre D, par la ligneED ; il apparaît qu'il se tiendra en toute sorte <strong>de</strong>position qu'on le tournera (...) Il faut comprendre qu'ily a un centre <strong>de</strong> gravité en tous corps, tant réguliers ouirréguliers (...) Le centre <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong>s figuresordonnées comme Colonnes, Globes, Sphéroï<strong>de</strong>s, etles cinq corps réguliers, et <strong>de</strong> matière uniforme, est lemême centre que celui <strong>de</strong> leurs figures et gran<strong>de</strong>urs,qui s'appelle autrement centre géométrique. Quant auxsoli<strong>de</strong>s qui n'ont pas la matière uniforme, il n'est pasfigure 6 nécessaire qu'ils aient ces <strong>de</strong>ux centres en un mêmepoint (...)On voit une pesanteur, représentée par un « globe» « suspendu» à un « fil »tenu par une main <strong>de</strong>ssinée (figure 6). La difficulté est celle-ci: Stevin doit, pourréussir la géométrisation <strong>de</strong> son problème, exprimer graphiquement la pesanteur,puisque c'est une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs qui entrent dans la relation qu'il cherche. Ce problèmenous permet <strong>de</strong> montrer un schéma au travail: il ne fonctionne ni commereprésentation ni comme objet géométrique, d'autant que la pesanteur n'est pas unegran<strong>de</strong>ur géométrique (une propriété <strong>de</strong> l'espace) et ne saurait être <strong>de</strong>ssinée. Maisl'objet graphique proposé décrit graphiquement une expérience <strong>de</strong> pesée qui supposeune force opposée à la pesanteur, une force qui sert à la suspension <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong>pesanteur (qui suspend .. .la <strong>de</strong>scente du corps). L'intensité particulière <strong>de</strong> cette forcen'est pas objet <strong>de</strong> calcul, ni même <strong>de</strong> théorie. C'est pourquoi le graphisme quil'indique n'est pas géométrique: la main la représente, en « tenant» l'ensemblecomme au bout d'un fil tendu. L'aspect « réaliste» <strong>de</strong> la main signifie que la forcecorrespondante n'est pas modélisée, qu'elle n'est pas prise en compte dans l'étu<strong>de</strong> dusystème. Cependant, le système est fermé grâce à sa présence: la main montrel'ouverture du système <strong>de</strong>s forces qui serait réalisée en son absence.L'objet graphique proposé n'est donc pas un <strong>de</strong>ssin. S'il fallait encore nous enconvaincre, remarquons que Stevin n'a pas <strong>de</strong>ssiné un « globe », puisque le fil <strong>de</strong>suspension est tracé jusqu'au centre du trait circulaire qui désigne le globe;l'ensemble ne forme pourtant pas une figure géométrique, la main <strong>de</strong>ssinée le montre.Il s'agit <strong>de</strong> ce que nous avons appelé un schéma, <strong>de</strong> la représentation d'une idée, etnon d'une <strong>de</strong>scription. L'effort <strong>de</strong> Stevin pour arriver à la saisie théorique duproblème ne se donne pas à voir seulement dans le texte, mais jusque dans ce schéma,dont les éléments qui vont <strong>de</strong>voir être géométrisés sont nommés dès à présent selon lesprincipes en vigueur dans le texte géométrique d'Eucli<strong>de</strong>, D le centre, ABC le globe,ED la ligne selon laquelle se fait la suspension. La composante géométrique prendra <strong>de</strong>l'ampleur dans les schémas suivants, dont certains sont presque complètement épurés<strong>de</strong> l'idée même <strong>de</strong> pesanteur.Définition V.Diamètre <strong>de</strong> gravité d'un corps, est une ligne droite indéfinie, passant <strong>de</strong>quel côté que ce puisse être par le centre <strong>de</strong> gravité: Et tel diamètre étantperpendiculaire à l'horizon, s'appelle centre <strong>de</strong> gravité. (. ..)Définition VI.Plan <strong>de</strong> gravité d'un corps, est un plan tel qu'il puisse être, qui passe parle centre <strong>de</strong> gravité d'icelui (...)


26Défmition VII.C E Toute ligne droite, comprise entre <strong>de</strong>uxperpendiculaires <strong>de</strong> gravité, nous la nommeronsG 1-------1 H verge, ou barre <strong>de</strong> gravité.A BDéclaration.Soient A et B <strong>de</strong>ux corps, et leurs perpendiculaires1<strong>de</strong> gravité CD et EF, entre lesquelles soient menéesDquelques lignes, comme GH, AB, ou IK, touteK ligne tirée <strong>de</strong> même s'appelle verge ou barre <strong>de</strong>F gravité <strong>de</strong>s pesanteurs A, B, comme si c'était lafigure 7verge d'une balance au <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> l'examen.Définition VIII.Etant la verge ou barre divisée, (ayant les perpendiculaires <strong>de</strong> gravité) où lescorps se peuvent tenir en équilibre, nous nommons les parties <strong>de</strong> la verge,rayons.Déclaration.Soient A et B <strong>de</strong>ux corps, et CD une verge divisée en E, par laperpendiculaire <strong>de</strong> gravité FG, où sont les <strong>de</strong>ux pesanteurs pendantes enéquilibre, les <strong>de</strong>ux parties <strong>de</strong> la verge CD, sont nommées, rayons(figure 8).Défmition IX.Et la perpendiculaire <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux~pesanteurs est nommée une anse.Défmition X.Et le point <strong>de</strong> l'anse, dans la barre, point~ stable.(. ..)F Défmition XI.C E D Et les <strong>de</strong>ux pesanteurs sont nomméesAfigure 8Géquilibres, ou contre-poids.Déclaration.Comme A et B, en la 8° défmition, soit que lespesanteurs soient égales ou inégales (...) car Adémontre autant <strong>de</strong> force à la verge CD, que B(...) ils semblent être <strong>de</strong> pesanteur égale, maisce n'est pas leur pesanteur seulement, maisaussi leur disposition (...)Pétition 1.Que les pesanteurs égales aux rayons égaux soient équilibres.Pétition II.Qu'aux lignes mathématiques on puisse attacher ou poser quelquepesanteur que ce soit, sans qu'elles puissent rompre, ou plier.Pétition III.Et que la pesanteur, suspendue plus haut ou plus bas, <strong>de</strong>meure toujours <strong>de</strong>même poids.Pétition IV.Que par le plan qui coupe le colonne le long <strong>de</strong> l'axe, on enten<strong>de</strong> lacolonne.


27Pétition V.Que toutes les lignes à plomb (à savoir perpendiculaires à r horizon) soientprises pour parallèles.Stevin explique pourquoi il choisit ce modèle, et qu'il ne faut pas tenir comptedu concours au centre <strong>de</strong> la terre <strong>de</strong>s perpendiculaires <strong>de</strong> gravité (figure 9) :« les équilibres ne seraient plus stables, et il n'yaurait plus que le globe à pouvoir répondre à ladéfinition du centre <strong>de</strong> gravité; ensuite, la raisondu poids le plus pesant au plus léger ne serait pascelle du plus long rayon au plus court (...) Ceserait d'un inconvénient majeur(. ..) Enfin, éviterC......-----.....~_rfigure 9ce menu épluchement ne donnerait pas d'avantagepour la Statique-pratique ».Le rapport du levier se démontre en effet grâce auparallélisme <strong>de</strong>s perpendiculaires <strong>de</strong> gravité, il<strong>de</strong>vient inexact dans un modèle où le parallélismene figurerait plus. Ce sont les éléments d'unedémonstration possible d'une propriété du domaine<strong>de</strong> réalité étudié, mais il n'est pas encore du propos<strong>de</strong> l'auteur d'entrer dans le vif <strong>de</strong> son sujet. C'estl'objet du premier théorème.Théorème 1.De <strong>de</strong>ux pesanteurs équilibres, la plus pesante a telle raison à la pluslégère, comme le long rayon au court.Il lui faudra sept réalisations graphiques différentes· pour s'expliquer sur cepremier théorème, avec les trois « exemples» (nous dirions <strong>de</strong>s cas, ou <strong>de</strong>s lemmes)dans lequel il subdivise le travail et les démonstrations correspondantes. C'est autravers <strong>de</strong>s diverses fonnes données à ces objets graphiques que l'on peut suivre leseffets <strong>de</strong> la volonté d'obtenir une démonstration située dans le cadre <strong>de</strong>smathématiques et plus particulièrement dans celui du système <strong>de</strong> signes le plusperformant à l'époque <strong>de</strong> Stevin : la géométrie, ses figures, sa rhétoriquedémonstrative. Il va réussir par un artifice extrêmement ingénieux et assez complexe.Il part <strong>de</strong> l'idée suivante: « pour une colonne homogène <strong>de</strong> section carrée constante,la pesanteur <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux parts <strong>de</strong> même longueur est égale », et il transforme par là lapesanteur d'un corps quelconque en pesanteur d'une «colonne équivalente» c'est-àdired'une longueur équivalente <strong>de</strong> colonne, dont il fait coïnci<strong>de</strong>r la perpendiculaire <strong>de</strong>gravité avec celle du corps considéré. Comme il représente la colonne par un <strong>de</strong> sesplans médians et que le centre <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> la colonne est le centre géométrique durectangle qui le représente, Stevin peut alors réaliser une équivalence géométrique <strong>de</strong> lapesanteur, en position comme en gran<strong>de</strong>ur.Comme l'on sait, <strong>de</strong>puis le Livre 1 <strong>de</strong>s Eléments, d'Eucli<strong>de</strong>, « ajouter lesrectangles» c'est-à-dire obtenir« un rectangle équivalent (en aire) à <strong>de</strong>ux rectanglesdonnés », Stevin a maintenant le moyen <strong>de</strong> «calculer» graphiquement lespesanteurs: il dispose d'un « modèle mesurable ». Il sait placer en tout point <strong>de</strong>l'espace <strong>de</strong>s représentations graphiques (et <strong>de</strong> l'espace géométrique) une poutre <strong>de</strong>longueur (un rectangle d'aire) équivalente à une pesanteur donnée. C'est moinscommo<strong>de</strong> qu'un vecteur, car il y manque la direction: les possibilités d'addition en


28sont a priori réduites, mais <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> poulies judicieusement placées font unetechnique presqu'aussi efficace, et Stevin arrivera à résoudre <strong>de</strong>s problèmes que noustraiterions par la «règle du parallélogramme »11.Il réalise l'expérience <strong>de</strong> pensée suivante: il coupe la poutre en un point - cequi ne change pas la position du centre <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux morceaux ­et il en déduit la loi <strong>de</strong> formation du centre <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> « <strong>de</strong>ux pesanteurs liées parune verge» : le premier théorème <strong>de</strong> sa Statique. Nous l'étudions ci-après.2.3. Le schéma, objet <strong>de</strong> l'éiu<strong>de</strong> géométriqueDans les schémas, une force est d'abord une pesanteur (même lorsqu'elles'exercera en oblique, grâce à <strong>de</strong>s poulies). Elle est alors représentée par une« colonne », suspendue à un fil tenu par une main (qui ne sera bientôt plus objet <strong>de</strong>curiosité). Le premier schéma du premier théorème s'attaque <strong>de</strong> front à la difficultéprincipale: exprimer graphiquement la force, par la pesanteur. La colonne associée àla main en représente l'idée, dans le cadre d'un système physique fermé grâce à lamain.Le système <strong>de</strong> signes mis en place peut maintenant se comprendre par sesusages: le schéma <strong>de</strong> l'idée originale évolue en s'adaptant à l'expression <strong>de</strong>l'expérience <strong>de</strong> pensée qui nous est proposée. Nous allons quitter l'outil <strong>de</strong>représentation d'une idée pour étudier ce schéma en tant qu'objet graphique, bientôtfigure <strong>de</strong> géométrie: entrer au coeur du fonctionnement d'un modèle géométrique <strong>de</strong>spesanteurs. La colonne en effet est mesurable (figure 10). Elle est divisée en six partieségales, par plans verticaux.Imaginons-la coupée en parts inégalessuivant le quatrième <strong>de</strong>s six plans,imaginons alors la coupure effective :l'équilibre <strong>de</strong>meure, le centre <strong>de</strong> gravitétotal reste en place pourvu que la rigiditéA E G 1 K M B<strong>de</strong> l'ensemble soit assurée. ADLKreprésente «la plus pesanteP f---=R+--S+----=T+---=y":"i----:-X:+---I Qpesanteur », <strong>de</strong> centre <strong>de</strong> gravitéD F H J L N c S, au centre <strong>de</strong> la sous-colonne <strong>de</strong>figure 10quatre sixièmes. LKBC représente « laplus légère », <strong>de</strong> centre <strong>de</strong> gravité X, aucentre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sixièmes qui laconstituent.11 Pourtant, bien SÛT, la formalisation obtenue ne permet pas le passage au calcul, elle n'offre pasune algèbre <strong>de</strong>s pesanteurs.


29Alors, dit Stevin, « La pesanteur majeureAKLD est à la moindre KBCL comme lelong rayon TX est au court TS, cela peut sevérifier figure 10. Afin que l'on ne pensepoint qu'il en est ainsi par acci<strong>de</strong>nt, nous enferons une démonstration mathématique ». A1 K BLe travail en ce sens fait, du schéma, une p S T V Xfigure: nous allons l'observer. LesQpesanteurs sont, par l'artifice <strong>de</strong>s colonnes, D L creprésentées en même temps en gran<strong>de</strong>ur etfigure Ilen position, leur somme aussi (figure Il).Le centre <strong>de</strong> gravité général est en T - il n'a pas varié puisqu'aussi bien, rien n'abougé. Les « rayons» sont donc mesurés respectivement par TS et TX, tandis queles «pesanteurs» sont mesurées par ADLK et LKBC. Dans cette sous-figure <strong>de</strong> cequi est maintenant la figure primitive et qui pouvait jusqu'ici être considéré comme leschéma d'une colonne suspendue, aucune différence apparente, sinon que le trait KLest pensé comme séparant « la colonne» c'est-à-dire la pesanteur totale en <strong>de</strong>uxéléments pesants distincts. Ainsi, il n'est plus besoin <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> poids. La relation,telle que nous l'écrivons algébriquement aujourd'hui, est alors:(KL·PV)·TS = (KL·VQ)·TXElle exprime une relation géométrique exclusive. La géométrie offre ainsil'espace théorique, le cadre, pour modéliser le problème <strong>de</strong> statique. Dans ce cadregéométrique, le travail <strong>de</strong> Stevin consiste à mettre en oeuvre les définitions et pétitionsparticulières au modèle, et à assurer le contrôle <strong>de</strong> la pertinence matérielle <strong>de</strong>sthéorèmes démontrés dans la Statique théorique, qui se construit par là (Dans lin autretemps, l'auteur se proposera <strong>de</strong> montrer l'intérêt pratique <strong>de</strong>s savoirs produits).Voici donc la modélisation qui s'engage.L'expérience <strong>de</strong> pensée progresse, avec letravail du schéma initial, comme on peut levoir sur la figure 12. Si l'on abaisse(inégalement, sur le graphique c'est-à-dire en~~pensée) les <strong>de</strong>ux parties qui font ensembleS T XABCD, en laissant la barre KL en place,AK1chaque partie est suspendue à son centre <strong>de</strong>gravité. « Lorsque le corps était suspendu àD Ll'anse SX, AKLD et KBCL ensemble étaientK B en équilibre, mais en étant abaissées elles necausent aucune altération à SX par la pétitionLC 3. Les parties <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong>meurent dansfigure 12le même équilibre, et les rayons <strong>de</strong>meurent enmême raison ».Nous évoquerons seulement la suite, car il n'est pas <strong>de</strong> notre propos d'étudierplus avant La Statique: « Soient alors les corps changés en autres figures (...)l'équilibre <strong>de</strong>meurera comme <strong>de</strong>vant, les pesanteurs <strong>de</strong>meurant égales, comme lesrayons (...) De même si les pesanteurs sont pendues à une barre soli<strong>de</strong> pesante (...) »Des Problèmes peuvent dès lors être abordés, l'outil <strong>de</strong> leur mise en signesgéométriques est maintenant assuré, c'est aussi l'outil <strong>de</strong> leur traitement mathématique.


302.4. Du schéma à lafigure, l'origine <strong>de</strong> la géométrieLe travail <strong>de</strong> création d'un système <strong>de</strong> signes apte à modéliser un problème quise pose dans l'espace, Stevin n'est pas le premier à l'engager, nous l'avons observé àl'oeuvre en d'autres temps, sur d'autres problèmes. Nous étudierons aussi bien, àl'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mêmes outils, (dans la troisième partie <strong>de</strong> ce travail) le cas actuel d'une élève<strong>de</strong> 4e à propos d'un problème matériel <strong>de</strong> pièces découpées dans une feuille <strong>de</strong> bristol,mais nous pouvons continuer à étudier <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong> l'histoire du travailgéométrique.Examinons, par comparaison, le moment premier <strong>de</strong> la géométrie même, ou dumoins ce que, Tannery nous rapporte (puisque nous ne connaissons pas les procédésréellement employés) <strong>de</strong>s procédés les plus primitifs par lesquels Thalès aurait puaccomplir les actes que la légen<strong>de</strong> lui prête 12 : mesurer la distance à la côte d'unbateau en mer, mesurer la hauteur d'une pyrami<strong>de</strong>, soit, « rapporter en une positionmesurable une gran<strong>de</strong>ur hors d'atteinte ». Selon sa propre analyse, Tannery agit ainsicomme Eudème (Mathématicien grec auteur <strong>de</strong>s premiers Eléments dont ayons entenduparler, aujourd'hui perdus), qui attribue à Thalès les théorèmes nécessaires à la mesure<strong>de</strong>s distances inaccessibles - puisqu'on sait qu'il a su mesurer <strong>de</strong> telles distances. Onconnaît <strong>de</strong>s énoncés pour le tracé d'arpentage, à peu près contemporains <strong>de</strong> Thalès:«Quand <strong>de</strong>ux droites se coupent, lesangles opposés sont égaux» (figure 13)1 •••••••••• EB..{cAfigure 13figure 14«En un triangle isocèle, lesangles à la base sont égaux. »(figure 14)« Deux angles égaux sur unsegment égal· donnent <strong>de</strong>striangles égaux» (figure 15)figure 15Ces énoncés se soutiennent d'un schéma tracé au sol, il faut les compléter dutriangle rectangle <strong>de</strong>s arpenteurs (<strong>de</strong> côtés 3,4,5) donnant la construction d'un angledroit (l'angle d'une perpendiculaire à une droite en un point, soit, le <strong>de</strong>mi angle plat).Ainsi, les problèmes dont la solution est attribuée à Thalès ne sont pas nécessairementrésolus « géométriquement» (par similitu<strong>de</strong>, et transport du problème dans un espaceautre que celui du problème: l'espace théorisé <strong>de</strong> la géométrie; c'est-à-dire parmodélisation). Ils peuvent être -résolus par «report <strong>de</strong> distances égales» dans12 Tannery P. (1887), La géométrie grecque, Paris, Gauthier-Villars (rééd. Jacques Gabay).


31l'espace <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>ur à mesurer, un procédé qui suppose seulement le schéma(perfectionné, mais historiquement attesté, au contraire du modèle géométrique) quiprésente l'idée du procédé. Les trois propriétés ci-<strong>de</strong>ssus et les schémascorrespondants peuvent, avec l'angle droit, produire les solutions attribuées à Thalèspar les dispositifs suivants:1) La distance du navire en mer est égale à la longueurobtenue à terre par reportà terre du triangle rectangle formé sur une base donnée (figure 16) :EC = AB dans la mesure où D est le milieu <strong>de</strong> la base BC, et où le navire est vuen même temps dans la direction FB, perpendiculaire à BC (il suffit d'attendre lemoment adéquat) et dans la direction ED (il suffit pour cela <strong>de</strong> se déplacer sur CE, quipeut être tracée d'avance, perpendiculaire à BC).Ce procédé offre l'avantage, grâceaux angles droits donnés par construction,<strong>de</strong> régler la question <strong>de</strong> l'égalité <strong>de</strong>s angles.' Een B et en C indépendamment <strong>de</strong> l'idée duschéma (Il n'est pas question bien sûr I~....· .. . .'d'étudier la faisabilité réelle <strong>de</strong> l'opération). .'·Cette égalité nous évite d'avoir à nous Ft<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si les droites (BF) et (EC) sont .basedorfuée· .bien parallèles, puisque l'égalité <strong>de</strong>s D ctriangles suffit à garantir l'égalité <strong>de</strong>s côtés...homologues AB et EC.. .'Nous pouvons, appuyés sur le savoir ...'euclidien, imaginer <strong>de</strong>s solutions ...d'apparence aussi simple et élémentaire. Part::!!Jd{exemple, sur la base <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux triangleséquilatéraux opposés par un sommet: unefigure 16cor<strong>de</strong> et <strong>de</strong>ux piquets suffisent à obtenir lesquelques cercles nécessaires à ces tracés(figure 17).Pourquoi donc supposer l'angle droit? Tout d'abord, parce que l'on sait queThalès a étudié en Egypte, et que les égyptiens connaissaient le triangle 3,4,5, <strong>de</strong>smillénaires avant Thalès. Ensuite, parce que le procédé précé<strong>de</strong>nt peut sans peine sepenser tout en se réalisant. Il est formé - par exemple, s'il est représenté mêmegrossièrement (par un tracé effectué sur un sol uni) - d'une combinaison simple <strong>de</strong>squatre éléments en principe connus <strong>de</strong> Thalès: une combinaison, par juxtaposition, <strong>de</strong><strong>de</strong>ux triangles égaux au moyen <strong>de</strong> leur angle (non droit) égal. Le procédé estéconomique en pensée géométrique, et le schéma <strong>de</strong> la figure 16 <strong>de</strong>vient unedémonstration du procédé, car il permet <strong>de</strong> tenir, pour qui connaît les quatre propriétésattribuées à Thalès, un discours argumentatif (organisé par la <strong>de</strong>scription du schéma)<strong>de</strong> l'opération d'arpentage. Sans même nommer les points comme nous l'avions faitspontanément (en géomètres ayant appris auprès d'Eucli<strong>de</strong>), l'égalité <strong>de</strong>s triangles peuten effet se voir et se dire: «Les triangles sont rectangles (ils ont un premier angleégal), ils ont un angle aigu opposé par le sommet (donc, un <strong>de</strong>uxième angle égal).Leur côté compris entre ces <strong>de</strong>ux angles est égal (puisque c'est ainsi que nous avonstracé la base <strong>de</strong>s trois points <strong>de</strong> visée). Alors, les côtés correspondants sont égaux, etla distance mesurée à terre est égale à la distance à la base du navire en mer»...'


32Nous trouvons là une preuve «par ostension »13, parce que la figure est enelle-même un discours suffisant, sa syntaxe étant suffisamment explicite pour ne pasnécessiter l'argumentation par l'écriture en « langue naturelle» du raisorinementtenu.Considérons en revanche la solution montrée par la figure 17. Cette solution par<strong>de</strong>s triangles équilatéraux (simples à construire) suppose une modélisationgéométrique efficace, c'est-à-dire un schéma qui s'appuierait sur <strong>de</strong>s connaissancesgéométriques indépendantes du tracé d'arpentage. C'est-à-dire que cette solutionsuppose une figure. On peut le voir, la base est plus complexe à « lire », puisqu'ellese compose (comme précé<strong>de</strong>mment) <strong>de</strong> cinq points <strong>de</strong> visée, mais que cette fois lestriangles égaux ne sont pas immédiatement visibles. Ainsi, nous <strong>de</strong>vrons nommer lespoints, pour décrire un schéma qui ne se donne plus à lire.« La « sous figure» <strong>de</strong>s triangles OEAet ODM répond bien au cas d'égalité donnépuisque DM = EA dans la mesure où, cestriangles ayant un côté égal (OE =OD) entre<strong>de</strong>ux angles égaux (en E et D, ainsi qu'en 0puisqu'ils y sont opposés par le sommet),OEA = ODM et EA = DM ».On peut donc mesurer ainsi la distance dubateau A à la base (EC), égale à la distance (àterre) du point M à la base (DB). Encore faut-il.être assuré <strong>de</strong> ce que les bases sont.' perpendiculaires aux directions <strong>de</strong> mesure, pour.'. être assuré que l'on a mesuré les plus petites· . distances. Encore faut-il (là, le schéma <strong>de</strong>vient·.. :autre chose que le moyen <strong>de</strong> décrire un procédéA ,~:'. •matériel) avoir montré que les angles AEO et" .'figure 17MDO sont égaux. Cela suppose unraisonnement sur les triangles équilatéraux OEBet ODC, dont l'égalité est donnée par constructionmais dont l'égalité <strong>de</strong>s angles est à démontrer, si l'on ne connaît pas la constance<strong>de</strong> la somme <strong>de</strong>s angles d'un triangle.Ce premier problème pose, pour la première fois semble-t-il, le principe <strong>de</strong> lanature commune <strong>de</strong>s espaces, en mer et à terre, inaccessible et accessible. Unproblème posé par l'opération du report <strong>de</strong> la distance, opération que le schéma décriten une syntaxe simple, sans être encore un objet <strong>de</strong> la géométrie (qui n'çst pasconstituée, à l'époque <strong>de</strong> Thalès, et qui se constituera justement sur les fon<strong>de</strong>mentsqu'il pose) c'est-à-dire, sans être une figure, ni une représentation <strong>de</strong> l'espace (Cellesque les artistes réalisent <strong>de</strong>puis longtemps ne permet ni le contrôle du report ni le calculargumentatif qui le justifie).L'autre problème se résout par le même procédé <strong>de</strong> «report <strong>de</strong> la distance àmesurer », mais le raisonnement est encore plus simple: «La hauteur <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong>est égale à la longueur <strong>de</strong> son ombre portée, le jour ou à l'heure où notre propre ombreportée est égale à notre hauteur ». Un procédé dont le schéma est constitué <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxtriangles rectangles isocèles dont un côté montre l'objet et l'autre montre l'ombre, le13 Une preuve qui fonctionne donc comme les calculs algébriques, lorsque l'on montre que ladifférence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux carrés peut être un carré parce que (a 2 +t>2)2 - (a 2 _b2)2 = 4a 2 b 2 = (2ab)2.


33raisonnement consistant à affirmer que les <strong>de</strong>ux triangles sont isocèles en mêmetemps.Le raisonnement <strong>de</strong> ce second problème marque le second moment où se pensel'espace: l'espace à terre était i<strong>de</strong>ntique à l'espace en mer, voici que l'espace danslequel s'inscrit la pyrami<strong>de</strong> s'y montre i<strong>de</strong>ntique (au moins pour ce qui est <strong>de</strong> larelation d'égalité <strong>de</strong>s distances) à celui dans lequel s'inscrit l'homme. Maintenant, laconception du mon<strong>de</strong> a changé, et le schéma va pouvoir <strong>de</strong>venir à 1'homme ce que1'homme était à la pyrami<strong>de</strong>: le moyen <strong>de</strong> traiter <strong>de</strong>s relations d'égalitéindépendamment <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> l'objet sur lequel on expérimente. Ainsi, l'entrée engéométrie se fait par cette mise en rapport <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> dimensions différentes,provenant <strong>de</strong> lieux différents: l'espace à mesure humaine, l'espace hors d'atteintematérielle, l'espace à mesure monumentale. Et les égalités peuvent s'expérimenterdans l'espace du schéma: ce qui est vrai ici est vrai encore là-bas; l'égalité qui estvraie à ma mesure, l'est à la mesure <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong> ou à celle <strong>de</strong> la feuille <strong>de</strong> papier,parce que les propriétés <strong>de</strong> l'espace qui se manifestent en tous lieux sont homologues.La feuille <strong>de</strong> papier peut donc être le laboratoire <strong>de</strong> l'arpenteur et la géométrie peutconunencer à émerger.La géométrie comme modèle <strong>de</strong> l'espace serait dès lors nécessaire, alors qu'ilsuffisait, pour résoudre les problèmes dont la solution est attribuée à Thalès, d'opérerles tracés dans l'espace même où l'on pose le problème et où se feront les mesures:au sol.Il faut en effet évoquer ici (figure 16, toujours) les tracés et les mesures en unschéma qui n'opère plus comme une simple représentation <strong>de</strong> l'idée qui permet lasolution du problème ou encore comme une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l'opération matérielle parlaquelle on résout le problème, mais en un schéma qui organise la présentation <strong>de</strong>l'idée du tracé en une composition <strong>de</strong> schémas élémentaires: un schéma quifonctionne comme un discours, conune un système <strong>de</strong> signes (organisables selon leurslois propres) dont une organisation particulière produit la solution cherchée 14 .Le schéma permet par conséquent mettre à distance l'action dans l'espacesensible et <strong>de</strong> créer un commencement <strong>de</strong> modèle par la mise en signes <strong>de</strong>s relationsspatiales repérées (tout au moins dans ce premier moment, les égalités d'angles et <strong>de</strong>mesures). En ce sens, dans le moment où il montre l'idée, le schéma montre lesopérations à faire <strong>de</strong> telle manière qu'HIes démontre c'est-à-dire qu'il en justifie lapertinence: une forme <strong>de</strong> « preuve» que les Grecs appelaient OlK:VVj1e (diknume)ou preuve par ostension.Cela suffit aux solutions <strong>de</strong>s problèmes attribuées à Thalès. Mais les preuves parostension ne sont acceptables comme preuves que parce qu'elles démontrent lapertinence d'une opération matérielle que le schéma a permis d~organiser d'unemanière rationnelle en montrant cette opération (dont l'effet peut se voir, et, par là, secomprendre). Le fonctionnement ostensif du schéma et l'organisation <strong>de</strong> ladémonstration qu'il propose font qu'il <strong>de</strong>vient progressivement comme un texte <strong>de</strong>géométrie, pour qui sait lire la géométrie qui se montre dans le schéma. Sansl'existence <strong>de</strong> quelques schémas-type dont la combinaison peut se retrouver dans leschéma proposé, et sans la relation du schéma à un problème <strong>de</strong> l'espace sensible qui,par ce moyen, trouve une solution matérielle, le même graphisme ne ferait pas preuve.14 Le tracé sera réalisé ailleurs: dans l'espace où seront faites les mesures véritables.


34Lorsqu'il commence à fonctionner ainsi, le schéma <strong>de</strong>vient donc l'outil <strong>de</strong> la mise enrelation <strong>de</strong>s propriétés pertinentes à la solution du problème, et il se travaille comme unoutil géométrique.Utiliser la géométrie pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s questions et problèmes qui se posent dansl'espace, ou à propos <strong>de</strong>s objets qui se trouvent dans l'espace n'est donc pas uneopération qui «va <strong>de</strong> soi », même si la culture commune fait dire aux élèves,lorsqu'ils veulent trouver l'utilité <strong>de</strong> l'enseignement qui leur est fait, que « lagéométrie ça sert, surtout aux architectes ». Il y faut, on l'a compris, ce momentpremier <strong>de</strong> la création du schéma et <strong>de</strong> son travail en direction d'un système <strong>de</strong> signespouvant constituer un modèle du problème que l'on attaque. Il faut travailler leproblème pour mettre en place le modèle, avant <strong>de</strong> travailler les relations que le modèle« met en signes ».2.4. Modélisation et expérimentation géométriques«Comment s'utilise le savoir géométrique, dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelsproblèmes? ». La question est pertinente pour abor<strong>de</strong>r cette autre question:« Comment se construit le savoir géométrique? » et en particulier, comment seconstruisent les savoirs sur la géométrie utiles au travail <strong>de</strong>s modèles spatiaux dontl'enseignement nous intéresse?En principe, cela commence comme pour tout domaine scientifique: parl'exploration d'une classe <strong>de</strong> phénomènes. Une telle exploration est nécessairementexpérimentale, elle se fait par la mise en rapport <strong>de</strong> la théorie avec l'espace sensible,par le biais d'un montage expérimental. Cette idée peut être le point <strong>de</strong> départ d'unearticulation entre les différents aspects <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> construction géométrique et lesdifférents niveaux du travail graphique. Car, en géométrie comme ailleurs,l'expérience est une expérience <strong>de</strong> laboratoire qui utilise la matérialité d'un objet <strong>de</strong>laboratoire (une feuille <strong>de</strong> papier). C'est une expérience graphique qui fait appel autracé.Prenons un exemple. Considérons le phénomène géométrique: «lesmédiatrices <strong>de</strong>s côtés d'un triangle sont concourantes ». Avant que d'être unphénomène, c'est tout d'abord un fait que l'on va observer 15 . Traçons donc untriangle et, par un procédé quelconque, traçons les médiatrices <strong>de</strong> ses trois côtés. A cesta<strong>de</strong>, une première remarque s'impose: <strong>de</strong> la même manière que nous ne prenonspas un <strong>de</strong>ssin (une représentation) <strong>de</strong> l'expérience <strong>de</strong> Michelson et Morley permettant<strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce l'absolu <strong>de</strong> la vitesse <strong>de</strong> la lumière pour la réalisation effective <strong>de</strong>cette expérience, <strong>de</strong> la même manière nous <strong>de</strong>vons prendre gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas considérerun <strong>de</strong>ssin représentant une expérience graphique pour la réalisation <strong>de</strong> cetteexpérience. Nous appellerons schéma la présentation <strong>de</strong> l'idée que l'expérienceréalise, et épure sa réalisation. Le risque <strong>de</strong> confusion vient du fait que les outilssémiotiques employés dans les <strong>de</strong>ux cas paraissent les mêmes: <strong>de</strong>s traits sur unefeuille.Schéma et épure sont <strong>de</strong>s objets graphiques que l'on prend pour eux-mêmes, cequi n'est pas le cas du <strong>de</strong>ssin et <strong>de</strong> la figure qui représentent <strong>de</strong>s objets absents, le15 Pour <strong>de</strong>s précisions sur l'articulation faits-phénomènes en didactique, voir Chevallard, On didactictransposition theory : sorne introductory notes, communication au International Symposium onResearch and Development in Mathematics Education, Bratislava, 3-7 août 1988.


35premier représentant un objet matériel, la secon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s relations mathématiques: lesrelations spatiales théorisées qui forment la géométrie.Un schéma <strong>de</strong> l'expérience décrite ci-<strong>de</strong>ssus pourra donc se montrer pour cequ'il est en restant sous la forme graphique d'un simple tracé à main levée. Il en vaautrement <strong>de</strong> l'épure qui est la réalisation effective <strong>de</strong> l'expérience graphique et <strong>de</strong>vraêtre réalisée avec beaucoup <strong>de</strong> soin - sous peine <strong>de</strong> produire une expérience ratée (Onpeut voir là que la figure géométrique telle qu'elle est généralement utilisée dansl'enseignement traditionnel fonctionne suivant les besoins comme l'un ou l'autre, cepourquoi elle peut être « fausse» lorsqu'elle est le schéma d'un raisonnement et<strong>de</strong>voir être «soignée» lorsqu'elle réalise l'expérimentation <strong>de</strong> propriétés àdémontrer). Outre le soin, une expérience graphique doit se garantir d'être véridique,c'est-à-dire qu'un protocole expérimental doit garantir le plus qu'il est possible contreles effets <strong>de</strong> la volonté ou <strong>de</strong> la maladresse <strong>de</strong> l'expérimentateur: les enseignants <strong>de</strong>physique le savent, qui ne peuvent pas choisir n'importe quelle expérimentation pourles séances <strong>de</strong> travaux pratiques qu'ils proposent aux élèves d'une classe (les élèvessont <strong>de</strong>s expérimentalistes inexpérimentés). La garantie d'un protocole expérimental,n'est jamais prise par les enseignants, parce qu'ils ne réalisent jamais vraimentd'expériences. Le plus souvent, il leur suffit <strong>de</strong> les évoquer: leur activité est sous lecontrôle <strong>de</strong> leur connaissance <strong>de</strong> la théorie, pas sous le contrôle du réel, ils ne seconfrontent à l'expérimentation que lorsqu'ils doivent établir la solution d'un exerciced'un type nouveau, pour lequel ils n'ont pas d'idée a priori.Dans le cas <strong>de</strong>s trois médiatrices il est possible, par exemple, <strong>de</strong> partir <strong>de</strong> troiscopies d'un même triangle, sur papier calque, et <strong>de</strong> réaliser une <strong>de</strong>s médiatrices surchacun <strong>de</strong>s triangles (à l'ai<strong>de</strong> d'une règle graduée pour déterminer le milieu et d'uneéquerre pour la direction, ou <strong>de</strong> tout autre moyen bien repéré et maîtrisé par lesopérateurs) avant <strong>de</strong> superposer les tracés, que l'on pourra épingler sur une planchetteplane afin <strong>de</strong> fixer précisément la situation obtenue. Mais si l'on accepte plus <strong>de</strong>technicité, il est possible <strong>de</strong> tracer d'abord, sur le triangle original lui-même, tous lescercles centrés aux sommets qui ai<strong>de</strong>nt au tracé <strong>de</strong>s médiatrices, <strong>de</strong> marquer alorsseulement les points d'intersection utiles et, dans un <strong>de</strong>rnier temps, <strong>de</strong> tracer les troisdroites. TI faut noter déjà que nous réalisons bien une activité graphique, en ce sensque le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> tracé <strong>de</strong>s médiatrices n'est pas imposé: que celles-ci soient tracées « àla règle graduée et à l'équerre », « au bissecteur» ou, bien sûr, « à la règle et aucompas », les instruments ne sont ici pertinents que dans la mesure <strong>de</strong> leur plus oumoins gran<strong>de</strong> précision: ce sont les outils plus ou moins techniques d'une réalisationgraphique et il va <strong>de</strong> soi qu'à ce sta<strong>de</strong> un outil imprécis bien maîtrisé peut être pluspertinent qu'un outil perfectionné dont l'expérimentateur ne contrôle pas l'usage.Cela étant, supposons que nous <strong>de</strong>mandions à <strong>de</strong>s élèves (ignorants <strong>de</strong> lapropriété) l'exploration graphique <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong>s trois médiatrice.s <strong>de</strong>s côtés d'untriangle. Ils sont amenés à réaliser, selon le protocole expérimental choisi,l'expériencedécrite plus haut.On sait très bien que, comme pour toute expérience, l'obtention d'un pointd'intersection unique est le fait d'un hasard malheureux: les trois droites ne secouperont pas exactement au même point et leurs intersections prises <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>uxformeront les sommets d'un triangle, plus ou moins grand selon l'habileté et la chance<strong>de</strong> l'expérimentateur. Il est possible <strong>de</strong> ne pas se contenter d'une telle approximationcomme preuve expérimentale <strong>de</strong> l'intersection et, toujours dans le domaine <strong>de</strong>s faits, ilest possible soit <strong>de</strong> confirmer l'idée qui peut être venue <strong>de</strong> l'intersection commune <strong>de</strong>smédiatrices, soit <strong>de</strong> faire naître cette idée si elle n'est pas venue. Cela s'obtient par le


36raisonnement suivant: « S'il est exact que les trois médiatrices se coupent en unpoint, alors, lorsqu'on augmente <strong>de</strong> manière homothétique les dimensions du triangleABC <strong>de</strong> départ, les dimensions du petit triangle A'B'C' obtenu par les intersections<strong>de</strong>s médiatrices ne <strong>de</strong>vraient pas augmenter dans le même rapport ». Ce raisonnementengage le processus d'expérimentation proprement dit en donnant l'idée d'uneexpérimentation graphique, que nous empruntons à Guy Brousseau 16 : « Travaillerles formes ou les dimensions du triangle <strong>de</strong> départ ABC pour que le tracé réalisé selonla technique standard (suffisamment maîtrisée <strong>de</strong>s élèves pour qu'ils puissent encontrôler la technique d'exécution), donne un triangle A'B'C' plus grand qu'untriangle déjà obtenu, si c'est possible ».La difficulté qu'il y a à faire grandir le triangle A'B'C', la dimension aléatoire <strong>de</strong>l'action réalisée dans ce but (il arrive que la tentative «rate» complètement et queA'B'C' soit« tout petit» malgré tous les efforts) donnent la conviction expérimentalequ'en fait, A' , B', C', correspon<strong>de</strong>nt à un seul et même point et que l'on s'est affrontéà une nécessité géométrique: le triangle est nécessairement « tout petit », puisqu'ilne peut être rendu « grand» qu'au hasard mais qu'il est relativement semblable autriangle d'origine (suivant les hasards expérimentaux, dans une « similitu<strong>de</strong>» directeou inverse). Le triangle A'B'C' est donc formé au même hasard qui, parfois, le ren<strong>de</strong>ffectivement ponctuel: les trois médiatrices d'un triangle sont nécessairementconcourantes, du point <strong>de</strong> vue expérimental. Ce sera maintenant au discours <strong>de</strong>prendre en charge l'expression <strong>de</strong> cette nécessité, sous la forme d'un théorème.Mais ce travail nous amène à poser <strong>de</strong>s questions nouvelles, comme c'est le caslorsque l'on retourne au système que l'on étudie armés d'outils performants que nousavons construits. Voici l'une d'elles. Ainsi, la classe d'objets « famille <strong>de</strong> triplets <strong>de</strong>cercles centrés en trois points A, B, C donnés et <strong>de</strong> même rayon r, le rayon pouvantvarier <strong>de</strong> zéro à l'infini» définit un triplet <strong>de</strong> points d'intersection intérieur à la portiond'espace délimitée par les disques correspondants, pour chaque triplet <strong>de</strong> cercles <strong>de</strong> laclasse effectivement sécants. Un <strong>de</strong> ces triplets est réduit à un point unique: leurssommets en effet sont alignés sur les médiatrices <strong>de</strong>s côtés du triangle <strong>de</strong>s centres.Alors, le problème: « Existe-t-îl un nombre r (positif) tels que trois cercles <strong>de</strong> rayon rcentrés en trois points (non alignés) MlM2M3 aient un point commun l? » admet uneréponse positive. Il doit donc être possible, connaissant les trois points par leursdistances respectives, <strong>de</strong> calculer ce rayon (sa construction, elle, est évi<strong>de</strong>mmentobtenue par celle du point commun aux trois cercles, soit, le point d'intersection <strong>de</strong>smédiatrices) sachant que l'on a r =IMI = 1M2 = 1M3 (c'est un nombreconstructible).Les questions <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong>s nombres aux objets géométriques peuvent êtreposées dans un cadre soli<strong>de</strong>ment formé, où l'on trouve la sûreté du travail que donneune connaissance théorique <strong>de</strong>s propriétés qui fon<strong>de</strong>nt l'activité qui se déploie.Outre le concours <strong>de</strong>s droites, l'alignement <strong>de</strong>s points est une propriétéexpérimentale aisément vérifiable. Nous en évoquerons un seul exemple. Soitl'opération suivante: « Tracer un triangle ABC. Le décalquer, puis le reproduire surla même feuille <strong>de</strong> papier, en retournant le calque. Si on appelle A', B' et C' lessommets correspondant (se superposant) respectivement à A, B et C, déterminer lesmilieux respectifs l, J, K, <strong>de</strong>s segments [AA'], [BB'] et [CC'] ». Nous pouvons voiret vérifier, à la règle par exemple, ce phénomène géométrique: les trois milieux sont16 Brousseau G. (1983) Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> questions d'enseignement un exemple: la géométrie, Séminaire <strong>de</strong>didactique <strong>de</strong>s mathématiques et <strong>de</strong> l'infonnatique, <strong>Grenoble</strong>, lMAG.


37alignés (il est tout aussi difficile que tout à l'heure d'obtenir <strong>de</strong>s points qui ne leseraient pas vraiment). C'est une propriété <strong>de</strong> l'espace, que l'on pourra comme tout àl'heure tenter <strong>de</strong> comprendre, d'expliquer, <strong>de</strong> démontrer. Dans ces exemples, onassiste à une « exploration» <strong>de</strong> l'espace <strong>de</strong> la feuille <strong>de</strong> papier au moyen <strong>de</strong>sinstruments <strong>de</strong> tracé et <strong>de</strong>s graphismes qu'ils permettent.Mais voyons un cas un peu différent. Nous pouvons maintenant envisager <strong>de</strong>monter une expérimentation dans l'espace sensible lui-même, pour nous persua<strong>de</strong>r <strong>de</strong>la pertinence <strong>de</strong> la théorie géométrique dans laquelle se situent les raisonnementsprécé<strong>de</strong>nts. Nous pouvons vérifier qu'ils ne «portent» pas exclusivement surl'espace graphique, l'espace <strong>de</strong>s tracés sur une feuille <strong>de</strong> papier. A cet effet, nousconsidérerons que la feuille <strong>de</strong> papier était un élément matériel <strong>de</strong> l'espace sensible quil'englobe, qu'elle était une partie <strong>de</strong> l'espace général, dont elle partageait les propriétésétudiées, qu'elle fonctionnait donc bien comme un laboratoire, un lieud'expérimentation commo<strong>de</strong>.Donnons-nous alors l'opération matérielle suivante, le pliage d'un papiertransparent, point sur point 1 ?, dont voici la <strong>de</strong>scription:« Marquez <strong>de</strong>ux points sur une feuille <strong>de</strong> papier transparent, repliez la feuille etplacez ces <strong>de</strong>ux points l'un sur l'autre (en regardant par transparence), bloquez lepapier dans cette position en pressant fortement le papier en ces points, entre <strong>de</strong>uxdoigts d'une main. Vous allez maintenant utiliser cette propriété qu'a le papier <strong>de</strong> sedéformer sans que les distances entre points (mesurées en suivant la surface) nechangent: le papier est inextensible et déformable. En partant <strong>de</strong>s points en contact,vous suivez <strong>de</strong> l'autre main la pression jusqu'à marquer votre feuille d'un pli, en unpoint. Recommencez l'opération dans plusieurs directions: lorsque les plis partiels serejoignent, ils forment une droite, la médiatrice <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> base. Cette droiteest parfabrication, l'ensemble <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> la feuille équidistants <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong>base; elle sera, par définition, perpendiculaire à la droite qui joindrait ces <strong>de</strong>ux pointssi nous savions la plier, ou si nous l'avions précé<strong>de</strong>mment pliée ».Car nous nous interdirons le pliage <strong>de</strong> première espèce, trop imprécis. Dans lepliage que nous avons donc réalisé, tout endroit où vient se marquer une portion <strong>de</strong> pliest équidistant <strong>de</strong>s points superposés Un tel geste matériel est un instrumentd'expérimentation, dans « l'espace <strong>de</strong>s objets matériels plats manipulables ». Nouspouvons vérifier aisément, dans cet espace matériel et par ce procédé, l'intersectioncommune <strong>de</strong>s trois plis « médiateurs» d'un triangle - un triplet <strong>de</strong> points. Nouspouvons en conclure que l'expérience matérielle confirme, ou plus exactementn'infirme pas, l'adéquation <strong>de</strong> l'embryon <strong>de</strong> géométrie que nous avons décrit (avecson théorème sur l'intersection <strong>de</strong>s médiatrices) à l'espace dans lequel se trouve prisela matérialité d'une feuille <strong>de</strong> papier - le micro-espace selon la classification proposéepar Guy Brousseau.17 C'est le pliage <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième espèce (le pliage <strong>de</strong> première espèce consistant à plier une feuille <strong>de</strong>papier <strong>de</strong> manière que le pli passe par <strong>de</strong>ux points donnés). Pour une <strong>de</strong>scription rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pliagesdans le cadre <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>s constructions géométriques, voir Carrega J-C. (1981), Théorie <strong>de</strong>scorps. la règle et le compas, 156-163, Paris, Hennann.


383. L'empirisme, la modélisation3.1. L'empirisme scolaire, solution et problèmeNotre but étant le travail <strong>de</strong>s questions d'enseignement, nous <strong>de</strong>vons regar<strong>de</strong>rcomment l'espace <strong>de</strong> liberté qu'ouvrent les programmes 18 permet <strong>de</strong> définir une placepour le type <strong>de</strong> questions que nous nous posons.En effet, le travail mathématique sur la notion <strong>de</strong> construction, comme le travailsur le schéma ou sur la modélisation <strong>de</strong>s problèmes qui se posent dans l'espace, nenous intéressent pas seulement parce qu'ils « enrichissent notre culture générale ». Ils'agit, à partir <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> - même rapi<strong>de</strong>, comme nous l'avons menée dans ce cadred'unsavoir savant dont nous avons repéré le nom et les relations à d'autres savoirsmathématiques, et d'un savoir pratique dont nous avons étudié plusieurs occurrences,d'arriver à donner un contenu cohérent à un enseignement <strong>de</strong> la géométrie qui doitcomprendre simultanément <strong>de</strong>s «constructions géométriques» et <strong>de</strong>s« représentations d'objets <strong>de</strong> l'espace »19.Il est en particulier nécessaire <strong>de</strong> distinguer jusque dans les textesd'enseignement les trois aspects <strong>de</strong>s constructions géométriques (preuve <strong>de</strong>constructibilité, algorithme <strong>de</strong> construction, procédé <strong>de</strong> tracé) et les trois aspects dutravail graphique (schéma d'une idée, figure <strong>de</strong> géométrie, épure d'une expériencegraphique), afin <strong>de</strong> mieux les articuler. Non pas pour en faire les nouveaux objetsd'enseignement, mais pour mieux contrôler la nature et la cohérence <strong>de</strong>senseignements proposés. Car si, pour différentes raisons - au nombre <strong>de</strong>squelles lafaiblesse <strong>de</strong>s élèves et la trop gran<strong>de</strong> hétérogénéité <strong>de</strong>s classes seront sans nul douteévoquées -, le primat est donné dans les classes, à la figure dans son seul aspectmatériel, sans articulation aucune avec d'autres problématiques20, on s'achemineravers <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> difficultés :- d'une part, la prépondérance du tracé fonctionnera en obstacleépistémologique dès lors que, plus tard (dans l'année ou dans le cursus), l'on voudrafaire l'apprentissage du raisonnement déductif (même par « <strong>de</strong> courtes séquencesdéductives» comme le stipulent les commentaires <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> Sixième 21 ) eten particulier lorsqu'il sera question d'engager l'apprentissage <strong>de</strong> la démonstration engéométrie;- d'autre part, il est à craindre que cette façon <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r n'engendre bien vitel'ennui chez la plupart <strong>de</strong>s élèves y compris - et peut-être même surtout - chez ceux quiréussissent le moins 22 .Pour permettre <strong>de</strong> réaliser une articulation <strong>de</strong>s trois registres repérés dans leterme <strong>de</strong> « constructions géométriques» et <strong>de</strong>s trois registres repérés dans le terme <strong>de</strong>18 Chevallard Y. (1986), Les programmes et la transposition didactique: illusions, contraintes etpossibles, Bulletin <strong>de</strong> l'APMEP, 352, février 1986.19 Pour les enseignants qui n'ont pas eu l'occasion <strong>de</strong> la retravailler, la géométrie est, soit lagéométrie euclidienne scolaire d'avant la réforme <strong>de</strong> 1970, soit un sous-produit graphique <strong>de</strong> l'algèbrelinéaire <strong>de</strong>s années suivantes.20 Autrement dit si les seuls problèmes résolus par les élèves sont <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> tracés matériels.21 B.O.E.N., numéro spécial 4 du 30 juillet 1987, page 12.22 L'ennui créé par un enseignement <strong>de</strong> la géométrie réduit, pour certains élèves, à l'exécution <strong>de</strong>tracés soignés, se montre déjà par leurs réponses à la question: « Qu'est-ce que la géométrie, pourtoi? ».


39«représentations d'objets <strong>de</strong> l'espace », dans l'enseignement, au collège, il nous fautexaminer plus précisément les possibilités que nous offrent les programmes <strong>de</strong> cesclasses, les commentaires <strong>de</strong> ces programmes, et les ouvrages d'enseignement quisont finalement les outils <strong>de</strong> l'activité d'enseignement. Soit par exemple la pagesuivante, d'un ouvrage pour la sixième 23 :Il Constructionsactivités pour s'initier1 Perpendiculaires à l'équerrea) Tracer à l'équerre1) Reproduire ce <strong>de</strong>ssinA>­ctB YC2) Tracer la droite passant par le point A et perpendiculaire à ladroite d.3) Tracer les droites passant par B et C et perpendiculaires à ladroite d.4) Que peut-on dire <strong>de</strong> ces trois droites?b) Hauteurs d'un triangleAB~----:-::f-'---..lIl.La droite (AH) est une hauteur du triangle ABC;elle est issue du sommet A.C1) Ecrire une définition <strong>de</strong> la hauteur du triangle ABC, issue <strong>de</strong> A.2) Combien un triangle a-t-il <strong>de</strong> hauteurs?3) Voici <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> triangles:ABf------Jo..CDans chaque cas:-reproduire un triangle ayant la même/orme,- tracer les hauteurs du triangle.4) Que constate-t-on ? Qu'appelle-t-on orthocentre d'un triangle?23 C'est l'introduction <strong>de</strong>s Travaux géométriques du Mathématiques 6°, Collection Pythagore, Paris,Ratier (avril 1986).


402 Droites parallèlesa) Un résultatObserver ce <strong>de</strong>ssinCompléter avec les signes .1 et Il :d ~, d' ~, d d' .Compléter avec les mots perpendiculaire(s) et parallèle(s), enregardant le <strong>de</strong>ssin:Deux droites à une même troisième sont ..Lorsque <strong>de</strong>ux droites sont parallèles, touteà l'uneestà l'autre.b) Tracer <strong>de</strong>ux parallèlesPlacer un point A et tracer une droite d ne passant pas par lepoint A.Nous allons construire la droite parallèle à la droite d et qui passepar le point A. Pour cela, avec l'équerre:Tracer une droite perpendiculaire à la droite d.Appelons cette droite !1.Tracer la droite passant par A et perpendiculaire à la droite ~.Que peut-on dire <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière droite?Sauf à être le « Monsieur Jourdain» <strong>de</strong>s mathématiques, et à être considérécomme pouvant « utiliser un axiome d'Eucli<strong>de</strong> sans le savoir », ce que l'on peut direa priori (dans l'activité l,a)) <strong>de</strong>s trois droites perpendiculaires à d passant par A, B, C,est bien peu <strong>de</strong> chose. Cette première activité <strong>de</strong> tracé ne propose pas l'observationd'un phénomène graphique, puisque l'élève n'a pas ici les moyens théoriques ougraphiques <strong>de</strong> vérifier ce qu'il est censé «voir », (s'il voit que les troisperpendiculaires sont parallèles entre elles). C'est donc au professeur <strong>de</strong> dire ce qu'il yavait à voir: <strong>de</strong>s parallèles (c'est-à-dire, comme « la prose» que faisait MonsieurJourdain, « une propriété euclidienne» <strong>de</strong> l'espace sensible, un « axiome sans lesavoir»).Les auteurs du manuel sont par conséquent amenés à reprendre aussitôt laquestion et à faire appel, dès la troisième activité pour s'initier, à la connaissance queles élèves ont <strong>de</strong> ce qu'on peut leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r: les relations qu'il fallait dire, les voicipresque tout écrites et il suffit (?) <strong>de</strong> « compléter» <strong>de</strong>s écritures lacunaires avec l'un<strong>de</strong>s signes ou <strong>de</strong>s mots proposés: « parallèle» et « perpendiculaire ». Mais commele constat du «résultat» peut encore avoir raté et que les auteurs s'interdisenttoujours <strong>de</strong> donner une définition ou un axiome, ils finissent par proposerexplicitement (activité 2 b) la construction <strong>de</strong> la parallèle à une droite d par le tracé, àl'équerre, <strong>de</strong> !1 perpendiculaire à d, puis d'une perpendiculaire à ô,. Ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ntalors à l'élève ce qu'il peut dire <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière droite. Un élève <strong>de</strong> 6° ordinaire<strong>de</strong>vrait avoir compris que la réponse lui est chaque fois soufflée Un peu plus fort, etque l'on s'interdit évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> la lui dire tout du long (l'énoncé est proposé un peu


41plus loin, dans la double page où traditionnellement le cours s'énonce, sous le titre« L'essentiel»). Dans ces conditions, que font les élèves? Comme on l'a vu encommençant d'imaginer leurs moyens <strong>de</strong> répondre, les résultats produits dans les« activités pour s'initier» sont le produit <strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong>s enseignants. Que leur faut-ilfaire, que doivent-ils apprendre? Etudions leurs exercices:Exercices pour savoir faire ...Reconnaître <strong>de</strong>s parallèles et <strong>de</strong>s perpendiculaires1. Citerbcd- <strong>de</strong>ux droites parallèles- <strong>de</strong>ux droites perpendiculaires- <strong>de</strong>ux droites sécantes sans êtreperpendiculaires.Les droites cet d sont-elles sécantes?(. ..)Construction <strong>de</strong> parallèles et <strong>de</strong> perpendiculaires7. a) Tracer une droite d et marquer un point A extérieur à d.b) Tracer la droite h passantpar A etperpendiculaire à d.c) Marquer un point B extérieur aux droites d et h.d) Tracer la droite k passant par B et perpendiculaire à h.e) Que constate-t-on ?Cette fois, l'élève attentif sait qu'il doit constater le parallélisme <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxperpendiculaires à une même droite : k est perpendiculaire à h et h est perpendiculaireà d, par construction. Mais, quel est l'intérêt du tracé? Sans doute, d'éviter l'appel àla propriété (donnée à pratiquer en activité, énoncée dans la page sur « l'essentiel »)et même, d'éviter l'appel à la connaissance <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la classe, au cours <strong>de</strong>laquelle une question semblable a été posée: tout <strong>de</strong>vrait décidément être constaté.Comment obtenir alors que les élèves mettent en oeuvre la connaissance d'unepropriété, sans que cette exigence n'apparaisse comme l'expression du caprice <strong>de</strong>l'enseignant? Comment l'enseignant pourra-t-il oser l'exiger, s'il a fonctionné selonce que l'ouvrage officiel lui propose?24 Afin que l'on ne croie pas que nous étudionsun manuel particulier, nous rappellerons par exemple que Armand Colin a produitl'année suivante un manuel pour la se (collection Acti-math) dont le tout premierchapitre, intitulé « Retrouvons la géométrie », commence par l'exercice suivant:Tracez une droite D sur votre cahier, construisez à l'ai<strong>de</strong> d'une équerre<strong>de</strong>ux droites D'et D" perpendiculaires à D, que constatez-vous ?24 Il n'y a pas officiellement d'ouvrage d'enseignement qui soit « officiel », mais, outre le fait quele manuel <strong>de</strong> la collection « Pythagore» est un <strong>de</strong>s ouvrages les plus diffusés, comme chaque classedispose d'un ouvrage unique, acheté pour une durée minimum <strong>de</strong> quatre ans et choisi par l'ensemble<strong>de</strong>s enseignants même s'il n'a pas l'agrément <strong>de</strong> certains d'entre eux, comme enfin les enseignants sedoivent d'utiliser le manuel, cet ouvrage a dans <strong>de</strong> nombreux cas les caractères d'un ouvrage officiel.


42Nous avons montré là un phénomène tout à fait général: le poids <strong>de</strong>scontraintes produites par le choix d'une solution empiriste pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'espacesensible, et les effets <strong>de</strong> ces contraintes au début <strong>de</strong> l'enseignement <strong>de</strong> la géométrie.Nous ne plaidons pas, en tenant ce discours, pour la solution ancienne - celle<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux siècles qui ont précédé la réforme « <strong>de</strong>s mathématiques mo<strong>de</strong>rnes» <strong>de</strong>1970. Les choix qui avaient produit cette solution avaient donné une autre formed'empirisme scolaire (particulièrement virulente dans les classes où la distance d'avecla géométrie savante pouvait s'afficher sans vergogne: les classes techniques et lesclasses <strong>de</strong> filles en sont <strong>de</strong>ux exemples nets). Plus l'enseignement cherchait à « faireconcret », plus la dégradation <strong>de</strong> la problématique euclidienne était forte et plus laseule chose qui restait était l'ossature raisonnante, et enfin, la géométrie paraissait unerhétorique vidée <strong>de</strong> sens.Dans un ouvrage <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> conforme auxprogrammes <strong>de</strong> 1931, on trouve par exemple leschéma suivant (figure 18), qui sert à montrerqu'une perpendiculaire est plus courte que toutesles obliques menées du même point, accompagnédu commentaire « On voit bien que l'échelle estplus longue que le mur n'est haut». Mais laA D 0démonstration qui suit est «classique », et figure 18complète.Dans un ouvrage pour les écoles <strong>de</strong> filles figurant dans une « Bibliothèque <strong>de</strong>sEcoles Primaires Supérieures et <strong>de</strong>s Ecoles Professionnelles» <strong>de</strong> 1909, cemouvement <strong>de</strong> « vulgarisation» <strong>de</strong> la géométrie est poussé à sa limite 25 . Ainsi, laligne brisée« Est une ligne composée <strong>de</strong> plusieurs lignes droites. Le mètre pliant, lalettre Z nous en fournissent <strong>de</strong>s exemples. On l'emploie fréquemment en lingerie sousles noms <strong>de</strong> point <strong>de</strong> chausson, point d'épine, etc. » Quand nous rencontrons laquestion d'une perpendiculaire et <strong>de</strong>s obliques associées, le théorème évoqué plus haut- qui est seulement le quatrième théorème <strong>de</strong> ce cours, les autres propriétés ayant étéjustifiées d'une observation invoquée - a le même énoncé:Si d'un point pris hors d'une droite on mène à cette droite laperpendiculaire et différentes obliques:1 0 La perpendiculaire est plus courte que toute oblique ;2 0 Deux obliques s'écartant également du pied <strong>de</strong> la perpendiculaire sontégales;3 0 De <strong>de</strong>ux obliques qui s'écartent inégalement du pied <strong>de</strong> laperpendiculaire, celle qui s'en écarte le plus est plus gran<strong>de</strong>.Mais dans ce cas, aucune figure ne suit et le raisonnement proposé est lesuivant:Soit la droite CO perpendiculaire à AB1 0 Si nous considérons CO comme représentant un mur vertical reposantsur le sol figuré par AB, une échelle CD allant du point D au haut du murcEF B25 Hue Th., Vagnier N. (1909), Géométrie (Ecoles <strong>de</strong> filles) , Paris, Delagrave. Nous disposons <strong>de</strong> la13 o édition, datée <strong>de</strong> 1919.


43sera plus gran<strong>de</strong> que la hauteur <strong>de</strong> ce mur ; donc on aura CD > CO ouCO


44droites issues d'un même point intérieur» ou un chapitre traitant <strong>de</strong> l'usage <strong>de</strong> lasimilitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s triangles où l'on apprend à «mesurer la distance d'un pointinaccessible, sans graphomètre ni équerre d'arpenteur» (à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> jalonsconvenablement disposés sur une partie accessible du terrain, puis, en reportant laconfiguration « à l'échelle », sur une feuille <strong>de</strong> papier). Ce sont <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong>modélisation <strong>de</strong> l'espace nettement posés, qui seront traités clairement, le modèlegéométrique étant représenté sur une sorte <strong>de</strong> peùt carnet <strong>de</strong> croquis à côté d'un <strong>de</strong>ssindu paysage où se pose le problème d'arpentage, et où les lignes <strong>de</strong> la mise en signesdu problème sont tracées, comme on peut le constater sur l'illustraùon ci-<strong>de</strong>ssous.766. PROBLÈME 4. - Me.~urez la distance d'un point inaccessible,sans graphomètre n1'équerre d'arpenteur.Soit à mesurer la distance <strong>de</strong>.~---~~ l'arbre A au moulin C. Faites~ _~_1 C' planter un jalon en B, à une cerq~~taine distance d~ l'ar?re; un autre. .-~~"~~'e en D dans.la dIrectlO?,<strong>de</strong> l'arbreet du moulIn; un tr01~Ieme en EEn'. . J,~ ')'. l ea. dans la direetion du point B et duB~ .' . nJOuli~, et un quatrième e~ unp- f.\, endrOIt quelconque F sur la dIrection<strong>de</strong> AB; mes~rez les distances AF, AD, FD, FE, FB, BE;trâcez sur le papIer une droite ab, d'autant· <strong>de</strong> parties d'uneéehelle adoptée qu'on a trouvé <strong>de</strong> mètres à AB; construisez surcette ligne <strong>de</strong>s triangles ad f, [b e semblables à ceux qu'onforme sur le terrain en imaginant les droites. qui joignent les. ~a!on~. Ensuit.~ prolongez les côtés a d et b e <strong>de</strong> ces tri?-nglesJusqu à ce qu Ils se rencontrent ~ et le nombre <strong>de</strong> partIes <strong>de</strong>l'échelle que' contient a c est égal au nombre <strong>de</strong> mètres queconti~nt la distance <strong>de</strong> l'arbre A au moulin C; car, à cause ~ela s)militu<strong>de</strong> dES triangles, on aab : AB:: ac: AC.. N. B. - Par les Inoyens précé<strong>de</strong>nts, on peut mesurer la largeurd'une rivière, d'un fossé, etc.une illustration du manuel d'arpentage, page 215


453.2. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la relation <strong>de</strong> rrwdélisationNous nous proposons ici d'étudier un problème qui a été réellement posé etrésolu par un maçon et sa cliente, afin <strong>de</strong> montrer comment se fait le travail <strong>de</strong>modélisation géométrique d'un problème concret, et les difficultés d'un tel travail dèsque le modèle n'est pas donné immédiatement dans la culture scolaire. Voici les faits,tels qu'ils ont été rapportés par la cliente elle-même 27 •« Lors <strong>de</strong> la rénovation <strong>de</strong> la vieille maison que j'habite, dans un hameauà la campagne, il a fallu refaire la toiture <strong>de</strong> la maison: charpente en bois,panneaux isolants et couverture en tuiles. Les murs porteurs extérieursfont 80 cm d'épaisseur, la surface au sol <strong>de</strong> la maison est <strong>de</strong> 50 m 2 . Laprojection <strong>de</strong> la maison au sol a la forme d'un trapèze rectangle, la poutrefaîtière étant parallèle à la hauteur du trapèze, les <strong>de</strong>ux murs sur lesquelss'appuient la charpente n'étant pas parallèles entre eux: le toit est à <strong>de</strong>uxpentes.L'artisan maçon qui travaillait à la rénovation <strong>de</strong> ce toit avait disposé lapoutre faîtière horizontalement, ainsi que le faîte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux murs porteurs<strong>de</strong> la charpente. Or, il est venu me voir en disant: «Je ne comprends paspourquoi, sur un <strong>de</strong>s murs j'arrive à disposer la charpente <strong>de</strong> manière à ceque toutes les solives soient parallèles (pour obtenir un pan <strong>de</strong> toitureplane et poser les panneaux isolants) et sur l'autre, je n'y arrive pas! ».Pourquoi était-il possible <strong>de</strong> construire une charpente plane par rapport àun <strong>de</strong>s murs et était-ce impossible par rapport à l'autre? ».Suite à cela, la cliente, dont la formation en géométrie dans l'espace,« classique », est apparemment soli<strong>de</strong>, résout le problème (la solution qu'ellepropose est donnée au fur et à mesure du commentaire que nous en faisons) etl'étudiante <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il s'agit bien là d'une «enquête sur les mathématiquesrépondant à un besoin professionnel» et si la relation <strong>de</strong> la solution au problème dumaçon est bien « une relation <strong>de</strong> modélisation ».La difficulté qu'elle rencontre est particulièrement intéressante pour nous, parcequ'elle est au centre <strong>de</strong>s questions que nous avons traitées. Nous pourrions laformuler ainsi: une enquête déjà faite n'est plus à faire. Un modèle (mathématique)culturellement proposé n'est plus à construire. Le savoir peut alors sembler le produitnaturel <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la réalité matérielle. Nous allons montrer qu'il n'en est rien.Cependant, nous <strong>de</strong>vrons pour cela « dé-naturaliser le savoir» et l'envisager ànouveau comme le produit d'une activité humaine. Nous <strong>de</strong>vrons prendre les savoirsmathématiques à l'oeuvre dans les activités matérielles observables comme unensemble d'objets <strong>de</strong> culture et non comme un ensemble d'objets donné par la nature.Nous allons étudier un phénomène <strong>de</strong> naturalisation <strong>de</strong>s modèles culturellementstandard.27 Les étudiants en didactique <strong>de</strong>s mathématiques <strong>de</strong> la maîtrise <strong>de</strong> sciences <strong>de</strong> l'éducation (Université<strong>de</strong> Provence) <strong>de</strong>vaient, pour illustrer la notion d'enquête sur le savoir (ici, les mathématiques)répondant à un besoin en savoir <strong>de</strong> la vie courante ou professionnelle, proposer une premièreobservation. Nous travaillons ici à partir <strong>de</strong> l'observation réalisée sur elle-même par une étudiante.Elle est « la cliente du maçon », et elle propose la narration <strong>de</strong> cet épiso<strong>de</strong> personnellement vécucomme exemple problématique d'enquête sur les savoirs mathématiques nécessaires à l'exercice d'unmétier.


46La note <strong>de</strong> la cliente, qui a pour titre Construction d'une toiture, commence,après la narration <strong>de</strong> l'épiso<strong>de</strong> et l'exposé du problème, par une page intituléeDéfinition, que nous reproduisons ci-<strong>de</strong>ssous. .DéfmitionPlan: ensemble <strong>de</strong> points tels que si on prend une droite passant par <strong>de</strong>uxpoints quelconques, tous les points appartenant à cette droite appartiennentau plan.Propriétés1) 3 points non alignés définissent un plan2) 1 droite et 1 point hors <strong>de</strong> cette droite défmissent un plan3) l'intersection (la partie commune, qui app'artient aux <strong>de</strong>ux plans)<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux plans est une droite4) 2 droites parallèles sont dans un même planOn croirait y lire un ouvrage reprenant l'exposition classique <strong>de</strong> la géométrie.Voilà le modèle d'un problème <strong>de</strong> toiture: il est constitué <strong>de</strong> ces quelques énoncés(c'est un modèle culturellement reçu <strong>de</strong>puis Eucli<strong>de</strong> jusqu'à nos jours ou presque). Ilva <strong>de</strong> soi, il est « socialement natureI28 ». Que vous connaissiez personnellement lagéométrie ou pas, cela ne fait rien à l'affaire: le modèle vous est culturellementdonné, ou refusé; nous le partageons.Pour voir qu'il s'agit d'un phénomène culturel - d'un donné <strong>de</strong> la culture - ilfaut savoir que le texte euclidien est né d'un effort <strong>de</strong> construction théorique 29 . Que lecorpus d'énoncés ainsi obtenu puisse modéliser « l'espace <strong>de</strong>s maisons et <strong>de</strong> leurstoits à <strong>de</strong>ux pentes» est une autre affaire: question <strong>de</strong> choix judicieux d'un systèmed'axiomes, nous y reviendrons en temps utile.Soit, donc, le modèle euclidien. Sa pertinence reconnue sans autre forme <strong>de</strong>procès, voilà encore que le travail du modèle est, toujours, déjàfait. Il l'est pour noussi nous l'avons rencontré (en général, à l'école). Sinon, la manipulation du modèlen'est pas un objet <strong>de</strong> notre culture, et nous nous en remettrons aux spécialistesreconnus. Dans un cas comme dans l'autre nous ne ferons pas nous-mêmes le« travail du modèle» : le travail, s'il n'est pas déjà fait, n'est pas à faire; divisionsociale du travail et <strong>de</strong>s compétences oblige. Ainsi, la cliente, dont nous regardons letravail, a consulté son livre <strong>de</strong> géométrie (qu'elle avait conservé) pour rechercher lespropriétés pertinentes à la question qui lui était posée, en un geste qu'elle n'a paséprouvé la nécessité <strong>de</strong> dire: un premier geste qui lui était naturel. Admettons alors28 Nul ne se posera la question <strong>de</strong> sa pertinence, <strong>de</strong> l'existence d'un modèle plus efficace - mettons,un modèle algébrique - pour ce type <strong>de</strong> problème, ou <strong>de</strong> la manière <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s civilisations quiconstruisent <strong>de</strong>s toits plans à <strong>de</strong>ux pentes sans connaître la géométrie euclidienne comme modèle: neconstruit-on alors que <strong>de</strong>s maisons à murs parallèles, ou «fait-on monter les murs jusqu'auxtoits» ? Plus près <strong>de</strong> nous, les Compagnons du Devoir par exemple, utilisent-ils un tel modèle, oubien ont-ils conservé <strong>de</strong>s pratiques alternatives?29 Les mathématiciens qui se sont intéressés à cette question d'histoire en ont débattu près <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxsiècles. Ce n'est qu'au début du vingtième siècle que Tannery a définitivement montré que c'est bienainsi qu'il fallait lire Eucli<strong>de</strong>; <strong>de</strong>puis, Lebesgue - je le cite ici comme un panni d'autresmathématiciens <strong>de</strong> renom - a montré l'intérêt et l'originalité <strong>de</strong> l'approche euclidienne <strong>de</strong>s problèmesgéométriques, en reprenant pour son compte certains <strong>de</strong>s grands problèmes qu'elle traite: auparavant.ces problèmes que traite Eucli<strong>de</strong> n'étaient pas suffisamment avancés dans la pensée mathématiquecommune, pour que l'on puisse interpréter unanimement ce qu'il avait fait.


47avec elle que le « travail du modèle» (l'étu<strong>de</strong> géométrique du problème) est déjà fait,dans un livre <strong>de</strong> géométrie, dès que nous disposons <strong>de</strong> ce livre. Il reste encore aumoins un geste à réaliser - un geste qui, lorsqu'il n'est pas, lui aussi, donné par laculture (<strong>de</strong> l'institution scolaire, ou du métier), est bien difficile à accomplir, parcequ'il consiste à éprouver la pertinence d'un savoir pour la résolution d'un problème.Nous ne savons pas, le plus souvent, pourquoi « ceux qui savent» - ceuxdont le métier est <strong>de</strong> savoir produire les réponses, même lorsqu'ils ne savent pasprécisément la réponse au problème dont il est question - donnent, à ceux qui nesavent pas - ceux qui ne savent même pas où chercher une réponse possible - <strong>de</strong>sindications aussi (apparemment) évasives et peu pertinentes 30 . Ce n'est pas qu'ilsvoudraient cacher quelque chose, interdire l'accès à la réponse, c'est d'abord que cesindications ne sont pas utiles au novice, parce qu'elles ne portent pas sur les savoirsdont dépend la réponse, mais sur les moyens pour celui dont c'est le métier <strong>de</strong>produire la réponse lorsque la question est bien posée. Autrement dit, la difficulté c'estalors que ce qui fait « point <strong>de</strong> repère naturel» dans la culture n'est ailleurs qu'uneinformation parmi tant d'autres. Vous êtes comme le campagnard qui vient en ville etn'arrive pas à suivre le chemin qui lui a été décrit parce qu'il n'a pas réussi à s'insérersur la file <strong>de</strong> gauche et qu'il n'a pas non plus vu passer le panneau indiquant ladirection à suivre, étant d'abord attentif aux voitures qui le serrent...Le geste, naturel dans la culture géométrique scolaire « classique », c'est lasaisie du problème (ici, le problème du toit) dans le système <strong>de</strong> signes que le modèle(ici, le modèle géométrique) propose. Son côté «naturel» assure sans que laquestion n'ait été posée que le modèle donné modélise le problème.C'est un geste complexe qui mérite que l'on s'y arrête, car les gestesélémentaires que nous allons ainsi découvrir sont les gestes professionnels <strong>de</strong> lamodélisation géométrique, ceux qui assurent la réussite du changement du cadred'étu<strong>de</strong> du problème: <strong>de</strong>s gestes que nul ne décrit jamais, sinon peut-être lesanthropologues - et les enseignants, quand la culture scolaire a trouvé le temps <strong>de</strong> sestabiliser et les moyens <strong>de</strong> les repérer et <strong>de</strong> les nommer. Ces gestes restent toujours<strong>de</strong>s gestes du métier - du métier d'architecte par exemple, ou du métier d'élève ­c'est à dire <strong>de</strong>s gestes que l'on vient « faire vivre» en pratiquant le métier. Des gestesque l'on acquiert par l'apprentissage, en regardant faire celui qui sait et qui vousmontre comment il fait. Des gestes que l'on acquiert avec la pratique, avec l'âge etl'expérience, et que l'on appelle pour cela fort précisément les gestes du métier (lesgestes que l'on possè<strong>de</strong> lorsque l'on a « du métier»).Il Y a bien problème, c'est la première réponse que donne la géométrie. Cetteréponse tient dans l'usage <strong>de</strong>s premières définitions, rappelées, comme nous l'avonsremarqué: «Trois points non alignés définissent un plan. », ou mieux, «Unedroite et un point extérieur à cette droite définissent un plan. », ce qui permet <strong>de</strong> direque « S'il y a plus d'un plan dans notre espace et si nous nous donnons quatre points,ils ne sont pas automatiquement dans le même plan. », mais cela va sans dire puisquele modèle fonctionne tout seul, d'avance.Nous avons, dans le problème qui nous occupe, quatre points ou plutôt unedroite - la poutre faîtière peut être considérée comme droite - et <strong>de</strong>ux points - les« coins» du mur - ou une <strong>de</strong>uxième droite - le sommet du mur. Nulle raison a30 Pour imaginer ce dont il s'agit, mettons-nous un instant à la place du maçon à qui la clienterépondrait en lui tendant un livre <strong>de</strong> géométrie dans l'espace et en lui disant: votre réponse est dans celivre, voyez en particulier le chapitre « Plans et droites» !


48priori pour que les points soient tous <strong>de</strong>ux dans un plan contenant la droite, à moinsque le sommet du mur ne soit parallèle à la poutre faîtière, puisque « Deux droitesparallèles sont dans un même plan. » ; ce n'est justement pas le cas, puisque la poutrefaîtière est parallèle au sommet du premier mur qui, lui, n'est pas parallèle au sommetdu mur d'en face -la maison n'étant pas rectangulaire.3.2.1. Le modèlefournit une explicationLe problème a une raison d'être, le modèle géométrique la donne - le modèlerend raison du problème, on dit qu'il fournit une explication au phénomène constatécar« Deux droites non parallèles coplanaires sont sécantes. », ce qui fait que : <strong>de</strong>uxdroites non parallèles ne sont dans un même plan que dans le cas où elles sontsécantes. Pour que <strong>de</strong>ux droites non parallèles soient coplanaires il est donc nécessairequ'elles soient sécantes, et les solives que le maçon cherche à placer parallèles les unesaux autres ne peuvent l'être que si elles sont coplanaires, soit, si la poutre faîtière et lesommet du mur sont parallèles, ou sécantes.Voici donc l'explication: le sommet du second mur et la poutre faîtière, qui nesont pas parallèles, ne sont pas non plus (portés par <strong>de</strong>ux droites) sécant(e)s, puisqueles sommets <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux murs sont dans le même plan horizontal et que la poutre faîtière,qui n'est pas dans ce plan et qui est parallèle au sommet du premier mur, est parallèle àce plan. Avec l'explication, le modèle fournit presque immédiatement la démonstration<strong>de</strong> l'existence possible d'une solution 31 - le sommet du mur et la poutre faîtièredoivent être portés par <strong>de</strong>ux droites sécantes - et il donne la solution elle-même: « Ilfaut bouger la poutre faîtière pour la placer le long d'une droite sécante aux <strong>de</strong>uxsommets <strong>de</strong>s murs qui, on peut le constater, sont coplanaires et sécants; ou bien, ilfaut gar<strong>de</strong>r la poutre en l'état et refaire le sommet du mur dans le plan défini par lapoutre et un <strong>de</strong> ses angles, ce qui a l'avantage <strong>de</strong> conserver en l'état l'autre pan du toitet <strong>de</strong> donner à la maison l'aspect d'une maison rectangulaire lorsqu'on la regar<strong>de</strong> dubon côté ». Le modèle indique en effet les contraintes à satisfaire, et la possibilité <strong>de</strong> lefaire.3.2.2. Le modèle culturel n'est pas l'objet du discours euclidienLa solution au problème du toit à <strong>de</strong>ux pentes est maintenant donnée par le retourau système. Les sommets <strong>de</strong>s murs doivent être soit parallèles à la poutre faîtière, soitsécants à celle-ci. On peut le vérifier en <strong>de</strong>mandant comment le maçon a résolu leproblème, la solution réalisée à partir d'une poutre et <strong>de</strong> sommets <strong>de</strong> murs portés par<strong>de</strong>s droites sécantes n'est pas la solution retenue, l'émergence d'une solution aussiatypique est peu probable, parce que le maçon a résolu le problème sans l'avoir étudiéau préalable, et que <strong>de</strong> ce fait la position <strong>de</strong> la faîtière était détenninée d'avance. TI adonc rehaussé le mur aux points où <strong>de</strong>vaient porter les solives, suffisamment pour31 Nous avons <strong>de</strong>l:lx cas à traiter: si les sommets <strong>de</strong>s murs sont parallèles entre eux - ou s'ilspeuvent être rendus tels - alors, la poutre faîtière doit leur être parallèle; si en revanche les sommets<strong>de</strong>s murs ne sont pas parallèles entre eux, alors, la poutre faîtière doit être, ou bien sécante à l'und'eux et parallèle à l'autre, ou bien sécante commune aux <strong>de</strong>ux; ce qui fait que, dans le cas où lessommets <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux murs, non parallèles entre eux, seraient sécants, la poutre faîtière <strong>de</strong>vrait êtresécante en ce point, ou parallèle au sommet <strong>de</strong> l'un d'eux. Elle ne peut en effet être dans ce <strong>de</strong>rnier casparallèle à un <strong>de</strong>s sommets <strong>de</strong> mur et sécante à l'autre, parce qu'elle serait alors dans le plan commun<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux sommets, et qu'elle ne définirait plus un faîte puisque le toit serait, dans un tel cas <strong>de</strong>figure, plat.


49réaliser <strong>de</strong> proche en proche le parallélisme <strong>de</strong> chaque solive nouvelle avec l'ancienne,et il a ensuite.« lissé» le sommet <strong>de</strong> mur ainsi obtenu.Cette solution n'a pourtant pas été envisagée par la cliente: les rappels <strong>de</strong>définitions ne parlent pas <strong>de</strong> droites sécantes, celles-ci ne figurent pas dans le modèleretenu. C'est que le modèle mathématique mis en oeuvre n'est pas le modèle euclidiencomplet: la culture propose, pour la manipulation <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> l'espace, <strong>de</strong>sobjets intermédiaires qui satisfont à <strong>de</strong>s contraintes que nous pouvons analyser comme« <strong>de</strong> bonne distance» avec la culture commune, et <strong>de</strong> négociation avec celle-ci <strong>de</strong> lapertinence <strong>de</strong> la solution. Une telle négociation est nécessaire: rappelons les mots dumaçon <strong>de</strong>vant son sommet <strong>de</strong> mur oblique: «Je le vois (je vois que c'est lasolution), mais je ne l'aurais pas cru ! ».Entre le modèle (mathématique) et le problème (dans l'espace matériel), il y atraditionnellement le modèle graphique-. C'est un outil <strong>de</strong> négociation mais, nous lemontrerons, il masque le travail géométrique sous-jacent. TI est irremplaçable, sa placese justifie par cela, qu'il produit <strong>de</strong>s objets plus aisément reconnaissables par laculture: ce sont comme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> maison - et la culture ne les verra pas comme<strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> la théorie géométrique, la culture pourra éviter <strong>de</strong> s'affronter auquestionnement sur le savoir que véhicule l'idée d'un rapport <strong>de</strong> modélisation.Cette ambiguïté du statut épistémologique <strong>de</strong>s représentations graphiques <strong>de</strong>sproblèmes <strong>de</strong> géométrie, qui ressemblent aux représentations graphiques <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong>l'espace, offre au travail technique du modèle graphique la légitimité sociale quedonnent <strong>de</strong>s produits aisément reconnaissables, <strong>de</strong>s produits que l'on peut à la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> transformer en <strong>de</strong>ssins représentant les objets matériels modélisés, alorsqu'ils étaient les représentants graphiques <strong>de</strong>s objets mathématiques manipulés.Nous <strong>de</strong>vons étudier plus précisément cette fonction <strong>de</strong> visibilité culturelle, quetoute technique doit assurer pour exister <strong>de</strong> façon stable: c'est une fonction que l'idée<strong>de</strong> représentation graphique assure pour la géométrie. Nous <strong>de</strong>vrons étudier lamanière dont le travail géométrique sur les figures <strong>de</strong> la feuille <strong>de</strong> papier assure unetriple fonction:- dispositif technique d'étu<strong>de</strong> produisant les gestes pertinents pour le travaild'un problème <strong>de</strong> l'espace matérièl,- dispositif assurant la visibilité culturelle du travail technique,- dispositif assurant la régulation et le contrôle interne <strong>de</strong>s gestes techniques parla visibilité-pour-Ie-manipulateur <strong>de</strong>s gestes qu'il est amené à accomplir - nousappellerons cette fonction la sémioticité <strong>de</strong>s gestes techniques.Le modèle intermédiaire (graphique) et les règles <strong>de</strong> sa manipulation sontdonnés, comme était donné le modèle euclidien <strong>de</strong>s axiomes et propriétés(géométriques).3.2.3. Le modèle graphique comme objet intermédiaireCe modèle assure la saisie du problème dans un discours proche du discoursgéométrique, avec l'ensemble <strong>de</strong>s fonctions qu'il nous faut maintenant rendre visibles.II n'est pas même, comme le modèle euclidien qui méritait mi. exposé particulier,présenté par ses règles <strong>de</strong> fonctionnement. Dans l'usage qui en est fait et comme onpeut le voir en annexe, la première figure montre immédiatement comment le modèlese saisit du problème: cette apparition ne semble nécessiter aucun commentaire.


50Voici pourtant ce qu'il enserait si la maison était simplementreprésentée (sous un point <strong>de</strong> vuequelconque, choisi ici simplementpour gar<strong>de</strong>r la plus gran<strong>de</strong>cohérence possible avec la figuredonnée dans ce document) : c'estla figure 19. Les arêtes ne sont pastracées: elles délimitent les zonesplanes.Afin <strong>de</strong> nous rapprocher dupoint <strong>de</strong> vue géométrique, c'est-àdire,afin <strong>de</strong> «voir une figure<strong>de</strong>rrière le <strong>de</strong>ssin », comme ledirait la culture, nous passonsbientôt d'une représentation <strong>de</strong>splans à une représentation <strong>de</strong>sdroites. C'est le geste premier dutravail <strong>de</strong> saisie du problème dansun modèle graphique (figure 20).figure 20En ce premier temps, ce qui fait problème n'est pas encore visible sur cesreprésentations: le problème doit être construit. Pourtant, déjà, l'objet graphiquecomprend beaucoup <strong>de</strong> nouveaux objets; en particulier, toutes les arêtes y sontreprésentées: qu'elles soient invisibles du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l'observateur n'y changerien. Des pointillés ai<strong>de</strong>ront à gar<strong>de</strong>r un contrôle visuel <strong>de</strong> la bonne exécution <strong>de</strong> ce quicommence à <strong>de</strong>venir une figure, dont seule la partie en trait pleins évoquera le <strong>de</strong>ssinprécé<strong>de</strong>nt..'. .' ."""-: .."':,'"',.""' .. """ .. ,, "•••• '1111Q 1-"figure 19fi g ure 21Il ne s'agit plus <strong>de</strong> tracer <strong>de</strong>s arêtes - invisibles, mais existant « dans l'objet »,serait-il un objet fictif -, nous trouvons les éléments d'une sur-figure. Celle-cicorrespond bien en partie à un sur-objet virtuel : à <strong>de</strong>s arêtes qui n'ont aucuneexistence matérielle et sont <strong>de</strong>s constructions <strong>de</strong> la pensée (ici, <strong>de</strong>s arêtes quicorrespon<strong>de</strong>nt à une maison ordinaire, à murs parallèles, dont les pans <strong>de</strong> toit sont <strong>de</strong>splans et dont les sommets <strong>de</strong>s murs sont parallèles), mais aussi à une droite dontl'unique intérêt est <strong>de</strong> montrer l'idée qui permettra le calcul. La sur-figure necorrespond pas à un objet matériel, ou virtuel, mais à un objet <strong>de</strong> la géométrie: ellereprésente un objet mathématique, un objet réel ... <strong>de</strong> la géométrie, ce que l'on appelle'."""""""""",ilLa figure 21 est en revanche unesur-figure, puisqu'on y montre<strong>de</strong>s traits qui ne correspon<strong>de</strong>nt àaucune arête réelle : les arêtes<strong>de</strong> la « maison complète » sontévoquées (en pointillés fins) eton trouve même un trait qui necorrespond à aucune arêtevirtuelle: il montre <strong>de</strong>spropriétés géométriques <strong>de</strong>l'objet que la modélisationconstruit.


51un « trait <strong>de</strong> construction ». Pour la vision culturelle, non technique, la maison« réelle» apparaît maintenant comme « extraite» (ou abstraite) d'une maisonimaginée grâce à la «représentation graphique », qui correspond à une maison« idéelle» : le toit <strong>de</strong> la maison réelle sera tout aussi bien abstrait du toit idéalimaginé (J'utilise ici, volontairement, le vocabulaire culturellement reçu pour ce type<strong>de</strong> rapports <strong>de</strong> système à modèle, afin <strong>de</strong> mieux montrer comment l'acceptionculturelle péjore le geste <strong>de</strong> production théorique, ce qui a pour effet principal <strong>de</strong>l'interdire - dans le cadre <strong>de</strong> la culture -, c'est à dire <strong>de</strong> le réserver aux spécialistes).Le travail n'est pas terminé. D'abord, il faut terminer la saisie géométrique duproblème, en passant <strong>de</strong>s droites aux points, qui sont presque toujours les objetsélémentaires à partir <strong>de</strong>squels se fait le travail géométrique proprement dit.Cela suppose que l'onnomme les points sur lesquelson va discourir (figure 22) :les droites sont alors <strong>de</strong>scouples <strong>de</strong> points, les plans<strong>de</strong>s triplets <strong>de</strong> points ou <strong>de</strong>scouples <strong>de</strong> droites (sécantes Eou parallèles), etc. Il fautextraire <strong>de</strong> lafigure complèteles sous-figures pertinentes àl'explication et au calcul <strong>de</strong>s JIf;....c••• ••• A,., .. .·:ho. :::::::::::::::::: ~ 1~ii1 ~ 1111111111111111111111111111-:= .- : KN- •• ~·"·"····"·"H\\n111t, , a'iiiiii 11111 III 111111",r'''\'' r\"\,~'''''' r'''\Mdimensions <strong>de</strong>s murs et du figure 22toit.En particulier il faut montrer l'existence, et l'allure, <strong>de</strong> la solution choisie. Parexemple, il faudra peut-être « rabattre» les plans correspondant aux gran<strong>de</strong>urs quel'on veut mesurer. Cela nécessitera encore <strong>de</strong> nombreux gestes techniques. Déjà, il nereste ici presque plus aucune <strong>de</strong>s arêtes initiales, l'état actuel <strong>de</strong> la maison n'est pasvisible.Voici par exemplela figure 23, qui sert àévoquer le problèmecomplet et qui permet enparticulier <strong>de</strong> nommer lesgran<strong>de</strong>urs dont nousdonnerons les mesures.Cette figure indique enparticulier les parties àmesurer afin <strong>de</strong> placer lepoint A: sa positiondétermine à la fois lavaleur du rehaussement(BAA') du mur BINA' etcelui (CAA') <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> figure 23CEJNA'JDB1B1


52...d'où la sous-figure pertinente (figure 24) :CElle suffit maintenant à la résolution duproblème, car les propriétés utiles y sonttransportées (sur d'autres lignes, parallèles auxlignes où nous <strong>de</strong>vrons aller les chercher quandE H A' G nous voudrons revenir à la maison matérielle) pourplacer un repère au point <strong>de</strong> jonction du mur àrehausser et <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> à terminer: pour placer lepoint A dans l'espace matériel (à la hauteur AA' au<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A' qui avec C, E, J, N, correspond à laJmaison actuelle).N KIl nous resterait à suivre les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnièresfigure 24pages du travail, mais nous sommes maintenantdans un travail plus strictement mathématique.Nous n'irons pas plus loin et nous renverrons le lecteur à l'annexe, où la solutionproposée est donnée in extenso. En revanche, il est un travail que nous pouvonsfournir à partir <strong>de</strong> ce point, et qui caractérise les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> modélisation: nouspouvons en effet proposer à un maçon un procédé pratique <strong>de</strong> construction directe dupoint A, un procédé qui évite le recours à la culture géométrique savante mais quirepose sur les gestes professionnels d'attaque <strong>de</strong>s problèmes d'alignement ou <strong>de</strong>parallélisme - comme ce que doit être, pour un cas <strong>de</strong> ce type, la technique <strong>de</strong>scompagnons charpentiers (qu'on pourrait maintenant aller, avec grand profit,interroger à ce propos).« Le point A doit être dans le plan déterminé par (CDJ et B, ce qu'il estcommo<strong>de</strong> <strong>de</strong> réaliser par visée directe: soit un observateur au niveau dusol, qui s'éloigne du pied <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> manière à voir le point B encoïnci<strong>de</strong>nce exacte avec un point <strong>de</strong> la faîtière,. cet observateur a ainsiplacé ses yeux dans le plan (BCDJ, et il doit encore voir le point A sur lafaîtière,. un manipulateur n'a donc qu'à placer une règle verticale le long<strong>de</strong> l'arête (POJ <strong>de</strong> telle manière que l'extrémité <strong>de</strong> la règle paraisse, pourl'observateur convenablementplacé, coïnci<strong>de</strong>r avec lafaîtière pour que lepoint <strong>de</strong> l'espace ainsi obtenu soit le point A cherché ».4. Une conclusion provisoireNous nous arrêterons ici: il nous faut maintenant attaquer en propre lesproblèmes d'enseignement, ce que nous ferons dans la troisième partie <strong>de</strong> ce travail,puisque nous avons posé à la fois ce que pouvait être la géométrie (dite élémentaire)comme théorie en acte <strong>de</strong> la rationalité, système <strong>de</strong> signes graphiques soutenant lepremier discours mathématique (axiomatisé), le premier calcul sur d'autres termes queles nombres particuliers, et comme physique (élémentaire) <strong>de</strong> l'espace sensible, dont lelaboratoire privilégié serait la feuille <strong>de</strong> papier. Nous pourrions encore prendre leslaboratoires particulièrement riches que proposent les logiciels comme Eucli<strong>de</strong> ouCabri Géomètre, ce qui nécessite <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s particulières pour chacun <strong>de</strong> ces cas. Desétu<strong>de</strong>s que nous commençons à peine d'imaginer maintenant.Les programmes actuels nous ouvrant, par leur formulation, tous les possiblesqui vont d'un <strong>de</strong> ces extrêmes à l'autre, nous pouvons pourtant commencer à proposer


53<strong>de</strong>s embryons <strong>de</strong> textes d'enseignement, dont nous <strong>de</strong>vrons étudier la faisabilitédidactique.Mais nous avons posé le problème qu'il nous faut résoudre, celui <strong>de</strong>l'enseignement <strong>de</strong> la géométrie comme modèle <strong>de</strong> l'espace. Les problèmes didactiquesrencontrés sont nouveaux, parce que ce domaine mathématique qu'est la géométrie esttraditionnellement le lieu <strong>de</strong> l'enseignement <strong>de</strong> la pensée rationnelle, et qu'il ne peutsans danger pour sa survie perdre cette spécificité.Nous avons ensuite mis en place les outils mathématiques du travail didactiquequ'il reste à faire. En particulier nous avons construit l'outil d'entrée dans lamodélisation géométrique qu'est le schéma. Nous avons montré comment se fait letravail du schéma, et comment la construction d'un système <strong>de</strong> signes apte à traiter lesquestions posées est au cœur <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> tout enseignement <strong>de</strong> la modélisation.Nous pouvons alors abor<strong>de</strong>r le travail <strong>de</strong> constitution d'un texte d'enseignementet l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s scénarios didactiques correspondants, ce que nous ferons dans les 4 èmeet 5 ème section <strong>de</strong> cette série. Ce sera le <strong>de</strong>uxième moment du travail d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>spossibles que les programmes actuels ouvrent à notre initiative.Dans la perspective que nous dégageons ici, c'est seulement dans un troisièmemoment du travail didactique que nous rencontrerons certaines questions cruciales, quiviendront lors du mouvement <strong>de</strong> retour <strong>de</strong>s modèles géométriques locaux produitspour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> problèmes géométriques particuliers, en direction <strong>de</strong>s problèmesgénéraux rencontrés dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s espaces. C'est-à-dire, lorsque nousentreprendrons, forts <strong>de</strong> notre connaissance <strong>de</strong>s objets qui sont dans l'espace, lesétu<strong>de</strong>s expérimentales <strong>de</strong>s propriétés générales qui se réalisent dans un espace. C'estdans ce même moment que nous rencontrerons les questions qui viendront <strong>de</strong> ce que lagéométrie <strong>de</strong>vra rester la terre d'élection <strong>de</strong> l'enseignement <strong>de</strong> la rationalité: <strong>de</strong>squestions que tout enseignement <strong>de</strong> la géométrie, quel qu'il soit, ne saurait éviter.Quelques indications bibliographiques, pour la première partie et pour celle-ci.BibliographieBERGER M. (1990), La géométrie <strong>de</strong> Riemann. Aperçu historique et résultatsrécents, Images <strong>de</strong>s mathématiques, Le courrier du CNRS, supplément au nO 76.BESSOT A. et RICHARD F (1979), Comman<strong>de</strong> <strong>de</strong>s variables dans une situationdidactique pour provoquer l'élargissement <strong>de</strong> procédures en vue d'étudier le rôle duschéma, Université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux I.BROUSSEAU G. (1983), Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> questions d'enseignement un exemple: lagéométrie, Séminaire <strong>de</strong> didactique <strong>de</strong>s mathématiques et <strong>de</strong> l'infomiatique, <strong>Grenoble</strong>,IMAG, LSD.CARREGA J-c. (1981), Théorie <strong>de</strong>s corps, la règle et le compas, Paris, Hermann..


54CHEVALLARD Y. (1985), La transposition didactique, du savoir savant au savoirenseigné, <strong>Grenoble</strong>, La Pensée Sauvage (réédition 1991).CHEVALLARD Y. (1986), Les programmes et la transposition didactique, illusions,contraintes et possibles, Bulletin <strong>de</strong> l'APMEP, 352, (février).CHEVALLARD Y. (1988), On didactic transposition theory : some introductorynotes, (communication) International Symposium on Research and Development inMathematics Education, Bratislava, 3-7 août 1988.EUCLIDE (v. 300 av. J.C.), Les Eléments, traduction F. Peyrard, 1809, (réédition1966, Paris, Blanchard).GILLE B. (1964), Les ingénieurs <strong>de</strong> la Renaissance, Paris, Hermann (réédition1974, collection Points Sciences).GONSETH J.F. (1945), La géométrie et le problème <strong>de</strong> l'espace, Neuchâtel,Editions du Griffon.GOYARD-FABRE S. (1968), Preuve (épistémologie), Encyclopœdia Universalis,Paris.KC. (1968), Géométrie algébrique, Encyclopœdia Universalis, Paris.I.R.E.M., Groupe épistémologie et Histoire, Dhombres J., Dahan-Dalmedico A.,Bkouche R., Houzel c., Guillemot M., (1987), Mathématiques au fil <strong>de</strong>s liges,Paris, Gauthier-Villars.LELONG P. (1968), Géométrie différentielle classique, Encyclopœdia Universalis,Paris.LEBESGUE H. (1950), Leçons sur les constructions géométriques, Paris, Gauthier­Villars, (réédition 1987, Paris, Jacques Gabay).PLATON (v. 428-v. 348 av. J.c.), La République, VII, Paris, Garnier-Flammarion.ROUCHE E. et <strong>de</strong> COMBEROUSSE Ch (1880?), Traité <strong>de</strong> géométrie, PremierLivre, Géométrie plane, (8 ème édition 1912, Paris, Gauthier-Villars).RUSSO F. (1968), Géométrie, Encyclopœdia Universalis, Paris.STEVIN S. (1584), La Statique, trad. française Girard A.(1610), (réédition 1987,Paris, ACL-éditions).TANNERY P. (1887), La géométrie grecque, Paris, Gauthier-Villars (réédition1988, Paris, Jacques Gabay).VALERY P. (1924), Eupalinos, Préface à Architectures, Paris, Sue et Mare (réédition1944, Paris, Gallimard).


55AnnexeLa solution proposéeDéfInitionPlan: ensemble <strong>de</strong> points tels que si on prend une droite passant par <strong>de</strong>uxpoints quelconques, tous les points appartenant à cette droite appartiennentau plan.Propriétés1) 3 points non alignés définissent un plan2) 1 droite et 1 point hors <strong>de</strong> cette droite défInissent un plan3) l'intersection (la partie commune, qui appartient aux <strong>de</strong>ux plans)<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux plans est une droite .4) 2 droites parallèles sont dans un même planJC"\'\ 1 rl"\'\ 1 rl"\,rI-N='\1 rl"\'\1 rrMLa maison vue <strong>de</strong>puis l'arrièreDSont représentésEn gras:les arêtes existantes,BEnfm:les trait fictifs,En pointillés :les traits correspondantà <strong>de</strong>s parties (réelles ou1 fictives) cachées.CA­E H A'GA'BJ N KLa faça<strong>de</strong> plus étroiteN ..... ....Le mur à rehausser1


56G­ACEToit vu <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssus2° panle panBDFGE // BF,CD//EF,AB non//CD,CE//DFLe toit est composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxpans ou parties: ABDC etCDFE, chaque partie doit êtreplane, parce que couverte enpanneaux industriels plans.Comment faire pour que chaque pan <strong>de</strong> toit soit plan ?Comment faut-il monter le mur ANID?Cas du premier pan <strong>de</strong> toitCDFECDF constitue un pla~ (3 points). Les droites DF et CE sont dans unmême plan (Parce que 11), le plan (CDF). Le point E appartient à la droite(CE), donc il est dans le plan CDFE (qui constitue bien une surfaceplane).Cas du <strong>de</strong>uxième pan <strong>de</strong> toit ABDCOù se trouve le point A ? Il se trouve dans le plan (BCD), plan du toit, erdans le plan (EJK), plan du mur, donc il se trouve à l'intersection <strong>de</strong> ces<strong>de</strong>ux plans, qui est la droite (CG) (G est un point fictif)A quelle hauteur se trouve la point A, par rapport à la droite horizontale(EA') ? (Ou, à quelle hauteur par rapport au plan (BEFG) ?)AA' = hex =ECG, angle du pan <strong>de</strong> toit (ABCD) avec le plan (BFEG)_côté opposétg - côté adjacent (autre que l'hypothénuse)ou: tg ex = A~Gh =A'G tg exCHou : tg ex = HG, CHh = A G HGcomme A'G =HG - HA',comme -HG =LB,CHh = (HG - HA') HGh = (LB - HA')


DESIGNATIONS DANS UN TABLEUR ET INTERACTIONAVEC LES CONNAISSANCES ALGEBRIQUESBernard CAPPONILSD2 Université <strong>Joseph</strong> <strong>Fourier</strong> <strong>Grenoble</strong>Collège Le Vergeron MoiransCet article s'attache à montrer les obstacles que représentent les systèmes <strong>de</strong>références pour <strong>de</strong>s élèves débutants dans l'utilisation d'un tableur comme Multiplan.Seules les difficultés liées à l'utilisation <strong>de</strong>s références dans le cadre du logicielMultiplan seront abordées ici!. Il s'agit en fait <strong>de</strong> montrer comment certainesconceptions sur l'algèbre entrent en conflit avec les références utilisées dans untableur pour écrire les formules décrivant <strong>de</strong>s calculs. L'article se présente en <strong>de</strong>uxparties:- une présentation du tableur <strong>de</strong> façon que les lecteurs peu familiers <strong>de</strong> ce typed'outil puissent se représenter le fonctionnement d'un tableur relativement auxproblèmes abordés.- une analyse <strong>de</strong>s relations entre algèbre et tableurs et la <strong>de</strong>scription d'une séried'expérimentation qui appuyent les analyses réalisées.Les tableurs sont <strong>de</strong>s outils informatiques récents qui modifient sensiblement lestechniques <strong>de</strong> calculs pour <strong>de</strong>s quantités importantes <strong>de</strong> nombres. Leur utilisation estrendue particulièrement intéressante par la présence <strong>de</strong> formules qui permettentd'effectuer automatiquement <strong>de</strong>s calculs entres les nombres implantés dans lescellules. Ce sont <strong>de</strong>s outils originaux qui ne peuvent exister qu'en raison du traitementautomatique <strong>de</strong>s nombres que fait l'ordinateur. Il ne s'agit pas d'un prolongementd'habiletés techniques anciennes, mais d'un outil original que nous a apporté la microinformatique.Ces utilisateurs sont multiples et je pense que le moindre collège <strong>de</strong>France en possè<strong>de</strong> un ou plusieurs dans ses armoires. Je ne saurais trop encouragerles professeurs à les en sortir et à les utiliser avec leurs élèves notamment dans lesparties "gestion <strong>de</strong> données" <strong>de</strong>s programmes du collège.1Les lecteurs qui souhaitent une approche plus complète <strong>de</strong> ces problèmes peuvent se reporter autravail <strong>de</strong> thèse réalisé sur ce sujet. (Voir bibliographie).«petit x» nO 29 pp. 57 à 88,1991-1992


58I. Description du logicielLes tableurs gèrent <strong>de</strong> grands tableaux où l'on peut inscrire dans les cases(appelées cellules) <strong>de</strong>s nombres et surtout <strong>de</strong>s formules effectuant <strong>de</strong>s calculs à partir<strong>de</strong> ces nombres. Ces formules utilisent <strong>de</strong>s désignations particulières <strong>de</strong>s cellules sousla forme <strong>de</strong> références absolues et relatives. Les outils les plus répandus sontactuellement Multiplan, Excel et Lotus 123. Mais il en existe sur tous les types <strong>de</strong>matériels: Macintosh et Compatibles mais aussi Nanoréseau et <strong>de</strong> nombreux autrestypes <strong>de</strong> matériels. Certains font partie <strong>de</strong> logiciels intégrés dont le plus répandu dansle mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'éducation en France est Works. Ces logiciels diffèrent cependant par lesystème <strong>de</strong> référence employé.Le tableur auquel je fais référence et qui a été l'objet <strong>de</strong> l'essentiel du travail avec<strong>de</strong>s élèves, présenté ici, est Multiplan (versions 1.02 et 1.10 <strong>de</strong> Microsoft pourMacintosh). J'ai réalisé par ailleurs <strong>de</strong>s expérimentations avec <strong>de</strong>s adultes en milieu<strong>de</strong> travail sur Multiplan version 1 pour Compatibles PC.1.1 La cellule élément <strong>de</strong> base du tableauLe tableau <strong>de</strong> Multiplan comporte 255 lignes et 63 colonnes dont lesintersections déterminent 16065 cellules. La cellule est l'élément <strong>de</strong> base du tableau.L'édition <strong>de</strong>s formules, la saisie <strong>de</strong>s données au clavier, se fait toujours après sélectiond'une cellule choisie par l'utilisateur. La cellule sélectionnée est souvent désignée parle terme <strong>de</strong> cellule active. Sur Macintosh elle est perceptivement i<strong>de</strong>ntifiée par sacouleur noire. La cellule peut contenir une simple valeur numérique ou un texte, maiségalement une formule qui produit un résultat calculé et affiché. Je distingue ainsi lescellules <strong>de</strong> données et les cellules calculées. Par ailleurs pour l'écriture <strong>de</strong>sformules chaque cellule doit être désignée. J'étudierai ce point plus loin.1.2 La formule : aspect dynamique du tableurDe fait la formule implantée dans une cellule est l'expression algébrique d'unefonction. Les variables <strong>de</strong> la formule qui définit cette fonction sont <strong>de</strong>s références à<strong>de</strong>s cellules dont les contenus calculés leur sont attribués. Par exemple dans lafigure 1, j'ai représenté plusieurs cellules en distinguant pour chacune un niveauapparent contenant une valeur numérique et un <strong>de</strong>uxième niveau contenantéventuellement une formule.Pour faciliter la lecture j'ai désigné ces cellules par les lettres a à f. La cellule ccontient une formule qui calcule à partir <strong>de</strong>s valeurs affichées dans les cellules a, b et dla somme 15 affichée dans cette cellule c. L'exemple donné montre que l'on peut faireréférence à <strong>de</strong>s constantes numériques comme dans la cellule d ou à <strong>de</strong>s valeurs déjàcalculées par d'autres fonctions comme dans les cellules b ou c. On peut aussi faireréférence à une cellule sans contenu apparent comme la cellule e et, dans le cas d'uncalcul le contenu par défaut est zéro. Le tableur effectue une mise à jour du tableaudans le cas d'une modification du contenu <strong>de</strong>s cellules arguments. Une feuille <strong>de</strong>calcul avec l'ensemble <strong>de</strong> ses formules est alors davantage qu'un simple tableau <strong>de</strong>valeurs: elle génère un ensemble <strong>de</strong> tableaux défini par les relations qui ont été crééesentre les cellules. C'est cet aspect fonctionnel qui donne au tableur un statutdynamique. La construction d'une feuille <strong>de</strong> calcul doit tenir compte <strong>de</strong> l'aspectgénérique que les formules donnent au modèle construit, c'est-à-dire prendre en


59compte toutes les valeurs numériques susceptibles d'être affectées aux cellules dutableur. Par exemple dans le cas <strong>de</strong> la Figure 1, la formule définie dans la cellule f,doit tenir compte <strong>de</strong>s éventuels contenus qui pourraient être affectés à la cellule e.4, a ~5 b1 ~ ~ 1 =a<strong>+1</strong>'r ~~15 - c 6~1 =a+b+d1-------­0 :'15t::.......Figure 111 =c+eAinsi je distinguerai la feuille <strong>de</strong> calcul, qui définit la fonction, <strong>de</strong>s tableauxqui sont les images <strong>de</strong> cette fonction obtenues à partir d'un ensemble <strong>de</strong> donnéesnumériques données par l'utilisateur. Cette précision terminologique est d'autant plusnécessaire que l'utilisateur n'aperçoit sur l'écran que ces images, ainsi que l'indique laFigure 1, ce qui ne manquera pas d"avoir <strong>de</strong>s conséquences sur ses conceptions.1.3 Les systèmes <strong>de</strong> référencesEcrire une formule <strong>de</strong> calcul dans une cellule à partir <strong>de</strong>s contenus d'autrescellules nécessite l'utilisation <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> désignation. Pour décrire la Figure 1, j'aipar exemple utilisé <strong>de</strong>s désignations classiques en algèbre, avec <strong>de</strong>s lettres. Dans untableur il existe plusieurs types <strong>de</strong> désignations pour répondre aux différents besoins<strong>de</strong> l'utilisateur. En effet, repérer <strong>de</strong>s cellules dans un tableau peut être fait à l'ai<strong>de</strong>:d'une référence absolue,d'une référence relative à la cellule active,d'une désignation spécifique (nom attribué à une cellule).Références absoluesL4C2 qui apparaît en haut et à gauche <strong>de</strong> la feuille <strong>de</strong> calcul (Figure 2) est la"référence absolue" <strong>de</strong> la cellule active. Cette référence est l'indication <strong>de</strong>s numéros <strong>de</strong>ligne et <strong>de</strong> colonne (ici, ligne 4 et colonne 2) à l'intersection <strong>de</strong>squelles se trouve lacellule. Ce type <strong>de</strong> désignation est fait en référence à un repère fixe auquel est rapportéle tableau <strong>de</strong> Multiplan correspondant à la numérotation affichée à l'écran pour leslignes et les colonnes. Dans le tableau, chaque cellule a ainsi une désignation unique.On peut utiliser ces références pour écrire <strong>de</strong>s formules comme: =L2C2+L3C2 quicalcule la somme <strong>de</strong>s contenus <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux cellules L2C2 et L3C2.df


60Fichier Edition Sélection Format Options (L4C21Sans titre3 41lI---1 .2 : 4 : : :lI---1 .3 : 5 : : :11-­ 4 ---1::: ::: :::::: ::: :::1 1:: ::::::: :::::: ::: j:: ::: ::: ::::::::::~::::Références relativesFigure 2Encadrée d'un pointillé, on peut voir dans la barre d'édition <strong>de</strong> la Figure 2 unefonnule utilisant <strong>de</strong>s "références relatives". L[-2]C désigne la cellule qui se trouve<strong>de</strong>ux lignes au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la cellule active et dans la même colonne. Il s'agit là d'unrepère dont l'origine est la cellule active. Au cours <strong>de</strong> l'édition d'une fonnule, le fait <strong>de</strong>désigner une cellule à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la souris édite automatiquement dans la fonnule lesréférences relatives <strong>de</strong> cette cellule par rapport à la celluJe active. C'est le choix qui aété fait par le concepteur du logiciel, il donne à ce type <strong>de</strong> référence une placeprivilégiée pour l'écriture <strong>de</strong>s formules. L[-4]C[+2] indique par exemple ledéplacement à effectuer <strong>de</strong> la cellule active à la cellule que l'on veut désigner c'est-àdirequatre lignes au-<strong>de</strong>ssus (-4) et 2 colonnes à droite (+2). Ce type <strong>de</strong> référencecomporte une syntaxe particulière avec l'utilisation <strong>de</strong>s lettres L et C pour ligne etcolonne, un crochet1 contenant alors le décalage <strong>de</strong> la cellule désignée par rapport à lacellule active, avec le signe obligatoire + ou - (suivant le sens du décalage ). Il existecependant <strong>de</strong>ux types d'exceptions à cette syntaxe générale <strong>de</strong>s références relatives:• L'absence <strong>de</strong> parenthèses et d'argument numérique, comme dans LC[5] ouL[-2]C signifie que l'on fait référence à une cellule <strong>de</strong> la même ligne ou <strong>de</strong> la mêmecolonne. LC désigne ainsi la cellule active elle même.• L'absence <strong>de</strong> la lettre Lou C par exemple L[-4] ou C[+2] signifie égalementque l'on fait référence à une cellule <strong>de</strong> la même colonne ou <strong>de</strong> la même ligne2.1La version 1.02 <strong>de</strong> Multiplan sur Macintosh utilise <strong>de</strong>s parenthèses dans l'écriture <strong>de</strong>s références alorsque la version 1.10 utilise <strong>de</strong>s crochets. Cette différence peut avoir une inci<strong>de</strong>nce non négligeable sur lalecture <strong>de</strong>s fonnules comportant déjà <strong>de</strong>s parenthèses pour indiquer <strong>de</strong>s priorités <strong>de</strong> calcul comme dans lecalcul algébrique classique. La version 1.02 a été utilisée au cours <strong>de</strong> la première expérimentation alorsque par la suite nous avons utilisé la version 1.10 que nous considérions plus lisible On peut noteraussi que sur les versions pour compatibles P.C les références relatives s'écrivent avec <strong>de</strong>s parenthèses.2 Le Manuel <strong>de</strong> l'utilisateur comporte un exemple <strong>de</strong> la première exception mais la <strong>de</strong>uxièmen'apparaît à aucun moment dans la documentation. L'absence d'indication sur cette <strong>de</strong>uxième exceptionexplique sans doute le peu d'utilisation qui en est fait dans les modèles <strong>de</strong> feuilles que nous avons puobserver.


61Les nomsOn peut donner un nom à une cellule ou à un ensemble <strong>de</strong> cellules (colonne,ligne, pavé, etc.). Ce nom, contrairement à la référence absolue n'a pas <strong>de</strong> syntaxeprédéfinie, l'utilisateur choisira généralement un signifiant lié au problème qu'il traite 1 .Les élèves n'ont pas reçu d'informations concernant les noms qui n'ont donc pas étéutilisés. En conséquence je n'abor<strong>de</strong>rai pas davantage les aspects liés à l'utilisation <strong>de</strong>snoms dans cet article.II. Algèbre et Multiplan : les référencesCe chapitre présente les inter-actions entre un modèle algébrique et sonimplantation dans le tableur. Il s'agit, en particulier d'étudier les difficultés <strong>de</strong>sutilisateurs liées à la présence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux syntaxes qui se mêlent: celle <strong>de</strong> l'algèbre etcelle du tableur.Pour mener cette étu<strong>de</strong> à bien, je m'appuierai sur les observations d'un ensemble<strong>de</strong>s séquences réalisées au cours d'une formation donnée à <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> troisième àl'utilisation <strong>de</strong> Multiplan et sur une situation-interview que j'ai conduite avec 6binômes d'élèves et 7 binômes d'adultes. Il n'est pas possible ici <strong>de</strong> fournirl'ensemble <strong>de</strong>s tâches proposées aux élèves 2 . Je m'efforcerai pour les <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong>travaux d'élèves <strong>de</strong> donner les informations nécessaires à la lecture <strong>de</strong>s analyses.Les situations construites pour l'apprentissage et dans la situation interviews'appuient sur un modèle <strong>de</strong> l'élève qui a été élaboré en tenant compte <strong>de</strong>sconnaissances <strong>de</strong>s élèves en algèbre et <strong>de</strong> l'analyse conceptuelle du tableur telle qu'ellevient d'être décrite.Les connaissances <strong>de</strong>s élèves en algèbre à la fin <strong>de</strong> la scolarité du collège (10°année correspondant à la fin <strong>de</strong> la scolarité obligatoire) les conduisent à désigner <strong>de</strong>svariables à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> lettres avec <strong>de</strong>s notations utilisant <strong>de</strong>s exposants mais jamaisaucun indice. La lecture d'expressions du type <strong>de</strong>s polynômes du premier <strong>de</strong>gré est engénéral faite correctement. Dans cet environnement les désignations sont univoques:chaque symbole désigne un seul objet. Ce point fait d'ailleurs l'objet d'unenseignement systématique au niveau du collège. Les syntaxes <strong>de</strong> l'algèbre et <strong>de</strong>Multiplan se mêlent dans l'écriture <strong>de</strong>s formules puisqu'à l'exception <strong>de</strong>sdésignations, ce sont les conventions du calcul algébrique qui prési<strong>de</strong>nt àl'organisation <strong>de</strong>s calculs décrits par les formules du tableur.L'·analyse conduit à envisager chez les élèves une rupture entre cesconnaissances et le système <strong>de</strong> désignation du tableur à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> références relatives.Les différences entre les <strong>de</strong>ux systèmes symboliques induisent une typologie <strong>de</strong>sobstacles à l'apprentissage envisageables du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la syntaxe que j'abor<strong>de</strong>dans ce chapitre:1 Les contraintes <strong>de</strong> syntaxe sont faibles; elles permettent à l'utilisateur <strong>de</strong> choisir pratiquementn'importe quel nom signifIant, à l'exception <strong>de</strong> quelques mots réservés. (Manuel p. 45).2Les lecteurs intéressés par ce travail peuvent <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à l'auteur <strong>de</strong> leur fournir les élémentscomplémentaires que nous ne pouvons exposer ici ou trouver ceux-ci dans Capponi 90.


62• Obstacles liés à la lecture et dus à la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> l'écriture. Le nombre <strong>de</strong>symboles nécessaires à l'écriture <strong>de</strong>s références est notablement augmenté (5 à 6 foisplus important).Ces difficultés interviennent au niveau- <strong>de</strong> la priorité <strong>de</strong>s opérations en jeu (addition et Multiplication),- <strong>de</strong> la signification <strong>de</strong>s références.• Obstacles liés aux références relatives à une cellule. L'origine du repère varieavec chaque formule et les désignations ne sont plus uniques pour chaque cellule. Lalecture peut être notablement perturbée dans "la mesure où le rôle <strong>de</strong> la cellule activen'est pas i<strong>de</strong>ntifié.• Obstacles liés à une modification, relativement à l'univers papier-crayon, <strong>de</strong>ssymboles opératoires notamment pour la multiplication (*) et la division (f).• Obstacles liés à la manipulation <strong>de</strong>s fonctions. Qans Multiplan les fonctionscomme SommeO , MIN0 ou MoyenneO sont à l'origine <strong>de</strong> difficultés concernantla syntaxe et la sélection <strong>de</strong>s arguments.II.1 Références relativesLes travaux préliminaires à cette étu<strong>de</strong> m'ont permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce lesdifficultés <strong>de</strong>s élèves concernant les références relatives relevées par <strong>de</strong> nombreuxenseignants. Ces difficultés persistant longtemps après les débuts <strong>de</strong> l'apprentissage,je me suis attaché à les mettre en évi<strong>de</strong>nce et surtout à en trouver l'origine. C'est ceque j'abor<strong>de</strong> ici.Les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> références que construisent lesélèves sont difficiles à repérer dans la mesure où les feed-back <strong>de</strong> la machine lesconduisent souvent à détruire <strong>de</strong>s formules qui sont soit rejetées par le dispositif soitqui ne leur conviennent pas. Il ne réalisent pas, la plupart du temps, d'analyse <strong>de</strong>sformules. C'est pour cela que j'ai construit, en plus <strong>de</strong> l'observation <strong>de</strong>s situationsd'apprentissage sur l'ordinateur, <strong>de</strong>s situations spécifiques qui <strong>de</strong>vaient conduire lesélèves à analyser <strong>de</strong>s formules écrites avec <strong>de</strong>s références relatives. Ces situations<strong>de</strong>vaient être réalisées par les élèves entièrement dans un environnement papiercrayon.("Vêtements" : séance 3 et "Rectangles" : séance 5).Une appropriation délicateLe système <strong>de</strong> références relatives, qui est le choix par défaut du concepteur 1 , sepose en obstacle à l'apprentissage du tableur. En effet, j'ai pu observer que dans lespremiers temps <strong>de</strong> l'apprentissage, les élèves construisent facilement les feuilles <strong>de</strong>calcul simples qui leur sont proposées. Mais cette aisance dans la construction ne doitpas être interprétée comme une appropriation du système <strong>de</strong> références relatives utilisé.D'autant que la désignation en acte, si peu d'éléments sont concernés, permet unemaîtrise suffisante pour dispenser <strong>de</strong> lire ce que la machine traduit en formules. Bienentendu le problème se pose pour vali<strong>de</strong>r la formule. Mais le contrôle par l'action a puparaître suffisant D'où l'illusion initiale <strong>de</strong> facilité lors <strong>de</strong> la prise en main.En effet construire, par exemple, une feuille <strong>de</strong> calcul comme celle <strong>de</strong> la Figure 3est fait par tous les élèves avec une saisie à la souris <strong>de</strong>s valeurs apparentes dans les1 Voir à ce sujet une étu<strong>de</strong> conceptuelle du tableur dans Capponi 1989.


63cellules, sans qu'une analyse <strong>de</strong> la fonnule produite soit entreprise. le donne ici le seulexemple d'élève que j'ai vu tenter une analyse <strong>de</strong> la fonnule au début <strong>de</strong> la fonnation.A la <strong>de</strong>uxième séance, les élèves ont reçu <strong>de</strong>s infonnations sur la signification<strong>de</strong>s références relatives dans la désignation <strong>de</strong>s cellules intervenant dans la fonnule.Sur les 10 élèves observés, Sylvie, en binôme avec Corinne, est en effet la seule quiait tenté, sans y parvenir à donner une signification à ces références.Ainsi, après avoir édité dans la cellule L IlC4 la fonnule (Figure 3-b) := MAX(L(-9]C: L(-4]C)et avant <strong>de</strong> la vali<strong>de</strong>r, elle croit s'être trompée dans la sélection <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong>l'argument et tente <strong>de</strong> la contrôler:SylvieCorinneSylvieAttends -9 c'est.. .-4... <strong>de</strong> -9 jusqu'à -4 ... -9 c'est lui... -4 c'est lui.C'est bon.Je sais pas , ... si je recommençais... je recommence...Elle efface alors les références et refait la sélection <strong>de</strong>s cellules avec la souris.Elle abandonne ainsi le décodage pour éditer <strong>de</strong> nouveau avec la souris. Elle tenteraencore une fois <strong>de</strong> donner une signification aux références relatives en essayantd'expliquer à Corinne comment on peut corriger <strong>de</strong>s références sans nécessairementles effacer. Ainsi, à propos <strong>de</strong> la fonnule=MOYENNE(LC(-4] : LC(-lD :SylvieCorinneSylvieTu sais quand on se trompe. au lieu <strong>de</strong> tout effacer. j'ai vu comme il a fait[elle parle du professeur, intervenu dans le binôme voisin], il s'arrête où c'estfaux et où tu dois réécrire. LC ça veut dire la même ligne <strong>de</strong> la case et aprèstu mets -4 et là -3... -2...-1... après tu mets 2 points...J'ai pas compris.LC ça veut dire sur la même ligne... après tu mets au lieu <strong>de</strong> tout effacer, <strong>de</strong>tout refaire. tu mets LC : la même ligne, le crochet -4... jusqu'à... tu mets<strong>de</strong>ux points ... et LC : sur la même ligne. tu mets moins l, si c'est là... ilfaut mettre les crochets ...goldmon1 234 5 6.............................. ifr.~!).9.~.~~ i!!.!~.t~ 1~.!~.t:9.!~ i~.~9.1~.~~ i!!.!~.y.!!).~! l..~.!P..t!!!!~.'::~ .i L1 i ~..~ l L;? L ~..9 i L~.I.I;? l..~.~!~.~r.! i ? i L9 1 LI i ; ;? 1 ~..9.1.~.;? 1..novembre! 2 ! 15 ! 1e ! 14 i 1225 i············ ··············0·······..········..···········0·····..···.········.·.·······.0·.· · ·..· 0 1........•••••décembre! 7 ! 12 ! 10 ! 11 i 10 i..............................0 0·.·· •• ~ u .i~E!y.~.!r i L9 1 L~ i L;? ...l 1 .l L9.1.;? i..··..··..·····..········..·····0···········..············ février! 5 i 11 i 6 ! 8 ! 7 5 i~ n·~~ ····9~··· ·····..·..· ·~.. . ~ , ...···· ·..·..·· ··..· 0..·i· · · ······· ·!·· · ··..·..·..i i··9~·.· · · ·...... .. .!!!!J.~.!!).~! .l.?I.~.~.~.~.~.~.~ U..~.I.~..~.~.~.~.? L ~}.I.;? ~.~.I.~.~.~.~.~.~.?.. ..~ ~ L.... m;n;mum! 2 ! 10 ! 6 ! 4 ! !~ ~.~ .. ~~.~ .. ~~~~ ~~ ~~~~~~~~ .. ~ ~ ~.~ ~ ~ ~ .. ~~~ ~~~~~~~~~~~~ .....•......... max;mum! 14 i 15 ! 18 ! 14 ! i~~ ~~..Ë.......................................................... ! i ! i i~ ~ ~.~ ~ ~.~ ~ ~ ~ ~ .~. ~.~.~ ~ ~ ~~~ ~~~~~ ~~ ~....i i i i i iFigure 3-a :Tableau <strong>de</strong>s valeurs (Mylène et Nadia Séance 2)


64123 4~ ~!p.I!!!!~i.~~Ï~:~~:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::!ff::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::i~:~:::::~:::~:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::j3 octobre !9 !la!17 14 ~:~Y.~:m:~r.:!!~::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::II~::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::II~::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::~5 décembre !7 !12 l1a 16 J~~Y.~!r.::::::nQ:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::II~::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::n:~::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::~7 février lS III l6 18 :::::::::::::::::::::1::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::r::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::r:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::J9 !!!Y.~.~!:'.~~... l=t!QY.~.~.~.~~~J.:::?.1ç,.;~.[::~.lÇ,!=t!QY.~.~~I~hJ.::?lÇ,.:~.t::~.lÇ,).l=t!9.Y.;.~.~.~~~J.:::?..lÇ,.:U::~.lç,).:10 !!!~.~~.~.~!!!.. l=t!.I.~,Ç,~J:.~.~.ç ..:bJ:.~.IÇ), l=t!.I.~.ç.~J:.~J.ç.:.~.{:.~.IÇ.? l=t!.I.~.(~.{:.~.~.ç.:b.{:.~J.çJ .J11 maximuml=MAX(L[-9]C:L[-3]C) l=MAX(L[-9]C:L[-3]C) i=MAX(L[-9]C:L[-4]C) 112 · ·· ·r..··..···..·..·..·..· ·..··..··..· ·..···l 1' · 1Figure 3-b :Tableau <strong>de</strong>s fonnules (colonnes 1 à 4, Mylène et Nadia Séance 2)Sylvie ne se contente plus <strong>de</strong> travailler dans l'action en éditant une fonnule :- elle reconnaît le rôle <strong>de</strong> désignation <strong>de</strong>s références dans la fonnule,- elle cherche à en comprendre le sens,- elle utilise cette connaissance pour vali<strong>de</strong>r la fonnule éditée.Sylvie est ainsi la seule élève qui manifeste, dès le début <strong>de</strong> l'apprentissage, uneconception algébrique <strong>de</strong> la fonnule en tentant <strong>de</strong> donner un sens au codage foumi parla machine. Ce protocole indique la difficulté qu'elle rencontre à interpréter lesréférences relatives et à les utiliser pour contrôler sa fonnule. Notons encore qu'elleest la seule qui se soit posé ce type <strong>de</strong> problème et qui ait engagé une lecture <strong>de</strong>sréférences. Ce protocole <strong>de</strong> Sylvie, au début <strong>de</strong> l'apprentissage, indique bien lesdifficultés rencontrées par les élèves d'autant que c'est la seule élève sur douze qui aittenté <strong>de</strong> donner une signification aux références à ce niveau <strong>de</strong> l'apprentissage.J'ai essayé d'i<strong>de</strong>ntifier, au cours <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> fonnation, lanature <strong>de</strong> ces difficultés. C'est ce que j'analyse dans la suite.Par ailleurs, la situation interview m'a permis <strong>de</strong> faire un bilan chez les élèves àla fin <strong>de</strong> la fonnation, et aussi chez <strong>de</strong>s adultes ayant suivi une fonnation d'unedouzaine d'heures. Dans la situation Cible 1, (Figure 4) les sujets, après avoir modifiéles contenus <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> la colonne 1, qui sont <strong>de</strong>s valeurs, et observé lamodification du contenu <strong>de</strong> L5C4, <strong>de</strong>vaient choisir 3 nombres <strong>de</strong> façon à obtenir 100en L5C4. Cette tâche est facilitée si l'on connaît la nature <strong>de</strong> la relation définie par lafonnule implantée en L5C4. li s'agit alors <strong>de</strong> donner une signification' à la fonnule quel'on peut voir dans la barre d'édition <strong>de</strong> la Figure 4.J'ai construit une situation où il est facile d'établir une correspondance entre lescellules dont les références sont dans la fonnule et les valeurs qui apparaissent dansces cellules sur l'écran. Ainsi, même les binômes qui auraient <strong>de</strong>s difficultés à déco<strong>de</strong>rdoivent être guidés par la simplicité <strong>de</strong>s relations à découvrir.Cette fonnule est relativement courte il y autant <strong>de</strong> références dans la fonnuleque <strong>de</strong> cellules. D'autre part il s'agit d'une expression du premier <strong>de</strong>gré par rapport àchacune <strong>de</strong>s variables.


65Voici par exemple le protocole <strong>de</strong> Florence et Philomène 1 dans cette situationinterview quand elles commencent le décodage <strong>de</strong> cette formule.1. Aorence moins 1... L moins 1 e 3 plus 2... multiplié par... attends j'arrive pas à lirelà... L moins 1 ... e moins 3... ça correspond à quelle...2. Philo ben on a qu'à lefaire avec le curseur...3. Aorence L moins 1... c'est bien là les lignes ... moins 1... (5s)... e moins 3...plus 2...4. Philo (tout bas en copiant)... plus 2 fois Le moins 3...5. Aorenee 2... (lOs) mais là ilfaudrait quand même qu'on arrive à déchiffrer parce que ...6. Aorenee ben ça c'est ligne L....7. Philo où tu vois ligne ?1234567L5C4Ilz:ciblel2 3 4 5:Figure 41:, ,1:!:8. Aorenee e c'est colonne t'es d'accord ? oui c'est ça ... donc L moins 1. d'habitu<strong>de</strong>quand tu définit une cellule tu dis ... L6e1 donc c'est en face <strong>de</strong> la ligne 6colonne 1. comme là (elle montre la référence absolue en bas du tableau).voila... donc là c'est L moins 1... mais moins 1 quoi? ... moins 1... attends... (5s)9. ûbserv c'est un autre système d'écriture ...10. Aorenee ouais (15s)... on <strong>de</strong>vait y arriver! (elles rient) (...]Il. Philo mais elle est bizarre cette formule...12. Aorenee oui mais j'arrive pas à la lire '" là sur les ... je comprends pas ceque c'est L moins 1 e moins 3... qu'est-ce que ça veut dire?Nous voyons ici les difficultés rencontrées par Florence et Philomène pourdéco<strong>de</strong>r une formule simple écrite avec <strong>de</strong>s références relatives.Un <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> que j'ai menée est que, dans cette situation, sur unensemble <strong>de</strong> 14 adultes et 12 élèves, 5 ne peuvent donner <strong>de</strong> signification auxréférences et parmi ceux qui réalisent le décodage, 8 y parviennent avec <strong>de</strong>nombreuses hésitations et en s'appuyant sur la simplicité du tableau proposé. Il n'y apas <strong>de</strong> différence notable entre les adultes et les élèves <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue.Ces résultats indiquent les difficultés d'appropriation du système <strong>de</strong> référencesrelatives dans le tableur. Ces difficultés trouvent leur origine dans la nature du système<strong>de</strong> références dont l'origine du repère change avec la cellule active, et, dans la1Aorenee et Philomène sont <strong>de</strong>s étudiantes <strong>de</strong> formation littéraire (Langues appliquées) ayant suivi uncycle <strong>de</strong> formation à l'utilisation <strong>de</strong> tableurs d'une douzaine d'heures.


66complexité <strong>de</strong> l'écriture <strong>de</strong>s références qui contrastent avec <strong>de</strong>s notations algébriquesclassiques, où la désignation d'une variable à l'ai<strong>de</strong> d'une simple lettre reste toujoursla même.La complexité <strong>de</strong> la formule : organisation du calculLes élèves ont rencontré <strong>de</strong>s difficultés que j'associe à la complexité <strong>de</strong> l'écritured'une formule avec <strong>de</strong>s références relatives et à une gestion <strong>de</strong>s priorités d'opérations.En effet prenons l'exemple <strong>de</strong> la formule qui apparaît dans la situation "gaz-elec" <strong>de</strong>l'interview (Figure 5). Cette formule est d'une écriture complexe au regard <strong>de</strong> ce quel'on peut attendre d'une expression <strong>de</strong> même type en algèbre. Elle correspond, eneffet, à une somme <strong>de</strong> quatre termes dont <strong>de</strong>ux sont <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux facteurs.Soit une expression du type:px + q y +a + bL7C4goz elec-b1 2 3 41......................................................................................................................................·..··············0······..·ebonn gez ~ ebonn. elec ~ P.U Gez 1 P.U.··· ·elec·..·..·· ···•·····~.2........................................................................................................................·..·..·..······················0·········..··160,49 F ~ 28,27 F j 0,15 F ! 0,59··F·..·1.3! ! i !.................................................................................................................................................................................................................: : : :: : : :4 ~ ~ j j..................................................................................................................················..·········..····..··0··················· ..5 ..........................................................................................................................................................................................................................j j ! !6 W Client jconsom gez(KWh)~consom élec(KWh)i montant !...........................................................................................................................................................7 1 ~ 5891 ! 513...........................................................................................................................................................8 2 1 4789 ! 568 . 0,00 F .9 ..·..····..·..···3..·················1'················3·569·......···..·······..r········..·········4·5·6·..··..·..····..·······T···························..······....···1'..·········....................................................................................................................................................................................................................10 4 j 1256 1 689 ~ !1 1 ··..·..··..· ·5····..········ ··r..·..····..·..···2·6·52..···················r..·..··..·..···· ·7·ë>3···..·..·..····..·······r..···..··..· ·······..· ·..·····..···T·····..····I----t .12 6 ! 4582 ! 653! !1----+ ._: : : :Figure 5L'expression utilise dans Multiplan 54 caractères alors qu'en algèbre on n'encompte que 9. Cette abondance <strong>de</strong> symboles donne à l'écriture une apparentecomplexité et rend sa lecture plus difficile. Une <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> cette complexitétient dans la difficulté à distinguer les groupements <strong>de</strong> facteurs induits par les prioritésqui sont les mêmes en algèbre et dans le tableur. Ainsi on observe un effet <strong>de</strong> "mise àplat" <strong>de</strong> l'expression, encore accentué par les références relatives, qui situe lacomplexité du traitement à <strong>de</strong>ux niveaux:• une expression comme axb + cxd nécessite une construction <strong>de</strong>s prioritésperturbée par la présence <strong>de</strong>s références relatives;


67• une expression comme ab + cd, familière aux élèves comporte une prioritéinduite qui disparaît dans l'écriture <strong>de</strong> la formule dans Multiplan où l'explicitation <strong>de</strong>tous les signes <strong>de</strong> calcul supprime l'effet <strong>de</strong> regroupement dû à l'omission du signex en algèbre.Les protocoles suivants illustrent ces différents éléments liés à la complexité <strong>de</strong>l'écriture.Dans la tâche que j'analyse ici, ("Vêtements", Séance 3 1 ) les élèves doiventdonner la signification d'une formule correspondant au tableau <strong>de</strong> la Figure 10 pourreconnaître qu'elle ne réalise pas le calcul attendu dans la situation proposée. Laformule à déco<strong>de</strong>r est complexe :L[-4]C[-1]*L[-2]C+L[-2]C[-l]*L[-3]C+L[-3]C[-1]*L[-4]C123 o 236 1 1350 4J'ai indiqué sous chaque référence le contenu numérique <strong>de</strong> la cellule et j'aisouligné les 3 termes <strong>de</strong> cette expression. J'ai pu observer <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> lectureliées à cette écriture complexe. Les 3 termes <strong>de</strong> l'expression sont difficiles à distinguerc'est vraisemblablement là l'origine <strong>de</strong> certaines erreurs <strong>de</strong> décodage. Sylvie etCorinne, par exemple, ont essayé d'organiser leur lecture à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> parenthèses, maisn'y sont pas parvenues puisqu'elle écrivent:123 x (0 + 236 ) x ( 1 + 1350) x 4où elles regroupent <strong>de</strong>ux facteurs <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux termes différents <strong>de</strong>ux fois <strong>de</strong> suite etobtiennent une expression factorisée au lieu d'une somme <strong>de</strong> trois termes. Ce typed'erreur ne se produit pas en général chez <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> troisième si l'expression estécrite sous une forme qui leur est plus familière du type ab + cd + ef. Dans ce typed'écriture l'organisation du calcul.n'est pas cachée par la complexité <strong>de</strong> la désignation<strong>de</strong>s variables. Ces élèves n'ayant pas été observées, on ne peut pas savoir <strong>de</strong> quellemanière ce décodage a été conduit, ni si ce calcul a donné lieu à une vérification. Cesera le seul binôme qui réussira par la suite un codage correct.Dans la même tâche, Gilles et Franco ont décodé avec <strong>de</strong>s références inexactesmais l'organisation du calcul leur a aussi posé <strong>de</strong>s difficultés puisqu'ils écrivent:123 x 236 + 236 x 1250 <strong>+1</strong>250 + 1350 x 123La structure du calcul est modifiée, on peut faire l'hypothèse que c'est lacomplexité <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong> l'expression qui fait échouer les élèves.1La fiche <strong>de</strong> tâche est fournie en annexe.


68L:.c '.:1234__IIt~II:"~lçJ·:·.·.~·.·J.~II~".?J.ç·.~II:"?.lç.r:J·.·J.~II:·.~Iç.~IJ.:.IrçI:·.TJ.~II=.11çlSans titre1 3Figure 6Mylène et Nadia ne parviendront à déco<strong>de</strong>r que la première référence et auront<strong>de</strong>s difficultés à organiser le calcul autour <strong>de</strong>s opérations en jeu:1. Mylène Eh bien il afait. regar<strong>de</strong>. déjà il a fait ça... et ça.. .j'sais pas trop quoi ... là2. Nadia Multiplié?3. Mylène oui çafois ça ...j'crois... j'crois que c'est ça .. après ...4. Nadia il a ajouté5. Mylène pourquoi il a ajouté?6. Nadia Ben, ouais... non il a multiplié [ ...)7. Mylène Eh ben qu'est ce que çafait que ça ?8. Nadia plus, moins ou multiplié ... je sais pas quoi ...9. Mylène je sais pas10. Nadia égal.. . ouais ça doit être plus... attends11. Mylène Il y a un problème là .12. Nadia Mais là... 123 + 236 + 236... multiplié ... une <strong>de</strong>ux... 236... [...J13. Nadia mais la petite étoile elle est à la fin ... pas...14. Mylène je sais pas moi !Mylène et Nadia ont eu <strong>de</strong>s difficultés pour comprendre la signification <strong>de</strong>sréférences relatives, mais ici c'est l'organisation du calcul qui pose problème avec lesopérations en jeu entre les gran<strong>de</strong>urs puisqu'elles se posent <strong>de</strong>s questions relatives auxopérations entre les gran<strong>de</strong>urs en jeu (2-5-6-10-13).Christophe arrivera à déco<strong>de</strong>r mais le protocole suivant montre le travail et larigueur nécessaire pour ne pas se tromper, il suit sur la fiche avec son crayon:Christophe Ligne moins4 ... 1,2,3,4 ... Moins 1 ... 123 ... Multiplié, c'est quoi Ca ?c'est multiplié! 123 multiplié par ligne moins 2 ... Un, <strong>de</strong>ux ... Multipliépar 0 ... Plus ligne moins 2 : un, <strong>de</strong>ux ... C moins 1 ... L moins 3 ... Un,<strong>de</strong>ux, trois ... Fois 1 L moins 3 Ouais, c'est celui là ... Alors L moins3 ... Un, <strong>de</strong>ux, trois Moins 1 1350 ... Fois L moins 4 ... 1,2,3,4 ...146 fois 1 ...


69TI note en mêm~ temps sur son brouillon :123 x 0 + 236 x 1 + 1350 x 4,puis calcule pour contrôler qu'il obtient le même résultat que celui qui est affiché dansla cellule. Et il conclut: "on ajuste! çafait 5636! ".La complexité syntaxique est dépassée par une lecture systématique <strong>de</strong> gauche àdroite qui conduit à occulter les priorités.Cécile et Michèle se posent aussi la question <strong>de</strong> l'organisation du calcul, maiselles n'arriveront pas à mener <strong>de</strong> front le décodage <strong>de</strong>s références et l'organisation ducalcul et abandonneront sans tenniner, le temps <strong>de</strong> travail étant écoulé.Ces observations, relevées chez <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> troisième, après dix heures <strong>de</strong>travail sur Multiplan, indiquent encore <strong>de</strong> nombreuses difficultés dans l'interprétation<strong>de</strong>s références relatives. Je fais l'hypothèse que parmi les difficultés <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong>sréférences, la complexité <strong>de</strong> l'écriture d'une formule intervient encore <strong>de</strong> manièreimportante, du moins dans les premiers temps.Le rôle <strong>de</strong> la cellule active comme origine du repèreUne autre difficulté dans la lecture <strong>de</strong>s références relatives provient <strong>de</strong>l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la cellule active comme origine du repère ou d'une interprétationerronée <strong>de</strong> l'origine. Cet obstacle, déjà mis en évi<strong>de</strong>nce dans une expérimentationpréliminaire (Capponi 1989), a <strong>de</strong> nouveau été observé chez plusieurs élèves pendantla formation.Ainsi à la séance 3 (Vêtements séance 3-Figure 6), pour donner un sens à laréférence relative d'une cellule, les élèves doivent reconnaître la cellule active, où laformule est inscrite comme l'origine du repère. 3 binômes sur les 4 observés 1 ontrencontré <strong>de</strong>s difficultés avec ce repérage relatif. J'indique ici les protocolescorrespondants.Gilles écoute les explications du professeur mais s'interroge sur l'origine durepère:1. Prof LI-4Jça veut dire 4 lignes au-<strong>de</strong>ssus2. Gilles oui. mais ça part d'où aussi? ça part d'où? pour 4 lignes. 3 colonnes... 4lignes en avant?Franco montre alors comme origine la cellule qui contient le texte "prix unitaire".3. Prof d'où tu/ais partir?4. Franco Ben d'après ce que je comprends. ça doit partir <strong>de</strong> là [il montre avec son doigtla cellule "prix unitaire"]5. Prof celle ci ?6. Franco oui parce que ils disent colonne d'en haut et moins un ... ça doit/aire ça!1 Nous n'avons aucune observation du détail du décodage pour Sylvie et Corinne. Elles sont parvenuesà repérer correctement toutes les cellules intervenant dans la fonnule mais nous ne savons pas queltype <strong>de</strong> problème elles se sont posées à ce sujet


71débat entre les élèves n'a pas pennis <strong>de</strong> la surmonter. Ce sont elles qui appellent leprofesseur pour faire un arbitrage.l'ai trouvé <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong>s difficultés liées à l'origine du repère chez la moitié<strong>de</strong>s élèves dans la séance 5 (Rectangles Séance 51).La Figure 7 montre une cellule noire dans laquelle est implantée la formule (1).En travaillant au décodage <strong>de</strong> la formule (2), Franco commence son déplacement <strong>de</strong>cette cellule noire :1. Franco C'est faux, L moins 3, pourquoi L moins 3? ça va pas ça c'est faux ! 3cases en avant çafait ... l, 2, 3 ...2. Gilles mais àpartir <strong>de</strong> la noire !3. Franco non! mais c'est faux alors là ... 2 cases en avant c'est juste ... l, 2 ... unecase en arrière c'est ici ... 3 cases en arrière ça vajusque là... c'estfaux, ellessont fausses...Chez ces élèves le problème <strong>de</strong> l'origine est posé bien qu'il interfère fortementavec le sens <strong>de</strong>s déplacements puisque pour Franco la lecture se fait tantôt en avant,tantôt en arrière sans que l'on puisse savoir exactement ce qui gui<strong>de</strong> cette lecture.·..···· ······ ····..····· ········..···..· .mi'2 .. . !3 · · · · ·..· ·t..··..· ~ i ; ....................... !REëTA·Në~·L·Ë'i;..I······ ·····..··A..······..·····..··I..· _ .......; + ; .• 06••••••1 11006 .......................................................................................................................................!longueur ! 23 ! 26.....................................................!largeur ! 25 ! 31.........•.........................................iAIRE..•....................................... jpERIMETRE. .i(1) =L[-2lC*L[-llC[+ II(2) =( L[-2lC+L[-3lC)*2(4),.Figure 7Comme à la séance 3, Cécile et Michèle ont <strong>de</strong>s difficultés avec la cellule active.Au moment <strong>de</strong> compléter les formules pour trouver le périmètre du rectangle B(Figure 7)1. Cécile C'est celle Id . la case active? ... non c'est celle là ...2. Michèle je sais pas justement. c'est la question que je posais tout à l'heure3. Cécile Appelle le prof!4. Michèle Monsieur... je sais pas si on la laisse là Monsieur... la cellule active, elle estlà?5. Prof c'est toujours celle...6. Cécile qu'on calcule7. Prof oui c'est celle où tu écris laformule... ici elle sera là8. Cécile C'est bon. c'est ce qu'on voulait savoir ...1La fiche <strong>de</strong> tâche est fournie en annexe.


72La difficulté est apparue pour, ces élèves, quand il a fallu choisir l'origine durepère pour établir la fonnule du périmètre (Fonnule 4). Le passage <strong>de</strong> la fonnule 3 àla fonnule 4 provoque un changement d'origine qui pose problème aux élèves. Ellesfont appel au professeur, bien que ce soit Cécile qui fournisse la réponse à la question.Sans être vraiment bloquée, elle cherche à obtenir une validation du professeur.Sylvie fera comme Franco un décodage <strong>de</strong> la fonnule (2), qu'elle appelle "b", àpartir <strong>de</strong> la cellule noire:1. Sylvie mmm... et le b ? le b c'est faux parce que L moins 3 sur la même colonne... 12.3... il n'y a rien .2. Corinne Alors dans le petit b euh...3. Sylvie Attends faut voir d'abord L moins 2 C ... 1,2. C ça veut dire la mêmecolonne plus moins 3 c moins 3 multiplié par 2... Ben L moins 3 il n'ya rien du tout hein 1... ben alors elle estfousseC'est ensuite ce qu'elles inscrivent dans le cadre réponse. Sylvie fait undécodage correct <strong>de</strong>s références en ce qui concerne les déplacements mais prend lacellule noire comme origine du repère. On peut penser que, ici, c'est la cellule noirequi apparaît sur le tableau qui a trompé Sylvie puisque c'est toujours l'aspect <strong>de</strong> lacellule active dans le logiciel. Mais, ce n'est pas non plus la seule origine <strong>de</strong> cetteerreur puisque dans le codage <strong>de</strong> la formules (3) Sylvie la produira <strong>de</strong> nouveau:4. Corinne alors le périmètre c'est longueur fois largeur multipli...5. Sylvie non, 26 plus 31 multiplié par 2 c'est ça ... alors c'est L moins 2...6. Corinne Je ne fais pas <strong>de</strong> crochet? [Corinne écrit la Connule dans le cadre réponse <strong>de</strong> lafiche]7. Sylvie si 1L crochet moins 2 C plus. plus normal ... L crochet moins 1 crochet C,ferme la parenthèse ... multiplié par 2 ... et voilà 1Sylvie construit les références sans tenir compte <strong>de</strong> la cellule dans laquelle laformule sera installée. On peut penser que ce type d'erreur a peu <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> seproduire dans l'interaction avec le logiciel puisqu'on ne dispose alors que d'une seuleformule à la fois dans la barre d'édition et que cette formule est i<strong>de</strong>ntifiée par l'élèveautant par le résultat qui y apparaît que par ses références. On voit encore ici commentSylvie avant <strong>de</strong> construire sa formule passe <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription langagière <strong>de</strong> Corinne (4)à une <strong>de</strong>scription à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s nombres apparaissant dans les cellules (5).Mylène éditera correctement les formules et fera, elle, explicitement référence aufonctionnement <strong>de</strong> l'ordinateur au moment <strong>de</strong> l'édition puisque la cellule active estperceptivement noire:1. Nadia "inscrire dans ces cadre lesformules pour l'aire et le périmètre du rectangle B"... ah mais c'est moins facile.2. Mylène C'est la même chose normalement puisque quand on se met là... après celui làil <strong>de</strong>vient noir et on calcule à partir <strong>de</strong> celui là.Mylène décrit à la fois le fonctionnement au niveau du logiciel "on se met là", leseffets visuels "celui là <strong>de</strong>vient noir" et les conséquences au niveau du repère pour lesréférences <strong>de</strong> la formule "on calcule à partir <strong>de</strong> celui là". Sylvie, elle, n'a pas eu cespréoccupations et n'a pas pris en compte le positionnement <strong>de</strong> la formule.


73Dans la situation Cible 1 (Situation interview) le décodage <strong>de</strong> la fonnule <strong>de</strong> laFigure 4 nécessitait aussi l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la cellule active comme origine du repère.Maryse (Adulte) a par exemple <strong>de</strong>s difficultés à donner une signification à la formule:1. Maryse j'attends la suite, je ne suis pas très mathématique moi...2. Annie mais c'est les positions là !3. Maryse J'ai compris... bof...4. Annie t'as pas compris?5. Maryse attends parce que je comprends... tu me dis ...6. Annie c'est les positions relatives ... c'est par rapport à cette cellule là qui est ensurbrillance 1...Le protocole suivant <strong>de</strong> Florence et Philomène indique aussi <strong>de</strong>s difficultés à ceniveau.1. Philo plus <strong>de</strong>ux fois LC... moins 3 plus 1... (5s) les autres formules ellesétaient pas comme ça celles qu'on avait vues .2. Observ si ... vous n'y aviez sans doute pas fait attention... je vais vous donner unpetit coup <strong>de</strong> main... cette formule est écrite par rapport à la cellule 6 qui sertd'origine3. Aorence ah d'accord <strong>de</strong> repère ... donc çafaitFlorence et Philomène reçoivent une ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'observateur car <strong>de</strong>puis longtempselles n'arrivent pas à lire les références relatives. TI suffit que l'observateur leur signaleque la cellule L5C4 est origine du repère pour qu'elles arrivent ensuite à déco<strong>de</strong>r. Ceciindique que l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la cellule active comme origine du repère semble êtrel'un <strong>de</strong>s obstacles intervenant fortement dans les échecs <strong>de</strong> décodage.Le rôle <strong>de</strong> L et C dans les référencesLes premières feuilles <strong>de</strong> calcul que construisent les débutants mettent en jeu <strong>de</strong>sformules qui ne contiennent que <strong>de</strong>s références à <strong>de</strong>s cellules qui sont toutes sur lamême ligne ou la même colonne. Cette particularité a pour conséquence <strong>de</strong> ne donnerque <strong>de</strong>s références où, soit C, soit L n'est suivi d'aucune valeur, par exemple LC[-3]ou L[-5]C. Tout se passe alors comme si les élèves, dans le contexte <strong>de</strong> la formulequ'ils construisent, ne prenaient pas en compte la signification <strong>de</strong> L comme Ligne ou<strong>de</strong> C comme Colonne, mais considéraient ces lettres comme un indicateur nécessairedans la formule, mais dont le rôle n'était pas clairement i<strong>de</strong>ntifié.Dans la tentative <strong>de</strong> décodage <strong>de</strong> Sylvie nous pouvons d'ailleurs noter:SylvieLC ça veut dire sur la même ligne... après tu mets au lieu <strong>de</strong> tout effacer, <strong>de</strong>tout refaire. tu mets LC : la même ligne, le crochet -4... jusqu'à... tu mets<strong>de</strong>ux points ... et LC : sur la même ligne, tu mets moins 1. si c'est là...Le fractionnement d'une référenceJ'analyse dans ce paragraphe une <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong>l'écriture <strong>de</strong>s références relatives qui conduit les élèves à opérer une lecture partielle <strong>de</strong>celles-ci. Les observations que j'ai pu réaliser à partir <strong>de</strong> la situation Rectangles(Séance 5) indiquent qu'il ne s'agit pas d'un phénomène marginal.1La situation Interview <strong>de</strong>s adultes a été réalisée sur <strong>de</strong>s compatibles PC-XT.


74La complexité <strong>de</strong>s désignations à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> références relatives conduit six élèvessur les dix à donner une signification à une partie <strong>de</strong> la référence en négligeant uneautre partie. Par exemple une référence comme L[-3]C[<strong>+1</strong>] sera lue comme 3 cases au<strong>de</strong>ssussans que la signification <strong>de</strong> C[<strong>+1</strong>] soit prise en compte. Tout se passe commesi les lettres L et C n'avaient pas <strong>de</strong> signification précise dans la décomposition dudéplacement dans les <strong>de</strong>ux directions du repère. Le protocole suivant (RectanglesSéance 5, figure 7) montre un exemple <strong>de</strong> cette lecture particulière <strong>de</strong>s références dansle décodage <strong>de</strong> la formule =L[-2]C*L[-1]C[<strong>+1</strong>] :1. Gilles euh... Le moins 2 ... ça serait 23 [Figure7]2. Franco L moins 13. Gilles ça serait 254. Franco oui... 23 fois 25 ...Le groupement <strong>de</strong> L et C et le report à la fin, dans la lecture, du coefficient -2 (1)indiquent ici une relecture particulière <strong>de</strong> la formule où seul-2 prend une significationdans le repérage. La lecture par Franco (2) fait disparaître le C et n'empêche pas Gilles<strong>de</strong> placer la cellule dans la même colonne. Ces <strong>de</strong>ux élèves font une lecture partielle<strong>de</strong>s références où Let C n'ont pas <strong>de</strong> signification nettement i<strong>de</strong>ntifiée. Cette difficultéva se trouver mise en évi<strong>de</strong>nce dès que la référence ne désigne plus une cellule <strong>de</strong> lamême colonne comme dans la formule (1) <strong>de</strong> la Figure 7.1. Franco Multiplié par ... L moins 1... voilà...et plus 1 ? c'est ça que j'arrive pas à ...f...] ça va pas plus 12. Gilles d'où il sort le plus 1 ?Ces élèves resteront longtemps incapables <strong>de</strong> donner une signification à la<strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> la référence parce qu'ils ne relient pas, malgré le crochet le nombre<strong>+1</strong> et la lettre C qui lui donne un sens et que la <strong>de</strong>scription qu'ils savent faire du calculen référence au problème ne comporte pas ce <strong>+1</strong>. C'est Christophe, un élève dubinôme voisin qui les ai<strong>de</strong>ra:3. Christophe C'est colonne plus 1...4. Gilles t'as vu ça correspond pas à 1 tout court ...5. Franco pourquoi il yale plus 1 ?6. Gilles là si tu dis plus 1... , à mon avis, c'est pour inscrire ici non? plus 1 turajoutes une case. tu <strong>de</strong>scends là ...7. Franco regar<strong>de</strong> là ils le mettent pas ... pourquoi ?8. Gilles ah non là fois 2 ... plus 1 ça va l'inscrire ici9. Franco et là pourquoi ils le mettent pas ? il fallait mettre plus 2 là , et là il amultiplié ... multiplié c'est pour calculer le périmètre ... on a jamais faittout ça .. on a juste tapé entrée après ... c'estfaux avec plus 1.Gilles (2) utilise la remarque <strong>de</strong> Christophe pour donner au coefficient <strong>+1</strong> unesignification en liaison avec les références. Ce qu'il tente d'expliquer à Franco entermes <strong>de</strong> déplacement (4 et 6). Mais celui-Ci reste sur un registre d'opérations entrecellules: négligeant les parenthèses et les crochets <strong>de</strong> la formule (2) (Figure 7). Ilessaye <strong>de</strong> leur donner un sens <strong>de</strong> déplacement -plus 2 -, s'interroge <strong>de</strong> nouveau sur lecalcul à effectuer (le périmètre) et conclut que cette formule (1) est fausse puisqu'il nedonne pas <strong>de</strong> signification à <strong>+1</strong>. Une lecture partielle <strong>de</strong> la formule tant du point <strong>de</strong> vue<strong>de</strong>s lettres L et C que <strong>de</strong>s parenthèses ou <strong>de</strong>s crochets empêche Franco <strong>de</strong> distinguer


75les coefficients, qui définissent <strong>de</strong>s déplacements dans le système <strong>de</strong> référence, <strong>de</strong>stermes ou facteurs du calcul décrit par la formule. Franco se plaçant du point <strong>de</strong> vue<strong>de</strong>s formules qu'il a déjà éditées dans les séances précé<strong>de</strong>ntes décrit l'action (7) maisne lui donne pas <strong>de</strong> signification en liaison avec le système <strong>de</strong> références.La lecture partielle <strong>de</strong> la référence conduit ainsi à son fractionnement en plusieurséléments qui peuvent interférer avec le calcul.Dans un autre binôme, Christophe rencontre aussi cette difficulté:1. Christophe L moins 2 C moins 1... plus 1. qu'est ce que c'est que cette histoire. c'estquoi le plus? Carreau plus 1 je comprends pas ce qu'il veutfaire ... moins2 C ... c'est faux... je comprends pas ce plus 1... c'est colonne plus 1... oncompte comme ça '" 1. 2. et 1 ... ils disent ça fois ça [23 fois 25] et aprèsils avancent d'une case .,. alors elle est fausse. [ils remplissent le cadreréponse sur la feuille <strong>de</strong> travail] fausse à cause <strong>de</strong> C plus 1...2. Prof Qu'est ce que ça calcule?3. Christophe 23 fois 25 ... elle calcule 23 fois 25... mais le chiffre va être marqué là pourle B puisqu'elle va avancer d'une case ... le plus 1...Avec la même formule que Franco, Christophe rencontre <strong>de</strong>s difficultésanalogues. Il donne une signification à la première partie <strong>de</strong> la formule "L[-2]C"puisqu'il l'interprète comme "25" et donne à [<strong>+1</strong>] la signification d'un déplacement aposteriori. C'est <strong>de</strong> là qu'il déduit que la formule est incorrecte. Il envisage même dansla <strong>de</strong>scription qu'il fait pour le professeur un déplacement du résultat calculéoccasionné par le [<strong>+1</strong>]. Christophe, comme Franco, n'envisage pas la référenceL[I]C[<strong>+1</strong>] comme un tout, elle n'est pas prise en compte en tant que variableintervenant globalement dans le calcul mais se trouve fractionnée. Le schéma suivantindique la lecture qui est faite par Christophe:L[-l]C[+l] ---~L[-l]C <strong>+1</strong>Cette conception <strong>de</strong> Christophe se manifeste dans les explications qu'ils donnentà Alexandre après que le professeur l'ait aidé à comprendre la signification d'uneréférence.Christophe regar<strong>de</strong> laformule { = L[-2]C*L[-I]C[+I] } le premier c'est ça... ça c'est lepremier nombre [il montre L[-2]C ] et ça tout entier c'est le <strong>de</strong>uxièmenombre [il montre L[-2]C[ <strong>+1</strong>] ] ... celui là... chaque truc fait unnombre s'il y a C suivi <strong>de</strong> rien ça veut dire qu'il y a rien puisqu'il avancepas. en case. tu fais moins 2 ... ça fait 23... et là ils disent qu'ils avancentd'une case dans ce sens donc ça fait comme ça ... moins 1 et une case <strong>de</strong>plus ...Dans sa <strong>de</strong>scription, Christophe insiste sur "ça tout entier", c'est en effet là quese situait l'obstacle pour lui dans le décodage <strong>de</strong> la formule. Cependant il ne traduit pasen termes <strong>de</strong> marqueurs syntaxiques la distinction entre les <strong>de</strong>ux syntaxes manifestéespar la présence ou non <strong>de</strong> crochets.


76Cécile et Michèle ont aussi rencontré <strong>de</strong>s difficultés en raison du fractionnement<strong>de</strong> la référence. Dans le décodage <strong>de</strong> la référence L[-2]C[ +l] (Figure 7) :1. Michèle· L moins 2 : dans la même colonne, Multiplié par L moins 1 C ... C dans lamême colonne ...2. Cécile Non colonne plus 13. Michèle Je comprends pas pourquoi il a mis plus un ... ça correspond à quoi? çamultiplié par ça ?4. Cécile Ilfaut dire si elles sont correctes lesformules...5. Michèle La première est pas correcte ... si c'est pour le truc du 1... parce que...pourquoi il y a <strong>+1</strong> ?. 6. Cécile ça fait L moins 1 ...7. Michèle Je sais pas,j'ai pas bien compris le truc <strong>de</strong>sformules ...8. Cécile Là ... L moins 1 c'est la ligne L moins 1 ... multiplié ...9. Michèle Non là c'est une autre colonne ... ça serait C moins 1...10. Cécile Non c'est L moins 2Il. Michèle L moins 2 dans la même colonne. multiplié par L moins 1 ... colonne...12. Cécile colonne plus 1! ... L moins 1 çaferait 25 fois 31 ...13. Michèle mais pourquoi plus 1 ?14. Cécile et ben c'est une colonne après, c'est plus 115. Michèle Attends... Non... L moins 1 C c'est ça plus 1 .16. Cécile L moins 1 c'est ça et colonne plus 1 c'est ça ça ferait 25 moins rien dutout ... c'est pas bon parce que là il n'y a rien du tout.Michèle (l) fait une lecture fractionnée <strong>de</strong> la référence où seule le décalage <strong>de</strong> laligne (L moins 1) est pris en compte. La lettre C signifie "dans la même colonne", cequi est exact dans la première référence <strong>de</strong> la formule =L[-2]C*L[-1]C[<strong>+1</strong>] mais quiconduit aux difficultés <strong>de</strong> Michèle pour la <strong>de</strong>uxième puisqu'elle ne considère pas [<strong>+1</strong>]comme relié à C pour indiquer un changement <strong>de</strong> colonne (Figure 8). Dans cettelecture <strong>de</strong> la référence, le crochet n'a pas <strong>de</strong> statut bien i<strong>de</strong>ntifié, il est simplementignoré puisqu'il n'a pas <strong>de</strong> signification pour Michèle..1 25L[-l]~'-------C[+l]Figure 8Cécile manifeste une lecture plus conforme à la signification accordée par lelogiciel aux références puisqu'elle introduit le "plus 1" comme un coefficient pour C(2 et 14) .Mais Michèle, qui continue à fractionner la référence, perturbe Cécile au pointqu'elle proposera une lecture fractionnée <strong>de</strong> la référence (16) où chaque lettre L et Cconstitue à elle seule la référence d'une cellule intervenant dans le calcul (Figure 9).Les protocoles que nous venons d'examiner indiquent nettement une lecturefractionnée <strong>de</strong> la référence relative. On peut considérer que ce fractionnement est lié àla fois à la complexité intrinsèque <strong>de</strong> la syntaxe d'une référence relative et àl'épistémologie <strong>de</strong> l'algèbre chez les élèves <strong>de</strong> troisième. Pour éclairer ce <strong>de</strong>rnier point,notons que pour <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> troisième les notations fonctionnelles comme f(x) sont


77encore peu familières et ne sont pas lues comme reliant <strong>de</strong> manière inséparable lavariable x et la fonction f. Pour un élève <strong>de</strong> troisième, le statut <strong>de</strong> la parenthèse estsurtout celui d'un indicateur <strong>de</strong> priorités dans une expression algébrique qui est <strong>de</strong>nature très différente <strong>de</strong> celui d'une parenthèse dans f(x). Par analogie, et en raison <strong>de</strong>la complexité <strong>de</strong> l'écriture, dans les références relatives le crochet n'est pas lu commeune notation fonctionnelle C[<strong>+1</strong>] comme cela pourrait être le cas si les élèves avaientune familiarité plus gran<strong>de</strong> avec la notion <strong>de</strong> fonction et l'utilisation <strong>de</strong> la syntaxecorrespondante.D'autre part, l'usage veut qu'en algèbre, la plupart <strong>de</strong>s variables soientdésignées à l'ai<strong>de</strong> d'une seule lettre alors qu'ici une désignation <strong>de</strong> cellule commecelles citées dans les protocoles atteint 10 caractères. Ce fonctionnement très différentdans les <strong>de</strong>ux environnements induit les difficultés observées chez les élèves.Les parenthèses et crochetsLe rôle <strong>de</strong>s crochets et <strong>de</strong>s parenthèses est fixé dans la version <strong>de</strong> Multiplan queles élèves ont utilisé l . Les crochets délimitent les coefficients associés auxdéplacements en ligne (L) et en colonne (C). Ainsi par exemple L[-7]C[+4]. Lesparenthèses indiquent les priorités du calcul. En algèbre élémentaire, il est d'usagedans l'enseignement <strong>de</strong> présenter les parenthèses e.t les crochets comme <strong>de</strong>s indicateurs<strong>de</strong> priorités. Mais, une hiérarchie est en général introduite qui place toujours laparenthèse à l'intérieur d'un crochet. Le crochet n'existe d'ailleurs que s'il contient <strong>de</strong>sparenthèses. Cette distinction sur le rôle respectif <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux objets dans les <strong>de</strong>uxenvironnements introduit une difficulté pour <strong>de</strong>s élèves.Ainsi Nadia et Mylène (Séance 2) qui éditent la fonction somme() au clavieroublient les parenthèses. Le professeur leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la remettre :MylèneNadiamais attends, c'est une parenthèse ou un crochet?mais un crochet!et elles éditent un crochet. La confusion manifestée par ces élèves entre les crochets etles parenthèses a peut-être pour origine le calcul algébrique tel qu'elles le pratiquent enclasse puisque dans la formule qu'elles éditent:=SOMME + L[-13]C[+l] :L[-2]C[<strong>+1</strong>]les parenthèses que le professeur leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> mettre contiendront lescrochets <strong>de</strong>s références.On peut ainsi remarquer que ces élèves n'ont pas encore i<strong>de</strong>ntifié le rôle <strong>de</strong>scrochets, exclusivement réservés dans Multiplan à l'écriture <strong>de</strong>s références relatives.1 Dans les versions pour compatibles PC, il n'y a que <strong>de</strong>s parenthèses qui jouent les <strong>de</strong>ux rôles ainsique dans la version 1.02 sur Macintosh. On peut penser que ce seront alors <strong>de</strong>s confusions entre <strong>de</strong>uxrôles différents joués par le même symbole qui pourraient créer <strong>de</strong>s difficultés.


78jMAISON DES JEUNES LE ROSSIGNOL...........................................................................................................................:.: : :................................................ACTIVITE :...............................................................NOI'1BRE HEURESSALAI RE HORAI RE............................................................... PRIME:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::r:::::::::::::::::::::::::::::::::1:............................................................... ................................................. ~ ·····..······..·······..···s·INDEMNITES;:=:::::::::::::::::::=:::0:=::::1:=::::::=::::::::::::::::::::1:····························s·ATA·j·Rt"·S·R·üi·!··············..·················l"······..·····1·····4f3·s·;·ë"ëj·(··l··················..···············i··R·fT"Ë·NïJ·Ës············.. ························~ ..·..·tfïü·x·(%·)·······j·················································T·······························..·T..·..··..........·..·..·..·····..····SS··m8TadTëT..······.. !~f;·~i"..·..·..·..·T..··....· · "frf';·6·S..F....T·..···..··..··..··..·..··..· ··T············..······..·..·..·..·ss·'Vfëill·ë·33·ë·l··..·······4·;·7············..T....····..· ·····..·..6·9·;f3·0..F····T..·..····..·..·..·..··..··· ··..r....·············..·..·..·····..···..·.. ···A·S·S·Ei5ïc·~······ .. ··1··~·7·2······ ....·..r·········· ·..·..··..2·S·;·5·4..F'..·T..·..·..·..·..·········..···..·....i·:::::::::::::::::::::~~~:~::;:~:~:~:~:~:~:~:~T:::::::::::::::::::::::::::::::r::::::::::::::~:::::~:~:~:~:~:~::;:::r:::::::::::::::::::::::::::::::::l···..····· ·········..·..·..·N·ËT··A·..p·Av·Ë·R·I..·······..·····..···········..·..i ·.. ········l·····ë·ë's~·9·9 ..F ·1 '!"Figure 9Le même type <strong>de</strong> difficultés a été observé à la séance 4 (Fiches <strong>de</strong> paye, Séance4) où, Gilles et Franco, dans l'édition d'une fiche <strong>de</strong> paye comme celle <strong>de</strong> la figure 9ont tout d'abord eu <strong>de</strong>s difficultés avec les procédures d'édition: dans le calcul <strong>de</strong> labase imposable (Salaire brut auquel on enlève les trois retenues), pour enlever les troisretenues ils tapent un signe moins, puis font glisser la souris sur les trois cellules àenlever, ils ajoutent ensuite la prime et obtiennent la fonnule :L[-6]C[-1] - + L[-4]C: L[-2]C + L[-9]C[-2]le logiciel éditant automatiquement le signe plus et les références séparées par <strong>de</strong>uxpoints. Une telle fonnule produit le message d'erreur, #VALEUR, que les élèvesn'arrivent pas à interpréter. Cette tentative consiste à faire prendre en charge par lelogiciel la soustraction <strong>de</strong>s trois retenues.Ils sont aidés par le professeur qui leur signale qu'il faut indiquer toutes lesopérations:1. Prof On ne peut pas faire comme ça. ilfaut indiquer toutes les opérations, refaiteslaformule10/ Gilles alors moins ça, je clique2. Franco moins... tu mets moins ... plus ça... plus ça plus ça... entre parenthèses .comment on fait les crochets? les crochets? ça plus ça... entre crochets .plus ça ... voila


79L 16C4I®I =L[-6]C[-1 ]-gu-4]C-L[-3]C-L[-2]C]+L[-9]C[-2]Caractère inattendu il modifier.ltiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiOKiiiiiiiiiiii=J9 ::::::~::::~:~:~:~:::::::::::::r::::::::::::::::::::::::::::::::::r:~:::::::~:~:~:~:~:~:I~:~:~:~:~:~:~:~:~::::~:r:::::::::::::::::::::::::::::::::::[:::~:~:~._:~10 ! 1470,OOf 1 1 1 1:~ ~~=


80D'autres difficultés apparaissent avec la gestion <strong>de</strong>s parenthèses et <strong>de</strong>s crochets.Elles sont liées à la <strong>de</strong>scription du calcul et à son implantation dans le logiciel. AinsiMichèle et Cécile voulant aussi enlever les trois retenues au salaire brut le décrivent enlangue naturelle :1. Michèle ensuite Base imposable. c'était en enlevant tout ça, donc/aut additionner toutÇl2. Cécile additionner ?3. Michèle Ben oui parce que c'est tout ça qu'on nous enlèvePuis, elles éditent la formule:L[-6]C -L[-4]C+L[-3]C+L[-2]Cqui les satisfait bien que le résultat calculé soit supérieur au salaire brut. Il s'agit ici,pour moi, d'un problème <strong>de</strong> mise en place du calcul dont l'origine est plutôt la<strong>de</strong>scription algébrique classique, qui nécessite une parenthèse, que l'implantation dansle logiciel. On rencontre le même type <strong>de</strong> problème avec Mylène et Nadia, qui, aprèsavoir lu la <strong>de</strong>scription du calcul sur la feuille <strong>de</strong> travail éditent la formule (Figure Il) :1. Mylène Le salaire brut2. Nadia ça ? [elle montre la cellule L9C3]3. Mylène oui [Nadia clique dans L9C3] ... moins ça4. Nadia Çl5. Mylène on met ...6. Nadia ouais/aut qu'on mette <strong>de</strong>s parenthèses là non ? <strong>de</strong>s crochets?7. Mylène Je sais pas8. Nadia Ben sinon il va tout mélanger non?9. Mylène non peut-être pas!10. Nadia ben... p'têt que oui... p'têt que nonIl. Mylène al/ez mets pas <strong>de</strong> parenthèses12. Nadia mais si mets en !13. Mylène non!14. Nadia plus...Ce protocole montre que la question <strong>de</strong>s parenthèses se pose pour obtenir uncalcul conforme à la <strong>de</strong>scription. C'est ici la syntaxe nécessaire à la machine qui est encause et non la <strong>de</strong>scription qui pourrait en être faite au niveau algébrique horsMultiplan que Nadia propose dans Multiplan. C'est finalement Mylène qui impose saconception d'une prise en charge par la machine <strong>de</strong> leur intention <strong>de</strong> soustraire les troisretenues. On rencontre ici aussi dans la proposition <strong>de</strong> Nadia le problème du choixentre les parenthèses et les crochets.


81L15C31;;;Lr:::·6rt·:["r:;~në+Lr=Iït·+"[r:2]c·+Lr:::·9Ttr:::lllIl "' ..annie112131415 11 <strong>de</strong>cembre i iactivité ihand baU ii1IlI-~-t· ····..····..·..·..0··..•..••••..•..•..•..•••••••••••• ••..•.2 nom i Annie i i i1IlI-~-t,i .1IlI--7-"-t3 i i i i !o •••..0·· ·..·..··..···· ····..0··..•..•..•··•..····..·..·····0· .4 nombreh! 15 ! i ! !1IlI-~-t o u u ···········o· ·•· ···..···.....•.........u.uu••••••••uu•••u.u•••••5 sa1aire h Ë 98 i i ! i~::........+ u o•••••.•..••.••.•..•.•••••.•••• o••••••• u •••••••••••••••••••••o u •••• u.6 nrime Ë 230 i i ! i~~r. o ···········.········0 · 0 ·..·..··············0··········..··.··.·.··..· 0 ·7 in<strong>de</strong>mnite i 145 i i ! !8 ·..· ·· ·········..1····..·······..··············1··..· · · ····..l · ··....·············r··......·· · · 1..··......11I-.;;.--+ 0 0 uO·· ·..·..·..·..····..··O······..·..· ····..· ··0······..··9 ~.~~.~~!.:!.. ~.'::~.~ 1 1. 1.~?QJ.QQf. 1. 1 1 .1 0 retenues itaux ~ i i Ë !III-~-+ o 0 ..••••••••••••••••••••••••••••0 .11 ss maladie! 55! 80 85F i ! iIII-~-+ o /•••••••••••••••••••••••• 1. .12 ss vieillesse! 47! 6909F i ! iIII-~-+ ..............................•....................../.......•................1.•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••13 ~.~~.!~j~ i ~..,.?~ l. ;??J.;?~f... ..L l .1 .14 ; : ; ; ;15 s·in:;···o;;ablë··..t·....···..····.....·..········r.UiIii@I.'j"············..······..·..····t·..·······......··············t..·..·..··_;;..;;...-+ :p...............•..•o••••••••••••••••••••••••••••••• •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••Figure IlII.2 Désignation avec <strong>de</strong>s références absoluesLes références relatives, privilégiées dans l'édition <strong>de</strong>s fonnules, ne sont pas leseul type <strong>de</strong> désignation dans le tableur. La construction <strong>de</strong> fonnules dans les tableauxliés, par exemple, nécessite une désignation invariante par recopie comme la référenceabsolue ou le nom donné à une cellule. Ces <strong>de</strong>ux désignations sont du même type dansla mesure où c'est la cellule du tableau qui est notée et non sa position par rapport à lafonnule où elle intervient.Une lecture aiséeLes observations réalisées montrent qu'aucune difficulté <strong>de</strong> lecture n'a jamais étéobservée pour <strong>de</strong>s références absolues. Elles sont d'un accès plus facile que lesréférences relatives. J'ai pu noter, en particulier, une utilisation spontanée <strong>de</strong>références absolues sous la fonne d'un couple <strong>de</strong> nombres pour désigner une cellule:Michèle au moment <strong>de</strong> l'édition <strong>de</strong>s valeurs dans le <strong>de</strong>uxième tableau (notes <strong>de</strong> Felix;séance 2) :Michèletape 2,3 ... peut-être ça remettra les mêmes trucsElle désigne ainsi la cellule L2C3.Plusieurs élèves comme Mylène ou Sylvie utiliseront fréquemment les référencesabsolues pour écrire <strong>de</strong>s fonnules au clavier <strong>de</strong> préférence à une édition à la souris.Mais le plus significatif est le résultat issu <strong>de</strong> la situation interview où la fonnuleproposée dans Cible 2 que l'on peut voir dans la barre d'édition <strong>de</strong> la figure 12 a étédécodée l sans qu'apparaisse la moindre difficulté chez aucun <strong>de</strong>s 26 sujets que j'ai pu1 La figure 16 représente la partie supérieure <strong>de</strong> la feuille <strong>de</strong> calcul.


82observer. Ceci est à mettre en parallèle avec le décodage laborieux <strong>de</strong> la formule enréférences relatives <strong>de</strong> Cible 1. Ce système <strong>de</strong> désignation est d'un accès beaucoupplus facile dans la mesure où il est lié avec les pratiques <strong>de</strong> repérage dans un tableau àdouble entrée que les élèves connaissent et maîtrisent dès l'école primaire. Piaget situel'acquisition <strong>de</strong> cette compétence avant la huitième année chez les sujets qu'il aobservés. En outre, cette désignation présente l'avantage d'être unique dans la mesureoù chaque cellule du tableau reçoit une seule désignation par ce procédé, contrairementaux références relatives. Il est ainsi plus proche <strong>de</strong>s désignations algébriques quidésignent, elles aussi, un seul objet.r • '• Fichier Edition Selection Format Options CalculIlL232C60 ~;;;,[5ë·T*·5·:::,[4ë··1··*4:;·3i·C6·ëT:::·3it:,[5·ë··1·!\o :cible 2-b59 61228 :-----I ! · ··..1· ···..·• ·•..····•····••..229 : !230 ! ···· ··..····..·········..·····T··..··· · ·· ·..·..······· ·· T···· ·..·· ·..·..··········..·..-----1·········· ·········..··················..1..••• ·•• ••••••···•·•·..••..•• •..·1·· •••• •••••• •• ••••..·1·..•••••• •••..•••••••..·••••••·••••..231 i 1 ~232········ · ··..····..·············..·· · · ··..·······..·..··········..·T..··· ····..··· ·· ..233 ::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::.: :.::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::1:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::234 ~ : î-----1·························......···..··..··....·1..····..·············•..··......······•··..··..1············..·..··......·..·......···..··....·1....••..··......·•··......•·....•....•·..')~E::' ; 1 ;Figure 12CaractérisationEn revanche, la situation cible-2 (interview) m'a permis <strong>de</strong> repérer que ladistinction entre les <strong>de</strong>ux syntaxes n'est pas toujours faite correctement. En effet danscette tâche, Il s'agissait <strong>de</strong> déco<strong>de</strong>r la formule <strong>de</strong> la cellule L5C4 (Figure 13) qui étaitconstituée d'une seule référence <strong>de</strong> cellule. Il s'agissait pour les sujets <strong>de</strong> donner unsens à cette référence. Le fait qu'il n'y ait pas <strong>de</strong> calcul réalisé est un obstacleimportant que j'ai analysé par ailleurs (Capponi 90). Par contre rapi<strong>de</strong>ment cetteformule les conduit à explorer le tableau pour voir ce que contient la cellule dont ils ontla référence. Cette référence est relative: ce sont les crochets et les signes + et - qui lacaractérisent <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue. Sur les 13 binômes, 9 l'ont lue comme une référenceabsolue alors que les 4 binômes qui ont vu une référence relative à la cellule L5C4 serépartissent également entre les adultes et les élèves (2n et 2/6).Très peu parmi ceux qui recherchent la cellule L227C56 et la trouvent vi<strong>de</strong>pourront expliquer pourquoi c'est en L232C60 que se trouve la formule qui produit lavaleur 10 recopiée dans la cellule L5C4.Les différences entre les <strong>de</strong>ux syntaxes sont fondamentales pour une lecturecorrecte <strong>de</strong> la formule, mais elles ne sont distinguées que par un très petit nombre <strong>de</strong>sujets. Par ailleurs une fois la formule découverte, il n'y a plus d'intérêt à i<strong>de</strong>ntifier ledécalage observé entre L227C56 et L232C60. Il faudra d'autres tâches (Gaz elec :


83situation interview) pour que les sujets jugent nécessaire <strong>de</strong> revenir sur la distinctionentre les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> références proposées dans le tableur. Ce sujet a été traité pluscomplètement dans Capponi 90.L5C41cible 2-b1 2 3 4Figure 13II.3 ConclusionLes résultats <strong>de</strong>s expérimentations menées dans le cadre <strong>de</strong> la rechercheprésentée ici montrent que les difficultés <strong>de</strong>s élèves dans la gestion <strong>de</strong>s référencesrelatives d'un tableur comme Multiplan ne sont pas négligeables et persistentlongtemps après les débuts <strong>de</strong> l'apprentissage. L'appropriation <strong>de</strong>s références relativesne va pas <strong>de</strong> soi. La facilité <strong>de</strong> l'édition automatique, qui utilise la souris pour désignerles cellules intervenant dans une formule, ne doit pas cacher les réelles difficultésrencontrées dans l'interprétation <strong>de</strong>s références produites par la machine, nécessaire aucontrôle <strong>de</strong>s formules produites. La rapidité <strong>de</strong> construction <strong>de</strong>s premières feuilles <strong>de</strong>calcul ne doit pas masquer les difficultés sous-jacentes qui persistent après plusieursheures <strong>de</strong> formation. Les difficultés que rencontrent les élèves au cours <strong>de</strong> la formationtrouvent leur origine dans :- La complexité <strong>de</strong> l'écriture <strong>de</strong> la formule. En effet une expression qui pourraits'écrire a+b+px+qy à l'ai<strong>de</strong> du symbolisme usuel en algèbre élémentaire <strong>de</strong>vient parexemple dans le tableur LC[-2]*L[-5]C[-l]+LC[-1]*L[-5]C+L[-5]C[-3]+L[-5]C[-2].(interview: Chapitre 2). Cette complexité perturbe notamment les connaissances liéesaux priorités <strong>de</strong>s opérations qui sont mal reconnues dans le type d'écriture produit parle tableur avec <strong>de</strong>s références relatives.- Le rôle <strong>de</strong> la cellule active comme origine du repère qui est également la sourced'importantes difficultés pour les débutants. J'ai pu retrouver <strong>de</strong>s lectures <strong>de</strong> formulesdéjà relevées <strong>de</strong>s travaux précé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> notre équipe <strong>de</strong> recherche (Capponi &Balacheff (89)) où le décodage est réalisé en partant <strong>de</strong> la cellule activ~ puis pour lescellules suivantes <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière cellule décodée. Tout se passe comme si la lecture sefaisait en passant successivement d'une cellule à l'autre à mesure que le décodage est


84effectué. D'une manière générale la présence d'un repère variable crée <strong>de</strong>s difficultésimportantes qui n'apparaissent pas avec <strong>de</strong>s références absolues.- Les lettres L et C intervenant dans les formules prennent souvent pour lesélèves une signification en rapport avec la tâche en cours et servent, par exemple, àdésigner <strong>de</strong>s éléments en jeu dans le problème à résoudre comme le côté d'un carrépour C ou la longueur d'un rectangle pour L.- Le fractionnement <strong>de</strong>s références dans la lecture. En effet, la complexité <strong>de</strong>l'écriture <strong>de</strong>s désignations à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s références relatives conduit les débutants àinterpréter par exemple la référence L[-1]C[<strong>+1</strong>] comme L[-1]C<strong>+1</strong> où le <strong>de</strong>rnier nombre"<strong>+1</strong>" <strong>de</strong>vient un terme du calcul au lieu d'une caractéristique liée à la référence.D'une manière générale on peut considérer que les syntaxes propres du tableur et<strong>de</strong> l'algèbre se mêlent et se dressent en obstacle dans l'apprentissage <strong>de</strong> la signification<strong>de</strong>s références relatives.Je ne peux pas terminer cet article sans remarquer la place importante que j'aidonnée au système <strong>de</strong> références spécifique <strong>de</strong> Multiplan. Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>sobservations que j'ai pu faire sont liées à la syntaxe particulière utilisée dans celogiciel. Mais l'ensemble <strong>de</strong> la recherche développée par ailleurs (Capponi 90) a misaussi en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s caractéristiques qui sont communes à tous les tableurs.Notamment on peut considérer que les syntaxes utilisées par certains tableurs sontd'un accès plus aisé. Mais les solutions apportées par les concepteurs <strong>de</strong> logicielscomme Excel ou Lotus 1 2 3 pour la désignation <strong>de</strong>s cellules ne résout les difficultés<strong>de</strong> désignation que <strong>de</strong> manière superficielle. Pour notre part les difficultés liées ausystème <strong>de</strong> référence sont masquées et reportées à un autre niveau. Etudions unexemple avec Excep"Ml pour illustrer notre propos.L'addition <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> la colonne 1 est effectuée sur l'exemple <strong>de</strong> la figure 14à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la formule A2+A3+A4+A5 dans la cellule A6. Cette notation apparemmentabsolue est en réalité relative par recopie puisque la copie à droite <strong>de</strong> cette formule dansla cellule B6: donne la formule B2+B3+B4+B5.li B cliBFeuille dFigure 14D'une manière générale, le logiciel recopie en modifiant les références. Il seraitintéressant d'étudier les difficultés que représente la transformation <strong>de</strong> la formule ainsiréalisée par le logiciel. Ici la recopie produit une autre formule puisque les désignationslExcel est une marque déposée <strong>de</strong> la Société Microsoft.


85sont différentes contrairement à ce qui se passe dans Multiplan avec <strong>de</strong>s référencesrelatives. Par ailleurs se pose alors le problème d'une désignation indépendante <strong>de</strong> laposition et qui se conserve par recopie. J'en ai montré la nécessité dans mon travail <strong>de</strong>recherche. Excel utilise <strong>de</strong>s notations comme $A$2 pour désigner <strong>de</strong> manière absoluela cellule A2. Les difficultés que j'ai pu analyser dans la construction <strong>de</strong> fonnulesutilisant un double système <strong>de</strong> références ne me semblent pas <strong>de</strong> nature différente dansun logiciel comme Excel. Pour moi il ne s'agit pas <strong>de</strong> difficultés provenant <strong>de</strong>snotations utilisées mais je les interprète plutôt comme <strong>de</strong>s problèmes sémantiques. Lasimplicité <strong>de</strong> la notation utilisée par Excel permet par contre une lecture plus facile <strong>de</strong>sfonnules éditées <strong>de</strong> manière automatique et par conséquent facilite le contrôle <strong>de</strong>sformules éditées par <strong>de</strong>s utilisateurs débutants.Les problèmes <strong>de</strong> références abordés ici ne sont pas les seuls rencontrés dansl'apprentissage <strong>de</strong>s tableurs. Pour une vision plus complète <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>faite sur ce sujet notamment sur les conceptions relatives aux fonnules, la priorité aucalcul manifestée par l'affichage prioritaire <strong>de</strong>s résultats, les fonnules utilisant undouble système <strong>de</strong> références et l'implantation d'un processus itératif, je renvoie lelecteur au travail plus complet réalisé sur ces aspects <strong>de</strong> l'apprentissage à l'utilisation<strong>de</strong>s tableurs. (Capponi 90).BibliographieBISSERET. 1983, Essor d'une psychologie ergonomique pour l'infonnatique. Travail HumainT46N02.CAPPONI B., BALACHEFF N.1989, Tableur et Calcul Algébrique Educational studies inmathematics 20: 179-210.CAPPONI B. 1990, Calcul algébrique et programmation dans un tableur. Le cas <strong>de</strong> Multiplan.Thèse <strong>de</strong> l'Université <strong>Joseph</strong> <strong>Fourier</strong> <strong>Grenoble</strong> 1.CATTERALL P. LEWIS R. 1985, Problem solving with spreadsheets Journal of computerassisted learning 1 167-169.COLLECTIF 1988-a, L'ergonomie <strong>de</strong>s logiciels. un atout pour la conception <strong>de</strong>s systèmesinformatiques Documentation Française par le groupe du programme "technologie emploi et travail" etle groupe Bull.COSAVELLA G. 1988, Ergonomie et didactique <strong>de</strong>s logiciels, Eléments à propos <strong>de</strong>Multiplan sur T09+ et Macintosh. Mémoire <strong>de</strong> DEA, Université <strong>Joseph</strong> <strong>Fourier</strong> <strong>Grenoble</strong> 1.DAGDILELIS V., BALACHEFF N., CAPPONI B. Mise en œuvre <strong>de</strong> l'itération par <strong>de</strong>s élèvesnovices dans <strong>de</strong>ux contextes différents. ASTER.DAVID J.P. 1986, Tableur et pédagogie ClAP Université <strong>Grenoble</strong> 1.DELANNOY C. 1986, Initiation à Multiplan Eyro11es.FLOYD B.D., PYUN J., 1986, Errors in spreadsheet uses (Tech. Rep.). New York: Newyork University, Graduate School of Business administration.HABASQUE G. 1985, Multiplan sur Macintosh Sybex Paris.LIEGOIS G. 1985, Multiplan Marabout.


86LINDSAY P.H., NORMAN D.A. 1980, Traitement <strong>de</strong> l'information et comportementHumain - une introduction à la psychologie. Editions Etu<strong>de</strong>s vivantes Montréal-Paris.MANUEL MICROSOFT MULTIPLAN 1984, Version française pour Apple MacintoshVersion 1.02.MARANINCHI J.B, FAVRE NICOLIN R., 1986, Tableur et pédagogie <strong>de</strong> l'infonnatiqueCRDP 11 Bd. Gl. Champon <strong>Grenoble</strong>.MEIBNER H. 1987, Recherches sur les processus d'apprentissage en mathématiques en liaisonavec l'utilisation <strong>de</strong> calculettes et d'ordinateurs. Actes du premier colloque Franco-Allemand <strong>de</strong>didactique <strong>de</strong>s mathématiques et <strong>de</strong> l'informatique. La Pensée Sauvage <strong>Grenoble</strong>. 283, 293.OLSON J., NILSEN E., 1988, Analysis of the cognition involved in spreadsheet softwareinteraction. Human-computer interaction. 1987-88,3,309-349.85.PEASEY D. 1985, Using spreadsheet programs in mathematics education Micromath springRICHARD 1983, Logique du fonctionnement et logique d'utilisation. INRIA Rapport <strong>de</strong>recherche N°202 p. 20.ROGALSKI J. 1985, Alphabétisation infonnatique, problèmes conceptuels et didactique.Bulletin Association <strong>de</strong>s Professeurs <strong>de</strong> Mathématiques <strong>de</strong> l'Enseignement Public N° 347.SCAPIN. 1986, Gui<strong>de</strong> ergonomique <strong>de</strong> conception <strong>de</strong>s interfaces homme-machine. Rapporttechnique INRIA N'77.THIRIEZ H, SANTRAILLE G. 1985, Multiplan pour Macintosh PSI.VALENTIN A, LUCONGSANG R. 1988, L'ergonomie <strong>de</strong>s logiciels Collection outils etmétho<strong>de</strong>s Editions <strong>de</strong> l'ANACT (Agence Nationale pour l'amélioration <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail).VERGNAUD G., 1981, Quelques orientations théoriques et méthodologiques Recherche endidactique <strong>de</strong>s mathématiques Vol. 2-2.


87Annexe 1 : Vêtements : fiche élèveN'utilise pas l'ordinateur pour cette activitéLa figure représente un morceau d'une feuille <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong> MULTIPLAN.La cellule active contient le prix total à payer pour les achats indiqués.r .... Fichier Edition Sélection Format Options CalculL:'C '.::····················..·······..·····················JI,i=L[-4]C(-1 ]*L[-2]C+L[-2]C[-·1 ]*L[-3]C+L[-3]C[-1 ]*L[-4]Ci.Sans titrec.1 2 . 3412..........................................,: .3.iorti c:le iDri x uni toi re iQuonti té4·····..·····1········..····..··....·······....····1....·····......·······..···········..t....·..···....···..·..···....·... :::::::::~::::::::I~:~~:~:~~:~:::~::::::::~I::::~::::::::~::::::::~~~:~:~:I::~:::::::::~~::::~::::::::~: ..!manteau! 1350 ! 1ipantalon i 236 i 0 i.........................................................................................................................................;. .·....·..······..··1·····..·....·························!···························....······1..···..···....•..·....·•·....··......!.... ~.................................................................................................................. ! total. :. .~• Contrôlez le résultat affiché en calculant le prix total à la main. Ecrivez ci-<strong>de</strong>ssousle résultat que vous trouvez.Dans la barre d'édition, vous pouvez voir la formule qui a pennis <strong>de</strong> calculer le prixtotal affiché.• Indiquez ici ce que calcule cette formule.• Indiquez quelle formule mettre dans la cellule active pour obtenir le résultat désiré.


88Annexe 2Aire et périmètre : Fiche élèver-a Fichier Edition Sélection Formot Options ColculL l':C ~Il=L(-21C*L(-llC(<strong>+1</strong>lSons titre2 3 4 5.._ _._..· ·_···..··0· i · · i _ _ .-_ __ .- . _ .··~. ~_···__..···_ ··1······· i E • ···········-t ····_······ ·i RË·C·T·A·I~(3L·E·S··t····..··········..·A·..····..........·f··...- ...._.-!! -_······..·_·41··.._····__···_-.-i _ _ _-_ ii __ _ _-ilongueur l 23 i 26.....................................••••••• 0 •••·0 _ ......................................................ilflrgeur ! 25 i 31~AIRE._ !!.iPER 1METRE i.......................................... ..·················· ·········..1·········· .=L(-21C*L(-11C(+ 11=( L(-21C+L(-31C)*21T([) Ces formules sont-ellescorrectes?Indiquer le calcul Qu'elles font.Répon<strong>de</strong>z dans le cadre ci -<strong>de</strong>ssous1nscrire dans ces cadresles formules pourl'aire et le périmètredu rectangl e B.


ACTIVITE... COMPARONS LES AIRESPhilibert CLAPPONI<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong>Les aires 1 et 2 sont-elles égales?Quels arguments donnerais-tu pourconvaincre ?Les aires 1 et 2 sont-elles égales?Quels arguments donnerais-tu pourconvaincre ?Les aires hachurées sont-elles égales?Comment peux-tu être sûr(e) <strong>de</strong> tonrésultat?Les aires hachurées sont-elles égales?Comment peux-tu être sûr(e) <strong>de</strong> tonrésultat?«petit x» nO 29 pp. 89 à 91, 1991-1992


90Les aires hachurées sont-elles égales?Comment peux-tu être sÛf(e) <strong>de</strong> tonrésultat?Les aires hachurées sont-elles égales?Comment peux-tu être sÛf(e) <strong>de</strong> tonrésultat?Les aires hachurées sont-elles égales?Comment peux-tu être sÛf(e) <strong>de</strong> tonrésultat?


91Les aires hachurées sont-elles égales?Comment peux-tu être sÛf(e) <strong>de</strong> tonrésultat?Les aires hachurées sont-elles égales?Comment peux-tu être sûr(e) <strong>de</strong> tonrésultat?Les aires hachurées sont-elles égales?Comment peux-tu être sûr(e) <strong>de</strong> tonrésultat?


92LISTE DES AUTEURS AYANT PARTICIPE A CE NUMERODanielle BERGUE<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> RouenB.P.2776130 MONT SAINT AIGNANBernard CAPPONIEquipe <strong>de</strong> didactique <strong>de</strong>s mathématiqueset <strong>de</strong> l'infonnatiqueLSD-IMAGB.P. 53 X38041 GRENOBLE-CEDEXAlain MERCIER<strong>IREM</strong> d'Aix-Marseille70, route Léon Lachamp, case 90113288 MARSEILLE-CEDEXJacques TONNELLE<strong>IREM</strong> d'Aix-Marseille70, route Léon Lachamp, case 90113288 MARSEILLE-CEDEXLOUIS-JEANavenue d'Embrun, 05003 GAP ce<strong>de</strong>xTél. : 92.53.17.00Dépôt légal: 242 - Mars 1992Imprimé en France

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