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Les ressources Gestion de l'eau en Tunisie - INBO

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Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s eaux dans les villes <strong>en</strong> <strong>Tunisie</strong> Septembre 2009<strong>Les</strong> <strong>ressources</strong>Le climat <strong>de</strong> la <strong>Tunisie</strong> est un climat méditerrané<strong>en</strong>. On peut distinguer 3 grands <strong>en</strong>sembles d’étagesclimatiques :‐au Nord, une zone « humi<strong>de</strong> » (400 à 600 mm/an) qui alim<strong>en</strong>te le vaste réseau hydrographique <strong>de</strong> laMedjerda.‐au c<strong>en</strong>tre, <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la « dorsale », les précipitations s’échelonn<strong>en</strong>t <strong>de</strong> 250 à 400mm : c’est le débutd’un climat semi‐ari<strong>de</strong>, propice à une végétation semi‐steppique.‐au sud, une zone ari<strong>de</strong> (moins <strong>de</strong> 250mm/an voire moins <strong>de</strong> 150 mm au sud <strong>de</strong> Douz) dont les « chotts » et lesdunes représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le paysage dominant.A cette distribution, il faut ajouter la forte irrégularité inter et intra‐annuelle (moins <strong>de</strong> 30 jours <strong>de</strong> pluie /an ausud) et les risques posées par les crues (printemps et automne, et pas seulem<strong>en</strong>t au nord).Le pays dispose d’<strong>en</strong>viron 4,6 milliards <strong>de</strong> m3 d’eau mobilisable : 60 % coule <strong>en</strong> surface, 40% sontsouterraines mais 80% <strong>de</strong>s <strong>ressources</strong> <strong>en</strong> eau sont situées dans le nord du pays tandis que 70% <strong>de</strong>s eauxsouterraines sont au sud. Chaque tunisi<strong>en</strong> dispose donc théoriquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> 450m3/an soit un seuil <strong>en</strong> <strong>de</strong>ssousdu « stress hydrique », fixé communém<strong>en</strong>t à 500m3/an/hab.Le pays est aussi doté <strong>de</strong> nappes phréatiques au nord et d’un énorme pot<strong>en</strong>tiel constitué par lesnappes d’eau fossiles (aquifère) au sud. On fera remarquer que la salinité est plus élevé (1,5g <strong>de</strong> sel/litre) aunord.<strong>Gestion</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>en</strong> <strong>Tunisie</strong>La <strong>Tunisie</strong> est équipée <strong>de</strong> 29 barrages classiques, 221 autres barrages et 741 lacs <strong>de</strong> montagne, <strong>de</strong> 5200 forages profonds et 130 000 forages <strong>de</strong> surface <strong>en</strong> 2004.Face aux risques <strong>de</strong> pénuries ou <strong>de</strong> surexploitation, le gouvernem<strong>en</strong>t tunisi<strong>en</strong> s’est donc efforcé <strong>de</strong>puisles années 1980 d’augm<strong>en</strong>ter le pot<strong>en</strong>tiel par différ<strong>en</strong>tes mesures et aménagem<strong>en</strong>ts :‐la tarification <strong>de</strong> l’eau qui a permis <strong>de</strong> réduire un les gaspillages et <strong>de</strong> financer le traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s eaux uséesqui couvr<strong>en</strong>t 25% <strong>de</strong>s besoins <strong>en</strong>viron ; le prix <strong>de</strong> <strong>l'eau</strong> <strong>de</strong>stinée à l’agriculture a doublé <strong>en</strong>tre 1989 et 1996, etles taxes pesant sur l’eau touristique sont souv<strong>en</strong>t doubles (voire 4 fois plus élevées) que celles pesant sur lespaysans.‐investissem<strong>en</strong>t dans les usines <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssalem<strong>en</strong>t avec osmose inverse (îles Kerk<strong>en</strong>nah, Zarzis ou Gabès par ex)mais dont le coût reste <strong>en</strong>core prohibitif (1$ le m 3 <strong>en</strong>viron) et qui couvr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron 4% <strong>de</strong>s besoins.1


Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s eaux dans les villes <strong>en</strong> <strong>Tunisie</strong> Septembre 2009‐aménagem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> lacs collinaires qui permett<strong>en</strong>t la rét<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>s eaux « vertes » à <strong>de</strong>s fins d’irrigation etd’alim<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s villes <strong>en</strong> forte croissance démographique. Ces lacs sont les plus nombreux dans la « dorsaletunisi<strong>en</strong>ne ».‐le forage dans les nappes fossiles dont l’aquifère du Sahara sept<strong>en</strong>trional, (taux d’exploitation dépassantsouv<strong>en</strong>t 80%), canaux <strong>de</strong> dérivation‐aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> terrasses <strong>de</strong> cultures afin <strong>de</strong> limiter les écoulem<strong>en</strong>ts ou <strong>de</strong> talwegs.Usages <strong>de</strong> l’eau dans le sud tunisi<strong>en</strong> : Mé<strong>de</strong>nine et KairouanLe dossier permet une étu<strong>de</strong> à plusieurs échelles <strong>de</strong> la question et <strong>de</strong> montrer que l’eau est désormaisun facteur majeur d’organisation <strong>de</strong> l’espace <strong>en</strong>tre l’ouest relativem<strong>en</strong>t pourvu et l’est aux besoins croissants.Etudier les <strong>ressources</strong> ne peut se faire qu’<strong>en</strong> mettant <strong>en</strong> relation la consommation d’eau et l’évolutiondémographique et socio‐économique (sé<strong>de</strong>ntarisation <strong>de</strong>s populations semi‐noma<strong>de</strong>s au sud, urbanisation,explosion <strong>de</strong> l’irrigation, équipem<strong>en</strong>t sanitaire croissant <strong>de</strong>s foyers, pratiques <strong>de</strong>s loisirs aquatiques,embellissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s villes (jardins, fontaines, etc.). La consommation d’eau progresse <strong>de</strong> 2,5% par an <strong>en</strong>viron.L’agriculture tunisi<strong>en</strong>ne est la plus grosse consommatrice d’eau (80% du pot<strong>en</strong>tiel <strong>en</strong>viron) : 20%assure donc les besoins domestiques et industriels, ou touristiques. 85,3% <strong>de</strong>s foyers tunisi<strong>en</strong>s sont raccordésau réseau public géré ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t par l’ONAS et la SONEDE. Le taux d'approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eaupotable <strong>en</strong> milieu rural tunisi<strong>en</strong> s'est élevé à 83% <strong>en</strong> 2002 contre 33% <strong>en</strong> 1988 ; il y a donc progressiondans l’accès à l’eau. Le croquis à réaliser à partir du site <strong>de</strong> l’ONAS n’indique <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> un niveau d’accèsà l’eau ; seulem<strong>en</strong>t un accès à l’eau délivré par l’ONAS. Il semble qu’au sud, la SONEDE soit plusimplantée. Toutefois la carte r<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> compte <strong>de</strong>s inégalités spatiales ; les régions les mieuxéquipées se situant dans et aux abords <strong>de</strong> la dorsale.Nous pouvons aussi opposer la consommation urbaine (plus <strong>de</strong> 110 litres/an/hab) et rurale (50l/an/hab). Untunisi<strong>en</strong> dispose d’<strong>en</strong>viron 450m 3 /an contre 10 fois plus pour un français.La carte du réseau <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>nine nous appr<strong>en</strong>d ainsi que 53,5 % <strong>de</strong>s 101 forages <strong>en</strong>exploitation sont <strong>de</strong>stinés aux usages non agricoles et que les nappes profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ce gouvernorat <strong>en</strong> 2002sont d’abord à usage urbain (72,9 %) puis agricoles (17,4 %) et <strong>en</strong>fin touristique (9,3 %). <strong>Les</strong> transferts d’eau<strong>de</strong>puis les <strong>de</strong>puis les nappe <strong>de</strong> Zeuss‐Koutine (au Sud <strong>de</strong> Mareth) et celle <strong>de</strong>s Grès du Trias (à l'Ouest <strong>de</strong>Mé<strong>de</strong>nine) <strong>de</strong>sserv<strong>en</strong>t les stations <strong>de</strong> Zarzis et Jerba. Cette carte rejoint celle <strong>de</strong>s transferts est‐ouest quiconcerne le sud.L’essor urbain et touristique <strong>de</strong> la Jaffara remet <strong>en</strong> cause la gestion tribale <strong>de</strong> l’eau et l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> <strong>de</strong>s« jessour » (bassins qui capt<strong>en</strong>t les eaux <strong>de</strong> ruissellem<strong>en</strong>t. La question <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale, qui a <strong>de</strong>s dim<strong>en</strong>sionspolitiques aussi, peut être posée et mise <strong>en</strong> relation avec la désertification.2


Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s eaux dans les villes <strong>en</strong> <strong>Tunisie</strong> Septembre 2009Depuis les crues <strong>de</strong> 1969, la <strong>Tunisie</strong> s’est donnée comme priorité l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s oueds. La nappe<strong>de</strong> Kairouan recueille l’eau <strong>de</strong> trois bassins versant dont celui du Zeroud permettant ainsi d’irriguer plus <strong>de</strong>5000 ha. Toutefois, les pertes par évaporation et fuites peuv<strong>en</strong>t atteindre 25% du volume selon les années.Un barrage, dont la ret<strong>en</strong>ue (9000 ha, 200 millions <strong>de</strong> m3)) est alim<strong>en</strong>tée par <strong>de</strong>ux oueds (l'Oued ElHateb et l'Oued El Hadjed ) a été ainsi aménagé et ouvert <strong>en</strong> 1982 sur l’Oued Zeroud très <strong>en</strong> amont <strong>de</strong> la ville.L’eau est ainsi stockée au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s crues, évitant <strong>de</strong>s inondations à Kairouan et servant <strong>de</strong> recharge auxpérimètres irrigués. Le problème est que les prélèvem<strong>en</strong>ts sont supérieurs à la recharge. Une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>puits privés diminue les apports et l’évaporation très forte à cette latitu<strong>de</strong> occasionne <strong>de</strong>s pertes importantes.De plus l’infiltration <strong>de</strong> l’eau <strong>en</strong> profon<strong>de</strong>ur permet un écoulem<strong>en</strong>t dans les nombreux « sebkha ».L’eau n’atteint ainsi pas le rivage <strong>de</strong> la mer, faisant <strong>de</strong> Kairouan un bassin ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>doréique tandisque la salinisation augm<strong>en</strong>te plus on se dirige vers l’aval et plus on est <strong>en</strong> surface, c'est‐à‐dire à la profon<strong>de</strong>ur laplus usée par l’agriculture.La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante <strong>de</strong>s foyers urbains et <strong>de</strong> l’agriculture irriguée accroit les problèmes <strong>de</strong> partage,<strong>de</strong> distribution. Au sein du bassin méditerrané<strong>en</strong> la situation est moy<strong>en</strong>ne et doit être mise <strong>en</strong> perspective avecles autres pays <strong>de</strong> la région. Aux côtés <strong>de</strong> la Libye dont les projets pharaoniques <strong>de</strong> « mer intérieure » ne seréalis<strong>en</strong>t que grâce à la r<strong>en</strong>te pétrolière, et la situation algéri<strong>en</strong>ne, où les pertes sur réseau, l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>politique réelle <strong>de</strong> l’eau r<strong>en</strong><strong>de</strong>nt les risques <strong>de</strong> pénuries accrus et les coupures d’eau fréqu<strong>en</strong>tes l’été, le payst<strong>en</strong>te, tant bi<strong>en</strong> que mal <strong>de</strong> trouver un arbitrage <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts usagers. Mais il semble que la géographie<strong>de</strong> l’eau <strong>en</strong> <strong>Tunisie</strong> ait changé. <strong>Les</strong> transferts d’eau, les aménagem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong>s villes et stationsbalnéaires risqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core d’accroître les t<strong>en</strong>sions à un mom<strong>en</strong>t où la question du réchauffem<strong>en</strong>t climatiqueobsè<strong>de</strong> les déci<strong>de</strong>urs.Hela Kochbati(<strong>Tunisie</strong>)3

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