12.07.2015 Views

Quand la nourriture est source d'angoisse… - Bon pour vous

Quand la nourriture est source d'angoisse… - Bon pour vous

Quand la nourriture est source d'angoisse… - Bon pour vous

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>Quand</strong> <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong> <strong>est</strong><strong>source</strong> d’angoisse…


L E S T R O U B L E SA L I M E N TA I R E SQuel <strong>est</strong> celui ou celle qui n’a jamais commis un petit excèsde gourmandise ou rêvé de s’alléger de quelques kilossuperflus? Tant que ce<strong>la</strong> ne dérègle pas de façon anormalevotre comportement alimentaire, il n’y pas (trop) de mal. Sices considérations se muent en véritables obsessions, cesdernières révèlent indiscutablement certains troubles alimentaires.L’anorexie et <strong>la</strong> boulimie sont de véritables pathologies survenantprincipalement chez les filles au cours d’une période“critique” de leur adolescence*: puberté, modification ducorps, découverte de leur identité sexuelle, transformationdes re<strong>la</strong>tions avec les ami(e)s, etc. Certaines semblent mieuxpréparées que d’autres aux étapes de leur développementet s’en accommodent plus facilement.Plus que de simples “désordres” alimentaires qui minent <strong>la</strong>santé, l’anorexie et <strong>la</strong> boulimie sont l’expression d’uneangoisse qui déchire chaque jour ces jeunes en souffrance.Mais comment expliquer le dérèglement de cette fonctionvitale? Faut-il chercher des réponses du côté des valeurssociales de notre époque, de <strong>la</strong> minceur à tout prix, du soucide perfection? Ou plutôt du côté de celles porteuses detraumatismes vécus, de <strong>la</strong> peur d’assumer de nouvelles responsabilités,d’un désir d’autonomie vis-à-vis de <strong>la</strong> famille?Cette brochure tente d’identifier et de c<strong>la</strong>rifier les multiplesfacettes de ces ma<strong>la</strong>dies comportementales. Elle souhaiteégalement <strong>vous</strong> aider, en tant que parents, à détecter et àgérer les signaux de mal-être de votre enfant... ou mieuxencore, à les prévenir.(* par facilité, nous avons utilisé le genre féminin dans <strong>la</strong> brochure,bien que les hommes ne soient pas à l’abri des mêmes troubles).


4LES RELATIONS A LA NOURRITURE ET AU CORPSLes aliments peuvent remplir diverses fonctions dans le quotidien. Outre unefonction vitale - nous mangeons par faim et par besoin -, ils peuvent satisfaireà des fonctions sociales et psychologiques : manger par ennui, par agrément,<strong>pour</strong> calmer une anxiété passagère,… ou simplement par p<strong>la</strong>isir.La re<strong>la</strong>tion que tout un chacun accorde à <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong> <strong>est</strong> très dépendante de sonpropre “schéma” parental. Comme <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong> <strong>est</strong> un des premiers contacts<strong>pour</strong> le bébé avec le monde extérieur, <strong>la</strong> “façon” dont ses parents le nourrissentet <strong>la</strong> façon dont ils répondent à ses demandes/besoins dans les premièresannées de <strong>la</strong> vie seront fondamentales : elles lui apprendront nécessairement àdéfinir les limites de son corps, à identifier ses sensations de faim et de soif, à yfaire confiance, tout en influençant <strong>la</strong> signification que l’enfant donnera par <strong>la</strong>suite aux aliments.Plus les aliments occupent une p<strong>la</strong>ce importante dans <strong>la</strong> vie d’une personne,plus il lui sera difficile de les “gérer” de manière saine et équilibrée. Et plusencore, elle éprouvera des difficultés à se conformer aux critères <strong>est</strong>hétiquesactuels.A titre d’exemple, le fait d’utiliser <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong> <strong>pour</strong> contrôler l’anxiété :• entraîne souvent une consommation longue et excessive de <strong>nourriture</strong> avantd’en ressentir ses bienfaits (sou<strong>la</strong>gement, détente), par ailleurs limités dansle temps;• peut favoriser <strong>la</strong> généralisation de cette réponse “alimentaire” à des états detension de plus en plus variés;• peut conduire à trouver dans <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong> un interlocuteur privilégié et toujoursdisponible.


5LES CAUSES MULTIDIMENSIONNELLES DES TROUBLES ALIMENTAIRESBien sûr, il existe de multiples événements qui peuvent perturber l’équilibre alimentaireet engendrer certains troubles. Ceux-ci sont étroitement liés àl’histoire personnelle, à l’environnement familial et au cadre social de l’individu.Si <strong>la</strong> littérature révèle que les troubles alimentaires apparaissent principalementdans des familles aux caractéristiques très diverses, mais qui semblentprésenter des insatisfactions <strong>la</strong>tentes, il n’existe malgré tout pas de profil typede famille dite “à risque”.On constate au sein des familles visées que les émotions y sont fortement exprimées,les désaccords sont évités, l’harmonie <strong>est</strong> valorisée : ainsi, les problèmessont souvent non résolus et menacent de resurgir. Le trouble alimentaire apparaîtsouvent dans les familles “fonctionnelles”. Il n’<strong>est</strong> dès lors pas aisé de distinguerce qui dans les comportements familiaux <strong>est</strong> <strong>la</strong> cause de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die.Le hic, c’<strong>est</strong> que l’enfant ou l’adolescent, aussi concerné par les conflits et l<strong>est</strong>ensions, essaye de les surmonter à sa manière : refuser de manger, c’<strong>est</strong> marquerson désaccord ou/et refuser de se conformer à l’autorité parentale.Il n’<strong>est</strong> donc pas qu<strong>est</strong>ion de porter un regard accusateur sur des “mauvaisparents” ou des “parents coupables”. Renforcer ce sentiment ne peut que conduireà renforcer des attitudes et des comportements peu favorables à <strong>la</strong> guérison.De toute façon, aucun parent ni aucune famille ne porte <strong>la</strong> responsabilitéentière d’avoir une enfant anorexique ou boulimique!


6Les jeunes qui souffrent de troubles alimentaires font preuve d’une série de facteursde risque communs, ni exclusifs ni exhaustifs :• facteurs biologiques : être une fille/femme, passage de l’enfance à <strong>la</strong> puberté,problèmes de poids ou préoccupation excessive à l’égard du poids (régimer<strong>est</strong>rictif, perte de poids non volontaire), perturbation de <strong>la</strong> sensation de faim(apprentissage de <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong> utilisée à d’autres fins que celles de se nourrir),abus de substance (alcool, médicaments), prédominance de problème desanté mentale dans <strong>la</strong> famille, etc.;• facteurs psychologiques : difficulté à trouver sa propre identité (peur ou inconfortde son corps, de <strong>la</strong> féminité ou/et de <strong>la</strong> sexualité), avoir le sentiment d’êtrevictime de remarques sur son poids ou sa silhouette, hypersensibilité àl’opinion des autres, distorsion de l’image corporelle, re<strong>la</strong>tions conflictuellesavec <strong>la</strong> famille, événement traumatique ou agents de stress (violence, abus),faible <strong>est</strong>ime de soi, traits de caractère obsessionnels et compulsifs, etc.;• facteurs sociaux : pression sociale concernant les critères de beauté et de minceur,perfectionnisme, désir de réussite, sensibilité aux préjugés à l’égard despersonnes obèses, difficultés à communiquer, difficultés dans les re<strong>la</strong>tionsamicales ou amoureuses, etc.La personne confrontée à un trouble alimentaire <strong>est</strong> souvent confrontée à unautre “désordre”, ce qui rend très complexe le diagnostic de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die.


7LES TROUBLES ALIMENTAIRES MAJEURSL’anorexie mentale et <strong>la</strong> boulimie sont des troubles psychiatriques à prendretrès au sérieux, car ils modifient profondément certaines fonctions del’organisme et peuvent entraîner <strong>la</strong> mort.La fréquence de l’anorexie mentale augmente constamment dans les pays occidentauxet touche environ 15 femmes <strong>pour</strong> 1 homme. Difficilement quantifiable,car difficilement avouable, on <strong>est</strong>ime cependant en Belgique que moins de 1%des adolescentes de 12 à 20 ans en souffre : 60% de ces filles ont entre 15 et 19ans. Vers 14-15 ans, 14% des jeunes présentent des formes débutantes ouincomplètes d’anorexie. L’anorexie mentale chez le garçon <strong>est</strong> plutôt rare.L’anorexie du nourrisson et l’anorexie pré-pubertaire (entre 9 et 12 ans) sont desformes plus sévères de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die. L’anorexie mentale de l’adulte (qui a probablementvécu un épisode mineur, passé inaperçu, à l’adolescence) survientgénéralement après l’âge de 25 ans, et peut apparaître, par exemple, après unepremière grossesse.L’incidence de <strong>la</strong> boulimie <strong>est</strong> également en augmentation : elle touche entre1% et 2% de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion féminine de 20-30 ans et, dans <strong>la</strong> tranche d’âge des12-19 ans, elle <strong>est</strong> nettement plus élevée (environ 10%). Les hommes représententenviron 10 à 15% des personnes concernées par <strong>la</strong> boulimie : leshommes qui en souffrent ne se trouvent jamais assez forts ou musclés, paropposition aux anorexiques qui ne se trouvent jamais assez minces. Chez ceuxci,on note un surinv<strong>est</strong>issement du corps (mannequins, danseurs). Environ <strong>la</strong>moitié des anorexiques connaît au moins un épisode boulimique. Dans plus de<strong>la</strong> moitié des cas, les personnes boulimiques ont un poids “normal”.L’anorexie mentale (anorexia nervosa)L’anorexie <strong>est</strong> caractérisée par une perte ou une diminution d’appétit. Parfois,un événement aléatoire (changement d’école, séparation d’avec <strong>la</strong> famille, premièredéception amoureuse, échec sco<strong>la</strong>ire, etc.) suffit <strong>pour</strong> que l’adolescenteentame un régime alimentaire et que sa vie bascule.On distingue 2 types d’anorexie :• l’adolescente limite de façon marquée <strong>la</strong> quantité de <strong>nourriture</strong> qu’elleconsomme : anorexie de type r<strong>est</strong>rictif;• l’adolescente présente des épisodes de crises alimentaires ou/et desconduites purgatives (vomissements, prise de <strong>la</strong>xatifs, etc.) : anorexie avecépisodes boulimiques. En général, <strong>la</strong> moitié des anorexiques ont connu aumoins un épisode de boulimie.


8Quels sont les critères de l’anorexie ?• une r<strong>est</strong>riction alimentaire “active” : <strong>la</strong> personne mange peu, refuse de manger,sélectionne ses aliments, évite de manger en famille, utilise des <strong>la</strong>xatifsou des diurétiques, etc. Parfois, cette conduite <strong>est</strong> masquée par un intérêtexcessif <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong> (<strong>la</strong> personne fait <strong>la</strong> cuisine <strong>pour</strong> toute <strong>la</strong> famille);• un trouble de l’imagedu corps : peur ma<strong>la</strong>divede prendre dupoids, impression quele corps <strong>est</strong> difforme,trop gros, désird’avoir une taille demannequin;• un problème re<strong>la</strong>tionnel: situation deconflits avec <strong>la</strong> famille,très forte re<strong>la</strong>tionde contrôle et dedépendance vis-à-visdes proches. L’anorexie apparaît comme <strong>la</strong> solution <strong>pour</strong> se dégager de cettedépendance et avoir une identité autonome;• un refus de maintenir son poids au niveau d’un poids minimum normal <strong>pour</strong>l’âge et <strong>la</strong> taille (environ 85%);• un amaigrissement important (entre 10 et 50% du poids normal <strong>pour</strong> l’âge, parfoisplus) qui va de pair avec un refus de reconnaître sa maigreur : <strong>la</strong> maigreur<strong>est</strong> même considérée comme un sentiment de bien-être et de puissance;• une absence des règles, dans <strong>la</strong> moitié des cas;• une hyperactivité et une résistance à <strong>la</strong> fatigue qui contrastent avecl’amaigrissement : <strong>la</strong> pratique intensive d’une activité sportive (danse, jogging,etc.) <strong>est</strong> un des moyens de perdre des calories et de mettre à l’épreuveses capacités de maîtrise;• une affectivité bloquée : réduction des fréquentations sociales, diminution dudésir sexuel, etc.


9L’anorexie mentale touche actuellement toutes les c<strong>la</strong>sses sociales. Onl’observe plus fréquemment dans un milieu de “culte du corps” (gymnastique,danse). L’adolescente n’a pas ou peu de kilos superflus, <strong>est</strong> généralement enexcellente santé et plutôt jolie/intelligente. Son objectif n’<strong>est</strong> certes pas dedevenir anorexique : elle désire simplement faire régime et perdre quelqueskilos!Encouragée par les résultats obtenus et le contrôle qu’elle parvient à exercersur son corps, l’adolescente se <strong>la</strong>nce alors dans des r<strong>est</strong>rictions alimentair<strong>est</strong>oujours plus importantes jusqu’à ne plus vouloir s’arrêter. Elle nie ou minimiseson anorexie ou assure même qu’elle va changer.La boulimie (bulimia nervosa)La boulimie <strong>est</strong> caractérisée par des épisodes récurrents de crises alimentairespendant lesquelles <strong>la</strong> personne <strong>est</strong> sujette à une faim excessive, incontrôlée.Pour réduire au minimum les effets de cette suralimentation, des comportementscompensatoires suivent généralement ces crises.On distingue 2 types de boulimie :• l’adolescente se fait vomir ou/et abuse de <strong>la</strong>xatifs, de diurétiques,… après lescrises alimentaires : boulimie de type purgatif;• l’adolescente présente d’autres comportements compensatoires tels quel’exercice physique ou/et le jeûne mais n’utilise pas les conduites de l’autretype : boulimie de type non purgatif.Comment comprendre ces accès boulimiques ?La sensation de faim et <strong>la</strong> pression engendrées par le régime que s’imposentces adolescentes deviennent “logiquement” petit à petit une <strong>source</strong> de tensiondans leur vie quotidienne. Arrive un moment où <strong>la</strong> tension devient trop forte, etc’<strong>est</strong> <strong>la</strong> “crise”. Mais, à son tour, cette suralimentation constitue une <strong>source</strong> detension… contradictoire : céder au besoin de manger autant et souvent quedésiré sans prendre un gramme. Les “purges” qui suivent ces épisodes boulimiquespermettent de concilier ces contradictions. Les crises sont devenueshabituelles et, avec le temps, les vomissements qui s’ensuivent - au début provoqués,puis automatiques - deviennent l’unique moyen de contrôle des aliments.Elles aussi, souhaitent mettre un terme à ces crises de boulimie maisn’y parviennent généralement pas.Les 3 phases de <strong>la</strong> crise de boulimie• Avant <strong>la</strong> crise : <strong>la</strong> personne ressent une sensation envahissante accompagnéed’angoisse, de tension, de ma<strong>la</strong>ise, parfois de faim. Elle se trouve commedans un état de manque à <strong>la</strong> recherche de <strong>nourriture</strong>.


10• La crise elle-même : <strong>la</strong> crise obéit à une pulsion incontrô<strong>la</strong>ble durant <strong>la</strong>quelle<strong>la</strong> personne dévore goulûment tout et n’importe quoi, seule, à l’abri desregards des autres (chambre, toilette, cuisine). Elle ingurgite en général desquantités énormes d’aliments sucrés et salés, très caloriques en une périodede moins de 2 heures (ce<strong>la</strong> peut se chiffrer de 2.000 kcal à 5.000 kcal!). Lafin de <strong>la</strong> crise survient quand elle n’a plus rien à manger, quand elle éprouvedes ma<strong>la</strong>ises corporels (nausées, maux de ventre, sensation d’étouffement)ou quand elle <strong>est</strong> interrompue par un événement extérieur.• La post-crise : <strong>la</strong> personne éprouve un sentiment de honte, de culpabilité.Cette sensation de ma<strong>la</strong>ise <strong>est</strong> suivie, <strong>pour</strong> y mettre fin, par des vomissements,une prise d’alcool ou par l’endormissement.Quels sont les critères de <strong>la</strong> boulimie ?• La quantité de <strong>nourriture</strong> ingérée pendant un <strong>la</strong>ps de temps limité <strong>est</strong> <strong>la</strong>rgementsupérieure à ce que d’autres consommeraient au cours de cette mêmepériode et dans les mêmes circonstances;• les comportements compensatoires <strong>pour</strong> éviter de grossir sont inappropriés :vomissements provoqués, jeûne, utilisation de <strong>la</strong>xatifs ou diurétiques, exercicesphysiques excessifs, etc.;• l’<strong>est</strong>ime de soi <strong>est</strong> influencée à outrance par le poids et l’image du corps;• <strong>la</strong> crise ne survient pas exclusivement pendant des épisodes d’anorexie mentale;• une préoccupation constante <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong>, en dehors des crises : lutte<strong>pour</strong> résister à <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong>, peur d’en manquer(stockage d’aliments), stratégies d’évitement (absenced’argent sur soi, évitement de <strong>la</strong> solitude, journéebien remplie), attirance <strong>pour</strong> <strong>la</strong> cuisine, obsessiondes régimes, refus de manger à heures fixes.L’adolescente éprouve en alternance une peur degrossir et celle de ne plus pouvoir s’arrêter de manger;• d’autres conduites impulsives peuvent y être associées: achats d’objets plus ou moins inutiles, collectionsde vêtements ou de bijoux, achat de livres,etc.


11LES TROUBLES ALIMENTAIRES MINEURSLa majorité des troubles alimentaires chez les jeunes et les jeunes adultes necorrespond pas forcément aux critères cliniques de l’anorexie mentale ou <strong>la</strong>boulimie. La “ma<strong>la</strong>die” peut alors apparaître sous une forme mineure ou débutanteet représenter un risque <strong>pour</strong> le développement.Souvent, les personnes concernées sont réticentes à l’idée de consulter unmédecin car elles ne reconnaissent pas leur comportement comme étant problématique.Elles sont peu réceptives aux actions de prévention (médicaments,diététique) alors qu’elles nécessitent toute l’attention des parents, du corps professoralet médical. Un médecin (généraliste, pédiatre,…) <strong>est</strong> le mieux formé àévoquer le diagnostic de l’une ou l’autre forme de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die. En fonction del’analyse clinique et de son expérience, il peut orienter le jeune vers uneapproche spécialisée.Hyperphagie incontrôlée (binge eating disorder)L’hyperphagie <strong>est</strong> caractérisée par des épisodes récurrents de crises alimentaires(en moyenne 2 fois par semaine pendant plusieurs mois) mais sans unrecours spécifique aux comportements de compensation qui caractérisent <strong>la</strong>boulimie. Elle peut mener à l’obésité, surtout chez l’homme. Ce trouble commencegénéralement à un âge plus avancé, vers 23 ans environ, et épargnere<strong>la</strong>tivement peu <strong>la</strong> gent masculine (environ 2 hommes <strong>pour</strong> 3 femmes).Tout comme <strong>pour</strong> <strong>la</strong> boulimie/l’anorexie, <strong>la</strong> personne souffrant d’hyperphagie<strong>est</strong> souvent préoccupée par son poids et son apparence.• La personne mange une grande quantité de <strong>nourriture</strong> en un <strong>la</strong>ps de tempscourt, parfois même pendant le repas, sans éprouver réellement une sensationde faim;• elle mange plus vite qu’à <strong>la</strong> normale, jusqu’à ressentir une sensation inconfortabled’être trop “remplie”;• elle n’a pas l’impression de pouvoir contrôler sa prise alimentaire ni des’arrêter;• elle éprouve une sensation de grande culpabilité, de détresse, de dégoût d’ellemêmeaprès ses crises alimentaires.Phagomanie ou alimentation par grignotageLe grignotage <strong>est</strong> caractérisé par des prises alimentaires en petites quantitéset à intervalles réguliers, en dehors des (heures de) repas. Il peut s’étaler sur <strong>la</strong>journée entière.• La personne peut parfois grignoter tout au long de <strong>la</strong> journée, généralementsans éprouver une sensation de faim;• elle n’utilise pas de couverts mais mange avec les doigts;


12• elle mange le plus souvent un produit directement consommable (biscuit,sucreries, snacks sucrés ou salés,…) et a souvent un aliment “préféré”;• elle mange là où elle se trouve, durant certaines activités non physiques (ex.lecture, travail sur ordinateur, télévision,…)• elle grignote, le plus souvent mais pas uniquement, lorsqu’elle <strong>est</strong> seule;• elle grignote sans culpabilité.Le syndrome d’alimentation nocturne (night binge eating disorder)La personne se réveille périodiquement au cours de <strong>la</strong> nuit et ne peut se rendormirqu'après avoir mangé un copieux en-cas… dans un demi-sommeil. Lapersonne ne se souvient que vaguement de cette prise alimentaire le lendemain.La choco<strong>la</strong>tomanieSeules certaines personnes présentent un comportement obsessionnel parrapport au choco<strong>la</strong>t, en parvenant à se nourrir presque exclusivement de ceproduit. Le choco<strong>la</strong>tomane privilégie le choco<strong>la</strong>t noir (son choix se porte souventsur une marque particulière), en avale environ 100 g. par jour.Contrairement à <strong>la</strong> personne boulimique, le choco<strong>la</strong>tomane :• n’éprouve aucune honte ou culpabilité par rapport à sa dépendance;• n’<strong>est</strong> pas obsédé par <strong>la</strong> hantise de grossir;• n’adopte pas de stratégies de compensation (de type vomissements, <strong>la</strong>xatifs)<strong>pour</strong> contrôler son poids.


13LES MEFAITS SUR LA SANTED’un point de vue médical, des habitudes alimentaires anormales et d<strong>est</strong>roubles sérieux du comportement alimentaire peuvent altérer l’état de santé.Ce<strong>la</strong> n’a rien d’étonnant. A force de refuser de se nourrir ou de se faire vomir,les personnes souffrent de dénutrition et de déshydratation, ce qui, en soi,affecte l’organisme.Des carences (en ions, vitamines, lipides, glucides, etc.) peuvent ainsi aboutir àune hospitalisation, ou pire, au décès :• visage creusé et ridé, teint “cadavérique”, yeux enfoncés dans les orbites;• ongles striés, cassants;• cheveux ternes, secs;• constipation;• troubles circu<strong>la</strong>toires des extrémités (froideur des pieds et des mains);• diminution des capacités physiques due à <strong>la</strong> fonte muscu<strong>la</strong>ire;• chutes de tension;• troubles du rythme cardiaque;• retard de croissance;• dentition altérée: émail dentaire atteint, caries, gingivites;• troubles du cycle menstruel voire même une disparition des règles(aménorrhée).Psychologiquement, on l’a vu, ces jeunes filles s’isolent socialement et se surinv<strong>est</strong>issentintellectuellement conformément à leur idéal de perfection.Plus dramatique encore, nombre de ces jeunes sont confrontées aux idéesdépressives et suicidaires…


14LES TRAITEMENTS DES TROUBLES ALIMENTAIRESL’approche médicaleDans un premier temps, bien sûr, le traitement consistera à évaluer et traiterles complications médicales qui mettent en danger <strong>la</strong> santé, voire <strong>la</strong> vie, de <strong>la</strong>jeune fille. Il n’<strong>est</strong> pas rare de voir le poids de certaines jeunes anorexiques descendred’environ 55 kilos à 45… voire 36 kilos. L’hospitalisation peut s’avéreralors indispensable, de même en cas d’échec du traitement en consultation ous’il y a un risque suicidaire. Le traitement consistera en <strong>la</strong> reprise del’alimentation, d’un poids suffisant, en col<strong>la</strong>boration avec les parents dans lecadre d’une thérapie spécialisée avec des professionnels formés et ayantl’expertise du traitement des troubles alimentaires. Traiter l’anorexie ne vise passeulement à reprendre du poids et s’alimenter convenablement mais à travaillerau bien-être de <strong>la</strong> personne et de ses proches.Pour <strong>la</strong> boulimique, il consiste à diminuer <strong>la</strong> fréquence de ses crises alimentaires(ne nécessitant pas nécessairement une hospitalisation). L’hospitalisation<strong>est</strong> indiquée <strong>pour</strong> les patientes présentant un risque suicidaire élevé ou unerésistance au traitement en ambu<strong>la</strong>toire.Dans les deux cas, et c’<strong>est</strong> là que résident les principales difficultés, les traitementsconsisteront aussi à aider les adolescentes à reconnaître l’existence deleur ma<strong>la</strong>die et à appréhender les étapes de leur développement biologique,familial, social,… qui se présentent à leurs yeux comme de véritables obstaclesdans leur évolution.Les chances de guérison sont re<strong>la</strong>tivement élevées si le traitement <strong>est</strong> précoceet que les parents acceptent de s’engager dans <strong>la</strong> thérapie, mais les rechutessont également fréquentes, <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die pouvant connaître des fluctuations.Lorsque l’évolution dépasse un dé<strong>la</strong>i de 4 ans, le risque de ma<strong>la</strong>die “chronique”augmente.Puisque les troubles alimentaires sont des ma<strong>la</strong>dies complexes qui intègrent demultiples facteurs, leur traitement sera idéalement multidisciplinaire et les professionnelsdoivent se coordonner et se concerter : généraliste, pédiatre, pédopsychiatre,thérapeute de famille, psychologue, nutritionniste, kinésithérapeute,…Il demandera aussi beaucoup d’implication, tant de <strong>la</strong> part du patient, quede sa famille.


L’approche parentaleLorsque <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die entre dans le foyer, c’<strong>est</strong> toute <strong>la</strong> famille qui s’en trouve bouleversée.En plus d’être longues et angoissantes, les ma<strong>la</strong>dies du comportementalimentaire s’accompagnent de douloureux qu<strong>est</strong>ionnements et sentimentsd’incompétence <strong>pour</strong> les parents. Progressivement, <strong>la</strong> famille peut sereplier sur elle-même : l’anorexie mentale en devient le centre d’attraction etd’interactions, ce qui risque de renforcer un sentiment d’isolement.Aider votre enfant dans son combat demande certes un engagement importantde votre part mais ne <strong>vous</strong> oubliez pas non plus.• Cherchez à être disponible <strong>pour</strong> votre enfant : écoutez-<strong>la</strong>, parlez-lui, proposez-luivotre aide même si <strong>vous</strong> essuyez des refus, intéressez-<strong>vous</strong> à sa vie,ses amis, ses sentiments, ses chagrins, encouragez-<strong>la</strong> dans ses activités,etc.;• Respectez sa singu<strong>la</strong>rité mais exprimez-lui honnêtement votre avis ou votreinquiétude en cas d’épisodes difficiles (sans lui faire <strong>la</strong> morale), etc.;• Protégez-<strong>vous</strong>, protégez le bien-être de votre famille : ne soyez pas à <strong>la</strong> mercide <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, ne cédez pas au chantage affectif, partagez ensemble desmoments de détente qui <strong>vous</strong> éloignent des contraintes de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, etc.;• Adoptez des comportements sains et des discours motivants : mangez detout, faites de l’exercice physique, montrez-lui le p<strong>la</strong>isir de se sentir bien,insistez sur les bénéfices d’une vie équilibrée, etc.;• Soyez patient et tolérant : tous les individus n’ont pas <strong>la</strong> même capacitéd’adaptation. N’hésitez pas à faire appel à des professionnels (médecins, psychologues,centres PMS, associations de parents,…) et “travaillez” en col<strong>la</strong>borationavec l’équipe thérapeutique <strong>pour</strong> <strong>vous</strong> soutenir tout au long de cecombat.15


16LA PREVENTION DU POINT DE VUE DES PARENTSPour éviter que votre enfant ne souffre un jour d’un trouble alimentaire, lemeilleur conseil de prévention <strong>est</strong> certainement de favoriser sa propre <strong>est</strong>ime.Encouragez-<strong>la</strong> par exemple à :• accepter ses formes et son poids naturel : aidez-<strong>la</strong> à accepter que son apparence<strong>est</strong> unique et belle, évitez d’émettre des commentaires stéréotypés quimettent en re<strong>la</strong>tion <strong>la</strong> minceur et <strong>la</strong> réussite, discutez avec elle de l’image ducorps idéal que les médias véhiculent et faites-lui comprendre que personnene répond à ces critères;• développer sa confiance en elle : ne <strong>vous</strong> moquez pas d’elle, complimentez <strong>la</strong>sur des qualités liées à sa personnalité ou ses talents, expliquez-lui que <strong>la</strong>période de <strong>la</strong> puberté <strong>est</strong> faite de transformations, nécessaires à <strong>la</strong> maturation,évitez d’émettre des critiques envers votre propre corps, proposez-luides activités (activités sportives, loisirs, musique,…) qu’elle apprécie et luipermettent de penser à autre chose qu’à son poids/son apparence, etc.;• comprendre les principes d’une alimentation saine et équilibrée, en lui montrantle bon exemple, en <strong>la</strong> faisant participer à <strong>la</strong> préparation des repas, enstimu<strong>la</strong>nt sa curiosité face aux aliments pas ou peu connus, etc. Ne <strong>la</strong> forcezpas à manger et n’utilisez pas <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong> comme récompense!Attention dangerSi votre enfant :• mange très peu ou ne jure que par les sa<strong>la</strong>des et les légumes;• évite complètement certaines familles d’aliments tels que <strong>la</strong> viande, les féculents(pain, pommes de terre), les produits sucrés (choco<strong>la</strong>t, biscuits, pâtisseries);• refuse de manger certains aliments, <strong>pour</strong>tant appréciés auparavant;• mange uniquement lorsqu’elle <strong>est</strong> seule ou/et évite sciemment les repas enpublic ou en groupe;• prépare des repas <strong>pour</strong> <strong>la</strong> famille qu’elle ne daigne pas partager;• observe les autres personnes manger;• a tendance à porter des vêtements amples ou superpose plusieurs couches;• présente des troubles de l’humeur;• <strong>est</strong> obsédée par l’exercice physique, les régimes, les canons de <strong>la</strong> minceuridéale;• a perdu une quantité importante de poids;


• utilise des <strong>la</strong>xatifs et des diurétiques <strong>pour</strong> éliminer <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong> plus facilement;• mange énormément, puis se fait vomir,…Prudence : n’allez pas en conclure que votre enfant vit un chaos alimentaires’il mange un jour de blues un paquet de chips entier ou ne termine pas sondessert sous prétexte de “faire attention” ! Si <strong>vous</strong> <strong>est</strong>imez que <strong>la</strong> <strong>nourriture</strong>devient son centre de préoccupation et altère son comportement et sa vie quotidienne,il <strong>est</strong> temps de consulter un médecin ou un psychologue…17


ADRESSESInfor anorexie et boulimie asblClos du Bergoje, 20 – 1160 BruxellesTél. & Fax : 02-662 27 88info@anorexie-boulimie.comwww.anorexie-boulimie.comMIATA asblMaison d’information et d’accueil des troublesde l’alimentationRue de <strong>la</strong> Goëtte, 85 – 1420 Braine l’AlleudTél. & Fax : 02-385 09 40info@miata.bewww.miata.beCap-expert.be asblBerg<strong>est</strong>raat 60 – 3220 Holsbeekinfo@eetexpert.bewww.eetexpert.beSites Internetwww.boulimie-anorexie.chwww.anebquebec.comwww.autrement.asso.frwww.santementale.bewww.extenso.org


Cette brochure <strong>est</strong> une publication duService Promotion Santé desMutualités Libresrue Saint-Hubert, 191150 BruxellesTél.: 02/778 92 11Fax: 02/778 94 04E-mail: promotionsante@mloz.beSite Web: www.mloz.beN° d’entreprise 411.766.483Photos : Thierry Monasse® Mutualités LibresBruxelles, juillet 2006


T 09 269 85 00info@partena-ziekenfonds.bewww.partena-ziekenfonds.beEditeur Responsable: P. Mertens, Union Nationale des Mutualités Libresrue St-Hubert, 19 - 1150 Bruxelles - 2006/07 - IES 069

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!