La première recherche terrestre <strong>de</strong> la police pour retrouver <strong>Lisa</strong> a eu lieu en septembre 2002,<strong>de</strong>ux mois après sa disparition. Depuis, la police a i<strong>de</strong>ntifié le chauffeur <strong>de</strong> la Jaguar rouge.Aucune accusation n’a été portée contre lui, malgré le fait que la police a dit qu’il était considérécomme une « personne d’intérêt ». La police a dit aussi qu’elle considérait <strong>Lisa</strong> comme unevictime d’acte criminel. Différentes théories ont été évoquées pour expliquer ce qui était arrivé à<strong>Lisa</strong>, et ses parents ont encore bien <strong>de</strong>s questions au sujet <strong>de</strong> l’homme qui conduisait la Jaguarrouge. « Nous gardons l’espoir », fait remarquer Joanne, « mais parfois on pense à ce à quoi onpourrait <strong>de</strong>voir faire face, un jour. »En repensant au temps qui s’est écoulé <strong>de</strong>puis la disparition <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong>, Joanne soulève plusieursquestions au sujet <strong>de</strong> la police. Elle parle <strong>de</strong> l’agent qui est allé chez elle après que <strong>Lisa</strong> a étéportée disparue. « Son attitu<strong>de</strong> semblait dire : ‘Qu’est-ce que je fais ici?’ C’était comme si notrefille n’avait aucune importance », dit-elle. Joanne dit qu’au cours <strong>de</strong>s jours et <strong>de</strong>s semaines quiont suivi la disparition <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong>, le « soutien » <strong>de</strong> la police s’est limité à donner <strong>de</strong>s conseils à lafamille ou à faire <strong>de</strong>s suggestions qui n’étaient ni pratiques ni utiles dans la situation où setrouvait la famille. Joanne dit que la police ne communique pas beaucoup d’information, ce quiest difficile. Étant d’avis que la GRC n’apportait pas <strong>de</strong> réponses à leurs questions, les membres<strong>de</strong> la famille avaient fait beaucoup <strong>de</strong> recherche par eux-mêmes, ils avaient contacté les amis <strong>de</strong><strong>Lisa</strong> et avaient parlé aux gens <strong>de</strong> la communauté et <strong>de</strong>s régions avoisinantes. Joanne reconnaîtque la police leur a communiqué certains renseignements, mais elle est aussi d’avis que lespoliciers n’ont pas toujours été francs avec eux. On leur disait une chose, qui était ensuitecontredite par les amis <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong> ou <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> la communauté.Pendant <strong>de</strong>s années, Joanne a <strong>de</strong>mandé à la police <strong>de</strong> collaborer avec Crime Stoppers [Échec aucrime] pour filmer une reconstitution <strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong>. La police a résisté, disant queJoanne faisait déjà un bon travail pour maintenir la visibilité <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong>. Frustrée,Joanne a décidé <strong>de</strong> communiquer avec un reporter local à propos <strong>de</strong>s difficultés qu’elleconnaissait. Elle dit que la police avait dit au reporter qu’elle ne participait plus aux vidéos <strong>de</strong>reconstitution <strong>de</strong> Crime Stoppers, mais elle savait que c’était faux. Joanne a décidé <strong>de</strong>communiquer directement avec Crime Stoppers. On lui a dit que, oui, on faisait encore <strong>de</strong>svidéos <strong>de</strong> reconstitution, mais qu’il fallait qu’un <strong>de</strong>s détectives affectés à l’enquête en prennel’initiative. « La police a menti au reporter », <strong>de</strong> dire Joanne. « Je ne comprends pas. Pourquoimentir? ». Finalement, en mai 2009, le détachement <strong>de</strong> Nanaimo <strong>de</strong> la GRC a publié unereconstitution <strong>de</strong> la nuit où <strong>Lisa</strong> était disparue. Après tant d’années, Joanne espère que lesegment vidéo provoquera la révélation <strong>de</strong> nouveaux renseignements qui mèneront finalementjusqu’à leur fille.Joanne soulève aussi la question problématique <strong>de</strong> la communication avec la police. « Ils ne nousparlent que quand nous les appelons nous-mêmes », dit-elle. À l’été 2009, <strong>de</strong>s restes humainsnon i<strong>de</strong>ntifiés ont été retrouvés dans la région au nord <strong>de</strong> Nanaimo. Malgré le fait que la policeavait promis d’avertir la famille si quelque chose <strong>de</strong> ce genre se produisait, c’est un journalistequi les a appelés pour leur dire qu’il serait question <strong>de</strong> la découverte ce soir-là aux nouvelles.« Les médias ont avancé l’hypothèse qu’il pouvait s’agir <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong> », dit Joanne. Les membres <strong>de</strong>la famille ne savaient pas quoi en penser. Ils ont à peine pu fermer l’œil cette nuit-là. Finalement,Pour l’Association <strong>de</strong>s femmes autochtones du Canada (AFAC), c’est un honneur que <strong>de</strong> collaboreravec les familles <strong>de</strong> femmes et <strong>de</strong> filles autochtones disparues ou assassinées pour faire connaîtrel’histoire <strong>de</strong> leurs chères disparues. Consulter le site Web <strong>de</strong> l’AFAC, à l’adresse : www.nwac.ca pourvoir toutes les histoires qui nous sont racontées, ou pour obtenir plus d’information sur ce travail.
la police a téléphoné quelques jours plus tard, disant que c’était un appel <strong>de</strong> courtoisie, pour lesaviser que les restes retrouvés n’étaient pas ceux <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong>.Joanne dit que c’étaient essentiellement les mêmes détectives qui s’occupent du cas <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong>,malgré quelques changements dans l’équipe. Les réaffectations sont toujours difficiles. Onapprend à connaître quelqu’un et à lui faire confiance, explique-t-elle, puis soudain quelqu’und’autre est en charge, quelqu’un qui n’est pas nécessairement aussi aimable ou prêt à vous parler.Ou bien ils répètent toujours la même chose : « Rien <strong>de</strong> nouveau ». C’est très frustrant, surtoutparce que la police prend rarement l’initiative <strong>de</strong> communiquer avec la famille. La GRCmaintient tout <strong>de</strong> même que l’enquête reste active et, malgré tout, Joanne croit que bon nombre<strong>de</strong> policiers sont déterminés à trouver <strong>Lisa</strong>. Un <strong>de</strong>s détectives du Groupe <strong>de</strong>s crimes graves gar<strong>de</strong>une photo <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong> sur son bureau. « Je ne peux pas dire que c’est entièrement négatif », conclutJoanne.Joanne a <strong>de</strong> la difficulté à parler à <strong>de</strong>s étrangers. Elle ne sait jamais quelle sorte <strong>de</strong> réponse elleobtiendra. Après la disparition <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong>, la police a mis la famille en lien avec les services auxvictimes. L’expérience n’a pas été heureuse. « La travailleuse a commencé par dire : ‘Dans laplupart <strong>de</strong>s cas, le mariage <strong>de</strong>s parents ne survit pas à la perte d’un enfant.’ Elle avait une croix àson collier et répétait <strong>de</strong>s choses du genre ‘God bless’ [Dieu vous bénisse] – mais ça necorrespond pas à nos croyances », raconte Joanne. Joanne et Don ont d’abord été décontenancés,puis ils se sont mis en colère. « Ce n’était pas grand-chose comme appui », commente Joanne,flegmatique. En effet, c’est entre eux que les membres <strong>de</strong> la famille trouvent le plus <strong>de</strong> soutien.Joanne et Cecilia sont particulièrement proches. Elles se parlent tous les jours, jusqu’à quatre oucinq fois par jour. Ses fils, son mari et sa mère – ce sont les gens qui donnent à Joanne le courage<strong>de</strong> continuer.À la différence <strong>de</strong> leur expérience avec les services aux victimes, les membres <strong>de</strong> la famille ontobtenu beaucoup <strong>de</strong> soutien <strong>de</strong> la communauté; <strong>de</strong> bonnes choses et <strong>de</strong> bonnes gens, dont ils nes’attendaient pas à ce qu’ils les accompagnent dans ce parcours. C’est beaucoup grâce à ladétermination <strong>de</strong> Joanne. La famille a planifié plusieurs veilles aux chan<strong>de</strong>lles pour <strong>Lisa</strong>. Serappelant combien sa fille aimait la bro<strong>de</strong>rie <strong>de</strong> perles quand elle était petite, Joanne a contactéun groupe <strong>de</strong> jeunes au Centre d’amitié autochtone Tillicum Haus, pour voir s’ils pouvaient ai<strong>de</strong>ren confectionnant <strong>de</strong>s bracelets <strong>de</strong> perles à donner à l’une <strong>de</strong> ces veilles. Ils en ont fabriqué unplein panier, tous différents les uns <strong>de</strong>s autres. La famille a reçu également le soutien <strong>de</strong> lacommunauté pour un panneau-réclame avec la photo <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong>. L’idée du panneau-réclame étaitcelle <strong>de</strong> Joanne. Elle a communiqué avec beaucoup <strong>de</strong> gens d’affaires à Nanaimo, d’abord pourtrouver une entreprise qui fabriquerait le panneau-réclame, ensuite pour trouver un endroit où leplacer. On a pu voir le panneau-réclame au centre-ville pendant un an environ. C’était unemanifestation <strong>de</strong> soutien incroyable.Les médias ont été un autre allié important. Ce sont les médias, et non la police, qui ont attirél’attention les premiers sur la disparition <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong>. « Ils ont été d’un grand secours », dit Joanne.« Ils l’ont toujours été. » Depuis la disparition <strong>de</strong> <strong>Lisa</strong>, <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille ont parlé à <strong>de</strong>sjournalistes <strong>de</strong> toute l’île <strong>de</strong> Vancouver. Joanne parle à qui veut l’entendre, déterminée qu’ellePour l’Association <strong>de</strong>s femmes autochtones du Canada (AFAC), c’est un honneur que <strong>de</strong> collaboreravec les familles <strong>de</strong> femmes et <strong>de</strong> filles autochtones disparues ou assassinées pour faire connaîtrel’histoire <strong>de</strong> leurs chères disparues. Consulter le site Web <strong>de</strong> l’AFAC, à l’adresse : www.nwac.ca pourvoir toutes les histoires qui nous sont racontées, ou pour obtenir plus d’information sur ce travail.