La guerre cognitive - Base de connaissance AEGE
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les stratégies <strong>de</strong> ses concurrents. Elle doit se préserver <strong>de</strong>s attaques envers son patrimoineinformationnel, et plus généralement à l’encontre <strong>de</strong> ses intérêts vitaux. Les aspects offensifset défensifs sont à ce point imbriqués qu’il est difficile <strong>de</strong> les séparer et même dangereux <strong>de</strong>les penser distinctementPourtant la généralisation <strong>de</strong> mouvements stratégiques offensifs, en tant qu’expression<strong>de</strong> la politique générale <strong>de</strong>s entreprises, ne constitue pas une violation <strong>de</strong> la compétitionéconomique mondiale. En revanche, la relative confusion <strong>de</strong>s intérêts économiques privés etpublics américains, concernant les cent plus grands contrats mondiaux annuels, implique lerecours à <strong>de</strong>s stratégies d’influences multiformes ciblées 17 , à <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> pression, à ladémocratisation et à la promotion du soft power, à la généralisation <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>perception management. Dans le cas présent, il ne s’agit pas <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à une quelconquefacilité discursive anti-américaine dénuée <strong>de</strong> toute introspection sur la propre volontéeuropéenne d’affirmation <strong>de</strong> puissance. Parce que les Etats-Unis sont les seuls en mesured’asseoir une réelle supériorité dans l’ensemble <strong>de</strong>s domaines fondamentaux, il importe quel’Europe s’arroge les principes tactiques et stratégiques <strong>de</strong> fragilisation ou <strong>de</strong> contrainte àl’encontre du fort. L’avènement <strong>de</strong> la doctrine <strong>de</strong> sécurité économique américaine a généréune mutation profon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s antagonismes concurrentiels. Par ailleurs, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s menacesreprésentées par la concurrence, les entreprises vont <strong>de</strong> manière croissante être égalementconfrontées aux courants contestataires issus <strong>de</strong> la société civile, et dont les revendicationsidéologiques seront en mesure <strong>de</strong> porter gravement atteinte à leur image. Les firmes <strong>de</strong>certains secteurs industriels (énergie, alimentation et gran<strong>de</strong> distribution) figurent déjà parmiles cibles <strong>de</strong> telles organisations. L’opposition <strong>de</strong>s qualités <strong>de</strong> l’esprit aux défauts du profit,<strong>de</strong>s constantes humanitaires aux variables économiques, et les mobilisations <strong>de</strong>s intellectuelscontre les intérêts marchands monopolistiques sont déjà autant <strong>de</strong> motifs <strong>de</strong> déstabilisationque seul un projet discursif <strong>de</strong> contre-argumentation peut rendre caduque.7. Les stratégies <strong>de</strong> maîtrise du risque informationnel<strong>La</strong> gestion <strong>de</strong>s risques stratégiques ne sauraient se circonscrire aux seuls aspectsfinanciers. Il est regrettable que le risk management n’ait pas encore intégré l’ensemble <strong>de</strong>smenaces liées à une utilisation subversive <strong>de</strong> l’information. <strong>La</strong> notion <strong>de</strong> risqueinformationnel est née avec l’avènement <strong>de</strong> l’information dont l’exploitation stratégiqueconstitue désormais une réalité et un enjeu pour les organisations. L’irruption <strong>de</strong>s NouvellesTechnologies <strong>de</strong> l’Information et <strong>de</strong> la Communication a largement contribué à l’exacerbation<strong>de</strong>s antagonismes concurrentiels globaux. Loin <strong>de</strong>s utopies originelles, la société <strong>de</strong>l’information a engendré <strong>de</strong>s luttes inédites sur l’échiquier <strong>de</strong> la compétition économiquemondiale 18 . En effet, au temps <strong>de</strong> la <strong>guerre</strong> froi<strong>de</strong>, la rivalité entre les <strong>de</strong>ux blocs étaitprioritairement <strong>de</strong> nature idéologique politique et militaire. <strong>La</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’informationrelevait quasi exclusivement du champ géostratégique. Or, l’effondrement du bloc soviétiquea transformé ce paradigme. Désormais, l’appréhension <strong>de</strong> l’information dépasse le seul cadregéostratégique classique et s’immisce en profon<strong>de</strong>ur dans les sphères concurrentielles etsociétales 19 . Quel que soit l’objet <strong>de</strong>s affrontements, l’information s’articule et s’exploite au17 Stratégies d’influence <strong>de</strong>s émotions, <strong>de</strong>s motivations et <strong>de</strong>s raisonnements objectifs mises en œuvreafin <strong>de</strong> faire cé<strong>de</strong>r un concurrent en utilisant la <strong>connaissance</strong> ou l’information.18 François-Bernard Huyghe, L’ennemi à l’ère numérique, Paris, PUF, 2001, p. 104 .19 Didier Lucas et Alain Tiffreau, Guerre économique et information, op. cit., p.148.9