FFB Dossier>progresser. C'est aussi important <strong>de</strong> se repérer dans l'espacegrâce aux quatre jeux.Pour les enchères,ils <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s détectiveset apprennent à déchiffrer les co<strong>de</strong>s »,précise t-elle.Le bridge serait donc un pont vers la pédagogie. Les co<strong>de</strong>scomme un nouveau langage,la structure du jeu comme un plan<strong>de</strong> rédaction, où il faut se poser <strong>de</strong>s questions et y répondre, etpuis le moteur du défi personnel et collectif lancé avec son partenairecontre <strong>de</strong>s adversaires.Le but <strong>de</strong> Joséphine est d'avoir <strong>de</strong> l'ambition pour <strong>de</strong>s jeunesqui trop souvent ont baissé les bras. Dans les ateliers scolairescomme dans les cours et tournois du samedi matin à la Maison<strong>de</strong> quartier,elle réveille la petite flamme,celle qui apparaît dansles yeux quand on réalise le contrat qu’on avait <strong>de</strong>mandé.COUP DE CŒUR EN PROVENCEPour Annie, tout commence comme dans un film <strong>de</strong> Pagnol.A 12 ans,la petite Arlésienne accompagne parfois son grand-pèreau café pour « taper la belote » en cachette <strong>de</strong> ses parents. « Unjour, on a même gagné un tournoi ensemble, on les a mis capot,se souvient-elle. J'avais déjà la passion <strong>de</strong>s cartes. » A la belotesuccé<strong>de</strong>ra le tarot, avant sa rencontre avec le bridge, un jeuexigeant qui la tient toujours en haleine.L'enfance <strong>de</strong> Robert se déroule aussi au pays <strong>de</strong>s cigales.Le jeune Marseillais apprend les rudiments du bridge en regardantjouer son père. Il ne sait pas encore que ce jeu lui ouvrirales portes d'une nouvelle existence, d'une <strong>de</strong>uxième chance.C'est autour <strong>de</strong> la quarantaine,après une première partie <strong>de</strong> viebien remplie, qu'Annie et Robert se rencontrent au Club <strong>de</strong><strong>Bridge</strong> <strong>de</strong> Barbentane, non loin d'Avignon.« C'était en 1984...» Robert ne se souvient plus <strong>de</strong> la date exacte,mais il n'a pas oublié l'intensité du moment. « Je me rappelleson élégance,sa bonne humeur.Elle débutait à l'époque et j'avaisété impressionné par sa manière <strong>de</strong> jouer,son respect <strong>de</strong>s partenaireset <strong>de</strong>s adversaires.» « Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'attirance et <strong>de</strong>s apparences,nousavons su développer une estime réciproque qui nous aunis durablement»,renchérit Annie.Vingt-six ans plus tard, le club n'existe plus et nos <strong>de</strong>ux mariés<strong>de</strong> Provence, aujourd'hui licenciés à Rochefort-du-Gard, jouentégalement à Avignon.La retraite venue, Robert peut consacrer davantage <strong>de</strong> temps àl'enseignement du bridge. Annie, elle, reconnaît qu'elleconserve pour ce jeu une passion dévorante qu'elle tente <strong>de</strong>faire partager à ses petits-enfants.Ensemble,ils ont mis au pointun système d'enchères, qui, selon les circonstances, les mène àla victoire ou à quelques disputes salutaires qui ne laissentaucune trace. « Pour un contrat chuté, il faut savoir fairepreuve d'indulgence. Il n'y a jamais <strong>de</strong> rancune entre nous »,assure le couple.Pour Annie et Robert, la partie <strong>de</strong> cartes si chère au souvenir<strong>de</strong> leur enfance n'est jamais bien loin.Un quart <strong>de</strong> siècle plustôt,le bridge leur a permis <strong>de</strong> se rencontrer,puis <strong>de</strong> se découvrir.Après<strong>de</strong>s années <strong>de</strong> bonheur et mille choses partagées,tous <strong>de</strong>ux reconnaissent qu'il <strong>de</strong>meure l'un <strong>de</strong> leurs meilleursatouts. ♣UN ACCELERATEURDE LIENSTrois questions à Patrick BogackiVice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la FFB, co-prési<strong>de</strong>nt ducomité d'organisation <strong>de</strong>s championnatsdu mon<strong>de</strong> universitaires <strong>de</strong> Reims 2012.De nombreuses gran<strong>de</strong>s écoles ont crééet développé <strong>de</strong>s clubs <strong>de</strong> bridge. Ainsi,Patrick Bogacki, lorsqu'il fut à la tête <strong>de</strong>l'Ecole <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Reims, rendit-ilobligatoire une formation au bridge enpremière année.Pourquoi avoir intégré le bridge dans le cursus <strong>de</strong>sétudiants ?Parce que toutes les phases du jeu constituentun excellent exercice <strong>de</strong> management.Qu'il s'agisse d'élaborer <strong>de</strong>s stratégies,<strong>de</strong> déco<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s messages, <strong>de</strong> prendre<strong>de</strong>s décisions, <strong>de</strong> communiquer avecson partenaire...Considérez-vous que le bridge puisse ai<strong>de</strong>r <strong>de</strong>sétudiants à construire leur vie active ?Incontestablement. Le bridge suscite <strong>de</strong>sréseaux, ce qui est très utile, au niveauinternational notamment. Je l'ai moimêmesouvent expérimenté en déplacement.Jeconsidère même qu'il fait gagnerun temps précieux en termes d'intégration.Quel meilleur exemple quela Chine où personne ne jouait au bridgeil y a une quinzaine d'années et qui remporteen 2008 le championnat du Mon<strong>de</strong> ?Entre-temps, <strong>de</strong> nombreuses universitéstournées vers l'export se sont dotées <strong>de</strong>clubs très fréquentés par les étudiants.Les avantages du bridge se retrouvent aussi biendans la vie sociale que professionnelle ?Absolument.Avoir en partage ce langageuniversel constitue l'un <strong>de</strong>s atoutsmajeurs du bridge. Il permet d'ouvrir <strong>de</strong>sportes pour se créer <strong>de</strong>s réseaux professionnelsou agrandir son cercle d'amis.Sport <strong>de</strong> l'esprit, le bridge est entré enrésonance avec le 21 ème siècle, celui dulien, du développement cognitif avec lejeu comme viatique.12 FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BRIDGE
Letour<strong>de</strong>scomitésCOUP DE CŒURGérard Pascal : le choix <strong>de</strong> l'humanitaireUne vie <strong>de</strong> famille intense et une carrièreprofessionnelle exemplaire : le bonheur estquotidien pour Gérard Pascal, chirurgien auCentre hépato-biliaire <strong>de</strong> l'hôpital Paul Brousse àVillejuif. Un jour, il déci<strong>de</strong> qu'il est temps <strong>de</strong> «rendre àla vie ce qu'elle lui a offert ».Suite au tsunami thaïlandais en 2004, il propose sacandidature auprès <strong>de</strong> plusieurs ONG humanitaires.«Mé<strong>de</strong>cins du Mon<strong>de</strong>» le rappelle quelques mois plustard pour lui proposer d'aller en Ethiopie avec unobjectif : apprendre aux soignants locaux <strong>de</strong>s gestes<strong>de</strong> chirurgie d'urgence. Il réalise alors l'importance <strong>de</strong>former <strong>de</strong>s spécialistes dans les pays endéveloppement plutôt que <strong>de</strong> se substituer à eux.Devenu entre-temps responsable <strong>de</strong>s programmes<strong>de</strong> chirurgie à «Mé<strong>de</strong>cins du Mon<strong>de</strong>», Gérard Pascalest nommé prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'association «ChirurgieSolidaire» qui vise justement à apprendre auxsoignants <strong>de</strong>s populations déshéritées-duCameroun à Haïti -«les gestes simples quisauvent <strong>de</strong>s vies», comme la césarienne. «C'est lameilleure manière <strong>de</strong> pérenniser notre ai<strong>de</strong>.Quand on repart, ils savent se débrouiller sansnous», précise-t-il. Une démarche <strong>de</strong> cœur que l'onpeut soutenir en envoyant <strong>de</strong>s dons via le site <strong>de</strong>l'association au http : //fcsolidaire.free.fr.Et le bridge dans tout ça ? Plus trop le temps,évi<strong>de</strong>mment. Même si cet ancien 1 ère sérienationale <strong>de</strong> 60 ans n'exclut pas, pour honorerune promesse faite à <strong>de</strong>s amis, <strong>de</strong> revenir un jourtaper le carton en seniors.Le prési<strong>de</strong>nt Bill Clinton a apporté son soutien.Du temps où il brillait à la table <strong>de</strong> bridge. Gérard Pascal, Paul Chemla, Michel Corn et Catherine StoppaL’AS DE TRÈFLE 13