14 L'ACTUVENDREDI 24 JUIN 2011politique monde social économie société faitsdivers justiceMarineLePens’essouffledanslessondagesEXTRÊMEDROITE. Après avoir longtemps été donnée qualifiée au second tour de la présidentiellepar les sondages d’intentions de vote, la patronne du FN marque désormais le pas.il n’y apas de raison d’êtreinquiet », se rassureBruno Bilde, chef de«Franchement,cabinet de MarineLe Pen, en découvrant les dernierssondages sur la prochaine présidentielle.Etpourtant,aprèssixmoisd’unespectaculaire progression, où elle estpassée de 10 % à 21 % d’intentions devote dans les enquêtes d’opinion, apparaissantsouvent en position de finalisteàlaprésidentielle,laprésidentedu Front national marque le pas cesderniers temps : 16 % dans le dernierbaromètre CSA pour BFM TV et« 20 Minutes », soit trois points demoins par rapport à mai. Un enrayementconfirmé hier par un sondageIpsos pour « le Monde », France 2,France 3 et France Info, où elle arriveentroisièmeposition(18 %),seretrouvantdonc éliminée du second tour,quel que soit le candidat à gauche.Chez Marine Le Pen, pas question d’yvoir cependant le moindre trou d’air.Au contraire, on sort la bonne vieilleméthode Coué. Invitée hier soir del’émission « Des paroles et des actes »,le nouveau rendez-vous politique deFrance 2, la candidate frontiste a préférérelativiser : « Mais nous nousstabilisons à un niveau extrêmementhaut, s’est-elle défendue face à DavidPujadas. Disons que c’est un palier…Pourmieuxreprendredel’élanaprès.»Nous sommescomme la tortue. Il fautque nous partions tôtpour arriver loin.CANTONALESBernadetteChiracrenvoyéedevantlesélecteurs(AFP/BERTRANDGUAY.)FRANCE2,HIER.Invitéede«Desparolesetdesactes»,lanouvelleémissionpolitiqueprésentéeparDavidPujadas,MarineLePenarelativisélabaissequ’elleenregistredanslesdernierssondagesd’intentionsdevote:«C’estunpalier»,a-t-ellecommenté.Certes, dans le passé, Jean-MarieLe Pen n’était jamais parvenu à atteindrede tels niveaux un an avantl’élection présidentielle. « Mais pluson va avancer dans la campagne, pluson peut imaginer qu’elle va connaîtredes difficultés à se maintenir si haut,d’autant que Nicolas Sarkozy va certainementremonter dans les sondages», prédit le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrêmedroite. « Contrairement à ses adversaires,elle est partie très tôt dans lacampagne et on l’a vue partout dansles médias pendant des mois, poursuit-il.L’effet de nouveauté a pu jouerun temps en sa faveur. Sauf que là, ilparaît clairement s’émousser. » « Maisnous sommes commela tortue.Il fautque nous partions tôt pour arriverloin », a argué hier soir la patronne duFront national.Surtout, depuis quelques semaines,Marine Le Pen ne fait plus mouche àtous les coups. Ses déclarations surDominique Strauss-Kahn — « Tout lemonde savait » —, le ralliement del’avocat médiatique Gilbert Collard— « qui ferait un très bon ministre deL’annulationhierparletribunaladministratifde Limoges de l’électioncantonaleremportéeenmarspar Bernadette Chirac n’a surpris personne,pas même l’intéressée.L’épouse de l’ancien président l’avaiten effet emporté dans le canton deCorrèze dès le premier tour, mais avecune seule petite voix de majorité. Ordes irrégularités marginales ont étéconstatées dans les bureaux de votedes communes de Meyrignac-l’Egliseet d’Eyrein. Marginales, mais suffisantespour mettre en cause le fragilerésultat. Le jugement souligne que lefaible écart constaté entre bulletins etsignatures sur la liste d’émargement« fait bien davantage penser à une erreurqu’à une manœuvre ». L’honnêtetéde Bernadette Chirac n’est doncpasencause.François Barbazange, le socialistebattu dès le premier tour, n’a pas déposéde recours, mais plusieurs élusmunicipaux proches du PS ont, eux,portél’affaireenjustice.Aveclesuccèsquel’onsait.Face à un dilemmeFrançois Hollande, président duconseil général de Corrèze, s’est refuséà prendre position publiquement. Enraison de ses bons rapports avec lecouple Chirac ? « Non, répond-ondans son entourage. Contrairement àcequiaétéditouécrit,iln’adécouragéla Justice si j’étais élue présidente »,a-t-elle dit hier soir —, comme sesnombreuses tentatives pour se bâtirun programme économique et socialcrédible ne lui ont pas permis de franchirun nouveau palier dans l’opinion.« Après l’affaire DSK, j’ai été à la diètemédiatique. Il y avait des gens plusintéressantsàinterroger,visiblement»,a-t-elle ajouté, hier sur France 2, pourexpliquer ce tassement dans les sondages.« Et puis on ne peut pas être enprogression constante », plaide à sontour Philippe Olivier, son conseillerpersonne, bien au contraire, de fairedes recours. Malgré leurs bonnes relationspersonnelles, François Hollandeet Bernadette Chirac savent très biendansquelscampsilssont.»Quoi qu’il en soit, Bernadette Chirac,qui s’est dite hier « triste » et « blessée »,se trouve désormais face à un dilemme.Siellenefaitpasappeldujugementdu tribunal, la nouvelle électionauralieuàl’automne,c’est-à-direjusteaprès le procès de son mari. En casd’appel, les électeurs seraient convoquésaux urnes au printemps 2012, àquelques semaines de la présidentielle.Dans les deux cas, le calendriern’estpasidéal.PHILIPPEMARTINAT(AFP/JEAN-PIERREMULLER.)politique. Tandis que Bruno Bildeparie sur un rebond à partir de larentrée de septembre : « Notre margede manœuvre reste considérable et larentrée va être chaude, professe-t-il.Marine va entamer une nouvelle séquenceen dévoilant son équipe decampagne lors des journées d’été quiauront lieu à Nice (NDLR : les 9 et10 septembre), puis elle prendra possessiondans la foulée de son QG decampagne, probablement dans leXVII e arrondissement de Paris. »OLIVIERBEAUMONTBernadetteChiracn’avaitétérééluedanslecantondeCorrèzequ’àuneseulevoix.PSNouveauxsoutienspourAubryLes ralliements à Martine Aubrys’accélèrent. Après l’orphelin deStrauss-Kahn Jean-ChristopheCambadélis lundi, la première secrétairedu PS, qui s’apprête à s’engagerdans la bataille des primaires pour2012, a reçu hier soir le soutien desex-rocardiens (partisans jusqu’icid’une candidature DSK), regroupésautour du député-maire de GrenobleMichel Destot. Parmi la trentaine designataires, on trouve les maires deRennes, Montpellier ou Amiens, d’anciensministres (dont Alain Richard etCatherine Tasca) et plusieurs parlementaires.DequoidonnerlesourireàAubryqui,hier,apassélajournéedanssavilledeLille,où,entredeuxréunions,elleafait…lessoldes.Afindetrouverlatenue pour le jour de sa déclaration ?« Je n’en suis pas à ce stade de maréflexion », a-t-elle plaisanté. Candidate,Aubry aura moins de temps àconsacrer à sa ville. « J’y suis déjàmoins », a-t-elle confessé, maintenanttoujours le suspense sur la date et laforme de sa déclaration. A propos dessondagesquiladonnenttoujourslégèrementderrière François Hollande, elles’amuse à citer Jacques Chirac : « Jeméprise les hauts et, comme dirait magrand-mère:Jerepriselesbas.» R.L.ENBREFPRIMAIRESJean-Marc Ayrault contre-attaque.LepatrondugroupePSàl’Assembléeaannoncéhieravoirdéposéplaintepourdiffamation contre l’UMP. Le maire deNantesreprocheaupartimajoritaireladiffusion d’un tract au slogan « primairesdu PS = fichage politique », quilemetencausedirectement.COULOIRSDésirprenddugalonL’eurodéputéaétéchoisipourreprésenterlePSfrançaislorsd’unerencontrehieràBruxellesavecleschefsdefiledesleaderssocialisteseuropéens.Autourdelatablenotamment,lanouvelleétoiledestravaillistesanglais,EdMiliband,lepatrondesdémocratesitaliens,PierLuigiBersani,etl’AllemandMartinSchulz.UnemissiondeconfiancequifaitdireàcertainssocialistesqueDésiraprisuneoptionsurlasuccessiondeMartineAubryàlatêteduparti.CopéetBertrandunis…jusqu’en2012Aprèsdesmoisderivalitéaugrandjour,Jean-FrançoisCopéetXavierBertrandontdécidédefumerlecalumetdelapaix…dumoinsletempsdelacampagneprésidentielle.Mercredi,lesecrétairegénéraldel’UMPetsonprédécesseurontdéjeunédansleXV e pourofficialisercetteréconciliation.«Ilsontconfrontéleurspointsdevue,çaaétéunéchangeconstructif,dit-ondansleurentourage.Mêmes’ilsnesontpasd’accordsurtout,ilsvontfaireuneffortpours’entendrejusqu’en2012.»Après,c’estuneautrehistoire…
VENDREDI 24 JUIN 2011L'ACTU 15politique monde social économie société faitsdivers justiceDestémoinsétayentlesdéclarationsdeLucFerryENQUÊTE. Plusieurs personnes ont raconté auxpoliciers que leurs vacances au Maroc avaient étéperturbées par des affaires d’agressions sur mineurs.PARIS,LE3JUIN.LucFerry,dansleslocauxdelabrigadedeprotectiondesmineurs(BPM)delapolicejudiciaire,avaitévoquédesactesdepédophiliedontseseraitrenducoupableunancienministredelaRépubliqueauMaroc. (AFP/FREDDUFOUR.)Alors que beaucoup la pensaientdéjà terminée, l’« affaire» Luc Ferry connaît unprolongement inattendu.Selonnosinformations,plusieurspersonnes se sont présentées,ces dernières semaines, dans les locauxde la brigade de protection desmineurs (BPM) de la police judiciairede Paris, après les déclarations de l’ancienministre de l’Education nationale(2002-2004) sur des actes de pédophiliedontseseraitrenducoupableunancien ministre de la République auMaroc. Ces témoins ont livré des éléments«concrets»auxenquêteurs,notammentsur les dates et les lieux desfaitsrelayésparLucFerry,le30maisurlesplateauxdeCanal+.Elles avaient étéretenues après la découvertede faits criminels commis surdes mineurs dans leur hôtelUNESOURCEPROCHE<strong>DE</strong>L’AFFAIREAl’époque,lephilosopheavaitdéclaréavoir eu connaissance de l’histoired’unministrequiseseraitfait«poisser»avec de jeunes garçons, il y a quelquesannées, alors qu’il se trouvait dans unhôtel à Marrakech. Luc Ferry avait assurétenir cela des « plus hautes autoritésdel’Etat»etnotammentd’unPremierministre,sansenpréciserlenom.« A la suite de ces déclarations et del’auditiondel’ancienministredel’Educationnationale par les policiers, le3 juin, différentes personnes ont décidéde témoigner spontanément,confie une source proche de l’affaire.Plusieurs ont notamment relaté s’êtreretrouvés bloquées, pendant plusieursheures, dans leur hôtel par la policemarocaine au cours de leur séjour àMarrakech. Elles ont ensuite été informéesqu’elles avaient été retenuesaprès la découverte de faits criminelscommis sur des mineurs dans leurhôtel. » Toujours selon nos informations,plusieurs des personnes entenduesont fourni des précisions sur leurpériode de présence dans le royaumechérifien. Les policiers de la BPM ontainsi pu « resserrer » leurs investigationssurlesannées2001et2004.« Ces témoignages ont été recueillisavec beaucoup d’attention par les enquêteurs,poursuit la même source.Desvérificationssontencours,notammentsur la liste des clients des hôtelsdésignés aux dates précisées par cestémoins. D’autres auditions sont àvenir pour étayer ces informations. » Acommencer par celles de diplomatesfrançais en poste au Maroc à l’époquedes faits présumés. Le ministère desAffairesétrangèresaétésaisi,àcesujet,d’une demande par les policiers de labrigadedesmineurs.Egalemententenduparlespoliciersdela BPM, le 10 juin, Yves Bertrand, l’ancienpatron des renseignements généraux(1994-2002)—dontlenomavaitété évoqué par Luc Ferry lors de sonaudition — avait assuré avoir « faitétat»,en2001,auprèsdes«autoritésdetutelle»derumeursd’actespédophilesparunex-ministreauMaroc.Danssescélèbres carnets saisis par la justicedans l’affaire Clearstream, Yves Bertrandévoqueuneaffairedepédophilieau Maroc, qu’il date de novembre2001, impliquant un ancienministre. De son côté, Luc Ferry avaitindiqué que ces faits supposés étaient«bienantérieurs»à2002.STÉPHANESELLAMIABUSSEXUELSGeorgesTron:lecasse-têtedesoncontrôlejudiciaireGeorges Tron, mis en examenpour « viols et agressionssexuelles en réunion », et placésous contrôle judiciaire, reste néanmoinsmaire de Draveil (Essonne), etretrouvera son siège de député mercredi.Ce qui pose, dans les deux cas,des problèmes inédits.A l’Assemblée nationale. Le« cas » Georges Tron est sans précédentpour l’Assemblée. Depuis la réformeconstitutionnelle dejuillet 2008, un ministre peut retrouverson siège de député automatiquement,un mois exactementaprès avoir quitté le gouvernement.Qu’il soit mis en examen ne changerien : cela ne l’empêche pas d’exercerses fonctions et il bénéficie de laprésomption d’innocence. En revanche,un parlementaire ne peutfaire l’objet d’une mesure privative deliberté. Cela relève non pas de l’immunitéparlementaire (réservée auxfaits commis dans l’exercice de lafonction), mais du principe de « l’inviolabilitéparlementaire ». Seul lebureau de l’Assemblée, saisi par lajustice, peut la lever. Il revient auprocureur d’en formuler la demandeau garde des Sceaux. En clair, MichelMercier, ministre de la Justice, doitdécider d’ici à mercredi de saisir ounon le bureau de l’Assemblée pourlui demander la levée de l’inviolabilitéparlementaire de Tron, afin que lecontrôle judiciaire continue des’exercer.A la mairie. Placé sous contrôlejudiciaire, Georges Tron doit s’abstenirde rencontrer des témoins del’affaire, dont certains travaillent à lamairie. Cela va-t-il lui poser des problèmespour exercer son mandat demaire ? « Non », tranche son conseil,M e Olivier Schnerb. « Seulestrois personnes sont concernées enLacolèredesplaignantesex-employéesmunicipales«C’estunchoc.»Hier,lesdeuxdeDraveilquiontportéplaintecontreGeorgesTronnecachaientpasleurcolèredelevoirremisenliberté.«Onétaitpersuadéesqu’ilallaitêtreincarcéré,regretteVirginie.Toutcelanevapasinciterd’autresvictimesàalleraufront.»«C’estrévoltant,fustigeMarie,exattachéeparlementairedeGeorgesTron,quiatémoignédanscetteaffaire.Ilétaitencoreengardeàvuequenoussubissionsdéjàdesmenaces.LesoirdelaFêtedelamusique,lecompagnond’uneadjointeaumairem’aregardée,aposésondoigtsurlaboucheetafaitcommesij’allaisavoirlagorgetranchée.J’aidéposéplainte.»L’autreplaignante,Eva,compteégalementdéposerplaintepourduchantageetduharcèlementpartéléphone.Virginieditaussiavoirsubidespressions:«Unepersonneestpasséeprèsdemoiàmotoavecuncasqueintégral,s’estarrêtéeetamimélegestedemetirerdessus.»SÉ.M.mairie, dont Brigitte Gruel (NDLR :l’adjointe à la culture mise en examendans ce dossier et placée sous contrôlejudiciaire), argumente M e Schnerb.Ces personnes seront donc affectées,durant le contrôle judiciaire, à destâches n’impliquant pas de contactavec le maire. Si le juge d’instructionavait estimé que ce contrôle judiciaireétait incompatible avec l’exercicede ses fonctions, il aurait pu luiinterdire d’exercer ce mandat. » Cetteopinion ne fait pas l’unanimité.« Conduire une municipalité dansces conditions est impensable », jugeFabienne Sorolla, élue MoDem deDraveil. « Il y a une ville à gérer, s’il nedémissionne pas, c’est impossible »,avertit Daniel Groiselle, élu PS. Laprocureur d’Evry, elle, avait indiqué lanécessité de mettre une « organisationspéciale » en place.NATHALIESEGAUNESETSÉBASTIENMORELLIwww.leparisien.frwww.aujourd'hui.frENVIDÉODraveilestdivisé(LP/OLIVIERLEJEUNE.)PARIS,LE8MARS.GeorgesTron,placésouscontrôlejudiciaire,retrouverasonsiègededéputémercredi.