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PLAN DE L’EXPOSITION


SECTION I I CAPTURER L’ANTIQUEQUELLES SONT LES SOURCES DONT S’INSPIRE INGRES ?PAR QUELS MOYENS S’APPROPRIE-T-IL L’ANTIQUITÉ ?COMMENT SE CONSTRUIT-IL UN VÉRITABLE SAVOIRARCHÉOLOGIQUE ?FICHE TECHNIQUELa céramique grecqueFICHE TECHNIQUELe goût de l’AntiqueRome (1806-1820 ; 1835-1841), Nap<strong>le</strong>s (1814) et Florence(1820-1824) immergent Ingres au cœur des réseaux internationauxd’archéologues et de col<strong>le</strong>ctionneurs.Ainsi s’aiguise une curiosité sans frontières qui conduit Ingres àconstituer un véritab<strong>le</strong> musée de papier, d’objets et de formes, évaluéà 7000 pièces. Les re<strong>le</strong>vés graphiques et dessins d’après <strong>le</strong>sdécors de vases conservés dans <strong>le</strong>s grandes col<strong>le</strong>ctions romainesou napolitaines, la col<strong>le</strong>cte de gravures et de photographies ensont <strong>le</strong>s témoins. Les vases et <strong>le</strong>s œuvres plastiques de sa col<strong>le</strong>ctionviennent parfaire l’appropriation d’une Antiquité idéa<strong>le</strong> à lamesure des choix, des goûts et des ambitions d’Ingres.LES OBJETS DU SAVOIR : LA COLLECTION D’INGRESIngres constitue l’essentiel de sa col<strong>le</strong>ction entre 1835 et 1840,alors qu’il est directeur de l’Académie de France à Rome. Il considèrecet ensemb<strong>le</strong> comme <strong>le</strong> moyen d’accéder à la connaissanced’une réalité disparue qu’il s’approprie physiquement.Eros* d'après LysippeMontauban, musée Ingres.Saisie napoléonienne de lacol<strong>le</strong>ction Quentin Craufurd ;Il acquiert 54 vases <strong>antique</strong>s dont bon nombre sont d’originegrecque. Les décors à figures rouges dominent.anc. coll. Ingres. Marbre.II e s. ap. J.-C.© Photo Michel LacanaudLes terres cuites, emblématiques de son intérêt pour <strong>le</strong>s productionsartisana<strong>le</strong>s courantes, offrent un riche panorama de formes.Ingres achète peu de marbres. Une série de fragments sculptésprésente un intérêt documentaire, et seu<strong>le</strong>s 3 pièces importantesse distinguent : l’Eros* d’après Lysippe, la tête d’Antinoüs et unetête d’Eros.Les moulages sont bien plus nombreux, car moins coûteux ettout aussi uti<strong>le</strong>s pour Ingres que des originaux. Ils reproduisent desbronzes, marbres, terre cuites ou camées.La coupe du Peintre de PenthésiléeKylix attique à figures rouges. Montauban, musée Ingres. Dans <strong>le</strong> tondo, lacomposition s’organise autour d’une ligne centra<strong>le</strong> : <strong>le</strong> bâton maintenupar un homme ; derrière lui, une partie de siège apparaît. A gauche, unefemme lui tend, d’une main,une phia<strong>le</strong> et, de l’autre, deux rameaux.A gauche de l’image se trouve un autel au-dessus duque<strong>le</strong>st suspendu un bucrane.© Photo Michel Lacanaud


SECTION I I CAPTURER L’ANTIQUEINGRES À ROME : AMITIÉS ARCHÉOLOGIQUESFICHEIngresCITATIONDurant ses premières années à Rome, Ingres découvre la Vil<strong>le</strong>Éternel<strong>le</strong>, véritab<strong>le</strong> lieu d’émulation intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> qui <strong>le</strong> projette pardelàdes frontières de l’Italie et lui ouvre <strong>le</strong>s horizons de la Grèce,pays qu’il ne connaîtra que par <strong>le</strong> récit de jeunes archéologuesaventuriers et découvreurs de sites <strong>antique</strong>s. Il s’agit de Char<strong>le</strong>s-Robert Cockerell, du baron Otto Magnus von Stackelberg et deJacob Linckh, dont il fait la connaissance alors qu’ils viennent d’explorerla péninsu<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s î<strong>le</strong>s de l’archipel grec. De la connivencedes trois jeunes gens témoignent deux portraits dessinés parIngres en 1817. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant deconstater qu’Ingres a copié l’ensemb<strong>le</strong> de l’ouvrage de Stack<strong>le</strong>bergsur <strong>le</strong> matériel funéraire issu de tombes grecques (Die Gräber derHel<strong>le</strong>nen) dès sa parution en 1837, soit 105 documents, dessinés,calqués et parfois aquarellés.Ingres, Doub<strong>le</strong> portraitd’Otto Magnus, baron© Photo Lausanne, Claude Bornandvon Stackelberg et deINGRES À NAPLES : POMPÉI, LES MURATJacob Linckh, Vevey,<strong>Musée</strong> des Beaux Arts.Pour Ingres - qui avait exécuté en 1808, pour <strong>le</strong>s Murat, <strong>le</strong> célèbretab<strong>le</strong>au aujourd’hui disparu de La Dormeuse de Nap<strong>le</strong>s - ces quelquesmois passés à Nap<strong>le</strong>s sont l’occasion d’accéder, de manièreprivilégiée, aux col<strong>le</strong>ctions d’<strong>antique</strong>s de la reine Caroline Murat*(sœur de Napoléon I er ). L’accès direct aux objets permet de comprendrecomment <strong>le</strong> peintre développe un rapport particulier à l’iconographiede la céramique. C’est probab<strong>le</strong>ment là que son goûtpour <strong>le</strong>s décors de vases se déclare p<strong>le</strong>inement.Ainsi se constitue un ensemb<strong>le</strong> de dessins précisément datés dece voyage (février à mai 1814) : 45 documents homogènes par latechnique et <strong>le</strong> support (croquis à main <strong>le</strong>vée de détails et d’attitudes).Graphite sur papier. Entre1815 et 1820, Ingres avaitrencontré Stackelberg àRome et s’était lié d’amitiéavec lui. Le baron arrivaitalors de l’expéditionqui l’associe à la découvertedes temp<strong>le</strong>sd’Apollon et de Jupiter àEgine et à Bassae*.Ingres, re<strong>le</strong>vé d’après un vasede la col<strong>le</strong>ction Murat. Ce dessin dufonds inédit figure une femme drapée,d’après <strong>le</strong> détail d’un cratère à volutesdu Peintre de Primato. Ingres apprécieparticulièrement la production de cetartisan et sa manière de restituer <strong>le</strong>volume des corps et du mouvement.© Photo guy Roumagnac


SECTION I ICAPTURER L’ANTIQUEL’OUVRAGE ARCHÉOLOGIQUE COMME SOURCE GRAPHIQUELes ouvrages présentés dans l’exposition témoignent de l’émergenced’une véritab<strong>le</strong> discipline céramographique pour laquel<strong>le</strong> Ingres montre ungran intérêt. Les publications servent en effet sa volonté d’identification etde compréhension concernant l’origine et <strong>le</strong> sens des scènes représentées.On retiendra en particulier deux ouvrages :Les Antiquités étrusques, grecques et romaines, tirées du cabinetde M. Hamilton, par d’Hancarvil<strong>le</strong>, paru en 1766-1767, est l’ouvrage <strong>le</strong> plusanciennement connu d’Ingres. Il reproduira seu<strong>le</strong>ment 4 dessins car <strong>le</strong>svases sont traités en une luxueuse polychromie éloignée de l’authenticitéde l’objet.La publication pour la seconde fois de la col<strong>le</strong>ction Hamilton, entre1791 et 1795, traduit l’évolution vers une reproduction fidè<strong>le</strong> des décors.Ingres ne col<strong>le</strong>cte pas moins de 171 calques et dessins d’après cette édition.L’édition des Peintures <strong>antique</strong>s inédites de vases grecs de 1813, parJames Millingen, inspire particulièrement Ingres puisqu’il en tire 80 calqueset dessins, réalisés entre 1835 et 1840, copiant quasiment toutes <strong>le</strong>s planches.Ingres. Combat d’Achil<strong>le</strong>* etMemnonMontauban, musée Ingres.Graphite, lavis d'encre surcalque . D'après l’ouvrage deMillingen de 1813 (cratère duPeintre d’Altamura ; Paris,musée du Louvre)La scène représente <strong>le</strong> combat d’Achil<strong>le</strong> (à gauche) contre© Photo Guy RoumagnacMemnon déjà à terre (à droite). Athéna* est au centre. Nikè (laVictoire) s’avance vers <strong>le</strong> héros grec pour <strong>le</strong> couronner d’unebande<strong>le</strong>tte.Ingres s’applique à dessiner <strong>le</strong> cratère du Peintre d’Altamurad’après une gravure de sa propre col<strong>le</strong>ction, tirée de l’ouvragede Millingen [en vitrine]. Souvent, c’est par <strong>le</strong> biais de la décalqueque <strong>le</strong> peintre constitue sa documentation archéologique ;il pallie ainsi l’impossibilité de dessiner certains vases d’aprèsnature.On remarque une annotation de la main d’Ingres, sous <strong>le</strong> personnagede Memnon : « costume des rois de Perse ». L’artisteest coutumier de ces précisions qu’il tire des ouvrages décalqués.El<strong>le</strong>s montrent sa volonté de comprendre la significationdes images qu’il accumu<strong>le</strong>.


SECTION I I CAPTURER L’ANTIQUEDÉCALQUES ET COLLAGES, UNE TECHNIQUE D’ARCHÉOLOGUEDurant son second séjour romain, Ingres dirige l’Académie de Franceà Rome de 1835 à 1841 et crée un cours d’archéologie destiné à laformation de l’élite des artistes français et enrichit la bibliothèque del’Académie d’ouvrages spécialisés. Il compose l’essentiel de sa documentationarchéologique à ce moment, soit 2000 calques et dessinsde vases, sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> des grands corpus iconographiques constituéspar <strong>le</strong>s archéologues. Ingres est aidé par ses élèves <strong>le</strong>s plus prochescomme <strong>le</strong>s frères Balze, Flandrin ou encore Char<strong>le</strong>s Gounod.Tous travail<strong>le</strong>nt d’après <strong>le</strong>s recueils archéologiques et s’appliquent à ladécalque. Les décors sont re<strong>le</strong>vés à plat sur une feuil<strong>le</strong> de calque,directement épinglée sur <strong>le</strong> livre, au graphite dans la plupart des cas,parfois à la plume ou rehaussés d’aquarel<strong>le</strong>. Les dessins sont annotésd’après <strong>le</strong>s publications ce qui souligne la volonté de comprendre <strong>le</strong>langage de l’image grecque.Une série particulièrement intéressante est constituée de calquesdirectement exécutés sur des vases circulant dans <strong>le</strong> commerceromain. La technique est alors adaptée à la forme des objets : <strong>le</strong>s calquessont découpés pour suivre <strong>le</strong>ur volume, de manière à contourner<strong>le</strong>s anses, pieds et embouchures, puis ils sont recollés pour mettre àplat <strong>le</strong> décor.Re<strong>le</strong>vés graphiques sur <strong>le</strong>thème de la mort d’Orphée.Ingres et son entourage.Montauban, musée Ingre.Graphite et lavis d’encre surcalque ; Rome, 1835-1840D'après un stamnos, Manièredu Peintre de Berlin (marchéromain, perdu), publié parCette masse documentaire est ensuite organisée par Ingres en planchessur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il col<strong>le</strong> plusieurs re<strong>le</strong>vés, selon une classificationthématique, esthétique, typologique ou aléatoire.Gerhard.D’après la publication desMonumenti, 1829.La planche contenant ce re<strong>le</strong>vé,œuvre d’Ingres et de ses collaborateurs,est consacrée au thèmede la mort d’Orphée*. Placé danssa partie supérieure, <strong>le</strong> dessin estcomposé de trois calques différents,soigneusement collés demanière à recréer la continuité dudécor d’un stamnos présentédans l’exposition. La ligne de sol,qui ondu<strong>le</strong>, permet de déterminer© Photo Guy Roumagnacque <strong>le</strong> re<strong>le</strong>vé a été effectué directementsur <strong>le</strong> vase. En son milieu, deux ova<strong>le</strong>s sont dessinés ; l’unporte la mention « manichi ». Il s’agit de la représentation de l’emplacementdes anses du stamnos.En-dessous de ce re<strong>le</strong>vé, à gauche, la mention « fond noir fig. cou<strong>le</strong>urjaune brique » marque l’attention d’Ingres pour toutes <strong>le</strong>s indicationsque peuvent lui fournir <strong>le</strong>s ouvrages décalqués, en l’occurrence<strong>le</strong>s Monumenti.


SECTION I I IMETAMORPHOSESFICHE CITATIONIngresFICHE OEUVREJupiter et ThétisCOMMENT INGRES TRANSPOSE-T-IL DANS SA PEINTURE LES SOUR-CES ARCHÉOLOGIQUES ET LITTÉRAIRES ?FICHE OEUVREOedipe et <strong>le</strong> SphinxFICHE TEXTEHOMÈREStrate première d’une réf<strong>le</strong>xion tournée vers la recherche de puissantsPLUTARQUEréférents esthétiques, la documentation archéologique vient nourrir,au même titre que la littérature des Anciens, <strong>le</strong>s grandes compositionset <strong>le</strong>s projets peints d’Ingres. Le face-à-face des tab<strong>le</strong>aux et de <strong>le</strong>urssources <strong>antique</strong>s révè<strong>le</strong> ce parcours créatif.Percevant <strong>le</strong>s peintres de vases comme <strong>le</strong>s héritiers de la grandepeinture grecque, art majeur dont <strong>le</strong> temps a effacé toute trace, Ingresy découvre une source graphique intarissab<strong>le</strong> et authentique qui vientjustifier sa démarche et ses choix.A l’image de Thétis, dans Jupiter* et Thétis*, distorsions anatomiqueset aplats caractéristiques des figures féminines d’Ingres sont l’échod’attitudes empruntées à la céramique figurée.© Photo Erich LessingŒDIPE* ET LE SPHINXL’histoire d’Œdipe, rapportée par Homère dans l’Odyssée*, est célèbrepour l’incestueux destin du personnage et l’issue tragique de sesépousail<strong>le</strong>s avec sa mère Jocaste. Ce n’est pourtant pas cet aspectdu récit qu’Ingres choisit de représenter, lui préférant l’éloge de lajoute intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> opposant l’homme au Sphinx. Vainqueur, Œdiperésout l’énigme posée par l’animal, délivrant ainsi <strong>le</strong>s Thébains d’unemalédiction frappée du sceau d’Héra. Ce monstre hybride arbore uneféminité appuyée pourtant éludée par <strong>le</strong> titre même du tab<strong>le</strong>au.Dépassant <strong>le</strong> répertoire iconographique qui associe la sphinge à unmotif décoratif, Ingres lui redonne ici toute sa dimension mythologique.Il dévoi<strong>le</strong> un attrait incontestab<strong>le</strong> pour la puissante féminité del’animal.Si la facture du tab<strong>le</strong>au reste dominéepar une restitution académiquedu corps d’Œdipe, dans la droiteligne des canons du Beau idéal, <strong>le</strong>choix de peindre une joute intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>reste pour <strong>le</strong> moins novateur.Datée de 1808, la compositionconstitue l’un des premiers envoisdepuis Rome. Mais l’enthousiasmedes juges d’Ingres n’est pas au rendez-vous.Jupiter* et Thétis*En 1806, Ingres envisage deréaliser une grande compositionsur <strong>le</strong> thème de Jupiter etThétis (Iliade*, Chant I).L’œuvre est achevée entre1810 et 1811. El<strong>le</strong> constitue sondernier envoi depuis l’Italie àdestination de l’Eco<strong>le</strong> desbeaux-arts. Exposé à Paris, <strong>le</strong>tab<strong>le</strong>au suscite d’acerbes critiques; David par<strong>le</strong> même defolie. Ingres souffre de cemanque de reconnaissancequi dure jusqu’à son premiergrand succès, Le Vœu deLouis XIII, en 1824.Le corps sinueux de la Néréidesurprend tant par la compositionque par <strong>le</strong>s déformationsanatomiques. Le tab<strong>le</strong>au estpourtant constitué de références<strong>antique</strong>s précises dont ladiversité contribue à cecurieux effet.© Photo Erich Lessing


SECTION I I IMETAMORPHOSESL’APOTHÉOSE D’HOMÈRE*L’Apothéose d’Homère est réalisée en 1827. Il s’agit d’une commandepour l’un des plafonds du musée Char<strong>le</strong>s X, au Louvre. L’œuvre yFICHE OEUVREL’Apothéose d’Homèredemeure visib<strong>le</strong> jusqu’à sa dépose en 1855.La composition énonce toute la généalogiedu classicisme ; quelques hommes politiquesgrecs, célèbres pour avoir soutenu <strong>le</strong>sartistes, y côtoient <strong>le</strong>s poètes, philosophes,peintres, sculpteurs ou musiciens qui ontmarqué l’histoire des arts depuis l’Antiquitéjusqu’au XVIII esièc<strong>le</strong>. Si <strong>le</strong>s personnagesdes époques modernes apparaissent dans© Photo Erich Lessing<strong>le</strong> registre inférieur, en dessous des figures<strong>antique</strong>s el<strong>le</strong>s-mêmes dominées parHomère, c’est pour souligner la suprématied’un modè<strong>le</strong> à suivre. Avec ce projet iconographique,c’est toute la philosophie personnel<strong>le</strong>d’Ingres, son positionnement en faveur des va<strong>le</strong>urs traditionnel<strong>le</strong>sde l’art, qui s’exprime.Ingres, Homère déifié, dit aussiL’Apothéose d’Homère, Paris,musée du Louvre. Hui<strong>le</strong> sur toi<strong>le</strong>.L’APOTHÉOSE DE NAPOLÉON IERMotif éminemment <strong>antique</strong>, l’apothéose évoque <strong>le</strong> destin exceptionnelde mortels accédant au rang des dieux, et plus largement <strong>le</strong>concept d’immortalité. Ce thème est présent dans la mythologiegrecque avant d’être réutilisé par <strong>le</strong>s empereurs romains, désireuxd’affirmer <strong>le</strong>ur culte. Une fois de plus c’est un décor de céramique,qui célèbre l’accession d’Héraclès à l’Olympe, qui inspire sa compositionà Ingres.Commandée officiel<strong>le</strong>ment à Ingres en 1853 pour <strong>le</strong> plafond du salonde l’empereur Napoléon III, à l’hôtel de vil<strong>le</strong> de Paris, l’œuvre disparaîtdans l’incendie de 1871. L’esquisse peinte que l’on conservereprésente un quadrige guidé par la Victoire et l’aig<strong>le</strong> triomphal ; ils’élève vers <strong>le</strong>s cieux, emportant la Renommée qui couronneNapoléon. La France en deuil suit l’empereur du regard, tandis queNémésis (la Vengeance) met en fuite l’Emeute et l’Anarchie. Le trônereste vacant, mais l’inscription « in nepote redivivus » désigne clairementNapoléon III comme digne successeur de son onc<strong>le</strong>.Cette allégorie démontre l’engagement d’Ingres au service de la propagandeimpéria<strong>le</strong>.Ingres, L’Apothéose deNapoléon I erParis, musée du Petit Palais.Hui<strong>le</strong> sur toi<strong>le</strong>.© Photo Photothèque des musées de la vil<strong>le</strong> de Paris Pierrain


SECTION I V L’INVISIBLE HERITAGECOMMENT INGRES PARVIENT-IL À GLISSER DE PLUS EN PLUSDISCRÈTEMENT DANS SA PEINTURE DES RÉFÉRENCESÀ L’ANTIQUITÉ ?Pour Ingres, l’<strong>antique</strong> c’est aussi, et peut-être avant tout, <strong>le</strong> nu.Principes fondateurs de la statuaire gréco-romaine, l’exaltation de la nudité etla relation entre vêtement et corps (<strong>le</strong> tissu révélant la chair) trouvent échodans <strong>le</strong>s œuvres du maître. Entre visib<strong>le</strong> et invisib<strong>le</strong>, <strong>le</strong> pli ou la transparencedu texti<strong>le</strong> se prêtent à de multip<strong>le</strong>s croquis.La citation de l’<strong>antique</strong> devient implicite, ténue bien que présente, dans <strong>le</strong>scompositions de la maturité : <strong>le</strong>s schémas demeurent mais sont assemblés,contournés, transformés par la main et l’œil experts. Alors <strong>le</strong>s sourcesd’Ingres se fondent dans l’atmosphère d’une Antiquité réinventée, prétexte àl’expression d’une sensibilité exacerbée.LA NAISSANCE DE LADERNIÈRE MUSECette composition associe Ingres àJacques-Ignace Hittorff, architecte célèbre,passionné d’archéologie. C’est en1854 que <strong>le</strong> prince Jérôme Napoléon luicommande la maquette d’un temp<strong>le</strong>dédié à Melpomène (Muse de la tragédie),hommage amoureux à la tragédienneRachel, égérie du prince. La maquette© RMNprend place dans la maison pompéienneque ce dernier fait édifier entre 1855 et 1858, à Paris, avenue Montaigne.Ingres, La Naissance dela dernière Muse. Paris,musée du Louvre,Le temp<strong>le</strong> de Melpomène est détruit vers 1871 dans des conditions inconnuesauxquel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au d’Ingres échappe. Afin de mieux comprendre <strong>le</strong>contexte de création de cette peinture, une restitution de la maquette est proposéeau public.département des artsgraphiques. Papiercollé en p<strong>le</strong>in sur cuivresigné et daté à laplume « Ingres 1856 »La peinture d’Ingres est située sous <strong>le</strong> portique arrière. La Naissance de ladernière Muse frappe par l’étrangeté d’une scène d’enfantement surnatureloù l’on voit <strong>le</strong>s Muses surgir adultes du giron de <strong>le</strong>ur mère, Mnémosyne.Érato (Muse de la poésie lyrique amoureuse), la dernière à naître, voit <strong>le</strong> joursous <strong>le</strong>s yeux de Melpomène, placée à l’extrême droite du tab<strong>le</strong>au, allusionaussi discrète que pertinente aux amours princières. L’ensemb<strong>le</strong>, scrupu<strong>le</strong>usementdocumenté dans ses sources, conduit au paradoxe d’une Antiquitétota<strong>le</strong>ment détournée et réinventée. En effet, c’est un véritab<strong>le</strong> collage defragments d’iconographie grecque et romaine que <strong>le</strong> maître organise (frised’un sarcophage romain ; figure de Zeus, empruntée à la peinture pompéienne ;Muses issues de re<strong>le</strong>vés de décors de céramiques).


SECTION I V L’INVISIBLE HERITAGESTRATONICE OU LA MALADIE D’ANTIOCHUSC’est sans doute ado<strong>le</strong>scent que <strong>le</strong> peintre découvre l’histoire deStratonice, grâce à l’opéra éponyme de Méhul. Cette comédie héroïqueest alors au répertoire de l’orchestre du Capito<strong>le</strong> de Toulouse, oùIngres joue de 1794 à 1797. Il en possède aussi la partition.FICHEOEUVREStratoniceEmblématique des intérêts d’Ingres, Stratonice ou La Maladied’Antiochus scande l’ensemb<strong>le</strong> de sa carrière. La plus ancienneFICHETEXTEPLUTARQUEesquisse conservée date de 1801 environ (musée de Boulogne-surmer); un dessin est effectué vers 1806 (Paris, musée du Louvre).Suivent 5 versions peintes qui toutes déclinent lamême composition, en 1825 (perdue), 1834(C<strong>le</strong>veland, Museum of Art), 1840 (Chantilly, muséeCondé), 1860 (Philadelphie, Museum of Art) et 1866(Montpellier, musée Fabre). Cette dernière offre la particularitéd’avoir été peinte d’après une photographieinversée de la Stratonice de 1840.© Photo Erich LessingIngres, Stratonice ou LaIngres, fasciné par l’expression tragique du sentiment amoureux quiconduit à la mort, s’attache à représenter l’instant crucial où Stratoniceentre dans la chambre du mourant : <strong>le</strong> médecin Erasistrate, la mainsur <strong>le</strong> cœur d’Antiochus, comprend alors la cause de la mystérieusemaladie du jeune homme. Sé<strong>le</strong>ucus, effondré au pied du lit, ne saitMaladie d’Antiochus.Montpellier, musée Fabre.Hui<strong>le</strong>, graphite, aquarel<strong>le</strong> surpapier collé en p<strong>le</strong>in sur toi<strong>le</strong>et verni.encore rien.L’ENLÈVEMENT D’EUROPE*Le thème du rapt amoureux, que l’on retrouve communémentdans la mythologie gréco-romaine, retientl’intérêt d’Ingres à de nombreuses reprises. Il effectueainsi plusieurs re<strong>le</strong>vés, d’après la céramique grecque,des enlèvement de Thétis* par Pélée et d’Orithye parBorée.L’aquarel<strong>le</strong> de l’Enlèvement d’Europe qu’il réalise en1865 en est l’aboutissement (Cambridge, Fogg ArtMuseum).Ingres, Enlèvement d’Europe© Photo Fogg Art MuseumCambridge, Massachusetts,Fogg Art MuseumAquarel<strong>le</strong>, gouache, graphitesur calque « J. Ingres E.it surun Trait de vase grec. 1865 »


SECTION I V L’INVISIBLE HERITAGELE BAIN TURCL’éloge de la sensualité du corps de la femme est p<strong>le</strong>inement avouélorsque Ingres peint Le Bain Turc.La capture d’une Antiquité devenue intuitive,spontanée, et naturel<strong>le</strong>ment restituées’affranchit des principes bienséantsde la classique odalisque ou de la communeVénus. Ingres trouve dans <strong>le</strong> principedu harem l’idée du gynécée et avanttout la clé de l’univers intime de lafemme.L’occasion de rêver <strong>le</strong> corps, de l’idéaliser,de l’aimer, de <strong>le</strong> dire, de <strong>le</strong> peindre.Dénuée de tout contexte historique,l’image s’attache à l’évocation des sens :brû<strong>le</strong>-parfum, encensoir, musique, metset caresses conduisent inévitab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>regard de corps en corps en un tournoiementininterrompu.© Photo Erich LessingÉbauchée en 1852, la composition n’est achevée qu’en 1859 etremaniée en 1863, au moment où Ingres choisit de lui donner laforme d’un cerc<strong>le</strong>, presque naturel<strong>le</strong>ment induit par la rondeur etl’opu<strong>le</strong>nce de la chair. Ce tondo, synthèse d’une quête esthétiquelibérée des contraintes académiques, rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> point, la pupil<strong>le</strong>, <strong>le</strong>fond d’une coupe, <strong>le</strong> cerc<strong>le</strong> des archétypes de l’Antiquité du comtede Paroy.Ingres. Le Bain Turc. Paris,musée du LouvreDon de la Société des Amisdu Louvre, avec <strong>le</strong> concoursde Maurice Fenail<strong>le</strong>, 1911Hui<strong>le</strong> sur bois, signé et daté« J. Ingres Pinxt MDCCCLXIIAetatis LXXXII » ; 1852-1859


PISTES D’EXPLOITATION PÉDAGOGIQUECOMPRENDRE LES ENJEUX ET OBJECTIFS DE LA REPRÉSENTATIONDÉCRIRECadrage et compositionNotion de point de vuePosition des personnagesLiens entre <strong>le</strong>s personnagesACTIVITÉJeu d’observation : changer de point de vue et décrire la scèneJeu théâtral : jouer <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au représentéActivités de description en relation avec <strong>le</strong> cédérom « Ingres et l’Antique »Activités transversa<strong>le</strong>s arts plastiques / français et littérature :description ora<strong>le</strong> et description écriteS’INITIER AU PROCESSUS CRÉATIF D’UN ARTISTEANALYSERAppréhender une chaîne opératoire, du re<strong>le</strong>vé graphique jusqu’à l’œuvre aboutieAppréhender <strong>le</strong>s conventions de la représentation (perspective, modelé …)ACTIVITÉProposer un atelier de re<strong>le</strong>vés sur calques qui permetaux élèves d’expérimenter cette démarche. Constitueret expérimenter une pa<strong>le</strong>tte d’outils et de techniques :fusain, sanguine, crayons, craie, …CONSTITUTION ET DIFFUSION D’UN SAVOIR : L’EXEMPLE DE LA CÉRAMIQUEGRECQUEComment un savoir scientifique se met en place au fil du temps ?Notion d’enquête épistémologique et de recherche documentaireLes supports d’information comme témoignages sur <strong>le</strong>s sociétés anciennesLa notion de patrimoine des bibliothèques, cel<strong>le</strong> de patrimoine muséalSensibilisation aux bases de données numériquesACTIVITÉRéférencer divers supports d’information : livre ancien, documentgraphique, objet archéologique, base de donnéesLE GOÛT DE L'ANTIQUECOMPRENDRELes grandes découvertes archéologiques des XVIII eet XIX e(Pompéi, Herculanum, Mycènes …)La naissance des muséesQuelques figures emblématiques : Napoléon I er , Vivant-Denon, DavidACTIVITÉConstituer un corpus de textes


PISTES D’EXPLOITATION PÉDAGOGIQUELA CULTURE LITTÉRAIRE D'INGRESCOMPRENDREHomère - extraits de l'Iliade et de l'Odyssée en relation avec <strong>le</strong>s œuvres d'IngresHésiode - extraits de la ThéogonieVirgi<strong>le</strong> - extraits de l'Enéide - extraits des MétamorphosesPlutarque - extraits des Vies des Hommes célèbresACTIVITÉConstituer un corpus de textes et de références à des œuvresLE GOÛT DU PATHÉTIQUEL'amour fatal : Médée, Stratonice, EuropeLa dou<strong>le</strong>ur des femmes face à la mort : Niobé, E<strong>le</strong>ctre, Thétis, OctavieThéâtralité des représentationsLA CONCEPTION DE L'AMOURUn héritage <strong>antique</strong> / <strong>le</strong>s tragiques grecs et latinsAutres conceptions de l'amour en littérature et en peintureAUTRES SOURCES, AUTRES THÈMES, AUTRES REPRÉSENTATIONSCOMPARERAutres artistes de la même époque : DavidSources littéraires : Plutarque, Sophoc<strong>le</strong>, HomèreAutres approches : Dante, Fénelon, Joyce, CocteauACTIVITÉIdentifier des thèmesComparer <strong>le</strong>s représentations d’un même thèmeLA POSTÉRITÉ D’INGRES CHEZ D’AUTRES PEINTRESMatisse, Picasso, …L'ANTIQUE REVISITÉ PAR D’AUTRES FORMES ARTISTIQUESCinéma, théâtre, littérature contemporaine, photographie, …PROLONGERLA PERMANENCE DE L'ANTIQUEL’EXPOSITIONLa trace de l'Antique dans notre quotidienLA CONSERVATION-RESTAURATION DU PATRIMOINELa présentation des œuvres dans l’exposition : éclairage, température, sécuritéRestaurer des objets : vases, papiersLe temp<strong>le</strong> de Melpomène : <strong>le</strong>s problèmes de la restitution et de l’interprétation


ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUESQUELQUES SOURCES D’INGRESR. GARGIULO, Raccolta de’ monumenti più interessanti del Museo Borbonico edi varie col<strong>le</strong>zioni private, pubblicata, Nap<strong>le</strong>s, 1825, 2 vol., in-4°, 200 pl.P.-F. d’HANCARVILLE, Antiquités étrusques, grecques et romaines, tirées ducabinet de M. Hamilton envoyé extraordinaire de sa majesté britannique en courde Nap<strong>le</strong>s, Nap<strong>le</strong>s, F. Morelli, 1766-67, 4 vol.A.-L. MILLIN, Monuments <strong>antique</strong>s inédits ou nouvel<strong>le</strong>ment expliqués. Col<strong>le</strong>ctionde statues, bas-reliefs, bustes, peintures, mosaïques, gravures, vases, inscriptionset instruments tirés des col<strong>le</strong>ctions nationa<strong>le</strong>s et particulières et accompagnésd’un texte explicatif, Paris, Laroche, 1802-06, 2 vol.J. MILLINGEN, Peintures <strong>antique</strong>s inédites de vases grecs tirées de diversescol<strong>le</strong>ctions, Rome, De Romanis, 1813.Monumenti inediti pubblicati d all’Istituto [«sic»] di Corrispondenza Archeologica,sous la direction d’E. Gerhard et T. Panofka, Rome-Paris, 1829-53, 1857-85, 12 t.O.-M. baron de STACKELBERG, Die Gräber der Hel<strong>le</strong>nen, Berlin, G. Reimer,1837.W. TISCHBEIN, Recueil de gravures d’après des vases <strong>antique</strong>s, la plupart d’unouvrage grec, trouvés dans des tombeaux au royaume des Deux-Sici<strong>le</strong>s, maisprincipa<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s environs de Nap<strong>le</strong>s, l’années 1789 et 1790, tirés ducabinet de M. <strong>le</strong> Chevalier Hamilton, avec des observations sur chacun desvases par l’auteur de cette col<strong>le</strong>ction, publié d’après M. Tischbein…, Nap<strong>le</strong>s, W.Tischbein, 1791-95, 5 t., t. 5 non publié.W. TISCHBEIN, Pitture de Vasi antichi posseduti da sua Ecel<strong>le</strong>nza il Sig. Cav.Hamilton, 2ème éd., Florence, La Società Calcografica, 1800-03, 4 t.


ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUESPOUR APPROFONDIRC. BAUDELAIRE, Curiosités esthétiques : l’art rom<strong>antique</strong>, Paris, 1986.Bul<strong>le</strong>tin du musée Ingres, Montauban, Les amis du musée Ingres, 1956-2005, 63 n°, n°1 à77.J.-P. CUZIN, J.-R. GABORIT, A. PASQUIER (éd.), D’après l’<strong>antique</strong>, Paris, musée duLouvre, oct. 2000-janv. 2001, Paris, 2000.M. DENOYELLE, Chefs-d’œuvre de la céramique grecque dans <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctions du Louvre,Paris, 1994.Les Etrusques et l’Europe, Paris, Ga<strong>le</strong>ries nationa<strong>le</strong>s du Grand Palais, 15 sept.-14 déc.1992, Berlin, Altes Museum, 25 fév.-31 mai 1993, Paris, 1992.E. GRAN-AYMERICH, Naissance de l’archéologie moderne 1798-1945, Paris, 1998.P. GRIMAL, Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine, Paris, 1994 (12 ème éd.).S. GUEGAN, Ingres érotique, Paris, 2006.F. HASKELL et N. PENNY, Pour l’amour de l’<strong>antique</strong> : la statuaire gréco-romaine et <strong>le</strong> goûteuropéen (1500-1900), traduit de l’anglais par F. Lissarrague, 2 ème éd., Paris, 1988(Bibliothèque d’archéologie).Chr. LANDES et A.-F. LAURENS (éd.), Les vases à mémoire : <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctions de céramiquesgrecques dans <strong>le</strong> midi de la France, Lattes, musée archéologique, Lattes, 1988 (Imago).A.-F. LAURENS et K. POMIAN (éd.), L’Anticomanie : la col<strong>le</strong>ction d’antiquités aux 18 e et 19 esièc<strong>le</strong>s, Actes du colloque Montpellier-Lattes, juin 1988, Paris, EHESS, 1992 (Civilisations etSociétés 86).Ph. MALGOUYRES et J.-L. MARTINEZ, Beau comme l’Antique, Paris, 2000 (Promenadesn°6).J.-L. MARTINEZ, Les Antiques du Louvre. Une histoire du goût d’Henri IV à Napoléon Ier,Paris, 2004.Papiers d’Ingres, Montauban, musée Ingres, 1989-2001, n° 0 à 23.P. PICARD-CAJAN (dir.), Ingres & l’Antique : l’illusion grecque, Montauban, musée Ingres,juin-septembre 2006, Ar<strong>le</strong>s, musée de l’Ar<strong>le</strong>s et de la Provence <strong>antique</strong>s, octobre-décembre2006, Ar<strong>le</strong>s, 2006.V. POMAREDE, S. GUEGAN, L.-A. PRAT et E. BERTIN (éd.), Ingres 1780-1867, Paris,musée du Louvre, 24 fév.- 15 mai 2006, Paris, 2006.P. ROUILLARD et A. VERBANCK-PIERARD (éd.), Le vase grec et ses destins, Mariemont,musée royal, mai-sept. 2003, Avignon, musée Calvet, mars-juin 2004, Munich, 2003.G. VIGNE, Dessins d’Ingres : catalogue raisonné des dessins du musée de Montauban,Paris, 1995.G. VIGNE, Ingres, Paris, 1995.


LEXIQUEACCADÉMIE DE FRANCE À ROME ET PRIX DE ROMEChaque année de 1666 à 1968, à l’issue d’un concours public, <strong>le</strong> Prix était remis au meil<strong>le</strong>ur élémentd’une discipline artistique (peinture, sculpture…). Ce sésame pour l’Académie française deRome permettait au gagnant de séjourner, étudier et se perfectionner à la villa Médicis.ACHILLEFils de la Néréide Thétis et du mortel Pélée, Achil<strong>le</strong> accomplit à Troie de nombreuses exploits,rapportés par Homère dans l’IliadeAGAMEMNONFils d’Erope et d’Atrée, frère de Ménélas, époux de Clytemnestre, il fut <strong>le</strong> chef des Grecs durantla guerre de Troie. Contraint par un orac<strong>le</strong> divin de sacrifier sa fil<strong>le</strong>, Iphigénie, pour battre <strong>le</strong>sTroyens, il fut tué par sa femme à son retour à Argos.BASSAESite grec où est édifié un temp<strong>le</strong> dédié à Apollon qui aurait été réalisé par l’architecte Ictinos, àqui l’on doit éga<strong>le</strong>ment la structure du Parthénon.CAROLINE MURAT (1782-1839)Sœur de Napoléon I er , épouse de Joachim Murat, el<strong>le</strong> fut reine de Nap<strong>le</strong>s de 1808 à 1814 et utilisason rang pour développer <strong>le</strong>s fouil<strong>le</strong>s pompéiennes et encourager <strong>le</strong>s artistes.JACQUES-LOUIS DAVID (1748-1825)peintre français considéré comme <strong>le</strong> chef de fi<strong>le</strong> du mouvement néoclassique, il remporta <strong>le</strong> prixde Rome en 1774 puis devint vite un peintre d’Histoire célèbre et protégé par Napoléon I er .Professeur à l’Eco<strong>le</strong> des beaux-arts de Paris, il eut de nombreux élèves parmi <strong>le</strong>squels Ingres..EUROPEEurope fut aimée de Zeus qui, pour l’approcher, se transforma en taureau blanc. Amadouée, label<strong>le</strong> s’assoit sur <strong>le</strong> dos de l’animal divin qui l’emporte par delà <strong>le</strong>s flots jusqu’en Crète pour s’unirsecrètement à el<strong>le</strong>. De <strong>le</strong>urs amours, naquirent trois fils qui devinrent <strong>le</strong>s trois juges des Enfers.EROSPersonnification divinisée de l’amour, Eros est souvent représenté sous <strong>le</strong>s traits d’un pouponailé. Il apparaît régulièrement comme <strong>le</strong> fils d’Aphrodite/Vénus même si de nombreux récits évoquentsa naissance. Sa compagne, figurée depuis la période romaine comme une fil<strong>le</strong>tte avecdes ai<strong>le</strong>s de papillon, est Psyché.GROUPE DES NOBIDESCe groupe en marbre du mont Pentélique, conservé depuis <strong>le</strong> milieu du XVIIIe sièc<strong>le</strong> à Florence(Offices), fut découvert à Rome sur l’Esquilin, à proximité de la porte de St Jean de Latran, en1583. Exceptionnel par <strong>le</strong> nombre de fragments préservés, il fut interprété comme un décor tympana<strong>le</strong>t rapproché d’une mention littéraire de Pline l’Ancien qui l’attribuait à Scopas ou Praxitè<strong>le</strong>,deux sculpteurs grecs du IVe sièc<strong>le</strong> av. J.-C.GYPSOTHÈQUELieu dans <strong>le</strong>quel sont rassemblés des moulages de plâtres.JUPITER / ZEUSEtroitement lié aux manifestations cé<strong>le</strong>stes (pluie, éclair), <strong>le</strong> dieu suprême du panthéon desAnciens règne sur <strong>le</strong>s dieux, <strong>le</strong>s hommes et <strong>le</strong>s cieux : son animal emblématique, l’aig<strong>le</strong>, et sonattribut, <strong>le</strong> foudre, font référence à son pouvoir. En tant que garant de l’ordre, de la justice et dupouvoir régalien, il est souvent représenté trônant ou combattant <strong>le</strong>s Géants qui voulurent s’emparerde l’Olympe.


LEXIQUEHOMÈREHomère est un mystère ancien : son existence même semb<strong>le</strong> légendaire et remonterait au IX e ouau VIII e sièc<strong>le</strong> av. J.-C. La tradition l’a représenté sous <strong>le</strong>s traits d’un vieillard aveug<strong>le</strong> en référenceà son nom – Homère signifie cécité dans un dia<strong>le</strong>cte grec – et aux poèmes épiques qu’ilaurait composé : l’Iliade et l’Odyssée. Toutefois, nul<strong>le</strong> description authentique de sa vie, ni mêmede ses traits n’existe : <strong>le</strong>s portraits du poète constituent de pures recréations, imaginées à partirde l’idée que l’on se faisait du « père de la poésie ».ILIADELe poème rapporte un épisode précis de la guerre menée par <strong>le</strong>s Grecs contre <strong>le</strong>s Troyens : lacolère d’Achil<strong>le</strong> contre Agamemnon, chef des Grecs, <strong>le</strong> retour du héros et la mort du princetroyen, Hector. Les apartés entre divinités, <strong>le</strong>s descriptions des armes et des caractères peup<strong>le</strong>nt<strong>le</strong> récit et ont fourni, dès la plus haute antiquité, de nombreux thèmes aux artistes.NIOBÉMère de nombreux enfants, cette mortel<strong>le</strong> eut l’impudence de se moquer de la déesse Létô quiavait seu<strong>le</strong>ment engendré Apollon et Artémis. Pour la venger, ces derniers massacrèrent presquetous <strong>le</strong>s Niobides ; <strong>le</strong> chagrin transforma Niobé en statue de pierre.ODYSSÉELes vers narrent <strong>le</strong> diffici<strong>le</strong> retour d’Ulysse vers son foyer, à Ithaque. Après la chute de Troie,l’homme aux mil<strong>le</strong> ruses a commis un acte impie en omettant de sacrifier à Poséidon une part deson butin ; <strong>le</strong> dieu des Océans se révè<strong>le</strong> sans pitié en envoyant sa nef auprès de peup<strong>le</strong>s monstrueuxqui déciment son équipage : <strong>le</strong>s Cyclopes, <strong>le</strong>s sirènes, <strong>le</strong>s Lestrygons, Scylla... Naufragé,seul, Ulysse rejoint son î<strong>le</strong> au bout de dix ans avec l’appui d’Athéna. Aidé de Télémaque, son fils,il punit ceux qui convoitaient son trône et son épouse, Pénélope.ŒDIPEFils des souverains thébains, Jocaste et Ménoecée, Œdipe fut abandonné suite à une prédictionaffirmant qu’il tuerait son père et épouserait sa mère.Recueilli et é<strong>le</strong>vé dans l’ignorance de ses origines, Œdipe accomplit son destin tragique enanéantissant <strong>le</strong> sphinx : ce monstre féminin, fléau au corps félin muni d’ai<strong>le</strong>s, dévorait tout voyageurcheminant vers Thèbes qui ne parvenait pas à résoudre son énigme. Sur la route qui <strong>le</strong>mène à l’antre de la bête, une querel<strong>le</strong> avec un groupe de voyageurs aboutit au meurtre deMénoecée ; et en libérant Thèbes du sphinx, Œdipe obtient <strong>le</strong> trône, alors vacant, et doit épouserla reine Jocaste, qui lui donne deux fils et deux fil<strong>le</strong>s.Des années plus tard, à la révélation du parricide et de l’inceste, Œdipe se crève <strong>le</strong>s yeux, quittetout et devient un vagabond.ORPHÉEfils du roi de Thrace Oeagre et de la muse Calliope, il était capab<strong>le</strong> de charmer <strong>le</strong>s hommes et<strong>le</strong>s animaux à l’aide de sa lyre, don d’Apollon. Sa légende est attachée à deux épisodes particuliers: sa descente inuti<strong>le</strong> aux Enfers desquels il ne put ramener sa défunte épouse, Eurydice, etsa mort tragique, puisqu’il fut dépecé par <strong>le</strong>s ménades du cortège dionysiaque.PEINTURE D’HISTOIRELe « Grand genre » de la peinture se nourrissait strictement de sujets religieux, historiques,mythologiques ou empruntés à la littérature des Anciens. Seuls <strong>le</strong>s peintres d’Histoire accédaientaux hautes fonctions artistiques tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong> directorat des Académies.THÉTISUn orac<strong>le</strong> avait prédit que Thétis, divinité marine puisque fil<strong>le</strong> de Nérée, aurait un fils plus puissantque son père ; Poséidon/Neptune et Zeus/Jupiter, qui la convoitaient, jugèrent plus prudentde la marier à un mortel, Pélée. De cette union, naquit Achil<strong>le</strong> : Thétis tenta en vain d’infléchirson destin à Troie mais, malgré <strong>le</strong>s supplications de la néréide, Zeus/Jupiter ne donna jamaisl’immortalité au héros.

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