<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> <strong>cognitive</strong> :A la recherche <strong>de</strong> la suprématie stratégiqueVI iè Forum intelligence économique<strong>de</strong> l’Association Aéronautique et Astronautique FrançaiseMenton, le 25 septembre 2002Communication présentée parChristian HarbulotDirecteur <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong> Guerre EconomiqueGroupe Ecole Supérieure Libre <strong>de</strong>s sciences Commerciales Appliquées1, rue Bougainville 75007 Paristél. : 01.45.56.91.12christian.harbulot@ege.eslsca.frNicolas MoinetMaître <strong>de</strong> conférenceDirecteur du DESS Intelligence économique et développement <strong>de</strong>s EntreprisesUniversité <strong>de</strong> Poitiers, ICOMTEC FuturoscopeTéléport 5 BP 64 , 86130 JAUNAY-CLANtél.: 05 49 49 46 50nicolas.moinet@wanadoo.frDidier LucasResponsable du Développement<strong>La</strong>boratoire <strong>de</strong> Recherche <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong> Guerre EconomiqueGroupe Ecole Supérieure Libre <strong>de</strong>s Sciences Commerciales Appliquées1, rue Bougainville 75007 Paristél. / Fax :01.45.51.00.02lucas@ege.eslsca.frMots clés :Intelligence économique offensive, management stratégique,manipulation <strong>de</strong> la <strong>connaissance</strong>, sécurité <strong>de</strong> l’information1
IntroductionEn mois d’une décennie, l’intelligence économique s’est imposée comme un nouveauparadigme <strong>de</strong> l’interaction concurrentielle. Désormais les stratégies concertées <strong>de</strong> surveillance<strong>de</strong>s environnements sont inscrites par les entreprises dans leur politique <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>l’information. Cependant, les aspects offensifs <strong>de</strong> cette discipline <strong>de</strong>meurent étrangers àl’immense majorité <strong>de</strong>s organisations (états et groupes industriels) malgré la généralisation <strong>de</strong>pratiques stratégiques regroupées sous l’appellation <strong>de</strong> <strong>guerre</strong> <strong>de</strong> l’information. Un <strong>de</strong>sversants les plus innovants <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> manœuvre consiste en la manipulation ou l’altération<strong>de</strong>s symboles et <strong>de</strong> la <strong>connaissance</strong>. Cette pratique née aux Etats-Unis dans la communauté <strong>de</strong>défense, avant d’être transposée dans la sphère économique a été baptisée <strong>guerre</strong> <strong>cognitive</strong>.Notre communication interroge non pas les fon<strong>de</strong>ments, mais les figures et les enjeux quisous-ten<strong>de</strong>nt l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce concept. Elle s’attar<strong>de</strong>ra ainsi davantage sur les pratiques que surles théories en vigueur, et cela dans une perspective géostratégique.1. De la <strong>guerre</strong> <strong>de</strong> l’information à la <strong>guerre</strong> <strong>cognitive</strong> : <strong>La</strong> stratégie <strong>de</strong> la persuasion<strong>La</strong> date du 11 septembre 2001 n’est pas seulement le repère symbolique d’unchangement d’ère, elle est aussi l’expression d’une dimension inédite <strong>de</strong> la <strong>guerre</strong>, celle qui semène par l’information. <strong>La</strong> <strong>guerre</strong> du Golfe, l’intervention américaine en Somalie ainsi queles conflits dans l’ex-Yougoslavie avaient déjà donné un aperçu <strong>de</strong> cette mutation. Lors <strong>de</strong>l’invasion du Koweït par l’Irak, l’opinion publique américaine s’est mobilisée à la suite d’unedésinformation orchestrée par les autorités américaines 1 . Le débarquement télévisé <strong>de</strong>stroupes américaines sur les plages <strong>de</strong> Mogadiscio, <strong>de</strong> même que le lynchage télévisé d’uneunité <strong>de</strong> l’US Army, ont relégué au second plan la réalité politico-militaire <strong>de</strong> la <strong>guerre</strong> civilelocale. Concernant les évènements du Kosovo, la polémique sur la manipulation <strong>de</strong>l’information n’a eu <strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> s’amplifier. Cette dimension particulière <strong>de</strong> la <strong>guerre</strong> parl’information est <strong>de</strong>venue évi<strong>de</strong>nte dans le cadre <strong>de</strong> la mise en scène <strong>de</strong>s attentats du 11septembre. Aux Etats-Unis, plusieurs instituts spécialisés poursuivent <strong>de</strong>s recherches eninformation warfare et information dominance. Une telle polarisation <strong>de</strong> la réflexionaméricaine sur l’information pourrait s’expliquer par le bilan négatif tiré <strong>de</strong> la <strong>guerre</strong> duVietnam. Mais l’explication est à la fois plus globale et plus complexe. Les Etats-Unis sontplacés <strong>de</strong>vant un contexte stratégique inédit. Sans rival militaire, ils souhaitent assurerdurablement leur suprématie en se présentant comme le modèle <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> toutes lesdémocraties. Contrairement à une époque révolue, la dissuasion nucléaire ne suffit plus àWashington pour imposer ses vues aux autres pays sur les échiquiers géopolitiques,économiques, culturels et sociétaux. Seule une maîtrise absolue <strong>de</strong> la production <strong>de</strong><strong>connaissance</strong>s en amont (circuits éducatifs) et en aval (Internet, médias audiovisuels) peut leurassurer une légitimité durable sur le contrôle <strong>de</strong>s affaires mondiales.En France, les milieux <strong>de</strong> la Défense ont travaillé sur les applications techniques <strong>de</strong> ladémarche américaine. Des industriels commercialisent <strong>de</strong>s produits labellisés « informationdominance ». De son côté, le Centre d’Electronique <strong>de</strong> l’Armement (Celar), met au point unecapacité <strong>de</strong> <strong>guerre</strong> électronique et <strong>de</strong> <strong>guerre</strong> informatique. Nul ne songe aujourd’hui àcontester les carences du dispositif hexagonal au niveau doctrinaire. Ce retard peut être1 <strong>La</strong> fille <strong>de</strong> l’Ambassa<strong>de</strong>ur du Koweït aux Etats-Unis avait commis un faux témoignage relatif à <strong>de</strong>sexactions <strong>de</strong> soldats irakiens dans une maternité <strong>de</strong> Koweït City.2