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dossier p dagogique - Fondation de l'Hermitage

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Henri Matisse Nice, cahier noir, 1918, huile sur toile, 33 x 40,7 cm, Hahnloser/Jaeggli-Stiftung, Winterthurphoto Reto Pedrini, Zurich © Succession H. Matisse / 2013, ProLitteris, Zurichgraphisme Laurent Cocchi photolitho Images3 impression ImpriviteDOSSIER PÉ D AGOGIQUESommaire :Présentation <strong>de</strong> l’exposition p. 2Plan <strong>de</strong> l’accrochage p. 3Introduction p. 4Pistes pé<strong>dagogique</strong>s p. 5-21Liste <strong>de</strong>s œuvres p. 22-26Informations pratiques p. 27Renseignements<strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> l’HermitageDominique Hoeltschi 2, route du Signal, case postale 38Activités pé<strong>dagogique</strong>sCH - 1000 LAUSANNE 8 Bellevauxréalisation du <strong>dossier</strong>e-mail : info@fondation-hermitage.chwww.fondation-hermitage.ch


PRESENTATION DE L’EXPOSITIONFenêtresDe la Renaissance à nos joursDürer, Monet, Magritte…DU 25 JANVIER AU 20 MAI 2013Depuis toujours, le thème <strong>de</strong> la fenêtre fascine les artistes. Avec l’exposition Fenêtres, <strong>de</strong> laRenaissance à nos jours. Dürer, Monet, Magritte..., la <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> l’Hermitage propose <strong>de</strong>découvrir le rôle primordial tenu par ce motif dans l’iconographie occi<strong>de</strong>ntale, du XV e siècleà nos jours. Organisée en partenariat avec le Museo Cantonale d’Arte et le Museo d’Arte <strong>de</strong>Lugano, cette manifestation réunit plus <strong>de</strong> 150 œuvres provenant <strong>de</strong> nombreusesinstitutions suisses et européennes, ainsi que <strong>de</strong> prestigieuses collections privées.Indissociable <strong>de</strong>s recherches sur la perspective menéesà la Renaissance, la fenêtre n’a cesséd’être réinterprétée au gré <strong>de</strong>s époques et <strong>de</strong>s courants artistiques. Jusqu’à la fin du XIX e siècle,les peintres utilisent son cadre pour gui<strong>de</strong>r le regard vers <strong>de</strong>s paysages rêvés, <strong>de</strong>s vues réalistesou, à l’inverse, pour faire pénétrer la lumière au plus profond <strong>de</strong>s intérieurs. Par la suite, <strong>de</strong>nombreux artistes se servent <strong>de</strong> la fenêtre et <strong>de</strong> ses reflets pour brouiller la limite entre le <strong>de</strong>danset le <strong>de</strong>hors. D’un simple élément <strong>de</strong> décor, la fenêtre <strong>de</strong>vient peu à peu un sujet à part entière.Son ouverture, son cadre, sa lumière, ses carreaux parfois, permettent aux plasticiens d’explorer<strong>de</strong>s voies nouvelles, dont certaines ont abouti à la découverte d’un art abstrait et dépouillé.Passage entre l’intérieur et l’extérieur, ouverte ou fermée, transparente ou opaque, la fenêtreaccueille <strong>de</strong> nombreuses projections métaphoriques, et déploie <strong>de</strong>s questions fondamentales <strong>de</strong>la théorie artistique, concernant tant le tableau, que le spectateur ou le point <strong>de</strong> vue.Ce parcours thématique à travers 500 ans d’histoire <strong>de</strong> l’art regroupe <strong>de</strong>s artistes majeurs telsque Dürer, Dou, Constable, Monet, Hammershøi, Munch, Delaunay, <strong>de</strong> Chirico, Mondrian,Jawlensky, Matisse, Duchamp, Vallotton, Ernst, Bonnard, Vuillard, Klee, Delvaux, Magritte,Picasso, Balthus, Rothko, Scully et bien d’autres encore. Peintures, gravures, photographies etvidéos proposent un panorama complet <strong>de</strong> ce thème fascinant, qui transcen<strong>de</strong> les styles et lesépoques.Commissariat : Marco Franciolli, Directeur, Museo Cantonale d’Arte e Museo d’Arte, Lugano;Giovanni Iovane, Professeur d'histoire <strong>de</strong> l'art contemporain, Acca<strong>de</strong>mia di Brera, Milano; SylvieWuhrmann, Directrice, <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> l’Hermitage, LausanneCatalogue : Reproduisant en couleur toutes les œuvres exposées, le catalogue réunit <strong>de</strong>scontributions <strong>de</strong> nombreux spécialistes (Victor Stoichita, Daniela Ferrari, Bruno Reichlin, ElioGrazioli, Alberto Pezzotta, Angelica Jawlensky, Angelica Affentranger-Kirchrath, BrendaDanilowitz et Nicholas Fox Weber).L’exposition et le catalogue bénéficient du généreux soutien <strong>de</strong><strong>Fondation</strong>Coroman<strong>de</strong>let <strong>de</strong> la <strong>Fondation</strong> pour l’art et la culture.


PLAN DE L’ACCROCHAGEREZsalle 1 : Natures mortes et fenêtresalle 2 : A la fenêtresalle 3 : Fenêtre ouverte1er ETAGEpalier : Marquetsalle 1 : Intérieur / extérieursalle 2 : La fenêtre chez Bonnard, Vuillard etMatissesalle 3 : Ombres et lumière2ème ETAGEpalier : Boccionisalle 1 : Munchsalle 2 : Nouvelles perspectivesSOUS-SOLcouloir : Gris, Ozefant, Jawlensky, Picassosalle 1 : La grillesalle 2 : Cadragessalle 3 : Sujet / objetFenêtre ferméesalle 4 : Ecranssalle 5 : Vues intérieures3


INTRODUCTIONTantôt métaphore, tantôt instrument, la fenêtre fascine les artistes <strong>de</strong>puis toujours.L'exposition thématique De la fenêtre. Dürer, Monet, Magritte… propose <strong>de</strong> mettre en lumièreles transformations intervenues dans la perception et l'utilisation <strong>de</strong> la fenêtre dans l’art, duXV e siècle à nos jours. Organisée en partenariat avec le Museo Cantonale d'Arte et le Museod'Arte <strong>de</strong> Lugano, cette présentation <strong>de</strong> 150 chefs-d’œuvre à la <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> l’Hermitage, àLausanne, est l'occasion unique <strong>de</strong> découvrir le rôle primordial tenu par la fenêtre dansl’iconographie occi<strong>de</strong>ntale. Regroupant <strong>de</strong>s artistes majeurs, ce parcours à travers plus <strong>de</strong>cinq siècles d’histoire <strong>de</strong> l’art propose un panorama inédit <strong>de</strong> ce sujet captivant, quitranscen<strong>de</strong> les styles et les époques.Dès la Renaissance, le thème <strong>de</strong> la fenêtre interroge les artistes, tant au sud qu'au nord <strong>de</strong> l'Europe.En Italie, dans un <strong>de</strong> ses traités fondamentaux sur la perspective, Alberti assimile le tableau à unefenêtre ouverte sur le mon<strong>de</strong>. En Allemagne, les recherches <strong>de</strong> Dürer aboutissent à une organisation<strong>de</strong> l'espace pictural basée sur la maîtrise <strong>de</strong> la perspective oblique. Au XVII e siècle, beaucoup <strong>de</strong>peintres, dont Rembrandt, utilisent la fenêtre et la lumière qu'elle diffuse comme métaphores <strong>de</strong> laprésence divine. S'étendant peu à peu aussi aux thèmes séculiers, la présence d'une fenêtre et <strong>de</strong>son reflet permet aux peintres, hollandais notamment, <strong>de</strong> donner du relief aux objets représentésdans leurs natures mortes.Au début du XIX e siècle, certains artistes s’attachent à représenter la fenêtre réelle <strong>de</strong> leur propreatelier ou <strong>de</strong> leur maison. Dans <strong>de</strong>ux petites vues <strong>de</strong> son atelier, Friedrich, est ainsi un <strong>de</strong>s premiersà briser la fenêtre <strong>de</strong> la Renaissance : le paysage extérieur ne se propose plus comme une ouverturesur l’infini, mais comme un regard précis sur ce que l’on voit quand on entre dans une pièce. Suivantcette impulsion, plusieurs artistes romantiques allemands introduiront dans leurs œuvres un espacemesurable et concret, vu <strong>de</strong>puis l’intérieur, où se tient un personnage rêveur placé <strong>de</strong> dos.Changement <strong>de</strong> perspectiveAu XIX e et XX e siècle, <strong>de</strong> nombreux peintres (Monet, Vuillard, Vallotton...) brouillent le rapportintérieur-extérieur par une vision latérale, <strong>de</strong> façon à introduire une double réalité dans l’espacepictural. La fenêtre <strong>de</strong>vient un instrument fondamental permettant aux artistes d'effacer la frontièreentre le <strong>de</strong>dans et le <strong>de</strong>hors. Bonnard et Matisse, par exemple, saisiront toutes les possibilités queleur offre ce thème <strong>de</strong> ramener les différents espaces sur un même plan, biaisant ainsi lesperspectives habituelles.Devenue désormais un sujet à part entière, la fenêtre se transforme, au cours du XX e siècle, en unegrille autonome, notamment grâce aux contributions fondamentales <strong>de</strong> Mondrian et Albers. Sonouverture, son cadre, sa lumière, ses carreaux parfois, ont permis aux plasticiens d'explorer <strong>de</strong>svoies inconnues, dont certaines ont abouti à la découverte d'un art abstrait et dépouillé, d'autres àune approche plus allégorique et poétique. Les photographes et les vidéastes contemporainsaccor<strong>de</strong>nt aujourd’hui une place fondamentale à la fenêtre dans leur recherche, en jouant souventsur la connivence entre leur médium et ce thème.L’accrochage a été conçu selon un axe chronologique, tout en proposant <strong>de</strong>s regroupementsthématiques. L’exposition s’articule selon diverses sections (voir plan <strong>de</strong> l’accrochage), qui sontautant <strong>de</strong> pistes <strong>de</strong> réflexion. Le <strong>dossier</strong> comprend une présentation <strong>de</strong>s thématiques principales et<strong>de</strong>s commentaires d’œuvres permettant ainsi <strong>de</strong> cibler les divers enjeux <strong>de</strong> l’exposition.1


PISTES PEDAGOGIQUESNatures mortes et fenêtre REZ, salle 1Les artistes ont toujours aimé associer la nature morte et la fenêtre. Dans l’Antiquité romaine déjà,<strong>de</strong> nombreuses peintures murales combinent fruits, mets ou ustensiles avec <strong>de</strong>s ouvertures entrompe-l’œil. Car la fenêtre joue un rôle prépondérant dans la nature morte, même si sa présenceest souvent indirecte. Dans les natures mortes hollandaises du XVII e siècle, la fenêtre ne s’ouvrepas sur le mon<strong>de</strong>, mais elle le laisse entrer avec discrétion. On la <strong>de</strong>vine par les rais <strong>de</strong> lumièrequ’elle laisse filtrer, qui sculptent les volumes et cisèlent les formes. Elle apparaît aussi par laréflexion <strong>de</strong> ses carreaux sur les surfaces, révélant l’habileté du peintre à créer l’illusion <strong>de</strong>smatières.Lorenzo di CrediPortrait d’une jeune femme ouLa dame aux jasmins, 1485-1490huile sur bois, 75 x 54 cmMusei San Domenico, Pinacoteca Civica, ForlíGérard Dou (et son atelier)Femme au perroquet, vers 1665huile sur bois, 24,7 x 19 cmCollection <strong>de</strong>s Musées d’art et d’histoire <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Genèvephoto Flora BevilacquaCommentaire d’œuvre : Mis au point par les peintres flamands, le portrait <strong>de</strong> trois-quarts avecvue sur paysage au travers d’une loggia se diffuse à Florence à la fin du XV e siècle. La loggiastructure ce tableau, ses ouvertures le divisent frontalement en <strong>de</strong>ux parties égales ouvrant sur lepaysage. Rappelant le dais qui intronise la Vierge comme reine <strong>de</strong>s cieux dans les images <strong>de</strong>l’époque, le ri<strong>de</strong>au concentre la tension sur le visage <strong>de</strong> la femme, la sacralise. Il pourrait s’agir <strong>de</strong>Catherine Sforza, femme <strong>de</strong> pouvoir, célébrée comme idéal féminin. Son visage est sublimé dansses proportions, ses sourcils bien arqués, sa gravité douce et mélancolique, sa chevelure dorée –halo <strong>de</strong> beauté. Elle tient un vase <strong>de</strong> jasmin, symbole d’amour divin qui légitime son pouvoirtemporel, évoqué par la cita<strong>de</strong>lle.Commentaire d’œuvre : Elève <strong>de</strong> Rembrandt, Gérard Dou reprend ici une formule développéepar son maître : le personnage figuré dans une niche. Dans ce cas, il s’agit d’une servante quimontre au passant un perroquet à peine sorti <strong>de</strong> sa cage. Ce dispositif <strong>de</strong> la niche permet aupeintre <strong>de</strong> con<strong>de</strong>nser l’image, d’attirer l’attention du spectateur, <strong>de</strong> démontrer son génie dutrompe-l’œil et du détail. La femme à la fenêtre est un sujet typiquement hollandais qui évoque,dans la littérature populaire, la prostituée en attente <strong>de</strong> clients. Dès le XVI e siècle, l'oiseau en cageapparaît dans <strong>de</strong>s peintures illustrant <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> débauche. Placé dans l’embrasure d’une porte,ou <strong>de</strong>vant la fenêtre, il signale l’activité et la disponibilité du lieu. Animal érotique par excellence,le perroquet vient ici <strong>de</strong> sortir, un autre peut entrer.2


A la fenêtre REZ, salle 2C’est véritablement au début du XIX e siècle que le motif du personnage à la fenêtre se développe,en poésie comme en peinture. Figure iconique <strong>de</strong> la peinture romantique, le personnage à lafenêtre se tient sur un seuil, une frontière entre le mon<strong>de</strong> intérieur, domestique, quotidien et lemon<strong>de</strong> extérieur, tout à tour séduisant ou terrifiant. Quittant les marges <strong>de</strong> la composition, lafenêtre, peinte parallèlement à la surface <strong>de</strong> la représentation, se met <strong>de</strong> plus en plus à occuper lecentre du tableau. Elle encadre souvent le sujet, découpant un véritable tableau dans le tableau.A la fenêtre, l’individu est suspendu entre un intérieur familier et le mon<strong>de</strong> extérieur. La vue quis’offre à ses yeux peut être objet <strong>de</strong> méditation ou <strong>de</strong> désir. A moins que ce ne soit le lieu quel’on fuit pour se retirer dans les espaces rassurants <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>meure et y trouver protection etréconfort. Sous l’impulsion du peintre allemand Caspar David Friedrich (1774-1840), le motif <strong>de</strong>la figure à la fenêtre <strong>de</strong>vient très populaire à l’époque romantique. Absorbé dans sa vision, cepersonnage (le plus souvent une femme) exerce un fort pouvoir d’i<strong>de</strong>ntification sur le spectateurdu tableau, d’autant que l’objet <strong>de</strong> sa contemplation lui est dérobé. Ces images qui juxtaposentun univers clos, familier, mesurable et un ailleurs lointain, indistinct et infini, sont parfoisempreintes <strong>de</strong> nostalgie (comme dans La reine Hortense à Aix-les-Bains d’Antoine Duclaux).Antoine Duclaux, La reine Hortense à Aix-les-Bains, 1813huile sur toile, 35,3 x 25,2 cmMusée Napoléon Thurgovie, SalensteinCharles Desains, Femme asphyxiée, 1822huile sur toile, 134,5 x 99 cmPalais <strong>de</strong>s Beaux-Arts, LilleCommentaire d’œuvre : Dans une pose méditative, voire mélancolique, Hortense <strong>de</strong>Beauharnais, belle-fille <strong>de</strong> Napoléon et reine <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong>, est représentée, toute <strong>de</strong> blanc vêtue,sous une tonnelle. Assise sur un petit banc <strong>de</strong> pierre, accoudée à la large ouverture pratiquéedans la cloison, elle semble plongée dans la contemplation d’une vaste étendue <strong>de</strong> verdure etd’un lac paisible. Sous ses yeux se déploie le paysage alpestre du lac du Bourget, à Aix-les-Bains, où Hortense se rendait régulièrement en cure, avant son exil en Suisse en 1815. Véritabletableau dans le tableau, ce paysage, figuré dans ce cadre <strong>de</strong> bois agrémenté <strong>de</strong> fleursgrimpantes, s’apparente aux jardins « pittoresques » <strong>de</strong> l’Angleterre du XVIII e siècle, dans lesquelsla perspective atmosphérique se substitue à la perspective optique rigoureuse <strong>de</strong>s « jardins à lafrançaise ».Commentaire d’œuvre : Elève <strong>de</strong> Jacques-Louis David et <strong>de</strong> Watelet, Desains présente unefemme au désespoir, qui a voulu s'asphyxier avec la vapeur du charbon. Poussée par le remords,elle sort <strong>de</strong> son sommeil et dans un ultime élan vital, se dirige vers la fenêtre. Mais c'est à cetinstant précis qu'elle expire. Desains n’exprime pas ici l’immensité spatiale <strong>de</strong> la fenêtreromantique. La fenêtre – pourtant synonyme <strong>de</strong> communication – sert à mettre en valeur lafinitu<strong>de</strong> d’un mon<strong>de</strong> resserré et l’enfermement <strong>de</strong> l’être. Elle porte aussi en elle aussi le désir <strong>de</strong>son franchissement, <strong>de</strong> la transgression. Au même titre que la lumière et la tension du corps, lafenêtre participe ainsi à la dramatisation du récit, <strong>de</strong> l’image. Dans un esprit romantique, Desainsrenverse la dramaturgie <strong>de</strong> la scène – très XVIII e siècle – du baiser volé à la porte.4


Fenêtre ouverte REZ, salle 3C’est à la Renaissance que la fenêtre gagne son statut <strong>de</strong> motif <strong>de</strong> prédilection <strong>de</strong>s artistes. Lacomparaison d’un tableau à une fenêtre ouverte sur le mon<strong>de</strong> est en effet apparue en mêmetemps que le développement <strong>de</strong> la perspective linéaire. Ainsi, en 1435, Leon Battista Albertipublie De Pictura (De la peinture), ouvrage dans lequel il formule les principes théoriques <strong>de</strong> lanouvelle expression artistique qui se met alors en place à la Renaissance. Dans ce manuel àl’usage <strong>de</strong>s peintres, le grand humaniste, architecte et ingénieur présente les connaissancesscientifiques qui leur sont nécessaires – la géométrie, l’optique –, et il traite <strong>de</strong> la lumière, <strong>de</strong>scouleurs, et <strong>de</strong> la perspective. Abordant la question <strong>de</strong> la construction du tableau, il écrit dans uncélèbre passage : « Je trace d’abord sur la surface à peindre un quadrilatère <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>ur que jeveux, fait d’angles droits, et qui est pour moi une fenêtre ouverte par laquelle on puisse regar<strong>de</strong>rl’histoire. » Cette définition du tableau comme une « fenêtre ouverte » (Léonard <strong>de</strong> Vinci parlera luid’une « paroi <strong>de</strong> verre ») va connaître une fortune critique et théorique extraordinaire. Jusqu’auXX e siècle, les artistes la revisitent abondamment, parfois <strong>de</strong> manière ironique.La perspective – du latin perspicere, « voir au travers », science qui apprend à représenter <strong>de</strong>sobjets tridimensionnels sur une surface bidimensionnelle, <strong>de</strong> façon à donner l’illusion <strong>de</strong>profon<strong>de</strong>ur – occupe une place centrale dans cet ouvrage. La métho<strong>de</strong> énoncée par Alberti meten jeu tout un système <strong>de</strong> points (<strong>de</strong> fuite ou <strong>de</strong> distance) et <strong>de</strong> lignes (parallèles, convergentesou diagonales). Elle sera explicitée par la suite dans <strong>de</strong> nombreux traités, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> schémas.Certains théoriciens tel Albrecht Dürer conçoivent <strong>de</strong>s dispositifs (viseurs, vitres, grilles)permettant d’obtenir une perspective approximative par <strong>de</strong>s moyens mécaniques.L’omniprésence <strong>de</strong> la grille dans ces procédés <strong>de</strong> construction du tableau annonce <strong>de</strong> manièretroublante l’importance que cette structure assumera dans les arts visuels au XX e siècle.Albrecht Dürer, Un<strong>de</strong>rweysung <strong>de</strong>r messung ...(Traité <strong>de</strong>s proportions…), 1525, édition imprimée, 31 x 47 cm(ouvert), ETH - Bibliothek, Alte und Seltene Drucke, ZürichHieronymus Rodler, Eyn schön nützlich Büchlinund Un<strong>de</strong>rweisung <strong>de</strong>r Kunst <strong>de</strong>s Messens…(Instruction utile surl’art <strong>de</strong>s mesures…), 1531, in-folio, 31,5 x 44 cm (ouvert)Zentralbibliothek Zürich, ZurichCommentaire d’œuvre : Les « perspectographes », ai<strong>de</strong>s mécaniques facilitant la maîtrise <strong>de</strong> laperspective, sont inventés au début du XVI e siècle. Dürer en présente ici plusieurs. Le principeconsiste à immobiliser l’œil du <strong>de</strong>ssinateur, lequel regar<strong>de</strong> son sujet au travers d’une surfacetransparente – un châssis muni d’une vitre ou d’un treillis. Ceci lui permet <strong>de</strong> reporter ensuite surle papier, point par point, l’objet tridimensionnel ainsi ramené dans un plan. Le dispositif figuré àdroite est muni d’un portillon appelé « fenêtre <strong>de</strong> Dürer ». Il fait intervenir un système <strong>de</strong> filsmatérialisant le rayon visuel <strong>de</strong> l’artiste et les points d’intersection entre ce rayon et la surface dutableau. Progressivement reportés, les points d’intersection composent peu à peu l’image du luthposé sur la table.5


Commentaire d’œuvre : L’illusion d’un espace en trois dimensions suggéré à partir d’unesurface bidimensionnelle, semblant s’étendre au-<strong>de</strong>là du cadre d’une fenêtre, n’a été possibleque grâce à la grille géométrique illustrée dans le traité <strong>de</strong> Rodler. Sur cette même grille, lesobjets, représentés proportionnellement par rapport à l’espace qu’ils occupent, voient leur taillediminuer graduellement.Albrecht DürerPortrait <strong>de</strong> Willibald Pirckheimer, 1524gravure sur cuivre, 178 x 115 mmGraphische Sammlung <strong>de</strong>r ETH, ZurichCommentaire d’œuvre : Au Quattrocento, l’artdu portrait se concentre sur le visage,considéré comme l’image <strong>de</strong> l’âme. Dürers’inscrit dans cette tradition, comme l’indiquel’épigraphe sous le portrait <strong>de</strong> son amiPirckheimer, homme <strong>de</strong> pouvoir et grandhumaniste : « Portrait <strong>de</strong> Wilibald Pirckheimer àl’âge <strong>de</strong> 53 ans. Nous vivons par l’esprit. Lereste appartient à la mort. 1524 ». L’artisterenforce ici la sensation <strong>de</strong> vie en insérant,dans les yeux, le reflet d’une fenêtre. Avec sonmonogramme « AD », ce motif constitue un <strong>de</strong>ses traits typiques. Il le fera apparaître dans lesyeux <strong>de</strong> nombreux modèles, y compris ceuxd’un lièvre. Dürer a probablement inventé cemotif. Mais dès l’Antiquité, la fenêtre estassociée à l’acte <strong>de</strong> voir : l’œil est fenêtre <strong>de</strong>l’âme, une idée reprise largement à laRenaissance.MarquetCommentaire d’œuvre : Dès 1908, Marquetest installé au cinquième étage du 19 quaiSaint-Michel à Paris, dans un atelier occupéauparavant par Matisse. Privilégiant les vuesplongeantes, il capte dans <strong>de</strong>s tonalitéssour<strong>de</strong>s la vie urbaine <strong>de</strong>s bords <strong>de</strong> Seineautour <strong>de</strong> Notre-Dame. Le peintre rend avecpoésie cette atmosphère d’un Paris ralenti parles intempéries et choisit un cadrage i<strong>de</strong>ntiquepour plusieurs toiles, peintes par tempsensoleillé ou pluvieux. Refusant tout obstacleentre lui et son motif, Marquet reproduitinlassablement ce même point <strong>de</strong> vue ensurplomb, sans toutefois faire apparaître lesbords <strong>de</strong> la fenêtre <strong>de</strong> son atelier. L’intérieurest ainsi présent en tant que lieu d’où a étéréalisée l’œuvre, tournée vers le paysageextérieur. Les œuvres offrant une vue d’en hautsont récurrentes à partir <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième moitiédu XIX e siècle, grâce notamment à l’avènement<strong>de</strong> la photographie.Albert Marquet, Notre-Dame, temps <strong>de</strong> neige, 1914huile sur toile , 65 x 81 cmMusée cantonal <strong>de</strong>s Beaux-Arts, Lausanne,legs Henri-Auguste Widmer, 1931 ER ETAGE , palier6


Intérieur / extérieur1 ER ETAGELes portes et les fenêtres, qui sont en architecture <strong>de</strong>s ouvertures liées à <strong>de</strong>s fonctionsspécifiques, matérialisent la relation entre l’espace à l’intérieur d’un édifice et l’extérieur. Mais sielles sont insérées dans un tableau, elles se transforment en un seuil métaphorique <strong>de</strong> séparationentre <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s, le mon<strong>de</strong> privé <strong>de</strong> l’intimité et le mon<strong>de</strong> public et social. Dans la peintureocci<strong>de</strong>ntale, <strong>de</strong>puis la construction <strong>de</strong> la perspective à la Renaissance jusqu’au XIX e siècle, larelation entre ces <strong>de</strong>ux espaces s’exprime dans <strong>de</strong>s compositions où l’œil passe <strong>de</strong>s objets et<strong>de</strong>s figures présents à l’intérieur du lieu, au paysage extérieur. L’art trouve dans cette catégoried’images l’un <strong>de</strong>s sujets les plus efficaces pour l’organisation symbolique <strong>de</strong> son propre espace,comme un jeu <strong>de</strong> poupées russes où l’intérieur et l’extérieur s’entremêlent.A la fin du XIXe siècle, au lieu d’ouvrir frontalement sur le <strong>de</strong>hors, la fenêtre renvoie <strong>de</strong> plus enplus le spectateur vers l’intérieur. Ce processus est parfois facilité par un personnage qui, <strong>de</strong>manière inattendue, regar<strong>de</strong> vers le spectateur. Alors que Monet joue sur l’effet <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur,Vallotton privilégie quant à lui les surfaces planes dans ses compositions. Hans Thoma s’orientevers une large percée du paysage en ne laissant apparaître qu’une infime partie du cadre <strong>de</strong> lafenêtre. Le spectateur est ainsi pleinement immergé au cœur du paysage.1 ER ETAGE, salle 1Clau<strong>de</strong> Monet, Un coin d’appartement, 1875huile sur toile, 81,5 x 60 cmMusée d’Orsay, Paris, legs <strong>de</strong> Gustave Caillebotte, 1894Commentaire d’œuvre : Dès son retourd'Angleterre en 1871, Monet rési<strong>de</strong> àArgenteuil, près <strong>de</strong> Paris. Durant cette pério<strong>de</strong>,il représente souvent <strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> la viequotidienne avec son épouse Camille – donton distingue la silhouette à l'arrière-plan dansla pénombre – et leur fils aîné Jean, quiapparaît à contre-jour, au centre <strong>de</strong> lacomposition. Le premier plan est constituéd'un décor symétrique : tentures à motifscolorés, plantes vertes, potiches décorativesqui confèrent à cette composition l'effet d'unri<strong>de</strong>au s'ouvrant sur une scène. L'œil duspectateur est conduit vers le fond <strong>de</strong> la pièce,jusqu'à la zone lumineuse <strong>de</strong> la fenêtre,élément essentiel <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong>l’espace. Dans cet intérieur, « était surtoutétudiée l'entrée <strong>de</strong> l'air et <strong>de</strong> la lumière », ainsique l'a mis en évi<strong>de</strong>nce l'écrivain critique d'artGustave Geffroy en 1894.La fenêtre chez Bonnard, Vuillard et Matisse 1 ER ETAGE, salle 2Si, jusqu’à la fin du XIX e siècle, le rapport intérieur / extérieur est avant tout représentéfrontalement, <strong>de</strong>s artistes comme Edouard Vuillard, Pierre Bonnard, et surtout Henri Matisse,adoptent ensuite une figuration oblique, où ils ten<strong>de</strong>nt à confondre davantage les plans : miroirs –véritables pendants intérieurs <strong>de</strong> la fenêtre dans <strong>de</strong> nombreuses œuvres –, portes, vitres etri<strong>de</strong>aux se combinent sans solution <strong>de</strong> continuité, rendant la limite entre le <strong>de</strong>dans et le <strong>de</strong>horsambiguë et indistincte.7


Henri Matisse, Nice, cahier noir, 1918huile sur toile, 33 x 40,7 cmHahnloser/Jaeggli-Stiftung, Winterthur© Succession H. Matisse / 2013, ProLitteris ZurichCommentaire d’œuvre : Ramené à l’essentiel, Nice, cahier noir est d’une extrême richessepicturale. Le peintre, qui passe les mois d’hiver à Nice <strong>de</strong>puis 1917, décline le thème <strong>de</strong> la fenêtreouverte dans plusieurs <strong>de</strong> ses œuvres. S’y imbriquent espaces extérieur et intérieur, mais aussi<strong>de</strong>ux genres artistiques : les intérieurs et la nature morte. Le motif du cahier noir, que l’on retrouvedans plusieurs compositions, attire le regard, tout en s’intégrant dans le décor lumineux <strong>de</strong> lachambre d’hôtel. Ici, la porte-fenêtre ouvre directement sur la mer et la plage qui resplendissentdans la lumière méridionale. En dépit <strong>de</strong> son format réduit, le tableau est révélateur <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong>Matisse : il atteste son aptitu<strong>de</strong> à conjuguer différents motifs en un langage formel synthétique etclairement organisé.Pierre Bonnard, Intérieur, vers 1905huile sur toile, 59,5 x 40,5 cm<strong>Fondation</strong> Collection E.G. Bührle, ZurichCommentaire d’œuvre : Le thème <strong>de</strong> la fenêtre est récurrent dans l’œuvre <strong>de</strong> Pierre Bonnard.Ses intérieurs – où elle apparaît souvent – jouent sur le contraste entre la banalité du sujet et lacomplexité <strong>de</strong> la composition. Cette scène en est l’exemple, puisqu’elle réunit sobrement unmodèle féminin et un miroir. Ce miroir et son reflet permettent, par un habile réseau <strong>de</strong> lignes, <strong>de</strong>structurer avec finesse le pan <strong>de</strong> mur, <strong>de</strong> le doter <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur. Mais, par la collision <strong>de</strong>splans qu’ils provoquent, ils offrent surtout une ouverture sur le mon<strong>de</strong> : la vision d’un siège vi<strong>de</strong> etd’une fenêtre sur la ville. Ce procédé constitue aussi une forme <strong>de</strong> mise à distance <strong>de</strong> la réalitéobservée, renforçant alors l’intimité <strong>de</strong> cet Intérieur.8


Edouard Vuillard, Femme assise cousant (Madame Vuillard)vers 1900, huile sur carton, 50 x 37 cmMusée cantonal <strong>de</strong>s Beaux-Arts, Lausanne,legs Henri-Auguste Widmer, 1936Commentaire d’œuvre : Dès le début <strong>de</strong>s années 1890, Edouard Vuillard s’intéresse auxscènes d’intérieur. Il y dépeint son propre univers, celui <strong>de</strong> l’appartement familial transformé enatelier <strong>de</strong> couture par sa mère corsetière. En faisant pénétrer le spectateur dans cet universféminin, il privilégie une approche intimiste qui rappelle la peinture hollandaise du XVII e siècle. Lasimplification <strong>de</strong>s formes s’allie à un jeu sur la planéité <strong>de</strong> la toile, et le dispositif <strong>de</strong> la fenêtrepermet d’établir – comme chez Pierre Bonnard – une rupture visuelle entre la figure et l’arrièreplan.L’artiste mène aussi une réflexion sur la tension qu’induisent la bidimensionnalité du supportet la tridimensionnalité <strong>de</strong> l’espace représenté.Pierre Bonnard, La terrasse ensoleillée, 1939-1945, huile sur toile, 71 x 236 cm, Collection privéeCommentaire d’œuvre : Prévue pour orner le patio <strong>de</strong> l’industriel René Tampier, à Vaucressonprès <strong>de</strong> Paris, cette peinture se distingue par son format remarquable qui s’apparente à l'anglemaximum <strong>de</strong> la vision binoculaire. A droite, le bureau-atelier <strong>de</strong> Tampier, avec ses gran<strong>de</strong>s baiesvitrées, et <strong>de</strong>vant nous, sa roseraie, le bleu <strong>de</strong> l’étang et du ciel. S’il représente la <strong>de</strong>meure <strong>de</strong>Vaucresson, Bonnard travaille à cette œuvre au Cannet, dans cette lumière du Midi. Intérieur etextérieur ne font plus qu'un dans cet éblouissement. Le bleu et le jaune cadmium se difractent enune multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> touches mouchetées nuancées, et ils sont parsemés <strong>de</strong> vert. Atteignant presquel’immatérialité <strong>de</strong>s Nymphéas <strong>de</strong> Monet, la terrasse s’ouvre sur un paysage infini, onirique, oùtriomphent peinture et lumière.9


Ombres et lumière 1 er ETAGE, sallle 3Les femmes à la fenêtre réapparaissent en force à la fin du XIX e siècle, notamment chez lespeintres danois Wilhelm Hammershøi et Nicolaj Achen. Les artistes du nord <strong>de</strong> l’Europeten<strong>de</strong>nt en effet à se focaliser sur les intérieurs, en fermant ou en opacifiant les fenêtres.Hammershoi a peint plus d’une quinzaine <strong>de</strong> versions <strong>de</strong> ce motif, dont quatre œuvres sontexposées à l’Hermitage. L’artiste ne laisse ici rien <strong>de</strong>viner du mon<strong>de</strong> extérieur. Le regard ne peutse projeter au loin et se porte uniquement sur <strong>de</strong>s intérieurs immobiles, alors que Munch illustreune scène intime, renversant le point <strong>de</strong> vue habituel du voyeur.Vilhelm Hammershøi, Figures près <strong>de</strong> la fenêtre,Strandga<strong>de</strong> 25, vers 1895, huile sur toile, 55,5 x 46,5 cmCollection privéeCommentaire d’œuvre : Ce tableaureprésente une pièce <strong>de</strong> l’appartement duquartier <strong>de</strong> Ny Bakkehus, à Copenhague, oùHammershøi vécut <strong>de</strong> 1892 à 1897. C’est l’une<strong>de</strong>s rares œuvres où l’artiste réunit plusieursfigures. Sa sœur et son épouse, Anna et IdaHammershøi, se tiennent immobiles <strong>de</strong>vant lafenêtre <strong>de</strong> gauche, sans toutefois engager <strong>de</strong>conversation. Cette métaphore du vi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> lasolitu<strong>de</strong>, augmentée par l’épais brouillard quimasque la fenêtre, confère à cette œuvre unesensation d’étrangeté et d’oppression.L’hermétisme qui se dégage <strong>de</strong> la compositionest renforcé par l’absence <strong>de</strong> poignées, tant ausecrétaire qu’aux fenêtres. La symétrie dudécor, le statisme <strong>de</strong>s figures et la tonalitédiaphane du tableau contribuent à la tensionambiante.Munch 2ème ETAGE, salle 1Edvard Munch, Le baiser, 1892huile sur toile, 72 x 59 cmCollection européenneEdvard Munch, Le baiser, 1895, aquatinte et pointe sèche, 34,5x 27,8 cm, Musée Jenisch Vevey - Cabinet cantonal <strong>de</strong>sestampes, Collection <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> VeveyCommentaire d’œuvre : Tout au long <strong>de</strong> sa vie, Edvard Munch n’a eu <strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> reprendrecertains motifs développés tôt dans son œuvre. Ainsi, il réalise onze variations picturales sur lethème du baiser, explorant différents environnements (en intérieur, <strong>de</strong> nuit) et compositions (grosplan, en pied, etc.). Dans cette version, l’une <strong>de</strong>s premières, Munch place le couple <strong>de</strong>vant unefenêtre, dans un léger contre-jour, créant un contraste entre la rue – claire et détaillée - etl’intérieur feutré, où le corps <strong>de</strong> l’homme et celui <strong>de</strong> la femme ne forment qu’un. Comme souvent,l’œuvre <strong>de</strong> Munch suscite un léger malaise, le cyprès, « l’arbre <strong>de</strong>s cimetières », faisant planer surla scène une inquiétu<strong>de</strong> fiévreuse et étouffée.10


Nouvelles perspectives 2ème ETAGE, salle 1La fenêtre est une présence récurrente sur le chemin <strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s qui se succè<strong>de</strong>nt dansl’histoire <strong>de</strong> l’art du XX e siècle. Confrontés à un mon<strong>de</strong> qui est en train <strong>de</strong> changer radicalement,les artistes comprennent qu’il est nécessaire <strong>de</strong> transformer aussi la façon <strong>de</strong> le regar<strong>de</strong>r. C’estsans doute parce qu’elle est indissolublement liée, au sens concret et métaphorique, à l’histoire<strong>de</strong> la culture visuelle, que la fenêtre permet d’expérimenter <strong>de</strong> nouveaux langages pouvant ouvrir<strong>de</strong> « nouvelles perspectives ».La peinture métaphysique et le surréalisme utilisent abondamment la fenêtre pour remettre enquestion nos habitu<strong>de</strong>s perceptives. Elle est un <strong>de</strong>s motifs fétiches <strong>de</strong> Magritte et <strong>de</strong> Delvaux qui,jouant <strong>de</strong> sa banalité et <strong>de</strong> son apparente innocence, lui confèrent un rôle clé dans les énigmesvisuelles posées par leurs tableaux. Dedans ou <strong>de</strong>hors ? Rêve ou réalité ? Fenêtre ou tableau ?Pour les surréalistes, la fenêtre est un motif <strong>de</strong> prédilection pour mettre en scène le passage d’unespace à l’autre, d’un niveau <strong>de</strong> réalité à l’autre. Magritte a particulièrement utilisé ce motif dans<strong>de</strong>s compositions étranges, voire contradictoires qui inversent les schémas logiques. Leséléments architecturaux, définissant les espaces et servant <strong>de</strong> frontières physiques, <strong>de</strong> zones <strong>de</strong>transition, tels que les faça<strong>de</strong>s, les écrans et les portes, sont pour lui <strong>de</strong>s motifs idéaux pourintroduire une confusion <strong>de</strong>s plans.René Magritte, La clef <strong>de</strong>s songes, 1930huile sur toile, 81 x 60 cmCollection privéeRené Magritte, Eloge <strong>de</strong> la dialectique, 1936gouache sur papier, 38 x 32 cmMusée d’Ixelles, BruxellesCommentaire d’œuvre : René Magritte représente ici l’une <strong>de</strong> ses gran<strong>de</strong>s convictions : lesobjets et les mots sont étrangers les uns aux autres. Selon une démarche poétique emblématiquedu surréalisme, cette certitu<strong>de</strong> favorise l’attribution <strong>de</strong> nouveaux noms aux choses. Ainsi, dansune atmosphère onirique, le peintre se souvient <strong>de</strong>s abécédaires <strong>de</strong> son enfance et juxtapose <strong>de</strong>façon déroutante mots et objets du quotidien. Plus encore, il structure sa composition <strong>de</strong> sortequ’elle soit aussi une fenêtre ouverte sur l’inconscient. Le titre même <strong>de</strong> l’œuvre – qui ne sauraitêtre perçu comme illustratif – constitue un élément du tableau, faisant appel au goût populairepour l’interprétation <strong>de</strong>s rêves.Commentaire d’œuvre : Magritte se livre ici à un jeu sur les points <strong>de</strong> vue impossibles qui luisont cher. Cette œuvre représente le détail <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> d’une maison. Par une fenêtre ouverte,au lieu <strong>de</strong> voir l’intérieur d’une pièce, le spectateur découvre la faça<strong>de</strong> d’une autre maison qui,par ses chambranles, rappelle étrangement la première. Les différences d’échelle entre lesbâtiments créent une incongruité insoluble.11


Max Ernst, Oedipus Rex (Œdipe roi), 1922huile sur toile, 93 x 102 cm, Collection privéeCommentaire d’œuvre : Oedipus Rex marquedans l’œuvre <strong>de</strong> Max Ernst la rencontre entrel’influence <strong>de</strong>s théories freudiennes, lesenseignements du collage et une techniquepicturale d’une gran<strong>de</strong> précision. Dans cettetoile surréaliste, le peintre associe <strong>de</strong>s motifshétérogènes – main surgie d’une fenêtre sansvitre, noix transpercée <strong>de</strong> flèches, oiseau,montgolfière, etc. -, créant ainsi uneatmosphère fantastique. Cette réunion estcaractéristique du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s rêves, où leséléments les plus disparates du réel peuventcohabiter avec une évi<strong>de</strong>nce qui ne saurait êtrecontestée. La finition soignée, l’attention portéeaux détails, le jeu sur la perspective achèvent<strong>de</strong> rendre cauchemar<strong>de</strong>sque ce sentimentd’inquiétante étrangeté.Boccioni2ème ETAGE, palierUmberto Boccioni, Visioni simultanee (Visions simultanées)1911, huile sur toile, 60,5 x 59,5 cmVon <strong>de</strong>r Heydt-Museum, WuppertalCommentaire d’œuvre : Les idées fondamentales du futurisme – le dynamisme, la simultanéité,la décomposition du sujet et l’intersection <strong>de</strong>s plans – sont parfaitement synthétisées dansVisions simultanées, œuvre qui bouleverse les rapports entre l’intérieur et l’extérieur. Afind’exprimer le dynamisme du mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, Boccioni propose une vision démultipliée <strong>de</strong> laville, en mouvement perpétuel. L’artiste tente ainsi d’annuler la limite qui sépare l’expérience duspectateur <strong>de</strong> ce qui est vu à travers la fenêtre.Ce tableau est souvent cité en référence du célèbre passage du Manifeste technique <strong>de</strong> lapeinture futuriste <strong>de</strong> 1910 : « […] Les peintres nous ont toujours montré les objets et lespersonnes placés <strong>de</strong>vant nous. Nous placerons désormais le spectateur au centre du tableau. »12


La grille SOUS-SOL, salle 1Le début du XX e siècle voit l’émergence <strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s historiques comme le constructivisme,le cubisme, le futurisme ou le mouvement Dada, qui produisent les conditions fondamentalespour la naissance d'une nouvelle forme d’expression artistique : l'abstraction. Tandis que pourcertains artistes, le mon<strong>de</strong> vu <strong>de</strong>puis la fenêtre – et subdivisé en rectangles – offre l’occasion <strong>de</strong>créer <strong>de</strong>s images abstraites à partir d’un module géométrique, d'autres se désintéressent plus oumoins radicalement du mon<strong>de</strong> extérieur pour se concentrer exclusivement sur la composition etsur la construction <strong>de</strong> l’œuvre, à commencer par sa surface. Dans les <strong>de</strong>ux cas, c’est parl’utilisation <strong>de</strong> carrés, <strong>de</strong> rectangles, <strong>de</strong> champs colorés, <strong>de</strong> lignes parallèles et <strong>de</strong> diagonales quise croisent pour former <strong>de</strong>s grilles, que les artistes réorganisent l’espace <strong>de</strong> la composition,donnant naissance à <strong>de</strong>s œuvres où l’équilibre et la proportion dominent. Décomposition du sujetet intersection <strong>de</strong>s plans sont à la base du cubisme et du futurisme, <strong>de</strong>ux mouvements quiexercent leur force perturbatrice sur la fenêtre, la dépouillant <strong>de</strong> sa fonction <strong>de</strong> seuil entrel’intérieur et l’extérieur, pour la fragmenter et la mêler au paysage.Même les tableaux les plus abstraits se servent du motif <strong>de</strong> la fenêtre comme base <strong>de</strong> leurorganisation plastique. La fenêtre occupe notamment une place fondamentale chez RobertDelaunay, qui dès le printemps 1912, consacre un cycle <strong>de</strong> tableaux à <strong>de</strong>s paysages parisiensvus dans l’encadrement d’une fenêtre, qu’il utilise pour déconstruire l’image.Piet Mondrian, Composition No. Vl / Compositie 9, 1914huile sur toile, 95,5 x 68 cm, <strong>Fondation</strong> Beyeler, Riehen / Basel© 2013 Mondrian / Holtzman TrustRobert Delaunay, Les fenêtres sur la ville n° 3(2e motif, 1re partie), 1912, huile sur toileKunstmuseum Winterthur, legs Emil et Clara Friedrich-Jezler,1973Commentaire d’œuvre : En 1911, Mondrian renonce au cubisme, encore lié au registre figuratif,pour se tourner vers l’abstraction. Composition No. VI a vu le jour à Paris, à une époque oùMondrian observe, <strong>de</strong>puis la fenêtre <strong>de</strong> son atelier, la faça<strong>de</strong> du bâtiment d’en face qu’ilreconstitue en simplifiant les formes. La paroi, représentée <strong>de</strong> manière frontale, est traduite par<strong>de</strong>s droites et <strong>de</strong>s quadrilatères rectangles possédant leur couleur propre. La structureorthogonale <strong>de</strong> cette peinture s’apparente à une grille, tout en restant directement inspirée <strong>de</strong> laréalité <strong>de</strong> la ville mo<strong>de</strong>rne et <strong>de</strong> l’architecture. Ce processus <strong>de</strong> stylisation formelle ramène lafiguration à une pure bidimensionnalité et conduit peu à peu à l’abstraction.Commentaire d’œuvre : En 1912, Robert Delaunay réalise une vingtaine d’œuvres sur le motif<strong>de</strong> la fenêtre, qui marquent une étape nouvelle vers l’abstraction. De toile en toile, la tour Eiffel –et parfois la gran<strong>de</strong> roue – sert <strong>de</strong> base à la composition. Cette série est l’occasion pour l’artiste<strong>de</strong> réfléchir à la couleur comme agent <strong>de</strong> construction : la forme est mo<strong>de</strong>lée par <strong>de</strong>s prismes <strong>de</strong>teintes en camaïeu ; elle évoque une ville vue <strong>de</strong>rrière une fenêtre, façonnée par la lumière. Letableau, soumis au dynamisme vibrant <strong>de</strong>s couleurs, <strong>de</strong>vient un espace en perpétuel mouvement.La recherche que Delaunay mène sur les « les contrastes simultanés » s’appuie également sur leslectures savantes dont il s’abreuve (Henri Bergson).13


JawlenskySOUS-SOL, couloirAlexej von Jawlensky, Variation : Roter Weg und Baüme (Variation :chemin rouge et arbres), 1914huile sur papier à texture toilée monté sur carton, 36 x 27 cmCollection privéeCommentaire d’œuvre : En 1914, Jawlensky fuit Munich et se réfugie dans un petitappartement <strong>de</strong> Saint-Prex où, n’ayant pas <strong>de</strong> chambre à lui, il « s’approprie » une fenêtre.Bouleversé par la guerre, il y abandonne ses pensées et crée ses premières séries. Dans celle <strong>de</strong>sVariations, il s’inspire directement <strong>de</strong> la vue <strong>de</strong>puis sa fenêtre. Mu par une quête <strong>de</strong> spiritualité etd’intériorité, il dépouille peu à peu le paysage en <strong>de</strong>s formes toujours plus stylisées. Ici, lepaysage est encore très reconnaissable. Les <strong>de</strong>ux peupliers à droite, le grand pin à gaucheétayent la structure verticale, créant avec l’allée une illusion <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur. Mais déjà, à droite, lacourbe d’un arbre amorce un mouvement circulaire. Libres <strong>de</strong> toute réalité, <strong>de</strong>ux notes d’ors’immiscent en haut du pin, et résonnent dans <strong>de</strong> nombreuses autres Variations.PicassoSOUS-SOL, couloirPablo Picasso, La Californie. Une fenêtre, 1955crayon sur papier Rives, 27 x 21 cmMuseo Picasso MálagaCommentaire d’œuvre : En été 1955, Picassoachète la villa <strong>de</strong> la Californie à Cannes, gran<strong>de</strong>bâtisse 1900. Il s’inspirera <strong>de</strong>s entrelacs <strong>de</strong>sfenêtres, <strong>de</strong> la vue sur les palmiers et <strong>de</strong> lalumière inondant les pièces dans <strong>de</strong>ux séries<strong>de</strong> peintures. Cette suite <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins serapporte à la première série <strong>de</strong> onze tableauxexécutés en octobre 1955. Chacun étudie undétail <strong>de</strong> l’atelier: une chaise-palette, unesellette avec une tête en céramique, une tablebasse avec trois plateaux. Les entrelacs <strong>de</strong>sfenêtres se mêlent au fouillis <strong>de</strong> la végétation etau chaos <strong>de</strong> la pièce, fusionnant intérieur etextérieur. Par leur thème, leurs motifs et leurtraitement, ces œuvres comptent parmi plusmatissiennes <strong>de</strong> Picasso. Détail <strong>de</strong> la fenêtrerappelle par exemple les papiers découpés <strong>de</strong>Matisse.14


Cadrages SOUS-SOL, salle 2La photographie est une fenêtre, raison pour laquelle nous trouvons tant <strong>de</strong> fenêtres dans lesphotographies. Descendant <strong>de</strong> la camera obscura, le médium photographique est littéralementune fenêtre qui laisse entrer la lumière pour capturer une image du réel. La sélection présentée icicouvre une pério<strong>de</strong> allant <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années 1920 à nos jours. Elle illustre notamment lesdifférentes mises en abîme auxquelles les artistes se sont prêtés, jouant avec les angles <strong>de</strong> vuequ’offrent l’architecture ou la transparence réfléchissante d’une vitrine.La première image photographique parvenuejusqu’à nous est d’ailleurs prise <strong>de</strong>puis unefenêtre : en 1825 ou 1826, Nicéphore Niépceréalise <strong>de</strong>puis la fenêtre du <strong>de</strong>rnier étage <strong>de</strong> samaison <strong>de</strong> Saint-Loup-<strong>de</strong>-Varennes, un cliché<strong>de</strong> toits <strong>de</strong> maisons. Ce point <strong>de</strong> vuelégèrement plongeant sera par la suite adoptéet poussé dans ses <strong>de</strong>rniers retranchementspar les photographes <strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s, poursubvertir les règles <strong>de</strong> la perspective. C’estjustement l’objectivité particulière <strong>de</strong> laphotographie qui a su indiquer – par exempledans les vues vertigineuses <strong>de</strong>puis les fenêtresdu Bauhaus <strong>de</strong> Feininger présentées ici – <strong>de</strong>nouvelles voies pour un espace qui ne seraitplus construit conformément aux règles <strong>de</strong> laperspective.Theodore Lux FeiningerBauhaus, 1927épreuve gélatino-argentique, 23,7 x 17,7 cmMuseo Cantonale d’Arte, LuganoTheodore Lux FeiningerBauhaus, 1928épreuve gélatino-argentique, 23,8 x 17,4 cmMuseo Cantonale d’Arte, LuganoL’avènement <strong>de</strong> la photographie a cependant eu, à partir du XIX e siècle, d’autres répercussionssur l’évolution <strong>de</strong> l’art, dont les traces peuvent être formellement rapportées au thème <strong>de</strong> lafenêtre. L’apparition d’un nouveau moyen <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s images a notamment introduit, grâce àla particularité <strong>de</strong> la vision dans l’objectif <strong>de</strong> l’appareil photo et à la manière dont celui-ci recadrela réalité, le thème du « hors-champ ». L’ambiguïté <strong>de</strong>s limites intérieures et extérieures <strong>de</strong>l’œuvre d’art s’accentue drastiquement à partir <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XIX e siècle, enconcomitance avec la diffusion <strong>de</strong>s images photographiques.Florence Henri, Fenêtre, 1927/1977épreuve gélatino-argentique, 23 x 17 cmMuseo Cantonale d’Arte, LuganoCommentaire d’œuvre : Lors <strong>de</strong> son secondséjour au Bauhaus en 1927, la jeune peintreFlorence Henri, encouragée par Laszlo etLucia Moholy-Nagy, se convertit à laphotographie. Stimulée par la dimensioninterdisciplinaire <strong>de</strong> l’enseignement délivré àDessau, elle abor<strong>de</strong> et explore ce nouveauprocédé dans une démarche fortementmarquée par son expérience picturale. Ainsi,ses premiers essais, parmi lesquels figurentcette Fenêtre, témoignent <strong>de</strong> l’influencecubiste et constructiviste. La géométrisationpresque abstraite du motif révèle son sens aigu<strong>de</strong> la composition et <strong>de</strong> la lumière. Ce thème,qu’elle reprendra <strong>de</strong>ux ans plus tard, estégalement un trait d’union entre son travail enatelier et la photographie <strong>de</strong> rue, livrant lavision d’une ville absolument mo<strong>de</strong>r15


Sujet / objet SOUS-SOL, salle 3La fenêtre est un élément et un lieu <strong>de</strong> la maison qui <strong>de</strong>vient un sujet <strong>de</strong> recherche pour <strong>de</strong>nombreux artistes dès la pério<strong>de</strong> romantique. En tant que structure, avec ses divisions, sesbattants et ses croisées, la fenêtre commence à <strong>de</strong>venir une métaphore privilégiée <strong>de</strong> la peinture.Elle est d’ailleurs souvent associée spatialement au miroir, ou même au tableau. Des tableaux surchevalet sont ainsi volontiers disposés près <strong>de</strong>s fenêtres, ou même tournés <strong>de</strong> sorte que seul leurdos – l’objet tableau avec son châssis et non l’image peinte – est visible. Au XX e siècle, cetteapproche <strong>de</strong> la fenêtre comme objet se développe, tout en se différenciant selon les différentsmouvements artistiques et architecturaux qui marquent les avant-gar<strong>de</strong>s.Ellsworth KellyOpen Window, Hotel <strong>de</strong> Bourgogne(Fenêtre ouverte, Hôtel <strong>de</strong> Bourgogne), 1949crayon sur papier,19,7 x 13,3 cmCollection privéeEllsworth KellyBrokenWindow, Hotel <strong>de</strong> Bourgogne(Fenêtre brisée, Hôtel <strong>de</strong> Bourgogne), 1949crayon sur papier,19,7 x 13,3 cmCollection privéeLa transformation <strong>de</strong> la fenêtre, <strong>de</strong>venue objet spécifique <strong>de</strong> la peinture plutôt que simple sujet,trouve sa définition formelle dans l’œuvre d’Ellsworth Kelly. En 1949, le jeune peintre américainvisite le Musée d’art mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris, et il est fasciné par ses fenêtres. Comme PierreBonnard, qui affirmait quelques dizaines d’années plus tôt que « ce qu’il y a <strong>de</strong> mieux dans lesmusées, ce sont les fenêtres », Kelly explique : « En octobre 1949 au musée d’Art mo<strong>de</strong>rne, àParis, je m’aperçus que les gran<strong>de</strong>s fenêtres entre les tableaux m’intéressaient plus que l’art qui yétait exposé. Je fis un <strong>de</strong>ssin d’une fenêtre et, plus tard, dans mon atelier, je réalisai ce que jeconsidère comme mon premier objet, Window, Museum of Mo<strong>de</strong>rn Art, Paris. A partir <strong>de</strong> cemoment, la peinture telle que je l’avais connue était finie pour moi. »Commentaire d’œuvre : De 1948 à 1954,Kelly rési<strong>de</strong> à Paris afin d’y parfaire saformation. Sa peinture va s’y radicaliser dansun style abstrait. Cette économie <strong>de</strong> moyens leconduit notamment à réaliser plusieurs étu<strong>de</strong>ssur <strong>de</strong>s formes, structures et compositions quiretiennent son attention lors <strong>de</strong> sespromena<strong>de</strong>s parisiennes. Les rapports entrefigure, forme, ligne et couleur, mais aussi entrecontenu et contenant, le conduisent àréinterpréter sur un mo<strong>de</strong> abstrait ce qu’ilobserve dans la réalité. L'observation <strong>de</strong>s jeuxd'ombres et <strong>de</strong> lumières va notammentconsidérablement nourrir sa dialectique.Comme l’attestent certains titres <strong>de</strong> sesnombreux croquis, Kelly va fréquemmenttravailler librement à partir du thème <strong>de</strong> lafenêtre et <strong>de</strong>s ombres qu’elles projettent.Ellsworth Kelly, Study for “Window, Museum of Mo<strong>de</strong>rn Art,Paris” (3) Etu<strong>de</strong> pour “Window, Museum of Mo<strong>de</strong>rn Art, Paris”[3]), 1949, encre et crayon sur papier, 34,9 x 21,6 cmJack Shear Collection16


Fenêtre fermée SOUS-SOL, salle 3Véritable icône <strong>de</strong> l’art du XX e siècle, la Fresh Widow <strong>de</strong> Marcel Duchamp (1920/1964) interroge latradition picturale occi<strong>de</strong>ntale, et la conception du tableau comme « fenêtre ouverte sur lemon<strong>de</strong> », issue du théoricien <strong>de</strong> la Renaissance Leon Battista Alberti. Ici, la fenêtre s’affirmecomme objet : n’ouvrant sur aucun paysage, sur aucun espace fictionnel, elle se donne à voirpour elle-même. Fresh Widow, comme d’autres ready-ma<strong>de</strong> <strong>de</strong> Duchamp, est une sorte <strong>de</strong>contrat entre l’artiste et le spectateur : sans l’attention légitime <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, l’œuvre nes’accomplit pas. La fenêtre fermée n’est toutefois pas une invention mo<strong>de</strong>rne : on construisaitdéjà <strong>de</strong>s fenêtres « aveugles » à la Renaissance, parce que l’on pensait qu’une fenêtre ouvertepouvait constituer un danger pour la stabilité du bâtiment.Marcel Duchamp, Fresh Widow, 1920/1964technique mixte, 79,5 x 54,5 x 12 cmGalleria Nazionale d’Arte Mo<strong>de</strong>rna, RomeCommentaire d’œuvre : Pour cette œuvredont la première version date <strong>de</strong> 1920(plusieurs répliques en 1964), Duchampcomman<strong>de</strong> un modèle réduit <strong>de</strong> fenêtre à lafrançaise (french window) et remplace les vitrespar un matériau opaque, le cuir noir. Avec lesens du calembour qu’on lui connaît, il baptisel’œuvre Fresh Widow (Veuve impu<strong>de</strong>nte) et,pour la première fois, signe <strong>de</strong> sonpseudonyme féminin « Rose Sélavy ». Lesniveaux <strong>de</strong> lecture sont multiples. L’œuvreévoque bien sûr un torrent sexuel (« Eros, c’estla vie ! ») – combien <strong>de</strong> femmes se sontretrouvées seules à l’issue <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>Guerre ? Mais surtout, elle rend impossible lamétaphore du tableau comme fenêtre sur lemon<strong>de</strong> : à l’heure <strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s, il n’y aplus <strong>de</strong> tableau illusionniste. Ne restent que lesmontants d’une fenêtre aveugle.La fenêtre « aveugle » – autrement dit, non assujettie à une vision traversante – est <strong>de</strong>puisDuchamp une image récurrente <strong>de</strong> l’art mo<strong>de</strong>rne, que ce soit en tant qu’objet ou en tant quereprésentation peinte ou constituée <strong>de</strong> morceaux <strong>de</strong> fenêtre. Elle est le principal élément <strong>de</strong>nombreuses œuvres du XX e siècle (elle joue par exemple un rôle clef chez Ellsworth Kelly) etmême contemporaines (comme ici dans la proposition apparemment littérale d’Ugo Rondinone).D’autres artistes explorent les co<strong>de</strong>s <strong>de</strong>représentation en travaillant sur <strong>de</strong>s fenêtresbouchées par du papier d’emballage ou dubadigeon blanc. Ainsi, dans ses gran<strong>de</strong>s toilesabstraites, Bertrand Lavier s’inspire <strong>de</strong>s vitrines<strong>de</strong>s commerces en chantier, passées au blancd’Espagne.17Bertrand Lavier, Rue du FaubourgSaint-Honoré # 1, 2000, huile sur toile, 212 x 142 cmCollection privée


Ecrans SOUS-SOL, salle 4L’écran est la métaphore authentique, mo<strong>de</strong>rne et contemporaine, <strong>de</strong> la fenêtre. Toutefois, cettefenêtre n’est pas ouverte, elle n’est pas transparente, mais elle projette <strong>de</strong>s images <strong>de</strong>puisd’autres lieux, d’autres mon<strong>de</strong>s. Qu’il soit cinématographique ou <strong>de</strong> télévision, l’écran est aussice qui, en fin <strong>de</strong> compte, sépare le spectateur <strong>de</strong> la réalité. La définition du septième art comme «fenêtre sur le mon<strong>de</strong> » est probablement la plus utilisée <strong>de</strong>puis sa naissance. La fenêtre apparaîtainsi comme une métaphore générale <strong>de</strong> l’image cinématographique et <strong>de</strong> son rapport avec laréalité qu’elle capture, découvre, révèle et organise. Mais elle est également le symbole dudispositif technique capturant la réalité (la lentille <strong>de</strong> la caméra, le viseur <strong>de</strong> l’objectif) et <strong>de</strong> ce quila reproduit (la fenêtre <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> projection, l’écran sur lequel est projeté le film).La fenêtre trouve aujourd’hui sa métaphore la plus puissante dans Windows – un systèmed’exploitation qui, ce n’est pas un hasard, fait allusion à une fenêtre virtuelle – et dans Google,qui, en inversant le mouvement, ne regar<strong>de</strong> plus vers le mon<strong>de</strong>, mais l’amène directement dansnos maisons et sur notre lieu <strong>de</strong> travail. De l’écran <strong>de</strong> cinéma ou <strong>de</strong> la télévision, on est passé aumoniteur <strong>de</strong> l’ordinateur, du smartphone, <strong>de</strong> la tablette tactile, qui ne constitue plus lediaphragme symbolique entre l’individu et la réalité, mais une nouvelle fenêtre sans cesseconnectée sur le mon<strong>de</strong>. Ultime séparation entre le spectateur et le réel, l’écran est la véritablemétaphore contemporaine <strong>de</strong> la fenêtre. L’écran <strong>de</strong> cinéma chez Sugimoto et celui <strong>de</strong> l’ordinateurchez Mettraux.Hiroshi Sugimoto, Arcadia, Milan, 1998, épreuve gélatino-argentique,éd. 7/25, 42,3 x 54,2 cm, Collection privée, MilanCommentaire d’œuvre : Influencé par l’art conceptuel et minimal qu’il découvre en s’installant àLos Angeles, Hiroshi Sugimoto initie sa série Theaters dont est issue Arcadia Milano en 1978. Leprotocole <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> vue est i<strong>de</strong>ntique pour chaque image : l’artiste japonais place sa chambre 8x 10 dans l’axe <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> cinéma, dirigée vers l’écran. Le temps <strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong> la pelliculecorrespond à la durée du film projeté. Le film se retrouve dès lors transformé en une seule etunique image blanche, qui éclaire l’architecture et les décors du cinéma. L’écran immaculé<strong>de</strong>vient alors l’indice éblouissant du lent écoulement du temps, au regard duquel voir équivaut àne plus rien voir.Une sélection <strong>de</strong> photographies contemporaines abor<strong>de</strong> notamment le thème du voyeurisme,particulièrement lié à celui la fenêtre : il se révèle frontal et planifié chez Yokomizo,cinématographique et inquiétant chez Hubbard / Birchler. Voir et être vu. C’est ce qu’enseignel’emblématique Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock (Rear window, 1954), que le cinéastedéfinissait comme « la plus pure expression <strong>de</strong> l’idée cinématographique » : un film sur levoyeurisme, les attraits et les pièges <strong>de</strong> la jouissance optique. Et la fenêtre, qui marque le seuilvers cet ailleurs inatteignable, <strong>de</strong>vient la métaphore d’une aspiration inassouvie, d’un <strong>de</strong>stininaccompli ; elle est une figure du désir.18


Shizuka Yokomizo, (« Etranger », Etranger n°7,<strong>de</strong> la série « Stranger », Stranger n°10), 1999épreuve C-print, 108 x 127 cmCollection <strong>de</strong> l’artisteTeresa Hubbard, Alexan<strong>de</strong>r BirchlerDe la série « Stripping », 1998tirage C-print, 145 x 180 cmCollection privée, SuisseCommentaire d’œuvre : De 1998 à 2000, Shizuka Yokomizo réalise <strong>de</strong>s portraits d’inconnusdans leurs intérieurs, dont l’originalité tient au protocole <strong>de</strong> production. L’artiste japonaise aenvoyé une lettre anonyme aux modèles potentiels, afin <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la permission <strong>de</strong> lesphotographier à une <strong>de</strong> leurs fenêtres dans la position <strong>de</strong> leurs choix à une heure précise durantdix minutes. Stranger interroge notre rapport à l’intimité et à la distance. Le caractère énigmatique<strong>de</strong>s scènes est dû à l’absence <strong>de</strong> narration, et il est renforcé par le redoublement du cadre àtravers lequel nous observons l’inconnu : celui <strong>de</strong> la photographie et celui <strong>de</strong> la fenêtre. La fenêtreest aussi l’écran invisible sur lequel les regards se croisent et la rencontre se produit.Commentaire d’œuvre : C’est l’univers bourgeois décrit par Flaubert dans Madame Bovary(1857) qui est la source d’inspiration première <strong>de</strong> Stripping. La femme se tient ici <strong>de</strong>bout dans unepièce comparable à un décor <strong>de</strong> théâtre stylisé. La fenêtre, seul élément architectonique visible,définit son rapport à la spatialité. Comme dans l’univers d’Edward Hopper, une lumière artificiellebaigne la scène dans <strong>de</strong>s contrastes marqués, et lui confère une ambiance d’étrangeté où letemps semble suspendu et un événement imminent. L’état d’expectation et le regard qui se perdau-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la fenêtre achèvent <strong>de</strong> complexifier les rapports flui<strong>de</strong>s entre intérieurs/extérieurs et lapsyché du personnage.Vues intérieures SOUS-SOL, salle 5Certains artistes majeurs du XX e siècle ont un rapport plus émotionnel avec le motif <strong>de</strong> la fenêtre,qui transparaît dans la manière d’appréhen<strong>de</strong>r ce thème, tant dans la structure que dans les titres<strong>de</strong> leurs œuvres. Ici, la fenêtre est surtout suggérée ou exploitée <strong>de</strong> façon métaphorique. Lasurface <strong>de</strong> la peinture, fenêtre symbolique, <strong>de</strong>vient objet <strong>de</strong> contemplation ou <strong>de</strong> méditation. Cecheminement vers l’abstraction <strong>de</strong>puis le motif <strong>de</strong> la fenêtre aboutit dans <strong>de</strong>s compositionsdévoilant <strong>de</strong> véritables vues intérieures, tentatives <strong>de</strong> rendre l’œuvre d’art autonome du réel.La fenêtre n’ouvre décidément plus sur l’extérieur mais sur la composition elle-même. Ainsi,Rothko revendique la planéité <strong>de</strong> la surface picturale en y appliquant <strong>de</strong> larges ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>couleur, propices à une réflexion sur la nature même <strong>de</strong> la peinture.19


Josef Albers, Homage to the Square, “Pasture”, (Hommage au carré, “Pâturage”), 1959huile sur masonite, 81 x 81 cm, The Josef and Anni Albers Foundation, BethanyCommentaire d’œuvre : Commencée en 1949, la série Hommage au carré – la plus connued’Albers – s’illustre par <strong>de</strong>s enchâssements <strong>de</strong> carrés colorés et superposés, générant un effetoptique <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur. L’artiste adopte cette forme – l’emblème <strong>de</strong> sa production– pour soncaractère neutre, puisqu’il s’agit selon lui d’ « un plateau sur lequel servir les couleurs ». Ici,Albers divise horizontalement le carré central pour former <strong>de</strong>ux rectangles égaux, violant ainsison propre système exclusivement fondé sur le carré. En passant <strong>de</strong> la planéité à unetridimensionnalité illusoire, ces œuvres engagent le spectateur dans une expérience perceptive :on regar<strong>de</strong> la surface du tableau comme à travers une fenêtre. Comme si Albers cherchait lalimite jusqu’à laquelle il peut pousser le concept <strong>de</strong> la peinture comme fenêtre sur la réalité.Mark Rothko, sans titre, sans datehuile sur papier marouflé sur toile, 150 x 90 cmCourtesy Simon Stu<strong>de</strong>r Art, GenèveSean Scully, Window Painting (Tableau fenêtre), 2005huile sur toile, 184 x 200 cm, Collection privéeCommentaire d’œuvre : Les peintures sombres sont apparues occasionnellement dans l’œuvre<strong>de</strong> Mark Rothko à la fin <strong>de</strong>s années 1940, avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> plus en plus prégnantes.Mélancoliques et intimistes, elles constituent les pendants poignants <strong>de</strong> ses toiles aux couleursvives, comme autant <strong>de</strong> fenêtres ouvertes sur les ténèbres <strong>de</strong> la vie. Ainsi, par <strong>de</strong>s moyensréduits (<strong>de</strong>ux rectangles sur un fond à peine plus clair), Rothko évoque avec subtilité les sujets lesplus tragiques <strong>de</strong> l’existence humaine. Au printemps 1959, Mark Rothko fait un voyage en Italiequi sera un point <strong>de</strong> départ déterminant pour les œuvres <strong>de</strong> sa maturité. Visitant à Florence laBibliothèque Laurentienne conçue par Michel-Ange, il est très impressionné par le dispositif queprésente le vestibule <strong>de</strong> l’édifice et par le sentiment d’enfermement qu’il suscitait : un espacesombre, bordé <strong>de</strong> fenêtres aveugles, prélu<strong>de</strong> à la lumière <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> lecture. Les tableaux,dans la production tardive <strong>de</strong> Rothko, sont comme <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> couleur. La composition estsouvent réduite à <strong>de</strong>ux champs colorés et une division horizontale qui suggèrent une relationavec le paysage. Un cadre étroit souligne la perception <strong>de</strong> la peinture comme une « fenêtre »s’ouvrant sur une réalité inconnue, une vision intérieure.20


Commentaire d’œuvre : Les œuvres <strong>de</strong> Sean Scully sont, dès les années 1980, l’une <strong>de</strong>scontributions les plus intéressantes à la reformulation <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> l’abstraction. Après unepério<strong>de</strong> consacrée à la grille, Scully crée <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> peinture en se servant <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s colorées,<strong>de</strong> lignes et <strong>de</strong> barres. La fenêtre apparaît fréquemment dans les titres <strong>de</strong> ses œuvres, mais aulieu <strong>de</strong> s’ouvrir vers l’extérieur, elle s’ouvre sur la composition et sur la matière du tableau. D’unegran<strong>de</strong> force émotionnelle, ses murs <strong>de</strong> couleur, comme ceux <strong>de</strong> Rothko, sont à la fois uneréflexion sur le langage <strong>de</strong> la peinture, et <strong>de</strong>s exercices contemplatifs, <strong>de</strong>s tableaux <strong>de</strong> méditationCy Twombly, Sans titre, 1964, crayon, crayon <strong>de</strong> couleuret huile sur toile, 170 x 200 cm, Collection privéeCommentaire d’œuvre : Le mur <strong>de</strong> la peinture comme objet <strong>de</strong> contemplation est également unecaractéristique <strong>de</strong> l’écriture poétique <strong>de</strong> Cy Twombly. Chez cet artiste, le motif <strong>de</strong> la fenêtre<strong>de</strong>vient un <strong>de</strong>s signes élémentaires disposés sur le fond neutre <strong>de</strong> la toile, aux côtés <strong>de</strong>s graffiti et<strong>de</strong>s signes calligraphiques. Peintre et sculpteur américain, Twombly s’installe définitivement àRome en 1957. Il s'oriente vers un art poétique et gestuel composé <strong>de</strong> signes graphiques, <strong>de</strong>mots, <strong>de</strong> chiffres ou <strong>de</strong> graffiti qui se lisent comme <strong>de</strong>s inscriptions d'un autre temps, exécutéessur un fond peint au préalable, blanc le plus souvent. Ici, les quatre fenêtres <strong>de</strong> son atelierdisposées en arc <strong>de</strong> cercle, sous forme <strong>de</strong> schéma géométrique, sont la seule référence à laréalité. La fenêtre <strong>de</strong>vient ainsi un graphème, un signe élémentaire qui rappelle la fonction <strong>de</strong>sfenêtres réfléchies dans les yeux <strong>de</strong>s personnages représentés au XVI e siècle, à la suite <strong>de</strong> Dürer.Le <strong>de</strong>ssin au trait fragile, combiné à l'éclatement <strong>de</strong> la matière, confère à cette œuvre unepuissante énergie.Anri Sala, Window drawing (Dessin <strong>de</strong> fenêtre), 2006vi<strong>de</strong>o couleur, 58 sec, Johnen Galerie, BerlinCommentaire d’œuvre : Window Drawing estun plan fixe sur l'ombre projetée d'une fenêtre,<strong>de</strong>rrière laquelle on <strong>de</strong>vine que la neige tombeà gros flocons. Après 50 secon<strong>de</strong>s <strong>de</strong>projection, la source lumineuse semblant venir<strong>de</strong> l’extérieur s’éteint, l’ombre disparaît et nesubsiste alors qu’une trace sur le mur. Commedans d’autres œuvres <strong>de</strong> l’artiste albanais AnriSala, la fenêtre perd ici son statut d’ouvertureet <strong>de</strong> perspective. Elle est davantage le témoind’une absence, révélée par l’interruption <strong>de</strong> laprojection. Window Drawing interroge lesconditions d’apparition <strong>de</strong> l’image enconsidérant la fenêtre comme un sas optique,proche <strong>de</strong> la camera obscura, reliant le mon<strong>de</strong>intérieur et le mon<strong>de</strong> extérieur.21


LISTE DES ŒUVRES(les œuvres sont classées parartiste, dans l’ordre alphabétique)Georg Nicolaj AchenIntérieur, 1901huile sur toile, 65,5 x 48,5 cmMusée d’Orsay, ParisJosef AlbersPorto Ronco Lago Maggiore, VIII,‘30 / ganz früh ’30 (Porto RoncoLac Majeur, VIII, ‘30 / au début <strong>de</strong>1930), vers 1930épreuves gélatino-argentiquesmontées sur carton,41 x 29,5 cmThe Josef and Anni AlbersFoundation, BethanyJosef AlbersVor meinem Fenster 1931, 1932(Devant ma fenêtre 1931, 1932),1931-1932épreuves gélatino-argentiquesmontées sur carton,29,5 x 41 cmThe Josef and Anni AlbersFoundation, BethanyJosef AlbersHomage to the Square, “Pasture”(Hommage au carré, “Pâturage”),1959huile sur masonite, 81 x 81 cmThe Josef and Anni AlbersFoundation, BethanyJosef AlbersStudy for “Homage to theSquare” (Etu<strong>de</strong> pour “Hommageau carré”), 1963huile sur masonite, 60 x 60 cmJosef Albers Museum Quadrat,BottropJosef AlbersHomage to the Square. MiteredSquare (Hommage au carré.Carré biseauté), 1967huile sur masonite, 122 x 122 cmJosef Albers Museum Quadrat,BottropJosef AlbersStudy for “Homage to theSquare” (Etu<strong>de</strong> pour “Hommageau carré”), 1965huile sur masonite, 81 x 81 cmJosef Albers Museum Quadrat,BottropJosef AlbersStudy for “Homage to theSquare” (Etu<strong>de</strong> pour “Hommageau carré”), 1965huile sur masonite, 81 x 81 cmJosef Albers Museum Quadrat,BottropManuel Alvarez-BravoRetrato <strong>de</strong> lo Eterno (Portrait <strong>de</strong>l’Eternel), vers 1930épreuve gélatino-argentique, 25 x19 cmSammlung Fotostiftung Schweiz,WinterthurCuno AmietVillage sous la neige vu <strong>de</strong>l’atelier, 1938huile sur toile, 63,5 x 52,5 cmCollection d’oeuvres d’art <strong>de</strong> laMobilière Suisse SociétéCoopérative, BerneAnonymeLe chat et les chardonnerets, XIXesièclehuile sur toile, 38 x 46 cmMusée <strong>de</strong>s Beaux-Arts, Rouen -Donation Henri et SuzanneBa<strong>de</strong>rou, 1975AnonymeSans titre (Portrait d'homme<strong>de</strong>rrière une fenêtre avec sarment<strong>de</strong> vigne), 1800-1850huile sur papier monté sur carton,49,5 x 39,5 cmKunstmuseum St. GallenBalthusLa fenêtre, cour <strong>de</strong> Rohan, 1951huile sur toile, 150 x 82 cmMusée d’Art mo<strong>de</strong>rne, Troyes,collections nationales Pierre etDenise LévyDaniel BarbaroLa pratica <strong>de</strong>lla perspettiva ... (Lapratique <strong>de</strong> la perspective…),1569, édition imprimée, 31 x 43cm (ouvert)ETH - Bibliothek, Alte und SelteneDrucke, ZürichUmberto BoccioniVisioni simultanee (Visionssimultanées), 1911huile sur toile, 60,5 x 59,5 cmVon <strong>de</strong>r Heydt-Museum,WuppertalPierre BonnardIntérieur, vers 1905huile sur toile, 59,5 x 40,5 cmStiftung Sammlung E.G. Bührle,ZürichPierre BonnardLa terrasse ensoleillée, 1939-1945huile sur toile, 71 x 236 cmCollection privéePierre BonnardMaison dans la cour, planchetirée <strong>de</strong> la série « Quelquesaspects <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> Paris », 1899lithographie en couleur, 350 x 260mmHahnloser/Jaeggli-Stiftung, VillaFlora, WinterthurMarius BorgeaudLa table et les <strong>de</strong>ux bols (Fleurs etvase), 1922huile sur toile, 65,5 x 81 cmMusée cantonal <strong>de</strong>s Beaux-arts,Lausanne, acquisition, 1942Marius BorgeaudLa chambre blanche, 1924huile sur toile, 53 x 63 cmCollection privéeJessie BoswellLe tre finestre (La pianura <strong>de</strong>llatorre) (Les trois fenêtres [Laplaine <strong>de</strong> la tour]), 1924huile sur toile marouflée surcarton, 68,5 x 99 cmGAM - Galleria d’Arte Mo<strong>de</strong>rna eContemporanea, TorinoRudy BurckhardtA View from Brooklyn (Vue <strong>de</strong>puisBrooklyn), 1954épreuve gélatino-argentique, 17,2x 20 cmSammlung Fotostiftung Schweiz,WinterthurJohann Rudolf BysCartouche aux guirlan<strong>de</strong>s <strong>de</strong>fleurs avec vue sur un port, avant1723huile sur toile, 76 x 86 cmKunstmuseum Basel, prêt à longterme du J.J. Bachofen-Burckhardt-Stiftung, 1921Carl Gustav CarusPersonnages en costumesallemands anciens contemplantune cité médiévale, vers 1850huile sur toile, 36,5 x 15,5 cmCollection privéeFranz Ludwig CatelPorche d’église dans un paysageau clair <strong>de</strong> lune, vers 1825-1835huile sur toile, 62 x 50 cmCollection privéeGiorgio <strong>de</strong> ChiricoIl poeta e il filosofo (Le poète et lephilosophe), 1915huile sur toile, 82 x 66 cm22


Collection privéeJohn ConstableFemme appuyée sur une chaise,regardant par la fenêtre (recto),sans datecrayon graphite et aquarelle (griset gris-brun) sur papier22,4 x 17,9 cmThe Samuel Courtauld Trust, TheCourtauld Gallery, LondonJohn ConstableJeune homme assis à la fenêtre, lisant,1806crayon graphite sur papier, 17,4 x 22,5cmThe Samuel Courtauld Trust, TheCourtauld Gallery, LondonJoseph CornellUntitled (Soap Bubble Set withSun) (Sans titre [Nécessaire àbulles <strong>de</strong> savon avec soleil]),1965techniques mixtes, 40,5 x 24 x 9cmCollection privée suisseRobert DelaunayLes fenêtres sur la ville n° 3 (2èmemotif, 1èrepartie), 1912huile sur toile, 79 x 64,5 cmKunstmuseum Winterthur, legsEmil et Clara Friedrich-Jezler,197323Paul DelvauxLa fenêtre, 1936huile sur toile, 110 x 100 cmCollection du Musée d’Ixelles,Bruxelles, legs Max Janlet, 1977Raymond DepardonBig Sur, California, Nov. 1982,1982épreuve gélatino-argentique, 24 x36 cmSammlung Fotostiftung Schweiz,WinterthurCharles DesainsFemme asphyxiée, 1822huile sur toile, 134,5 x 99 cmPalais <strong>de</strong>s Beaux-Arts, LilleJan Vre<strong>de</strong>man De VriesPerspective, id est, celeberrimaars inspicientis aut transpicientiscoculorum aciei ... (Perspective,c'est à dire le très renommé artdu poinct oculaire d'une veue<strong>de</strong>dans où travers regardante...),1604édition imprimée, 29 x 72 cm(ouvert)ETH - Bibliothek, Alte und SelteneDrucke, ZürichLorenzo di CrediPortrait d’une jeune femme ou Ladame aux jasmins, 1485-1490huile sur bois, 75 x 54 cmMusei San Domenico, PinacotecaCivica, ForlíGérard Dou (et son atelier)Femme au perroquet, vers 1665huile sur bois, 24,7 x 19 cmCollection <strong>de</strong>s Musées d’art etd’histoire <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> GenèveLouise-Adéone DrollingIntérieur avec vue sur la faça<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’église Saint-Eustache, vers 1815huile sur toile, 72,5 x 58,5 cmMusée Carnavalet - Histoire <strong>de</strong>Paris, ParisMarcel DuchampFresh Widow, 1920/1964technique mixte, 79,5 x 54,5 x 12cmGalleria Nazionale d’ArteMo<strong>de</strong>rna, RomaAntoine DuclauxLa reine Hortense à Aix-les-Bains,1813huile sur toile, 35,3 x 25,2 cmMusée Napoléon Thurgovie,SalensteinFrançois Aimé Louis DumoulinAutoportrait à l’âge <strong>de</strong> 79 ans,1832huile sur toile, 99 x 78 cmMusée historique <strong>de</strong> VeveyAlbrecht DürerUn<strong>de</strong>rweysung <strong>de</strong>r messung ...(Traité <strong>de</strong>s proportions…), 1525édition imprimée, 31 x 47 cm(ouvert)ETH - Bibliothek, Alte und SelteneDrucke, ZürichAlbrecht DürerSaint Jérôme dans sa cellule,1514gravure sur cuivre, 243 x 185 mmGraphische Sammlung <strong>de</strong>r ETH,ZürichAlbrecht DürerPortrait <strong>de</strong> Frédéric le Sage,électeur <strong>de</strong> Saxe, 1524gravure sur cuivre, 220 x 154 mmGraphische Sammlung <strong>de</strong>r ETH,ZürichAlbrecht DürerPortrait <strong>de</strong> Willibald Pirckheimer,1524gravure sur cuivre, 178 x 115 mmGraphische Sammlung <strong>de</strong>r ETH,ZürichMax ErnstOedipus Rex (Œdipe roi), 1922huile sur toile, 93 x 102 cmCollection privéeJohan Julius ExnerLa lettre, 1886huile sur toile, 67 x 53 cmCollection privéeJohan Julius ExnerIntérieur, jeune fille cousant, 1894huile sur toile, 55,5 x 47 cmCollection privéeTheodore Lux FeiningerBauhaus, 1927épreuve gélatino-argentique, 23,7x 17,7 cmMuseo Cantonale d’Arte, LuganoTheodore Lux FeiningerBauhaus, 1928épreuve gélatino-argentique, 23,8x 17,4 cmMuseo Cantonale d’Arte, LuganoLee Friedlan<strong>de</strong>rNew Orleans, Louisiana (NouvelleOrléans, Louisiane), 1968/2004épreuve gélatino-argentique, 22 x33 cmFotomuseum WinterthurAchille FuniLa finestra (La fenêtre), 1915-1918huile sur panneau, 64,5 x 58,5 cmCollection Tino Gipponi, LodiJohann Heinrich FüssliFemme sur un divan regardantpar la fenêtre, 1802lithographie à la plume, 228 x 318mmGraphische Sammlung <strong>de</strong>r ETH,ZürichEva GonzalèsLa robe bleue, 1874huile sur toile, 42 x 27 cmCollection privéeHenri Nicolas Van GorpFemme à la lorgnette, avant 1819huile sur toile, 40 x 32 cmMusée <strong>de</strong>s Beaux-Arts, Rouen,legs Jules Hédou, 1907Juan GrisL’homme <strong>de</strong>vant la fenêtre, 1924huile sur toile, 46 x 55 cmCollection européenne


Vilhelm HammershøiIda lisant à la lumière du soleil,Strandga<strong>de</strong> 30, vers 1900huile sur toile, 46,5 x 51,5 cmCollection privéeVilhelm HammershøiFigures près <strong>de</strong> la fenêtre,Strandga<strong>de</strong> 25, vers 1895huile sur toile, 55,5 x 46,5 cmCollection privéeVilhelm HammershøiIntérieur. La gran<strong>de</strong> salle dumanoir <strong>de</strong> Lin<strong>de</strong>gaar<strong>de</strong>n(Kalundborg), 1909huile sur toile, 77 x 118 cmFamille SikorskyVilhelm HammershøiIntérieur à Londres. BrunswickSquare, 1912huile sur toile, 53 x 76 cmFamille SikorskyWillem Claesz HedaLe déjeuner au jambon, 1638huile sur bois, 43 x 60 cmMusée <strong>de</strong>s Beaux-Arts,StrasbourgFlorence HenriFenêtre, 1927/1977épreuve gélatino-argentique, 23 x17 cmMuseo Cantonale d’Arte, LuganoFlorence HenriAutoportrait, 1928/1977épreuve gélatino-argentique, 30,1x 24 cmMuseo Cantonale d’Arte, LuganoFlorence HenriComposition (ombres), 1931/1977épreuve gélatino-argentique, 29,3x 39,6 cmMuseo Cantonale d’Arte, LuganoGary HillWindows (Fenêtres), 1978vidéo couleur, muette, 8 min 28secElectronic Arts Intermix (EAI),New YorkPieter <strong>de</strong> HoochFemme assise près d’une fenêtreavec un enfant dans l’embrasure<strong>de</strong> la porte, vers 1680huile sur toile, 54,1 x 67,2 cmJohnny Van Haeften Ltd, LondonEdward HopperEast Si<strong>de</strong> Interior (Intérieur, EastSi<strong>de</strong>), 1922eau-forte sur papier, 25 x 20 cmCollection privéeTeresa Hubbard, Alexan<strong>de</strong>rBirchlerDe la série « Stripping », 1998tirage C-print, 145 x 180 cmCollection privée, SuisseJohann Erdmann HummelIntérieur aux trois miroirs, vers1820plume, encre noire et lavis grissur papier, 22,5 x 32,5 cmStiftung Stadtmuseum, BerlinJohann Erdmann HummelIntérieur, vers 1820plume, encre noire et grise, lavisgris, 28,3 x 36,2 cmCollection privée, VeveyAlexej von JawlenskyVariation : Roter Weg und Baüme(Variation : chemin rouge etarbres), 1914huile sur papier à texture toiléemonté sur carton,36 x 27 cmCollection privéeAlexej von JawlenskyWinter (Hiver), 1915huile sur papier à texture toiléemonté sur carton,36 x 27,1 cmCollection privéeAlexej von JawlenskyFeuchter Frühling Dämmerung(Nocturne) (Printemps humi<strong>de</strong>,crépuscule [Nocturne]), 1916huile sur papier à texture toiléemonté sur carton, 35,2 x 29 cmCollection privéeAlexej von JawlenskyFrühsommer (Au début <strong>de</strong> l’été),1919huile sur papier à texture toiléemonté sur carton, 36,4 x 26,8 cmCollection privéeAlexej von JawlenskyVariation : SpätsommerNachmittag (Variation : après-midi<strong>de</strong> fin d’été), 1917huile sur carton marouflé sur toile,35,8 x 27,4 cmKunstmuseum Liechtenstein,VaduzEllsworth KellyOpen Window, Hotel <strong>de</strong>Bourgogne (Fenêtre ouverte,Hôtel <strong>de</strong> Bourgogne), 1949crayon sur papier, 19,7 x 13,3 cmCollection privéeEllsworth KellyBroken Window, Hotel <strong>de</strong>Bourgogne (Fenêtre brisée, Hôtel<strong>de</strong> Bourgogne), 1949crayon sur papier, 19,7 x 13,3 cmCollection privéeEllsworth KellyStudy for “Window, Museum ofMo<strong>de</strong>rn Art, Paris” (3) (Etu<strong>de</strong> pour“Window, Museum of Mo<strong>de</strong>rnArt, Paris” [3]), 1949encre et crayon sur papier, 34,9 x21,6 cmJack Shear CollectionEllsworth KellyStudy for “Window I” (2) (Etu<strong>de</strong>pour “Window I” [2]), 1949crayon sur papier, 19,7 x 13,7cmCollection privéeEllsworth KellyStudy for “Window I” (Etu<strong>de</strong> pour“Fenêtre I”), 1949encre sur papier, 20,3 x 13,3 cmCollection <strong>de</strong> l’artisteEllsworth KellyWindow V (Fenêtre V), 1950huile sur bois, 69,8 x 18,4 cmCollection privéeEllsworth Kelly6 o’clock shadow drawings of awindow (Dessins d’une fenêtreavec l’ombre <strong>de</strong> 6 heures), 1954encre et crayon sur papier, 20,3 x30,5 cmCollection privéePaul KleeKomposition mit Fenstern(Composition aux fenêtres), 1919huile et plume sur carton, 50,4 x38,3 cmZentrum Paul Klee, BernPaul KleeFensterausblick (Nordseeinsel)(Vue d’une fenêtre [Ile <strong>de</strong> la merdu Nord]), 1923aquarelle et gouache sur papiermonté sur carton,33 x 22,5 cmCollection privée, SuisseGerrit LambertsIntérieur d’une maison avec vuesur la Janskerk à Utrecht, vers1800pierre noire, plume et encrebrune, lavis, 20 x 20,6 cmCollection Jean Bonna, Genève24


Luisa LambriSans titre, 2002tirage C-print, 89 x 109 cmRolla CollectionLuisa LambriSans titre (Barragan House 24),2005tirage laserchrome, 69 x 79 cmRolla CollectionBertrand LavierRue du Faubourg Saint-Honoré 1,sans datehuile sur toile, 212 x 142 cmCollection privéeGeorges LemmenFemme cousant à la fenêtre, 1895huile sur toile, 46 x 38 cmAssociation <strong>de</strong>s Amis du PetitPalais, GenèveRené MagritteLa clef <strong>de</strong>s songes, 1930huile sur toile, 81 x 60 cmCollection privéeRené MagritteEloge <strong>de</strong> la dialectique, 1936gouache sur papier, 38 x 32 cmCollection du Musée d’Ixelles,BruxellesRené MagritteLa maison, vers 1947gouache sur papier marouflé surcarton, 24,5 x 18,8 cmCollection privéeRené MagritteL’agent secret, 1959huile sur toile, 50 x 70 cmCollection privée, SuisseAlbert MarquetNotre-Dame <strong>de</strong> Paris,vers 1907-1908huile sur toile, 65 x 81 cmCollection privéeAlbert MarquetNotre-Dame, temps <strong>de</strong> neige,1914huile sur toile, 65 x 81 cmMusée cantonal <strong>de</strong>s Beaux-Arts,Lausanne, legs Henri-AugusteWidmer, 1936Albert MarquetFenêtre à Alger, 1932huile sur carton parqueté, 47,5 x34,5 cmCollection privéeAgnes MartinSans titre, sans dateacrylique et crayon sur toile,25183 x 183 cmCollection privéeHenri MatisseNice, cahier noir, 1918huile sur toile, 33 x 40,7 cmHahnloser/Jaeggli-Stiftung,WinterthurHenri MatisseFemme nue, 1920-1925huile sur toile, 54,5 x 33 cmCollezione Città di Lugano, legsMilich-Fassbind, 1965Sébastien MettrauxColline verdoyante (d’après BillGates), 2006tirage sur papier baryté, 30 x 40cmCollection privée, LausannePiet MondrianComposition No. Vl / Compositie9, 1914huile sur toile, 95,5 x 68 cm<strong>Fondation</strong> Beyeler, Riehen (Basel)Clau<strong>de</strong> MonetUn coin d’appartement, vers 1875huile sur toile, 81,5 x 60 cmMusée d’Orsay, Paris, legs <strong>de</strong>Gustave Caillebotte, 1894Edvard MunchLe baiser, 1895aquatinte et pointe sèche, 345 x278 mmMusée Jenisch Vevey - Cabinetcantonal <strong>de</strong>s estampes,collection <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> VeveyEdvard MunchLe baiser, 1892huile sur toile, 72 x 59 cmCollection européenneAmédée OzenfantTasse, verres et bouteilles <strong>de</strong>vant lafenêtre, 1922huile sur toile, 130,3 x 97 cmKunstmuseum Basel, don du Dr.h.c. Raoul La Roche, 1963Adriaen van Osta<strong>de</strong>Le fumeur à la fenêtre, vers 1667eau-forte, 210 x 166 mmMusée Jenisch Vevey - Cabinetcantonal <strong>de</strong>s estampes,collection du Musée Alexis ForelBlinky PalermoFensterkreuz II (Fenêtre à croiséeII), 1966aquarelle sur papier, 12,5 x 14,9cmCollection privée, ZurichPablo PicassoLa Californie. Une fenêtre, 1955crayon sur papier Rives, 27 x 21cmMuseo Picasso MálagaPablo PicassoLa Californie. Intérieur et fenêtre,1955crayon sur papier Rives, 27 x 21cmMuseo Picasso MálagaPablo PicassoLa Californie. Chaise et matériel<strong>de</strong> peinture, 1955crayon sur papier Rives, 21 x 27cmMuseo Picasso MálagaPablo PicassoLa Californie. Détail <strong>de</strong> fenêtre,1955crayon sur papier Rives, 27 x 21cmMuseo Picasso MálagaPablo PicassoLa Californie. Intérieur et fenêtre,1955crayon sur papier Rives, 27 x 21cmMuseo Picasso MálagaBernard PlossuMarseille, 1975épreuve gélatino-argentique, 30 x24 cmCollection <strong>de</strong> l’artisteMarkus RaetzTag o<strong>de</strong>r Nacht (Jour ou nuit),1998, aquatinte et taille directe,916 x 800 mmGraphische Sammlung <strong>de</strong>r ETH,ZürichRobin Rho<strong>de</strong>Broken Windows (Fenêtresbrisées), 2011quinze tirages lambda sur papierphotographique montés surDibond, 39,8 x 60 cm chacunCollection privée, SuisseRobin Rho<strong>de</strong>Room with a View (Spectacles)(Chambre avec vue [Lunettes]),2011,acier, verre, pié<strong>de</strong>stal enciment, cloche en verre,4 x 13 x 13,5 cmCollection privée, SuisseHieronymus RodlerEyn schön nützlich Büchlin undUn<strong>de</strong>rweisung <strong>de</strong>r Kunst <strong>de</strong>s


Messens ...(Instruction utile sur l’art <strong>de</strong>smesures…), 1531édition imprimée, 31,5 x 44 cm(ouvert)Zentralbibliothek Zürich, ZürichUgo Rondinonea SNOWLIKE still, 2003verre acrylique, bois, peinture,190,3 x 110,5 x 3,7 cmGalerie Eva Presenhuber, ZürichMark RothkoSans titre, sans datehuile sur papier marouflé sur toile,150 x 90 cmCourtesy Simon Stu<strong>de</strong>r Art,GenèveAnri SalaWindow drawing (Dessin <strong>de</strong>fenêtre), 2006vi<strong>de</strong>o couleur, 58 secJohnen Galerie, BerlinSean ScullyTwo Windows Grey Diptych(Deux fenêtres grises, diptyque),2000huile sur toile, 81 x 61 cmchacuneCollection privéeSean ScullyWindow Painting (Tableaufenêtre), 2005huile sur toile, 184 x 200 cmCollection privéeMario SchifanoDe la série « Paesaggi TV »(Paysages TV), 1970émail et aniline sur toileémulsifiée, Perspex,114 x 146 cm chacunCourtesy Fondazione Marconi,MilanoMichael SnowWVLNT Wavelenght (For thoseWho Don’t Have the Time)(WVLNT longueur d’on<strong>de</strong> [Pourceux qui n’ont pas le temps]),1966-1967/2003, vidéo couleur,son, 15 min, Electronic ArtsIntermix (EAI), New YorkHarmen SteenwyckVanitas, vers 1650huile sur bois, 37,4 x 38,2 cmMuseum De Lakenhal, Lei<strong>de</strong>n,don <strong>de</strong> P. J. <strong>de</strong> Fremery, 1892Josef Su<strong>de</strong>kFrom the Window of my Studio(De la fenêtre <strong>de</strong> mon atelier),1940épreuve gélatino-argentique, 23 x17,5 cmRolla CollectionHiroshi SugimotoArcadia, Milan, 1998épreuve gélatino-argentique, éd.7/25, 42,3 x 54,2 cmCollection privée, MilanHans ThomaL’Öd, le parc Holzhausen et lepetit château à Francfort-sur-le-Main, 1883huile sur toile, 85,5 x 117 cmStä<strong>de</strong>l Museum, Frankfurt amMainHans ThomaA la fenêtre, 1877huile sur toile, 42,7 x 33,4 cmStä<strong>de</strong>l Museum, Frankfurt amMainCy TwomblySans titre, 1964crayon, crayon <strong>de</strong> couleur et huilesur toile, 170 x 200 cmCollection privéeFélix VallottonLa fenêtre, 1920huile sur toile, 81 x 60 cmCollection privée, ZürichFélix VallottonPaysage à Varengeville, 1904huile sur toile, 39 x 31 cmCollection privée, SuisseBram Van Vel<strong>de</strong>La coupe <strong>de</strong> fruits (Bellevue),1928-1929huile sur toile, 64,5 x 92 cmCollection <strong>de</strong>s Musées d’art etd’histoire <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> GenèveRoman Vishniac“Auf Wie<strong>de</strong>rsehen ?” (Frau amoffenen Fenster mit Ausblick aufein wegfahren<strong>de</strong>s Schiff) (Aurevoir ? [Femme à la fenêtreouverte regardant le départ d’unbateau]), 1924, épreuve gélatinoargentique,30,4 x 27,2 cmSammlung Fotostiftung Schweiz,WinterthurEdouard VuillardLa fenêtre, rue <strong>de</strong> Calais, vers1909, huile sur carton, 48 x 26,5cm, Kunstmuseum Winterthur,donation <strong>de</strong> Beat Wolfer,Marianne Wolfer et Silvia Largo-Wolfer, 2000Edouard VuillardFemme assise cousant (MadameVuillard), vers 1900huile sur carton, 50 x 37 cmMusée cantonal <strong>de</strong>s Beaux-Arts,Lausanne, legs Henri-AugusteWidmer, 1936Edouard VuillardMadame Hessel et Lulu à laporte-fenêtre, 1932huile sur toile, 81 x 60 cmMusée cantonal <strong>de</strong>s Beaux-arts,Lausanne, legs <strong>de</strong> Madame LaureRochat, 1999Edouard VuillardFleurs sur une cheminée auxClayes, 1932-1935huile sur toile, 102 x 90 cmMusée <strong>de</strong>s Beaux-Arts, LyonAlbert WeltiHaus <strong>de</strong>r Träume (Maison <strong>de</strong>srêves), 1897, tempera sur carton,32 x 44, 5 cmKunsthaus Zürich, Eigentum <strong>de</strong>rGottfried Keller-Stiftung, ZürichShizuka YokomizoDe la série « Stranger », Strangern° 7 (« Etranger », Etranger n° 7),1999, tirage C-print, 108 x 127cm, Collection <strong>de</strong> l’artisteShizuka YokomizoDe la série « Stranger », Strangern° 17 (« Etranger », Etranger n°17), 2000, épreuve C-print, 108 x127 cm, Collection <strong>de</strong> l’artisteShizuka YokomizoDe la série « Stranger », Strangern°10 (« Etranger », Etranger n°7),1999, épreuve C-print, 108 x 127cm, Collection <strong>de</strong> l’artiste26


INFORMATIONS PRATIQUESVISITES LIBRESLa <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> l’Hermitage accueille les classessur réservation préalable. L’entrée est gratuitejusqu’à 18 ans. Afin <strong>de</strong> faciliter la préparation <strong>de</strong>senseignants, elle offre l’entrée gratuite à toutenseignant désirant venir individuellement préparersa visite.VISITES COMMENTÉESVisites pour les écoles : Il est possible d’organiser<strong>de</strong>s visites commentées interactives d’une heure,adaptées à l’âge <strong>de</strong>s enfants (prix: CHF 130.- parconférencière). Le nombre <strong>de</strong> participants est limité à25 écoliers. Sur inscription préalable au +41 (0)21 32050 01Visites commentées publiques (en français)Les jeudis à 18h30 et les dimanches à 15hPrix: CHF 5.- (en plus du billet d’entrée). Sansréservation. Nombre <strong>de</strong> participants limitéVisites commentées pour groupes privésDes visites sont organisées sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour <strong>de</strong>sgroupes privés (en français, allemand ou anglais)Prix: CHF 130.- (en plus <strong>de</strong>s billets d'entrée), Max. 25personnes par groupe. Sur réservation au +41 (0)21320 50 01ÉVÉNEMENTSConférence - jeudi 21 mars à 18h30La fenêtre dans le cinémapar Frédéric Maire, directeur <strong>de</strong> la Cinémathèquesuisse, LausannePrix : CHF 15.- (CHF 12.- tarif réduit)Sur réservation au +41 (0)21 320 50 01Visite - samedi 20 avril à 10h30L’art du vitrail à Lausanne, du Beau-Rivage Palace àl’Eglise anglaisepar Dave Lüthi, historien <strong>de</strong> l’architecture, professeurà l’Université <strong>de</strong> LausannePrix: CHF 15.- (CHF 12.- tarif réduit)Sur réservation au +41 (0)21 320 50 01, nombre <strong>de</strong>participants limitéConférence - jeudi 2 mai à 18h30La fenêtre dans l’art du XXe sièclepar Marco Franciolli, directeur du Museo Cantonaled’Arte et du Museo d’Arte <strong>de</strong> LuganoPrix : CHF 15.- (CHF 12.- tarif réduit)Sur réservation +41 (0)21 320 50 01CYCLE DE FILMS <strong>de</strong> mars à mai 2013Cinéma à la fenêtre, à la Cinémathèque suisse,Lausanne. Renseignements et réservations au +41(0)21 315 21 70 ou sur www.cinematheque.chATELIERS POUR LES CLASSESSur le modèle <strong>de</strong>s activités organisées pour les enfants<strong>de</strong> 6 à 12 ans, les classes peuvent réserver une visitedécouverte<strong>de</strong> l’exposition suivie d’un atelier <strong>de</strong>peinture inspiré par les chefs-d’œuvre <strong>de</strong> l’expositionen compagnie d’une animatrice. Prix : CHF 8.- parécolier, comprenant la visite <strong>de</strong> l’exposition et lematériel pour la peinture. Le nombre <strong>de</strong> participantsest limité à 25 écoliers.Inscription obligatoire au +41 (0)21 320 50 01Durée : 2 heuresPARCOURS-JEUVisite ludique et didactique <strong>de</strong> l’exposition pour lesenfants <strong>de</strong> 6 à 12 ans, à l’ai<strong>de</strong> d’une brochure gratuite,sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l’accueil.CATALOGUEPréfacé par Sylvie Wuhrmann, le catalogue reproduiten couleur toutes les œuvres exposées et réunit lescontributions <strong>de</strong> Victor Stoichita, Daniela Ferrari, BrunoReichlin, Elio Grazioli, Alberto Pezzotta, AngelicaJawlensky, Angelica Affentranger-Kirchrath, BrendaDanilowitz et Nicholas Fox Weber.Publié par la <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> l’Hermitage, en coéditionavec les Editions Skira, Milan228 pages, 22 x 28 cm, 188 illustrations couleur, Prix :CHF 48.-Possibilité <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r le catalogue surwww.fondation-hermitage.ch ou au +41 (0)21 320 500127

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