P06_07 — LE <strong>PETIT</strong> <strong>BULLETIN</strong> N°714 — DU 29.05 AU 04.06.13CINÉMAc’est dans le texte d’HeinrichVon Kleist où un marchandde chevaux au XVI e siècleprend les armes et lève unearmée de paysans pourréparer l’injustice qui lui aété faite, qu’il trouve desaccents presque mélenchoniens,notamment quandune tentative d’amnistie descombattants se transformeen marché de dupes ; enfin,chez Van Warmerdam, les damnés de la terre ensortent – littéralement – pour aller troubler l’ordrebourgeois résumé à un couple avec enfants, via unemachination diaboliquement orchestrée par ce groupusculesans nom et sans obédience, mais aussi parun scénario et une mise en scène constamment surprenants.Deuxième thème récurrent, et radicalementopposé au précédent : le champagne et la gueule debois qui va avec. Que ce soient les numéros exubérantset queer de Liberace à Las Vegas chez Soderbergh,soufflés en quelques mois par l’irruption du SIDA,l’errance mondaine de Toni Servillo dans La GrandeBellezza, traversant fêtes et orgies avec la sensationd’entrer dans son crépuscule, ou l’euphorie puis lespleen qui structuraient Gatsby le magnifique, la compétitioncannoise a proposé un lot de films où l’insoucianceet la légèreté se nimbaient d’un parfum de cercueilet d’amertume. Jim Jarmusch et son Only loversleft alive, très bonne surprise de fin de festival, s’inscritdans ce courant, avec plus de bonne humeur. Àtravers son couple de vampires glamour qui s’ennuientface à leur propre éternité, Jarmusch se livre à unautoportrait en vieux con has been et débranché, cequi ne manque ni de panache, ni d’autodérision.Bloqué au XX e siècle de l’écrit et de l’analogique, iljette quelques piques à la jeunesse numérisée du XXI e ,mais avec ce qu’il faut d’élégance et d’ironie pour nejamais sombrer dans le ressassement à la Wenders.Cannes, à la Vie, à l’amour…— FESTIVAL — EN COURONNANT CE QUI EST INCONTESTABLEMENT LE MEILLEUR FILM DE LA COMPÉTITION, LA VIE D’ADÈLE D’ABDELLATIFKECHICHE, STEVEN SPIELBERG ET SON JURY ONT POSÉ UN BEAU POINT FINAL À UN 66 e FESTIVAL DE CANNES PASSIONNANT EN SONCENTRE, SINON DANS SES PÉRIPHÉRIES.CHRISTOPHE CHABERTY croyait-on vraiment ? Imaginait-on Steven Spielbergse lever de sa chaise durant la cérémonie du palmarèscannois pour annoncer, du haut de sa stature decinéaste mondialement reconnu et présentement présidentdu jury, la Palme à La Vie d’Adèle d’AbdellatifKechiche, chef-d’œuvre du naturalisme à la françaiserelatant la passion entre Adèle et Emma à coups degrands blocs de réalité réinventée, des premiersregards à la dernière étreinte en passant par de longsmoments d’intimité physique ? C’est pourtant ce quis’est passé, et on en est encore ému. Car si La Vied’Adèle n’était pas notre film préféré de la compétition– on dira lequel plus tard – c’était d’évidence lemeilleur, le plus incontestablement ample et abouti,le plus furieusement contemporain, que ce soit danssa matière romanesque, ses personnages ou sondispositif. Kechiche est aujourd’hui l’héritier directde Pialat, même s’il développe aussi sa propre singularitéet même si, avec ce film-là, il dévoile sa partla moins sombre, la plus solaire, comme une antithèseabsolue de son précédent et terrible Vénusnoire. C’est aussi l’éclosion de deux comédiennes, qu’ilconvient toutefois de distinguer dans leur approchedu jeu : Adèle Exarchopoulos tient le film du premierau dernier plan, et elle a ce charme des apparitions,ce naturel des comédiennes qui donnent tout commes’il n’y avait pas d’après ; Léa Seydoux, en revanche,a déjà du métier, ici ou dans le grand ailleurs hollywoodien,et elle compose une Emma aux cheveuxbleus avec ce qu’il faut de technique pour la faireoublier, ce qu’il faut de précision pour que cela setransforme en magie. <strong>Le</strong>s deux réunies composentun couple dont la crédibilité est pour beaucoup dansl’immersion émotionnelle et sensuelle que procurela vision du film, dont les trois heures passent en unsouffle si bien qu’on en redemanderait presque –sympa, Kechiche a sous-titré son film Chapitre 1 et 2,laissant l’espoir d’un futur Chapitre 3 et 4.PALMARÈS DANS LE DÉSORDREEt le reste du palmarès et de la compétition, alors ?En dehors d’un inexplicable Prix de la mise en scèneà Amat Escalante et son Heli dont on ne pensepas vraiment du bien – on l’a dit la semaine passée –Spielberg et son jury ont récompensé de bons filmsun peu dans le désordre, laissant sur le bord de laroute quelques œuvres pourtant passionnantes. Pasvraiment contestable, le Grand Prix à Inside LlewinDavis des frères Coen a salué ce faux film mineurqui s’avère, la boucle de son récit bouclée, un filmmondedans la lignée métaphysique de Barton Finkou A serious man. Suivant la destinée d’un folkeuxfictif et foireux dans le Greenwich village de 1961,le film ouvre sans arrêt des abîmes de sens derrièreson allégresse faite de dialogues punchy, de tribulationscomiques et de chansons interprétées inextenso. La réflexion des Coen sur l’absurdité del’existence et l’absence de Dieu n’a jamais été aussijoyeuse qu’ici, et ils la complètent par une pertinenteillustration du double sens du mot “révolution“ :tour complet sur soi-même avant retour au point dedépart et bouleversement radical de l’ordre deschoses. <strong>Le</strong> Japonais Hirokazu Kore-Eda a lui reçu leprix du jury pour Tel père, tel fils, jolie variation autourde ses thèmes de prédilection – l’enfance, la famille,la transmission – dont on regrette juste la dernièredemi-heure, qui ressemble àl’addendum d’un scénaristeun peu trop consciencieux.Jia Zhangke aurait sansdoute été bien plus à saplace avec le prix de lamise en scène qu’avec le prixdu scénario qui lui a étéremis pour son formidable Atouch of sin ; mais il est bond’avoir distingué ce cinéastequi a pris le risque d’emmenerson cinéma vers de nouveauxhorizons, plutôt quede capitaliser sur sa réputation.C’est-à-dire l’inverse d’Asghar Farhadi et duPassé, bon film au demeurant, mais sans grande surprisede sa part. Intelligemment, le jury a finalementrécompensé ce qu’il y a de mieux dans le film, à savoirBérénice Bejo, dont la prestation est exceptionnelle enfemme vacillante et pétrie de culpabilité. En revanche,le Prix d’interprétation masculine au vétéran BruceDern dans le très faible Nebraska d’Alexander Payneest assez piteux, dans une compétition qui brillait parde formidables performances d’acteur. On pense biensûr à Michael Douglas dans Behind the candelabra deSteven Soderbergh, où il révèle des talents insoupçonnésde fantaisie et d’émotion pour camper le pianistegay et outrancier Liberace ; mais Mathieu Amalric,excellent dans Jimmy P. d’Arnaud Desplechin et dansCette année, lacompétition cannoise aproposé un lot de films oùl’insouciance et la légèretése nimbaient d’un parfumde cercueil et d’amertume.La Vénus à la fourrure de Polanski, aurait tout aussibien pu prétendre au titre, tout comme MadsMikkelsen, intense dans Michael Kohlhaas ou OscarIsaac, révélation du film des Coen.CHAMPAGNE ET LUTTE ARMÉEPalmarès pas mal du tout, donc, et compétition defort bon niveau, aussi, dont on peut se plaire àtracer des lignes qui relieraient les films entre eux.Par exemple, la thématique “lutte armée“ qui traverseà la fois A touch of sin, le rugueux MichaelKohlhaas d’Arnaud Des Pallières et l’étonnantBorgman, retour surprise du Hollandais Alex VanWarmerdam après des années d’oubli. Chez JiaZhangke, c’est l’idéal communiste d’une Chine laminéeà sa base par l’individualisme et la privatisationqui fait de la résistance, même si le récit, construiten quatre histoires distinctes, va vers un désenchantementqui n’augurerien de bon pour l’avenirdu pays ; chez Des Pallières,“La Vie d’Adèle” - DRFRAGILE ET TARDIFQuelques films, toutefois, ont posé question dans lacompétition : on ne parle pas du navet de TakashiMiike Shield of straw, indigne d’y figurer, ou de Grigrisde Mahamat-Saleh Haroun, dont la naïveté et lesdéfauts sont à peu près égaux à ceux de son précédentUn homme qui crie. Plutôt de The Immigrantde James Gray et Jimmy P. d’Arnaud Desplechin. Deuxfilms difficiles, qui ne répondaient ni aux attentesplacées dans leurs cinéastes, ni dans le cahier descharges qu’on avait sans doute abusivement écrità propos de leurs dernières œuvres. Gray n’a pas livréla fresque attendue, mais un drame en chambre auxinfluences russes (Tchekhov, Dostoievski), qui nousa laissé froid sans qu’on sache si c’était son but ousa limite. Desplechin, lui, s’est presque trop biencoulé dans le moule américain, au point de s’éloignerradicalement de son style si particulier. Pourtant,Jimmy P., œuvre complexe brassant souvenirs de laDeuxième Guerre mondiale et du génocide indien,éclosion de la psychanalyse et récit d’amitié entredeux homme que tout oppose, est un beau film fragile,trop fragile pour Cannes sans doute. Maisc’est Roman Polanski qui a frappé un grand coup ledernier jour – trop tard sans doute – avec La Vénus àla fourrure. C’est ce film dingue que l’on a préféréentre tous, en définitive, car voir un immense cinéastefaire défiler tout son cinéma entre les quatre mursd’un théâtre et avec deux acteurs merveilleux, le toutgrâce à une science du spectacle, des émotions et dela mise en scène qui serait celle d’un vieux briscard sielle ne témoignait aussi d’une insolente juvénilité, aquelque chose de jouissif et d’inattendu.TOUT N’EST PAS PERDU…En dehors de ce centre de gravité passionnant qu’étaitla compétition, Cannes a été plus contestable. <strong>Le</strong>sséances spéciales ont frappé par leur manqued’intérêt et Un certain regard a fait l’effet d’ungrand pêle-mêle d’auteurs où se croisaient le meilleur(Alain Guiraudie et son explosif Inconnu du lac,dont on va reparler très vite) et le pire (Claire Denisprésentant un film à l’inachèvement criminel, <strong>Le</strong>sSalauds), avec pas mal de bof bof au milieu (FruitvaleStation, un grand prix de Sundance très moyen,ou encore Omar, qui a reçu un accueil très favorablemais aussi très douteux, les spectateurs confondant lefilm avec la cause qu’il défend de manière pour lemoins expéditive). La Quinzaine des réalisateurs, deson côté, s’est embourbée dans d’obscures séries Béchappées du marché du film et dont l’avenir passepar la VF des multiplexes et les bacs à soldes DVD (TheLast days on mars ou Magic Magic). Une révélation,toutefois, celle de Jeremy Saulnier et son stupéfiantBlue ruin, croisement entre les thèmes de Jeff Nicholsdans Shotgun stories et la maîtrise des Coen dansBlood simple – rien que ça. Pour la blague, on s’amuseraen disant qu’au cours de ce festival de Cannes,un des moments forts à été celui où “tout estperdu“ ; All is lost, titre du deuxième film de J.C.Chandor après Margin call, présenté hors compétition,et tour de force prodigieux : un “one-man-film“sans dialogue autour d’un homme dérivant surl’océan. L’homme, «notre homme» comme il estdit au générique, c’est Robert Redford, rendu à sapleine dimension d’acteur légendaire, portant le filmsur ses épaules, celui-ci devenant presque un documentairesur le comédien, son professionnalisme etsa sagesse. Du naturalisme de Kechiche au spectacleintime de Chandor, finalement, c’est le même amourde l’acteur et la même célébration de la vie qui a irriguéce beau festival.
DRLa Grande BellezzaL’ERRANCE ESTIVALE D’UN ÉCRIVAIN QUI N’ÉCRIT PLUS DANS LA ROME DES FÊTES ET DESEXCÈS. DERRIÈRE SES ACCENTS FELLINIENS, LE NOUVEAU FILM DE PAOLO SORRENTINOMARQUE L’ENVOL DE SON RÉALISATEUR, DÉSORMAIS AU SOMMET DE SON INVENTIVITÉVISUELLE ET POÉTIQUE, PORTANT UN REGARD À LA FOIS CRUEL ET PLEIN D’EMPATHIE SURLE MONDE. CCDe jour, un touriste asiatique fait un malaise encontemplant Rome depuis ses hauteurs ; de nuit, unefête orgiaque et débridée attire la faune des mondainsromains. Cette bonne dizaine de minutes n’a rienà voir avec ce qu’on appelle traditionnellementune “exposition“ au cinéma ; c’est plutôt un poèmefilmique, sans dialogue et sans intrigue, où la camérasemble défier la gravitation. Depuis <strong>Le</strong>s Conséquencesde l’amour, on connaît la virtuosité de PaoloSorrentino, sa capacité à intensifier les sensations parun travail extrêmement sophistiqué sur les focales,les mouvements de caméra et un montage musicalépousant l’humeur des séquences. Mais jamais iln’avait osé s’affranchir à ce point de la dramaturgiepour tenter une immersion non pas dans une histoire,mais d’abord dans un monde, pour restituer sespropres perceptions d’une ville dont il abhorre lesexcès et dont il adore la beauté.LES INCONSÉQUENCES DE L’AMOURCe qui est, peu ou prou, le sentiment de Jep (ToniServillo), autrefois auteur d’un roman culte (L’Appareilhumain), devenu journaliste faute de mieux, etayant poursuivi l’ambition d’être «le roi des mondains».Quelque chose comme un lointain descendantde Mastroianni dans La Dolce Vita, dont La GrandeBellezza se veut une libre relecture contemporaine.Jep fête ses soixante-cinq ans sur sa terrasse somptueuseau milieu de sa petite troupe et de parfaitsinconnus ; au réveil, il n’a pas que la gueule debois, mais aussi l’impression que tout cela le conduitdans le mur, l’approche de la mort faisant ressurgir lavacuité profonde de son existence. Revient alors à lasurface le souvenir d’un amour de jeunesse, quile conduit à chercher cette «grande beauté» qui lepoussera, peut-être, à écrire à nouveau. La galerie depersonnages croisés par Jep offre à Sorrentino unangle particulièrement sarcastique pour évoquer lesspecimen romains contemporains : artistes égocentriques,maris goujats, jet-setteurs baratineurs, starlettesarrogantes, vieux beaux dépassés… On estd’abord un peu bousculé par ce défile de freaks queni le héros, ni le cinéaste n’épargnent, jusqu’à cettepremière acmé du récit : le moment où Jep dit sesquatre vérités à une camarade écrivain liée au particommuniste, dont il énonce sans reprendre son souffleles impostures et les renoncements. Mais cet abcèscrevé, Sorrentino va se montrer beaucoup plus subtil.<strong>Le</strong> très critiqué This must be the place avait déjà cettequalité-là : il partait de stéréotypes avant de les faireimploser pour leur donner complexité et humanité. Cechemin, de l’ironie à la tendresse, La Grande Bellezzale refait avec infiniment plus de lyrisme et d’émotionpure.TROUVER SA PLACEC’est une certaine vision du monde qu’affirmeSorrentino : ce que nous voyons de quelqu’un, c’est enpremier lieu sa caricature superficielle ; la dépasserimplique patience et bienveillance, goût de l’autre etmise en sourdine de soi. Ce n’est pas un hasard si lavraie charpente narrative de La Grande Bellezza n’estpas tellement l’itinéraire de Jep, passe-plat magistrald’une couche à l’autre de la haute société romaine (dela bourgeoisie oisive à l’église décrépie en passant parl’aristocratie déchue), mais bien les propres trajets despersonnages, même les plus secondaires, tous richeset forts, tous éclairant l’état de délabrement existentielqui menace le héros. On n’est pas près d’oublierainsi cette hallucinante séquence où une petite filleprojette en hurlant des pots de peintures sur une toilegéante. On pense alors que le cinéaste se moque del’art contemporain et de ses modes débiles ; mais lapeinture achevée, sa réussite est indéniable. Car oui,même les artistes ridicules peuvent avoir du génie.En cela, Sorrentino se démarque des évidents échosfelliniens qui parsèment son film. Il est plus terrestre,plus prosaïque que son glorieux aïeul, et si La GrandeBellezza vise la grande forme – de ses 140 minutes àses instants de complète sidération visuelle – c’est endéfinitive pour restituer un moment éphémère, intimeet fondateur. Proust est abondamment convoqué toutau long du film, et c’est bien une madeleine sentimentale,sensuelle et juvénile, dont Jep recherchele goût, goût de la beauté, mais aussi goût d’unecertaine éternité. Abreuvé de vin, de fêtes, de femmeset de courtisans, Jep finit par accepter d’être simplespectateur d’une vie qui n’apporte de réconfort quesi on cesse de la presser comme un citron. C’est aussila voie choisie par Sorrentino : d’abord un spectacletotal, généreux, débordant dans tous les sens d’idéeset de musiques, puis sa reproduction en miniature, àl’échelle de son protagoniste, qui a peut-être enfintrouvé sa place. Non pas au milieu des mondains ouau centre du monde, mais dans cet endroit secret quis’appelle la mémoire.> La Grande BellezzaDe Paolo Sorrentino (It, 2h22) avec Toni Servillo,Carlo Verdone…TEMPS FORTTRADITIONET MODERNITÉAbou LagraaDenis PlassardDeLaVallet BidiefonoEnclave EspañolSidi Larbi Cherkaoui etShantala ala ShivalingappaArushi MudgalJosé MontalvoFESTIVALLA MAISONSENS DESSUS DESSOUSUlf LangheinrichCatherine GaudetSimon TanguyAlain PlatelN. Hubert et M. MandelRaphaëlle DelaunayPatricia Apergipiedneilleza etnestCompagni e DyptikAlonzo KingCirque ÉloizeIvana MüllerAkoréacroHofesh ShechterOlivier DuboisPhilippe DecoufléPilobolusEmanuel GatT. Guerry et C. 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