04L'ACTUpolitique monde social économie société faitsdivers justiceL’ère numérique aura-t-elleraison du bac, la pagaille etl’émoi suscités par la fuited’un sujet de maths de lasérie S emportant les dernièresréticences à la réforme d’unbachot aussi intouchable qu’unmonument national ? Alors que lesécrits sont terminés depuis mercredisoir pour les élèves des sériesgénérales, les 165 000 candidatsde S, dont le stress a été mis à rudeépreuve avant-hier, savent aussiqu’ils peuvent souffler. Pas de nouvelleépreuve en vue, soit. Ils n’ontpas digéré pour autant le choix duministère de biffer simplementl’exercice n o 1, dont la photo a fuitéla veille de l’épreuve sur un siteInternet, et de reporter les 20 pointssur les trois exercices restants. Mêmesi les correcteurs sont invités àl’indulgence, voire au coup depouce envers ceux dont la moyenneafficherait un 9/20, insuffisant pourdécrocher le sésame, ou un 7, rédhibitoirepour l’accès au repêchage.Le déferlement des commentaires,au minimum « dégoûtés », ne cessepas sur les forums. La colère desparents non plus. Jugée injuste etinégalitaire, la décision a suscité dèshier ses premiers recours devant lestribunaux administratifs.Le cru 2011 entachéL’onde de choc dépasse la seulefilière scientifique. Le dernier jourdes écrits ayant bruissé d’autresfuites, sur le sujet de SVT, de physique,et celui d’anglais en ES, leslycéens font désormais assaut d’appelsà la mobilisation — pétition,manifestation — sur la Toile : pourquoi,après tout, ne serait-on indulgentqu’avec les candidats de S ? Etque vaudra un bac décroché cetteannée ? La polémique monte, achevantla réputation d’un examenphare, déjà attaqué de longue date,au motif qu’il ne « vaudrait plusrien » depuis que 85 % des candidatsle décrochent chaque année.Cette histoire ne fait qu’ajouter dupoids aux cris d’alarme manifestésce printemps devant l’augmentationde la triche, constatéedans tous les établissements,grâce aux portables et autres outilsnumériques.Sécuriser l’examen ?Le bac n’est, au passage, pas la seulevictime. A Villepinte, en mai, uneépreuve de BTS s’est trouvée entachéepar la triche signalée de candidatsqui s’éclipsaient souvent auxtoilettes pour consulter leur portable.Mais comment lutter ? Leministre, qui lançait hier une enquêteadministrative sur les autressoupçons de fuite au bac, a égalementchargé son inspection généralede plancher sur ce sujet : verrouillerl’organisation du bac etmieux sécuriser les épreuves desexamens. Pour Eric Barbazo, présidentde l’Association des professeursde mathématiques (Apmep),qui continuait hier de réclamer unenouvelle épreuve de maths pour lesélèves de S : « Si le bac est une usineà gaz depuis cinq ans, met-on vraimentles moyens humains appropriésà sa meilleure organisation ? »Quant aux moyens matériels,quand l’Apmep a réclaméque la France équipe ses centresd’examen de brouilleurs deportables « comme aux Etats-Unis », la Direction de l’enseignementscolaire a réponduque ce serait…trop cher.Réorganiserles épreuvesC’est ce que réclament comme unseul homme syndicats et parentsd’élèves de tous bords, sans s’accordersur les solutions. Le bonvieux bac « est à son point derupture », juge le pédagogue PhilippeMeirieu. « La forme del’examen n’est plus adaptée auxcirconstances. On ne sait mêmeplus ce que l’on évalue ! » soupirePhilippe Tournier, patron syndicaldes chefs d’établissement, qui réclameplus de contrôle continu,plus d’oraux, et des écrits qui tableraientplus sur la réflexion, autorisantdu coup, « comme au Danemark», l’accès aux documents, papierou Internet, pendant l’examen.FCPE et syndicats lycéens votentRetrouvezl'actualitésurwww.leparisien.fretwww.aujourdhui.frpour. L’Union nationale des lycéenssuggère l’idée de partiels qui ponctueraientla 1 re et la terminalejusqu’à l’épreuve finale. Mauvaiseidée selon Eric Barbazo : « Encontrôle continu, depuis deux ans,la triche est énorme ! Les gamins n’yressentent pas la solennité du bac,où ils composent ailleurs que dansVENDREDI 24 JUIN 2011LafraudeaubacfaitdesvaguesEXAMEN.LadivulgationsurleNetd’unexercicedemathssuscitelacontroverse.Alorsquel’organisationdubacestremiseencause,deuxfrèresétaienthierengardeàvue.L’histoired’unefuiteC’est sous le pseudo Chaldeen quel’internaute à l’origine de la fuite apublié, lundi soir, son messagesur Jeuxvideo.com, le site Internetd’informations sur les jeux vidéo le plusconnu et le plus fréquenté en France.Le cliché en cause n’a pas étédirectement publié, mais Chaldeen aposté, à 21 h 18 précisément, un liensur lequel cliquer qui renvoyait sur lesite de partage de photos en ligneNoelshack.Le soupçon de « fake » (« faux » ou« truqué »), une pratique fréquente surles forums de discussion un brinpotaches des sites Internet consacrésaux jeux vidéo, a été tel que le messagepuis les réponses reçues sont restés enligne jusqu’au lendemain midi. « Il a étédécidé de supprimer l’ensemble desmessages lorsque le site a été alertépar des élèves qui venaient de sortir de(MAXPPP/SILVÈREGERARD.)UnsujetdemathsaétédivulguésurJeuxvideo.comlaveilledel’épreuve.l’épreuve de maths », explique uneporte-parole du site, dont lesprincipaux responsables refusent deparler à la presse.Contrairement à une pratique répanduesur le Web qui consiste, pour un site, àconfier la modération de son forum àune société extérieure spécialisée,Jeuxvideo.com, installé à Aurillac(Cantal), assure elle-même lasurveillance des contenus postés parses visiteurs. L’équipe, principalementcomposé de journalistes, peut comptersur le renfort de 400 membres du sitequi contrôlent le contenu desmessages bénévolement. A.R.DeuxfrèresinterpellésL’enquêten’aurapastraîné.Aulendemainde la plainte déposée parle ministre de l’Education nationale,Luc Chatel, après la divulgation,sur Internet, d’une partie de l’épreuvedemaths du baccalauréat S, deux suspectsontétéinterpellés,hiermatin,parlesenquêteursdelabrigadederépressionde la délinquance contre la personne(BRDP).OlivierS.,25ans,etsonfrère, Steven, 20 ans, ont été arrêtés àParis et Arnouville-lès-Gonesse(Val-d’Oise). L’aîné, employé dans unesociété d’informatique, a été interpellésur son lieu de travail dans le XV e arrondissementdelacapitale,tandisquele cadet, étudiant en école d’informatique,aétésurprisàsondomicile.Ordinateurs et téléphones saisisAu cours des perquisitions, les policiersde la BRDP ont saisi plusieursordinateurs ainsi que des téléphonesportables. Selon nos informations, lesenquêteursdelapolicejudiciaireparisienneont remonté la piste d’Olivier S.par l’adresse Internet laissée par sonleur établissement et savent qu’ilsrisquent gros. » Le Snalc, syndicatclassé à droite, suggère plus modestementqu’on en revienne à dessujets par académie, comme il y avingt-cinq ans. Quand fuite il y aura,au moins elle ne touchera pas165 000 copies.CLAUDINE PROUSTordinateur, après la mise en ligne dudocument.« Les policiers ont découvert que laphoto de l’exercice dévoilé, lundi soir,sur le forum d’un site de jeux vidéol’avait été depuis l’adresse IP de l’ordinateurdecesuspect,relateunesourceproche de l’enquête. Son frère cadetserait également intervenu dans cetteaffaire. » Hier soir, ces deux suspectsétaient toujours entendus sur leur implicationdanscedélit.«D’autresinterpellationspourraient suivre, confieune source travaillant sur ce scandale.Le ou les personnes qui ont pris laphoto de cette épreuve avec un téléphoneportablerestentàidentifier.»Selon nos informations, ce cliché auraitété réalisé avant que les centainesde milliers de copies de cette épreuvene soient réparties sur l’ensemble dessites d’examen. Aussitôt après la découvertedes faits, Luc Chatel avait annoncéque l’exercice divulgué avantl’heure ne serait pas pris en comptedanslanotationfinale.STÉPHANESELLAMIAVECC.P.
3phrasesqu’onn’entendjamais.«Chouette,c’est lundi!»«Jereprendrais biendu rutabaga.»«Mon opérateurtéléphoniquem’avraimentcompris.»SFR -S.A.au capital de 1344 179 357,40 €-RCS Paris 403 106 537