12.07.2015 Views

LES MADRAGUES AU MAROC : ASPECTS ECONOMIQUES - Iccat

LES MADRAGUES AU MAROC : ASPECTS ECONOMIQUES - Iccat

LES MADRAGUES AU MAROC : ASPECTS ECONOMIQUES - Iccat

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

SCRS/2011/082 Collect. Vol. Sci. Pap. ICCAT, 67(1): 372-379 (2012)<strong>LES</strong> <strong>MADRAGUES</strong> <strong>AU</strong> <strong>MAROC</strong> : <strong>ASPECTS</strong> <strong>ECONOMIQUES</strong>Mohammed Malouli Idrissi 1 , Mohammed Zahraoui 2 , Hassan Nhhala 3SUMMARYIn Morocco, bluefin tuna fishing is of great importance, especially on the economic andcommercial level, with a turnover amounting to MAD 200 million in 2008. Almost the totalproduction is exported. Morocco is the second biggest producer of blue fin after Spain. Thecatches of tuna traps have the lion’s share, with more than 80% of the total production. Theaverage invested capital per trap is about MAD 36 million. This figure seems to be a heavyinvestment, but recoverable in short to medium terms. The annual average turnover is aboutMAD 14 million. The fixed and variable costs are fairly consistent; they vary between MAD 4and MAD 6. The amortization of the equipment used is the most important component in thesecosts. The profit rate is very high, i.e., about 30%. Blue fin tuna trap activities ensure highprofitability. The positive profits have been achieved thanks to the grouping strategy of trapcompanies, adopted by Morrocan Fisheries Departement in 2010. This strategy may alsocontribute to the preservation of this species, by reducing fishing capacity and optimizing theoperating costs.RÉSUMÉAu Maroc, la pêche du thon rouge revête une grande importance, notamment au niveauéconomique et commercial, avec un chiffre d'affaires s'élevant à 200 millions MAD en 2008. Laproduction totale est presque entièrement exportée. Le Maroc est le deuxième producteur leplus important de thon rouge, après l’Espagne. Les prises des madragues thonières se taillentla part du lion et représentent 80 % de la production totale. Le capital moyen investi parmadrague s’élève à 36 millions MAD. Ce montant semble constituer un investissementimportant, mais est récupérable à court-moyen terme. Le chiffre d’affaires annuel moyens’élève à 14 millions MAD. Les coûts fixes et variables sont relativement stables, oscillant entre4 et 6 millions MAD. L’amortissement du matériel utilisé constitue la part la plus importante deces coûts. La marge bénéficiaire est très élevée, à savoir près de 30%. Les activités desmadragues de thon rouge garantissent un niveau de rentabilité élevé. Les bénéfices positifs ontété atteints grâce à une stratégie de regroupement des sociétés de madragues adoptée par leministère marocain des Pêches en 2010. Cette stratégie peut également contribuer à lapréservation de cette espèce en réduisant la capacité de pêche et en tirant au maximum profitdes coûts d’exploitation.RESUMENEn Marruecos, la pesca de atún rojo es de gran importancia, especialmente a nivel económicoy comercial, con una facturación que ascendió a 200 millones de MAD en 2008. Casi toda laproducción se destina a la exportación. Marruecos es el segundo mayor productor de atún rojodespués de España. Las capturas de las almadrabas de túnidos responden de más del 80% dela producción total. El capital medio invertido por almadraba es de aproximadamente 36millones de MAD. Esta cifra parece ser una fuerte inversión, pero recuperable de corto amedio plazo. La facturación media anual es de aproximadamente14 millones de MAD. Loscostes fijos y variables son bastante coherentes; varían entre 4 y 6 millones de MAD. Laamortización del equipo utilizado es el componente más importante en estos costes. La tasa debeneficios es muy elevada, es decir de aproximadamente el 30%. Las actividades de lasalmadrabas de atún rojo garantizan una elevada rentabilidad. Estos beneficios positivos se hanlogrado gracias a la estrategia de agrupación de las empresas de almadrabas, adoptada por el1 Fishery economist, INRH/ArtFiMed, Tangier, Morocco. E-mail: malouliinrh@yahoo.fr2 Fishery biologist, DPM, Rabat, Morocco. E-mail: zahraoui@mpm.gov.ma3 Fishery biologist, DPM, Tangier, Morocco, E-mail: nhhalahassan@yahoo.fr372


Departamento de pesca marroquí en 2010. Esta estrategia puede contribuir también a laconservación de esta especie, reduciendo la capacidad pesquera y optimizando los costesoperativos.KEYWORDSTraps, bluefin tuna, economic indicators, Morocco1. IntroductionLe thon rouge est sous les feux de l’actualité ces dernières années, il est devenu emblématique du problème de lapêche durable en Méditerranée. En effet, la forte demande Japonaise et l’élargissement des marchés ont favoriséla modernisation des flottes et l’introduction de technologies très avancées pour la détection des bancs du thonrouge sans se préoccuper de l’avenir de cette espèce qui devient de plus en plus rare, menaçant ainsi son propreavenir et celui de milliers de pêcheurs.Dans ce contexte, la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT), apris récemment un ensemble de mesure de gestion pour assurer la durabilité de l’exploitation du thon rouge.Au Maroc, les pêcheries marocaines du thon rouge sont en grandes parties à caractère artisanale (Madragues,pêche côtière et artisanale). Le niveau de capture du thon rouge est fortement conditionné par celui desmadragues calées en Atlantique qui représentent en moyenne plus de 70% en poids du total des captures.Dans de tel cas, la question qui se pose au niveau national est la suivante: Les madragues marocaines,représentant le segment le plus important de la pêcherie nationale de thon rouge, avec une part de plus de 70%des prises totales, seront- elles rentables avec les nouvelles mesures de gestion? Pour répondre à cette question ilest important d’étudier l’aspect économique des madragues marocaines.2. Méthodologie de travailCette étude a été basée sur la documentation disponible acquise soit par recherche sur internet (ICCAT, CGPM,FAO, etc.), auprès des institutions et administrations concernées ou auprès de spécialistes et professionnels.2.1 Collecte des données− Des données d’une enquête réalisée en mars et juillet 2010, auprès de 3 concessionnaires.− Des données de l’embarquement à bord d’une madrague en mai 2010.2.2 Flottille échantillonnée: Deux madragues calées en Atlantique (20%)Les indicateurs retenus pour l’étude économique des madragues sont :− Capital Investi (CI) : Ce paramètre permet d’exprimer la valeur actuelle des moyens de productionconstitués principalement de la madrague, des bateaux de transport et des accessoires de la pêche.− Produit Brut ou Chiffre d'Affaire (CA) : Il s'agit de la valeur des débarquements, à la première vente. Ilest calculé suivant la formule suivante :Chiffre d’affaire = Production x prix unitaire moyen− Charges de la production : Les charges de la production sont de deux types, il s’agit notamment descharges fixes et des charges variables.◦ Les charges fixes : Il s’agit en général des charges annuelles supportées par les armateurs et qui sontconstituées principalement des charges d’entretien et d’amortissement des moyens de production, dessalaires permanents du personnel et des marins pêcheurs, de l’assurance des personnels et du matérielet des redevances.373


• Amortissement des moyens de production : Les charges liées à l'amortissement des moyens deproduction, comprennent l’amortissement de madragues, l’amortissement des bateaux detransports. Le coût d’amortissement annuel est calculé comme suit :Coût annuel d’amortissement du bateau = Valeur de remplacement / durée de vie économique◦ Les charges variables : Appelées également charges communes, il s’agit des charges relatives auxintrants dépensés lors des sorties de pêche (réparation, carburant, huile, transports, etc.) et desprélèvements retenus du chiffre d’affaire lors de chaque vente. Ce sont des charges réservéesuniquement aux concessionnaires.− Résultat d’exploitation : Le résultat d’exploitation est calculé comme suit:Résultat d'exploitation = Chiffre d’affaires – charges variables – charges fixes.− Estimation des profits:a) Profit Brut Estimé (PBE)Profit Brut Estimé = Chiffre d’affaires – Charges annuelles – coût d’opportunitéb) Profit Net Estimé (PNE)Profit Net Estimé = PBE–Amortissementc) Taux du Profit ou Taux de Rentabilité (TP ou TR) : Taux de profits = PNE/CI3. Résultats3.1 Capital investitLe capital investi pour les deux madragues étudiées est de 77,6 (40,6 et 37) millions de Dhs. Cet investissementcomprend plusieurs composantes, dont les principales sont le matériel technique (filets, bouées, cordes, câbles,ancres, etc.) et le matériel logistique (embarcations et navires de différentes tailles, équipés ou non de treuil, degrue, etc.). 75% du CI sont consacrés à l’acquisition de ce matériel alors que 14% du CI sont destinés à lapréparation et au calage des structures de la madrague et environ 11 % du CI pour l’entretien et la réparation deses structures (Figure 1).En général, le Capital investi varie entre un minimum de 30 millions de Dhs et un maximum de 41 millions deDhs. Cette différence est due essentiellement à la qualité et au type de matériel choisi.3.2 Chiffre d’affairesLa madrague 1 et la madrague 2, réalisent respectivement un chiffre d’affaire moyen annuel de l’ordre de 12millions de Dhs, sur une période de neuf ans (2002-2010) et de 8,06 millions de Dhs sur une période de 7ans(2003-2009) (Figure 2).Dans le cas présent, le chiffre d’affaires de la madrague 1 a connu une augmentation importante de l’ordre de60% en 2004 par rapport à 2003 avant de connaître une chute continue sur deux années consécutives pouratteindre 5,6 MDH en 2006 (Figure 2). L’année 2007 a été marquée par la réalisation de la valeur maximale duchiffre d’affaires (21,7 MDH), soit 10% du chiffre d’affaires global enregistré en 2007. A partir de 2009, lechiffre d’affaires a connu une importante croissance, pour atteindre 19,2 MDhs en 2010, soit une augmentationde 82% par rapport à 2009.En général, la variation du chiffre d’affaires d’une madrague donnée est liée aux quantités capturées et aux prixde vente du thon rouge à l’export.374


3.3 Charges de production3.3.1 Charges fixesLes charges fixes sont des charges supportées par le concessionnaire de la madrague. Elles varient, en général,entre 3 MDH et 4 MDH en moyenne. Les coûts d’amortissement annuels sont calculés à hauteur de 10%. Eneffet, selon le concessionnaire, la madrague est prévue d’être amortie en 10 ans (Figure 3).Les charges fixes sont des charges supportées par le concessionnaire de la madrague. Elles varient, en général,entre 3 MDH et 4 MDH en moyenne. Les coûts d’amortissement annuels sont calculés à hauteur de 10%. Eneffet, selon le concessionnaire, la madrague est prévue d’être amortie en 10 ans. Pour les coûts d’opportunité, ilssont calculés suivant les taux d’intérêt appliqués actuellement au niveau des banques marocaines, en tenantcompte des taux d’inflation des prix.3.3.2 Charges variablesCes charges sont de l’ordre de 1 à 1,5 MDH. Cependant, dans certains cas, notamment lors de la réparation de lamadrague ou de la perte de certains matériels tels que les bouées ou les crochets, les charges peuvent doubler etatteindre 3MDH (Figure 4).3.3.3 Résultats d’exploitation (RE)La madrague 1 et la madrague 2 faisant l’objet d’enquête réalisent respectivement un résultat d’exploitation netmoyen annuel de l’ordre de 4,2 millions de Dhs, sur une période de neuf ans (2002-2010) et de 0,74 millions deDhs sur une période de 7ans (2003-2009) (Figure 5).L’évolution du résultat d’exploitation montre des situations très variables (Figure 5):‣L’étape comprise entre 2002 et 2004, la madrague 1 a enregistré un résultat d’exploitation net moyen de 4,15MDH/an.‣ En 2003, la madrague 2 a réalisé un RE net de 5,4 millions de Dhs, suivie d’un déficit de 5,6 millions deDhs en 2004.‣ En 2005 et 2006, les deux madragues ont enregistré un déficit moyen de 4,2 millions de Dhs/an, avec unquota global de pêche potentiel de plus de 3.000 Tonnes. Cette situation peut être expliquée par:− Les caractéristiques de la madrague comme étant un engin passif et aléatoire.− La révision à la baisse de la distance réglementaire de séparation entre deux madragues voisines. Cettedistance a été réduite à 5 miles au lieu de 10 miles. Le nombre de madragues a augmenté, parconséquent, de 14 unités en 2006.‣ L’année 2007 est caractérisée par l’enregistrement d’un pic historique du RE net qui était de l’ordre de15,32 millions de Dhs pour la madrague 1 et de 5,94 millions de Dhs pour la madrague 2. Cette situationest expliquée par la forte abondance du thon rouge au cours de cette campagne.3.4 Estimation des profitsMadrague1 (2010)COUT D'INVESTISSEMENT CI: 40,6CHIFFRE D'AFFAIRES 19,28TOTAL DES CHARGES 5Amortissement annuel (2010) 1,75RESULTAT D'EXPLOITATION 12,53COUT D'OPPORTUNITE 0,524Profit brut estimé 13,75Profit Net estimé 12TP=(PNE/CI) (2002-2010) 8%375


4. ConclusionLes principales conclusions déduites à partir de ces résultats sont :− le Profit Net de la madrague 1 est de 12 MDHS; l’activité de pêche du thon rouge par les madragues seporte bien et assure une rentabilité très importante.− Le taux de profit moyen de la madrague 1 (sur 9 ans) est de 8%; il dépasse largement le taux d’intérêtréel, ce qui a justifié l’intérêt des concessionnaires à investir plus dans ce secteur (à partir de 2003).− En 2010, le Profit net de la madrague 1 est de 12 millions de Dhs. Ces profits ont pu être réalisés grâce àla stratégie de regroupement des madragues adoptée par le DPM en 2010 et encouragent lesconcessionnaires de se regrouper davantage. Cette stratégie permettra également à contribuer à lapréservation de l’espèce (Relâchement de plus de 5000 Pièces) et à optimiser les charges d’exploitationdes concessionnaires.Les résultats économiques sont positifs, ce qui signifie que l’activité de pêche par madrague du thon rouge seporte très bien malgré l’application des dernières mesures de gestion relatives à une diminution du quota et à uneréduction de la capacité de pêche. Cela veut dire que ces mesures de gestion ont un impact positif sur le secteurdu thon rouge au Maroc.5. RecommandationsVu l’importance socio-économique du thon rouge, il est recommandé ce qui suit:− Entreprendre une étude plus approfondie sur l’activité madraguière au Maroc pour mieux cerner lesfacteurs influençant la production aléatoire et non encore bien maitrisée de ces engins afin d’en tirer lesmeilleurs profits;− Encourager la création d’une coopérative des concessionnaires des madragues pour mieux valoriser leproduit pêché;− Valoriser les captures du thon rouge par la création d’une unité de transformation industrielle au niveaunational pour éviter de les exporter à l’état brut et pour pouvoir avoir la possibilité de les écouler sur lemarché pendant des périodes éloignées des pics de production (rassemblement génétique). A cet effet, leMaroc doit se pencher d’avantage sur la mise en place d’une coopération entre privé marocains et privéjaponais. Ce mode avancé de coopération permettra de donner tout l’appui nécessaire pour laconcrétisation des projets d’intérêt commun, notamment, la valorisation du thon rouge;Les madragues devraient bénéficier d’une attention particulière de la part de l’Administration de tutelle :− Des études technico-socio-économiques devraient être entreprises pour évaluer leur coût defonctionnement, leur marge de manœuvre et leur seuil inferieur de production en dessous du quel leurviabilité et leur durabilité seront compromises.− Protection de l’activité des madragues contre tout projet d’aménagement côtier susceptible de porteratteinte à leur environnement et par conséquent à leur bon fonctionnement.RéférencesAbid, N. et Idrissi, M. 2010, Updated standardized CPUE of bluefin tuna (Thunnus thynnus) caught by theMoroccan Atlantic traps in the area of influence of the strait of Gibraltar during the period 1986-2009.Collect. Vol. Sci. Pap. ICCAT, 65(3): 1096-1102.Abid, N. et Idrissi, M. 2007, Détermination a partir des déchets biologiques de la structure demographiques duthon rouge capturé par les madragues de l’Atlantique nord Marocain: Résultats préliminaires de lacompagne de pêche 2006. Collect. Vol. Sci. Pap. ICCAT, 60(4): 1404-1407.Franquesa, R., Malouli Idrissi, M., Alarcon, JA, 2001, Feasibility Assessment Study on the Setting-up of aSocio-economic Indicator Database for Mediterranean Fisheries. GFCM Studies No. 71.ICCAT, 2010, Rapport de la période biennale, II ème partie, Vol 2. Version française376


Malouli Idrissi, M., Srour, A. et Abid, N. 2003, La pêcherie du thon rouge dans la région de Ksar Sghir: aspectsbiologiques et socio-économiques. INRH et COPEMED.Malouli Idrissi, M. 2006, Pêcherie de l’espadon en Méditerranée marocaine : exploitation, aspects socioéconomiqueset commercialisation. Master of Science en Economie et gestion des pêches, de l’Universitéde Barcelone.Zahraoui, M. 2010, Evolution récente de l’exploitation du thon rouge (Thunnus thynnus) au Maroc etperspectives de développement en relation avec son milieu Méditerranéen. Mémoire pour l’obtention dugrade Ingénieur en Chef.Figure 1. Répartition du capital investi moyen par une madrague.Figure 2. Evolution annuelle du chiffre d’affaires de deux madragues.377


Figure 3. Répartition des charges fixes.Figure 4. Répartition des charges variables.378


Figure 5. Evolution du résultat d’exploitation des deux madragues.379

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!