(9)a. b.3 x x2 x x x x1 x x x x x x x xmany linguiststhirteen linguistss w s w w s s ww s w s<strong>La</strong> différence entre la configuration bien formée (9a), et la configurationmal formée (9b) émerge clairement: en (9a), chaque colonne verticale nonmarginalede la grille est flanquée de colonnes qui sont, toutes deux, soitplus élevées, soit moins élevées qu’elle-même. Ce patron définit uneséquence d’accents alternants par<strong>fait</strong>e. Par cette définition, la portionmal formée de la grille en (9b) est immédiatement identifiée: la colonneverticale (en italique gras) correspondant à la syllabe teen est flanquée àsa gauche d’une colonne moins élevée, et à sa droite d’une colonne plusélevée. <strong>La</strong> malformation est corrigée par l’implémentation d’un patronalternant, comme indiqué en (10).(10)a. b.3 x x2 x x x x1 x x x x x x x xthirteen linguiststhirteen linguistss w s w s w s ww s w sDès lors que <strong>des</strong> manipulations du type de celle qui vient d’être décritepeuvent être effectuées directement sur la grille, deux questions liées <strong>se</strong>po<strong>se</strong>nt : 1) l’appareil formel nécessaire au traitement de l’accentnécessite-t-il et arbres et grilles ? 2) la structure <strong>métrique</strong> s’émancipet-ellepartiellement ou entièrement de la structure morpho-syntaxique ?Une variété de répon<strong>se</strong>s importantes, mais qui ne peuvent ici qu’êtrerecommandées à l’attention du lecteur, ont été apportées (cf. <strong>La</strong>ks 1997pour une discussion approfondie). Kiparsky (1979) défend l’idée que lastructure <strong>métrique</strong> est érigée cycliquement, donc en s’appuyant sur lastructure morpho-syntaxique. Selkirk (1980) défend une position apparentéemodulo une réinterprétation de l’origine (lexicale) de la structureprosodique. Dans son article de 1983, Prince – suivi, sur ce point, parSelkirk (1984) – argumente de façon radicale en faveur d’un modèle où lesarbres ne jouent plus aucun rôle, et dans lequel les structures <strong>métrique</strong>sprocèdent de la <strong>se</strong>ule grille. Enfin, Halle & Vergnaud (1987) propo<strong>se</strong>nt unsystème où les unités de la grille <strong>métrique</strong> sont organisées en constituantsqui projettent leur tête au niveau immédiatement supérieur. Comme le notent
les auteurs, le mode de repré<strong>se</strong>ntation enrichi qu’ils préconi<strong>se</strong>nt leurpermet, à la différence d’autres modèles, de repré<strong>se</strong>nter la constituance etla proéminence <strong>métrique</strong>s indépendamment l’une de l’autre.<strong>La</strong> géométrie <strong>des</strong> traitsL’une <strong>des</strong> idées les plus fructueu<strong>se</strong>s de la linguistique du XXème siècle estque le <strong>se</strong>gment phonologique n’est pas une primitive théorique : ce sont lespropriétés dont il n’est que la somme, les traits phonologiques, quiconstituent les véritables unités d’analy<strong>se</strong>. Pourtant, si <strong>des</strong> effortsconsidérables ont été consacrés à l’identification de l’inventaire optimal<strong>des</strong> traits phonologiques, ni la linguistique structurale, ni la <strong>phonologie</strong>générative n’en ont proposé de modèle explicite d’organisation. Il fautnoter que la nécessité d’identifier <strong>des</strong> principes d’organisation <strong>des</strong>propriétés repré<strong>se</strong>ntées par les traits, est clairement formulée parTrubetzkoy (1939). Elle est également sous-jacente aux propositions duchapitre 9 de SPE. Ainsi, si la caractérisation de la bilabiale sourde prequiert la spécification <strong>des</strong> valeurs appropriées pour les traits [voisé],[continu], [nasal], [sonorant], etc., aucune considération ne permet dechoisir entre <strong>des</strong> repré<strong>se</strong>ntations comme en (11) où les traits sont rangé<strong>se</strong>n ordre alphabétique, ou en (12) où les traits apparaîs<strong>se</strong>nt dans un ordredifférents.(11)+ antérieur - arrondi + consonantique – continu - coronal – haut – nasal – sonorant - voisé(12)- sonorant + consonantique - continu - nasal - haut - arrondi + antérieur - coronal – voisé<strong>La</strong> réalité indique cependant qu’un tel modèle est insatisfaisant à denombreux égards, au <strong>se</strong>ns où les phénomènes phonologiques <strong>des</strong> langues dumonde discriment entre clas<strong>se</strong>s de traits, par exemple ceux qui définis<strong>se</strong>ntle point d’articulation, le mode de phonation, etc. Le cas del’assimilation <strong>des</strong> nasales au point d’articulation d’une occlusive suivanteen espagnol illustre ce type de fonctionnement: un+tono > untono « unton », un+dolar > undolar « un dollar », un+nudo > unnudo « un nœud »,un+peso > umpeso « un poids », un+beso > umbeso « un bai<strong>se</strong>r », un+mono >ummono « un singe », un+kono > uŋkono « un cône », un+gato > uŋgato « unchat », etc. Comme on le voit, l’en<strong>se</strong>mble <strong>des</strong> occlusives intervient en blocpour modifier le point d’articulation d’une nasale précédente, et lesdistinctions de voi<strong>se</strong>ment ou de nasalité ne sont d’aucune pertinence. Dansun modèle où les traits n’entretiennent pas de rapports particuliers, le<strong>fait</strong> que le conditionnement du phénomène inclue l’en<strong>se</strong>mble <strong>des</strong> objetsdéfinis sur la ba<strong>se</strong> du point d’articulation, et ignore la totalité <strong>des</strong>discriminations effectuées sur la ba<strong>se</strong> du voi<strong>se</strong>ment ou de la nasalité, estde nature accidentelle; qui plus est, le <strong>fait</strong> que les langues du monde,dans leur écrasante majorité, <strong>se</strong> comportent comme l’espagnol, resteininterprété par la théorie.Clements (1985) et Sagey (1986) propo<strong>se</strong>nt de remédier à cet état de cho<strong>se</strong><strong>se</strong>n repré<strong>se</strong>ntant les différents traits sous la forme d’une organisationhiérarchique, à quelques détails près, celle de (13a) pour la nasalecoronale n (cf. Clements & Hume (1995) pour une discussion détaillée et <strong>des</strong>références). Les nœuds terminaux de l’arbre (en italique) sont les trait<strong>se</strong>ux-mêmes, le nœud supérieur « racine » repré<strong>se</strong>nte l’en<strong>se</strong>mble <strong>des</strong>propriétés qui définis<strong>se</strong>nt le <strong>se</strong>gment. Il est lié à une position dusquelette, ici C (pour la notion de squelette, cf. #263 ce volume). Lesnœuds intermédiaires (en gras) repré<strong>se</strong>ntent <strong>des</strong> catégories fonctionnelles,comme les trois cavités orale, nasale, pharyngale; ou, au <strong>se</strong>in de la cavité