DemarkationslinieLa ferme des Forêts, à Bouëx en<strong>Charente</strong>, devient un lieu privilégiéde <strong>fr</strong>anchissement, grâce à la familleDuruisseaud.Le fils aîné, Edmond, accompagnéd’un camarade, guide les clandestinsà travers les bois pour les conduire enzone libre, en évitant les patrouillesallemandes. Il les confie, à Jard, à sononcle, maire de Vouzan.A Civray, quatre jeunes, élèves àl’école de la marine marchande dePaimpol s’adressent au maire pouressayer de traverser la ligne . Ce dernierles conduit auprès d’Henri Savignat,blessé de guerre 14-18, qui les confie àEugène Patrier, domicilié à Montedont,partie occupée de la commune deMauprévoir. Avec son fils, celui-cileur fait passer la ligne à traverschamps et bois. Les futurs marinspeuvent alors gagner Marseille puisAlger.Le rôle de passeur n’est pas sansrisque.A Chatain, commune du sud Viennelimitrophe de la ligne de démarcation,l’abbé Paul Guillon, prêtre de laparoisse, fait passer en zone libre desprisonniers de guerre puis des évadés,des Juifs, des poursuivis…Il est arrêté le 7 mars 1941,emprisonné et déporté en Allemagne.Il est libéré fin avril 1945.Robert Bienvenu 16 , coiffeur dansla rue de la Tranchée à Poitiers,ancien poilu 14-18, est dénoncéet blessé le 8 septembre 1940alors qu’il tente, avec son épouse, defaire passer la ligne à des Espagnols.Transporté à l’église de Tercé, il ymeurt.Le capitaine de gendarmerie etl’Officier de l’Etat-Major ont retrouvé20les papiers de M. Bienvenu enfouis àl’endroit où il est tombé après avoir étéblessé .Dans les effets trouvés, les autoritésont recensé, en plus de l’argent<strong>fr</strong>ançais, des pesetas et 7 lettres écritesen espagnol, confirmant ainsi son rôlede passeur.Une plaque a été apposée sur lesmurs de l’église de Tercé pour rendrehommage à Robert Bienvenu.Son dénonciateur fut condamnéaprès la libération à 15 ans de prison età la confiscation de ses biens.Robert Bienvenu (Coll.Chr. Richard)Des personnes vont aider lapopulation juive à <strong>fr</strong>anchir la ligne.Pour cela, certaines ont reçu le titre de« Juste parmi les Nations ».A la suite de la rafle de Juifs en<strong>Charente</strong> en octobre 1942, ElietteCordelier et Lucie Landré, enseignantes,ont permis à deux soeurs juives de 14
et 10 ans, Charlotte et Renée Wegneralors séparées à jamais de leurs parentsdéportés, de traverser la ligne dedémarcation. Grâce à des faux papierset à l’expérience de passeur de GeorgesDelaby, cultivateur sur Vouzan, ellesont pu rejoindre ce dernier dans le trainet arriver à Périgueux en zone libre chezles parents d’Eliette Cordelier.Photo de Lucie Landré et de Charlotte Wegnerprise en 1987(Source : Musée de la Résistance etde la Déportation d’Angoulême)Marie-Marthe Renaud-Hennequin,assistante sociale à Châtellerault,réussit à faire passer la ligne à 4 enfantsjuifs en juillet 1942 en faisant croireaux gendarmes du poste de contrôlesitué sur la Creuse que ce sont sespropres enfants.Elle leur indique avoir oublié sacarte d’identité où ils figurent et lessoudoient en leur of<strong>fr</strong>ant des cigares etdu vin.Les enfants peuvent alorsretrouver leurs parents qui lesattendent de l’autre côté de la rive.Demarkationslinie21