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Après s’être réveillé d’un long sommeil, Sämtisreprit la route d’un pas nonchalant, traînantson sac derrière lui. Celui-ci s’accrocha dansl’arête vive d’un rocher qui découpa unelongue déchirure dans son fond. Le géanthissa le sac plein à rabord sur son épaule etpoursuivit gaillardement son chemin. Commele sac se balançait sur son dos en grandsarcs de cercle, des centaines de maisonstombaient à chaque pas par la fente. Elles sedéposèrent sur les plus belles terres des versants,des collines et des vallées que Sämtis traversait.Le géant ne s’aperçut de la perte qu’au moment oùil s’apprêtait à se reposer sur l’alpe Sigel qui lui servaithabituellement de banc. Lui si calme et pondéré d’ordinaireentra alors dans une violente rage et émit un juron que notrebonne éducation nous interdit de reproduire ici.Il finit pourtant par se calmer, regarda autour de lui et n’en crutpas ses yeux: les adorables maisons de bois, les granges etles étables se nichaient dans le vert paysage vallonné commedans un écrin. Les vitres bien astiquées brillaient gaiementdans le soleil. La vision qui s’offrait au géant était si parfaiteque son cri de joie retentit dans tout le massif d’Alpstein:«Tudieu! Pourquoi me fatiguerais-je à rassembler les maisonsdes nains? Je n’aurais rien pu faire de plus beau!» Il embrassaencore son œuvre d’un regard ébahi et fut charmé du résultatplutôt fortuit: «Construire une ville? Quelle drôle d’idée j’aieue là!»Et c’est ainsi que l’habitat d’Appenzell adopta cette formemorcelée qui le caractérise.