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Médecins - Numéro spécial droit des patients - Conseil National de l ...

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02Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>sommaire24284 Interview <strong>de</strong> Nora Berra,secrétaire d’État chargée <strong>de</strong> la Santé06 État <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>10 Professionnels <strong>de</strong> santé :une perception nuancée<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Cahier pratique14 Les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> :<strong><strong>de</strong>s</strong> fondamentaux issus <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s<strong>de</strong> l’homme15 Le <strong>droit</strong> à être informé surson état <strong>de</strong> santé16 Le <strong>droit</strong> à l’accès au dossiermédical17 Le <strong>droit</strong> à l’informationsur la tarification<strong><strong>de</strong>s</strong> prestations médicales18 Le <strong>droit</strong> du mala<strong>de</strong> en fin <strong>de</strong> vie19 Le <strong>droit</strong> au soulagement <strong>de</strong> la douleur20 Le <strong>droit</strong> <strong>de</strong> désignerune personne <strong>de</strong> confiance21 Le <strong>droit</strong> à obtenirréparation d’un préjudice22 Le <strong>droit</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> usagersà être représentés au sein<strong><strong>de</strong>s</strong> instances <strong>de</strong> santé<strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives tous azimuts23 La bien-traitance, une culture<strong>de</strong> l’attention à l’autre24 Favoriser le maintien à domicile26 Des procédures méconnues,une démarche primée28 Accompagner les rési<strong>de</strong>ntsjusqu’au <strong>de</strong>rnier moment30 Un jeu <strong>de</strong> cartes pourconnaître ses <strong>droit</strong>sAi<strong>de</strong>r les mala<strong><strong>de</strong>s</strong> à emprunter31 QUELQUES LIENS UTILES32 Interview <strong>de</strong> Marina Carrèred’Encausse, coprésentatricedu Magazine <strong>de</strong> la santé,sur France 5, et prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’Année2011 <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> et <strong>de</strong> leurs <strong>droit</strong>sDIRECTEUR DE LA PUBLICATION : D r Walter Vorhauer - ORDRE DES MÉDECINS, 180, bd Haussmann, 75389 Paris Ce<strong>de</strong>x 08. Tél. : 01 53 89 32 00.E-mail : conseil-national@cn.me<strong>de</strong>cin.fr – RÉDACTEUR EN CHEF : D r André Deseur – Coordination : Evelyne Acchiardi– CONCEPTION ET RéALISATION : 48, rue Vivienne, 75002 Paris – RESPONSABLE D’ÉDITION : Claire Peltier – rédaction : VéroniqueChâtel, Nathalie Da Cruz, Angel Herrero Lucas, Claire Peltier, David Perchirin, Valérie Devillaine – DIRECTION ARTISTIQUE : Marie-Laure Noel– SECRéTARIAT DE RÉDACTION : Alexandra Roy – fabricaTION : Sylvie Esquer – COUVERTURE : Photodisc – IMPRession : IGPM– Tous les articles sont publiés sous la responsabilité <strong>de</strong> leurs auteurs – DÉPÔT LÉGAL : septembre 2011 – n° 16758 – ISSN : 1967-2845.Ce numéro est joint au n° 19 du Bulletin d’information <strong>de</strong> l’Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins, daté <strong>de</strong> septembre-octobre 2011.Ce document a été réaliséselon <strong><strong>de</strong>s</strong> procédésrespectueux<strong>de</strong> l’environnement.mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


édito I03D r Michel Legmann,prési<strong>de</strong>nt du conseil national<strong>de</strong> l’Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cinsD r Irène Kahn-Bensau<strong>de</strong>,vice-prési<strong>de</strong>ntePlus d’humainen mé<strong>de</strong>cineLa loi du 4 mars 2002 traduit un nouvel équilibredans la relation entre le mé<strong>de</strong>cin etson patient, désormais fondée sur les <strong>droit</strong>s<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>. C’est l’aboutissement d’une évolution<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> notre société qui aspire à plusd’autonomie et à une meilleure information. Si lesmé<strong>de</strong>cins peuvent se sentir désarmés et chercheravant tout à se protéger, la « judiciarisation » <strong>de</strong> lamé<strong>de</strong>cine ne doit cependant pas faire illusion. Laqualité <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine, dans sa double dimensionhumaniste et scientifique, continuera <strong>de</strong> reposersur le dialogue, l’écoute, la confiance, l’adhésion,la compétence <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins.En 2007, le conseil national <strong>de</strong> l’Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cinsa d’ailleurs publié un manifeste pour la qualité <strong>de</strong>la mé<strong>de</strong>cine qui énonçait les bases d’une confiancerenouvelée entre le patient, le mé<strong>de</strong>cin et la société.L’enjeu était notamment <strong>de</strong> renforcer le <strong>droit</strong> du patientà une information et à un accompagnementadéquats, tout au long <strong>de</strong> sa prise en charge.Tout récemment, le Cnom a proposé plusieurs pistespour amener plus d’humain dans la relation patientmé<strong>de</strong>cin.L’une d’elles vise à intégrer le compagnonnagedans la formation <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes mé<strong>de</strong>cins pourfavoriser l’acquisition du savoir-être, au-<strong>de</strong>là dusavoir et du savoir-faire. Cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, formuléeclairement par les jeunes mé<strong>de</strong>cins, est soutenuepar le conseil national <strong>de</strong> l’Ordre, qui a transmis, àcet effet, un nouvel article du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie(68 bis) au ministère du Travail, <strong>de</strong> l’Emploi et <strong>de</strong> laSanté. Parallèlement, l’Ordre préconise <strong>de</strong> renforcerl’éthique et la déontologie dans l’enseignementmédical qui doit mieux préparer nos futurs confrèresà la dimension « émotionnelle » et « relationnelle »<strong>de</strong> notre métier.Le Cnom souhaite aussi renforcer le rôle <strong>de</strong> la personne<strong>de</strong> confiance dans la relation patient-mé<strong>de</strong>cinet travaille, pour cela, à une modification <strong>de</strong> l’article35 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie.Enfin, il nous semble essentiel <strong>de</strong> rappeler l’importanced’une communication <strong>de</strong> qualité entre lemé<strong>de</strong>cin et son patient. Cet impératif implique unebonne coordination entre tous les acteurs du soin,en premier lieu les mé<strong>de</strong>cins généralistes, afin quel’information donnée au patient soit claire, loyale etcohérente. Le déploiement d’une messagerie professionnelleélectronique sécurisée prend ici toutson sens. En permettant <strong>de</strong> tracer les échanges etles accès aux dossiers, elle simplifiera les échangesmédicaux entre un mé<strong>de</strong>cin et ses confrères, ou avecles autres professionnels <strong>de</strong> santé. Nous l’appelons<strong>de</strong> nos vœux !Nous espérons que ce numéro spécial contribuera,lui aussi, à une meilleure prise en compte <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> dans nos pratiques quotidiennes. Bonnelecture !mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


04Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>« Faire changerles pratiques sur leAvec plus <strong>de</strong> dix ans <strong>de</strong> recul,quel est l’apport <strong>de</strong> cette loi pourles <strong>patients</strong>, les professionnelset le système <strong>de</strong> santé en général ?L’année 2011 a été placée sous le signe <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>patients</strong>, c’est un signal fort… Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la formule,l’opportunité est donnée <strong>de</strong> dresser un bilan <strong><strong>de</strong>s</strong>avancées apportées par les lois successives, sansoublier les aspects plus émergents comme les relationsnouvelles entre mé<strong>de</strong>cins et mala<strong><strong>de</strong>s</strong> ou laparticipation – <strong>de</strong> plus en plus active – <strong><strong>de</strong>s</strong> usagersà l’élaboration <strong><strong>de</strong>s</strong> politiques <strong>de</strong> santé.Globalement, ces avancées ont permis <strong>de</strong> dresserle cadre <strong>de</strong> nouvelles pratiques respectueuses <strong>de</strong> ladéontologie médicale et du patient. Maintenant, ledéfi consiste à dépasser ce cadre législatif et fairechanger les mentalités et les pratiques sur le terrain,du côté <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> comme <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels <strong><strong>de</strong>s</strong>anté.Nora Berra, secrétaire d’Étatchargée <strong>de</strong> la SantéPlus <strong>de</strong> dix ans après le vote<strong>de</strong> la loi du 4 mars 2002 sur les<strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>, les Françaisne connaissent pas suffisammentleurs <strong>droit</strong>s en tant qu’usagers<strong>de</strong> la santé. Pour améliorer cettesituation, le ministère <strong>de</strong> la Santéa fait <strong>de</strong> 2011 l’année <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>et <strong>de</strong> leurs <strong>droit</strong>s. Interview <strong>de</strong>Nora Berra, secrétaire d’Étatchargée <strong>de</strong> la Santé.Quels <strong>droit</strong>s <strong>de</strong>meurent peu appliqués ?Pourquoi ces réticences ?À mi-parcours <strong>de</strong> cette année 2011, il n’est pas question<strong>de</strong> créer <strong>de</strong> nouveaux <strong>droit</strong>s mais <strong>de</strong> faire vivreceux qui existent déjà. Les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> sontméconnus et encore insuffisamment lisibles pournos concitoyens. Dans un récent sondage commandépar le ministère, 70 % <strong><strong>de</strong>s</strong> interviewés répon<strong>de</strong>ntpar la négative à la question « Globalement, avezvousle sentiment <strong>de</strong> savoir quels sont les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>patients</strong> ? ». 44 % pensent qu’ils doivent obligatoirement<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l’autorisation <strong>de</strong> leur mé<strong>de</strong>cin pouraccé<strong>de</strong>r à leur dossier médical.Les <strong>patients</strong> ne connaissent pas non plus les interlocuteurspouvant les assister dans l’exercice <strong>de</strong> leurs<strong>droit</strong>s. Par exemple, dans le cas <strong>de</strong> conditions <strong><strong>de</strong>s</strong>éjour insatisfaisantes ou d’un acci<strong>de</strong>nt médical àl’occasion d’une hospitalisation, 66 % déclarent nepas savoir à qui s’adresser. Enfin, lorsque les Françaissont interrogés sur les <strong>droit</strong>s « nouveaux » qu’ilssouhaiteraient voir accordés, ils citent <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s déjàexistants.mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


06 Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> États généraux <strong>de</strong> la santéÉtat <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Aujourd’hui inscrits dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>la santé publique, les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>sont l’héritage d’une histoire récentefaite <strong>de</strong> conquêtes successives. Près <strong>de</strong>dix ans après la loi du 4 mars 2002, quien est l’acte fondateur, ils sont encorelargement méconnus <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>…et <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels <strong>de</strong> santé !Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> quinze <strong>de</strong>rnières années,les revendications et lesexigences <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> se sontmultipliées. En écho à cette évolution sociétale,plusieurs textes <strong>de</strong> loi ont fait émerger les <strong>droit</strong>s<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>. Ce sont les États généraux <strong>de</strong> la santéqui ont donné le la <strong>de</strong> ce mouvement. Organisé en1998-1999 à l’initiative <strong>de</strong> Bernard Kouchner, alorsministre <strong>de</strong> la Santé, cet événement attire plus <strong>de</strong>200000 personnes au cours <strong>de</strong> 1000 rencontres disséminéessur tout le territoire national. De gran<strong><strong>de</strong>s</strong>questions <strong>de</strong> santé publiques sont alors abordées àbâtons rompus : la prévention, les jeunes et la santé,la maladie mentale, le cancer et sa prise en charge,l’alcoolisme… Peu à peu, la relation mé<strong>de</strong>cin-mala<strong>de</strong>apparaît comme une préoccupation majeure <strong>de</strong>tous les participants. Une dizaine <strong>de</strong> réunions sontorganisées sur ce thème par le ministère…92 %<strong><strong>de</strong>s</strong> Français estiment que leur mé<strong>de</strong>cin<strong>de</strong> ville leur apporte les informations dontils ont besoin concernant leur santé.(sondage BVA)et loi du 4 mars 2002Rédigée par Étienne Caniard, la synthèse <strong><strong>de</strong>s</strong> Étatsgénéraux <strong>de</strong> la santé <strong><strong>de</strong>s</strong>sine les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> lignes <strong>de</strong>ce qui sera l’acte fondateur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> :la loi n° 2002-303 sur les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et laqualité du système <strong>de</strong> santé. Votée à l’unanimité parl’Assemblée nationale le 4 mars 2002, elle reconnaît<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s totalement nouveaux : <strong>droit</strong> à l’informationsur son état <strong>de</strong> santé, notamment via l’accès aumé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


État <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux I07« Les associations <strong>de</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong>ont joué un rôle majeur »ClaireCompagnon,juriste, conseilen politique<strong>de</strong> santé,spécialiste du<strong>droit</strong> <strong>de</strong> la santé,représentante<strong><strong>de</strong>s</strong> usagers<strong>de</strong> l’hôpitaleuropéenGeorges-Pompidou(Paris)La question <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong>de</strong> lapersonne mala<strong>de</strong> est <strong>de</strong>venueun enjeu social qui a été portémassivement par le mouvementassociatif <strong>de</strong> la santé. Elle a émergéà partir <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1990 aprèsles crises sanitaires (sang contaminé,maladie <strong>de</strong> Creutzfeldt-Jakob…),et la survenue <strong>de</strong> maladies commele sida et les attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> discriminantesqui en ont découlé… Les apports<strong>de</strong> la loi du 4 mars 2002 correspon<strong>de</strong>ntaux revendications <strong><strong>de</strong>s</strong> associations.En reconnaissant <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s à lapersonne mala<strong>de</strong>, cette loi symbolise lepassage d’un système ancien, marquépar un modèle paternaliste <strong>de</strong> larelation soignant-soigné, à un systèmenouveau fondé sur les revendicationspar les mala<strong><strong>de</strong>s</strong> d’une autonomie<strong>de</strong> décision. Aujourd’hui, l’accèsau dossier médical est gran<strong>de</strong>mentfacilité. Mais d’autres <strong>droit</strong>s, commele <strong>droit</strong> au respect <strong>de</strong> la dignité et <strong>de</strong>l’intimité, sont encore méconnus danscertains établissements. Et ce en raisond’une protocolisation <strong><strong>de</strong>s</strong> soins, d’actes<strong>de</strong> plus en plus techniques, qui oublientparfois la prise en compte individuelledu patient… Et la loi n’a pas prévu<strong>de</strong> dispositif <strong>de</strong> sanction en cas <strong>de</strong>non-respect <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s énoncés. Quantà la représentation <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers, ellereste encore difficile à mettre en œuvre.Un certain nombre d’établissementsprivés n’ont pas <strong>de</strong> représentants…Et les associations ne peuvent pasexercer correctement leur mission<strong>de</strong> démocratie sanitaire ; il faudraitproposer à tous les représentants <strong><strong>de</strong>s</strong>usagers <strong><strong>de</strong>s</strong> formations soli<strong><strong>de</strong>s</strong> maisaussi <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes d’in<strong>de</strong>mnisationleur permettant <strong>de</strong> s’y consacrerpleinement. »8 %considèrent que leurs <strong>droit</strong>s n’ont pasété bien respectés à l’hôpital.(sondage BVA)dossier médical ; <strong>droit</strong> au consentement vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong>soins proposés, et son corollaire, le <strong>droit</strong> <strong>de</strong> refuserun traitement ; <strong>droit</strong> au secret <strong><strong>de</strong>s</strong> informationsmédicales ; possibilité <strong>de</strong> désigner une personne <strong>de</strong>confiance ; <strong>droit</strong> au respect <strong>de</strong> la personne ; <strong>droit</strong> àêtre soulagé <strong>de</strong> la douleur ; <strong>droit</strong> à l’intimité… Unmécanisme spécifique <strong>de</strong> réparation <strong><strong>de</strong>s</strong> acci<strong>de</strong>ntsmédicaux non liés à une faute voit le jour.Démocratie sanitaireLa loi institue aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s collectifs, en garantissantla représentation <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers. Les commissions<strong><strong>de</strong>s</strong> relations avec les usagers et <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>la prise en charge (CRUQPC) sont mises en place.D’autres textes postérieurs à la loi du 4 mars 2002confirment ces nouveaux <strong>droit</strong>s collectifs : la loidu 9 août 2004 1 <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la Conférence nationale<strong>de</strong> santé (un lieu <strong>de</strong> concertation créé enDes <strong>droit</strong>s encore méconnus<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> eux-mêmes70 % <strong><strong>de</strong>s</strong> Français déclarent ne pas connaîtreles <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>, selon un sondage réalisépar BVA en septembre 2010 auprès <strong>de</strong> 1 000personnes.! Certains <strong>droit</strong>s sont cependant bieni<strong>de</strong>ntifiés : 80 % <strong><strong>de</strong>s</strong> sondés savent qu’ils peuventdésigner une personne <strong>de</strong> confiance lorsqu’ils sonthospitalisés.! À l’opposé, 44 % <strong><strong>de</strong>s</strong> Français croient quel’autorisation <strong>de</strong> leur mé<strong>de</strong>cin est indispensablepour accé<strong>de</strong>r à leur dossier médical…! Globalement, les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>semblent plutôt bien appliqués pour 61 % <strong><strong>de</strong>s</strong>personnes interrogées.• Les <strong>droit</strong>s qui sont respectés : <strong>droit</strong> au respect<strong>de</strong> la vie privée et au secret ; <strong>droit</strong> <strong>de</strong> recevoir <strong><strong>de</strong>s</strong>soins pour être soulagé <strong>de</strong> sa douleur ; <strong>droit</strong> aurespect <strong>de</strong> sa dignité et <strong>de</strong> son intimité ; <strong>droit</strong> <strong>de</strong>choisir librement son mé<strong>de</strong>cin et son établissement<strong>de</strong> santé.• Ceux qui bloquent encore : le <strong>droit</strong> à un accèsdirect au dossier médical, le <strong>droit</strong> à être in<strong>de</strong>mniséen cas d’acci<strong>de</strong>nt médical, le <strong>droit</strong> à être informésur les circonstances et les causes d’un acci<strong>de</strong>nt.mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


08Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>48 %<strong><strong>de</strong>s</strong> Français ont déjà été confrontés àun dépassement d’honoraires, paraissantexcessifs à 71 % d’entre eux. (sondage BVA)L’espace « <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers » sur le sitedu ministère <strong>de</strong> la Santé a été entièrement revu.66 %1996) d’élaborer chaque année un rapport surle respect <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers. Quelques joursplus tard, une loi relative à l’assurance maladie 2prévoit que les usagers doivent être consultés pourl’élaboration du financement du système <strong>de</strong> santé.Adoptée plus récemment, le 21 juillet 2009, la loi« Hôpital, <strong>patients</strong>, santé et territoires » (HPST) 3crée <strong>de</strong> nouvelles instances au sein <strong><strong>de</strong>s</strong>quelles lesusagers peuvent s’exprimer : la conférence régionale<strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> l’autonomie (CRSA), sorte <strong>de</strong>« parlement régional » <strong>de</strong> la santé ; les conférences<strong>de</strong> territoire, qui comprennent jusqu’à 50 membres,dont <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers. Enfin, les agences régionales <strong><strong>de</strong>s</strong>anté (ARS) organisent <strong><strong>de</strong>s</strong> débats publics, permettant<strong>de</strong> recueillir les avis <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens sur l’organisation<strong><strong>de</strong>s</strong> soins. Même si ces instances en sontencore au sta<strong>de</strong> du balbutiement, la « démocratiesanitaire » est en marche…En matière <strong>de</strong> <strong>droit</strong>s individuels, la loi Leonettidu 22 avril 2005 4 marque un autre grand pas enavant. En instituant un <strong>droit</strong> au « laisser mourir »,tout en refusant l’euthanasie, ce texte révolutionnel’approche <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> vie et prône le développement<strong><strong>de</strong>s</strong> soins palliatifs. Le rôle <strong>de</strong> la personne <strong>de</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> Français seraient incapables <strong><strong>de</strong>s</strong>avoir à qui s’adresser en cas <strong>de</strong> problème(mauvaises conditions <strong>de</strong> séjour, acci<strong>de</strong>ntmédical) au cours d’une hospitalisation, etauraient besoin <strong>de</strong> se renseigner. (sondage BVA)confiance est réaffirmé. Et le législateur renforcel’expression <strong>de</strong> la volonté du patient, en lui donnantla possibilité <strong>de</strong> rédiger <strong><strong>de</strong>s</strong> directives anticipéesconcernant sa fin <strong>de</strong> vie.Des <strong>droit</strong>s méconnus et pas toujoursbien appliquésSi la loi du 4 mars 2002 a sensiblement modifié lesrelations entre <strong>patients</strong> et mé<strong>de</strong>cins ou établissementssanitaires, elle est encore méconnue, commel’atteste un sondage réalisé par BVA en septembre2010 par le ministère. Droits individuels et collectifssont également concernés. « Nous recevons chaqueannée <strong><strong>de</strong>s</strong> courriers <strong>de</strong> réclamation : environ 300 paran, qui concernent surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> séjours à l’hôpital,indique le D r Alexandra Fourca<strong>de</strong>, responsable <strong>de</strong>la mission « <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers » au ministère <strong>de</strong> laSanté. Cela montre que les <strong>patients</strong> méconnaissentUn nouveau <strong>droit</strong> : être pris en charge partout en EuropeLes <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> sont aussi unepréoccupation pour les instancescommunautaires. En janvier 2011, le Parlementeuropéen a adopté une directive sur les soins<strong>de</strong> santé transfrontaliers 1 . Ce texte concerneseulement les citoyens européens qui font le choix<strong>de</strong> se faire soigner au sein <strong>de</strong> l’Union européenne,dans un autre pays que le leur. Dans ce cas, ilspourront désormais être remboursés pour cessoins, si le traitement prodigué et son coût sontaussi couverts dans leur pays d’origine. Si untraitement coûte plus cher dans le pays où ilsdoivent se font soigner, les <strong>patients</strong> <strong>de</strong>vront payerla différence. Ce texte pourrait bénéficier auxpersonnes figurant sur <strong>de</strong> longues listes d’attente,ou qui ne parviennent pas à trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> soinsspécialisés dans leur pays. À noter : il ne concernepas les citoyens européens qui doivent subir untraitement en urgence alors qu’ils voyagent dansun autre État membre (dans ce cas, les soinssont dispensés sous le régime <strong>de</strong> la carteeuropéenne d’assurance-maladie). Ladirective doit être promulguée avantfin 2013 ; les États membres aurontalors 30 mois pour la transposer.1. Lire le Bulletin <strong>de</strong> l’Ordre<strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins n° 16 – mars-avril 2011,p. 10.mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


10Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Professionnels<strong>de</strong> santé :une perceptionnuancée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Au quotidien, l’application <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> n’est pas toujours facile.Des freins existent, comme l’indiquent<strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels <strong>de</strong> santé récemmentinterrogés par TNS Sofres. Tout en plébiscitantles <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>, les professionnels<strong>de</strong> santé expriment <strong><strong>de</strong>s</strong> réserves, voire <strong><strong>de</strong>s</strong>réticences à l’égard <strong>de</strong> certains <strong>droit</strong>s.En février 2011, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du ministère<strong>de</strong> la Santé, TNS Sofres a rencontré40 professionnels <strong>de</strong> santé, dont <strong>de</strong>nombreux mé<strong>de</strong>cins, pour les interroger sur les<strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>. Bien que diversifié (généralisteset spécialistes, exercices libéral, hospitalier, en ville,à la campagne...), l’échantillon n’est pas représentatif; c’est pourquoi les auteurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> ne présententpas <strong><strong>de</strong>s</strong> chiffres mais <strong><strong>de</strong>s</strong> tendances, lesquellesrestent à manier avec précaution.Premier constat positif : l’étu<strong>de</strong> révèle que, très spontanément,les personnels <strong>de</strong> santé se déclarent trèsfavorables à la formalisation et à la mise en avant<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>. Mais ils sont conscients queceux-ci ne sont pas toujours respectés. Deux lieuxcristallisent leurs critiques en matière <strong>de</strong> non-respect<strong>de</strong> ces <strong>droit</strong>s : les services hospitaliers et lesmaisons <strong>de</strong> retraite – les cas <strong>de</strong> maltraitance étanttrès souvent évoqués.Certains <strong>droit</strong>s apparaissent aux personnels <strong>de</strong> santécomme fondamentaux et faciles à appliquer : <strong>droit</strong>au respect, <strong>droit</strong> à l’égalité en matière <strong>de</strong> protection<strong>de</strong> la santé, <strong>droit</strong> d’être informé sur les conditionsd’un séjour en établissement, directives anticipées,<strong>droit</strong> d’être entendu par un responsable <strong>de</strong> l’établissementpour exprimer ses griefs.Droits fondamentauxet <strong>droit</strong>s discutablesUn autre groupe <strong>de</strong> <strong>droit</strong>s est approuvé par les professionnels,mais leur application peut être délicate :<strong>droit</strong> <strong>de</strong> choisir librement son établissement (difficileà mettre en œuvre dans les zones sous-médicalisées),ou la désignation d’une personne <strong>de</strong> confiance (un<strong>droit</strong> perçu comme théorique). Troisième groupe :<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s qui semblent discutables aux professionnels,dont le principe même dérange : <strong>droit</strong> aurespect <strong>de</strong> ses croyances et <strong>de</strong> ses convictions (pasmé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


Ce qu’en pensent les professionnels I11Quel regard portez-voussur les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> ?D r Christiane Dalsace,psychiatre libéral, prési<strong>de</strong>ntedu conseil départemental <strong>de</strong> l’Ordre<strong>de</strong> Saône-et-LoireAu conseil départemental <strong>de</strong>Saône-et-Loire, nous avons trèspeu <strong>de</strong> plaintes <strong>de</strong> <strong>patients</strong>concernant le non-respect <strong>de</strong> leurs<strong>droit</strong>s. Parfois, <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins nousappellent pour se renseigner surles modalités <strong>de</strong> transmission du dossier médical. Nous leurexpliquons la marche à suivre, et ils ne rechignent pas… La loidu 4 mars 2002 présente <strong><strong>de</strong>s</strong> conquêtes indéniables pour les<strong>patients</strong>. Mais elle a aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> effets pervers ; nous notons que les<strong>patients</strong> sont <strong>de</strong> plus en plus exigeants. Certains <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt unren<strong>de</strong>z-vous très rapi<strong>de</strong>ment, par exemple ; ils n’acceptent pas<strong>de</strong> <strong>de</strong>voir attendre… Les <strong>patients</strong> ont <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s, mais je pensequ’ils <strong>de</strong>vraient aussi avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>voirs. Il appartient sans douteà la société et à nous, mé<strong>de</strong>cins, <strong>de</strong> les éduquer. Mais nousmanquons <strong>de</strong> temps… »D r Jean-Clau<strong>de</strong> Etilé,mé<strong>de</strong>cin généralisteà Royère-<strong>de</strong>-Vassivière (Creuse)L’application <strong>de</strong> la loi du 4 mars2002 n’est pas toujours possible.Ainsi je n’ai jamais réussi àobtenir le dossier médical d’anciensmilitaires… La loi a donné <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>saux <strong>patients</strong>, mais pas <strong>de</strong> moyensaux professionnels <strong>de</strong> santé pourles mettre en œuvre : nous manquons <strong>de</strong> formation sur lecontenu <strong>de</strong> la loi. Et l’appliquer prend du temps – rechercherun dossier médical, par exemple –, qui n’est pas rémunéré.De plus, les professionnels auraient aussi besoin d’êtreaccompagnés quand ils se trouvent en situation <strong>de</strong> conflitavec un patient. Je pense que les <strong>patients</strong> doivent aussirespecter les professionnels <strong>de</strong> santé, leurs connaissances, leurraisonnement, leur humanité, et leur accor<strong>de</strong>r le <strong>droit</strong> à l’erreur(une erreur n’est pas une faute). On ne peut pas <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r auprofessionnel <strong>de</strong> santé d’être infaillible. »D r Jean-Yves Dallot,chef du service <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cineinterne au centre hospitalier <strong>de</strong>Fontainebleau, vice-prési<strong>de</strong>ntdu conseil départemental <strong>de</strong>l’Ordre <strong>de</strong> Seine-et-MarneIl fallait un texte dulégislateur pour affirmerles <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>.Ceux-ci ont en effet <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>set la décision leur appartient en<strong>de</strong>rnier ressort – même si certains<strong>de</strong> leurs choix nous semblentdifficiles à accepter. Certes, ilexiste <strong><strong>de</strong>s</strong> dérives. Il arrive qu’onnous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> communicationdu dossier médical pour <strong><strong>de</strong>s</strong>motifs ambigus qui dépassent lecadre <strong>de</strong> la loi. Il faudrait aussique le patient soit épaulé parun mé<strong>de</strong>cin quand il découvrele contenu <strong>de</strong> son dossier. La loiaurait en outre dû s’accompagner<strong>de</strong> pédagogie auprès <strong><strong>de</strong>s</strong>mé<strong>de</strong>cins sur le thème <strong>de</strong> lacommunication, tant en formationinitiale que continue. Il y a unefaçon <strong>de</strong> dire les choses qui n’estpas innée. Enfin, nous <strong>de</strong>vonsassumer pleinement notre rôletechnique. Le passager d’un aviona le choix <strong>de</strong> la <strong><strong>de</strong>s</strong>tination et <strong>de</strong>la compagnie, mais il ne doit pasmanipuler les comman<strong><strong>de</strong>s</strong>… »toujours facile à concilier avec la mé<strong>de</strong>cine) ; <strong>droit</strong>s àl’information directe du patient (qui n’est pas forcémentprêt à recevoir ces données)… La majorité <strong><strong>de</strong>s</strong>professionnels <strong>de</strong> santé interrogés dit avoir du mal àconcevoir le <strong>droit</strong> <strong>de</strong> ne pas être informé sur sa santéou <strong>de</strong> refuser un traitement. Le <strong>droit</strong> au secret poseaussi problème, dans la mesure où il peut empêcher<strong>de</strong> prévenir les proches d’un risque.Judiciarisation et freins quotidiensJuriste et spécialiste du <strong>droit</strong> <strong>de</strong> la santé, ClaireCompagnon est consciente <strong><strong>de</strong>s</strong> réticences <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels<strong>de</strong> santé : « Certains voudraient quel’on parle aussi <strong>de</strong> <strong>de</strong>voirs <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>, évoquant laconsommation importante <strong>de</strong> soins, les <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong>excessives d’accès au dossier médical, ou même<strong><strong>de</strong>s</strong> faits <strong>de</strong> violence envers les soignants… » Lemé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


12Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Ce qu’en pensent les professionnels« Certaines réticences peuventse comprendre »D r IrèneKahn-Bensau<strong>de</strong>,vice-prési<strong>de</strong>ntedu conseilnational <strong>de</strong>l’Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong>mé<strong>de</strong>cins etprési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong>la commission<strong><strong>de</strong>s</strong> relationsavec les usagersau conseilnationalLa prise en compte <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> par les mé<strong>de</strong>cins aprogressé. Certes, les mé<strong>de</strong>cinsont parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> réticences. Nousavons, au conseil départemental <strong>de</strong>Paris, <strong><strong>de</strong>s</strong> doléances <strong>de</strong> <strong>patients</strong> quipeinent à obtenir leur dossier. Certainsmé<strong>de</strong>cins ont du mal à le transmettre ;ils ont l’impression que le dossier leurappartient, qu’ils l’ont fait, qu’ils vontêtre dépossédés <strong>de</strong> leur travail… Parailleurs, à l’hôpital, les délais pourrécupérer un dossier sont longs –parfois <strong>de</strong>ux à trois mois…Pour ce qui est <strong><strong>de</strong>s</strong> refus <strong>de</strong> soinspar le patient, il faut comprendre lesréticences <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins : un refus <strong><strong>de</strong>s</strong>oins sonne comme un épouvantablesentiment d’échec pour un praticienqui a tout tenté pour soigner unepersonne, en vain…L’information du patient estprimordiale et je pense que lesmé<strong>de</strong>cins doivent prendre le temps<strong>de</strong> bien expliquer ce qui va se passer,notamment avant une interventionchirurgicale. Parfois, le patientreçoit une pile <strong>de</strong> papiers à signer,sans qu’il soit vraiment informé dudéroulement <strong><strong>de</strong>s</strong> événements… Orl’entretien individuel, qui est dans laloi, est très important. Il faut prendrele temps et permettre au patient <strong>de</strong>poser <strong><strong>de</strong>s</strong> questions. Certes, cela estchronophage. Mais mener un vraientretien individuel permet <strong>de</strong> réduirele nombre <strong>de</strong> doléances.Pour autant, nous ne sommes paslà pour expliquer aux <strong>patients</strong>leurs <strong>droit</strong>s, nous n’en avons pas letemps. Notre cœur <strong>de</strong> métier, c’est lediagnostic, le traitement, l’éducationthérapeutique… Dans l’état actuel<strong>de</strong> la démographie médicale, nousavons suffisamment <strong>de</strong> tâches àassumer. Enseigner aux <strong>patients</strong> leurs<strong>droit</strong>s, ce peut être le rôle du mon<strong>de</strong>associatif ».<strong>droit</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une réparation judiciairesemble discutable aux yeux <strong>de</strong> certains professionnels,qui craignent que le fait <strong>de</strong> donner plus<strong>de</strong> poids à la parole du patient qu’à celle du mé<strong>de</strong>cinn’engendre <strong><strong>de</strong>s</strong> dérives. Le spectre d’unesociété fortement judiciarisée, à l’américaine, estprésent… Par ailleurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> freins réels à l’application<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s existent, indiquent les professionnelssondés. Ils citent le défaut d’information et<strong>de</strong> formation sur ce sujet, une absence <strong>de</strong> coordinationentre les différents intervenants autourdu patient, la résistance <strong>de</strong> certains praticiens…C’est surtout le manque <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> moyensmatériels qui revient, tel un leitmotiv.Communication et formationComment surmonter ces obstacles ? Le ministère<strong>de</strong> la Santé prévoit, dans les mois à venir, unecampagne d’information à <strong><strong>de</strong>s</strong>tination <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels,ciblant les thèmes les plus importants :désignation <strong>de</strong> la personne <strong>de</strong> confiance, accompagnement<strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> vie, consentement, informationssur les risques… « L’information constituel’un <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s fondamentaux <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>, età ce titre, les mé<strong>de</strong>cins ont un rôle tout particulierà jouer », commente le D r Alexandra Fourca<strong>de</strong>,responsable <strong>de</strong> la mission « <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers »au ministère <strong>de</strong> la Santé. Autre idée : l’intégration<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong>de</strong> <strong>patients</strong> dans les thèmes du développementprofessionnel continu (DPC). Enfin,développer la réflexion éthique et réintroduire lesdisciplines humanistes dans la formation initiale<strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins sont <strong><strong>de</strong>s</strong> pistes à creuser. Le conseilnational <strong>de</strong> l’Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins a d’ailleurs inscritdans ses travaux une réflexion sur les dispositifsd’annonce <strong>de</strong> maladies graves (voir la vidéoet le communiqué sur le site www.conseil-national.me<strong>de</strong>cin.fr).L’Ordre souhaite faire évoluer laformation initiale et continue <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins sur cesujet et élaborer un cadre <strong>de</strong> « bonnes pratiques »en s’inspirant <strong>de</strong> l’expérience du dispositif d’annonceen cancérologie. « Ce qui témoigne d’unevolonté <strong>de</strong> reconnaître l’importance <strong>de</strong> l’approcheéthique et déontologique dans la pratique médicale», commente Alexandra Fourca<strong>de</strong>. Et qui vadans le sens du respect <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>…mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> I13Cahierpratique14 Les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> :<strong><strong>de</strong>s</strong> fondamentaux issus<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong>de</strong> l’homme15 Le <strong>droit</strong> à être informésur son état <strong>de</strong> santé16 Le <strong>droit</strong> à l’accès au dossiermédical17 Le <strong>droit</strong> à l’informationsur la tarification<strong><strong>de</strong>s</strong> prestations médicales19 Le <strong>droit</strong> au soulagement<strong>de</strong> la douleur20 Le <strong>droit</strong> <strong>de</strong> désignerune personne <strong>de</strong> confiance21 Le <strong>droit</strong> à obtenirréparation d’un préjudice22 Le <strong>droit</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> usagersà être représentés au sein<strong><strong>de</strong>s</strong> instances <strong>de</strong> santé18 Le <strong>droit</strong> du mala<strong>de</strong>en fin <strong>de</strong> viemé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


14Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> :<strong><strong>de</strong>s</strong> fondamentaux issus<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong>de</strong> l’hommeLes <strong>droit</strong>s fondamentaux <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> sontinscrits en filigrane dans la Déclarationuniverselle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong>de</strong> l’homme, et seretrouvent explicitement dans la charte<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s fondamentaux <strong>de</strong> l’Unioneuropéenne, dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santépublique et, en miroir, dans le co<strong>de</strong><strong>de</strong> déontologie médicale.La liberté <strong>de</strong> choixLa personne mala<strong>de</strong> a la liberté <strong>de</strong> choisir son praticien(article L.1110-8 du CSP), son établissement,son service <strong>de</strong> prise en charge, à l’hôpital ou en libéral.En miroir, l’article 6 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologiemédicale précise que « le mé<strong>de</strong>cin doit respecter le<strong>droit</strong> que possè<strong>de</strong> toute personne <strong>de</strong> choisir librementson mé<strong>de</strong>cin. Il doit lui faciliter l’exercice <strong>de</strong>ce <strong>droit</strong> ». Cette liberté est toutefois limitée par lescapacités techniques <strong><strong>de</strong>s</strong> établissements, les situationsd’urgence, l’organisation <strong><strong>de</strong>s</strong> soins, la laïcité(un patient ne peut refuser les soins d’un professionnel<strong>de</strong> santé au titre <strong>de</strong> la religion connue ousupposée <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier).Le <strong>droit</strong> à <strong><strong>de</strong>s</strong> soins <strong>de</strong> qualitéet à la non-discriminationCe <strong>droit</strong> découle du <strong>droit</strong> fondamental <strong>de</strong> la « protection<strong>de</strong> la santé », inscrit au premier article (L.1110-1)du CSP. Ce <strong>droit</strong> recouvre les soins, mais aussi lesactions <strong>de</strong> prévention. Depuis 1999, l’exercice <strong>de</strong>ce <strong>droit</strong> est facilité par la couverture maladie universelle,qui finance les dépenses <strong>de</strong> santé <strong><strong>de</strong>s</strong> plusdémunis. Par ailleurs, un mé<strong>de</strong>cin n’a pas le <strong>droit</strong> <strong>de</strong>discriminer un patient (article L.1110-3 du CSP etarticle 7 du CDM), c’est-à-dire <strong>de</strong> refuser <strong>de</strong> prendreen charge une personne en fonction <strong>de</strong> son origine,<strong>de</strong> ses mœurs, <strong>de</strong> son apparence, <strong>de</strong> sa religion…Le consentement aux soinsLe patient a le <strong>droit</strong> d’accepter ou non les soins quelui propose le mé<strong>de</strong>cin. Ce <strong>de</strong>rnier doit donc informerson patient <strong>de</strong> façon claire, <strong>de</strong> manière à ceque celui-ci puisse donner ou non son consentement« libre et éclairé » (article 36 du CDM et articleL.1111-4 du CSP). En cas <strong>de</strong> refus, le mé<strong>de</strong>cin doittenter <strong>de</strong> convaincre, et informer son patient sur lesconséquences <strong>de</strong> son refus. En cas d’incapacité dumala<strong>de</strong> d’exprimer son consentement, la personne<strong>de</strong> confiance ou les proches doivent être informés,sauf urgence ou impossibilité.Le <strong>droit</strong> au secret médicalC’est un <strong>droit</strong> pour le patient (1 er et 2 e alinéas <strong>de</strong>l’article L.1110-4 du CSP) mais aussi un <strong>de</strong>voir pourle mé<strong>de</strong>cin (article 4 du CDM). Il recouvre les informationsqui sont confiées au mé<strong>de</strong>cin, mais aussice que celui-ci a vu, entendu ou compris. Il en va<strong>de</strong> l’intérêt privé du patient, et <strong>de</strong> l’intérêt généralen tant que condition nécessaire à l’exercice <strong>de</strong> lamé<strong>de</strong>cine. Certaines exceptions sont cependantprévues (article L.226-14 du co<strong>de</strong> pénal).Le respect <strong>de</strong> l’intimité, <strong>de</strong> la vie privéeet <strong>de</strong> la dignitéLe mé<strong>de</strong>cin ne doit pas s’immiscer dans les affairespersonnelles, familiales, intimes du patient (article51 du CDM et article L.1110-4 du CSP). Pendantles soins, il doit respecter l’intimité physique du patient.Ainsi, un examen ou un soin ne peut être pratiquéen présence d’étudiants sans le consentementpréalable du patient.Le <strong>droit</strong> à la prise en charge<strong>de</strong> la douleur et <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> vieEn toutes circonstances, le mé<strong>de</strong>cin doit s’efforcer <strong><strong>de</strong>s</strong>oulager les souffrances du mala<strong>de</strong> par <strong><strong>de</strong>s</strong> moyensappropriés à son état, et le soutenir moralement(article 37 du CDM). En ce qui concerne la fin <strong>de</strong>vie, la loi Leonetti (articles L.1110-5 et suivants duCSP) autorise le mé<strong>de</strong>cin à soulager la douleur, ycompris si le traitement peut avoir pour effet secondaired’abréger la vie du patient. Cette loi consacreplus largement le <strong>droit</strong> du mala<strong>de</strong> à bénéficier <strong><strong>de</strong>s</strong>oins palliatifs et à s’opposer à tout acte médical.Elle condamne l’obstination diagnostique ou thérapeutique.Références :Constitution française du 4 octobre 1958Déclaration <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong>de</strong> l’homme et du citoyendu 26 août 1789Charte <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s fondamentaux <strong>de</strong> l’Union européenneCo<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique, articles L.1110-1 à L.1110-11,articles L.1111-1 à L.1111-9, article R.1112-46Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la qualité du système <strong>de</strong> santéLoi n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la fin <strong>de</strong> vie, dite loi LeonettiArticles 4, 6, 7, 37 et 51 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicale etses commentaires.mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


cahier pratique I15Le <strong>droit</strong> à être informésur son état <strong>de</strong> santéLa loi du 4 mars 2002 relative aux <strong>droit</strong>s<strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la qualité du système<strong>de</strong> santé (codifiée dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>la santé publique) a consacré le <strong>droit</strong>du patient à être informé sur son état<strong>de</strong> santé. Avant toute intervention et aprèsen cas <strong>de</strong> dommage associé aux soinsou d’exposition à <strong>de</strong> nouveaux risques.Une information très largeL’article L.1111-2 du CSP indique que « toute personnea le <strong>droit</strong> d’être informée sur son état <strong>de</strong> santé». Le texte précise que cette information porte surles différentes investigations, traitements ou actions<strong>de</strong> prévention qui sont proposés, leur utilité, leururgence éventuelle, leurs conséquences, les risquesfréquents ou graves normalement prévisibles qu’ilscomportent ainsi que sur les autres solutions possibleset sur les conséquences prévisibles en cas <strong>de</strong>refus.Une information non limitéedans le tempsLorsque, postérieurement à l’exécution <strong><strong>de</strong>s</strong> investigations,traitements ou actions <strong>de</strong> prévention,<strong><strong>de</strong>s</strong> risques nouveaux sont i<strong>de</strong>ntifiés, la personneconcernée doit en être informée, sauf en cas d’impossibilité<strong>de</strong> la retrouver.Une information mêmeen cas <strong>de</strong> dommageL’article L.1142-4 du CSP ajoute que « toute personnevictime ou s’estimant victime d’un dommage imputableà une activité <strong>de</strong> prévention, <strong>de</strong> diagnostic ou<strong>de</strong> soins ou ses ayants <strong>droit</strong>, si la personne est décédée,ou, le cas échéant, son représentant légal, doitêtre informée par le professionnel, l’établissement <strong><strong>de</strong>s</strong>anté, les services <strong>de</strong> santé ou l’organisme concernésur les circonstances et les causes <strong>de</strong> ce dommage. »Cette information lui est délivrée au plus tard dansles quinze jours suivant la découverte du dommageou la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> expresse du patient, lors d’un entretienau cours duquel la personne peut se faire assisterpar un mé<strong>de</strong>cin ou une autre personne <strong>de</strong> son choix.Une obligation pourle professionnel <strong>de</strong> santéLe corollaire <strong>de</strong> ce <strong>droit</strong> à l’information, c’est l’obligationd’information qui incombe au professionnel <strong><strong>de</strong>s</strong>anté. « Le mé<strong>de</strong>cin doit à la personne qu’il examine,qu’il soigne ou qu’il conseille une information loyale,CDM : co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicaleCSP : co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publiqueLe désir <strong>de</strong> ne pas êtreinforméLe mé<strong>de</strong>cin ne peut passer outre au désir <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>patients</strong> <strong>de</strong> ne pas savoir. Des exceptions sontcependant prévues :- lorsque le patient est atteint d’une maladie quiexpose les tiers à un risque <strong>de</strong> contamination(article 35 du CDM)- lorsque le patient est atteint d’une maladietransmissible à <strong><strong>de</strong>s</strong> tiers (article L.1111-2,4 e al., du CSP)Le cas <strong>de</strong> l’anomalie génétique grave n’est pasune exception à l’obligation d’information puisquel’article L. 1131-1-2 organise l’information familiale.C’est un compromis entre le respect du <strong>droit</strong> dupatient dépisté et l’information obligatoire <strong>de</strong> laparentèle.claire et appropriée sur son état, les investigationset les soins qu’il lui propose. Tout au long <strong>de</strong> la maladie,il tient compte <strong>de</strong> la personnalité du patientdans ses explications et veille à leur compréhension,précise l’article 35 du CDM. Toutefois, sous réserve<strong><strong>de</strong>s</strong> dispositions <strong>de</strong> l’article L. 1111-7, dans l’intérêt dumala<strong>de</strong> et pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons légitimes que le praticienapprécie en conscience, un mala<strong>de</strong> peut être tenudans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronosticgraves, sauf dans les cas où l’affection dont il est atteintexpose les tiers à un risque <strong>de</strong> contamination. »Une modalité privilégiée :l’entretien individuelLe CSP impose que l’information sur l’état <strong>de</strong> santésoit délivrée au cours d’un entretien individuel. Encas <strong>de</strong> litige avec le patient, il appartient toutefois auprofessionnel <strong>de</strong> santé ou à l’établissement <strong>de</strong> santéd’apporter la preuve que l’information a été délivréeà l’intéressé. Cette preuve peut être apportée partout moyen.Références :Article 35 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicale et sescommentairesCo<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique, articles L.1111-2,L.1131-1 et L.1142-4Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la qualité du système <strong>de</strong> santémé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


16Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Le <strong>droit</strong> à l’accèsau dossier médicalDepuis la loi du 4 mars 2002, tout patientqui en fait la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> a un accès « direct »aux informations relatives à sa santé. Lesprofessionnels sont donc tenus <strong>de</strong> remplirun dossier médical et <strong>de</strong> l’archiver.De quoi s’agit-il ?L’article L.1111-7 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique (CSP)donne à toute personne le <strong>droit</strong> d’accé<strong>de</strong>r aux informationsrelatives à sa santé qui sont détenues par unprofessionnel <strong>de</strong> santé ou un établissement <strong>de</strong> soins.L’article R.1112-7 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique prévoitdésormais que le dossier médical est conservépendant une durée <strong>de</strong> 20 ans à compter <strong>de</strong> la date du<strong>de</strong>rnier séjour du patient dans l’établissement ou <strong>de</strong>la <strong>de</strong>rnière consultation À défaut <strong>de</strong> réglementationconcernant les dossiers établis hors établissement <strong><strong>de</strong>s</strong>anté, l’Ordre recomman<strong>de</strong> aux professionnels <strong><strong>de</strong>s</strong>anté exerçant en cabinet <strong>de</strong> s’aligner a minima surles règles existantes en matière <strong>de</strong> dossier médicaldétenu par les établissements <strong>de</strong> santé.Ce que doit contenir le dossierEn milieu hospitalierDans les établissements <strong>de</strong> santé publics et privés,les professionnels <strong>de</strong> santé doivent consignertoutes les informations concernant le patient dansun « dossier d’hospitalisation », dont le contenu estencadré, sans exhaustivité, par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santépublique à l’article R.1112-2.En milieu libéralL’article 45 du CDM prévoit que le mé<strong>de</strong>cin doittenir pour chaque patient une fiche d’observationqui lui est personnelle ; cette fiche est confi<strong>de</strong>ntielleet comporte les éléments actualisés, nécessairesaux décisions diagnostiques et thérapeutiques. Lescommentaires <strong>de</strong> l’article 45 précisent que les fichesd’observation peuvent être communiquées, en partieou en totalité, dans certaines circonstances biendéterminées, s’il n’existe pas d’autre dossier médicaldisponible du patient.L’accès au DMP! Vous ne pouvez accé<strong>de</strong>r à un DMP qu’avecl’autorisation <strong>de</strong> votre patient, sauf en casd’urgence (et si le patient ne vous a pas « bloqué »explicitement). Vous pouvez y ajouter <strong><strong>de</strong>s</strong>documents à tout moment, mais pas en supprimer.Le DMP ne se substitue pas à votre dossier ouvotre fiche personnelle (voir Bulletin <strong>de</strong> l’Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong>mé<strong>de</strong>cins, pp. 6-7 mai-juin 2011)Pour en savoir plus : www.dmp.gouv.frsauf s’ils sont dans l’incapacité <strong>de</strong> prendre <strong><strong>de</strong>s</strong> décisionsrelatives à leur santé. L’accès peut alors êtreconféré à la personne en charge <strong>de</strong> leur protection.Pour les personnes admises en soins psychiatriqueà la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’un tiers ou sur décision du représentant<strong>de</strong> l’État, l’accès au dossier peut être subordonnéà la présence d’un mé<strong>de</strong>cin désigné par le<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur (loi n° 2011-803 du 5/07/2011).L’ayant <strong>droit</strong> d’un patient décédé peut avoir accès,sauf volonté contraire exprimée par la personneavant son décès, aux seules informations qui lui sontnécessaires pour connaître les causes <strong>de</strong> la mort,défendre la mémoire du défunt ou faire valoir ses<strong>droit</strong>s.Une seule limite est prévue au <strong>droit</strong> d’accès en général.Il concerne <strong><strong>de</strong>s</strong> informations pour lesquellesil est mentionné qu’elles ont été obtenues auprès<strong>de</strong> tiers n’intervenant pas dans la prise en chargethérapeutique ou concernant <strong>de</strong> tels tiers.La procédureL’accès n’est possible qu’après un délai <strong>de</strong> 48 heureset doit être effectif sous 8 jours pour les informationsdatant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 5 ans et sous 2 mois pourles informations plus anciennes. L’accès est gratuitlorsqu’il a lieu sur place, seuls <strong><strong>de</strong>s</strong> frais <strong>de</strong> reproductionet d’envoi peuvent être facturés en cas d’envoià distance.Le <strong>droit</strong> d’accèsIl ne se limite pas au patient lui-même. Le <strong>droit</strong> d’accèsrevient aussi au titulaire <strong>de</strong> l’autorité parentalepour les mineurs, sous réserve que le mineur n’aitpas exercé son <strong>droit</strong> d’opposition prévu à l’articleL.1111-5 du CSP. À noter que les majeurs sous tutelleont un <strong>droit</strong> d’accès direct à leur dossier médical,Références :Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique, articles L.1111-1 et suivantsCo<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicale, article 45 et sescommentairesNote éditée par le Cnom « Information du patient dansla loi du 4 mars 2002 : accès aux informations <strong>de</strong> santé »disponible sur www.conseil-national.me<strong>de</strong>cin.frmé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


cahier pratique I17Le <strong>droit</strong> à l’informationsur la tarification<strong><strong>de</strong>s</strong> prestations médicalesEn ce qui concerne l’information sur lesaspects financiers <strong>de</strong> la relation mé<strong>de</strong>cinpatient,les obligations du mé<strong>de</strong>cinsont précisées dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santépublique (CSP) à l’article L.1111-3. Ellestiennent en <strong>de</strong>ux mots : affichage et <strong>de</strong>vis.Le contenu <strong>de</strong> l’informationfinancièreL’article L.1111-3 du CSP (révisé par la proposition <strong>de</strong>loi Fourca<strong>de</strong> adoptée mais non encore publiée) préciseque toute personne a <strong>droit</strong>, à sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, à uneinformation, délivrée par les établissements et services<strong>de</strong> santé publics et privés, sur les frais auxquelselle pourrait être exposée à l’occasion d’activités <strong>de</strong>prévention, <strong>de</strong> diagnostic et <strong>de</strong> soins et les conditions<strong>de</strong> leur prise en charge. « Les professionnels <strong><strong>de</strong>s</strong>anté d’exercice libéral ainsi que les professionnels<strong>de</strong> santé exerçant en centres <strong>de</strong> santé doivent, avantl’exécution d’un acte, informer le patient <strong>de</strong> son coûtet <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> son remboursement par les régimesobligatoires d’assurance maladie. Lorsquel’acte inclut la fourniture d’un dispositif médical surmesure, l’information écrite délivrée gratuitementau patient comprend, <strong>de</strong> manière dissociée, le prix<strong>de</strong> vente <strong>de</strong> l’appareil proposé et le montant <strong><strong>de</strong>s</strong>prestations <strong>de</strong> soins assurées par le praticien, ainsique le tarif <strong>de</strong> responsabilité correspondant et, lecas échéant, en application du <strong>de</strong>uxième alinéa duprésent article, le montant du dépassement facturé. »L’affichageLe professionnel <strong>de</strong> santé doit afficher <strong>de</strong> façon visibleet lisible dans sa salle d’attente ou à défaut dansson lieu d’exercice les informations relatives à seshonoraires, y compris les dépassements qu’il facture.Information écrite préalableUne information écrite préalable précisant le tarif<strong><strong>de</strong>s</strong> actes effectués ainsi que la nature et le montantdu dépassement facturé doit être obligatoirementremise par le professionnel <strong>de</strong> santé à son patientdès lors que ses honoraires dépassent un seuil fixépar arrêté <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres chargés <strong>de</strong> la Santé et<strong>de</strong> la Sécurité sociale. Aujourd’hui, le seuil a étéfixé à 70 euros, par l’arrêté du 2 octobre 2008. Si leCDM : co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicaleCSP : co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publiqueprofessionnel prescrit un acte à réaliser lors d’uneconsultation ultérieure, il est tenu <strong>de</strong> remettre à sonpatient l’information préalable sur le tarif <strong>de</strong> cet acte,y compris si ses honoraires sont inférieurs à ce seuil<strong>de</strong> 70 euros. L’obligation <strong>de</strong> fournir au patient ce« <strong>de</strong>vis » n’est donc plus réservée aux seuls actes <strong>de</strong>chirurgie esthétique (article L.6322-2 du CSP), auxsoins <strong>de</strong>ntaires coûteux (article R.4127-240 du CSP)ou à la fourniture d’orthèses ou <strong>de</strong> prothèses parun pédicure-podologue (article R.4322-60 du CSP).Avec « tact et mesure »En marge <strong>de</strong> l’information due aux <strong>patients</strong>, l’article53 du CDM rappelle à tous les praticiens que leshonoraires doivent être déterminés avec « tact etmesure », en tenant compte <strong>de</strong> la réglementationen vigueur, <strong><strong>de</strong>s</strong> actes dispensés ou <strong>de</strong> circonstancesparticulières. Ils ne peuvent être réclamés qu’àl’occasion d’actes réellement effectués. L’avis ou leconseil dispensé à un patient par téléphone ou correspondancene peut donner lieu à aucun honoraire.Un mé<strong>de</strong>cin doit répondre à toute <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’informationpréalable et d’explications sur ses honorairesou le coût d’un traitement. Aucun mo<strong>de</strong> particulier<strong>de</strong> règlement ne peut être imposé aux mala<strong><strong>de</strong>s</strong>.Les sanctions possiblesS’il n’a pas respecté ses obligations d’affichage etd’information ou bien s’il n’a pas fixé ses honorairesavec tact et mesure, il est notifié au professionnel<strong>de</strong> santé un rappel <strong>de</strong> réglementation. Le praticienqui persisterait dans ces manquements encourraitune amen<strong>de</strong> administrative <strong>de</strong> 3 000 euros. Dansces <strong>de</strong>ux cas, le mé<strong>de</strong>cin encourt <strong><strong>de</strong>s</strong> sanctions disciplinairesordinales.Références :Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique, article L.1111-3Arrêté du 2 octobre 2008 fixant le seuil prévuà l’article L.1111-3 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publiqueCo<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicale, article 53 et commentairesLoi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la qualité du système <strong>de</strong> santéEn savoir plus : www.conseil-national.me<strong>de</strong>cin.fr/(rubrique Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie)mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


18Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Le <strong>droit</strong> du mala<strong>de</strong> en fin <strong>de</strong> vieEn vigueur <strong>de</strong>puis avril 2005, la loi« Leonetti » a instauré un <strong>droit</strong> au « laissermourir », sans toutefois dépénaliserl’euthanasie. Elle renforce le <strong>droit</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et sécurise l’exercice <strong>de</strong>la mé<strong>de</strong>cine dans les situations délicates<strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> vie.Une recherche d’équilibreSouvent appelée loi « Leonetti », du nom <strong>de</strong> son promoteur,le cardiologue et alors député Jean Leonetti,la loi relative aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la fin <strong>de</strong>vie a été promulguée en avril 2005. Pour l’essentiel,elle a complété ou modifié certains articles duCSP (L.1110-5 et suivants). La loi Leonetti tente <strong>de</strong>répondre à la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés posées auxéquipes médicales et aux familles confrontées audouloureux dilemme <strong>de</strong> la fin vie <strong><strong>de</strong>s</strong> personnesatteintes d’affections graves et incurables : continuerà soigner au prix <strong>de</strong> la souffrance ou arrêter <strong>de</strong> soignerau risque <strong>de</strong> provoquer la mort. Cette loi traduitune recherche d’équilibre entre la protection <strong>de</strong> lavie et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> à mourir sans souffrir.Elle conforte les obligations d’information <strong><strong>de</strong>s</strong>mé<strong>de</strong>cins et propose un cadre à leurs interventionslorsqu’ils doivent faire face à la fin <strong>de</strong> vie. Enfin, ellevise explicitement à développer les soins palliatifsen France.Le refus <strong>de</strong> l’obstination déraisonnableLa loi Leonetti interdit ce qu’on appelle communémentl’acharnement thérapeutique. Le premier chapitre<strong>de</strong> l’article 37 du CDM précise qu’« En toutescirconstances, le mé<strong>de</strong>cin doit s’efforcer <strong>de</strong> soulagerles souffrances du mala<strong>de</strong> par <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens appropriésà son état et l’assister moralement. Il doit s’abstenir <strong>de</strong>toute obstination déraisonnable dans les investigationsRéférences :Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique, articles L.1110-5 et suivantsLoi n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la fin <strong>de</strong> vieDécret n° 2006-119 du 6 février 2006 sur les directivesanticipées prévues par la loi du 22 avril 2005Décret n° 2006-120 du 6 février 2006 relatifà la procédure collégialeDécret n° 2006-122 du 6 février 2006 sur le projetd’établissement ou <strong>de</strong> service social ou médico-socialen matière <strong>de</strong> soins palliatifsDécret n° 2010-107 du 29 janvier 2010 relatifaux conditions <strong>de</strong> mise en œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions <strong>de</strong> limitationou d’arrêt <strong>de</strong> traitementArticle 37 du CDM et commentairesou la thérapeutique et peut renoncer à entreprendre oupoursuivre <strong><strong>de</strong>s</strong> traitements qui apparaissent inutiles,disproportionnés ou qui n’ont d’autre objet ou effet quele maintien artificiel <strong>de</strong> la vie. »Le <strong>droit</strong> du mala<strong>de</strong> au refus<strong>de</strong> traitementL’article L.1111-4 du CSP précise que « le mé<strong>de</strong>cindoit respecter la volonté <strong>de</strong> la personne après l’avoirinformée <strong><strong>de</strong>s</strong> conséquences <strong>de</strong> ses choix. Si la volonté<strong>de</strong> la personne <strong>de</strong> refuser ou d’interrompre touttraitement met sa vie en danger, le mé<strong>de</strong>cin doit toutmettre en œuvre pour la convaincre d’accepter lessoins indispensables ». Dans ce cas, le mé<strong>de</strong>cin disposed’un délai raisonnable pour le faire changerd’avis, il ne doit pas hésiter à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l’interventiond’un confrère.Les directives anticipées du mala<strong>de</strong>La loi Leonetti impose aux mé<strong>de</strong>cins le respect <strong>de</strong> lavolonté <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>. En particulier, l’article L.1111-11 du CSP précise que « toute personne majeurepeut rédiger <strong><strong>de</strong>s</strong> directives anticipées pour le cas oùelle serait un jour hors d’état d’exprimer sa volonté.Ces directives indiquent les souhaits <strong>de</strong> la personnerelatifs à sa fin <strong>de</strong> vie concernant les conditions <strong>de</strong>limitation ou d’arrêt <strong>de</strong> traitement. Elles sont révocablesà tout moment. » Elles sont conservées dansle dossier médical du mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> ville, ou dansle dossier médical hospitalier. Elles peuvent êtreconservées par leur auteur, remises à la personne<strong>de</strong> confiance, ou, à défaut, à un proche. À conditionqu’elles aient été établies moins <strong>de</strong> trois ans avantl’état d’inconscience <strong>de</strong> la personne, le mé<strong>de</strong>cin entient compte pour toute décision.La procédure collégiale d’arrêt ou<strong>de</strong> limitation <strong><strong>de</strong>s</strong> traitementschez une personne inconscienteL’article L.1111-4 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publiqueprécise que « lorsque la personne est hors d’étatd’exprimer sa volonté, la limitation ou l’arrêt <strong>de</strong>traitement susceptible <strong>de</strong> mettre sa vie en dangerne peut être réalisé sans avoir respecté la procédurecollégiale définie par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicaleet sans que la personne <strong>de</strong> confiance prévue àl’article L.1111-6 ou la famille ou, à défaut, un <strong>de</strong> sesproches et, le cas échéant, les directives anticipées<strong>de</strong> la personne, aient été consultés. » Le 2è chapitre<strong>de</strong> l’article 37 du CDM décrit cette procédure collégiale.« Le mé<strong>de</strong>cin peut engager la procédurecollégiale <strong>de</strong> sa propre initiative. Il est tenu <strong>de</strong> lefaire au vu <strong><strong>de</strong>s</strong> directives anticipées du patient […]ou à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la personne <strong>de</strong> confiance, <strong>de</strong>la famille ou, à défaut, <strong>de</strong> l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> proches. […]mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


cahier pratique I19La décision <strong>de</strong> limitation ou d’arrêt <strong>de</strong> traitementest prise par le mé<strong>de</strong>cin en charge du patient, aprèsconcertation avec l’équipe <strong>de</strong> soins si elle existe etsur l’avis motivé d’au moins un mé<strong>de</strong>cin, appelé enqualité <strong>de</strong> consultant. Il ne doit exister aucun lien<strong>de</strong> nature hiérarchique entre le mé<strong>de</strong>cin en chargedu patient et le consultant. L’avis motivé d’un <strong>de</strong>uxièmeconsultant est <strong>de</strong>mandé par ces mé<strong>de</strong>cins sil’un d’eux l’estime utile. La décision <strong>de</strong> limitation oud’arrêt <strong>de</strong> traitement prend en compte les souhaitsque le patient aurait antérieurement exprimés, enparticulier dans <strong><strong>de</strong>s</strong> directives anticipées, s’il en arédigé, l’avis <strong>de</strong> la personne <strong>de</strong> confiance qu’il auraitdésignée ainsi que celui <strong>de</strong> la famille ou, à défaut, celuid’un <strong>de</strong> ses proches. La personne <strong>de</strong> confiance, sielle a été désignée, la famille ou, à défaut, un prochesont informés <strong>de</strong> la décision <strong>de</strong> limitation ou d’arrêt<strong>de</strong> traitement ».Le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> soulager les souffrancesLe 3è chapitre <strong>de</strong> l’article 37 du CDM en précise lanature. Lorsqu’une limitation ou un arrêt <strong>de</strong> traitementa été décidé, le mé<strong>de</strong>cin, même si la souffrancedu patient ne peut pas être évaluée du fait<strong>de</strong> son état cérébral, met en œuvre les traitements,notamment antalgiques et sédatifs, permettant d’accompagnerla personne. Il veille également à ce quel’entourage du patient reçoive le soutien nécessaire.L’euthanasie reste interditeLa loi Leonetti maintient les textes juridiques antérieursqui interdisent <strong>de</strong> donner délibérément lamort à autrui. Elle n’autorise pas l’euthanasie. L’article38 du CDM affirme que « le mé<strong>de</strong>cin ne doitpas provoquer délibérément la mort ».http://www.conseil-national.me<strong>de</strong>cin.fr/article/le-mala<strong>de</strong>-en-fin-<strong>de</strong>-vie---formation-l’applicationpratique-<strong>de</strong>-la-loi-leonetti-et-<strong>de</strong>-l’article-37-du-1072Le <strong>droit</strong> au soulagement<strong>de</strong> la douleurLe co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique et le co<strong>de</strong><strong>de</strong> déontologie médicale affirment le <strong>droit</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> à être soulagés <strong>de</strong> la douleur,même si le traitement est susceptibled’abréger leur existence.Une évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiquesAu cours <strong>de</strong> la première moitié du XX e siècle, unecertaine philosophie du dolorisme, la crainte <strong>de</strong>nuire avec les prescriptions d’antalgiques majeursdiabolisés par la loi <strong>de</strong> 1916 sur les médicamentsdits stupéfiants et le respect <strong>de</strong> la « douleur symptôme» alors nécessaire au diagnostic ont entravé ledéveloppement <strong>de</strong> pratiques médicales <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées àsoulager la douleur. Depuis une cinquantaine d’années,les conceptions et la pratique ont largementévolué. Aujourd’hui, le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique etle co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicale autorisent explicitementles mé<strong>de</strong>cins à recourir aux médicamentsqui soulagent la douleur.mort. Si le mé<strong>de</strong>cin constate qu’il ne peut soulagerla souffrance d’une personne, en phase avancée outerminale d’une affection grave et incurable, quellequ’en soit la cause, qu’en lui appliquant un traitementqui peut avoir pour effet secondaire d’abrégersa vie, il doit en informer le mala<strong>de</strong>, la personne <strong>de</strong>confiance, la famille ou, à défaut, un <strong><strong>de</strong>s</strong> proches. »L’article 37 du CDM indique qu’« en toutes circonstances,le mé<strong>de</strong>cin doit s’efforcer <strong>de</strong> soulager lessouffrances du mala<strong>de</strong> par <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens appropriésà son état et l’assister moralement ».Les soins palliatifsLes articles L.1110-9 et L.1110-10 du CSP ajoutentque « toute personne mala<strong>de</strong> dont l’état le requiert ale <strong>droit</strong> d’accé<strong>de</strong>r à <strong><strong>de</strong>s</strong> soins palliatifs et à un accompagnement». Les soins palliatifs sont juridiquementdéfinis comme « <strong><strong>de</strong>s</strong> soins actifs et continus pratiquéspar une équipe interdisciplinaire en institutionou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiserla souffrance psychique, à sauvegar<strong>de</strong>r la dignité<strong>de</strong> la personne mala<strong>de</strong> et à soutenir son entourage. »Le soulagement <strong>de</strong> la douleurest un soinL’article L.1110-5 du CSP stipule que « toute personnea le <strong>droit</strong> <strong>de</strong> recevoir <strong><strong>de</strong>s</strong> soins visant à soulagersa douleur. Celle-ci doit être en toutes circonstancesprévenue, évaluée, prise en compte ettraitée. » Le texte ajoute que « les professionnels <strong><strong>de</strong>s</strong>anté mettent en œuvre tous les moyens à leur dispositionpour assurer à chacun une vie digne jusqu’à laCDM : co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicaleCSP : co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publiqueRéférences :Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique, articles L.1110-5, L.1110-9et L.1110-10Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicale, article 37 et commentairesEn savoir plus : www.conseil-national.me<strong>de</strong>cin.fr(rubrique Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie)mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


20Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Le <strong>droit</strong> <strong>de</strong> désignerune personne <strong>de</strong> confianceDepuis la loi du 4 mars 2002, un patientpeut désigner une personne <strong>de</strong> confiancepour l’accompagner dans son parcoursmédical. Ce nouveau <strong>droit</strong> modifiela nature <strong>de</strong> la relation entre le patientet le mé<strong>de</strong>cin.Qui peut désigner une personne<strong>de</strong> confiance ?Seule une personne majeure peut désigner une personne<strong>de</strong> confiance. Dans les cas d’une mise soustutelle, la désignation <strong>de</strong> la personne <strong>de</strong> confiancen’est pas valable si elle a été faite après la miseen place <strong>de</strong> la procédure. Si la désignation a étéfaite avant la mise sous tutelle, le juge <strong><strong>de</strong>s</strong> tutellespeut, soit confirmer la mission <strong>de</strong> la personne <strong>de</strong>confiance antérieurement désignée, soit révoquersa désignation.La personne <strong>de</strong> confiance est nommée par écrit.Le mé<strong>de</strong>cin qui en est informé doit consigner sonnom dans le dossier <strong>de</strong> son patient ou conserver ledocument signé.Qui peut être désigné ?Selon la loi, il peut s’agir d’un parent, d’un proche oudu mé<strong>de</strong>cin traitant. La désignation peut intervenirà tout moment. Elle n’est pas limitée dans le temps etpeut-être révoquée à tout moment. Cependant, plusieurssituations <strong>de</strong> désignation sont explicitementmentionnées dans la loi : lors <strong>de</strong> l’hospitalisation ;dans le cadre d’une prise en charge par un réseau<strong>de</strong> santé ou <strong>de</strong> soins ; dans le cadre <strong>de</strong> la recherchebiomédicale ; dans le cadre <strong>de</strong> la recherche <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiquesou d’empreintes génétiques d’unepersonne ; et dans le cadre <strong>de</strong> la loi du 22 avril 2005relative aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la fin <strong>de</strong> vie.Quel rôle joue la personne<strong>de</strong> confiance ?Elle accompagne le patient. Elle assiste aux entretiensmédicaux. Elle peut ai<strong>de</strong>r le patient à prendre<strong><strong>de</strong>s</strong> décisions. Toutefois, la personne <strong>de</strong> confiancene peut que s’exprimer au nom du patient et non enson nom mais parfois, alors que le patient n’ose pasou est sous le choc d’une annonce, elle peut poser<strong><strong>de</strong>s</strong> questions que le patient aurait souhaité poser etrecevoir du mé<strong>de</strong>cin <strong><strong>de</strong>s</strong> explications qu’elle pourrarépéter au patient. L’article L.1111-4 du CSP préciseque : « Lorsque la personne est hors d’état d’exprimersa volonté, aucune intervention ou investigationne peut être réalisée, sauf urgence ou impossibilité,sans que la personne <strong>de</strong> confiance prévue à l’articleL.1111-6, ou la famille, ou à défaut, un <strong>de</strong> ses prochesait été consulté. » L’article 37 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologiemédicale rappelle que, dans ce cas, la personne <strong>de</strong>confiance peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la mise en œuvre <strong>de</strong> laprocédure collégiale (prévue dans le cadre <strong>de</strong> la loisur la fin <strong>de</strong> vie, cf. pp. 18-19). Elle est consultée surles souhaits qu’aurait exprimés le patient, à défautd’avoir rédigé <strong><strong>de</strong>s</strong> directives anticipées, et son avisdoit être pris en compte dans la décision <strong>de</strong> limitationou d’arrêt <strong>de</strong> traitement. La nature et les motifs<strong>de</strong> la décision lui sont communiqués.Quelle obligation au secretpour la personne <strong>de</strong> confiance ?Le secret médical n’est pas levé vis-à-vis <strong>de</strong> la personne<strong>de</strong> confiance et elle n’a pas accès au dossiermédical ; mais elle assiste, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du patient,aux entretiens. La personne <strong>de</strong> confiance est <strong>de</strong> cefait soumise au secret ensuite. Elle ne <strong>de</strong>vrait néanmoinspas assister à l’examen médical du patient.Celui-ci <strong>de</strong>vrait rester un colloque singulier permettantaussi au mé<strong>de</strong>cin d’affiner la relation mé<strong>de</strong>cinmala<strong>de</strong>.Toutefois, l’article L.1110-4 du CSP précise :« En cas <strong>de</strong> diagnostic ou <strong>de</strong> pronostic grave, le secretmédical ne s’oppose pas à ce que la famille, lesproches <strong>de</strong> la personne mala<strong>de</strong> ou la personne <strong>de</strong>confiance reçoivent les informations nécessaires <strong><strong>de</strong>s</strong>tinéesà leur permettre d’apporter un soutien directà celle-ci, sauf opposition <strong>de</strong> sa part. »Références :Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique, articles L.1110-4 et L.1111-4Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicale, article 37Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la qualité du système <strong>de</strong> santéLoi n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la fin <strong>de</strong> vieEn savoir plus : www.conseil-national.me<strong>de</strong>cin.fr/article/la-personne-<strong>de</strong>-confiance-1037•Rapport du D r Irène Kahn-Bensau<strong>de</strong>, vice-prési<strong>de</strong>ntedu Cnommé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


22Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Le <strong>droit</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> usagersà être représentésau sein <strong><strong>de</strong>s</strong> instances <strong>de</strong> santéLa représentation <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers constitueun <strong>droit</strong> « à part », car collectif, là où lasanté est une affaire intime et le rapportmé<strong>de</strong>cin-mala<strong>de</strong>, une relation singulière.Ce <strong>droit</strong> s’exerce d’ailleurs essentiellementau sein <strong><strong>de</strong>s</strong> établissements <strong>de</strong> santé et <strong><strong>de</strong>s</strong>organismes publics nationaux. Il n’a quepeu d’écho sur l’exercice libéral.Les conditions <strong>de</strong> la représentationAfin <strong>de</strong> canaliser et d’assurer la qualité <strong>de</strong> la représentation<strong><strong>de</strong>s</strong> usagers, le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique(article L.1114-1) restreint ce rôle à <strong><strong>de</strong>s</strong> associationsagréées. L’agrément est accordé pour unepério<strong>de</strong> <strong>de</strong> cinq ans renouvelable. Il peut être <strong>de</strong>portée nationale : il est alors délivré par le ministrechargé <strong>de</strong> la Santé et permet à l’association d’êtrereprésentée dans les instances <strong><strong>de</strong>s</strong> établissementspublics et privés ou dans les organismes <strong>de</strong> santépublique nationaux, régionaux, départementauxou locaux. L’agrément peut aussi être limité à uneéchelle régionale, il est alors délivré par le directeur<strong>de</strong> l’agence régionale <strong>de</strong> santé (ARS), sur avis d’unecommission <strong>de</strong> personnalités qualifiées. Pour êtreagréée, une association doit avoir une activité dansle « domaine <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> la priseen charge <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> ». Cette activité doit viser« la défense <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong>usagers du système <strong>de</strong> santé ainsi que d’un fonctionnementconforme à leurs statuts ». L’association doitaussi faire preuve <strong>de</strong> son indépendance vis-à-vis<strong>de</strong> tout professionnel, établissement, organisme ouacteur économique intervenant dans le domainesanitaire.Droits et missions <strong><strong>de</strong>s</strong> représentantsLes représentants <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers peuvent participerà l’élaboration <strong><strong>de</strong>s</strong> politiques <strong>de</strong> santé notammenten siégeant dans les instances internes <strong><strong>de</strong>s</strong> établissements<strong>de</strong> santé publics ou privés : conseils <strong><strong>de</strong>s</strong>urveillance, commission <strong><strong>de</strong>s</strong> relations <strong><strong>de</strong>s</strong> usagerset <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la prise en charge (CRUQPC),comité <strong>de</strong> lutte contre la douleur… Hors <strong><strong>de</strong>s</strong> établissements,les usagers sont aussi représentés au sein<strong><strong>de</strong>s</strong> conseils <strong>de</strong> surveillance <strong><strong>de</strong>s</strong> ARS (L.1432-3 duCSP), à la Caisse nationale et dans les caisses primairesd’assurance maladie, dans les commissionsmé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011régionales <strong>de</strong> conciliation et d’in<strong>de</strong>mnisation, dansles agences sanitaires… Ils y sont les porte-parole<strong><strong>de</strong>s</strong> usagers, mais ils sont aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires <strong>de</strong>ces structures, chargés d’éclairer les choix <strong><strong>de</strong>s</strong> déci<strong>de</strong>urspolitiques et administratifs.En cas <strong>de</strong> conflit, les associations représentant lesusagers peuvent se porter partie civile, suite à laplainte d’une victime et avec l’accord <strong>de</strong> celle-ci,à condition que l’infraction concernée représenteune mise en cause <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong>de</strong> manière collective.Pour exercer leur mandat, les membres d’associationsagréées bénéficient <strong>de</strong> congé <strong>de</strong> représentation(article L.1114-3 du CSP), dans la limite <strong>de</strong> neuf jourspar an, et d’un <strong>droit</strong> à la formation. Ils perçoiventen outre une in<strong>de</strong>mnité versée par l’établissementconcerné, ou par l’État dans le cas d’instances nationales.La CRUQPC en détailC’est l’instance par excellence <strong>de</strong> la représentation<strong><strong>de</strong>s</strong> usagers au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> établissements. Son fonctionnementest détaillé dans les articles R.1112-79à R.1112-90 du CSP. Elle est présidée par le représentantlégal <strong>de</strong> l’établissement. La CRUQPC veilleau respect <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers et facilite leursdémarches :- Elle a accès à l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> plaintes et réclamationsadressées à l’établissement <strong>de</strong> santé par lesusagers ou leurs proches, ainsi qu’aux réponses etaux suites qui y ont été apportées par les responsables<strong>de</strong> l’établissement.- Elle examine les plaintes et réclamations qui neprésentent pas le caractère d’un recours gracieuxou juridictionnel.- Elle est vigilante à ce que toute personne soit informée<strong><strong>de</strong>s</strong> voies <strong>de</strong> recours et <strong>de</strong> conciliation dontelle dispose.www.leciss.org/publications-documentation/gui<strong><strong>de</strong>s</strong>-et-plaquettesRéférences :Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique, articles L.1114-1 à L.1114-4,article L1432-3, articles R.1112-79 à R.1112-90, articles R.1114-1à R.1114-17Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et à la qualité du système <strong>de</strong> santéCDM : co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie médicaleCSP : co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique


Sur le terrain I 23<strong><strong>de</strong>s</strong> initiativestous azimutsSur le terrain, soignants et personnelsadministratifs multiplient les initiatives pourfavoriser les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>, à l’hôpitalcomme en libéral. Nous en avons sélectionnéplusieurs : elles émanent <strong>de</strong> structureshospitalières, <strong>de</strong> réseau <strong>de</strong> soin, d’Ehpad,d’associations <strong>de</strong> <strong>patients</strong>…La plupart ont été primées dans le cadredu concours sur les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>,initié par le ministère <strong>de</strong> la Santé.La bientraitance, une culture<strong>de</strong> l’attention à l’autreInterview du D r Michel Schmitt, mé<strong>de</strong>cin-chef du pôle d’imageriemédicale <strong>de</strong> l’hôpital Albert-Schweitzer, à ColmarComment est néela charte « Prévenir lamaltraitance, tendreà la bientraitance » dansvotre établissement ?En milieu hospitalier, les soignants, et en particulierles mé<strong>de</strong>cins, n’ont pas toujours conscience <strong>de</strong> ceque peut être la maltraitance. Mettre en place <strong><strong>de</strong>s</strong>règles communes dans ce domaine peut dès lors agircomme un facteur <strong>de</strong> mobilisation pour l’ensemble<strong><strong>de</strong>s</strong> personnels. De ce point <strong>de</strong> vue, l’hôpital Schweitzera fait figure <strong>de</strong> terrain d’expérimentation, car ilprocédait <strong>de</strong> la fusion récente <strong>de</strong> trois établissements<strong>de</strong> proximité. L’hôpital réunit <strong><strong>de</strong>s</strong> équipes qui pouvaientapparaître jusqu’alors comme concurrentes.La charte a constitué un projet fédérateur qui a permisà tous <strong>de</strong> travailler en harmonie et <strong>de</strong> garantirune même qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> soins pour tous les <strong>patients</strong>.Comment avez-vous procédé ?J’ai réuni <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels <strong>de</strong> toutes catégoriespour définir les valeurs fondamentales dusoignant. Ensemble, nous avons recensé lesconduites inacceptables pour un professionnel<strong>de</strong> santé. Un groupe <strong>de</strong> travail, composé à parité<strong>de</strong> professionnels, <strong>de</strong> personnes soignées et leursreprésentants, a également travaillé sur le projet.Aujourd’hui, la charte est aussi <strong>de</strong>venue notre règlementintérieur. Afin <strong>de</strong> montrer l’engagement<strong>de</strong> toute l’équipe <strong>de</strong> soins, elle est communiquéeà chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>.Comment définissez-vous la bientraitance ?Il s’agit d’une culture et d’une posture <strong>de</strong> l’attentionà l’autre. Le patient ne se réduit pas à la maladie quile frappe. La bientraitance repose sur <strong><strong>de</strong>s</strong> gestes quipeuvent paraître anodins, mais qui sont en réalité<strong><strong>de</strong>s</strong> marques <strong>de</strong> respect : expliquer aux <strong>patients</strong> laraison d’une attente avant certains soins, entretenir<strong><strong>de</strong>s</strong> locaux propres et accueillants, rester vigilant surles conditions <strong>de</strong> certaines annonces. Autrement dit,la bientraitance n’est pas qu’une affaire <strong>de</strong> moyens.Tendre une main, sourire, s’enquérir <strong>de</strong> l’autre necoûtent rien et ne prennent pas <strong>de</strong> temps.mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


24Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Favoriserle maintien à domicileLe réseau <strong>de</strong> santé Nord Deux-Sèvres permet à plus <strong>de</strong>300 personnes âgées dépendantes <strong>de</strong> rester à la maison./// Photos : Patricia LecomteRattaché à l’Association gérontologique <strong>de</strong> Gâtine1 , ce réseau gérontologique, qui est né en2001, couvre le nord <strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Sèvres, dontcertains secteurs présentent un déficit en offre <strong><strong>de</strong>s</strong>oins. « La file active <strong>de</strong> <strong>patients</strong> suivis par le réseauest <strong>de</strong> 400 personnes, d’une moyenne d’âge<strong>de</strong> 80 ans », précise Pascal Pousse, directeur <strong>de</strong>l’Association gérontologique <strong>de</strong> Gâtine. Un quart<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes sont atteintes <strong>de</strong> la maladie d’Alzheimerou <strong>de</strong> troubles apparentés ; d’autres ont subi <strong><strong>de</strong>s</strong>chutes, <strong><strong>de</strong>s</strong> fractures, souffrent <strong>de</strong> polypathologiesou <strong>de</strong> cancer. Autant d’affections qui les privent <strong>de</strong>leur autonomie et qui nécessitent la mise en placed’un plan d’accompagnement pour les ai<strong>de</strong>r à resterau domicile. Un <strong>droit</strong> que réclament <strong>de</strong> plus en plus<strong>de</strong> <strong>patients</strong> à l’heure où la dépendance gagne unterrain grandissant…Bâtir le plan d’accompagnement, c’est la mission<strong><strong>de</strong>s</strong> infirmières coordinatrices du réseau, Danielle« Un apport extraordinairepour les mé<strong>de</strong>cins généralistes »D r BertrandPineau,mé<strong>de</strong>cingénéralisteà Saint-Loupsur-Thouet(79)Le réseau est un apportextraordinaire pour nous,mé<strong>de</strong>cins généralistes. Avant sacréation, il nous fallait partir “à la pêche”à <strong>droit</strong>e et à gauche, avec les membres<strong>de</strong> la famille, pour trouver différentspartenaires permettant d’assurer lemaintien à domicile d’un patient.Avec le réseau, à partir du momentoù une personne est en situation <strong>de</strong>fragilité à son domicile, une réunion <strong>de</strong>coordination est organisée avec tousles acteurs susceptibles d’intervenir.Nous mettons tout à plat pour cernerles besoins <strong>de</strong> la personne ; c’est trèsprécieux et instructif. La réunion dureune heure. On peut penser que celareprésente un surcroît <strong>de</strong> travail audépart ; mais, ensuite, pour nous, il y aun réel gain <strong>de</strong> temps. Une fois qu’unepersonne dont je suis le mé<strong>de</strong>cintraitant est incluse, je continue mon suivihabituel. Quand il y a un souci,le réseau me contacte par téléphoneou par mail pour que je voie le patientplus rapi<strong>de</strong>ment que prévu.Ces prises en charge permettentvraiment <strong>de</strong> maintenir à domicile<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui <strong>de</strong>vraient, sanscela, aller en institution. Je pense à<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> mes patientes. Pour Mme G.,rendue quasiment aveugle par unedégénérescence maculaire liéeà l’âge (DMLA) bilatérale, le maintienà domicile s’avère encore possible grâceau réseau et à un certain soutien familial.Autre cas, celui <strong>de</strong> Mme P., perturbéesur le plan cognitif et dépressive, maissuffisamment luci<strong>de</strong> pour refuser leplacement en institution… Le fait <strong>de</strong>disposer <strong>de</strong> différents intervenants auquotidien va la stimuler. »mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


Sur le terrain I25Avant même la réunion,les interventions d’une ai<strong>de</strong>à domicile ont été misesen place, pour ai<strong>de</strong>r lapatiente dans les gestes<strong>de</strong> la vie quotidienne :lever, habillage, toilette…Faut-il prévoir<strong><strong>de</strong>s</strong> interventions<strong>de</strong> l’équipemobile Alzheimerdu nord Deux-Sèvres ? Pourrencontrer Mme P.et répondre àcette question,l’ergothérapeute<strong>de</strong> l’équipeest venue àla réunion <strong>de</strong>coordination.Mé<strong>de</strong>cin traitant<strong>de</strong> Mme P.,le D r BertrandPineau fait partie<strong><strong>de</strong>s</strong> 115 mé<strong>de</strong>cinsgénéralistesdu nord <strong><strong>de</strong>s</strong>Deux-Sèvres quiadhèrent auréseau.Odile Juin (à la <strong>droit</strong>e duD r Pineau) a préparé un pland’accompagnement qu’ellepropose, lors <strong>de</strong> la réunion <strong>de</strong>coordination, aux différentsintervenants conviés : famille(le fils et la belle-fille <strong>de</strong>Mme P.), mé<strong>de</strong>cin traitant,service d’ai<strong>de</strong> à domicile,équipe mobile Alzheimer,représentant du conseilgénéral chargé <strong>de</strong> l’évaluationpour l’APA*…À l’issue <strong>de</strong> laréunion, OdileJuin salueMme P., son filset sa belle-fille,sur le seuil. C’estelle qui pilote laprise en chargeet orchestre lesinterventions<strong><strong>de</strong>s</strong> différentsprofessionnels.*APA : ai<strong>de</strong> personnaliséeà l’autonomieOble-Frau<strong>de</strong>au et Odile Juin. « J’ai été sollicitéerécemment par l’hôpital pour le retour au domiciled’une personne qui ne peut plus se déplacer et quisouffre <strong>de</strong> perte cognitive. Six déplacements quotidiensà son domicile sont nécessaires, détaille DanielleOble-Frau<strong>de</strong>au. Mon rôle est <strong>de</strong> contacter lesdifférents intervenants possibles – kinésithérapeute,ergothérapeute, ai<strong>de</strong> à domicile, personne pour leportage <strong><strong>de</strong>s</strong> repas, infirmière libérale… – et <strong>de</strong> fairele lien avec les travailleurs sociaux pour trouver lesfinancements permettant cette prise en charge. »Une réunion initiale <strong>de</strong> coordination est organiséepar le réseau, au domicile du patient, avec tousles intervenants et le mé<strong>de</strong>cin traitant. Ensuite, laprise en charge dure en moyenne vingt mois. Ainsi,Odile Juin a organisé une réunion <strong>de</strong> coordinationle 29 juin <strong>de</strong>rnier chez le fils <strong>de</strong> Mme P., une dame<strong>de</strong> 90 ans qui souffre <strong>de</strong> troubles cognitifs et d’unedépression profon<strong>de</strong>. « Apathique, cette personne abesoin d’être stimulée. Son fils et sa belle-fille, quijusque-là assuraient seuls la prise en charge, ont besoind’ai<strong>de</strong> », indique Odile Juin. Lors <strong>de</strong> la réunion,différentes pistes complémentaires sont évoquées :interventions <strong>de</strong> l’équipe mobile d’Alzheimer, accueil<strong>de</strong> jour en Ehpad spécialisé… « J’ai proposél’intervention d’une auxiliaire <strong>de</strong> vie le soir, carcette personne refuse parfois <strong>de</strong> se coucher », préciseOdile Juin. Le prochain projet <strong>de</strong> l’Associationgérontologique <strong>de</strong> Gâtine, c’est l’ouverture <strong>de</strong> laMaia (maison pour l’autonomie et l’intégration <strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong> Alzheimer) <strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Sèvres.1. L’association gérontologique <strong>de</strong> Gâtine gère le Clic <strong>de</strong> Gâtine,le réseau <strong>de</strong> santé Nord Deux-Sèvres et la Maia<strong><strong>de</strong>s</strong> Deux-Sèvres.Pour en savoir plus :www.clic-reseau-gatine.frTél. 05 49 63 45 70mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


26Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>CHU <strong>de</strong> BrestDes procédures méconnues,une démarche récompenséeEn 2009, le comité d’éthique du CHU <strong>de</strong>Brest a mis en place une démarche pourque la procédure <strong>de</strong> désignation <strong>de</strong>la personne <strong>de</strong> confiance et le recueil<strong><strong>de</strong>s</strong> directives anticipées fassent partieintégrante <strong>de</strong> la relation mé<strong>de</strong>cin-patient.Une initiative qui lui a valu <strong>de</strong> remporterl’édition 2010 du concours sur les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>patients</strong>, initié par le ministère <strong>de</strong> la Santé./// Photos : Vincent RobinotMettre les procédures <strong>de</strong> désignation <strong>de</strong>la personne <strong>de</strong> confiance et les directivesanticipées au cœur <strong><strong>de</strong>s</strong> relationsentre mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et soignants, telle est l’ambition duCHU <strong>de</strong> Brest. Une volonté impulsée par le comitéd’éthique du CHU, à l’initiative <strong>de</strong> son prési<strong>de</strong>nt, leP r Jean-Michel Boles, PU-PH en réanimation médicale.L’objectif : mieux informer les <strong>patients</strong> sur ces<strong>de</strong>ux <strong>droit</strong>s, lors <strong>de</strong> leur séjour en hospitalisation. Lamise en place <strong>de</strong> cette démarche a nécessité un longtravail en amont. « Une étu<strong>de</strong> réalisée en 2007 dansle service <strong>de</strong> réanimation auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> soignants, <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>patients</strong> et <strong>de</strong> leurs familles avait pointé leur méconnaissanceà l’égard <strong>de</strong> leurs <strong>droit</strong>s, en particulier lapersonne <strong>de</strong> confiance et les directives anticipées.Dès lors, notre préoccupation était <strong>de</strong> faire en sorteque l’information sur ces <strong>de</strong>ux <strong>droit</strong>s soit réellementintégrée dans la pratique <strong><strong>de</strong>s</strong> soignants », précise leP r Jean-Michel Boles. Après une phase <strong>de</strong> réflexion,Deux <strong>droit</strong>s décisifs en casd’hospitalisation! La personne <strong>de</strong> confiance permet au mala<strong>de</strong><strong>de</strong> faire exprimer sa volonté dans l’hypothèseoù il ne serait plus en état <strong>de</strong> le faire lui-même.! Les directives anticipées permettent aumala<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire connaître, par écrit, ses « souhaitsrelatifs à sa fin <strong>de</strong> vie concernant les conditions<strong>de</strong> la limitation ou l’arrêt <strong>de</strong> traitement ».La possibilité <strong>de</strong> désigner une personne <strong>de</strong>confiance est issue <strong>de</strong> la loi du 4 mars 2002 ;la rédaction <strong><strong>de</strong>s</strong> directives anticipées relève,elle, <strong>de</strong> la loi du 22 avril 2005 sur les <strong>droit</strong>sdu mala<strong>de</strong> en fin <strong>de</strong> vie, dite loi Leonetti(voir fiches pratiques, pp. 18 et 20).De gauche à <strong>droit</strong>e :le P r Jean-Michel Boles,prési<strong>de</strong>nt du comité d’éthiquedu CHU, D r Véronique Amiceet Patricia Le Gal, viceprési<strong>de</strong>ntes,et Rémi Brajeul,secrétaire général égalementdirecteur adjoint du CHU.Visuel <strong>de</strong> l’affiche réalisée parle comité d’éthique.le comité d’éthique a émis <strong><strong>de</strong>s</strong> propositions qui ontété adoptées par les instances <strong>de</strong> l’établissement.Des affiches et <strong><strong>de</strong>s</strong> dépliants ont notamment étéréalisés pour être diffusés auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> hospitalisés.En parallèle, le comité d’éthique a forméles professionnels à cette nouvelle responsabilité pédagogique.« La mise en place <strong>de</strong> ces procédures fin2008 a été suivie d’une phase d’évaluation en mai2010 », ajoute le P r Boles. Un questionnaire anonymea ainsi été adressé aux chefs <strong>de</strong> service et aux cadresinfirmiers et une enquête a été réalisée auprès <strong>de</strong>plus <strong>de</strong> 100 usagers. L’enjeu : adopter d’éventuellesmesures correctrices pour améliorer la connaissanceet l’exercice <strong>de</strong> ces <strong>droit</strong>s. Malgré ces efforts, le bilanreste mitigé, puisque seulement 50 % <strong><strong>de</strong>s</strong> servicesqui ont répondu respectent les procédures. Et pis,<strong>de</strong>ux tiers <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers du CHU interrogés disentne connaître ni la personne <strong>de</strong> confiance, ni lesdirectives anticipées. Pour le P r Boles, ces chiffresmontrent que le travail n’est pas terminé. « Il fautpoursuivre la formation <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels <strong>de</strong> santépour que l’information <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> soit réellementintégrée dans leurs pratiques, presque comme unréflexe. »mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


28Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>Accompagnerles rési<strong>de</strong>nts jusqu’au<strong>de</strong>rnier momentÀ Roeulx, dans le Nord, l’Ehpad <strong>de</strong> lafondation Denis-Lemette a une longueexpérience <strong>de</strong> la prise en charge <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>patients</strong> en fin <strong>de</strong> vie./// Photos : Julian RenardLa fondation Denis-Lemette fait partie <strong>de</strong> l’Association<strong>de</strong> développement gérontologiquedu Valenciennois (ADGV), qui rassembleplusieurs Ehpad autour <strong>de</strong> Valenciennes. L’équipe<strong>de</strong> l’établissement s’applique à mettre en œuvrela loi Leonetti. « La semaine <strong>de</strong>rnière, nous avonseu recours à une procédure collégiale pour déci<strong>de</strong>rdu traitement à proposer à une patiente qui a unemaladie d’Alzheimer évoluée et un cancer du côlonavec <strong><strong>de</strong>s</strong> métastases, relate le D r Dominique Ducornez,mé<strong>de</strong>cin coordonnateur. La famille, le mé<strong>de</strong>cintraitant, Marie-Paule Duvergé, la directrice, et moimêmeétions présents. Nous avons décidé d’arrêterles investigations et <strong>de</strong> ne pas traiter le cancer pourle moment. » Pour ce qui est <strong><strong>de</strong>s</strong> directives anticipées,la directrice avoue qu’elles sont rarement formulées.« Ces trois <strong>de</strong>rnières années, nous n’avonseu qu’un seul cas <strong>de</strong> directives anticipées rédigées« La fin <strong>de</strong> vie, c’est un temps à vivre »D r DominiqueDucornez,mé<strong>de</strong>cincoordonnateur<strong>de</strong> l’ADGV et <strong>de</strong>la fondationDenis-LemetteJe suis le mé<strong>de</strong>cin coordonnateur<strong>de</strong> l’ADGV, qui a été crééeen 1995 par un ensemble <strong>de</strong>professionnels (une ai<strong>de</strong>-soignante,une sociologue, moi-même, etc.)pour concevoir et gérer <strong>de</strong> petitesunités <strong>de</strong> vie pour personnes âgéesdépendantes, en mettant en avant lerespect <strong>de</strong> la dignité et <strong>de</strong> la liberté<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes. Dans les différentsétablissements gérés par l’association,chaque rési<strong>de</strong>nt dispose <strong>de</strong> son studio.Par ailleurs, je prési<strong>de</strong> l’Associationvalenciennoise <strong>de</strong> développement<strong><strong>de</strong>s</strong> soins palliatifs, association <strong>de</strong>bénévoles accompagnants, quidispense aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> formations. Jusqu’en2004, j’étais mé<strong>de</strong>cin généraliste. J’aiobtenu un DU <strong>de</strong> soins palliatifs et unecapacité en gérontologie. À l’époque,j’accompagnais assez régulièrement<strong><strong>de</strong>s</strong> fins <strong>de</strong> vie au domicile <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>.Les mé<strong>de</strong>cins généralistes nesont guère informés ni formés àl’accompagnement <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> vie.Le public n’est pas du tout au courant.Et les soignants en Ehpad, guère plus…Les soignants doivent comprendre quela fin <strong>de</strong> vie, c’est un temps à vivre ; cen’est pas une pério<strong>de</strong> inutile. Mais celasuppose que l’on puisse être en mesured’évaluer et <strong>de</strong> traiter la douleur.Or, ce n’est pas encore entré dansles mœurs <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins traitants ;certains pensent « non, il n’a pas mal.Il ne faut pas encore mettre <strong>de</strong> lamorphine »… Il convient d’améliorerla formation initiale, et d’acquérirune culture <strong>de</strong> coopération, travailleren équipe et avec les partenairesextérieurs : réseaux <strong>de</strong> santé, HAD,équipes mobiles… Mais il est vrai quedans certaines zones rurales, cespartenaires font défaut. »mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


Sur le terrain I29La fondation Denis-Lemetteaccueille 28 rési<strong>de</strong>ntsdont la moyenne d’âge est<strong>de</strong> 85 ans. 16 d’entre euxsont en GIR 1 (qui correspondau niveau <strong>de</strong> dépendancele plus élevé).Avec un ratiod’un encadrantpour un rési<strong>de</strong>nt,la fondationDenis-Lemetteest bien dotée enpersonnel.L’équipe <strong>de</strong> l’Ehpad estcomposée <strong>de</strong> 27 personnes(23 équivalents tempsplein, dont le mé<strong>de</strong>cincoordonnateur à mi-tempset une neuropsychologue àmi-temps également). Tousles membres du personnelsuivent régulièrement<strong><strong>de</strong>s</strong> formations aux soinspalliatifs.Chaque rési<strong>de</strong>ntdispose <strong>de</strong> sonpropre studio etd’une boîte auxlettres individuelledans l’établissement.Liberté et intimitésont respectées.par un patient. Nombre <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nts présentent <strong><strong>de</strong>s</strong>troubles cognitifs et peuvent difficilement prendre <strong><strong>de</strong>s</strong>décisions à leur arrivée », avance la directrice.En 2010, 71 % <strong><strong>de</strong>s</strong> décès survenus parmi les rési<strong>de</strong>ntsont eu lieu au sein <strong>de</strong> l’Ehpad – et non àl’hôpital. Au niveau national, ce taux est comprisentre 15 et 25 % en moyenne… C’est une volontéaffichée dans le projet d’établissement : les rési<strong>de</strong>nts<strong>de</strong>meurent dans l’établissement jusqu’à leur <strong>de</strong>rniersouffle. Les hospitalisations sont le plus possible évitées,afin <strong>de</strong> ne pas perturber les <strong>patients</strong>. Pour cela,tous les membres <strong>de</strong> l’équipe ont été formés auxsoins palliatifs. De plus, l’établissement est bien dotéen personnel : le ratio nombre d’encadrants/nombre<strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nts est proche <strong>de</strong> 1 sur 1, ce qui est assezexceptionnel en Ehpad (le ratio moyen était <strong>de</strong> 0,57en 2009, selon la DREES).Si besoin, l’équipe peut faire appel à l’hospitalisationà domicile (HAD) ou à l’équipe mobile <strong>de</strong> soinspalliatifs. « Tous les problèmes peuvent être résolusen Ehpad, sauf s’ils surviennent la nuit, le week-endou les jours fériés », estime Marie-Paule Duvergé.Malgré tout, certaines fins <strong>de</strong> vie sont coûteusesémotionnellement pour le personnel. La neuropsychologuepeut prendre en charge <strong><strong>de</strong>s</strong> membres <strong>de</strong>l’équipe, dans ces moments-là, mais aussi les familles.De plus, la directrice <strong>de</strong> l’établissement secharge <strong>de</strong> soutenir ses équipes et d’organiser <strong><strong>de</strong>s</strong>relais quand une personne s’épuise.Les formations <strong>de</strong> l’ensemble du personnel vont reprendreprochainement. Au programme : définition<strong><strong>de</strong>s</strong> soins palliatifs ; la souffrance globale ; évaluationet prise en charge <strong>de</strong> la douleur ; nécessité absolue<strong>de</strong> travailler en équipe ; réflexion éthique. Chacunsera invité à s’interroger sur le sens qu’il donne àses actes.Contact : ADGV : 03 27 46 53 52 – adgv@wanadoo.frmé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


30 Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> Sur le terrainUn jeu <strong>de</strong> cartes pourconnaître ses <strong>droit</strong>sPierre MORVAN, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la fédérationnationale d’ai<strong>de</strong> aux insuffisants rénaux (FNAIR) Pays <strong>de</strong> la LoireComment est né ce jeu <strong>de</strong> cartes HostoQuiz © ?L’idée est partie du concours organisé l’an <strong>de</strong>rnier parle ministère <strong>de</strong> la Santé dans le cadre <strong>de</strong>la 4 e Journée européenne <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>.Ce concours était ouvert aux associations <strong>de</strong> santéet nous avons eu envie d’y participer. J’ai <strong>de</strong>mandéà notre illustratrice si elle avait une idée. Elle m’arépondu : « Le moyen le plus efficace, c’est un jeu <strong>de</strong>cartes ». J’ai alors repris la liste <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>répertoriés par le ministère <strong>de</strong> la Santé et je les airegroupés six par six pour en faire cinq familles.Pouvez-vous nous décrire ce jeu ?Dans HostoQuiz © , chaque famille représente l’une <strong><strong>de</strong>s</strong>dimensions <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>. Il y a le <strong>droit</strong> auxsoins : efficaces et adaptés, universels, etc. ; le <strong>droit</strong> auchoix : <strong>de</strong> son mé<strong>de</strong>cin, <strong>de</strong> son établissement, etc. ;le <strong>droit</strong> au respect : <strong><strong>de</strong>s</strong> croyances <strong>de</strong> chacun, <strong>de</strong> lavie privée, etc. ; le <strong>droit</strong> à l’information : sur son état<strong>de</strong> santé, accès gratuit et libre à son dossier médical,etc. ; et enfin, le <strong>droit</strong> <strong>de</strong> réclamation : être entendupar un responsable, être reçu par la commission <strong><strong>de</strong>s</strong>relations avec les usagers et <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la priseen charge (CRUQPC)… C’est un jeu pédagogique.Les questions sont drôles mais les réponses trèssérieuses. Nous avons d’ailleurs pris soin <strong>de</strong> les fairevali<strong>de</strong>r par le ministère <strong>de</strong> la Santé.Comment ce jeu est-il diffusé ?Il est distribué gratuitement aux <strong>patients</strong>, au personnelet aux étudiants, par les établissements <strong>de</strong> santéqui, eux, nous les achètent. Pour 1 000 exemplaires,il faut compter 2 euros par jeu. L’argent ainsi récoltéest dédié exclusivement au fonctionnement <strong>de</strong>la Fédération nationale d’ai<strong>de</strong> aux insuffisantsrénaux en Pays <strong>de</strong> la Loire. L’opération a débuté ennovembre 2010 et au 1 er juin 2011, nous en étionsdéjà à 17 000 exemplaires écoulés. C’est un véritablesuccès.Pour en savoir plus :hostoquiz.frAi<strong>de</strong>r les mala<strong><strong>de</strong>s</strong> à emprunterAi<strong>de</strong>r les mala<strong><strong>de</strong>s</strong> à emprunter, tel est le sens du dispositif Aidéa, mis enplace par la Ligue contre le cancer. Gratuit, anonyme et confi<strong>de</strong>ntiel,ce service permet <strong>de</strong> mettre en relation les mala<strong><strong>de</strong>s</strong> avec un réseau <strong>de</strong>professionnels, accessibles <strong>de</strong>puis une plate-forme téléphonique.Créé par la Ligue contre le cancer, Aidéaest un dispositif global mis à la disposition<strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> pour les ai<strong>de</strong>r àemprunter. « Il offre un accompagnement individualiséet une prise en charge <strong>de</strong> la personnequi nous contacte », explique son responsable,le D r Marc Keller, cancérologue et délégué auxaffaires médico-sociales <strong>de</strong> la Ligue. Accessiblespar téléphone et par mail (voir coordonnées ci<strong><strong>de</strong>s</strong>sous),<strong><strong>de</strong>s</strong> conseillers techniques qualifiéssont à la disposition <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> pour les ai<strong>de</strong>r àconstituer leur dossier en vue d’assurer leur prêt.Ils peuvent également aiguiller les appelants versune cellule d’écoute, animée par <strong><strong>de</strong>s</strong> psychologuescliniciens, ou vers la permanence juridique,composée d’avocats bénévoles du barreau <strong>de</strong> Paris.Un réseau <strong>de</strong> cancérologues, experts auprès<strong>de</strong> la Ligue, peut également assister gratuitementles mala<strong><strong>de</strong>s</strong> dans la préparation <strong>de</strong> leurs dossiersmédicaux. « C’est la priorité d’Aidéa », insiste leD r Keller. Si un dossier est incomplet, il est aussitôtajourné, voire refusé par les assureurs. Avec Aidéa,la Ligue se mobilise pour éviter « la double,voire la triple peine dont souffrent les mala<strong><strong>de</strong>s</strong>.Elle les ai<strong>de</strong> à réaliser leurs projets <strong>de</strong> vie », soulignele responsable du service. Aidéa est le fruit<strong>de</strong> la Convention Aeras rénovée (s’Assurer et Emprunteravec un Risque Aggravé <strong>de</strong> Santé), dontla mission est d’améliorer l’accès à l’assurance età l’emprunt <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes ayant ou ayant eu ungrave problème <strong>de</strong> santé. La convention Aerasconcerne les prêts professionnels, les prêts immobilierset les crédits à la consommation. Unenouvelle version <strong>de</strong> la convention a été signée le1 er février 2011 par les pouvoirs publics, les fédérationsprofessionnelles <strong>de</strong> la banque, <strong>de</strong> l’assurance,<strong>de</strong> la mutualité et les associations.Pour en savoir plus : www.ligue-cancer.netAidéa est joignable au 0 810 111 101 (prix d’un appellocal) du lundi au vendredi <strong>de</strong> 9 h à 19 h.mé<strong>de</strong>cins - septembre-octobre 2011


Culture médicale 31Retrouvez sur le site du conseil national<strong>de</strong> l’Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cinswww.conseil-national.me<strong>de</strong>cin.fr! Les articles du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie et ses commentaires! Les rapports émis par l’Ordre sur l’accès au dossier médical, lapersonne <strong>de</strong> confiance, l’e-santé, le consentement aux soins, ledébat sur le dispositif d’annonce…Retrouvez sur le site du collectifinterassociatif sur la santéwww.ciss.org! Des gui<strong><strong>de</strong>s</strong> et plaquettes sur les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>! Des fiches pratiques <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à vos <strong>patients</strong>! Le site http://<strong>droit</strong>s<strong><strong>de</strong>s</strong>mala<strong><strong>de</strong>s</strong>.fr/pour ai<strong>de</strong>r les mala<strong><strong>de</strong>s</strong> à faire valoir leurs <strong>droit</strong>sRetrouvez aussi :! L’espace consacré aux <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> usagersdu ministère <strong>de</strong> la Santéhttp://www.sante.gouv.fr/espace-<strong>droit</strong>s-<strong><strong>de</strong>s</strong>-usagers.html! Le site <strong>de</strong> la Haute Autorité <strong>de</strong> santéwww.has-sante.fr! Le site du pôle santé du médiateur <strong>de</strong> la République(<strong>de</strong>venu le défenseur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s)http://www.securitesoins.fr/À consulter :- Une revue récente : “Être patient, être mala<strong>de</strong>”, le n° 125 <strong><strong>de</strong>s</strong>Cahiers philosophiques (2 e trimestre 2011) paru en avril 2011.- Quelques ouvrages :• Evin Clau<strong>de</strong>, Les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers du système <strong>de</strong> santé,Berger-Levrault Paris 2002, 576 pages.• Jourdain P., Lau<strong>de</strong> A., Penneau J., Porchy-Simon S.,Le nouveau <strong>droit</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong>, Litec, 2002.• Gallay Isabelle, Gui<strong>de</strong> du patient : vos <strong>droit</strong>set vos démarches, Éditions d’organisation, 2005, 232 pages.• Sous la direction <strong>de</strong> Pedrot P. en collaboration avec Ca<strong>de</strong>au E.et Le Coz P., Dictionnaire <strong>de</strong> <strong>droit</strong> <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> labiomé<strong>de</strong>cine, Ellipses, 2006.• Viviana S., Winckler M., Les <strong>droit</strong>s du patient, Fleurus, 2007.• Germond M., Wils J., Patients, quels sont vos <strong>droit</strong>s ?,Éditions In Press, 2007.• Dupont M., Bergoignan-Esper C., Paire C.,Droit hospitalier, Dalloz, 2007.• Lau<strong>de</strong> A., Mathieu B., Tabuteau D., Droit <strong>de</strong> la santé, PUF, 2007.mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011


32 Numéro spécial I <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>« Mettre le patientau centre <strong>de</strong> la santé,ce n’est pas s’opposeraux mé<strong>de</strong>cins »Nathalie Guyon/FTV France 52011 est l’année <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> et <strong>de</strong> leurs<strong>droit</strong>s. Marina Carrère d’Encausse a étédésignée pour la prési<strong>de</strong>r. Une mission quela mé<strong>de</strong>cin-journaliste, coprésentatricedu « Magazine <strong>de</strong> la santé » sur France 5,prend très au sérieux.Le <strong>droit</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> est un sujet quilui tient à cœur en tant que mé<strong>de</strong>cinet journaliste « pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons évi<strong>de</strong>ntes», mais aussi en tant que citoyenne. Durantses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, Marina Carrère d’Encaussea séjourné comme patiente dans plusieursservices hospitaliers à Paris et en province. Cetteexpérience lui a permis <strong>de</strong> prendre conscience<strong>de</strong> l’envers du décor. « J’ai réalisé que les <strong>patients</strong>avaient du mal à être considérés dans leur globalitéd’individus. Ils sont encore souvent désignés parleur organe mala<strong>de</strong>, c’est “le sein <strong>de</strong> la 15”. Parailleurs, leurs <strong>droit</strong>s au respect <strong>de</strong> la pu<strong>de</strong>ur sont régulièrementbafoués. » Marina Carrère d’Encaussese sentait donc une légitimité à prési<strong>de</strong>r cette année2011 qui doit promouvoir les <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>aussi bien auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> que <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins.Car, près <strong>de</strong> dix ans après la promulgation <strong>de</strong> la loi« Droits <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> » du 4 mars 2002, il s’avèreque ces <strong>droit</strong>s restent méconnus. « Ma mission <strong>de</strong>prési<strong>de</strong>nte n’est pas <strong>de</strong> dresser les <strong>patients</strong> contreles mé<strong>de</strong>cins. Surtout pas ! D’ailleurs, en dix ans,les mé<strong>de</strong>cins ont fait d’énormes progrès. À l’hôpital,l’ère <strong><strong>de</strong>s</strong> mandarins est révolue. Mais les mé<strong>de</strong>cinsdoivent intégrer la notion <strong>de</strong> bientraitance dansleurs rapports aux <strong>patients</strong>, surtout à une époqueoù la population vieillit et où le nombre <strong>de</strong> personnesvulnérables augmente », précise Marina.Concrètement, cette année doit faire progressertrois chantiers : la promotion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>,la bientraitance à l’hôpital et les nouvellesattentes <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens acteurs <strong>de</strong> santé, « le tout dansla concertation entre mé<strong>de</strong>cins et usagers ». Au programme,<strong><strong>de</strong>s</strong> colloques, <strong><strong>de</strong>s</strong> débats en région, undispositif <strong>de</strong> labellisation <strong>de</strong> projets innovants enfaveur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong>, un prix « <strong>droit</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>patients</strong> »aux initiateurs du meilleur projet. « Pour que lesambitions <strong>de</strong> cette année ne s’arrêtent pas le 31 décembre,j’aimerais mettre en place un comité <strong>de</strong>pilotage qui vérifiera tout au long <strong>de</strong> l’année 2012que les propositions qui auront été émises soientsuivies d’effets ! »mé<strong>de</strong>cins - septembre - octobre 2011

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