‘ici…Taizé à Bruxel<strong>les</strong> – 27.12.08 – 2.1.09Intense préparation du rassemblement de jeunes européensPAGE10Rencontre avec Frère David. Originaire du Portugal, il est frère de Taizédepuis quinze ans <strong>et</strong> un des responsab<strong>les</strong> de l’accueil des milliers dejeunes visiteurs <strong>et</strong> de l’animation de rencontres.Avec d’autres frères, il est à Bruxel<strong>les</strong> jusqu’en janvier pour préparer<strong>et</strong> encadrer la rencontre des 30 à 40.000 jeunes autour de la nouvelleannée…Mosaïque l’a rencontré.Mosaïque : Comment se déroule c<strong>et</strong>tepréparation ? Quels sont <strong>les</strong> perspectives<strong>et</strong> <strong>les</strong> défis ?Frère David : Nous sommes arrivés enseptembre, six frères de Taizé, douzejeunes bénévo<strong>les</strong> <strong>et</strong> des sœurs de SaintAndré. C’est toujours un grand défi depréparer une telle rencontre. Nous avonsun peu l’expérience des années précédentesmais nous voulons avant <strong>tout</strong>nous m<strong>et</strong>tre à l’écoute des paroisses,des groupes de jeunes, des éco<strong>les</strong>, rencontrer<strong>les</strong> personnes. Nous ne voulonspas venir avec une rec<strong>et</strong>te <strong>tout</strong>e prêtemais chercher ensemble comment préparer.De notre côté, nous devons voiraussi comment incarner notre vocationde frères dans des conditions bien différentesde cel<strong>les</strong> de Taizé : organiser nostemps de prière, de réflexion, de partagecommunautaire pour ne pas nous laisserdéborder par <strong>les</strong> tâches. La prière dumatin <strong>et</strong> du soir encadre notre travail :contacts <strong>et</strong> préparation des visites dequasi chaque soir. Chaque jour à 12h30sauf le dimanche, nous avons une demiheurede prière ouverte à tous en l’égliseSt Nicolas près de la Bourse : chants, lecturede la Bible, silence, un peu à la façonde Taizé. C’est une joie de voir pas malde gens s’y associer. Dans <strong>les</strong> paroisses,nous rencontrons <strong>les</strong> groupes de préparation- plus d’une centaine déjà. Chaquematinée de la rencontre de fin d’annéese passera dans <strong>les</strong> églises d’accueil.Nous aidons <strong>les</strong> groupes à préparer cesmoments <strong>et</strong> voyons avec eux commentinviter aussi des personnes à venir <strong>les</strong> vivreavec <strong>les</strong> jeunes, façon de découvrirquelque chose de plus de leur proprecommunauté…M : Et <strong>les</strong> après-midi <strong>et</strong> <strong>les</strong> soirées auHeysel ?…Frère David : C’est un défi que de vouloirtransformer ces grands palais enespaces qui invitent à la prière… Nousavons réfléchi cela avec des frères venus<strong>tout</strong> exprès. Maintenant, avec des jeunes,ils préparent à Taizé le matériel dedécoration. La prière sera organisée dans<strong>les</strong> palais 7, 11 <strong>et</strong> 12, <strong>les</strong> repas distribuésau palais 1 <strong>et</strong> <strong>les</strong> jeunes mangeront dansle 3. La bonne vingtaine de langues serarépartie entre <strong>les</strong> trois lieux de prière(français <strong>et</strong> néerlandais au 12). Nous nouspréoccupons aussi de la gestion des fou<strong>les</strong><strong>et</strong> de la sécurité. Nous voulons qu<strong>et</strong>out se passe bien.M : Quel est le thème choisi pourBruxel<strong>les</strong> ?Frère David : Le thème concr<strong>et</strong>, nous nele savons pas encore. Bruxel<strong>les</strong> est uneétape du « Pèlerinage de confiance surla terre », articulé autour de deux axes :vie intérieure <strong>et</strong> solidarité. Comment laprière peut-elle nous ouvrir aux autres, àla solidarité ? Juste avant Bruxel<strong>les</strong>, a lieuune autre étape à Nairobi. C’est dans levécu de c<strong>et</strong>te étape africaine que nousallons puiser l’inspiration pour le thèmeconcr<strong>et</strong> de Bruxel<strong>les</strong>.M : Sans doute que notre pays <strong>et</strong> sesdifficultés linguistiques ainsi que la crisemondiale vont également marquer larencontre ?Frère David : Il y a des problèmes par<strong>tout</strong><strong>et</strong> nous n’avons pas de solutionmiracle. Nous ne pouvons cependantpas rester indifférents. Alors, réunir desgens, <strong>les</strong> inviter à prier ensemble, à separler c’est déjà ça. Et <strong>tout</strong>es ces famil<strong>les</strong>qui vont accueillir des jeunes sans choisirleur nationalité, leur langue, c’est aussis’ouvrir aux autres. Et lorsque nous sommesaccueillants pour ceux qui viennentde loin, naturellement vient aussi la question: comment devenir plus accueillantpour ceux qui vivent près de nous, dansla même ville ? Bruxel<strong>les</strong> est très internationale: il suffit de se promener dans <strong>les</strong>rues, de regarder <strong>les</strong> visages, d’écouter<strong>les</strong> langues… C’est aussi un symboled’une marche commune en Europe. Entemps de crise, on ne voit parfois quedes aspects négatifs de la constructioneuropéenne. Mais en regardant aussice qu’elle a de positif, on pourra sedemander : comment élargir une telleexpérience, aller au-delà, vers ceux quisont chez nous avec d’autres façons depenser <strong>et</strong> de vivre ? Comment m’ouvrirà une réconciliation avec celui que je necomprends pas encore mais qui aurapeut-être aussi quelque chose à me direqui pourra m’enrichir ?g Mosaïque N° 11
D‘iciAction des Chrétienspour l’Abolition de la TortureOng Thong Hoeung, né au Cambodge en 1945, rescapé des camps d<strong>et</strong>ravail sous le régime khmers rouges, actuellement témoin au procèsdes responsab<strong>les</strong> du génocide au Cambodge.Il était étudiant à Paris lorsqu’en avril1975 <strong>les</strong> Khmers rouges prenaient lepouvoir à Phnom Penh. Comme denombreux Cambodgiens de l’époque,il crut alors que ce changementde régime signifiait un renouveau<strong>et</strong> un avenir meilleur pour son pays.C’est donc plein d’enthousiasme qu’ildécida en juill<strong>et</strong> 1976, de même quebeaucoup d’autres intellectuels vivantà l’étranger, de rentrer au Cambodgepour participer à ce qu’il pensait être<strong>les</strong> débuts d’une renaissance progressistede son pays. À son arrivée, c’estla désillusion : Ong Thong Hoeung futaussitôt emmené en camp de rééducation,première étape d’une traverséede l’enfer qui dura trois longuesannées, jusqu’à la défaite des Khmersrouges en 1979.Rescapé du génocide (entre 1,5 <strong>et</strong> 2 millionsde morts, soit près d’un quart dela population de l’époque), Ong ThongHoeung a trouvé refuge en Belgiqueoù il vit depuis 1982. Il n’a cessé d<strong>et</strong>ravailler à faire vivre la mémoire desDécembre 2008 g Mosaïquevictimes du régime de Pol Pot. Justeaprès la chute des Khmers rouges, ilfut archiviste au musée de Tuol Sleng,lieu de détention, de torture <strong>et</strong> d’exterminationpar <strong>les</strong> Khmers rouges.En 2002, il est r<strong>et</strong>ourné avec sa fille auCambodge (récit de ce voyage dans laLibre Belgique du 11 février 2003). Il estl’auteur du livre « J’ai cru aux khmersrouges » (Buch<strong>et</strong> Chastel, 2003), danslequel il raconte son histoire.Trente ans après <strong>les</strong> faits, <strong>les</strong> premièrescomparutions publiques desresponsab<strong>les</strong> du régime de Pol Potdevant <strong>les</strong> chambres extraordinairesdes tribunaux cambodgiensviennent de débuter. Ong ThongHoeung est l’un des témoins à ceprocès. Il sera d’ailleurs au Cambodgeen novembre.A l’occasion du cycle de conférencesorganisé par l’Action des Chrétienspour l’Abolition de la Torture (associationà statut consultatif auprès duConseil de l’Europe <strong>et</strong> des Nations-Unies), pour <strong>les</strong> soixante ans dela Déclaration Universelle desDroits de l’Homme du 10 décembre1948, Ong Thong Hoeung viendratémoigner de son expériencelors de trois soirées organisées àBruxel<strong>les</strong>, Namur <strong>et</strong> Liège.Ong Thong Hoeung racontera ce qu’ila vécu <strong>et</strong> comment son épouse <strong>et</strong> luiont pu survivre à l’enfer. Au-delà dece témoignage bouleversant, il aborderaégalement un certain nombrede questions portant sur aujourd’hui.Comment vivre après une telle barbarie?Peut-on pardonner à des responsab<strong>les</strong>qui ne manifestent aucun remords? Comment témoigner de sonexpérience au Cambodge alors que <strong>les</strong>quatre années de la terreur n’y sont pasenseignées dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> ? Quellejustice pour <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> khmersrouges <strong>et</strong> comment, trente ans après<strong>les</strong> faits, m<strong>et</strong>tre fin à l’impunité ?Conférence-témoignage àBruxel<strong>les</strong>, Namur <strong>et</strong> Liègedu 9 au 12 décembre.Bruxel<strong>les</strong> : le mardi 9 décembre,Facultés Universitaires Saint-Louis,boulevard du Botanique 43.Namur : le mercredi 10 décembre,aux Facultés UniversitairesNotre Dame de la Paix (Auditoirede la Faculté de médecine), place duPalais de justice.Liège : le vendredi 12 décembre,au Grand Séminaire, rue desPrémontrés 40.Les trois conférences débuterontà 20.15h.Pour plus d’informations,contactez Françoise Joris,ACAT Belgique francophone,quai au Foin 53 à 1000 Bruxel<strong>les</strong>(acatbelgiquefranco@hotmail.com<strong>et</strong> 02.223.01.59 (<strong>les</strong> mardi matin <strong>et</strong>jeudi après-midi) ou04.94.88. 44.97PAGE11