Coupde projecteurLa démocratie, une plante fragileSénat BelgeParlement WallonLa démocratie est un système politiquequi n’a existé qu’à certainesépoques dans certaines contrées etqui aujourd’hui ne fleurit pas partoutsur terre. La démocratie, ce sont aussides règles qui régissent les groupeshumains qui ont adopté une organisationbasée sur la liberté, l’égalité, lasolidarité et la suprématie de la majorité.Celle-ci se mue parfois en “dictaturede la majorité”, ce qui amène lesdémocrates à introduire le conceptassez nouveau de respect des minorités,repris dans de nombreux traitésinternationaux. Nos démocraties occidentalesrépondent à certaines conditions: élections libres et régulières ausuffrage universel ; séparation despouvoirs législatif, exécutif et judiciaire; respect de l’État de droit ; mandatsdes élus limités dans le temps…Les politologues définissent trois formesde démocratie : la démocratiedirecte, la démocratie représentativeParlement Européenet la démocratie participative. Dans lepremier cas tous les membres d’uneassemblée reçoivent les mêmes informationsafin de débattre sur un piedd’égalité des enjeux et des conséquencesdes décisions à prendre : onconfronte les opinions et on prendensemble une décision à la majorité,simple, absolue ou qualifiée. Avec lesystème de démocratie représentative,les citoyens délèguent leurs pouvoirsde décision à des femmes et à deshommes élus pour gérer en leur nomla chose publique (res publica). Deslois électorales précisent les conditionsd’éligibilité (âge), la grandeurdes circonscriptions électorales, lesincompatibilités, le mode de comptagedes voix nécessaires à l’élection,les frais admissibles maximum pourdes dépenses électorales… afin degarantir aux candidats et aux partis desconditions semblables dans la courseà la victoire. Des formes de démocratieparticipative existent au niveaulocal (comités de quartier ; conseilconsultatif de la jeunesse) ou national(syndicats ; monde associatif). Ici il nes’agit pas d’élus mais de personnes désignéespar leurs mandants qui n’ontpas de pouvoir de décision politiquemais jouent un rôle de groupe de pression,de lobby auprès des politiques.Avec l’arrivée des moyens techniquesmodernes (Internet, GSM) la démocratieparticipative se développe rapidement(pétitions on-line ; sondagesélectroniques ; appel à manifester dansla journée). Il faut noter que les frontièresentre démocratie représentativeou participative sont parfois floues etque souvent elles s’interpénètrent.PAGE4 g Mosaïque N°6
Coupde projecteurÀ propos des relations entre politiqueet religion (ou foi) il convient de réaffirmerque le <strong>protestant</strong>isme fut souventaux avant-postes pour défendreou promouvoir la démocratie. Il suffitde mentionner la liberté de conscience,le libre examen, ou l’inspiration dela Déclaration universelle des droitsde l’Homme. Mais il faut aussi rappelerque les “Chrétiens allemands” nes’opposèrent pas aux exactions desnazis ou que les calvinistes d’Afriquedu sud étaient dans leur majorité defarouches partisans de l’apartheid.Quelques réflexionspersonnelles• La montée de l’extrême droite dansla plupart des pays européens nousrappelle que la démocratie est menacéeet doit donc être défendue :pas de liberté pour les ennemis dela liberté, selon la formule attribuéeà Saint-Just.• L’exercice de la démocratie est unapprentissage et permet de luttercontre les idées démagogiques ouliberticides. Dans les associationson apprend à gérer les oppositionsde valeurs et d’intérêts entre individus,on comprend la nécessité del’arbitrage pour le bien communet la difficulté de rendre justice àtous. Si vous n’êtes pas attirés parla politique, grâce à votre engagementdans les mouvements associatifs,les groupes de pression, vouscontribuerez aussi à un meilleurvivre ensemble.• « Si tous les dégoûtés de la politiques’en vont, il ne restera que lesdégoûtants » (Jean GOL)• Je fais l’éloge du compromis enpolitique, qui n’est pas la compromission.Chacun est amené ainsi àfaire un pas vers l’autre, à entrer endialogue et à rechercher une solu-Juin 2008 g Mosaïquetion où chacun sortira gagnant. Cen’est pas facile, les problèmes sontcomplexes, personne ne veut perdrela face… mais dites-moi la vieen famille, au bureau, dans l’Église,est-elle simple ? N’est-elle pas faitede compromis aussi ?• Connaissez-vous le syndromeNIMBY (not in my back yard – pasdans mon jardin). Dans ma communechacun est partisan du parc àconteneurs : il faut trier les déchetset empêcher les dépotoirs clandestins.Mais dès que l’on aborde la discussionsur le lieu d’implantation,les passions se déchaînent : surtoutpas de nuisances près de chez moi !Ce n’est pas exprimé ouvertementbien sûr, mais les intérêts privés,l’égoïsme particulier ou de groupereprennent vite le dessus sur le biencommun !TémoignageJ’ai été président de consistoire et modérateurde l’Assemblée synodale ; jesuis chef de groupe à la Province,membre du comité directeur de monparti et il m’est demandé de livrer mesimpressions sur la démocratie dansl’Église et dans le parti.Ma conviction est que nous sommescitoyens du monde présent et aussidu Royaume qui est déjà là, la tête unpeu dans le ciel et les pieds beaucoupdans la glaise. Comme disait notrecoreligionnaire feu Jean REY, présidentde la Communauté économiqueeuropéenne, le <strong>protestant</strong> a une Bibledans une main, le journal dans l’autre: il peut puiser son inspiration dans lesÉcritures pour répondre aux défis de lasociété, sachant que la Bible n’est pasun livre de recettes mais une sourcevive.Je suis un partisan inconditionnel dela démocratie mais je mesure aussises limites. Dans une assemblée délibérantetous ont-ils lu les documents,recherché des informations complémentaires,compris les enjeux ? Quiaura le courage de prendre une positioncontraire à celle de son groupe, deses amis proches, quand la disciplinede groupe ou les intérêts d’une coteriedoivent jouer ? Quelle influence sur ladécision ont les “experts”, les forts-engueule,les chefs ? Et ne me dites pasque dans l’Église cela n’existe pas ; lesparoissiens (comme moi) ne sont pasfondamentalement différents des politiques(comme moi). Discours parfoisplus feutré dans l’Église et plus agressifen politique ?Tant en politique que dans l’Église, ilfaut rester vigilant pour que tant lesprofessionnels de la res publica queceux du religieux ne confisquent lepouvoir à leur profit ; ils sont indispensablesà la pérennité de l’institutionmais doivent pouvoir collaborer avecdes bénévoles. Ici l’EPUB a instauréune bonne règle : le nombre de pasteursne peut dépasser celui des laïcsdans les assemblées.Aujourd’hui, les institutions sontébranlées : le fossé grandit entre le politiqueet le citoyen, entre l’Église et lafoi, chacun se replie sur sa vie privée.Le danger est de croire que sa volontépersonnelle est souveraine partout ettoujours. Le parti et l’Église sont deslieux privilégiés pour apprendre à vivreen communauté et bâtir un mondemeilleur. Engagez-vous !Michel DANDOYEPUB Bruxelles BotaniquePAGE5