Directives de l’Organisation Mondiale de la Santé <strong>pour</strong> l’utilisation sans risque des eauxusées, ménagères et des excréments.Lorsque les matières fécales et les autres matières organiquessont compostées à la température ambiante, le produit final dece processus de compostage par voie aérobie ne sent pas et ade bonnes propriétés en tant qu’amendement synthétique etengrais phosphaté à libération prolongée.Pour réduire au maximum les risques sanitaires liés à l’utilisationdes matières de vidange comme engrais, l’OMS a fait <strong>plus</strong>ieursdéclarations et préconise certaines recommandations. Lorsqu’ilest difficile d’augmenter la température du tas de compost,l’OMS recommande “un stockage prolongé” <strong>pour</strong> garantirla sécurité. Avec <strong>une</strong> température ambiante de 2 à 20 o C, ilsnotent que les temps de stockage d’un an et demi à deux anspermettront «d’éliminer les agents pathogènes bactériens etde ramener les virus et les protozoaires parasites en deçà desniveaux de risque.»Pour « contrôler l’exposition » au risque, l’OMS recommande, enoutre, diverses précautions que devraient prendre les personneschargées de manipuler ces matières de vidange, notamment leport de bottes, de gants et de masque et l’utilisation d’outils oude matériel non destinés à d’autres fins.Au moment d’appliquer la poudrette au champ, à défaut depouvoir en garantir la qualité, il est recommandé de procéder à<strong>une</strong> « application au ras du sol », en introduisant le matériel ausol par un travail de malaxage et en le couvrant. En outre, lesenfants doivent être éloignés de toutes zones de préparation,traitement et application de la poudrette.Enfin, l’OMS souligne l’importance capitale de l’hygiènepersonnelle et domestique. La technologie à elle seule ne sauraitempêcher la transmission de maladies ; les communautésdoivent donc être informées des bonnes pratiques en matièred’hygiène. Si les recommandations thérapeutiques sontaccompagnées d’<strong>une</strong> bonne hygiène collective, les risquescourus par les personnes qui recueillent et utilisent les matièresde vidange (ainsi que celles qui consomment les produits)seront minorés à des niveaux acceptables.Source : OMS, 2006. Guidelines for the safe use ofwastewater, excreta and greywater. Volume IV: Excretaand greywater use in <strong>agriculture</strong>. Genève, Suisse28l’utilisation sans risque des eaux usées, desexcréments et des eaux ménagères.Préservation de la fertilitédes <strong>sols</strong>Le G.B. Pant Institute encourage l’utilisationde la poudrette comme <strong>une</strong> des pratiquesagricoles biologiques dans la région.L’enrichissement du sol en substancesnutritives à l’aide de la poudrette dans lavalllée de Lahaul est très profitable auxpopulations locales. L’étude a révélé qu’à lasuite d’un traitement adéquat des matièresde vidange par le système des toilettes àdeux fosses, les NSC sont débarrassées despathogènes, ce qui minore les risques <strong>pour</strong>la santé des utilisateurs. Les populationsde ces villages ne disposant pas de toutel’information nécessaire, l’utilisation de lapoudrette est en train de disparaître danscette région désertique et froide. L’étudea également montré que l’utilisation dela poudrette peut jouer un rôle essentieldans la préservation de la fertilité du solet l’accroissement des rendements dans<strong>une</strong> région qui a <strong>une</strong> période culturalerelativement courte (mi-avril à mi-août).Ce mode de gestion traditionnelle <strong>durable</strong>du sol dans les régions désertiques froidesde l’Himalaya peut être scientifiquementvalidé et répété dans <strong>plus</strong>ieurs régions dumonde, ce qui contribuerait à rendre lessystèmes culturaux <strong>plus</strong> efficaces.Santaram S. Oinam. G.B. Pant Institute of HimalayanEnvironment & Development, North-East Unit, VivekVihar, Itanagar 791 113, Arunachal Pradesh, India.E-mail : oinamsantaram1@rediffmail.comRéférences-Drangert, J.O., 1998. Urine blindness and theuse of nutrients from human excreta in urban<strong>agriculture</strong>. GeoJournal, 45: 201-208.-Jonsson, H., A.R. Stinzing, B. Vinneras, et E. Salomon,2004. Guidelines on the Use of Urine and faeces inCrop Production. EcoSanRes., 1-35.-Kuniyal, J.C., S.C.R. Vishvakarma et G.S. Singh, 2004.Changing crop biodiversity and resource useefficiency of traditional versus introduced cropsin the cold desert of the northwestern IndianHimalaya: a case of Lahaul valley. Biodiversity andConservation 13 (7): 1271-1304.-Mashauri, D.A., M.A Senzia, 2002. Reuse of nutrientsfrom ecological sanitation toilets as a sourceof fertiliser. (www.2.gtz.de/ecosan/download/CESMA2002-mashuari.pdf)-Oinam, S.S., Y.S. Rawat, R.S. Khoiyangbam, K.Gajananda, J.C. Kuniyal, et S.C.R. Vishvakarma, 2005.Land use and land cover changes in Jahlmawatershed of the Lahaul valley, cold desertregion of the northwestern Himalaya, India.Journal of Mountain Science, 2 (2): 129-136.RemerciementsL’auteur remercie le Directeur du G. B. Pant Instituteof Himalayan Environment and Development, àKosi-Katarmal, Almora (Uttarakhand), qui a bien voulului fournir les équipements nécessaires et redit toutesa gratitude au Indian Council of Social ScienceResearch de New Delhi <strong>pour</strong> l’assistance financière àla réalisation de la présente étude.Photo: AuteurVisitezla page webde AGRIDAPEhttp//agridape.leisa.infoLa poudrette s’utilisant de moins en moins, le design traditionnel des maisons à Lahaul, à l’instar de celle-ci, connaît aussides changements.
Un autre regard sur la poudrette en TanzaniePatrick MwalukisaLa production céréalière a baissé dans<strong>plus</strong>ieurs régions de la Tanzanie depuisla fin des années 1970, avec la fin dessubventions sur les intrants.. A la fin desannées 1980, <strong>une</strong> étude menée dans ledistrict d’Ileje dans les hautes terres duSud, a révélé un taux élevé de malnutritionet de mortalité chez les enfants de moinsde 5 ans, en raison de l’insuffisance de laration alimentaire journalière. La principaleraison est, semble-t-il, la faiblesse dela production agricole due à la faiblefertilité du sol dans la région. Face à cettesituation, <strong>une</strong> ONG belge, l’association decoopération au développement (COOPIBO),la CDTF (<strong>une</strong> ONG tanzanienne) et leConseil du District d’Ileje ont signé unaccord tripartite <strong>pour</strong> former le Projet deProduction de denrées vivrières d’Ileje(IFCPP) en 1988. L’IFCPP a commencé àformer de petits exploitants agricoles à lapratique d’<strong>une</strong> <strong>agriculture</strong> <strong>durable</strong>, à traversla recherche participative et les groupesde vulgarisation. Ces nouvelles techniquesavaient <strong>pour</strong> objectif principal l’utilisationdes ressources naturelles disponibles envue d’améliorer la fertilité du sol. C’est <strong>une</strong>alternative <strong>pour</strong> récupérer la terre épuiséepar l’<strong>agriculture</strong> intensive pratiquée à unmoment où l’on disposait de suffisammentd’intrants industriels subventionnés par legouvernement.Mbebe fait partie des villages où destechniques agricoles <strong>durable</strong>s ont étéintroduites, mais changer les habitudesdes populations n’est pas chose facile.<strong>Des</strong> agriculteurs ont été formés à ladécomposition du fumier de ferme. Lesagriculteurs non éleveurs ont commencé àaméliorer leurs fermes en utilisant d’autrestechniques comme l’enfouissement desdébris de culture, l’utilisation du chanvre deBengale (Crotolaria juncea), de crotalaria(Crotalaria ochroleuca), le système derotation des cultures et le compost.La poudrette a été introduite comme techniquesupplémentaire. Lorsqu’elle a été présentéeaux agriculteurs <strong>pour</strong> la première fois, il l’ontrouvée difficile à adopter parce que lesmatières de vidange étaient généralementconsidérées comme dangereuses, insalubreset inutiles. Cependant, un agriculteur dunom de Bahati Simbeye avait, en secret,vidé ses toilettes qui existaient depuis troisans environ et utilisé les matières <strong>pour</strong> seschamps de maïs. Certaines personnes ayantvu faire Bahati ont constaté les changementspositifs intervenus dans son champ de maïs.Bahati est venu au bureau <strong>pour</strong> parler de sonexpérience et nous a demandé d’aller voirsa parcelle de maïs. Nous y sommes alléset avons été impressionnés par ses efforts.Nous lui avons alors demandé s’il pouvaitinviter d’autres agriculteurs à sa parcelleet il a accepté. Nous avons alors organisé<strong>une</strong> journée de visite d’échange avec lespaysans des villages alentours, nous leuravons montré les différentes technologiespratiquées et dont celle de Bahati. Ils ontapprécié ce qu’ils ont vu et décidé detenter l’utilisation de la poudrette. C’étaiten 2004.L’année d’après le nombre d’agriculteursayant appliqué la poudrette a augmenté.L’idée selon laquelle les matières de vidangeétaient inutiles a été abandonnée avec letemps. Les agriculteurs ont commencé àacheter le contenu d’anciennes toilettesentre 800 et 1000 shillings tanzaniens (1$US)le puits. Ceux qui ont appliqué la poudretteet d’autres engrais organiques ont réaliséun accroissement moyen de deux à quinzesacs de 100kg de maïs par acre (1 acre =0.40 hectare). De nombreux agriculteursont ainsi été amenés à l’appliquer commefumure de base et engrais. Les matières devidange ayant été au préalable considéréescomme inutiles, les latrines étaientconstruites loin des propriétés familiales,où elles étaient creusées jusqu’à 4 metresenviron de profondeur. Aujourd’hui, lestoilettes sont construites <strong>plus</strong> près desmaisons et ne le sont <strong>plus</strong> à cette profondeur,ceci afin de réduire la charge de travail dela vidange des puits. D’autres améliorationsont été apportées notamment l’introductionde résidus végétaux et d’autres matièresorganiques dans le puits <strong>pour</strong> accroître levolume d’engrais.Collecte des matières devidangeLorsque les toilettes sont pleines, lesagriculteurs les recouvrent de terre et leslaissent pendant au moins deux ans <strong>pour</strong>laisser place au processus de décomposition.Ensuite, la couche de sable est enlevéeet les puits vidés à l’aide de bêches etde houes. Pour se protéger du matérieltranchant, les agriculteurs portent desgants et des bottes de caoutchouc. Avant,les populations jetaient dans les latrinesles matières dangereuses comme le verrebrisé et les clous. A présent, conscients dudanger, ces déchets sont jetés ailleurs.La poudrette ainsi obtenue s’est avéréemeilleurs par rapport aux autres engraisorganiques dans la mesure où elle réagitrapidement, surtout lorsqu’elle est utiliséePhoto: Auteurcomme fumure. Les agriculteurs ontremarqué qu’il faut appliquer la poudrette enpetites quantités sinon elle peut provoquer<strong>une</strong> brûlure des cultures. Ils mentionnentégalement la rentabilité de ces intrantsorganiques puisque les rendements sont deloin meilleurs comparés à l’absence totaled’engrais. Les champs enrichis de poudretterestent fertiles pendant <strong>plus</strong> de deux ans.Il est possible d’obtenir de bonnes récoltessur la même parcelle pendant trois annéesconsécutives sans utiliser d’autres engrais.Bien que la poudrette soit classée parmi lesmeilleurs engrais organiques de la région,sa disponibilité constitue <strong>une</strong> entravemajeure. En outre, certains agriculteursdoutent encore du caractère hygiénique etde l’innocuité des matières de vidange encas de manipulation à mains nues.Dans le district d’Ileje, l’application d’engraisorganique a permis à des agriculteurs derécupérer des terres. La nature du <strong>sols</strong>’est améliorée par rapport aux annéesprécédentes. Les cultures se développentaussi bien qu’avant l’introduction desintrants chimiques.Patrick M. Mwalukisa. Head of AgricultureDepartment, Ileje Rural Development Organisation,Box 160 Ileje, Tanzanie.29M. Admin Lungwe dans son champ de maïs enrichi à la poudrette