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PEtIt PRéAMBULE<br />
L’avalanche est sans doute l’un des<br />
phénomènes <strong>le</strong>s plus redoutés en<br />
montagne. Même si aujourd’hui <strong>le</strong> génie<br />
paravalanche, associé aux bul<strong>le</strong>tins de<br />
prévision, permet de se prémunir<br />
raisonnab<strong>le</strong>ment de ce fléau, il n’en<br />
demeure pas moins présent pour tous <strong>le</strong>s<br />
amateurs de montagne « sauvage », en<br />
dehors des zones sécurisées.<br />
Etymologiquement, avalanche est l’association<br />
de val (vallée) et de anci (eau).<br />
Le terme désigne donc sans distinction<br />
l’écou<strong>le</strong>ment des matériaux de surface<br />
vers <strong>le</strong> fond de la vallée. Il s’agit ainsi d’un<br />
terme très générique, et de ce fait il existe<br />
de nombreux types différents d’avalanches :<br />
avalanches accidentel<strong>le</strong>s ou naturel<strong>le</strong>s ;<br />
avalanches de plaque, ou de fond ; avalanches<br />
en aérosol ou coulantes ; avalanches<br />
de versant ou de couloirs…<br />
Bref, <strong>le</strong> phénomène est comp<strong>le</strong>xe, et<br />
l’intention de ce petit dossier est de donner<br />
quelques points de repères pour <strong>le</strong>s<br />
randonneurs hivernaux, désireux de savoir<br />
sur quoi ils posent <strong>le</strong>urs spatu<strong>le</strong>s ou <strong>le</strong>urs<br />
raquettes !…<br />
4<br />
Dossier thématique<br />
LE MANtEAU NEIgEUx,<br />
COMME UN MILLE-fEUILLE<br />
On se souvient (St-Pierre Info n° 113) que <strong>le</strong><br />
manteau neigeux constitue en quelque<br />
Les avalanches,<br />
si loin, si proches ...<br />
La neige se fait attendre, en ce début d’hiver. Coquetterie climatique, qui n’a que<br />
faire des modè<strong>le</strong>s et des prévisions. Les températures oscil<strong>le</strong>nt autour d’une<br />
norma<strong>le</strong> virtuel<strong>le</strong>, comme pour mieux s’en écarter. Le manteau peine à se<br />
constituer sur un sol encore insuffisamment gelé. On a coutume de dire que<br />
<strong>le</strong>s hivers peu enneigés sont peu propices aux avalanches. Et pourtant, nombre<br />
d’avalanches se produisent en tout début d’hiver… Un phénomène terrib<strong>le</strong>ment<br />
comp<strong>le</strong>xe, qui germe au cœur du manteau. Visite guidée.<br />
n° 122 • Décembre 2010<br />
sorte la mémoire de l’hiver. C’est vrai, bien<br />
sûr, en altitude, là où <strong>le</strong>s températures<br />
sont suffisamment basses pour assurer<br />
au manteau une certaine longévité (de<br />
décembre à début mai). Le manteau se<br />
présente alors comme un assemblage de<br />
couches, à peu près homogènes, empilées<br />
<strong>le</strong>s unes sur <strong>le</strong>s autres.<br />
Chaque couche correspond à un épisode<br />
météorologique. Par exemp<strong>le</strong>, on peut<br />
trouver des couches de grains fins (1 mm<br />
de diamètre), rappelant d’anciennes<br />
chutes de neige continues. Au dessus, une<br />
couche de faib<strong>le</strong> épaisseur, peu dense,<br />
constituée de grains angu<strong>le</strong>ux, facettés<br />
ou parfois de forme conique creuse (<strong>le</strong>s<br />
fameux gobe<strong>le</strong>ts). Cette couche est la<br />
signature d’une période de grand froid<br />
anticyclonique, durab<strong>le</strong>. Parfois en haut du<br />
manteau, on trouvera une couche de<br />
grains ronds, de tail<strong>le</strong> variab<strong>le</strong> (jusqu’à<br />
5 mm de diamètre). C’est la neige typique<br />
de printemps (mais qu’on rencontre<br />
maintenant dès février…), qui résulte<br />
d’une succession de cyc<strong>le</strong>s gel/dégel, liés<br />
à la fois au fort réchauffement diurne (avec<br />
humidification importante par fonte), et<br />
au refroidissement nocturne (toujours plus<br />
vif pas ciel dégagé).<br />
Bref, une sorte de mil<strong>le</strong>-feuil<strong>le</strong> ! En principe,<br />
la neige est plus dense au fond, par<br />
phénomène de tassement. C’est vrai<br />
surtout vers la fin de l’hiver. Plus tôt en<br />
■ François Nicot<br />
Fig 3 - Les crêtes et <strong>le</strong>s sommets fument, signe d'une<br />
intense activité éolienne, architecte de plaques,<br />
corniches et zastrugis aux abords du Grand Rocher.<br />
saison, des anomalies peuvent se produire :<br />
ce sont par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s couches de<br />
gobe<strong>le</strong>ts, ou <strong>le</strong>s croûtes de regel, enfouis<br />
dans <strong>le</strong> manteau. De véritab<strong>le</strong>s pièges à<br />
retardement. Mais avant d’al<strong>le</strong>r plus loin,<br />
faisons un tout petit rappel de mécanique<br />
élémentaire pour comprendre pourquoi<br />
une avalanche peut se produire<br />
P : Poids de la boîte<br />
P pente : Partie du poids agissant parallè<strong>le</strong>ment à la pente ;<br />
c’est el<strong>le</strong> qui tend à faire glisser la boîte.<br />
Fig 1 - L’effet du poids, comme facteur de glissement<br />
vers l’aval.<br />
SOUS L’EMPRISE DE<br />
SON PROPRE POIDS<br />
Prenons un exemp<strong>le</strong> simp<strong>le</strong> : celui d’une<br />
boite posée sur une planche que l’on<br />
incline peu à peu ; au-delà d’une certaine<br />
inclinaison, la boite glisse. Pourquoi ?<br />
Parce que <strong>le</strong>s frottements entre la boîte et<br />
la planche ne sont pas suffisants pour