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60e session nationale (2007-2008) Rapport présenté par le ... - IHEDN

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ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT


- 4 -SOMMAIRESYNTHESE - 5 -INTRODUCTION - 7 -I. LES ENJEUX DE LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT - 9 -A. La problématique « environnementa<strong>le</strong> » sur Terre - 9 -B. La problématique « environnementa<strong>le</strong> » dans l’espace extra-atmosphérique - 14 -C. Les conséquences potentiel<strong>le</strong>s pour la sécurité et la défense - 18 -II. L’ESPACE, UN OUTIL ESSENTIEL MAIS INSUFISAMENT CONNU - 22 -A. Les motivations de la conquête spatia<strong>le</strong> - 22 -B. L’espace au service de la protection de l’environnement - 24 -C. Une activité spatia<strong>le</strong> qui doit être exemplaire - 31 -III. L’ESPACE, UNE GARANTIE NECESSAIRE A NOTRE AVENIR - 37 -A. Les nouveaux domaines à couvrir - 37 -B. Quel<strong>le</strong> gouvernance de la protection de l’environnement ? - 41 -C. Un facteur de motivation au profit de l’homme et de la planète - 46 -CONCLUSION - 54 -TABLE DES MATIERES - 56 -ENTRETIENS - 58 -BIBLIOGRAPHIE - 59 -ANNEXE 1 : PROPOSITIONS - 60 -ANNEXE 2 : CHARTE INTERNATIONALE ESPACE ET CATASTROPHES MAJEURES - 62 -ANNEXE 3 : PROGRAMMES DES AGENCES SPATIALES CONTRIBUANT A LA PROTECTION DEL’ENVIRONNEMENT - 66 -ANNEXE 4 : SYSTEMES MILITAIRES EUROPEENS ET AMERICAINS OPERATIONNELS - 75 -COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


(2) Weist der Netzbetreiber den Anlagen nach § 5 Abs. 3 einen anderenVerknüpfungspunkt zu, muss er die daraus resultierenden Mehrkosten tragen.Nichtamtliches Inhaltsverzeichnis§ 14 KapazitätserweiterungDie Kosten der Optimierung, der Verstärkung und des Ausbaus des Netzes trägt derNetzbetreiber.Nichtamtliches Inhaltsverzeichnis§ 15 Vertragliche Vereinbarung(1) Netzbetreiber können infolge der Vereinbarung nach § 8 Abs. 3 entstandeneKosten im nachgewiesenen Umfang bei der Ermittlung des Netzentgelts in Ansatzbringen.(2) Die Kosten unterliegen der Prüfung auf Effizienz durch die Regulierungsbehördenach Maßgabe der Vorschriften des Energiewirtschaftsgesetzes.Nichtamtliches InhaltsverzeichnisTeil 3VergütungAbschnitt 1Allgemeine Vergütungsvorschriften§ 16 Vergütungsanspruch(1) Netzbetreiber müssen Anlagenbetreiberinnen und -betreibern Strom aus Anlagen,die ausschließlich Erneuerbare Energien oder Grubengas einsetzen, mindestensnach Maßgabe der §§ 18 bis 33 vergüten.(2) Die Verpflichtung zur Vergütung des Stroms besteht nach Einrichtung desAnlagenregisters nach § 64 Abs. 1 Satz 1 Nr. 9 nur, wenn die Anlagenbetreiberinoder der Anlagenbetreiber die Eintragung der Anlage in das Anlagenregisterbeantragt hat. Für Strom aus Anlagen nach den §§ 32 und 33 besteht dieVerpflichtung zur Vergütung abweichend von Satz 1 nur, wenn dieAnlagenbetreiberin oder der Anlagenbetreiber den Standort und die Leistung derAnlage der Bundesnetzagentur gemeldet hat; § 51 Abs. 3 Satz 1 gilt entsprechend.(3) Die Verpflichtung nach Absatz 1 besteht auch dann, wenn der Stromzwischengespeichert worden ist.(4) Anlagenbetreiberinnen und -betreiber, die den Vergütungsanspruch für Strom auseiner Anlage geltend machen, sind verpflichtet, ab diesem Zeitpunkt den gesamten indieser Anlage erzeugten Strom,a)für den dem Grunde nach ein Vergütungsanspruch besteht,b)c)der nicht von ihnen selbst verbraucht wird und


- 12 -sur 13 milliards d'hectares. L'Afrique contient 37 % des zones arides, l'Asie 33 % et enfin l'Australie14 %. Des zones arides de moindre envergure existent éga<strong>le</strong>ment en Amérique ainsi que sur <strong>le</strong>sfranges méridiona<strong>le</strong>s de l'Europe. En 2000, environ 70 % de ces terres arides étaient déjà soumis à ladésertification, soit 3,6 milliards d'hectares. Chaque année, 6 millions d'hectares de terres productivesdis<strong>par</strong>aissent.Entre 1991 et 2000, <strong>le</strong>s sécheresses ont entraîné la mort de plus de 280 000 personnes; el<strong>le</strong>sreprésentent 11% de l’ensemb<strong>le</strong> des catastrophes naturel<strong>le</strong>s liées à l’eau.Source: CRU/UEA, UNEP/DEWA. UNESCO/MAB.Sans en être la seu<strong>le</strong> cause, <strong>le</strong>s activités humaines contribuent à la désertification :- <strong>le</strong> surpâturage détruit <strong>le</strong> couvert végétal qui protège <strong>le</strong>s sols contre l’érosion,phénomène identique à la déforestation ;- la surexploitation agrico<strong>le</strong> épuise <strong>le</strong>s sols ;- <strong>le</strong> déboisement détruit <strong>le</strong>s arbres qui maintiennent la terre ferti<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> sol ;- des méthodes indues d’irrigation provoquent l’augmentation de la salinité, etassèchent <strong>par</strong>fois <strong>le</strong>s cours d’eau qui alimentent <strong>le</strong>s grands lacs (mer d’Aral, lacTchad, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>) dont <strong>le</strong>s superficies ont considérab<strong>le</strong>ment diminué ces dernièresannées.La désertification fait l’objet d’une convention des Nations Unies dont la dernière réunionplénière remonte à octobre 2005, à Rio. Récemment, en septembre <strong>2007</strong>, à Madrid, 2.000 experts de191 pays se sont réunis sous l’égide de l’ONU pour élaborer un plan d’action sur dix ans contre <strong>le</strong>sprogrès de la désertification. Cette conférence s’est soldée malheureusement <strong>par</strong> un échec, <strong>le</strong>s paysmembres n’ayant pas réussi à s'accorder sur une augmentation de son budget, en raison de l'oppositiondes Etats-Unis et du Japon. Le plan stratégique adopté qui définit <strong>le</strong>s grands objectifs sur dix ans, estdépourvu de financement et de va<strong>le</strong>ur contraignante.Qui plus est, <strong>le</strong> phénomène de désertification ne fait pas l’objet d’études scientifiquessolides en l’absence de <strong>par</strong>amètres significatifs pour mesurer sa progression ou son recul, com<strong>par</strong>ab<strong>le</strong>sà ceux utilisés pour mesurer <strong>le</strong>s émissions de gaz à effet de serre. C’est ici que l’espace pourraitapporter des outils nécessaires.c) Les atteintes à la biodiversitéLe terme de biodiversité (diversité biologique), a été popularisé après <strong>le</strong> sommet de laterre de Rio de Janeiro. L’inventeur du terme, <strong>le</strong> scientifique américain, Edward O. Wilson, la définitcomme « la totalité de toutes <strong>le</strong>s variations de tout <strong>le</strong> vivant ». Il la divise en trois grandes <strong>par</strong>ties : laCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 16 -- du résultat d'explosions, volontaires ou accidentel<strong>le</strong>s, ayant eu lieu dansl'espace ou de collisions entre objets ;- de très nombreux débris provoqués <strong>par</strong> <strong>le</strong> vieillissement des matériaux dansl’espace (décol<strong>le</strong>ment des cellu<strong>le</strong>s photoé<strong>le</strong>ctriques, effritement des couverturesde protection thermique...) 12 ;- de divers éléments ayant échappé aux mains de l’Homme comme des outilsutilisés lors de sorties spatia<strong>le</strong>s 13 .- depuis <strong>le</strong> test de destruction antimissi<strong>le</strong> effectué <strong>par</strong> la Chine <strong>le</strong> 11 janvier <strong>2007</strong>,des destructions militaires opérées dans l’espace <strong>par</strong> différentes puissances. 14 .débrisopérationnels(boulons…)étages 13%supérieurslanceurs17%fragments42%satellites nonfonctionnels22%satellitesfonctionnels6%Graphique 1 : Composition des objets supérieurs à 10 cmSource : CNES.La concentration de ces débris est, bien sûr, plus é<strong>le</strong>vée sur <strong>le</strong>s orbites considéréescomme « uti<strong>le</strong>s », où l'activité humaine est aujourd’hui la plus importante (mais <strong>le</strong> statut des orbitespeu ou non fréquentées pourrait évoluer du fait précisément de <strong>le</strong>ur caractère relativement libre dedéchets) : orbites géostationnaire (36 000 km) et semi-synchrone (20 000 km) sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s seretrouvent la plu<strong>par</strong>t des satellites de télécommunication ; orbites basses (entre 600 et 1 500 km) quicorrespondent à beaucoup de missions d'observation de la Terre (famil<strong>le</strong>s Spot et Helios, <strong>par</strong>exemp<strong>le</strong>) 15 et abritent 90 % des déchets à raison d’un objet <strong>par</strong> 100 millions de km 3 ; orbites trèsbasses utilisées pour <strong>le</strong>s missions habitées : navette américaine, Station spatia<strong>le</strong> inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> (ISS)...L'orbite des débris s'usant <strong>le</strong>ntement, <strong>le</strong>ur durée de vie est fonction de l'altitude initia<strong>le</strong> :el<strong>le</strong> est de quelques jours à 300 km, de 25 à 30 ans à 600 km, de 100 à 200 ans à 800 km, et de plus de2000 ans à 1000 km. En orbite géostationnaire, où il n'y a plus de trace d'atmosphère, cette durée estsans limite à l’échel<strong>le</strong> humaine : ainsi, l'explosion du troisième étage d'Ariane en 1986 aurait-el<strong>le</strong>injecté de 1 200 à 2 300 objets dans l'espace ; quelques mois plus tard, ces débris couvraient la quasitotalitéde la Terre sur une tranche d’altitude de plusieurs centaines de kilomètres ; en 1996, plus d’unecentaine tournaient encore au-dessus de nos têtes (dont celui qui a endommagé <strong>le</strong> satellite Cerise) 16 ; i<strong>le</strong>n restera encore une cinquantaine en 2050 17 .12Ces débris, peu denses, sont cependant susceptib<strong>le</strong>s d’être balayés <strong>par</strong> <strong>le</strong> vent solaire et l’atmosphère résiduel<strong>le</strong>.1314En juil<strong>le</strong>t 2006, l’astronaute Piers Sel<strong>le</strong>rs a mentionné à la NASA la perte d’une spatu<strong>le</strong>, dénommée « spatsat », quia ensuite flambé lors de sa chute vers la Terre.Depuis, la marine américaine a détruit à l'aide d'un missi<strong>le</strong> un satellite espion hors d'usage dont <strong>le</strong> carburant toxiqueprésentait, selon <strong>le</strong> Pentagone, un risque lors de son entrée dans l'atmosphère.15Tous <strong>le</strong>s 14 jours environ, un objet d’une tail<strong>le</strong> supérieure à 10 cm passe à moins de 1 500 m de chaque satelliteSpot ou Helios.16Satellite militaire français d’écoute é<strong>le</strong>ctronique (cf. infra).COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 17 -2. Des risques associés non négligeab<strong>le</strong>sEn exploitant <strong>le</strong>s résultats d'une simulation, des scientifiques 18 ont émis un avis alarmantquant au risque de collision avec ces objets dérivant dont un seul dépassant 10 cm est capab<strong>le</strong> decauser un accident dramatique en cas de collision avec un astronef. D’ores et déjà, <strong>le</strong> nombre defragmentations (collisions ou explosions) est en hausse régulière (4 en 2004, 3 en 2005, 8 en 2006, 5en <strong>2007</strong>).Le tab<strong>le</strong>au ci-dessous figure <strong>le</strong> flux annuel de débris que rencontrerait un satellite enorbite basse lancé en 2013 (30 ° d'inclinaison, 480 km d'altitude) :Tab<strong>le</strong>au 1 : La probabilité des collisions dans l’espaceDiamètre des débris10 microns 100 microns 1 mm 1 cm 10 cmFlux (m -2 .an -1 ) 5 000 10 0,02 10 -4 10 -6Source : Alain Pompidou, Commission mondia<strong>le</strong> d’éthique de l’espace de l’UNESCO.Seuls quelques cas de collisions ont été, à ce jour, rapportés dont cel<strong>le</strong> d'un débris defusée américaine avec un modu<strong>le</strong> chinois qui a explosé en 2000. En raison des vitesses é<strong>le</strong>vées desobjets en orbite, même <strong>le</strong>s plus petits débris peuvent provoquer des dégâts très importants sur <strong>le</strong>ssatellites ou <strong>le</strong>s véhicu<strong>le</strong>s habités :La navette Atlantis a été heurtée <strong>par</strong> un débris spatial en octobre 2006 et Endeavour a étéfrappée <strong>par</strong> trois débris lors de son ascension en août <strong>2007</strong> ; <strong>le</strong>s études internes effectuées <strong>par</strong> laNASA après l’incident de Columbia en 1995 démontrent que <strong>le</strong>s impacts des débris spatiauxreprésentent 11 causes sur <strong>le</strong>s 20 principa<strong>le</strong>s pouvant conduire à la perte d’une navette et de sonéquipage 19 .A l'heure actuel<strong>le</strong>, il n'existe pas de solution technique permettant d'en<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s débrisdéjà en orbite. Le seul mécanisme de nettoyage est naturel : il est produit <strong>par</strong> l'atmosphère qui entraîneune usure des orbites, puis, à terme, la retombée sur Terre des objets.Les petits débris spatiaux non catalogués sont à peu près « inévitab<strong>le</strong>s ». Les plus grands(plus de 10 cm à basse altitude et plus d'un mètre à l'altitude géosynchrone) sont observab<strong>le</strong>s grâce àdes systèmes de détection tels que <strong>le</strong> Réseau de surveillance spatia<strong>le</strong> américain et <strong>le</strong> Système desurveillance spatia<strong>le</strong> russe, hérités de la guerre froide, qui réalisent, en moyenne, 150 000 observationsquotidiennes, de près de 10 000 objets spatiaux officiel<strong>le</strong>ment répertoriés (y compris pour ne pas <strong>le</strong>sconfondre avec un missi<strong>le</strong> ennemi) 20 . L’Europe n’a pas de système propre de surveillance, qui peutêtre jugé superflu dès lors qu’el<strong>le</strong> a accès aux grands dispositifs existants, mais cela revient à mettre decôté l’impératif de souveraineté et d’indépendance stratégique. Plusieurs Etats membres disposentcependant d’une infrastructure (réseau Graves pour la France qui surveil<strong>le</strong> surtout <strong>le</strong>s objets de plus de1m² en orbite basse), radar al<strong>le</strong>mand Tira qui détecte <strong>le</strong>s objets de 2 cm à 1000 km, radar italien17Le même phénomène de dispersion rapide de débris a été constaté lors de l’explosion, <strong>le</strong> 3 juin 1996, du propulseurà poudre d’un petit lanceur américain Pegasus XL. Lancé en 1994, il a répandu dans l’espace une myriade de fibres decarbone, d’abord concentrées dans une bande étroite puis, au bout de quelques mois, disséminiées tout autour de la Terre.18 Jer-Chyi. Liou et Nicholas Johnson, « Risks in space from orbiting debris », Science, vol 311, n°5759, 20 janvier 2006.1920Les dégâts potentiels occasionnés au revêtement thermique ne sont pas ceux qui inquiètent <strong>le</strong> plus <strong>le</strong>s technicienscar ils sont détectab<strong>le</strong>s, et même ré<strong>par</strong>ab<strong>le</strong>s en orbite depuis qu'un outillage spécifique a été mis au point après la perte deColumbia durant sa rentrée. Il faut aussi compter sur l'endommagement toujours possib<strong>le</strong> des <strong>par</strong>ties sensib<strong>le</strong>s, tel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>stubulures de liquide réfrigérant ou de carburant, mais aussi <strong>le</strong>s mécanismes des vo<strong>le</strong>ts hypersustentateurs de la navette. Cedernier cas constitue <strong>le</strong> cauchemar absolu des ingénieurs car non seu<strong>le</strong>ment il serait pratiquement indétectab<strong>le</strong> maispourrait empêcher toute manoeuvre en fin de rentrée, avec la perte certaine de l'orbiteur et de son équipage.Le Japon et la Chine commencent seu<strong>le</strong>ment à se doter de systèmes semblab<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>urs spécialistes acquièrent deplus en plus d'expérience.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 18 -Meteor pour <strong>le</strong>s météorites, radar Esciat des scandinaves, radars du Royaume-Uni) 21 . Pour <strong>le</strong>s débrisidentifiés, il est donc théoriquement possib<strong>le</strong> de prédire à l'avance une collision ou, en tout cas, unpassage dangereusement rapproché, avec un satellite donné : ainsi, en juil<strong>le</strong>t 1997, <strong>le</strong> CNES a-t-ilprocédé à une manœuvre d'évitement sur <strong>le</strong> satellite Spot 2. Malheureusement, une tel<strong>le</strong> surveillanceest encore trop coûteuse pour être menée de façon systématique sur tous <strong>le</strong>s satellites actifs. El<strong>le</strong>entraîne, <strong>par</strong> ail<strong>le</strong>urs, une surconsommation de carburant non négligeab<strong>le</strong>. Enfin, <strong>le</strong>s incertitudesentachant la connaissance des <strong>par</strong>amètres orbitaux risquent d'induire des manœuvres inuti<strong>le</strong>s comme lanavette américaine en a fait l’expérience.Contre l'impact de débris de moins de 1 cm, on peut certes envisager un blindage mais celui-ci estlourd et donc pénalisant. C'est la solution qui a été choisie pour l’ISS, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>. Pour <strong>le</strong>s débrisallant de 1 à 10 cm, aucune solution « technique » n'est envisageab<strong>le</strong>. Il convient donc que <strong>le</strong>spuissances spatia<strong>le</strong>s coopèrent pour trouver des solutions acceptab<strong>le</strong>s en faveur d’un usage raisonné del’espace car une rég<strong>le</strong>mentation inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> ne peut aboutir que si un consensus préalab<strong>le</strong> est obtenuentre tous <strong>le</strong>s opérateurs commerciaux et <strong>le</strong>s agences spatia<strong>le</strong>s.C. Les conséquences potentiel<strong>le</strong>s pour la sécurité et la défenseLa dégradation de l’environnement terrestre et la mauvaise gestion des ressourcesnaturel<strong>le</strong>s peuvent alimenter <strong>le</strong>s conflits entre États et en <strong>le</strong>ur sein, contribuer à la pauvreté et à l’échecétatique et laisser <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités plus vulnérab<strong>le</strong>s face aux catastrophes. La problématique estsimilaire dans l’espace en raison de la dépendance extrême de nos sociétés modernes vis-à-vis dessystèmes spatiaux. C’est <strong>par</strong>ticulièrement vrai en ce qui concerne <strong>le</strong>s opérations militaires. Lapollution de l’espace génère des risques croissants pour <strong>le</strong>s moyens spatiaux d’un Etat ou d’uneorganisation, cela pourrait devenir, à terme une arme susceptib<strong>le</strong> de dégrader <strong>le</strong>s capacitésd’information, de décision et de commandement.1. Sur TerreLe réchauffement du climat de la planète est déjà facteur de tension entre <strong>le</strong>s hommes et,si il s’aggrave pourrait provoquer, à l’horizon de 2030 ou de 2040, une cascade de guerres pour <strong>le</strong>contrô<strong>le</strong> des ressources naturel<strong>le</strong>s, comme l’énergie, l’eau et la nourriture. Par certains aspects, <strong>le</strong>réchauffement climatique constitue un facteur aggravant pour des conflits tels celui du Darfour 22 ou <strong>le</strong>conflit israélo-arabe.Selon l’International A<strong>le</strong>rt, un groupe londonien de résolution de conflits, 46 pays sontmenacés de conflits vio<strong>le</strong>nts d’ici à 2020 pour des raisons liées au réchauffement climatique; <strong>par</strong>com<strong>par</strong>aison, <strong>le</strong> terrorisme international risque d’être relégué au rang de menace mineure. Bien sur,tout dépendra de l’amp<strong>le</strong>ur du réchauffement et de la réaction des hommes. Si la températureaugmente de 2-3 degrés, comme <strong>le</strong> prévoient certains scientifiques, <strong>le</strong> risque est grand que des criseséclatent pour l’accès aux régions et aux ressources préservées.Le réchauffement climatique doit donc aussi être vu comme un multiplicateur demenaces, susceptib<strong>le</strong> de provoquer à un horizon proche, une cascade de guerres pour <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> desressources naturel<strong>le</strong>s comme l’énergie, l’eau et la nourriture :- guerre autour de l’eau, qui se fera plus rare, à mesure que <strong>le</strong>s déserts progresseront et que<strong>le</strong>s glaciers, qui alimentent <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>uves, fondront,2122Le CNES et l’ESA surveil<strong>le</strong>nt surtout via des té<strong>le</strong>scopes <strong>le</strong>s orbites géostationnaires où ils ont identifié 1 600 débrisd’une tail<strong>le</strong> comprise entre 1 et 15 cm, 260 satellites fonctionnels et une centaine de satellites hors d’usage.Environ 200.000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 5 ans: il aura suffit que la température se réchauffe d’undegré au Darfour pour que <strong>le</strong>s fermiers sédentaires et <strong>le</strong>s pasteurs nomades, qui coexistent pacifiquement dans l’ouest duSoudan, se déclarent la guerre début 2003, <strong>le</strong>s premiers refusant brusquement aux seconds l’accès à <strong>le</strong>ur terres appauvries<strong>par</strong> la sécheresse.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 19 -- guerre de la nourriture, alors que <strong>le</strong>s rendements agrico<strong>le</strong>s seront perturbés <strong>par</strong> lasécheresse ou <strong>le</strong>s inondations,- conflits pour la pos<strong>session</strong> de terres, après que <strong>le</strong>s régions côtières auront été inondées.Selon l’estimation du GIEC, <strong>le</strong> réchauffement pourrait entraîner <strong>le</strong> déplacement de 50millions d’individus, d’ici à 2050. Le Programme des Nation Unis pour <strong>le</strong> développement (PNUD)envisage 200 à 250 millions de réfugiés climatiques, qui exerceront une pression intenab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>sfrontières de certains Etats, notamment en Europe. L’avenir ne serait pas aussi sombre, si <strong>le</strong>réchauffement climatique ne se combinait pas à une pression jamais atteinte sur <strong>le</strong>s ressourcesénergétiques. En raison de la consommation croissante en énergie des pays en développement, <strong>le</strong>s prixde l’énergie et des matières premières vont flamber ce qui exacerbera <strong>le</strong>s tensions économiques entreriches et pauvres.Le Sud sera en première ligne, car certains Etats en raison de <strong>le</strong>ur fragilité économique etpolitique, ne pourront pas s’adapter au nouvel environnement. Trop faib<strong>le</strong>s pour pouvoir rég<strong>le</strong>r lavio<strong>le</strong>nce, ils risquent la désagrégation. Le monde occidental ne sera pas é<strong>par</strong>gné. Katrina a montré quenos sociétés étaient très vulnérab<strong>le</strong>s. La manière dont <strong>le</strong>s autorités américaines ont réagi, a prouvé ladifficulté à maîtriser <strong>le</strong>s conséquences des cyclones, et ce d’autant plus quand ils se multiplieront,selon un expert de la Fondation Nicolas-Hulot.En 2004, un très important bureau d’études internes, l’Office for Net Assessement, réputépour ses positions <strong>par</strong>ticulièrement conservatrices, publiait un rapport sur <strong>le</strong>s effets géopolitiquesenvisageab<strong>le</strong>s d’un changement climatique abrupt. Le rapport se livrait à la description d’un mondedominé <strong>par</strong> la compétition pour l’accès aux ressources en eau – en raison d’un changement de régimede précipitations -, en nourriture et en énergie. Cette évolution vers une conflictualité généraliséeimpliquerait l’instauration d’un régime très sécuritaire aux Etats unis, et des mouvements despopulations massifs, en <strong>par</strong>ticulier entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, dans un contexted’exacerbation de toutes <strong>le</strong>s tensions. Ce rapport, allait à l’encontre de la position officiel<strong>le</strong> del’administration Bush qui demandait plus de preuves sur la question du réchauffement global, <strong>le</strong> <strong>le</strong>aderrépublicain de la Commission sénatoria<strong>le</strong> de l’environnement déclarant même que «<strong>le</strong> réchauffementglobal est une gigantesque arnaque ».Les évolutions majeures qui ont eu lieu entre 2004 et <strong>2007</strong>, en <strong>par</strong>ticulier <strong>le</strong> chocpolitique créé <strong>par</strong> Katrina et l’accumulation des travaux de plus en plus précis sur ces questions,amènent <strong>le</strong> Pentagone à créer, cette fois, une commission officiel<strong>le</strong> composée de très hauts gradés, sur<strong>le</strong> même sujet. Les conclusions de cette dernière étude ne sont guère différentes de la précédente sur <strong>le</strong>fond. Comme <strong>le</strong> déclare <strong>le</strong> général Antony Zinni, ancien commandant en chef du Commandementopérationnel pour l’Afrique de l’Est, <strong>le</strong> Moyen Orient et l’Asie Centra<strong>le</strong> (Central Command), «nousallons subir <strong>le</strong>s conséquences de ceci [<strong>le</strong> réchauffement global] d’une manière ou d’une autre. Nousallons payer pour réduire <strong>le</strong>s émissions de gaz à effet de serre aujourd’hui, ce qui entraînera, pournous, un choc économique. Ou alors nous payerons, plus tard, <strong>le</strong> prix militaire et cela va impliquerdes vies humaines ».Alarmés <strong>par</strong> <strong>le</strong>s prévisions du GIEC, dont <strong>le</strong> rapport <strong>2007</strong> constate pour la première fois<strong>le</strong>s impacts directs du réchauffement climatique, <strong>le</strong>s militaires américains ont mis en relief dans unrapport, <strong>le</strong>s risques pour la sécurité <strong>nationa<strong>le</strong></strong> des Etats-Unis. En outre, ces tensions, risquentd’alimenter <strong>le</strong> terrorisme. Il faut se rappe<strong>le</strong>r que dans l’histoire, <strong>le</strong>s sociétés humaines se sont toujourseffondrées en raison de l’inaptitude à changer <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> culturel et économique quand il <strong>le</strong> fallait.Le sous-continent indien et l’Afrique sont <strong>le</strong>s principaux menacés. Mais <strong>le</strong>s conséquencesdu réchauffement climatique seront visib<strong>le</strong>s aussi en Europe. De toute façon, l’arrivée massive desréfugiés peut entraîner une baisse des capacités des pays développés à gouverner. Selon <strong>le</strong>s experts 1réfugié sur 2 sera un réfugié climatique dans 30 ans. L’immigration viendra surtout d’Afrique duNord.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 20 -Le réchauffement climatique est donc un nouvel enjeu stratégique susceptib<strong>le</strong> de modifierla nature des rapports de forces internationaux. Désormais, <strong>le</strong> développement des pays du Nordcomme celui des pays du Sud, a lieu dans <strong>le</strong> cadre de cette modification du milieu de vie despopulations, dont décou<strong>le</strong>nt des nouveaux risques. Ainsi, la croissance économique de la Chine, estdevenue un facteur d’une importance majeure pour <strong>le</strong>s politiques commercia<strong>le</strong>s, industriel<strong>le</strong>s etfinancières des Etats-Unis, de l’Union européenne, du Japon, <strong>par</strong> <strong>le</strong> biais des exportations, desimportations et des délocalisations.Mais cette croissance colossa<strong>le</strong>, s’est faite au détriment de l’environnement qui subit uneagression multifactoriel<strong>le</strong> très lourde, composée de rejets chimiques de tous ordres, d’un épuisement etd’un empoisonnement des ressources en eau, d’une pollution atmosphérique devenue dangereuse dans<strong>le</strong>s grandes vil<strong>le</strong>s, d’invasions biologiques qui font peser un risque croissant d’effondrementécologique régional. Cela impliquerait la baisse drastique des « services naturels » qui permettent auxpopulations de vivre et d’assurer <strong>le</strong>ur cohésion socia<strong>le</strong>. Les effets d’un tel effondrement se feraient, ouse feront, sentir à l’échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong>.Enfin, il est opportun de souligner que ce qui caractérise la synergie des crises propresaux différents secteurs de l’environnement, c’est <strong>le</strong>ur dimension cumulative. Ces problèmes étantglobaux, ils nécessitent une approche coordonnée et placent dès maintenant la protection del’environnement au premier rang des facteurs ‘crisogènes’ pour <strong>le</strong>s années à venir. La préservation dela paix dans <strong>le</strong> monde passera aussi <strong>par</strong> la protection de l’environnement.2. Dans l’espace extra-atmosphériquePartant de la prévision qu’en orbite basse, <strong>le</strong> taux de production des débris <strong>par</strong> collisionentre objets déjà présents est d’ores et déjà devenu supérieur au taux de nettoyage provoqué <strong>par</strong>l’atmosphère, la réaction en chaîne est déjà commencée. C’est <strong>le</strong> Syndrome de Kess<strong>le</strong>r, scénarioenvisagé depuis 1991 <strong>par</strong> la NASA, dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> volume des débris spatiaux en orbite basse atteintun seuil au-dessus duquel <strong>le</strong>s objets en orbite sont fréquemment heurtés <strong>par</strong> de tels débris, augmentantde façon exponentiel<strong>le</strong> <strong>le</strong> nombre des débris et la probabilité des impacts. Au delà d’un certain seuil,un tel scénario rendrait quasi-impossib<strong>le</strong> l’exploration spatia<strong>le</strong> et même l’utilisation de satellitespendant plusieurs générations.Le risque pour <strong>le</strong>s systèmes spatiaux n’est pas théorique, comme en témoigne ladestruction en 1996 du satellite Cerise, touché <strong>par</strong> un fragment d’une fusée Ariane lancée dix ans plustôt. Cet événement a éga<strong>le</strong>ment souligné la dépendance des Européens en matière de surveillance del’espace : si un radar britannique avait bien repéré la déstabilisation du satellite, cel<strong>le</strong>-ci n’avait ensuitepu être véritab<strong>le</strong>ment confirmée que <strong>par</strong> <strong>le</strong>s États-Unis. La France était alors tota<strong>le</strong>ment dépourvue decapacité dans <strong>le</strong> domaine de la surveillance de l’espace et n’avait pas été en mesure de vérifier <strong>par</strong>el<strong>le</strong>-même ces informations. Disposer d’une indépendance dans ce domaine devient désormais l’unedes conditions d’un accès autonome à l’espace.Compte tenu de la dépendance croissante des principa<strong>le</strong>s puissances vis-à-vis dessystèmes spatiaux, <strong>le</strong> thème de la vulnérabilité de ces systèmes spatiaux est aujourd’hui évoqué enpermanence. Cette prise de conscience dérive d’abord des risques inhérents à l’occupation du milieuspatial qui constitue en lui-même un milieu hosti<strong>le</strong> et exigeant. El<strong>le</strong> se nourrit des craintes desstratèges à l’égard d’attaques possib<strong>le</strong>s sur des « systèmes vitaux ». Les applications de l’espace sontdésormais complètement intégrées à notre vie quotidienne : sans satellites, <strong>le</strong>s télécommunicationss’arrêtent, <strong>le</strong>s GPS ne fonctionnent plus, la télévision et internet deviennent inaccessib<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s fluxfinanciers se tarissent, il n’y a plus de prévisions météo, la surveillance de notre planète estimpossib<strong>le</strong>. Les apports de l’espace en matière de Défense et de Sécurité sont tout aussi primordiaux.L’espace est devenu indispensab<strong>le</strong> à la planification et à la conduite des opérations militaires, onassiste donc aujourd’hui à une véritab<strong>le</strong> dépendance de l’ap<strong>par</strong>eil militaire à l’égard de l’espace, cel<strong>le</strong>-COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 21 -ci introduisant une vulnérabilité préoccupante, comme en témoigne <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au en annexe 4 qui détail<strong>le</strong><strong>le</strong>s systèmes militaires opérationnels en orbite des Etats-Unis et de l’Europe.L’avenir est tout aussi préoccupant, Pour mesurer l’importance future du spatial, ilconvient d’examiner la nouvel<strong>le</strong> politique américaine de l’espace, approuvée <strong>par</strong> <strong>le</strong> président Bush <strong>le</strong>31 août dernier :« La liberté d’action dans l’espace est aussi importante pour <strong>le</strong>s Etats-Unis que lapuissance aérienne et maritime ». Face aux risques de l’exploitation de cette dépendance <strong>par</strong>d’éventuels adversaires, la Maison Blanche est catégorique. El<strong>le</strong> « rejette toute limitation de son droitfondamental à opérer dans l’espace ». Au-delà de cette doctrine défensive, Washington se réserve <strong>le</strong>droit d’expulser de l’espace, manu militari si nécessaire, ses « adversaires »: « <strong>le</strong> secrétariat à laDéfense devra développer ses capacités pour assurer la liberté d’action dans l’espace et, si besoin,refuser cette liberté à ses adversaires ».Les Etats-Unis envisagent donc d’incorporer ce risque dans la conception des systèmesspatiaux. La première action est d’ordre technique : soit <strong>par</strong> une protection accrue des futurs satellites,mais au prix d’un accroissement très sensib<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur coût unitaire ; soit <strong>par</strong> la recherche de rupturestechnologiques et de solutions nouvel<strong>le</strong>s, comme une architecture spatia<strong>le</strong> plus soup<strong>le</strong>, plus réactive etdonc plus résistante. L’autre action est doctrina<strong>le</strong> : à <strong>par</strong>tir du moment où l’espace devientindispensab<strong>le</strong>, il s’intègre de fait dans <strong>le</strong>s intérêts nationaux vitaux. L’expression ap<strong>par</strong>aît dès 1999 etfigure en bonne place dans <strong>le</strong> dernier document officiel sur <strong>le</strong> sujet (US National Space Policy), publiéen octobre 2006. Celui-ci reprend ainsi <strong>le</strong> thème de la nécessité de la préservation de la liberté d’actionaméricaine dans l’espace. Il précise aussi qu’en cas de nécessité, <strong>le</strong>s États-Unis doivent pouvoir déniercette liberté d’action à des adversaires. On ne saurait être plus clair : pour protéger ses intérêts, ilconvient de dominer l’espace, ce qui suppose de se doter de technologies antisatellites.L’Europe pour sa <strong>par</strong>t investit <strong>le</strong>ntement dans la surveillance de l’espace, consciente deses faib<strong>le</strong>sses actuel<strong>le</strong>s et de l’enjeu crucial que cela représente, au travers du projet SSA (SpaceSituational Awareness), de l’ESA. L’objectif poursuivi est d’atteindre à terme <strong>le</strong> niveau actuel duréseau de surveillance américain, soit une capacité de détection des objets de plus de 10 cm en orbitebasse et d’un mètre en orbite géostationnaire, tout en pouvant repérer des fragmentations d’objets etdes manœuvres orbita<strong>le</strong>s. Les différents systèmes radars et optiques permettront d’élaborerprogressivement un catalogue autonome des objets et débris, indispensab<strong>le</strong>s à la sécurité desconstellations en orbite.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 22 -II.L’ESPACE, UN OUTIL ESSENTIEL MAIS INSUFISAMENT CONNULa conquête de l’espace, essentiel<strong>le</strong>ment circonscrite à ses débuts à la rivalité entrel’URSS et <strong>le</strong>s Etats-Unis, est à l’origine fortement conditionnée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s intérêts militaires etstratégiques des deux puissances considérées. A la fin des années cinquante, des préoccupationsscientifiques, économiques et politiques s’y adjoignent en même temps que ses enjeux s’élargissent àl’ensemb<strong>le</strong> de la planète. Cette caractéristique initia<strong>le</strong> de la conquête spatia<strong>le</strong> motivée <strong>par</strong> la rivalitéentre <strong>le</strong>s deux grandes puissances de la Guerre froide, puis élargie à un ensemb<strong>le</strong> d’autres pays et à desenjeux qui ne sont plus seu<strong>le</strong>ment militaires et stratégiques pèse sur <strong>le</strong>s visions de l’espacedéveloppées <strong>par</strong> <strong>le</strong>s principaux acteurs et sur <strong>le</strong>s politiques spatia<strong>le</strong>s que vont mettre en œuvre <strong>le</strong>sdifférents gouvernements. En <strong>par</strong>ticulier, la dimension environnementa<strong>le</strong> a été très longtemps absentede la réf<strong>le</strong>xion sur l’espace, tant en ce qui concerne <strong>le</strong>s usages qui peuvent être déduits de la conquêtespatia<strong>le</strong> que pour tout ce qui touche aux pollutions directes et indirectes qu’el<strong>le</strong> peut induire.A. Les motivations de la conquête spatia<strong>le</strong>La conquête spatia<strong>le</strong> a été initiée <strong>par</strong> des considérations stratégiques dans <strong>le</strong> contexte deGuerre froide entre l’Est et l’Ouest. C’est presque <strong>par</strong> hasard que <strong>le</strong>s applications au service de laplanète ont été découvertes et ensuite développées au profit de tous. Désormais, à quelques exceptionsprès, <strong>le</strong>s activités spatia<strong>le</strong>s s’inscrivent de plus en plus dans un cadre dual (civil et militaire) dans<strong>le</strong>quel <strong>le</strong> vo<strong>le</strong>t sécuritaire trouve p<strong>le</strong>inement sa place à côté de la recherche scientifique, desapplications grand public et bien entendu de la protection de l’environnement.1. Des motivations de puissance toujours à l’œuvreDès <strong>le</strong>s origines des la conquête spatia<strong>le</strong> la présence militaire est manifeste dans laperception des enjeux et la définition des programmes, y compris pour <strong>le</strong>s projets civils etscientifiques. Ainsi, <strong>le</strong> programme Explorer, à l’initiative de l’US Army, permettra la première miseen orbite d’un satellite américain <strong>le</strong> 31 janvier 1958 et la découverte scientifique essentiel<strong>le</strong> de laceinture de Van Ha<strong>le</strong>n. A côté de ces programmes scientifiques, des programmes spécifiquementmilitaires prennent forme comme <strong>le</strong> programme Corona, développé entre 1960 et 1972, pour la miseen orbite de satellites de télédétection, ou satellites espions.Du côté soviétique, la logique militaire est aussi déterminante. Outre des mises en orbiteultérieures de satellites d’observation, l’avènement du Spoutnik, <strong>le</strong> 4 octobre 1957, <strong>par</strong>ticipe biend’enjeux militaires et idéologiques. Dès 1955, l’Académie des Sciences de l’URSS inaugure uneréf<strong>le</strong>xion sur l’intérêt de satellites terrestres artificiels.La conquête spatia<strong>le</strong> fut ainsi un enjeu symbolique majeur dans la compétition Est-Ouest.Si <strong>le</strong>s premiers essais, de nature militaire, visaient <strong>le</strong> développement des lanceurs et des vols en orbitesbasses, <strong>le</strong>s ambitions riva<strong>le</strong>s se sont ensuite concentrées sur de nouveaux objectifs : la mise en orbitedes satellites, avec Spoutnik 1 en 1957 puis Explorer 1 en 1958; la réalisation de vols habités, laconquête de la lune qui renverse la domination soviétique avec <strong>le</strong>s programmes Apollo puis la mise enplace d’une station orbita<strong>le</strong> qui permet aux Russes, avec Saliout puis MIR, de réaffirmer <strong>le</strong>ur emprise.De ce point de vue, la conquête spatia<strong>le</strong> confondra durab<strong>le</strong>ment intérêts stratégiques, recherchescientifique, et visées idéologiques et médiatiques. Sous la pression de la compétition Est-Ouest, celaconduira à des progrès technologiques très rapides et à des découvertes scientifiques importantes.Mais, jusqu’à ce jour, cette disposition originel<strong>le</strong> à la fois stratégique et idéologique a interdit d’enpenser <strong>le</strong> devenir en termes de développement durab<strong>le</strong> : l’après Guerre froide n’a pas mis fin auxlogiques fortes initiées dans <strong>le</strong>s années cinquante. La puissance très dominante des Etats-Unis, <strong>le</strong>retour de la Russie sur la scène spatia<strong>le</strong> et l’émergence de nouveaux acteurs comme la Chine et l’IndeCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 23 -ne modifient pas <strong>le</strong>s termes du débat : usages militaires, satellites espions, stations orbita<strong>le</strong>s, volshabités, conquête de la Lune restent au cœur des problématiques actuel<strong>le</strong>s en matière d’espace etbiaisent souvent un débat qui devrait porter sur <strong>le</strong>s usages scientifiques effectifs et <strong>le</strong>urs retombées entermes environnementaux.2. Une découverte progressive des utilisations au bénéfice de la planète et del’hommeEntre juil<strong>le</strong>t 1957 et décembre 1958 prend place l’année géophysique inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>(AGI), coordonnée au niveau mondial. El<strong>le</strong> doit rassemb<strong>le</strong>r divers projets scientifiques et permettre, àl’occasion d’une période de forte activité solaire, de mieux connaître <strong>le</strong>s propriétés physiques de laTerre et <strong>le</strong>s interactions entre <strong>le</strong> So<strong>le</strong>il et la planète. Le projet Vanguard de l’US Navy et <strong>le</strong> lancementde Spoutnik 1 prennent place dans cette manifestation mais c’est aussi l’occasion pour d’autres paysd’entrer dans la conquête spatia<strong>le</strong>. La France, <strong>le</strong> Royaume Uni, <strong>le</strong> Japon, <strong>le</strong> Canada et l’Australiedéveloppent des programmes de fusées-sondes pour l’exploration de la haute atmosphère.Ainsi, des années soixante aux années soixante-dix, <strong>le</strong>s utilisations de l’espace, sanséchapper à la logique de la guerre froide, s’ouvrent à d’autres utilisateurs que <strong>le</strong>s deux grandespuissances en conflit.L’épisode de la présence de l’homme sur la Lune doit être mentionné comme un élémentessentiel ayant modifié la perception de la conquête spatia<strong>le</strong>. L’administration américaine fait <strong>le</strong> choixde distinguer <strong>le</strong>s programmes « civils, politiques et médiatiques », selon <strong>le</strong>s mots d’André Lebeau,avec la création de la NASA dès 1958, et l’exploitation de l’espace militaire avec <strong>le</strong>s satellitesd’observation.Cette dissociation permet de développer un programme qui ne présente que peu d’intérêtsmilitaires et stratégiques, et qui n’en présente guère plus sur <strong>le</strong> plan scientifique : il est essentiel<strong>le</strong>menttourné vers la reconquête des opinions publiques et la restauration de l’image de l’Amérique. La suiteconfirme que cette fondation est plus symbolique qu’effective sur <strong>le</strong>s plans scientifique ettechnologique. El<strong>le</strong> engage définitivement <strong>le</strong> poids des opinions publiques dans la détermination despolitiques spatia<strong>le</strong>s des Etats.Par ail<strong>le</strong>urs, dès <strong>le</strong>s premiers temps de la conquête spatia<strong>le</strong>, des applications civi<strong>le</strong>s etdirectement rentab<strong>le</strong>s s’affirment comme un champ de développement spécifique. Au premier rang decel<strong>le</strong>s-ci figurent <strong>le</strong>s télécommunications. Viendront, un peu plus tard, toutes <strong>le</strong>s technologiespermettant l’observation de la Terre, la prévision météo, l’observation du cosmos. Sans coupertota<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s liens avec des usages militaires, ces développements des satellites à usage civil fontclairement passer l’idée, dans <strong>le</strong>s opinions publiques, que l’espace est un vecteur de progrèstechnologique et économique.Née dans un contexte de bipolarité absolue, la conquête spatia<strong>le</strong> ne peut être envisagée endehors de ses motivations militaires et stratégiques. Mais avant même la dis<strong>par</strong>ition de l’Unionsoviétique, et dès <strong>le</strong>s origines, plusieurs dimensions ap<strong>par</strong>aissent en contradiction avec cesmotivations. On y retrouve des coopérations inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s, une <strong>par</strong>t d’utopie et des usageséconomiquement uti<strong>le</strong>s qui se sont constitués dans cette dynamique de compétition bipolaire, sans enépouser véritab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s enjeux. Ces éléments pèsent sur <strong>le</strong>s opinions publiques, donc sur <strong>le</strong>sdécideurs. Ils permettent de penser, aujourd’hui, des développements à la conquête spatia<strong>le</strong> qui nesoient pas entièrement pilotés <strong>par</strong> des intérêts stratégiques et qui postu<strong>le</strong>nt une vision planétaire desenjeux.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 24 -3. Des activités de plus en plus dua<strong>le</strong>sDepuis <strong>le</strong>s années quatre-vingt-dix, on observe des transferts entre technologies civi<strong>le</strong>s etmilitaires. Ainsi, la technologie militaire a pu être utilisée pour <strong>le</strong> civil, avec <strong>le</strong> développement du GPSaméricain. On observe aussi des transferts du civil vers <strong>le</strong> militaire, avec <strong>le</strong> programme d’observationHélios qui dérive de programmes civils. Le même phénomène s’amplifie avec <strong>le</strong>s vingt-quatresatellites prévus en 2009, dans <strong>le</strong> cadre de la réactivation du système russe Glonass. En matière decommunication, si <strong>le</strong>s constellations de satellites s’avèrent moins efficaces que prévu, el<strong>le</strong>s intéressentmalgré tout <strong>le</strong>s structures de Défense des différents Etats qui pourraient y faire bascu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>urscommunications moins protégées libérant <strong>le</strong>urs satellites militaires pour des usages plus sensib<strong>le</strong>s. Parail<strong>le</strong>urs, l’utilisation des technologies civi<strong>le</strong>s permet de lancer des projets à faib<strong>le</strong> coût et ouvre ainsi àde nouveaux Etats une présence militaire dans l’espace. La plu<strong>par</strong>t des applications des technologiesmises en orbites sont civi<strong>le</strong>s et militaires. Ainsi des puissances spatia<strong>le</strong>s civi<strong>le</strong>s comme l’Inde peuventaisément devenir des puissances spatia<strong>le</strong>s militaires : <strong>le</strong> programme Indian Remote Sensing Satelliteavec six satellites en orbite et <strong>le</strong> projet de CARTOSAT-3 à très haute résolution (30cm) sont des outils<strong>par</strong>faitement adaptés au renseignement militaire 23 .La dynamique engagée pendant la Guerre froide, et surtout après el<strong>le</strong>, doit permettre dedévelopper un usage raisonné et concerté de l’espace dans une logique de développement durab<strong>le</strong>. Lebalayage rapide de l’évolution des préoccupations liées à l’espace montre l’émergence des <strong>par</strong>amètresqui doivent être pris en compte dans tout projet de ce type : l’imbrication des usages civils etmilitaires, nécessaire et contrôlée, la prise en charge croisée des financements <strong>par</strong> des structurespubliques et privées, selon des ré<strong>par</strong>titions de charges et de profits maîtrisées, l’utilisation concertéedes orbites <strong>par</strong> une gestion inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> fondée sur <strong>le</strong> droit de l’espace, la prise en compte desopinions publiques et des enjeux symboliques attachés la conquête de l’espace.B. L’espace au service de la protection de l’environnementPour re<strong>le</strong>ver ce défi prioritaire, l'évolution technologique de notre civilisation permet unusage central de l'espace pour l'observation de la Terre notamment. Le recours à l'espace pour faciliterla protection de notre environnement est, de fait, devenu incontournab<strong>le</strong> en ce qu'il permet d'obtenirdes informations et d'agir sur un enjeu vital : la survie de l'humanité.1. Des usages diversifiés et complémentaires.a) La prévision du temps.Aujourd'hui, la vie moderne serait pratiquement inimaginab<strong>le</strong> sans <strong>le</strong>s servicesopérationnels fournis <strong>par</strong> <strong>le</strong>s satellites, à commencer <strong>par</strong> la prévision du temps. Si cette dernièreremonte à des époques immémoria<strong>le</strong>s, la météorologie satellitaire, quant à el<strong>le</strong>, n’a pas encore atteint<strong>le</strong>s 50 ans, et pourtant, el<strong>le</strong> est devenue absolument indispensab<strong>le</strong>. En Europe, l’ESA a conçu etdéveloppé <strong>le</strong> premier système Meteosat dès <strong>le</strong>s années 70. L'introduction récente de nouveauxservices, grâce à la nouvel<strong>le</strong> génération de satellites météo, incarnés <strong>par</strong> Meteosat-8 et Meteosat-9,embarquant un radiomètre doté de 12 canaux spectraux (au lieu de 3 au<strong>par</strong>avant), avec un cyc<strong>le</strong> derépétition de seu<strong>le</strong>ment 15 minutes et une résolution plus fine, a largement contribué à renforcer laprécision des modè<strong>le</strong>s de prévision numérique, pour <strong>le</strong> bénéfice de l'activité économique et de lapopulation.23Voir <strong>le</strong> <strong>Rapport</strong> d’information sur <strong>le</strong>s Enjeux stratégiques et industriels du secteur spatial, Commission de laDéfense <strong>nationa<strong>le</strong></strong> et des forces armées, M. Serge Grouard, Mme Odi<strong>le</strong> Saugues, 5 février <strong>2008</strong>.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 25 -Citons aussi l'expérience Thorpex, conduite dans <strong>le</strong> cadre du Programme mondial derecherche sur la prévision du temps, qui a pour objectif d'accélérer <strong>le</strong> rythme des améliorationsapportées à la prévision à échéance de 1 à 14 jours des phénomènes météorologiques à fort impact. Onpeut enfin évoquer <strong>le</strong> premier satellite à défi<strong>le</strong>ment (ou satellite en orbite polaire <strong>par</strong> opposition auxsatellites géostationnaires), Metop-A, qui fournit des observations détaillées des conditions del'atmosphère, tels que des profils de température et d'humidité, ainsi que des observations sur lacomposition chimique de l'atmosphère et des aérosols. Metop constitue la <strong>par</strong>tie européenne d'unsystème polaire d'observation météorologique <strong>par</strong>tagé avec la NOAA, la contre<strong>par</strong>tie d'EUMETSAT,l'Organisation européenne de satellites météorologiques, aux Etats-Unis. Tous ces satellitesmétéorologiques possèdent la capacité inestimab<strong>le</strong> de recueillir sur de très longues périodes desmesures fiab<strong>le</strong>s depuis l’espace qui ne sont pas affectées <strong>par</strong> <strong>le</strong>s conditions loca<strong>le</strong>s. Données sur<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s scientifiques se fondent pour étudier et comprendre <strong>le</strong>s facteurs déterminant <strong>le</strong>schangements climatiques et <strong>le</strong>urs interactions avec l'environnement.b) L’évolution du climat et de l’environnement.L’observation de notre planète, des terres émergées comme des océans, ainsi que del’atmosphère, est effectivement un élément clé pour mieux appréhender toute une série de phénomènesenvironnementaux et climatiques déconcertants. Prenons l’exemp<strong>le</strong> de l'altimétrie océanique de hauteprécision qui illustre bien l'apport des satellites à la surveillance et à la compréhension du climat. Desobservations diverses sont obtenues <strong>par</strong> des navires, des balises, des bouées dérivantes et des flotteurs,mais ce réseau n'est pas suffisamment étendu et il est incapab<strong>le</strong> de fournir des mesures constantes surde grandes distances. Seuls <strong>le</strong>s satellites peuvent assurer la surveillance régulière des océans à l'échel<strong>le</strong>du globe et <strong>le</strong>s altimètres radar, dont ils sont dotés, offrent des possibilités uniques en matière demesure de la hauteur des vagues et des niveaux de la mer. Ainsi est née l'expérience Topex/Poséidon,en 1992, grâce à une coopération entre <strong>le</strong> CNES et la NASA, avant <strong>le</strong> lancement, 9 ans plus tard, dupremier satellite altimétrique Jason-1, entreprise couronnée de succès. Jason-2, dont <strong>le</strong> lancement estprévu cette année, mesurera l'élévation et la baisse des niveaux de la mer avec une précision aucentimètre. Les données ainsi obtenues contribueront à établir la probabilité d'anomalies saisonnièresdes températures et des précipitations, et ce jusqu'à 9 mois à l'avance. Le raz-de-marée dévastateur du26 décembre 2004 est la plus triste illustration du potentiel d'utilisation de Jason-2 : en survolant <strong>le</strong>golfe du Benga<strong>le</strong>, Jason-1 a mesuré la hauteur du tsunami au moment où il se propageait depuisl'épicentre du séisme. Ces observations sont uniques. El<strong>le</strong>s sont précieuses pour la pré<strong>par</strong>ation demodè<strong>le</strong>s numériques de raz-de marées, tout comme pour <strong>le</strong> développement des futurs systèmesd'a<strong>le</strong>rte.c) La prévision des risques <strong>par</strong> une observation continue de la planète.La nécessité de mieux surveil<strong>le</strong>r et protéger la Terre est en effet directement liée auxincidences croissantes des risques météorologiques, climatiques et hydrologiques sur presque tous <strong>le</strong>saspects de la vie de la planète et de l'homme. Sur dix catastrophes naturel<strong>le</strong>s, neuf sont liées à desphénomènes hydrométéorologiques qui, entre <strong>le</strong>s années 1980 et 2000, ont fait 1,2 million de victimeset causé plus de 900 milliards de dollars de dégâts. En août 2005, <strong>le</strong> cyclone Katrina a provoqué lamort de 3000 personnes et plus de 100 milliards de dollars de dommages. La vulnérabilité despopulations n'a cessé de croître en raison d'une urbanisation accélérée, des migrations vers <strong>le</strong>s zones<strong>le</strong>s plus exposées – régions côtières, deltas, plaines inondab<strong>le</strong>s ou de faib<strong>le</strong> altitude... – et aussi del'expansion démographique dans <strong>le</strong>s zones arides. L'augmentation de l'intensité et de la fréquence desphénomènes extrêmes ne fera que rendre plus vulnérab<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s populations menacées.Pour pouvoir répondre à ces nouveaux défis, il faut aussi mettre en évidence l’ensemb<strong>le</strong> desrecherches conduites en vue de comprendre <strong>le</strong>s processus physiques de la planète et sonfonctionnement en tant que système. Ces recherches requièrent une utilisation poussée de donnéessatellitaires, comme <strong>le</strong> montrent <strong>le</strong>s programmes d'observation globa<strong>le</strong> de la Terre (exemp<strong>le</strong> du projeteuropéen Mersea). Il existe un besoin large et pérenne de cartographie fiab<strong>le</strong>, précise et évolutive de laCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 26 -Terre, dans toutes ses composantes. Il convient d'ail<strong>le</strong>urs d'adopter une approche résolument globa<strong>le</strong> etpluri-technologique de ce monitoring (optique, infrarouge, radar...).d) L’espace au service des activités humaines.Une autre catégorie de besoins concernant la fourniture de renseignements sur <strong>le</strong> temps,<strong>le</strong> climat et l'eau à <strong>par</strong>tir de l'observation extra-atmosphérique, est de plus en plus nécessaire poursoutenir des activités comme l'agriculture, <strong>le</strong>s transports ou la production d'énergie, activités quimoyennant des investissements modiques, ont toutes la capacité d'apporter une contribution majeureau développement. Car, même en l'absence de catastrophes majeures, des secteurs commel'agriculture, la sylviculture ou la pêche sont très tributaires de l'environnement et de ses changements.L'OMM estime que chaque dollar investi dans la réduction des risques naturels <strong>par</strong> une meil<strong>le</strong>ureprévision grâce aux informations satellitaires, permet d'économiser <strong>le</strong>s sept dollars qu'il aurait falludépenser pour remédier aux pertes économiques occasionnées, ce qui en définitive, représente unretour sur investissement <strong>par</strong>ticulièrement intéressant.Quelques exemp<strong>le</strong>s permettent de mieux appréhender cette dimension « économique etsocia<strong>le</strong> » de l'utilisation de l'espace à l'appui d'une activité humaine plus raisonnée et plus raisonnab<strong>le</strong> :dans <strong>le</strong> secteur de l'agriculture, des prévisions fiab<strong>le</strong>s de phénomènes extrêmescomme <strong>le</strong>s sécheresses et <strong>le</strong>s inondations, ainsi que des évaluations de <strong>le</strong>ur étendue etde <strong>le</strong>ur impact, sont essentiel<strong>le</strong>s pour élaborer des stratégies de gestion du risque. Demême, dans un contexte de marché planétaire, l'accès à des données permettant deprévoir <strong>le</strong>s rendements et la surveillance à long terme, peuvent appuyer <strong>le</strong>s prises dedécisions en matière de commercialisation et d'exportation. La viabilité à long termedu secteur agrico<strong>le</strong> repose aussi sur une saine gérance environnementa<strong>le</strong> desressources en terre et en eau. Ainsi, grâce à un accès accru à des services d'imageriespatia<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s agriculteurs peuvent-ils déjà doser et identifier <strong>le</strong>s besoins de la terre auxdifférents endroits de <strong>le</strong>urs <strong>par</strong>cel<strong>le</strong>s, et notamment <strong>le</strong>s besoins en engrais, mais aussiceux en eau afin de déterminer avec précision la date de démarrage de l'irrigation,l'idée étant là aussi d'éviter une trop grande consommation ;dans <strong>le</strong> domaine de la sylviculture, des observations régulières et améliorées de laTerre entraînent des réductions significatives des coûts de gestion et de planificationforestières. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Canada a estimé récemment qu'une cartographie hyperspectra<strong>le</strong>plus exacte des principa<strong>le</strong>s essences, donnerait des inventaires forestiers plusexacts, ce qui autoriserait des réductions annuel<strong>le</strong>s des coûts de planification de 42millions de dollars ;dans <strong>le</strong> secteur de la pêche enfin, s'intéresser <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> à l'évolution de latempérature des océans, c'est mieux comprendre <strong>le</strong> phénomène de blanchissement desrécifs coralliens, qui abritent de vastes populations d'organismes marins et qui sontéga<strong>le</strong>ment une importante source de revenus touristiques. Les habitats du poissonjouent un rô<strong>le</strong> majeur dans la durabilité des populations de poissons qui sont touchées<strong>par</strong> la température de l'océan, sa salinité et <strong>le</strong>s polluants chimiques qui y sont présents.Ainsi, <strong>le</strong> développement d'un épisode El Niño majeur se traduit <strong>par</strong> la dis<strong>par</strong>ition des9/10 e de la population des anchois et des sardines qui fréquentent d'ordinaire <strong>le</strong>s eauxfroides, riches en phytoplancton. A titre d'exemp<strong>le</strong>, à la suite de l'épisode El Niño de1972/1973, la population d'anchois au Pérou est passée de 20 millions à 2 millionsseu<strong>le</strong>ment! Il s'avère donc nécessaire d'améliorer la surveillance, <strong>le</strong>s analyses et <strong>le</strong>sprévisions des <strong>par</strong>amètres physiques et chimiques de l'océan pour adopter unedémarche durab<strong>le</strong> de la gestion des stocks de poisson et de l'aquaculture.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 27 -e) L'espace représente enfin une doub<strong>le</strong> ressource au service de notreenvironnement :Une observation fine, non plus de la Terre mais de l'espace lui-même, permet nonseu<strong>le</strong>ment d'anticiper des phénomènes potentiel<strong>le</strong>ment nuisib<strong>le</strong>s pour l'environnementterrestre (UV, vents solaires <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>) mais offre aussi un recul scientifique uti<strong>le</strong> àla compréhension de notre propre évolution. Ainsi, l'exploration de l'espace,notamment des planètes présentant des similitudes avec la Terre, fournit des donnéesindispensab<strong>le</strong>s à la perception globa<strong>le</strong> des mutations de notre milieuenvironnemental ;D'un point de vue plus marginal, l'activité spatia<strong>le</strong> génère éga<strong>le</strong>ment de manièredynamique des réalisations technologiques avancées, susceptib<strong>le</strong>s d'influerindirectement sur notre propre environnement ; <strong>le</strong>s technologies spatia<strong>le</strong>s, à larecherche permanente de nouveaux matériaux "intelligents" ou de technologies moinsconsommatrices d'énergie, trouvent en effet régulièrement des applicationscommercia<strong>le</strong>s et, de fait, contribuent à préserver notre environnement ; à titred'exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> développement des cellu<strong>le</strong>s photovoltaïques qui transforment la lumièreen énergie é<strong>le</strong>ctrique et qui servent à alimenter nos satellites, sont aujourd'huilargement utilisées sur Terre et constituent une énergie propre, amenée à sedévelopper ; <strong>le</strong>s diverses expériences réalisées dans l'espace sont donc autant de pistespotentiel<strong>le</strong>ment uti<strong>le</strong>s à la protection de notre environnement.2. Des applications au cœur de l’action publique.Comme nous venons de <strong>le</strong> voir, l'espace offre des applications diversifiées au service dela protection de l'environnement. Il représente à cet égard un soutien performant au profit de lapuissance publique sur cet enjeu majeur pour l'humanité. L'observation de notre environnement depuisl'espace, la modélisation, l'interprétation et la vulgarisation des données objectives fournissent en effetdes éléments importants pour la compréhension de notre évolution et mettent <strong>le</strong>s Etats en situationd'agir dans de nombreux domaines. Les pouvoirs publics sont de ce fait des acteurs incontournab<strong>le</strong>s deces processus comp<strong>le</strong>xes alliant détection et protection de l'environnement.Ils interviennent dans plusieurs domaines :- <strong>le</strong> pouvoir exécutif agit en <strong>par</strong>tenariat avec la communauté scientifique. Il définit <strong>le</strong>sbesoins, soutient <strong>le</strong> financement des programmes, assure la gestion coordonnée del'action publique dans de nombreux domaines notamment économique, social ou de larecherche ;- <strong>le</strong> pouvoir législatif contribue à la création de normes respectueuses del'environnement ;- <strong>le</strong> pouvoir judiciaire peut enfin utiliser <strong>le</strong>s ressources de l'espace extra-atmosphériquepour chercher à obtenir des preuves en cas de différends privés ou publics (maréesnoires notamment) ou pour déterminer <strong>le</strong> degré de respect des engagements privés oupublics.La puissance publique est donc un acteur central de la protection de l'environnement autravers de l'espace. L'écologie re<strong>le</strong>vant de l'intérêt général, <strong>le</strong>s Etats concernés s'efforcent dedévelopper <strong>le</strong>s synergies nécessaires à la coopération entre <strong>le</strong>s acteurs publics compétents et <strong>le</strong>sopérateurs privés. Les investissements nécessaires sont, dans ce domaine, <strong>par</strong>ticulièrement significatifset <strong>le</strong>s programmes spatiaux ne sont viab<strong>le</strong>s qu'avec <strong>le</strong> soutien pérenne et volontariste des Etats.L'action publique s'articu<strong>le</strong> <strong>par</strong> ail<strong>le</strong>urs autour de deux échel<strong>le</strong>s temporel<strong>le</strong>s différentes.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 28 -1. à moyen et long termes, <strong>le</strong>s Etats cherchent essentiel<strong>le</strong>ment à mener unesurveillance environnementa<strong>le</strong> à des fins d'anticipation ; il s'agit ici d'utiliser <strong>le</strong>sressources offertes <strong>par</strong> l'espace extra-atmosphérique pour observer précisémentnotre environnement et déterminer <strong>le</strong>s mesures à prendre dans <strong>le</strong> domaineéconomique ou de l'urbanisme, pour faciliter un développement durab<strong>le</strong> ; onrecherche une coexistence harmonieuse avec la nature pour prévenir <strong>le</strong>s risquesnaturels, <strong>le</strong>s fortes pollutions ou l'exploitation disproportionnée des ressourcesnaturel<strong>le</strong>s ; en outre, dans <strong>le</strong> domaine curatif, l'observation spatia<strong>le</strong> peut favoriser laréhabilitation de sites touchés d'un point de vue environnemental ;2. à plus court terme, l'espace extra-atmosphérique offre aux Etats des outils degestion de crise performants, compatib<strong>le</strong>s avec une forte exigence de réactivité,principa<strong>le</strong>ment dans deux cas de figure :- celui des phénomènes naturels : il s'agit en l'espèce d'apporter laréponse adaptée aux catastrophes naturel<strong>le</strong>s pour en mesurer précisémentl'étendue et en limiter <strong>le</strong>s effets négatifs sur la population (ex. tsunamis,irruptions volcaniques, précipitations anorma<strong>le</strong>s) ;- celui d'une pollution majeure du fait de l'homme : dans <strong>le</strong> cas présentl'action publique cherche à ré<strong>par</strong>er <strong>le</strong>s conséquences d'un incident majeur, dittechnologique, créé <strong>par</strong> l'homme.Les besoins dans <strong>le</strong> domaine de la protection de l'environnement grâce au spatial suiventune chaîne comp<strong>le</strong>xe mais cohérente qui ne se limite pas au seul lancement et à l'exploitationopérationnel<strong>le</strong> de satellites. Pour être p<strong>le</strong>inement efficace chaque étape suivante du processus doit êtresoutenue :- <strong>le</strong> développement des capteurs spatiaux (imposant un soutien à la recherche) ;- l'appui au lancement de satellites ;- <strong>le</strong> recueil et <strong>le</strong> rapatriement des données scientifiques vers des structures d'évaluation ;- l'interprétation des données ;- la confrontation des données issues de plusieurs capteurs similaires ou utilisant destechnologies différentes. Il y a dans ce domaine une nécessaire complémentarité descapteurs terrestres et spatiaux pour une approche globa<strong>le</strong> des données ;- la modélisation de notre environnement ;- la vulgarisation et la diffusion des données scientifiques pour des propositionsd'action;- l'expression de besoins pour obtenir de nouvel<strong>le</strong>s données scientifiques ;- la définition de nouveaux capteurs (retour au premier stade du cyc<strong>le</strong>) ;Comme nous l'avons vu, l'action publique cherche à établir une gestion coordonnée desressources naturel<strong>le</strong>s afin d'anticiper <strong>le</strong>s pénuries et de gérer <strong>le</strong>s déséquilibres conjoncturels oustructurels. Il faut à cet égard non seu<strong>le</strong>ment adopter une approche globa<strong>le</strong> et systémique mais aussiappréhender <strong>le</strong>s dimensions régiona<strong>le</strong>s et inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s de ces phénomènes. En raison de l'interactioncomp<strong>le</strong>xe des éléments qui composent notre environnement, il n'y a en effet aucun sens à <strong>le</strong>s prendreindividuel<strong>le</strong>ment (climatologie, pollution, l'exploitation des ressources...). De même, pour êtrep<strong>le</strong>inement efficace, la protection de l'environnement requiert une coopération inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>, <strong>le</strong>satteintes à l'environnement faisant abstraction des frontières politiques.3. Une dimension inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> <strong>par</strong> natureLa protection de l'environnement dépasse largement <strong>le</strong> cadre d'une réf<strong>le</strong>xion menée auseul échelon national. La problématique du réchauffement climatique ou cel<strong>le</strong> de la gestion descatastrophes naturel<strong>le</strong>s, pour ne citer qu'el<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong>s conséquences qu'el<strong>le</strong>s engendrent revêtent unedimension résolument inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>. D'une manière généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s phénomènes environnementauxCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 29 -observés depuis l'espace, comportent une nature éminemment transfrontalière. Le concept de frontièrequi est une invention humaine est en effet peu compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s réalités naturel<strong>le</strong>s que sontl'atmosphère, <strong>le</strong>s océans ou <strong>le</strong> climat.Si la thématique de la protection de l'environnement est plutôt consensuel<strong>le</strong> (avecnéanmoins quelques accrocs cf. adhésions tardives de Kyoto), la coopération inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong>domaine spatial reste à construire, s'agissant notamment de la coordination des moyens et des besoinsexprimés.Parmi <strong>le</strong>s objectifs de la coopération inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>, il y a un besoin manifeste d'interopérabilité desmoyens internationaux afin d'optimiser <strong>le</strong>s capteurs, dont <strong>le</strong> développement est coûteux. Les progrèsdans ce domaine constituent d'ail<strong>le</strong>urs un défi stratégique, révélateur de la volonté et des capacités desnations à œuvrer ensemb<strong>le</strong> sur un même thème prioritaire. Ce point est plus <strong>par</strong>ticulièrement crucials'agissant de la construction européenne soumise à la confrontation d'intérêts et de besoins nationauxdivergents. Il en va néanmoins de la crédibilité et du rayonnement de l'UE. Cette coordination estd'ail<strong>le</strong>urs source de stimulation économique notamment pour ce qui concerne la recherche et <strong>le</strong>développement de nouvel<strong>le</strong>s technologies.L'Europe et plus généra<strong>le</strong>ment la communauté inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> ne peuvent se désintéresserde la protection environnementa<strong>le</strong> et plus <strong>par</strong>ticulièrement de l'utilisation des moyens spatiaux pour lamettre en œuvre. En effet, l'appropriation <strong>par</strong>fois abusive des ressources environnementa<strong>le</strong>s toutcomme <strong>le</strong>s modifications climatiques majeures auxquel<strong>le</strong>s nous assistons, sont des sources potentiel<strong>le</strong>sde tensions entre <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s et de conflits régionaux. Les efforts communs entrepris dans ce domainecontribuent donc à promouvoir la stabilité col<strong>le</strong>ctive.La remise en cause potentiel<strong>le</strong> de la souveraineté <strong>nationa<strong>le</strong></strong> est néanmoins une limitesignificative à la protection de l'environnement utilisant des moyens spatiaux coordonnés.L'observation de la Terre ne s'arrête bien évidemment pas aux frontières et permet de surveil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>sespaces nationaux avec des résolutions <strong>par</strong>ticulièrement efficaces. Cette situation peut constituer unrisque manifeste d'atteinte à la souveraineté <strong>nationa<strong>le</strong></strong> de certains Etats. La limite peut éga<strong>le</strong>ment teniraux domaines militaire ou sécuritaire : <strong>par</strong>tager des capacités dua<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> domaine de la coopérationspatia<strong>le</strong>, mettant en jeu des données potentiel<strong>le</strong>ment sensib<strong>le</strong>s, c'est prendre <strong>le</strong> risque de dévoi<strong>le</strong>r descapacités voire d'opérer un transfert de savoir-faire sensib<strong>le</strong>.Les limites à la coopération inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> sont aussi et surtout d'ordre financier. Il faut eneffet gérer <strong>le</strong> déséquilibre permanent suivant : <strong>le</strong>s ressources mondia<strong>le</strong>s sont largement dis<strong>par</strong>ates alorsque <strong>le</strong>s besoins de financement sont lourds et concernent l'ensemb<strong>le</strong> de la communauté inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>.Il y a nécessairement dans ce processus un <strong>par</strong>tage gratuit des données à vocation inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>générant de ce fait un retour sur investissement plutôt limité. Cette situation présente à l'évidence uneffet dissuasif sur l'attractivité de cette activité de la <strong>par</strong>t de potentiels investisseurs privés.D'un point de vue plus marginal, <strong>le</strong>s limites à la coopération inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> s'agissant de laprotection de l'environnement peuvent éga<strong>le</strong>ment tenir à :- un désintérêt national du domaine (selon la thèse de l'utilité margina<strong>le</strong> ou <strong>le</strong> sentimentd'un problème international pour <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> pays n'est pas directement concerné) ;- la volonté de protection de l'industrie <strong>nationa<strong>le</strong></strong> notamment chez <strong>le</strong>s PVD/BRIC, quivoient une forme de protectionnisme dans la définition de règ<strong>le</strong>s environnementa<strong>le</strong>sobligatoires.4. Les programmes des différentes agencesPendant longtemps, l’utilisation de l’espace à des fins d’observation a été l’apanage desdeux grandes puissances spatia<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s Etats-Unis et l’URSS, cette activité étant conduiteCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 30 -essentiel<strong>le</strong>ment dans une perspective stratégique et militaire. Des programmes civils d’observationspatia<strong>le</strong> ont cependant été développés <strong>par</strong> la NASA en complément des programmes spécifiquementmilitaires, la baisse importante des activités spatia<strong>le</strong>s russes dès la fin de la Guerre froide ayantconduit cette dernière puissance à s’effacer quelque peu au cours de la décennie 90.Dès 2004, la Russie a cependant pris conscience de la nécessité, pour des raisonsstratégiques, de redonner un élan à sa politique spatia<strong>le</strong>. Le budget spatial fédéral a quasiment doublédepuis cette date et <strong>le</strong> programme spatial fédéral 2006-2015 prévoit une progression continue desmoyens sur la période considérée (même si <strong>le</strong>s sommes en jeu n’atteignent pas <strong>le</strong> dixième du budgetannuel américain). L’effort nécessaire pour la modernisation des installations et des équipementslimite cependant <strong>le</strong> nombre et la diversité des nouveaux programmes : l’accent est mis sur <strong>le</strong>programme Glonass (navigation <strong>par</strong> satellite, concurrentiel du GPS américain) mais la Russie placedorénavant en tête des objectifs de sa politique spatia<strong>le</strong> : l’observation de l’environnement, laprévision des catastrophes et la protection des ressources naturel<strong>le</strong>s. Outre des satellites detélécommunications et des satellites consacrés à la recherche fondamenta<strong>le</strong> sur l’Univers, plusieursprogrammes scientifiques russes s’appuieront sur l’espace pour développer la connaissance et laprotection de l’environnement.Dès <strong>le</strong>s années 80, <strong>le</strong> paysage spatial s’est modifié, de nouveaux et nombreux acteursinvestissant ce secteur stratégique. Le trait commun aux différents projets développés <strong>par</strong> ces Etats futla volonté d’accroître, grâce à l’accès à l’espace, <strong>le</strong>ur autonomie stratégique vis-à-vis des puissancesdominantes.L’Europe figure au premier rang de ceux-ci. Le développement d’un programmeambitieux de lanceurs (Ariane 4, Ariane 5, bientôt Vega) a permis à l’Agence spatia<strong>le</strong> européenne(ESA) de faire accéder l’Europe au statut de puissance spatia<strong>le</strong> avec, à la différence des Etats-Unis oude l’URSS-Russie, une priorité clairement donnée aux programmes de nature civi<strong>le</strong> :télécommunications, observations de la terre, météorologie. La capitalisation de cette expériencepermet dorénavant à l’Europe de poursuivre des objectifs ambitieux dans <strong>le</strong> domaine de l’observationet de la protection de l’environnement. Les difficultés rencontrées <strong>par</strong> <strong>le</strong>s programmes Gali<strong>le</strong>o ouGMES (Global Monotoring for Environment Security) traduisent cependant la nécessité, pour l’Union,de se doter d’outils efficaces pour assurer, dans la durée, la pérennité de sa politique spatia<strong>le</strong> dans unmonde où de nombreux autres acteurs consentent des efforts considérab<strong>le</strong>s.La Chine s’est imposée, dès <strong>le</strong>s années 70, comme un acteur ambitieux dans <strong>le</strong> domainespatial. En s’appuyant sur de fortes structures tant civi<strong>le</strong>s (China National Space Administration –CNSA) que militaires ainsi que sur un effort de recherche conséquent, <strong>le</strong> pays s’est progressivementdoté de moyens propres (lanceurs Longue Marche et Shenzou, quatre bases de lancement) qui lui ontpermis de passer du rang de cinquième pays capab<strong>le</strong> de lancer des satellites à celui, en 2003, detroisième puissance maîtrisant <strong>le</strong>s vols habités. La Chine, dont <strong>le</strong> programme spatial <strong>par</strong>ticipeclairement à l’affirmation de la puissance du pays, développe une pa<strong>le</strong>tte d’activités spatia<strong>le</strong>sextrêmement variée : télécommunications, météorologie, mais aussi observation de la Terre etpositionnement <strong>par</strong> satellite (programme COMPASS). Cherchant à progresser rapidement au plantechnologique, el<strong>le</strong> a noué des <strong>par</strong>tenariats avec des sociétés ou des organismes étrangers, au premierrang desquels <strong>le</strong> Brésil (satellites CBERS d’observation de la Terre). El<strong>le</strong> se montre éga<strong>le</strong>ment trèsintéressée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s retombées du système Gali<strong>le</strong>o et a signé un accord en ce sens avec l’ESA. Enmatière d’observation de la Terre enfin, plusieurs projets ont été montés entre l’Europe et la Chine :Dragon entre l’ESA et <strong>le</strong> Centre national chinois de télédétection, Swimsat (observation des océans)entre <strong>le</strong> CNES et la CNSA. Cette politique résolument menée tous azimuts fait de la Chine un nouvelacteur majeur de l’aventure spatia<strong>le</strong>.L’Inde a lancé un programme spatial dès 1962 mais ce dernier n’a véritab<strong>le</strong>ment pris sonessor que depuis la création, en 1969, de l’Agence spatia<strong>le</strong> indienne (ISRO). Ce pays s’est éga<strong>le</strong>mentdoté d’un budget en forte expansion, des moyens financiers plus modestes que ceux de l’Europe ou duJapon lui permettant, grâce à ses faib<strong>le</strong>s coûts de production, de développer une politique ambitieuseCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 31 -dans de nombreux domaines. L’Inde recherche en priorité un accès indépendant à l’espace ; el<strong>le</strong> a misau point un lanceur (GSLV) apte à mettre sur orbite une charge de 2,5 tonnes et en prévoit une versionaméliorée (4T) pour <strong>2008</strong>. El<strong>le</strong> a développé des satellites de télécommunication, d’observation de laTerre (Indian Remote Satellite – IRS), comportant des possibilités d’observation de l’évolution duclimat dans la zone géographique qui la concerne ainsi que d’observation des océans. El<strong>le</strong> disposeaussi de satellites consacrés à la météorologie et à l’étude des phénomènes spatiaux.Deux autres puissances développent éga<strong>le</strong>ment une politique spatia<strong>le</strong> active : <strong>le</strong> Japon et<strong>le</strong> Brésil.Le Japon a, en 2003, regroupé au sein d'une agence spatia<strong>le</strong> unifiée, JAXA, <strong>le</strong>s activitésde trois organismes antérieurs qui avaient, depuis 1969, mis au point de nombreuses fusées etsatellites, un modu<strong>le</strong> japonais pour la station spatia<strong>le</strong> inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> et poursuivi un programmescientifique de recherche spatia<strong>le</strong>. Jaxa tente de mettre fin au déclin du budget japonais consacré à lapolitique spatia<strong>le</strong> (-30% de 1999 à 2004) et a lancé en 2005 un ambitieux programme « Jaxa 2025 »qui, outre la perspective de réaliser des vols habités, place en tête de ses priorités <strong>le</strong>s programmesd'observation de la Terre, de prévention des catastrophes naturel<strong>le</strong>s et de développement de laconnaissance de l'environnement dans un but de développement global de l'humanité. Jaxa <strong>par</strong>ticipeainsi au programme Sentinel<strong>le</strong> Asie, destiné à offrir aux pays de la sous-région, de meil<strong>le</strong>uresprévisions en matière de phénomènes climatiques et naturels.Le Brésil, enfin, s'est lui aussi lancé dans une politique spatia<strong>le</strong>, en créant en 1994 uneagence civi<strong>le</strong> fédéra<strong>le</strong>, l'AEB. Conçue pour développer l'indépendance <strong>nationa<strong>le</strong></strong> du pays encontribuant à la résolution des problèmes rencontrés <strong>par</strong> <strong>le</strong> Brésil en matière économique ouécologique, la politique spatia<strong>le</strong> brésilienne se développe dans des domaines aussi variés que laconnaissance de la Terre, la recherche fondamenta<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s télécommunications ou la géolocalisation.El<strong>le</strong> envisage favorab<strong>le</strong>ment la coopération avec des puissances plus avancées, comme c'est déjà <strong>le</strong> casavec la Chine.Au total, et sans <strong>par</strong><strong>le</strong>r de puissances secondaires comme Israël, l'Afrique du Sud, <strong>le</strong>Pakistan, <strong>le</strong> paysage des puissances aptes à développer une politique spatia<strong>le</strong> s'est singulièrementdiversifié depuis la période de la guerre froide. Tous <strong>le</strong>s nouveaux venus sont fondamenta<strong>le</strong>ment mus<strong>par</strong> la même volonté d'indépendance stratégique que <strong>le</strong>s Etats-Unis ou l'URSS au début de la conquêtespatia<strong>le</strong>. Mais <strong>le</strong>s nouveaux enjeux de l'aventure spatia<strong>le</strong> en termes de connaissance et de protection del'environnement dépassent indéniab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s intérêts de puissance et il importe de fédérer, aubénéfice de l'humanité entière, <strong>le</strong>s acquis de l'ensemb<strong>le</strong> de ces programmes.Le détail des différents programmes cités figure en annexe.C. Une activité spatia<strong>le</strong> qui doit être exemplaire« Il ne sert de rien à l'homme de gagner la Lune s'il vient à perdre la Terre » a écritFrançois Mauriac dans son « dernier bloc-notes » 24 . L’histoire de l’humanité a basculé au tournant duXX e sièc<strong>le</strong> en prenant enfin conscience des dégâts causés à l’environnement <strong>par</strong> ses propres activités.Tous <strong>le</strong>s domaines sont concernés, y compris <strong>le</strong> spatial qui a longtemps été marqué <strong>par</strong> la négligenceou l’insouciance des opérateurs (et notamment des responsab<strong>le</strong>s des programmes militaires russes etaméricains), portés à concevoir l’immensité de l’espace comme un territoire à l’origine vide où il étaitpossib<strong>le</strong>, en raison même de son étendue, de s’affranchir des contraintes terrestres. Or, il n’en est rienpuisque <strong>le</strong>s risques de collision vont croissant, ce qui fait peser une hypothèque sur la sécurité deslancements, des vols habités et des services opérationnels des satellites. D’où, au-delà de« l’autonettoyage » en orbite, <strong>le</strong>s projets de désorbitation (rentrée dans l’atmosphère contrôlée),24François Mauriac, Le dernier Bloc-notes, Juil<strong>le</strong>t 1969, Éditions Flammarion, 1971COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 32 -réorbitation (vers des orbites cimetière), récupération et destruction des débris en discussion au seindes agences ou déjà appliqués. Des retombées à Terre de débris ne sont pas non plus à exclure et il fautbien évoquer aussi <strong>le</strong>s nuisances terrestres liées à l’activité spatia<strong>le</strong> tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s pollutions résultantde la combustion des sources d’énergie utilisées.1. Une activité qui commence à être régulée au niveau internationalTrès tôt, <strong>le</strong>s agences spatia<strong>le</strong>s américaine et russe ont pris conscience du problème desdébris, principa<strong>le</strong>ment en raison de <strong>le</strong>urs activités dans <strong>le</strong> domaine des vols habités : pour assurer lasécurité des équipages, il était nécessaire de prendre en compte toutes <strong>le</strong>s sources de risques et en<strong>par</strong>ticulier <strong>le</strong>s débris spatiaux. Cette prise de conscience a conduit à mettre en place, en 1993, unComité inter agences, l’IADC, qui vise à développer non seu<strong>le</strong>ment la coopération et <strong>le</strong>s échangesentre ses membres, mais surtout à définir en commun <strong>le</strong>s mesures de prévention à appliquer dansl’espace.En 2002, l’IADC a publié un document représentant <strong>le</strong> consensus de ses 11 agencesmembres qui fournit une base pour la rédaction de tous <strong>le</strong>s autres documents de nature rég<strong>le</strong>mentairedans <strong>le</strong> domaine des débris spatiaux. Un code de conduite, mis au point <strong>par</strong> <strong>le</strong>s agences spatia<strong>le</strong>seuropéennes, est désormais applicab<strong>le</strong> à tous <strong>le</strong>s projets du CNES. Pour être aisément utilisab<strong>le</strong>s <strong>par</strong><strong>le</strong>s industriels et <strong>le</strong>s opérateurs, ces principes, devenus des règ<strong>le</strong>s, doivent être déclinés en standardsdans <strong>le</strong> cadre d’organisations tel<strong>le</strong>s que l’ECSS 25 au niveau européen ou l’ISO 26 au niveau mondial.Dans l’attente des mesures de sanction qui seraient sans doute nécessaires d’ici 2030 si l’on souhaitepréserver l’espace pour <strong>le</strong>s générations futures, <strong>le</strong>s solutions actuel<strong>le</strong>ment recommandées, approuvéesau niveau international, se déclinent en 3 grandes famil<strong>le</strong>s : « soyons propres » ; « n’explosons plus » ;« protégeons <strong>le</strong>s zones orbita<strong>le</strong>s vita<strong>le</strong>s ».► Règ<strong>le</strong> n°1 : éviter de laisser dériver, en toute connaissance de cause, de trop nombreux débrisdans l’espace. Jusqu’aux années 1980 environ, <strong>le</strong>s missions s’accompagnaient toujours d’une cohortede sang<strong>le</strong>s, boulons, capots et structures annexes en tous genres… Sur Ariane, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>ssystèmes de sé<strong>par</strong>ation sont étanches, <strong>le</strong>s sang<strong>le</strong>s sont piégées et toute éjection de structuressecondaires non indispensab<strong>le</strong> est proscrite. La situation se complique lorsque des objets en activitédans l'espace ont un propriétaire, c'est-à-dire lorsque certaines entités ont des droits de propriété surdes engins spatiaux.Or, il arrive souvent que, lorsque ces engins sont réduits à l'état de débris, <strong>le</strong>urs propriétairesrenoncent à <strong>le</strong>urs droits de propriété et aux obligations qui en décou<strong>le</strong>nt. Rien n'est, en effet, prévu enmatière de sanctions envers ces entités qui polluent l'espace extra-atmosphérique <strong>par</strong> des débris.► Règ<strong>le</strong> n°2 : « passiver » systématiquement tout ce qui est abandonné en orbite, c'est-à-direéliminer toute énergie stockée à bord : vidanger <strong>le</strong>s ergols résiduels, dépressuriser tous <strong>le</strong>s réservoirs,neutraliser <strong>le</strong>s batteries. Trop souvent, étages ou satellites sont abandonnés sans précautions alorsqu’ils contiennent encore des ergols et des réservoirs pressurisés : début 2006, on comptait ainsi, autotal, plus de 180 étages et satellites ayant explosé en orbite à la suite d’un échauffement associé à unedégradation progressive des protections thermiques. Ariane 5 a été <strong>le</strong> premier lanceur au monde àavoir été conçu dès l’origine en intégrant <strong>le</strong>s exigences financièrement coûteuses de passivation.► Règ<strong>le</strong> n°3 : protéger <strong>le</strong>s zones orbita<strong>le</strong>s vita<strong>le</strong>s. La zone LEO (orbite basse) est la coque de2000km d’épaisseur autour de la Terre qui contient actuel<strong>le</strong>ment la grande majorité des débris. La2526European cooperation for space standardization.Organisation inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> de normalisation.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 33 -zone GEO est l’anneau autour de l’orbite géostationnaire 27 , +/- 200 km, +/- 15° d’inclinaison. Cesdeux zones doivent être préservées en limitant la présence d’objets à 25 ans au maximum après la finde mission : passé ce délai, <strong>le</strong>s objets en LEO devront être rentrés dans l’atmosphère et <strong>le</strong>s satellitesgéostationnaires ré-orbités.La réduction de la pollution de l’environnement spatial est directement liée au respect deces règ<strong>le</strong>s <strong>par</strong> l’ensemb<strong>le</strong> des opérateurs de lanceurs spatiaux ou de satellites, qu’ils soient nationaux,privés ou multinationaux.2. Une activité qui doit être sans dommage pour la planèteLe développement de l’automobi<strong>le</strong> provoque d’importants rejets de gaz à effet de serrequi <strong>par</strong>ticipent à la pollution de l’air et au réchauffement climatique. Une prise de consciencecol<strong>le</strong>ctive sur cette question pousse <strong>le</strong>s industriels à rendre <strong>le</strong>s voitures de plus en plus propres. Mais, àl’heure où l’environnement est au centre de toutes <strong>le</strong>s préoccupations, qu’en est-il des véhicu<strong>le</strong>sspatiaux et des installations au sol ? L’activité spatia<strong>le</strong> est el<strong>le</strong>-même génératrice de pollutions oud’effets externes négatifs au niveau terrestre dont il importe de prendre la mesure afin d’en limiter <strong>le</strong>sconséquences aussi bien en termes de santé publique que d’équilibre des écosystèmes. A l’évidence,l’exploration de l’espace ne saurait être tenue à l’écart de cette priorité du XXI e sièc<strong>le</strong>. Si la luttecontre <strong>le</strong>s nuisances pour l’atmosphère terrestre est déjà prise en compte, des efforts sont encorenécessaires pour rendre possib<strong>le</strong> un spatial plus propre. Ce qui implique, à la fois, une attentionrenouvelée pour la propreté de l’espace mais aussi un effort intense d’économie d’énergie et unegestion plus rationnel<strong>le</strong> des ressources. On s’appuiera ici tout <strong>par</strong>ticulièrement, à titre illustratif, surl’expérience du Centre spatial guyanais (CSG) à Kourou.Les ingénieurs des différentes agences spatia<strong>le</strong>s ont longtemps pensé que la durée de vieen vol de <strong>le</strong>urs engins serait de 25 ans, ceux-ci finissant <strong>par</strong> retomber sur Terre en se désintégrant dansl'atmosphère. La plu<strong>par</strong>t des matériaux dis<strong>par</strong>aissent, en effet, lors de la rentrée à cause d’unéchauffement très important 28 mais certains éléments peuvent néanmoins résister à ces conditions etatteindre <strong>le</strong> sol 29 . Deux sortes d’objets sont potentiel<strong>le</strong>ment dangereux dans ce cas, surtout s’ilsrisquent de toucher des zones habitées, industriel<strong>le</strong>s, des voies de transport et de communication : ceuxdont la masse est supérieure à 5 tonnes (moteurs, nœuds de liaison, sphères et réservoirs, etc.) et ceuxqui sont équipés de générateurs é<strong>le</strong>ctronucléaires ou contiennent des matières toxiques dont <strong>le</strong>s résiduspeuvent provoquer une contamination radioactive sur Terre 30 . Lottie Williams aurait été la première etla seu<strong>le</strong> personne à ce jour à avoir été touchée <strong>par</strong> un débris spatial d'origine humaine : alors qu'el<strong>le</strong> sepromenait dans un <strong>par</strong>c de Tulsa (Oklahoma, Etats-Unis), <strong>le</strong> 22 janvier 1997, el<strong>le</strong> remarqua une lueurdans <strong>le</strong> ciel qu'el<strong>le</strong> prit pour une étoi<strong>le</strong> filante ; quelques minutes plus tard, el<strong>le</strong> fut frappée à l'épau<strong>le</strong><strong>par</strong> un objet métallique sombre de 15 cm qui s'avéra plus tard être une pièce de réservoir d'une fuséeDelta II lancée en 1996. Le récent test antisatellite chinois rappel<strong>le</strong> aussi que l’espace peut être <strong>le</strong>27282930Au 1er janvier 2005, on dénombrait 1124 objets de plus d’1 m sur l’orbite géostationnaire et dans sonenvironnement immédiat. Parmi eux, 346 seu<strong>le</strong>ment sont des satellites opérationnels. Or c’est une ressource rare qui,contrairement à l’orbite basse, ne bénéficie pas du « nettoyage naturel » qui s’opère en dessous d’une certaine altitude.On fait en sorte que ce qui est suborbital, dans une fusée, rentre dans des zones contrôlées. Les nœuds (éléments dejonction) des stations ne rentrent pas sauf en cas d’accident majeur. Les réservoirs sont peu denses et brû<strong>le</strong>ntgénéra<strong>le</strong>ment, comme d’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s sphères à haute pression. Pour <strong>le</strong>s générateurs isotopiques, des précautions sont prisespour éviter une pollution en cas d’échec au lancement et au retour.Environ 300 kilogrammes de débris rentrent quotidiennement dans l’atmosphère mais seu<strong>le</strong>ment 30 kilogrammes<strong>par</strong>viennent au sol, <strong>le</strong> reste brûlant dans l’atmosphère. Rappelons, à titre de com<strong>par</strong>aison, que 100 tonnes de matièremétéoritique pénètrent chaque jour dans la haute atmosphère.Près de 1 tonne de plutonium 235, issue des réacteurs nucléaires ayant alimenté d’anciens satellites soviétiques etaméricains se trouverait quelque <strong>par</strong>t en orbite basse.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 34 -champ de déploiement d’armes à tête nucléaire et de missi<strong>le</strong>s divers que <strong>le</strong>s protagonistes peuventchercher à intercepter ou détruire en vol, entraînant une dissémination de matières pouvant franchir labarrière de l’atmosphère.Des dispositions de protection planétaire figurent, <strong>par</strong> ail<strong>le</strong>urs, dans <strong>le</strong> Traité de 1967,stipulant que <strong>le</strong>s Etats « procèderont à l’exploration (de la Lune et des autres corps cé<strong>le</strong>stes) demanière à éviter <strong>le</strong>s effets préjudiciab<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>ur contamination ainsi que <strong>le</strong>s modifications nocives dumilieu terrestre résultant de l’introduction de matière extraterrestre ».Ces dispositions ont été rappelées <strong>par</strong> l’ONU dans <strong>le</strong> « Traité sur la Lune et <strong>le</strong>s autrescorps cé<strong>le</strong>stes » de 1979, puis dans la « Déclaration de Vienne » de 1999. Des mesures de précautionou de protection s’appliquent donc en <strong>par</strong>ticulier aux missions spatia<strong>le</strong>s revenant sur Terre après avoirété en contact avec un corps extraterrestre ou qui en rapportent des échantillons : dans <strong>le</strong>s années 1970<strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, des échantillons lunaires ont été rapportés sur Terre ; au dé<strong>par</strong>t, ils ont été mis enquarantaine et traités avec d’infinies précautions ; cependant, il s’est vite avéré qu’aucune vie n’étaitdécidément possib<strong>le</strong> sur la Lune et que <strong>le</strong>s risques de contamination étaient inexistants ; il n’en va pasde même pour Mars, où il est possib<strong>le</strong> qu’une forme de vie se soit développée <strong>par</strong> <strong>le</strong> passé ;aujourd’hui, <strong>le</strong>s sondes y cherchent des traces d’eau, <strong>le</strong>s robots des traces de vie. Qui sait si deséchantillons martiens ne pourraient pas rapporter des micro-organismes capab<strong>le</strong>s de survivre surTerre ? En sens inverse, chaque engin spatial envoyé vers une planète, un satellite ou l’un des petitscorps du système solaire laisse des traces de son passage : débris mécaniques, gaz de propulsion oumicro-organismes terrestres peuvent ainsi être transportés dans l’environnement des corps cé<strong>le</strong>stes quevisite l’homme.De toutes <strong>le</strong>s formes de contamination, seu<strong>le</strong> la contamination biologique est susceptib<strong>le</strong>de poser des problèmes réels car el<strong>le</strong> peut se propager. Face à ces risques de contamination croiséeentre la Terre et <strong>le</strong>s autres corps du système solaire, <strong>le</strong>s scientifiques ont élaboré sous <strong>le</strong>s auspices duCommittee on space research (Cos<strong>par</strong>) une politique de protection planétaire. Préserver <strong>le</strong>senvironnements extraterrestres et éliminer tout risque pour la biosphère de notre planète : tels sont <strong>le</strong>sdeux impératifs qui doivent être pris en compte <strong>par</strong> <strong>le</strong>s agences spatia<strong>le</strong>s.Seveso est cette vil<strong>le</strong> de Lombardie située au nord de l'Italie où, <strong>le</strong> 10 juil<strong>le</strong>t 1976, s'estproduit l'explosion du réacteur d'une usine chimique qui a provoqué <strong>le</strong> rejet d'une grande quantité dedioxines dans l'atmosphère, contaminant près de 40 000 personnes. Cette catastrophe a été à l'origined'une importante prise de conscience des risques technologiques.C'est suite à cet événement 31 que s'est développée en Europe une règ<strong>le</strong>mentationencadrant toutes <strong>le</strong>s activités industriel<strong>le</strong>s à risque et identifiant <strong>le</strong>s mesures nécessaires pour y faireface. En raison de la nature des activités spatia<strong>le</strong>s, certains sites du CSG sont donc classés Seveso etfont l’objet d’une vigilance permanente.Au-delà du contexte militaire de l’époque, <strong>le</strong>s premières fusées françaises ont été lancéesdepuis <strong>le</strong>s bases de lancement d’Hammaguir et de Colomb-Béchar situées dans <strong>le</strong> désert algérien, loinde toute population. Le CNES n’existait alors pas encore mais il a perpétué <strong>par</strong> la suite cette culture desécurité, d’abord en Algérie, puis en Guyane, lors de la fondation du CSG à <strong>par</strong>tir de 1964.Aujourd’hui, la sécurité maximum est recherchée dans toutes <strong>le</strong>s étapes de la pré<strong>par</strong>ation du lanceur etdes satellites jusqu’au lancement. Mais la démarche du CNES, liée au caractère intrinsèquementdangereux de ces opérations, va bien au-delà de la sécurité des personnes : une réf<strong>le</strong>xion globa<strong>le</strong> est eneffet conduite pour préserver l’environnement du site exceptionnel que constitue <strong>le</strong> CSG.31L'usine chimique AZF (AZote Fertilisants) de Toulouse, certifiée ISO 14001 et 9002, était classée Seveso. Un deses hangars contenant des nitrates déclassés a explosé <strong>le</strong> 21 septembre 2001, ravageant l'usine et <strong>le</strong>s a<strong>le</strong>ntours, et causantd'importants dégâts humains (30 morts, plusieurs milliers de b<strong>le</strong>ssés) et matériels.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 35 -Ces préoccupations poursuivent en premier lieu un objectif évident de santé publique,mais éga<strong>le</strong>ment de protection de l’environnement. Cela suppose de réaliser chaque année des plans demesure destinés à évaluer l'impact des lancements d'Ariane 5 sur l'environnement, sur <strong>le</strong> site delancement mais éga<strong>le</strong>ment dans des zones plus éloignées. Les objectifs de ces plans consistent à :- mesurer à chaque lancement <strong>le</strong>s concentrations en acide chlorhydrique, peroxyded'azote 32 , produits hydrazinés 33 , sur Kourou, Sinnamary, <strong>le</strong> centre technique et <strong>le</strong>s sitesd'observations des lancements ;- mesurer en champ proche (inférieur à un kilomètre de la zone de lancement) et en champlointain (supérieur à six kilomètres), <strong>le</strong>s teneurs en alumine, acide chlorhydrique ou enchlorure d'hydrogène 34 ;- suivre la qualité des eaux des carneaux de la zone de lancement ;- évaluer, sur certains lancements, l'impact sur l'avifaune, la faune ailée, sur la végétation etl'évolution de la qualité chimique des eaux de la crique Karouabo.Ces re<strong>le</strong>vés sont effectués <strong>par</strong> des organismes indépendants et instituts nationaux, <strong>par</strong>exemp<strong>le</strong> l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), l’Institut de recherche pour <strong>le</strong>développement (IRD), l’Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), Hydrecopour la surveillance de l'eau et de la faune aquatique. À chaque lancement, un diagnostic comp<strong>le</strong>t estréalisé : <strong>le</strong>s re<strong>le</strong>vés effectués au sol montrent que <strong>le</strong>s concentrations en produits toxiques sont surtoutimportantes sur la zone de lancement dans un rayon de moins d’1 km ; hors de ce secteur, <strong>le</strong>s mesuresfont état de taux très faib<strong>le</strong>s.Mais l’impact réel de l’activité spatia<strong>le</strong> sur l’environnement guyanais doit aussi sevérifier sur <strong>le</strong> long terme. Depuis <strong>le</strong> tout premier lancement d’Ariane 5, <strong>le</strong> bureau d’études Ecobiosétudie <strong>le</strong>s populations d’oiseaux présents sur <strong>le</strong> site du CSG. Les mesures effectuées montrent que <strong>le</strong>soiseaux sont en bonne santé, <strong>le</strong>s concentrations d’alumine recueillie sur <strong>le</strong>urs plumes ne dépassant pascel<strong>le</strong>s que l’on peut mesurer dans certaines zones naturel<strong>le</strong>s. Un écosystème riche et préservé, à justetitre : la Guyane est <strong>le</strong> berceau d’une biodiversité tout à fait exceptionnel<strong>le</strong> et <strong>le</strong> pays de l’or vert : 95%de ce territoire français est formé de forêt tropica<strong>le</strong> humide composée de plus de 8 000 plantes et 1 500essences d'arbres ; el<strong>le</strong> abrite encore une faune sauvage très riche <strong>par</strong>mi laquel<strong>le</strong> on compte desdizaines de milliers d’espèces d'insectes. Ce précieux patrimoine naturel est extrêmement fragi<strong>le</strong> ettrès menacé <strong>par</strong> une chasse intensive et <strong>le</strong> trafic d’animaux. Le CNES et ses <strong>par</strong>tenaires, <strong>par</strong>mi<strong>le</strong>squels l’Office national des forêts (ONF), veil<strong>le</strong>nt sur ces trésors. Pour encore mieux <strong>le</strong>s préserverdemain, <strong>le</strong> CNES cherche sans cesse à améliorer ses dispositifs en faveur de l’environnement. Il<strong>par</strong>ticipe éga<strong>le</strong>ment à la recherche et au développement des lanceurs du futur et à de nouveaux typesde propulsions plus respectueuses de l’environnement.323334Le protoxyde d'azote (N 2 O) aussi appelé gaz hilarant, oxyde nitreux, a de nombreuses utilisations, aussi bien enanesthésie que comme oxydant dans certains moteurs-fusées ou encore dans <strong>le</strong>s bonbonnes de crème chantilly. Il peutaussi servir comme comburant de l'acétylène pour certains ap<strong>par</strong>eils d'analyses (spectrométrie d'absorption atomique 1 ) etcomme comburant de l'essence dans <strong>le</strong>s moteurs à combustion interne. Il est classifié comme polluant <strong>par</strong> <strong>le</strong> protoco<strong>le</strong> deKyoto. C'est <strong>le</strong> quatrième plus important gaz à effet de serre à contribuer au réchauffement de la planète après la vapeurd'eau (H 2 O), <strong>le</strong> dioxyde de carbone (CO 2 ) et <strong>le</strong> méthane (CH 4 ). Son pouvoir réchauffant correspond à 296 fois celui duCO 2 .Composé organique basique dont certains composés sont utilisés comme combustib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s fusées. C'est unliquide toxique trans<strong>par</strong>ent, dont l’odeur est proche de l'ammoniaque, inflammab<strong>le</strong>, extrêmement corrosif et irritant.Le chlorure d’hydrogène forme de l’acide chlorhydrique au contact des tissus du corps. Son inhalation peut causerde la toux, la suffocation, l’inflammation des <strong>par</strong>ois nasa<strong>le</strong>s, de la gorge et du système respiratoire. Dans <strong>le</strong>s cas <strong>le</strong>s plusgraves, el<strong>le</strong> peut entraîner un œdème pulmonaire, une défaillance du système cardiovasculaire et la mort. Le chlorured’hydrogène peut causer de graves brûlures des yeux et des dommages oculaires irréversib<strong>le</strong>s. Il ne doit être utilisé quedans une pièce bien ventilée et avec un masque.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 36 -De plus, des recherches sont menées sur la fabrication de produits moins polluants quidiminueraient l'impact environnemental et sur l'analyse des impacts à long terme sur l'atmosphère et lastratosphère. Pour protéger l'environnement, <strong>le</strong> CSG porte une attention extrême au transport, austockage et au remplissage des matériaux nécessaires à la propulsion des lanceurs et des satellites. Lesrejets des produits, sont faib<strong>le</strong>s lors des remplissages des satellites, de l'ordre de deux à trois litres <strong>par</strong>satellite. Ils sont piégés et neutralisés. L’installation en 2005 d’une station d’épuration pour retraiter<strong>le</strong>s eaux polluées <strong>par</strong> la fabrication des ergols est un bel exemp<strong>le</strong> des dispositions développées au CSGpour améliorer la qualité environnementa<strong>le</strong> des activités spatia<strong>le</strong>s. Le procédé utilisé est unique aumonde et repose sur un traitement biochimique des déchets rejetés.Grâce aux efforts engagés <strong>par</strong> <strong>le</strong> CNES, <strong>le</strong> CSG a reçu en décembre 2004 la certificationISO 14001 de management environnemental qui témoigne d’une volonté affirmée de maîtriser <strong>le</strong>simpacts de son activité sur l’environnement guyanais, l’un des plus riches au monde pour ce quiconcerne la flore et la faune sauvages.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 37 -III.L’ESPACE, UNE GARANTIE NECESSAIRE A NOTRE AVENIRL’espace, est à la fois victime des atteintes à l’environnement, source de pollution etacteur dans <strong>le</strong>s activités de diagnostic et de protection. Toutefois, face à l’amp<strong>le</strong>ur des différentsphénomènes concernés, <strong>le</strong> recours à l’espace nécessite une meil<strong>le</strong>ure organisation et coordination detoutes <strong>le</strong>s puissances spatia<strong>le</strong>s. De nouveaux domaines sont à explorer, mais surtout un modeinternational de gouvernance est à mettre en place pour répondre aux défis qui dépassent de loin <strong>le</strong>scapacités et <strong>le</strong>s responsabilités d’un seul Etat. L’Union européenne est en pointe, el<strong>le</strong> doit profiter decette avance pour étendre son ‘soft power’ à la protection de l’environnement <strong>par</strong> l’espace.A. Les nouveaux domaines à couvrirA la pointe de la science et de l’innovation, <strong>le</strong>s applications spatia<strong>le</strong>s apportent déjàbeaucoup pour mettre en évidence, diagnostiquer et trouver <strong>le</strong>s remèdes aux atteintes àl’environnement terrestre. Toutefois, certains domaines nécessitent un approfondissement, d’autressont encore à ouvrir. La vigilance doit être de mise, de la façon la plus élargie possib<strong>le</strong> et sansinterruption. De la même façon, dans l’espace extra-atmosphérique proche, il est temps maintenant demettre en application <strong>le</strong>s préconisations des principa<strong>le</strong>s agences spatia<strong>le</strong>s en matière de pollution.L’industrie spatia<strong>le</strong>, enfin, doit montrer l’exemp<strong>le</strong> et se développer désormais avec <strong>le</strong> souci permanentde la protection de l’écosystème environnant.1. Pour mieux surveil<strong>le</strong>r et protéger la Terrea) La recherche scientifique.Les programmes de recherche scientifique sont un excel<strong>le</strong>nt indicateur pour appréhender<strong>le</strong>s domaines d'intérêt majeur pour la surveillance et la protection de la planète. Ils doivent permettred'améliorer encore la qualité et la précision des prévisions numériques du temps, des avis de cyclonestropicaux, des prévisions climatiques saisonnières et des projections concernant <strong>le</strong>s changementsclimatiques.La météorologie est en pointe dans <strong>le</strong> domaine car el<strong>le</strong> est au cœur des études sur <strong>le</strong>scauses du réchauffement climatique. Dans <strong>le</strong> cadre de son programme consacré à la rechercheatmosphérique et à l'environnement, l'Organisation météorologique mondia<strong>le</strong> (OMM) encourage larecherche sur la composition de l'atmosphère, la physique et la chimie des nuages, <strong>le</strong>s techniques demodification artificiel<strong>le</strong> du temps, la météorologie tropica<strong>le</strong> et la prévision météorologique, l'accentétant mis sur <strong>le</strong>s phénomènes extrêmes et <strong>le</strong>urs incidences socio-économiques. L'OMM est aussi undes acteurs essentiels de l'Année polaire inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> <strong>2007</strong>/<strong>2008</strong>. Cette ambitieuse campagne derecherche et d'observation, axée sur <strong>le</strong>s régions polaires et coordonnée à l'échel<strong>le</strong> inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>devrait, entre autres, permettre à la communauté scientifique de mieux comprendre l'influence que cesrégions exercent sur <strong>le</strong> climat de la planète et sur son évolution. Les données recueillies au cours de laprécédente campagne, en 1957/1958, sont en effet, encore aujourd'hui, à la base d'une grande <strong>par</strong>t desconnaissances en matière de sciences polaires.Dans <strong>le</strong> domaine de l’observation de la Terre, ou de la télédétection <strong>le</strong>s domaines àexplorer sont nombreux. A titre d'exemp<strong>le</strong>, dès la fin de l'année 2000, <strong>le</strong> ministère français de laRecherche a créé <strong>le</strong> réseau national « Terre et Espace » consacré à l'observation de la Terre et auxapplications des technologies spatia<strong>le</strong>s à la protection de l'environnement. L'objectif de ce réseau quiCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 38 -associe industriels, scientifiques et utilisateurs, est de développer de nouveaux services exploitant,entre autres, des données d'origine spatia<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s domaines de la gestion des risques naturels etindustriels, de l'agriculture, de la gestion des ressources naturel<strong>le</strong>s et de la cartographie. Les thèmesprioritaires du réseau « Terre et Espace » sont <strong>le</strong>s suivants :gestion des ressources renouvelab<strong>le</strong>s, de l'environnement et des paysages ;planification des infrastructures et sécurité des transports ;santé et risques ;traitement et circulation des données spatia<strong>le</strong>s.b) Les progrès à attendre au plan technique.Sur un plan plus technique, deux axes sont à privilégier : l'évolution des plates-formesd'observation et <strong>le</strong>s méthodes d'exploitation des données recueillies.Pour <strong>le</strong>s plates-formes satellitaires, s’il ap<strong>par</strong>aît que <strong>le</strong> domaine des possib<strong>le</strong>s n’a pasencore été complètement exploré, la tendance généra<strong>le</strong> à l’augmentation de la résolution spectra<strong>le</strong>(meil<strong>le</strong>ure résolution en longueur d'ondes) et spatia<strong>le</strong> (meil<strong>le</strong>ure résolution en distance) des imageursvisib<strong>le</strong>s et infrarouge proche (ou infrarouge réfléchi) devrait se confirmer dans <strong>le</strong> futur. L’avènementdes imageurs hyper-spectraux possédant jusqu’à plusieurs centaines de canaux (à com<strong>par</strong>er avec SPOT1 qui ne disposait que de quelques canaux) permet de discriminer finement <strong>le</strong>s propriétés des surfaces.Ainsi, il sera d’autant plus aisé de cartographier <strong>le</strong>s propriétés physiques et chimiques dusol et de la végétation, ce qui ouvre de nouvel<strong>le</strong>s perspectives pour l’agriculture ou la surveillance del’environnement.Une autre perspective prometteuse, qui pourrait se généraliser plus fortement, est cel<strong>le</strong>des constellations de satellites, sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> du ‘A-Train’ franco-américain (constellation qui acomme objectif la recherche fondamenta<strong>le</strong> en météorologie). Il s’agit de mettre en œuvre toutes <strong>le</strong>stechniques d’observation disponib<strong>le</strong>s actuel<strong>le</strong>ment, à quelques minutes d’interval<strong>le</strong> sur la même orbite.C’est un progrès considérab<strong>le</strong> en termes de com<strong>par</strong>aison croisée des mesures, limité cependant audomaine de la recherche fondamenta<strong>le</strong> sur l’atmosphère.Par ail<strong>le</strong>urs, il ne faut pas oublier que l’utilisation de l’espace relève tout autant sinon plusde l’exploitation des données que de <strong>le</strong>ur acquisition en orbite. La tendance actuel<strong>le</strong>, si l’on regarde cequi se passe en sciences de l’atmosphère, est à l'acquisition systématique de gros volumes de donnéessur de multip<strong>le</strong>s <strong>par</strong>amètres et à <strong>le</strong>ur archivage en vue d’analyses ultérieures multip<strong>le</strong>s. Les <strong>par</strong>amètresutilisés en recherche ne comportent pas seu<strong>le</strong>ment des variab<strong>le</strong>s physiques (température, pression,humidité...), directement mesurées, mais un nombre beaucoup plus important de <strong>par</strong>amètres qui sontcalculés à <strong>par</strong>tir des premiers (taux de chauffage, divergence d’un champ de vitesse...). Plus <strong>le</strong>sobservations de base sont de qualité, nombreuses, bien résolues, fiab<strong>le</strong>s..., plus il existe de manières dejouer avec ces variab<strong>le</strong>s, ce qui constitue un enjeu important, à l’heure où la puissance de calcul est demoins en moins un obstac<strong>le</strong>.On retiendra donc que <strong>le</strong>s réseaux d’observations permettent, et permettront d’autant plusdans <strong>le</strong> futur, d'acquérir une connaissance sur <strong>le</strong> système Terre, mais une connaissance qui estaujourd’hui largement statistique. C’est d’ail<strong>le</strong>urs la raison d’être de la connaissance climatique, <strong>par</strong>opposition à la connaissance météorologique, pour schématiser. La disponibilité de sources de donnéesnombreuses devrait permettre de mettre au point un certain nombre d’indices statistiques, dont <strong>le</strong>sinter-corrélations augmenteront notre capacité prédictive, même pour un système comp<strong>le</strong>xe. Il existede même des recherches pour tenter d’améliorer la prévisibilité de l’atmosphère à <strong>par</strong>tir d’indicesmesurés dans la stratosphère dans la mesure où cel<strong>le</strong>-ci pourrait rétro-agir vers <strong>le</strong> bas.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 39 -c) Vers une intégration plus grande des réseaux d’observation.Enfin, il ap<strong>par</strong>aît que <strong>le</strong>s progrès dans la surveillance et la protection de la Terre passentobligatoirement <strong>par</strong> la coordination et l'intégration des réseaux d'observation. La coopérationinter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> permet la production d'une information globa<strong>le</strong>. C'est pourquoi, il a été décidé la misesur pied d'un système mondial des systèmes d'observation de la Terre, <strong>le</strong> GEOSS (Global EarthObservation System of Systems). En février 2005, une structure permanente de gestion et de suivi duprocessus de mise en œuvre a été créée, dite GEO (Group of Earth Observation). Les Etats membress'engagent à ce que <strong>le</strong> GEOSS soit une réalité à l'horizon 2015. Neuf domaines thématiques ont étéidentifiés, à la suite de négociations laborieuses :la sécurité des personnes et des biens en relation avec <strong>le</strong>s aléas naturels et humains ;<strong>le</strong>s facteurs environnementaux affectant la santé humaine et <strong>le</strong> bien-être ;la gestion des ressources énergétiques ;<strong>le</strong> changement climatique ;la gestion des ressources en eau ;la prévision météorologique ;la protection des écosystèmes, terrestres, côtiers et marins ;<strong>le</strong> développement d'une agriculture durab<strong>le</strong> et la lutte contre la désertification ;la conservation de la biodiversité.L'UE y <strong>par</strong>ticipe activement à travers <strong>le</strong> GMES, qui constituera aux côtés d’autres entitéscomme <strong>le</strong>s programmes d’EUMETSAT, la colonne vertébra<strong>le</strong> des capacités.L'observation de la Terre est un domaine comp<strong>le</strong>xe et en rapide évolution. Les types dedonnées, <strong>le</strong>s observations satellitaires, <strong>le</strong>s systèmes de modélisation et <strong>le</strong>s besoins sociétaux changentplus vite que jamais. Il sera demain nécessaire de disposer d'un programme solide de Rechercheappliquée et développement et de transfert technologique pour développer <strong>le</strong>s applications et tirerp<strong>le</strong>inement profit des investissements consentis dans l'observation de la Terre. Comme l'atteste <strong>le</strong>thème de la Journée météorologique mondia<strong>le</strong> en <strong>2008</strong>, « Observer notre planète pour pré<strong>par</strong>erl'avenir », l'espace ap<strong>par</strong>aît bien aujourd'hui une nécessité et une garantie pour notre avenir.2. Pour maîtriser la pollution de l’espaceBien que la prise de conscience de l’existence de débris spatiaux ne soit pas unphénomène récent (<strong>le</strong>s agences <strong>nationa<strong>le</strong></strong>s comme la NASA ou <strong>le</strong> CNES ont pris des initiatives etétabli depuis longtemps des règ<strong>le</strong>s de bonne conduite et élaboré des standards), il n'existe, à ce jour,aucun traité spécifique relatif aux débris spatiaux.L’IADC a été créé en 1993 pour que tous <strong>le</strong>s acteurs du spatial appliquent <strong>le</strong>s mêmesrèg<strong>le</strong>s. Cette agence de lutte contre la pollution spatia<strong>le</strong> organise <strong>le</strong>s échanges d’informations, facilite<strong>le</strong>s coopérations inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s et permet ainsi l'évaluation de mesures possib<strong>le</strong>s, mesures qui sontensuite examinées <strong>par</strong> une sous-commission de l'Organisation des Nations Unies : <strong>le</strong> COPUOS (ouCommittee on the Peaceful Uses of Outer Space, regroupe 67 pays et reste la seu<strong>le</strong> instance apte àlégiférer in fine). Mais l’IADC n’est pas une organisation inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> même si el<strong>le</strong> constitue uneforce de proposition pour l’ONU dans la maîtrise de la pollution de l’espace. Les 11 Etats membresont signé un recueil des principes dictant <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de base à appliquer selon 3 grandesrecommandations : ‘soyons propres’, ‘n’explosons plus’ et ‘protégeons <strong>le</strong>s zones orbita<strong>le</strong>s vita<strong>le</strong>s’.Cependant, face à l’amp<strong>le</strong>ur croissante du phénomène, il est plus qu’urgent de prendre <strong>le</strong>s mesuresnécessaires pour réduire la pollution de l’espace. La meil<strong>le</strong>ure solution à moyen terme reste quandmême la prévention : il faut réduire <strong>le</strong> nombre d’objets spatiaux en orbite autour de la Terre, limiter <strong>le</strong>COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 40 -nombre de débris engendrés (désorbitation des satellites en fin de vie, transfert vers des orbitescimetières, passivation des systèmes) et protéger <strong>le</strong>s zones d’intérêts dans l’Espace.Quelques exemp<strong>le</strong>s peuvent être re<strong>le</strong>vés à travers certaines initiatives concrètes :- tout satellite en orbite basse, avant sa fin de vie, devra être ramené sur une orbitelui permettant de rentrer naturel<strong>le</strong>ment dans l'atmosphère dans <strong>le</strong>s 25 ans suivantcette opération ;- en orbite géostationnaire, l’application de mesures de prévention est une nécessitéabsolue et urgente 35 . Pout tout débris dérivant pouvant traverser la fenêtre destationnement d’un satellite en service et perturber son fonctionnement; il fautaugmenter d’environ 300 km l’altitude des objets arrivés en fin de vie, puis <strong>le</strong>s« passiver » pour éviter tout risque ultérieur d’explosion.En Europe, <strong>le</strong> CNES a été <strong>par</strong>mi <strong>le</strong>s premiers à montrer l’exemp<strong>le</strong> en procédant, en 2003, à ladésorbitation de Spot 1 arrivé en fin de vie. Son état pouvant évoluer de façon imprévisib<strong>le</strong>, il existaitun risque de perdre définitivement <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> du satellite. D’une altitude de 800 km, il a ainsi étéplacé sur une orbite elliptique, d’environ 570 km au périgée et 800 km à l’apogée, pour lui permettrede se désintégrer en moins de 25 ans. Son retour doit s'effectuer en 16 ans environ, au lieu de 2 sièc<strong>le</strong>ssi rien n’avait été fait. Le CNES a éga<strong>le</strong>ment effectué avec succès <strong>le</strong>s opérations de fin de vie dusatellite géostationnaire Te<strong>le</strong>com 2A : conduit en orbite « cimetière », au-delà de la zone protégée, il aensuite subi des opérations de passivation destinées à éviter tout risque ultérieur d’explosion, avantson arrêt définitif.Malheureusement, sur un plan international, <strong>le</strong> taux d’application de ces mesures resterelativement faib<strong>le</strong> : seu<strong>le</strong>ment un tiers des opérateurs effectue correctement <strong>le</strong>s opérations de« réorbitation » en fin de vie ; un autre tiers se contente d’une « réorbitation » <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>, insuffisantepour assurer la non interférence du satellite avec l’orbite géostationnaire ; enfin, <strong>le</strong> dernier tiers ne faitrien : lorsque <strong>le</strong>s réservoirs sont vides, <strong>le</strong>urs satellites sont purement et simp<strong>le</strong>ment abandonnés surplace avec <strong>le</strong>s conséquences que l’on imagine.Ce constat conduit aujourd’hui <strong>le</strong>s agences à effectuer un travail d’information et depersuasion auprès des opérateurs afin d’augmenter <strong>le</strong> pourcentage de « bons élèves », mais éga<strong>le</strong>mentde répertorier <strong>le</strong>s difficultés rencontrées pour faire évoluer, si nécessaire, la rég<strong>le</strong>mentation. Seu<strong>le</strong> unerég<strong>le</strong>mentation inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> permettra la résolution efficace du problème des débris spatiaux sansfausser la concurrence entre <strong>le</strong>s fabricants et <strong>le</strong>s opérateurs de satellites des divers pays. Une ententepolitique des Etats concernés ouvrirait la voie à l’établissement d’un cadre légal international 36 .L’a<strong>le</strong>rte ne suffit plus, il convient maintenant d’ériger <strong>le</strong>s recommandations en règ<strong>le</strong>s et de <strong>le</strong>sfaire accepter <strong>par</strong> <strong>le</strong>s agences et <strong>le</strong>s opérateurs.3. Pour une industrie spatia<strong>le</strong> propreLa performance de l’industrie spatia<strong>le</strong> en matière de protection de l’environnement est aucœur du défi des années à venir. La poursuite de l’aventure spatia<strong>le</strong> au moindre coût pourl’environnement terrestre et spatial est une condition de plus en plus nécessaire à son appropriation <strong>par</strong>3536Une explosion au voisinage de l’orbite géostationnaire peut aussi avoir des conséquences catastrophiques, générantde nouveaux débris et de nouveaux risques de collisionCf. Rafael Gimalov, « Amélioration du droit international en matière spatia<strong>le</strong> », Assemblée <strong>par</strong><strong>le</strong>mentaire del’OTAN, 178 STCMT 07 F rév 1, <strong>2007</strong>COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 41 -la société civi<strong>le</strong>. Les normes de minimisation des résidus doivent être appliquées aussi bien auxsatellites et lanceurs commerciaux qu’aux programmes publics. A défaut, la justification des moyensbudgétaires affectés à l’espace, dans un contexte <strong>par</strong>ticulièrement contraint, ne pourrait qu’en êtrenotab<strong>le</strong>ment affaiblie. Cet enjeu ne peut être re<strong>le</strong>vé à condition d’être porté <strong>par</strong> une volonté politiqueau niveau international et un progrès sensib<strong>le</strong> des coopérations en la matière.B. Quel<strong>le</strong> gouvernance de la protection de l’environnement ?Après avoir été longtemps l’apanage de quelques grandes puissances, l’espace voitaujourd’hui se développer des programmes ambitieux de la <strong>par</strong>t de pays émergents. Le mode degouvernance datant des années 1970 doit donc évoluer, à la fois pour tenir compte des nouveaux venusmais aussi pour prendre en considération la globalité de la problématique environnementa<strong>le</strong> et laglobalité de la vision planétaire apportée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s moyens d’observation en orbite. La définition d’uncadre juridique international est indispensab<strong>le</strong>. L’espace y trouve toute sa place, comme preuve,comme aide à l’évaluation et comme support à la ré<strong>par</strong>ation. Il reste à imaginer la meil<strong>le</strong>ureorganisation pour assurer la cohérence et la coordination des activités.1. Quel cadre juridique international pour la protection de l’environnement ?a) Une gouvernance globa<strong>le</strong> encore embryonnaire….La gouvernance inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> liée à la protection de l’environnement est caractérisée <strong>par</strong>son extrême « éclatement », ainsi plus de 500 conventions traitent de ce sujet. Les projets de créationd’une structure assurant la gouvernance globa<strong>le</strong> de ce domaine se sont tous heurtés à l’opposition desEtats, que ce soit l’initiative française d’une ONU de l’environnement (ONUE) ou d’une Organisationmondia<strong>le</strong> de l’environnement (OME) 37 . Au sein de l’ONU, cette question est traitée au niveau d’unprogramme, <strong>le</strong> PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement), sans pouvoir decontrainte sur <strong>le</strong>s Etats.Le défaut de gouvernance globa<strong>le</strong> est d’abord la conséquence de positions divergentes dela <strong>par</strong>t des Etats. Les pays <strong>le</strong>s plus pauvres, qui seront pourtant <strong>le</strong>s plus touchés, n’ont absolument pas<strong>le</strong>s moyens d’affronter ce problème et se concentrent sur <strong>le</strong>s difficultés du présent. Parce qu’el<strong>le</strong> nedispose pas en propre de ressources fossi<strong>le</strong>s, et <strong>par</strong>ce que <strong>le</strong> choc pétrolier l’a pré<strong>par</strong>ée, l’UE est trèsvolontariste. Les Etats-Unis ne veu<strong>le</strong>nt pas renoncer à <strong>le</strong>ur mode de vie très consommateur d’énergie,et estiment, comme la Russie et l’Australie, qu’ils seront peu touchés <strong>par</strong> <strong>le</strong> réchauffement climatique.Enfin <strong>le</strong>s grands pays en voie de développement (PVD) rejettent sur <strong>le</strong>s pays anciennementindustrialisés la charge de ré<strong>par</strong>er <strong>le</strong>s dégâts que ces derniers ont provoqués.En outre, <strong>le</strong>s Etats doivent prendre des décisions coûteuses sur des « données mol<strong>le</strong>s » ence qui concerne <strong>le</strong>s gains attendus ou l’évitement du coût local ou régional du changement climatiquemondial. Il est en effet aujourd’hui impossib<strong>le</strong> de chiffrer <strong>le</strong> coût du changement climatique <strong>par</strong> pays,c'est-à-dire l’impact du réchauffement sur sa région, tout comme il est hasardeux de calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> coût deréduction d’émission.37Propositions de la France à l’occasion de la conférence de Rio en 1992 puis en 2001, cf. § I.A.2COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 42 -b) …mais indispensab<strong>le</strong>La coordination inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> est indispensab<strong>le</strong> pour une meil<strong>le</strong>ure coordination desactions en matière de protection de l’environnement.Par exemp<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong> domaine climatique, une action non coordonnée entre <strong>le</strong>s Etatsaboutira à une réduction insuffisante d’émission de gaz à effet de serre.Il est démontré que lorsque <strong>le</strong>s pays agissent col<strong>le</strong>ctivement, ils placent <strong>le</strong>ur niveaud’effort à un niveau plus é<strong>le</strong>vé que la somme de <strong>le</strong>urs niveaux d’effort individuel. La coordinationinter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> est donc indispensab<strong>le</strong>.c) Conditions de succès et perspectivesPar la persuasion plus que <strong>par</strong> la contrainteEn l’absence de gouvernement supranational, seu<strong>le</strong> la libre négociation permet des’accorder sur <strong>le</strong>s mesures à prendre de manière coordonnée. Ainsi, la convention climat 38 pose <strong>le</strong>principe d’une coopération entre pays « selon <strong>le</strong>urs responsabilités communes mais différenciées,<strong>le</strong>urs capacités respectives et <strong>le</strong>ur situation socia<strong>le</strong> et économique ». Seuls <strong>le</strong>s pays développés ou envoie de transition ont des obligations quantitatives de réduction pour la première périoded’engagement du protoco<strong>le</strong> dit de Kyoto. Les principes implicites qui sous-tendent cet accord(principe pollueur-payeur, principe de responsabilité historique, principe de capacité financière) ontété fragilisés dès l’origine <strong>par</strong> <strong>le</strong> retrait des Etats-Unis au nom des coûts prohibitifs que cet accordoccasionnerait pour eux et <strong>par</strong> l’absence d’engagement des pays en voie de développement. Seu<strong>le</strong>l’adhésion des Etats-Unis à l’accord global rendra la « convention climat » réel<strong>le</strong>ment efficace.Un accord préalab<strong>le</strong> sur la notion de propriété.Le premier accord à trouver porte sur la propriété des biens comme l’espace,l’Antarctique ou <strong>le</strong> climat. Selon <strong>le</strong>s tenants des droits de propriétés (« property rights »), seu<strong>le</strong>l’appropriation privée de ces biens garantit <strong>le</strong>ur conservation ou <strong>le</strong>ur réhabilitation. Pour <strong>le</strong>s tenants dela théorie des biens communs (« common goods »), seul l’Etat est à même d’assurer dans la durée lapréservation voire la mise en va<strong>le</strong>ur de ces biens.Selon la théorie économique de Coase (1960), en situation d’information <strong>par</strong>faite et en l’absence decoûts de transaction, pollueurs et pollués peuvent s’entendre de façon contractuel<strong>le</strong> et atteindrel’optimum économique de réduction, même si <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de propriété ne sont pas clairement établies.Un compromis devra donc être trouvé entre ces différentes conceptions.Une approche sectoriel<strong>le</strong> et multidimensionnel<strong>le</strong>Si <strong>le</strong> débat n’est aujourd’hui pas tranché entre appropriation privée ou étatique etgouvernance globa<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s solutions sont à rechercher <strong>par</strong> domaine (climat, biodiversité, …) et à mettreen œuvre de manière différenciée et progressive.Ainsi, pour <strong>le</strong> climat, <strong>le</strong> quasi-consensus scientifique obtenu grâce au GIEEC peut être considérécomme l’embryon d’une gouvernance mondia<strong>le</strong>. Sur ce premier étage d’expertise scientifique<strong>par</strong>tagée, il sera possib<strong>le</strong> de poursuivre la création d’un organisme normatif qui <strong>par</strong>aît être l’objectif de38Convention cadre des Nations Unies sur <strong>le</strong>s changements climatiques, juin 1992COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 43 -long terme à atteindre. Il sera nécessaire de vaincre bien des résistances et de <strong>le</strong>ver nombred’incompréhensions réciproques mais il est encourageant de constater que la gouvernance du climatest aujourd’hui <strong>le</strong> thème de la plus importante négociation Nord-Sud.Concernant la biodiversité, l’état de la gouvernance est encore plus embryonnairepuisqu’il n’existe pas de base scientifique minima<strong>le</strong> pouvant être <strong>par</strong>tagée.Pour résoudre cette contradiction, la France a pris l’initiative de créer l’IMoSEB(Mécanisme international d’expertise scientifique sur la biodiversité) qui se veut, à terme, <strong>le</strong> « GIEECde la biodiversité ».L’accord doit être nécessairement pluridimensionnel ; il ne saurait être limité àl’environnement mais doit être articulé à la régulation d'autres domaines affectés directement ouindirectement <strong>par</strong> <strong>le</strong>s mesures de protection de l’environnement. Ainsi, pour qu’un pays ne soit pastenté de demeurer à l’extérieur d’un accord global, et cherche à bénéficier à la fois des efforts deréduction des pays signataires de l’accord et d’un avantage compétitif, l’accord devra être complétéd’une régulation du commerce mondial international. Une tel<strong>le</strong> stratégie supposera des négociationscroisées avec d’autres sujets qui pourraient ouvrir l’éventualité de compensations dans d’autresdomaines.d) Des initiatives régiona<strong>le</strong>s encourageantesL’Union européenne est sans doute l’organisation régiona<strong>le</strong> la plus avancée en matière degouvernance liée à l’environnement, en <strong>par</strong>ticulier à l'égard des questions climatiques. Le rô<strong>le</strong>d’exemp<strong>le</strong> mais aussi d’incitation de l’Europe constituera, on peut l'espérer, un remarquab<strong>le</strong> vecteurde son influence globa<strong>le</strong>. La gouvernance mondia<strong>le</strong> se construira sans doute à <strong>par</strong>tir de la conjonctionet de la convergence des initiatives régiona<strong>le</strong>s.L’UE s’est en effet fixée l’objectif très ambitieux de limiter l’augmentation de latempérature mondia<strong>le</strong> moyenne à 2°C. El<strong>le</strong> prône la mise en place d’incitations à l’échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong>notamment au profit de : l’instauration d’un prix du carbone et <strong>le</strong> financement massif de la recherchesur <strong>le</strong>s technologies sobres en carbone. Cet objectif ne sera atteint que dans <strong>le</strong> cadre d’une actioninter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> coordonnée. Cependant <strong>le</strong> manque de motivation des Etats pour consacrer <strong>le</strong>s moyensnécessaires à cet objectif constitue l’obstac<strong>le</strong> principal.e) Les perspectives d’avenirQuel cadre pour la négociation : ONU ou clubs ?Les négociations sur <strong>le</strong> climat ont eu lieu dans <strong>le</strong> cadre de la ‘Convention climat’ desNations Unies. Au regard de la règ<strong>le</strong> d’unanimité, <strong>le</strong>s PVD qui n’ont pris aucun engagement ont doncla capacité d'empêcher la conclusion d'une nouvel<strong>le</strong> convention et donc <strong>le</strong> développement d'un cerc<strong>le</strong>vertueux dans <strong>le</strong>quel s'inscriraient de nouveaux pays jusque là passifs. En revanche ce système permetà tous <strong>le</strong>s pays de s’approprier la problématique climat, notamment <strong>le</strong>s pays émergents (Brésil, Inde,Chine) qui devraient rapidement être amenés à <strong>par</strong>ticiper activement à ce régime. Les Etats-Unispréfèrent quant à eux <strong>le</strong> principe « no <strong>par</strong>ticipation without taxation » et ne <strong>par</strong>ticiperont auxnégociations que lorsque <strong>le</strong>s PVD auront annoncé <strong>le</strong>ur volonté de prendre des engagementsquantitatifs. L’option alternative d’un club de négociation et d’une action resserrée aux pays désirantlutter effectivement et à la hauteur de <strong>le</strong>urs moyens contre <strong>le</strong> réchauffement climatique pourrait endéfinitive être la seu<strong>le</strong> solution pour relancer et dynamiser <strong>le</strong> processus de lutte contre <strong>le</strong> changementclimatique.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 44 -Le seul engagement de l’UE peut-il être significatif ?Les Européens ont mis en en place des politiques de lutte contre <strong>le</strong> changementclimatique qui entraînent une distorsion de concurrence notamment dans <strong>le</strong>s secteurs de l’industrie, del’énergie et des transports routiers. En 2003, <strong>le</strong>s PVD ont produit en effet 42% de l’acier et du fermondiaux, 78% du ciment et 52% de l’aluminium. Les efforts européens seront donc diffici<strong>le</strong>mentsupportés dans la durée, en l’absence de mesures similaires dans un cadre international. Une premièreréponse à cette problématique prônait une approche sectoriel<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s domaines soumis àconcurrence inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> mais force est de constater que, dans chaque secteur, <strong>le</strong>s performancesactuel<strong>le</strong>s des pays sont extrêmement variab<strong>le</strong>s tout comme <strong>le</strong>ur volonté de <strong>le</strong>s améliorer.Une piste plus prometteuse consisterait à taxer <strong>le</strong>s importations aux frontièreseuropéennes, proportionnel<strong>le</strong>ment à <strong>le</strong>ur contenu en gaz à effet de serre. Cette négociation pourraitêtre conduite au sein de la ‘Convention climat’. En absence d’accord international, il pourrait alors êtreenvisagé un système de subventions aux secteurs sensib<strong>le</strong>s en fonction de <strong>le</strong>ur performance.Marché de permis ou recherche ?Les Européens privilégient <strong>le</strong> marché de permis qu’ils ont mis en place dans l’UE et dontils espèrent qu’il fera éco<strong>le</strong> au niveau international. On observera cependant avec intérêt que desmarchés de carbone sont déjà en cours de développement tant dans certains Etats américains et enAustralie. Les Etats-Unis ont choisi quant à eux, une seconde voie, cel<strong>le</strong> de la recherche avec deuxpriorités : la séquestration du carbone (choix logique ils détiennent un quart des réserves mondia<strong>le</strong>s decharbon, celui-ci est responsab<strong>le</strong> de 80% des émissions de CO2 du secteur de la production del’é<strong>le</strong>ctricité) et <strong>le</strong> moteur à hydrogène (en remplacement du moteur à explosion). Il est certain que <strong>le</strong>sEuropéens doivent faire un effort accru en recherche et développement. Mais la recherche ne suffirapas à effacer l’écart de compétitivité entre <strong>le</strong>s énergies fossi<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s technologies sobres en carbone.L’internalisation progressive du coût du carbone sera aussi nécessaire. Enfin des mécanismes deréduction des émissions polluantes existent dans bien d’autres secteurs comme <strong>le</strong> bâtiment ou <strong>le</strong>sdéchets, domaines où <strong>le</strong>s efforts du secteur privé sont nécessaires à une échel<strong>le</strong> très décentralisée et quine relèvent pas de la logique d’investissements à <strong>par</strong>tir de fonds publics.Quels engagements pour <strong>le</strong>s PVD ?L’enjeu majeur est à l'évidence celui de l’engagement des PVD, car d'ici à 2025, <strong>le</strong>ursémissions pourraient augmenter de 84%. Le mécanisme de ‘développement propre’ (<strong>le</strong>s paysdéveloppés mettent en place des projets de réduction des émissions dans <strong>le</strong>s PVD et sont ensuitecrédités d’un montant de crédits d’émission) est efficace mais ne suffira pas. Les PVD sont en effettrès réticents à s’engager sur des objectifs quantitatifs, et <strong>le</strong>ur attitude conduit à envisager plusieurssolutions alternatives :- engagement « sans regrets » - aucune pénalité n'est encourue si <strong>le</strong>s objectifs quantifiés nesont pas atteints ;- engagement sur des politiques de réduction, - obligation de moyens et non de résultat, à ladifférence des pays développés ;- transfert de technologies propres <strong>par</strong> <strong>le</strong>s pays développés en échange d’engagementsquantitatifs pris <strong>par</strong> <strong>le</strong>s PVD ;- aide publique au développement davantage orientée sur <strong>le</strong>s investissements en énergiepropre (étant rappelé que cel<strong>le</strong> ci s'é<strong>le</strong>vait globa<strong>le</strong>ment à 78,6 milliards de dollars en2004) ;- orientation des actions des agences d’export-crédit vers des projets énergétiques pluspropres.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 45 -2. Quel<strong>le</strong> organisation ?La coordination des moyens spatiaux qui contribuent à la protection de l’environnementnécessite un nouveau mode de gouvernance et donc une organisation adéquate à même de l’exercer.Comme l’écrit Marco Ferrazzani de l’Agence spatia<strong>le</strong> européenne : « <strong>le</strong> débat actuel sur <strong>le</strong> scénariolong terme relatif à la composante spatia<strong>le</strong> GMES fait ap<strong>par</strong>aître <strong>le</strong> besoin d’un ‘programmeopérationnel ‘ prenant la suite des études actuel<strong>le</strong>s… en l’absence d’entité chargée des applicationsterrestres,…l’ASE devra assurer provisoirement la fourniture opérationnel<strong>le</strong> des données issues deces missions… ». Par <strong>le</strong> passé, certains pays européens, dont la France, ont proposé la création d’uneOrganisation mondia<strong>le</strong> de l’environnement, sous l’égide de l’ONU et chargée de pré<strong>par</strong>er <strong>le</strong>srésolutions, <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s recommandations nécessaires. Cette proposition, formulée dès laconférence de Rio en 1992, puis relancée notamment <strong>par</strong> L. Jospin et D. Voynet en 2001, de mêmeque <strong>par</strong> J. Chirac au Sommet de la Terre de Johannesburg en 2002, n’a pas eu de suite.C’est donc naturel<strong>le</strong>ment vers l’Europe que doit se porter l’effort, en souhaitant qued’autres organisations régiona<strong>le</strong>s s’en inspirent, pour au final couvrir la globalité de la problématique.L’Union européenne dispose déjà d’une Agence pour l’environnement (AEE). Cette dernière a pourmission de fournir des informations opportunes, ciblées, pertinentes et fiab<strong>le</strong>s sur l'environnement auxpersonnes concernées <strong>par</strong> l'élaboration et la mise en œuvre de la politique environnementa<strong>le</strong> <strong>nationa<strong>le</strong></strong>et européenne, ainsi qu'au grand public. El<strong>le</strong> apporte un éclairage aux décideurs des pays de l’Unioneuropéenne sous forme de rapports thématiques. Il ne s’agit toutefois que de la compilation de donnéesexistantes recueillies auprès des services des Etats membres. La gouvernance des systèmes spatiaux auprofit de l’environnement nécessite une toute autre structure.D’autres entités européennes interviennent à différents niveaux :- <strong>le</strong> centre satellitaire de l’UE, localisé à Torrejon, près de Madrid, dispose de compétencesdans <strong>le</strong> domaine considéré ; il est chargé de soutenir <strong>le</strong> processus de décision de l’UEdans <strong>le</strong> domaine de la Politique étrangère de sécurité et de défense, en fournissant desdonnées satellitaires aux différents services ; <strong>le</strong> centre intervient comme expert dans <strong>le</strong>programme GMES et est susceptib<strong>le</strong> de fournir des analyses d’images en cas de crise oude catastrophe majeure ;- l’Institut pour l’environnement et <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong> (IES) a pour mission dedélivrer un soutien scientifique et technique aux politiques de l’Union européennere<strong>le</strong>vant du domaine ; il est localisé à Ispra en Italie et dispose de prés de 400 expertsdans tous <strong>le</strong>s domaines liés à l’observation de la Terre et la surveillance del’environnement ; ses domaines d’expertise sont variés : utilisation des ressourcesnaturel<strong>le</strong>s, développement rural, changements climatiques, risques environnementaux,catastrophes naturel<strong>le</strong>s, qualité de l’air, énergies renouvelab<strong>le</strong>s… ; il contribue aussi auprogramme GMES et au programme INSPIRE (Infrastructure for Spatial Information inEurope) ;- éga<strong>le</strong>ment localisé à Ispra, l’Institut pour la protection et la sécurité du citoyen (IPSC) apour mission d’étudier la protection du citoyen européen face aux risques économiques ettechnologiques. Il élabore des rapports scientifiques au profit des instances de l’Unioneuropéenne, sur la base d’analyse d’images et de recherche ouverte. Son expertisecomprend en <strong>par</strong>ticulier <strong>le</strong> domaine du nucléaire ; ses domaines de priorités actuels sont :sécurité et stabilité globa<strong>le</strong>, gestion des frontières, antiterrorisme, lutte contre <strong>le</strong> crimeorganisé, sécurité nucléaire, sécurité énergétique, risques environnementaux.Plusieurs organismes, au sein de l’Union européenne sont donc, dès aujourd’hui,concernés <strong>par</strong> la problématique. Ils sont toutefois placés sous des autorités hiérarchiques différentes etprésentent certainement des redondances et des manques. Il convient donc d’étudier au moins uneCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 46 -coordination d’ensemb<strong>le</strong> et, au mieux, un regroupement de ces différents centres et instituts. Lesmissions que la future organisation pourrait se voir confier sont détaillées ci-après.El<strong>le</strong>s sont à considérer dans <strong>le</strong> contexte d’utilisation des moyens spatiaux pour la sécuritéet la protection de l’environnement :- recueil du besoin auprès des différentes composantes de l’Union européenne,- recueil du besoin au niveau de la communauté scientifique,- recueil du besoin auprès des pays membres et des organisations de ces pays,- synthèse et fusion des expressions de besoin,- élaboration des demandes de données spatia<strong>le</strong>s,- expression des demandes de programmation des systèmes spatiaux auprès des agencesspatia<strong>le</strong>s,- approvisionnement des données <strong>par</strong> <strong>le</strong>s agences spatia<strong>le</strong>s,- exploitation des données spatia<strong>le</strong>s (fusion, interprétation, diffusion, archivage),- élaboration de rapports d’interprétation au profit des demandeurs,- diffusion des rapports d’interprétation aux demandeurs,- expertise scientifique et technique en support des politiques de l’UE,- expertise scientifique et technique pour la conception des programmes spatiaux futurs.La mission, très large, englobe la majeure <strong>par</strong>tie des travaux réalisés <strong>par</strong> <strong>le</strong>s quatrecentres, instituts et agences étudiés préalab<strong>le</strong>ment. Un rapprochement de ces entités est donc fortementsouhaitab<strong>le</strong> et, à terme, en fonction du retour d’expérience, il pourrait être nécessaire d’étudier <strong>le</strong>urregroupement sous une seu<strong>le</strong> autorité.C. Un facteur de motivation au profit de l’homme et de la planèteA l’heure où la protection de l’environnement terrestre devient une préoccupationplanétaire majeure, l’espace offre tous <strong>le</strong>s atouts pour catalyser l’effort commun indispensab<strong>le</strong>. Par unesurveillance permanente ou régulière de la planète, il contribue à la prévention des catastrophesqu’el<strong>le</strong>s soient naturel<strong>le</strong>s ou artificiel<strong>le</strong>s, sert de support aux témoignages afin de décrire précisément<strong>le</strong>s phénomènes et d’en identifier <strong>le</strong>s causes et <strong>le</strong>s auteurs, permet ensuite la ré<strong>par</strong>ation rapide desdégâts. Mais aussi, de la même façon qu’il a contribué, dans <strong>le</strong>s années 70, à la prise de conscience <strong>par</strong>l’humanité de la globalité et de l’unicité de notre planète dans <strong>le</strong> système solaire, l’espace estaujourd’hui l’outil idéal pour l’éducation des futures générations dans <strong>le</strong> souci désormais universel dela protection de la Terre.1. Pour informerLe 28 février <strong>2008</strong>, lors de la signature de l’accord entre l’ESA et la commissioneuropéenne relatif à l’amélioration du système GMES, Günter Verheugen, vice-président de laCommission, en charge des entreprises et de la politique industriel<strong>le</strong> déclarait :« Les performancesaméliorées du système GMES sont d’une importance primordia<strong>le</strong> pour nos politiques en matièred’environnement et de sécurité. Je me félicite de l’accord signé ce jour, <strong>par</strong>ce que <strong>le</strong>s citoyens ont <strong>le</strong>droit de vivre en sécurité et de disposer d’informations fiab<strong>le</strong>s sur l’environnement ». C’est ce droit àl’information qu’il convient aujourd’hui de garantir et de développer, d’une <strong>par</strong>t au profit del’ensemb<strong>le</strong> des citoyens européens dans <strong>le</strong> cadre de l’amélioration de <strong>le</strong>urs conditions de vie auCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 47 -quotidien. Au même titre que la météorologie, devenue un rendez-vous journalier incontournab<strong>le</strong> à latélévision pour des millions de personnes, une information systématique sur <strong>le</strong>s conditionsenvironnementa<strong>le</strong>s doit être délivrée régulièrement.Les données spatia<strong>le</strong>s illustratives serviront de support médiatique et très pédagogique.On pourra y incorporer <strong>le</strong>s bul<strong>le</strong>tins de pollution réalisés dans <strong>le</strong>s grandes métropo<strong>le</strong>s ou <strong>le</strong>s différentsindicateurs de la qualité de l’air. Où qu’il ail<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> monde, <strong>le</strong> citoyen européen doit pouvoir êtreinformé sur <strong>le</strong>s risques auxquels il peut être exposé dans tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> région du monde, en fonctiondes problématiques liées à des lacunes dans la protection de l’environnement. Cette communicationdevrait dissuader, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, des touristes européens potentiels à fréquenter des <strong>par</strong>ties du monde,ou <strong>le</strong> respect de l’écosystème n’est pas garanti. Soyons sûr, que rapidement, <strong>le</strong>s pays incriminéscorrigeront <strong>le</strong>urs comportements face au manque à gagner de la manne touristique. C’est un jeu quel’on pourrait considérer comme gagnant – gagnant : d’une <strong>par</strong>t <strong>le</strong>s touristes européens protègent <strong>le</strong>urbien être et <strong>le</strong>ur santé tout en voyageant, d’autre <strong>par</strong>t <strong>le</strong>s pays qui obéissent à cette forte sollicitation aurespect de l’environnement attireront davantage de touristes.Zones de pollution au dioxyde d’azote en Europe (ESA)Dans un cadre international ensuite, afin de valoriser l’avance européenne dans cedomaine. Peu de pays dans <strong>le</strong> monde disposent de la capacité à recueillir de l’information depuisl’espace, en revanche, tous <strong>le</strong>s pays du monde savent lire et exploiter <strong>le</strong>s données spatia<strong>le</strong>s. GMES vadoter l’Europe d’une véritab<strong>le</strong> capacité de supervision quasi permanente de l’environnement terrestre.Ces données, une fois acquises doivent pouvoir être mises à la disposition d’autres pays oud’organisation inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s pour des objectifs similaires.Cette capacité ainsi délivrée, serait un amplificateur fort du ‘soft power’ européen dans <strong>le</strong>monde et contribuerait ainsi à améliorer la visibilité et la perception de l’Europe. Cette initiative doitrapidement et faci<strong>le</strong>ment être déclinée dans <strong>le</strong> cadre de l’Union pour la Méditerranée qui peut offrir unterrain propice à une première expérimentation.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 48 -Pollutions aux hydrocarbures dans <strong>le</strong>sPhilippines(Radarsat 1 Agence spatia<strong>le</strong> Canadienne)2. Pour témoignerDans la mesure où il n'est de bonne prévention qu'accompagnée de capacité de détectionet de répression des comportements illégaux, irresponsab<strong>le</strong>s ou accidentels, l'espace a éga<strong>le</strong>ment pourvocation à permettre la constitution d'un réseau efficace de surveillance et de constitution de preuvesscientifiques, matériel<strong>le</strong>s puis juridiques.La lutte contre <strong>le</strong>s pollutions maritimes, engagée <strong>par</strong> de nombreux pays dans <strong>le</strong> cadre dela convention inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> Marpol 1973 / 1978 relative aux rejets en mer des navires et plates formespétrolières, a pour ce faire constitué un excel<strong>le</strong>nt laboratoire. El<strong>le</strong> a, en effet, montré que <strong>le</strong>s réseauxsatellitaires et la détection aéroportée étaient capab<strong>le</strong>s de détecter dans des délais très brefs <strong>le</strong>s rejetsen mer d’hydrocarbures, qu'ils soient volontaires ou involontaires, d'identifier <strong>le</strong>s bateaux pollueurs etde fournir aux autorités étatiques désireuses de réprimer ces atteintes gravissimes à l'environnement oud'en limiter au maximum <strong>le</strong>s conséquences nuisib<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s moyens de preuve nécessaire à <strong>le</strong>ur action.Il va de soi que lors de tels sinistres, la rapidité de la réaction des Etats côtiers est unfacteur essentiel de limitation des conséquences dommageab<strong>le</strong>s de tel<strong>le</strong>s pollutions. Si <strong>le</strong>s moyensclassiques de surveillance <strong>par</strong> des avions ou des navires du pays concerné resteront toujours uti<strong>le</strong>spour détecter des sinistres survenus à proximité relative des côtes, puis affiner l'élaboration de plan<strong>par</strong>ticulier de lutte, <strong>le</strong>ur mise en œuvre efficace continuera à dépendre essentiel<strong>le</strong>ment du délai derévélation du sinistre. A cet égard, l'espace constitue à l'évidence un lieu d'observation et de détectionprivilégié, ainsi qu'un facteur essentiel d'accélération du temps de réaction des autorités étatiques.De surcroît, <strong>le</strong>s pollutions majeures déplorées depuis 30 ans au large des côteseuropéennes, et plus <strong>par</strong>ticulièrement en Méditerranée, dans la Manche ou dans <strong>le</strong> Golfe de Gascogne(Torrey Canyon, Olympic Bravery, Boeh<strong>le</strong>n, Amoco Cadiz, Erika, Prestige,…) ont éga<strong>le</strong>ment montréque la responsabilité de <strong>le</strong>s détecter, de se protéger contre el<strong>le</strong>s voire d'en réprimer <strong>le</strong>s auteurs n'étaitpas l'apanage du seul pays victime mais de tous ceux en capacité d'intervenir dans <strong>le</strong>s eauxinter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s où <strong>le</strong> sinistre venait de se produire.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 49 -Naufrage de l’Erika et pollution induite (images ESA)Par <strong>le</strong> passé, l’image spatia<strong>le</strong> a déjà été utilisée comme preuve dans de nombreusesapplications :- vérification des accords de désarmement internationaux (SALT 1 prévoyait en effet lapossibilité d’utiliser <strong>le</strong>s ‘national technical means’, c'est-à-dire <strong>le</strong>s satellites commemoyen de contrô<strong>le</strong> ;- l’amp<strong>le</strong>ur de la catastrophe de Tchernobyl en 1986 a été mise en évidence en<strong>par</strong>ticulier grâce aux images des satellites LANDSAT et SPOT ;- en 1999, <strong>le</strong>s images satellites ont dévoilé, l’existence de charniers en BosnieHerzégovine, ces images ont ensuite été utilisées comme preuve <strong>par</strong> <strong>le</strong> tribunal pénalinter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> pour l’ex-Yougoslavie.Le <strong>par</strong>tage communautaire au sein de l'UE voire la mise en commun inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> demoyens spatiaux d'observations ap<strong>par</strong>aissent à l'avenir essentiels, non seu<strong>le</strong>ment pour réduire <strong>le</strong>s coûtsde surveillance, mais aussi pour permettre l'indispensab<strong>le</strong> coordination des pays impliqués, qu'ilssoient potentiel<strong>le</strong>ment menacés ou seu<strong>le</strong>ment désireux de s'engager dans la préservation du patrimoinecommun à l'humanité que constitue la mer. Pour autant restent à résoudre en urgence deux problèmesessentiels :– celui du coût des images spatia<strong>le</strong>s, qui, notamment si el<strong>le</strong>s doivent être produites àl'occasion de procédures judiciaires, demeurent d'un prix prohibitif,– celui de la définition de l'architecture administrative de l'organe coordonnateur chargéd'observer 24 h sur 24 <strong>le</strong>s données spatia<strong>le</strong>s et de lancer <strong>le</strong>s procédures d'a<strong>le</strong>rte et deCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 50 -coordination inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> ou <strong>nationa<strong>le</strong></strong>.Sous cette réserve, et à ce prix, pourrait être faci<strong>le</strong>ment envisagée l'extension de lasurveillance spatia<strong>le</strong> à tous <strong>le</strong>s autres dommages susceptib<strong>le</strong>s de survenir « sur la terre ferme « et enrelation avec une pollution industriel<strong>le</strong> ou accidentel<strong>le</strong>, délibérée ou involontaire. Une nouvel<strong>le</strong> fois larapidité de détection du sinistre sera de nature à permettre d'en identifier <strong>le</strong>s origines, et <strong>par</strong>tant <strong>le</strong>séventuels responsab<strong>le</strong>s.3. Pour ré<strong>par</strong>erL’évaluation des dégâts causés à l’environnement serait vaine si el<strong>le</strong> n’était accompagnéede mesures de correction appliquées à la source de la pollution et de ré<strong>par</strong>ations appliquées auxdommages et aux victimes. Compte tenu de ses potentialités, l’espace doit impérativement être utilisédans ces applications.La charte inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> ‘espace et catastrophes majeures’, initiée en 1999 et entrée en vigueur ennovembre 2000, offre un cadre international déjà bien expérimenté.En effet, activée plus de 200 fois depuis son entrée en vigueur, el<strong>le</strong> ne l’a été que 9 fois(soit moins de 5%) pour des motifs liés à la protection de l’environnement (pollution auxhydrocarbures en milieu fluvial). Les principaux motifs d’activation concernent des catastrophesnaturel<strong>le</strong>s : 50% pour <strong>le</strong>s inondations, 20% pour <strong>le</strong>s séismes ou l’activité tellurique, 11% pour <strong>le</strong>styphons et tempêtes, 5% pour <strong>le</strong>s feux de forêt.La charte a, de plus, pour objet :- « de fournir en période de crise, aux Etats ou communautés dont <strong>le</strong>s personnes, <strong>le</strong>sactivités ou <strong>le</strong>s biens seraient exposés à des risques imminents de catastrophesnaturel<strong>le</strong>s ou technologiques ou en seraient victimes, <strong>le</strong>s données permettant d’obtenir<strong>le</strong>s informations <strong>le</strong>s plus susceptib<strong>le</strong>s de contribuer à l’anticipation et à la gestion descrises qui pourraient survenir » ;- « de concourir, <strong>par</strong> ces données, et <strong>par</strong> <strong>le</strong>s informations et services issus del’exploitation de moyens spatiaux, à l’organisation des secours ou aux opérations deré<strong>par</strong>ation engagées à <strong>le</strong>ur suite Artic<strong>le</strong> I : objet de la charte; »Ce cadre inter agences sied <strong>par</strong>ticulièrement bien à la problématique étudiée, il n’est nulbesoin d’en imaginer un autre. Il conviendra simp<strong>le</strong>ment de modifier la définition de ‘catastrophenaturel<strong>le</strong>’ tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> est adoptée dans la charte, en l’étendant aux problèmes environnementaux.Les définitions complémentaires à la charte actuel<strong>le</strong> proposées sont <strong>le</strong>s suivantes :- « catastrophe naturel<strong>le</strong>s ou technologique désigne une situation de détresseentraînant la perte de vies humaines, des dommages aux biens de grande amp<strong>le</strong>urou des atteintes à l’environnement, causée <strong>par</strong> un phénomène naturel, unévènement technologique ou une activité humaine. »- « atteinte à l’environnement désigne <strong>le</strong> fait de causer, <strong>par</strong> maladresse,imprudence, inattention, négligence ou manquement, un dommage ayant poureffet soit de modifier l’équilibre écologique, soit de porter atteinte à la santé del’homme ou aux possibilités de vie anima<strong>le</strong> en provoquant une altération du sol,de l’eau ou de l’air. »COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 51 -Exemp<strong>le</strong> de produit réalisé dans <strong>le</strong> cadre de la charte suite à une pollution d’hydrocarbureau large du Liban, à l’été 2006.4. Pour éduquerDans <strong>le</strong> long terme, la protection de l’environnement passe <strong>par</strong> un changement drastiquede notre mode de vie et de nos habitudes. Il convient donc de s’y pré<strong>par</strong>er dès maintenant et surtout depré<strong>par</strong>er <strong>le</strong>s futures générations. Cela passe <strong>par</strong> l’éducation, et dans ce domaine là, l’espace a aussi unfort rô<strong>le</strong> à jouer.« L’homme doit s’é<strong>le</strong>ver au-dessus de la terre jusqu’à la frange extérieure de l’atmosphère et mêmeau-delà, car c’est ainsi qu’il comprendra <strong>le</strong> monde où il vit » écrivait il y a très longtemps Socrate, et,effectivement, l’espace nous offre aujourd’hui cette possibilité d’appréhender <strong>le</strong>s phénomènes dans<strong>le</strong>ur globalité et <strong>le</strong>ur continuité. Les satellites fournissent des données fiab<strong>le</strong>s à l’échel<strong>le</strong> du globe, pourmieux comprendre la Terre et mieux en diagnostiquer <strong>le</strong>s bou<strong>le</strong>versements. Par <strong>le</strong> regard qu’il nousoffre sur l’état de la planète, l’espace peut nous aider à évoluer pour modifier nos comportements.L’espace est vecteur d’éducation.Déjà, <strong>par</strong> <strong>le</strong> passé, la conquête spatia<strong>le</strong> a fait franchir de nouvel<strong>le</strong>s frontières à l’humanité,modifiant profondément nos comportements et nos regards. Désormais :- l’espace est culture : conscience <strong>par</strong>tagée au quotidien de l’exigence d’un changement, etgerme puissant pour entreprendre l’avenir ensemb<strong>le</strong> ;- l’espace est exploration : exploration de l’univers, du temps, de la matière, de la vie, fenêtreouverte qui nous permet de nouvel<strong>le</strong>s perceptions ;COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 52 -- l’espace est sagesse : n’avons-nous pas été subjugués <strong>par</strong> <strong>le</strong>s premières images de la Terretransmises <strong>par</strong> <strong>le</strong>s sondes spatia<strong>le</strong>s ; la Terre, une per<strong>le</strong> b<strong>le</strong>utée isolée dans <strong>le</strong> noir del’espace.Ainsi <strong>le</strong>s satellites nous aident à bâtir une relation plus raisonnée, plus responsab<strong>le</strong> et plusexigeante, car plus instruite, vis-à-vis de notre propre environnement. Depuis l’espace, la Terre est ungrand village aux ressources limitées et ses habitants des îliens au destin intimement lié. Cetenseignement concourt à forger l’image d’une globalisation des problèmes environnementaux etencourage à la nécessaire solidarité des peup<strong>le</strong>s pour tenter de <strong>le</strong>s résoudre.Illustration des phénomènes El Nino et La Nina, à <strong>par</strong>tirde données spatia<strong>le</strong>sLes astronautes sont d’excel<strong>le</strong>nts ambassadeurs pour nous rappe<strong>le</strong>r combien la Terre estbel<strong>le</strong> et qu’il serait plus raisonnab<strong>le</strong> d’apprendre à vivre à sa surface, en harmonie avec notreenvironnement. Les instantanés, magiques et troublants de la Terre vue du ciel, sont plus éloquentsque de grands discours ou de longs artic<strong>le</strong>s. Ces images, <strong>par</strong> la force et l’émotion qu’el<strong>le</strong>s dégagentsont un puissant moyen pour a<strong>le</strong>rter <strong>le</strong>s opinions publiques. Ces photographies sont éga<strong>le</strong>ment unvecteur important pour l’éducation à la protection de l’environnement.La NASA a bien compris l’enjeu de l’appropriation du spatial <strong>par</strong> <strong>le</strong> grand public. El<strong>le</strong> esten pointe dans l’information et l’éducation. El<strong>le</strong> met en œuvre un ensemb<strong>le</strong> de programmes, au cœurdesquels se placent ses découvertes et ses réalisations pour capter l’intérêt des étudiants et de lacommunauté éducative. Pour l’année <strong>2007</strong>, la NASA à consacré 1% de son budget (soit 153 millionsde dollars) à l’éducation. En France, depuis plusieurs années, <strong>le</strong> CNES et <strong>le</strong> ministère de l’Éducation<strong>nationa<strong>le</strong></strong> et de la Recherche nouent un <strong>par</strong>tenariat.En effet, <strong>le</strong>s sciences techniques spatia<strong>le</strong>s constituent un axe primordial de la recherchecar la plu<strong>par</strong>t des programmes spatiaux sont en mesure d’apporter une illustration créative et concrètedes applications des disciplines fondamenta<strong>le</strong>s enseignées : sciences physiques, sciences de la vie et dela terre, géographie, sciences de l’univers. Ce <strong>par</strong>tenariat favorise l’émergence de nouvel<strong>le</strong>s pratiquespédagogiques et motive <strong>le</strong>s élèves pour l’étude des sciences.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 53 -Les images chocs, transmises <strong>par</strong> <strong>le</strong>s satellites contribuent efficacement à la prise deconscience <strong>par</strong> <strong>le</strong>s opinions publiques du monde entier des risques environnementaux. Les satellitesscientifiques permettent de comprendre <strong>le</strong> fonctionnement comp<strong>le</strong>xe de notre planète et donc demieux maîtriser son avenir et de la garder habitab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s générations futures.Par sa capacité à illustrer et à convaincre, l’espace doit être au cœur des programmesd’éducation.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 54 -CONCLUSIONLa sauvegarde de la planète Terre et de son environnement au sens <strong>le</strong> plus large possib<strong>le</strong>, c'est-à-direétendu à l’espace extra-atmosphérique proche, est devenue <strong>le</strong> défi majeur du 21 e sièc<strong>le</strong>. La prise deconscience des risques encourus fait son chemin mais certainement pas assez vite <strong>par</strong> rapport àl’avancée des phénomènes concernés. Les systèmes spatiaux sont au cœur des problématiques, d’une<strong>par</strong>t <strong>par</strong>ce qu’ils se doivent de donner l’exemp<strong>le</strong> en matière de protection de l’environnement, d’autre<strong>par</strong>t <strong>par</strong>ce qu’ils offrent aujourd’hui <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures capacités en matière de surveillance, de diagnosticet de témoignage sur l’état de la planète.Les programmes de systèmes spatiaux susceptib<strong>le</strong>s de <strong>par</strong>ticiper au monitoring de l’environnementterrestre sont aujourd’hui nombreux, souvent sectoriels ou régionaux. Malgré <strong>le</strong>ur abondance <strong>le</strong>domaine n’est pas tota<strong>le</strong>ment couvert, que ce soit sur <strong>le</strong> plan de la qualité des données recueillies, descouvertures géographiques accessib<strong>le</strong>s ou en ce qui concerne la fréquence du recueil. Il convientd’établir un nouveau mode de gouvernance global, qui permette de coordonner l’activité de tous <strong>le</strong>ssystèmes spatiaux opérationnels et surtout d’optimiser l’exploitation des données <strong>par</strong> <strong>le</strong>s utilisateursfinaux, en charge de la protection de l’environnement terrestre.L’Europe est en avance dans ce domaine, el<strong>le</strong> disposera à court terme, en orbite et au sol des outilsnécessaires et sera apte à <strong>le</strong>s mettre à disposition de la communauté scientifique inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> auprofit de l’humanité entière. L’espace offre ainsi la possibilité à l’Europe de rayonner dans <strong>le</strong> domainede la protection de l’environnement et dans <strong>le</strong> domaine des activités spatia<strong>le</strong>s, en p<strong>le</strong>in accord avec <strong>le</strong>Traité de l’espace de <strong>2007</strong>. Dans ce cadre, l’espace deviendra l’instrument fondamental du ‘softpower’ européen.La prochaine présidence française de l’Union Européenne au second semestre <strong>2008</strong> doit permettre deréaliser des avancées dans <strong>le</strong> domaine spatial, en s’appuyant sur la nécessité pour l’Europe de semanifester dans ce domaine stratégique et de se donner des objectifs ambitieux en matière dedéveloppement durab<strong>le</strong> :• l'espace doit être un des axes prioritaires de la Présidence française en <strong>par</strong>ticulier au titrede sa contribution à la protection de l'environnement ; c'est un domaine dans <strong>le</strong>quel l'Europepourrait être motrice au niveau international ; un effort <strong>par</strong>ticulier pourrait être développé àl’occasion de la création de l’Union de la Méditerranée ;• la protection de l’environnement doit être étendue à l’espace extra-atmosphériqueproche de la Terre, l’Europe doit donc se doter de moyens de surveillance et de contrô<strong>le</strong>l’activité en orbite circumterrestre et d’une politique en la matière,Toutefois, l'apport de l'espace à la stratégie de développement durab<strong>le</strong> ne doit pas être surestimé : c'estd'abord d'une modification des comportements de production et de consommation que pourrait résulterun développement plus respectueux des équilibres écologiques et des exigences socia<strong>le</strong>s. L’éducationen ce sens doit aussi être une priorité, <strong>le</strong>s données spatia<strong>le</strong>s ont un rô<strong>le</strong> important à y jouer.En résumé, la préservation de la vie ne peut se faire qu’en respectant <strong>le</strong>s trois dimensions de l’êtrehumain : la Terre dont il est issu, l’eau qui <strong>le</strong> régénère, et <strong>le</strong> ciel vers <strong>le</strong>quel il s’élève.Le développement de l’utilisation de l’espace pour la protection de l’environnement contribuera defaçon primordia<strong>le</strong> au ‘soft power’ européen. Cependant, la va<strong>le</strong>ur d’un ‘soft power’ n’est significativeque si il est adossé à un ‘hard power’significatif. Comme l’écrit Joseph Nye : ‘la puissanceintelligente est l’art de marier <strong>le</strong>s deux efficacement’, en conséquence, des progrès ne seront possib<strong>le</strong>sCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 55 -que si l'Europe spatia<strong>le</strong> militaire progresse aussi, au sein de l’Europe de la défense. Ce doit être un axed’action privilégié de la future Présidence française de l’Union européenne.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 56 -TABLE DES MATIERESSOMMAIRE - 4 -SYNTHESE - 5 -INTRODUCTION - 7 -I. LES ENJEUX DE LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT - 9 -A. La problématique « environnementa<strong>le</strong> » sur Terre - 9 -1. Un phénomène visib<strong>le</strong> : <strong>le</strong> réchauffement climatique - 9 -2. Des causes et des conséquences multip<strong>le</strong>s - 10 -a) La déforestation - 10 -b) La désertification - 11 -c) Les atteintes à la biodiversité - 12 -d) La pollution - 13 -B. La problématique « environnementa<strong>le</strong> » dans l’espace extra-atmosphérique - 14 -1. Des débris en nombre croissant - 15 -2. Des risques associés non négligeab<strong>le</strong>s - 17 -C. Les conséquences potentiel<strong>le</strong>s pour la sécurité et la défense - 18 -1. Sur Terre - 18 -2. Dans l’espace extra-atmosphérique - 20 -II. L’ESPACE, UN OUTIL ESSENTIEL MAIS INSUFISAMENT CONNU - 22 -A. Les motivations de la conquête spatia<strong>le</strong> - 22 -1. Des motivations de puissance toujours à l’œuvre - 22 -2. Une découverte progressive des utilisations au bénéfice de la planète et de l’homme - 23 -3. Des activités de plus en plus dua<strong>le</strong>s - 24 -B. L’espace au service de la protection de l’environnement - 24 -1. Des usages diversifiés et complémentaires. - 24 -a) La prévision du temps. - 24 -b) L’évolution du climat et de l’environnement. - 25 -c) La prévision des risques <strong>par</strong> une observation continue de la planète. - 25 -d) L’espace au service des activités humaines. - 26 -e) L'espace représente enfin une doub<strong>le</strong> ressource au service de notre environnement : - 27 -2. Des applications au cœur de l’action publique. - 27 -3. Une dimension inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> <strong>par</strong> nature - 28 -4. Les programmes des différentes agences - 29 -C. Une activité spatia<strong>le</strong> qui doit être exemplaire - 31 -1. Une activité qui commence à être régulée au niveau international - 32 -2. Une activité qui doit être sans dommage pour la planète - 33 -III. L’ESPACE, UNE GARANTIE NECESSAIRE A NOTRE AVENIR - 37 -A. Les nouveaux domaines à couvrir - 37 -1. Pour mieux surveil<strong>le</strong>r et protéger la Terre - 37 -a) La recherche scientifique. - 37 -b) Les progrès à attendre au plan technique. - 38 -c) Vers une intégration plus grande des réseaux d’observation. - 39 -2. Pour maîtriser la pollution de l’espace - 39 -3. Pour une industrie spatia<strong>le</strong> propre - 40 -COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 57 -B. Quel<strong>le</strong> gouvernance de la protection de l’environnement ? - 41 -1. Quel cadre juridique international pour la protection de l’environnement ? - 41 -a) Une gouvernance globa<strong>le</strong> encore embryonnaire…. - 41 -b) …mais indispensab<strong>le</strong> - 42 -c) Conditions de succès et perspectives - 42 -d) Des initiatives régiona<strong>le</strong>s encourageantes - 43 -e) Les perspectives d’avenir - 43 -2. Quel<strong>le</strong> organisation ? - 45 -C. Un facteur de motivation au profit de l’homme et de la planète - 46 -1. Pour informer - 46 -2. Pour témoigner - 48 -3. Pour ré<strong>par</strong>er - 50 -4. Pour éduquer - 51 -CONCLUSION - 54 -TABLE DES MATIERES - 56 -ENTRETIENS - 58 -BIBLIOGRAPHIE - 59 -ANNEXE 1 : PROPOSITIONS - 60 -ANNEXE 2 : CHARTE INTERNATIONALE ESPACE ET CATASTROPHES MAJEURES - 62-ANNEXE 3 : PROGRAMMES DES AGENCES SPATIALES CONTRIBUANT A LAPROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT - 66 -ANNEXE 4 : SYSTEMES MILITAIRES EUROPEENS ET AMERICAINS OPERATIONNELS- 75 -COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 58 -ENTRETIENSMichel BONNAL : Centre National d’Etudes Spatia<strong>le</strong>sSéverin DROUGOUL : EADSMarco FERRAZZANI : Agence Spatia<strong>le</strong> EuropéenneHervé JEANJEAN : Centre National d’Etudes Spatia<strong>le</strong>sGuillaume SAINTENY : Ministère de l’Ecologie, du développement et de l’aménagement durab<strong>le</strong>sCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 59 -BIBLIOGRAPHIEProject 2001 – Legal framework for the commercial use of outer space,L’Europe institutionnel<strong>le</strong> observe la terre depuis l’espace .Marco Ferrazzani (Agence spatia<strong>le</strong> européenne)L’espace au service de l’environnementAcadémie <strong>nationa<strong>le</strong></strong> de l’aéronautique et de l’espacePolitique spatia<strong>le</strong> : l'audace ou <strong>le</strong> déclin - Comment faire de l'Europe <strong>le</strong> <strong>le</strong>ader mondial de l'espace<strong>Rapport</strong> de MM. Henri REVOL, sénateur et Christian CABAL, député, fait au nom de l'Office<strong>par</strong><strong>le</strong>mentaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiquesn° 223 (2006-<strong>2007</strong>) - 8 février <strong>2007</strong>,Espace et sécurité – <strong>le</strong>s activités de l’ESAMichael Simm (Agence spatia<strong>le</strong> européenne)European Code of Conduct for Space Debris MitigationL’environnement dans l’union européenne à l’aube du XXIème sièc<strong>le</strong>,Agence européenne pour l’environnement<strong>Rapport</strong> d’information sur <strong>le</strong>s Enjeux stratégiques et industriels du secteur spatial,Commission de la Défense <strong>nationa<strong>le</strong></strong> et des forces armées, M. Serge Grouard, Mme Odi<strong>le</strong> Saugues, 5février <strong>2008</strong> ;Amélioration du droit international en matière spatia<strong>le</strong>Rafael Gimalov, Assemblée <strong>par</strong><strong>le</strong>mentaire de l’OTAN, <strong>2007</strong> ;COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 60 -ANNEXE 1 : PROPOSITIONSPour <strong>le</strong>s pays de l’Union EuropéennePROPOSITION 1 : EXPLOITATION DES DONNEES GMESORGANISMES CONCERNESESA, Agence Européenne de l’environnementOBJETCréer avant 2010 un opérateur commun de stockage etdiffusion des données <strong>par</strong> la coordination et éventuel<strong>le</strong>mentla fusion des instituts du Joint Research Center (JRC)européen, IES et IPSC (UE) et du centre satellitaire deTorrejon (EMUE). Le désigner comme unique spécificateurdes outils futurs de l’ESA.ECHEANCES 2010 au moment de la disponibilité des donnéesSENTINELLEGAINS ATTENDUS Appropriation de la mission de surveillance del’environnement via l’espace <strong>par</strong> une entité Européenne.Coordination et gestion des données et des acquisitions(organisme directement concerné <strong>par</strong> la problématiqueenvironnementa<strong>le</strong>).Meil<strong>le</strong>ure utilisation des données acquises.PROPOSITION 2 : SYSTEME EUROPEEN DE SURVEILLANCE DE L’ESPACEORGANISMES CONCERNESESA, CNES, DEFENSEOBJETFormaliser la coopération entre <strong>le</strong>s entités <strong>nationa<strong>le</strong></strong>s desurveillance de l’espace et <strong>le</strong>s rapprocher de l’ESA/SSA(space situation awarness).ECHEANCES 2012GAINS ATTENDUSAcquisition de la connaissance de l’activité spatia<strong>le</strong> déclaréeet non déclaréeProtection des systèmes spatiaux européensConnaissance fine des débris spatiauxParticipation au contrô<strong>le</strong> de la non militarisation de l’espace.PROPOSITION 3 : ASSURER LA PERMANENCE DE LA SURVEILLANCE PAR L’ESPACEORGANISMES CONCERNESESA, CNES et autres agences européennesOBJETDonner la priorité adéquate aux <strong>par</strong>ticipations française eteuropéenne à GEOSS en matière de recherche etdéveloppement. Renforcer la dimension « prévention » desprogrammes d’observation spatia<strong>le</strong> européens.ECHEANCES 2013GAINS ATTENDUS Monitoring comp<strong>le</strong>t de l’environnement européen,<strong>par</strong>ticipation significative au monitoring mondialPROPOSITION 4 : EDUQUER GRACE A L’ESPACE LES POPULATIONS EN MATIERE DEPROTECTION DE L’ENVIRONNEMENTORGANISMES CONCERNES Gouvernements (ministères de l’éducation, del’environnement…), médias, CNES, ESA…OBJETUtiliser <strong>le</strong>s atouts des systèmes spatiaux pour sensibiliser <strong>le</strong>speup<strong>le</strong>s européens et aux générations futures aux enjeux dela protection de l’environnement et des responsabilités<strong>par</strong>ticulières des sociétés <strong>le</strong>s plus développées en la matière.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 61 -ECHEANCESGAINS ATTENDUSIntégrer ces questions dans <strong>le</strong>s cahiers des charges de chaînespubliques et des opérateurs privés. Augmenter la ratio« éducation » du budget du CNES et de l’ESA.Le plus rapidement possib<strong>le</strong>Sensibilisation et éducation citoyennesPour <strong>le</strong>s pays de l’Union Européenne et ceux de son proche environnement (Méditerranée,Russie…)PROPOSITION 5 : DIFFUSION DE DONNEES SPATIALES DANS LE CADRE DE L’UNION POUR LAMEDITERRANEEORGANISMES CONCERNESUE, France, Pays de l’UPM, ESA, CNESOBJETDans <strong>le</strong> cadre de l’union pour la Méditerranée, faire assurer<strong>par</strong> <strong>le</strong>s Agences spatia<strong>le</strong>s des pays européens et <strong>le</strong>sopérateurs de satellites civils et militaires, une surveillancede la région concernée : acquisition régulière de donnéessatellitaires, dans <strong>le</strong> but de protection de l’environnement.Ces données seront accessib<strong>le</strong>s à tous <strong>le</strong>s pays membres,pour entreprendre <strong>le</strong>s mesures nécessaires (information,ré<strong>par</strong>ation, correction,…).ECHEANCESA proposer lors des sommet UE et UPM du mois de juil<strong>le</strong>t.GAINS ATTENDUSAmélioration de la trans<strong>par</strong>ence et donc de la confiance entre<strong>le</strong>s états membres.Amélioration des échanges d’information entre <strong>le</strong>s différentsétats.Renforcement des mesures de protection de l’environnementrégional.Support aux activités de recherche en coopération entre <strong>le</strong>spays <strong>par</strong>ticipants.Pour tous <strong>le</strong>s paysPROPOSITION 6 : FAIRE ACCEPTER LA DONNEE SPATIALE COMME PREUVEORGANISMES CONCERNESAgences spatia<strong>le</strong>, Commission Européenne,…OBJETAdapter <strong>le</strong>s législations <strong>nationa<strong>le</strong></strong>s pour y intégrer la donnéespatia<strong>le</strong> comme preuve sur la base d’une directiveeuropéenne à proposer au cours de la prochaine présidencefrançaise de l‘UE.ECHEANCES 2010GAINS ATTENDUSLa mise en cause et la condamnation des pollueurs serafacilitée.Effet très dissuasif sur <strong>le</strong>s pollueurs potentiels.PROPOSITION 7 : MODIFIER LA CHARTE INTERNATIONALE ‘ESPACE ET CATASTROPHESMAJEURES’ORGANISMES CONCERNESAgences spatia<strong>le</strong>sOBJETModifier la définition de ‘catastrophe naturel<strong>le</strong>’ tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong>est adoptée dans la charte en l’étendant aux problèmesenvironnementauxECHEANCES 2010GAINS ATTENDUSMise en application possib<strong>le</strong> de la charte lors de catastrophesportant atteinte à l’environnement.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 62 -ANNEXE 2 : CHARTE INTERNATIONALE ESPACEET CATASTROPHES MAJEURESCONSTATANT <strong>le</strong>s applications potentiel<strong>le</strong>s des techniques spatia<strong>le</strong>s dans la gestion des catastrophescausées <strong>par</strong> des phénomènes naturels ou des accidents technologiques, notamment <strong>le</strong>s techniquesd'observation de la Terre, des télécommunications, de la météorologie ou de positionnement ;CONSTATANT <strong>le</strong> développement d'initiatives relatives à l'utilisation des Moyens spatiaux pour lagestion des catastrophes naturel<strong>le</strong>s ou technologiques ;CONSTATANT à la fois l'intérêt manifesté <strong>par</strong> <strong>le</strong>s organismes de protection, défense et sécuritécivi<strong>le</strong>s et de secours, et la nécessité de répondre à cet intérêt afin de rendre l'accès aux Moyensspatiaux plus aisé ;DÉSIREUX de renforcer la coopération inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> dans cette entreprise à caractère humanitaire ;RAPPELANT la résolution de l'ONU 41/65 de 1986 sur la télédétection spatia<strong>le</strong> ;CONVAINCUS qu'en associant <strong>le</strong>urs moyens et en joignant <strong>le</strong>urs efforts, ils peuvent améliorerl'utilisation des Moyens spatiaux disponib<strong>le</strong>s et accroître l'efficacité des services pouvant être rendus àla fois aux Victimes de la Crise et aux organismes chargés de <strong>le</strong>ur venir en aide;SONT CONVENUS DE CE QUI SUIT:Artic<strong>le</strong> I - DéfinitionsAux fins de la présente Charte :« Catastrophes naturel<strong>le</strong>s ou technologiques » désigne une situation de grande détresse entraînant laperte de vies humaines, ou des dommages aux biens de grande amp<strong>le</strong>ur, causée <strong>par</strong> un phénomènenaturel tel que cyclone, tornade, tremb<strong>le</strong>ment de terre, éruption volcanique, inondation, feu de forêt,ou un accident technologique tel que pollution <strong>par</strong> hydrocarbures, substances toxiques ou radioactives;« Charte » désigne <strong>le</strong> présent texte ;« Crise » désigne la période se déroulant immédiatement avant, pendant ou immédiatement après unecatastrophe naturel<strong>le</strong> ou technologique et pendant laquel<strong>le</strong> sont menées <strong>le</strong>s opérations d'a<strong>le</strong>rte,d'urgence ou de secours ;« Données spatia<strong>le</strong>s » désigne <strong>le</strong>s données brutes issues d'un système spatial contrôlé <strong>par</strong> l'une desParties, ou auquel el<strong>le</strong> s'est ménagé un accès, et transmises ou communiquées à une station deréception sol;« Informations » désigne <strong>le</strong>s Données qui ont été corrigées et traitées à l'aide d'un programmed'analyse <strong>par</strong> <strong>le</strong>s Parties en vue de <strong>le</strong>ur utilisation pour la gestion de Crise <strong>par</strong> un ou des Organismesassociés au profit des bénéficiaires ; el<strong>le</strong>s serviront de base pour l'élaboration de produits spécifiquespour utilisation sur <strong>le</strong> terrain.« Moyens spatiaux » désigne des systèmes spatiaux, d'observation, de météorologie, depositionnement, de télécommunications, de télédiffusion, ou certains de <strong>le</strong>urs éléments tels queinstrument embarqué, terminal, balise, récepteur, Vsat et archives;« Parties » désignent <strong>le</strong>s Agences et opérateurs de systèmes spatiaux signataires de la présente Charte;« Organismes associés » désigne <strong>le</strong>s organismes ou services de protection, défense et sécurité civi<strong>le</strong>sou de secours, ou autres services, visés aux Artic<strong>le</strong>s 5.2 et 5.3 ;« Organismes coopérants » désigne l'ensemb<strong>le</strong> des organismes ou institutions, visé à l'Artic<strong>le</strong> 3.5 de laprésente Charte, avec <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s Parties instaurent une coordination;« Victimes de la Crise » désigne tout Etat, ou communauté, au profit duquel l'intervention des Partiesest sollicitée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s Organismes associés ;« Organismes bénéficiaires » désigne tous <strong>le</strong>s organismes bénéficiant des informations destinées à lagestion de la crise ; <strong>le</strong>s autorités et organismes concernés dans <strong>le</strong>s pays victimes d'une crise <strong>par</strong>exemp<strong>le</strong>. Certains Organismes associés pourront éga<strong>le</strong>ment être bénéficiaires à l'occasion d'une crise.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 63 -Artic<strong>le</strong> II - Objet de la CharteEn encourageant la coopération entre Agences spatia<strong>le</strong>s et opérateurs de systèmes spatiaux en matièrede contribution des Moyens spatiaux à la gestion de Crises dues à des catastrophes naturel<strong>le</strong>s outechnologiques, la présente Charte répond aux objectifs suivants :- fournir en période de Crise, aux Etats ou communautés dont <strong>le</strong>s personnes, <strong>le</strong>s activités ou <strong>le</strong>sbiens seraient exposés à des risques imminents de Catastrophes naturel<strong>le</strong>s ou technologiques, ouen seraient victimes, <strong>le</strong>s Données permettant d'obtenir <strong>le</strong>s informations <strong>le</strong>s plus susceptib<strong>le</strong>s decontribuer à l'anticipation et à la gestion des Crises qui pourraient survenir;- concourir, <strong>par</strong> ces Données, et <strong>par</strong> <strong>le</strong>s Informations et services issus de l'exploitation de Moyensspatiaux, à l'organisation des secours ou aux opérations de ré<strong>par</strong>ation engagées à <strong>le</strong>ur suite.Artic<strong>le</strong> III - Organisation généra<strong>le</strong> de la coopération3.1 Les Parties développent <strong>le</strong>ur coopération sur la base d'un volontariat, sans échange de fonds entre<strong>le</strong>s Parties.3.2 La Charte est ouverte, conformément aux dispositions de l'Artic<strong>le</strong> VI ci-après, aux AgencesSpatia<strong>le</strong>s et opérateurs de systèmes spatiaux nationaux ou internationaux qui souhaiteront y coopérer.3.3 La coordination administrative, opérationnel<strong>le</strong> et technique de la coopération est assurée <strong>par</strong> unConseil directeur où chaque <strong>par</strong>tie est représentée et un Secrétariat exécutif pour la mise en œuvre dela Charte.3.4 Les autorités et organismes concernés dans un pays victime d'une crise (Organismes bénéficiaires)devront solliciter l'intervention des Parties soit directement <strong>par</strong> l'intermédiaire des services de laprotection, défense et sécurité civi<strong>le</strong>s ou de secours re<strong>le</strong>vant du pays d'ap<strong>par</strong>tenance d'une des Partiesou d'un Etat <strong>par</strong>ticipant aux organisations inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s Parties à la Charte (Organismes associés),soit éventuel<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> l'intermédiaire d'un Organisme coopérant agissant en <strong>par</strong>tenariat avec unOrganisme associé.Le pays victime d'une crise pourra éga<strong>le</strong>ment s'adresser directement au secrétariat des Parties mais,pour la mise en œuvre de l'intervention, <strong>le</strong>s organismes concernés du pays devront établir un<strong>par</strong>tenariat avec un ou plusieurs Organismes associésLes dispositions ci-dessus n'excluent en aucun cas la possibilité pour <strong>le</strong>s Parties d'intervenir de <strong>le</strong>urpropre initiative.3.5 La Commission Européenne, <strong>le</strong> Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires desNations Unies, ainsi que d'autres organisations <strong>nationa<strong>le</strong></strong>s ou inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s reconnues,gouvernementa<strong>le</strong>s ou non sont des organismes avec <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s Parties peuvent être amenés àcoopérer pour la mise en œuvre de la Charte (Organismes coopérants). Le Conseil directeurmet régulièrement à jour la liste des Organismes coopérants.Artic<strong>le</strong> IV - Contribution des PartiesLes Parties feront <strong>le</strong>urs meil<strong>le</strong>urs efforts pour la conduite de <strong>le</strong>ur coopération qui s'effectuera sur <strong>le</strong>sbases suivantes:4.1 Les Parties s'engagent à tenir à jour la liste des Moyens spatiaux disponib<strong>le</strong>s gérés sous <strong>le</strong>urcontrô<strong>le</strong>, ainsi que, dans toute la mesure du possib<strong>le</strong>, des Moyens spatiaux gérés sous <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> desopérateurs privés ou publics auxquels il pourrait être fait appel en complément des moyens dontdisposent en propre <strong>le</strong>s Parties; cette liste précise notamment pour chaque système spatial <strong>le</strong>s élémentssuivants :- caractéristiques de mission- caractéristiques orbita<strong>le</strong>s- état fonctionnel- modalités de programmation- produits et services délivrés <strong>par</strong> <strong>le</strong>s moyens sols.4.2 Elaboration de scénariosLes Parties dresseront ensemb<strong>le</strong> un historique des crises récentes pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s Moyens spatiauxauraient pu être, ou ont été, d'un apport efficace auprès des autorités et organismes de secoursconcernés. Un bilan, structuré en fonction des crises identifiées et du type de situations rencontrées, etfaisant ressortir <strong>le</strong>s apports possib<strong>le</strong>s des moyens existants, sera établi <strong>par</strong> <strong>le</strong> Secrétariat enCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 64 -concertation avec <strong>le</strong>s Organismes associés définis à l'Artic<strong>le</strong> V de la Charte ainsi qu'éventuel<strong>le</strong>mentavec <strong>le</strong>s Organismes coopérants.Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s Parties resteront attentives afin de détecter, à <strong>par</strong>tir du monde de la rechercheappliquée, l'émergence de nouvel<strong>le</strong>s méthodes d'a<strong>le</strong>rte, d'anticipation et de gestion des sinistres. Unefois ces nouvel<strong>le</strong>s méthodes (ou technologies) identifiées et validées au niveau des concepteurs et desOrganismes associés, el<strong>le</strong>s pourront faire l'objet, sur accord du Conseil directeur, d'essais de mise enœuvre en situation pré-opérationnel<strong>le</strong>. Un bilan d'essais et un bilan des domaines d'utilisation de laméthode seront alors établis <strong>par</strong> <strong>le</strong> Secrétariat.Enfin, <strong>le</strong> Secrétariat a la charge de concevoir et de proposer, sur <strong>le</strong>s bases retenues ci-dessus, desscénarios établis pour chacun des cas type de crise. Chacun de ces scénarios explicite <strong>le</strong>s conditionsdans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s Parties coordonnent, en cas de crise identifiée, <strong>le</strong>urs interventions pour fournir <strong>le</strong>sinformations et <strong>le</strong>s services pertinents, en programmant <strong>le</strong>s Moyens spatiaux disponib<strong>le</strong>s. Cesscénarios, approuvés <strong>par</strong> <strong>le</strong> Conseil directeur et régulièrement actualisés, constituent la base desactions à mettre en œuvre en cas de crise identifiée.4.3 Identification d'une situation de criseLa situation de Crise est, prioritairement, cel<strong>le</strong> identifiée comme tel<strong>le</strong> <strong>par</strong> <strong>le</strong> pays subissant unecatastrophe et <strong>par</strong> au moins un Organisme associé requérant l'intervention des Parties au titre de laCharte, conformément aux dispositions de l'Artic<strong>le</strong> 3.4 ci-dessus.Le Secrétariat, qui assume la mission de centraliser <strong>le</strong>s appels des Organismes associés, est enconséquence habilité après identification d'une situation de Crise à mettre en place <strong>le</strong>s actionscorrespondantes.4.4 Programmation des Moyens spatiaux en cas de CriseEn cas de Crise <strong>le</strong>s Parties mettent tout en œuvre en vue de programmer ou faire programmer <strong>le</strong>smoyens spatiaux qui <strong>le</strong>ur sont accessib<strong>le</strong>s.La programmation suit <strong>le</strong>s dispositions décrites dans <strong>le</strong>s scénarios correspondants définis à l'Artic<strong>le</strong>4.2 ci-dessus. En situation d'a<strong>le</strong>rte ou de crise potentiel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s Parties peuvent programmer, <strong>par</strong>anticipation, <strong>le</strong>s ressources satellita<strong>le</strong>s dont el<strong>le</strong>s ont la maîtrise.4.5 Organisation et mesures d'assistance après programmationLes Parties mettront tout en œuvre, suivant <strong>le</strong>s scénarios de crise identifiés, pour fournir auxOrganismes associés et, <strong>le</strong> cas échéant, aux Organismes bénéficiaires <strong>le</strong>s Données, et éventuel<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s Informations et services associés, issus des Moyens spatiaux. La mise en œuvre des procéduresdécrites au sein de ces scénarios implique une coordination des tâches entre <strong>le</strong>s Parties pouvantconduire à combiner <strong>le</strong>s ressources disponib<strong>le</strong>s :- accès aux archives de données- fusion de ces données pour aide à la connaissance des situationsavant crise- accès aux données acquises à l'occurrence de la crise- fusion de ces données pour rendre comptede la crise- acheminement des informations vers <strong>le</strong> demandeur- accès à l'ensemb<strong>le</strong> des moyens technologiquesdisponib<strong>le</strong>s, télécommunications, col<strong>le</strong>cte de données, navigation.Les procédures d'accès et d'intégration des données ou autres services (télécommunications, col<strong>le</strong>ctede données, navigation) pour l'élaboration de produits spécifiques sont, dans la mesure du possib<strong>le</strong>,stipulées dans <strong>le</strong>s descriptifs des scénarios.Artic<strong>le</strong> V -Organismes associés5.1 Le rô<strong>le</strong> des Organismes associés dans l'intervention des Parties est défini à l'Artic<strong>le</strong> 3.4.5.2 Est considéré comme Organisme associé aux fins de la présente Charte l'institution ou <strong>le</strong> serviceresponsab<strong>le</strong> de la protection, défense et sécurité civi<strong>le</strong>s ou des secours placé sous l'autorité d'un Etat dela juridiction dont relève une Agence ou un opérateur Partie à la Charte, ou d'un Etat membre de l'ESAou de l'organisation inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> Partie à la Charte.5.3 Peut éga<strong>le</strong>ment être considéré comme Organisme associé tout organisme ou service habilité <strong>par</strong> <strong>le</strong>Conseil directeur.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 67 -<strong>le</strong>s voies de communication habituel<strong>le</strong>s sont souvent coupées et rendent inaccessib<strong>le</strong>s <strong>le</strong>szones sinistrées. En effet, <strong>le</strong>s routes sont souvent détruites et <strong>le</strong>s conditions atmosphériquesrendent <strong>par</strong>fois impossib<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s survols aériens <strong>par</strong> hélicoptère ou avion. Le lancement dusatellite ALOS visait au premier chef de pouvoir effectuer <strong>le</strong>s observations dans <strong>le</strong>s cas decatastrophes naturel<strong>le</strong>s.Le satellite ALOS fait donc <strong>par</strong>tie de satellite d’observation terrestres <strong>par</strong> distinction avec <strong>le</strong>ssatellites d’observation maritime et atmosphérique, d’où son nom d’ALOS (Advance LandObservation Satellite).JAXA, l’agence spatia<strong>le</strong> japonaise, a ainsi constitué <strong>le</strong> système de support à la gestion descatastrophes naturel<strong>le</strong>s ou DMSSO (Disaster Management Support Systems Office ). Sonobjet est aussi de limiter <strong>le</strong>s dommages à travers une prévention des sinistres, et lapré<strong>par</strong>ation/la planification des actions. De même ce système doit permettre de mieuxdistribuer l’information afin d’agir plus efficacement et plus rapidement dans <strong>le</strong>s actions deréduction des impacts et de reconstruction.1.2.2. Cartographie (‘’mapping’’)Le principal objectif de Daichi est la réalisation de cartes. Ces cartes indiquent <strong>le</strong>s routespermettant <strong>le</strong>s transports d’urgence et font l’inventaire des lieux permettant <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> desopérations héliportées. En outré, en com<strong>par</strong>ant <strong>le</strong>s images ante et post désastre peuvent êtreidentifiées <strong>le</strong>s destructions et mesurées l’état des atteintes notamment aux des ouvrages d’artet aux immeub<strong>le</strong>s. Le capteur du Daichi est capab<strong>le</strong> de fournir des images 3D.Préventivement, Daichi fournit régulièrement des images 3D à tous <strong>le</strong>s ministères quitravail<strong>le</strong>nt sur <strong>le</strong>s problématiques de catastrophes naturel<strong>le</strong>s. JAXA développe éga<strong>le</strong>ment desmodè<strong>le</strong>s de détection des phénomènes naturels tels que <strong>le</strong>s éruptions volcaniques, desmouvements dans la croûte terrestre, des catastrophes affectant <strong>le</strong> <strong>le</strong>s côtes ; <strong>le</strong> plateaucontinental et l’espace marin profond, ainsi que <strong>le</strong>s glissements de terrains, <strong>le</strong>s inondations. Ils’agit d’évaluer <strong>le</strong>s dommages potentiels mais aussi d’identifier <strong>le</strong>s causes et <strong>le</strong>s mécanismes.Le principal bénéfice des images satellites dans cet objectif est qu’il permet un monitoringd’un espace vaste en une fois, et d’acquérir de l’information fraîche régulièrement mise à jour.Ainsi, pour étudier une éruption volcanique, il est nécessaire de com<strong>par</strong>er des images prisesavant et après pour mesurer de façon très fine <strong>le</strong>s différences. Outre la largeur du champ, <strong>le</strong>sdeux éléments c<strong>le</strong>fs pour l’efficacité de l’utilisation des satellites est d’une <strong>par</strong>t la fraîcheur del’information, c’est-à-dire donc la fréquence de mises à jour des données, ainsi que la vitessede transfert, et d’autre <strong>par</strong>t la résolution des images. La résolution du système PRISM surDaichi est de 2.5m, mais <strong>le</strong> besoin est de <strong>le</strong> réduire à 1m. En terme de diamètre du champ, <strong>le</strong>stremb<strong>le</strong>ments de terre nécessitent des prises de vues offrant une dimension de 40 à 70 km, <strong>le</strong>sinondations de 30 à 50 km, ce que Daichi <strong>par</strong>vient à faire mais avec une précision encoreinsuffisante. Pour la gestion des crises, JAXA doit pouvoir accéder à des images disponib<strong>le</strong>sdans <strong>le</strong>s 3 heures qui suivent l’occurrence de la catastrophe afin d’évaluer <strong>le</strong> plus rapidementpossib<strong>le</strong> <strong>le</strong>s dommages.1.2.3. Coopération inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>Daichi s’inscrit dans deux cadres de coopération inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>:The International Charter consiste principa<strong>le</strong>ment en une collaboration entre plusieursagences spatia<strong>le</strong>s poursuivant un objectif de réaliser des observations <strong>par</strong> satellite dans<strong>le</strong> cas d’une catastrophe naturel<strong>le</strong> majeure de grande amp<strong>le</strong>ur.Sentinel Asia vise à <strong>par</strong>tager des informations sur Internet afin d’améliorer la gestionde crise sur la zone Asie-pacifique. Notamment el<strong>le</strong> fonctionne dans la cas de feux deforêt et d’inondations dans cette région. Ont été élaborés des systèmes permettant desuivre <strong>le</strong>s incendies, d’en établir des cartes en temps réel et de pouvoir prévoir ladirection de la progression des incendies. Cette coopération vise éga<strong>le</strong>ment à suivre<strong>le</strong>s zones inondées et à prédire <strong>le</strong>s inondations en combinant <strong>le</strong>s données terrestresavec des observations satellitaires de la terre et météorologiques.Parmi <strong>le</strong>s <strong>par</strong>ticipations de daichi, on peut citer notamment des interventions lors duglissement de terrain de Leyte aux Philipinnes en février 2006, de l’éruption du Mount MerapiCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 68 -à Java, de marées noires dans l’océan indien, d’inondations à Jakarta et du tremb<strong>le</strong>ment deterre dans <strong>le</strong>s I<strong>le</strong>s Solomon.1.2.4. Développements prévus ou en coursEngineering Test Satellite VIII (ETS-VIII), connu sous <strong>le</strong> nom de Kiku No. 8, lancéen décembre 2006,Le ‘’Wideband InterNetworking engineering test and Demonstration Satellite’’(WINDS), qui doit être lancé fin <strong>2007</strong> ou courant <strong>2008</strong>.Le ‘’Quasi-Zenith Satellite System’’ (QZSS) pour la gestion des catastrophesnaturel<strong>le</strong>s qui apportera une capacité de fournir des images de haute résolutiontransmises <strong>par</strong> une communication haute vitesse, sans subir <strong>le</strong>s interférencesprovoquées habituel<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> <strong>le</strong>s constructions et <strong>le</strong>s montagnes. De systèmes auram^me la faculté d’effecteur des observations à l’intérieur des immeub<strong>le</strong>s ce quipourrait lui permettre d’aider au sauvetage de personnes prisonnières à l’intérieurdes constructions. Le premier satellite QZSS devrait être lancé en 2009.1.2.5. Implications géopolitiquesLe Japon se targue à juste titre d’une avancée technologique dans <strong>le</strong> domaine de la gestion etde la prédiction des catastrophes naturel<strong>le</strong>s. Il semb<strong>le</strong> vouloir jouer un rô<strong>le</strong> central régional etdévelopper autour de ses initiatives et de cette capacité une influence significative pouvant luipermettre de jouer un rô<strong>le</strong> politique sur cette zone. Les pays de la région qui sont éga<strong>le</strong>menttrès exposés à ces risques et très démunis vont durab<strong>le</strong>ment dépendre du Japon dans undomaine qui n’est pas sans implication en matière de sécurité intérieur pour ces pays.1.3. GOSAT Greenhouse gases Observing SATellite (GOSAT)1.3.1. Objectif généralLe projet vise à mesurer la densité de dioxyde de carbone, l’un des principaux gaz à effet deserre, en combinant des données provenant d’observations spatia<strong>le</strong>s et terrestres et <strong>par</strong>l’utilisation de modè<strong>le</strong>s mathématiques de simulation.1.3.2. Coopération inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>Il s’inscrit dans la démarche inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> proposée <strong>par</strong> la World MeteorologicalOrganization (WMO) et <strong>le</strong> Programme des Nations Unis pour l’Environnement (UNEP)afin de se doter des moyens d’analyse des effets de serre et d’observation du climat(Global Climate Observation System –GCOS-). Le GCOS doit permettre de renforcer<strong>le</strong>s capacités d’observation de la terre, de l’espace, des océans dans chacun des paysdans cette perspective.1.3.3. Trois missionsMesurer la densité précisément et fréquemment dans <strong>le</strong> monde entier : <strong>le</strong> CO2représente 60% des gaz à effet de serre, <strong>le</strong> méthane 20%. GOSAT mesure ladistribution de ces gaz et <strong>le</strong>ur densité.Etudier l’absorption et l’émission de ces gaz <strong>par</strong> continent, <strong>par</strong> grand pays, et cecidans une période de temps étendue. Le protoco<strong>le</strong> de Kyoto, mis en place en février2005, exige la réduction des émissions de gaz à effet de serre de <strong>2008</strong>à 2012.L’objectif du Japon consiste en une réduction de 6% en dessous du niveau mesuréen 1990, de 7% pour <strong>le</strong>s US, de 8% pour l’Europe. Cependant en réalité, il n’y a pasde mode de mesure universel<strong>le</strong>ment acceptée ou même un standard international.Les émissions sont purement déclaratives. Les émissions sont calculées sur la based’hypothèses de volume de consommation de pétro<strong>le</strong> du pays, des distancesmoyennes <strong>par</strong>courues <strong>par</strong> <strong>le</strong>s automobi<strong>le</strong>s et d’estimation des rejets industriels.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 69 -Aussi l’objectif du GOSAT est-il d’apporter une mesure indépendante et scientifiqueafin de vérifier <strong>le</strong>s déclarations.Le troisième objectif est de constituer un projet de recherche et développementvisant à améliorer <strong>le</strong>s technologies permettant d’observer ces gaz et <strong>le</strong>ur effets.2. Etats-Unis2.1. Synthèse des principaux programmes :o AQUA• Date du projet :- Fait suite au projet Terra (satellite lancé en 1999) ;- Satellite Aqua lancé en 2002• Orbite Aqua : 705 Km, proche du pô<strong>le</strong>• Objet : Observation terrestre. Col<strong>le</strong>cte de données sur <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> de l’eau, <strong>le</strong>réchauffement climatique (radiations venant du so<strong>le</strong>il et de la terre, gaz aérosols), et lavégétation• Projet entre JPN/US/Brésil.o AURA• Date du projet :- Juil<strong>le</strong>t 2004- Troisième satellite d’observation du système terrestre après Terra et Aqua.• Orbite AURA : 705 Km, proche du pô<strong>le</strong>, repasse <strong>par</strong> <strong>le</strong> même point tous <strong>le</strong>s 16 jours,rotation de 100 minutes.• Objet : observation et analyse de l’atmosphère terrestre, de ces composants chimiqueset de <strong>le</strong>urs évolutions. Les instruments d’Aura doivent permettre d’analyser <strong>le</strong>sévolutions de la couche d’ozone, de la qualité de l’aire et <strong>le</strong>urs impacts sur <strong>le</strong>schangements climatiques.• Projet US mais avec collaboration inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong>s pour <strong>le</strong>s instruments avec Grande-Bretagne, Hollande et Finlande.o OCO• Date du projet :- Satellite lancement prévu en <strong>2008</strong>• Objet : mesure et suivis de la distribution et de la densité du dioxyde de carbone’ gaz àeffet de serre.• Projet US. A noter que <strong>le</strong> lancement va être effectué presque simultanément à celui duGOSAT Japonais, avec <strong>le</strong>quel des coopérations opérationnel<strong>le</strong>s sont prévues(échanges de données)o CALIPSO (Cloud-Aerosol Lidar and Infrared Pathfinder Satellite Observations)• Date du projet : en cours , lancement = +2012 ?• Objet:- Analyse et mesure des composants chimiques et de la densité des gazaérosols,- analyse des effets des nuages et des aérosols (<strong>par</strong>ticu<strong>le</strong>s en suspension dansl’air) sur <strong>le</strong>s changements climatiques afin notamment de prévoir <strong>le</strong>sévolutions.2.2. AQUA2.2.1. Un objectif principal et deux objectifs complémentaireso L’analyse du cyc<strong>le</strong> de l’eau s’appuie sur <strong>le</strong>s observations des éléments suivants :- Vapeur d’eau- Précipitations atmosphériques,- Humidité/hydrométrie du sol,- Glaciers terrestres,- Calotte glacière et glaces océaniques,- Couverture neigeuse sur la terre et sur <strong>le</strong>s glaces océaniques,- Surfaces d’eau sur <strong>le</strong>s océans, baies et lacs.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 70 -ooAQUA contribue à apporter des informations sur <strong>le</strong>s flux de radiation enprovenance du so<strong>le</strong>il et de la terre, ainsi que sur <strong>le</strong>s compositions gazeuses del’atmosphère et notamment sur <strong>le</strong>s gaz aérosols. Ces derniers gaz ontprobab<strong>le</strong>ment selon la NASA un effet réfrigérant.AQUA transmet éga<strong>le</strong>ment des informations sur la végétation terrestre, <strong>le</strong>sphytoplancton et <strong>le</strong>s organismes dissous dans <strong>le</strong>s océans, <strong>le</strong>s températures de l’air,de l’eau et de la terre.2.2.2. Les instrumentsLa combinaison des instruments du satellite permet notamment une mesure destempératures à 1° Celsius près <strong>par</strong> couche d’un km d’épaisseur à travers la troposphèreet la <strong>par</strong>tie inférieur de l’atmosphère.o HSB (Humidity Sounder for Brazil)Mesure <strong>le</strong> niveau de l’humidité à 4 niveaux simultanément de l’atmosphère.o CERES (Cloud and the Earth’s radiant Energy System)Mesure <strong>le</strong>s températures et <strong>le</strong>s rayonnementso MODIS (Moderate resolution Imaging Spectroradiometer)Mesure <strong>le</strong>s nuages, <strong>le</strong>s couvertures neigeuses sur la terre et <strong>le</strong>s calottes glacièreso AIRS (Atmospheric Infrared Sounder)Mesure <strong>le</strong>s températures atmosphériques et <strong>le</strong>s degrés d’humiditéo AMSU (Advanced Microwave Sounding Unit)Mesure <strong>le</strong>s températures atmosphériques simultanément à 5 niveaux del’atmosphère.2.3. AURA2.3.1. Objectif généralL’ozone est un gaz (Ozone = O 3 ) qui se forme naturel<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> l’éclatement demolécu<strong>le</strong>s d’oxygène (O 2 ) dans la stratosphère.La couche stratosphérique d’ozone protège la terre des rayonnements UV, qui ont unimpact défavorab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> développement de cancers de la peau, sur <strong>le</strong>s dégradationsoculaires et sur des productions agrico<strong>le</strong>s. La couche d’ozone a été dégradée du fait degaz émis <strong>par</strong> l’homme, tels que <strong>le</strong>s CFC (chlorofluorocarbones). Les données récentesdémontrent que la situation s’est sensib<strong>le</strong>ment améliorée au cours des dix dernièresannées. Il est cependant trop tôt pour conclure si cela résulte du protoco<strong>le</strong> internationalsur la limitation de gaz CFC.Le satellite AURA vise à mesurer l’ozone présent à différents niveaux et <strong>le</strong>s évolutionsdes équilibres chimiques.2.3.2. Les instrumentsoooo2.4. <strong>le</strong> ‘’A-Train’’HIRDLS (High Resolution Dynamics Limb Sounder):• Cooperation anglo-américaine,• Mesure la hauteur et la température des nuages, <strong>le</strong>ur concentration en acidenitrique et en monoxyde de chlore, ainsi que <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des nuages dans la pertede couche d’ozone dans <strong>le</strong>s zones polaires.MLS (Microwave Limb System):• Equipement US• Mesure la vapeur d’eauOMI (Ozone Monitoring System):• Cooperation Finlande-Hollande• Mesure l’émission et la distribution des gaz et <strong>par</strong>ticu<strong>le</strong>s aérosols, analyse<strong>le</strong>ur composition, <strong>le</strong>ur propagation/déplacement.TES (Troposphéric Emission Spectometer):• Equipement US• Mesure la distribution des gaz qui ont un impact sur la chimie de l’ozone,ceci à différentes altitudes. Il permet notamment de mesurer l’ozone dans unlieu géographique au niveau du sol.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 71 -Coopération inter<strong>nationa<strong>le</strong></strong> avec la France (futur Satellite PARASOL) <strong>par</strong> laquel<strong>le</strong> 6 satellites<strong>par</strong>ticiperont à la col<strong>le</strong>cte de données complémentaires. Ces six satellites vo<strong>le</strong>nt en formationtraversant l’équateur à quelques minutes d’interval<strong>le</strong>. Les données qui seront échangées afind’améliorer l’analyse et la mesure de ces données porteront sur <strong>le</strong>s aérosols et la contribution desnuages dans la perte d’ozone aux pô<strong>le</strong>s.Ces sis satellites sont <strong>le</strong>s suivants :• AQUA,• CLOUDSAT,• CALIPSO,• OCO,• AURA• PARASOL3. Programmes Européenso ENVISAT• Date du projet :Satellite lancé en 2002• Objet : Observer, sonder et analyser l’atmosphère, <strong>le</strong>s masses océaniques et <strong>le</strong>s terresémergées afin de mieux appréhender <strong>le</strong>s multip<strong>le</strong>s évolutions et bou<strong>le</strong>versements encours, résultats d’une combinaison comp<strong>le</strong>xe entre activités humaines et processusnaturels. Il surveil<strong>le</strong> l’état de notre planète et l’impact de nos activités.• Applications :Océanographie- mesure de la température à la surface de la mer et des continents -observation de la cou<strong>le</strong>ur des océans- étude du cyc<strong>le</strong> du carbone dans <strong>le</strong>socéans- biologie marineBiosphère : étude de la croissance de la végétation, de l'humidité des sols etde la composition des nuagesAltimétrie : étude en continu de la topographie de la surface des océansChimie atmosphérique - étude du trou d'ozone- repérage des concentrations degaz à effet de serre• Recherche sur <strong>le</strong> climat et la dynamique atmosphériqueo Earth Explorers• Date du projet :Suite d’ENVISAT6 satellites prévus :GOCE : <strong>2008</strong>SMOS : <strong>2008</strong>,ADM-EOLUS : 2009,CRYOSAT 2 : 2009,SWARM : 2010,Earthcare : 2013,• Objet : ce programme prend la suite d’Envisat mais avec des missions plus restreinteset ciblées portant sur l’observation, l’analyse et <strong>le</strong>s mesures de:La biosphère,L’atmosphère,L’hydrosphère,La cryosphère,GOCE (Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer) : mesure etanalyse (modélisation) du champ gravitationnel de la Terre, améliorer nosconnaissances de "l' intérieur" de notre planète et préciser la forme du géoïdeterrestre.SMOS (Soil Moisture and Ocean Salinity) : cyc<strong>le</strong> de l'eau sur Terre. mesurerl'humidité du sol à grande échel<strong>le</strong>, évolution de la salinité des mers et desocéans.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 72 -Cryosat-2 : analyse de la cryosphère (glaces de mer, vastes glaciers terrestres,comme ceux de l'Antarctique et du Groenland)ADM-Aeolus (Atmospheric Dynamics Mission) : analyse des profils de ventsdans toute l'épaisseur de l'atmosphère.SWARM : étude du champ magnétique et son évolution dans <strong>le</strong> temps.Earthcare (Earth Clouds Aerosols and Radiation Explorer) : améliorer nosconnaissance sur l'équilibre radiatif de la Terre (effet de serre, importance desaérosols, des poussières dans l'atmosphère, etc.).• Projet Européen avec collaboration Japonaise sur Earthcare.o GMES (Global Monitoring for Environment Security)• Date du projet :En cours de développement,Premiers services en principe disponib<strong>le</strong>s en <strong>2008</strong>• Objet : Créer une capacité européenne autonome de surveillance à différentes échel<strong>le</strong>s(loca<strong>le</strong>s, régiona<strong>le</strong>s, globa<strong>le</strong>s) pour l’environnement et la sécurité, en support despolitiques européennes (environnement, agriculture etc.) et des engagementsinternationaux de l’Union..• Principes :- mobiliser <strong>le</strong>s ressources et <strong>le</strong>s acteurs dans l’UE afin de mettre en place desservices dans des domaines considérés comme prioritaires en matière degestion de l’environnement et de sécurité.- fédérer et rationaliser <strong>le</strong>s activités européennes d’observation de la Terre,• Services proposés :- services thématiques et moyens de col<strong>le</strong>cte et de diffusion de données,- priorités : la gestion de l’océan et des zones côtières, l’occupation des sols et<strong>le</strong> suivi des ressources végéta<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s risques, mais éga<strong>le</strong>ment la gestion del’eau, la qualité de l’atmosphère et la sécurité des personnes et des biens,- développer <strong>le</strong>s moyens, d'intégrer <strong>le</strong>s données col<strong>le</strong>ctées dans des systèmes desuivi et de prévision de l’état de l’environnement,- assurer la pérennité et l’évolution des infrastructures spatia<strong>le</strong>s nécessaires àl’acquisition de ces données.4. Franceo SPOT• Date du projet :- SPOT 1 - 1986/2003,- SPOT 2 – 1990,- SPOT 3 - 1993/1996,- SPOT 4 – 1998,- SPOT 5 - 2002• Objectif :- Observation terrestre,- Explorer <strong>le</strong>s ressources terrestres, détecter et prévoir <strong>le</strong>s phénomènes liés à laclimatologie, à l’océanographie, surveil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s activités et phénomènesnaturelso JASON• Date du projet :- Suite du programme Topex-Poseïdon,- Jason 1, lancé <strong>le</strong> 7 décembre 2001 <strong>par</strong> Delta II,- Jason 2, prévu mi <strong>2008</strong> <strong>par</strong> un lanceur Delta II depuis la base américaine deVandenberg• Objectifs :- Modéliser et prévoir l’évolution des océans et <strong>le</strong>urs interactions avec <strong>le</strong>climat,COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 73 -oooo- observation globa<strong>le</strong> et en temps réel des océans, complétée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s mesures insitu qui apportent une information de la surface jusqu'aux profondeurs.- Par altimétrie radar, mesure de la hauteur des mers et des variations desocéans,PARASOL• Date du projet :- dans la filière de microsatellite Myriade- Satellite lancement Décembre 2004,• Objectifs :- Améliorer la caractérisation des propriétés radiatives et microphysiques desnuages et des aérosols,- mesurer <strong>le</strong>s caractéristiques directionnel<strong>le</strong>s et la polarisation de la lumièreréfléchie <strong>par</strong> <strong>le</strong>s surfaces terrestres et l’atmosphère.- modéliser l’évolution du climat à long terme, ainsi que <strong>le</strong>s variationsclimatiques saisonnières ou inter-annuel<strong>le</strong>s• Projet dans <strong>le</strong> cadre de la coopération A-TRAIN :- données recoupées avec cel<strong>le</strong>s des missions Aqua, Aura, Calipso et Cloudsat.MEGA-TROPIQUE• Date du projet :- Lancement prévu en2009 sur lanceur PSLV (Polar Satellite Launch Vehic<strong>le</strong>)en Inde• Objectif:- Etudier <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> de l'eau dans <strong>le</strong>s régions tropica<strong>le</strong>s,- fournir des données scientifiques sur la contribution du cyc<strong>le</strong> de l'eau dansl'atmosphère tropica<strong>le</strong> : eau condensée dans <strong>le</strong>s nuages, vapeur d'eau del'atmosphère, précipitations, évaporation.- évaluer <strong>le</strong> bilan radiatif au sommet de l'atmosphère. Les données recueillies etl'orbite <strong>par</strong>ticulière de Mégha-Tropiques.• Principe :- L’orbite circulaire inclinée de 20% <strong>par</strong> rapport à l'équateur permet deconstituer un instrument unique pour la recherche climatique.• Coopération avec l’Inde (Agence ISRO) qui fournit lanceur, la plateforme, une <strong>par</strong>tiede l'instrument Madras et <strong>le</strong> centre de mission.VENUS• Date du projet :- Lancement prévu Juin 2009,- Dans <strong>le</strong> cadre du programme GMES,• Objectifs:- Fournir des données pour des études scientifiques concernant la surveillance,<strong>le</strong>s analyses et la modélisation de la végétation sous l'influence de facteursenvironnementaux tels que l'activité humaine,- Estimer l'évolution des besoins en eau et permettre une meil<strong>le</strong>ure gestion desressources hydriques.- comprendre l'impact des changements climatiques sur <strong>le</strong>s écosystèmes.- Projet mobilisant une large coopération européenne.DEMETER• Date du projet :- premier microsatellite de la filière Myriade,- lancement satellite en 29 juin 2004 <strong>par</strong> <strong>le</strong> lanceur russe Dnepr• Objectif:- Mesurer un ensemb<strong>le</strong> de <strong>par</strong>amètres géophysiques de la haute atmosphèresusceptib<strong>le</strong>s d’être affectés <strong>par</strong> l'activité tellurique ou volcanique de la Terre.• Principe :- Les perturbations é<strong>le</strong>ctriques et magnétiques liés aux tremb<strong>le</strong>ments de terresont connues depuis très longtemps. Plusieurs études semb<strong>le</strong>nt indiquer queCOMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 74 -de tels phénomènes peuvent ap<strong>par</strong>aître pendant et après <strong>le</strong>s séismes, maiséga<strong>le</strong>ment quelques heures avant. Un critère qui pourrait être déterminantpour améliorer la prévision des secousses sismiques et anticiper la gestion decrise.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>


- 75 -ANNEXE 4 : SYSTEMES MILITAIRESEUROPEENS ET AMERICAINS OPERATIONNELSCapacités américaines et européennesDomaine États-Unis EuropeTélécommunications26 satellites militaires de télécommunications actifs et 5 en 10 satellites :secours en orbite9 satellites relais dédiés à la transmission des donnéessatellite (contrô<strong>le</strong> et imagerie)- 5 Royaume-Uni (Skynet), 1 Italie(Sicral) ; - 2 Espagne (Xstar,SpainSat) ; - 2 France(Syracuse 3A et 3B).Navigation24 satellites de navigation GPS actifs et 5 en secours enorbite1 (démonstrateur GIOVE A)(programme Gali<strong>le</strong>o (1) en cours,opérationnel en 2013)Observation 8 satellites militaires d’observation (4 optiques et 4 radars) 5 satellites radars (3 Al<strong>le</strong>magne,2 Italie)2 satellites optiques (Hélios 1A et2A)A<strong>le</strong>rte 8 satellites d’a<strong>le</strong>rte avancée en orbite (1 démonstrateur français – Spira<strong>le</strong>Un système sol performant (optique et radar) d’a<strong>le</strong>rte - prévu en <strong>2008</strong>)antimissi<strong>le</strong> et de surveillance de l’espaceÉcoute 15 systèmes d’écoute é<strong>le</strong>ctronique en orbite France : démonstrateur ESSAIM(1 démonstrateur français – ELISA- prévu en 2010)(1) Il s’agit d’un programme civil disposant d’un service gouvernemental sécurisé PRS permettant une utilisationdua<strong>le</strong>.Source : ministère de la défense.COMITE 4 ESPACE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT <strong>2007</strong>-<strong>2008</strong>

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