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Viol Consensuel de la zone Franc

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<strong>Viol</strong> consensuel dans <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA22 novembre 2011Dr. Gary K. Busch, traduction <strong>de</strong> Martial FrindéthiéNous y revoilà! Le CFA sera dévalué le 1 er janvier 2012 selon <strong>de</strong>s sources crédibles ouest africaines.Ce<strong>la</strong> a déjà eu lieu, avec <strong>de</strong>s conséquences désastreuses. Le 12 janvier 1994, le Bénin, le Burkina Faso,le Cameroun, le Tchad, le Centrafrique, les Comores, le Congo-Brazza, <strong>la</strong> Côte d’Ivoire, <strong>la</strong> Guinéeéquatoriale, le Gabon, le Mali, <strong>la</strong> Mauritanie, le Niger, et le Sénégal ont été informés que leur monnaiecommune, le franc CFA, avait été dévalué <strong>de</strong> 50%. Désormais, le franc français ne coûtait plus 50francs CFA, mais plutôt 100 francs CFA. Les réactions <strong>de</strong>s Africains à l’annonce <strong>de</strong> <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>leur pouvoir d’achat furent violentes dans <strong>de</strong> nombreux pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA, particulièrement auSénégal. Aujourd’hui, ces réactions seront encore plus violentes puisque les coûts mondiauxexorbitants <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires, payés en dol<strong>la</strong>rs américains, <strong>de</strong>meureront hors <strong>de</strong> portée pour <strong>la</strong>plupart <strong>de</strong>s Africains <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA, simple petits manœuvres, agriculteurs, fonctionnaires ouchômeurs pour <strong>la</strong> plupart.La responsabilité <strong>de</strong> ce désastre imminent incombe à <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e, qui a failli dans <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>ttestructurelle à long terme, et qui a utilisé ses réserves pour soutenir l’euro en chute et pour participer àplusieurs opérations <strong>de</strong> sauvetage au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong> euro. Les guerres menées par <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e contre <strong>la</strong>Côte d’Ivoire et particulièrement contre <strong>la</strong> Libye ont aussi causé d’énormes brèches dans l’économiefrançaise. Les partenaires africains domestiqués <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e, les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s états d’Afriquefrancophone, sont complices dans ce projet <strong>de</strong> dévaluation et continuent <strong>de</strong> suivre aveuglément <strong>la</strong> voiedictée par leurs maîtres français et par l’armée française. Cette re<strong>la</strong>tion est paradigmatique <strong>de</strong> <strong>la</strong> longuehistoire coloniale.Qu’est-ce que le franc CFA ?Il y a en réalité <strong>de</strong>ux sortes <strong>de</strong> franc CFA en circu<strong>la</strong>tion. Le premier CFA est celui <strong>de</strong> l’Unionéconomique et monétaire ouest africaine, l’UEMOA, qui regroupe 8 pays d’Afrique <strong>de</strong> l’ouest (leBénin, le Burkina Faso, <strong>la</strong> Guinée Bissau, <strong>la</strong> Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo). Le<strong>de</strong>uxième CFA est celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté économique et monétaire <strong>de</strong>s états d’Afrique centrale, leCEMAC, qui regroupe le Cameroun, le Centrafrique, le Tchad, le Congo-Brazza, <strong>la</strong> Guinéeéquatoriale, et le Gabon). Cette division correspond à <strong>la</strong> division coloniale <strong>de</strong> l’Afrique francophone enune AOF (Afrique occi<strong>de</strong>ntale française) et une AEF (Afrique occi<strong>de</strong>ntale française), à l’exception <strong>de</strong><strong>la</strong> Guinée-Bissau initialement portugaise, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guinée équatoriale espagnole.Chacun <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux groupes émet son propre franc CFA. Le <strong>Franc</strong> <strong>de</strong> l’UEMOA est issu <strong>de</strong> <strong>la</strong>BCEAO (Banque Centrale <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> l’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest) et celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> CEMAC CFA est émis par<strong>la</strong> BEAC (Banque <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> l’Afrique Centrale). Ces monnaies étaient cotées à 100 francs CFA pour1 franc français; et lorsque <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e adopta l’euro au taux fixe <strong>de</strong> 6,65957, le CFA fut arrimé à l’euro àraison <strong>de</strong> 665,957 francs CFA pour 1 euro, afin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r le taux <strong>de</strong> 100 pour 1. Le projet en cours est<strong>de</strong> coter le CFA à l’euro au taux <strong>de</strong> change <strong>de</strong> 1000 francs CFA pour 1 euro ; ce qui revient à uneréduction d’environ 50% <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur du franc CFA.Qui est responsable du CFA ?La politique monétaire qui gouverne cette diversité <strong>de</strong> pays n’est en fait pas très compliquée, car elleest formulée par le Trésor français, sans l’avis <strong>de</strong>s autorités <strong>de</strong>s banques centrales <strong>de</strong> l’UEMOA et <strong>de</strong> <strong>la</strong>CEMAC. Selon les c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong> l’accord qui a établi ces banques et le CFA, <strong>la</strong> banque centrale <strong>de</strong> chaque


pays membre a obligation <strong>de</strong> déposer au moins 65% <strong>de</strong> sa réserve <strong>de</strong> change dans un « compted’opérations » logé au Trésor français, plus 20% pour couvrir d’éventuels passifs.Les banques centrales <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA imposent aussi à chaque pays membre un p<strong>la</strong>fond sur le crédit,l’équivalent <strong>de</strong> 20% <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong> l’Etat <strong>de</strong> l’année précé<strong>de</strong>nte. Bien que <strong>la</strong> BEAC et <strong>la</strong> BCEAO aient<strong>de</strong>s découverts au Trésor français, tout retrait sur ces fonds doit être obligatoirement approuvé par leTrésor français. La décision finale revient au Trésor français, qui investit ces réserves à <strong>la</strong> Bourse <strong>de</strong>Paris à son propre compte.En un mot, plus <strong>de</strong> 85% <strong>de</strong>s réserves <strong>de</strong> change <strong>de</strong> ces pays africains sont déposés dans <strong>de</strong>s « comptesd’opérations » contrôlés par le Trésor français. Les <strong>de</strong>ux banques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA ne sont africainesqu’en théorie. Elles ne formulent aucune politique monétaire. Les pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA ne savent ni nesont informés du montant <strong>de</strong> ces réserves déposées au Trésor français qui leur appartient collectivementou individuellement. Les bénéfices rapportés par l’investissement <strong>de</strong>s réserves africaines <strong>de</strong>vraient enprincipe être reversés dans ces réserves en tant que propriétés <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong> franc. Ce n’est pas lecas. Aucun rapport comptable n’est fourni ni aux banques centrales ni aux pays membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong>CFA sur les investissements <strong>de</strong> leurs réserves. Le club restreint <strong>de</strong> hauts fonctionnaires du Trésorfrançais qui connaissent le montant <strong>de</strong>s réserves et savent ce qu’elles rapportent en investissements esttenu au strict secret professionnel. Ces fonctionnaires ne peuvent en parler ni aux autorités <strong>de</strong>s banquescentrales ni à celles <strong>de</strong>s pays membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA.De ce fait, les pays africains membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA ne peuvent pas formuler leurs propres politiquesmonétaires. Ce qui fait que les pays les plus inefficients et gaspilleurs peuvent utiliser à loisir lesréserves <strong>de</strong> change <strong>de</strong>s pays les plus efficients et fiscalement pru<strong>de</strong>nts sans que ces <strong>de</strong>rniers ne puissentintervenir <strong>de</strong> façon significative. La convertibilité du franc CFA en franc français se fait par <strong>de</strong>s agentsintermédiaires certifiés rémunérés par les découverts <strong>de</strong>s banques centrales.Généralement, trois artifices principaux on été utilisés par les <strong>de</strong>ux banques centrales opérant surinstruction du Trésor français pour contrôler <strong>la</strong> croissance monétaire dans <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA :- Les banques centrales font payer <strong>de</strong>s intérêts sur les opérations <strong>de</strong> découverts bancaires aussi bien quesur les avoirs en compte.- Lorsque le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong>s comptes d’opération d’une banque centrale tombe en <strong>de</strong>çà d’un seuil donné, <strong>la</strong>banque doit réduire l’expansion du crédit en augmentant généralement le coût <strong>de</strong> réactualisation oud’émission <strong>de</strong> billets <strong>de</strong> trésorerie ou en limitant l’accès <strong>de</strong>s pays membres aux services <strong>de</strong>réactualisation.- Les crédits accordés au secteur public <strong>de</strong> chaque Etat membre ne peuvent excé<strong>de</strong>r 20% <strong>de</strong> sesrecettes fiscales <strong>de</strong> l’année précé<strong>de</strong>nte.Cependant, ce contrôle strict opéré par le Trésor français sur les liquidités et les réserves <strong>de</strong>s étatsd’Afrique francophone n’est qu’un aspect du problème. La création et le maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> dominationfrançaise sur les économies <strong>de</strong>s états francophones d’Afrique est le produit <strong>de</strong> <strong>la</strong> longue colonisationfrançaise et l’apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépendance <strong>de</strong>s états francophones africains.Les banques centrales <strong>de</strong>s pays d’Afrique francophone ont un pouvoir très limité. Ce sont <strong>de</strong>séconomies vulnérables aux caprices du marché mondial. Il ne peut y avoir <strong>de</strong> commerce sansmonnaie ; il ne peut y avoir d’investissements sans réserves. Les politiciens et les partis élus pourpromouvoir le développement, <strong>la</strong> réforme, les changements <strong>de</strong> politiques commerciales et fiscales nesont opérants qu’avec le consentement du Trésor français, qui rationne leurs fonds. Certains Africains


s’opposent à <strong>la</strong> perpétuation <strong>de</strong> ce système. Le prési<strong>de</strong>nt Abdou<strong>la</strong>ye Wa<strong>de</strong> du Sénégal l’a fait savoir ences termes : « l’argent du peuple africain bloqué en <strong>Franc</strong>e doit être retourné à l’Afrique pourpermettre l’essor <strong>de</strong>s économies <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> <strong>la</strong> BCEAO. Nous ne pouvons pas avoir <strong>de</strong>s milliards dansles marchés boursiers étrangers et être traités comme <strong>de</strong>s mendiants qui doivent faire <strong>la</strong> manche ».Comment en est-on arrivé là ?La décolonisation au sud du Sahara ne s’est pas opérée comme le souhaitait <strong>de</strong> Gaulle. De Gaullevou<strong>la</strong>it d’une communauté franco-africaine plutôt que l’indépendance totale pour l’Afrique. Cependant,lorsqu’au référendum <strong>de</strong> 1958 Sékou Touré lui opposa un « non », le projet <strong>de</strong> <strong>de</strong> Gaulle se brisa. La<strong>Franc</strong>e dut se résigner à accor<strong>de</strong>r l’indépendance à ses ex-colonies en 1960 après une punitionexemp<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> Guinée. Cependant, cette indépendance se gagnerait au prix d’un contrôle strict etcontinu sur les économies <strong>de</strong>s anciennes colonies. Cet accord, c’était le Pacte colonial.Par cet accord, les colonies amarraient leur sort économique et militaire à <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e. Le pacte créa leCFA et <strong>de</strong>s mécanismes légaux pour assurer à <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e une p<strong>la</strong>ce privilégiée dans <strong>la</strong> vie politique etéconomique <strong>de</strong> ses ex-colonies. Jacques Foccart, le conseiller aux affaires africaines <strong>de</strong> <strong>de</strong> Gaulle et cofondateur,avec Charles Pasqua, du Service d’Action Civique gaulliste, en était le concepteur.Le Pacte Colonial assurait une p<strong>la</strong>ce préférentielle à <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e dans <strong>la</strong> vie politique, économique etmilitaire <strong>de</strong>s anciennes colonies françaises. Au p<strong>la</strong>n militaire, <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> contacts furent conçus : <strong>la</strong>coopération militaire et l’ai<strong>de</strong> technique militaire pour lesquelles personne n’était tenu par <strong>la</strong> loi, et quipouvaient être suspendues selon les circonstances. Cette coopération couvrait l’éducation etl’entrainement <strong>de</strong> soldats et <strong>de</strong> forces <strong>de</strong> sécurité africains. Le second type <strong>de</strong> coopération, plus secret,et qui avait force <strong>de</strong> loi, était un ensemble d’accords <strong>de</strong> défense supervisés et mis en p<strong>la</strong>ce par leministère français <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense ; cette coopération offrait une base légale à l’intervention française.Ces accords permirent à <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e <strong>de</strong> positionner <strong>de</strong>s troupes permanentes et rotatives dans <strong>de</strong>s basesmilitaires gérées entièrement par <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e en Afrique ; Foccart fit signer aux chefs d’état africains <strong>de</strong>slettres non datées <strong>de</strong>mandant l’intervention <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e à tout moment.Selon l’annexe 2 <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> défense, <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e a <strong>la</strong> priorité sur tout autre acquéreur dansl’acquisition <strong>de</strong> matières premières africaines dites « stratégiques ». En fait, selon l’annexe 2, legouvernement français informe régulièrement les Africains <strong>de</strong> sa politique concernant les matièrespremières stratégiques selon les besoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense, <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s ressources et <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation dumarché mondial.Selon l’article 3, les gouvernements africains sont tenus d’informer <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e sur les mesures qu’ilsenten<strong>de</strong>nt prendre concernant les produits et matières premières stratégiques. Pour conclure, l’article 5re<strong>la</strong>tif à ces produits statue que les pays africains doivent les vendre à <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e d’abord, après avoirsatisfait les besoins <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation locale, et que les pays africains doivent importer les produitsdont ils ont besoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e en premier lieu. La réciprocité entre les signataires n’impliquait pas unaccord d’égaux. Elle reflétait <strong>la</strong> dominance du pouvoir colonial qui avait organisé les indépendances<strong>de</strong>s pays africains quelques mois auparavant. Tout était réservé à <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e d’abord. La <strong>Franc</strong>e était lepremier choix pour l’importation, et <strong>de</strong>s conseillers français étaient p<strong>la</strong>cés dans les ministères aux côtés<strong>de</strong> ministres africains.En résumé, le Pacte Colonial maintint <strong>la</strong> domination <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e sur les économies <strong>de</strong> ses ex-colonies ;<strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e s’octroya les réserves <strong>de</strong> change <strong>de</strong> l’Afrique francophone. Elle prit le contrôle <strong>de</strong> sesmatières premières ; elle positionna ses troupes dans les pays francophones pour s’assurer un passagelibre ; elle ordonna que tous les équipements militaires soient acquis en <strong>Franc</strong>e ; elle s’accapara <strong>de</strong>l’entrainement <strong>de</strong> <strong>la</strong> police et <strong>de</strong> l’armée ; elle insista que les entreprises françaises aient le monopole


en Afrique francophone dans les secteurs clés (eau, électricité, ports, transport, énergie). La <strong>Franc</strong>eimposa <strong>de</strong>s limites sur l’importation d’une variété <strong>de</strong> produits en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong>-franc ; mais elleimposa aussi un minimum d’importation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e. Ces traités sont encore opérationnelsaujourd’hui.L’impact du Pacte colonialLes conséquences <strong>de</strong> <strong>la</strong> continuation <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> dépendance <strong>de</strong> l’Afrique sont tangibles. Ce sontle manque d’option <strong>de</strong> compétitivité, <strong>la</strong> dépendance <strong>de</strong> l’Afrique par rapport à l’économie française, <strong>la</strong>dépendance à l’armée française, et <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> ouverture faite aux entreprises françaises privées.Certaines différences sont beaucoup plus subtiles.Les compagnies françaises opérant en Afrique francophone, en fonction <strong>de</strong> leur pouvoir sécurisé <strong>de</strong>monopole et d’oligarchie, ont un apport substantiel dans le PIB <strong>de</strong>s pays africains. Elles sont souventles seules gran<strong>de</strong>s pourvoyeuses <strong>de</strong> recettes fiscales. Dans <strong>de</strong> nombreux pays, les compagniesfrançaises paient 50% <strong>de</strong>s taxes ; ce qui leur donne un statut unique. Ainsi il n’est pas rare d’entendreles Français déc<strong>la</strong>rer que sans les compagnies françaises, les économies <strong>de</strong>s pays africainss’écrouleraient. Lorsqu’en plus <strong>de</strong> ce fait les pays africains ont du mal à accé<strong>de</strong>r à leurs réserves,l’évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépendance <strong>de</strong> l’Afrique <strong>de</strong>vient a<strong>la</strong>rmante. Cependant, ce<strong>la</strong> n’exclut pas <strong>la</strong>participation d’autres opérateurs économiques tels <strong>la</strong> Chine, ou les Etats-Unis. C’est l’éventualité <strong>de</strong>cette compétition qui rend <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e si fébrile.50 ans après les indépendances africaines, <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e continue <strong>de</strong> contrôler <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s infrastructuresafricaines, et continue <strong>de</strong> mé<strong>la</strong>nger ses réserves <strong>de</strong> change à celles <strong>de</strong>s 14 pays africains <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong>CFA. Les compagnies aériennes, <strong>la</strong> téléphonie, l’électricité, l’eau et les gran<strong>de</strong>s banques sontcontrôlées par <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e. Les accords <strong>de</strong> coopération signés après les indépendances par le prési<strong>de</strong>ntHouphouët et le premier ministre français d’alors, Michel Debré, sont toujours théoriquementapplicables. La <strong>Franc</strong>e maintient une poigne <strong>de</strong> fer sur <strong>la</strong> monnaie et le commerce ivoiriens ; ce qui tuetoute initiative nationale d’indépendance.Cette position privilégiée <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e est documentée dans un rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission <strong>de</strong>s NationsUnies : « Les témoignages recueillis montrent que <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> 1998 sur le foncier rural est liée à <strong>la</strong>position dominante que <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e et les intérêts français occupent en Côte d’Ivoire.Selon ces sources, les Français possè<strong>de</strong>nt 45% <strong>de</strong>s terres ; curieusement, les immeubles <strong>de</strong> <strong>la</strong>Prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> République et <strong>de</strong> l’Assemblée nationale sont loués <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e. Les intérêts françaiscontrôlent les secteurs <strong>de</strong> l’eau et <strong>de</strong> l’électricité ». Le rapport n’effleure que très superficiellementl’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e en Côte d’Ivoire. Voici ci-<strong>de</strong>ssous quelques uns <strong>de</strong>s opérateurs françaisinfluents dans le pays :Bolloré, lea<strong>de</strong>r du transport maritime français et opérateur principal du transport maritime en Côted’Ivoire, en compagnie <strong>de</strong> Saga, SDV et Delmas, contrôle le port d’Abidjan, le pus grand port maritimeen Afrique <strong>de</strong> l’ouest. Bolloré contrôle <strong>la</strong> régie ferroviaire Abidjan-Burkina (Sitarail). Bien qu’il se soitretiré récemment du commerce du cacao, il conserve toujours sa position <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>r dans le tabac et lecaoutchouc.Bouygues, lea<strong>de</strong>r dans les travaux publics a le monopole <strong>de</strong>s grands travaux ; sans oublier Co<strong>la</strong>s,troisième compagnie française <strong>de</strong> travaux publics. A travers <strong>la</strong> privatisation, Bouygues a aussi obtenu<strong>de</strong>s concessions supplémentaires dans l’eau et l’électricité. Il est aussi présent dans l’exploitation dupétrole ivoirien.


Total, <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> compagnie pétrolière française, détient un quart <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sociétéivoirienne <strong>de</strong> raffinage (première compagnie ivoirienne). Total est propriétaire <strong>de</strong> 160 stationsd’essence et contrôle <strong>la</strong> provision <strong>de</strong> bitume. <strong>Franc</strong>e Telecom, <strong>la</strong> 7 e compagnie française et lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong>l’industrie <strong>de</strong>s télécommunications, est <strong>la</strong> principale actionnaire <strong>de</strong> Côte d’Ivoire Telecom avec 85% ducapital. Ce secteur lui fut offert dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> privatisation <strong>de</strong>s entreprises.Dans le secteur <strong>de</strong>s banques et <strong>de</strong>s assurances, on note les activités <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société Générale, 6 e banqueen <strong>Franc</strong>e, regroupant 55 branches en Côte d’Ivoire, aussi bien que celles du Crédit Lyonnais et <strong>de</strong>BNP-Paribas. AXA, <strong>la</strong> 2 e compagnie française et lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’assurance est présente en Côte d’Ivoire<strong>de</strong>puis l’ère coloniale.La compagnie française <strong>la</strong> plus vieille en Cote d’Ivoire est <strong>la</strong> CFAO-CI. Elle opère dans <strong>de</strong> nombreuxsecteurs (automobiles, pharmacie, nouvelles technologies, etc.). Pendant très longtemps, <strong>la</strong> CFAO avaitle monopole <strong>de</strong>s exportations et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vente au détail. La CFAO n’a jamais connu une année déficitaire<strong>de</strong>puis sa création en 1887. Elle fut acquise récemment par le groupe Pinault-Printemps-La Redoute.Il y a aussi à signaler <strong>la</strong> présence du « boss <strong>de</strong>s boss français d’antan », le baron Ernest Seilleres, àtravers Technip (usine du secteur pétrolier) et Bivac (qui a récemment installé un nouveau scanner auport d’Abidjan).La gran<strong>de</strong> présence du capital français est l’évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> profitabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Côte d’Ivoire. Bien queles investissements directs français ne constituent que <strong>de</strong> 3,5 milliards d’euros, les compagnies d’étatacquises par <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e leur ont été offertes à <strong>de</strong>s prix imbattables. Les bénéfices que génèrent cescompagnies à <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e sont d’une immensité vertigineuse. En dépit <strong>de</strong> <strong>la</strong> fuite <strong>de</strong> certaines compagniesfrançaises au cours <strong>de</strong> l’attaque rebelle contre <strong>la</strong> Côte d’Ivoire, le Business français est vite revenu dansle pays, et a même recouvré son importance d’antan. En fait, l’un <strong>de</strong>s premiers gestes <strong>de</strong> Ouattara aprèsque <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e l’a imposé comme prési<strong>de</strong>nt fut <strong>de</strong> payer <strong>de</strong>s millions d’euros <strong>de</strong> compensation auxentreprises françaises qui avaient fui <strong>la</strong> Côte d’Ivoire par peur <strong>de</strong> représailles après le massacre <strong>de</strong>scivils ivoiriens par l’armée française le 20 novembre 2004.Le vrai challenge du business français vint avec l’élection <strong>de</strong> Laurent Gbagbo comme prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>Côte d’Ivoire. Sa décision <strong>de</strong> revoir les termes du Pacte Colonial et son intention <strong>de</strong> faire partir lestroupes françaises et onusiennes <strong>de</strong> son pays sont les raisons pour lesquelles <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e causa sa chute etson incarcération.Pourquoi <strong>la</strong> dévaluation du CFA ?La <strong>Franc</strong>e n’a plus d’argent. Elle n’a que d’énormes <strong>de</strong>ttes publiques et bancaires. Elle est <strong>la</strong> plusexposée aux faillites grecques et italiennes, entre autres, et vient <strong>de</strong> s’embarquer sur un nouveau p<strong>la</strong>nd’austérité. Elle est sur le point <strong>de</strong> perdre son Triple A, ce qui va conduire les banques privées àaccepter <strong>de</strong> pardonner une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte européenne. Les gran<strong>de</strong>s dépenses occasionnées dans <strong>la</strong>poursuite <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre contre <strong>la</strong> Libye ont ruiné <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e. La seule raison pour <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e aencore <strong>la</strong> tête hors <strong>de</strong> l’eau est <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>s vastes réserves africaines dans les caisses du Trésorfrançais <strong>de</strong>puis 1960. La gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> cette somme est détenue sous forme d’actions au nom duTrésor français ; ce qui a permis <strong>de</strong> compenser <strong>de</strong> façon très substantielle <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> crédibilité <strong>de</strong>sfinances françaises.Les pays francophone d’Afrique se sont progressivement habitués à l’idée qu’ils ne reverront plusjamais leurs avoirs accumulés <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années, que <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e entend utiliser comme sa contribution àl’effort <strong>de</strong> sauvetage <strong>de</strong> l’euro. Le prési<strong>de</strong>nt Wa<strong>de</strong> du Sénégal a encore <strong>de</strong>mandé qu’une comptabilitésoit faite sur les réserves africaines. Jusque là aucune réponse ne lui est venue. Ouattara <strong>de</strong> <strong>la</strong> Côte


d’Ivoire et Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville ont été informés qu’une dévaluation seranécessaire, et ils ont été délégués pour re<strong>la</strong>yer l’information à leurs homologues. Les économistes sontunanimes que si cette dévaluation a lieu, 40% <strong>de</strong>s ressources africaines seront utilisées comme bouée<strong>de</strong> sauvetage pour le Trésor français.Ce<strong>la</strong> aura <strong>de</strong>s conséquences désastreuses pour l’Afrique. La <strong>de</strong>rnière fois qu’une mesure <strong>de</strong> dévaluationfut prise, l’Afrique francophone en souffrit énormément. Bien sûr, les prési<strong>de</strong>nts africains et leursproches ne connurent pas <strong>la</strong> galère du peuple. La dévaluation est avantageuse lorsque l’on a <strong>de</strong>sproduits à exporter, car les produits bon marché attirent les acheteurs. Cependant, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>sproduits que l’Afrique exporte sont <strong>de</strong>s matières premières et du pétrole. Leurs produits manufacturés,leurs services, tous leurs produits invisibles leur viennent pratiquement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e ou par le biais <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e. Les <strong>de</strong>nrées alimentaires sont en gran<strong>de</strong> partie importées d’ailleurs, et leurs coûts <strong>de</strong>transport ne cessent <strong>de</strong> grimper chaque jour. Cette année, <strong>de</strong>s signes d’inf<strong>la</strong>tion ce sont fait voir. La<strong>zone</strong> monétaire oust africaine a connu une inf<strong>la</strong>tion accélérée <strong>de</strong> 3,9% à 4,1% <strong>de</strong> décembre à janvier.Cette inf<strong>la</strong>tion dans <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA était due principalement au coût élevé <strong>de</strong> <strong>la</strong> nourriture, du transport,du logement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication. L’augmentation <strong>de</strong>s coûts était en moyenne <strong>de</strong> 1,4% en 2010,alors qu’elle n’était que <strong>de</strong> 0,4% l’année précé<strong>de</strong>nte. Les coûts élevés du carburant et <strong>de</strong> <strong>la</strong> nourritureont conduit à cette augmentation <strong>de</strong>s prix.L’un <strong>de</strong>s pays qui fut le plus frappé par <strong>la</strong> dévaluation était <strong>la</strong> Côte d’Ivoire. La dévaluation impliquait<strong>la</strong> signature d’un accord d’ajustement structurel avec le FMI et <strong>la</strong> Banque mondiale, un accord quiimposait <strong>de</strong>s mesures draconiennes au gouvernement afin <strong>de</strong> redresser l’économie. Ce redressementn’eut jamais lieu. Au contraire.La pluie <strong>de</strong> milliards (le volume exceptionnel <strong>de</strong> crédits) encouragea <strong>la</strong> mauvaise gouvernance dans lepays. L’homme aux comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ce désastre était A<strong>la</strong>ssane Ouattara. Pendant que Ouattara s’atte<strong>la</strong>ità enrichir les finances <strong>de</strong>s pays étrangers, <strong>la</strong> Côte d’Ivoire elle s’enfonçait <strong>de</strong> plus en plusprofondément dans <strong>la</strong> pauvreté. C’est <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s projets financés par l’Union Européenne et<strong>la</strong> pesanteur <strong>de</strong>s crédits liés à <strong>la</strong> suspension <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes contractées au nom <strong>de</strong>s institutionsinternationales qui ont poussé ces institutions à se désolidariser <strong>de</strong> <strong>la</strong> Côte d’Ivoire en 1998.Non seulement les projets d’A<strong>la</strong>ssane Ouattara jetèrent <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s Ivoiriens dans <strong>la</strong> pauvreté, maisils contribuèrent aussi à délocaliser les avoirs <strong>de</strong>s Ivoiriens juste avant <strong>la</strong> dévaluation, à travers <strong>de</strong>sbanques ghanéennes, exercées dans <strong>la</strong> convertibilité du franc CFA en dol<strong>la</strong>r, doub<strong>la</strong>nt ainsi les mises.Entre le 10 janvier et le 11 janvier seulement, 1 milliard <strong>de</strong> francs CFA furent convertis en dol<strong>la</strong>rs. Letaux <strong>de</strong> dévaluation qui prit effet le 12 janvier permit aux spécu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> racheter 2 milliards <strong>de</strong> francsCFA le 13 janvier. L’explosion <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté et l’expansion considérable d’une économie occulte sontles p<strong>la</strong>ies ouvertes à <strong>la</strong> désétatisation, <strong>la</strong> caducité du rôle du gouvernement. L’irresponsabilitégouvernementale <strong>de</strong> Ouattara conduisit à une politique ultra libérale qui fit du gouvernement ivoirienun grand absent. Cette situation pesante sur l’économie du pays fut aggravée par le coup d’état militaire<strong>de</strong> décembre 1999 (alors que Ouattara finissait son mandat au FMI en novembre 1999). Le coup d’étatle conduisit finalement au pouvoir, mais il avait sous-loué le lea<strong>de</strong>rship, se contentant <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>stransactions dans le diamant et le cacao, ressources naturelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Côte d’Ivoire, qu’il menait <strong>de</strong> sabase retirée du Burkina Faso, via Genève pour le diamant, et via les bateaux <strong>de</strong> Lomé pour le cacao.Le pays sombra. Le taux <strong>de</strong> croissance battit les records les plus bas. En 2000 les chiffres étaient pour<strong>la</strong> première fois dans l’histoire du pays négatifs : -2%. La crise <strong>de</strong> 2002 aggrava davantage <strong>la</strong> situation.Elle fut préparée à Paris, instiguée par Ouattara et ses amis, Dominique <strong>de</strong> Villepin et Jacques Chirac.La rébellion qu’ils instrumentalisèrent fut néanmoins contenue par Gbagbo; mais ils ne baissèrentjamais les bras, et finirent par avoir raison <strong>de</strong> Gbagbo avec le tout <strong>de</strong>rnier bombar<strong>de</strong>ment d’Abidjan par


les hélicos et les tanks français. A l’approche militaire, il y avait aussi une approche politique parallèleavec l’organisation d’élections truquées à l’avantage <strong>de</strong> Ouattara. Henri Konan Bédié, le successeur duprési<strong>de</strong>nt Houphouët, se fit finalement complice <strong>de</strong> <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion.A<strong>la</strong>ssane Ouattara est incontestablement responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise économique et financière <strong>de</strong> <strong>la</strong> Côted’Ivoire. La question est <strong>de</strong> savoir si pendant <strong>la</strong> dévaluation Ouattara se conduira comme un citoyenivoirien soucieux du <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> <strong>la</strong> Côte d’Ivoire ou s’il continuera à être un sous-préfet noir <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>Franc</strong>e, soucieux <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> ses maîtres.Le prix <strong>de</strong> <strong>la</strong> dévaluation sera <strong>la</strong> stagnation et l’augmentation du chômage. Ce qui pèsera <strong>de</strong> tout sonpoids sur <strong>la</strong> stabilité nationale et <strong>la</strong> croissance. S’il est vrai que les personnes au chômage sont prêtes àaccepter les emplois les plus abjects, il n’en est pas moins vrai que les conséquences économiques <strong>de</strong> <strong>la</strong>dévaluation seront épouvantables. En économie, <strong>la</strong> loi d’Okun stipule que pour chaque 1%d’augmentation du taux <strong>de</strong> chômage, le PIB du pays concerné sera d’environ -2% <strong>de</strong> son potentiel. Lespays africains fragiles auront du mal à formuler <strong>de</strong>s politiques économiques pour compenser leurspertes.Bien que le problème soit plus sérieux pour <strong>la</strong> Côte d’Ivoire, qui pendant <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière dévaluationcontribuait pour 60% <strong>de</strong>s réserves <strong>de</strong> change <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>zone</strong> CFA déposées au Trésor français, il n’en estpas moins sérieux pour les autres états. En dépit <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté que <strong>la</strong> dévaluation apporteraindubitablement dans <strong>la</strong> région, très peu <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nts africains sont prêts à renoncer au Pacte Colonialet mettre fin à l’emprise néocoloniale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Franc</strong>e sur les états africains. La <strong>Franc</strong>e a mordu plus grosqu’elle ne pouvait avaler et a occasionné sa propre faillite. Pourquoi revient-il aux pays africains <strong>de</strong> <strong>la</strong>sortir du pétrin dans lequel elle se trouve par sa propre stupidité ?

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