Cendrillon - Théâtre National
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4 ‐ Le cycle de <strong>Cendrillon</strong><br />
Dès le 19 ème siècle, les folkloristes ont commencé à rassembler les milliers de contes issus de traditions<br />
orales de tous les continents. Il leur est rapidement apparu qu’ils pouvaient être regroupés en fonction de<br />
similitudes de leur schéma narratif ou de leur sens profond. Au début du 20 ème siècle, le finlandais Antti<br />
Aarne a commencé le classement systématique des contes en différents types, répertoire qui a été<br />
continué par l’américain Thompson. La classification internationale Aarne‐Thompson compte aujourd’hui<br />
plus de 2300 contes, parmi lesquels 450 sont dits « contes merveilleux »(*).<br />
Parmi ces derniers, les nombreuses variantes de<br />
<strong>Cendrillon</strong> sont toutes regroupées sous le même code (AT<br />
510 : contes merveilleux avec aides surnaturelles). Seul<br />
point commun de ces centaines de récits du « cycle de<br />
<strong>Cendrillon</strong> » dépeignant des lieux, épisodes, morales et<br />
tonalités très variés: le personnage de la jeune fille ayant<br />
perdu sa mère et maltraitée par sa belle‐mère.<br />
(…) «La sorcière avait mis au monde une petite fille. A partir<br />
de ce jour, elle avait pris en grippe la première fille de son<br />
mari. Elle la tourmentait par tous les moyens possibles et<br />
imaginables. L’aînée des filles était devenue la servante de la<br />
maison et passait la plus grande partie de son temps<br />
derrière le poêle. La sorcière l’appelait « la servante pleine<br />
de cendres »(…)<br />
(Extrait du conte russe « Le bouleau merveilleux », in Les<br />
histoires de <strong>Cendrillon</strong> racontées dans le monde, par F.<br />
Morel et G. Bizouerne ‐ Ed. Syros, 2009)<br />
L’anglaise Marian R. Cox (fin du 19 ème ) puis la suédoise Anna B. Rooth (20 ème siècle) ont organisé ce<br />
cycle en sous‐types et pu retracer le déploiement à partir du Moyen‐Orient de ce qui est probablement le<br />
récit originel : « La Vache des orphelins » (rem. : on évoque parfois aussi une histoire chinoise consignée au<br />
9 ème siècle avant JC). Il est question au départ de deux enfants orphelins de mère, affamés par leur belle‐<br />
mère, et qui trouvent survie et nourriture tantôt sur la tombe de leur mère, tantôt auprès d’une vache.<br />
Ce récit se transmet en évoluant jusqu’en Europe, jusqu’en Indochine, les deux enfants devenant une<br />
seule jeune fille accablée des tâches les plus rudes, la figure de la marâtre se dédoublant parfois en une<br />
démone et sa fille toutes deux cruelles. Toujours des animaux viennent au secours de la malheureuse<br />
(vache, brebis, …), parfois issus d’une transformation magique de la mère. Dans une version russe « le<br />
Bouleau merveilleux », un arbre pousse là où la jeune fille a enterré sa mère : il portera des parures.<br />
En 1697, Charles Perrault (<strong>Cendrillon</strong> ou La Petite Pantoufle de verre) remplace les adjuvants végétaux<br />
ou animaux par la fée‐marraine, sorte de substitut maternel, pour une version qui est la plus familière dans<br />
le domaine français et a été largement adaptée pour la scène (Rossini, Prokofiev, Jules Massenet dont<br />
l’opéra sera présenté en cette saison 2011‐2012 à La Monnaie/De Munt). [V. www.lamonnaie.be ].<br />
(*) Le Conte merveilleux ou conte de fées (sous‐genre du conte) fait intervenir des éléments surnaturels ou féeriques,<br />
des événements ou opérations magiques ou miraculeux.<br />
<strong>Cendrillon</strong> / Pommerat – Dossier pédagogique ‐ Page 10 sur 28