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Apprentissage d'un langage photographique - Pearson

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CHAPITRE CINQ<strong>Apprentissage</strong> d’un<strong>langage</strong> <strong>photographique</strong>POURQUOI UTILISER LE TERME « LANGAGE » ? Parce que ce mot décrit unmoyen de communication, un mode d’expression, qui implique une notionde singularité. Le style littéraire des écrivains s’exprime en mots. Pourtant,l’écriture n’est pas plus une expression orale que la photographie. La photographieest graphique car elle utilise des symboles et des conventionsplutôt que le verbe. J’emploie le terme <strong>langage</strong> pour identifier l’ensembledes signifiants et des signifiés qui traduisent ma vision du monde. Il s’agitde composants invisibles et intimes qui se matérialisent sur une feuille depapier. Le <strong>langage</strong> est une passerelle entre les sensations, les émotions, etla photo présentée au public. Il asservit l’outil de postproduction à l’expressionde ma vision. Canon 5D, 40 mm, 1/80 @ f/4, 400 ISOLe Caire, Égypte, 2009. J’ai trouvé ce lieu dans une allée de la vieille ville du Caire.J’ai un faible pour les fenêtres et les portes ; celle-ci semblait trop belle pour être vraie.28© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


« La rechercheest un actede survie carelle participeà la démarchecréative. »La voix de son maîtreLe <strong>langage</strong> « artistique » est déterminé par une grammaire qui procède de l’expérimentation.Ce cheminement est indispensable à l’artiste. La recherche estun acte primordial, parce qu’elle participe à la démarche créative. L’auteur doits’astreindre à une sorte d’autoformation pour découvrir non pas la perfection,mais la tessiture de cette expression particulière. Elle deviendra un <strong>langage</strong>d’élaboration et de validation d’un style. Comme l’imperfection induit uneremise en cause systématique du travail, l’autoformation est permanente. Ellevous forme à ce <strong>langage</strong> comme un enfant se forme à la lecture. La progressionrésultera de la répétition de vos erreurs.La question est de savoir comment objectiver l’imperfection dans une expressionartistique purement subjective ? Qui suis-je pour dire ce qui est bon oumauvais ? Le chemin n’a-t-il que ces deux directions ? Là encore, tout estquestion de connaissance et d’expérience. Nous savons que les maîtres de laphotographie ont imposé leur style. Les imiter ne produira jamais une œuvred’art, mais un plagiat sans saveur. Si l’artiste est capable de former son œil etsa sensibilité au contact d’autres œuvres, il doit fonder sa formation sur leurserreurs. L’expression d’un <strong>langage</strong> intérieur consiste à ne pas les reproduire.Cet enrichissement vous fera progresser à pas de géant.Mon propos n’est ni radical, ni incontestable. Envisagez-le comme une suite desuggestions teintée d’un brin de sagesse. Transgressez les « règles » énoncéesdans ce livre pour aller au-delà de leurs principes. Les artistes sont des résistantset des rebelles, mais peu sont d’authentiques anarchistes.Obtenir des noirs réellement noirsLes premières paroles de mon formateur en tirage <strong>photographique</strong> argentiquefurent les suivantes : « Fais de tes noirs et de tes blancs des couleurs pures ».Ce simple conseil m’a ouvert les yeux et l’esprit. Il m’a permis de comprendrepourquoi ma vision et son expression pratique ne fonctionnaient pas à l’unisson.L’expression de ma vision était nette et ne manquait jamais de contraste.Alors pourquoi mon <strong>langage</strong> était-il incapable de la rendre intelligible ? Grâceà la remarque de mon professeur, l’ensemble de mes tirages ont pris une toutautre dimension. Travailler dans le sens de l’amplification des noirs et des30 L’INTENTION DU PHOTOGRAPHE : l’expression artistique avec Lightroom© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


lancs a révélé les faiblesses de mes anciens travaux argentiques, modifiant àtout jamais le sens de mon expression. J’ai alors étudié le Zone System d’AnselAdams. J’ai compris que les valeurs communiquées par ma cellule devaient êtreinterprétées subjectivement. Ainsi, l’obtention de teintes noires denses et deblancs purs est le premier traitement que j’applique à mes images.L’histogramme de votre appareil et de Lightroom permet de connaître la densitéde votre image au moment de la prise de vue et du développement. Commecette manipulation modifie le contraste et la balance des blancs, elle modifieles sensations et l’atmosphère de la scène photographiée. Vous pouvez alorsobtenir une image fade, mais aussi lumineuse et vibrante. Canon 5D Mark II, 28 mm, 1/125 @ f/4, 160 ISOOld Delhi, Inde, 2009. Ici, la récupération des noirs et des blancs impose l’utilisationde deux techniques. J’agis sur les curseurs Noirs et Exposition pour récupérerrespectivement les noirs et les blancs. Ensuite, j’interviens sur la Courbe destonalités pour amplifier les valeurs. Cela ouvre la porte à d’autres améliorations.<strong>Apprentissage</strong> d’un <strong>langage</strong> <strong>photographique</strong> 31© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


« La partiedroite d’unhistogrammepeut stockerplus de donnéesque la partiegauche, etde façonexponentielle. »Les histogrammesAux yeux des photographes, l’histogramme est soit indispensable, soit inutile.En tout cas, il est loin d’être aussi compliqué qu’il n’y paraît et peut-être quevous ne pourrez bientôt plus vous en passer.L’histogramme d’un appareil photo numérique ou de Lightroom est une représentationgraphique des valeurs tonales. Le côté gauche identifie les valeursles plus sombres, et le côté droit les plus claires. Pour vous en souvenir, pensezque le noir est à gauche et le blanc à droite. Un histogramme ressembleà une montagne avec ses pics et ses dénivelés. Ne vous en préoccupez pasau moment de la prise de vue. L’histogramme affiche beaucoup de donnéesau centre du graphique. Cette zone identifie les tons moyens, c’est-à-dire lesdifférentes valeurs de gris. L’histogramme communique des valeurs tonalesobjectives que vous ne pouvez modifier qu’en photographiant en studio. Pourcela, vous jouerez sur les différentes sources d’éclairage. Sur le graphique del’histogramme, un pic situé à une valeur tonale précise indique que cette valeurest très présente dans l’image. Une dénivellation signifie l’inverse. Vous devezcontrôler ces quantités de valeurs tonales pour la raison suivante.L’image doit contenir un maximum d’informations, cela facilite son traitement.Mais comment les quantifier ? En consultant son histogramme. Ne croyez pasque 50 % des données doivent se situer sur la gauche et 50 % sur la droite. Eneffet, pour d’obscures raisons mathématiques, le bord droit d’un histogrammeest capable de stocker exponentiellement plus de données que le gauche. Sivotre capteur enregistre 4 000 niveaux de données, 3 500 seront présentsdans la moitié droite de l’histogramme et 500 dans la moitié gauche. La différenceest gigantesque.Les illustrations sur la page de droite montrent un histogramme divisé en quatresections. Envisagez-les comme les compartiments d’un seau vide que nousdevons remplir de valeurs tonales. Nous savons que le quart D peut contenir80 % des données totales d’une image, le quart C 10 %, le quart B 7% et lequart A 3 %. Cette étude simplifiée du fonctionnement et de l’interprétationd’un histogramme permet de comprendre ceci : Si l’histogramme d’une imagecorrespond au graphique central de l’illustration, vous perdez quasiment90 % des données potentielles. Il sera alors très difficile de récupérer des32 L’INTENTION DU PHOTOGRAPHE : l’expression artistique avec Lightroom© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


les ombres. Si votre négatif est très dense, vous forcerez son exposition.Les ombres seront débouchées, mais du bruit sera introduit dans l’image.L’ amélioration d’une propriété en dénature d’autres. Malgré la puissance d’unprogramme comme Lightroom et l’incroyable souplesse des fichiers Raw, nousrestons confrontés aux effets néfastes d’une profondeur de pixels et d’uneplage dynamique limitées. Il faut pourtant s’en contenter.Les contraintes imposées par nos outils ne doivent pas nous empêcherd’ exprimer le mieux possible notre vision. Il est donc important d’identifier cesoutils pour bien les appréhender. En connaissant les limites de notre médium,nous maîtrisons nos réglages. Nous évitons ainsi de générer des artefactsdommageables à l’expression de notre vision <strong>photographique</strong>. Cette maîtrisese fonde sur l’expérience. Elle permet d’évaluer le degré de netteté à appliquer,de contrôler le niveau d’aberration chromatique et de vignettage d’un objectif,de faire face à toutes sortes de contraintes technologiques. Toutefois, celivre limite les démonstrations techniques à leur strict minimum. Je vous invitedonc à consulter des ouvrages qui traitent de ces sujets spécifiques. Ils sontl’œuvre d’éminents confrères comme Martin Evening, Katrin Eismann, SeanDuggan et Scott Kelby. Pour ma part, je vous demande de retenir que tout outila ses limites. Celles-ci vous imposent des prises de vues aussi précises quepossibles, afin d’anticiper les effets négatifs de votre future intervention dansLightroom.« Malgré lescontraintesimposées parnos outils, nousdevons exprimerle mieuxpossible notrevision. »Photographier en RawSi vous choisissez de photographier au format Raw, l’approche numérique n’estpas éloignée de l’approche argentique. Ce format s’impose si vous envisagezd’effectuer un « tirage » numérique de vos images. Mais si ce n’est pas le cas,contentez-vous du format JPEG.Pour le photographe, le format Raw est un négatif numérique. Contrairement auformat JPEG, le Raw ne subit aucun traitement préalable, ni compression supplémentairedans l’appareil photo numérique. Il en résulte un fichier contenantplus d’informations que celui d’une image JPEG. Vous pourrez manipuler sespixels sans introduire d’imperfections nuisibles à la traduction des sensationsvéhiculées par la scène photographiée. Voici un exemple qui vous permettra<strong>Apprentissage</strong> d’un <strong>langage</strong> <strong>photographique</strong> 35© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


« Pour lephotographe,le format Rawest un négatifnumérique. »de bien comprendre les enjeux esthétiques et techniques du format Raw : sivous photographiez en JPEG et que vous surexposez l’image, vous disposezd’un demi-diaph de latitude pour préserver les détails dans les hautes lumières.Avec le format Raw, cette latitude passe à un diaph et demi, voire à deuxdiaph. Cette remarque est valable pour l’extrémité gauche de l’histogramme,qui identifie les tons foncés. Si vous cherchez à déboucher les ombres d’unfichier au format JPEG, cela introduira systématiquement du bruit numérique,qui ruinera les détails. En revanche, avec le format Raw, vous restaurerez plusfacilement les détails des basses lumières, tout en introduisant moins de bruit.Pourquoi ? Parce que ce format contient davantage d’informations que le JPEGsur toute l’étendue de la plage tonale de l’image. Bien entendu, le Raw a seslimites, mais il reste un format bien supérieur à tous les autres.Malgré mon prosélytisme, je dois reconnaître que le format Raw a aussi desinconvénients. Le premier tient au fait qu’il génère des fichiers volumineux.Vous remplissez très vite votre carte mémoire, et le traitement des imagesnécessite un ordinateur puissant.Le second inconvénient est que, à l’instar du format JPEG, il n’existe pas ununique format Raw. Chaque constructeur d’appareil photo numérique proposeun format propriétaire. Canon a développé les formats CR2 et CRW.Nikon, Leica, Pentax et Olympus ont conçu leur propre format Raw, qui estincompatible avec ceux de Canon. Pour disposer des dernières versions desmoteurs de traitement Raw développées par les constructeurs d’appareil photo,Lightroom nécessite des mises à jour périodiques. Le problème de ces formatspropriétaires est qu’ils risquent d’être abandonnés un jour ou l’autre. En effet,quel sera l’intérêt d’un constructeur de poursuivre le développement d’un formatRaw obsolète ? Quid de l’existence de tel ou tel format Raw dans vingt ans ?Lightroom ou tout autre programme de traitement des fichiers Raw sera-t-il enmesure de les ouvrir ? Vous comprenez qu’aussi génial soit-il, le format Rawpose le problème de la longévité de ses variantes et de sa compatibilité avecLightroom.Pour pallier cette question, la société Adobe a développé le format open sourceDNG – Digital Negative. Il standardise le Raw pour que vos images soientlisibles, quel que soit le format propriétaire de votre appareil.36 L’INTENTION DU PHOTOGRAPHE : l’expression artistique avec Lightroom© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


Cette indépendance du DNG assure sa longévité. De plus, les modificationsapportées à un fichier Raw sont consignées dans un fichier annexe XMP. Dece fait, une image Raw est constituée de deux fichiers, qu’il est conseillé dene jamais dissocier. Lorsque vous fixez la valeur du paramètre Exposition deLightroom à +2, elle est enregistrée dans le fichier annexe XMP, et non pasdans le fichier Raw lui-même. Le format DNG, quant à lui, présente l’avantagede fusionner les deux fichiers, attachant ainsi les instructions au fichier imageDNG. Vous ne gérez donc qu’un seul fichier. Enfin, le format DNG génère desfichiers moins volumineux que le format Raw, sans pour autant sacrifier desdonnées.Lightroom dispose d’une fonction de conversion des fichiers Raw propriétairesen fichier DNG. Pour l’exécuter, cochez l’option « Copier au format DNG » dela boîte de dialogue Importer de Lightroom. Une option permet également deconvertir vos fichiers Raw au format DNG dans un nouvel emplacement et deles ajouter au catalogue. Comme je n’aime pas perdre du temps, je lance cetteconversion tous les soirs. Je sélectionne l’ensemble de mes images Raw dansla Bibliothèque de Lightroom, puis je clique sur Bibliothèque > Convertir lesphotos au format DNG.Pour conclure sur ce sujet, sachez que ce livre suppose que vous photographiezau format Raw.Le <strong>langage</strong> de l’imageLa photographie est l’art d’une communication qui repose sur l’expression etl’interprétation. Vous devez anticiper la lecture et l’intention de votre messagepour qu’il soit perçu, et même ressenti par le public. Supposez un instant quenous parlions de communication orale. Si je m’adresse à une assemblée sansconnaître sa tranche d’âge, ses références culturelles ou sa langue, je risquede tenir un discours incompréhensible pour elle. Il existe une différence entreparler et communiquer. La communication consiste à trouver une méthoded’expression qui permette de se faire comprendre du plus grand nombre.En d’autres termes, il s’agit de savoir comment exprimer ce que nous avonsà dire. Pour être compris, nous utilisons la même langue que notre auditoire.La photographie exige cette même rigueur. Pendant toute la phase de« Vous devezanticiper la lectureet l’intention devotre messagepour qu’il soitperçu, et mêmeressenti par lepublic. »<strong>Apprentissage</strong> d’un <strong>langage</strong> <strong>photographique</strong> 37© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


traitement d’une photo, nous devons imaginer comment le public percevra sonémotion intrinsèque.Un livre ne suffirait pas à traiter du <strong>langage</strong> de l’image. Le mien ne fait pasexception à cette règle. Cependant, j’ai remarqué que la lecture de l’image estculturelle. Ainsi, en Occident, nous lisons de gauche à droite et de haut en bas.Le problème est que nous ne lisons pas une image comme un texte. Son niveaude compréhension ne dépend pas d’une chronologie de mots organisés enphrases compréhensibles. Pour cette raison, essayons de déterminer commentnos yeux lisent le contenu d’une image.La direction du regardLe regard est toujours guidé par un élément particulier. Le choix inconscientque nous faisons se limite à un cadre donné. Par conséquent, pour attirerl’attention sur un élément présent dans le cadre, nous devons savoir commentréagit le regard. Forts de cette connaissance, nous pourrons désaccentuer certainsobjets pour les soustraire à ce choix prioritaire. Ici, la netteté joue un rôleprimordial. Si vous créez une image dont le premier et l’arrière-plan sont flous,mais le plan intermédiaire net, l’œil se posera immédiatement sur cette zone :la netteté focalise le regard sur un élément particulier au détriment des autres.Vous indiquez au spectateur que votre narration commence à ce point précisde l’image. Il se trouve alors libéré des difficultés d’interprétation d’une imageambiguë remplie d’éléments distrayants.Voici les éléments que le regard du public identifie en priorité :Les éléments nets avant les éléments flousLes êtres humains avant les objetsLes visages et plus spécifiquement les yeuxLes couleurs chaudes avant les couleurs froidesLes zones à fort contraste avant celles à faible contrasteLes éléments concrets avant les abstraits•Les lignes obliques ou diagonales avant les droites38 L’INTENTION DU PHOTOGRAPHE : l’expression artistique avec Lightroom© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


Les éléments volumineux avant les plus petits•Les éléments isolés avant les groupesPeu de photographies contiennent un seul de ces éléments. La question estalors de savoir comment attirer le regard sur l’un d’eux. Que faire quand l’élémentle plus volumineux a une couleur froide, ou que le plus petit a une couleurchaude ? Généralement, les yeux du sujet attirent le regard, mais qu’en est-ilde deux visages visibles sur une photo, quand le sourire de l’un est plus clairet plus saisissant que les yeux de l’autre ? Tout est question de distinction d’unélément spécifique dans une masse d’objets, et la réponse dépend du contextedans lequel l’image est soumise à un public.Comme il n’existe pas de recette infaillible dans ce domaine, laissez libre coursà votre imagination, et fondez-vous sur votre expérience personnelle. Regardezl’image et soyez attentif au déplacement de votre regard. Il sera davantageattiré par les objets mis en évidence que par les éléments volumineux. La significationd’un élément compte plus pour nos yeux que sa taille. Bien entendu,quand l’objet atteint certaines dimensions, ou quand un visage est flou, notreapproche visuelle varie et notre regard se pose sur des éléments plus concrets.Essayez de savoir ce qui attire votre regard dans vos photos préférées. Analysezson cheminement dans l’image. Vous observerez qu’il se focalise sur unpoint précis et qu’il suit systématiquement le même itinéraire pour revenir à sonpoint de départ. Regardez la photo de mon amie Lori avec son chien Parker.Notre regard se pose sur les yeux du chien, puis sur le visage de Lori. Ensuite,il poursuit son chemin dans le sens des aiguilles d’une montre pour se focalisersur les détails du pull, puis sur les bijoux, et revient sur les yeux de Parker.Observez comme votre œil ignore l’arrière-plan flou, car rien n’y est discernable.Si cette photo avait une plus grande profondeur de champ, l’activité denotre regard serait totalement différente. Le premier et l’arrière-plan entreraienten conflit. Et si Lori regardait l’objectif à la place de Parker, nos yeux se fixeraientimmédiatement sur les siens.L’œil ne ment pas. Il réagit instinctivement en se positionnant sans détour surles éléments qui ressortent de l’image. Mais est-ce ainsi que le public doitparcourir vos photos ? Imaginez qu’un triangle de lumière situé dans le coin<strong>Apprentissage</strong> d’un <strong>langage</strong> <strong>photographique</strong> 39© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


inférieur droit de l’image attire le regard. Est-ce sur cette partie de la photoqu’il doit se poser ? Non ? Alors que faire ? Eh bien, vous pouvez recadrerl’image pour éliminer ce triangle de lumière. Vous pouvez également appliquerun vignettage qui estompera ce triangle et focalisera le regard au centrede l’image, plus clair que ses angles. N’hésitez pas à accentuer les élémentsqui doivent attirer le regard du public. Par exemple, renforcez la netteté d’unvisage, sa luminosité et sa chaleur.La photo de la page 42 montre une femme dans un train stationnant en garede Dehli, en Inde. Plusieurs éléments attirent le regard : les fenêtres, les barreshorizontales, les écritures, le mot window et, bien entendu, la femme. Maintenant,regardez l’image située en dessous. Il s’agit de la même photo après traitementnumérique. J’ai appliqué verticalement un Filtre Gradué avec une Clartéde -100. Ensuite, j’ai légèrement éclairci le visage de la femme et lui ai ajouté unpeu de chaleur avec le Pinceau Réglage. Ces quelques ajustements modifientle parcourt de notre œil sur l’image. Cette fois, la femme est mise en évidence.Elle devient l’élément le plus distinctif du cadre, bien qu’elle n’occupe pas laplus grande partie de l’image.Vous devez comprendre ces enjeux avant de traiter vos images dans Lightroom.La raison d’être de ce livre est de vous apprendre à guider le regard sur unephoto, en disant au public : « Vous êtes ici ! ». Vous y parviendrez en simplifiantle décryptage d’une image. Le spectateur en discernera sans effort les élémentsles plus importants.L’atmosphèreEn photographie, il est fondamental de comprendre comment le public ressentles couleurs. La couleur crée une atmosphère plus rapidement que n’importequel autre élément de l’image. Nous y réagissons passivement, puisqu’elles’ impose à nous sans décryptage préalable. Il suffit de voir du rouge pour yréagir instinctivement. Donc, plus vous aurez conscience de l’impact de lacouleur sur le public, plus elle jouera un rôle fondamental dans la communicationde sensations spécifiques. Sur une image en noir et blanc, l’ambiance tientà la tonalité. L’attention du public est attirée par les éléments présents dansl’image qui ne sont pollués par aucune donnée chromatique. Le noir et blanc40 L’INTENTION DU PHOTOGRAPHE : l’expression artistique avec Lightroom© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


Canon 5D, 135 mm, 1/2000 @ f/2, 100 ISOVancouver Nord, Canada, 2007.<strong>Apprentissage</strong> d’un <strong>langage</strong> <strong>photographique</strong> 41© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


42 L’INTENTION DU PHOTOGRAPHE : l’expression artistique avec Lightroom© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


modifie la dynamique interne des photographies, ce qui explique qu’il ait lapréférence des photographes.Entre le noir et blanc et la photo couleur existent les images bichromiques etd’autres variantes du virage partiel ou de la trichromie. Avec ces techniques,une ou plusieurs couleurs unies définissent l’atmosphère d’une image noir etblanc.La création d’une ambiance est très importante. Lorsque vous la définissez touten mettant en évidence certains éléments du cadre, vous placez le spectateurdans la narration, la signification et l’émotion de l’image. La puissance de cesdeux éléments permet de raconter visuellement une histoire.« La couleur créeune atmosphèreplus rapidementque n’importequel autreélément del’image. »Cette démonstration n’est pas purement intellectuelle. Elle est l’affirmation etla conséquence de réactions qui dépassent notre volonté. Utiliser le <strong>langage</strong>d’une image revient à maîtriser les réflexes physiques qui guident le décryptageque nous en faisons. Dans ce domaine, l’œil est le maître absolu. Lecerveau, qui réagit à des stimuli particuliers, utilise le regard comme interface àcette excitation. Vous devez utiliser les bons outils pour amener le public, doncson regard, à analyser une image selon vos intentions. C’est la condition pourtraduire aussi fidèlement que possible votre vision personnelle d’une scène, etpour reproduire les conditions émotionnelles de sa prise de vue. Canon 5D, 60 mm, 1/15 @ f/2.8, 800 ISOAgra, Inde, 2007.<strong>Apprentissage</strong> d’un <strong>langage</strong> <strong>photographique</strong> 43© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


Interprétation chromatique d’une scène photographiée à La Havane.La couleur est belle. Le souci est qu’elle attire le regard sur leschaussures vertes, élément que j’estime mineur.Conversion noir et blanc de la même scène. L’absencede couleur modifie la direction du regard.44 L’INTENTION DU PHOTOGRAPHE : l’expression artistique avec Lightroom© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin


Canon 5D, 17 mm,1/30 @ f/4, 400 ISOLa Havane, Cuba, 2009.Image sépia classique. Elle présente les mêmes avantages que la versionnoir et blanc, mais en créant une atmosphère chaleureuse. Elle prend unaspect « vintage », qui évoque les photos du début du XX e siècle.Bichromie plus froide, qui crée une atmosphère moins chaleureuseet donne un aspect plus contemporain à l’image.<strong>Apprentissage</strong> d’un <strong>langage</strong> <strong>photographique</strong> 45© 2011 <strong>Pearson</strong> Education France – L'intention du photographe – David duChemin

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