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Des sols vivants pour une agriculture plus durable - AgriCultures ...

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Agriculture <strong>durable</strong> à faibles apports externesVOL. 24 N°2 - Août 2008AGRIDAPE est l’édition régionaleAfrique francophone des magazinesLEISA co-publiée par ILEIA et IED AfriqueISSN n°0851-7932Adresse AGRIDAPEIED Afrique24, Sacré Coeur III – DakarBP : 5579 Dakar-Fann, SénégalTéléphone : +221 33 867 10 58Fax : +221 33 867 10 59E-mail : agridape@orange.snSite Web : www.iedafrique.orgCoordonnateur : Awa Faly Ba MbowComité éditorial : Awa Faly Ba Mbow,Bara Guèye, Safietou Sall Diop,Mouhamadou Lamine SeckAdministration :Maïmouna Dieng LagnaneTraduction : Bougouma Mbaye FallConception graphique - Impression :Imprimerie Graphi <strong>plus</strong>Tél. : +221 33 869 10 16Edition InternationaleLEISA MagazineILEIA P.O. Box 2067, 3800 CB Amersfoort,The NetherlandsTél. : +31 33 467 38 70Fax : +31 33 463 24 10E-mail : ileia@ileia.nlsubscriptions@ileia.nlEdition chinoiseCBIK, 3rd Floor, Building AZhonghuandasha, Yanjiadi, KunmingYunnan. E-mail : renjian@cbik.sc.cnÉdition espagnoleLa revista de agro-ecologiaAssociation ETC Andes, AP.18-0745,Lima 18, PérouE-mail : base-leisa@etcandes.com.peÉdition indienneLEISA IndiaAME Foundation , PO Box 7836, Bangalore560 085, IndeE-mail : amebang@giasbg01.vsnl.net.inSOMMAIRE4 Editorial6 <strong>Des</strong> boeufs <strong>pour</strong> fertiliser les <strong>sols</strong>Roger Kouam Netcha Gatien9 <strong>Des</strong> <strong>sols</strong> meilleurs et <strong>une</strong> exploitation rentable : tout le monde y gagne !Mirjam Pulleman, Jon Hellin, Dagoberto Flores Velázquez et Walter López Báez6<strong>Des</strong> boeufs <strong>pour</strong> fertiliser les <strong>sols</strong>Roger Kouam Netcha GatienDans les hauts plateaux du Cameroun, notamment les provinces de l’Ouestet du Nord-oues, la forte pression exercée sur les terres est source deconflits entre agriculteurs et éleveurs ; les agriculteurs occupant les terresvouées aux pâturages. Un paysan innovateur de la région eut l’idéed’associer l’<strong>agriculture</strong> et l’élevage, <strong>pour</strong> fertiliser ses terres et améliorerla qualité de ses récoltes. Cette technique communément appelée NightPaddock Manuring Farming System (NPMFS) ou Fertilisation des <strong>sols</strong> parparcage nocturne des bœufs a permis aux paysans d’obtenir de meilleursrendements, mais surtout, d’apaiser leurs conflits avec les éleveurs. Elle estaujourd’hui largement utilisée par les paysans du village.1215182023252728303132333436Nutriments et fertilité au menu paysan !Pablo Tittonell, Michael Misiko et Isaac EkiseSols en mouvement : la lutte contre l’ensablement à Yabari, NigerAmadou BarreLes engrais verts font tout chez Don RamónMáximo Ochoa et Pedro J. OyarzunPaysans et chercheurs ensemble <strong>pour</strong> l’intégration des micro-organismesdans le système agricole ouest-africain - Hamet Aly Sow, Marc NeyraArroser et nourrir le sol <strong>pour</strong> <strong>une</strong> meilleure production alimentaire :l’expérience de Potshini en Afrique du Sud - Erna Kruger, Jody Sturdy, Marna de LangeLes engrais verts : un don de la nature <strong>pour</strong> améliorer la fertilité des <strong>sols</strong>Arulanandam Vakeesan, Tharshani Nishanthan et Gunasingham MikunthanCompostage traditionnel à la poudretteSantaram S. OinamUn autre regard sur la poudrette en TanzaniePatrick Mwalukisa<strong>Des</strong> méthodes culturales novatrices <strong>pour</strong> régénérer les <strong>sols</strong>WardjitoTermites et paillis concourent à la réhabilitation des <strong>sols</strong>Elisée Ouédraogo, Abdoulaye Mando et Lijbert BrussaardNotes de terrainSites webBibliographieLe rôle capital de l’<strong>agriculture</strong> <strong>durable</strong> dans la sécurité alimentaire mondialeJanice JigginsDES INSTITUTIONS, UNE VISION !ILEIA est le centre d’information sur l’<strong>agriculture</strong> <strong>durable</strong> àfaibles apports externes. Ce centre encourage l’adoption destechnologies à faibles apports externes par le biais de sa revuetrimestrielle LEISA et ses autres publications. Le centre appuie,par ailleurs, la mise en place d’éditions régionales du magazine.ILEIA dispose également d’<strong>une</strong> base de données spécialisée etd’un site Internet interactif qui permet d’accéder à de nombreusesinformations sur le développement de l’<strong>agriculture</strong> <strong>durable</strong> dansle monde (www.leisa.info).Innovations, Environnement et Développement en Afriqueest l’organisation autonome qui capitalise l’expérience duprogramme Sahel de l’Institut International <strong>pour</strong> l’Environnementet le Développement. Sa mission reste de promouvoir undéveloppement <strong>durable</strong> par la promotion des approchesparticipatives à travers la recherche-action, l’analyse despolitiques, la mise en réseau, la formation, la production etla diffusion d’informations en Afrique francophone. Dans cecadre, IED Afrique propose aux partenaires différents supportsaccessibles à travers son site internet (www.iedafrique.org ).AGRIDAPE c’est l’<strong>agriculture</strong> <strong>durable</strong> à faibles apports externes.Cette notion est axée sur l’ensemble des choix technologiqueset sociaux à la disposition des paysans soucieux d’articulerl’amélioration de leur productivité et la prise en compte desaspects environnementaux. AGRIDAPE est donc relative àl’utilisation optimale des ressources locales, des procédésnaturels mais aussi du maniement mesuré et maîtrisé d’intrantsen cas de besoin. Il s’agit en fait de développer les capacités desindividus et des communautés qui s’efforcent de se construire unavenir sur la base de leurs propres aptitudes, valeurs, cultureset institutions.Ainsi, AGRIDAPE tente de combiner les savoirs local et scientifiqueet d’influencer les formulations des politiques <strong>pour</strong> la créationd’un cadre favorable à leur développement. AGRIDAPE, c’est aussiun éventail de méthodologies participatives <strong>pour</strong> <strong>une</strong> <strong>agriculture</strong>viable, prenant en compte les besoins différents et parfoisdivergents des divers acteurs dans un contexte fluctuant.AGRIDAPE, un concept, <strong>une</strong> approche, mais aussi, un messagepolitique, <strong>une</strong> vision !


Pour préserver notre capital « <strong>sols</strong> » l’hommeest obligé de compenser par davantage detravail du sol, de fertilisants et de produitsphytosanitaires ; pratiques qui entrainentd’autres cycles de problèmes. Aujourd’hui<strong>une</strong> autre pratique commence à se répandreà travers le monde, il s’agit de l’<strong>agriculture</strong>de conservation. Elle repose sur les troisaxes que sont la réduction du travaildu sol, la couverture permanente, etl’élaboration de rotations <strong>plus</strong> longues et<strong>plus</strong> diversifiées, mais chaque agriculteuradapte la pratique en fonction de sonmilieu et de ses objectifs.En voici quelques principes :• La réduction du travail du sol etl’installation de couverts végétauxpermettent de réduire la consommationd’humus et d’accélérer sa synthèse : enséquestrant le carbone, on amélioreles propriétés physiques, chimiques etbiologiques des <strong>sols</strong>, tout en participantà la réduction de l’effet de serre. Lesrendements sont comparables à ceuxobservés en <strong>agriculture</strong> conventionnelle,et dans les systèmes évolués sont mêmesupérieurs.• Améliorer l'infiltration de l'eau dansles parcelles, c’est garantir sa réserveutile et conserver les éléments. C’estpar conséquent réduire les intrants etréduire les phénomènes d’érosion, deruissellement qui conduisent à despollutions, des dégradation d’infrastructureet d’inondation.• En évitant de perturber le sol et enle couvrant de façon permanente ondéveloppe la biodiversité : l’équilibrebiologique permet de réduire lesconsommations de pesticides et de sediriger vers la lutte intégrée.Plusieurs articles de ce numéro illustrentque dans certaines régions du monde, lesagriculteurs ont déjà adopté l’<strong>agriculture</strong>de conservation. C’est le cas de ceux del’Equateur, qui grâce aux cultures decouverture réhabilitent leurs <strong>sols</strong> dégradésdans les zones de hautes terres (MáximoOchoa et Pedro J. Oyarzun page 18)Dans la péninsule de Jaffna au Sri Lanka,l’utilisation abusive d’engrais et depesticides non organiques a affecté laqualité des <strong>sols</strong> et de l’eau. Mais danscertaines zones, quelques agriculteursutilisent traditionnellement des engraisverts <strong>pour</strong> augmenter la teneur en matièreorganique du sol. Ils affirment « qu’avecl’utilisation accrue et efficace des engraisverts, les engrais chimiques deviennentinutiles. En outre ces engrais verts …améliorent la richesse du sol et permettentd’augmenter les rendements. Et Mêmecertaines cultures de rente dépendentd’engrais verts spécifiques. Actuellementdans cette zone, ces pratiques bio fontl’objet de promotion auprès des autresagriculteurs (Vakeesan page 25).<strong>Des</strong> changements depratiques difficiles à adopterLes agriculteurs parcourent leurs champs àpied ou en véhicule; ils y appliquent diversproduits et font leurs récoltes. Mais beaucoupd’entre eux n’en savent pas beaucoup surla vie qui anime la surface du sol <strong>pour</strong>tantils ont tout intérêt à approfondir leurssavoirs. D’autres reconnaissent que certainespratiques sont grandement bénéfiques <strong>pour</strong>leur sol mais ils ont du mal à les adopter. Celaest dû au fait que ces pratiques nécessitentun investissement de départ assez lourd entermes humain et matériel, investissementque les agriculteurs ne sont prêts à engagerque s’ils y voient des avantages immédiatsen terme de rentabilité ou d’augmentationde leur productivité.Dans les hauts plateaux du Cameroun,et notamment les provinces de l’Ouestet du Nord-ouest, un paysan novateur aréintroduit la technique de la Fertilisationdes <strong>sols</strong> par parcage nocturne des bœufs<strong>pour</strong> enrichir des terres dégradées. Mais ila fallu d’abords que les paysans constatentpar eux même les résultats obtenu parcet innovateur <strong>pour</strong> l’adapter à leur tour(Kouam Page 6).Patrick Mwalukisi (page 29) nous racontedans son article que Mbebe en Tanzaniefait partie des villages où des techniquesagricoles <strong>durable</strong>s telles que l’utilisationde la poudrette ont été introduites, maischanger les habitudes des populationsn’a pas été chose facile. Lorsqu’elle a étéprésentée aux agriculteurs <strong>pour</strong> la premièrefois, ils ont trouvée la poudrette difficile àadopter parce que les matières de vidangeétaient généralement considérées commedangereuses, insalubres et inutiles. Il afallu un important travail de vulgarisation<strong>pour</strong> changer l’image qu’ils avaient decette technique.Outre la vulgarisation un lien renforcéentre paysans et chercheurs peut danscertains cas amener à des changementsde pratiques bénéfiques.Au Kenya, paysans et chercheurs sontparvenus à « parler le même langage »<strong>pour</strong> combler leur déficit de communication.En effet, d’après Titonnelle (page 12), ilest rare que les paysans reçoivent enretour les commentaires appropriés. Lesinformations de recherche sur les conceptsscientifiques tels que la fertilité des <strong>sols</strong>et les équilibres des nutriments sontsouvent jugées trop abstraites <strong>pour</strong> eux.Les chercheurs ont à travers un atelier departage avec les paysans, discuté de leursrésultats dans le cadre des champs-écoles.Ceci montre donc que les agriculteursmême si leurs connaissances sont limitéessur des thèmes aussi complexes que les<strong>sols</strong> <strong>vivants</strong> ont par contre des expériencesà revendre. Appuyés par des chercheursou des organismes de développement, lessavoirs traditionnels et locaux peuvent defaçon certaine être d’un apport considérable<strong>pour</strong> rendre le sol <strong>plus</strong> vivant.5Nematodesmangeursde racineArthropodesdestructeursPlanteset racinesMatière organiqueDéchets, résidu et metabolitesdes <strong>sols</strong>, animaux et microbesMoisissuresMycocorrhizalSapraphyticBacteriesNematodesFongique etmangeurs bactériensProtozoairesAmibes, flagelleset ciliatesArthropodesPrédateursNematodesPrédateursOiseauxAnimauxSource : http://www.soilfoodweb.comFigure 1: vie organique du sol.


<strong>une</strong> barrière autour et <strong>une</strong> petite maison<strong>pour</strong> le gardien qui va surveiller etprotéger les animaux pendant la périodede fertilisation. Au préalable, il fauts’assurer de la disponibilité des bœufs. Sil’agriculteur n’en possède pas, il négocieavec un voisin ou <strong>une</strong> connaissance qui endispose. Cette négociation peut engendrerdes coûts de location variant entre 5000 FCFAet 15000 FCFA ou alors prendre la formed’un emprunt. Le berger fait paître le bétailchaque jour et à la fin de la journée, il lesintroduit dans le champ à fertiliser.Le gardien maintient les animaux dansun coin du champ où ils déposent urineset fèces. Lorsque le paysan estime que letroupeau a suffisamment déféqué dans lapremière parcelle, il les conduit dans <strong>une</strong>seconde parcelle ainsi de suite jusqu’àépuisement du champ. Pour réussir lafertilisation, l’agriculteur construit depetites clôtures au fur et à mesure quele troupeau passe d’<strong>une</strong> parcelle à l’autre.Mais dans certains cas, le champ clôturéest divisé en petites parcelles dès ledépart et les bœufs font des rotationsdans ces parcelles. A la fin de l’exercice,les bœufs sont soit conduits dans un autrechamp, soit retournés aux propriétairesou alors ramenés au lieu où ils passaienthabituellement la nuit.Le <strong>plus</strong> souvent, les paysans cultiventles parcelles déjà fertilisées pendant quele processus de fertilisation se <strong>pour</strong>suit.Toutefois, il faut attendre au moins deuxsemaines en saison sèche et un mois ensaison des pluies avant l’exploitation desparcelles. Le fumier a besoin de temps<strong>pour</strong> se décomposer et mettre à dispositiondes plantes les nutriments issus de ladécomposition. L’attente est <strong>plus</strong> longueen saison des pluies, car la décompositionest <strong>plus</strong> lente (moins de soleil = moins dechaleur). La culture de la morelle noire(Solanum Scabrum) est généralementfaite après la fertilisation. Après suiventcelles du maïs et du haricot.Les avantages de la techniquedu NPMFSAugmentation des rendementsEn 1988, des expériences sur le fumierde bœufs et les engrais minéraux ontété conduites dans la province du Nordouest.Pour déterminer l’effet de cesfertilisants sur les cultures, des essaisont été conduits dans la localité de Chua(quartier de Babanki Tungo). Le but de cesessais était de tester les effets du fumier etdes engrais minéraux (NPK 20:10:10) sur<strong>une</strong> culture associée de maïs et de soja.Les résultats des essais ont été les suivants :Les résultats montrent que l’utilisation dufumier de bœuf permet de doubler lesrendements du maïs et du soja. L’utilisationdu NPMFS peut être très bénéfique <strong>pour</strong>les cultures. Elle permet aux paysansTraitementPas de fumured’augmenter leurs rendements, ainsi queleur chiffre d’affaire. De <strong>plus</strong>, la fumureorganique est moins coûteuse et <strong>plus</strong>écologique que la fumure minérale.Résolution des conflits entreagriculteurs et éleveursLa mise en place du système du NPMFSdans la région de Babanki Tungo, a permisde résoudre les problèmes entre agriculteurset éleveurs. A la base, les agriculteursdésireux d’utiliser la technique étaientdans l’obligation de louer le bétail auxéleveurs Foulani qui apportent le bétailprès des parcelles et s’occupent de lagarde. A la fin du contrat, les éleveurssont payés et un climat de confiances’installe alors entre les deux parties.Aujourd’hui, la technique est pratiquéepar bon nombre de paysans. Aux diresde ces derniers, les relations avec les éleveurs,qui eux aussi se sont mis à cultiveret à vendre des légumes, sont bonnes.Les limites de la techniquedu NPMFSLes bœufsLes bœufs sont l’élément central de lapratique du NPMFS : leur présence estindispensable. Si ces derniers viennentà manquer, la pratique ne peut pas sefaire convenablement. Dans la région deBabanki Tungo par exemple, la disponibilitédes bœufs pose problème. Les paysansse tournent alors vers d’autres moyensde fertilisation moins écologiques et <strong>plus</strong>coûteux.Fumier de bœufs(10t / ha)Le NPMFS en cinq étapes.1- La négociation entre l’agriculteuret l’éleveur <strong>pour</strong> <strong>une</strong> collaborationà durée déterminée au cours delaquelle l’éleveur met son troupeau debœufs à la disposition de l’agriculteur.2- L’agriculteur construit <strong>une</strong> clôture toutautour de la parcelle à fertiliser.3- Les bœufs passent la nuit dans laparcelle et y déposent leurs urineset fécès et pendant toute la périodede fertilisation.4- La parcelle est laissée en repos à la finde la période de fertilisation pendantdeux à trois mois <strong>pour</strong> laisser letemps au fumier de se décomposer.5- La parcelle est labourée et lespremières cultures constituées delégumineuses y sont plantées.L’érosionLe séjour des bœufs peut endommagersévèrement les parcelles, surtout pendantla saison des pluies. Ils piétinent le sol etendommagent la structure qui, devientcompacte et accélère le ruissellement àla surface. Les conséquences sont <strong>une</strong> perted’éléments nutritifs, de matière organiqueet <strong>une</strong> pollution des eaux.Les pâturagesLes besoins en pâturages <strong>pour</strong> la pratiquesont importants. Les animaux, souventnombreux, se nourrissent dans lespâturages environnants. Si la région estdensément peuplée, la pratique du NPMFSsera <strong>plus</strong> difficile. La garde des animaux sera<strong>plus</strong> contraignante et le risque de dégâtsdes cultures dus aux animaux, <strong>plus</strong> élevé.Réduction du coût des engraisEngrais chimique(250kg / ha)Culture Maïs Soja Maïs Soja Maïs sojaRendements (kg) / ha 1600 1710 4571 2286 3429 2286Source : CIPCRE et SLF (1996)Un bœuf de 250 kg (poids moyen UBT), parqué la nuit, produit environ 3.2 tonnesde fumier par année (Mémento de l’agronome, 1991). Cela fait 800 kg de fumiersur <strong>une</strong> durée de 3 mois. La quantité totale de fumure (poudrette de parc) produitepar un troupeau de 50 bœufs en 3 mois s’élève alors à 40000 kg (40t).Les éléments nutritifs contenus dans un sac d’engrais chimique (NPK 20:10:10)de 50 kg sont de 10 kg N, 5 kg P, 5 kg K et le prix d’un sac d’engrais s’élève à10000 FCFA.La valeur de N produite par les 50 bœufs pendant <strong>une</strong> durée de 3 mois équivautà 8 fois la valeur d’un sac d’engrais minéraux NPK 20 :10 :10. La valeur de P 2O 5est 12 fois supérieure à celle des engrais minéraux et la valeur de K 2O est 16 foissupérieure à celle des engrais minéraux. Autant dire que l’utilisation du NPMFSpermet de faire des économies.7


Les raisons d’<strong>une</strong> adoptionLa technique du NPMFS est <strong>une</strong> technologieprometteuse qui est déjà adoptée parde nombreux paysans dans la région duNord-Ouest Cameroun, particulièrement àBabanki Tungo. Plusieurs facteurs ont favorisél’adoption de cette technique en milieu rural :• Sur le plan économique, la technique duNPMFS génère des revenus substantielsaux paysans et leur permet de diversifierleurs sources de revenus.• Sur le plan technique, la mise en placeet la gestion de la technique du NPMFSest relativement facile, ce qui la rendaccessible• Sur le plan socio - culturel, la pratique duNPMFS permet de résoudre les conflitsentre agriculteurs et éleveurs.Roger Kouam Netcha GatienB.P 1302 Bafoussam – CamerounE-mail: konero@live.fr ou rgkouam@yahoo.frTél: (Bur) 00237 3344 6267(Port) 00237 9989 8916RéférencesANONYME: Farming systems (chapter 10); Notes deCours. Consultée le 25 avril 2006, http://www.idrc.ca/geh/ev-32913-201-1-DO_TOPIC.html.CIPCRE et SLF (1996). Survey Report of the NightPaddock Manuring Technique. Bamenda, Cam, 24p.CIPCRE. Pratique de la Jachère Améliorée de CajanusCajan. CIPCRE, Bafoussam, Cam, 29p.CIPCRE. Technical document of the Night paddockmanuring farming system (N.P.M.F.S.). CICPRE,Bamenda, Cam.CIPCRE (2006). Analyse du système NPMFS etélaboration d’un concept de vulgarisation agricole dansla région de l’ouest et du Nord-ouest Cameroun. CIPCRE,Bafoussam, Cam, 32p.CIRAD – GRET (2002). Memento de l’agronome. Paris.1691p.FAO: Chapter 3: Mixed farming systems & theenvironment. Consulté le 25 avril 2006,http://www.fao.org/docrep/x5303e/x5303e09.htmGuide des coopérateurs Internationaux : Plantesmaraîchères : la Morelle noire. consultée le 28 juin2006, http://www.avrdc.org/LC/indigenous/junk.htmlLhoste et al. (1993). Zootechnie des régions chaudes :les systèmes d’élevage.La voix du paysan. Recueil de fiches techniques <strong>pour</strong>l’entrepreneur rural. Cam, 232p.Mezukam N. (2006). Impact socio-économique de lafertilisation des <strong>sols</strong> par le parcage nocturne des bœufsdans le village Babanki Tungo, Province du Nord-ouestCameroun. Dschang, Cam, 83 p.Meutchieye F. (2006). Système d’élevage transhumantdes bovins dans le groupement Kedjom Ketinguh(Babanki), Nord-Ouest Cameroun. Dschang, Cam, 11p.Pilot D., Lauga-Sallenave C. et Gautier D. (2002).Haies et bocages en milieu tropical d’altitude. Agridoc,Guyancourt, 240 p.Reij C. et Waters-Baners A. (2001). FarmerInnovation in Africa. Earthscan, London, UK, 362 p.Reijntjes C., Haverkort B. et Waters-Bayer (1994).Une <strong>agriculture</strong> <strong>pour</strong> demain. CTA Wageningen, NL,473 p.Timothy O. Williams, Pierre Hiernaux, et SalvadorFernández-Rivera: 5 Crop–livestock systems insub-Saharan Africa: Determinants and intensificationpathways. Consulté le 25 avril 2006,http://www.ilri.cgiar.org/InfoServ/Webpub/Fulldocs/PropertyRights/Chapter8.htm8Photo : CIPCRE 2007La culture de la morelle noire, du chou et d’autres légumineuses est très florissante


10main-d’oeuvre rurale et des coûts deproduction <strong>plus</strong> élevés. De tels changementspeuvent saper l’enthousiasme des agriculteurset ressources humaines en général quant àl’adoption de pratiques aptes à assureret améliorer la qualité du sol. En dépitde ces difficultés, la présente étude decas montre comment des agriculteurs etdes chercheurs du Chiapas, au Sud-ouestdu Mexique, ont réussi à réaliser de <strong>plus</strong>grands profits ainsi qu’<strong>une</strong> conservation desressources naturelles à travers l’adaptationde systèmes culturaux à base de maïs.La zone de l’étude de casLa municipalité de Villaflores, dans la partiesud-ouest de l’Etat du Chiapas, se caractérisepar un climat semi-humide chaud et unpaysage montagneux. Elle est considéréecomme <strong>une</strong> zone sensible en matière debiodiversité. Au cours des décennies 1970et 80, les basses terres de ce bassin fluvialsont devenues l’<strong>une</strong> des <strong>plus</strong> importanteszones de production de maïs du Mexique.L’élevage a également enregistré <strong>une</strong>forte augmentation au cours des dernièresannées. Le maïs haute production a envahiles systèmes de culture sur brûlis des petitsexploitants dans les vallées étroites et flancsde coteau où les <strong>sols</strong>, de texture granitique,sont à faible pH. Ici, la productivité est<strong>plus</strong> faible que dans les plaines. Ainsi, lessystèmes traditionnels de culture du maïsen ont subi l’impact négatif et les périodesde jachère ont été écourtées. Les flancsde coteau se sont transformés en champsde maïs et îlots de forêts pionnières. Cettesituation a provoqué des niveaux élevésd’érosion, la dégradation du sol et laperte de la biodiversité locale consécutiveaux pratiques insoutenables, notammentla déforestation, le surpâturage et lespratiques traditionnelles telles que lebrûlage des résidus. Tous ces problèmesse retrouvent dans d’autres parties duMexique et de l’Amérique centrale. Il enrésulte <strong>une</strong> migration et <strong>une</strong> pauvretépermanentes en milieu rural, ainsi qu’unaccroissement des coûts, <strong>pour</strong> la sociétéen général, du fait de la dégradation desinfrastructures et de l’envasement desressources en eau potable.Les systèmes traditionnels de culture dumaïs à Villaflores sont généralement dedeux types. Les champs à flanc de coteau(avec des pentes supérieures à 20 <strong>pour</strong>cent) qui sont impropres à la mécanisation,et où la préparation traditionnelle de laterre consiste au brûlage des résidus demaïs (“roza y quema”). A l’inverse, lesagriculteurs intervenant sur les plaineset des terrasses utilisent <strong>une</strong> préparationmécanisée du sol sous forme de labourconventionnel.Dans les deux systèmes, le maïs est plantéà la main, à l’aide d’un bâton, après ledébut des pluies en mai. Il est récoltémanuellement en décembre ou janvier.Ceux qui ont accès aux terres situées dansles plaines peuvent quelquefois procéder à<strong>une</strong> seconde culture de maïs (“chahuite”)ou planter des haricots comme cultureintercalaire dans l’humidité résiduelle. L’ony utilise d’abondantes quantités de produitsherbicides, de pesticides et d’engraisazotés. Quelque 30 % des agriculteurs dela région pratiquent l’élevage, à l’échelled’<strong>une</strong> vache seulement à 30 têtes de bétailau moins. Entre janvier et mai, les résidusde culture permettent aux agriculteursde disposer de fourrage. Le libre pacageest courant et les agriculteurs sans bétailpeuvent vendre des droits de pacage auxéleveurs. Ainsi se créent des concessionsmutuelles entre la nécessité de garder lesrésidus végétaux dans le sol et celle dedisposer de fourrage <strong>pour</strong> le bétail.Gestion des systèmes mixtesde maïs-élevageLa combinaison de pratiques traditionnellesde préparation du sol avec le pacagedes résidus a entraîné <strong>une</strong> baisse desrendements du maïs. L’intensification dela culture du maïs signifie des périodesde jachère insuffisamment longues<strong>pour</strong> permettre au sol de se régénérer.Dans un effort de protection des forêtset de réduction de l’érosion du sol,l’administration de l’Etat a mis en oeuvredes mesures politiques au début desannées 1990 <strong>pour</strong> limiter le brûlage desrésidus végétaux, plaidant en faveur deleur rétention dans les champs. Pourles aider à faciliter la transition d’avec lebrûlage, les paysans ont reçu des produitsherbicides et des pulvérisateurs.Dans la même période, un organe dugouvernement appelé FideicomisosInstituidos con Relación a la Agricultura(FIRA), a commencé à encourager laréduction du travail du sol et le labourzéro dans le cadre d’un paquet techniquecomprenant des crédits à taux d’intérêtbonifié. Bien que de nombreux agriculteursde la région continuent de procéder aubrûlage de leurs champs, la majorité aabandonné cette pratique. Néanmoins,seules les tiges échappent actuellementà la rétention des résidus végétaux dansles champs car le bétail en est tributairependant la saison sèche. Les agriculteursdépendent encore des herbicides, pesticideset autres engrais chimiques dont les coûtsreprésentent <strong>une</strong> partie significative deleurs coûts généraux de production.S’adapter aux pratiques del’<strong>agriculture</strong> écologiqueBien que les changements de politiquementionnés ci-dessus aient effectivementmené à la réduction du brûlage et à<strong>une</strong> <strong>plus</strong> grande rétention des résidusvégétaux sur les flancs de coteau, tousles agriculteurs ayant accès à la terredans les plaines et sur les terrasses ont,au départ, <strong>pour</strong>suivi le labourage de leurs<strong>sols</strong>. Par conséquent, pendant que lamatière première est retournée au sol parle biais des résidus végétaux de maïs, les<strong>sols</strong> restent nus <strong>pour</strong> <strong>une</strong> bonne partie del’année, ce qui les expose à l’érosion etaux pertes d’eau. En 1999, le FIRA a invitéles agriculteurs de la région de Villafloresà former un groupement sur l’<strong>agriculture</strong>écologique. Tavin Gomez Hernandez etsix autres agriculteurs ont répondu à cetappel et constitué le « Club de Labranza deConservación de Villaflores » ; ils ont éluM. Gomez président. La première raisonqui a poussé les agriculteurs à opter <strong>pour</strong>moins de labour ou <strong>pour</strong> son abandon puret simple réside dans l’avantage immédiatqu’ils en tirent sous forme de réduction descoûts. Toutefois, les agriculteurs ont prisconscience d’autres avantages importantstels que la réduction de l’érosion des <strong>sols</strong>, larétention de l’humidité et la reconstitutionde la fertilité et de la productivité des <strong>sols</strong>.Bien que n’ayant pas été mesurés par lespaysans, ces avantages sont parfaitementvisibles. En comparant leurs champs avecceux de leurs homologues qui pratiquentle travail du sol classique, les membresdu club ont pu constater des différencesévidentes au niveau des caractéristiques del’érosion, au point que la terre végétale desparcelles classiques en pente ascendanteest déposée dans les champs où lesrésidus de surface sont retenus. Ils fontégalement état d’un meilleur « ancrage» du maïs au sol. Depuis la création duclub, d’autres paysans ont été convaincusdes avantages de l’<strong>agriculture</strong> écologique; le club compte <strong>plus</strong> de 30 membresdepuis 2007, et bien d’autres agriculteursdans les communautés voisines observentétroitement les évolutions, même s’ils nesont pas membres effectifs.Ce club d’<strong>agriculture</strong> écologique joue unrôle capital en permettant à ses membresd’échanger connaissances et expériences etde partager leurs idées avec des praticiensnon affiliés au club ou d’autres paysansintéressés. Il organise des manifestationsde présentation sur le terrain et lesmembres parlent de leurs expérienceslors de fora organisés hors de leur proprerégion, en utilisant les mots et les conceptsconformes aux réalités des paysans. Leclub a non seulement développé lesconnaissances pratiques et conceptuellessur l’<strong>agriculture</strong> écologique, mais il sertaussi de réseau d’expérimentation denouvelles technologies et de point focal<strong>pour</strong> l’interaction avec les chercheurs etles institutions publiques.Rentabilité de la ferme etconservation des ressourcesnaturellesLes paysans membres du club confirmentque la motivation la <strong>plus</strong> importante dans


l’adoption de l’<strong>agriculture</strong> écologique dansles plaines et sur les terrasses réside dansla réduction des coûts. D’après les paysans,la rétention de l’humidité et la restaurationde la fertilité constituent des avantagescertains ; ceux qui travaillent sur les <strong>sols</strong>les <strong>plus</strong> dégradés font même état d’<strong>une</strong>augmentation des rendements allantjusqu’à 100 % au bout de quelques annéesseulement.La rétention de l’humidité a été tellementgrande que les champs situés dans lesparties inférieures du bassin hydrographiquepeuvent maintenant être plantés <strong>une</strong>deuxième fois, généralement avec dusorgho de fourrage ou <strong>une</strong> légumineuse, cequi était impossible avant. En collaborationavec des chercheurs des universitéslocales et de l’INIFAP, l’institut nationalde recherche agricole, de nombreuxpaysans s’essaient à l’intensificationet à la diversification des cultures. Leslégumineuses telles que la Mucuna (griffedu diable) ou le Canavalia (pois-sabre) ontété testés et donnent bien, réduisant ainsila nécessité d’un ajout d’engrais azotés, lalutte contre les mauvaises herbes et offrant<strong>une</strong> source supplémentaire de fourragede meilleure qualité <strong>pour</strong> leur bétail (cequi compense leur utilisation des résidusvégétaux comme fourrage) ou <strong>pour</strong> lavente. Bien que les paysans fassent étatd’<strong>une</strong> réduction des problèmes liés auxravageurs, leur expérience montre qu’aubout de trois ans, ces problèmes diminuent,<strong>plus</strong> probablement suite à la régénérationde la biodiversité du sol qui se traduit par<strong>une</strong> meilleure lutte biologique contre cesravageurs. Les premiers paysans affiliésau club incluent maintenant la réductionde l’utilisation des pesticides et produitsherbicides comme l’un des <strong>plus</strong> grandsavantages de leur système.Culture intercalaire de légumineuses dans les pieds de maïs. Avantages économiques etprotection du sol et de l’eau vont de pair.De <strong>plus</strong> en <strong>plus</strong> d’agriculteurs sont convaincusdes avantages de la rétention des résidusvégétaux sur leurs terres et tentent detrouver des moyens de protéger cetteprécieuse ressource. La mise en oeuvre dePROCEDE, programme de l’administrationcentrale qui réglemente l’utilisation desterres collectives et promeut la propriétéprivée, constitue <strong>une</strong> évolution importante.Les paysans qui ont réussi à avoir accèsà la terre sont <strong>plus</strong> enclins à y investir,par exemple en clôturant leurs champs<strong>pour</strong> protéger leurs résidus végétauxdes animaux qui les envahissent. Avecl’appui du Secrétariat d’Etat à l’Agriculture,les membres du club se sont aussiorganisés en service d’incendie privé.Ils sont maintenant équipés et formésà la prévention et à l’extinction des feuxde brousse qui menacent leurs terres etqui sont provoqués par des voisins quicontinuent de pratiquer le brûlis dans leurschamps.Les changements de pratiques de gestiondes cultures adoptés par les paysans sontd’<strong>une</strong> importance cruciale <strong>pour</strong> la conservationdes ressources naturelles telles que les<strong>sols</strong>, et <strong>pour</strong> la fourniture d’éco-services telsque la qualité et la quantité de l’eau, ainsique la biodiversité aérienne et souterraine.Tous les membres du « Club de Labranza deConservación de Villaflores » reconnaissentles nombreux avantages de l’<strong>agriculture</strong>écologique et encouragent d’autres paysansà les rejoindre. Mais ils sont aussi conscientsde l’ampleur du défi et donc de la nécessitéd’adapter leurs systèmes en permanence.Défis futurs et disséminationL’exemple du Chiapas nous montre que lesavantages économiques immédiats et laprotection du sol et de l’eau peuvent allerde pair, surtout lorsqu’<strong>une</strong> action collectivevient les compléter. La combinaison despratiques de gestion des résidus aux optionsde diversification et d’intensification permetd’améliorer la production et la rentabilité dela ferme. La biodiversitéaérienne et souterraineest stimulée, favorisantainsi <strong>une</strong> meilleurelutte biologique contreles mauvaises herbes,les ravageurs et lesmaladies. La productionde sources alternativesde fourrage de meilleurequalité comporte d’autresavantages, même siPhoto: Mirjam Pullemanl’utilisation rationnelleet la qualité du fourragerestent à relever. Malgrél’adoption d’un systèmemeilleur que lessystèmes traditionnels,la concurrence <strong>pour</strong>accéder aux résidusvégétaux (y compris lelibre pacage) et la faiblequalité du fourrage restent un problème,de même que la dépendance encorerelativement importante vis-à-vis desproduits agrochimiques.L’autre difficulté provient du fait que lespaysans utilisent déjà des herbicides,surtout sur les terres en pente qu’ils n’ontjamais labouré. Bien qu’elle ait facilité larapide adoption des méthodes d’<strong>agriculture</strong>écologique, l’utilisation d‘herbicidesdevrait être réduite à long terme. <strong>Des</strong>taux de rétention des résidus <strong>plus</strong> élevés,les rotations culturales et les cultures decouverture rendront les paysans moinstributaires des herbicides en raison del’élimination naturelle des mauvaisesherbes et de l’épuisement de la banquede semences dans les cas de labour zéro.Hormis cette difficulté, l’autre défi consiste àrendre visibles et accessibles au <strong>plus</strong> grandnombre de paysans tous ces avantages.Beaucoup de paysans de Villafloresn’ont pas encore accès à ces nouvellesinformations ou au soutien financier ettechnique, d’où leur incapacité à tirer profitdes résultats du club. Le développementdes améliorations et de la dissémination nedépend donc pas des actions des paysanset des chercheurs uniquement, mais aussidu cadre de politique, de la disponibilitéet de la coordination de l’appui financieret technique accordé aux paysans et del’existence d’<strong>une</strong> organisation paysanneefficace. Une évolution prometteuse aété relevée dans la zone de l’étude : ils’agit d’<strong>une</strong> initiative multi-institutionnelleentre l’INIFAP et d’autres institutionslocales mettant en place un programmede gestion <strong>durable</strong> intégrée des bassinshydrographiques du Chiapas. L’<strong>une</strong> desstratégies qu’ils étudient dans ce cadreconsiste à payer les paysans <strong>pour</strong> les écoservicesqu’ils rendent en protégeant lesressources naturelles. Les technologiesqu’ils encouragent s’inspirent desexpériences décrites et sont combinéesà d’autres technologies de conservationdes ressources telles que les haies viveset l’agrosylviculture. Toutes ces initiativesmettent l’accent sur <strong>une</strong> approche intégréeet prennent en compte l’ensemble du bassinhydrographique en tant qu’écosystèmesagricoles interdépendants.Mirjam Pulleman. International Maize and WheatImprovement Center (CIMMYT) et WageningenUniversity, the Netherlands. Adresse actuelle :Wageningen University, Department of Soil Quality,P.O. Box 47, 6700 AA Wageningen, the Netherlands.E-mail : mirjam.pulleman@wur.nlJon Hellin et Dagoberto Flores Velázquez.International Maize and Wheat Improvement Center(CIMMYT), P.O. Box 6-641, CP 06600 Mexico.E-mails : j.hellin@cgiar.org; d.flores@cgiar.orgWalter López Báez, INIFAP Centro de Chiapas, México.E-mail : waloba10@hotmail.comRéférences- Erenstein, O., 2003. Smallholder conservationfarming in the tropics and sub-tropics: A guideto the development and dissemination ofmulching with crop residues and cover crops.Agriculture Ecosystems and Environment 100: 17-37.- Hellin, J., 2006. Better land husbandry: Fromsoil conservation to holistic land management.Science Publishers Inc, Enfield, New Hampshire, U.S.A.11


Nutriments et fertilité au menu paysan !Pablo Tittonell, Michael Misiko et Isaac Ekise12Photo: Pablo TittonellLe partage de visions et connaissances sur les <strong>sols</strong> est vital <strong>pour</strong> <strong>une</strong> compréhension mutuelle.Nous autres les chercheurs, nous allonschez les agriculteurs <strong>pour</strong> obtenir desinformations. Ensuite, nous publionsnos résultats, <strong>pour</strong> la communautéscientifique, tout en nous imaginant qu’ilsprofiteront, au final, aux agriculteurs. Mais,les agriculteurs n’ont que très peu accèsà nos conclusions. Lors d’<strong>une</strong> étude surles nutriments du sol à l’ouest du Kenya,nous avons remarqué que les agriculteursapprécient beaucoup le dialogue avec leschercheurs. En discutant des processus debase avec les paysans, nous les aidonsà prendre des décisions sur l’adoption etl’utilisation d’<strong>une</strong> technologie, et nousen profitons aussi <strong>pour</strong> en savoir <strong>plus</strong> surleurs pratiques.Le contexte de nos recherchesNous avons mené la recherche sur soixanteexploitations agricoles à Emuhaya, àl’ouest du Kenya. Nous tentions de mieuxcomprendre les équilibres des nutrimentsdes <strong>sols</strong> <strong>pour</strong> contribuer au renforcementdes stratégies de la gestion intégrée de lafertilité des <strong>sols</strong> (GIFS). La qualité des <strong>sols</strong>des petites exploitations d’Afrique subsahariennevarie très fortement d’<strong>une</strong>zone à <strong>une</strong> autre, en particulier dans leszones très peuplées telles que l’ouest duKenya. Ces niveaux hétérogènes, appelésgradients de fertilité, résultent en partiede la variabilité des types de <strong>sols</strong>, maisils sont également la conséquence desdifférents choix des agriculteurs. Lorsqueles nutriments ou la main d’œuvre sontrares, les agriculteurs les concentrent dansles champs et les jardins proches de leursmaisons. Au fil du temps, cette stratégiea dessiné un paysage typique observé àtravers les différentes zones de l’Afriquesub-saharienne : bonne croissance descultures aux alentours de la maison oudans les champs du village et champsclairsemés à faible rendement dans lesbrousses. Il est nécessaire de prendre encompte les gradients de fertilité du sol lorsde la conception des stratégies GIFS. (Pour<strong>plus</strong> de détails, voir l’encadré.)Les données que nous avons recueilliescomprennent les cartes de flux desressources (voir Figure 1) et le calculdes équilibres nutritionnels, associés àdes prélèvements d’échantillons de soldans les différents types de champs et à<strong>une</strong> analyse en laboratoire. Nous avonségalement mesuré le rendement descultures de maïs cultivées sur différentschamps et avons noté des différencesconsidérables. Nous avons constaté queles agriculteurs tendaient à concentrerleurs ressources organiques dans lesjardins potagers. Très souvent, les résidusvégétaux sont également collectés dansles champs et transférés vers un puits


Fig 1 : Carte de flux de ressources d’un agriculteur, montrant le mouvementde toutes les ressources nutritionnelles dans toute l’exploitation agricole)de compost où ils sont mélangés avec dufumier animal. Les agriculteurs utilisaientpeu d’engrais minéraux en général et ceuxqui en avaient recours appliquaient moinsde 20 kg/ha (ridiculement bas comparéaux 200 kg/ha courants dans l’<strong>agriculture</strong>européenne !).Les équilibres nutritionnels partiels(intrants utilisés comme engrais minérauxet organiques moins les productions derécolte et les résidus enlevés) ont éténégatifs <strong>pour</strong> la plupart des champs. Leschamps éloignés reçoivent peu d’intrantset génèrent peu de rendements.Aussi, a-t-on calculé les ratios les<strong>plus</strong> négatifs dans les champsproches et à mi-distance, à savoirles champs où l’on obtientgénéralement les récoltes les<strong>plus</strong> importantes. Sur un gradientde fertilité du sol, les rendementsde maïs variaient entre près de4 tonnes par hectare à proximitéde la propriété familiale à moinsde 0,5 tonnes par hectare dansles champs lointains.Rendre l’informationscientifique <strong>plus</strong>accessibleLes agriculteurs voulaient connaîtreles résultats de notre analyse,mais les rapports avec destableaux pleins de donnéesanalytiques n’auraient pas eu desens <strong>pour</strong> eux. Par conséquent,nous avons décidé de discuter aupréalable avec la communauté decertains concepts de base. Nousavons tenu un atelier avec 15agriculteurs (hommes et femmes)au champ école d’Emanyonyi, à Emuhaya.Nous avons commencé par dessiner <strong>une</strong>coupe d’exploitation agricole type sur untableau à feuilles mobiles. Les agriculteursont reconnu l’existence des gradients defertilité du sol et utilisent des noms locaux<strong>pour</strong> les différents champs. Durant lespremières visites des exploitations, lesagriculteurs avaient classé leurs champsen fonction de la perception qu’ils avaientde la fertilité, en utilisant les signes +,-, ou +/- sur la carte <strong>pour</strong> indiquer leschamps ayant <strong>une</strong> fertilité bonne, médiocreQu’est-ce que la gestion intégrée de la fertilité des <strong>sols</strong> ?La GIFS est <strong>une</strong> approche basée sur l’intensité des connaissances, plutôt que surl’intensité des intrants. Elle vise à réapprovisionner les réserves de nutriments des<strong>sols</strong>, optimiser le recyclage de nutriments au niveau de l’exploitation agricole, réduireles pertes en substances nutritives subies par l’environnement et améliorer l’efficacitédes apports externes. La GIFS met à profit les connaissances locales, traditionnelleset scientifiques et les intègre dans les technologies favorisant des systèmes degestion <strong>durable</strong> des ressources naturelles. Le diagramme indique un certain nombred’exemples de ces technologies.Fixation du N 2par leslégumineusesImproved germplasmEngrais minéralTransferts de biomasseAgroforesterie (arbres engrais)ConnaissanceEngrais vertsRecyclageISFMEfficacitéImproved fallowsEngrais animalDurabilitéMicro-dosage d’engraisCompostageRotation des culturesGestion traditionnel du solou moyenne (voir Figure 2, page 14). Nousavons ensuite rappelé toutes nos activitésde recherche sur leurs exploitationsagricoles, en leur distribuant égalementles résultats des analyses pédologiques.Nous avons fourni des valeurs de référence<strong>pour</strong> les différents indicateurs pédologiques(carbone organique du sol, azote total, pHdu sol, etc.) correspondant aux <strong>sols</strong> pauvreset fertiles dans la région.Analogies nutrionnelles utilesPour permettre aux agriculteurs de mieuxcomprendre la discussion sur les nutrimentset les indicateurs de la fertilité du sol, nousavons utilisé <strong>une</strong> analogie simple axéesur les principaux repas consommés dansla zone. Un repas typique comprend <strong>une</strong>portion relativement importante d’ugali(bouillie tiède à base de farine de maïsblanc), <strong>une</strong> petite portion de nyama(généralement de la viande de bœuf cuiteen ragoût, frite ou bouillie) et même <strong>une</strong>portion encore <strong>plus</strong> petite de sukumawikii (chou frisé ou autres légumes locauxbouillis).Nous avons comparé les cultures avecle corps humain. Nous avons expliquéque l’alimentation des cultures comprendprincipalement du NPK et d’autresnutriments en <strong>plus</strong> petites quantités. Nousavons utilisé les termes locaux <strong>pour</strong> leséléments et avons assimilé le N à l’ugali,le P au nyama, et le K au sukuma wikii.Une culture en bonne croissance, saine abesoin d’<strong>une</strong> <strong>plus</strong> grande quantité d’ugali(N), d’<strong>une</strong> <strong>plus</strong> petite quantité de nyama(P), et d’un peu de sukuma (K). Cettecomparaison est plutôt bien adaptée à lasituation d’Emuhaya, où les carences en Kne sont pas généralisées et son effet surles plantes peu nombreux. Nous avonségalement expliqué qu’en <strong>plus</strong> du N, P et K,les plantes ont besoin d’autres macro- (parex. S, Ca) et micro- (ex. Zn, Fe) nutrimentsqui sont à la plante ce que la soupe, lessauces, le sel et les épices sont <strong>pour</strong> nousà nos repas.En étudiant les rapports, certains participantsont posé des questions sur les rôles ducarbone et du pH <strong>pour</strong> les <strong>sols</strong>, suivantl’analogie proposée. Nous avons indiquéque le sol C représente le « plat » danslequel l’on sert la nourriture. La quantitéde nourriture peut être abondante, maissi le plat est trop petit, l’on ne peut servirqu’<strong>une</strong> petite quantité de nourriture (faibledisponibilité). Le sol pH était comparéau goût de la nourriture, des valeurs enpH trop faibles indiquant un mauvaisgoût. Là encore, la nourriture peut êtredisponible mais si elle n’a pas bon goût,la plante n’absorbera pas correctement lesnutriments.A l’aide de ces analogies, nous avons tirédeux exemples des résultats de l’analysepédologique en guise d’illustration, enutilisant les valeurs de référence <strong>pour</strong> les13


16Le changement climatique de ces dernièresannées a provoqué <strong>une</strong> réduction de lapluviométrie qui est passée de 300 mmpar an à moins de 250 mm dans la zonece qui ne permet pratiquement pas auxcultures céréalières de boucler leur cycle.Au niveau des cuvettes, la baisse de la nappephréatique est fortement ressentie par lesproducteurs maraîchers. <strong>Des</strong> cuvettesqui étaient classées parmi celles à eauaffleurante (profondeur de la nappe entre0,5m à 1m) se sont retrouvées dans lacatégorie des cuvettes à eau intermédiaire(nappe entre 4 à 5m) et <strong>plus</strong>ieurs cuvettesde la catégorie eau intermédiaire sontdevenues des cuvettes à eau profonde(profondeur de la nappe entre 6m à 7m).Les aires de pâturage ont pratiquementdisparus et les terres de culturess’amenuisent de jour en jour. Les terresde bas fonds qui sont emblavés <strong>pour</strong>les cultures de saison de pluie, subissentl’assaut des d<strong>une</strong>s mouvantes et les dépôtssédimentaires dégradent la structure et latexture du sol le rendant peu favorable auxcultures de mil et de niébé. Sur les lopinsde terre encore exploitables, la fertilité esten baisse progressive avec <strong>une</strong> perte derendement.Les terres de cuvette qui servaient jadis derefuge aux exploitants en cas de campagneagricole défavorable sont entrain d’êtreenglouties par l’ensablement qui estrenforcé par les coupes abusives desstrates arborées et arbustives qui servaientde brise vent tout autour des cuvettes.Le village était aussi confronté à unvéritable problème de communicationavec l’extérieur. Les services techniques(vulgarisation agricole, eau et forêt etc.)et les services de santé publique n’ayantpas accès au village, les campagnes devaccination des enfants et du bétail sontaléatoires et peu efficaces. Jusqu’à unpassé récent, les services d’encadrementagricoles étaient méconnus du village.Le village de Yabari fait parti des cent(100) sites d’intervention du projet d’appuià la gestion des ressources naturelles dansle département de Maïné (PAGRN) pilotépar l’ONG Karkara. De 1992 à 2008, lastructure a contribué à la mise en œuvrede trois projets 1 qui ont permis de mobiliserles communautés villageoises au niveau dedeux comm<strong>une</strong>s du département de MaïnéSoroa dans la région de Diffa.Dans le cadre de la mise en œuvre deces projets <strong>plus</strong> de 5000 ha de d<strong>une</strong>sde sable ont été fixés contribuant ainsià la sécurisation de <strong>plus</strong> de 200 villages,de 120 cuvettes oasiennes et d’<strong>une</strong>cinquantaine de bas fonds pastoraux. Lesinterventions visent surtout la protectiondes terres cultivables (cuvettes oasienneset bas fonds) ainsi que les infrastructuressocio économiques (routes, villages, puits,etc.).<strong>Des</strong> palissades <strong>pour</strong> fixer lesd<strong>une</strong>sPour lutter contre l’ensablement, le PAGRNutilise des techniques simples de fixationdes d<strong>une</strong>s basées sur l’implantation depalissades perpendiculaires à la directiondu vent. Cette technique consiste àdresser <strong>plus</strong>ieurs haies successivesdistantes de 10 à 15 m (largeur de labande entre deux haies). La hauteur dela haie varie entre de 1m à 1,5m, cettehaie permet de dévier le vent à <strong>une</strong>distance équivalente à 10 fois la hauteurde la haie. Les haies sont parallèles entreelles et perpendiculaires à la direction duvent. Sur <strong>une</strong> surface ensablée d’un Ha, 11haies seront implantées sur <strong>une</strong> distancede 100m. Les palissades sont soit enclaies simples ou en claies croisées selonle degré de l’ensablement.Pour la fabrication des haies, le Leptadeniapyrotechnica est utilisé car il est disponibledans la zone et n’est pas néfaste <strong>pour</strong>l’environnement.Les feuilles de palmier doum sont aussiutilisées car l’arbre pousse dans lescuvettes oasiennes et elles permettentde nettoyer la cuvette et de la protégercontre les fréquents feux de brousse.Le processus de fixation des d<strong>une</strong>scomprend deux étapes : la fixationmécanique et la fixation biologique. Lapremière étape consiste à fixer le sol enréduisant au maximum l’effet du vent sur lasurface de la d<strong>une</strong>. Ceci est rendu possiblepar l’utilisation des haies en palissadesfait de branchage de Titarek (Leptadeniapyrotechnica) <strong>une</strong> euphorbiacéedénommée Kalimbo dans les langueslocales de la région de Diffa. Les palissadespeuvent aussi se réaliser avec les feuillesde doumier ou tout autre branchagedisponible, l’essentiel est que la hauteurde la claie n’excède pas 1m (voir photoci-dessous). La deuxième étape consisteen la plantation d’arbres sur l’espace fixé,cette étape intervient en début de saisonde pluies (juin–juillet). Les espèces d’arbresutilisés sont soit des essences exotiques(Prosopis chilensis et P. juliflora sont les <strong>plus</strong>fréquents) ou des espèces locales tellesque le gommier blanc (Acacia senegal),l’Acacia raddiana, ou l’Acacia nilotica. Lesespèces locales sont moins utilisées euégard à leur croissance lente.Une bonne maîtrise des techniques depépinière et un bon choix des essencessylvicoles (adaptabilité et vitesse decroissance) conditionnent la réussite de lafixation à <strong>plus</strong> de 50%.En <strong>plus</strong> des palissades, le projet utilise aussila technique de Mulching qui consiste àépandre sur la surface de la d<strong>une</strong> des feuillesde doumier (Hyphaene thebaïca) quiceinture la plupart des cuvettes oasiennes.La performance de ces différentes techniquesen rapport avec le taux de survie des plants,le rythme de croissance des plants, et leniveau d’accrétion du sol sont répertoriésdans le tableau suivant.1 Projet de Mise en valeur des Cuvettes Oasiennes(MEVCO) de 1992 à 2002,Projet Gestion des Ressources Naturelles dansle département de Maïné (GRN Maïné 1999à 2002),Projet d’Appui à la Gestion des RessourcesNaturelles dans le département de Maïné(PAGRN Maïné 2oo3 à 2008).Clayonnage avec des panneaux conçu avec des feuille de palmier doumier et renforcé par des épineux <strong>pour</strong>éviter l’action des animaux errants sur le site.Photo : Auteur


Tableau 1 : Performance des techniquesutilisées en fonction du taux de survie desplants, du niveau de leur croissance sur lesite de YabariDegré decroissanceTaux de surviedes plantsTaillemoyenneDiamètremoyenClaies croisésAnnée 1 Année 281,67 42,51,71 2,319,09 16,95Tableau 2 : Evaluation du taux de couverture herbacée en fonction des techniques de fixationmécaniques des d<strong>une</strong>s et niveau d’accrétion du sol sur différents sitesTechniquesutiliséesEpandagede rachisClaiessimplesClaiescroiséesTaux decouvertureherbacée descrêtes (%)moyenneTaux decouvertureherbacée desinters d<strong>une</strong>s(%) moyenneNiveaud’accrétioncrêteNiveaud’accrétioninter d<strong>une</strong>5,84 10,73 ++ +++6,93 11,34 + ++4,95 7,59 + +++ : faible accrétion ++ : Accrétion moyenne +++ : Accrétion forteSur le plan environnemental, les effetsde la fixation des d<strong>une</strong>s sont très visibles.En effet on passe d’un site complètementvide chahuté par les vents à un site arboréqui protège l’espace contre l’action du venten réduisant les dépôts sédimentaires auniveau de terres des cuvettes qui sontgénéralement à des altitudes <strong>plus</strong> basses.Les boisés qui sont ainsi créés sontexploitables au bout de 10 ans ; la coupeorganisée permet de disposer de bois <strong>pour</strong>la construction.Aussi sur beaucoup de sites, la biodiversitérenaît. Mais ceci ne fait pas la joie de toutela population ; en effet, un habitant duvillage qui élève des pigeons et des pouletsa déploré le fait que la plantation desarbres tout autour du village a provoquéle retour des petits reptiles, des rongeurs(lézard, écureuils, lièvre etc.) et desprédateurs comme le fennec qui s’attaqueà ses poulaillers.Convention de partenariatavec les populationsL’ONG Karkara a commencé sesinterventions au niveau du village de Yabarià partir de 2004, suite à <strong>une</strong> demande dela communauté villageoise.un diagnostic participatif, l’ensablementa été identifié comme <strong>une</strong> contraintemajeure et <strong>une</strong> menace sur le potentielproductif du village. Le projet a alors établi<strong>une</strong> convention de partenariat avec lacommunauté villageoise , convention qui aabouti à la mise en place d’un plan d’actionsde lutte sur <strong>plus</strong>ieurs années. Le projet s’estengagé à financer le matériel et les activitésde fixation des d<strong>une</strong>s et de production deplants à hauteur de 70% et les 30% restantconstitue l’apport de la communauté. Cetapport de la population sert à acheter lepetit matériel de pépinière (pèle, râteau,brouette, pot plastique <strong>pour</strong> la productiondes plants en pépinière, arrosoirs etc..).Selon le chef du village de Yabari, le villageétait fortement ensablé et difficile d’accèsavant l’intervention du projet. Depuis, 82 hade terres ont été fixés, ce qui a permis d’ouvrirdes voies d’accès au village et de protéger lacuvette et le puits du village. Le boisé qui aété créé protège le village contre les ventsviolents de sable surtout pendant l’harmattan.Une femme du village dont la case est situéeen périphérie nous a raconté qu’elle nepouvait <strong>plus</strong> dormir à la belle étoile car lesable remplissait ses oreilles au cours de sonsommeil. Mais depuis que les arbres ont étéplantés autour du village, elle avoue que laPhoto : Auteursituation a changé, elle peut maintenantdormir dehors sans risque.Au niveau du village, un comité de gestionchargé du suivi des travaux et de la gestionde la subvention et du petit matériel a étémis en place de manière participative. Cecomité communément appelé COGES estchargé de la supervision des travaux et s’estengagé à assurer la pérennisation à la findu projet.Le projet forme au niveau de la communautédes personnes ressources chargées desuperviser les travaux ; c’est le cas despépiniéristes villageois et des animateurs quiaccompagnent l’ensemble du processus.L’approche est fortement participative à tousles niveaux et permet de responsabiliserles populations. Seule la communauté àtravers son comité de gestion peut déciderdes actions à entreprendre. Le projet esten position d’appui conseil et le conseilcommunal surveille le respect des clausespar tous les acteurs.ConclusionLe projet travaille avec les communautés en vude répondre aux préoccupations du momentmais aussi de susciter à court et moyen termeun changement de comportements descommunautés vis-à-vis de l’environnement.Le projet a obtenu de très bons résultatsen matière de fixation des d<strong>une</strong>s et deprotection de l’environnement à travers destechniques simples et peu coûteuses maisbeaucoup de choses restent à faire, car lechangement de comportements demandedu temps. Plusieurs cuvettes oasiennes ontdéjà disparues sous l’effet de l’avancementdu désert avec le changement climatiqueobservé ces dernières années (baisse dela pluviométrie, hausse des températuresmoyennes, dégradation du couvert végétaletc.). Il sera difficile si rien n’est fait dansla zone des cuvettes oasiennes de Maïnéet de Goudoumaria de laisser un héritageenvironnemental aux futures générations.17AprèsFormation des paysans relais sur la production et la plantation d’arbresAmadou BarreSecrétaire Général ONG Karkara, Nigerbarreamadou@yahoo.fr


Les engrais verts font tout chez Don RamónMáximo Ochoa et Pedro J. OyarzunPhoto: Horacio Narvaez, MACRENA18Ces personnes venues admirer la production de mangues de don Ramon s'entendent dire qu'il n'a pas fait grand chose : « tout le crédit revient aux cultures de couverture ».En Equateur, les <strong>sols</strong> agricoles sontextrêmement dégradés. La déforestation,les pratiques telles que les monocultureset l’<strong>agriculture</strong> sur des pentes raidesont contribué à la disparition des <strong>sols</strong>fertiles. Le sous-sol, composé en grandepartie de sables volcaniques endurcis, estaujourd’hui très visible. Cette dégradationest perceptible au niveau de la teneurdes <strong>sols</strong> en matières organiques et parconséquent de la stabilité de leur structureet du contenu nutritionnel. L’utilisationdes produits agrochimiques a aggravé lasituation. Dans ce contexte, il est donc <strong>plus</strong>approprié de parler de « réhabilitation » quede « conservation » de cette ressource.Naturellement, la première action àenvisager dans ce processus de réhabilitationest d’étudier les changements à opérerdans les pratiques locales. Etant donné leseffets connus de la matière organique,le Réseau de Gestion des ressourcesnaturelles de l’Equateur (MACRENA),en collaboration avec World Neighborset la Fondation McKnight, ont décidéd’orienter leurs efforts sur les meilleursmoyens de garantir suffisamment dematière organique, notamment chez lespetits exploitants. Dans le cadre de cetterecherche de solutions alternatives auxpratiques actuelles, nous sommes allés àla rencontre de nombreuses expériencesréussies au Mexique, en Amériquecentrale et au Brésil. Vu que les culturesde couverture ne sont pas courantes dansles hautes terres andines, nous avonscommencé à travailler avec un réseaud’agriculteurs innovateurs issus des basses,moyennes et hautes terres des hautsplateaux du nord du pays.Avantages des cultures decouvertureLes « cultures de couverture » font référenceaux cultures supplémentaires intégrées à laculture principale. Il peut s’agir égalementde cultures couvrant la terre lorsqu’elle esten jachère afin de protéger le sol contreles effets de l’érosion éolienne, pluviale etcontre les températures élevées. De même,les « engrais verts » sont des cultures decouverture destinées à renforcer les matièresorganiques des <strong>sols</strong>, améliorant ainsi leurfertilité globale. Ce sont des espèces àcroissance rapide coupées et enfouies aumême endroit où elles croissent, avant lafloraison <strong>pour</strong> éviter la concentration denutriments vers les graines ou les fruits.Les cultures de couverture et les engraisverts comportent des avantages similaireset complémentaires :• protection du sol contre l’érosion etl'assèchement d’où <strong>une</strong> améliorationdes niveaux d’humidité des <strong>sols</strong> et de lacirculation de l’eau ;• protection contre le développement desmauvaises herbes, soit directement (enbloquant la lumière), soit indirectement(grâce à certaines espèces réputées agircomme des herbicides) ;• enrichissement du sol avec de l’azote etd’autres nutriments ;• création d’habitats <strong>pour</strong> les ennemisnaturels des animaux nuisibles etorganismes vecteurs de maladies ;• contribution à <strong>une</strong> meilleure structuredes <strong>sols</strong> grâce à <strong>une</strong> <strong>plus</strong> grande activitébiologique du sol et l’action mécaniquedes substances libérées par les racines ;


• contribution à la formation de la matièreorganique et de l’humus du sol, activationde la fa<strong>une</strong> et des micro-organismes dusol ;• création d’un environnement <strong>plus</strong> humidepermettant de briser les résidus durs telsque la paille des systèmes céréaliers,équilibrage du rapport carbone/azote.Les espèces les <strong>plus</strong> courantes utiliséescomme cultures de couverture/engraisverts sont généralement les haricots, leslégumineuses, les herbes et égalementles plantes de la famille des cucurbitacées.Elles peuvent se développer dans des <strong>sols</strong>pauvres, produire de grands volumes demasse verte sur <strong>une</strong> courte période, êtrepeu exigeantes en eau et jouir d’un réseauracinaire dense.D’un autre côté, leur utilisation est soumiseà de nombreuses restrictions et exigences,qui sont liées non seulement aux espècesmais aussi aux conditions agricolesparticulières. Par exemple, les culturesde couverture ne doivent pas freinerle chauffage approprié du sol dans leshautes terres froides. L’ensemencementet la croissance ne doivent pas coûtercher ; elles ne doivent pas constituer <strong>une</strong>source de ravageurs ou de maladie <strong>pour</strong>la culture principale et la libération desnutriments doit avoir lieu au moment oùla culture principale en a le <strong>plus</strong> besoin. Depréférence, elles ne doivent pas entrer encompétition avec les cultures commercialesou vivrières en termes de main d’œuvre etde temps.Engrais verts et cultures decouverture prometteursDans les montagnes de 1500 à 3400 mau-dessus du niveau de la mer, les hautesterres du nord de l’Equateur présentent<strong>une</strong> diversité d’écosystèmes, couvrantles vallées andines, les pentes raideset les plateaux des hautes terres. Denombreux agriculteurs, en collaborationavec MACRENA et World Neighbors, ontexpérimenté les cultures de couverture etles engrais verts dans différentes zonesécologiques. Travailler dans différentsécosystèmes permet d’acquérir desexpériences et des informations quel’on peut adapter dans d’autres régionsandines. Jusqu’ici, les agriculteurs desvallées <strong>plus</strong> basses ont utilisé la mucuna(Stizolobium sp. ou Mucuna pruriens),Canavalia ensiformis, dolique d’Égypte oudolique lablab (Lablab purpureus), le poiscajan (Cajanus cajan) et d’autres variétésde haricot comme par exemple le haricotordinaire (Phaseolus vulgaris) et l’Arachispintoi. Les agriculteurs des zones <strong>plus</strong>élevées ont utilisé des fèves courantes,telles que les pois, l’avoine, la luzerne, lavesce (Vicia spp). le lupin (Lupinus spp.) etla « torta » ou haricot de Lima (Phaseoluslunatus).Même si le processus de réhabilitationdes <strong>sols</strong> peut prendre <strong>plus</strong>ieurs années,les effets de l’utilisation des culturesde couverture et des engrais verts seconstatent immédiatement. Les résultatsobtenus par Don Ramón Alcívar et safamille en sont un exemple. Il fait partiedes paysans chercheurs membresd’EcoAmbuquí, <strong>une</strong> des organisationspaysannes appuyées par MACRENA etWorld Neighbors. Son exploitation setrouve dans la comm<strong>une</strong> d’Ambuquí,dans <strong>une</strong> vallée connue sous le nom deChota, à <strong>une</strong> altitude de 1500 à 2000 m.Il s’agit d’<strong>une</strong> zone semi-aride, avec desprécipitations annuelles de seulement 500millimètres. Il y a deux ans, don Ramón acommencé à expérimenter les cultures decouverture. Il a semé six différents typesde fèves entre ses manguiers.L’expérience de Don RamónLes cultures de couverture ont bien poussé.Il suffisait d’un seul désherbage, aprèsl’ensemencement. Le premier problèmeest cependant apparu immédiatement :Don Ramón et sa famille ont constaté àquel point les fèves grimpaient sur lesmanguiers en croissance. La solutionconsistait à contrôler la façon dont lesvignes croissaient, en les coupant avec desciseaux. Auc<strong>une</strong> autre difficulté ne s’étantprésentée, Don Ramón a <strong>pour</strong>suivi sescultures. Aujourd’hui, après deux saisons,il s’exclame : « Les cultures de couverturesont merveilleuses. Je n’ai besoin de lessemer qu’<strong>une</strong> seule fois. La premièrechose que vous pouvez constater est queles herbes arrêtent de pousser, alors je n’aipas besoin de dépenser de l’argent <strong>pour</strong>le désherbage. Et puis, je me suis renducompte que ces fèves produisent beaucoupde graines. J’ai récolté beaucoup de fèvesque j’ai partagées avec mes voisins,mais aussi avec les autres membresd’EcoAmbuquí. J’ai gardé <strong>une</strong> partie descultures de couverture dans la terre etelles se développent toutes seules, doncje n’ai pas besoin de semer <strong>une</strong> nouvellefois. Maintenant, je dispose d’un lit de 20cm de matière organique et de beaucoupde vers de terre ; les animaux du sol sontapparus, tous décomposent les matièresorganiques. Le <strong>plus</strong> incroyable c’est que laterre reste humide pendant longtemps, cequi a également modifié les fréquences del’arrosage. Aujourd’hui, je n’ai pas besoind’arroser mon champ chaque semaine, maistoutes les trois ou quatre semaines ! »Grâce à la présence de ces culturesde couverture depuis deux ans, leschangements qui se produisent dans lesol sont visibles à l’œil nu : <strong>une</strong> nouvellecouche s’est constituée, suite à ladécomposition de la matière organique.La surface du sol de l’exploitation deDon Ramón a maintenant <strong>une</strong> couleurdifférente. La teneur en nutriments du solconstitue également <strong>une</strong> nette différence.Au cours des deux dernières années, DonRamón et ses collègues ont prélevé <strong>une</strong>série d’échantillons de sol. En comparantles champs où ils ont cultivé deux types depois Mascate (griffe du diable), de doliquelablab et de pois-sabre (Canavalia), ils ontconstaté un changement significatif dansla teneur en azote du sol allant jusqu’à 35%. Auc<strong>une</strong> des autres propriétés mesuréesn’a montré de différences significatives.Rendements et performancesdes culturesPar rapport aux rendements et à laperformance des cultures, et en invoquantd’autres travaux similaires sur les cultures decouverture et les engrais verts, Don Ramóna ajouté : « Maintenant je consacre <strong>plus</strong> detemps à d’autres choses, à ma famille parexemple. Ma <strong>plus</strong> grande surprise a étéde voir les plantes à proximité des engraisverts devenir <strong>plus</strong> grosses et <strong>plus</strong> vertesque les autres qui en étaient éloignées.J’ai commencé la récolte et constaté queces cultures ont produit presque deuxfois <strong>plus</strong> que les autres. Je récoltais mesmangues chaque semaine pendant deuxmois et enregistrais des rentrées d’argentchaque semaine. Ma femme est heureuseet, elle aussi, reconnaît aujourd’huiles avantages des engrais verts et descultures de couverture. Les habitants desautres communautés, et même d’autresprovinces, viennent visiter mon champ.Lorsqu’ils voient mes belles mangues, ilsme demandent : Qu’avez-vous fait ? Etma réponse : « Rien, les engrais verts fonttout ».Mis en œuvre par World Neighbors, leprojet COVERAGRI appuie de nombreuxagriculteurs comme Don Ramón, touss’emploient à créer des systèmes <strong>plus</strong><strong>durable</strong>s et <strong>plus</strong> productifs. Tous cessystèmes reposent sur de meilleurestechniques de gestion des <strong>sols</strong> et surla constitution in situ de la matièreorganique. Notre projet a commencé par<strong>une</strong> petite exploitation et <strong>une</strong> banque desemences de 2 kg <strong>pour</strong> la multiplication.Aujourd’hui, les différentes exploitationsgérant des cultures de couverture et desengrais verts s’étalent presque sur 30hectares. Nous envisageons de continuerà développer cette zone sur un modèleagriculteur à agriculteur. Nous comptonségalement travailler dans différentes zonesécologiques ultérieurement, notammentdans les altitudes <strong>plus</strong> élevées, où nousespérons apporter <strong>une</strong> importantecontribution à la reconstitution des <strong>sols</strong>dégradés. La rentabilité de la productionagro écologique locale s’en trouverarenforcée.Máximo Ochoa et Pedro J. Oyarzun.Programa de los Andes, Vecinos Mundiales / WorldNeighbors, Avenida Florencia 203 y Bramante LaPrimavera I, Cumbaya. Casilla Postal 17-17-1797 Quito,Ecuador.E-mail : poyarzun@wnandes.org19


Paysans et chercheurs ensemble <strong>pour</strong> l’intégrationdes micro-organismes dans le système agricoleouest-africainHamet Aly Sow, Marc Neyra20Photo H. SowVisite d’un essai d’inoculation du niébé à Darou Mousty (Sénégal)En Afrique de l’ouest, les contraintes liées àl’<strong>agriculture</strong>, parmi lesquelles la salinisationet pauvreté des <strong>sols</strong> en éléments nutritifs,le déficit hydrique, entraînent notammentun faible niveau de production, l’insécuritéalimentaire, et des revenus agricoles faibles<strong>pour</strong> les familles paysannes. Pour leverces contraintes, les solutions préconisées,comme l’épandage de fertilisantschimiques, l’utilisation de nouvelles variétésde semences, la maîtrise de l’eau, ne sontpas accessibles à tous et peuvent entraîner<strong>une</strong> dégradation de l’environnement.D’autres solutions issues de la rechercheexistent mais ne sont pas diffusées enAfrique de l’ouest, à cause notammentd’un déficit de connaissances par lesacteurs de la recherche de la dynamiqueorganisationnelle des organisations deproducteurs (et inversement).C’est dans ce contexte que le MinistèreFrançais des Affaires Etrangères a, dans lecadre du programme DURAS, « Promotiondu Développement Durable dans lesSystèmes de Recherche Agricole duSud », financé de 2005 à 2008 le projet«Appropriation par les Organisationsde Producteurs d’Afrique de l’Ouest dela technologie d’inoculation avec desmicroorganismes améliorant la productionvégétale» (projet « DURAS Inoculation »).L’objectif de ce projet est de contribuer àlever les contraintes évoquées ci-dessus àtravers <strong>une</strong> utilisation par les organisationspaysannes des microorganismes améliorantla production végétale basée sur :• la promotion d’un itinéraire techniquerespectueux de l’environnement, contribuantà la sécurité alimentaire des populationsrurales par l’augmentation desrendements des cultures et des niveauxde production.• un partenariat resserré entre structuresde recherche et organisations deproducteurs agricoles.<strong>Des</strong> micro-organismes <strong>pour</strong>rendre les <strong>sols</strong> <strong>plus</strong> <strong>vivants</strong>Du point de vue scientifique, le projets’est appuyé sur le fait qu’il existe dansles <strong>sols</strong> des micro-organismes (bactérieset champignons) vivant naturellement ensymbiose avec les plantes, et qui participentà la nutrition hydrique et minérale de lamajorité des végétaux (voir encadré).L’inoculation, apport massif de bactérieset champignons sélectionnés, permet deremédier à leur absence éventuelle ou à


leur nombre insuffisant et peut améliorerla croissance de la culture associée.La technique d’inoculation est largementpratiquée dans le monde depuis<strong>plus</strong>ieurs dizaines d’années. <strong>Des</strong> sociétéscommerciales se sont développées dansde nombreux pays, proposant des produitsspécifiques <strong>pour</strong> différentes spéculations.Par contre l’inoculation n’est pas du toutdiffusée en Afrique de l’Ouest alors queles conditions édaphiques, climatiques etéconomiques justifieraient largement sonemploi.Le projet « DURAS Inoculation » a assemblédeux groupes de partenaires dans cinqpays (Bénin, Burkina Faso, Mali, Niger etSénégal) : les plates-formes paysannesnationales membres du Réseau desOrganisations Paysannes et des ProducteursAgricoles d’Afrique de l’Ouest (ROPPA) etdes Laboratoires de Microbiologie présentsdans chacun de ces pays. La coordination estassurée par le Cadre Local de Concertationdes Organisations de Producteurs (CLCOP)de Keur Momar Sarr (Sénégal), mandatépar le Conseil National de Concertation etde Coopération des Ruraux (CNCR).Le projet repose sur deux activitésprincipales :• Mise à niveau mutuelle des producteurset des chercheurs• Mise en place de parcelles pilotesLa première activité a eu <strong>pour</strong> objectifde permettre aux deux groupes d’acteursde se connaître et de s’appréciermutuellement. Elle s’est déroulée sousforme de rencontres locales, nationaleset régionales, de réunions et d’ateliersde <strong>plus</strong>ieurs jours regroupant des leadersd’Organisation Paysane et des chercheurs.Les ateliers ont notamment permis àdifférents représentants de paysans dedécouvrir le fonctionnement et les activitésdes chercheurs dans leurs laboratoires,en pratiquant en petits groupes desobservations à la loupe et au microscope,ainsi que des manipulations de microbiologieet de biologie moléculaire (voir photo ).Représentant paysan effectuant un dépôt <strong>pour</strong> <strong>une</strong>électrophorèse d’ADNLes réunions ont également permis deplanifier ensemble la deuxième activitéprincipale du projet, c’est à dire la mise enplace de parcelles pilotes permettant detester ensemble l’effet de l’inoculation dansdes conditions environnementales variéeset de montrer l’efficacité de la technique.Le choix des spéculations inoculées est faiten commun ; la production des inoculumsest assurée par le Laboratoire Communde Microbiologie IRD/ISRA/UCAD (LCM)de Dakar (Sénégal). Les paysans ont,avec l’appui des chercheurs et techniciensdes laboratoires partenaires, appliquél’inoculum lors de la mise en place descultures, et assuré le suivi et l’entretien descultures. <strong>Des</strong> visites conjointes chercheurset paysans, ont été effectuées dans lesparcelles, et, en général ; l’objectif était demesurer ensemble l’effet de l’inoculation.Photo : M. NeyraConnaissance, confiance etrespect réciproques entrepartenairesLe premier résultat du projet a été lacréation de cadres de concertation entreles chercheurs et les paysans impliqués parl’intermédiaire de leurs organisations. AuSénégal, où ces cadres ont été initiés avantle démarrage du projet, ils ont permisde créer <strong>une</strong> réelle connivence entrepartenaires. Au Mali, ils sont apparus bienétablis à la fin du projet, et le Bénin suitla même voie. Plus difficiles à mettre enplace au Burkina Faso et au Niger, en partiepar manque de disponibilité des acteurs,ils apparaissent maintenant possibles suiteau partage des expériences vécues dansles autres pays.L’inoculation : ses potentialitésse confirment !L’effet de l’inoculation a été testé sur deuxspéculations principales. La première, lesoja, a permis de confirmer ses effets positifset parfois spectaculaires sur cette variété:ainsi, à Djimini-Velingara, au Sénégal, laproduction de biomasse aérienne et degraines a pu être multipliée par 4 à 5 foispar l’inoculation. Le niébé est par contreconsidérée insensible à l’inoculation parles chercheurs, qui n’ont jamais réussi àobtenir des résultats convaincants.Les échanges au cours des différentesrencontres ont permis aux paysans deproposer aux chercheurs de partagerle risque potentiel en cas d’échec. Lesrésultats sont <strong>plus</strong> que prometteurs, mêmes’ils ont été obtenus parfois de façon non« académique ». Ainsi dans la régionde Bobo-Dioulasso au Burkina Faso,les chercheurs n’ayant pu assister lesproducteurs, ceux-ci, après avoir été initiéspar la coordination du projet à l’applicationde l’inoculum, ont travaillé seuls <strong>pour</strong> le21Les symbioses plantes micro-organismesDeux groupes principaux de micro-organismes présentsnaturellement dans les <strong>sols</strong> sont capables de former avec lesvégétaux <strong>une</strong> symbiose (association très étroite à bénéficeréciproque) :• Les rhizobiums s’associent aux plantes de la famille deslégumineuses (arachide, niébé, haricot, soja, acacias,prosopis, pterocarpus,…) ; la symbiose entre ces bactérieset les plantes se traduit par la formation d’organesparticuliers au niveau des racines (parfois sur les tiges),appelés nodosités, au sein desquelles la bactérie fixe l’azoteatmosphérique gazeux en <strong>une</strong> forme assimilable par laplante. Au niveau mondial, la quantité d’azote ainsi intégréedans les systèmes agricoles est estimée équivalente à laquantité d’engrais azoté produit industriellement.• Les champignons mycorhiziens, en colonisant le systèmeracinaire forment avec la quasi-totalité des végétaux <strong>une</strong>symbiose appelée mycorhize (en zones arides et semiaridesd’Afrique de l’Ouest, le type le <strong>plus</strong> fréquent estl’endomycorhize). En explorant un <strong>plus</strong> grand volume de sol,par l’intermédiaire des filaments mycéliens du champignon,la mycorhize permet à la plante <strong>une</strong> meilleure absorptiond’eau et de différents éléments nutritifs, parmi lesquels lephosphore.Au sein des symbioses la plante fournit des sucres et del’énergie provenant de la photosynthèse, et est approvisionnéeen retour en éléments nutritifs (N et P) très souvent limitantdans les <strong>sols</strong> des régions arides et semi-arides, et bénéficieainsi d’<strong>une</strong> meilleure capacité de survie en conditions de stress(déficit pluviométrique, salinité, attaque par des parasites,notamment). Ces deux types de symbioses participent doncà l’amélioration de la fertilité des <strong>sols</strong> et de la productivitéagricole.


22semis, le suivi et la récolte des cultures. Lesrésultats ont été mesurés en sacs récoltés,unité de mesure non internationalementreconnue mais tout aussi expressive quedes kilogrammes.Deux essais menés par deux groupesdifférents ont donné des résultatssimilaires : dans un cas, 3 sacs récoltéssur les parcelles inoculées contre 1,8 sacs<strong>pour</strong> celles non inoculées de même tailleet densité que les parcelles inoculées, etdans l’autre cas 6 sacs contre 4 sacs. Untroisième groupe de producteurs, voyantle retard que prenaient les plants noninoculés, a appliqué au témoin <strong>une</strong> dosed’engrais qui a tout juste été suffisante<strong>pour</strong> permettre de parvenir au mêmeniveau de production que les parcellesinoculées, prouvant ainsi que l’inoculationpeut remplacer les fertilisants.Au Mali, par crainte que l’inoculationn’affecte le goût des graines de niébé,des dégustations ont été organisées parles paysans responsables des parcellespilotes, qui ont au contraire indiqué lorsde la réunion bilan du projet à Bamako,que les graines des plants inoculésapparaissaient <strong>plus</strong> tendres que celles desplants non inoculés.Demande de mise en placeet de contrôle d’unités deproduction d’inoculumL’effet positif de l’inoculation,notamment concernant le soja, a trèsvite induit l’expression d’<strong>une</strong> demanded’approvisionnement en inoculum.Diverses possibilités sont envisagées.Les OP de la Région de Kolda (Sénégal)ont ainsi classé prioritaire en 2008,parmi les actions de recherchedéveloppement, la mise en place d’<strong>une</strong>unité locale de production d’inoculum.L’appel à des sociétés internationalesspécialisées est également envisageable.Quelles que soient la ou les solutionsretenues <strong>pour</strong> la production des inoculums,l’ensemble des partenaires s’accordeà reconnaître qu’il est indispensablede définir, de façon concertée entrechercheurs et utilisateurs, des normesstrictes <strong>pour</strong> régir leur distribution, àl’image des pratiques développées dans lereste du monde et en prenant en compteles spécificités ouest africaines.Création d’un réseauRéunis à Bamako fin avril 2008, lesreprésentants des différents partenairesdu projet ont décidé de créer le réseauINOCAO (Inoculation en Afrique del’Ouest). Ce réseau se veut ouvert àd’autres acteurs (économistes, sociologues,juristes, nutritionnistes, sélectionneurs,environnementalistes,…), aux structuresde conseil agricole et rural, et aux« décideurs » (politiques, médias,…)afin de résoudre toutes les questionsposées <strong>pour</strong> l’intégration réussie desmicro-organismes symbiotiques dans lessystèmes agricoles de la région.Ce réseau s’est fixé deux axes d’intervention :• la promotion de l’utilisation desinoculums : production, distribution etapplication des inoculums définition desnormes techniques et réglementaires,évaluation de la rentabilité économique,etc.• la <strong>pour</strong>suite des recherches surl’inoculation : diversité et écologie desmicro-organismes, besoins en inoculationen fonction des spéculations, l’avenir desinoculums, impact sur la fertilité des <strong>sols</strong>,impact environnemental, etc…D’ores et déjà un certain nombre d’activitésréunissent paysans et chercheurs duréseau INOCAO <strong>pour</strong> <strong>pour</strong>suivre l’aventurehumaine initiée par le projet « DURASInoculation » : des projets de recherche,de développement (notamment unprojet en cours d’élaboration <strong>pour</strong>soumission au FNRAA dans le cadredu projet WAAPP financé avec l’appuide la Banque Mondiale), de formation(Master de Biotechnologies Végétaleset Microbiennes en zone sahélienne àl’Université de Dakar) et diffusion (Atelierinternational sur l’apprentissage, laproduction et le partage d’Innovations, quia eu lieu à Ouagadougou, Burkina Faso enoctobre 2008).Leçons apprisesLe projet « DURAS Inoculation » a permisde mettre en avant que, <strong>pour</strong> renforcerla participation de la société civile, etnotamment des organisations paysannesdans la mise au point et l’applicationd’innovations en <strong>agriculture</strong>, il étaitimportant :• de créer des liens directs entre chercheurset paysans ;• de poser les bases du partenariat avecdes organisations représentatives, passeulement avec des individus ;• de répartir la responsabilité de gestion(financière et technique) entre les OP etles laboratoires ;• de faire accepter par les chercheurs laperte d’<strong>une</strong> partie de leur «pouvoir» ;• de sensibiliser les paysans auxquestionnements de la recherche, passeulement aux résultats ;• de s’appuyer sur l’effet «boule de neige»provoqué par la réussite de certainsgroupes ;• d’envisager la collaboration dans la duréeHamet Aly Sow, Chargé de Programme àl’ASPRODEB (Association sénégalaise <strong>pour</strong> lapromotion du développement à la base, Dakar,Sénégal), hametaly.sow@asprodeb.orgMarc Neyra, Chercheur à l’IRD (Institut de Recherche<strong>pour</strong> le Développement, Montpellier, France), Marc.Neyra@ird.fr


Arroser et nourrir le sol <strong>pour</strong> <strong>une</strong> meilleureproduction alimentaire : l’expérience dePotshini en Afrique du SudErna Kruger, Jody Sturdy, Marna de LangeLes zones rurales de l’Afrique du Suds’appauvrissent et les maigres revenusdes populations ne couvrent <strong>plus</strong> leursbesoins alimentaires. Alors, l’intérêtporté à la production alimentaire desexploitations familiales s’est accru, mêmelà où la pratique était rare. Aujourd’hui,les services gouvernementaux et nongouvernementaux font la promotion dujardinage au niveau des exploitationsdes familles rurales vulnérables et desménages vivant avec le VIH/sida. Dans cescommunautés, les légumes sont la plupartdu temps cultivés dans des jardins collectifs.Ces jardins ne garantissent pas encore lasécurité alimentaire et l’amélioration desrevenus. En effet, les conflits internes dansles groupes, le manque de ressources etles graves pénuries d’eau pendant l’hiver,entravent tous les efforts.Formation conjointeQuelques membres de la petitecommunauté rurale de Potshini, dans lescontreforts des montagnes du Drakensberg,dans le KwaZulu-Natal, ont décidé dedévelopper l’exploitation familiale dela production alimentaire, au niveau deleur village. Ils savaient exactement cequ’ils voulaient : contrôler la productionalimentaire familiale au niveau de chaquepropriété et faire leur jardinage de manièrenaturelle, sans engrais et ni autresintrants coûteux. Ils avaient découvert parhasard l’expérimentation agricole commemoyen d’apprentissage et tenaient à la<strong>pour</strong>suivre.Le programme de recherche sur lesInnovations des petites exploitations agricoles(SSI) de l’Université du KwaZulu Natal, axé surl’exploitation des eaux pluviales intervenaitactivement dans la région. Par bonheur, ilétait à la recherche d’<strong>une</strong> communautéoù, par un processus de développementparticipatif, le SSI <strong>pour</strong>rait concevoirconjointement du matériel de formation<strong>pour</strong> l’utilisation agricole de l’eau dans lessystèmes d’exploitation familiale. Le besoinexprimé par la communauté correspondaitparfaitement à ces objectifs ! L’équipe detravail était formée de représentants duprogramme SSI, de la Commission desRecherches hydrauliques (WRC), du groupede soutien aux agriculteurs (ONG locale)ainsi que du facilitateur communautaireUne utilisation <strong>plus</strong> rationnelle de l'eau a permis d'accroître la production de légumes. Ici, les membres du grouped'apprentissage installent un système d'irrigation au goutte-à-goutte sur l'un des casiers.et du vulgarisateur du Département del’Agriculture de la région.L’équipe a été scindée en deux groupesd’apprentissage (au total 66 membres) <strong>pour</strong>permettre à l’ensemble des participantsd’assister aux réunions qui se tenaientà tour de rôle dans les exploitationsfamiliales de la région. Les participants ontaccepté de rentrer chez eux <strong>pour</strong> conduireleurs propres expérimentations. En tantque groupe d’apprentissage, nous avonsprocédé à des évaluations mutuelles denos travaux et progrès. Ce processus a étémené en 2006 sur <strong>une</strong> période de 9 mois,couvrant ainsi <strong>une</strong> saison culturale d’été etd’hiver.Nous avons voulu utiliser les techniquesles <strong>plus</strong> prometteuses visant à améliorer lafertilité du sol, la capture et le stockagedes eaux pluviales. Nous visions <strong>une</strong>production <strong>plus</strong> intensive qui optimisel’emploi des intrants disponibles au niveaulocal et l’utilisation <strong>plus</strong> efficiente desressources. Parmi les méthodes utiliséesnous avons le « run-on » (création demécanismes permettant à l’eau de coulervers les plantes), le stockage de l’eau,la lutte contre les ennemis naturels descultures et les tranchées en profondeur.La mise en œuvre et l’évolution desdifférentes techniques ont été suiviesau cours de l’intervention des membresdu groupe d’apprentissage ; les famillesindividuelles bénéficiaient de conseilset d’<strong>une</strong> assistance pratique. A la findu processus d’apprentissage, les deuxgroupes ont subi <strong>une</strong> évaluation au cours delaquelle ils ont fait état des progrès réaliséset de leurs projets <strong>pour</strong> l’année suivante.Sept autres volontaires ont accepté demettre en œuvre un mode de gestionde l’eau et des expériences de fertilité auniveau de leurs exploitations familiales.L’équipe du SSI a introduit le matériel demesure de l’eau dans ces jardins en vued’évaluer de manière scientifique l’impactdes innovations et technologies.Ce qu’en pense la communautéDans l’ensemble, la majorité des membresdu groupe d’apprentissage (73 <strong>pour</strong> cent)considéraient les casiers de tranchéecomme le processus de changement le <strong>plus</strong>important <strong>pour</strong> leurs jardins. Le rendementn’avait pas été évalué, mais les membresdu groupe d’apprentissage ont fondé leuropinion sur leurs propres observations etexpérimentation. La plupart ont fait <strong>une</strong>comparaison directe entre la préparationde casiers de tranchée et leur méthodenormale de culture. L’effet positif descasiers de tranchée sur leurs niveaux deproduction était très visible. Depuis, ceuxqui préparaient des casiers continuentPhoto: Les auteurs23


24de les utiliser et en ont même construitdavantage . L’animateur de la communautéa soutenu chaque famille à la demande etde façon personnalisée. Il a récemmentlaissé entendre qu’il était temps qu’<strong>une</strong>autre équipe fasse <strong>une</strong> intervention cibléeen se fondant sur les processus engagéset en incitant ainsi les chefs de famille àcontinuer à développer leur production.Résultats obtenus grâce auxcasiersIl est très important de créer ou deconserver <strong>une</strong> fertilité optimale dans unsystème de production intensif tel que laproduction de légumes dans des tranchéesen profondeur. Pour étudier les effets del’addition de matière organique, les niveauxde phosphore, d’azote et de potassiumdans la tranchée comme dans les planchesnormales ont été testés. L’étude a montréque les casiers fournissaient au profilpédologique <strong>une</strong> importante quantité dephosphore qui devrait suffire pendant 5 à10 ans. C’est un avantage important parcequ’il est difficile d’ajouter du phosphore <strong>plus</strong>tard, en raison de son manque de mobilité.Le phosphore est souvent un facteur limitantdans les <strong>sols</strong> très lessivés de cette région.L’effet du système de tranchée et du « runon » sur le stress hydrique de la plante étaitmesuré dans la tranchée et les planchesnormales. Les relevés se faisaient à 20 mm,40 mm et 80 mm de profondeur. Différentsrésultats ont été obtenus : les casiers étaienthumides à <strong>une</strong> profondeur de 80 cm. Lesol desdits casiers pouvait absorber etconserver l’eau de pluie au profit des plantes.Cependant, dans la planche normale, lamajeure partie de l’eau s’infiltrait dans lesol et ne pouvait bénéficier à la plante.Les casiers de tranchée augmentent doncconsidérablement la capacité de rétentiond’eau du sol et fournissent un équilibrehydrique régulier à diverses profondeurs.Cela réduit le stress hydrique <strong>pour</strong> lescultures pendant un certain temps.Impact socioéconomiqueUne enquête menée vers la fin del’année 2007 par le groupe de soutien àl’agriculteur, a révélé certains impacts dugroupe d’apprentissage, compte tenu duchangement nutritionnel, des niveaux derevenu et de l’impact social, entre autres. Parexemple, en ce qui concerne les revenus, 63<strong>pour</strong> cent des membres ont fait état d’<strong>une</strong>capacité accrue à acquérir des produits et àéconomiser de l’argent. Les membres ontréussi à épargner un maximum de 1000 R(ou 84 euros) par saison dans la mesureoù ils dépensent moins <strong>pour</strong> les intrants etautres. Plus de la moitié des membres dugroupe d’apprentissage vend des légumes,le <strong>plus</strong> souvent du chou, des épinards etdes tomates. Par contre, les membres dela communauté qui possèdent des jardinspotagers mais qui ne sont pas affiliés auNotre expérience en matière de construction de casiers de tranchéeNous avons amélioré nos méthodes enobservant les casiers de tranchée creusés parles membres du groupe d’apprentissage. Voicile résumé d’<strong>une</strong> brochure produite avec et àl’intention des jardiniers de la communauté ;elle est rédigée dans la langue locale et sert àdes activités d’apprentissage.• Creuser <strong>une</strong> tranchée de 60 cm de profondeurou <strong>plus</strong> et d’1m de large environ. Séparerla couche arable du sous-sol lorsque vouscreusez. Si votre sous-sol est très fertile, nel’utilisez pas dans la tranchée. Répandre cesol autour du jardin <strong>pour</strong> aider à diriger l’eauvers votre casier.• Placer <strong>une</strong> couche de branches ou de vieillesboîtes de conserve alimentaire aplatiesà <strong>une</strong> profondeur d’environ 3 boîtes deconserve au fond de la tranchée <strong>pour</strong> aiderà l’aération et également à la fourniturede certaines substances nutritives. (Nousn’avons trouvé aucun effet néfaste dansl’utilisation des boîtes de conserve en fer.Les résultats tirés des échantillons de solprélevés des casiers et analysés ont indiquéun accroissement négligeable de la teneuren fer dans ces casiers.)groupe d’apprentissage ne peuvent pasvendre car ils ne produisent pas assez.Concernant la nutrition, 23 des 27 famillesinterrogées ont fait état d’un meilleur étatnutritionnel au niveau du foyer. La mesures’est faite en fonction de leur régimealimentaire, de la consommation de denréesfraîches, de moins de gras et de la fréquencemoindre des cas de maladie. Certainesfamilles tiennent comptent également desaspects nutritionnels dans la conception deleur jardin.S’agissant de l’impact social, <strong>plus</strong> de 90<strong>pour</strong> cent des membres sont conscients dufait que le projet a influé sur la façon dontfonctionnent les groupements paysans. <strong>Des</strong>changements importants se sont produits : lesmembres ont en effet pu jouir de confiance,de motivation et d’indépendance, et despossibilités de partager des connaissanceset compétences.<strong>Des</strong> résultats à <strong>plus</strong> grandeéchelleCe processus d’apprentissage a connudes variantes qui ont été appliquées danscinq autres communautés en Afrique duSud entre avril et décembre 2007. Deces différentes expériences ont émergéquelques recommandations :• Il est possible d’organiser des ateliersdans des combinaisons différentes <strong>pour</strong>couvrir et le contenu et le processusd’apprentissage. Il n’est toutefois paspossible de les réduire à moins de quatresessions, ou de les organiser sur <strong>une</strong>période inférieure à <strong>une</strong> saison culturale(4 mois), <strong>pour</strong> obtenir un certain impact.• Remplir la tranchée de diverses matièresorganiques et de terre végétale. Ajouterd’abord de l’herbe sèche ou de mauvaisesherbes (10 cm de profondeur environ), puisdu fumier (2 cm de profondeur environ).Ajouter un peu de cendre de bois (moinsd’1 cm de profondeur), puis <strong>une</strong> couche deterre végétale (5 cm de profondeur environ).Mélanger ces couches à l’aide d’<strong>une</strong> fourcheet les enfoncer en tapant du pied. Enfin, bienarroser le mélange !• Creuser le casier à 10-15 cm environ audessus du niveau du sol. Utiliser un bonmélange de terre végétale et de fumier et/ou de compost. La matière organique dela tranchée doit se décomposer 2-3 moisenviron avant la plantation.• Le casier peut également servir de lit desemences. Ainsi, lorsque vos je<strong>une</strong>s plantsseront prêts à être repiqués, le casier aussisera prêt <strong>pour</strong> l’ensemencement.• Il est très important de bien arroser les casiersau moment de leur préparation et après. Lamatière organique de la tranchée ne peutpas se décomposer si elle est sèche.• Sans l’expérimentation locale, le mentoratet les visites de suivi à domicile, le tauxd’adoption et de mise en œuvre se situententre 0 et 30 <strong>pour</strong> cent.• Avec le mentorat et le suivi, le tauxd’adoption peut atteindre 70 à 90 <strong>pour</strong>cent (à Potshini il se situait autour de 60-70 <strong>pour</strong> cent).Les membres du groupe d’apprentissagesont beaucoup <strong>plus</strong> conscients de lanécessité de s’occuper de leur sol etemploient à présent différents moyens<strong>pour</strong> le faire, les casiers de tranchée étantles <strong>plus</strong> prisés. Ils sont également beaucoup<strong>plus</strong> conscients de la nécessité d’inclure lamatière organique et d’avoir des plancheset des trajectoires spécialisées <strong>pour</strong> éviterle compactage du sol. Pour les membresde la communauté, l’accent n’est toutefoispas mis véritablement sur la fertilité dusol en tant que tel, mais plutôt sur le faitque ces améliorations ont mené à <strong>une</strong>augmentation de la production (qualité,quantité et diversité), d'où un impact positifsur d’autres aspects de leur vie.Erna Kruger. Rural Development Specialist. MahlathiniOrganics, P.O. Box 807, Richmond, 3780, UKZN, SouthAfrica.E-mail : mahlathini@gracenet.co.zaJody Sturdy. Masters Student, Smallholder SystemsInnovation Programme, School of BioresourceEngineering and Environmental Hydrology, UKZN.Private Bag x01, Scottsville, 3209, South Africa.E-mail : 1waterdrinker@gmail.comMarna de Lange. Development Facilitator, Socio-Technical Interfacing. P.O. Box 1250, Ladanna, 0704,Limpopo, South Africa.E-mail : marna@global.co.zaA lire également :- Mudhara, M., M. Malinga et M. Salomon, 2008.Enhancing farmers’ innovative capacity in soil andwater management through participatory actionresearch in Potshini, South Africa (sous presse).


Les engrais verts : un don de la nature <strong>pour</strong> lafertilité des <strong>sols</strong>Arulanandam Vakeesan, Tharshani Nishanthan et Gunasingham MikunthanL’entretien des <strong>sols</strong> est un travail énorme <strong>pour</strong>les agriculteurs dont les effets sont parfoiscontraires aux objectifs initiaux. En 2006,l’ouverture de la route reliant la péninsule deJaffna, au Sri Lanka, au reste du pays a favorisél’utilisation d’énormes quantités de pesticides.D’après les statistiques, la péninsule de Jaffna,a un fort taux de consommation de produitsnon organiques (engrais et pesticides) parsurface cultivable. Pour cette raison, l’eaupotable de la zone agricole contient tropde nitrate d’azote (au-dessus du niveau des10mg/l recommandés par l’OMS). Environ65 % des puits connaissent un excès denitrate d’azote dans les zones où l’<strong>agriculture</strong>intensive est pratiquée. A présent, les <strong>sols</strong>sont pollués et malades.Les agriculteurs prennent progressivementconscience de ces problèmes et souhaitentdésormais adopter des pratiques biologiques.Les engrais verts constituent <strong>une</strong> alternativeconvenable <strong>pour</strong> augmenter la teneur enmatière organique du sol. Les tissus deplantes partiellement décomposées ou endécomposition alimentent les organismesbénéfiques du sol. Dans certaines zonesde Jaffna, quelques agriculteurs onttraditionnellement utilisé des engrais verts.Les étudiants de la Faculté d’Agriculture del’Université de Jaffna, à travers des visiteset entretiens, ont étudié les méthodes desagriculteurs <strong>pour</strong> enrichir le sol en manièresorganiques, les espèces de plantes qu’ilsutilisent comme engrais verts et les difficultésqu’ils rencontrent <strong>pour</strong> conserver la fertilité des<strong>sols</strong>. Plus de 250 agriculteurs ont participé àcette revue qui a eu lieu de 2005 à 2007. Uneenquête a été menée auprès des agriculteursdes zones touchées ou non par le tsunami<strong>pour</strong> connaître les différentes expériences surl’utilisation de l’engrais vert comme élémentd’amélioration des <strong>sols</strong>.Cultures tributaires desengrais vertsEnviron 60 % de la population de Jaffnasont agriculteurs, cultivant des légumes,des céréales, des cultures commercialeset fruitières. Les engrais verts sont perçuscomme un apport essentiel <strong>pour</strong> ces typesde culture. Les agriculteurs affirment qu’avecl’utilisation accrue et efficace des engrais verts,les engrais chimiques deviennent inutiles. Enoutre, les engrais verts ajoutent de la matièreorganique <strong>plus</strong> importante, améliorent larichesse du sol et permettent d’augmenterles rendements. Certaines cultures de rentedépendent d’engrais verts spécifiques et sansces derniers, il n’y a aucun espoir d’avoir <strong>une</strong>production meilleure (voir Tableau 1 <strong>pour</strong>l’association de cultures courantes).L’utilisation d’engrais vert est exigeante en main d’oeuvre mais présente aussi beaucoup d’avantages.Ici, un paysan mélange les plantes adventices et l’herbe <strong>pour</strong> les intégrer au solTableau 1 : Culture – Associations d’engrais verts pratiquées à JaffnaEngrais verts utilisésThespesia populneaChanvre du Bengale (Crotalaria juncea)Margousier (Azadirachta indica)Calotropis gigantiaPalmier à sucre (Borassus flabellifer)Haricot mungo (Vigna radiata)Soja noir (Vigna mungo)Gliricidia sepiumJacquier (Artocarpus heterophyllus)Clausena indicaEngrais vert in situDans la méthode in situ, les engrais vertssont cultivés dans un champ avant laculture principale, puis coupées et enfouiesau beau milieu de la phase de floraison entant que matière verte fraîche. L’utilisationdu chanvre du Bengale est prisée par laplupart des agriculteurs de Jaffna. En raisonde leur capacité à croître rapidement et deleur aptitude à fixer efficacement l’azote, cesplantes sont cultivées <strong>pour</strong> améliorer lesconditions de vie de la culture principale.Le chanvre du Bengale (Crotalaria juncea)est cultivé dans les champs de tomates, detabac et d’oignons. Ses grainessont semées à la volée aprèsle labourage. Les agriculteurscoupent ensuite le chanvreet l’intègrent au sol lorsqu’ilest au milieu de la phase defloraison. Après le brassage, lesol est laissé inactif pendantun à deux mois <strong>pour</strong> faciliter leprocessus de décomposition.Les haricots mungo et sojasnoirs sont également utiliséscomme engrais verts in situdans les rizières. Après larécolte des gousses, les partiesde plante restantes sontintégrées dans le sol. Durantla période la <strong>plus</strong> chaudede l’année, les agriculteursretardent la culture et mettentle champ en jachère pendantun à deux mois. Les herbes telles que lasensitive pudique ou Mimosa pudica, laTephrosia pumila et d’autres plantes nonlégumineuses sont cultivées comme culturesde couverture. A la fin de la période chaude, lesol est labouré <strong>une</strong> fois, puis cette végétationintégrée dans le sol comme engrais verts.Culture principaleTabac, raisin, bananeTabac, oignonTabac, raisinOignonPaddyPaddyPaddyPaddy, noix de cocoPomme de terrePiment rougeEngrais à feuilles vertesLa pratique consistant à introduire les engraisà feuilles vertes est différente de celle desengrais verts in situ. L’hibiscus (Thespesia) etle madre de cacao (Gliricidia) sont cultivésen haies vives, tandis que le jaquier, lePhoto: Auteur25


26margousier et le palmier à sucre sont cultivéssur des terres stériles. On coupe les feuilles,puis on les transporte aux exploitationsen fagots. Le transport comporte des frais.Toutefois, « …les avantages de son utilisationsont innombrables », selon un agriculteurtraditionnel. L’hibiscus représente la demandela <strong>plus</strong> forte et se vend entre 20 et 25 $ EU parcharge (soit <strong>une</strong> charretée). Avant incorporationau sol, on le laisse flétrir pendant deux jours.On le maintient dans le champ sous forme detas couvert de feuilles de bananier. Cela facilitela décomposition partielle, réduit le rapportcarbone/azote et facilite son application.Le moment choisi <strong>pour</strong> l’application d’engrais àfeuilles vertes dépend du niveau d’humidité dusol. Les agriculteurs mesurent cette humiditéen creusant un trou de 5 cm <strong>pour</strong> prélever unéchantillon du sol. Ils forment <strong>une</strong> motte enpressant le sol entre leurs mains. Si la mottese brise immédiatement, alors l’humidité dusol est insuffisante. Si le sol est assez humide,les agriculteurs commencent à ajouter l’engraisvert. Les agriculteurs disposent égalementde leur propre méthode de détection de lafertilité du sol. La teneur en matière organiqueest <strong>pour</strong> eux du « sol gras », caractérisé parsa nature collante. S’ils trouvent que le soln’est pas assez collant, ils en déduisent qu’ilest moins fertile et utiliseront les engrais verts.Pour tester la fertilité, certains agriculteursenfoncent les pieds dans le sol : s’ils arrivent àle faire facilement, alors ils en concluent quele sol est riche en matière organique. Sinon,ils doivent l’alimenter en engrais verts ou enfumier de ferme.<strong>Des</strong> engrais verts <strong>pour</strong>récupérer les <strong>sols</strong> salésLe 26 décembre 2004, un raz-de-maréea frappé de plein fouet la côte orientalede la péninsule de Jaffna, portant un coupdévastateur à la pêche et à l’<strong>agriculture</strong>.A Jaffna, <strong>plus</strong> de 121 hectares de surfacecultivable ont été inondées par l’eau de meret environ 560 familles de paysans ont étédirectement touchées par le raz-de-marée. Leschamps d’oignon, de tabac, de piment rouge etd’autres légumes ont été totalement dévastés.Après le tsunami, les plantes cultivées dans leszones touchées ont souffert de brûlure et deretard de croissance. Toutefois, les agriculteursont résolu ce problème en utilisant des engraisverts appropriés. Ils ont rétabli le sol dans <strong>une</strong>période de 4 à 6 mois après la catastrophe.La plupart des agriculteurs traditionnels desrégions côtières ont utilisé les feuilles detamarin (Tamarindus indica) partiellementpétries comme agent efficace de réhabilitationdes <strong>sols</strong>. Les feuilles de tamarin sontlégèrement acides par nature et peuventcréer un environnement propice aux microorganismes.En outre, le service de vulgarisationdu ministère de l’<strong>agriculture</strong> a dirigé un projet,avec cent paysans, <strong>pour</strong> résoudre les problèmesde salinité dans les terres touchées par letsunami. Ils ont ainsi reçu des semences de milrouge (Eleusine). Après la récolte, on a tournéles résidus végétaux dans le sol avant de leslaisser s’y décomposer pendant deux mois.Chose intéressante, le sol s’est rétabli, <strong>pour</strong> le<strong>plus</strong> grand bien des agriculteurs. Ils se sontremis à cultiver six mois après le tsunami.Aussi, le Pavetta indica, l’hibiscus, le margousieret le chanvre du Bengale se sont égalementrévélés efficaces dans la lutte contre lasalinité. Les agriculteurs ont associé et enfouices espèces dans le sol à deux reprises, àsix mois d’intervalle. Ils ont affirmé quel’utilisation combinée du fumier de ferme etde ces engrais verts en quantités égales aamélioré la productivité des <strong>sols</strong> affectés parle tsunami. Toutefois, les feuilles de tamarinet mil rouge se sont révélées les meilleureset ont agi rapidement et efficacement <strong>pour</strong> laréhabilitation des <strong>sols</strong> salés. La réhabilitationdu sol alcalin implique fondamentalement leremplacement des ions de sodium par desions de calcium <strong>plus</strong> favorables. Il existe <strong>une</strong>relation intime entre le pH du sol, la pressionpartielle du CO2 et l’activité des ions ducalcium dans les <strong>sols</strong> alcalins calcaires. Il estprouvé que l’augmentation de la quantité destissus des plantes dans ces <strong>sols</strong> facilitent laproduction rapide CO2 et améliorent l’état ducalcium soluble des <strong>sols</strong>.De nombreux agriculteurs ont choisi d’utiliserles engrais verts et ont fait part de leurintention de contribuer ainsi à la promotion del’<strong>agriculture</strong> <strong>durable</strong>. Toutefois, ce ne sont pastous les agriculteurs qui cultivent ces plantes.De concert avec le Ministère de l'Agricultureet le Conseil <strong>pour</strong> la Culture de la Noix deCoco, la Faculté d’Agriculture de l’Universitéde Jaffna collabore avec les agriculteurs <strong>pour</strong>prouver qu’<strong>une</strong> bonne santé des <strong>sols</strong> est labase de la formation de plantes saines. Laprochaine étape est le travail effectué avecles agriculteurs sur la formation de <strong>sols</strong> sains,à travers des séminaires, articles de presse etprojets promouvant l’<strong>agriculture</strong> biologique.Puisqu’il n’existe pas d’engrais verts en quantitéssuffisantes, la Faculté d’Agriculture encourageégalement d’autres types d’engrais et deméthodes biologiques. Il s’agit notamment duvermicompost, de la promotion des plantesmédicinales et des techniques agro forestières.A travers les groupements locaux etorganisations communautaires, les agriculteursont compris que le « sol est <strong>une</strong> ressourcecommunautaire et un réservoir actif » et « lesengrais verts un remontant naturel <strong>pour</strong> le sol ».Ces notions inspirent et éclairent le concept etcontribuent à la constitution de connaissanceset de compétences <strong>pour</strong> la mise en place d’<strong>une</strong>gestion <strong>plus</strong> intégrée de la fertilité des <strong>sols</strong>.Arulanandam Vakeesan, Maître-assistant,Tharshani Nishanthan, Maître de Conférences, etGunasingham Mikunthan. Encadreur de rechercheset Chef du Département de Biologie agricole, Facultéd’<strong>agriculture</strong>, Université de Jaffna. P.O.Box 57,Thir<strong>une</strong>lvely, Jaffna, Sri Lanka.E-mails : tharshanig@yahoo.com ; gmikunthan@gmail.com ; avakeesh@gmail.comRemerciements :Les auteurs tiennent à remercier le Directeur adjoint etles formateurs du service de vulgarisation agricole duMinistère de l’Agriculture de Thir<strong>une</strong>lvely à Jaffna. MmeA. Sivaruban, Maître-assistant et Mr N. Senthilkumaran,Responsable technique au service de la biologieagricole de la Faculté d’<strong>agriculture</strong> de l’Université deJaffna, les étudiants (notamment le groupe 16) de laFaculté d’Agriculture de l’Université de Jaffna, ainsi queles agriculteurs progressistes de la péninsule de Jaffnaau Sri Lanka.Analyse des forces, faiblesses, possibilités et menaces (analyse SWOT) de l’utilisationdes engrais vertsLes étudiants, en collaboration avec lesagriculteurs, ont effectué cette analyse,dans le cadre de leur programme d’étude.ForceLes agriculteurs pensent que l’applicationd’engrais verts comporte de nombreuxavantages par rapport au compost ou auxengrais conventionnels.• Plus grande fertilité des <strong>sols</strong>.• Amélioration de la structure des <strong>sols</strong>.• Bonne alimentation <strong>pour</strong> les vers de terre.• Risque zéro <strong>pour</strong> la santé des <strong>sols</strong>.• Augmentation de la biodiversité des <strong>sols</strong>en microbes bénéfiques par la stimulationde leur croissance.• Engrais verts bon marché et accessibles àtout le monde pratiquement.Faiblesse• Grandes quantités d’engrais verts nécessaires.• Solution exigeante en main d’œuvre• Disponibilité des nutriments uniquementaprès le processus de décomposition, soit<strong>une</strong> attente d’environ 2 à 3 mois.Opportunité• Feuilles et engrais verts bon marché,biologique et facilement accessibles.• Potentiel des espèces d’engrais verts àsupprimer les maladies fongiques transmisespar les <strong>sols</strong>.• Possibilité d’utiliser les engrais verts <strong>pour</strong>récupérer des <strong>sols</strong> salins.Menaces/obstacles• Termites devenus un problème dans les<strong>sols</strong> alluviaux.• Salinité - Jaffna est entouré par la mer, etle calcium constitue le substrat rocheux<strong>pour</strong> la formation du sol, ce qui fait que lesol est toujours alcalin de nature.• Insuffisance de la recherche sur lescultures d’engrais verts.• Insuffisance de semences d’engrais vertsde bonne qualité.


Compostage traditionnel à la poudretteSantaram S. OinamPendant l’hiver, la vallée du Lahaul, aunord-ouest des montagnes de l’Himalayaen Inde, est coupée du reste du mondepar les chutes de neige. Les conditionsclimatiques difficiles et inhospitalières decette région ont amené les agriculteursà imaginer des pratiques de gestionagricole exceptionnelles. Depuis quelquesannées, le G.B. Pant Institute of HimalayanEnvironment & Development documenteces pratiques, notamment celles relativesà la gestion traditionnelle et novatrice dessubstances nutritives du sol qui soutiennentles écosystèmes agricoles avec peud’apports externes. Dans ce cadre, <strong>une</strong>enquête a été menée dans quatre villages<strong>pour</strong> évaluer l’état du système local decompostage à la poudrette. Entre novembre2003 et janvier 2004, des entretiens ontété organisés avec des chefs de famille. Lesinformations recueillies ont également étévérifiées par des observations personnellesdes différents acteurs sur le terrain.Dans ces régions, le manque de fertilitédu sol constitue un obstacle de taille à <strong>une</strong><strong>agriculture</strong> <strong>durable</strong>. Dans les conditionsdifficiles de la région où la couvertureherbacée et végétale est rare, il estimpossible de garder assez de bétail <strong>pour</strong>la production de quantités suffisantes defumier de ferme. Face à cette situation, lespopulations locales se sont, selon la tradition,surtout servies du fumier organique dérivédu compostage d’excréments humains.Au tout début, par manque d’alternative,les agriculteurs ont du surmonter leurdégoût <strong>pour</strong> manipuler les excrémentshumains. A présent, la modernisation et lafacilité d’acquisition des engrais chimiquespermettent aux populations de prendredu recul par rapport à cette pratiqueancestrale. De <strong>plus</strong>, les agriculteurs sontobligés d’utiliser des engrais chimiques <strong>pour</strong>augmenter les rendements des cultures derente récemment introduites telles que lepois, la pomme de terre et le houblon.Scénario actuel etconséquences futuresLes agriculteurs ne préfèrent pas utiliserdes produits chimiques <strong>pour</strong> leurs cultureset ils sont bien avertis des conséquences deleur utilisation prolongée. Ils sont donc <strong>plus</strong>favorables aux engrais organiques mais,les disponibilités sont limitées comparés àl’engrais chimique subventionné et facileà obtenir. Malgré les avantages apparentsdu compost à la poudrette (NSC), sonutilisation dans la vallé du Lahaul baisseprogressivement. Les principales raisonssont : les conditions peu hygiéniquesdes toilettes traditionnelles, l’introductionde toilettes modernes, le manque demain d’œuvre, l’influence croissante dela culture extérieure, l’amélioration duniveau d’instruction, les préoccupationsd’ordre social et la disponibilité de l’engraischimique subventionné. De <strong>plus</strong>, leslatrines traditionnelles qui ont facilité latransformation des matières de vidange encompost sont de moins en moins utilisées. Laproduction de poudrette est donc gravementmenacée par la modernisation et risque fortde disparaître dans un avenir proche si desmesures ne sont pas prises <strong>pour</strong> la sauver.Préparation de compost à lapoudretteA Lahaul, les villageois construisent destoilettes traditionnelles au premier niveau deleur maison attenant aux salles comm<strong>une</strong>s.Par un trou rectangulaire d’environ 30 sur15cm creusé au plancher des toilettes, lesmatières de vidange tombent au rez-dechausséeoù le compostage doit se faire. Pouréviter <strong>une</strong> teneur excessive en humidité aucours du compostage, l’utilisation de l’eaudans ces toilettes est strictement interdite.Il convient d’éviter de mélanger d’ancienneset de nouvelles fèces. Après la défécation,les villageois recouvrent les fèces avecd’autres matières localement connues sousle nom de fot (fumier solide, cendre decombustibles, herbes ou feuilles sèches etc.).Ce fot enrichit le compost de substancesnutritives, tout en évitant les mauvaisesodeurs et en éloignant les mouches. Pourobtenir de meilleurs résultats au cours duprocessus de compostage, les matières devidange doivent être stockées dans deuxchambres ou fosses séparées pendant aumoins six mois. La première fosse peutêtre réservée au compostage sur <strong>une</strong>période de six mois, pendant que l’autreest utilisée. Ainsi, on peut obtenir dubon compost deux fois par an et lecompostage peut se faire en continuen passant d’<strong>une</strong> fosse à l’autre. Lapoudrette provenant de la chambre decompostage est normalement vidéeen octobre/novembre et mars/avril.La chambre de compostage est dotéed’<strong>une</strong> porte spéciale <strong>pour</strong> l’enlèvementdu compost. Le compost est transportéaux champs et réparti en <strong>plus</strong>ieurs tas,ils y restent pendant quatre à cinq mois.Aussitôt après la fonte des neiges et avantle début de la saison des cultures, ils sontrépandus sur toute la surface des champs. Cetravail se fait généralement la nuit, surtouten pleine l<strong>une</strong>.Pour éviter des pertes de nutriments, lestas de compost doivent être protégés deseaux pluviales présentes dans les champs.La poudrette doit être mélangé au sol avantde semer les graines et le dosage doit êtrecorrect. Le mélange d’urine et de fèces nedevrait jamais être utilisé car, non seulementil sent mauvais, mais encore la pâte produitepar ce mélange contient beaucoup de microorganismesentériques. L’urine peut êtretraitée en la stockant séparément pendantsix mois <strong>pour</strong> la débarrasser des bactérieset elle peut alors être utilisée sans dangerdans les champs. En suivant à la lettre cesprocédures, l’on réussit à lutter efficacementcontre les entérobactéries, virus, protozoaireset œufs d’helminthe présents dans lesfèces.Risque sanitaires associésLes matières de vidange contiennentdifférentes sortes de bactéries pathogènes,de virus, de champignons et d’œufsparasitaires. Les maladies éventuellesdues au traitement partiel et à l’utilisationdangereuse de compost à la poudrette sontla dysenterie amibienne, le ténia humain, lecholéra, l’hépatite. Il est important d’utiliserde façon hygiénique et sans risque lapoudrette afin de protéger la santé tant desutilisateurs que de l’environnement. Pourprévenir les maladies, il convient donc degérer adéquatement la transformation desmatières de vidange en suivant <strong>une</strong> série demesures de contrôle.L’Organisation mondiale de la Santé aégalement publié des directives concernantIl est important de porter des vêtements adéquats de protection aumoment de récupérer la poudrette de la salle de compostage.27Photo: Auteur


Directives de l’Organisation Mondiale de la Santé <strong>pour</strong> l’utilisation sans risque des eauxusées, ménagères et des excréments.Lorsque les matières fécales et les autres matières organiquessont compostées à la température ambiante, le produit final dece processus de compostage par voie aérobie ne sent pas et ade bonnes propriétés en tant qu’amendement synthétique etengrais phosphaté à libération prolongée.Pour réduire au maximum les risques sanitaires liés à l’utilisationdes matières de vidange comme engrais, l’OMS a fait <strong>plus</strong>ieursdéclarations et préconise certaines recommandations. Lorsqu’ilest difficile d’augmenter la température du tas de compost,l’OMS recommande “un stockage prolongé” <strong>pour</strong> garantirla sécurité. Avec <strong>une</strong> température ambiante de 2 à 20 o C, ilsnotent que les temps de stockage d’un an et demi à deux anspermettront «d’éliminer les agents pathogènes bactériens etde ramener les virus et les protozoaires parasites en deçà desniveaux de risque.»Pour « contrôler l’exposition » au risque, l’OMS recommande, enoutre, diverses précautions que devraient prendre les personneschargées de manipuler ces matières de vidange, notamment leport de bottes, de gants et de masque et l’utilisation d’outils oude matériel non destinés à d’autres fins.Au moment d’appliquer la poudrette au champ, à défaut depouvoir en garantir la qualité, il est recommandé de procéder à<strong>une</strong> « application au ras du sol », en introduisant le matériel ausol par un travail de malaxage et en le couvrant. En outre, lesenfants doivent être éloignés de toutes zones de préparation,traitement et application de la poudrette.Enfin, l’OMS souligne l’importance capitale de l’hygiènepersonnelle et domestique. La technologie à elle seule ne sauraitempêcher la transmission de maladies ; les communautésdoivent donc être informées des bonnes pratiques en matièred’hygiène. Si les recommandations thérapeutiques sontaccompagnées d’<strong>une</strong> bonne hygiène collective, les risquescourus par les personnes qui recueillent et utilisent les matièresde vidange (ainsi que celles qui consomment les produits)seront minorés à des niveaux acceptables.Source : OMS, 2006. Guidelines for the safe use ofwastewater, excreta and greywater. Volume IV: Excretaand greywater use in <strong>agriculture</strong>. Genève, Suisse28l’utilisation sans risque des eaux usées, desexcréments et des eaux ménagères.Préservation de la fertilitédes <strong>sols</strong>Le G.B. Pant Institute encourage l’utilisationde la poudrette comme <strong>une</strong> des pratiquesagricoles biologiques dans la région.L’enrichissement du sol en substancesnutritives à l’aide de la poudrette dans lavalllée de Lahaul est très profitable auxpopulations locales. L’étude a révélé qu’à lasuite d’un traitement adéquat des matièresde vidange par le système des toilettes àdeux fosses, les NSC sont débarrassées despathogènes, ce qui minore les risques <strong>pour</strong>la santé des utilisateurs. Les populationsde ces villages ne disposant pas de toutel’information nécessaire, l’utilisation de lapoudrette est en train de disparaître danscette région désertique et froide. L’étudea également montré que l’utilisation dela poudrette peut jouer un rôle essentieldans la préservation de la fertilité du solet l’accroissement des rendements dans<strong>une</strong> région qui a <strong>une</strong> période culturalerelativement courte (mi-avril à mi-août).Ce mode de gestion traditionnelle <strong>durable</strong>du sol dans les régions désertiques froidesde l’Himalaya peut être scientifiquementvalidé et répété dans <strong>plus</strong>ieurs régions dumonde, ce qui contribuerait à rendre lessystèmes culturaux <strong>plus</strong> efficaces.Santaram S. Oinam. G.B. Pant Institute of HimalayanEnvironment & Development, North-East Unit, VivekVihar, Itanagar 791 113, Arunachal Pradesh, India.E-mail : oinamsantaram1@rediffmail.comRéférences-Drangert, J.O., 1998. Urine blindness and theuse of nutrients from human excreta in urban<strong>agriculture</strong>. GeoJournal, 45: 201-208.-Jonsson, H., A.R. Stinzing, B. Vinneras, et E. Salomon,2004. Guidelines on the Use of Urine and faeces inCrop Production. EcoSanRes., 1-35.-Kuniyal, J.C., S.C.R. Vishvakarma et G.S. Singh, 2004.Changing crop biodiversity and resource useefficiency of traditional versus introduced cropsin the cold desert of the northwestern IndianHimalaya: a case of Lahaul valley. Biodiversity andConservation 13 (7): 1271-1304.-Mashauri, D.A., M.A Senzia, 2002. Reuse of nutrientsfrom ecological sanitation toilets as a sourceof fertiliser. (www.2.gtz.de/ecosan/download/CESMA2002-mashuari.pdf)-Oinam, S.S., Y.S. Rawat, R.S. Khoiyangbam, K.Gajananda, J.C. Kuniyal, et S.C.R. Vishvakarma, 2005.Land use and land cover changes in Jahlmawatershed of the Lahaul valley, cold desertregion of the northwestern Himalaya, India.Journal of Mountain Science, 2 (2): 129-136.RemerciementsL’auteur remercie le Directeur du G. B. Pant Instituteof Himalayan Environment and Development, àKosi-Katarmal, Almora (Uttarakhand), qui a bien voulului fournir les équipements nécessaires et redit toutesa gratitude au Indian Council of Social ScienceResearch de New Delhi <strong>pour</strong> l’assistance financière àla réalisation de la présente étude.Photo: AuteurVisitezla page webde AGRIDAPEhttp//agridape.leisa.infoLa poudrette s’utilisant de moins en moins, le design traditionnel des maisons à Lahaul, à l’instar de celle-ci, connaît aussides changements.


Un autre regard sur la poudrette en TanzaniePatrick MwalukisaLa production céréalière a baissé dans<strong>plus</strong>ieurs régions de la Tanzanie depuisla fin des années 1970, avec la fin dessubventions sur les intrants.. A la fin desannées 1980, <strong>une</strong> étude menée dans ledistrict d’Ileje dans les hautes terres duSud, a révélé un taux élevé de malnutritionet de mortalité chez les enfants de moinsde 5 ans, en raison de l’insuffisance de laration alimentaire journalière. La principaleraison est, semble-t-il, la faiblesse dela production agricole due à la faiblefertilité du sol dans la région. Face à cettesituation, <strong>une</strong> ONG belge, l’association decoopération au développement (COOPIBO),la CDTF (<strong>une</strong> ONG tanzanienne) et leConseil du District d’Ileje ont signé unaccord tripartite <strong>pour</strong> former le Projet deProduction de denrées vivrières d’Ileje(IFCPP) en 1988. L’IFCPP a commencé àformer de petits exploitants agricoles à lapratique d’<strong>une</strong> <strong>agriculture</strong> <strong>durable</strong>, à traversla recherche participative et les groupesde vulgarisation. Ces nouvelles techniquesavaient <strong>pour</strong> objectif principal l’utilisationdes ressources naturelles disponibles envue d’améliorer la fertilité du sol. C’est <strong>une</strong>alternative <strong>pour</strong> récupérer la terre épuiséepar l’<strong>agriculture</strong> intensive pratiquée à unmoment où l’on disposait de suffisammentd’intrants industriels subventionnés par legouvernement.Mbebe fait partie des villages où destechniques agricoles <strong>durable</strong>s ont étéintroduites, mais changer les habitudesdes populations n’est pas chose facile.<strong>Des</strong> agriculteurs ont été formés à ladécomposition du fumier de ferme. Lesagriculteurs non éleveurs ont commencé àaméliorer leurs fermes en utilisant d’autrestechniques comme l’enfouissement desdébris de culture, l’utilisation du chanvre deBengale (Crotolaria juncea), de crotalaria(Crotalaria ochroleuca), le système derotation des cultures et le compost.La poudrette a été introduite comme techniquesupplémentaire. Lorsqu’elle a été présentéeaux agriculteurs <strong>pour</strong> la première fois, il l’ontrouvée difficile à adopter parce que lesmatières de vidange étaient généralementconsidérées comme dangereuses, insalubreset inutiles. Cependant, un agriculteur dunom de Bahati Simbeye avait, en secret,vidé ses toilettes qui existaient depuis troisans environ et utilisé les matières <strong>pour</strong> seschamps de maïs. Certaines personnes ayantvu faire Bahati ont constaté les changementspositifs intervenus dans son champ de maïs.Bahati est venu au bureau <strong>pour</strong> parler de sonexpérience et nous a demandé d’aller voirsa parcelle de maïs. Nous y sommes alléset avons été impressionnés par ses efforts.Nous lui avons alors demandé s’il pouvaitinviter d’autres agriculteurs à sa parcelleet il a accepté. Nous avons alors organisé<strong>une</strong> journée de visite d’échange avec lespaysans des villages alentours, nous leuravons montré les différentes technologiespratiquées et dont celle de Bahati. Ils ontapprécié ce qu’ils ont vu et décidé detenter l’utilisation de la poudrette. C’étaiten 2004.L’année d’après le nombre d’agriculteursayant appliqué la poudrette a augmenté.L’idée selon laquelle les matières de vidangeétaient inutiles a été abandonnée avec letemps. Les agriculteurs ont commencé àacheter le contenu d’anciennes toilettesentre 800 et 1000 shillings tanzaniens (1$US)le puits. Ceux qui ont appliqué la poudretteet d’autres engrais organiques ont réaliséun accroissement moyen de deux à quinzesacs de 100kg de maïs par acre (1 acre =0.40 hectare). De nombreux agriculteursont ainsi été amenés à l’appliquer commefumure de base et engrais. Les matières devidange ayant été au préalable considéréescomme inutiles, les latrines étaientconstruites loin des propriétés familiales,où elles étaient creusées jusqu’à 4 metresenviron de profondeur. Aujourd’hui, lestoilettes sont construites <strong>plus</strong> près desmaisons et ne le sont <strong>plus</strong> à cette profondeur,ceci afin de réduire la charge de travail dela vidange des puits. D’autres améliorationsont été apportées notamment l’introductionde résidus végétaux et d’autres matièresorganiques dans le puits <strong>pour</strong> accroître levolume d’engrais.Collecte des matières devidangeLorsque les toilettes sont pleines, lesagriculteurs les recouvrent de terre et leslaissent pendant au moins deux ans <strong>pour</strong>laisser place au processus de décomposition.Ensuite, la couche de sable est enlevéeet les puits vidés à l’aide de bêches etde houes. Pour se protéger du matérieltranchant, les agriculteurs portent desgants et des bottes de caoutchouc. Avant,les populations jetaient dans les latrinesles matières dangereuses comme le verrebrisé et les clous. A présent, conscients dudanger, ces déchets sont jetés ailleurs.La poudrette ainsi obtenue s’est avéréemeilleurs par rapport aux autres engraisorganiques dans la mesure où elle réagitrapidement, surtout lorsqu’elle est utiliséePhoto: Auteurcomme fumure. Les agriculteurs ontremarqué qu’il faut appliquer la poudrette enpetites quantités sinon elle peut provoquer<strong>une</strong> brûlure des cultures. Ils mentionnentégalement la rentabilité de ces intrantsorganiques puisque les rendements sont deloin meilleurs comparés à l’absence totaled’engrais. Les champs enrichis de poudretterestent fertiles pendant <strong>plus</strong> de deux ans.Il est possible d’obtenir de bonnes récoltessur la même parcelle pendant trois annéesconsécutives sans utiliser d’autres engrais.Bien que la poudrette soit classée parmi lesmeilleurs engrais organiques de la région,sa disponibilité constitue <strong>une</strong> entravemajeure. En outre, certains agriculteursdoutent encore du caractère hygiénique etde l’innocuité des matières de vidange encas de manipulation à mains nues.Dans le district d’Ileje, l’application d’engraisorganique a permis à des agriculteurs derécupérer des terres. La nature du <strong>sols</strong>’est améliorée par rapport aux annéesprécédentes. Les cultures se développentaussi bien qu’avant l’introduction desintrants chimiques.Patrick M. Mwalukisa. Head of AgricultureDepartment, Ileje Rural Development Organisation,Box 160 Ileje, Tanzanie.29M. Admin Lungwe dans son champ de maïs enrichi à la poudrette


<strong>Des</strong> méthodes culturales novatrices <strong>pour</strong>régénérer les <strong>sols</strong>Wardjito30Le Groupement d’Agriculture biologique deBakti Lestari-Banjarnegara a vu le jour enfévrier 2004. Ses membres, tous originairesde la sous-région de Banjarmangu, à CentralJava, partagent ressources et connaissances etmènent aussi les mêmes expérimentations.Ils ont alors pris conscience de l’existenced’un lien entre les produits agrochimiqueset le début des problèmes de dégradationdes <strong>sols</strong> et de raréfaction de l’eau auxquelsils étaient confrontés. La biodiversité del’écosystème des rizières–anguilles, oiseauxet serpents–commençait aussi à disparaître.D’un commun accord, ils ont décidé d’arrêterl’utilisation des engrais et pesticides chimiqueset de rechercher de meilleures pratiquesculturales. En septembre 2005, <strong>une</strong> séancede formation sur l’<strong>agriculture</strong> de conservationa été organisée en collaboration avec leSecrétariat de Bina <strong>Des</strong>a à Jakarta. Venue deCorée dans les années 1960, la techniqueaccorde <strong>une</strong> grande attention à la gestiondu sol, notamment l’utilisation des culturesde couverture et du paillage organique, touten respectant les processus naturels. Pour legroupement, ce serait là un moyen utile <strong>pour</strong>résoudre les problèmes de sol auxquels ilsétaient confrontés.Concepts et pratiquesLors de la formation, les agriculteurs se sontfamiliarisés au concept de « sol vivant » quisignifie que le sol vit et tombe malade ou seporte bien, tout comme les êtres humains,tout dépend de la manière dont il est traité.Les méthodes débattues ont mis l’accentsur l’utilisation adéquate du matérielapproprié, au stade approprié et en quantitéappropriée.Ne disposant que de terres et ressourceslimitées, ils ont constaté que ces méthodesculturales simples, bon marché et <strong>pour</strong>tantproductives, leur conviennent à merveille. L’ontrouvera ci-dessous certaines pratiques que lesagriculteurs de Paseh utilisent. Nombre d’entreelles sont très différentes des méthodestraditionnelles que ces paysans ont utiliséesdepuis fort longtemps.• Utilisation des restes de riz fermenté prèsdes boutures de bambou comme matérielpermettant de réintroduire dans lesexploitations les micro-organismes locaux.• Application de sève de plante fermentée,obtenue par fermentation de certainesparties de la plante dans du sucre depalme.• Utilisation de mélanges de nutriments àbase d’herbes orientales, obtenus d’herbesprisées en médecine orientale, <strong>pour</strong>lutter contre les ravageurs et fournir desnutriments solubles.• Traitement des mauvaises herbes : lesherbages naturels ou les trèfles quipoussent entre les cultures peuvent servirde paillis.• Travail minimum du sol permettant deconserver les graines des herbages enprofondeur dans le sol et de réduire lesproblèmes de mauvaises herbes.• Valorisation des vers, ces étonnantsenfouisseurs : les agriculteurs sontmaintenant conscients que les vers deterre et autres petits animaux vivantdans le sol les aident à obtenir un solmeilleur.• Utilisation des ordures ménagèresbiologiques (pelures de légumes, coquillesd’oeufs, arêtes de poissons et os) <strong>pour</strong> lecompostage.ConstatsDepuis l’adoption de ces méthodes, lesmembres du groupement ont relevé quelqueschangements sur leurs terres. Le sol a <strong>une</strong>meilleure texture, <strong>plus</strong> friable et il est riche envers. A présent, il est <strong>plus</strong> facile à travailler età désherber. Désormais, les paysans peuventplanter des cultures pendant la saison sècheet le sol se fendille moins qu’auparavant.L’érosion du sol et les attaques de ravageursont aussi diminué. Les paysans se sententen meilleure santé et trouvent que leurriz et leurs légumes ont meilleur goût. Lesrendements aussi ont augmenté ; celui de lacardamome par exemple est passé de 30 à45 kg par parcelle. Les rendements du riz ontatteint 70 à 75 kg, contre un maximum de60 kg avec les méthodes conventionnelles.Les paysans estiment que ces méthodes ontrestauré l’équilibre de l’écosystème localdans leurs rizières, ce qui constitue <strong>une</strong>bonne base <strong>pour</strong> produire <strong>une</strong> culture saineet obtenir <strong>une</strong> bonne moisson.La nouvelle s’est vite répandue et les paysansont reçu <strong>plus</strong>ieurs visiteurs non résidentsde la région de Banjarnegara, <strong>une</strong> certainecouverture médiatique et des demandesémanant d’ONG et autres groupements <strong>pour</strong>leur servir de personnes ressources. D’autresagriculteurs ont eu vent de leur réussite et<strong>Des</strong> <strong>sols</strong> de <strong>plus</strong> en <strong>plus</strong> <strong>vivants</strong>sont venus les voir <strong>pour</strong> discuter aveceux et exprimer leur désir de rejoindre legroupement. Ces derniers affirment souffrirde la pauvreté des <strong>sols</strong> et des nombreuxravageurs ; ils souhaitent en savoir davantagesur ces méthodes qui, d’après ce qu’ils ontcompris, sont meilleur marché, relativementfaciles d’application et <strong>plus</strong> écologiques. Ilssont conscients qu’il leur faut faire preuvede patience car ils vont devoir travailleravec mère nature et non avec des intrantschimiques.Les trente membres du groupement veulentmaintenant étendre leurs activités. Ils vontproduire de l’engrais organique (compostet fumier) et le vendre à l’Agence del’Agriculture de la région de Banjarnegara quisouhaite promouvoir l’<strong>agriculture</strong> biologiquedans la zone. Ils veulent aussi développerleur élevage et produire de l’engraisbiologique qu’ils vont commercialiser. Cesont là certaines des nombreuses idées duGroupement d’Agriculture biologique de BaktiLestari-Banjarnegara qui leur permettront deprendre appui sur leur réussite et se tournerrésolument vers l’avenir.Wardjito Responsable du Groupement d’Agriculturebiologique de Bakti Lestari-Banjarnegara, <strong>Des</strong>a Paseh RT02/III Kecamatan Banjarmangu – Banjarnegara 53452,Java, Indonésie.Photo: Karen Hampson


Termites et paillis concourent à la réhabilitationdes <strong>sols</strong>Elisée Ouédraogo, Abdoulaye Mando et Lijbert BrussaardAu Sahel, zone aride d’Afrique de l’Ouest,l’effet combiné du surpâturage, de lamonoculture et des conditions climatiquesdéfavorables a entraîné la diminution desmatières organiques, d’où <strong>une</strong> importantedégradation du sol offrant des imagesspectaculaires de <strong>sols</strong> complètementdénudés et encroûtés. Le taux deruissellement de l’eau sur ces <strong>sols</strong> peutavoisiner 100 <strong>pour</strong> cent, et la structure dusol dégradé ne permet pas l’implantationde la végétation. Le nom zipella qui signifie« <strong>sols</strong> dénudés » ou « <strong>sols</strong> morts » estcommunément utilisé par les agriculteurs<strong>pour</strong> désigner ces <strong>sols</strong>.Les agriculteurs du Nord du Burkina Fasoont élaboré de nombreuses stratégiesvisant à améliorer les conditions physiquesdes <strong>sols</strong>. L’utilisation de l’équipementlourd est généralement inappropriée, enraison soit de son coût élevé rarementà la portée des bourses des agriculteurs,soit de la faible structure de certains <strong>sols</strong>du fait de leur faible teneur en matièreorganique et en argile. Les agriculteursutilisent le paillis, technologie qu’il juge<strong>plus</strong> adaptée.Notre recherche repose sur cette pratique.L’application de paillis permet nonseulement de protéger physiquement lasurface du sol contre les effets des eauxpluviales et de réduire le ruissellementéventuel, mais encore d’attirer destermites <strong>pour</strong> remettre en état le solet lui redonner vie. Nous avons voulucomprendre l’importance des termites<strong>pour</strong> la réhabilitation des <strong>sols</strong> dégradés.Dans nos essais de recherche nous avonsfait la différence entre le rôle des termiteset l’impact direct du paillis à travers deuxQui sont les termites ?Les termites sont des insectes de l’ordre des Isoptèresqui vivent dans le sol. Les espèces de termites quel’on trouve dans la région sont les Odontotermessmeathmani, les Microtermes lepidus et les Macrotermesbellicosus. Ce sont des insectes sociaux qui viventdans des nids (termitières) de leur propre fabrication.Partant de leur comportement lors de la nidification,on distingue deux principaux groupes : les espècesde termites qui font leur nid au sol dont les espècesbâtisseurs de buttes, les espèces souterraines (qui ontdes nids souterrains), et les espèces qui ne font pasleur nid au sol (comme les espèces qui nidifient sur lesarbres en Amazonie).types de parcelles de terre : d’abord<strong>une</strong> parcelle nue avec paillis, traitée auxpesticides et <strong>une</strong> deuxième parcelle avecpaillis et sans pesticides.Paillage du solLe Nord du Burkina Faso se caractérisepar deux saisons principales ; la saisondes pluies qui va de juin à septembre etla saison sèche qui dure huit mois. Vers lafin de la saison sèche (mars à mai), lesagriculteurs ramassent différentes sortesde paillis de ce qui reste des buissons. Lepaillis se compose de paille sèche et d’arbustesappliqués généralement de l’ordrede deux à quatre tonnes par hectare sur lesol dénudé étanche.Dans le cadre de nos essais, le paillisrelançait l’activité du termite dans laparcelle non traitée au bout de quelquesmois. Les termites ouvraient <strong>plus</strong>ieursterriers à travers la surface imperméable dusol ; de grands pores aux formes irrégulièreset de diamètres différents se forment.La structure, l’agrégation et d’autrespropriétés physiques du sol ont commencéà s’améliorer lentement, comme parexemple, l’infiltration et le drainage de l’eau.Dans les parcelles non traitées, les termitesont donc créé les conditions favorables àla restitution, d’<strong>une</strong> saison à l’autre, d’<strong>une</strong>végétation arborescente et des herbes.Dans la parcelle traitée aux pesticides, lepaillis est resté intact, l’implantation de lavégétation très médiocre et la végétationarborescente inexistante.Les agriculteurs ne trouvent pas toujoursutile toute cette activité des termites carcette pédofa<strong>une</strong> est souvent source dedestruction de leursrécoltes. Toutefois,l’expérience montrequ’en général, lesespèces de termitesattirés par le paillis sec(tel que mentionné dansl’encadré) ne détruisentpas les nouvelles culturesdu champ. Celles quidétruisent les culturessont principalementles rhizophages dont laprésence ne dépend pasde l’application de pailliset ces espèces n’existentpas dans la région.Parcelle avec termites et paillisaprès la première pluie. Ici, les termitesont créé de nombreuses macropores qui permettentle décroûtage et <strong>une</strong> meilleure infiltration de l’eau.A noter que le paillis a disparu suite à l’action destermites.La pédofa<strong>une</strong>, à l’instar des termites,constitue un facteur clé de remise en étatdes terres où l’infiltration de l’eau dans les<strong>sols</strong> dégradés est un problème réel. Aulieu d’utiliser des méthodes mécaniques<strong>pour</strong> lutter contre l’encroûtement,l’application de paillis constitue <strong>une</strong>alternative <strong>plus</strong> <strong>durable</strong> et <strong>plus</strong> abordable<strong>pour</strong> les agriculteurs. Certaines méthodesde gestion faisant par exemple appelaux pesticides provoquent l’éliminationd’importants organismes utiles à lapréservation de la qualité du sol.Elisée Ouédraogo. Head of Agroecology Department,Centre Ecologique Albert Schweitzer-Burkina Faso(CEAS-BF), 01 BP 3306 Ouagadougou 01, Burkina Faso.E-mail : oelisee@hotmail.com; ceas-rb@fasonet.bfAbdoulaye Mando. International Center for Soil Fertilityand Agricultural Development (IFDC), DivisionAfrique, BP 4483, Lomé, Togo.E-mail : amando@ifdc.orgLijbert Brussaard. Wageningen University,Department of Soil Quality. P.O. Box 47, 6700 AAWageningen, the Netherlands.E-mail : lijbert.brussaard@wur.nlRéférences-Mando A., L. Brussaard et L. Stroosnijder, 1999.Termite-and mulch-mediated rehabilitation ofvegetation on crusted soil in West Africa.Restoration Ecology, 7: 33-41.-Mando A., 1997. Soil-dwelling termites andmulches improve nutrient release and cropperformance on Sahelian crusted soil. Arid SoilResearch and Rehabilitation. 12:153–164.-Mando A, L. Stroosnijder et L. Brussaard, 1996.Effects of termites on infiltration into crustedsoil. Geoderma 74: 107-113.-Ouédraogo E., A. Mando et L. Brussaard, 2006. Soilmacrofauna affect crop nitrogen and water useefficiencies in semi-arid West Africa. EuropeanJournal of Soil Biology 42: S275–S277.31


NOTES DE TERRAINLes méthodes traditionnelles de conservation dusol tiennent bon !Malamba Clement Mwangosi32L’insécurité alimentaire persistante dansla région australe de Mbeya, Tanzanie, estl’<strong>une</strong> des raisons principales qui a motivél’élaboration d’un programme agricoleinternational. Ces zones connaissentrégulièrement des pénuries alimentairesdues à <strong>une</strong> faible production agricole unniveau de vie très bas. Ileje fait partie desdistricts de cette région. Situé à environ1300 m d’altitude au dessus du niveaude la mer, il peut être divisé en deuxprincipales zones agro écologiques : lesbasses terres et les hautes terres. Cesdernières enregistrent <strong>une</strong> pluviométrie<strong>plus</strong> abondante qui favorise des culturescomme le riz, le maïs et le mil rouge. Lesagriculteurs des deux zones pratiquentl’élevage bien que les basses terresconviennent mieux à cette activité. Au boutde quelques années, des changementsont été constatés dans les basses terresd’Ileje.Système traditionnel deculture sur billonsLe maïs est la principale culture vivrièremais la pénurie a toujours existé à causedes mauvaises récoltes. Traditionnellementcultivé en billonnage, ce type de cultureest <strong>une</strong> pratique ancestrale chez lespopulations locales. Il implique l’empilageet l’ensevelissement de toutes lessubstances végétatives <strong>pour</strong> stimuler ladégradation bactérienne. Ainsi, un billonest préparé <strong>pour</strong> y semer les grainesde maïs. Pour les prochaines cultures, ilfaut <strong>une</strong> accumulation des substancesvégétatives dans un espace entre les billonset leur ensevelissement <strong>pour</strong> former unnouveau billon. Les substances végétativesensevelies se dégradent, rendant ainsila terre <strong>plus</strong> fertile. C’est <strong>une</strong> forme decompostage connue des agriculteurs etdes villageois sous le nom de kilimo chamatuta.Les agriculteurs locaux prétendent que larécolte est meilleure quand les billons sontutilisés à la traditionnelle plutôt que selonle système de culture sur terrain plat, (ousesa), à cause des substances organiquesajoutées au sol. Dans les systèmes sesa, lesrésidus végétaux sont généralement brûlésau moment de la préparation de la terre,d’où la perte de substances organiques. Unautre avantage noté par les partisans dela culture sur billons concerne la qualitédes <strong>sols</strong> de la région qui s’engorgentfacilement ; les plantes cultivées ne sontpas rabougries.Cependant, le système des billons nécessitequelques améliorations. Les vulgarisateurs,qui travaillent avec les organisationsdans différentes régions, conseillent auxagriculteurs d’établir un espace entreles billons et d’en modifier la taille <strong>pour</strong>obtenir de meilleurs résultats.Intervention du ProjetDans les années 1990, le Ministère del’Agriculture, en collaboration avec unprogramme international, a lancé un projetà Ileje et dans d’autres régions du pays.L’objectif visé était d’accroître la productionde maïs par l’utilisation des intrants etde certaines pratiques agronomiques. Lastratégie consistait à sélectionner des villages,à former des groupes et à leur accorderdes prêts d’intrants agricoles : semences,engrais et produits agrochimiques. Lesagriculteurs devaient rembourser ces prêtsaprès les récoltes. Le projet était exécutésous l’autorité d’un coordinateur de districtqui travaille en étroite collaboration avecdes agents de vulgarisation pendant toutela durée du projet. Cependant, le projetrecommandait la production de maïsen terrain plat, et donc les agriculteursparticipant au projet devaient adoptercette méthode de production.Les agents de vulgarisation menaientchaque semaine des séances de formation.Bien que le projet ait été ouvert àtous, ce sont surtout les hommes qui yparticipaient (principalement parce quel’emprunt est considéré comme « l’affairedes hommes »). Le projet prévoyait qued’autres villageois adoptent l’expérienced’Ileje, après avoir constaté les résultatsenregistrés dans les exploitations despaysans. Ces dernières devaient servirde sites de démonstration permettantà d’autres d’observer et d’adopter despratiquesRésultats positifs ?Suite à l’abandon progressif du projet, ilétait évident que les rendements du maïsavaient augmenté dans les foyers desagriculteurs participants. En conséquence,la sécurité alimentaire dans ces ménagesainsi que les revenus tirés des ventes sesont considérablement améliorés.Mais, dès la fin du projet, les agriculteursd’Ileje ont abandonné la technique deculture à plat et ont repris le modèletraditionnel de fabrication des billons.Leur raisonnement était simple : ilsne pouvaient pas acheter les intrantsagricoles nécessaires à la culture à plat. Leremboursement des prêts s’avérait difficile.Certains agriculteurs n’honoraient pasleurs dettes et étaient obligés d’émigrer<strong>pour</strong> échapper à <strong>une</strong> action en justice.Cela s’expliquait en partie par le fait quel’augmentation des rendements entraînait<strong>une</strong> baisse des prix des cultures. Tous lesagriculteurs ont pensé qu’en reprenant laculture sur billons, ils auraient davantagede chances de récolter. Depuis, la cultureà plat a pratiquement disparu de cetterégion.Partant de ce constat, le gouvernement arécemment organisé des programmes deformation à l’utilisation de buttoirs attelés.L’objectif est de prendre appui sur lesbiens et les connaissances des populationset d’espérer obtenir ainsi de meilleursrésultats à long terme.Malamba Clement Mwangosi. Ministry of LivestockDevelopment / Ileje Farmers’ Network, Box 175, Ileje,Mbeya, Tanzania.E-mail: mcmwangosi@yahoo.com


SITES WEBPréserver la qualitébiologique des <strong>sols</strong>http://www.inra.fr/internet/Directions/DIC/ACTUALITES/DOSSIERS/sol/pdf/fichechaussod.pdfl’Institut National de Recherches Agronomiques(INRA) nous propose <strong>une</strong> fiched’information intitulée « Préserver la qualitébiologique des <strong>sols</strong> ». Elle fait <strong>une</strong> synthèsesur le fonctionnement biologique des <strong>sols</strong>,l’impact des activités humaines sur laqualité biologique des <strong>sols</strong> et sur l’intérêtde procéder à <strong>une</strong> évaluation et un suivirégulier.Le sol : un patrimoine vivantLe rôle régulateur du sol dansle changement climatique, lecourrier de l’environnementde l’INRAhttp://www.inra.fr/internet/Produits/dpenv/germoc35.htmDu 20 au 26 août 1998 s’est tenu àMontpellier le Congrès mondial dessciences du sol ; 2700 scientifiques dumonde entier ont fait le point sur l’étatdes connaissances concernant lefonctionnement des <strong>sols</strong>, leurs rôlesdans la biosphère, leur évolution en lienavec les pratiques agricoles, l’évaluationdes conséquences de ces évolutions surl’<strong>agriculture</strong> et le milieu vivant. Un des 45symposiums, intitulé Sols et changementclimatique, a porté sur les travaux encours concernant le rôle des <strong>sols</strong> dansl’évolution prévisible du climat, d’<strong>une</strong>part, et les éventuelles modifications duclimat sur le fonctionnement des <strong>sols</strong>,d’autre part.Le sol Epiderme vivant de laTerrehttp://www.iuss.org/Soil%20brochure%20-%20French.pdfCette brochure en ligne présente l’undes principaux thèmes de l’AnnéeInternationale de la Planète Terre : laconnaissance et la bonne gestion des <strong>sols</strong>.Elle décrit avec des mots simples <strong>pour</strong>quoile thème a été choisi et <strong>pour</strong>quoi les actionsque planèteTerre prévoit de soutenir dansle cadre de ce thème sont fondamentales,vitales <strong>pour</strong> la compréhension du SystèmeTerre et <strong>pour</strong> l’avenir des sociétés humaines.Cette plaquette a été écrite par un grouped’experts en provenance du monde entier,choisis par le Comité Scientifique del’Année de la Terre.L’<strong>agriculture</strong> de conservationhttp://www.bretagneenvironnement.org/rubrique/le-solun-patrimoine-vivantLe réseau d’information sur l’environnementen Bretagne nous propose dans leur bulletind’information un numéro spécial sur les <strong>sols</strong>.Après quelques explications sur les principesde base du sol, le bulletin nous présente lacomplexité des écosystèmes du sol et lesacteurs indispensables de la fertilité du soltels que les champignons et bactéries.http://www.<strong>agriculture</strong>-deconservation.comL’objectif de ce site est de permettre àchacun de «creuser le sujet» de l’<strong>agriculture</strong>de conservation et ses principes;notamment la rotation, la dégradation des<strong>sols</strong> et de l’environnement, le travail deconservation du sol, les couverts végétaux,et la relation entre <strong>agriculture</strong> et énergie.Afin de vous permettre d’en savoir <strong>plus</strong> oud’amorcer <strong>une</strong> réflexion, un certain nombred’outils existent egalement :• La revue TCS• Le CD-Rom Agriculture du Carbone ,Sur les chemins de la durabilité• Le dictionnaire franco-anglais " Worldof Farming»• La brochure coéditée avec DominiqueSoltner "Un jardin sans travail du sol»Le réseau agroécologieaccompagne ces actions ausein du Cirad et avec sespartenaires.Le réseau agroécologiehttp://agroecologie.cirad.fr/2008/index.phpDepuis <strong>plus</strong> de vingt ans, le Cirad et sespartenaires développent des solutionsalternatives aux systèmes de cultureconventionnels dans les pays du sud carl’<strong>agriculture</strong> basée sur le labour butte àrépondre aux principaux challenges enmatière de conservation de l’eau et des<strong>sols</strong>, de protection de l’environnement,de sécurité alimentaire, de réductiondes coûts. Le site du réseau vous permetd’accéder à des informations :• sur les activités du Cirad en matièred'agroécologie de suivi et de pilotaged'un projet de développementmultipartenaire et multisite : leProgramme d'Actions Multi Pays enagro écologie (PAMPA) ;• des liens vers les autres sites concernantl'actualité de l'agroécologie dans lemonde ;• des recherches bibliographiques ;• de partage et d'échange d'informationscientifique et technique.La fa<strong>une</strong> du solhttp://www.inra.fr/dpenv/fa<strong>une</strong>dusol.htmCette page Internet est <strong>une</strong> mined’informations sur la fa<strong>une</strong> du sol :les nématodes, acariens, collemboles,vers de terre et mammifères. Nous yapprenons par exemple qu’un mètre carréde sol de prairie abrite en moyenne 260millions d’animaux, soit <strong>une</strong> biomassed’environ 150 g et,un mètre carré de sold’<strong>une</strong> forêt de hêtre peut contenir <strong>plus</strong>de 1 000 espèces d’invertébrés.Les jardins de BRFhttp://www.lesjardinsdebrf.com/Ce site à <strong>pour</strong> vocation de promouvoir latechnique du Bois rameaux fragmentés(BRF), auprès du public amateur. Vouspouvez télécharger sur le site, desdocuments, extraits de revue, interviews<strong>pour</strong> mieux comprendre cette techniquede fertilisation du sol.33


BIBLIOGRAPHIE34Le sol vivant , Bases depédologie - Biologie des<strong>sols</strong>;Jean-Michel Gobat, MichelAragno, Willy Matthey; 2003, 592pages, Presses Polytechniques etUniversitaires Romandes (PPUR),collection Gérer l’environnement; ISBN :978-2-88074-718-3 2La science des <strong>sols</strong> intègre de <strong>plus</strong> en<strong>plus</strong> l’action des organismes <strong>vivants</strong>à son champ d’activité. Les rôlesirremplaçables de la racine, des bactéries,des champignons et des animauxdans la formation, l’évolution et lefonctionnement des <strong>sols</strong>, sont de mieuxen mieux connus. Tout en apportant lesbases nécessaires de pédologie générale,cet ouvrage met l’accent sur la diversitédes aspects biologiques du sol, à différentsniveaux d’organisation des écosystèmes :molécules organiques, microorganismes,rhizosphère, populations et communautésmicrobiennes et animales, relations sol –végétation. L’ouvrage est organisé en deuxparties: la première, à la lecture linéaire,fournit les connaissances essentielles depédologie générale. Cette partie présentesuccessivement les constituants et lespropriétés du sol, puis leurs effets sur lesprocessus de formation et d’évolution.Fortement dépendantes de la vie, lesformes d’humus font l’objet d’un chapitreparticulier. La seconde, à la lecturemodulaire, traite de sujets variés debiologie des <strong>sols</strong>, se rattachant tant à lapédologie fondamentale qu’appliquée.<strong>Des</strong> aspects aussi variés que ladécomposition du bois mort, la formationde la tourbe ou encore la bioremédiationdes <strong>sols</strong> sont discutés en détail. Une placeimportante est faite à la présentation desanimaux du sol et de leur écologie, ainsiqu’aux symbioses rencontrées dans les<strong>sols</strong> et aux apports récents de la biologiemoléculaire.Comprenant <strong>plus</strong> de 1300 définitions determes et concepts, et illustré par denombreux exemples concrets et souventinédits, ce livre constitue à la fois unmanuel et un ouvrage de référence quiintéressera les étudiants du 1er cycle enbiologie, étudiants des 2e et 3e cycle enbiologie, géologie, agronomie, sylviculture,écologie, sciences de l’environnement.Praticiens en formation permanente :ingénieurs agronomes, forestiers et del’environnement; responsables de laconservation des <strong>sols</strong> et de la nature;enseignants du niveau secondaire supérieursont des acteurs majeurs. Le chapitrerelatif aux techniques d’étude des microorganismesdu sol, en particulier cellesfaisant appel à la biologie moléculaire, aété entièrement mis à jour.L’économie de laproductivité des <strong>sols</strong> enAfrique SubsaharienneFao, 2001, ISBN: 92-5-204522-8,<strong>pour</strong> en savoir <strong>plus</strong> http://www.fao.org/docrep/003/X8827F/x8827f03.htm#P1_23La gestion des <strong>sols</strong> et des eaux estun élément essentiel de la sécuritéalimentaire de la croissance du secteuragricole et de la gestion <strong>durable</strong> desterres en Afrique subsaharienne (ASS).L’augmentation de la dégradation des<strong>sols</strong> en ASS, ainsi que le déclin de leurfertilité, sont des facteurs critiques <strong>pour</strong>la sécurité alimentaire et la diminutionde la pauvreté. La Banque mondiale, laFAO et les agences partenaires appuientla réalisation, par les gouvernements,de programmes nationaux d’action del’Initiative <strong>pour</strong> la fertilité des <strong>sols</strong> (IFS)<strong>pour</strong> s’attaquer à ce problème. Cependant,il manque dans beaucoup d’études sur lafertilité des <strong>sols</strong> <strong>une</strong> reconnaissance durôle des sciences économiques dans laproductivité des <strong>sols</strong> à tous les niveaux :exploitation, pays et monde entier.Cette étude tente de combler ce manqueen passant en revue les applications del’analyse économique aux problèmes deproductivité des <strong>sols</strong> et en discutant leurspossibles applications aux niveaux local,national et mondial. Elle examine aussil’économie de l’utilisation des engrais,élément potentiellement important desprogrammes destinés à enrayer la pertede fertilité des <strong>sols</strong>.Cette étude s’adresse aux planificateurset aux décideurs concernés par lagestion des terres agricoles en ASS. Plusparticulièrement, cette étude :• présente les problèmes du déclinde la productivité des <strong>sols</strong> en termeséconomiques et résume les résultats de larecherche qui apportent <strong>une</strong> perspectivecomplémentaire en développant dessolutions aux problèmes dans desprogrammes comme l'IFS,• résume les récentes idées deséconomistes sur le problème,• souligne les problèmes économiques<strong>pour</strong> les décideurs politiques etprésente <strong>une</strong> gamme de techniquesd'analyse économique <strong>pour</strong> exécutionau niveau national ou au niveau desprojets,• actualise et renforce un précédenttravail de la FAO sur les incitationséconomiques et la gestion des terres,présentant des aspects de cetteanalyse de manière concise.Les couvre-<strong>sols</strong>,David S. MacKenzie, 2007, 236 pages,ISBN 2841568431 Editeur ROUERGUECe livre concerne les couvre-<strong>sols</strong> <strong>vivants</strong>,ceux qui respirent, ces plantes sensibles


BIBLIOGRAPHIEqui oxygènent l’air, luttent contre l’érosion,embellissent notre environnement,demandent peu d’entretien et parleur présence empêchent la poussedes mauvaises herbes. Dans ce guiderésolument pratique, David S. MacKenzienous fait découvrir de nombreusesplantes fascinantes aux multiples formes,couleurs et textures, et nous montreque les couvre-<strong>sols</strong> ont un doubleintérêt, pratique et esthétique. D’abord<strong>une</strong> grande partie du travail annuel denettoyage et des dépenses peuvent êtresupprimés en utilisant des couvre-<strong>sols</strong>à la place du béton, de la pierre ou dugazon. Ils permettent d’aérer la terre,de réduire la compaction, de favoriser<strong>une</strong> meilleure pénétration de l’oxygèneet de l’eau et d’augmenter la fertilité dusol. Enfin, par des effets de couleurs, devolumes, d’associations, ils modifientnotre perception de l’espace, unifient deséléments séparés, adoucissent les anglesdes bâtiments et mettent en valeur allées,terrasses et espaces paysagers. Illustréde 320 photographies, ce guide pratiquevous aidera à trouver, parmi <strong>plus</strong> de 1 000couvre-<strong>sols</strong> vivaces, ceux qui conviendrontle mieux à votre projet, à votre terrain età votre climat. Que vous soyez jardiniersprofessionnels ou amateurs, vous <strong>pour</strong>rezainsi tirer le meilleur parti de votre espaceet composer des mises en scène à la foisoriginales et écologiques. La beauté, ladiversité des couvre-<strong>sols</strong>, leurs multiplesusages et leur facilité d’entretien ferontde vous un jardinier heureux et satisfait.Compost et paillage aujardin. Recycler, fertiliserDenis Pépin, 2003, 160 pages, Terrevivante, Jardinage ISBN 2914717008Avec deux techniques - le compostage etle paillage - qui ne font qu’imiter la natureet que l’auteur de ce livre nous apprend àmaîtriser. Epluchures de légumes, tontesde gazon, fanes de légumes, feuillesmortes, bois de taille et autres, tout celadevient compost - un fertilisant idéal - ousert à couvrir le sol <strong>pour</strong> le protéger, <strong>pour</strong>l’enrichir et <strong>pour</strong> empêcher les mauvaisesherbes de pousser.Quel usage faire de chaque chose ?Dans quelles proportions mélangerles différents déchets <strong>pour</strong> réussir soncompost ? En tas ou en silo ? Avec quoipailler le potager et le jardin d’ornement ?Autant de questions auxquelles ce livrerépond. Pour que chaque jardinier - etpas seulement les bio - résolve deuxproblèmes d’un coup : celui des déchetsorganiques domestiques et celui de lafertilisation du jardin.Compost, un fertilisantnaturel <strong>pour</strong> le jardin,Thompson Ken, 2008, Editeur, OuestFrance, Collection Nature-jardinageChacun peut faire un geste <strong>pour</strong>l’environnement en transformant sesdéchets verts en engrais naturel, quelque soit l’espace dont il dispose. Simple àfabriquer, le compost permet égalementde réaliser des économies considérables.Apprenez à fabriquer un composteur,choisir vos outils et sélectionner les «ingrédients « de votre compost selon lataille de votre jardin. Bacs à compost, tas,lombricomposteurs... cet ouvrage vousexplique comment obtenir un fertilisantécologique à partir de vos déchets dejardin et ménagers.De l’arbre au sol, les BoisRaméaux FragmentésEléa Asselineau et Gilles Domenech,192 pages, Éditions du RouergueL’’utilisation des B.R.F. est apparue dansles années 1970 au Québec et commenceà se développer en France. Longtempsconsidérée comme un déchet, la branched’arbre devient dorénavant un produit dehaute valeur agronomique, écologique etsociale. Cette branche auparavant brûlée,la plupart du temps sur place, ouvrede nouvelles perspectives, jusqu’alorsinsoupçonnées <strong>pour</strong> nourrir le sol etdonc, l’humanité. Les avantages desB.R.F. sont nombreux : la vie du sol eststimulée, l’humus est obtenu en grandequantité, l’érosion des <strong>sols</strong> est évitée, lesrendements sont de meilleure qualité...Ainsi, l’utilisation des bois raméauxfragmentés répond à <strong>plus</strong>ieurs problèmesdommageables <strong>pour</strong> l’environnement :diminution de la biodiversité, épuisementdes <strong>sols</strong>, incidences de la sécheresse,de la déforestation, désertification,empoisonnement des nappes et desrivières par les engrais et pesticides...Inventaire inédit de ce qui a étéexpérimenté dans le monde depuis lesannées 70, cet ouvrage est complet,clair et précis. Ses riches et nombreusesillustrations (photographies et croquis) luidonnent <strong>une</strong> dimension documentaire etpédagogique.35Où trouver le meilleur engrais <strong>pour</strong> sonjardin ? Dans sa poubelle et dans lesdéchets du jardin habituellement jetés.


Le rôle capital de l’<strong>agriculture</strong> <strong>durable</strong> dans lasécurité alimentaire mondialeJanice Jiggins36L’<strong>agriculture</strong> mondiale n’a pas réponduà toutes les attentes. La productionagricole a certes augmenté mais avecun coût social et écologique important.Dans le monde, quelque 800 millionsde personnes, la plupart en milieu rural,souffrent encore de carences alimentairesgraves. Parallèlement, un même nombrede personnes, à l’échelle du globe, connaît<strong>une</strong> surcharge pondérale, avec des tauxd’obésité en augmentation constante.Aujourd’hui, 1,9 milliards d’hectares deterre, soit trois fois la superficie de l’Inde,enregistrent <strong>une</strong> dégradation avancée. Denos jours, l’<strong>agriculture</strong> utilise 70 <strong>pour</strong> centde l’eau douce du globe, l’épuisement desnutriments par ruissellement provoque lapollution de tous les grands fleuves dumonde et la production agricole émet desgaz participant au changement climatique.Même si la production est suffisante, lesinterdictions visant les exportations deproduits alimentaires et la spéculationbouleversent les approvisionnements despays pauvres importateurs.Photo: Jorge Chavez-TafurMembres du groupement des paysans Mkombozi à Mkomo, région de Mtwara, Tanzanie. Leur savoir et leurexpertise, à l’instar de ceux de tous les petits exploitants du monde, sont cruciaux <strong>pour</strong> garantir la sécuritéalimentaire à l’échelle du globe.Un rapport historiqueDe quel type de connaissance, science ettechnologie agricoles avons-nous besoin<strong>pour</strong> résoudre ces problèmes ? Au coursdes trois dernières années, les agences del’ONU, la Banque mondiale et de nombreuxgouvernements ont permis à 400 experts etONG du monde entier de mener <strong>une</strong> étudede grande envergure. Il s’agit de l’évaluationinternationale de la connaissance, de lascience et de la technologie agricoles<strong>pour</strong> le développement (InternationalAssessment of Agricultural Knowledge,Science and Technology for Development,IAASTD) 1 . L’équipe a remis son rapporten avril à Johannesburg (Afrique du Sud),juste au moment où les prix des produitsalimentaires ont doublé à l’échelle duglobe. La conclusion générale de cetteétude se résume à ceci : il faut deschangements drastiques au niveau desconnaissances et technologies agricoles car«continuer comme si de rien n’était» n’estpas <strong>une</strong> solution ». La triste réalité estqu’un nombre incalculable de pauvres etles immenses étendues de terres agricolesdégradées ne sont jusqu’ici pas desmoteurs de changement dans l’<strong>agriculture</strong>et la science. L’étude de l’IAASTD laisseà penser que trois types de transition1 cf. http://www.agassessment.org <strong>pour</strong> de <strong>plus</strong> amplesinformationspermettront d’aider à mettre la pratiquedans la direction souhaitée.Premièrement : la science doit aiderles agriculteurs à utiliser les ressourcesde manière <strong>plus</strong> efficiente. Les <strong>sols</strong>,l’énergie, la biodiversité, les engraiset les pesticides doivent être utilisésjudicieusement. L’<strong>agriculture</strong> doit s’adapteraux changements climatiques et aider àles contrecarrer. La science doit compléterle savoir local et appuyer les pratiquesagro-écologiques à l’aide d’<strong>une</strong> «meilleurecombinaison» des résultats économiques,sociaux et écologiques.Deuxièmement : les questions desubventions, marchés, accès à la terre etsavoir-faire doivent prendre en compteles besoins des petits exploitants. Parexemple, la plupart des petits exploitantsne peuvent accéder correctement auxmarchés, lesquels permettent aux richesde tirer davantage profit. Par ailleurs,la réglementation sur la propriétéintellectuelle entrave leurs systèmessemenciers qui sont devenus « illégaux »dans la mesure où les industriels fontbreveter les semences tout commed’autres organismes <strong>vivants</strong>.Troisièmement : les coûts réels deproduction agricole devraient se refléterdans les prix. Les agriculteurs investissentdans la sauvegarde de la qualité du solet de la biodiversité sans aucun retourde la part du marché ; <strong>pour</strong>tant, il est del’intérêt de la communauté mondiale des’assurer que les <strong>sols</strong> restent productifs etde veiller à ce que l’eau provenant des terresagricoles soit potable et ne disparaisse passous forme d’inondations.Cette étude met en exergue l’apport que<strong>pour</strong>rait avoir <strong>une</strong> forte collaboration entrechercheurs et science formelle d’<strong>une</strong> part,et le savoir, les aptitudes et l’expertise despetits exploitants d’autre part, en vue defaire avancer l’<strong>agriculture</strong> <strong>durable</strong>. C’estlà <strong>une</strong> preuve solide qu’il est possiblede sécuriser les biens publics et privés,<strong>pour</strong>vu qu’il y ait un nouvel équilibre entreles intérêts écologiques, économiqueset sociaux. Et, <strong>plus</strong> important encore,l’étude met l’accent sur le rôle clé despetits exploitants en matière de sécuritéalimentaire à l’échelle du globe.Janice Jiggins Chercheur invité, Communication andInnovation Studies. Wageningen University. P.O. Box430, 6700 AK Wageningen, the Netherlands.E-mail : janice.jiggins@inter.nl.net.Janice Jiggins est auteur, collaborateur et réviseur desrapports de l’IAASTD.

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