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« Victor Hugo est le plus grand écrivain français. » Il ... - Cavalier bleu

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<strong>«</strong> <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong> <strong>est</strong> <strong>le</strong> <strong>plus</strong> <strong>grand</strong> <strong>écrivain</strong><strong>français</strong>. <strong>»</strong>Nul<strong>le</strong> royauté littéraire n’égala jamais la sienne.Le Figaro, 24 mai 1885<strong>Il</strong> <strong>est</strong> diffici<strong>le</strong> d’affirmer la prééminence d’unauteur sur <strong>le</strong>s autres : <strong>le</strong> jugement littéraire <strong>est</strong> dansune large mesure subjectif. On ne saurait donc sehasarder à établir en ce domaine des hiérarchies etdes comparaisons. La France <strong>est</strong> d’ail<strong>le</strong>urs riche d’immensesauteurs, de Voltaire à Zola, de Montaigne àAragon. Pourtant, il <strong>est</strong> évident que tout <strong>le</strong> mondeconnaît <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong>, peut nommer une de sesœuvres, et qu’une majorité de Français, à la qu<strong>est</strong>ion :<strong>«</strong> Quel <strong>est</strong> <strong>le</strong> <strong>plus</strong> <strong>grand</strong> <strong>écrivain</strong> <strong>français</strong> <strong>»</strong>, répondraitsans nul doute comme André Gide : <strong>«</strong> <strong>Victor</strong><strong>Hugo</strong> <strong>»</strong>, même si tous n’ajouteraient pas, comme lui :<strong>«</strong> Hélas ! <strong>»</strong>. Hélas ? Oui, sans doute, parce que celuiqui répond cela ne fait pas preuve d’originalité. Àdéfaut d’être <strong>le</strong> <strong>plus</strong> <strong>grand</strong>, car <strong>le</strong>s jugements qualitatifssont toujours péril<strong>le</strong>ux, il <strong>est</strong> au moins <strong>le</strong> <strong>plus</strong>populaire, comme <strong>le</strong> chantaient Bourvil et GeorgesGuétary dans C’<strong>est</strong> la vie de bohème en 1952 : <strong>«</strong> Et tudeviendras j’espère / Plus connu que Picasso / Etbeaucoup <strong>plus</strong> populaire que <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong> ! <strong>»</strong> Cettepopularité se doub<strong>le</strong> d’une fécondité rare, qui <strong>le</strong>place parmi <strong>le</strong>s premiers <strong>écrivain</strong>s <strong>français</strong>.<strong>Il</strong> <strong>est</strong> <strong>le</strong> <strong>plus</strong> prolifique, d’abord, par la durée de sacarrière, puisqu’il ne s’écou<strong>le</strong> pas moins de soixanteannées entre sa première publication, un recueil depoésies, <strong>le</strong>s Odes et poésies diverses (1822), et la der-1


nière, une pièce, Torquemada, en 1882 – sans compter<strong>le</strong>s innombrab<strong>le</strong>s publications et rééditions posthumes.Quelques chiffres éclaireront l’extraordinairefécondité de l’<strong>écrivain</strong> : il a publié neuf romans, dontcertains fort longs, neuf drames – sans compter ladizaine de pièces du Théâtre en liberté – vingt-quatrerecueils poétiques (pour un total de 3 636 poèmes),<strong>plus</strong> d’une centaine de discours et d’interventionspubliques… et <strong>plus</strong>ieurs milliers de dessins. Sonœuvre complète occupe quarante-cinq volumes dansl’édition dite de l’Imprimerie nationa<strong>le</strong>, dix-huit dansl’édition chronologique du Club <strong>français</strong> du livre,quinze dans l’édition Laffont (1985). On <strong>est</strong>ime sonœuvre complète (hors correspondance, fragments,écrits intimes) à 40 millions de caractères (dans l’éditionPauvert de 1963). Si l’on comptait <strong>le</strong>s multip<strong>le</strong>sfragments, <strong>le</strong>ttres, notes et écrits intimes, qui n’ontpas été tous publiés, <strong>le</strong>s chiffres seraient <strong>plus</strong> impressionnantsencore.Quelques-unes de ses œuvres sont des monstres :12 000 vers pour Les Contemplations, 6 414 pourCromwell (drame d’ail<strong>le</strong>urs injouab<strong>le</strong> à l’époque).Ces chiffres sont à la hauteur de son ambition et desa puissance créatrice, dont il était d’ail<strong>le</strong>urs parfaitementconscient. <strong>Il</strong> écrivait ainsi en 1853 à son éditeurHetzel : <strong>«</strong> D’ici trois à quatre ans, je puisaisément mettre en ligne quinze ou vingt volumes detous genres, poésie, prose, roman, drame, comédie,histoire, etc. […] Je suis, à moi tout seul, un avenirpour un libraire. <strong>»</strong> Son ambition, d’ail<strong>le</strong>urs, pour certainesœuvres, était el<strong>le</strong> aussi gigantesque. Lorsqu’ilcommence à par<strong>le</strong>r de La Légende des sièc<strong>le</strong>s à Hetzel,il lui présente ainsi la chose : <strong>«</strong> J’écris tout simp<strong>le</strong>mentl’humanité. <strong>»</strong> La préface, el<strong>le</strong> aussi, exposel’ambition titanesque de l’œuvre : <strong>«</strong> Exprimer l’humanitédans une espèce d’œuvre cyclique ; la peindresuccessivement et simultanément sous tous sesaspects, histoire, fab<strong>le</strong>, philosophie, religion, science,<strong>le</strong>squels se résument en un seul et immense mouvementd’ascension vers la lumière ; faire apparaîtredans une sorte de miroir sombre et clair […] cette<strong>grand</strong>e figure une et multip<strong>le</strong>, lugubre et rayonnante,fata<strong>le</strong> et sacrée, l’Homme. <strong>»</strong> Et c’<strong>est</strong> bien ce queretrace ce monument poétique : <strong>le</strong>s étapes successivesde l’humanité, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse.La quantité ne faisant pas tout, il faut bien préciserque, malgré <strong>le</strong>ur nombre, ses vers sont beaux, et qu’ily a peu de mauvaises choses dans une œuvre qui renferme,peut-être, quelques facilités…La richesse et l’amp<strong>le</strong>ur de son œuvre n’expliquentpas seu<strong>le</strong>s cette position privilégiée qu’occupe <strong>Hugo</strong>dans la littérature <strong>français</strong>e. S’il <strong>est</strong> si justement et siuniversel<strong>le</strong>ment connu, c’<strong>est</strong> aussi parce qu’il a touchéà tous <strong>le</strong>s genres, des <strong>plus</strong> connus aux genres mineurs :<strong>le</strong> journal (avec Choses vues), <strong>le</strong> journalisme (avec <strong>le</strong>patronage de L’Événement et des artic<strong>le</strong>s, sous laR<strong>est</strong>auration, dans Le Conservateur littéraire et La Muse<strong>français</strong>e), <strong>le</strong> récit de voyage, l’essai philosophique(William Shakespeare), <strong>le</strong> pamph<strong>le</strong>t (Napoléon-<strong>le</strong>-petit).<strong>Il</strong> faut ajouter à cette liste toutes <strong>le</strong>s créations où <strong>Victor</strong><strong>Hugo</strong> mê<strong>le</strong> allègrement <strong>le</strong>s genres avec, par exemp<strong>le</strong>,des interventions politiques en vers (dans Actes et paro<strong>le</strong>s)ou de la poésie pamphlétaire (Châtiments). Dans <strong>le</strong>s<strong>grand</strong>s genres, il a donné des œuvres universel<strong>le</strong>mentconnues : Les Misérab<strong>le</strong>s, Les Contemplations, Notre-Dame de Paris. Beaucoup ont été adaptées à l’opéra,parfois du vivant même de <strong>Hugo</strong> : citons, par exemp<strong>le</strong>,Ernani, de Verdi, en 1844, Lucrezia Borgia, deDonizetti, en 1833, ou <strong>le</strong> célèbre Rigo<strong>le</strong>tto de Verdi(1851), adapté du Roi s’amuse.Quant aux romans, <strong>le</strong>ur modernité et la qualité de<strong>le</strong>ur intrigue, qui en font des scénarios pour ainsi dire23


<strong>«</strong> prêts à l’emploi <strong>»</strong>, <strong>le</strong>ur ont valu des adaptationsnombreuses, dont certaines figurent parmi <strong>le</strong>s chefsd’œuvredu cinéma <strong>français</strong> et américain. Pour <strong>le</strong>sseuls Misérab<strong>le</strong>s, on dénombre une bonne vingtained’adaptations au cinéma, dont certaines indiennes etjaponaises. En outre, des spectac<strong>le</strong>s au succès mondialsont adaptés d’œuvres de <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong>, commela comédie musica<strong>le</strong> de Luc Plamondon, Notre-Damede Paris (1998), et surtout cel<strong>le</strong> d’Alain Boublil etClaude-Michel Schönberg, Les Misérab<strong>le</strong>s, qui,depuis 1980, a attiré 42 millions de spectateurs dans200 vil<strong>le</strong>s et 29 pays…On pourrait sans peine trouver bien d’autres chiffrespour prouver <strong>le</strong> rayonnement extraordinaire de <strong>Victor</strong><strong>Hugo</strong> et de son œuvre dans <strong>le</strong> monde entier, et danstoutes <strong>le</strong>s couches de la société. Un petit t<strong>est</strong> – à lasignification toute relative - réalisé en août 2006 surinternet <strong>le</strong> montre : lorsqu’on fait une recherche parnom sur Goog<strong>le</strong> France, <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong> <strong>est</strong> l’<strong>écrivain</strong> duXIX e sièc<strong>le</strong> qui suscite <strong>le</strong> <strong>plus</strong> d’entrées (3 920 000),loin devant Balzac (1 670 000) et Zola (1 480 000) ;Lamartine <strong>est</strong> très largement distancé, avec 780 000réponses, ainsi que Chateaubriand (668 000). Enrevanche, <strong>Hugo</strong> <strong>est</strong> battu par Voltaire (5 020 000) etRousseau (4 650 000). Peut-être parce que ces <strong>écrivain</strong>s-philosophessont davantage enseignés dans <strong>le</strong>sclasses, et que <strong>le</strong> format de <strong>le</strong>urs œuvres, pourVoltaire surtout, favorise <strong>le</strong>ur apprentissage. Mais surGoog<strong>le</strong> International, <strong>Hugo</strong> prend sa revanche surVoltaire et Rousseau, qu’il devance d’environ4 millions de réponses, avec un chiffre impressionnantde 20 600 000. <strong>Il</strong> arrive ainsi en tête des <strong>écrivain</strong>s<strong>français</strong>, mais il r<strong>est</strong>e devancé par Goethe(30 400 000 réponses), Shakespeare (74 500 000)et… Dan Brown (73 300 000) ! N’en concluons pas,pour autant, que Dan Brown <strong>est</strong> l’<strong>écrivain</strong> <strong>le</strong> <strong>plus</strong>connu du monde…Évidemment, la notoriété d’un artiste ne suffit pasà prouver la qualité de son œuvre. Et pourtant ! Sitant de rues, tant d’éco<strong>le</strong>s portent <strong>le</strong> nom de <strong>Victor</strong><strong>Hugo</strong>, c’<strong>est</strong> bien la preuve d’une <strong>est</strong>ime et d’unereconnaissance de la France et de son peup<strong>le</strong> envers<strong>le</strong> <strong>grand</strong> poète. Si en Asie, une secte, <strong>le</strong>s caodaïstes,adore <strong>Hugo</strong> parmi son panthéon, c’<strong>est</strong> bien <strong>le</strong> signed’une élévation de pensée et d’une puissance de langageexceptionnel<strong>le</strong>s. <strong>Il</strong> semb<strong>le</strong> bien que seu<strong>le</strong>s certainesélites intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s regardent <strong>le</strong> <strong>grand</strong> <strong>écrivain</strong>avec mépris. Qu’importe : <strong>le</strong> maître-mot de <strong>Victor</strong><strong>Hugo</strong> était : <strong>«</strong> Tout à tous. <strong>»</strong> Et tant pis pour <strong>le</strong>sesprits chagrins qui stigmatisent encore un <strong>écrivain</strong>populaire, et des œuvres anti-élitaires capab<strong>le</strong>s detoucher chaque <strong>le</strong>cteur, partout dans <strong>le</strong> monde.Le caodaïsmeSecte religieuse du Sud-Vietnam, <strong>le</strong> caodaïsme <strong>est</strong> né dans<strong>le</strong>s années vingt, dans un contexte de profonde mutationde la société traditionnel<strong>le</strong> où de nombreux intel<strong>le</strong>ctuels,nourris de culture <strong>français</strong>e, introduisirent au Vietnam <strong>le</strong>sidées de progrès, de liberté et d’épanouissement de l’individu.Dès la fin du XIX e sièc<strong>le</strong>, de jeunes Vietnamiens invoquaient<strong>le</strong>s génies par <strong>le</strong> spiritisme, et particulièrementpar <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>s parlantes. Au cours d’une séance de spiritisme,en 1902, Ngö Van Chieu (né en 1878, diplômé d’étudesfranco-indigènes), <strong>est</strong> interpellé par un esprit.Depuis, il s’adonne régulièrement à cette pratique, etreçoit de <strong>plus</strong> en <strong>plus</strong> souvent des messages d’un Espritassidu, CAO-DAI, <strong>le</strong> Très-Haut. Celui-ci lui demande depropager une religion nouvel<strong>le</strong>, officiel<strong>le</strong>ment fondée en1926.45


Très vite, ce mouvement prend un extraordinaire essor,avec déjà <strong>plus</strong> de 20 000 adeptes quelques semainesaprès sa fondation, au point que <strong>le</strong> culte bouddhisteapparaisse concurrencé par cette religion nouvel<strong>le</strong>, et quel’administration vietnamienne cherche à l’interdire, envain.Le caodaïsme <strong>est</strong> la doctrine de CAO-DAI, recueillie par <strong>le</strong>spiritisme : des Esprits aussi divers que Jeanne d’Arc,Descartes, <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong>, révè<strong>le</strong>nt aux spirites la doctrinede CAO-DAI, <strong>le</strong>quel se présente ainsi aux hommes,comme il <strong>le</strong> fit autrefois par l’entremise de Moïse, Jésus ouMahomet. Cette doctrine syncrétique prône l’unité desreligions, rejette toute intolérance, et appel<strong>le</strong> à une foiuniversel<strong>le</strong>, qui assurera <strong>le</strong> bonheur de l’humanité. Ainsi,il n’y a aucune contradiction entre ses <strong>«</strong> cinq branches <strong>»</strong>que sont <strong>le</strong> bouddhisme, <strong>le</strong> taoïsme, <strong>le</strong> confucianisme, <strong>le</strong>christianisme et <strong>le</strong> culte des génies. Ses quatre commandementssont l’obéissance, la mod<strong>est</strong>ie, l’honnêteté et <strong>le</strong>respect. Les caodaïstes ne peuvent tuer un être vivant,être cupides ni s’adonner à la luxure. Leur but <strong>est</strong> d’atteindrela perfection, par la connaissance, la volonté, <strong>le</strong>recueil<strong>le</strong>ment, etc.<strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong> occupe dans ce culte une place particulière ;lui et <strong>plus</strong>ieurs membres de sa famil<strong>le</strong> comptent parmi <strong>le</strong>sesprits s’adressant souvent aux cadoaïstes, au point que <strong>le</strong><strong>grand</strong> <strong>écrivain</strong> a <strong>le</strong> rang de saint dans <strong>le</strong> panthéon caodaïste.Son effigie <strong>est</strong> placée à la porte du <strong>grand</strong> temp<strong>le</strong>situé à Tây-Ninh, à une centaine de kilomètres au nordou<strong>est</strong>de Saïgon. El<strong>le</strong> <strong>le</strong> représente traçant <strong>le</strong>s mots <strong>«</strong> Dieuet humanité, amour et justice <strong>»</strong>.La secte caodoaïste compte aujourd’hui près de deuxmillions d’adeptes.6

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