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les biotechnologies agricoles potentiels et controverses

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UNIVERSITE PIERRE MENDES FRANCE GRENOBLE IIUFR ECONOMIE, STRATEGIES ET ENTREPRISEECOLE DOCTORALEORGANISATION INDUSTRIELLE ET SYSTEMES DE PRODUCTIONLaboratoire d’Economie Appliquée de Grenoble (GAEL)Samira CHAKLATTI-ROUSSELIERELES BIOTECHNOLOGIES AGRICOLESPOTENTIELS ET CONTROVERSESThèse pour le Doctorat en Sciences EconomiquesDirecteur de thèse : Madame Shyama V. RAMANISoutenue publiquement le 01 décembre 2006JURYM. Eric Giraud-Heraud Directeur de recherches INRA, Ecole Polytechnique (Rapporteur)M. Jean-Louis Rastoin, Professeur, ENSAM, Montpellier (Rapporteur)M. P<strong>et</strong>er W.B. Phillips, Professeur, University of Saskatchewan, Canada (Examinateur)M. Carl E. Pray, Professeur, Rutgers State University of New Jersey, USA (Examinateur)Mme Shyama V. Ramani, Chargée de recherches INRA HDR (Directrice de thèse)M. Pier Paolo Saviotti, Directeur de recherches INRA, UPMF Grenoble II (Président)


L’université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinionsémises dans c<strong>et</strong>te thèse. Cel<strong>les</strong>-ci doivent être considérées comme propres à sonauteur.


Remerciements C<strong>et</strong>te thèse a été effectuée sous la direction de Madame Shyama RAMANI. Je tiens à luiexprimer ici ma reconnaissance pour le soutien qu’elle m’a accordé tout au long de ces quatreannées passées à Grenoble.Je voudrais également remercier Eric GIRAUD-HERAUD <strong>et</strong> Jean-Louis RASTOIN pouravoir accepté d’être <strong>les</strong> rapporteurs de ma thèse. Merci à P<strong>et</strong>er W.B. Philipps, à Carl E.PRAY <strong>et</strong> à Pier Paolo SAVIOTTI qui ont bien voulu évaluer ce travail.Je voudrais remercier Jacqueline ESTADES pour ses précieux remarques <strong>et</strong> commentaires.Merci à Michel TROMMETTER pour ses conseils <strong>et</strong> son soutien. Merci à FrédéricCOROLLEUR de m’avoir fait part de ses commentaires. Merci enfin à Raymond,Bernad<strong>et</strong>te <strong>et</strong> Geneviève ROUSSELIERE.Merci à Janine, Myriam, Carole, Eric, Simon <strong>et</strong> Lor<strong>et</strong>te qui m’ont apporté un soutien moraldurant ces quatre années <strong>et</strong> pour leur amitiés sans faille.Je ne voudrais pas oublier Agnès pour sa précieuse aide pour ma bibliographie <strong>et</strong> de sonefficacité à me faire parvenir <strong>les</strong> différents documents, Valérie d’être là pour ramenerl’ordinateur à la raison, Janine, Mariane <strong>et</strong> Isabelle pour leur assistance <strong>et</strong> Pascale BERTApour son soutien <strong>et</strong> pour avoir toujours répondu à mes attentes. Merci donc à Agnès, àValérie, à Janine, à Isabelle, à Mariane <strong>et</strong> à Pascale.Mes remerciements s’adressent aussi à tous ceux dont la présence a contribué à faire duGAEL un lieu de travail agréable, vivant <strong>et</strong> sympathique.Un grand merci à Geneviève ROUSSELIERE, à Zakir PAUL <strong>et</strong> à Shyama RAMANIpour la traduction en anglais d’une partie de c<strong>et</strong>te thèse.Enfin, je n’aurais jamais eu le courage <strong>et</strong> la force de finir c<strong>et</strong>te thèse sans l’aide <strong>et</strong> le soutiende Damien.


SOMMAIREIntroduction générale.........................................................................71. Présentation générale <strong>et</strong> formulation de la problématique......................... 82. L’originalité du suj<strong>et</strong>.................................................................................. 133. Méthodologie de la thèse ........................................................................... 164. Contribution de la thèse à la littérature économique ................................ 175. Organisation de la thèse ............................................................................ 18Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.................21Introduction.................................................................................................... 221. L’impact de l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> sur l’agriculture............. 232. Le marché des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> .................................................. 383. L’impact de l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur larestructuration de la filière agroalimentaire................................................. 47Conclusion...................................................................................................... 74Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde :étude de cas sur le coton Bt.....................................................81Introduction.................................................................................................... 821. De la révolution verte à la révolution des <strong>biotechnologies</strong>....................... 832. Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, un enjeu d’avenir entre innovation <strong>et</strong> droitde propriété .................................................................................................... 91


3. La culture du coton Bt <strong>et</strong> son introduction dans <strong>les</strong> pays par Monsanto 1004. Le coton Bt : quel impact sur <strong>les</strong> pays l’ayant adopté ?.......................... 1115. Discussion ................................................................................................ 120Conclusion.................................................................................................... 126Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech :une explication par un modèle de théorie des jeux.............130Introduction.................................................................................................. 1311. Présentation du modèle............................................................................ 1342. Résolution du modèle ............................................................................... 1543. Discussion : Comparaison des résultats théoriques avec <strong>les</strong> stratégies decommercialisation du coton Bt par Monsanto............................................. 166Conclusion.................................................................................................... 169Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM enEurope : l’importance de la confiance dans <strong>les</strong> différentesparties prenantes du débat public........................................184Introduction.................................................................................................. 1851. La construction d’un débat public sur <strong>les</strong> OGM ..................................... 1872. Revue de la littérature sur <strong>les</strong> déterminants de l’opposition aux OGM.. 1943. Méthodologie............................................................................................ 2014. Résultats ................................................................................................... 207Conclusion.................................................................................................... 227Conclusion générale .......................................................................240


1. Résultats de notre recherche.................................................................... 2412. Limites de la thèse.................................................................................... 2473. Perspectives de recherches ...................................................................... 248Bibliographie...................................................................................254Table des matières ..........................................................................269Liste des tableaux, figures <strong>et</strong> encadrés..........................................275


Introduction générale1. Présentation générale <strong>et</strong> formulation de la problématique.Pour garantir un meilleur développement pour la planète, il est d’abord essentiel d’assurer uneoffre appropriée de nourriture, un environnement propre, <strong>et</strong> un accès aux médicaments pourtoutes <strong>les</strong> populations ou à un maximum de gens. Alors que <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies ayantémergé dans <strong>les</strong> cinquante dernières années (comme la microélectronique ou <strong>les</strong>télécommunications) n’ont eu qu’un impact indirect sur le développement, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>occupent une place primordiale pour fournir des solutions technologiques dans <strong>les</strong> secteurs del’alimentation, l’environnement <strong>et</strong> la santé. Nous nous focaliserons sur le secteur del’alimentation, <strong>et</strong> donc plus précisément sur la partie des <strong>biotechnologies</strong> dédiée àl’agriculture, appelée agbiotechnologie. On préfère utiliser ici le terme plus générald’agbiotechnologie, plutôt que le terme agrobiotechnologie qui pour nous concerne le secteuragroalimentaire utilisant <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>.L’objectif de notre recherche est donc d’examiner la nature des <strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong>facteurs qui déterminent leur intégration dans le secteur agricole, pour mieux comprendrel’évolution des marchés (offre <strong>et</strong> demande) des plantes <strong>et</strong> semences génétiquement modifiées.Le problème des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> est complexe, multidimensionnel, <strong>et</strong> il concerneune multitude d’acteurs en interaction (cf. tableau 1). Dans c<strong>et</strong>te section nous allons préciser<strong>et</strong> décrire <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> questions qui seront étudiées dans notre thèse, à propos de c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong>.1.1. Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> comme univers controverséLes <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sont sans doute le seul domaine qui réunit en lui-même à la foisautant d’espoirs que de craintes.D’un côté, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sont perçues comme pouvant être à l’origine d’uneformidable amélioration de la qualité <strong>et</strong> de la quantité des produits agrico<strong>les</strong>, car el<strong>les</strong>perm<strong>et</strong>traient aux agriculteurs de disposer de variétés végéta<strong>les</strong> résistantes aux maladies <strong>et</strong>aux ravageurs, sans un recours intensif aux pesticides souvent dangereux pourl’environnement <strong>et</strong> pour <strong>les</strong> paysans. El<strong>les</strong> perm<strong>et</strong>traient d’améliorer la qualité du travailagricole par la diminution de la charge de travail. D’un autre côté, leurs conséquences ne sont- 8 -


Introduction généralepas réellement connues. Aujourd’hui, on s’interroge toujours sur leur impact concernantl’environnement, <strong>et</strong> la santé humaine, sur <strong>les</strong> conséquences du transfert de c<strong>et</strong>te technologievers <strong>les</strong> paysans des pays en développement, <strong>et</strong> sur la dépendance des agriculteurs en généralvis-à-vis des fournisseurs de la technologie.En eff<strong>et</strong>, le débat sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> relève d’un univers controversé par opposition à ununivers stabilisé (Godard, 1993) en raison des quatre éléments suivants :• le primat de la construction scientifique <strong>et</strong> sociale des problèmes sur la perceptiontacite <strong>et</strong> explicite par <strong>les</strong> agents : ainsi <strong>les</strong> Européens conçoivent <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>comme un problème important potentiel, alors qu’el<strong>les</strong> sont en réalité peu présentesdans leur vie quotidienne ;• le poids des incertitudes <strong>et</strong> <strong>controverses</strong> scientifiques <strong>et</strong> socia<strong>les</strong> pesant sur des aspectsdu réel qui sont essentiels du point de vue de l’action : la controverse sur <strong>les</strong> OGMtouche <strong>et</strong> divise en eff<strong>et</strong> le secteur scientifique lui-même ;• l’importance prise par la question de la représentation distincte des intérêts de tiersabsents de la scène décisionnelle « ici <strong>et</strong> maintenant » : de nombreuses parties prenantesau débat invoquent non seulement <strong>les</strong> générations futures, mais également la protectionde tous <strong>les</strong> êtres vivants (<strong>les</strong> intérêts des animaux sont « représentés » par certainesassociations) ou particulièrement des paysans des pays du sud ;• la présomption d’irréversibilité touchant à ces phénomènes, empêchant de faire del’attente de la stabilisation des savoirs une stratégie incontestée. Ce sentiment, maisaussi celui de radicale nouveauté par rapport aux anciennes méthodes agrico<strong>les</strong>(d’hybridation) sont en eff<strong>et</strong> largement partagés.1.2. Obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> champ de la thèseDans le secteur agbiotech, comme dans tous <strong>les</strong> autres secteurs, deux types d’innovations sontpossib<strong>les</strong> : innovation de produits <strong>et</strong> innovation de procédés. Seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> innovations deproduits sous forme de plantes <strong>et</strong> semences génétiquement modifiées sont prises enconsidération dans c<strong>et</strong>te thèse. Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> concernées sont cel<strong>les</strong> quiprésentent des caractères de protection des plantes (résistance aux insectes, tolérance auxherbicides) destinées à la consommation humaine. Autrement dit, <strong>les</strong> produits qui sont étudiésici présentent des innovations sur des fonctions de protection des plantes. Dans cesconditions, le gain pour un agriculteur dépendra de l'ampleur du problème de protection des- 9 -


Introduction généraleplantes auquel il est confronté. Par exemple, un coton résistant à certains insectes peutprésenter un n<strong>et</strong> progrès technique <strong>et</strong> assurer une protection presque totale contre leursattaques, mais il ne présentera pas beaucoup d'intérêt pour l'agriculteur qui est exposéexceptionnellement à de tel<strong>les</strong> attaques.Nous nous plaçons en aval de la phase R&D. Ce qui nous intéresse, c’est la manière dont desfirmes vont commercialiser une technologie en leur possession.La commercialisation des innovations dans un nouveau secteur, fondé sur la science, comme<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>, est un processus collectif où la création, le développement, l’adoption <strong>et</strong>la diffusion des innovations dépendent de l’existence <strong>et</strong> du fonctionnement des réseaux entredifférentes institutions <strong>et</strong> agents du système économique. Ces agents sont <strong>les</strong> chercheurs, <strong>les</strong>gouvernements, <strong>les</strong> firmes, <strong>les</strong> consommateurs <strong>et</strong> <strong>les</strong> institutions financières. Ledéveloppement des <strong>biotechnologies</strong> est le fait d’un processus cumulatif de connaissances <strong>et</strong>d’expériences où un ensemble d’acteurs (scientifiques, entrepreneurs, gouvernements, <strong>et</strong>c.) estimpliqué.On essaiera alors d’identifier <strong>et</strong> de comprendre la rationalité de différents acteurs ayant jouéun rôle primordial dans l’évolution du secteur agbiotech <strong>et</strong> dans la commercialisation desinnovations. Il s’agit des fournisseurs de la technologie (firmes agbiotech ou entreprises desemences), côté offre, <strong>et</strong> des acteurs du marché final (agriculteurs <strong>et</strong> consommateurs finals),côté demande.Pour analyser la relation entre <strong>les</strong> différents acteurs du côté de l’offre <strong>et</strong> de la demande des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, nous nous sommes intéressées aux principaux acteurs de la filièreagroalimentaire, à savoir : <strong>les</strong> firmes agbiotech, fournisseuses de la technologie, <strong>les</strong>semenciers disposant d’un savoir-faire ancestral en matière de sélection végétale <strong>et</strong> decroisement de plantes, l’agriculteur au centre de c<strong>et</strong>te filière qui utilise ces semences dans lebut d’améliorer ses rendements au moindre coût, <strong>et</strong> le consommateur qui n’a pas demandé de<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> mais se trouve confronté à un produit qui compose ou quicomposera son alimentation (cf. tableau 1).- 10 -


Introduction généraleTableau 1 : Panorama des acteurs concernés par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> (plantes,semences <strong>et</strong> produits biotechnologiques)Acteurs dans la chaîneagroalimentaireOffre de <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong>- Firmes agbiotech- SemenciersDemande de <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong>- Consommateurs- AgriculteursActeurs hors chaîneagroalimentaire- Associations de consommateurs- Pouvoirs publics- Association de défense de l’environnement- Filière non-OGMOn peut représenter <strong>les</strong> interactions entre ces différents acteurs selon un scénario de sommepositive de théorie des jeux.En eff<strong>et</strong>, sur le tableau 2, chaque flèche se traduit en termes d’offre ou de demande. Dans lachaîne agroalimentaire, il y a des acteurs concernés soit par l’offre, soit par la demande des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. Ils sont donc à la fois offreurs <strong>et</strong> ou demandeurs selon la placequ’ils occupent au sein de c<strong>et</strong>te chaîne.Les firmes agbiotech <strong>et</strong> <strong>les</strong> semenciers offrent des semences biotechnologiques présentantcertaines caractéristiques à des agriculteurs qui n’en ont même pas formulé de demande. Les<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> (que nous décrirons précisément dans le chapitre 1) se rapportent àune stratégie des firmes en quête de nouveaux marchés. Les agriculteurs se trouvent face à desproduits qui présentent des caractéristiques attrayantes <strong>et</strong> susceptib<strong>les</strong> d’augmenter leur profit.Ces agriculteurs offrent <strong>les</strong> produits biotechnologiques aux secteurs de la transformationindustrielle qui peuvent aussi à leur tour formuler des demandes auprès des agriculteurs(fournisseurs). Au final <strong>les</strong> secteurs de la transformation industrielle vendent, soitdirectement, soit indirectement (par l’intermédiaire des distributeurs), <strong>les</strong> produitsbiotechnologiques aux consommateurs.- 11 -


Introduction généraleTableau 2 : Offre <strong>et</strong> demande des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Il existe selon nous deux types d’acteurs concernés par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> :• Les acteurs directs sont ceux directement concernés par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.Il s’agit d’acteurs ayant une relation directe avec l’offre ou la demande de ces produits.Il s’agit des firmes agbiotech qui offrent <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> (<strong>les</strong> plantesbiotechnologiques) aux semenciers qui <strong>les</strong> croisent avec leurs meilleures variétésvégéta<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> vendent aux agriculteurs sous forme de semences biotechnologiques 1 .Ces agriculteurs <strong>les</strong> vendent, directement ou indirectement, sous formes de produitsagrico<strong>les</strong> aux consommateurs.• Les acteurs intermédiaires sont aussi concernés par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>,mais n’ont pas de liens directs avec la fonction de l’offre ou la demande (excepté <strong>les</strong>associations de consommateurs). D’une part, ce sont des acteurs défendant l’intérêt desacteurs directement concernés, comme <strong>les</strong> pouvoirs publics qui imposent desréglementations sur la surveillance de ces produits à travers l’étiqu<strong>et</strong>age <strong>et</strong> la traçabilité.Les associations de défense de l’environnement évaluent <strong>les</strong> risques liés à c<strong>et</strong>t<strong>et</strong>echnologie. D’autre part, ce sont des acteurs qui sont tout simplement influencés parc<strong>et</strong>te technologie comme la filière non-OGM. C<strong>et</strong>te filière s’interroge sur <strong>les</strong> coûts de laségrégation <strong>et</strong> cherche à savoir qui supportera ces coûts (la filière OGM, la filière non-OGM, <strong>les</strong> pouvoirs publics, le consommateur final, <strong>et</strong>c.).1 Dans <strong>les</strong> tableaux 1 <strong>et</strong> 2 on ne prend pas en considération <strong>les</strong> distributeurs, alors qu’il semble que la fonction dedistribution dans la chaîne agroalimentaire joue un rôle important, en particulier pour le marché final.- 12 -


Introduction générale2. L’originalité du suj<strong>et</strong>L’originalité de notre travail réside dans l’investigation conjointe que nous menons en termesd’offre <strong>et</strong> de demande des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, en considérant un ensemble d’acteursimpliqués dans le système d’innovation liée aux OGM. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> études précédentes sesont principalement intéressées• soit à la structure de l’offre des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, c’est-à-dire aux aspects del’organisation industrielle de ce marché (Bijman, 1999, 2001 ; Carpenter <strong>et</strong> Gianessi,2003 ; Fulton <strong>et</strong> Giannakas, 2001; <strong>et</strong>c.) ;• soit à l’aspect demande des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, c’est-à-dire d’un point de vuedu consommateur (Joly <strong>et</strong> Marris, 2003 a <strong>et</strong> b ; Huffman, 2003 ; <strong>et</strong>c.).C<strong>et</strong>te analyse séparée des aspects demande <strong>et</strong> offre se heurte à certaines limites. En eff<strong>et</strong>, enétudiant par exemple l’impact de l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur la chaîneagroalimentaire sans prendre en compte la manière dont la demande réagit face à c<strong>et</strong>tenouvelle technologie, on se heurte aux limites d’une approche en termes de solutionsefficiente localement (on ignore <strong>les</strong> rétroactions offre/demande).Pour dépasser ces limites, on considèrera le système de commercialisation dans lequel lemarché des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> est situé, en prenant en compte l’environnement <strong>et</strong> <strong>les</strong>acteurs liés à l’offre <strong>et</strong> à la demande des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. (cf. figure 1).- 13 -


Introduction généraleFigure 1 : Système de commercialisation lié aux <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Firmes agbiotechMarché internationalEntreprisesde semencesRéglementation internationaleFirmes agbiotechConsommateursEntreprises desemencesConsommateurs(agriculteurs,Consommateurs finals,Associationsde consommateurs)Réglementation nationaleMarché nationalDans c<strong>et</strong>te étude, l’analyse de l’offre <strong>et</strong> de la demande en matière d’innovation industriel<strong>les</strong>’inscrira dans le cadre général de la théorie des jeux (Nash, 1950 ; Fudenberg <strong>et</strong> Tirole,1991). Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> peuvent être appréhendées en terme de « ruptur<strong>et</strong>echnologique » (Nelson <strong>et</strong> Winter, 1977), concept prolongeant l’analyse du processus« destruction créatrice » (Schump<strong>et</strong>er, 1942). La structure des marchés (Weizsäcker, 1980)réagit à la commercialisation des innovations <strong>et</strong> peut être profondément modifiée par <strong>les</strong>modalités d’appropriation de la rente d’une innovation (Cohen <strong>et</strong> Levin, 1992 ; Teece, 1986).Par ailleurs la capacité d’une firme à innover dépend fortement de sa base de connaissances.Par base de connaissances nous entendons l’ensemble des ressources humaines <strong>et</strong> techniquesau sein d’une entreprise <strong>et</strong> nous considérons <strong>les</strong> brev<strong>et</strong>s, publications, parts de marché,variétés technologiques comme des résultats de la base de connaissances (Ramani <strong>et</strong> al.,2001 ; Saviotti, 1998).- 14 -


Introduction généraleDans c<strong>et</strong>te thèse, on examine principalement la rationalité de trois acteurs qui jouent un rôlemajeur dans le développement des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, à savoir <strong>les</strong> firmes agbiotech, <strong>les</strong>semenciers <strong>et</strong> <strong>les</strong> consommateurs finals dans <strong>les</strong> marchés nationaux <strong>et</strong> internationaux, dans uncontexte de mondialisation des économies. D’abord, nous considérons que la survie desentreprises ne se limite pas uniquement à inventer des produits nouveaux, mais à <strong>les</strong>introduire dans le marché, via un système de distribution efficace. Pour intégrer ce système dedistribution, <strong>les</strong> entreprises m<strong>et</strong>tent en place des stratégies de collaboration. Plus précisément,ce qui nous intéresse ici, c’est la manière dont des firmes possédant des intrants agrico<strong>les</strong>biotechnologiques ont commercialisé leurs produits dans <strong>les</strong> marchés en aval. Pour atteindrele marché final, <strong>les</strong> firmes agbiotech sont obligées, sous une forme de collaboration ou uneautre, de passer par l’intermédiaire des semenciers. En eff<strong>et</strong>, c<strong>et</strong>te collaboration avec <strong>les</strong>semenciers est cruciale pour <strong>les</strong> firmes agbiotech, car c’est au niveau de la semence que l’onconstruit la plante, que l’on influence sa qualité finale <strong>et</strong>, par conséquent, sa valorisation sur lemarché. A l'heure actuelle, il n’existe pas un consensus sur le mode de rapprochement qui doitêtre choisi ou qui est le meilleur pour <strong>les</strong> firmes agbiotech ou pour <strong>les</strong> semenciers. Autrementdit, nous nous intéressons aux bases sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ces firmes choisissent une stratégie decollaboration plutôt qu’une autre. C’est pourquoi <strong>les</strong> stratégies de collaboration sontimportantes pour nous dans la mesure où nous considérons qu’el<strong>les</strong> représentent unedimension clef de la dynamique du secteur agbiotech.Après avoir étudié la fonction de l’offre des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, il est nécessaired’examiner de manière spécifique la structure de la demande <strong>et</strong> <strong>les</strong> attentes <strong>et</strong> <strong>les</strong> craintesrelatives à ces plantes de la part des consommateurs (le consommateur final (chapitre 4) <strong>et</strong>l’agriculteur (chapitre 2)) qui n’ont pas demandé de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> (au sens où ilsne sont pas une force d’impulsion initiale de c<strong>et</strong>te technologie). Or <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong> appliquées à l’alimentation ont suscité un intense débat concernant leur innocuité(conséquences à court <strong>et</strong> long terme sur la santé, l’environnement, la biodiversité, la sécuritéalimentaire des pays du Sud…). L’inquiétude qui s’établit sur ce suj<strong>et</strong> constitue pour certainsgroupes d’acteurs la continuation logique de la quête de traçabilité <strong>et</strong> d’informationscomplètes <strong>et</strong> “honnêtes” sur <strong>les</strong> produits alimentaires (Boy, 2003 ; Debru, 2003 ; Frewer <strong>et</strong>al., 2004) <strong>et</strong> pour d’autres acteurs la poursuite de la remise en cause du mode d’organisationdu système agro-alimentaire (Joly <strong>et</strong> Marris, 2003 a <strong>et</strong> b). Suivant en cela certains auteurs(Haggui <strong>et</strong> al., 2006 ; Huffman, 2003 ; Joly <strong>et</strong> Marris, 2003 a <strong>et</strong> b), il nous semble nécessairede prendre également en compte l’impact de la demande sur le développement des- 15 -


Introduction générale<strong>biotechnologies</strong>. C’est pourquoi on examinera aussi bien <strong>les</strong> conséquences de l’adoption des<strong>biotechnologies</strong> sur la situation des agriculteurs des pays du Sud (chapitre 2) que la nature del’opposition éventuelle des Européens à la consommation de produits issus des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> (chapitre 4).La question se pose donc de savoir quelle offre (plantes biotechnologiques, semencesbiotechnologiques, produits biotechnologiques) est adaptée à quelle demande.3. Méthodologie de la thèseL’approche méthodologique que nous avons r<strong>et</strong>enue est constituée de trois étapes quirépondent aux objectifs de notre analyse.Dans un premier temps, nous menons une analyse descriptive du secteur agbiotech <strong>et</strong> desdifférents types de stratégies de collaboration adoptées par ce secteur, accompagnées d’unesynthèse de la littérature traitant de ces questions. A partir de c<strong>et</strong>te analyse de la réalité, uncertain nombre d’hypothèses sont formulées.Dans un deuxième temps, nous conduisons une analyse théorique procédant d’un modèle d<strong>et</strong>héorie des jeux, afin de comprendre <strong>et</strong> d’identifier <strong>les</strong> enjeux stratégiques du choix des modesde collaboration effectués par <strong>les</strong> firmes, <strong>les</strong> motivations qui guident leurs choix departenaires <strong>et</strong> le mode optimal de collaboration.Le marché final des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> est traversé de <strong>controverses</strong> importantes qui endéterminent la dynamique. C’est pourquoi il est important d’étudier la nature de ces<strong>controverses</strong> <strong>et</strong> leur impact sur le degré de confiance des consommateurs. Pour ce faire, nousproposons (chapitre 4) une analyse statistique basée sur un modèle de l’économétrie desvariab<strong>les</strong> qualitatives (plus précisément un probit multivarié), à partir de données extraites del’enquête européennes spéciale « Eurobaromètre 58.0 » portant sur <strong>les</strong> services d’intérêtgénéral, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> l’environnement conduit en 2002.- 16 -


Introduction générale4. Contribution de la thèse à la littérature économiqueC<strong>et</strong>te thèse contribue de deux manières à la littérature économique : sur le plan empirique <strong>et</strong>sur le plan théorique.• Au plan empirique, notre contribution porte sur <strong>les</strong> points suivants :- Les travaux existants ont abordé la manière dont <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sontdiffusées en Amérique du nord, mais pas pour l’ensemble des pays concernés parc<strong>et</strong>te technologie. Ici, nous faisons une comparaison internationale en termesd’adoption <strong>et</strong> d’impact d’un produit biotechnologique, en l’occurrence le coton Bt.Nous soulignons qu’il existe différents types de stratégies pour commercialiser uneinnovation dans différents pays selon <strong>les</strong> contraintes loca<strong>les</strong>. On cherche donc àexpliquer la rationalité qui sous-tend ces stratégies.- La littérature existante n’a fait que décrire le secteur agbiotech <strong>et</strong> <strong>les</strong> stratégiespoursuivies par <strong>les</strong> leaders, sans développer la rationalité en amont de leur choix oudécrire leurs différents types de stratégies pour diffuser leur innovation dansdifférents pays du monde. Pour répondre à c<strong>et</strong>te problématique, nous avons dans unpremier temps identifié <strong>les</strong> stratégies poursuivies par le leader en agbiotech <strong>et</strong> dansun second temps explicité sa rationalité.- Par ailleurs, on sait très bien que l’acceptation d’une innovation par <strong>les</strong>consommateurs (demande) est un paramètre déterminant de son évolution. L’opinionpublique européenne est différente de l’opinion des Etats-uniens.Un des critères qui a facilité l’acceptation des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> aux Etats-Unis est qu’il s’agit d’un seul pays avec un mode de gouvernance unifié (même s’ilexiste des différences entre <strong>les</strong> Etats). Par contre, chaque pays européen a son propremode de gouvernance, une histoire, des traditions, <strong>et</strong>c. Tous ces facteurs tendent àavoir une influence sur <strong>les</strong> choix des consommateurs.- Nous identifions <strong>les</strong> convergences <strong>et</strong> <strong>les</strong> divergences dans la perception des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, <strong>et</strong> nous explicitons <strong>les</strong> sources dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong>Européens ont confiance. Nous précisons l’impact de la confiance dansl’information donnée <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> actions réalisées par <strong>les</strong> différentes partiesprenantes en matière de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur le niveau de consommation(ou de non-consommation) de produits issus des OGM.- 17 -


Introduction générale• C<strong>et</strong>te thèse se veut une contribution théorique à l’analyse des conditions du transferttechnologique entre <strong>les</strong> pays ou entre <strong>les</strong> différents segments d’une chaîne de valeurd’un secteur.- Le modèle théorique que nous proposons est innovant sur ce point. C<strong>et</strong>teinnovation consiste en la synthèse de différents modè<strong>les</strong> reconnus <strong>et</strong> la constructionde c<strong>et</strong>te manière d’un modèle qui prend en compte la spécificité des <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> la problématique de leur commercialisation au niveau international.Nous avons ainsi introduit trois paramètres qui sont déjà soulignés par <strong>les</strong> étudesempiriques comme étant cruciaux pour <strong>les</strong> stratégies internationa<strong>les</strong> de diffusion denouvel<strong>les</strong> technologies (Begemann, 1997). Ces paramètres sont : la différence dansla qualité des produits (i.e. biotechnologique vs. conventionnelle), l’asymétrie decompétences technologiques entre le fournisseur de technologie <strong>et</strong> la firme dans lepays d’accueil de la technologie, <strong>et</strong> enfin la taille du marché local. A notreconnaissance, il n’y a aucun modèle qui cherche à expliquer la stratégie de transfertde technologie d’un innovateur en amont sur la base de ces trois facteurs de manièrecombinée.- Notre apport ne consiste pas à innover en termes de modèle, ni à améliorer unmodèle spécifique existant, mais à traduire le problème de la commercialisation des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde dans un modèle construit spécifiquement àc<strong>et</strong>te fin. Autrement dit, notre démarche consiste à poser une problématique,construire un modèle spécifique pour répondre aux besoins du problème <strong>et</strong> testernotre hypothèse de départ sur la rationalité concernant <strong>les</strong> stratégies menées par <strong>les</strong>firmes pour la commercialisation des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.5. Organisation de la thèseLa thèse se décline en quatre chapitres. Chaque chapitre a une problématique <strong>et</strong> une méthodeparticulière. Ils correspondent à la progression générale de l’analyse.Le premier chapitre r<strong>et</strong>race l’historique des <strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> leur introduction dansl’agriculture, pour mieux comprendre l’exploitation de c<strong>et</strong>te opportunité technologique parquelques acteurs dans la chaîne agroalimentaire. On procède par une analyse temporelle pourmieux cerner l’étendue des <strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> pour mieux comprendre leur nature <strong>et</strong> leursenjeux. Enfin, ce chapitre expose le marché des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> la naissance de- 18 -


Introduction généralel’industrie agbiotech à travers une étude de cas détaillée du leader en agbiotech, Monsanto,l’objectif étant d’expliquer l’impact de l’introduction des ces technologies sur la filièreagroalimentaire.Le deuxième chapitre a pour objectif de rendre compte de l’importance <strong>et</strong> de la complexitédes <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, surtout pour <strong>les</strong> pays en développement. En eff<strong>et</strong>, aujourd’hui,la diffusion des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> est très hétérogène. Le monde semble être divisé enquatre blocs vis-à-vis des BA. Il y a d’abord <strong>les</strong> pays producteurs <strong>et</strong> utilisateurs majeurs desOGM, surtout <strong>les</strong> Etats-Unis <strong>et</strong> le Canada. Ensuite, l’Europe à laquelle appartiennent quelquesgrands producteurs (Syngenta, Bayer C.S <strong>et</strong> BASF), <strong>les</strong>quels n’arrivent pas à ycommercialiser leurs produits à cause de la forte réticence des consommateurs européens. Oncompte également <strong>les</strong> pays émergents en Asie <strong>et</strong> Amérique Latine, qui sont beaucoup plusattirés par l’utilisation des BA, <strong>et</strong> qui cherchent à rattraper le r<strong>et</strong>ard technologique soit par larecherche locale, soit par des collaborations avec des entreprises occidenta<strong>les</strong>. Enfin, ontrouve <strong>les</strong> pays du reste du monde, soumis à la contrainte liée à leur r<strong>et</strong>ard technologique.L’Asie, par sa population, présente un potentiel énorme de consommation. L’Amérique latineoccupe une position très importante dans la production des plantes utilisées pourl’alimentation animale comme le soja <strong>et</strong> le maïs. D’une part, l’évolution des marchés de<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dépendra donc principalement de la diffusion des BA dans c<strong>et</strong>roisième bloc. D’autre part, il est difficile de parvenir à une conclusion sur <strong>les</strong> conséquencesdes BA pour <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> ayant adoptés, car il n’existe pas de consensus dans <strong>les</strong> étudesexistantes. Evidemment on ne peut pas répondre à c<strong>et</strong>te question en considérant de manièregénérale tous <strong>les</strong> produits de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. Pour mieux comprendre <strong>les</strong> enjeux <strong>et</strong>contribuer à ce débat, nous avons sélectionné un seul produit, le coton Bt, qui est largementdiffusé. Nous avons examiné la manière selon laquelle il a été introduit par le leader enagbiotech, pour bien saisir <strong>les</strong> conséquences.Le troisième chapitre vise, à travers l’étude de cas de Monsanto développée dans le chapitre 1<strong>et</strong> 2, à comprendre pourquoi Monsanto a choisi des stratégies distinctes dans <strong>les</strong> différentspays. De manière plus large, nous nous demandons quels sont <strong>les</strong> déterminants des différentesstratégies mises en place pour le transfert de technologie entre un innovateur en amont (firmeagbiotech) <strong>et</strong> un producteur en aval (entreprise de semences). Même s’il existe déjà dans lalittérature en organisation industrielle des réponses à ce type de questions, el<strong>les</strong> restent malgré- 19 -


Introduction général<strong>et</strong>out insuffisantes pour expliquer le comportement de Monsanto (<strong>et</strong> de toute grande entreprisede ce type) en ce qui concerne la diversité de démarche de diffusion des BA suivant <strong>les</strong> pays.Pour répondre à c<strong>et</strong>te question, nous développons un modèle de jeu séquentiel entre unvendeur de technologie <strong>et</strong> un ach<strong>et</strong>eur de technologie. Le vendeur représente la firmeagbiotech qui a le choix entre quatre stratégies d’entrée dans un nouveau marché : filiale,Joint-venture, fusion-acquisition <strong>et</strong> licence. L’équilibre de ce jeu est résolu en fonction d<strong>et</strong>rois paramètres importants pour notre contexte, il s’agit de la différenciation par la qualité(conventionnel / OGM), <strong>les</strong> compétences technologiques des partenaires <strong>et</strong> enfin la taille dumarché. Les propriétés des équilibres sont illustrées par des simulations.Le quatrième chapitre a pour but d'étudier <strong>les</strong> <strong>controverses</strong> liées à la diffusion des<strong>biotechnologies</strong> auprès des consommateurs. Plus précisément, nous nous intéressons auxrelations entre la confiance en certaines organisations engagées dans le débat public sur <strong>les</strong>OGM <strong>et</strong> le niveau d’opposition (vu alors comme un niveau de refus de consommation) auxproduits biotechnologiques. Il s’agit de caractériser la position des citoyens ordinaires - ausens de Joly <strong>et</strong> Marris (2003a) - à partir de leur sentiment sur le travail d’information desacteurs engagés dans ce débat sur <strong>les</strong> OGM.La conclusion sera l’occasion de rappeler <strong>les</strong> différents résultats auxquels nous sommesparvenus dans c<strong>et</strong>te thèse. Nous présenterons ensuite <strong>les</strong> limites de ce travail. Enfin, nousidentifierons <strong>les</strong> pistes de recherches futures qui pourront faire l’obj<strong>et</strong> de travaux plusapprofondis.- 20 -


CHAPITRE 1 :REPERES SUR LESBIOTECHNOLOGIES AGRICOLES


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>IntroductionLes premières applications des <strong>biotechnologies</strong> ont eu lieu dans l’agriculture depuis desmilliers d’années. Les sélectionneurs ont utilisé depuis ce temps la technique du croisementdes plantes pour améliorer la qualité de leurs produits <strong>et</strong> augmenter la productivité, <strong>et</strong> ceci,bien avant l’avènement des <strong>biotechnologies</strong> modernes.Grâce aux <strong>biotechnologies</strong> modernes (en comparaison avec la sélection classique basée sur lareproduction sexuée), il est désormais possible d’introduire des caractères impossib<strong>les</strong> àintroduire par sélection classique, <strong>et</strong> de transférer le seul gène désiré (<strong>et</strong> non de transférerplusieurs gènes comme lors de la reproduction sexuée). Les plantes biotechnologiquesprésentent, par rapport aux autres plantes cultivées, des caractéristiques totalement nouvel<strong>les</strong>.Ces caractéristiques, utilisées en agriculture, sont la résistance aux insectes, aux herbicides <strong>et</strong>aux antibiotiques, la stérilisation de la plante, le blocage de certains gènes propres à la plante(cas de la tomate à mûrissement r<strong>et</strong>ardé).Dans l'agriculture, traditionnellement ce sont <strong>les</strong> sélectionneurs qui assurent à la fois lacréation de nouvel<strong>les</strong> variétés de plantes conventionnel<strong>les</strong> <strong>et</strong> la commercialisation dessemences aux agriculteurs. Avec l'avènement des <strong>biotechnologies</strong> modernes, <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong>variétés biotechnologiques sont désormais la propriété d'un ensemble de firmes, appelé firmesagbiotech. Ces firmes sont à l'origine des firmes agrochimiques qui ont investi dans <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> par l'achat ou la prise de participation dans des p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong> moyennesentreprises de biotechnologie. Les firmes agbiotech sont donc <strong>les</strong> fournisseurs à la fois desproduits phytosanitaires, d'engrais <strong>et</strong> des plantes génétiquement modifiées (PGM).L’introduction des <strong>biotechnologies</strong> modernes en agriculture peut être expliquée à deuxniveaux : technique <strong>et</strong> « dynamique économique ». La partie technique s’interroge sur <strong>les</strong>points suivants : comment le développement des <strong>biotechnologies</strong> a-t-il influencé le processusde création de nouvel<strong>les</strong> variétés de plantes ? Et quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> caractéristiques de cesnouvel<strong>les</strong> variétés ? La partie dynamique-économique vise à expliquer commentl’introduction des <strong>biotechnologies</strong> a eu un impact sur la restructuration de la filièreagroalimentaire, <strong>et</strong> quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> différentes conséquences qui en découlent.- 22 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Dans ce contexte, ce chapitre r<strong>et</strong>race, dans une première section, l’historique des<strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> leur introduction dans l’agriculture. On procédera à une analyse temporellepour mieux cerner l’étendue des <strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> pour mieux comprendre leur nature <strong>et</strong>leurs enjeux. Ensuite, dans une deuxième section, on présentera le marché des <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong>. Enfin, une troisième section sera consacrée à l’analyse de la naissance de l’industriedes <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, tout en étudiant l’impact de l’introduction de ces technologiessur la filière agroalimentaire à travers une revue de la littérature sur le suj<strong>et</strong>.1. L’impact de l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> sur l’agriculture1.1. Vers une définition plus adaptée des <strong>biotechnologies</strong>Le mot biotechnologie est apparu vers 1960 pour désigner un ensemble de techniques dontl’outil de travail est un être vivant, généralement un microbe. Ce mot est formé de deuxtermes : « bio » signifiant vie <strong>et</strong> « technologie », terme ancien qui désigne l’étude destechniques, des procédés <strong>et</strong> des outils. La définition des <strong>biotechnologies</strong> la pluscommunément utilisée est celle-ci : « <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> sont un ensemble d’applications deprincipes scientifiques, théoriques <strong>et</strong> pratiques au traitement de substances par des agentsbiologiques pour reproduire des biens <strong>et</strong> des services » (Bains, 1996).Actuellement, il est difficile de cerner l’étendue des <strong>biotechnologies</strong>. En eff<strong>et</strong>, il est rare derencontrer un concept dont <strong>les</strong> définitions varient autant dans le temps <strong>et</strong> dans l’espace (Ducos<strong>et</strong> Joly, 1988). Pour certains, la biotechnologie est généralement assimilée au génie génétiquec’est-à-dire aux techniques de recombinaison de segments d’ADN 2 . Pour d’autres, laproduction industrielle d’alcool, de pénicilline, depuis plusieurs dizaines d’années par desprocédés classiques de fermentation relève aussi de la biotechnologie. Sans oublier ceux quiutilisent sans le savoir des techniques de biotechnologie, lorsqu’ils préparent leur pain, leurfromage ou leur bière. Une large confusion règne donc autour de la définition des<strong>biotechnologies</strong>. A titre d’exemple, il existe actuellement au sein de la communautéeuropéenne 41 définitions. Par souci d’harmonisation internationale, il faut s’entendre sur unedéfinition «universelle ». C’est ce qu’ont tenté de faire <strong>les</strong> membres de l’OCDE 3 .2 Abréviation pour Acide désoxyribonucléique. C’est un acide nucléique présent dans le noyau cellulaire <strong>et</strong>constituant <strong>les</strong> chromosomes. L’ADN sert de support aux gènes, séquences moléculaires portant l’informationhéréditaire chez tous <strong>les</strong> êtres vivants.3 Organisation de Coopération <strong>et</strong> de Développement Economique.- 23 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Pour l’OCDE, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> sont «l’application des principes de la science <strong>et</strong> del’ingénierie au traitement de matières par des agents biologiques 4 dans la production debiens <strong>et</strong> de services» (OCDE, 1999)C<strong>et</strong>te définition associe quatre notions :• Agent biologique : la notion d’agent biologique est cruciale dans la définition des<strong>biotechnologies</strong>. Il s’agit de l’être vivant ou la fraction d’être vivant qui assurent latransformation. C’est le cas par exemple de la levure dans le cas de la fermentationalcoolique.• Matière : ce qui est transformé par l’agent biologique. On peut citer le cas du sucre deraisin lors de la fermentation alcoolique.• Biens : <strong>les</strong> produits obtenus. Par exemple, l’alcool contenu dans la fermentation où aséjourné le jus de raisin pendant la fermentation.• Services : <strong>les</strong> services regroupent la chaîne d’activités qui va de la recherche à lacommercialisation.C<strong>et</strong>te définition reste malgré tout très large <strong>et</strong> ambiguë. Elle peut intégrer la culture desplantes <strong>et</strong> l’élevage d’animaux destinés à l’alimentation. Elle peut également signifierl’utilisation de micro-organismes dans la production de produits alimentaires comme lefromage, ou de produits pharmaceutiques comme <strong>les</strong> antibiotiques. La définition est aussisuffisamment large pour inclure le recours à des plantes visant l’amélioration de procédés deproduction <strong>et</strong> le n<strong>et</strong>toyage de déch<strong>et</strong>s chimiques. Dans ce contexte, l'étendue du champd'applications des <strong>biotechnologies</strong> impose une précision. Il ne faut pas confondre, en eff<strong>et</strong>,secteur des <strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> <strong>biotechnologies</strong> tout court. Les <strong>biotechnologies</strong> désignent un« ensemble de techniques » alors que le secteur des <strong>biotechnologies</strong> est un « regroupementd’entreprises ou d’industries utilisant <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> ». En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> neconstituent pas une discipline à part entière, mais el<strong>les</strong> sont plutôt un ensemble de techniquesfaisant appel à de nombreuses disciplines comme l’agroalimentaire, la pharmacie,l’environnement, la chimie (cf. annexe 1). Le secteur des <strong>biotechnologies</strong> fait référence à tous<strong>les</strong> secteurs industriels intégrant <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> dans leur processus de production.4 Ecrit en gras par nous- 24 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>1.1.1. Biotechnologies : une analyse temporelleUne analyse temporelle perm<strong>et</strong> de mieux cerner l’étendue des <strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> de mieuxcomprendre leur nature <strong>et</strong> leurs enjeux. Dans l’histoire des <strong>biotechnologies</strong>, nous distinguons,jusqu'à nos jours trois grandes générations. Il est difficile de <strong>les</strong> dater car el<strong>les</strong> se chevauchentmais on peut néanmoins grâce à leurs caractéristiques, dégager approximativement <strong>les</strong>grandes tendances (cf. tableau 1).NéolithiqueXIX e siècleTableau 1 : Les différentes générations des <strong>biotechnologies</strong>Les <strong>biotechnologies</strong> de la première génération‣ Produits fermentés‣ Agriculture‣ Pratique artisanaleLes <strong>biotechnologies</strong> de deuxième génération‣ Fermentation par <strong>les</strong> micro-organismes‣ Fermentation par <strong>les</strong> enzymes‣ Fermentation industrielle‣ Connaissances des sciences appliquées‣ Découvertes des micro-organismes (Pasteur) <strong>et</strong> des enzymes (Buchner)‣ Industrialisation des procédésA partir des années70Les <strong>biotechnologies</strong> modernes‣ Génie génétique‣ Génie microbiologique‣ Génie enzymatique‣ Connaissances liées à une approche microscopique du vivant(métabolisme des cellu<strong>les</strong>, génétique moléculaire)Source : Douzou <strong>et</strong> al., 1983 ; Joly <strong>et</strong> Ducos, 1993.Première génération : du Néolithique au début du XXè siècle.Deuxième génération : des années 1920 aux années 1970.Troisième génération : depuis le début des années 70.Les <strong>biotechnologies</strong> traditionnel<strong>les</strong> ou de la première génération, dans un sens large, existentdepuis des milliers d’années, à partir de l’époque où <strong>les</strong> hommes se mirent à faire du vin, àbrasser de la bière, à faire du fromage ou préparer du pain. Le principe de toutes ces activitésest le même : il s’agit d’un traitement qui transforme le matériau de base (raisin, orge, lait,blé) en un produit (vin, bière, fromage, pain) avec l’utilisation d’organismes vivants. Donc <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> de la première génération peuvent être définies comme l’utilisation ou l<strong>et</strong>raitement des organismes vivants en vue d’applications industriel<strong>les</strong>.- 25 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Au sein de la première génération on peut distinguer deux périodes. D’une part, la fin du XIX esiècle où apparaît une standardisation des procédés de fermentation, qui perm<strong>et</strong> d’obtenir desproduits uniformes (comme la levure de boulangerie <strong>et</strong> l’acide lactique utilisés dansl’industrie alimentaire, l’éthanol dans l’industrie chimique). Et d’autre part, lors de lapremière guerre mondiale, l’augmentation des besoins en acétone (fabrication de munitions)est à l’origine d’un développement des industries de fermentation.Ce qu’on peut appeler en quelque sorte la deuxième génération des <strong>biotechnologies</strong> s’étenddes années 1920 aux années 1970. C<strong>et</strong>te période est marquée par un essor remarquable desconnaissances scientifiques en biologie, perm<strong>et</strong>tant le développement de nouvel<strong>les</strong> techniquesdans ce domaine. Vaccins, antibiotiques, vitamines <strong>et</strong> stéroïdes ont été développés grâce auxnouvel<strong>les</strong> découvertes, en particulier celle de la pénicilline en 1929 par le chercheur écossaisAlexander Fleming. C<strong>et</strong>te découverte fut importante dans le domaine médical, puisqu’elle aouvert la voie à un traitement plus efficace des infections grâce aux antibiotiques (nouvel<strong>les</strong>molécu<strong>les</strong>). A c<strong>et</strong>te époque, le développement de la microbiologie appliquée perm<strong>et</strong>taitl’étude des micro-organismes tels que <strong>les</strong> virus, <strong>les</strong> bactéries <strong>et</strong> <strong>les</strong> champignons, responsab<strong>les</strong>de certaines maladies, mais qui constituait aussi, dans le cas de certaines bactéries <strong>et</strong> decertains champignons, des agents de fermentations <strong>et</strong> des producteurs d’antibiotiques. En1953, la découverte, par Watson & Crick de la structure générale de l’ADN, la molécule quicompose le matériel génétique de toutes <strong>les</strong> cellu<strong>les</strong> vivantes, a marqué de façon importante<strong>les</strong> travaux scientifiques ainsi que <strong>les</strong> perspectives futures. Durant ces années, <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> visaient essentiellement le domaine de la santé. Ce n’est que plus tard, grâceà des applications issues du biomédical <strong>et</strong> de la pharmaceutique, qu’el<strong>les</strong> joueront un rôledans le secteur agroalimentaire <strong>et</strong> environnemental.Les <strong>biotechnologies</strong> modernes 5 ou de la troisième génération sont un ensemble de techniquesimpliquant des manipulations ou des changements dans le patrimoine génétique (cartepossédant toutes <strong>les</strong> informations génétiques d’un organisme vivant) des organismes vivants.El<strong>les</strong> ont été propulsées par la découverte de deux techniques : la technique de l’ADNrecombiné6 <strong>et</strong> la technique des anticorps monoclonaux ou la fusion cellulaire 7 . Actuellement5 Biotechnologies modernes, nouvel<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> ou <strong>biotechnologies</strong> de la troisième génération, signifientdans notre thèse la même chose.6 C’est l’ADN produit en insérant in vitro des gènes d’origine différente ou des gènes qui ont été modifiés pourintroduire une nouveauté dans un autre ADN.- 26 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>el<strong>les</strong> couvrent une gamme de plus en plus large de techniques, de procédés comme le clonaged’une séquence génétique, d’une cellule, <strong>et</strong> la création d’OGM (Organismes GénétiquementModifiés). En eff<strong>et</strong>, de grands progrès en biotechnologie ont été réalisés depuis le début desannées 70 en génétique (1973 : début du génie génétique, découverte de l’ADN-recombinépar Stanley Cohen de l’université de Californie à San Francisco <strong>et</strong> Herbert Boyer del’université de Stanford), en biologie cellulaire 8 <strong>et</strong> en immunologie 9 (découverte des anticorpsmonoclonaux, en 1975, par Cesar Milstein <strong>et</strong> Georges Kohler du Laboratoire de biologiemoléculaire à Cambridge en Grande Br<strong>et</strong>agne). Au sein de c<strong>et</strong>te génération on peut distinguerquatre sous-générations. “Il s’agit du génie génétique, la culture <strong>et</strong> la fusion des cellu<strong>les</strong>auxquels s’ajoutent le génie des fermentations, qui enregistre des progrès considérab<strong>les</strong>, <strong>et</strong>le génie enzymatique naissant, le tout reposant sur une connaissance <strong>et</strong> une maîtrisegrandissantes des processus du vivant” (Douzou <strong>et</strong> al., 1983), <strong>et</strong> enfin, à partir des annéesquatre-vingt-dix, la génomique 10 (Ingold, 2002 ; Haseltine, 1998)On peut qualifier <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> modernes de « sciences révolutionnaires », dans lamesure où el<strong>les</strong> ont initié un nouveau paradigme technologique dans de nombreux secteursindustriels, ce qui a ouvert la voie à de nouveaux champs de recherches <strong>et</strong> procédés defabrications, <strong>et</strong> à la création de nouveaux produits.Tout au long de ce travail, l'utilisation du terme « <strong>biotechnologies</strong> » fera référence à latroisième génération, celle des <strong>biotechnologies</strong> modernes.7 La fusion de deux cellu<strong>les</strong> génère une nouvelle cellule qui renferme l’ensemble du matériel génétique descellu<strong>les</strong> parenta<strong>les</strong>. Elle constitue un nouveau type cellulaire. En biotechnologie, de nombreux protoco<strong>les</strong>utilisent la possibilité de fusionner des cellu<strong>les</strong> provenant de la même espèce ou d’espèces différentes. Denombreuses techniques font appel à la fusion cellulaire. La fabrication des anticorps monoclonaux nécessite unefusion de lymphocytes avec des cellu<strong>les</strong> immortalisées. Certaines expériences de génie génétique végétal ont tirépartie de la fusion pour fabriquer des plantes hybrides, c’est-à-dire des plantes rassemblées en une seule <strong>et</strong> mêmeespèce, qui possèdent toutes <strong>les</strong> caractéristiques génétiques de deux plantes différentes.8 L’application des techniques biologiques au niveau d’une cellule.9 C’est la science d’immunisation. C’est le procédé utilisé pour obtenir la production, par un animal, d’unanticorps dirigé contre un antigène donné. Si l’immunologie vise à protéger un humain ou un animal contre unemaladie, on parle alors de vaccination. Elle peut aussi être utilisée pour la production d’anticorps : dans ce cas,l’anticorps recherché est extrait à partir du sang de l’animal immunisé.10 La génomique est généralement définie comme l'étude exhaustive de l'ensemble des génomes. Elle s'inscritdans la continuité du génie génétique mais offre de nouveaux outils <strong>et</strong> techniques perm<strong>et</strong>tant de faire face austockage, à l'analyse <strong>et</strong> à la compréhension d'un flux sans cesse exponentiel de donnée. Elle est divisée en deuxsous-disciplines fortement complémentaires. La génomique dite structurale qui s'appuie sur la réalisation <strong>et</strong>l'analyse du séquençage du génome <strong>et</strong> du protéome, afin de décrire l'organisation des chromosomes,d'inventorier la présence de gènes mais également de déterminer la structure tridimensionnelle des protéines. Lagénomique dite fonctionnelle ou "post-génomique" qui cherche pour sa part à d'attribuer à ces gènes un rôlebiologique ainsi qu'à comprendre leurs régulations <strong>et</strong> interactions. Au centre de deux, la bioinformatique estl'outil incontournable sans lequel ces disciplines n'auraient pu se développer <strong>et</strong> se diversifier (Catherine, 2006).- 27 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>1.1.2. Définition des <strong>biotechnologies</strong> r<strong>et</strong>enueLe terme biotechnologie, comme on l’a vu précédemment, désigne un ensemble de domainestrès variés. Il est donc nécessaire de r<strong>et</strong>enir une définition selon <strong>les</strong> objectifs <strong>et</strong> <strong>les</strong> besoins del’étude envisagée. Nous ne considèrerons que <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> de la troisième génération.Ces <strong>biotechnologies</strong> modernes ont conduit à un changement radical dans la nature denouvel<strong>les</strong> recherches, la création de nouvel<strong>les</strong> entités chimiques <strong>et</strong> la création d’importantesinnovations de produits <strong>et</strong> de procédés (Ramani, 2001).Par la suite, on adoptera comme définition des <strong>biotechnologies</strong> ‘‘l’ensemble de techniques(sciences <strong>et</strong> ingénierie) impliquant des manipulations ou des changements dans le patrimoinegénétique des organismes vivants ou de leurs parties actives. El<strong>les</strong> se caractérisent parl’interdisciplinarité des connaissances de base (génétique, biologie moléculaire, biochimie,microbiologie, enzymologie, immunologie) <strong>et</strong> des applications plurisectoriel<strong>les</strong> (santé,agroalimentaire, agriculture, chimie, environnement, énergie). Ces applicationsplurisectoriel<strong>les</strong> constituent le secteur des <strong>biotechnologies</strong>’’.Dans ce qui suit, nous allons nous intéresser aux <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> aux techniquesde création de plantes génétiquement modifiées.1.2. Introduction des <strong>biotechnologies</strong> en agriculture 11Habituellement, <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> variétés ont été créées par des techniques d’hybridation sexuée<strong>et</strong> par voies asexuel<strong>les</strong> (1.2.1). Avec l’avènement des <strong>biotechnologies</strong>, on assiste à la créationde nouvel<strong>les</strong> variétés végéta<strong>les</strong> par la technique dites du génie génétique (1.2.2).D’un point de vue technique, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> modernes ont pour but d’améliorer <strong>les</strong>conditions liées à la production des plantes <strong>et</strong> des semences, préalable à toute culture. El<strong>les</strong>perm<strong>et</strong>tent aussi aux sélectionneurs d’introduire <strong>les</strong> gènes <strong>les</strong> plus intéressants de façon plusprécise, rapide <strong>et</strong> efficace. Aujourd’hui, leur intégration dans l’agriculture a permis auxsélectionneurs de disposer de variétés végéta<strong>les</strong> résistantes aux maladies <strong>et</strong> aux ravageurs (on11 C<strong>et</strong>te section a été élaborée, entre autres, sur la base d’artic<strong>les</strong> du site : www.gnis-pedagogie.org. Nous avonsl’autorisation du GNIS (groupement national interprofessionnel des semences <strong>et</strong> plants) d’utiliser touts leur basede données (graphiques <strong>et</strong> autres).- 28 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>a utilisé par exemple un gène microbe du sol appelé Bacillus thuringiensis 12 , Bt, pour conférerà de nombreuses plantes différentes une résistance aux parasites (insectes, vers)) sans unrecours intensif aux produits phytosanitaires.1.2.1. Création de nouvel<strong>les</strong> variétés par <strong>les</strong> méthodes traditionnel<strong>les</strong>Les nouvel<strong>les</strong> variétés de plantes ont été créées, traditionnellement, par l’une des méthodessuivantes :Croisement des plantes : <strong>les</strong> sélectionneurs ont utilisé depuis longtemps la technique ducroisement des plantes pour améliorer la qualité de leurs produits <strong>et</strong> augmenter laproductivité. Elle consiste à croiser deux plantes choisies pour leurs caractères intéressants <strong>et</strong>complémentaires, afin de <strong>les</strong> réunir dans une seule plante. Par le choix des meilleures plantesdans la descendance, <strong>les</strong> sélectionneurs aboutissent après un long travail d'épurationssuccessives à la création d'une nouvelle variété. Dans le cadre de c<strong>et</strong>te sélection, on ne peutpas contrôler le génotype ou le patrimoine génétique de la nouvelle variété : on ne sait pas dequels caractères des deux parents elle héritera.Création des plantes par <strong>les</strong> voies asexuel<strong>les</strong> : certains végétaux se multiplientnaturellement sans passer par la reproduction sexuée. La reproduction asexuée prend desformes différentes suivant <strong>les</strong> espèces. Un nouvel individu se forme à partir d’un organe de laplante mère soit par :• Multiplication par stolons, le stolon est une tige grêle qui naît de la base d'une plante<strong>et</strong> s'allonge en formant des feuil<strong>les</strong> susceptib<strong>les</strong> de constituer des individus distincts.Pour le fraisier, il y a formation de tiges aériennes rampantes. De place en place, seforment des bourgeons <strong>et</strong> des racines qui sont le point de départ de nouveaux pieds.• Multiplication par tubercu<strong>les</strong>, le tubercule représente un renflement souterrain de tigecontenant des substances de réserve muni d'un seul ou de plusieurs bourgeons. Pour lapomme de terre, des tiges souterraines renflées par <strong>les</strong> réserves, perm<strong>et</strong>tent d'obtenir unenouvelle plante par développement de bourgeons.12 Bactérie naturelle des sols, utilisée de longue date comme insecticide. Plusieurs gènes insecticides de c<strong>et</strong>teespèce ont été transférés dans des espèces de grande culture comme le coton, le maïs, la pomme de terre sousl’appellation de variétés Bt.- 29 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>• Multiplication par rhizomes : tige souterraine ou affleurante généralement horizontaleém<strong>et</strong>tant des racines <strong>et</strong> des tiges (exemple de l’iris Laevigata ayant des fleurs vertes <strong>et</strong>blanches).• Multiplication par bulbil<strong>les</strong>, le Bulbe est la partie renflée ou arrondie souterrainecomposée d'un plateau d'écail<strong>les</strong> charnues <strong>et</strong> d'un bourgeon. Pour l'ail, <strong>les</strong> bulbessecondaires, formés sur le côté du bulbe principal, sont capab<strong>les</strong> de s'en détacher, puisde s'enraciner pour se développer en une nouvelle plante.Dans tous <strong>les</strong> cas de la reproduction asexuée, la plante fille a le même génome que la plantemère. Par ailleurs, la création des plantes par <strong>les</strong> méthodes traditionnel<strong>les</strong> se heurte à deslimites comme la stérilité de certaines plantes, l’incompatibilité sexuelle, l’absence ducaractère recherché dans des plantes de même espèce <strong>et</strong> la non rentabilité d’un programmedans le temps. Les <strong>biotechnologies</strong> modernes sont venues contourner ces limites de la nature.1.2.2. La création des Plantes Génétiquement Modifiées (PGM)Un organisme génétiquement modifié (OGM) est un organisme (animal, végétal, bactérie)dont on a modifié le code génétique par la technique du "génie génétique" pour lui conférerune caractéristique nouvelle. C<strong>et</strong>te technique perm<strong>et</strong> de prélever un morceau du génome d'unorganisme <strong>et</strong> de l'introduire dans un autre. Elle présente le double avantage d'être simple àpratiquer <strong>et</strong> d'être utilisable pour n'importe quel couple d'espèces. En revanche, elle ne perm<strong>et</strong>pas de transférer beaucoup plus qu'un gène à la fois. Transférer un gène d'un organisme à unautre se dit cloner un gène <strong>et</strong> <strong>les</strong> organismes ainsi obtenus sont appelés OrganismesGénétiquement Modifiés (OGM) ou organismes biotechnologiques 13 .Par la suite nous utiliserons la notion organismes biotechnologiques, semencesbiotechnologiques ou plantes biotechnologiques, tout dépend du segment de la filièreagroalimentaire sur lequel porte notre analyse.Il existe plusieurs techniques pour la création des plantes biotechnologiques. Les techniquesutilisées dépendent du degré de ressemblance des espèces. En règle générale, le plus simpleest d'utiliser le génie génétique. C'est d'ailleurs la seule technique efficace lorsque <strong>les</strong> espècessont très différentes (par exemple une plante <strong>et</strong> une bactérie). Dans <strong>les</strong> conditions naturel<strong>les</strong>,13La première plante GM fut le tabac, en 1983.- 30 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>la fécondation est peu efficace entre espèces voisines (le blé <strong>et</strong> le seigle par exemple), car <strong>les</strong>graines avortent. Le problème peut être résolu par des techniques délicates de cultures decellu<strong>les</strong>. Lorsque <strong>les</strong> plantes sont trop différentes pour qu'il y ait fécondation, <strong>les</strong> scientifiquesfusionnent des cellu<strong>les</strong> des deux parents avec des techniques proches de la fécondation invitro.a- Technique de Culture cellulaireC<strong>et</strong>te technique consiste à prélever un fragment d’une plante, puis à le dissocier. Les cellu<strong>les</strong>ainsi obtenues sont alors mises en culture sur un milieu nutritif où el<strong>les</strong> se multiplieront.Lorsque des cellu<strong>les</strong> sont placées hors de leur milieu naturel qui est la plante, <strong>et</strong> sontmaintenues en vie, on parle de mise en culture in vitro. Toute cellule résulte de la divisiond’une autre cellule. Au début de la division, le stock des constituants cellulaires est multipliépar deux. Ainsi, toutes <strong>les</strong> cellu<strong>les</strong> d’une plante possèdent la même information génétique,quel que soit le tissu végétal. C<strong>et</strong>te information génétique, essentielle à la construction <strong>et</strong> aufonctionnement de la cellule <strong>et</strong> de la plante, se trouve principalement dans le noyau.Illustrons c<strong>et</strong>te technique par quelques exemp<strong>les</strong> :• La Shikonine est un piment rouge produit par culture de cellule de Shikon, une planteasiatique connue des scientifiques sous le nom de Lithospermum erythrorhizon <strong>et</strong> qui estutilisée en pharmacologie, en cosmétique <strong>et</strong> en teinturerie.• Le Safranal provient de la culture de cellu<strong>les</strong> de Safran. Avant d'être un condiment ila été utilisé pour ses propriétés médicina<strong>les</strong>.• L’Anéthole résulte de la culture de cellu<strong>les</strong> de fenouil. Il est utilisé en parfumerie(pour adoucir des parfums), dans <strong>les</strong> produits de ménage, en confiserie avec la réglisse<strong>et</strong> le miel, <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> diverses saveurs d'épices.b- Technique de Génie génétiqueLe génie génétique désigne l’ensemble des techniques perm<strong>et</strong>tant d’introduire dans unorganisme vivant un ou des gènes provenant de n’importe quel autre organisme. Dans latechnique du génie génétique on distingue entre <strong>les</strong> techniques de biologie moléculaire quiperm<strong>et</strong>tent de préparer <strong>les</strong> séquences d’ADN qui seront introduites (construction génétique) <strong>et</strong><strong>les</strong> techniques de transgénèse qui perm<strong>et</strong>tent de transférer le gène. Dans ce paragraphe, on sefocalisera sur <strong>les</strong> techniques de transgénèse.- 31 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>• Les étapes de la transgénèseLors de la transformation génétique, une ou plusieurs copies du gène peuvent s’insérer àdifférents endroits sur <strong>les</strong> chromosomes. Ainsi, chaque cellule transformée pourradonner une plante différente. On distingue, en général, cinq étapes au sein de c<strong>et</strong>t<strong>et</strong>echnique (cf. graphique 1).La première étape est l'identification du caractère que l'on veut introduire dans laplante, comme par exemple des caractères de qualité nutritionnelle, la résistance àcertains insectes, maladies, <strong>et</strong>c. Le gène d'intérêt peut provenir de tout organisme vivant,plante, animal ou bactérie puisque le code génétique est universel. Il doit être isolé del'organisme donneur. Il est ensuite intégré dans une construction génétique associantsouvent un gène marqueur. Ce gène marqueur perm<strong>et</strong> de sélectionner <strong>les</strong> cellu<strong>les</strong> qui ontintégré le gène d'intérêt. La construction est ensuite multipliée (clonée) afin de disposerd'une quantité suffisante d'ADN pour son introduction dans <strong>les</strong> cellu<strong>les</strong> végéta<strong>les</strong> quel'on veut transformer.La deuxième étape consiste à transférer le gène. a) Soit par une transformationbiologique en utilisant une bactérie du sol, Agrobacterium Tumefaciens, qui a lapropriété de réaliser naturellement la transformation génétique d’une plante, afin de laparasiter. Ainsi, une construction génétique introduite dans la bactérie sera transféréedans la plante <strong>et</strong> intégrée à son génome. C'est la technique la plus couramment utilisée.b) Soit par un transfert direct, c’est-à-dire par une pénétration du gène à l'intérieur d'unecellule végétale en culture. c) Soit en utilisant un vecteur assurant le transfert, commepar exemple une levure.Après sélection des cellu<strong>les</strong> transformées, il faut régénérer <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> plantesbiotechnologiques. La régénération in vitro des cellu<strong>les</strong> transformées est une étapedifficile à maîtriser. Les plantes régénérées sont ensuite analysées pour confirmerl'insertion de la construction génétique dans leur génome. Des études sur l'expression dugène ont lieu à plusieurs stades, ce qui perm<strong>et</strong> de caractériser le niveau d'expression <strong>et</strong> lecomportement de la plante exprimant le nouveau caractère.La quatrième étape consiste à introduire des plantes dans un champ agronomique. I<strong>les</strong>t notamment très important de vérifier que le comportement au champ des plantesbiotechnologiques correspond à celui attendu sur la base des observations effectuées enserre sur une ou quelques plantes. À ce stade, seu<strong>les</strong> quelques plantes seront r<strong>et</strong>enues.La plante ayant intégré le gène d’intérêt <strong>et</strong> satisfaisant le mieux à l’évaluation- 32 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>agronomique est maintenue, on parle de la lignée mère. Toutefois, c<strong>et</strong>te plante n’estgénéralement pas encore la variété commerciale.Enfin, <strong>les</strong> plantes transformées obtenues sont soumises à des croisements contrôléspour étudier <strong>les</strong> modalités de transmission du nouveau caractère à la descendance. Latransformation <strong>et</strong> la régénération étant des opérations délicates, le génotype de la plantechoisie est celui facilitant ces étapes. C'est pourquoi <strong>les</strong> plantes r<strong>et</strong>enues sont ensuitesoumises à une succession de rétro-croisements afin d'introduire le gène dans le matérielélite <strong>et</strong> d'obtenir de nouvel<strong>les</strong> variétés commercia<strong>les</strong> exprimant ce caractère. Au coursde ces générations d’hybridation, on ne conserve que le gène d’intérêt <strong>et</strong> on élimine lereste du patrimoine génétique de la lignée mère. Le résultat de ce processus estl’obtention d’une lignée quasiment identique à la lignée élite, mais contenant le nouveaucaractère biotechnologique.Figure 1 : Les étapes de la transgénèse 14A la différence des méthodes précédentes, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> ont facilité l’introduction desgènes particuliers de façon plus précise, rapide <strong>et</strong> efficace. Les deux principa<strong>les</strong>caractéristiques de l’apport des <strong>biotechnologies</strong> par rapport à la sélection classique) sont :14 Ce graphique est extrait du site de GNIS. www.gnis-pedagogie.org- 33 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>• Une source de gènes étendue : il est désormais possible d’introduire des caractèresqu’il ne serait pas possible d’introduire par sélection classique (résistance à desmaladies, modification de la composition protéinique de la plante, <strong>et</strong>c.)• Le transfert d’un gène précis : il s’agit de transférer le seul gène désiré <strong>et</strong> non d<strong>et</strong>ransférer plusieurs gènes comme lors de la reproduction sexuée. Les techniques demarquage moléculaire perm<strong>et</strong>tent de rendre plus précises <strong>et</strong> plus rapides <strong>les</strong> opérationsclassiques de sélection. El<strong>les</strong> interviennent à chaque étape du cycle de sélection.1.3. Les nouveaux produitsSelon David McElroy (2003), il y a trois types d’opportunités offertes par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong> :• Les nouvel<strong>les</strong> plantes qui augmentent directement ou indirectement laproductivité. Ces plantes augmentent directement la productivité grâce à des économiesdans l'utilisation de l'eau, une augmentation des rendements, une tolérance auxagressions abiotiques (la sécheresse, la salinité, le froid, la chaleur, l'intensité de lalumière, <strong>et</strong>c.). Ces plantes augmentent le rendement par unité d’utilisation de pesticides,de fongicides <strong>et</strong> d’insecticides grâce à une plus grande tolérance à ces produitschimiques.• Les nouvel<strong>les</strong> plantes qui ont une grande valeur ou une qualité plus élevée dansl'industrie alimentaire <strong>et</strong> d'agrobusiness : Dans le secteur alimentaire ces plantes contiennent un niveau plus élevé de fer,de protéines <strong>et</strong> de vitamines. El<strong>les</strong> provoquent moins de problèmes d'allergie. Dans le secteur de transformation alimentaire ces plantes à base d’huile sontplus stab<strong>les</strong> sous la chaleur, el<strong>les</strong> ont une plus longue durée de conservation <strong>et</strong>une meilleure base en enzymes, <strong>et</strong>c.• Les nouvel<strong>les</strong> plantes qui peuvent être utilisées dans d'autres secteursindustriels : Les bio-fuels dans le secteur de l’énergie. Les plantes agissant comme des vaccins ou des médicaments dans le secteurpharmaceutiques.- 34 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>1.3.1. Les caractéristiques des nouvel<strong>les</strong> variétés biotechnologiquesDans ce paragraphe, nous exposons <strong>les</strong> caractéristiques des variétés biotechnologiques <strong>et</strong> nousprésentons quelques exemp<strong>les</strong> de ces nouveaux produits.a- Les plantes contenant leurs propres insecticidesLes insecticides aident à réduire au maximum <strong>les</strong> dommages causés par <strong>les</strong> insectes. Labactérie Bacillus thuringiensis (Bt) constitue un véritable réservoir de gènes de résistance auxinsectes. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> différentes souches de c<strong>et</strong>te bactérie du sol recèlent plusieurs protéinesinsecticides ayant différents modes d’action, <strong>et</strong> affectent uniquement certains insectes.Chacune de ces protéines est codée par un seul gène, c’est donc un caractère facilementtransférable par génie génétique. Les chercheurs ont utilisé ce gène Bt pour conférer à denombreuses plantes, comme le coton <strong>et</strong> le maïs, une résistance aux parasites (insectes, vers)sans recours de manière intensive aux pesticides.Prenons le cas du maïs : la résistance à la pyrale est conférée par le gène Bt. Ce gène perm<strong>et</strong>,dans <strong>les</strong> cellu<strong>les</strong> de la plante, la production d’une protéine qui se transforme en toxine dans l<strong>et</strong>ube digestif de la pyrale. Chez <strong>les</strong> animaux <strong>et</strong> chez l’homme, c<strong>et</strong>te protéine est simplementdigérée sans aucun eff<strong>et</strong> toxique.b- Les plantes contenant leurs propres fongicidesLes fongicides empêchent <strong>et</strong> traitent <strong>les</strong> maladies (virus, champignons, bactéries) qui peuventavoir des eff<strong>et</strong>s nuisib<strong>les</strong> sur le rendement <strong>et</strong> la qualité de la récolte. Avec <strong>les</strong> méthodestraditionnel<strong>les</strong>, la lutte contre <strong>les</strong> maladies vira<strong>les</strong> est la plus problématique puisque,contrairement à la plupart des maladies fongiques ou bactériennes, il n'existe dans ce cas nitraitement préventif ni traitement curatif. Grâce aux <strong>biotechnologies</strong> modernes, il est possibled’obtenir des plantes résistantes aux virus : ces plantes biotechnologiques synthétisent desprotéines qui en bloquent la multiplication <strong>et</strong> le développement. Des plantesbiotechnologiques résistantes à des virus ont déjà été développées pour la pomme de terre, lemelon, le concombre, la b<strong>et</strong>terave, la tomate, <strong>et</strong>c.c- Les plantes tolérantes aux herbicidesLes herbicides empêchent <strong>et</strong> réduisent <strong>les</strong> mauvaises herbes. Ils remplacent le sarclage manuel<strong>et</strong> mécanique, de ce fait ils aident à réduire l’érosion du sol <strong>et</strong> la perte d’eau. On distinguedeux catégories d’herbicides. Les herbicides non sélectifs qui arrêtent la croissance de toute la- 35 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>plante, par exemple le glufosinate 15 <strong>et</strong> le glyphosate 16 . Ces herbicides sont des herbicidestotaux qui détruisent aussi bien <strong>les</strong> mauvaises herbes, que <strong>les</strong> plantes cultivées. Les herbicidessélectifs qui contrôlent la croissance des mauvaises herbes sans nuire aux récoltes. Denombreuses plantes biotechnologiques, comme le soja, le colza <strong>et</strong> le maïs, ont été développéespour obtenir une tolérance à ces herbicides (cf. annexe 2).d- Autres caractéristiques des variétés biotechnologiques• Amélioration de la qualité des plantes. Dans le cadre d'une améliorationqualitative, l'introduction des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> vise à modifier <strong>les</strong> teneursen certains nutriments ou à assurer une meilleure conservation du produit tout enmaintenant ses qualités organoleptiques (cf. annexe 3).La teneur en amidon de pommes de terre a ainsi été accrue grâce aux<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> pour des utilisations industriel<strong>les</strong> (purée, fécule, fritesabsorbant moins d'huile de friture). D'autres améliorations de la pomme de terresont encore en développement : réduction du brunissement (frites), améliorationdes propriétés organoleptiques. Pour <strong>les</strong> laitues <strong>et</strong> épinards, <strong>les</strong> recherches portentsur la réduction de la quantité de nitrates contenue dans <strong>les</strong> feuil<strong>les</strong> parl'augmentation de l'expression de nitrate réductase (enzyme perm<strong>et</strong>tant de dégrader<strong>les</strong> nitrates). Le riz fait également l'obj<strong>et</strong> de recherche portant sur une réduction depropriétés allergisantes. Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> ont permis aussi d'enrichirla teneur du riz en bêta carotène (précurseur de la vitamine A). Actuellement, c<strong>et</strong>enrichissement est encore insuffisant pour perm<strong>et</strong>tre à ce riz biotechnologique,utilisé comme unique source alimentaire, de couvrir <strong>les</strong> besoins en vitamine A.Son ingestion ne pourrait que prévenir des carences légères. Enfin, uneamélioration envisagée du soja consiste en l'augmentation de la teneur en acidesaminés essentiels à la synthèse des protéines anima<strong>les</strong> (par exemple, laméthionine).En ce qui concerne la conservation prolongée des fruits, c<strong>et</strong>te caractéristique estobtenue en inhibant la synthèse d'une enzyme (l’éthylène, substance qui participe àla maturation du fruit) responsable de la dégradation des parois cellulaires dans le15 Le glufosinate est le terme abrégé pour ammonium de glufosinate. C’est un composé naturel qui a été isolé àpartir de deux espèces de champignons streptomycines. Il est commercialisé sous <strong>les</strong> noms Liberty, Basta, Rely,Finale <strong>et</strong> Challenge. Le glufosinate est un herbicide à large spectre qui doit être directement appliqué sur <strong>les</strong>plantes de grande culture <strong>et</strong> qui est souvent utilisé pour lutter contre <strong>les</strong> mauvaises herbes une fois que <strong>les</strong> plantesont émergé du sol.16 Voir encadré n°1 infra.- 36 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>fruit mûr. C<strong>et</strong>te propriété améliore <strong>les</strong> conditions de transport <strong>et</strong> le stockage desfruits. Elle perm<strong>et</strong> aussi une récolte à un stade de maturité plus avancé, favorableau goût. Sur le melon <strong>et</strong> sur la tomate on a pu obtenir des variétésbiotechnologiques à maturation r<strong>et</strong>ardée. Ces fruits peuvent être récoltés à un stadede maturation plus avancé <strong>et</strong> par conséquent être plus savoureux. Il en résulte unemeilleure conservation <strong>et</strong> une aptitude améliorée au transport réduisant <strong>les</strong> pertes.Dans le melon, on a introduit un gène capable de bloquer la synthèse de l’éthylènepour en ralentir la maturation. On obtient ainsi un melon dont la conservation <strong>et</strong> lateneur en sucre sont augmentées.• Applications non-alimentaires des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. La plante a pu êtremanœuvrée pour contenir un médicament lui perm<strong>et</strong>tant d'être distribuée <strong>et</strong>administrée oralement ou utilisée comme vaccins.1.3.2. Quelques exemp<strong>les</strong> de plantes biotechnologiquesLes exemp<strong>les</strong> suivants illustrent l’apport des <strong>biotechnologies</strong> modernes afin de dépasser <strong>les</strong>limites de l’amélioration des plantes par voie classique.a- Exemple 1 : Tournesol 17Les espèces sauvages de tournesol constituent un bon réservoir de résistances aux pathogènes.On a donc recours à des croisements interspécifiques entre tournesols cultivés <strong>et</strong> sauvages.Toutefois, ceux-ci sont souvent limités par des phénomènes d’avortement des embryons issusde ces croisements. La technique de sauv<strong>et</strong>age d’embryons a été appliquée par des apports degènes de résistance. Ainsi, des variétés de tournesol résistant au mildiou <strong>et</strong> au sclerotinia,deux pathogènes majeurs de c<strong>et</strong>te culture, ont pu être obtenues dès 1985.b- Exemple 2 : Tomate de Calgene (flavr savr)Au début de 1990, <strong>les</strong> chercheurs de Calgene (une p<strong>et</strong>ite entreprise de biotechnologie enCalifornie) ont identifié le gène qui enclenche le pourrissement de la tomate. Ils ont appris àle reproduire synthétiquement <strong>et</strong> à insérer c<strong>et</strong>te copie à l’envers dans la carte génétique dugénome de la tomate. C<strong>et</strong>te technologie annule le vieillissement <strong>et</strong> ajoute de 7 à 10 jours à lavie normale de la tomate. Dans la tomate de Calgene, le marqueur génique est extrait de la17 C<strong>et</strong> exemple a été élaboré sur la base des informations disponib<strong>les</strong> sur le site du GNIS.- 37 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>bactérie E.coli 18 <strong>et</strong> il résiste à la Kanamycine, un puissant antibiotique administré avant uneopération chirurgicale. Les scientifiques <strong>et</strong> <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> de la réglementation craignaientque la résistance à l’antibiotique intégré à la tomate ne se r<strong>et</strong>rouve dans le système digestifdes consommateurs. Calgene a fourni des documents montrant que tel n’était pas le cas.L’approbation a finalement été accordée le 15 Mai 1994 même si toutes <strong>les</strong> craintes 19n’avaient pas été dissipées (Boyens, 1999).c- Exemple 3 : La pomme de terre biotechnologique (New Leaf)Les chercheurs de Monsanto ont mis huit ans à développer une nouvelle variété de pomme d<strong>et</strong>erre toxique pour le doryphore, un insecte qui peut manger jusqu’à 90% du feuillage <strong>et</strong> quidévaste <strong>les</strong> cultures dans toute l’Amérique du Nord (Boyens, 1999). En 1995, la Food andDrug Administration américaine 20 (FDA) <strong>et</strong> <strong>les</strong> autorités canadiennes ont donné leur feu vert àla mise en culture <strong>et</strong> à la commercialisation de c<strong>et</strong>te pomme de terre biotechnologique sous lenom de New Leaf.Somme toute, on peut distinguer deux générations d’applications des <strong>biotechnologies</strong>végéta<strong>les</strong>. Une première génération correspond aux caractères agronomiques de la plantecomme la résistance aux insectes, résistance aux herbicides, résistance aux antibiotiques,stérilisation de la plante, <strong>et</strong>c. Avec c<strong>et</strong>te génération, on est passé d’une protection externe dela plante vers une protection interne de la plante. La deuxième génération concerne <strong>les</strong>caractères qualitatifs de la plante, elle représente 17% des essais des plantesbiotechnologiques. Il s’agit par exemple de la modification des profils d’acide gras,modification de la composition protéinique, des plantes à teneur en matière sèche augmentée,amidons qui absorbent moins <strong>les</strong> matières grasses au cours de la cuisson, <strong>et</strong>c.2. Le marché des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Les plantes biotechnologiques ont été développées par des laboratoires publics ou par desstart-ups américaines, en priorité pour le système agricole aux Etats-Unis. Celui-ci se18 E. coli est le nom abrégé d'Escherichia coli. C’est une bactérie intestinale des mammifères très commune chezl’être humain <strong>et</strong> qui fait partie du groupe de bactéries dites «coliformes».19 Nous développons c<strong>et</strong>te question au chapitre 4.20 La Food and Drugs administration (FDA) est un organisme fédéral américain pour l'homologation <strong>et</strong>l'autorisation de mise sur le marché de nouveaux produits alimentaires <strong>et</strong> des médicaments.- 38 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>caractérise par une très faible main-d’œuvre <strong>et</strong> par l'importance des surfaces consacrées auxcultures de maïs, de soja <strong>et</strong> de coton.Dans c<strong>et</strong>te section nous discutons des principaux pays ayant adopté <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong> (2.1), <strong>les</strong> cultures biotechnologiques (2.2) <strong>et</strong> <strong>les</strong> caractères génétiques (2.3) <strong>les</strong> plusimportants.2.1. Approche spatiale des plantes biotechnologiques cultivéesDurant la période de 1996 à 2005, la superficie mondiale des cultures en plantesbiotechnologiques a été multipliée par plus de 50, passant de 1,7 millions d’hectares en 1996à 90 millions d’hectares en 2005. Plus de 38% de c<strong>et</strong>te superficie concernent alors <strong>les</strong> pays endéveloppement. C<strong>et</strong>te part est en constante augmentation depuis 1996. On remarqueégalement que la superficie consacrée aux cultures en plantes biotechnologiques a augmentéde 23% par rapport à l’année 2004 dans <strong>les</strong> pays en développement contre 5% seulement pour<strong>les</strong> pays industrialisés 21 (cf. tableau 2).21 La croissance absolue de la superficie des plantes biotechnologiques entre 2003 <strong>et</strong> 2004 était pour la premièrefois supérieure pour <strong>les</strong> pays en développement (7,2 millions d’hectares contre 6,1 millions d’hectares pour <strong>les</strong>pays industrialisés).- 39 -


Tableau 2 : La répartition de la superficie des plantes biotechnologiques dans <strong>les</strong> pays industrialisés <strong>et</strong> <strong>les</strong> pays en développement entre 1996<strong>et</strong> 2005 (en millions d’hectares)1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005Ha % Ha % Ha % Ha % Ha % Ha % Ha % Ha % Ha % Ha %Pays industrialisés 1,6 94 9,5 86 23,4 84 32,8 82 33,5 76 39,1 74 42,7 73 47,3 70 53,4 66 56,1 62Pays endéveloppement0,1 6 1,5 14 4,4 16 7,1 18 10,7 24 13,5 26 16 27 20,4 30 27,6 34 33,9 38Total 1,7 100 11 100 27,8 100 39,9 100 44,2 100 52,6 100 58,7 100 67,7 100 81 100 90 100Source : ISAAA reports, 1997, 1998, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004 <strong>et</strong> 2005 (James).


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Actuellement le nombre de pays cultivant <strong>les</strong> plantes biotechnologiques est passé de 6 en1996 à 21 en 2005. Parmi ces 21 pays, 12 sont des pays en développement. Si on considère<strong>les</strong> 10 premiers pays producteurs des plantes biotechnologiques, on remarque que sept d’entreeux sont des pays du Sud : l’Argentine (2 ième rang ), le Brésil (3 ième rang), la Chine (5 ièmerang), le Paraguay (6 ième rang), l’Inde (7 ième rang), Afrique du sud (8 ième rang) <strong>et</strong> enfinl’Uruguay (9 ième rang). Les Etats-Unis restent le premier producteur des plantesbiotechnologiques avec environ 49,8 millions d’hectares en 2005 (cf. tableau 3), mais onremarque la forte présence des pays en développement, compte tenu de facteurs facilitantspour <strong>les</strong> firmes (surfaces disponib<strong>les</strong>, contrats avantageux, facilités administratives, <strong>et</strong>c.)Tableau 3 : La surface totale des surfaces biotechnologiques par pays (en millionsd’hectares)Pays industrialisés 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005Rang dupays en2005Etats-Unis 8,1 20,5 28,7 30,3 35,7 39 42,8 47,6 49,8 1Canada 1,3 2,8 4,0 3 3,2 3,5 4,4 5,4 5,8 4Australie 0,1 0,1 0,1 0,2 0,2 0,1 0,1 0,2 0,3 10Espagne Néant


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>66% entre 2003 <strong>et</strong> 2004), l’Australie (50% contre 100% ), le Paraguay (50%), le Canada (7%contre 23%), l’Argentine (6% contre 17%), <strong>les</strong> USA (5% contre 11%), l’Uruguay (0% contre200%), l’Afrique du Sud (0% contre 25%) <strong>et</strong> enfin la Chine qui a connu une baisse de 11%,entre 2004 <strong>et</strong> 2005, contre une augmentation de 32% entre 2003 <strong>et</strong> 2004.Ces statistiques montrent l’importance de l’adoption des plantes biotechnologiques par <strong>les</strong>pays en développement. Elle s’explique par le fait que <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>perm<strong>et</strong>tent une diminution de l’utilisation de produits phytosanitaires, dont le coût ne cessed’augmenter, <strong>et</strong> par conséquent conduisent à des économies d’eau (une source de plus en plusrare <strong>et</strong> coûteuse dans ces pays). Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sont considérées comme unesource de revenus pour assurer une certaine sécurité alimentaire des paysans aux pays du Sudà travers une agriculture à visée exportatrice (cf. chapitre 2). Ces pays - la Chine, l’Afrique duSud, le Mexique, l’Argentine, la Colombie, l’Indonésie <strong>et</strong> l’Inde - cultivent essentiellement lecoton biotechnologique.L’adoption des plantes biotechnologiques par <strong>les</strong> pays industrialisés peut s’expliquer d’unepart, par la diminution de la charge de travail (sur des exploitations de tail<strong>les</strong> considérab<strong>les</strong>),<strong>et</strong> d’autre part par la diminution de l’utilisation de pesticides, souvent toxiques pourl’environnement.En 2005, quatre nouveaux pays dont trois de l'Union Européenne viennent s’ajouter au payscultivant des plantes biotechnologiques (James, 2005). La France, après un arrêt de quatreannées consécutives (de 2001 à 2004), a planté environ 500 hectares de maïs Bt en 2005. En1998, le ministère de l’agriculture français a donné son autorisation de vente de semences de3 variétés de maïs biotechnologique soit environ 1500 ha (contre 150 ha en 1999 <strong>et</strong> moins de100 ha en 2000)). De ce fait, la France est le premier pays européen à avoir cultivé des OGMen 1998. L’arrêt de quatre ans (de 2001 à 2004) s’explique par la forte mobilisation desassociations de défense de l’environnement <strong>et</strong> des groupements de consommateurs qui ontbeaucoup manifesté pour la mise en place d’un moratoire interdisant <strong>les</strong> cultures des OGM enFrance <strong>et</strong> en Europe. La reprise de la France peut être interprétée à deux niveaux. D’une part,la concurrence internationale <strong>et</strong> surtout américaine dans la course aux brev<strong>et</strong>s pousse laFrance à accepter <strong>et</strong> à réglementer <strong>les</strong> cultures biotechnologiques. D’autre part, certainsagriculteurs du sud de la France qui achètent leurs graines auprès des agriculteurs espagnolsont déjà des cultures biotechnologiques en pleins champs. Le gouvernement français s’est- 42 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>donc vu contraint d’accepter <strong>et</strong> de réglementer ces cultures. Le Portugal a recommencé laplantation du maïs Bt avec une introduction de 1000 ha, après un arrêt de cinq ans (de 2000 à2004). La République Tchèque a autorisé pour la première fois la plantation des plantesbiotechnologiques en 2005 avec l’introduction de 150 ha de maïs Bt. Enfin, l’Iran cultive pourla première fois en 2005 des plantes biotechnologiques avec l’introduction de 4000 ha de rizBt. Le riz Bt a été développé par l’Institut de Recherche de Biotechnologie Agricole à Karaj <strong>et</strong>a officiellement été utilisé en Iran en 2004 sur 2000 hectares. L’Iran est un des plus grandsimportateurs de riz dans le monde. Il importe environ plus d’un million de tonnes par an 22 . Ence qui concerne <strong>les</strong> pays d’Afrique (en dehors de l’Afrique du sud) actuellement en Afriquecentrale <strong>et</strong> de l’Ouest, il n’y a pas d’autorisation officielle pour la commercialisation desplantes biotechnologiques, mais des essais sur le coton, le tabac <strong>et</strong> d’autres cultures existent(cf. chapitre 2).2.2. Diversité des plantes biotechnologiques cultivéesLes principa<strong>les</strong> récoltes biotechnologiques cultivées actuellement à grande échelle sont : <strong>les</strong>oja, le maïs, le coton <strong>et</strong> le colza. En 2005, comme le montre le tableau 4, le soja reste laprincipale plante biotechnologique cultivée avec 54,4 millions d’hectares (60% de lasuperficie mondiale cultivée avec <strong>les</strong> plantes biotechnologiques) suivie par le maïs (21,2millions d’hectares, soit 14%), le coton (9,8 millions d’hectares, soit 28%) <strong>et</strong> enfin le colza(4,6 millions d’hectares, soit 18%). La superficie totale des plantes biotechnologiques aaugmenté de 11% par rapport à 2004 (contre 20% entre 2003 <strong>et</strong> 2004). Ces plantes sontessentiellement employées pour l’alimentation du bétail ou dans des produits dérivés pourl’alimentation humaine (lécithine de soja, hui<strong>les</strong> végéta<strong>les</strong>, <strong>et</strong>c.).Aujourd’hui, la production du soja dans le monde est concentrée dans quatre pays (USA,Brésil, Argentine, Chine) qui assurent, à eux seuls, près de 80% des exportations.Actuellement, la production annuelle mondiale du soja s'élève à environ 130 millions d<strong>et</strong>onnes. Elle constitue la première source d'huile végétale <strong>et</strong> de farine protéique pour <strong>les</strong>animaux. Le soja est devenu l'oléagineux le plus consommé dans le monde, à la suite del'accroissement considérable de la demande en farine de soja pour l'alimentation des animaux22 Une enquête d’Inf’OGM, en lien avec Maryam Rahmanian, de l’organisation iranienne CENESTA (Centre forSustainable Development & Environment) a permis de m<strong>et</strong>tre en doute <strong>les</strong> données de l’ISAAA. Le dernierarticle publié sur le suj<strong>et</strong> affirme que le riz n’a pas encore été commercialisé, <strong>et</strong> n’a pas reçu non plusd’autorisation de biosécurité. De plus, aucun rapport sur le riz n’est disponible au Centre d’échange pour laprévention des risques biotechnologiques (BCH), lequel dépend du Protocole de Cartagène (Inf’OGM, 2006).- 43 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>d'élevage. Le principal problème de la culture du soja réside dans la prolifération de toutessortes de mauvaises herbes particulièrement tenaces. Aux Etats-Unis, principal exportateur desoja, plus de 95% de c<strong>et</strong>te culture sont traités aux herbicides, que ce soit avant <strong>les</strong> semail<strong>les</strong>(phase de pré-émergence), ou après l'apparition des pousses (phase de post-émergence) 23 .Grâce au Soja Roundup Ready, la quantité d'herbicide épandue est en diminution, car leRoundup n'a besoin d'être utilisé que de manière ciblée <strong>et</strong> en faib<strong>les</strong> quantités, en phase depost-émergence. L’adoption du Soja Roundup Ready, dans le monde, ne cesse d’augmentergrâce à la simplicité <strong>et</strong> à la flexibilité de son utilisation (Carpenter <strong>et</strong> Gianessi, 1999).Le maïs est une plante de première importance dans la nourriture humaine <strong>et</strong> animale. Ilsouffre des pertes quantitatives <strong>et</strong> qualitatives importantes des récoltes qui sont dues auxdégâts causés par <strong>les</strong> larves d'insectes de lépidoptère (Pyrale <strong>et</strong> Sésamie). Les parasitess'attaquent aux parties aériennes du maïs, se nourrissent de la plante <strong>et</strong> l'affaiblissentconsidérablement. Le maïs Bt constitue une alternative à l’emploi intensif d’insecticides 24 , unmoyen de lutte contre <strong>les</strong> insectes <strong>et</strong> une diminution de la charge du travail dans <strong>les</strong> champs.Le colza est une culture largement répandue dans le monde principalement pour l'alimentationanimale 25 , pour la production d’huile alimentaire (Phillips <strong>et</strong> Khachatourians, 2001), <strong>et</strong> plusrécemment pour la production de biocarburants. La production mondiale de colza s'est élevéeà 36 millions de tonnes en 2003. Les principaux producteurs en sont l’Union européenne, leCanada, <strong>les</strong> Etats-Unis, l’Australie, le Chine <strong>et</strong> l’Inde.Au total, <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> cultures (coton, soja, colza, maïs) concernées par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong> sont donc cel<strong>les</strong> qui entrent dans le processus industriel <strong>et</strong> qui concernentessentiellement l’alimentation animale (cf. tableau 4). Si on prend l’exemple du coton, unepartie de c<strong>et</strong>te plante est transformée en fibre, une partie en produit alimentaire (huile pourl’alimentation humaine), une autre partie est transformée en farine pour le bétail, <strong>et</strong> avec <strong>les</strong>déch<strong>et</strong>s on fabrique <strong>les</strong> serpillières.23 http://www.internutrition.ch/in-news/index_f.html .24 Les insecticides constituaient le moyen de lutte le plus répandu contre la pyrale, malgré des niveaux d’attaquevariab<strong>les</strong> <strong>et</strong> difficilement prévisib<strong>les</strong>.25 L'extraction de l'huile fournit un sous-produit, le tourteau de colza, qui est une source intéressante pourl'alimentation animale, riche en protéines, qui peut concurrencer le tourteau de soja, mais dont la valeurénergétique est faible.- 44 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Tableau 4 : La part des principa<strong>les</strong> plantes biotechnologiques dans la superficie mondialede 2003 à 2005Coton Soja Colza Maïs Total200520042003Superficie totale des plantes cultivéesen millions d’hectares35 91 26 147 299% des plantes biotechnologiques 28 60 18 14 30Superficie totale des plantes cultivéesen millions d’hectares32 86 23 143 284% des plantes biotechnologiques 28 56 19 14 28,5Superficie totale des plantes cultivéesen millions d’hectares34 76 22 140 272% des plantes biotechnologiques 21 55 16 11 25Source : ISAAA reports, 2004, 2005. (James)2.3. Caractéristiques génétiques des plantes biotechnologiques cultivéesDurant la période 1996-2005, la tolérance aux herbicides, Ht, est devenu dès 1997 le principaltrait génétique, elle l’est resté depuis. Ce trait génétique est utilisé pour le soja, le maïs, lecolza <strong>et</strong> le coton. Il représente environ 63,7 millions d’hectares sur <strong>les</strong> 90 millions d’hectarescultivés en 2005, soit 71%, suit la résistance aux insectes (Bt) qui est utilisée pour le maïs <strong>et</strong>le coton (16,2 millions d’hectares, soit 18% de la superficie totale). On trouve ensuite <strong>les</strong>variétés contenant <strong>les</strong> deux caractères (Ht/Bt), utilisés aussi pour le maïs <strong>et</strong> le coton (10,1millions d’hectares, soit 11%). Ce dernier trait génétique (Ht/Bt) a connu la plus forteaugmentation entre 2004 <strong>et</strong> 2005 avec 49% contre 9% pour la tolérance aux herbicides <strong>et</strong> 4%pour la résistance aux insectes (cf. tableau 5).- 45 -


Tableau 5 : La répartition de la superficie totale des plantes biotechnologiques par <strong>les</strong> trois principaux traits génétiques entre 1996 <strong>et</strong> 2005(en millions d’hectares)1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005Ha % Ha % Ha % Ha % Ha % Ha % Ha % Ha % Ha % Ha %Tolérance aux herbicides 0,6 35 6,9 63 19,8 71 28,1 71 32,7 74 40,6 77 44,2 75 49,7 73 58,6 72 63,7 71Résistance aux insectes(Bt)Bt <strong>et</strong> tolérance auxherbicides1,1 65 4,0 36 7,7 28 8,9 22 8,3 19 7,8 15 10,1 17 12,2 18 15,6 19 16,2 18-- --


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Un agriculteur passe généralement quatre fois par saison dans un champ pour lutter contre <strong>les</strong>mauvaises herbes (labour avant semis, puis trois traitements aux herbicides). Avec <strong>les</strong> plantesbiotechnologiques, un seul passage combinant semis <strong>et</strong> traitement aux herbicides suffit, car laplante biotechnologique supporte des concentrations d'herbicide qui tuent toutes <strong>les</strong>mauvaises herbes. Toutefois, chaque plante biotechnologique n'est tolérante qu'à un seulherbicide. Le bénéfice pour l'agriculteur de l’utilisation de ce trait génétique provient del'allègement de la charge de travail <strong>et</strong> de la simplification du travail du sol.La lutte contre <strong>les</strong> insectes qui ravagent <strong>les</strong> cultures est depuis toujours une priorité del'agriculture. La création de plantes biotechnologiques résistantes aux insectes a pour but desupprimer en partie le recours aux pesticides chimiques <strong>et</strong> d’assurer un traitement préventif,l'insecticide y étant présent de manière constante alors que <strong>les</strong> pesticides ne sont utilisésqu'après l'observation des premiers dégâts dans <strong>les</strong> cultures.Toutefois, l'impact des plantes biotechnologiques sur la consommation de pesticides <strong>et</strong> sur lerendement varie considérablement d'une région à l'autre <strong>et</strong> d'une année à l'autre, car il dépenddes infestations d'insectes. C'est pourquoi le pourcentage des récoltes de culturesbiotechnologiques résistantes aux insectes n'est pas le même d'une région à l'autre au sein d'unmême pays.3. L’impact de l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur larestructuration de la filière agroalimentaireQuels sont <strong>les</strong> déterminants de l'évolution d’un secteur dans le capitalisme moderne ? Une desréponses qui a reçu une large acceptation est la proposition de Joseph Schump<strong>et</strong>er (1942), quiavance l’idée que <strong>les</strong> révolutions technologiques, qui sont un résultat naturel de l’évolution deconnaissances scientifiques <strong>et</strong> technologiques, peuvent changer le système d’organisationindustrielle <strong>et</strong> économique. “The process of creative destruction is the essential fact aboutcapitalism…..it is not [price] comp<strong>et</strong>ition which counts but the comp<strong>et</strong>ition from…..newtechnology…..comp<strong>et</strong>ition which strikes not at the margins of profits of existing firms but attheir foundations and their very lives” (pp. 83-84). Selon Schump<strong>et</strong>er, <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong>technologies ont créé des opportunités de marché tout en endommageant ou détruisant <strong>les</strong>marchés existants. Que connaissons-nous donc de ce processus ? Cohen <strong>et</strong> Levin (1992)- 47 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>précisent dans leur article que nous ne possédons pas assez d’éléments sur c<strong>et</strong>te dynamique.Ils insistent sur le fait que <strong>les</strong> “Theorists and empiricists alike have devoted too little attentionto the dynamics of innovation and mark<strong>et</strong> structure, the Schump<strong>et</strong>erian process of creativedestruction” (p. 1098).Dans ce contexte, nous espérons apporter une contribution à une meilleure compréhension dec<strong>et</strong>te dynamique à travers une analyse détaillée de l'évolution d'une industrie, à savoir <strong>les</strong>ecteur agbiotech, en étudiant comment une évolution technologique (<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong>) peut engendrer un changement important dans un secteur (la chaîneagroalimentaire).Pour répondre à c<strong>et</strong>te question, on se tourne vers un modèle proposé par Weizsäcker il y a 25ans. Certes, son modèle est peu connu, mais il est de plus en plus utilisé par <strong>les</strong> économistespour étudier la création des innovations dans une chaîne de production (Foray <strong>et</strong> Ramani,2005). En alternative à la représentation standard d'une économie comme ensemble demarchés concurrentiels simultanément, Von Weizsäcker (1980, p. 984) propose un systèmeéconomique comme séquence d’activités agencées, afin d'examiner l'influence de l'accès àl’output de chaque étape dans le processus de production de l’étape suivante, <strong>et</strong> sur la chaînedans son ensemble. Pour la simplicité, il considère trois étapes d'activité économique. Lapremière étape est celle de la consommation, constituant le marché final. Des étapes en amontr<strong>et</strong>racent <strong>les</strong> origines de chaque produit. La deuxième étape est alors celle de la production, <strong>et</strong>la troisième étape celle de l'innovation. Cependant, ceci n'est pas la préoccupation centrale deWeizsäcker, qui examine fondamentalement l'impact du libre accès à la technologie versusl’existence de forts droits de propriété le long de la chaîne des valeurs. La thèse principale est: plus on monte dans la chaîne des valeurs (de l’étape 1 (consommation) à l’étape 3(innovation)), plus <strong>les</strong> droits de propriété intellectuelle doivent être faib<strong>les</strong> <strong>et</strong> l’accès auxinnovations doit être facile, afin de maximiser la création des innovations <strong>et</strong> le bien être social(Weizsäcker, 1984). Une telle représentation verticale des activités économiques n'est pasrécente. De grands auteurs comme Karl Marx <strong>et</strong> Joseph Schump<strong>et</strong>er ont implicitement eu un<strong>et</strong>elle chaîne d’activités à l'esprit quand ils ont souligné l'impact de l'évolution de l'étape 3(l’innovation) sur la production <strong>et</strong> la consommation.Nous adoptons donc ici le modèle séquentiel de Weizsäcker. Parce que ce cadre conceptuelnous perm<strong>et</strong> d'élargir celui des théories standard de la concurrence <strong>et</strong> d’intégrer des éléments- 48 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>de la théorie évolutionniste. Nelson <strong>et</strong> Winter (1977) affirment que la création des innovationsne peut pas être étudiée dans le contexte du modèle néoclassique. Ce modèle n’est que peuréaliste, il ne perm<strong>et</strong> pas de rendre compte de ce qui est observé en réalité. Il ne perm<strong>et</strong> pas dedonner <strong>les</strong> indicateurs nécessaires aux politiques publiques hormis <strong>les</strong> exonérations fisca<strong>les</strong>ou la question de ressources. Nelson <strong>et</strong> Winter proposent que la création des innovations soitconsidérée au sein d’un système constitué par divers acteurs en fonction de la structure <strong>et</strong> dufonctionnement des réseaux qui connectent tous ces acteurs. De plus, il faut prendre encompte <strong>les</strong> dimensions temporel<strong>les</strong> <strong>et</strong> évolutionnaire.Même s’il est difficile de formaliser dans l’ensemble tous <strong>les</strong> éléments proposés par Nelson <strong>et</strong>Winter, néanmoins le modèle de Weizsäcker est considéré comme un pas dans c<strong>et</strong>te direction,car il propose une représentation d’un secteur comme une séquence ordonnées d’activités. Parexemple, dans le cas des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, on peut représenter <strong>les</strong> chaînes desactivités constituant le système agroalimentaire comme suit. (cf. figure 2).- 49 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Figure 2 : Filière agroalimentaire simplifiée• Premièrement, il y a un marché pour l'innovation. Les acteurs dans c<strong>et</strong>te étape sont <strong>les</strong>instituts de recherche publics <strong>et</strong> <strong>les</strong> sélectionneurs privés. Une particularité de ce secteurdans c<strong>et</strong>te étape est que <strong>les</strong> utilisateurs de la technologie peuvent eux aussi créer desinnovations. Les agriculteurs participent à ce processus d’innovation, maishabituellement <strong>les</strong> fruits de leur recherche ne sont pas vendus sur un marché.- 50 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>• L’étape suivante est celle de la production. Une particularité propre au secteuragbiotech est le fait qu’il se caractérise par la présence non pas d’un seul secteur, maisde deux secteurs à la fois différents <strong>et</strong> complémentaires dans la chaîne agroalimentaire.L’un est le marché des semences, <strong>et</strong> l'autre est le marché des produits phytosanitaires.Les produits fabriqués sur ces marchés sont habituellement consommés ensemble <strong>et</strong> nepeuvent pas donc être considérés en tant que deux marchés totalement indépendants. Lesinnovations peuvent entrer dans l'un ou l'autre de ces deux marchés complémentaires <strong>et</strong>avoir un certain impact sur <strong>les</strong> deux ensemb<strong>les</strong>. Les producteurs de semences <strong>et</strong> <strong>les</strong>fabricants de produit phytosanitaires vendent directement ou indirectement, via <strong>les</strong>distributeurs, leurs produits aux agriculteurs. A leur tour, <strong>les</strong> agriculteurs vendent leursrécoltes directement ou indirectement, par l’intermédiaire des entreprises d<strong>et</strong>ransformation alimentaire, aux consommateurs ou aux distributeurs.• Au niveau de la consommation, <strong>les</strong> transactions sont régies par <strong>les</strong> paramètres de lademande du marché <strong>et</strong> de l'environnement de normalisation imposé par <strong>les</strong> politiquespubliques. Une des particularités de c<strong>et</strong>te étape de la consommation est que <strong>les</strong>associations jouent un rôle important dans la détermination de la demande des produitsbiotechnologiques. Les consommateurs ne font pas leur choix seulement en fonction deleur pouvoir d’achat, ils sont influencés aussi par leur base d’information <strong>et</strong> decroyances sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. Ces croyances des consommateurs sont àleur tour influencées par <strong>les</strong> actions de leurs groupements.Par ailleurs, selon <strong>les</strong> évolutionnistes, trois éléments déterminent l’émergence d’un nouveausecteur :• La genèse de nouvel<strong>les</strong> connaissances scientifiques ou idées.• La sélection de ces nouvel<strong>les</strong> connaissances par divers acteurs pour produire denouvel<strong>les</strong> technologies.• L’adaptation de ces nouvel<strong>les</strong> technologies à l’environnement <strong>et</strong> l’émergence d’unnouveau paradigme scientifique.Actuellement, la théorie évolutionniste contribue considérablement à la compréhension del’évolution d’un secteur (Frenken <strong>et</strong> al., 1999). Par contre, il n’existe pas un seul modèl<strong>et</strong>héorique applicable partout. Dans c<strong>et</strong>te thèse, au lieu de formuler un modèle purement- 51 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>évolutionniste, on intègre seulement <strong>les</strong> éléments essentiels qui caractérisent c<strong>et</strong>te approche(génération de nouvel<strong>les</strong> connaissances, sélection par <strong>les</strong> acteurs <strong>et</strong> adaptation àl’environnement, émergence d’un nouveau paradigme).L’objectif de la section suivante est d'étudier la naissance du secteur agbiotech (3.1) <strong>et</strong> sonévolution durant <strong>les</strong> années 80 <strong>et</strong> 90 (3.2), d’analyser <strong>les</strong> caractéristiques du secteuraujourd’hui (3.3) <strong>et</strong> enfin de se focaliser sur l’étude de cas de Monsanto, leader mondial enagbiotech, afin de comprendre la rationalité des acteurs dans la chaîne agroalimentaire (3.4).3.1. La naissance du secteur agbiotechOn adm<strong>et</strong> que le développement des techniques en génétique au milieu des années 70 aconstitué le choc ou la discontinuité technologique qui a déclenché le cycle d'innovation dans<strong>les</strong> secteurs de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. Selon Tushman <strong>et</strong> Anderson (1986), la discontinuitétechnologique représente une “Technical advance so significant that no increase in scale,efficiency or design can make older technologies comp<strong>et</strong>itive with the new technology.Product discontinuities are reflected in either process substitutions or in process innovationsthat result in radical improvements in industry-specific dimensions of merit” (p. 441). Les<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> ont offert aux sélectionneurs la capacité de changer <strong>les</strong>caractéristiques des plantes par la manipulation directe du code génétique. El<strong>les</strong> ont conduit àun éventail d’innovations de produits <strong>et</strong> de procédés offrant une plus grande précision <strong>et</strong>vitesse pour créer de nouvel<strong>les</strong> variétés de plantes.Le phénomène émerge <strong>et</strong> se concentre aux seuls Etats-Unis vers le milieu des annéessoixante-dix. Les innovateurs apparaissent comme des entrants à c<strong>et</strong>te étape. Durant c<strong>et</strong>tepériode, certains chercheurs américains du secteur public, ayant la conviction de lavalorisation économique de leurs recherches 26 , quittent <strong>les</strong> universités pour créer leurentreprise grâce au soutien des capital-risqueurs. Par exemple, Calgene est créée par unprofesseur de génétique du campus universitaire de Davis associé à un entrepreneur enpossession de quelques économies. L’entreprise se lance dans le développement d’innovationsscientifiques dans le domaine agricole.26 Les chercheurs ont découvert que certaines bactéries des sols (agro-bactéries) peuvent transporter <strong>les</strong> gènesjusqu’aux cellu<strong>les</strong> des plantes, car el<strong>les</strong> sont dotées de tout ce qu’il faut pour transférer naturellement dessegments d’ADN entre <strong>les</strong> plantes. Les manipulateurs généticiens exploitent c<strong>et</strong>te propriété des bactéries pourintroduire de nouveaux gènes dans <strong>les</strong> cellu<strong>les</strong> végéta<strong>les</strong>.- 52 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Grâce aux avantages fiscaux <strong>et</strong> à des lois encourageant l’investissement de capital-risque,plusieurs PME semblab<strong>les</strong> à Calgene se créent aux Etats-Unis (DNA Plant Technology, parexemple). Le mouvement se généralise ensuite en dehors des Etats-Unis, avec par exemple lacréation, à partir de 1978, de Gen<strong>et</strong>ica (France), Agricultural Gen<strong>et</strong>ics Co, Celltech(Royaume–unis), Biogen (Suisse). Toutes ces PME ont joué un rôle majeur dans ledéveloppement des <strong>biotechnologies</strong>, <strong>et</strong> el<strong>les</strong> ont été <strong>les</strong> premières à identifier <strong>les</strong> principa<strong>les</strong>niches commercia<strong>les</strong> (Ducos <strong>et</strong> Joly, 1988).3.2. L’évolution du secteur agbiotech durant <strong>les</strong> années 80 <strong>et</strong> 90On discutera ici de l’évolution du secteur agbiotech durant <strong>les</strong> années 80 <strong>et</strong> 90 <strong>et</strong> de lamanière dont <strong>les</strong> firmes agbiotech ont saisi l’opportunité offerte par c<strong>et</strong>te nouvell<strong>et</strong>echnologie.3.2.1. Les réponses des firmes déjà établies à l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>durant <strong>les</strong> années 80Dans <strong>les</strong> années 80, <strong>les</strong> firmes installées <strong>les</strong> plus concernées par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>sont à la fois cel<strong>les</strong> de l’industrie agrochimique <strong>et</strong> <strong>les</strong> cel<strong>les</strong> de semences aux stadesd’innovation <strong>et</strong> de production. Trois questions se posent pour el<strong>les</strong> :• Doivent-el<strong>les</strong> prendre en considération l'intégration des <strong>biotechnologies</strong> ?• Si oui, comment la nouvelle technologie doit-elle être acquise ?• Comment la nouvelle technologie doit-elle être intégrée <strong>et</strong> commercialisée afin demaximiser <strong>les</strong> r<strong>et</strong>ours sur investissements dans la création d'innovation ?Il s’agit d’un problème séquentiel. Ceci signifie que la stratégie finale des firmes installéesdans la phase d’innovation est décidée selon leur vision des possibilités de profits générésdans la phase de consommation. Ceux-ci (<strong>les</strong> profits générés) dépendront des croyances dans<strong>les</strong> résultats possib<strong>les</strong> de l’étape d’innovation, ensuite de celle de la production <strong>et</strong> enfin desprofits associés à l’étape de consommation. Ainsi le circuit optimal est identifié à travers laméthode de l'induction à rebours (cf. infra, chapitre 3). C’est-à-dire dans notre cas, <strong>les</strong>stratégies prises par <strong>les</strong> firmes dans l’étape d’innovation sont fonctions de leurs croyancesdans <strong>les</strong> profits générés à l’étape de consommation.- 53 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Doivent-el<strong>les</strong> prendre en considération l'intégration des <strong>biotechnologies</strong> ? Quand un secteur(complexe, de surcroît) change très rapidement, <strong>les</strong> entreprises peuvent maintenir unediversité de croyances au suj<strong>et</strong> de l'évolution du secteur. Ainsi, il est normal d'observer unediversité de stratégies pratiquées, avec des processus naturels de sélection qui déterminent <strong>les</strong>stratégies <strong>et</strong> <strong>les</strong> firmes <strong>les</strong> plus adaptées à l'environnement concerné. Au début de larévolution des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, <strong>les</strong> firmes installées ont eu à choisir entre <strong>les</strong>stratégies suivantes par ordre décroissant selon leur degré d’engagement dans <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> :i. Rach<strong>et</strong>er la part du fournisseur de technologie.ii. Entreprendre la R&D liée aux <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans leurs propresunités.iii. Entreprendre la R&D en commun avec <strong>les</strong> entreprises de biotechnologie ou <strong>les</strong>laboratoires publics.iv. Ach<strong>et</strong>er une licence pour utiliser la technologie.v. Adopter une attitude d’attente (“wait and see”).Tandis que la préférence des stratégies ci-dessus (de i à v) est classée par ordre décroissant entermes de coûts à court terme, elle est par ordre croissant en terme de coûts à long terme si lafirme installée décide d'entrer dans le marché agbiotech. Les années 80 sont caractérisées parune forte incertitude concernant <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies. L’objectif est donc d’acquérir <strong>les</strong>technologies au moindre coût tout en gardant un maximum de flexibilité à long terme surtoutdans <strong>les</strong> relations avec <strong>les</strong> fournisseurs de ces technologies. Pour répondre à ces attentes, <strong>les</strong>firmes optent pour <strong>les</strong> contrats en R&D. C<strong>et</strong>te hypothèse est aussi confirmée parKalaitzandonakes <strong>et</strong> Bjornson (1997) qui ont analysé 1600 accords de R&D, joint-venture,fusions <strong>et</strong> acquisitions, participations au capital <strong>et</strong> accords de licence dans le secteuragbiotech. Ils remarquent que <strong>les</strong> stratégies dominantes adoptées pendant <strong>les</strong> années 80 sont<strong>les</strong> relations contractuel<strong>les</strong> (dans <strong>les</strong> phases d’innovation, de production <strong>et</strong> de distribution) (cf.tableau 6).- 54 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Tableau 6 : Les différents accords de collaboration pendant <strong>les</strong> années 801981-85 1986-90Fusions-acquisitions 19 115Participations au capital 24 41Accord de R&D 84 244Joint-ventures 24 77Accord de licence 6 78Source: Technology Acquisition strategies in the Agro-biotechnology industry (Kalaitzandonakes and Bjornson,1997).Tandis que la plupart des firmes suivent des proj<strong>et</strong>s à moindre risque, une firme visionnairedécide cependant de s’engager dans une stratégie à haut risque : Monsanto. Monsanto est unexemple intéressant du début du secteur agbiotech car elle constitue son point de départ.Comme l’explique Bergemann (1997) le directeur commercial des produits de coton àMonsanto, « Monsanto a poursuivi une stratégie qui lui perm<strong>et</strong> d’être aujourd’hui le leader en<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. Elle a commencé à investir en R&D dés le début des années 80. En1995, elle a présenté six produits biotechnologiques sur le marché <strong>et</strong> a eu une stratégie globalepour couvrir tout d’abord le marché américain <strong>et</strong> puis le marché européen <strong>et</strong> asiatique ». Pourcontinuer à investir dans <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> bénéficier des r<strong>et</strong>ours sur sesinvestissements, Monsanto a bénéficié d’un système de protection efficace via <strong>les</strong> brev<strong>et</strong>s <strong>et</strong>créé un positionnement stratégique sur le marché en aval pour assurer la distribution optimalede son innovation. Pour disposer d’une bonne position sur le marché d’agbiotech, Monsanto aréalisé un ensemble de contrats avec des start-ups d’agbiotech mais aussi avec des secteurscomplémentaires à ses activités comme <strong>les</strong> fabricants de logiciels d'ordinateur indispensab<strong>les</strong>au marquage génétique (gene-mapping) tels que Synteni <strong>et</strong> Incyte (cf. tableaux 7 <strong>et</strong> 8).- 55 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Tableau 7 : Les actions stratégiques de MonsantoInvestment TransactionsAgriproAgrac<strong>et</strong>usAsgrowCalgeneCoop de PauDeKalbDPLEcogenELMGene Acquisition ProgramHoldensIncyteJapan TobaccoSynteniTerrazawaZenecaSource : Bergemann (1997 : 121)Ass<strong>et</strong>s GainedStrengthened U.S. wheat seed positionTransformation capacity; bioreactor technology; cotton fibermodification; Bt (cotton, soy) FTOPropri<strong>et</strong>ary soybean germplasm and distributionPlant oil modification; produce and cotton seedIncreased stake in French wheat seedPropri<strong>et</strong>ary corn germplasm and distributionPropri<strong>et</strong>ary cotton germplasm and distributionBt gene library and gene screensPreferred technology provider relationshipMultiple enabling technologiesPropri<strong>et</strong>ary corn germplasm and distributionCorn gene sequencingJoint research in riceGene expression technology (microarrays)Brazilian soy accessBiopol, genes and associated technologiesTableau 8 : Les relations significatives de Monsanto par activitéActivitySignificant RelationshipsSecure patent positionsCalgeneAgrac<strong>et</strong>usDeKalbEnter new areasAgrac<strong>et</strong>usBiopolCalgeneInvest in 2nd-generation technology Gene Acquisition Program (> 50 deals)EcogenIncyteSynteniEnter seed businessesDeKalbTerrazawaCoop de PauDelta and Pine LandAgriproCSD/CSIROJapan Tobacco ForBioStonevilleHoldensAsgrowSource : Bergemann (1997 : 121)La raison de la prédominance des collaborations en R&D durant <strong>les</strong> années 80 par rapport àd'autres formes de collaboration semble être due au fait que c<strong>et</strong>te période a représenté lecommencement du cycle de vie de la révolution des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. Ceci signifieque deux types d'incertitude ont pesé fortement sur la formulation de la stratégie des firmes :- 56 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Incertitude technologique : <strong>les</strong> firmes installées dans <strong>les</strong> secteurs d’agrochimie <strong>et</strong> desemences n'étaient pas sûres du potentiel des <strong>biotechnologies</strong> car la science est complexe <strong>et</strong>évolue très rapidement. Comme Nelson <strong>et</strong> Winter (1977) le soulignent, <strong>les</strong> entreprises nepeuvent pas apprendre à court terme car el<strong>les</strong> sont soumises à la contrainte de la rationalitélimitée pour absorber la technologie. Autrement dit, <strong>les</strong> entreprises doivent s’adapter <strong>et</strong>acquérir de nouvel<strong>les</strong> qualifications <strong>et</strong> connaissances.Par conséquent, <strong>les</strong> relations soup<strong>les</strong> (arms-length) avec <strong>les</strong> PME comme la participation aucapital <strong>et</strong> <strong>les</strong> contrats de licence ont été des moyens pour <strong>les</strong> firmes établis de s’informer sur lanouvelle technologie. Ce type de relations perm<strong>et</strong>, d’avoir d’une part, un maximum deflexibilité dans <strong>les</strong> relations avec <strong>les</strong> fournisseurs <strong>et</strong> d’autre part, de faib<strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s à long termesur l’organisation ou la stratégie des firmes établies.Incertitude du marché : à la naissance d’un nouveau paradigme technologique, la formefinale de l’innovation (c’est-à-dire la forme que l’innovation doit prendre pour répondre aumaximum aux attentes des consommateurs) n’est pas claire. Le modèle dominant peutapparaître tardivement avec un r<strong>et</strong>ard ou (plus souvent) aboutir à un échec. Autrement dit, <strong>les</strong>firmes en amont ne connaissent pas <strong>les</strong> fournisseurs des actifs <strong>les</strong> plus adaptés au modèlegagnant.3.2.2. Evolution durant <strong>les</strong> années 90Trois dispositifs caractérisent l'évolution du secteur agbiotech dans <strong>les</strong> années 90 de lapériode précédente :• Disparition des start-ups de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> : <strong>les</strong> firmes agrochimiquesrachètent la plupart des start-ups de biotechnologie agricole (par exemple, en 1996Calgene est à la recherche de capitaux <strong>et</strong> d’un système de distribution bien établi. El<strong>les</strong>’associe alors à Monsanto. En 1997, Calgene appartient entièrement à Monsanto(Boyens, 1999)).• Entrée d'autres firmes d’agrochimie dans le marché d’agbiotech : Chataway <strong>et</strong> al.(2004) distinguent trois types d'entrée dans le secteur des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.- “Buying the channel to mark<strong>et</strong>” : c<strong>et</strong>te stratégie est suivie par <strong>les</strong> firmes commeMonsanto <strong>et</strong> Dupont, qui investissent de manière significative dans la stratégie- 57 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>d’acquisition, en ach<strong>et</strong>ant <strong>les</strong> entreprises intermédiaires dans la chaîne des valeurspour accéder aux consommateurs finaux. Ils investissent également fortement enR&D interne.- “Building technology base”: <strong>les</strong> firmes comme AgrEvo, Zeneca, Novartis,Rhône-Poulenc <strong>et</strong> Dow se concentrent plus sur la construction d’une bas<strong>et</strong>echnologique interne <strong>et</strong> moins sur le développement de leurs activités par desacquisitions sur <strong>les</strong> marchés en aval.- “Leap Froggers” : c<strong>et</strong>te stratégie fait référence aux firmes comme BASF <strong>et</strong>Bayer, qui essaient de rattraper leur r<strong>et</strong>ard à travers des transactions d<strong>et</strong>echnologie, achat de licence ou brev<strong>et</strong> plutôt que par la stratégie d’acquisitionsd’entreprises.• Restructuration du secteur de semences : <strong>les</strong> firmes agrochimiques acquièrentégalement quelques leaders en industrie de semences. Le marché des semences est unmarché segmenté en raison de la diversité des espèces végéta<strong>les</strong> <strong>et</strong> des conditionsflora<strong>les</strong> <strong>et</strong> climatiques pour chaque espèce. Il se caractérise par des situations de quasimonopo<strong>les</strong>ou d’oligopo<strong>les</strong>. Le secteur semencier est à c<strong>et</strong>te époque une cible pour <strong>les</strong>firmes agrochimiques qui veulent contrôler à la fois <strong>les</strong> outils biotechnologiques <strong>et</strong>l’accès aux meilleures variétés végéta<strong>les</strong>, déjà développées par <strong>les</strong> semenciers existants,afin d'y introduire leur technologie <strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre sur le marché c<strong>et</strong>te innovation. Shimoda(1998) note également que plusieurs entreprises acquises par <strong>les</strong> firmes agrochimiquessont ach<strong>et</strong>ées à des prix plus élevés par rapport à leur valeur du marché au moment del’achat (cf. tableau 9).- 58 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Tableau 9: Croissance spectaculaire dans <strong>les</strong> actifs financiers des semenciersDate Ach<strong>et</strong>eurs Objectif Part en %Valeur de latransaction (enmilliards dedollars)Transactionscomme unmultiple de CAactuel8/97(a) Dupont Pioneer Hi-Bred 20% 1.7 4.7x5/98(a) MonsantoDelta and PineLand100% 1.9 9.9x5/98(a) MonsantoDeKalbGen<strong>et</strong>ics60%(b) 2.5 5.3x6/98(a) MonsantoCargill Seeds(intn'l)100% 1.4 4.7x9/98(a) AgrEvoCargill Seeds(domestic)100% 0.7 6.0x10/98 Dow Agro Mycogen 31%(c) 0.8 3.8x(a) Dates reflètent <strong>les</strong> dates d’annonce d’achat.(b) Monsanto a ach<strong>et</strong>é avant 40% de DeKalb Gen<strong>et</strong>ics.(c) Dow AgroSciences a ach<strong>et</strong>é avant 69% de Mycogen.Source : Shimoda, 1998, p. 68Ce changement de stratégie est également mentionné dans l'analyse effectuée parKalaitzandonakes <strong>et</strong> Bjornson (1997) sur des accords entre <strong>les</strong> firmes dans <strong>les</strong> secteurs ayantété influencés par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.Tableau 10 : Les différents accords de collaboration pendant <strong>les</strong> années 801991-96Fusions acquisitions 274Participations au capital 47Accord de R&D 147Joint-ventures 81Accord de licence 122Source : Technology Acquisition strategies in the Agro-biotechnology industry (Kalaitzandonakes and Bjornson,1997).3.2.3. Discussion sur <strong>les</strong> raisons de l'évolution pendant <strong>les</strong> années 90La raison principale proposée par des économistes sur <strong>les</strong> vagues de consolidation, est qu'el<strong>les</strong>ont été lancées dans le but d’acquérir ou d’exercer un plus grand contrôle sur <strong>les</strong> actifscomplémentaires nécessaires pour <strong>les</strong> phases d'innovation <strong>et</strong> de production des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.- 59 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Quand une nouvelle technologie se développe <strong>et</strong> que l’arrivée de nouveaux produits estimminente, <strong>les</strong> stratégies d'organisation <strong>et</strong> de commercialisation des firmes installées sur lemarché <strong>et</strong> des firmes entrantes dépendent des paramètres qui régissent l’appropriation de larente de l’innovation. Selon Teece (1986), le degré d'appropriation de la rente d’uneinnovation, dépend de la gestion «de la concurrence horizontale» <strong>et</strong> «du contrôle vertical » dusecteur étudié.Figure 3 : Les facteurs affectant l’appropriation de la rente de l’innovationFournisseurs en amontFirme innovanteLa concurrenceHorizontaleMarchés en avalSource : Teece, 1986Un innovateur est au cœur de deux types de réseaux : un réseau de concurrence horizontale <strong>et</strong>un réseau dans lequel <strong>les</strong> firmes exercent un contrôle vertical sur la filière.• La concurrence horizontale se rapporte à des entreprises produisant des produitssubstituab<strong>les</strong> au nouveau produit. La rente de l'innovation peut être absorbée par desconcurrents dans le réseau de concurrence horizontale en fonction de deux facteurs :- La réponse des concurrents au nouveau produit. Peuvent-ils imiter <strong>et</strong> produireindépendamment l'innovation ? La réponse dépend du niveau de connaissanc<strong>et</strong>acite des concurrents <strong>et</strong> de la force du régime de la propriété intellectuelleexistant, qui contrôle la capacité des concurrents à accéder <strong>et</strong> à intégrer <strong>les</strong>connaissances codifiées correspondant à l'innovation.- L'impact sur le marché final. C<strong>et</strong> impact dépend de la nature de la concurrence(concurrence par <strong>les</strong> prix ou par <strong>les</strong> quantités <strong>et</strong> du nombre de concurrents sur lemarché) ainsi que des paramètres de la demande sur le marché.- 60 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>• Le contrôle vertical renvoie au degré de contrôle sur le prix <strong>et</strong> la quantité qu’une firmeinnovante peut avoir le long de la chaîne des valeurs vertica<strong>les</strong>. D’un côté, on trouve uncontrat avec des fournisseurs en amont pour obtenir des inputs nécessaires à son étapede production. De l’autre côté, on a un contrat avec des firmes plus en aval pour serapprocher du marché final. La firme peut aussi vendre directement sur le marché final.Le contrôle vertical pour une firme fait référence à l'accès aux actifs complémentairesdans le but de maximiser sa part de profit généré dans le marché final. On peut accéder àces actifs soit par des transactions directes sur le marché soit par l’augmentation ducontrôle vertical. Selon Teece (1986), si <strong>les</strong> actifs complémentaires sont génériques, ausens où il y a plusieurs producteurs de c<strong>et</strong> actif <strong>et</strong> sont vendus sur le marché en libreaccès (open mark<strong>et</strong>), c’est le marché qui détermine la distribution de la rente del’innovation le long de la chaîne des valeurs. Par contre si <strong>les</strong> actifs complémentairessont spécialisés, au sens où il y a un seul ou quelques producteurs <strong>et</strong> que <strong>les</strong> actifs nesont pas disponib<strong>les</strong> sur le marché, il y a un risque que le propriétaire de ces actifscapture une grande partie de la rente de l'innovation. Dans ce cas, l'innovateur pourraitlancer des alliances ou des acquisitions des firmes concernées le long de la chaîneverticale.Maintenant appliquons c<strong>et</strong>te logique au cas des consolidations qu’a connu le secteuragbiotech. Pourquoi y a-t-il eu des acquisitions de PME d’agbiotech ?Dans ce cadre théorique, quatre arguments peuvent expliquer la consolidation dans le secteuragbiotech.• La brand loyalty des firmes agrochimiques existantes : sur <strong>les</strong> marchés despesticides <strong>et</strong> des semences, la brand loyalty constitue un actif complémentairespécifique possédé par <strong>les</strong> multinationa<strong>les</strong> d’agrochimie <strong>et</strong> l’industrie des semences.Une PME de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> peut être démantelée si elle décide «d’allerseule» à l’étape de production. Une situation gagnant-gagnant peut apparaître chaquefois qu'une PME de biotechnologie agricole est ach<strong>et</strong>ée par une firme agrochimique.- 61 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>• Le coût de commercialisation <strong>et</strong> l'imperfection des marchés financiers : leprocessus de transformation de la recherche de laboratoire en produits est long, incertain<strong>et</strong> coûteux. Calgene, par exemple, a mis quatre ans avant d’obtenir l’autorisation de laFDA 27 pour commercialiser sa tomate biotechnologique (Flavr Savr). Si <strong>les</strong> marchésfinanciers fonctionnaient parfaitement, n'importe quel proj<strong>et</strong> avec des gains espéréspositifs devrait trouver un prêteur. Cependant, ce scénario ne correspond pas à la réalité,qui oblige <strong>les</strong> PME de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> à accepter d’abord l'offre d’acquisition<strong>et</strong> poser des questions plus tard (Kalaitzandonakes, 1998).• Les économies de champs dans la demande : Just <strong>et</strong> Hu<strong>et</strong>h (1993) expliquent <strong>et</strong>montrent à travers un modèle de théorie des jeux, que <strong>les</strong> économies de champs dans lademande se produisent quand la vente de deux produits ou plus peut être combinée pouratteindre un bénéfice n<strong>et</strong> plus important avec des coûts de production donnés. Ilsemploient ce raisonnement pour prouver que, lorsque <strong>les</strong> entreprises de <strong>biotechnologies</strong>produisent des produits comme <strong>les</strong> plantes résistantes aux pesticides, il est dans l'intérêtdes producteurs de pesticides d’ach<strong>et</strong>er ces entreprises car <strong>les</strong> deux produits sontcomplémentaires. La consolidation augmente le bénéfice des producteurs de pesticides.• La gestion optimale des produits complémentaires <strong>et</strong> des produits substituab<strong>les</strong>réalisés par des firmes agbiotech : selon Shimoda (1998), ces firmes ont été motivéespar des raisons à la fois « offensives » <strong>et</strong> « défensives ». En ce qui concerne la stratégieoffensive, il s’agit de réduire la concurrence dans le secteur agbiotech, en ach<strong>et</strong>ant <strong>les</strong>entreprises qui génèrent des innovations pouvant être des substituts aux produits desfirmes agrochimique (par exemple <strong>les</strong> plantes produisant leurs propres insecticides quisont des substituts aux insecticides chimiques). Pour la stratégie défensive, il s’agit decontrôler <strong>les</strong> innovations qui peuvent être des compléments aux produits agrochimiquesafin de s’approprier la rente de l'innovation. Par exemple, en rach<strong>et</strong>ant la part d'uneentreprise en agbiotech qui produit <strong>les</strong> plantes qui sont résistantes à un pesticideparticulier, la firme agrochimique peut pratiquer la stratégie des ventes liées en vendantla plante résistante au pesticide <strong>et</strong> le pesticide correspondant aux agriculteurs, ce quiaugmente ses profits.27 La FDA après quatre années d’études <strong>et</strong> d’audiences a finalement autorisé, le 15 Mai 1994, la tomate FlavrSavr. Le long débat sur <strong>les</strong> risques éventuels <strong>et</strong> sur l’aspect éthique auquel se sont ajoutés des problèmes dedistribution a ruiné financièrement Calgene. En 1994, Calgene a demandé au Royaume-Unis d’approuver satomate mais c<strong>et</strong>te approbation a pris plus d’un an à venir (Boyens, 1999).- 62 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> Pourquoi y a-t-il eu des acquisitions d’entreprises de semences ?Pour répondre à c<strong>et</strong>te question, on avance deux types de raisonnements.• Les coûts élevés de transaction dans des marchés de technologie <strong>et</strong> la plus fortecomplémentarité d’actifs. Dans un univers marqué par l’incertitude, pourcommercialiser des variétés biotechnologiques un accord de coopération est nécessaireavec <strong>les</strong> semenciers pour, d’une part faire face aux aléas du marché <strong>et</strong> d’autre part faireface à la rigidité des réglementations concernant le domaine du vivant. Le but de c<strong>et</strong>tecollaboration est le croisement des plantes biotechnologiques qui possèdent descaractéristiques génétiques, avec des semences qui possèdent des caractéristiquesagronomiques spécifiques pour chaque région, dans l’objectif de créer une nouvellevariété possédant <strong>les</strong> deux types de caractéristiques. Il s’agit des semencesbiotechnologiques ou semences génétiquement modifiées (SGM). Autrement dit <strong>les</strong>firmes agbiotech cherchent à intégrer leurs traits génétiques dans des meilleures plantes,ce qui <strong>les</strong> rendent intéressantes pour <strong>les</strong> agriculteurs.Dans un tel contexte, <strong>les</strong> firmes agbiotech cherchent à avoir un meilleur accès aux actifsdes semenciers. En eff<strong>et</strong>, l’appropriation de la rente pour <strong>les</strong> firmes agbiotech augmenteavec l’accroissement du contrôle vertical. Pour exercer le maximum de contrôle verticalsur <strong>les</strong> semenciers, il est optimal d’ach<strong>et</strong>er <strong>les</strong> entreprises el<strong>les</strong>-mêmes plutôt qued’ach<strong>et</strong>er <strong>les</strong> actifs complémentaires (patrimoine génétique). Les firmes agbiotech ayanteu des capacités de paiement <strong>et</strong> des enjeux dans la commercialisation des OGM ontchoisi d’ach<strong>et</strong>er <strong>les</strong> semenciers (Kalaitzandonakes <strong>et</strong> Bjornson, 1997).C<strong>et</strong>te argumentation est également confirmée par le modèle proposé par Johnson <strong>et</strong>Melkonyan (2003) impliquant deux firmes en concurrence dans l’étape de l'innovation.Les firmes décident d'abord d'une répartition des droits de propriété, puis <strong>les</strong> managersdes deux firmes choisissent leur investissement. Les deux managers choisissent desactions qui ne peuvent pas faire l’obj<strong>et</strong> d’un contrat ex-ante mais qui affectentl’attribution ex-post des profits. Leur résultat principal prouve que, lorsque lasubstituabilité ou la complémentarité des investissements des deux firmes est faible, <strong>les</strong>transactions sur le marché de technologie sans consolidation sont optima<strong>les</strong>. Cependant,quand la substituabilité ou la complémentarité des investissements des deux firmes estélevée, il est préférable pour la firme qui a une part plus élevée de la rente del'innovation d’ach<strong>et</strong>er l'autre.- 63 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>• L’inefficacité des marchés de technologie : afin de commercialiser une nouvellevariété biotechnologique, un certain nombre d'actifs complémentaires sont nécessaires.Soit par exemple :Les outils nécessaires pour la transformation des plantesLes gènesLes plantes possédant un meilleur patrimoine génétique pour une régionspécifiqueToutes ces technologies sont brev<strong>et</strong>ées aux Etats-Unis <strong>et</strong> sont en théorie disponib<strong>les</strong> sur<strong>les</strong> marchés de technologie (c’est-à-dire que toutes <strong>les</strong> technologies sont disponib<strong>les</strong>moyennant un prix). Cependant, <strong>les</strong> marchés de technologie ne sont pas efficaces <strong>et</strong>parfois <strong>les</strong> prix ne reflètent pas la valeur de transfert. Par conséquent, la consolidation sem<strong>et</strong> en place pour acquérir la propriété intellectuelle nécessaire pour lacommercialisation. Graff <strong>et</strong> al. (2003) ont testé c<strong>et</strong>te hypothèse en utilisant des donnéesdisponib<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> brev<strong>et</strong>s. En eff<strong>et</strong>, si <strong>les</strong> consolidations sont motivées par l'accès à laconnaissance ou à des nouvel<strong>les</strong> compétences technologiques, alors la base deconnaissances de la firme cible devrait montrer une plus grande diversification plutôtqu'une spécialisation. Les auteurs confirment ce résultat en étudiant <strong>les</strong> différences dans<strong>les</strong> stocks de brev<strong>et</strong>s d'un ensemble d’entreprises agrochimiques de 1975 à 1998.3.3. Le marché aujourd’huiActuellement, le secteur agbiotech est dominé par six firmes qui représentent plus de 76% desventes tota<strong>les</strong> de l’industrie agbiotech : Monsanto (E-U), Dupont (E-U), DowAgrosciences(E-U), Bayer CropScience (après l’achat d’Aventis CropScience par Bayer), BASF(Allemagne) <strong>et</strong> Syngenta (Suisse), comme l’attestent <strong>les</strong> données d’"Agrow Reports" (2002,p. 27). Ces firmes sont spécialisées entièrement dans <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, <strong>les</strong>pesticides <strong>et</strong> <strong>les</strong> semences (Monsanto, Syngenta), ou bien ont développés des filia<strong>les</strong>spécialisées pour couvrir ces domaines (Dupont Agriculture & Nutrition, BASF PlantScience, Bayer CropScience (la partie de Bayer spécialisée dans <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong>)). En terme d’investissements en R&D, ces firmes dépensent entre 10% <strong>et</strong> 12% deleur chiffre d’affaires (cf. tableau 11). La part de la R&D consacrée spécifiquement aux<strong>biotechnologies</strong> varie de manière importante selon le degré de spécialisation de la firme. Ainsi85% de la R&D de Monsanto est consacrée à la R&D en biotechnologie, contre 65% pour- 64 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Dupont <strong>et</strong> moins d’un tiers pour toutes <strong>les</strong> autres firmes. En tout état de cause, Monsanto estl’entreprise qui investit le plus en R&D dans le domaine des <strong>biotechnologies</strong> avec un volumede dépenses de 500 millions de dollars (cf. tableau 12).Tableau 11 : Les dépenses en R&D des six firmes leaders en agbiotech en 2000Source : Agrow Reports, 2002.Dépenses en R&D En % du CA en ($)Dow Agro (Etats-Unis) 12.0Syngenta (Suisse) 10.9Monsanto (Etats-Unis) 10.7Bayer C.S (Allemagne) 11.6BASF (Allemagne) 11.0Dupont (Etats-Unis) 10.0Tableau 12 : Les dépenses en R&D des six firmes leaders en agbiotech (en millions dedollars) en 2005Dépenses en R&DDépenses total en R&DDépenses en R&D sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>Dow Agro (Etats-Unis) 303 100 (33%)Syngenta (Suisse) 822 313 (38%)Monsanto (Etats-Unis) 588 500 (85%)Bayer C.S (Allemagne) 825 144 (17%)BASF (Allemagne) 377 83 (22%)Dupont (Etats-Unis) 588 382 (65%)Source : Agrow Magazine, issue 5-July, 2006 28Par ailleurs, plus de 65% des brev<strong>et</strong>s en Bt sont entre <strong>les</strong> mains de ces six firmes (De Janvry<strong>et</strong> al., 1999). Ces mêmes firmes ont exploité 41% des brev<strong>et</strong>s de maïs jusqu'à 1996, 53% desbrev<strong>et</strong>s de soja jusqu’à 1998, 77% des brev<strong>et</strong>s de tomate jusqu’en juin 1997 (Fulton <strong>et</strong>Giannakas, 2001). Les firmes agbiotech qui ont investi dans <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, ontréalisé que la commercialisation de leur technologie passe forcément par <strong>les</strong> semenciers(Kloppenberg, 1988). C'est ainsi que <strong>les</strong> semenciers sont devenus une cible majeure pour desstratégies d'alliances <strong>et</strong> d'acquisitions.28 Disponible sur le site d’Agrow Magazine : www.agrowmag.com .- 65 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>En 2005, la valeur du marché mondial des plantes biotechnologiques, estimée par Cropnosis,est de 5,25 milliards de dollars dont 34,02 millions de dollars sont attribués aux dépenses enproduits phytosanitaires (James, 2005). Ce marché est réparti entre 2,42 milliards de dollarspour le soja biotechnologique, 1,91 milliards de dollars pour le maïs biotechnologique, 0,72milliards de dollars pour le coton biotechnologique <strong>et</strong> 0,20 milliard de dollars pour le colzabiotechnologique (cf. graphique 4).Figure 4 : La valeur du marché des principa<strong>les</strong> semences biotechnologiques en 20054%14%36%46%sojamaïscotoncolzaSource : ISAAA reports, 2005 (James).La valeur du marché des plantes biotechnologiques au niveau mondial est basée sur le prix devente des semences biotechnologiques, auquel on ajoute tous <strong>les</strong> honoraires de la technologie.La valeur globale cumulée pour la période de 10 ans, de 1996 à 2005, est estimée à 29,3milliards de dollars (cf. annexe 4). C<strong>et</strong>te valeur est estimée à plus de 5,5 milliards de dollarspour 2006.Pour conserver leur place sur le marché, <strong>les</strong> semenciers sont obligés d’investir en<strong>biotechnologies</strong>, certes moins que <strong>les</strong> firmes agbiotech. À titre d'exemple, le semencier KWSa investi 50 millions d'euros en RD, soit 15% de son CA (Bijman, 2001). En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong>semenciers ont besoin d'avoir leur propre expertise en biotechnologie qui est essentielle pour<strong>les</strong> activités de croisement des plantes futures. C<strong>et</strong>te expertise perm<strong>et</strong>tra de limiter ladépendance des semenciers vis-à-vis des firmes agbiotech (Renkoski, 1997). Autrement dit,c<strong>et</strong>te option technologique leur perm<strong>et</strong>tra d’augmenter leurs profits, à partir d’une maîtriseplus grande des caractéristiques agronomiques <strong>et</strong> des conditions climatiques des différentesrégions, <strong>et</strong> de faire face à une concurrence potentielle sans cesse croissante. Toutes <strong>les</strong>- 66 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>entreprises semencières utilisent actuellement certaines techniques de biotechnologie commele marquage moléculaire <strong>et</strong> cellulaire. Le groupe coopératif Limagrain, par exemple, a créé en1997 Biogemma (joint-venture de R&D) en collaboration avec Pau Euralis, Sofiprotéol <strong>et</strong>Unigrain, dans le but d’être en position de négocier avec <strong>les</strong> multinationa<strong>les</strong> d’agbiotech,comme Monsanto.Actuellement, <strong>les</strong> plus grands semenciers au niveau mondial sont des firmes agbiotech commeMonsanto <strong>et</strong> Syngenta (cf. tableau 13).Tableau 13 : Les 10 premiers semenciers dans l'industrie des semences en 1999Les entreprises de semences Ventes des semences en millions de $Pioneer Hi-Bread (USA) 1,850Monsanto (USA) 1,700Syngenta (Suisse) 947Limagrain (France) 700Seminis (USA) 531Advanta (Hollandes) 416Sakata (Japon) 396KWS (Allemagne) 355Dow AgroSciences (USA) 350Delta & Pine Land (USA) 301Source : Bijman <strong>et</strong> Joly, 2001Les deux industries (agbiotech <strong>et</strong> semences) sont différentes, mais complémentaires. Lesfirmes agbiotech se focalisent sur la recherche en biotechnologie <strong>et</strong> la production industrielleà une large échelle. Les semenciers se caractérisent par leur savoir-faire dans l'agriculture <strong>et</strong>des innovations basées sur l’expérience (Bijman <strong>et</strong> Joly, 2001). Les différences entre ces deuxacteurs résultent de l'histoire de la firme, du portefeuille de produit dont elle dispose, de sonorganisation interne <strong>et</strong> de son marché. Ces différences influencent en partie le mode decollaboration entre ces deux acteurs de la chaîne agroalimentaire.Parallèlement à ce succès, il existe néanmoins des problèmes qui freinent en partie lacroissance de c<strong>et</strong>te industrie (McElroy, 2003) :• Un moindre investissement par le capital-risque : McElroy explique que, bien que<strong>les</strong> innovations issues des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> soient aussi révolutionnaires quecel<strong>les</strong> issues des <strong>biotechnologies</strong> pharmaceutiques, <strong>les</strong> bénéfices sont beaucoup plusfaib<strong>les</strong> <strong>et</strong> donc beaucoup moins attrayants pour <strong>les</strong> sociétés de capital-risque : “In- 67 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>contrast to healthcare and medicine, agriculture is perceived to be low tech, lowmargin, low cach<strong>et</strong> business” (McElroy, 2003).• L’acceptation des consommateurs : tandis que <strong>les</strong> consommateurs sont disposés àconsommer des médicaments issus des <strong>biotechnologies</strong>, à condition qu’ils leurperm<strong>et</strong>tent un regain de santé, ils sont plus réticents à consommer quotidiennement desaliments produits d'une manière différente des procédés standard existants. Ceci aaugmenté <strong>les</strong> actions des groupements de consommateurs qui militent activement contrel'intégration des variétés biotechnologiques dans l'industrie alimentaire.• La position européenne : au sein des pays développés, il n'existe pas de consensussur l'intégration des <strong>biotechnologies</strong> dans l’alimentation. L'Europe reste extrêmementhésitante par rapport aux Etats-Unis. Le futur des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> seradéterminé par l'évolution de ce secteur dans des économies émergentes en Amériquelatine <strong>et</strong> en Asie.• Les questions concernant la consolidation : <strong>les</strong> divers segments du secteur agbiotechévoluent vers une concentration plus élevée. La consolidation continue à être la règleactuelle. Il est démontré qu'une concentration trop élevée conduit à une baissed’incitations à la création d'innovations pour des firmes installées <strong>et</strong> augmente <strong>les</strong>barrières à l’entrée pour <strong>les</strong> firmes entrantes.3.4. Etude de cas de Monsanto, leader en agbiotechMonsanto a été fondée à St Louis aux Etats-Unis en 1901 par John Francis Queeny, <strong>et</strong> sonpremier produit, la saccharine, a été vendu plus tard à l’entreprise Coca-cola. Au début desannées 60, elle a fabriqué une variété de produits chimiques <strong>et</strong> des plastiques. Pendant <strong>les</strong>années 60, Monsanto a intégré le secteur pharmaceutique <strong>et</strong> des additifs ainsi que celui desproduits agrico<strong>les</strong> à son portefeuille de produits. Au début des années 70, Monsanto aintroduit sur le marché un produit contrôlant <strong>les</strong> mauvaises herbes - le Round up - qui contientun élément actif le glyphosate (cf. encadré 1). Lorsque le brev<strong>et</strong> sur le glyphosate a expiré surtous <strong>les</strong> marchés internationaux, Monsanto a lutté contre <strong>les</strong> produits génériques duglyphosate par une prolongation de ses unités de fabrication <strong>et</strong> de distribution en Amériquelatine <strong>et</strong> en Asie. Le Round-Up constitue jusqu'à présent un point fort de la firme, un sixièmedes ventes annuel<strong>les</strong> de l'entreprise (Inf’ogm, février 2003).- 68 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Encadré 1 : Glyphosate, Round up <strong>et</strong> plantes Roundup ReadyLe glyphosate est constitué d’une des matières actives <strong>les</strong> plus utilisées au monde. C<strong>et</strong>te molécule estun herbicide non sélectif à large spectre destiné à tuer toutes <strong>les</strong> plantes (à destination alimentaire <strong>et</strong>non alimentaires). En France, sur <strong>les</strong> 15 millions de litres utilisés, 10 000 tonnes l’ont été en 1999 par<strong>les</strong> gestionnaires privés d’infrastructures autoroutières, <strong>les</strong> services départementaux <strong>et</strong> communaux(routes <strong>et</strong> espaces verts), <strong>les</strong> jardiniers amateurs, <strong>les</strong> golfs, <strong>les</strong> Voies Navigab<strong>les</strong> de France, <strong>et</strong>c. Unefois appliqué à des taux inférieurs, il sert de régulateur de croissance de plantes.Pour agir, le glyphosate doit pénétrer dans la "mauvaise" herbe par <strong>les</strong> parties vertes (en général par<strong>les</strong> feuil<strong>les</strong>). Il est ensuite transporté par la sève dans toute la plante (des feuil<strong>les</strong> aux racines)jusqu’aux organes de croissance. C’est à ce niveau qu’il va inhiber la synthèse des acides aminésnécessaires à l’élaboration des cellu<strong>les</strong>. Le brev<strong>et</strong> du glyphosate date de 1969 <strong>et</strong> la commercialisationde 1975. Il est généralement vendu sous forme de la préparation commerciale Round Up (deMonsanto).Le Round Up est une combinaison de glyphosate <strong>et</strong> d'autres produits chimiques comprenant lepolyoxyéthylenéamine, un agent tensioactif (détergent), qui favorise la propagation des gouttel<strong>et</strong>tespulvérisées sur <strong>les</strong> feuil<strong>les</strong> des plantes.L'utilisation du Round-Up s’est répandue, particulièrement dans <strong>les</strong> pays où on cultive des plantesbiotechnologiques tolérantes à c<strong>et</strong> herbicide mises au point par Monsanto, appelées plantes RoundupReady. En eff<strong>et</strong>, une plante Roundup Ready est une plante biotechnologique capable de résister à c<strong>et</strong>teaction du glyphosate sur <strong>les</strong> plantes vertes. Ainsi, un champ de plantes Roundup Ready pourra êtr<strong>et</strong>raité avec de l’herbicide Round Up sans que la culture soit atteinte.3.4.1. Monsanto, une entreprise pionnière qui a pris des risquesMonsanto a été la seule grande firme qui a pris des mesures importantes face à l'incertain <strong>et</strong> adécidé d’établir une base de connaissance en <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> par l’investissement enR&D interne, des stratégies de collaborations externes mais aussi par des acquisitions pendant<strong>les</strong> années 70. C'est une décision qui a eu des eff<strong>et</strong>s d'ondulation dans toute la chaîned'approvisionnements de l'agriculture.Comme Chataway <strong>et</strong> al. (2004) l’expliquent, l’entreprise Monsanto a démarré avec une bas<strong>et</strong>echnologique très limitée. Son premier produit biotechnologique était le BST ou BovineSomatotrophin, qui une fois injecté dans du bétail augmente leur rendement de lait.Cependant, le produit n'a pas été un succès commercial dans <strong>les</strong> pays développés, <strong>et</strong>- 69 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>particulièrement en Europe, en raison des excédents de production de lait <strong>et</strong> des débatsexistants sur le risque lié à la consommation indirecte du BST à travers la consommation dulait.Néanmoins, l’intégration des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans d'autres activités de Monsanto, àsavoir <strong>les</strong> marchés d’agrochimie <strong>et</strong> de semences, est un succès. La firme a pris possessiond’un marché significatif d'herbicides avec ses produits basés sur le glyphosate. Elle aégalement investi dans le développement des plantes résistantes aux insectes, basées sur <strong>les</strong>gènes Bt. Les premières innovations en <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> introduites dans le marchéont été une série de variétés de plantes "Roundup Ready" perm<strong>et</strong>tant aux agriculteurs deréaliser des économies sur <strong>les</strong> produits phytosanitaires <strong>et</strong> sur <strong>les</strong> coûts liés à la charge dutravail. Les variétés résistantes au Round Up ont été développées pour le coton, le soja, lecolza <strong>et</strong> la b<strong>et</strong>terave à sucre. L'Union Européenne <strong>et</strong> le Japon ont accordé le droit d'importerces variétés. Monsanto a été le premier à introduire toute une gamme de produitsbiotechnologiques sur le marché mondial comme New Leaf, Coton Bollgard, des fèves de soja<strong>et</strong> du colza Roundup Ready. Elle a également introduit la seconde génération de produitsbiotechnologiques avec des caractéristiques très développés comme par exemple le colza <strong>et</strong> <strong>les</strong>oja à faible teneur en cho<strong>les</strong>térol.3.4.2. Quel<strong>les</strong> étaient ou quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> stratégies de Monsanto pour maintenir son avantageconcurrentiel ?Il existe quatre stratégies indispensab<strong>les</strong> qui ont été poursuivies par Monsanto <strong>et</strong> continuentde l’être : l’investissement en R&D, <strong>les</strong> acquisitions, la restructuration <strong>et</strong> la stratégie de venteliée (Bundling).• La R&D interne : pour bénéficier des avantages du first mover en biotechnologie, aucours des 15 dernières années, Monsanto a dépensé plus de 500 millions de dollars enrecherche dans <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. C<strong>et</strong> investissement a été possibleprincipalement grâce aux bénéfices enregistrés par le Round-Up (www.Monsanto.com).• Les acquisitions : afin de commercialiser sa recherche en matière de biotechnologie,Monsanto a besoin de l'accès aux meilleures variétés de plantes disponib<strong>les</strong>. Dépendantde la structure du marché de semences pour chaque culture, Monsanto est amené àchoisir entre différentes formes de contrats de collaboration avec <strong>les</strong> semenciers locaux.Soit elle vend des licences aux semenciers, soit elle intègre verticalement la filière par- 70 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>l’acquisition ou la prise de participation dans des entreprises semencières (voir tableau14).Tableau 14 : Les différentes formes de collaborations entre Monsanto <strong>et</strong> certainssemenciers 29Année Joint-venture Acquisition Licence Filiale1995-D&M International(États-Unis)1996-Monsoy Fondation Seeds(Brésil)199719981999-CDM Mandiyu(Argentine)-Hebei Ji Dai CottonSeed TechnologyCompany (Chine)-Mahyco MonsantoBiotech (Inde)-Parry Monsanto Seeds(Inde)-Holden’s Foundation SeedsInc (États-Unis)-Sementes Agroceres(Brésil)-Delta and Pine Land-D&PL Company(États-Unis)-Cargill (États-Unis)-First Line Seeds (Canada)-Plant BreedingInternational Cambridge(R.U)-Garst Seed (États-Unis)-Pioneer Hi-BredInternational(États-Unis)-Strategic Diagnostic Inc(États-Unis)-Asgrow(États-Unis)-DeKalb(États-Unis)-MonsantoAgricultureLtd.(Afriquedu Sud)-Monsanto2001Canada Seeds(Canada)Lecture:Cargill Seeds : Monsanto a ach<strong>et</strong>é certaines opérations de Cargill fonctionnant en Asie, en Afrique, enAmérique centrale, en Amérique du Sud <strong>et</strong> en Europe (à l'exception du R-U). Monsanto a payé 1.4 milliardsde dollars pour Cargill semences en tant qu'élément de sa stratégie pour diffuser rapidement l'utilisation de sessemences biotechnologiques dans le monde entier.Dekalb Gen<strong>et</strong>ics : il s’agit d’une entreprise spécialisée dans la génétique végétale acquise pour 2.3 milliardsde dollars. Elle représente environ 11% du marché des semences de maïs aux Etats-Unis, elle est la 2ème aprèsPioneer Hi-Bred. DEKALB a indépendamment commercialisé la technologie de Monsanto.First Line Seed : entreprise spécialisée principalement dans la vente des semences de Soja qui produit desvariétés Roundup Ready. Son principal partenaire est Asgrow. C'est Monsanto Canada qui possède la part laplus importante du capital de First Line SeedPlant Breeding International (PBI) Cambridge : entreprise britannique de recherche agricole, initialementpublique. Acquise à Unilever pour environ 525 millions de dollars.Asgrow : société de production <strong>et</strong> de commercialisation des semences, ach<strong>et</strong>ée pour développer <strong>les</strong> ventes dessemences de Monsanto particulièrement le soja Roundup Ready.Holden's Foundation Seeds Inc. : entreprise américaine de semences qui a été ach<strong>et</strong>ée par Monsanto pourune valeur de 1 milliard de dollars dans le but de développer la production de semences <strong>et</strong> d’étendre le réseaude distribution de Monsanto.Sementes Agroceres : la principale entreprise de semences de maïs en Brésil. Elle accapare 30% du marchébrésilien.Monsoy Fondation Seeds : <strong>les</strong> plus grands fournisseurs de soja au Brésil.29 Ce tableau est constitué à partir d’une collecte de données sur Intern<strong>et</strong>, Agrow Report, 1999, 2002 <strong>et</strong> diversartic<strong>les</strong> de la littérature économique disponib<strong>les</strong> dans le JEL (cf. bibliographie).- 71 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Au début des années 90, Monsanto pratique la stratégie de licence pour commercialisersa technologie. Dans la deuxième moitié des années 90, elle lance une grande vague defusions <strong>et</strong> d’acquisitions avec le secteur de semences aux Etats-Unis, en ach<strong>et</strong>ant tout oupartie des principa<strong>les</strong> entreprises de semences comme "Américain Cynamid","Agrac<strong>et</strong>us", "Asgrow", "Calgene", "DeKalb", "Holden’s Foundations Seeds", à des prixtrès élevés (Bijman, 2001). La majorité des semenciers ach<strong>et</strong>és par Monsanto sont alorsfortement présents sur le marché des semences de maïs <strong>et</strong> du soja. Les premièrescaractéristiques génétiques sont développées pour ces deux produits. C<strong>et</strong>te vague defusions <strong>et</strong> d’acquisitions n’a pas exclu la stratégie de licence (Hayenga, 1998).Monsanto continue de proposer sous licence sa technologie à des semenciersindépendants comme Pionner.• La restructuration : convaincue que <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> sont prom<strong>et</strong>teuses,Monsanto a regroupé ses activités en chimie dans une nouvelle firme, Solutia. Lesactivités restantes, à savoir <strong>les</strong> produits pharmaceutiques, agroalimentaires <strong>et</strong> <strong>les</strong>ingrédients alimentaires, ont été regroupées dans une nouvelle entreprise "Monsantoscience de la vie".En eff<strong>et</strong>, la stratégie de science de la vie fait référence aux stratégies de consolidationdes multinationa<strong>les</strong> (MNC) dans des secteurs différents (agroalimentaire, chimie,pharmacie). Ces MNC ont la croyance commune que <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> forment labase de connaissance nécessaire pour créer des innovations dans leurs divers secteursd’activités. D’autres firmes, tout au long de la deuxième moitié des années 90 ont suivic<strong>et</strong>te stratégie comme Novartis, Zeneca <strong>et</strong> Aventis. Parmi <strong>les</strong> raisons d’une tel<strong>les</strong>tratégie de consolidation, on note :- Certains brev<strong>et</strong>s sont venus à expiration laissant ainsi la possibilité à <strong>les</strong>exploiter. C’est c<strong>et</strong>te raison qui a poussé, entre autre, Astra à se regrouper avecZeneca.- La consolidation est nécessaire pour des efforts de vente à grande échelle. Lebesoin de construire un pouvoir de marché aux Etats-Unis a donné naissance àAventis, fusion entre Hoechst <strong>et</strong> Rhône-Poulenc.- Le besoin de réaliser des économies d’échelle en R&D.- 72 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Les MNC ont vu s'amplifier leur marché toutefois à cause de la concurrence dans lapartie pharmaceutique liée aux différents regroupements entre <strong>les</strong> leaders 30 (stratégie deconsolidation) <strong>et</strong> <strong>les</strong> écarts de taux de rentabilité des investissements entre <strong>les</strong> deuxtypes d’activités (pharmacie <strong>et</strong> agrochimie). Ces firmes ont été contraintes de serecentrer sur un métier en vendant soit la partie pharmacie (Dupont, BASF), soit lapartie Agrochimie (Novaris, Zeneca, pharmacia, Aventis). Ces changements structurelsdans <strong>les</strong> Life Science Company, (LSC) ont conduit à une séparation entre <strong>les</strong> activitéspharmaceutiques <strong>et</strong> agroalimentaires-semences, <strong>et</strong> par conséquent à la création degrands géants en agbiotech (Bijman, 1999).• Les ventes liées (product Bundling) : <strong>les</strong> ventes liées se rapportent à la vente d’unensemble de deux produits ou plus, de sorte que le consommateur est obligé d’ach<strong>et</strong>er lepaqu<strong>et</strong> composé des deux produits plutôt que de <strong>les</strong> ach<strong>et</strong>er séparément. La stratégie devente liée de l'herbicide <strong>et</strong> de la semence qui y résiste se situe au niveau du packaging(au plan physique même).Hennessy <strong>et</strong> Hayes (2000) précisent que Monsanto a eu d'autres options. Elle a suivi unestratégie mixte en pratiquant une certaine segmentation du marché, c’est-à-dire lebundling avec certains clients <strong>et</strong> la vente des produits séparément à d'autres. Ilsexpliquent que la stratégie de Monsanto a été basée sur sa perception des marchés dans<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> elle opère. Si Monsanto s’aperçoit que la concurrence sur le marché desherbicides <strong>et</strong> des semences est faible (ou son pouvoir de marché est élevé), elle nepoursuit pas la stratégie de bundling. Si Monsanto a un monopole sur le marché dessemences (avec des plantes Roundup Ready) <strong>et</strong> si elle peut, en même temps, contrôler<strong>les</strong> ventes sur le marché d'herbicides, la stratégie de bundling est celle qui maximise sesprofits. Les auteurs précisent que c<strong>et</strong>te deuxième stratégie a existé seulement pendant <strong>les</strong>années 90. Après l’an 2000, Monsanto a fait face à une situation oligopolistique sur lemarché de semences, due à la consolidation massive sur ce marché.Sur un marché de semences, avec une concurrence par <strong>les</strong> prix, <strong>et</strong> avec certainssemenciers qui ont adopté <strong>les</strong> semences biotechnologiques, <strong>les</strong> auteurs proposent que lastratégie de bundling est le moyen pour que Monsanto différencie ses produits parrapport à ses concurrents.30 Par exemple Glaxo Welcome <strong>et</strong> Smith KlineBeecham (Lemarié, 2002).- 73 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>ConclusionDans ce chapitre nous avons étudié deux aspects de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> : technique <strong>et</strong>économique. Ces deux aspects nous ont permis de comprendre la dynamique du secteuragbiotech. Nous avons comparé <strong>les</strong> techniques traditionnel<strong>les</strong> avec le génie génétique en cequi concerne la création de nouvel<strong>les</strong> variétés de plantes. Nous avons confirmé donc que <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> ont représenté une véritable révolution technologique, puisqu’à la différencedes méthodes précédentes, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> ont facilité l’introduction de gènes particuliersde façon plus précise, rapide <strong>et</strong> efficace.Dans l’approche néoclassique, modéliser le fonctionnement d’un secteur revient à identifierl’offre <strong>et</strong> la demande des produits comme fonction du prix sur le marché, tel que l’état d’unéquilibre se réfère au prix qui égalise l’offre <strong>et</strong> la demande. En même temps, depuis le débutde la science économique, plusieurs auteurs ont proposé des modè<strong>les</strong> alternatifs à c<strong>et</strong>teapproche néoclassique. Un de ces auteurs est Von Weizsäcker (1984) qui considère lefonctionnement d’un secteur comme une séquence d’activités bien ordonnées, afin decomprendre <strong>les</strong> interdépendances entre <strong>les</strong> activités des différents secteurs par desmécanismes autres que <strong>les</strong> prix.Suivant l'approche de Weizsäcker, le secteur agbiotech peut être vu comme une séquenceordonnée sous forme d’une chaîne verticale de marchés : d’abord il y a le marchéd’innovation <strong>et</strong> de technologie, suivi par <strong>les</strong> marchés de production <strong>et</strong> enfin le marché deconsommation. Dans la phase d’innovation, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> ont représenté unensemble de techniques avec un grand potentiel pour créer des innovations dans <strong>les</strong> secteursdes semences <strong>et</strong> de l’agrochimie.Une des caractéristiques spécifiques au secteur agbiotech est que dans la phase de productionil n’existe pas un seul marché mais deux marchés complémentaires : un marché pour <strong>les</strong>produits agrochimiques <strong>et</strong> un marché pour <strong>les</strong> semences. Ce sont des biens complémentairesutilisés par le consommateur final ou par l’agriculteur. Dans le cadre des <strong>biotechnologies</strong>, <strong>les</strong>innovations dans la première phase ont eu un grand impact sur l’organisation de la productiondans la deuxième phase.- 74 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Les raisons principa<strong>les</strong> de l’impact des innovations sur l’organisation de production sont que<strong>les</strong> innovations en agbiotech soit renforcent la complémentarité existant entre <strong>les</strong> deuxsecteurs (semences, phytosanitaires), soit induisent une substituabilité entre <strong>les</strong> produits desdeux secteurs. Par exemple, le développement d'une plante tolérante à un herbicide aaugmenté la demande pour l'herbicide correspondant. Cependant, le développement d'uneplante résistante à un parasite a réduit la demande du pesticide correspondant. Ainsi, leprocessus de création des innovations en <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> a eu un impact significatifsur toutes <strong>les</strong> composantes de la chaîne verticale en aval.Traçant l'évolution du secteur agbiotech, ce chapitre a montré qu'elle a été marquée par deuxpériodes, expliquant <strong>les</strong> stratégies suivies par <strong>les</strong> firmes installées :• du milieu des années 70 jusqu’à la fin des années 80 quand très peu de firmesinstallées (dans le secteur des semences ou de l’agrochimie) se sont intéressées aux<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. A c<strong>et</strong>te période, il n’y a pas de changement majeur dansl’organisation industrielle sur le marché d'innovation (c’est-à-dire <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong>) ou le marché de production (c’est-à-dire <strong>les</strong> pesticides ou <strong>les</strong> semences) ;• de la fin des années 80 jusqu’à la fin des années 90, période à laquelle <strong>les</strong> géants enagrochimie ont émergé comme entrants sur le marché d'innovation (c’est-à-dire <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>). A c<strong>et</strong>te période <strong>les</strong> fusions-acquisitions ont été <strong>les</strong> stratégiesdominantes sur le marché d'innovation (c’est à dire <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>) <strong>et</strong> sur<strong>les</strong> marchés de production de semences.La prédominance initiale des stratégies de licence <strong>et</strong> de collaboration en R&D sur le marchédes technologies s’explique par le fait que c<strong>et</strong>te période a coïncidé avec l’étape du démarragedes <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, quand <strong>les</strong> incertitudes technologiques <strong>et</strong> de marché étaient plusélevées. Plus <strong>les</strong> innovations se sont rapprochées de la phase de commercialisation, plus <strong>les</strong>firmes agrochimiques avec de fortes positions sur <strong>les</strong> marchés de produits en aval ontconsolidé <strong>les</strong> actifs complémentaires (existant dans <strong>les</strong> start-ups de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong><strong>et</strong> <strong>les</strong> entreprises de semences) afin de s'approprier le maximum de la rente de l'innovation.Un autre fait remarquable de l'évolution du secteur agbiotech est le constat que ce sont <strong>les</strong>stratégies d'une seule firme, Monsanto, qui ont une force d’impulsion importante dans toute lachaîne verticale d’agbiotech. Ceci confirme le fait, rappelé de temps en temps dans lalittérature en gestion, que <strong>les</strong> entreprises qui créent un impact culminant ne sont pas cel<strong>les</strong> qui- 75 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>suivent simplement <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> pour la maximisation du profit mais cel<strong>les</strong> qui ont une vision.Monsanto a su anticiper le fait que <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> seraient une technologierévolutionnaire qui changerait le système de production dans l'agriculture <strong>et</strong> affecterait larelation qu’a le consommateur avec <strong>les</strong> aliments. Elle a simplement voulu être le leader dansc<strong>et</strong>te nouvelle technologie. Malgré <strong>les</strong> débats suscités par <strong>les</strong> stratégies de développement« radica<strong>les</strong> » au sein de divers groupes (firmes, décideurs publics, consommateurs, <strong>et</strong>c.),Monsanto a profondément influencé l'évolution de ce secteur, incitant l'intérêt d'autres firmesagrochimiques <strong>et</strong> de sociétés de semences à se joindre au mouvement.Considérant le secteur agbiotech comme l’ensemble de firmes ayant introduit <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> dans leur processus de production <strong>et</strong> qui vendent leurs produits dans la chaîneagroalimentaire, qu’attendons-nous du futur de c<strong>et</strong>te technologie <strong>et</strong> que nous réserve ledéveloppement de ce secteur ? Selon Giddings (2006), un conseiller indépendant avec 20 ansd'expérience en agbiotech, écrivant dans la revue “Nature Biotechnology”, le futur des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sera probablement caractérisé par <strong>les</strong> points suivants :• la production de nouvel<strong>les</strong> variétés de plantes continuera ;• l’acceptation des consommateurs dans le temps augmentera ;• <strong>les</strong> barrières réglementaires diminueront jusqu’à disparaître ;• <strong>les</strong> consommateurs préféreront des prix bas <strong>et</strong> un meilleur goût des aliments ;• toutes <strong>les</strong> firmes dans l’agro-alimentaire qui sont aujourd’hui fières de ne pas utiliser<strong>les</strong> OGM dans leur processus de production courrait demain derrière <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> consommateurs (car <strong>les</strong> consommateurs préféreront <strong>les</strong> produitsbiotechnologiques) ;• la consolidation dans le secteur agbiotech continuera.C<strong>et</strong>te proposition optimiste pourrait dépendre comme le précise Pollack (2006) de la positiondes Européens vis-à-vis des OGM (cf. chapitre 4) 31 .31 L’attitude des Européens est constamment critiquée par <strong>les</strong> protagonistes des OGM comme <strong>les</strong> Etats-Unis <strong>et</strong> leCanada. Par exemple, <strong>les</strong> Etats-Unis, le Canada <strong>et</strong> l'Argentine ont déposé une plainte contre l’Union Européenneen 2003 à l'OMC. C<strong>et</strong>te plainte révèle que l’UE a adopté un moratoire en 1998 sur <strong>les</strong> essais des récoltes GM quiviole un traité du secteur de l'alimentation stipulant que des décisions de normalisation soient prises sans r<strong>et</strong>arddéraisonnable <strong>et</strong> soient basées sur la science. Ils ont signalé aussi que six pays européens : l'Autriche, la France,l'Allemagne, la Grèce, l'Italie <strong>et</strong> le Luxembourg ont violé <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> commercia<strong>les</strong> en interdisant <strong>les</strong> récoltesbiotechnologiques qui avaient été approuvées par l’Union Européenne. Le panel (le groupe spécial en charge dudossier) a statué en faveur des Etats-Unis.- 76 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Annexes du chapitre 1Annexe 1 : <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> modernes = un ensemble de techniques fondé sur <strong>les</strong>sciences avec des applications multisectoriel<strong>les</strong>Source : Jolly <strong>et</strong> Ramani, 1996.- 77 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Annexe 2 : Les caractéristiques agronomiques des plantes biotechnologiquesLes cultures Le stade de développement 32Résistance aux parasites Maïs CAugmentation des rendements Pomme de terre CMaïsCColzaCBléFTolérance aux herbicides Maïs CB<strong>et</strong>terave à sucreFBléFColzaCRésistance aux virus Pomme de terre CB<strong>et</strong>terave à sucreFBléFTomateFAvoineFRésistance aux fongicides Orge GPomme de terreGFraiseGTomateGBléGA-biotic stress resistance colza, pomme de terre, fraiseF- FroidB<strong>et</strong>terave à sucreG- Sécheresse- SalinitéTomateL- Métaux lourds Maïs LSource : Strategy Unit, 2003, p. 26.32 : Les notations, C, F, G, L, représentent le stade de développement des produits :C signifie que le produit est en phase de commercialisation ;F signifie que le produit est en phase d’expérimentation sur le terrain ;G signifie que le produit est phase d’expérimentation en serre ;L signifie que le produit est en phase d’études en laboratoire de recherche.- 78 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Annexe 3 : Les caractéristiques qualitatives des plantes biotechnologiquesLes culturesLe stade de développementContenu d’huile Colza CStockage Fraises CTomateCPommeFPomme de terreLNutrition Tomate (changements de vitamines) LBlé (faible contenu allergénique)FQualité d’alimentation animale Orge LMaïsLSource : Strategy Unit, 2003, p. 26.- 79 -


Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Annexe 4 : La valeur du marché des principa<strong>les</strong> semences biotechnologiques entre 1996 <strong>et</strong>2006AnnéeSource : ISAAA reports, 2004, 2005 (James).Valeur en milliards de dollars1996 0,1151997 0,8421998 1,9731999 2,7032000 2,7342001 3,2352002 3,6562003 4,1522004 4,6632005 5,252006 5,5- 80 -


CHAPITRE 2 :IMPACT DES BIOTECHNOLOGIESAGRICOLES DANS LE MONDE :ETUDE DE CAS SUR LE COTON BT


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeQuand on tire le fil du coton, c’estl’histoire du monde qui défileErik Orsenna.IntroductionSelon <strong>les</strong> estimations des démographes, la population mondiale devrait passer de 6 à près de 9milliards d’habitants au cours des cinquante prochaines années, 95% de c<strong>et</strong> accroissementdevant être le fait des pays en développement. Pour satisfaire <strong>les</strong> besoins alimentaires,actuellement mal assurés, c’est plus qu’un doublement de la production alimentaire des paysdu Sud qu’il faudrait assurer d’ici quelques années (Boy, 2003 ; FAO, 2002). Pour la FAO,<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> peuvent accroître la disponibilité <strong>et</strong> la variété des aliments,augmenter la productivité agricole totale, réduire <strong>les</strong> variations saisonnières desapprovisionnements, diminuer le risque de pertes de récoltes dans des conditions biologiques<strong>et</strong> climatiques diffici<strong>les</strong> (résistance aux ravageurs <strong>et</strong> au stress), aider à surmonter <strong>les</strong>problèmes de production auxquels <strong>les</strong> méthodes classiques de sélection n'apportent pas desolution, <strong>et</strong>c. (FAO, 2004). Dans ce contexte, el<strong>les</strong> sont perçues aujourd’hui comme l’une desoptions <strong>les</strong> plus importantes pour augmenter la productivité agricole, surtout dans <strong>les</strong> pays endéveloppement.Ces technologies ont été créées <strong>et</strong> sont détenues par un p<strong>et</strong>it groupe de multinationa<strong>les</strong> quireprésentent plus de 76% des ventes tota<strong>les</strong> de c<strong>et</strong>te industrie : Monsanto (E.U), Dupont(E.U), DowAgrosciences (E.U), Bayer CropScience <strong>et</strong> BASF (Allemagne) <strong>et</strong> Syngenta(Suisse), comme l’atteste l’"Agrow Reports" (2002, p. 27). Le secteur privé occupe une placeimportante dans leur développement, dans un contexte où <strong>les</strong> capacités de recherche <strong>et</strong> decontrôle sont encore généralement très limitées dans <strong>les</strong> pays en développement.L’introduction des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> répond tout d’abord à une stratégie des firmes,qui ont développé une technologie <strong>et</strong> cherchent à la commercialiser en dehors de leur marchélocal. En parallèle au développement de c<strong>et</strong>te technologie, le processus de libéralisation qui sem<strong>et</strong> en place dans certains pays facilite son introduction. L’adoption des <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong> par <strong>les</strong> pays en développement répond à un besoin alimentaire (présent ou futur,suite à l'accroissement de la population <strong>et</strong> à la diminution du nombre de terres ferti<strong>les</strong>) <strong>et</strong> à un- 82 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondebesoin technico-écologique, afin de réduire l’utilisation d’insecticides <strong>et</strong> de pesticides, trèscoûteuse <strong>et</strong>, dans la plupart des cas, dangereuse pour l’environnement <strong>et</strong> <strong>les</strong> paysans. Leuradoption par <strong>les</strong> pays industrialisés peut s’expliquer par la diminution de la charge de travail(car <strong>les</strong> exploitations sont de tail<strong>les</strong> considérab<strong>les</strong> comparées à cel<strong>les</strong> des pays endéveloppement), mais aussi par la diminution de l’utilisation de pesticides, souvent toxiquespour l’environnement (en présence de nouvel<strong>les</strong> réglementations plus restrictives en lamatière)L’objectif de ce chapitre est de rendre compte de l’importance <strong>et</strong> de la complexité des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> pays en développement. Ceux-ci constituent un ensemblede pays très hétérogène. Il est délicat de donner des réponses ou des recommandations sansexaminer finement le terrain <strong>et</strong>, pour illustrer <strong>les</strong> enjeux du transfert des <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong> des entreprises occidenta<strong>les</strong> vers le Sud, on prendra le cas du coton Bt.La première section sera consacrée à l’intérêt <strong>et</strong> aux enjeux de la révolution verte <strong>et</strong> de larévolution des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> pour le développement agricole des pays du Sud(Inde). Comment doivent-ils saisir l’opportunité offerte par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> (s’ils’agit bien d’une opportunité !), tout en évitant <strong>les</strong> erreurs de la révolution verte ? Ladeuxième section analysera brièvement l’évolution des dispositifs institutionnels en réponse àl’adoption des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, <strong>et</strong> particulièrement le cas de Monsanto qui contrôlepresque 100% du marché mondial du coton Bt. La troisième section analysera la politique decommercialisation du coton Bt de Monsanto dans le monde. La quatrième section portera surl’impact du coton Bt dans <strong>les</strong> pays en développement en comparaison avec <strong>les</strong> paysindustrialisés. La cinquième section discutera des propositions relatives à l’impact des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur la sécurité alimentaire (P1) <strong>et</strong> des nouveaux jeux denégociations pour le partage de la valeur de l’innovation (P2).1. De la révolution verte à la révolution des <strong>biotechnologies</strong>Certains pays en développement ont connu d’énormes problèmes de sécurité alimentaire 33 ,leur croissance démographique ayant dépassé largement celle de leurs disponibilités33 En 1996, le Somm<strong>et</strong> mondial de l'alimentation a donné une résonance internationale à la notion de sécuritéalimentaire, définie par la FAO (organisation des Nations Unies pour l’alimentation <strong>et</strong> l’agriculture) commel'accès à des « aliments nutritifs <strong>et</strong> salubres qui perm<strong>et</strong>tent de poursuivre une vie saine <strong>et</strong> active ».- 83 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondealimentaires. En outre, à mesure que la population augmente, la pression exercée sur <strong>les</strong> terresagrico<strong>les</strong> existantes s’accentue <strong>et</strong> la superficie par habitant disponible diminue, ce qui rendindispensable l’amélioration de la production alimentaire. Dans <strong>les</strong> années 1960 <strong>et</strong> 1970, lasolution a été la révolution verte. Elle a touché l’Asie, l’Amérique Latine, le Moyen-Orient <strong>et</strong>l’Afrique du Nord, mais elle a peu concerné l’Afrique subsaharienne. Ceci notamment parceque la mise en place des techniques nécessite des conditions environnementa<strong>les</strong> favorab<strong>les</strong>(terre fertile, irrigation). Elle a été adoptée dans <strong>les</strong> pays qui luttaient pour surmonterl’insécurité alimentaire (l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, la Chine, le Mexique). Au départ(années 1960), elle a concerné le blé <strong>et</strong> le riz en Asie, le blé <strong>et</strong> le maïs en Amérique latine.La révolution verte a assuré une sécurité alimentaire, a permis aux populations loca<strong>les</strong> dedégager des excédents de production <strong>et</strong> a mis fin à la dépendance alimentaire de certains paysdu Sud à l’égard du Nord. Cependant, elle a engendré d’importants eff<strong>et</strong>s socio-économiquesnégatifs (disparités des revenus, instabilité de la production agricole) <strong>et</strong> des conséquencesécologiques (pollution de l’eau <strong>et</strong> épuisement du sol). Dans ce contexte, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong> ont été prônées par <strong>les</strong> organisations internationa<strong>les</strong> (FAO, USDA…) comme lasolution pour contourner <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s négatifs de la révolution verte.Dans <strong>les</strong> années 1970 <strong>et</strong> 1980, l’Inde a résolu <strong>les</strong> problèmes de sécurité alimentaire apparusvingt ans plus tôt, en misant sur la révolution verte pour le blé <strong>et</strong> le riz. De plus, c<strong>et</strong>te méthodea sauvé la démocratie indienne, à l’époque de la guerre froide entre Etats-unis <strong>et</strong> URSS, carl’aide éventuelle des pays du Nord n’a pas obligé l’Inde à choisir l’un ou l’autre camp.1.1. La révolution verteNorman Borlaug (Etats-Unis), un professeur d’agriculture internationale, est arrivé auMexique en 1945, dans le centre international pour l’amélioration du blé <strong>et</strong> du maïs(CIMMYT, Centro Internacional de Mejoramiento de Maiz y Trigo), sur un programme decollaboration entre la fondation Rockefeller 34 <strong>et</strong> le ministère de l’agriculture mexicain. Grâceà ses recherches durant une dizaine d’années, il a créé une nouvelle variété de blé au piedcourt <strong>et</strong> robuste pouvant supporter le surplus de graines produites. De ce fait, il a initié une34 La Fondation Rockefeller est une organisation philanthropique érigée en donation par John D. Rockefeller, <strong>et</strong>dont la charte a été établie en 1913. Depuis près de 90 ans, la Fondation « se penche sur <strong>les</strong> causes de lasouffrance <strong>et</strong> des besoins de l'humanité, <strong>et</strong> tente de remonter à la source pour y remédier ».http://www.rockfound.org.- 84 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondevéritable révolution (la révolution verte), qui consiste à améliorer <strong>les</strong> rendements des culturescéréalières, perm<strong>et</strong>tant de sauver des millions de personnes dans <strong>les</strong> pays en développement(surtout en Asie). Borlaug, futur directeur du CIMMYT, prôna l’utilisation du gène Dwarfin,présent dans une variété de blé japonaise, pour augmenter <strong>les</strong> rendements (www.cimmyt.org).Ses recherches <strong>et</strong> ses résultats lui ont valu le prix Nobel pour la paix en 1970, <strong>et</strong> le titre de« père de la révolution verte ».La révolution verte a été associée au début à deux principaux centres internationaux derecherche en agriculture : CIMMYT, Centro Internacional de Mejoramiento de Maiz y Trigoau Mexique <strong>et</strong> IRRI, International Rice Research Institute aux Philippines. Ils ont fourni lematériel génétique à un certain nombre de pays en développement dont l’Inde. En 1962,l’Institut indien de recherche agricole (IARI, Indian Agricultural Research Institute) aimporté du CIMMYT des semences de blé dites variétés améliorées à haut rendement (VHR).Le premier travail des chercheurs indiens a été d’adapter c<strong>et</strong>te variété aux conditionsécologiques gustatives loca<strong>les</strong>, tout en préservant leurs qualités reconnues (espérance derendement très élevée, courte durée de maturation, <strong>et</strong>c.). En 1964, l’ancien directeur de IARIengage une réforme des structures de recherche <strong>et</strong> d’administration agrico<strong>les</strong>. Ainsi, M.S.Swaminathan (scientifique indien <strong>et</strong> lauréat du Prix mondial de l’alimentation en 1987)devient le directeur de l’IARI <strong>et</strong> suggère que 1000 parcel<strong>les</strong> de démonstration de VHR de blésoient installées chez des volontaires indemnisés en cas d’échec. L’extension des surfaces deblé semées avec ces variétés (VHR) <strong>et</strong> leur succès auprès des producteurs ont été très rapidesdans <strong>les</strong> périmètres irrigués du Punjab. Le Punjab est un segment de la plaine indo-gangétiquedans le nord-ouest de l’Inde. C’est une région dont le système d’irrigation, hérité desbritanniques, lui a permis de bénéficier de la révolution verte, pour la culture du blé <strong>et</strong> pourcelle du riz, principal aliment en Asie. Les semences de riz étaient issues de l’IRRI (auxPhilippines), dont le directeur fut jusqu’en 1987 M.S. Swaminathan. La culture du riz en Indea été adoptée principalement dans la région du Tamil Nadu (cf. annexe 1).Les variétés VHR ont eu un rendement en moyenne plus élevé que <strong>les</strong> variétésconventionnel<strong>les</strong>. Mais, en même temps, ces variétés ont nécessité un système d’irrigation,des engrais, des pesticides <strong>et</strong> des techniques agronomiques associées très contrôlées. Lesuccès de la révolution verte a été circonscrit aux zones géographiques ferti<strong>les</strong> <strong>et</strong> irriguées,avec une certaine compétence scientifique (Evenson <strong>et</strong> al., 1999). En eff<strong>et</strong>, des universitésd'agriculture ont été créées dans <strong>les</strong> États du Punjab <strong>et</strong> du Tamil Nadu, m<strong>et</strong>tant l'accent sur la- 85 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monderecherche <strong>et</strong> la vulgarisation autant que sur l'enseignement. Ces deux régions ont profité de larévolution verte car el<strong>les</strong> ont réuni <strong>les</strong> conditions optima<strong>les</strong> pour en bénéficier, grâce à l’appuide puissantes universités qui ont suivi de près l’adoption <strong>et</strong> l’évolution des variétés VHR(Punjab Agricultural University <strong>et</strong> Tamil Nadu Agricultural University).Par ailleurs, <strong>les</strong> agriculteurs ont eu accès au crédit pour l’achat des semences, des fournitures<strong>et</strong> des biens d’équipements, <strong>et</strong> la formation agricole a été financée par l’Etat. Durant lapériode 1954-69, <strong>les</strong> coopératives de crédit ont joué un rôle important dans l’octroi des créditsà court terme pour <strong>les</strong> cultures <strong>et</strong> pour la commercialisation des différents biens deconsommation <strong>et</strong> des engrais. Entre 1969 <strong>et</strong> 1991, l’objectif de l’Etat était d’améliorer l’accèsau crédit institutionnel. Ce programme a débuté par la nationalisation de 14 banques dedépôts. En l’espace de dix ans, le nombre d’agences en milieu rural a été multiplié par six <strong>et</strong>le montant de dépôts par cinq. Ces banques ont eu notamment pour mission de faciliterl’accès au crédit des classes rura<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus défavorisées (Dorin <strong>et</strong> Landy, 2002).La révolution verte a conduit à des rendements d’échelle croissants, ce qui a diminué <strong>les</strong> coûtsmoyens de production des riches propriétaires terriens, mais accru <strong>les</strong> menaces de ruine pour<strong>les</strong> agriculteurs pauvres. Ainsi, depuis 1970-71, il existe un programme de prix deprélèvement pour <strong>les</strong> céréa<strong>les</strong> uniquement (blé, riz). Ce prix est fixé par la commission descoûts <strong>et</strong> prix agrico<strong>les</strong> (CACP, Commission on Agricultural Cost and Prices). Il doit êtresuffisamment attractif pour perm<strong>et</strong>tre à l’Etat de constituer de larges stocks, destinés soit àêtre distribués à bas prix aux populations défavorisées (zones déficitaires), soit à faire faceaux années de mauvaise récolte. Ce prix de prélèvement est fixé entre le prix de soutienminimum, qui vise à protéger l’agriculteur d’une brutale chute des cours en lui garantissantune vente à un prix censé couvrir ses coûts de production, <strong>et</strong> le prix du marché, fondé sur unsystème de prélèvement autoritaire auprès des rizeries. Ce prix devient en 1991 le prix desoutien minimum officiel. Toutefois, la révolution verte en Inde a assuré une sécuritéalimentaire, a permis aux populations loca<strong>les</strong> de dégager des excédents de production <strong>et</strong> a misfin à la dépendance alimentaire de l’Inde à l’égard des pays du Nord. Ce succès de larévolution verte s’explique par <strong>les</strong> performances du blé <strong>et</strong> du riz en termes de rendements,mais aussi par <strong>les</strong> politiques agrico<strong>les</strong> appliquées. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> semences, <strong>les</strong> engrais <strong>et</strong> parfois<strong>les</strong> produits phytosanitaires ont été subventionnés, <strong>les</strong> prix agrico<strong>les</strong> garantis <strong>et</strong> <strong>les</strong>agriculteurs ont eu accès aux crédits pour l’achat des semences <strong>et</strong> fournitures.- 86 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeDans un contexte de libre circulation des produits, l’augmentation de la production, liée à larévolution verte, a conduit à une baisse des prix sur le marché extérieur qui a exercé, à sontour, une forte influence sur <strong>les</strong> marchés intérieurs (Acharya, 2001). Les prix des principauxproduits agrico<strong>les</strong> ont diminué de moitié environ entre 1970 <strong>et</strong> 2000, entraînant la chute desrevenus des agriculteurs. La révolution verte a engendré également l’instabilité de laproduction agricole. C<strong>et</strong>te instabilité a affecté la croissance de la production (Larson <strong>et</strong> al.,2004). Elle a eu également d’importantes conséquences écologiques en termes de pollution del’eau <strong>et</strong> de contamination des sols, à cause de l’irrigation intensive <strong>et</strong> de l’utilisation despesticides <strong>et</strong> des engrais. De plus, le remplacement des systèmes traditionnels de polyculturespar des systèmes de monocultures a occasionné une perte de la biodiversité (Vandana, 1993).Etant donnée la nécessité d’utiliser un paqu<strong>et</strong> technologique <strong>et</strong> des produits chimiquesfabriqués dans <strong>les</strong> pays du Nord, la révolution verte a progressivement augmenté ladépendance de l’Inde, <strong>et</strong> des autres pays l’ayant adoptée, à l'égard des multinationa<strong>les</strong> del'agrofourniture. Les variétés améliorées à haut rendement <strong>et</strong> le paqu<strong>et</strong> technologique quil'accompagne (machine, engrais, pesticides…) ont propulsé <strong>les</strong> agriculteurs dans un cycled'end<strong>et</strong>tement croissant qui, pour beaucoup, est devenu insupportable. Enfin, la révolutionverte a accéléré l'exode rural <strong>et</strong> augmenté la population des bidonvil<strong>les</strong>, aggravant le chômage<strong>et</strong> la pauvr<strong>et</strong>é.Tous ces eff<strong>et</strong>s négatifs : l’épuisement des sols, la diminution du nombre de terres ferti<strong>les</strong>, lapollution de l’eau, auxquels s’ajoute le poids de la population agricole (2/3 de la populationactive), imposent la modernisation du système de production agricole indien. Dans cecontexte, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> apparaissent comme une solution pour contourner <strong>les</strong>eff<strong>et</strong>s négatifs de la révolution verte <strong>et</strong> diminuer l’usage de pesticides, un véritable dangerpour l’environnement.1.2. Libéralisation <strong>et</strong> arrivée des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>L’Inde s’est engagée dans le processus mondial de libéralisation. En 1988, le démantèlementdu monopole public des semences améliorées, en faveur d’une politique visant à encouragerl’investissement étranger, a marqué <strong>les</strong> premiers pas vers la libéralisation du secteursemencier indien. En 1990, <strong>et</strong> en collaboration avec la Banque mondiale, une réforme de cesecteur a été engagée : 30 millions de dollars ont été destinés aux sociétés privées désireusesd’investir dans la production <strong>et</strong> la distribution de semences. C<strong>et</strong>te politique a complètement- 87 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondemodifié le paysage du marché des semences en Inde. Désormais, il se partage entre opérateursprivés <strong>et</strong> publics. Depuis 1992, une société étrangère peut détenir sans autorisationparticulière 51% des parts sous forme de joint-venture dans une société indienne. En 1994,l’Inde a signé l’accord du GATT. C<strong>et</strong>te signature s’explique, tout d’abord, par <strong>les</strong> exigencesde la mondialisation (apparition de zones d’intégration <strong>et</strong> de libre échange comme ALENA,MERCOSUR, UE,…) dont l’Inde se sent exclue. Ensuite, l’Inde est devenue le deuxièmeproducteur alimentaire mondial, même si sa part dans le commerce international resteinférieure à 1% (tous produits confondus) (Dorin <strong>et</strong> Landy, 2002).Parallèlement, des entreprises multinationa<strong>les</strong> installées en Inde, comme Monsanto, ontdéveloppé dans leur pays d’origine <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. Avec la libéralisation, lemoment était opportun pour établir des alliances avec des acteurs publics <strong>et</strong> privés, <strong>et</strong>introduire c<strong>et</strong>te technologie en Inde. Dès la fin des années 90, acteurs privés (Mahyco-Monsanto, ProAgro-Pionner, Rallis India) <strong>et</strong> publics (10 universités <strong>et</strong> instituts) conduisentdes recherches <strong>et</strong> des essais sur <strong>les</strong> OGM, avec <strong>les</strong> appuis financiers de la fondationRockefeller, de la Banque mondiale <strong>et</strong> de Monsanto, dans le but de limiter la consommationde pesticides, d’engrais <strong>et</strong> d’eau que nécessitent <strong>les</strong> variétés VHR.La révolution des <strong>biotechnologies</strong>, à la différence de la révolution verte qui a été menée par<strong>les</strong> laboratoires publics, est essentiellement le fait des multinationa<strong>les</strong> privées qui dépensententre 10% <strong>et</strong> 12% de leur chiffre d’affaires en recherche <strong>et</strong> développement <strong>et</strong> veulent, avanttout, la rentabilisation de leur investissement. C<strong>et</strong>te main mise sur l’agriculture augmente ladépendance des agriculteurs à l’égard des multinationa<strong>les</strong> privées. La technologieTerminator 35 est un bon exemple pour illustrer c<strong>et</strong>te dépendance. En eff<strong>et</strong>, le mot Terminator,auquel correspond un brev<strong>et</strong> détenu par Monsanto, s'applique à des procédés destinés àintroduire, dans la plante, un mécanisme qui empêche la multiplication non autorisée ou nondésirée d'une variété de plante. C<strong>et</strong>te technologie a essentiellement pour cible <strong>les</strong> agriculteursdes pays du Sud car, selon <strong>les</strong> arguments de Monsanto, ces pays ne sont pas dotés d’unsystème « efficace » de protection de la propriété intellectuelle <strong>et</strong> donc Monsanto ne fait, dece point de vue, que protéger son brev<strong>et</strong>. C<strong>et</strong> argument a été fortement critiqué par lemouvement associatif, en Europe <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> pays en développement, car la technologieTerminator menace le droit traditionnel des agriculteurs des pays du Sud, à réutiliser <strong>et</strong>35 Terminator est l’appellation qui a été donnée par <strong>les</strong> militants anti-OGM (http://www.rafi.org) à la technologieTPS (Technology protection system).- 88 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeéchanger leurs semences. Ce mouvement associatif s’est mobilisé pour défendre le statut desagriculteurs des pays en développement qui deviennent locataires de la technologie, <strong>et</strong> dont ladépendance à l’égard des multinationa<strong>les</strong> d’agbiotech augmente (Cohen <strong>et</strong> Paarlberg, 2004).L’avènement des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> a encouragé certains pays en développementcomme l’Inde à améliorer leur système juridique, dans le but d’assurer une protection de leurpropre patrimoine national <strong>et</strong> de faciliter l’intégration des multinationa<strong>les</strong>, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong>cherchent à protéger leur savoir-faire. Pour ces dernières, l’existence des droits de propriétéintellectuelle est un préalable à l’investissement privé. Dans la section qui suit, nous allonsdiscuter des dispositifs institutionnels mis en place pour faciliter l’intégration de<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, <strong>et</strong>/ou protéger la propriété intellectuelle, <strong>et</strong>/ou protéger lepatrimoine génétique.- 89 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeTableau récapitulatif 1 : Les bénéfices <strong>et</strong> <strong>les</strong> inconvénients de la révolution verte <strong>et</strong> de larévolution des <strong>biotechnologies</strong> sur l’agriculture indienne.La révolution verte (1965-1980)Initiée par <strong>les</strong> laboratoires publicsIntention humanitaire (assurer la sécurité alimentaire)Axée sur des principa<strong>les</strong> céréa<strong>les</strong> (blé, riz)Centrée sur <strong>les</strong> rendementsBénéficesInconvénientsAugmentation de la production du riz <strong>et</strong> du Pollution de la terre <strong>et</strong> de l’eau.blé entre 1965 <strong>et</strong> 1980.Destruction de la diversité génétique avec l'introduction desSauve l’Inde de la famine.monocultures de riz <strong>et</strong> de blé.40 nouveaux insectes parasites <strong>et</strong> 12 nouvel<strong>les</strong> maladies dans lamonoculture du riz.Instabilité des prix, différences de revenus <strong>et</strong> inégalité des régions.Aggravation des inégalités entre paysans.Extensions margina<strong>les</strong> de la révolution verte (1981-1995)Libéralisation de certains secteurs (semences, crédit,…)BénéficesAccord du GATT sur l’agriculture en 1994Aides à l’extension de l’irrigationMultiplication des programmes antipauvr<strong>et</strong>é.InconvénientsLes réformes demeurent limitées en raison des subventions.Aggravation des inconvénients de la révolution verte.Augmentation très marginale de la productivité agricole.La révolution des <strong>biotechnologies</strong> (1996 jusqu’à nos jours)Initiée par le secteur privéSouci de rentabilité (par rapport aux capitaux investis)Concerne toutes <strong>les</strong> espècesCentrée sur <strong>les</strong> inputs/ traitementsCulture orientée vers l’exportation dans un premier tempsBénéficesInconvénientsBaisse de l’utilisation de pesticides.Dépendance vis-à-vis des multinationa<strong>les</strong> d’agbiotech.Augmentation de la productivité par acre.Diminution de la charge du travail agricole.Diminution de l’emploi agricole.Impact non déterminé à moyen <strong>et</strong> long terme surl’environnement.- 90 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde2. Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, un enjeu d’avenir entreinnovation <strong>et</strong> droit de propriétéLe processus d’innovation dans <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> est long, coûteux, risqué, <strong>et</strong>facilement imitable en l’absence de droit de propriété intellectuelle, ce qui constitue un freinpour l’innovation. Autrement dit, si l’innovation est facilement imitable <strong>et</strong> à faib<strong>les</strong> coûtsd’accès pour <strong>les</strong> concurrents, l’incitation à l’innovation diminue, car le prix qui s’établit sur lemarché ne perm<strong>et</strong> pas aux innovateurs de récupérer <strong>les</strong> r<strong>et</strong>ours sur leurs investissements enR&D (Tromm<strong>et</strong>ter, 2005 ; Henry <strong>et</strong> al., 2003). Dans ce contexte, la propriété intellectuelledoit être suffisamment forte pour inciter à l’innovation, <strong>et</strong> suffisamment faible pour inciterdurablement à la R&D <strong>et</strong> à la réalisation d’innovations cumulatives (Tromm<strong>et</strong>ter, 2005). Celaconduit à s’interroger sur le système de propriété intellectuelle à m<strong>et</strong>tre en œuvre pour établirun bon équilibre entre la protection des firmes innovantes (afin de <strong>les</strong> encourager à produirede nouvel<strong>les</strong> connaissances) <strong>et</strong> l'usage social de leurs innovations (faire en sorte quel'information relative à ces découvertes soit rendue publique).Pour perm<strong>et</strong>tre le brev<strong>et</strong>age des organismes vivants, il y a eu toutes sortes de détournementsdu droit commun des brev<strong>et</strong>s pour <strong>les</strong> inventions technologiques. À l'origine, le brev<strong>et</strong> est unoutil de politique publique qui vise à protéger <strong>les</strong> innovations de produits <strong>et</strong> de procédés enoctroyant à l'inventeur un monopole de fabrication, d'utilisation <strong>et</strong> de vente, pour une duréegénéralement fixée à 20 ans. C'est en 1980 que la cour suprême des États-Unis, confirmant labrev<strong>et</strong>abilité d'un micro-organisme (une bactérie) génétiquement modifié qualifié d'êtrevivant, établit un précédent très important dans l'histoire de la propriété intellectuelle. Aprèsune courte période d'hésitation, la brev<strong>et</strong>abilité des micro-organismes est reconnue par l'officeeuropéen des brev<strong>et</strong>s en 1982 (Inf’ogm, 2002). En 1998, la Commission Européenne adoptefinalement la directive 98/44 qui légalise <strong>les</strong> brev<strong>et</strong>s sur le vivant de la manière suivante :"une matière biologique isolée de son environnement naturel ou produite à l'aide d'unprocédé technique peut être l'obj<strong>et</strong> d'une invention même lorsqu'elle préexistait à l'étatnaturel".Les divers régimes de propriété intellectuelle concernant <strong>les</strong> organismes vivants (<strong>et</strong> enparticulier <strong>les</strong> plantes) ont une influence très grande sur <strong>les</strong> pays en développement, <strong>et</strong> en- 91 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeparticulier sur <strong>les</strong> conditions de transfert de technologie qu’ils peuvent ou non faciliter par <strong>les</strong>investissements étrangers. Ces régimes peuvent s’avérer efficaces ou non pour le pays, selonses infrastructures institutionnel<strong>les</strong> <strong>et</strong> ses capacités scientifiques (Henry <strong>et</strong> al., 2003).Voyons brièvement <strong>les</strong> différents accords internationaux qui influencent l’évolution des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, puis l’évolution des dispositifs institutionnels en Inde en réponse àl’adoption de ces <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.2.1. L’évolution des systèmes de protection des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Actuellement, il existe un certain nombre d’accords internationaux qui influencent l’évolutiondes <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. Parmi <strong>les</strong> accords concernant <strong>les</strong> plantes, on peut citer :• l’Accord sur <strong>les</strong> aspects des Droits de Propriété Intellectuelle qui touchent auxCommerce (ci-après « ADPIC ») ;• l’Union Internationale pour la Protection des Obtentions Végéta<strong>les</strong> (ci-après«UPOV ») ;• la Convention sur la Diversité Biologique (ci-après «CDB ») ;• the International Treaty on Plant Gen<strong>et</strong>ic Resources for Food and Agriculture (ciaprès« ITPGRFA »).Chacun de ces accords a été introduit avec un objectif précis, bien que, dans certainscontextes, ils se recouvrent <strong>et</strong> peuvent avoir un impact distinct sur différents dépositaires.- Accord sur <strong>les</strong> aspects des Droits de Propriété Intellectuelle qui touchent auCommerce (ADPIC)L'Accord de l'Organisation Mondiale du Commerce sur <strong>les</strong> ADPIC, plus connu sous le sigleanglais de TRIPS, est entré en vigueur le 1 er janvier 1995. C<strong>et</strong> accord couvre, en principe,toutes <strong>les</strong> formes de propriété intellectuelle, <strong>et</strong> vise à harmoniser <strong>et</strong> à renforcer <strong>les</strong> normes deprotection, <strong>et</strong> à assurer leur mise en vigueur efficace à l’échelon aussi bien nationalqu’international. Il traite de l’applicabilité de principes généraux du GATT, ainsi que desdispositions incluses dans <strong>les</strong> accords internationaux concernant la propriété intellectuelle(Partie I de l’accord). Il établit des normes concernant l’existence, la portée, l’exercice (PartieII), <strong>les</strong> moyens de faire respecter (Partie III), l’acquisition <strong>et</strong> le maintien (Partie IV) des droits- 92 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondede propriété intellectuelle. En outre, il traite de la prévention <strong>et</strong> du règlement des contestations(Partie V). Des dispositions officiel<strong>les</strong> sont énoncées dans <strong>les</strong> Parties VI <strong>et</strong> VII où figurentrespectivement des mesures transitoires <strong>et</strong> institutionnel<strong>les</strong>.L'Accord sur <strong>les</strong> ADPIC établit des normes minima<strong>les</strong> qui laissent aux membres la possibilitéde prévoir une protection de la propriété intellectuelle plus étendue s'ils le souhaitent. Ils sontlibres de déterminer la méthode 36 appropriée pour m<strong>et</strong>tre en oeuvre <strong>les</strong> dispositions del'accord dans le cadre de leurs propres systèmes <strong>et</strong> pratiques juridiques. Tous <strong>les</strong> pays doiventse conformer à l'Article 27.3(b) de l'Accord sur <strong>les</strong> ADPIC. Selon c<strong>et</strong> article, la protectionpeut se faire par brev<strong>et</strong> ou par la mise en place d'un "système sui generis efficace". Lessystèmes sui generis se constituent par défaut comme alternative au brev<strong>et</strong>. Adaptés à undomaine <strong>et</strong> à un contexte particulier, ils sont au croisement des questions de la rémunérationdes innovations (objectif de l’ADPIC), de l’accès aux ressources génétiques <strong>et</strong> de laprotection des savoirs traditionnels (buts de la convention de biodiversité).- Union Internationale pour la Protection des Obtentions Végéta<strong>les</strong> (UPOV) 37La convention de l'Union internationale pour la protection des obtentions végéta<strong>les</strong> (UPOV) aété signée à Paris en 1961. Elle est entrée en vigueur en 1968 <strong>et</strong> a été révisée <strong>les</strong> 10 novembre1972, 23 octobre 1978 <strong>et</strong> 19 mars 1991, afin de refléter l’expérience acquise par sonapplication <strong>et</strong> <strong>les</strong> innovations technologiques dans l’amélioration des plantes. L’objectif initialde ce système était de protéger le travail de l'obtenteur, tout en laissant libre l'accès à lavariété. Les droits des obtenteurs offrent aux semenciers une protection qui leur perm<strong>et</strong> decontrôler un certain nombre d’activités liées aux semences protégées, tel<strong>les</strong> que la productionou la reproduction, le conditionnement aux fins de la reproduction ou de la multiplication, lavente, l’exportation <strong>et</strong> l’importation. C<strong>et</strong>te protection s’étend à la variété protégée <strong>et</strong> auxvariétés essentiellement dérivées de la variété protégée (Saam <strong>et</strong> al., 2004).36 L'article 27.3(b) de l’accord sur <strong>les</strong> ADPIC autorise <strong>les</strong> gouvernements à exclure de la brev<strong>et</strong>abilité certainstypes d'inventions, à savoir <strong>les</strong> végétaux <strong>et</strong> <strong>les</strong> animaux, autres que <strong>les</strong> procédés non biologiques <strong>et</strong>microbiologiques. Toutefois, <strong>les</strong> membres prévoiront la protection des variétés végéta<strong>les</strong> par des brev<strong>et</strong>s, par unsystème sui generis efficace ou par une combinaison de ces deux moyens.37 Seuls <strong>les</strong> brev<strong>et</strong>s sont pour l'heure utilisés pour obtenir une protection commerciale sur <strong>les</strong> plantesbiotechnologiques ou sur des éléments de ces plantes. En eff<strong>et</strong>, le droit des obtenteurs (mentionné par laconvention UPOV) s'applique essentiellement aux variétés végéta<strong>les</strong>, <strong>et</strong> non pas aux OGM.- 93 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeEn eff<strong>et</strong>, la Convention de l’UPOV instaure, pour la protection des obtentions végéta<strong>les</strong>, descertificats d’obtention végétale (COV). Dans la version de 1978, une variété peut êtreprotégée par un COV à condition qu’elle soit distincte, homogène <strong>et</strong> stable. Le titulairebénéficie d’un droit d’exploitation exclusif de sa variété. Tout utilisateur doit verser àl’obtenteur un droit d’utilisation (royalties) à deux exceptions près :• L’utilisation à des fins de recherche : tout sélectionneur peut utiliser librement unevariété protégée par un COV pour créer une nouvelle variété, sans verser de royalties.• Le « privilège des fermiers » : un agriculteur peut utiliser une partie de sa récolte pourréensemencer ses propres champs.Dans la Convention de 1978, le « privilège des fermiers » était obligatoire. Dans la version de1991, il devient optionnel pour <strong>les</strong> pays signataires (Tromm<strong>et</strong>ter, 2001) 38 .La dernière version (1991) introduit un nouveau critère pour qu’une plante puisse bénéficierd’une protection par COV. La variété doit être nouvelle, ce qui signifie, dans le contexte del’accord UPOV, qu’elle ne doit pas avoir été commercialisée auparavant. Enfin, laConvention de l’UPOV 1991, contrairement aux précédentes versions, perm<strong>et</strong> la doubleprotection (brev<strong>et</strong> <strong>et</strong> COV). L’accord légitime ainsi <strong>les</strong> pratiques des Etats-Unis en matière deprotection variétale.Actuellement, 61 pays sont signataires de la Convention de l'UPOV. Il s'agit surtout des paysindustrialisés en Europe <strong>et</strong> en Amérique du nord <strong>et</strong> des pays émergents d’Amérique latin<strong>et</strong>ournés vers l’exportation (UPOV, 2006) 39 .Le système de protection des obtentions végéta<strong>les</strong> établit la reconnaissance des droits desobtenteurs au niveau international. La Convention UPOV offre une forme de protection suigeneris de la propriété intellectuelle spécifiquement adaptée au processus d'amélioration desplantes <strong>et</strong> vise à encourager <strong>les</strong> obtenteurs à créer de nouvel<strong>les</strong> variétés de plantes. Pour denombreux pays, en particulier <strong>les</strong> pays en développement, la Convention de l'UPOV 1991n'est pas un système satisfaisant, <strong>et</strong> ne peut être mentionnée seule comme étant un modèle de38 Ainsi comme le précise Ch<strong>et</strong>aille (2002 : 28), <strong>les</strong> pays sont libres d’appliquer c<strong>et</strong>te exception. En théorie, leprivilège de l’agriculteur lui perm<strong>et</strong> donc de faire ses propres semences sans restriction (la seule obligation étantde ne pas <strong>les</strong> vendre). Mais en pratique, lorsque c<strong>et</strong>te exception est appliquée, l’agriculteur doit souvent verserdes redevances sur <strong>les</strong> semences de ferme.39 http://www.upov.org/fr/about/members/pdf/pub423.pdf .- 94 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeloi sui generis. En eff<strong>et</strong>, elle ne reconnaît que partiellement le rôle d’innovation desagriculteurs dans le domaine de la création variétale, <strong>et</strong> ignore <strong>les</strong> savoirs des communautéstraditionnel<strong>les</strong> <strong>et</strong> ancestra<strong>les</strong> (Ch<strong>et</strong>aille, 2002).- Convention sur la Diversité Biologique (CDB)La convention sur la diversité biologique (CDB) a été signée à Rio de Janeiro au cours de laconférence des Nations-Unies sur l'environnement <strong>et</strong> le développement du 3 au 14 juin 1992.Aujourd’hui, 183 pays (mais non <strong>les</strong> Etats-Unis) ont ratifié ce premier accord internationalglobal sur la diversité biologique.C<strong>et</strong>te convention reconnaît le droit souverain des Etats sur leurs ressources. Ainsi, selonl’article 3 de la convention : « <strong>les</strong> Etats ont le droit souverain d'exploiter leurs propresressources selon leur politique d'environnement, <strong>et</strong> ils ont le devoir de faire en sorte que <strong>les</strong>activités exercées dans <strong>les</strong> limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas dedommage à l'environnement dans d'autres Etats ou dans des régions ne relevant d'aucunejuridiction nationale ». La CDB a pour objectif de fournir un cadre juridique, nécessaire à laprotection de la biodiversité à l'échelle planétaire, à l'utilisation durable des ressourcesbiologiques <strong>et</strong> au partage juste <strong>et</strong> équitable des ressources génétiques. Mais sa mise enapplication est très difficile. Les principaux objectifs de la CDB sont au nombre de trois : laconservation, l’utilisation durable de la biodiversité, <strong>et</strong> le partage des avantages découlant deson utilisation (Nnadozie, 2002).La convention sur la diversité biologique soulève cinq sortes de conflits éthiques :a) l'équité internationale, concernant le partage entre <strong>les</strong> pays des profits <strong>et</strong> des chargesliés aux ressources génétiques ;b) l'équité intra-nationale, concernant le partage des profits <strong>et</strong> des coûts,particulièrement avec <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> autochtones <strong>et</strong> <strong>les</strong> communautés vivant à proximitédes zones où se trouvent ces ressources ;c) l'équité entre <strong>les</strong> espèces, concernant le partage des efforts de conservation entre desespèces <strong>et</strong> des écosystèmes en concurrence ;d) l'équité entre <strong>les</strong> générations, concernant <strong>les</strong> obligations des générations présentesvis-à-vis des générations futures ;- 95 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondee) l'équité planétaire, concernant la part de la surface de la Terre ou de son énergieprimaire n<strong>et</strong>te que l'homo sapiens peut exploiter en concurrence avec d'autres espèces(Stone, 1996).- The International Treaty on Plant Gen<strong>et</strong>ic Resources for Food and Agriculture(ITPGRFA).Le Traité international sur <strong>les</strong> ressources phytogénétiques pour l'alimentation <strong>et</strong> l'agriculture(ITPGRFA) est un accord international visant à assurer la sécurité alimentaire par le biais dela conservation de la biodiversité, de l'échange <strong>et</strong> de l'utilisation durable des ressourcesphytogénétiques, tout en garantissant le partage des bénéfices. Il a été adopté le 3 novembre2001 lors de la 31 ième conférence de la FAO, <strong>et</strong> approuvé par 116 voix <strong>et</strong> 2 abstentions, (Japon<strong>et</strong> Etats-Unis). Le Traité est entré en vigueur le 29 juin 2004, après que 40 (la condition pourl’entrée en vigueur du Traité) pays l’aient ratifié.Le traité reconnaît le droit des agriculteurs <strong>et</strong> leur contribution passée, présente <strong>et</strong> future à lamise en valeur à la conservation, à l'amélioration <strong>et</strong> à la propagation des ressources (article 9).Les objectifs du Traité sont la conservation <strong>et</strong> l’utilisation durable des ressourcesphytogénétiques pour l’alimentation <strong>et</strong> l’agriculture, <strong>et</strong> le partage juste <strong>et</strong> équitable desavantages découlant de leur utilisation en harmonie avec la CDB, pour une agriculture durable<strong>et</strong> pour la sécurité alimentaire (article 1, paragraphe 1).S’il comporte de nombreux avantages en termes d’accès aux ressources essentiel<strong>les</strong> àl’agriculture <strong>et</strong> à l’alimentation, le Traité international de la FAO a pour défaut de se limiter àquelques ressources génétiques du “domaine public” (Ch<strong>et</strong>aille, 2002). Des ressourcesgénétiques aussi importantes pour la sécurité alimentaire que la tomate <strong>et</strong> le soja ont étéconservées en accès bilatéral sous contrôle du pays d’origine.Par ailleurs, à elle seule, l’adoption d’une législation n’est pas suffisante pour garantir sonapplication. Le niveau des compétences <strong>et</strong> <strong>les</strong> moyens à disposition des institutions chargéesde la biosécurité ne perm<strong>et</strong>tent pas de réaliser effectivement une évaluation approfondie desrisques des plantes biotechnologiques avant l’octroi des autorisations. Tous <strong>les</strong> pays devraientdonc renforcer davantage leurs moyens de contrôle <strong>et</strong> de surveillance en la matière.- 96 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde2.2. Évolution des dispositifs institutionnels : étude de cas sur l’IndeDans la réglementation indienne, il faut distinguer, grosso modo, trois types de textes de loisconcernant <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.- La réglementation indienne sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> du vivant <strong>et</strong> <strong>les</strong> ressourcesgénétiquesL'Inde a mis en place, en 2001, une loi pour protéger ses variétés végéta<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> droits desagriculteurs (the Protection of Plant Vari<strong>et</strong>y and Farmers Rights, PPVFR). C<strong>et</strong>te loi a étéadoptée dans le but de rejoindre la convention de l’Union internationale pour la Protection desObtentions Végéta<strong>les</strong> (UPOV). Le PPVFR reconnaît aux agriculteurs le droit de conserver,utiliser, échanger <strong>et</strong> partager le produit de leur exploitation, même lorsqu’il s’agit d’unevariété protégée. C<strong>et</strong>te loi a été suivie en 2002 par une loi sur <strong>les</strong> semences incluant <strong>les</strong>variétés biotechnologiques.En ce qui concerne l’activité de recherche, le ministère des sciences <strong>et</strong> des technologies aémis en 1990 des règ<strong>les</strong> précisant <strong>les</strong> conditions dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> doivent s’effectuer <strong>les</strong>expériences utilisant la technologie de l’ADN recombinant, (ADNr). Il s’agit de l’ADNproduit en insérant in vitro des gènes d’origines différentes ou des gènes qui ont été modifiéspour introduire une nouveauté dans un autre ADN. En 1998, des règ<strong>les</strong> s’ajoutent auxprécédentes en matière de recherche sur <strong>les</strong> plantes biotechnologiques, d’évaluation d<strong>et</strong>oxicité <strong>et</strong> du caractère allergène des plantes <strong>et</strong> des semences biotechnologiques.Enfin, le ministère de l’environnement a réglementé depuis 1989 40 la production, l’utilisation,l’importation, l’exportation <strong>et</strong> le stockage d’OGM ou de micro-organismes potentiellementdangereux pour l’environnement.40 La loi sur la protection de l’environnement (Environmental Protection Act), votée en 1986, a pour but deprotéger <strong>et</strong> d’améliorer la qualité de l’environnement, ainsi que de m<strong>et</strong>tre en place des mesures de prévention, decontrôle <strong>et</strong> de diminution de la pollution environnementale.- 97 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde- Les procédures d’autorisation <strong>et</strong> de commercialisation des semencesbiotechnologiquesDifférentes institutions contrôlent <strong>les</strong> procédures d’autorisation des essais <strong>et</strong> decommercialisation des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> (cf. tableau 2). Un industriel qui souhaite,par exemple, placer sur le marché un produit contenant des OGM doit demander desautorisations au RDAC (Recombinant DNA advisory committee), le conseil consultatif surl’ADN recombinant, au RCGM (Review Committee for Gen<strong>et</strong>ic Modification), le conseilconsultatif sur <strong>les</strong> modifications génétiques <strong>et</strong> au GEAC (Gen<strong>et</strong>ic Engineering ApprovalCommittee), le conseil d’autorisation de dissémination des produits issus du génie génétique.Une institution qui souhaite importer des graines génétiquement modifiées doit s’adresser auRCGM, alors qu’une institution qui souhaite effectuer des recherches nécessitant desmanipulations génétiques sur des plantes, des animaux ou tout autre micro-organisme, doits’adresser à l’IBSC (Institutional Biological Saf<strong>et</strong>y Committee) en charge des conseils debiosécurité.La multiplicité des institutions encadrant la technologie témoigne d’une intention de maîtrisedu processus d’innovation incluant le suivi technico-économique de l’ADNr <strong>et</strong> son impactenvironnemental. Ceci suppose la mise en place d’une bonne coordination entre cesdifférentes instances. Il semble que ce ne soit pas encore tout à fait le cas, si l’on en juge parla lenteur du traitement des dossiers qui a conduit Monsanto à contourner certaines procédures(voir supra).- Les accords internationaux signés par l’Inde sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>L’Inde a élaboré une législation mieux adaptée en élargissant <strong>les</strong> droits de propriétéintellectuelle aux communautés, pour protéger leurs savoirs <strong>et</strong> leurs ressources. L’entrée en2002 dans la convention de l’UPOV perm<strong>et</strong> aux variétés indiennes d’être reconnuesinternationalement. En eff<strong>et</strong>, l’Inde n’a pas signé la convention UPOV dans sa version de1978, ni celle de 1991, car elle a estimé que c<strong>et</strong>te protection privative allait à l’encontre depratiques cultura<strong>les</strong> <strong>et</strong> d’usages médicinaux très répandus. « Il s’agit, en eff<strong>et</strong>, non seulementde reconnaître l’existence de droits collectifs sur des ressources génétiques (plantes,humains, animaux), mais aussi d’encourager la réplication <strong>et</strong> diffusion à bon marché de- 98 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeproduits considérés d’utilité publique, comme <strong>les</strong> médicaments <strong>et</strong> <strong>les</strong> semences à hautsrendements de la révolution verte » (Newell, 2003).Par ailleurs, l’Inde a signé l’accord ADPIC en 1995. Ce texte comporte une clause (article27.3) qui perm<strong>et</strong> aux pays signataires de brev<strong>et</strong>er des plantes <strong>et</strong> des animaux, ou de m<strong>et</strong>tre enplace un système de protection sui generis répondant aux besoins locaux. Elle a amélioré sonsystème réglementaire pour entrer en conformité avec <strong>les</strong> réglementations internationa<strong>les</strong>. Ellea signé en juin 1992, <strong>et</strong> ratifié en février 1994 la convention de biodiversité.L’avènement des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> a encouragé l’Inde à développer son systèmeinstitutionnel, afin d’assurer une protection de son propre patrimoine national <strong>et</strong> de faciliterl’intégration des multinationa<strong>les</strong>. Toutefois, il subsiste une difficulté de contrôle du respect dela loi, ce qui représente un réel enjeu pour l’Inde. Ceci est d’autant plus important que ledomaine des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> concerne des communautés très différentes, à la foisdes multinationa<strong>les</strong> d’agbiotech <strong>et</strong> des agriculteurs dont la majorité est pauvre.Tableau 2 : Les autorités compétentes concernées par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> en IndeAutorité compétenteIBSCLes principa<strong>les</strong> fonctionsÉvaluer <strong>les</strong> recherches dans le domaine de l’ADNr.S’assurer de la conformité des proj<strong>et</strong>s avec <strong>les</strong> lois sur la biosécurité.Soum<strong>et</strong>tre à l’approbation du RCGM <strong>les</strong> proj<strong>et</strong>s à haut risque.RCGMGEACEtablir des normes auxquel<strong>les</strong> sont soumises <strong>les</strong> recherches sur <strong>les</strong> BA.Délivrer des autorisations pour <strong>les</strong> proj<strong>et</strong>s à haut risque sur l’ADNr.Délivrer des autorisations pour <strong>les</strong> expérimentations en champs contrôlés <strong>et</strong> <strong>les</strong>importations des BA à des fins de recherche.Délivrer des autorisations à usage commercial (y compris l’importation) de BA oude produits contenant des O.G.M.Délivrer des autorisations de production à grande échelle <strong>et</strong> de disséminationd’OGM dans l’environnement.Mener une veille technologique sur le développement des <strong>biotechnologies</strong> auxRDAC niveaux national <strong>et</strong> international.Proposer des recommandations en matière de réglementation sur la biosécurité.IBSC (Institutional Biological Saf<strong>et</strong>y Committee), <strong>les</strong> conseils de biosécurité.RCGM (Review Committee for Gen<strong>et</strong>ic Modification), le conseil consultatif sur <strong>les</strong> modifications génétiques.GEAC (Gen<strong>et</strong>ic Engineering Approval Committee), le conseil d’autorisation de dissémination des produits issusdu génie génétique.RDAC (Recombinant DNA advisory committee), le conseil consultatif sur l’ADN recombinant.Source : Ministère de l’environnement indien (2000).- 99 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde3. La culture du coton Bt <strong>et</strong> son introduction dans <strong>les</strong> pays parMonsanto3.1. La culture du coton BtL’histoire du coton est très ancienne. Des restes de tissus en coton ont été trouvés dans lavallée de l’Indus, en Inde, datant de 3200 ans avant JC. C’est à partir de l’Inde qu’a eu lieula diffusion du coton, vers le Moyen-Orient, puis l’Egypte, puis en parallèle vers l’Afrique <strong>et</strong>l’Europe (Quazzo <strong>et</strong> Meunier, 2003).On connaît l’utilité du coton : de c<strong>et</strong>te plante, on récolte <strong>les</strong> fruits ou capsu<strong>les</strong>, qui possèdentde longues fibres blanches entourant des graines. Ces fibres sont utilisées par l’industri<strong>et</strong>extile. Les graines broyées produisent de l’huile à usage alimentaire 41 .Le cotonnier souffre d’importantes attaques d’insectes, dont de nombreux papillons (cf.tableau 3). Leurs chenil<strong>les</strong> s’attaquent aux feuil<strong>les</strong>, aux fleurs <strong>et</strong> aux capsu<strong>les</strong>, <strong>et</strong> provoquentdes pertes considérab<strong>les</strong> de rendement, ainsi qu’une dépréciation de la qualité de la plante. Laculture conventionnelle du coton est particulièrement dépendante de l'application denombreux produits phytosanitaires. Actuellement, plus de 10% des herbicides <strong>et</strong> près de 25%des insecticides utilisés dans le monde sont consacrés à la culture du coton, ce qui engendredes coûts économiques <strong>et</strong> écologiques considérab<strong>les</strong>.41 L’huile de graine de coton est raffinée avant d’être utilisée pour la consommation humaine, car il faut enleverle gossypol, substance toxique pour <strong>les</strong> humains <strong>et</strong> <strong>les</strong> animaux monogastriques.- 100 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeTableau 3 : Les principaux lépidoptères nuisib<strong>les</strong> dans certains pays producteurs du coton 42Nom commundes insectesnuisib<strong>les</strong> pourle cotonVeraméricain dela capsuleNom scientifiquedes insectesnuisib<strong>les</strong> pour lecotonHelicoverpaarmigeraNombre depaysnécessitantun contrôleLes insectes nuisib<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus importants dans certains paysUSA Mexique Inde Chine Australie Argentine24 X X XAnthonome Helicoverpa zea 7 X X XVer rose de lacapsule ducotonVer dubourgeon dutabacPectinophoragossypiekkaHeliothisvirescensSource: James, 2002.26 X X X X X X4 X X XDes gènes de la bactérie Bacillus Thuringensis (bactérie du sol produisant des toxines dont <strong>les</strong>agriculteurs se servent pour lutter contre des insectes) ont été insérés dans des cotonniers.C<strong>et</strong>te variété de coton, appelée coton Bt, résiste à la famille d’insectes lépidoptères (Perlak <strong>et</strong>al., 2001) en produisant un type de protéine toxique pour eux. Puisque la protéine estexprimée à toutes <strong>les</strong> phases de la croissance de la plante, le gène Bt perm<strong>et</strong> à celle-ci des’auto-protéger : le coton Bt est dit plus efficace contre c<strong>et</strong>te famille d’insectes. Contrairementaux insecticides, le gène agit par ingestion spécifiquement sur <strong>les</strong> chenil<strong>les</strong> des principauxpapillons ravageurs du coton, en paralysant leur tube digestif.Le gène Bt Cry1Ac a été incorporé dans le coton Coker 312 désigné sous le nom de MON 531par Monsanto. Le Coker transformé a été ensuite rétrocroisé avec <strong>les</strong> lignées de DeltaPineland (voir supra) par d’autres entreprises qui ont à leur disposition des variétés avec desqualités agronomiques nécessaires pour être acceptées en plantation commerciale (James,2002). Actuellement, <strong>les</strong> variétés de coton Bt sont mises sur le marché par Monsanto sous lenom commercial de Bollgard® (INGARD® en Australie), dont la spécificité est de résisteraux insectes (gène Bt). Monsanto a développé une seconde génération de coton Bt,commercialisé depuis 2003 sous le nom de Bollgard II®. Ce dernier contient deux gènes Bt,Cry1Ac <strong>et</strong> Cry2Ab2, qui devraient améliorer l'efficacité du produit <strong>et</strong> r<strong>et</strong>arder l'apparition de42 Bien que jusqu’à 1326 espèces d’insectes aient été enregistrées pour le coton dans le monde (Matthews 1994),<strong>les</strong> insectes nuisib<strong>les</strong>, qui sont économiquement importants, sont peu nombreux. La plupart des insectes nuisib<strong>les</strong>majeurs appartiennent aux espèces des chenil<strong>les</strong> (Lepidoptera). Il s’agit principalement du ver rose de la capsuledu cotonnier (Pectinophora gossypiella), qui demande un contrôle dans 26 pays, du ver américain de la capsule(Helicoverpa armigera) qui nécessite un contrôle dans 24 pays, du ver de l’épi de maïs (Helicoverpazea)important dans 7 pays, <strong>et</strong> du ver du bourgeon du tabac (Heliothis virescens) qui nécessite un contrôle dans 4pays.- 101 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monderésistances chez <strong>les</strong> organismes nuisib<strong>les</strong>. Il a été autorisé pour son utilisation en Australie enseptembre 2002. Contrairement à l’INGARD®, limité à 30% de la superficie totale du coton,le Bollgard II® n’est pas soumis à c<strong>et</strong>te restriction. Les agriculteurs peuvent le cultiverjusqu'à 80% de leur récolte de coton (CSIRO, 2003 a <strong>et</strong> b). En Inde, le GEAC a approuvé sacommercialisation dans quatre zones croissantes 43 .Il existe d’autres variétés de coton développées par d’autres firmes agbiotech comme DowAgroSciences <strong>et</strong> Syngenta. En 2002, Dow AgroSciences a annoncé le développement de lanouvelle variété de coton Bt contenant deux gènes Cry1Ac <strong>et</strong> Cry1F. Une autorisationcomplète anticipée a été obtenue début 2004. Le nouveau coton Bt sera commercialisé sous lenom WideStrike MD (Le bull<strong>et</strong>in, 2005). Des possibilités de commercialisation internationaledu produit sont en cours d’exploration. L’autorisation d’importation pour le produit est encours d’examen au Japon, au Canada <strong>et</strong> au Mexique. Syngenta, à son tour, prévoit decommercialiser aux USA (après approbation de l’agence américaine de la protection del’environnement, EPA), en 2004, un coton avec un nouveau gène de résistance aux insectessous le nom commercial coton VIP, Veg<strong>et</strong>ative insecticide protein (James, 2002).Le coton Bt est la principale variété commercialisée du coton biotechnologique (cf. tableau 4).Huit pays cultivent actuellement c<strong>et</strong>te variété du coton 44 45 : <strong>les</strong> Etats-Unis (1996), le Mexique(1996), l'Australie (1997), l'Afrique du sud (1997), la Chine (1997), l’Argentine (1998), l’Inde(2002) <strong>et</strong> la Colombie (2002), (Huesing <strong>et</strong> English, 2004 ; Barwale <strong>et</strong> al., 2004 ; James,2002).Selon l’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications) -rapport de James (2004) - , 28% des 32 millions d’hectares de coton sont plantés en variété43 Les décisions de la réunion de GEAC sont disponib<strong>les</strong> à : http://www.envfor.nic.in/divisions/csurv/geac/geac-66.pdf.44 Quelques jours après le vote au Parlement de la loi de bio-sécurité, le Brésil a autorisé la culture <strong>et</strong> la vente ducoton Bt de Monsanto. Cinquième producteur <strong>et</strong> exportateur mondial de coton, avec un chiffre d’affaires de 1,2milliards de dollars en 2004, le Brésil cherche à renforcer sa position sur le marché du coton. Selon le présidentde l’Association des producteurs de coton de Sao Paulo, le coût de production du coton biotechnologique est de«20 à 25 % moins cher» que le coton conventionnel.http://www.agrisalon.com/07-dossiers/dossier-2.php?page=5.45 En Indonésie, Monsanto a introduit le coton biotechnologique en 2001, avant d’arrêter c<strong>et</strong>te activité au profitdes herbicides <strong>et</strong> des semences traditionnel<strong>les</strong>. Monsanto a été poursuivie aux États-Unis par la “Securities andExchange Commission” pour corruption. Elle est accusée d’avoir versé un paiement illégal de 50 000 dollars àun responsable indonésien du ministère de l’Environnement pour faciliter l’adoption par l’Indonésie du cotonbiotechnologique (Inf’ogm, Janvier 2005).- 102 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondebiotechnologique (voir tableau 4 du chapitre 1). Le coton arrive en troisième position pour <strong>les</strong>cultures biotechnologiques (12%) après le soja (60%) <strong>et</strong> le maïs (23%) (cf. tableau 4).Tableau 4 : Situation du coton biotechnologique en 2004Variété de cotonCoton tolérant aux Coton Bt / tolérantCoton Btbiotechnologiqueherbicides aux herbicidesTotalSuperficie enmillions d’hectares4,5 1,5 3 9% de cotonbiotechnologique6 2 4 12Source : ISAAA, 2004. (James)Depuis 1996, avec <strong>les</strong> variétés génétiquement modifiées, <strong>les</strong> agriculteurs de certains paysdisposent d’une alternative pour lutter contre certains ravageurs. En théorie, avec le coton Bton doit s’attendre à une diminution de la quantité de pesticides utilisée <strong>et</strong> à une augmentationde la productivité du coton.3.2. L’introduction du coton Bt dans le monde.L'histoire de la commercialisation du coton Bt est l'histoire d’une coopération entre Monsanto<strong>et</strong> Delta Pineland (ci-après DPL). La firme DPL annonce sur son site web qu'elle a le plusgrand programme privé de croisement des variétés de coton dans le monde. En 1993, DPL asigné un accord exclusif avec Monsanto pour commercialiser mondialement son cotonbiotechnologique, en dehors de l’Inde <strong>et</strong> l’Australie (Pray <strong>et</strong> al., 2001). En 1998, Monsanto aessayé d'ach<strong>et</strong>er DPL, mais la firme s’est confrontée au refus des autorités anti-trustaméricaines. D’après un communiqué de presse du 15 août 2006, Monsanto <strong>et</strong> DPL ont signéun accord définitif par lequel Monsanto achète DPL pour une valeur de 1,5 milliards dedollars. La transaction a été approuvée à l’unanimité par <strong>les</strong> conseils des deux firmes, elle aété avalisée par <strong>les</strong> autorités anti-trust. (www.monsanto.com).Il faut noter que <strong>les</strong> variétés de coton Bt commercialisées en Argentine, au Mexique <strong>et</strong> enAfrique du Sud sont <strong>les</strong> mêmes que cel<strong>les</strong> commercialisées aux Etats-Unis, car le cotons’adapte facilement à un nouvel environnement. L’Australie, par contre, est la seule à avoirdéveloppé ses propres variétés par l’intermédiaire de DPL.a- Aux Etats Unis, le coton est la cinquième plus grande récolte, <strong>et</strong> le Texas en est le plusgrand producteur avec environ 40% de la production totale du pays (Carpenter <strong>et</strong> Gianessi,- 103 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde2003). Les États-Unis restent le plus gros producteur de coton biotechnologique, mais àmesure que d'autres pays l’adoptent, leur part dans la superficie mondiale plantée en cotonGM diminue. Elle est passée de 95% en 1996 à environ 55% en 2001. Monsanto, encollaboration avec DPL, a développé des variétés de coton Bt qui ont été commercialiséesdepuis 1996. L’objectif était de lutter contre <strong>les</strong> trois principaux parasites qui dévastent laculture du coton aux Etats-Unis : Heliothis virescens (Ver du bourgeon du tabac),Helicoverpa zea (Anthonome) <strong>et</strong> Pectinophora gossypiella (Ver rose de la capsule ducotonnier) (James, 2002), (cf. tableau 5).Tableau 5 : Pertes dues aux insectes nuisib<strong>les</strong> du coton aux Etats-Unis, de 1994 à 2001Pertes de 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001rendement en %de 1994 à 2001 6,0 11,1 6,6 9,4 8,0 7,7 9,3 4,5Pertes de rendementdollars/ha65 140 110 145 128 108 138 67Coût du contrôledollars/ha123 145 113 133 158 125 155 130Source : Williams. M., 2002 (cité par James, 2002 p. 68)La rapidité d’adoption du coton Bt varie selon <strong>les</strong> régions. Par exemple, l’Alabama, qui a subiun fort taux d’infestation en 1995, a connu également un fort taux d’adoption, environ 80% dela superficie totale plantée en coton Bt. Alors qu’au Texas le taux d’adoption n’a été que de13% en 2001 (Carpenter <strong>et</strong> Gianessi, 2003).De façon générale, le taux d’adoption du coton Bt aux Etats-Unis est passé de 14% en 1996 à34% en 2001 (Edge <strong>et</strong> al., 2001).b- Au Mexique, le coton Bt a été introduit en 1996, c’est-à-dire à la même période qu’auxEtats-Unis, à cause de la proximité géographique. La distribution est assurée par le seulsecteur privé représenté par Monsanto/DPL. Les variétés de coton Bt cultivées au Mexiqueproviennent des Etats-Unis. Monsanto impose aux agriculteurs de signer des contrats d’achatqui leur interdisent d’utiliser une partie des semences du coton Bt pour la seconde période. C<strong>et</strong>ype de contrat donne le droit aux agents de Monsanto/DPL d’inspecter <strong>les</strong> champs pours’assurer du respect des clauses.- 104 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeEn 2000, environ 80.000 hectares de coton ont été développés dans sept Etats du Mexique,avec plus de 25.000 hectares dans le Chihuahua, ce qui représente plus de 25% du secteurcotonnier du pays (cf. tableau 6). Baja California, Tamaulipas, Sonora, Coahuila, Durangoand Sinaloa représentent environ 55.000 hectares (Traxler <strong>et</strong> al., 2004). La surface du cotonBt représente 35% de la surface totale du coton en 2001Tableau 6 : Superficie <strong>et</strong> pourcentage d’adoption du coton Bt au Mexique entre 1996 <strong>et</strong>2001AnnéeSurface totale du coton (en Surface du coton Bt (en % de la surface du cotonhectares)hectares)Bt1996 314,768 900


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monded- En Chine, en 1995 DPL a commencé une recherche sur le coton en partenariat avecl’Académie chinoise des sciences agrico<strong>les</strong> (CAAS, Chinese Academy of AgriculturalSciences) (ISAAA, 2002b). En 1996, DPL Chine a développé une joint-venture, Ji Dai, avec lasociété de semences de la province du Hebei, pour produire <strong>et</strong> commercialiser des variétés decoton biotechnologique. DPL Chine est une filiale possédée à 80% de D&M International,une association de 50/50 de Monsanto <strong>et</strong> DPL. Les 20% qui restent de DPL Chine sontpossédés par plusieurs unités du gouvernement de Singapour (Singapore EconomicDevelopment Authority).En 1997, le comité chinois de biosécurité (CBC) a approuvé la commercialisation de lavariété 33B du coton biotechnologique dans la province de Hebei. En 1999, deux autresvariétés de coton ont été autorisées à la commercialisation dans la province d’Anhui (Pray,2001). En 2000, <strong>les</strong> deux sociétés américaines (Monsanto <strong>et</strong> DPL) ont formé une jointventure,An Dai, avec la société de semences de la province d’Anhui. Monsanto fournit legène Bt, <strong>et</strong> DPL <strong>les</strong> variétés de coton, tandis que <strong>les</strong> sociétés chinoises se chargent del'évaluation des variétés, de la multiplication des semences <strong>et</strong> de leur distribution. En 1997,CAAS a obtenu l’autorisation de la CBC pour commercialiser dans neuf provinces desvariétés de son coton biotechnologique, SGK321.e- En Afrique du Sud, Monsanto offre le gène Bt à la filiale de DPL en Afrique du Sud qui lecroise avec des meilleures variétés loca<strong>les</strong>. Dans la région de Makhatini Flats, dans laprovince de KwaZulu Natal, la distribution du coton est assurée par la seule entreprise Vunisaqui distribue à la fois <strong>les</strong> variétés de coton conventionnel<strong>les</strong> <strong>et</strong> biotechnologiques (Thirtle <strong>et</strong>al., 2003). Elle est le seul fournisseur d'intrants pour le coton dans la région. Elle offre aussides crédits aux agriculteurs pour financer l'achat d'intrants <strong>et</strong> <strong>les</strong> coûts de main-d'œuvre(Ismael <strong>et</strong> al., 2002; Kirsten <strong>et</strong> al., 2003; Gouse <strong>et</strong> al., 2004). En Afrique du Sud, le coton Btest adopté par la majorité des p<strong>et</strong>its agriculteurs dans la région de Makhatini Flats <strong>et</strong> Tonga.En 2002, environ 30 000 ha de coton Bt étaient cultivés en Afrique du Sud, dont 5 700 hadans la région de Makhatini où le taux d’adoption est passé de 10% en 1998-99 à environ92% en 2001-02 (cf. tableau 7). Le taux d’adoption à Tonga atteint également plus de 95% en2001 (Ismael <strong>et</strong> al., 2002, Kirsten <strong>et</strong> al., 2003).- 106 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeTableau 7 : Superficie <strong>et</strong> taux d’adoption du coton Bt dans la région de Makhathini entre1998-1999 to 2000-2001AnnéeSurface du coton Bt (enTaux d’adoption du cotonNbre de p<strong>et</strong>its fermiershectares)Bt en %1998- 1999 80 75 101999-2000 752 411 402000-2001 1 864 1 184 602001-2002 5 670 2 976 92Source: Ismael <strong>et</strong> al., 2002.f- En Argentine, le coton Bt a été introduit en 1998 dans une parcelle de 5500 hectares, ce quiest équivalent à 0,7% des 750 930 hectares de la superficie totale du coton en 1998-1999. Lecoton biotechnologique est distribué par Mandiyù, une joint-venture entre Monsanto, DPL <strong>et</strong>Ciagro (un semencier local). Mandiyù impose aux agriculteurs de signer des contrats d’achatqui leur interdisent d’utiliser une partie des semences du coton Bt pour la seconde période.C<strong>et</strong>te pratique va au delà des réglementations sur <strong>les</strong> semences. Les prix élevés des variétésbiotechnologiques du coton expliquent le faible taux d’adoption en Argentine. Certes, le cotonbiotechnologique réduit <strong>les</strong> pulvérisations, mais le prix élevé de la technologie (103 dollars/hapour <strong>les</strong> semences du coton Bt contre 17 dollars/ha pour <strong>les</strong> semences conventionnel<strong>les</strong>)empêche <strong>les</strong> agriculteurs de réaliser des bénéfices (Qaim <strong>et</strong> De Janvry, 2003).g- En Indonésie, l’histoire du coton biotechnologique a débuté en 1996, lorsque PT MonagroKimia, une filiale de Monsanto, a commencé <strong>les</strong> essais de culture sur la variété de coton Bt.Le principal objectif était d'identifier des variétés adaptées localement en particulier dans laSulawesi du Sud. En 1999, le gouvernement indonésien a autorisé la culture d'un coton Bt quia été déclaré sans danger sur l'environnement. En 2000, quarante tonnes de semences de cotonGM ont été importées par PT Monagro Kimia, <strong>et</strong> approximativement 4 000 hectares de cotonBt ont été plantés dans la Sulawesi du Sud, laquelle produit environ un tiers du cotonindonésien. Les variétés loca<strong>les</strong> souffrent des infestations des lépidoptères <strong>et</strong> exigent jusqu'à12 applications d'insecticide par saison, ce qui est dangereux pour l'environnement <strong>et</strong> pour lasanté des agriculteurs. En outre, l'Indonésie peut seulement fournir environ 2% de saconsommation de coton <strong>et</strong> doit donc en importer 98%, pour un coût de 500 millions de dollars(ICAC, 2002).- 107 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeh- En Colombie 46 , le coton Bt a été introduit en 2002, après l’approbation du ConseilTechnique National (el Consejo Técnico Nacional, CTN) <strong>et</strong> de l'Institut Colombien Agricole(Instituto Colombiano Agropecuario, ICA), dans la région Caribe Colombiana, située au norddu pays (pour 2 000 hectares). La Colombie a étendu sa surface cultivée en coton Bt,atteignant environ 5 000 hectares au cours de sa deuxième année de production. C<strong>et</strong>teintroduction a été effectuée sans évaluation de la part du conseil technique national de Biosécurité.i- En Afrique, le coton Bt est actuellement en phase d’expérimentation au Burkina Faso. Lesdonnées sur l'impact de l’adoption du coton Bt par <strong>les</strong> fermiers ne sont pas encore disponib<strong>les</strong>(Ouedraogo, 2003). Cependant, Elbehri <strong>et</strong> MacDonald (2004) ont examiné <strong>les</strong> avantages<strong>potentiels</strong> du coton Bt dans l’Afrique centrale <strong>et</strong> de l’ouest <strong>et</strong> ont conclu que c<strong>et</strong>te technologieaurait <strong>les</strong> mêmes avantages que ceux observés dans d'autres régions du monde. De plus, lecoton y est la principale source de revenus. Au Mali 47 , par exemple, contrairement à d’autrespays producteurs, ont utilise toute la plante du coton. Pour 100 kg de coton en graine, onobtiendra 42% de fibre, 52% de produits alimentaires (huile pour l’alimentation humaine <strong>et</strong>farine pour le bétail) <strong>et</strong> 6% de déch<strong>et</strong>s perm<strong>et</strong>tant de fabriquer des serpillières (Vennemani <strong>et</strong>Mamère, 2005).3.3. Le cas du coton Bt en IndeL’Inde est le troisième plus grand producteur de coton du monde, après la Chine <strong>et</strong> <strong>les</strong> Etats-Unis, avec environ 9 millions d’hectares, soit 25% de la superficie mondiale (Kambhampati <strong>et</strong>al., 2005 ; Orphal, 2005). L’industrie de transformation du coton est l’une des plusimportantes industries du pays. Elle emploie directement environ 30 millions de personnes,contribue à 4% du PIB <strong>et</strong> à 14% de la production industrielle (Barwale <strong>et</strong> al., 2004 ;Kambhampati <strong>et</strong> al., 2005). La culture du coton, de son côté, représente 30% du produitintérieur brut agricole, <strong>et</strong> plus de 17 millions de personnes en Inde en dépendent, la majoritéd’entre el<strong>les</strong> étant des paysans faisant vivre leurs famil<strong>les</strong> avec moins de 2 hectares de terre(Benn<strong>et</strong>t <strong>et</strong> al., 2004). La culture du coton en Inde souffre de l’attaque d’un certain nombre deparasites, le plus dangereux étant l’Helicoverpa armiga, qui peut détruire toute une récolte. Le46 Les informations disponib<strong>les</strong> sur la Colombie dans ce paragraphe sont issues de l’article “Algodón transgénicoen Colombia’’, 12/23/2002, du site Intern<strong>et</strong> du Groupo Smillas : http://www.semillas.org.co47 Au Mali, le coton fait vivre directement ou indirectement prés de 3 millions de personnes (1/3 de lapopulation), il représente 15% du PIB <strong>et</strong> 50% des rec<strong>et</strong>tes d’exportations du pays. Le coton représente aussi 75%des rec<strong>et</strong>tes d’exportations pour le Bénin <strong>et</strong> 60% pour le Burkina-Faso.- 108 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondesecteur agricole cotonnier est très coûteux, notamment parce qu’il absorbe la moitié despesticides utilisés par l’agriculture indienne (700 millions de dollars/an), engendrant des coûtséconomiques <strong>et</strong> écologiques considérab<strong>les</strong>. Dans ce contexte, le coton biotechnologique estconsidéré comme une solution intéressante.En Inde, la première récolte biotechnologique autorisée à la commercialisation est le coton Bt,développé par Maharashtra Seed Company (Mahyco) en collaboration avec Monsanto(Hautea <strong>et</strong> al., 2004). Monsanto est implantée en Inde depuis 1949, son siège social est àBombay. Elle est l’un des principaux fournisseurs des produits phytosanitaires (<strong>les</strong> herbicidesnotamment). L’Inde constitue une destination importante pour Monsanto pour promouvoir laculture du coton Bt, du fait de la forte demande en produits phytosanitaires. Cela lui perm<strong>et</strong>également de s’assurer du contrôle d’un marché en pleine expansion. Dès 1990, Monsantonégocie avec le gouvernement indien un accord de transfert de technologie concernant lecoton Bt. C<strong>et</strong> accord n’aboutit pas à cause d’un désaccord sur <strong>les</strong> conditions financières dutransfert. Ainsi, des négociations pour <strong>les</strong> licences d’utilisation de la technologie Btcommencèrent entre Monsanto <strong>et</strong> Maharashtra Hybrid Seeds Company Ltd (Mahyco), le plusgrand semencier du coton en Inde. Mahyco, créée en 1964, fut l’une des principa<strong>les</strong>entreprises semencières qui sont intervenues pendant la révolution verte. Mahyco <strong>et</strong> Monsantoont créé une joint-venture, Mahyco Monsanto Biotech company (MMB) en 1998.Le 10 mars 1995, le département des <strong>biotechnologies</strong> du gouvernement indien autoriseMahyco à importer 100 grammes de graines de coton Bt. En 1996 c<strong>et</strong>te variété est croiséeavec <strong>les</strong> meilleures variétés indiennes. En 1998, Monsanto achète 26% du capital de Mahyco.Les deux sociétés obtiennent l’autorisation, du RCGM (Review Committee for Gen<strong>et</strong>icModification), d’effectuer des essais en champ de coton Bt à raison de 100 grammes par essai.En juill<strong>et</strong> 2000, Mahyco reçoit le feu vert de GEAC (Gen<strong>et</strong>ic Engineering ApprovalCommittee), pour mener des essais en champs à grande échelle <strong>et</strong> produire ses propressemences biotechnologiques. Finalement, le 27 mars 2002, le groupement Monsanto-MahycoBiotech (MMB) annonce qu’il a reçu, après six années de tests, l’autorisation decommercialiser le coton Bt 48 (cf. tableau 8). Aujourd’hui, <strong>les</strong> deux sociétés sont en joint-48 Une contamination importante des récoltes en 2001 a peut-être contribué à accélérer la procédured'autorisation, afin d'éviter une crise agricole. En eff<strong>et</strong>, en 2001, l'entreprise semencière Navbharat a vendu sansautorisation des semences de coton Bt à des agriculteurs de l'Etat du Gujarat. Le gouvernement indien demanda,moyennant indemnisation, la destruction de ce coton Bt, mais la majeure partie de la production avait alors déjàété vendue.- 109 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeventure (50/50) (Barwale <strong>et</strong> al., 2004) <strong>et</strong> la culture de coton Bt est répartie entre six États :Gujarat, Maharashtra, Andra Pradesh, Madhya Pradesh, Karnataka <strong>et</strong> Tamil Nadu (Newell,2003).La mise en culture du coton Bt, autorisée initialement d’avril 2002 à mars 2005 <strong>et</strong> renouveléeen mai 2005, est soumise à trois conditions : (i) que des zones refuges d’une superficie aumoins égale à 20% de la parcelle cultivée avec du coton OGM (au minimum 5 rangées) soientensemencées avec des variétés conventionnel<strong>les</strong>, (ii) que Mahyco étudie annuellement laréactivité du parasite au gène Bt, (iii) que ces informations soient transmises au GEAC.Actuellement, le secteur cotonnier est caractérisé par des coûts croissants <strong>et</strong> des rendementsen baisse. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> intrants chimiques (pesticides <strong>et</strong> engrais) coûtent de plus en plus cher àcause de l’augmentation du prix du pétrole. A cela s’ajoute l’effondrement des coursmondiaux du coton, ce qui conduit à une baisse des revenus des paysans. Dans ce contexte, lecoton Bt contribuera à l’abaissement des coûts par la réduction de l’utilisation de produitsphytosanitaires <strong>et</strong> la réduction de la charge de travail (Elbehri <strong>et</strong> MacDonald, 2004).Année19931995-19961996-2000Tableau 8. Chronologie de l’autorisation du coton Bt en Inde.Chronologie de l’autorisationDébut des négociations pour <strong>les</strong> licences d’utilisation de la technologie Btentre Monsanto <strong>et</strong> Mahyco.Autorisation de l'importation de 100 grammes de graines de coton Btcontenant le gène de Cry1Ac.Croisement du gène Cry1Ac avec <strong>les</strong> meilleures variétés indiennes pourproduire des variétés du coton Bt adaptée localement.Instance juridiquecompétente en Inde1996-2000 Essais en champ du coton Bt limités (à raison de 100 grammes par essai). RCGM (DBT)1998-2001 Études biochimiques <strong>et</strong> de toxicologie.2001-2002 Rapport positif sur <strong>les</strong> essais en champ de coton Bt, conduites par ICAR.2002Mahyco-Monsanto reçoit l’autorisation du GEAC de commercialiser troistransformants de graines de coton Bt (Bollgard) contenant le gène Cry1Ac– précisément Bt Mech 12, Bt Mech 162 <strong>et</strong> Bt Mech 184.-DBTDBTRCGM (DBT),GEACGEAC, ICAR,DBT, MECGEACDBT : Department of Biotechnology (département des <strong>biotechnologies</strong>), RCGM : Review Committee for Gen<strong>et</strong>ic Modification(le conseil consultatif sur <strong>les</strong> modifications génétiques), GEAC : Gen<strong>et</strong>ic Engineering Approval Committee (le conseild’autorisation de dissémination des produits issus du génie génétique), MEC : Monitoring & Evaluation Committees (conseilde gestion <strong>et</strong> d’évaluation), ICAR : Indian Council of Agriculture Research; (Conseil de la recherche agricole indien.)Source : Barwale <strong>et</strong> al., 2004 ; Corpwatch, 2002.- 110 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde4. Le coton Bt : quel impact sur <strong>les</strong> pays l’ayant adopté ?Dans c<strong>et</strong>te section, nous étudions l’impact du coton Bt dans <strong>les</strong> pays en développement (4.1)<strong>et</strong> dans <strong>les</strong> pays industrialisés (4.2), pour mieux comprendre <strong>les</strong> divergences ou <strong>les</strong>convergences d’impact entre ces deux groupes de pays.4.1. L’impact du coton Bt dans <strong>les</strong> pays en développementLes études disponib<strong>les</strong> 49 sur l’Inde (Qaim, 2003; Qaim <strong>et</strong> Zilberman, 2003), l’Afrique du Sud(Ismaël <strong>et</strong> al., 2002), le Mexique (Traxler <strong>et</strong> al., 2003 ; Traxler <strong>et</strong> Godoy-Avila, 2004), laChine (Pray <strong>et</strong> al., 2002) <strong>et</strong> l’Argentine (Qaim <strong>et</strong> de Janvry, 2003), montrent que <strong>les</strong>agriculteurs peuvent gagner plus avec <strong>les</strong> variétés de coton Bt si <strong>les</strong> charges agrico<strong>les</strong>diminuent (pesticides, mains d’œuvre, <strong>et</strong>c.) (cf. annexe 2). Ces études montrent qu’avecl’adoption du coton Bt <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its exploitants agrico<strong>les</strong> sont plus susceptib<strong>les</strong> de tirer avantagede c<strong>et</strong>te culture que <strong>les</strong> grands exploitants. Toutefois el<strong>les</strong> examinent l’impact de l’adoptiondu coton Bt dans une zone régionale sans prendre en considération l’impact sur <strong>les</strong> autresrégions mondia<strong>les</strong> (Frisvold <strong>et</strong> al., 2006).a- En Chine, plus de 4 millions de p<strong>et</strong>its agriculteurs ont adopté le coton Bt sur environ 30%de la superficie totale plantée en coton. La surface moyenne d’une ferme est inférieure à unhectare, <strong>et</strong> celle dédiée à la culture du coton ne dépasse pas 0,5 hectare (Huang <strong>et</strong> al., 2002).Les semences de coton Bt se vendent près du double des semences conventionnel<strong>les</strong>, mais àun prix relativement bas par rapport aux autres pays. Ceci s’explique par la forte concurrencecommerciale qui existe entre <strong>les</strong> variétés développées par le secteur public, notamment CAASqui concurrence <strong>les</strong> variétés de Monsanto.L’utilisation de pesticides a été fortement réduite (60 à 70 %) sur <strong>les</strong> variétés de coton Bt parrapport aux variétés conventionnel<strong>les</strong> (Huseing <strong>et</strong> English, 2004). Le rendement des variétésBt a augmenté de 10% par rapport à celui des variétés non Bt, soit une différence de 343kg/ha en faveur du coton Bt. L’avantage économique global du coton Bt comparativement aucoton non Bt se situe entre 357 dollars/ha en 1999 <strong>et</strong> 502 dollars/ha en 2001, soit unemoyenne de 470 dollars/ha. Les fermiers producteurs de coton, avec un revenu moyen par têtede 250 dollars/an, ont généré un revenu supplémentaire d’environ 350 dollars/an, ce qui49 Faute de données, nous ne pouvons traiter l’impact du coton Bt en Colombie.- 111 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondecorrespond à un revenu supplémentaire de 140 dollars pour <strong>les</strong> 0,4 hectares plantés de cotonBt. (ISAAA, 2002b). En termes de distribution des bénéfices, <strong>les</strong> données récoltées par Pray<strong>et</strong> al. (2002), montrent clairement qu’en 1999, 80 à 85% des bénéfices totaux revenaient auxagriculteurs, 18% revenaient aux sociétés de semences <strong>et</strong> 2.4% seulement à Monsanto <strong>et</strong> DPL(Pray <strong>et</strong> al., 2001 ; Pray <strong>et</strong> al., 2002). L’étude réalisée par Pray <strong>et</strong> al. (2001) sur la répartitiondes r<strong>et</strong>ombées économiques par taille d’exploitation <strong>et</strong> classe de revenu, montre que <strong>les</strong>exploitations de moins d’un hectare ont enregistré une augmentation des revenus n<strong>et</strong>s àl’hectare de plus du double par rapport aux exploitations de grande taille. Donc le coton Btaurait engendré une forte amélioration des revenus n<strong>et</strong>s des agriculteurs pauvres.b- En Argentine, avec l’utilisation du coton Bt le nombre de pulvérisations a été réduit, laproductivité par hectare a augmenté, mais <strong>les</strong> bénéfices sont d’un montant absolu relativementfaible <strong>et</strong> d’une marge sensiblement moins importante que dans <strong>les</strong> autres pays à cause du prixélevé (prix du monopole) des semences de coton Bt. Ce qui explique le faible taux d’adoptiondu coton Bt par <strong>les</strong> agriculteurs (Qaim <strong>et</strong> De Janvry, 2003).Contrairement à la loi argentine qui autorise <strong>les</strong> agriculteurs à conserver une partie de leurssemences pour la campagne suivante, Mandiyù impose aux agriculteurs de signer des contratsd’achat leurs interdisant l’utilisation des semences de coton Bt pour la campagne suivante.Dans la mesure où le coton Bt <strong>et</strong> non Bt se vendent sensiblement au même prix sur le marchéfinal, <strong>les</strong> variétés de coton Bt ont entraîné une augmentation moyenne des revenus bruts de34%, car le nombre de pulvérisations a chuté à peu prés de moitié.Une courbe simulée de demande pour le coton Bt en Argentine suggère que le prix optimaldes semences de coton Bt doit se situer entre 40 <strong>et</strong> 50 dollars/hectare pour augmenter le tauxd’adoption du coton Bt de 40 à 50%, ce qui serait bénéfique (en termes de gain) à la fois pour<strong>les</strong> agriculteurs <strong>et</strong> pour <strong>les</strong> fournisseurs de technologie (Qaim <strong>et</strong> De Janvry, 2003).c- Au Mexique, l’utilisation du coton Bt a eu un grand succès. Il a réduit l’utilisation despesticides de plus de 50%. Après l’introduction, par exemple, du coton Bt dans la région deComarca Lagunera (une partie des États de Coahuila <strong>et</strong> Durango au Centre-Nord duMexique), l’attaque des ravageurs a été très rare. Dans c<strong>et</strong>te région, on classe <strong>les</strong> producteursen trois groupes : <strong>les</strong> ejidos qui ont une superficie de 2 à 10 hectares, <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its producteursqui disposent de 30 à 40 hectares <strong>et</strong> <strong>les</strong> producteurs indépendants qui ont une superficie- 112 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondegénéralement inférieure à 100 hectares. Les ejidos <strong>et</strong> <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its producteurs se sont rassemblésdans des groupements d’agriculteurs pour avoir accès au crédit <strong>et</strong> à l’assistance techniquefacilitant l’adoption du coton Bt (Traxler <strong>et</strong> Godoy-Avila, 2004).En moyenne la différence de rendements entre <strong>les</strong> variétés Bt <strong>et</strong> non Bt était de 165 kg/ha.Pour <strong>les</strong> deux années d’études (1997 <strong>et</strong> 1998), le surplus estimé est de l’ordre de 6 millions dedollars, dont 86% reviennent aux agriculteurs <strong>et</strong> 14% à Monsanto / DPL (Falck-Zepeda <strong>et</strong> al.,2000 ; Traxler <strong>et</strong> al., 2003 ; Traxler <strong>et</strong> Godoy-Avila, 2004). En outre, <strong>les</strong> dépenses desemences du coton Bt varient selon <strong>les</strong> régions. Par exemple, dans le nord de Tamaulipas(Centre-Est du Mexique), le prix est trois fois plus élevé que dans le sud de Sonora, région oùl’attaque des ravageurs n’est pas aussi importante que dans le nord de Tamaulipas.d- En Afrique du sud, le coton Bt a permis une augmentation de la productivité <strong>et</strong> unediminution des pulvérisations qui sont passées de 11 à 4, ce qui correspond à des économiesde l’ordre de 45 dollars/hectare avec des coûts d'insecticides équivalents à 70 dollars/hectarepour le coton non-Bt <strong>et</strong> à 25 dollars/hectare pour le coton Bt (Ismael <strong>et</strong> al., 2002 ; Kirsten <strong>et</strong>Gouse, 2003). Dans la région de Makhatini, le coton Bt a permis une réduction desintoxications par <strong>les</strong> insecticides. Lorsque <strong>les</strong> taux d'adoption de coton Bt ont augmenté de10% en 1998 à 40% en 1999 <strong>et</strong> à 60% en 2000, le nombre d’intoxications a diminué de 30cas, à 14, <strong>et</strong> à 6 cas, respectivement (Ismael <strong>et</strong> al., 2002).La part la plus importante du bénéfice additionnel généré par la culture du coton Bt revientaux agriculteurs, avec 69% pour <strong>les</strong> p<strong>et</strong>ites exploitations, 45% pour <strong>les</strong> grandes exploitations<strong>et</strong> 79% pour <strong>les</strong> grandes exploitations irriguées. Monsanto a eu respectivement 28%, 52% <strong>et</strong>20% de ce surplus <strong>et</strong> enfin DPL 3%, 2% <strong>et</strong> 1%. L’analyse montre que <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its agriculteursde Makhatini réalisent des marges brutes à l’hectare supérieures à cel<strong>les</strong> des grandesexploitations. Par contre, le bénéfice pour <strong>les</strong> consommateurs a été nul, car le prix du coton enAfrique du Sud n’influence pas le prix mondial du coton (Gouse <strong>et</strong> al., 2004).e- En Indonésie, en 2001, le coton Bt n’a exigé que 3 applications au maximum d'insecticidecomparées aux variétés loca<strong>les</strong> qui demandent 9 à 12 applications. Les agriculteurs dépensent60% de l’ensemble de leurs coûts de production dans le contrôle des parasites. Les économiessur <strong>les</strong> insecticides ont augmenté sensiblement le revenu des agriculteurs (ISAAA, 2002c).Nonobstant ces résultats, le coton Bt a été un échec. Selon le gouvernement indonésien, 70%- 113 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondedes zones de culture en coton Bt n’ont récolté que 500 kg, alors que Monsanto garantissait ungain de trois tonnes. En décembre 2003, le ministère indonésien de l'agriculture a annoncé queMonsanto s'est r<strong>et</strong>irée de Saluwesi du Sud après y avoir mené trois ans d'expériences en pleinchamp. L'une des raisons de ce r<strong>et</strong>rait de Monsanto est lié au fait que son activité coton auSaluwesi du Sud n'était plus rentable (http://www.grain.org/seedling/).4.2. L’impact économique du coton Bt en IndeLa première étude sur l’impact du coton Bt en Inde a été réalisée par Qaim (2003) <strong>et</strong> Qaim <strong>et</strong>Zilberman (2003). Les auteurs ont utilisé <strong>les</strong> données de l’étude réalisée en 2001 par Mahycosur 395 exploitations réparties sur sept États indiens. Selon <strong>les</strong> auteurs, <strong>les</strong> rendementsmoyens pour le coton Bt sont supérieurs de 80% à ceux des variétés non Bt. C<strong>et</strong>teperformance s’explique par l’importance des attaques des ravageurs <strong>et</strong> par le fait que <strong>les</strong>agriculteurs n’ont pas accès à des pesticides efficaces <strong>et</strong> bon marché. Leurs résultats montrentque la culture du coton Bt a permis une réelle diminution de la quantité de pesticides <strong>et</strong> uneaugmentation de rendement de l’ordre de 50 kg/ha, soit un gain de 12,5%. Le nombre depulvérisations contre la chenille du coton a chuté en moyenne de 3,68 à 0,62 par campagne,bien que le nombre de pulvérisations contre <strong>les</strong> autres insectes ne soit pas sensiblementdifférent. Le coton Bt semble avoir eu des r<strong>et</strong>ombées positives sur l'environnement (Qaim,2003 ; Qaim <strong>et</strong> Zilberman, 2003).C<strong>et</strong>te analyse est discutable, dans la mesure où <strong>les</strong> auteurs n'ont réalisé aucune analyseéconomique par <strong>les</strong> marges brutes calculées, alors que dans ce type d’analyse, il faut prendreen considération à la fois <strong>les</strong> dimensions économique <strong>et</strong> agronomique (Gala, 2005). Ilsoublient aussi que le facteur important est l’irrigation, <strong>et</strong> que l’avantage d’un type de cotonpar rapport à un autre n’existe que si l’accès à l’eau est assuré. Enfin, <strong>les</strong> résultats sontobtenus pour une période de faible infestation des ravageurs. Une étude réalisée par Orphal(2005) sur la région de Karnataka, dans le sud de l’Inde, montre clairement que laperformance économique du coton est non seulement déterminée par son marquage génétiquemais également par <strong>les</strong> conditions agro-écologiques dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il est développé.- 114 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeSelon une étude réalisée par Deccan Development Soci<strong>et</strong>y 50 , la culture du coton Bt aprovoqué une succession de suicides d’agriculteurs. Au cours des derniers dix huit mois,quatre cents fermiers qui cultivaient le coton en Inde dans <strong>les</strong> états de l'Andhra Pradesh <strong>et</strong> duKarnataka (tous <strong>les</strong> deux au sud du pays), se sont suicidés (Iyengar <strong>et</strong> Lalitha, 2002). Cesfermiers s'étaient tous end<strong>et</strong>tés auprès de succursa<strong>les</strong> de Mahyco, qui leur vendaient à crédit<strong>les</strong> semences de coton Bt, engrais, pesticides <strong>et</strong> herbicides. L’étude conclut que le coton Bt estun échec, <strong>et</strong> cela à tous niveaux (rendements, coût de culture, résistance aux insectes). Ellemontre aussi que la moyenne des rendements sur trois ans est inférieure de 8% pour le cotonBt, alors que <strong>les</strong> coûts sont de 12% plus élevés. La moyenne des bénéfices pour l’agriculteurest donc pour le coton Bt de 60% moindre que pour le coton non Bt (cf. tableau 9).Tableau 9 : Moyenne sur trois ans (2002-2005) du coton Bt <strong>et</strong> coton non Bt(1 hectare = 2,47 acres)Moyenne des trois ansCoton Bt Coton non Bt Gain avec BtCoût de la semence (Rs/acre) 1557 (13.4%) 466 (4.5%) -1090 (-234%)Coût des pesticides (Rs/acre) 2571 (22%) 2766 (27%) 195 (+ 7%)Coût total de la culture (Rs/acre) 11594 (100%) 10336 (100%) -1259 (-12%)Bénéfice n<strong>et</strong> (Rs/acre) 2032 4787 -2755 (-57%)Production (Kg/acre) 649 708 -59 (- 8%)Source : http://www.ddsindia.com/press_release1.htmUne récente étude sur l’impact du coton Bt dans l’Etat de Maharashtra a été conduite pour <strong>les</strong>saisons de 2002 <strong>et</strong> 2003, <strong>et</strong> elle a été réalisée sur de vraies fermes plutôt que sur des essais auxchamps (Benn<strong>et</strong>t <strong>et</strong> al., 2004). Les résultats démontrent que <strong>les</strong> variétés de coton Bt ont eu unimpact significativement positif sur <strong>les</strong> rendements moyens <strong>et</strong> sur la performance économiquedes agriculteurs. Cependant, il est important de noter que, bien que c<strong>et</strong>te étude ait pris encompte deux saisons, il n'y a aucune garantie que <strong>les</strong> avantages pour le coton Bt continueront.Le coton Bt, à lui seul, n’élimine pas l’usage de tous <strong>les</strong> insecticides, Il peut seulement leréduire, car la technologie fonctionne uniquement contre certains ravageurs, surtout <strong>les</strong>lépidoptères. Donc le coton Bt donne seulement un contrôle partiel de certains insectes. Dans50 Il s’agit d’une coalition réunissant 140 ONG indiennes pour la défense de la biodiversité. DeccanDevelopment Soci<strong>et</strong>y a étudié le cas de 164 p<strong>et</strong>its paysans de trois zones dans l’État de l’Andhra Pradesh(Warangal, Nalgonda <strong>et</strong> Adilabadand Kurnoo).- 115 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondel’État de l’Andhra Pradesh, par exemple, le coton Bt n’a pas pu contrôler l’Helicoverpaarmigera. Ainsi, pour 71% de paysans qui l’ont essayé, c<strong>et</strong>te chenille a causé plus de dégâtsque n’importe quel autre ravageur (Qayam <strong>et</strong> Sakkhari, 2003).Par ailleurs, une expérience effectuée au Karnataka par Saam <strong>et</strong> al. (2004) visait à perm<strong>et</strong>tre àdes p<strong>et</strong>its paysans <strong>et</strong> à des consommateurs d’évaluer le coton Bt de Monsanto afin dedéterminer s’ils seraient ou non d’accord pour le planter dans leurs champs. La majorité despaysans ont répondu négativement. Diverses conditions devraient selon eux être remplies : enparticulier, <strong>les</strong> plantes biotechnologiques ne devraient pas affecter négativementl'environnement. Les paysans doivent pouvoir facilement adapter <strong>les</strong> plantesbiotechnologiques à leur environnement <strong>et</strong> à leurs besoins spécifiques. Une partie des paysansa jugé <strong>les</strong> plantes biotechnologiques incompatib<strong>les</strong> avec la protection de l'environnement <strong>et</strong> dela biodiversité. Une autre partie des paysans serait d'accord pour semer <strong>les</strong> semences de cotonBt à condition d'avoir un certificat du directeur de la compagnie <strong>les</strong> protégeant de tout risquepotentiel. Enfin, une partie des paysans serait d'accord de planter des OGM à condition qu'ils'agisse de cultures non alimentaires. De manière plus générale, <strong>les</strong> paysans ont souligné lefait que toute innovation devrait préserver le droit des paysans à conserver, sélectionner <strong>et</strong>échanger leurs semences.En général, bien que <strong>les</strong> données disponib<strong>les</strong> dans la littérature prêtent à croire que <strong>les</strong>agriculteurs gagnent plus avec <strong>les</strong> variétés biotechnologiques, il est encore trop tôt pourévaluer de manière décisive l'ampleur <strong>et</strong> la stabilité des rendements des variétés de coton Btpar rapport aux variétés conventionnel<strong>les</strong>, car ces aspects dépendent, entre autres, despratiques agronomiques <strong>et</strong> de l’attaque des insectes qui varient d'une campagne à l'autre <strong>et</strong>d'un champ à l'autre. En plus, ces études négligent une dimension importante de la rationalitééconomique des firmes agbiotech, à savoir que cel<strong>les</strong>-ci ne cherchent pas à rentabiliser leurinvestissement en recherche <strong>et</strong> développement dès la première période, au nom d’unestratégie de captation de la clientèle (malgré le fait que la technologie reste inaccessible à denombreux agriculteurs à cause du prix du monopole). L’avantage pour <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its agriculteursdes pays en développement reste donc à vérifier. Enfin, certaines enquêtes sont commanditéespar des multinationa<strong>les</strong> d’agbiotech qui utilisent leurs résultats pour soutenir leur cause. Il fautêtre très vigilant dans l’interprétation de ces résultats.- 116 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde4.3. L’impact du coton Bt dans <strong>les</strong> pays industrialisésAux Etats Unis, le coton Bt a engendré une augmentation des rendements de l’ordre de 10%voire plus. Les producteurs ont pu diminuer le nombre d'applications d'insecticide <strong>et</strong> réduirede ce fait <strong>les</strong> coûts de traitement (Perlak <strong>et</strong> al., 2001). Les agriculteurs américains ont trèsrapidement adopté le coton Bt, notamment dans <strong>les</strong> États du Sud où <strong>les</strong> ravageurs sont <strong>les</strong> plusproblématiques.Le nombre moyen d'applications de pesticides contre la chenille du coton est passé de 4,6applications, pendant la période de 1992 à 1995, à 0,8 applications pendant la période de 1999à 2001. Carpenter <strong>et</strong> Gianessi (2001) <strong>et</strong> Gianessi <strong>et</strong> al. (2002) estiment que la moyenneannuelle de pesticides utilisés sur le coton aux États-Unis a chuté d'environ 1 000 tonnes (dematière active). L’augmentation des rendements <strong>et</strong> la diminution des coûts liés auxtraitements du coton ont partiellement compensé le coût élevé des semences de coton Bt.L’avantage de rendement du coton Bt est de 84 millions de tonnes contre 117,9 MT en 1999<strong>et</strong> 80,7 MT en 1998. Ainsi, en 2001, le coton Bt a enregistré en moyenne une augmentation de40 kg/hectare pour un gain de 50 dollars/hectare (cf. tableau 10).AnnéeTableau 10 : Avantage national du coton Bt aux Etats-UnisProduction en MTBaissed’insecticidesBénéfice nationalen M$Bénéfice en $/haCoton Bt en Md’ha1998 80.704 907 92 84 1,101999 117.935 1.224 99 52 1,822001 84.085 848 103 50 2,08Source : Carpenter <strong>et</strong> Gianessi, 2001; Gianessi <strong>et</strong> al., 2002.Les études disponib<strong>les</strong> sur le coton Bt, pour la période allant de 1996 à 1998, montrent que <strong>les</strong>agriculteurs ont été <strong>les</strong> bénéficiaires principaux du coton Bt. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> agriculteurs ontgagné 59% en 1996, 42% en 1997 <strong>et</strong> 46% en 1998 du surplus total comparé à 21% en 1996,35% en 1997 <strong>et</strong> 34% en 1998 pour Monsanto <strong>et</strong> seulement 5% en 1996, 9% en 1997 <strong>et</strong> 9% en1998 pour <strong>les</strong> fournisseurs des semences de coton Bt (Falck-Zepeda <strong>et</strong> al., 1999, 2000).- 117 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeEn résumé, le bénéfice économique global pour <strong>les</strong> producteurs de coton Bt aux USA estestimé entre 50 <strong>et</strong> 85 dollars/ha, après la déduction des coûts additionnels liés aux semences <strong>et</strong>à la protection des insectes (James, 2002).En Australie, pendant la première année d’adoption, le coton Bt a engendré des pertes del’ordre de 262 dollars/hectare dû aux coûts des traitements, aux faib<strong>les</strong> rendements <strong>et</strong> au coûttrès élevé de la technologie atteignant 245 dollars/hectare. Avec la baisse du coût de latechnologie à 155 dollars/hectare à partir de 1998/99, l’avantage économique n<strong>et</strong> du coton Bts’élève à 6 dollars/hectare en 1998/99 contre 50 dollars/hectare en 1999/00. Une grande partiede l'avantage économique du coton Bt a été absorbé par le prix de la technologie. Donc <strong>les</strong>gains, pour <strong>les</strong> agriculteurs, générés par <strong>les</strong> variétés de coton Bt sont semblab<strong>les</strong> aux gainsgénérés par <strong>les</strong> variétés de coton conventionnel (cf. tableau 11).Tableau 11 : Rendement <strong>et</strong> bénéfices économiques du coton INGARD par rapport auxvariétés conventionnel<strong>les</strong> en Australie entre 1996 <strong>et</strong> 2000.Saisons1996/971997/981998/991999/00Type deculture ducotonPrix n<strong>et</strong> delatechnologieNombr<strong>et</strong>otal desprayCoûtmoyen/spray endollarsINGARD 245 5 53Conventionnel 10,3 45INGARD 210 6 49Conventionnel 10,2 45INGARD 155 8,7 56Conventionnel 14 52INGARD 155 6,2 56Conventionnel 10,3 56Source : Fitt, 2003Coûts moyensd’insecticides/ha (minimummaximum)508(410-622)467(393-635)491(434-515)456(395-524)675(418-853)766(577-944)501(414-656)573(205-712)Bénéfice n<strong>et</strong>sur <strong>les</strong> coûtsd’insecticidesBénéficen<strong>et</strong> endollars-41 -262-35 2291 672 50Dans <strong>les</strong> deux premières années, <strong>les</strong> coûts de traitement d'insectes, qui incluent le prix de latechnologie, sont plus élevés pour le coton Bt. Cependant, en 1998/99 l'avantage n<strong>et</strong> est enfaveur du coton Bt avec un gain de l’ordre de 91 dollars/hectare <strong>et</strong> 72 dollars/hectare en1999/00. Les trois années d’essais sur le coton Bollgard II® ont montré qu’il perm<strong>et</strong> uneréduction des applications de pesticides jusqu'à 75% par rapport aux variétés conventionnel<strong>les</strong>(CSIRO, 2003b).- 118 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeAux Etats-Unis <strong>et</strong> en Australie, le coton Bt a entraîné une diminution significative du nombrede pulvérisations nécessaires pour contrôler la majorité des lépidoptères nuisib<strong>les</strong>. C<strong>et</strong>teréduction d’insecticides a eu un impact positif sur l’environnement. Vu la taille desexploitations agrico<strong>les</strong>, le coton Bt a permis une baisse considérable de pesticides <strong>et</strong> unediminution des coûts liés à la charge de travail dans ces deux pays.En résumé, le coton Bt semble être plus adapté aux pays du Nord qu’aux pays du Sud. Eneff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its paysans du Sud n'ont généralement pas <strong>les</strong> moyens de rach<strong>et</strong>er chaque annéedes semences ou de payer des droits de licence. Le Comité Consultatif International du Cotonsoutient que <strong>les</strong> frais de technologie pour le Bollgard II®, aux Etats-Unis seraient de 99dollars/ha, soit 20 dollars/ha de plus que <strong>les</strong> frais de Bollgard® (cf. tableau 12). Dans <strong>les</strong> paysen développement, même si le coton Bt réussit à réduire l’usage des insecticides de moitié, <strong>les</strong>frais de technologie dépasseraient <strong>les</strong> coûts associés au traitement du coton conventionnel.Tableau 12 : Frais de la technologie pour le coton BtFrais de la technologie proposés pour lePays Frais de la technologie pour le Bollgard®Bollgard II®Etats-Unis 79 dollars/ha 99 dollars/haAustralie 98 dollars/ha -Argentine 78 dollars/ha -Chine 60 dollars/ha (approx.) -Inde 60 dollars/ha (approx) -Afrique du Sud 50 dollars/ha (approx.) -Source : Grain, 2004.Enfin, <strong>les</strong> agriculteurs des pays du Sud ont l’habitude d’échanger leurs semences avec leursvoisins <strong>et</strong> <strong>les</strong> membres de leur famille. Avec l’introduction de plantes biotechnologiques, ilsseront obligés de payer <strong>les</strong> semences biotechnologiques <strong>et</strong> de signer le fameux contratd’utilisation de technologie de Monsanto 51 . Ainsi, le paysan ne tirera aucun bénéficeéconomique avec le coton Bt (Grain, 2004).51 Le contrat de Monsanto s’articule autour de certains points essentiels : L’agriculteur ne peut pas conserver de semences de Monsanto pour <strong>les</strong> replanter. Il est interdit à l’agriculteur de fournir des semences à quiconque. L’agriculteur doit obligatoirement coopérer avec <strong>les</strong> inspecteurs de Monsanto dans ses champs.- 119 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde5. DiscussionOutre <strong>les</strong> incertitudes environnementa<strong>les</strong> qu’il comporte, le développement du coton Btsoulève plusieurs questions importantes, certaines spécifiques au secteur des <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong>, <strong>et</strong> d’autres communes à l’introduction de toute innovation.Le coton Bt oblige à s’interroger sur <strong>les</strong> conditions d’acceptabilité sociale <strong>et</strong> économiqued’une nouvelle technologie. Comme toute autre innovation, il implique un encadrementinstitutionnel fondé sur la coordination de ressources juridiques, scientifiques <strong>et</strong>organisationnel<strong>les</strong>. Le coton Bt doit affronter la concurrence avec son homologueconventionnel au sein de marchés nationaux <strong>et</strong> internationaux.A partir des questions <strong>et</strong> des incertitudes soulevées par l’introduction du coton Bt, nous nousproposons de discuter deux propositions.• Proposition 1 : L’impact positif des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur la sécurité alimentairereste à démontrer sur le moyen termeLa révolution verte avait pour objectif d’assurer la sécurité alimentaire des pays du Sud <strong>et</strong> de<strong>les</strong> libérer de leur dépendance à c<strong>et</strong> égard des pays du Nord. C<strong>et</strong> objectif a été atteint pour <strong>les</strong>produits concernés relevant de l’agriculture vivrière (blé, maïs, riz). La révolution des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, par contre, a un double eff<strong>et</strong> sur la sécurité alimentaire : un eff<strong>et</strong>indirect sur <strong>les</strong> revenus des pauvres à travers une agriculture productiviste (par exemple lecoton, le tabac, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> un eff<strong>et</strong> direct mais ambigu à travers une agriculture vivrière (parexemple le riz <strong>et</strong> le blé). C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> est ambigu car il dépend du niveau d’acceptabilité desproduits biotechnologiques par <strong>les</strong> consommateurs. En eff<strong>et</strong>, dans <strong>les</strong> pays en développement,la crainte qui s’établit à propos des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> a été renforcée avec le gèneTerminator. C<strong>et</strong>te technologie a essentiellement pour cible <strong>les</strong> agriculteurs des pays du Sudcar, selon <strong>les</strong> arguments de Monsanto, ces pays ne sont pas dotés d’un système « efficace » deprotection de la propriété intellectuelle <strong>et</strong> donc, pour Monsanto, il ne s’agit, de ce point devue, que de protéger son brev<strong>et</strong>. C’est pourquoi le mouvement associatif s’est mobilisé pourdéfendre le statut des agriculteurs des pays en développement qui deviennent locataires de laEn bref, selon <strong>les</strong> termes de ce contrat, la conservation <strong>et</strong> même l’échange de semences entre voisins sont desinfractions, des crimes passib<strong>les</strong> de peine de prison.- 120 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mond<strong>et</strong>echnologie, <strong>et</strong> dont la dépendance à l’égard des entreprises agbiotech augmente. Suite à c<strong>et</strong>teforte mobilisation, Monsanto a déclaré, fin 1999, qu’elle n’utiliserait plus sa technologie TPS.Terminator est en contradiction avec l’argument avancé par <strong>les</strong> MNE, dont Monsanto, selonlequel <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> participeront à combattre la faim dans le monde.L’impact final de la révolution des <strong>biotechnologies</strong> sur la sécurité alimentaire va dépendre dedeux phénomènes :• De l’impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur la répartition des surfaces cultivées entreplantes à usage commercial (<strong>et</strong> à visée exportatrice) <strong>et</strong> plantes à usage alimentaire (<strong>et</strong> àvisée interne). Si le profit n<strong>et</strong> espéré des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> est supérieur au profitn<strong>et</strong> espéré des cultures vivrières, <strong>les</strong> agriculteurs choisiront de planter plus de culturesbiotechnologiques.• De la répartition de la valeur des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, entre innovateurs (firmesagbiotech <strong>et</strong> semenciers), agriculteurs <strong>et</strong> consommateurs, dépendra également le choixentre cultures biotechnologiques <strong>et</strong> cultures conventionnel<strong>les</strong>.Somme toute, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sont la principale innovation technologique à êtredisponible pour <strong>les</strong> agriculteurs depuis la fin de la révolution verte. Bien que ces technologiesne soient pas une poule aux œufs d’or pour résoudre <strong>les</strong> problèmes d'insécurité alimentaire,el<strong>les</strong> peuvent fournir une aide significative, si el<strong>les</strong> sont liées aux besoins réels desagriculteurs <strong>et</strong> des consommateurs des pays en développement.• Proposition 2 : Les BA m<strong>et</strong>tent en place un jeu nouveau de négociation entre <strong>les</strong>multinationa<strong>les</strong> (MNE), <strong>les</strong> organismes de réglementation locaux, <strong>les</strong> entreprises loca<strong>les</strong>(semences <strong>et</strong> produits phytosanitaires) <strong>et</strong> <strong>les</strong> agriculteurs, pour le partage de la valeur del’innovation.- Les nouvel<strong>les</strong> règ<strong>les</strong> du jeu pour le partage de la valeur de l’innovationLa révolution verte était initiée par un transfert de technologie des organismes publics despays du Nord vers <strong>les</strong> pays du Sud dans un but humanitaire. L’objectif des organismes publicsdu Sud était de créer de nouvel<strong>les</strong> variétés <strong>et</strong> de <strong>les</strong> rendre accessib<strong>les</strong> (en investissant dans <strong>les</strong>réseaux de distribution) à toute la population agricole. La révolution des <strong>biotechnologies</strong> estessentiellement le fait des multinationa<strong>les</strong> privées qui cherchent à accroître leur r<strong>et</strong>our surinvestissement en assurant leur contrôle sur toute la chaîne agroalimentaire.- 121 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeChaque acteur (Multinationa<strong>les</strong> d’agbiotech, semenciers, agriculteurs), dans ce jeu denégociation, cherche à maximiser sa part du gâteau, la valeur de l’innovation. Les semencierspeuvent vendre <strong>les</strong> semences biotechnologiques plus chères que <strong>les</strong> semencesconventionnel<strong>les</strong> du fait de la création d’un surplus par <strong>les</strong> agriculteurs. Ce surplus (pour <strong>les</strong>semenciers <strong>et</strong> <strong>les</strong> firmes agbiotech) est généré par le fait que <strong>les</strong> agriculteurs sont prêts à payerplus pour <strong>les</strong> variétés biotechnologiques. Il en résulte une configuration modifiant <strong>les</strong>interactions entre trois catégories d’acteurs : <strong>les</strong> firmes agbiotech qui détiennent latechnologie, <strong>les</strong> semenciers qui détiennent le savoir-faire <strong>et</strong> <strong>les</strong> agriculteurs qui constituent lemarché final des semences biotechnologiques. Dans ce jeu de négociation, on considère que<strong>les</strong> consommateurs sont des acteurs exogènes à qui profitent <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> si <strong>et</strong>seulement si <strong>les</strong> prix sur le marché final des cultures biotechnologiques (coton Bt, dans notrecas) ont baissé.Par ailleurs, le profit total des firmes agbiotech comprend également le profit issu de la ventedes produits phytosanitaires (<strong>les</strong> fournisseurs de la technologie sont <strong>les</strong> fournisseurs desproduits phytosanitaires). L’impact des cultures biotechnologiques sur le prix des produitsphytosanitaires n’est pas pris en considération dans ce jeu de négociation, mais seulement lapartie du profit générée par la vente des semences biotechnologiques.Figure 1 : Collaboration <strong>et</strong> partage de surplus issus de la commercialisation des Semencesbiotechnologiques.- 122 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde- Le pouvoir de négociation des MNELes firmes agbiotech ont énormément de ressources financières. Monsanto, le leader enAgbiotech, dépense environ 10,7% de son chiffre d’affaire (année 2000) en recherche <strong>et</strong>développement. Dans ce jeu de négociation, <strong>les</strong> MNE ont mis la pression sur <strong>les</strong>gouvernements des pays en développement pour qu’ils améliorent le système institutionnel <strong>et</strong>réglementaire protégeant leur technologie.Nous pouvons avancer l’argumentation suivante pour expliquer c<strong>et</strong>te sous-proposition. Enraison de la longueur de mise en marché des produits GM, certaines MNE peuvent utiliser desmoyens illicites pour arriver à leur fin. Dans le cas de l’Inde, avant toute autorisationofficielle, le coton Bt était déjà sur le marché. Dans l'État du Gujarat, Mahyco a découvertqu’un semencier (Navbharat) commercialisait librement depuis 2001 une variante du coton Btconnue sous le nom de Navbharat-151. La variété Navbharat-151 a été enregistrée par leMinistère de l'Agriculture du Gujarat en 1998, sous forme d’une variété hybride. Lesemencier Navbharat a déclaré avoir sélectionné <strong>et</strong> travaillé sur des semences qui ont étécollectées dans des champs de coton en Inde pour produire la variété hybride, ce qui est unepratique courante pour de nombreuses entreprises semencières. Si ces déclarations s’avèrentexactes, cela signifierait que <strong>les</strong> semences provenaient d’une réserve de graines des essais enchamps ouverts <strong>et</strong> conduits par Monsanto, ou de la pollinisation. Le gouvernement indien viaGEAC demanda, moyennant indemnisation, la destruction de ce coton Bt, mais la majeurepartie de la production avait alors déjà été vendue sur le marché (Iyengar <strong>et</strong> Lalitha, 2002 ;Jayaraman, 2001). Mieux encore, le coton Bt a eu un succès auprès des agriculteurs, grâce à ladiminution des pesticides utilisés. C<strong>et</strong>te situation, en faveur de Monsanto, lui a permisd’obtenir l’autorisation du GEAC pour commercialiser trois variétés de son coton Bt justeaprès ce scandale, en 2002. Cela témoigne, en partie, du pouvoir des MNE pour influencer,que ce soit par des moyens officieux ou officiels, la réglementation locale.- Facteurs qui augmentent le pouvoir de négociation des pays en développementAvec le coton Bt, nous pouvons identifier <strong>et</strong> expliquer <strong>les</strong> paramètres qui augmentent lepouvoir de négociation des pays en développement, lequel dépend de trois facteursprincipaux : (i) des compétences scientifiques, (ii) de l’importance du système public degouvernance en place, (iii) de la place des ONG dans le pays.- 123 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondei.L’impact économique du coton Bt est fonction, en partie, de la compétencescientifique <strong>et</strong> technologique locale. Dans <strong>les</strong> pays où existe déjà une compétencescientifique locale qui concurrence <strong>les</strong> MNE d’agbiotech, l’impact économique ducoton Bt est positif, car <strong>les</strong> agriculteurs bénéficient d’un prix concurrentiel <strong>et</strong> ont laliberté de choisir entre coton Bt ou non Bt <strong>et</strong> entre coton Bt local ou coton Bt privé.Si on prend le cas de la Chine, <strong>les</strong> résultats économiques du coton Bt sont plus avantageuxque <strong>les</strong> variétés conventionnel<strong>les</strong>. Ce résultat s’explique par le fait que la Chine bénéficie del’existence d’une recherche publique développée par l’Académie Chinoise d’Agriculture pourla Science qui concurrence Monsanto (Huang <strong>et</strong> al., 2002, Pray <strong>et</strong> al., 2001). La Chine aréalisé un investissement majeur dans le secteur public de la recherche <strong>et</strong> du développementen biotechnologie des plantes de l’ordre de 112 millions de dollars par an en 1999 contre 15millions de dollars pour l’Inde <strong>et</strong> le Brésil (Pray, 2001). Le cas de la Chine montre clairementque la contribution du secteur public à la R&D <strong>et</strong> à la distribution du coton biotechnologiquepeut aider à garantir l’accès des agriculteurs sans ressources (<strong>les</strong> p<strong>et</strong>its exploitants) auxnouvel<strong>les</strong> technologies. Par contre, au Mexique <strong>et</strong> en Argentine, le coton Bt est distribué parle seul secteur privé. En Argentine, <strong>les</strong> dépenses des semences du coton Bt sont six fois pluscoûteuses que <strong>les</strong> variétés conventionnel<strong>les</strong>. Les résultats obtenus avec le coton Bt enArgentine montrent que l'équilibre entre <strong>les</strong> droits de propriété intellectuelle des distributeurs<strong>et</strong> <strong>les</strong> moyens financiers des agriculteurs a une incidence capitale sur l'adoption des nouvel<strong>les</strong>technologies, <strong>et</strong> donc sur l'ampleur <strong>et</strong> la répartition des bénéfices. Le cas de la Chine indiqueclairement que la participation du secteur public aux activités de recherche-développement <strong>et</strong>à la distribution du coton biotechnologique peut aider à garantir l'accès des agriculteurs sansressources aux nouvel<strong>les</strong> technologies <strong>et</strong> à une part raisonnable des r<strong>et</strong>ombées économiques.ii.Le pouvoir de négociation augmente avec l’existence d’un système de gouvernancepublique susceptible de faire face au pouvoir des MNE <strong>et</strong> privilégiant ledéveloppement local <strong>et</strong> durable de son pays.Quand un pays n’a plus de moyens pour faire face à ses charges, il est très facile del’influencer. Au Burkina-Faso, la pression des multinationa<strong>les</strong> a poussé le gouvernement àlégiférer pour autoriser l’introduction des OGM sans déterminer vraiment leur impactsocioéconomique <strong>et</strong> environnemental pour <strong>les</strong> paysans <strong>et</strong> <strong>les</strong> consommateurs locaux. Il estdéplorable de constater que, dans certains pays, l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>se fait sans passer par un minimum de système de réglementation, ni par une consultation despopulations concernées.- 124 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeiii.Dans le cadre des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, <strong>les</strong> ONG se sont fortement mobiliséespour s’assurer d’un échange équitable entre <strong>les</strong> MNE <strong>et</strong> <strong>les</strong> pays du Sud.La suppression de la technologie Terminator est un témoignage de la force de ce mouvement.Suite à l’introduction du coton Bt, <strong>les</strong> agriculteurs se sont organisés dans des groupementspour défendre leur propriété <strong>et</strong> leur indépendance. L’Inde est l’un des pays où la contestationdes OGM est la plus forte, menée par <strong>les</strong> syndicats paysans, dont le KRRS (Karnataka RajyaRyota Sangha), qui a inauguré la stratégie de brûlis des essais de coton Bt dès 1998 car <strong>les</strong>semences de coton Bt avaient été plantées illégalement par Monsanto dans un champ sans enavoir informé le propriétaire 52 .- Qui est gagnant dans ce jeu de négociation pour le partage de la valeur del’innovation ?Selon <strong>les</strong> études disponib<strong>les</strong> pour le coton Bt, sur l’Afrique du sud (Ismaël, Benn<strong>et</strong>t <strong>et</strong> Morse,2002), le Mexique (Traxler <strong>et</strong> al., 2003 ; Traxler <strong>et</strong> Godoy-Avila, 2004), la Chine (Pray <strong>et</strong> al.,2002), l’Inde (Qaim <strong>et</strong> Zilberman, 2003) <strong>et</strong> l’Argentine (Qaim <strong>et</strong> De Janvry, 2003), tous <strong>les</strong>acteurs dans la chaîne des valeurs gagnent avec l’utilisation du coton Bt, mais à des degrésdifférents. En eff<strong>et</strong>, bien que <strong>les</strong> cultures biotechnologiques aient été distribuées par desentreprises privées dans la majorité des cas, <strong>les</strong> bénéfices ont été inégalement répartis entre <strong>les</strong>firmes agbiotech <strong>et</strong> <strong>les</strong> semenciers, <strong>les</strong> agriculteurs <strong>et</strong> <strong>les</strong> consommateurs. Les agriculteurspeuvent gagner plus avec <strong>les</strong> variétés biotechnologiques si <strong>les</strong> charges agrico<strong>les</strong> diminuent(pesticides, coût de la main d’œuvre), <strong>et</strong> <strong>les</strong> consommateurs gagnent si <strong>les</strong> prix sur le marchéfinal des cultures concernées baissent. Les firmes agbiotech <strong>et</strong> <strong>les</strong> semenciers gagnent avec <strong>les</strong>variétés biotechnologiques si le taux d’adoption (des agriculteurs) augmente, <strong>et</strong> si l’opposition(des consommateurs) vis-à-vis des produits biotechnologiques baisse.Par ailleurs, pour évaluer le bénéfice <strong>et</strong> <strong>les</strong> r<strong>et</strong>ombées économiques des variétésbiotechnologiques, il faut tout d’abord s’interroger sur le type d’agriculteur qui fait appel aux<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, sur celui qui reste avec <strong>les</strong> technologies conventionnel<strong>les</strong>, <strong>et</strong>analyser quelle est la rationalité technico-économique qui sous-tend ces choix.52 http://www.viacampesina.org/IMG/_article_PDF/article_136.pdf .- 125 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeConclusionNous avons montré <strong>les</strong> enjeux <strong>et</strong> l’utilité de l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> àtravers l’étude de cas du coton Bt. La mise en place d’un cadre réglementaire <strong>et</strong> d’unepolitique agricole « fiable » assure une meilleure introduction de ces nouvel<strong>les</strong> technologiesdans le système agricole des pays qui l’adoptent. Nous avons aussi expliquer <strong>les</strong> stratégies decoopération entre Monsanto (considérée comme MNE) <strong>et</strong> <strong>les</strong> entreprises de semences (privésou publics) dans <strong>les</strong> pays d’accueil de ces nouvel<strong>les</strong> technologies.Par ailleurs, l’apport pour <strong>les</strong> pays du Sud d’une coopération avec des MNE dépend, danschaque pays considéré, de l’existence d’une véritable stratégie de développement <strong>et</strong> de sacapacité à orienter <strong>les</strong> investissements directs vers <strong>les</strong> secteurs prioritaires. La contribution des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le développement des pays du Sud doit être considérée dansune approche où le facteur technologique n’est pas la seule dimension, mais interagit avecd’autres facteurs. Il faut prendre en compte l’accès aux crédits <strong>et</strong> la stabilité des revenus pourl’ensemble de la population agricole, l’adaptation de la politique agricole aux diversescommunautés agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> aux marchés local <strong>et</strong> international, l’existence d’un systèmesocioéconomique <strong>et</strong> juridique fiable pour orienter c<strong>et</strong>te technologie selon le besoin du pays. Aces éléments s’ajoute une répartition équitable de la valeur de l’innovation entre <strong>les</strong> différentsacteurs.En général, <strong>les</strong> cultures biotechnologiques peuvent être uti<strong>les</strong> dans certaines circonstances,mais el<strong>les</strong> ne sont pas un remède universel. La question n'est donc pas de savoir si <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> profiteront aux p<strong>et</strong>its exploitants des pays du Sud, ou si el<strong>les</strong>augmenteront <strong>les</strong> revenus <strong>et</strong> l’emploi agricole (argument fortement avancé <strong>et</strong> défendu par laFAO), mais plutôt comment ce potentiel scientifique peut être exploité pour remédier auxproblèmes agrico<strong>les</strong> (insécurité alimentaire par exemple) des pays du Sud. L'enjeu consisteaujourd'hui à concevoir un système d'innovation qui axe ce potentiel technologique sur <strong>les</strong>problèmes des pays en développement.La recommandation principale, à travers l’étude de cas portant sur le coton Bt, est lasuivante : Chaque pays du Sud doit initier une véritable politique sur la manière de canaliser<strong>les</strong> apports des BA selon <strong>les</strong> besoins locaux en prenant en compte 5 facteurs clés :- 126 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde(i)(ii)(iii)(iv)(v)La situation de sécurité alimentaire. Il s’agit de voir la qualité (manque d’unnutriment ou d’une variété d’aliment) <strong>et</strong> la quantité des besoins alimentaires, <strong>les</strong>caractéristiques temporel<strong>les</strong> de ce manque (court ou long terme) <strong>et</strong> son origine(sous-production agricole ou manque de revenus pour accéder aux aliments).Le type de solutions technologiques. Il faut évaluer quel partage de terre entre <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> variétés conventionnel<strong>les</strong> est le plus rentable. Ilfaut aussi estimer, pour chaque culture, s’il faut augmenter la productivité par <strong>les</strong>fertilisants, par l’amélioration de techniques d’irrigation, ou par l’introduction denouvel<strong>les</strong> technologies (<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>).L’évaluation des solutions internes <strong>et</strong> externes. Faut-il résoudre le problèmelocalement ou faire appel à des ressources extérieures ? Dans le premier cas, lepays du Sud peut faire appel à la recherche publique ou à l’industrie locale dessemences, ou aider directement (aides en nature ou financières) <strong>les</strong> régionsdéfavorisées. Dans le deuxième cas, le pays peut faire appel soit aux MNE, soit àdes organismes publics, soit à des universités étrangères. En eff<strong>et</strong>, il n’y a pasassez d’initiative de collaboration, de la part des pays en développement, avec desuniversités étrangères.La forme de collaboration avec des acteurs privés. Il s’agit de prendre en compte<strong>les</strong> contraintes financières, humaines <strong>et</strong> infrastructurel<strong>les</strong>, <strong>et</strong> d’examiner quelleforme (licence, joint-venture, filiale…) génèrera un meilleur résultat sur le marchéfinal en termes de prix, de quantités vendues <strong>et</strong> de bien-être social. On sait que lepouvoir de négociation au Sud dépend des compétences technologiques, del’importance du gouvernement <strong>et</strong> de la place des ONG dans le pays.L’évaluation des structures institutionnel<strong>les</strong> <strong>et</strong> juridiques. En eff<strong>et</strong>, la stratégie àprendre dépendra des facteurs (i), (ii), (iii), (iv), <strong>et</strong> c’est c<strong>et</strong>te stratégie qui définirala structure institutionnelle <strong>et</strong> juridique la plus adéquate <strong>et</strong> la plus adaptée au pays.- 127 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeAnnexes chapitre 2Annexe 1 : Carte géographique de l’Inde- 128 -


Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le mondeAnnexe 2 : Impact économique du coton Bt dans <strong>les</strong> pays en développement : Revue de lalittératureAuteurs des études decasRégion étudiéePériodesd’étudeCommentaire sur l’adoption du coton Bt parrapport aux variétés conventionnel<strong>les</strong>Ismaël <strong>et</strong> al, 2002♠Afrique du sud1998-19991999-2000.Rendements plus élevés pour <strong>les</strong> agriculteurs quiont adopté le coton Bt.Qaim <strong>et</strong> De Janvry,2003♣Traxler <strong>et</strong> al., 2003♦ArgentineMexique1999-20002000-200119971998Rendements des variétés conventionnel<strong>les</strong>supérieurs au coton Bt.Le coton Bt s’avère supérieur aux variétésconventionnel<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> années marquées par defortes infestations.Pray <strong>et</strong> al., 2001, 2002◊Chine1999-20002000-2001L’impact du coton Bt est largement supérieur auxvariétés conventionnel<strong>les</strong>.Qaim, 2003; Qaim <strong>et</strong>Zilberman, 2003∗Inde Année 2001Le coton Bt est efficace contre l’attaque de certainsravageurs.- Colombie -Nous ne disposons actuellement d’aucune étudedétaillée sur l’impact du coton Bt en Colombie.♠ En Afrique du Sud, <strong>les</strong> données se fondent sur la base d’une étude réalisée par Ismaël, Benn<strong>et</strong>t <strong>et</strong> Morse en2000 sur la région de Makhatini.♣ En Argentine, <strong>les</strong> données utilisées par Qaim <strong>et</strong> De Janvry (2003) ont été construites à partir d’une étude menéeauprès de 299 agriculteurs dans <strong>les</strong> deux grandes provinces productrices de coton (Chaco <strong>et</strong> Santiago del Estero,qui constituent ensemble 88% du secteur de coton Argentin). Ces données représentent la moyenne de deuxcampagnes, 1999-2000 <strong>et</strong> 2000-01. En Argentine, <strong>les</strong> bénéfices étaient d’un montant absolu relativement faible<strong>et</strong> d’une marge sensiblement moins importante que dans <strong>les</strong> autres pays.♦ Au Mexique, <strong>les</strong> données utilisées par Traxler <strong>et</strong> al (2003)., se fondent sur des études menées dans <strong>les</strong>exploitations de la région de Comarca Lagunera. Il s’agit des données représentant la moyenne de deuxcampagnes, 1997<strong>et</strong> 1998.◊En Chine, <strong>les</strong> données se fondent sur des études menées dans <strong>les</strong> exploitations de toutes <strong>les</strong> provinces cultivantdu coton <strong>et</strong> utilisant <strong>les</strong> variétés Bt. El<strong>les</strong> représentent la moyenne de trois campagnes, 1999, 2000 <strong>et</strong> 2001.∗ En Inde, <strong>les</strong> données utilisées par Qaim <strong>et</strong> Zilberman (2003) se basent sur des essais sur le terrain menés danssept Etats indiens au cours de la compagne 2001. Les essais ont portés sur 157 parcel<strong>les</strong> de coton Bt <strong>et</strong> autant devariétés conventionnel<strong>les</strong>.- 129 -


CHAPITRE 3 :TRANSFERT DE TECHNOLOGIE DANSLA FILIERE AGBIOTECH : UNEEXPLICATION PAR UN MODELE DETHEORIE DES JEUX


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxIntroductionSouvent une entreprise ne peut pas commercialiser seule son innovation sans passer parl’intermédiaire d’autres firmes. Par exemple, pour un innovateur en amont qui a amélioré oucréé un nouvel intrant, la réussite de sa commercialisation dépend de la nature de lacollaboration envisagée avec une firme intermédiaire plus en aval. Un autre exemple est celuid’une firme en amont souhaitant introduire son innovation sur un marché étranger. Elle nepeut pas, dans certains cas, le faire sans passer par l’intermédiaire d’une firme locale, situéeplus en aval dans la chaîne de production. De c<strong>et</strong>te manière, elle peut alors disposer de laconnaissance des caractéristiques du marché qu’elle souhaite investir <strong>et</strong> des réglementationsloca<strong>les</strong> <strong>et</strong> par conséquent, elle peut adapter l’innovation à la demande locale. La réussite del’introduction de l’innovation dans un nouveau marché dépend des compétences des deuxfirmes considérées. C<strong>et</strong> exemple reflète, en partie, la réalité des alliances technologiquesinternationa<strong>les</strong>, où l'incertitude est liée beaucoup plus aux caractéristiques du marché qu'à latechnologie elle-même.Ces deux situations peuvent s’appliquer au secteur agbiotech. Des innovations dans le marchéamont sous forme de nouveaux entrants (plantes biotechnologiques, notées par la suite PB)sont introduites dans des produits situés sur <strong>les</strong> marchés en aval (<strong>les</strong> semencesconventionnel<strong>les</strong>, SC), afin de créer <strong>les</strong> innovations dans <strong>les</strong> produits finaux (semencesbiotechnologiques, SB). En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> fournisseurs des PB, <strong>les</strong> firmes agbiotech, ne peuventpas <strong>les</strong> commercialiser directement aux agriculteurs, le marché final des semences. Lacollaboration avec une entreprise de semences, marché intermédiaire, apparaît alorsindispensable. C<strong>et</strong>te collaboration avec <strong>les</strong> entreprises de semences est cruciale pour <strong>les</strong>firmes agbiotech, car c’est au niveau de la semence que l’on construit la plante <strong>et</strong> que l’oninfluence sa qualité finale <strong>et</strong> par conséquent, sa valorisation sur le marché. A l'heure actuelle,il n’existe pas de consensus sur le mode de rapprochement qui doit être choisi ou qui est lemeilleur pour <strong>les</strong> firmes agbiotech ou <strong>les</strong> entreprises de semences. Autrement dit, il n’y a pasde consensus à propos des bases sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ces firmes choisissent une stratégie decollaboration plutôt qu’une autre.C’est pourquoi <strong>les</strong> stratégies de collaboration constituent l’obj<strong>et</strong> central de ce chapitre dans lamesure où nous considérons qu’el<strong>les</strong> représentent une dimension clef de la dynamique du- 131 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxsecteur agbiotech. Les négociations entre <strong>les</strong> firmes agbiotech <strong>et</strong> <strong>les</strong> entreprises de semences,au cours desquel<strong>les</strong> se déterminent <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> du jeu, font apparaître ex post des asymétries depositions entre <strong>les</strong> deux acteurs. Ces asymétries sont el<strong>les</strong>-mêmes influencées par <strong>les</strong>stratégies de collaboration. Dans ce contexte, l'objectif de c<strong>et</strong> article est d'examiner d’une partle problème général concernant la stratégie de collaboration qu’un innovateur en amont (lafirme a dans notre cas) engagera avec un producteur sur le marché en aval, firme s, afin demaximiser <strong>les</strong> profits, <strong>et</strong> d’autre part <strong>les</strong> conséquences d'une telle action sur le bien-être duconsommateur.En eff<strong>et</strong>, un innovateur en amont a essentiellement le choix entre trois stratégies pourtransférer sa technologie à un producteur sur le marché en aval : un contrat de licence, unejoint-venture ou une fusion. La firme innovante peut par ailleurs décider de ne pas transférersa technologie <strong>et</strong> donc de créer sa propre filiale. Quel est donc le meilleur choix pourl'innovateur ? La réponse à c<strong>et</strong>te question a été étudiée de diverses façon dans trois domainesparticulier de la science économique : l’organisation industrielle où <strong>les</strong> problématiquesconcernant le partage d’un input, la diffusion d’une connaissance ou l’accroissement dupouvoir du marché ont été analysées (Rey <strong>et</strong> Tirole, 2005) ; l’économie internationale quandle transfert est de nature internationale (Saggi, 2002) <strong>et</strong> l’économie de l’innovation quandl'input à partager ou à diffuser est une innovation (Caloghirou <strong>et</strong> al., 2003 ; Arora <strong>et</strong> al. 2001).Des explications ont été offertes sur la base de la considération des coûts, des facteurs dedemande, des motivations pour s’accaparer la rente de l’innovation, du degré decomplémentarité des inputs, des barrières à l’entrée <strong>et</strong> de l'asymétrie d'information.Cependant, à notre connaissance, il n'y a aucun modèle qui cherche à expliquer la stratégie d<strong>et</strong>ransfert de technologie d'un innovateur en amont sur la base des trois facteurs, que nousconsidérons comme cruciaux dans la commercialisation des SB dans le monde : il s’agit de lataille du marché, la différence des qualités entre l'innovation <strong>et</strong> le produit existant <strong>et</strong> ladifférence dans <strong>les</strong> compétences technologiques entre l'innovateur <strong>et</strong> le producteur sur lemarché aval. Ces facteurs ont été largement étudiés dans la littérature mais pas de manièrecombinée.Dans ce contexte, nous contribuons à la littérature théorique en proposant un modèle quicherche à expliquer <strong>les</strong> stratégies de commercialisation des innovateurs sur le marché amontsur la base de la taille du marché du produit final intégrant l’innovation, l'amélioration de laqualité qu'il offre <strong>et</strong> l'asymétrie des compétences entre <strong>les</strong> firmes en amont <strong>et</strong> cel<strong>les</strong> en aval.- 132 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxLe modèle est construit par une combinaison entre le modèle bien connu de la concurrencepar la différentiation de qualité (Mussa <strong>et</strong> Rosen, 1978 ; Gabszewicz <strong>et</strong> Thisse, 1979 ; Shake<strong>et</strong> Sutton, 1982), <strong>et</strong> celui plus général de la négociation (Nash, 1950). C<strong>et</strong>te combinaison sefait dans le cadre d’une intégration dans un modèle de transfert de technologie basé sur descompétences spécifiques des firmes (Ramani <strong>et</strong> al., 2001 ; Ramani, 2000).En outre, le chapitre contribue également à la littérature portant sur la restructuration dusecteur des semences aux Etats-Unis <strong>et</strong> <strong>les</strong> stratégies déployées pour favoriser lacommercialisation des SB dans le monde. Les raisons souvent évoquées incluent <strong>les</strong>complémentarités des actifs entre <strong>les</strong> firmes agbiotech <strong>et</strong> <strong>les</strong> entreprises de semences, <strong>les</strong>coûts élevés de transactions sur <strong>les</strong> marchés de technologie, la maximisation de l’avantagestratégique du premier joueur (first mover advantage), la minimisation des risques liés àl'opportunisme <strong>et</strong> la nécessité d’accéder <strong>et</strong> de contrôler <strong>les</strong> brev<strong>et</strong>s d’autres firmes. Dans cechapitre, nous proposons des explications pour <strong>les</strong> stratégies suivies par <strong>les</strong> firmes agbiotechqui sont différentes de cel<strong>les</strong> proposées dans <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> existants sur le suj<strong>et</strong>. SelonKalaitzandonakes <strong>et</strong> Bjornson (1997), <strong>les</strong> acquisitions des entreprises de semences par desfirmes agbiotech aux Etats-Unis étaient dues aux coûts élevés de transaction sur des marchésde technologie <strong>et</strong> à la forte complémentarité d’actifs. Les entreprises de semences sont <strong>les</strong>propriétaires d’actifs complémentaires nécessaires pour la commercialisation des SB <strong>et</strong>puisque ces actifs ne sont pas facilement accessib<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> marchés de technologie, il estdans l'intérêt de firmes d'agbiotech qui n’ont pas de contraintes financières de consolider <strong>les</strong>actifs complémentaires par des acquisitions. Ceci est également confirmé dans un cadre d<strong>et</strong>héorie des jeux proposé par Johnson <strong>et</strong> Melkonyan (2003) impliquant deux firmes enconcurrence à l’étape de l'innovation. Le résultat principal de ce modèle est que, quand lasubstituabilité ou <strong>les</strong> complémentarités des investissements des deux firmes sont faib<strong>les</strong>, alorsla stratégie de transactions sur le marché de technologie sans consolidation est optimale.Cependant, quand la substituabilité ou <strong>les</strong> complémentarités des investissements des deuxfirmes sont élevées, il est préférable pour la firme avec le revenu le plus important généré parl’innovation d’acquérir l'autre. Etudiant <strong>les</strong> fusions <strong>et</strong> <strong>les</strong> acquisitions dans le secteur dessemences, Rausser <strong>et</strong> al. (1999) proposent que <strong>les</strong> fusions puissent servir à réduire auminimum <strong>les</strong> risques d'opportunisme liés aux contrats. Ces auteurs notent que “inenvironments characterized by substantial uncertainty and infrequent contract negotiations, itis impossible to write compl<strong>et</strong>e, contingent contracts and very costly to write incompl<strong>et</strong>e, butreasonably comprehensive contingent contracts”. Ainsi la consolidation émerge comme la- 133 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxmeilleure option. Pour leur part, Graff <strong>et</strong> al. (2003) examinent des stocks de brev<strong>et</strong>s d'ungroupe de firmes agrochimiques de 1975 à 1998 <strong>et</strong> constatent une plus grande diversificationplutôt qu'une spécialisation avec le temps. Ainsi, leur proposition est que <strong>les</strong> acquisitions desentreprises de semences ont été motivées par la nécessité d'acquérir une propriétéintellectuelle qui n’aurait pu être ach<strong>et</strong>ée autrement (ou seulement ach<strong>et</strong>ée à des prix élevéssur <strong>les</strong> marchés de technologie).Le chapitre montre comment une firme a choisit soit différentes formes de collaboration avecla firme s, soit la création de sa propre filiale, sur la base de la taille du marché, desdifférences de qualité entre <strong>les</strong> SB <strong>et</strong> <strong>les</strong> SC <strong>et</strong> la différence de compétences technologiquesentre <strong>les</strong> deux firmes. Il démontre qu'une firme a est susceptible de choisir un contrat delicence si la différence dans <strong>les</strong> compétences technologiques est faible <strong>et</strong> la taille du marchép<strong>et</strong>ite. Une joint-venture apparaît si la différence des qualités est haute <strong>et</strong> la taille du marchégrande. Une fusion existe si la différence des qualités est faible, la différence dans <strong>les</strong>compétences technologiques élevée <strong>et</strong> la taille du marché grande. Enfin, la firme a opte pourune filiale dans <strong>les</strong> conditions suivantes : la firme s ne peut pas imiter la technologie, aucunedes firmes ne peut être sortie du marché, la compétence technologique de la firme s est faible<strong>et</strong> le monopole correspondant aux SB est inefficace. Donc en résumé, l'objectif de ce chapitreest de s’intéresser à la manière dont l’introduction de nouvel<strong>les</strong> technologies change lastructure du marché <strong>et</strong> le surplus du consommateur en examinant le choix de l’innovation sur<strong>les</strong> stratégies de commercialisation.La première section de ce chapitre présente le modèle (1.), la deuxième section le choix dumode de pénétration dans un pays d’accueil par une multinationale d’agbiotech (2.), latroisième section <strong>les</strong> différents résultats (3.). Enfin, la dernière section est consacrée à ladiscussion des différentes propositions théoriques du modèle qui seront mises en relation avec<strong>les</strong> différents faits stylisés décrivant <strong>les</strong> stratégies de commercialisation du coton Bt parMonsanto (4.).1. Présentation du modèleLe modèle présenté dans le cadre de ce chapitre est un modèle de jeu séquentiel noncoopératif, sans problème stratégique de sélection adverse ou d’aléa moral. Tous <strong>les</strong>paramètres du jeu sont connaissance commune des joueurs. Le point qui différencie <strong>les</strong> deux- 134 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxfirmes concerne <strong>les</strong> compétences technologiques <strong>et</strong> la connaissance de marché dans la mesureoù une des deux firmes détient la connaissance des caractéristiques de son marché local <strong>et</strong>l’autre firme dispose de la technologie. On est en présence d’une innovation qui augmente laqualité d’un produit.Considérons un marché avec deux firmes ayant deux inputs complémentaires. Une firme a <strong>et</strong>une firme s. La firme a est située sur le marché amont, c'est-à-dire qu’elle représentel’innovateur. Elle est le leader dans le sens où elle commence le jeu (dans le cadre de cemodèle). La firme s est située sur le marché aval, c'est-à-dire qu’elle représente l’ach<strong>et</strong>eur dela technologie.L’innovateur peut choisir d’utiliser ou non l’input de la firme s. Il en découle quatrescénarios :• Une fusion (correspondant au cas où l’innovateur achète l’input de la firme s) où lerisque est totalement supporté par la firme a.• Une filiale où l’innovateur n’utilise pas l’input de la firme s.• Un joint- venture où <strong>les</strong> deux firmes partagent coûts <strong>et</strong> bénéfices.• Un contrat de licence où le risque est totalement supporté par la firme s.Ces quatre scénarios dépendent de trois paramètres : la taille du marché, <strong>les</strong> compétencestechnologiques <strong>et</strong> <strong>les</strong> différences de qualité entre le produit bénéficiant de l’innovation (SB) <strong>et</strong>le produit sans innovation (SC).Dans ce jeu on distingue deux situations : une situation ex-ante c’est-à-dire avantl’introduction des SB sur le marché des semences <strong>et</strong> une situation ex-post c’est-à-dire aprèsl’introduction des SB. Dans la situation ex-ante, la firme s est supposée être la seule firme quivend des SC dans la région. Il s’agit d’un monopole local. Ensuite, la firme a possédant un<strong>et</strong>echnologie (<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>) va entrer dans le marché. Elle a le choix entre troisformes de collaboration avec la firme s pour la commercialisation de sa technologie. Elle peutoffrir une licence à la firme s. Elle peut également initier une joint-venture. Elle peut proposerenfin, d'acquérir la firme s. La firme a peut aussi choisir de créer sa propre filiale. Dans <strong>les</strong>cas de joint-venture, licence ou filiale, l’organisation industrielle du marché des semences nechange pas. En eff<strong>et</strong>, dans le cas du contrat de licence, la firme s achète la technologie de la- 135 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxfirme a, la croise avec ses meilleures variétés végéta<strong>les</strong> <strong>et</strong> vend <strong>les</strong> SB sur son marché local.Dans le cas de la fusion, la firme a achète la firme s, elle reste donc le seul fournisseur des SBsur le marché du pays d’accueil. Enfin, dans le cas de joint-venture, il faut distinguer entredeux situations : dans la situation d’échec, c’est-à-dire qu’aucune des deux firmes n’a réussi àdévelopper une variété appropriée aux conditions loca<strong>les</strong>, la firme s restera avec ses SC ; maisdans la situation de réussite, c’est-à-dire qu’au moins une firme a réussi à développer unevariété ayant de tel<strong>les</strong> propriétés, l’entité jointe vend <strong>les</strong> SB (Ramani, 2000).Si la firme a crée sa propre filiale, on distingue deux possibilités : soit la firme s reste avec sesSC, soit elle peut imiter la technologie de la firme a. L’imitation n’est possible que si lerégime de droit de propriété intellectuelle (DPI) est absent ou en dysfonctionnement dans lepays d'accueil. Ainsi, si la firme a réussit à créer une filiale, alors la concurrence dans <strong>les</strong>marchés en aval augmente avec l'apparition d'un duopole vendant deux types différents desemences (SB <strong>et</strong> SC) ou d'un duopole avec seulement des SB.Quels sont <strong>les</strong> déterminants de chacun de ces résultats possib<strong>les</strong> ? Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong>implications pour le bien-être du consommateur ? Nous examinons <strong>les</strong> réponses dans <strong>les</strong>paragraphes qui suivent. Dans le premier paragraphe, nous présentons le modèle de lademande du marché tout en décrivant l’équilibre du marché ex-ante (1.1.). Ensuite dans ledeuxième paragraphe, nous identifions <strong>les</strong> prix, <strong>les</strong> quantités <strong>et</strong> <strong>les</strong> profits d’équilibre ex-post(1.2.).1.1. Situation ex-ante : monopole local avec des SCSoit une firme s en situation de monopole sur son marché local. Elle vend des SC de qualitésc. Sur le marché des semences, il existe n consommateurs indexés par un paramètre θ quireprésente la préférence pour la qualité. Le paramètre θ est uniformément distribué surl’intervalle [ θ , θ ] avec s ∈[ θ , θ ].cSupposons qu’un consommateur achète une unité de SC toutes <strong>les</strong> fois où son utilité deconsommation est positive. Supposons aussi que quand le consommateur i avec un indice de- 136 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxqualité θiconsomme une unité de SC, l’utilité obtenue, u, est fonction de la qualité s c<strong>et</strong> duprix p 53 :u = θ s − p (1)i i cComme point de référence, θ cest un paramètre de qualité tel que l’utilité par unitéconsommée au prixpcest égale à zéro :u s pci= θc c−c= 0 ⇔ θc=scpAinsi, tout consommateur i avec θi> θcachètera une unité de SC à un prix égal à pc.Soit la fonction de répartition de θ , donnée par F( θ ). F( θ )54 est la fraction desconsommateurs ayant un paramètre de goût inférieur à θ i<strong>et</strong> qui n’achètent donc pas de SC.cLa demande au prixpccorrespond donc à la relation suivante :( )d( p , s ) = q( p , s ) = 1−Fθc c c c c⇒⎛ pc⎞c⎛c⎞ ⎜θ −⎛θ −θ ⎞ θ −θ s ⎟ ⎛cθ sc − p ⎞cq( pc, sc) = 1− ⎜ ⎟= ⎜ ⎟= ⎜ ⎟=⎜ ⎝θ −θ ⎠ ⎝θ −θ ⎠ − ⎜( − ) s ⎟⎜θ θ⎟ ⎝θ θc ⎠⎝ ⎠53 Le modèle de demande est adapté de Mussa <strong>et</strong> Rosen (1978), voir aussi Tirole (1989 : 296-297).54 C<strong>et</strong>te fonction découle directement du fait que la variable est distribuée uniformément entre a <strong>et</strong> b, quand b>a,la fonction de répartition (the cumulative density) avec a


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxFigure 1 : Répartition des consommateurs suivant leur préférence pour la qualitéLa demande du marché q( p , s ) est satisfaite par un monopole dont l’objectif est deccmaximiser son profit. Soit c un paramètre qui représente le coût de production pour la firmes.Afin d'assurer des quantités <strong>et</strong> des bénéfices positifs, nous devons faire l’hypothèse suivante :Hypothèse 1 : la taille initiale du marché <strong>et</strong> la qualité des SC sont suffisamment grandes poursupporter <strong>les</strong> coûts de production, c’est-à-dire que θ s > c>0 .cLe monopole décide de la quantité à produire en résolvant le problème suivant :( )Max( p − c). q p , spcc c c cLa résolution de c<strong>et</strong>te équation nous donne le prix, la quantité <strong>et</strong> le profit de monopole àl'équilibre :pmcsc+ c= θ ; q2mc=θ sc− c2( θ −θ)sc; πmc=4( θ sc− c)( θ −θ)2sc(2)Pour le calcul du prix, quantités <strong>et</strong> profits d’équilibre : voir en annexe 1.1-a- 138 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxLe surplus du consommateur dans le cas du monopole est tel que :CSmc( θ sc− c)=8. sc2Pour le calcul dumCSc: voir en annexe 1.1-bEn dérivant directement c<strong>et</strong>te fonction, on remarque que le surplus du consommateur est unefonction croissante de la taille du marché, donnée par θ , <strong>et</strong> de la qualité du produit, donnéepar sc. Il est une fonction décroissante des coûts de production, c.1.2. Situation ex-post sur le marché des semencesLa situation ex-post est caractérisée par trois configurations : monopole avec des SB (1.2.1.),duopole avec uniquement des SB (1.2.2.), duopole avec des produits différenciés (SB <strong>et</strong> SC)(1.2.3.).1.2.1. Monopole avec des SBSi <strong>les</strong> plantes biotechnologiques sont introduites sur le marché à partir d’un contrat de licence,une joint-venture ou une fusion avec la firme s, le marché de semences reste un monopoleavec <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> SB. Considérons sg, la qualité des SB avec sg> s <strong>et</strong> s ∈[ θ , θ ].cgm m mSoit p , q , π représentant, respectivement, le prix, la quantité <strong>et</strong> le profit des SB pour lemonopole.g g gEn suivant le même raisonnement que celui dans la section précédente, le profit dumonopoleur (maximisant le prix) <strong>et</strong> la quantité peuvent être obtenus en résolvant l’équationsuivante :( )Max( p − c). q p , spgg g g g- 139 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxOn obtient alors :pmgsg+ c= θ ,2qmg=θ sg− c2( θ −θ)sg, πmg=4( θ sg− c)( θ −θ)2sg,CSmg2( sg− c)= θ .8sgCeci nous donne notre premier résultat sur <strong>les</strong> conséquences de l'introduction d'une variétébiotechnologique.Résultat 1 :dans le cas d'un contrat de licence, joint-venture ou d'une fusion, quand la structure dumarché en aval reste un monopole, le prix, la quantité, le profit <strong>et</strong> le surplus duconsommateur augmentent en raison de l'introduction de SB dans le marché dessemences par rapport au monopole ex-ante.Démonstration :Par une simple observation on constate que,pmgsm> pcsi g c> s <strong>et</strong> par un simple calcul onpourra montrer queqmgsm> qcsig c> s . Dans le cas où la structure du marché reste inchangée,puisque sg> s , le prix <strong>et</strong> <strong>les</strong> quantités associés aux SB sont donc supérieurs à ceux associéscaux SC. Dans le cas du profit <strong>et</strong> du surplus du consommateur 55 , il y a une augmentation si2 2θ ssg c> c, c<strong>et</strong>te inégalité est toujours vraie puisque par hypothèse sgθ > c <strong>et</strong> θ sc> c.Pour <strong>les</strong> calculs relatifs au résultat 1 : voir en annexe 1.2-a.1.2.2. Duopole avec uniquement des SBNous sommes dans une situation où la firme a a créé sa propre filiale <strong>et</strong> <strong>les</strong> deux firmesvendent <strong>les</strong> SB. Soitdpagdésignant le prix pratiqué par la firme a <strong>et</strong>dpsgle prix pratiqué par lafirme s. La demande à destination de la firme a,dqag, peut être définie comme suit :55 Rappelons ici que nous entendons par consommateur l’agriculteur, car il est considéré ici comme leconsommateur final des SB.- 140 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeux⎧⎛dθ sg − p ⎞ag d d⎪⎜ if pag< psg;⎪⎜( θ θ)s ⎟⎝−g ⎠d d d ⎪ d dqag ( pag , psg , sg ) = ⎨0 if pag > psg;⎪d⎪ ⎛ θ sg − pag ⎞d d d⎪ if pag = psg = pg.⎜ 2( θ −θ)sg⎟⎪⎝ ⎩⎠On trouve un résultat similaire pour la firme s :⎧⎛dθ sg − p ⎞sg d d⎪⎜ if psg< pag;⎪⎜( θ θ)s ⎟⎝−g ⎠d d d ⎪ d dqsg ( pag , psg , sg ) = ⎨0 if psg > pag;⎪d⎪ ⎛ θ sg − pag ⎞d d d⎪ if pag = psg = pg.⎜ 2( θ −θ)sg⎟⎪⎝ ⎩⎠Ainsi <strong>les</strong> deux firmes se font concurrence dans un cadre de duopole à la Bertrand. Chaquefirme calcule son profit qui maximise le prix en supposant que le prix de l’autre firme resteinchangé. Ceci nous donne l'équilibre unique de Bertrand-Nash :sd d d g+ cpag = psg = pg= θ2Les quantités d’équilibre offertes par <strong>les</strong> deux firmes sont :q = q = q =d d dag sg gθ sg− c4( θ −θ)sgPour le calcul du prix <strong>et</strong> des quantités d’équilibre : voir en annexe 1.2-b- 141 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxOn a donc des profits symétriques :d d dπag = πsg = πg=82( θ sg− c)( θ −θ)sgOn note que dans le cas de duopole avec seulement <strong>les</strong> SB, <strong>les</strong> firmes fixent essentiellement leprix de monopole <strong>et</strong> partagent équitablement le marché. Donc ceci signifie que le surplus duconsommateur reste inchangé avec :CSmg( θ sg− c)d= CSg=8. sg2Pour le calcul dumCSg: voir en annexe 1.2-c1.2.3. Duopole avec des produits différenciés : SB <strong>et</strong> SCSoit un marché de semences composé de deux firmes, la firme a qui vend <strong>les</strong> SB de qualité sg<strong>et</strong> une firme s qui vend <strong>les</strong> SC de qualité sc.Soitdfpg<strong>et</strong>dfpc, respectivement, le prix pratiqué par la firme a pour <strong>les</strong> SB <strong>et</strong> le prix pratiquépar la firme s pour <strong>les</strong> SC dans une structure de duopole avec produits différenciés.En outre, considérons θ gcun indice de qualité tel qu'un consommateur représentatif estindifférent entre consommer une unité de SC ou une unité de SB. En d'autres termes :θ s − p = θ s − pdfdfgc c c gc g gCe qui correspond à :θgc=pdfgsg− p− sdfccL’indice df indique que l’on est en présence d’un duopole avec des produits différenciés.- 142 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxCeci nous donne <strong>les</strong> fonctions de demande pour <strong>les</strong> SC <strong>et</strong> <strong>les</strong> SB comme suit :df df( pg− pc)s ( g−sc)( θ −θ) ( − )df df df ⎛θgc−θ ⎞ ⎛θ ⎞qc ( pc , pg , sc, sg) = ⎜ ⎟= −;⎝ θ −θ ⎠ ⎜⎟⎝θ θ⎠df df( pg− pc)( )( sgsc)df df df⎛θgc−θ ⎞ ⎛ θ⎞qg ( pc , pg , sc, sg) = 1 − ⎜ ⎟= −.⎝ θ −θ ⎠ ⎜( − ) − − ⎟⎝θ θ θ θ⎠A l’équilibre de Nash <strong>les</strong> deux firmes maximisent leurs profits tel quedf df df⎧Max Π ( , )df cpg pc⎪ { pc}⎨df df df⎪Max Π ( , )df gpg pc{ p⎩g }Selon la condition du premier ordre, l’équilibre de Nashp , p est :df * df *g c⎧ ( s ).(2 )*g− scθ −θdfpg= c+⎪3⎨(3)⎪ ( s ).( 2 )df *g−scθ − θpc= c+⎪⎩3Pour le calcul des prix d’équilibre dans le cas du duopole avec produits différenciés : voiren annexe 1.2-dEn conséquence, <strong>les</strong> quantités <strong>et</strong> <strong>les</strong> profits d'équilibre peuvent être calculés comme suit :⎧ df (2 θ −θ)qg=⎪ 3( θ −θ)⎨⎪ df ( θ − 2 θ )qc=⎪⎩ 3( θ −θ)<strong>et</strong>⎧ ( sg−sc)(2 θ −θ)dfπg=⎪ 9( θ −θ)⎨⎪ ( sg−sc)( θ −2 θ )df⎪πc=⎩ 9( θ −θ)22(4)Pour le calcul des quantités d’équilibre dans le cas du duopole avec produits différenciés :voir en annexe 1.2-e- 143 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxOn déduit des équations (3) <strong>et</strong> (4) le résultat 2.Résultat 2 :afin d’assurer l’existence d’un marché pour <strong>les</strong> SC, quand la firme a s’engage dans unefiliale <strong>et</strong> introduit sur le marché local ses SB, <strong>les</strong> conditions nécessaires sont :• La distribution des préférences pour la qualité des consommateurs doit êtreθ − θ > θ − 2θ > 0.suffisamment large, c’est-à-dire que ( ) ( )• La différence de qualités entre SB <strong>et</strong> SC, ( sgsc)− <strong>et</strong> la taille du marché pour <strong>les</strong> SB,θ , ne doivent pas être trop élevées. Ce qui satisfait la condition suivante :3 c+ θ ( sg−2 sc)θ >(2 s − s )gc(5)Démonstration :La première partie du résultat 2 découle directement de l'équation (4) <strong>et</strong> est nécessaire pourassurer des prix <strong>et</strong> des quantités positives sous un duopole différencié. Dans ce qui suit nousfaisons l’hypothèse 2 pour s’assurer que <strong>les</strong> quantités sont positives même dans le cas d’unduopole différencié.Hypothèse 2 : ( θ − 2 θ) > 0.Dans la deuxième partie du résultat 2, on constate que le choix du consommateur est pluscomplexe dans un marché avec des produits différenciés que dans un marché avec desproduits homogènes. Dans le premier cas, le consommateur cherche le meilleur rapportqualité-prix. Puisque la qualité des SB est toujours supposée être supérieure à la qualité desSC, il faut que le prix de ces dernières soit plus avantageux pour qu’il y ait coexistence sur lemarché. En eff<strong>et</strong>, une condition nécessaire à la coexistence entre <strong>les</strong> SB <strong>et</strong> <strong>les</strong> SC est que leparamètre de qualité correspondant à l’utilité des SB (positif) soit toujours supérieur auparamètre de qualité correspondant à l’utilité des SC (positif).- 144 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxSoit θg<strong>et</strong> θcreprésentant <strong>les</strong> qualités auxquel<strong>les</strong> <strong>les</strong> consommateurs obtiennentdfdfpcrespectivement une utilité positive des SB <strong>et</strong> des SC, on a alors θc= <strong>et</strong> pgθg= .s scgFigure 2 : Coexistence entre SB <strong>et</strong> SCAvec :θ > θ ⇒iidfcθ > θ ⇒dfgutilité de consommer <strong>les</strong> semences conventionnel<strong>les</strong> est positiveutilité de consommer <strong>les</strong> semences biotechnologiques est positivedfθ = θ ⇒ utilité de consommer <strong>les</strong> semences biotechnologiques est égale à celleigdes semences conventionnel<strong>les</strong>Supposons que df dfθg< θ . Etant donné que g ccs > s , pour toutθ > θ nous avonsidfgdf df dfs ( θ − θ ) = ( s . θ − p ) > s ( θ − θ ). Sig i g g i g c i g df df< θ nous avons aussig cθ( s . θ − p df ) > s ( θ − θ df ) > s ( θ − θ df ) = ( s . θ − pdf ).g i g c i g c i c c i cEn d'autres termes, à l'équilibre l'utilité de la consommation des SB est toujours plus grandedfque cel<strong>les</strong> des SC pour tous θ > θ . Dans ce cas, <strong>les</strong> SC seront conduites à sortir du marché.igDe la figure 3 nous pouvons voir que ceci se produira toutes <strong>les</strong> fois où <strong>les</strong> SB (qui sont- 145 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxtoujours d’une meilleure qualité) ne sont pas excessivement plus chères que <strong>les</strong> SC, en raisond’un meilleur rapport qualité-prix. Cependant si <strong>les</strong> SB sont (beaucoup) plus coûteuses que <strong>les</strong>SC, <strong>les</strong> deux produits pourront co-exister sur le marché (cf. figure 4).Figures 3 <strong>et</strong> 4 : Comparaison entre <strong>les</strong> situations de coexistence <strong>et</strong> de non-coexistenceFigure 3 Figure 4Ceci étant, nous avons besoin de la condition θc< θgpour assurer la coexistence entre <strong>les</strong>deux variétés. Par une simple substitution des valeurs d’équilibre on obtient : 3 c+ θ ( sg−2 sc)θc< θg⇔ θ >(2 s − s ), Condition de coexistence: C1 (6)gcPour la démonstration de la condition C1: voir annexe 1.2-fComme ( s 2 )g− sc(2 s − s )gcest une fonction croissante en s g<strong>et</strong> une fonction décroissante en s c, plusgrande est la différence de qualités <strong>et</strong>/ou la taille du marché θ , plus le côté droit de l’équation(6) va augmenter ce qui diminue la probabilité que c<strong>et</strong>te équation soit satisfaite. Ceci nousperm<strong>et</strong> de réécrire <strong>les</strong> profits quand la firme a créé sa propre filiale <strong>et</strong> la firme s reste avec sesSC comme suit :- 146 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxdf⎧⎪Le profit espéré de la firme a = αa.π⎫g⎪⎨⎬dfm⎪⎩Le profit espéré de la firme s = αa. πc + (1 −αa)πc⎪⎭si la condition C1 est satisfaite.m⎧⎪Le profit espéré de la firme a = αa.π ⎫g ⎪⎨⎬m⎪⎩Le profit espéré de la firme s = (1 −αa)πc⎪⎭si la condition C1est non satisfaite.En outre, quand la firme a créé sa propre filiale <strong>et</strong> la coexistence est possible, le surplus duconsommateurdfC est :df 1 df 1dfC = ( θgc −θc )( θgc. sc − pc ) + ( θ −θgc ).( θ. sg − θgc. sg ) + ( θgc − pg ).( θ − θgc).2 2Figure 5 : Surplus du consommateurRésultat 3 :quand une firme a décide de créer sa propre filiale :• l'imitation est toujours préférée par la firme s si elle prévoit d’être rej<strong>et</strong>ée du marché ;- 147 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxd• même lorsque l'imitation est possible, la firme s choisira de ne pas imiter si πg< π .dfgLa non imitation est susceptible de se produire quand la différence de qualité entre <strong>les</strong>SB <strong>et</strong> SC, sg− sc, est élevée <strong>et</strong>/ou la taille du marché, θ − θ , est large.Démonstration :Quand une firme s décide d'imiter, ceci signifie que si la firme a réussit à développer lanouvelle variété, l'organisation industrielle sur le marché de semences changera. Au lieud’avoir une seule firme, on sera alors en présence de deux firmes vendant <strong>les</strong> SB sur lemarché des semences. Si la firme a ne réussit pas, alors seule la firme s sera sur le marché endmvendant <strong>les</strong> SC. Le profit espéré pour la firme s est de α . π + (1 − α ). π .a g a cDu résultat précédent, nous savons que si la firme s décide de ne pas imiter, il y a un risque(quand la condition C1 n'est pas satisfaite) qu’elle soit mise en dehors du marché. Ainsi, ladffirme s espère gagner ( )( α )mα . π + 1 −α . π si la coexistence avec la firme a est possible <strong>et</strong>a c a cm1 − . π si elle prévoit d’être mise dehors. L’imitation est préférée par la firme s si elleacanticipe la possibilité qu’elle soit sortie du marché.Si la coexistence est possible, la firme s préférera ne pas imiter seulement si :πdg< πdfg( ) 2 2θ s − c ( s −s)( θ −2 θ )g g c⇔


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeux1.3. Le choix du mode de pénétration dans un pays d’accueil par unemultinationale d’agbiotechMaintenant, nous allons étudier le jeu à deux étapes qui vise à rendre compte du principe del'interaction stratégique entre une firme internationale d’agbiotech, firme a, <strong>et</strong> une entreprisede semences, firme s, pour commercialiser des semences biotechnologiques, SB, sur lemarché de semences.Dans une première étape, la firme a choisit sa stratégie d’entrée dans le pays d’accueil. Dansune logique de “take it or leave it offer”, la firme a entreprend la première démarche, enoffrant un contrat de licence à la firme s, à un prix fixe L. Elle peut proposer une joint-venturedans lequel la firme s obtient une proportion v des revenus générés. Elle peut enfin proposerune offre d’achat à la firme s pour une somme M. Si la firme cible accepte l’offre de la firmea, <strong>les</strong> deux firmes entrent en collaboration suivant le type de contrat proposé. Dans uneseconde étape du jeu, la firme s peut accepter ou refuser l’offre de la firme a. Si la firme srefuse l’offre de la firme a, c<strong>et</strong>te dernière peut toujours entrer dans le marché en créant sapropre filiale ou en ach<strong>et</strong>ant une autre firme s i . Afin de commercialiser une plantebiotechnologique dans un pays d'accueil, une nouvelle variété appropriée aux conditionsloca<strong>les</strong> doit être développée. On suppose que le type de stratégie d'entrée de la firme adétermine la probabilité avec laquelle une variété appropriée peut être créée en raison de lanature <strong>et</strong> de l'importance du transfert de connaissances contenu dans <strong>les</strong> différents modesd'entrée. Plus est élevé le transfert de connaissances, plus est élevée la probabilité de créeravec succès des SB adaptées aux conditions loca<strong>les</strong> du pays d’accueil.Avant d’étudier <strong>les</strong> différentes formes de collaboration, il faut définir <strong>les</strong> différents types deconnaissances. De manière générale, <strong>les</strong> économistes distinguent deux types deconnaissances :• Les connaissances codifiées qui peuvent être transférées sous forme écrite <strong>et</strong> quiconcernent toutes <strong>les</strong> connaissances explicites des agents. Dans une licence, parexemple, il n’y a qu’un transfert de connaissances codifiées entre l’innovateur <strong>et</strong>l’ach<strong>et</strong>eur.• Les connaissances tacites qui peuvent être transférées seulement par interaction avec<strong>les</strong> agents fournissant la connaissance. Dans une joint-venture, il y a un partage deconnaissances à la fois explicites <strong>et</strong> implicites (tacites) entre l’innovateur <strong>et</strong> l’ach<strong>et</strong>eur.- 149 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeux1.3.1. Contrat de licenceQuand la firme a offre une licence à la firme s, il y a transfert de “connaissances codifiées”concernant la technologie, ce qui conduit à une augmentation des compétencestechnologiques de l’ach<strong>et</strong>eur. Dans ce cas, la firme s supporte toute seule le risque dedévelopper <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> variétés. La probabilité de créer seule <strong>les</strong> SB est égale àL'organisation industrielle ne change pas, la firme s reste un monopoleur en vendant <strong>les</strong> SB sielle réussit <strong>et</strong> en vendant <strong>les</strong> SC si elle échoue. La firme a <strong>et</strong> la firme s négocient le partage dela valeur espérée créée par la licence. Le gain pour la firme a, si la négociation aboutit, est deα π . Si la firme s ne réussit pas à développer <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> variétés, elle reste avec ses SC,smgmais ceci n'entre pas dans le cadre de notre jeu de négociation.Donc, dans le cas où la négociation aboutit, la firme s gagne un profit demmαπs g+ (1 −αs)πc − L <strong>et</strong> la firme a un profit correspondant au prix de la licence.α s.1.3.2. Joint-ventureLa collaboration a un double impact sur <strong>les</strong> firmes. Elle augmente la probabilité de réussite,mais en même temps elle conduit à un partage du profit. En eff<strong>et</strong>, toutes <strong>les</strong> fois où la firme aoffre une joint-venture, elle partage toutes ses informations avec la firme s. Ceci signifie quedans une joint-venture <strong>les</strong> deux firmes coopèrent, dans le sens où si l’une des deux réussit àcréer une nouvelle variété, elle partage la connaissance avec l’autre. Dans ce cas, laprobabilité de réussir à créer des SB adaptées aux conditions agronomiques loca<strong>les</strong> est donnéepar α , qui est égale à 1 −[ (1 − ).(1 − )]α α . Dans une joint-venture, il y a un partage à la foisasdes connaissances tacites <strong>et</strong> codifiées entre <strong>les</strong> deux firmes. Ceci augmente <strong>les</strong> compétencestechnologiques de la firme s comparées au cas de la licence, puisqueα > α (on noteégalement que α > α ). Si la joint-venture réussit, la firme a <strong>et</strong> la firme s partagent le profitaespéré du monopole, généré par la vente des SB, α.π , en proportion (1 − v)<strong>et</strong> v .mgsEn plus, la firme a supporte un coût d’entrée E. Si la nouvelle variété n’est pas développée, lafirme s reste en situation de monopole en vendant <strong>les</strong> SC. Cependant, c<strong>et</strong>te possibilitén'affecte pas <strong>les</strong> résultats de négociation, car ils sont totalement indépendants du transfert demla connaissance. Les profits sont donc de (1 − v). απ . − E pour la firme a <strong>et</strong> demmv . α. π + (1 −α).π pour la firme s.gcg- 150 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeux1.3.3. FusionDans le cadre de la fusion, le développement des SB est principalement mené par la firme apour gagner un profitπ m g. Sa probabilité de réussite α aest liée à ses compétencestechnologiques.La probabilitéα areprésente <strong>les</strong> compétences technologiques de la firme a de créer denouvel<strong>les</strong> variétés adaptées à la région qui possède de faib<strong>les</strong> compétences technologiques. Enoutre, en ach<strong>et</strong>ant une firme s, la firme a capture aussi son réseau de vente. De ce fait, ceciassure à la firme a un monopole sur le marché des SC au cas où elle ne créerait pas de SB. Lafirme a supporte deux types de coûts, le prix d’achat de la firme s, M, <strong>et</strong> le coût d’entrée E.mmDans une fusion, la firme s reçoit M <strong>et</strong> la firme a obtient αa. πg + (1 −αa).πc −M − E .1.3.4. FilialeComme dans le cas d'une fusion, la filiale de la firme a récupère un profit équivalent à α . πde la vente des SB, tout en supportant un coût E. Quand la firme a crée une filiale, onconsidère deux possibilités pour la firme s : imitation <strong>et</strong> non-imitation. Avec la signature deTRIPS 56 , presque tous <strong>les</strong> pays ont mis en place un régime de propriété intellectuelleconcernant <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> variétés de plantes, mais il n'est pas possible dans <strong>les</strong> circonstancesactuel<strong>les</strong> d’être sûr que le régime de propriété intellectuelle soit introduit de manière efficacedans le monde entier. Donc, on doit considérer que l’imitation est une option possible pour lafirme s. Ceci signifie que lorsque la firme a ouvre une filiale <strong>et</strong> réussit, la firme s jouit d’unprofit de duopole en vendant <strong>les</strong> SB, sinon elle gagnera un profit de monopole en vendant <strong>les</strong>SC. Cependant, si la firme s choisit de ne pas imiter, <strong>les</strong> profits de la firme s dépendent de lapossibilité de coexistence entre <strong>les</strong> SC <strong>et</strong> SB.amgSi la firme a réussit à développer <strong>les</strong> SB, <strong>et</strong> si la coexistence est possible, alors la firme s jouitd’un profit de duopole correspondant à la vente d’un produit de qualité inférieure sur unmarché avec des produits différenciés. Si la firme a ne réussit pas à développer <strong>les</strong> SB, alorscomme d’habitude la firme s jouit d’un profit de monopole en vendant <strong>les</strong> SC. Si lacoexistence n’est pas possible, la firme s est mise en dehors du marché quand la firme a56 Trade Related Intellectual Property Rights System signé par tous <strong>les</strong> membres de l’OMC en 1995.- 151 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxréussit, mais bénéficie d’un profit de monopole en vendant <strong>les</strong> SC quand la firme a ne réussitpas.Ceci nous donne <strong>les</strong> profits suivants, zdasous une filiale :− E, zia− E pour la firme a <strong>et</strong> zds, zispour la firme szzzzzz= απdfda a g= απmda a g= απdia a gdans le cas de non-imitation si C1 est satisfaite;dans le cas de non-imitation si C1 n'est pas satisfaite;dans le cas d'imitation.dfm= απ + (1 −α ) π dans le cas de non-imitation si C1 est satisfaite;ds a c a cm= (1 −α) π dans le cas de non-imitation si C1 n'est pas satisfaite;ds a cdm= απ +(1 −α ) π dans le cas d'imitation.is a g a cAinsi, <strong>les</strong> profits pour la firme a <strong>et</strong> la firme s sous une filiale sont zs<strong>et</strong> zacomme suit :z = Max{ z , z }.s ds isza⎧zda if zs = zds⎫= ⎨ ⎬.⎩zia if zs = zis⎭L’arbre général du jeu est représenté dans la figure 6.- 152 -


Figure 6 : Arbre du jeuFirme aLicenceJoint-ventureFusionFilialeFirme sFirme sFirme sFirme s⎡⎢OuiL⎤⎥Nonm⎡ (1 −v)απg− E⎢απ + − α πmmm⎢⎣απ s g+ ( 1−αs)πc−L⎥⎦ ⎢⎣vg ( 1 )Firme aOuimc⎤⎥⎥⎦NonFirme aOui( 1 )⎡απ + −α π − −⎢⎢⎣Mmma g a cE M⎤⎥⎥⎦NonFirme a⎡z⎢⎢⎣zImitation=α π −Edia a gd=α π + (1 −α ) πmis a g a c⎤⎥⎥⎦SCz = max( z , z )s is dsz = z si z = za ia s isz=z si z = za ca s csFiliale Filiale( z , z )( z , z )asasFiliale( z , z )as⎡z⎢⎢⎣z=α π −Edfda a gdf= απ + (1 −α)πmds a c a c⎤⎥⎥⎦


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeux2. Résolution du modèle2.1. Explication du processus de négociationComment <strong>les</strong> valeurs de négociation L, v, <strong>et</strong> M sont-el<strong>les</strong> décidées ?On résout le jeu de négociation sur <strong>les</strong> valeurs L, v, <strong>et</strong> M en utilisant le concept de la théoriedes jeux, « la solution de négociation à la Nash ». Pour chaque joueur, on calcule ladifférence entre ce qu’il obtient si la négociation réussit <strong>et</strong> ce qu’il obtient si la négociationéchoue (c’est-à-dire <strong>les</strong> profits alternatifs).( gain de a si réussite - gain de a si échec )*( gain de s si réussite - gain de s si échec )Appelons ce terme le gain n<strong>et</strong> de la négociation.Le produit du gain n<strong>et</strong> de chacun des joueurs est alors maximisé au-dessus de la variable ànégocier. En résumé, l’alternative disponible pour <strong>les</strong> joueurs en dehors du processus denégociation représente un pouvoir de négociation pour chaque joueur, <strong>et</strong> détermine sa part dugâteau. Si <strong>les</strong> alternatives sont éga<strong>les</strong>, <strong>les</strong> deux joueurs partageront à part égale (50/50) legâteau. Sinon le joueur avec la meilleure alternative obtiendra la part la plus importante dugâteau. Il faut noter que la solution de négociation à la Nash représente <strong>les</strong> revenus quiseraient obtenus si <strong>les</strong> deux firmes étaient en mesure de négocier sur <strong>les</strong> valeurs, avec chacuneproposant une offre l’une après l'autre, sur une période infinie, avec un taux d’actualisationégal à zéro. A partir de la figure 6, nous pouvons voir cela dans le cas des trois stratégiesd'entrée : licence, joint-venture <strong>et</strong> fusion. Les profits alternatifs qui peuvent être obtenus sont<strong>les</strong> mêmes que <strong>les</strong> profits qui peuvent être obtenus dans le cas de la filiale ou dans le cas de lanon-coopération entre la firme a <strong>et</strong> la firme s.Les résultats des négociations concernant L, v <strong>et</strong> M peuvent être des valeurs d'équilibre d'unjeu de négociation à la Nash où <strong>les</strong> solutions alternatives pour la firme a <strong>et</strong> la firme s sontrespectivement za<strong>et</strong> zs.- 154 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeux2.1.1. Négociation sur le prix de la licence avec tarif fixe, LQuand la négociation aboutit dans le cas de la licence, elle produit un revenu espéré demmα . π . Ce revenu généré est partagé en L pour la firme a <strong>et</strong> en α . π − pour la firme s. Ensgs gLeff<strong>et</strong>, l’objectif de l’ach<strong>et</strong>eur de technologie, la firme s, est d’obtenir la licence au prix le plusbas possible, contrairement au fournisseur de la technologie, la firme a, qui veut vendre salicence au prix le plus haut possible.Selon la solution de négociation à la Nash, on peut déduire le prix de la licence négocié L*comme la solution à l'équation suivante :⎡( ).( .mMax L z α π L z )⎤⎢− − −a s g s ⎥{ L}⎣⎦Selon la condition du premier ordre pour la maximisation de L on obtientmα .* sπg − zs + zaL = .2Démonstration : voir en annexe 2.1-a2.1.2. Négociation sur le partage du profit dans la joint-venture, vDans une joint-venture, <strong>les</strong> deux firmes coopèrent dans le sens où si l’une réussit, elle partagela connaissance avec l’autre. Dans le cadre de joint-venture, l’obj<strong>et</strong> de négociation des deuxfirmes est de partagermαπgen v <strong>et</strong> (1-v). En eff<strong>et</strong>, si la négociation aboutit <strong>et</strong> la joint-venturemmest une réussite, la firme a perçoit un revenu égal à (1 − v).απ g<strong>et</strong> la firme s obtient vα . πg.Pour la firme a :m⎧⎪(1 − v). απgsi la négociation aboutit⎨⎪⎩ zasi la négociation échoue(8)Pour la firme s :m⎧⎪ v. απgsi la négociation aboutit⎨⎪⎩ zssi la négociation échoue(9)- 155 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxSelon la solution de négociation à la Nash, on peut déduire la valeur v comme solution àl’équation suivante :Max ⎡⎣{} vmm((1 −v)απg−za)( vαπg−zs)⎤⎦Selon la condition du premier ordre pour la maximisation de v on obtient :vαπ + z − z=*.mg s am2απgDémonstration : voir en annexe 2.1-bEn substituant la valeur de v <strong>et</strong> (1-v) dans l’équation (8) <strong>et</strong> (9), on peut trouver <strong>les</strong> gains pourla firme a <strong>et</strong> la firme s dans le cas où la négociation réussit, comme il est indiqué dans l<strong>et</strong>ableau 1.2.1.3. Négociation sur le prix d’acquisition, MDans le cadre de fusion-acquisition, la firme a <strong>et</strong> la firme s négocient le prix d’achat, M. Eneff<strong>et</strong>, la firme a négocie le prix d’achat à la baisse, contrairement à la firme s qui négocie lemmprix de vente à la hausse. Si la négociation réussit, la firme a obtient α . π + (1 −α ). π sinonza. La firme s, si la négociation réussit, obtient la valeur M, sinon zs.a g a cLa valeur M est déterminée par la résolution du problème d’optimisation suivant :Max ⎡⎣{ M}mm( απa g+ ( 1−αa)πc −M − za)( M − zs)⎤⎦Selon la condition du premier ordre pour la maximisation de M on obtient :mm. (1 ). z z*M =α π + − α π + −2a g a c s a- 156 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxDémonstration : voir en annexe 2.1-cL’obj<strong>et</strong> de la négociation des deux firmes dans le cas de la fusion est la valeur MPour la firme a :Pour la firme s :mm⎧⎪απa g−E− M + (1 −αa) πc-E-M si la négociation réussit⎨⎪⎩ zasi la négociation échoue⎧Msi la négociation réussit⎨⎩zssi la négociation échoue(10)(11)En substituant la valeur de M dans l’équation (10) <strong>et</strong> (11), on peut trouver <strong>les</strong> gains pour lafirme a <strong>et</strong> la firme s dans le cas où la négociation réussit, comme il est indiqué dans le tableau1.SI on substitue <strong>les</strong> résultats de négociations dans <strong>les</strong> fonctions de profit liées aux différentesstratégies d'entrée, on pourra résumer <strong>les</strong> avantages de chaque type de situation pour chacundes joueurs dans le tableau 1.LicenceJoint-ventureFusionTableau 1 : Matrice des gains de la firme a <strong>et</strong> de la firme sFirme aFirme sαπ − z + zms g s amαπ . − z + z2απ + z −z22g s a− Emmα . π + (1 −α ). π − z + za g a c s a2− Ems g s a mαπ .+ z −z2+ (1 − α ) πcsmg s a m+ (1 − α ) πcmmα . π + (1 − α ). π + z −za g a c s a2Filialezzzza= απdfda a g= απmda a gdia a g⎧zda if zs = zds⎫− E =⎨ ⎬⎩zia if zs = zis⎭non-imitation, avec C1;non-imitation, sans C1;= απ cas d' imitation.zzzz = Max{ z , z }.s ds isdfm= απ + (1 −α ) π avec C1;ds a c a cm= (1 −α) π sans C1;ds a cdm= απ +(1 −α)π cas d'imitation.is a g a c- 157 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxRappel : πmc=4.( θ sc− c)( θ −θ)2sc;⎧ ( sg−sc).(2 θ −θ)dfπg=⎪ 9( θ −θ)⎨⎪ ( sg−sc).( θ −2 θ )df⎪πc=⎩ 9( θ −θ)22( )( )θ sd d dg− c; πag = πsg = πg=8 θ −θs2g- 158 -


Figure 7 : Arbre du jeu avec calcul des gainsFirme aLicenceJoint-ventureFusionFilialeFirme sFirme sFirme sFirme sOui⎡ απm− zs+z ⎤a⎢ s g⎥⎢2⎥⎢⎥⎢απm+ zs− z⎥a⎢ s g+ (1 −α ) πm⎥⎢⎣2s c ⎥⎦Nonm⎡ απg − zs + za⎢− E⎢ 2m⎢απ + z − z⎢+ ( 1−α)π⎣ 2Firme ag s a mc⎤⎥⎥⎥⎥⎦Firme aFilialeFiliale( z , z )( z , z )asOuiaNonsOui( 1 )mm⎡απ a g+ −αa πc − zs+ z ⎤a⎢− E⎥⎢ 2⎥mm⎢ απa g+ ( 1−αa)πc+ zs−z⎥a⎢⎥⎣ 2 ⎦NonFirme aFiliale( z , z )as⎡z⎢⎢z⎢⎢z⎢⎢⎣z⎡z⎢⎢⎣zdadadsdsImitation=α π −E⎤⎥=α π ⎥⎦dia a gdis a gdf=αaπnon-imitation, avec C1⎤g⎥m=αaπnon-imitation, sans C1 ⎥g⎥dfm=αaπ c + (1 −αa) πcavec C1 ⎥⎥m= (1 −αa) πcsans C1 ⎥⎦SCzs = max( zis, zds)za= z ia si zs= z isz=z si z = za ca s cs


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxOn utilise la méthode de l’induction à rebours pour déterminer le choix des firmes. Toutd’abord, on se focalise sur la firme s en regardant quelle alternative elle choisirait si elle étaitmenacée par l'entrée d'une firme a. Ensuite, on détermine le choix de la firme a, qui abénéficié de l’avantage du first mover.2.2. Résultats sur <strong>les</strong> stratégies d’entrée d’une firme agbiotechLes calculs dans la section précédente nous perm<strong>et</strong>tent de comprendre <strong>les</strong> stratégies d'entréede la firme a.Résultat 4 :La firme a s’engagera dans une filiale si : l’imitation n’est pas possible, la coexistenceentre <strong>les</strong> SB <strong>et</strong> SC est possible, la compétence technologique d’au moins d’une des deuxfirmes est faible <strong>et</strong> le monopole associé aux SB est inefficace.Démonstration :une firme a souhaitant créer une filiale fait face à trois situations possib<strong>les</strong> : imitation de lafirme s, sortie de la firme s du marché (quand C1 n'est pas satisfaite) ou non-imitation maiscoexistence avec la firme s (quand C1 est satisfaite).Dans <strong>les</strong> deux premiers cas, une fusion <strong>et</strong> une filiale, procurent le même profit, ainsi la firmea est indifférente entre <strong>les</strong> deux options. Cependant, en réalité, <strong>les</strong> coûts d'entrée liés à unefusion ou à une filiale sont susceptib<strong>les</strong> d'être différents. Ces coûts d'entrée sont importantspour déterminer la stratégie d’entrée à suivre pour la firme a.Lorsque la coexistence entre <strong>les</strong> SC <strong>et</strong> <strong>les</strong> SB est possible, c’est-à-dire quand la condition C1est satisfaite,3 c+ θ ( sg−2 sc)θ >, la firme a peut espérer recevoir plus d’une filiale que(2 s − s )gcm df dfαπa g+ απa g−απa cd’une fusion si : αaπg > ⇔ πg + πc > πg2df df df m( θ s ) 2gc2 2θ − θ + θ − θ −(2 ) ( 2 )⇔ >Condition de l’inefficacité du monopole : C3 (12)9 4 s ( s − s )g g c- 160 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxL'équation (12) correspond à une situation où la somme des bénéfices de duopole est plusélevée que le bénéfice de monopole, ou quand le monopole associé aux SB n'est pas efficace.Ceci pourrait se produire quand <strong>les</strong> coûts de production sont élevés, la différence de qualitéshaute ou la taille du marché grande. Enfin, <strong>les</strong> faib<strong>les</strong> compétences technologiques assurentqu'une joint-venture n’est pas préféré à une filiale (même en présence d’un apprentissagecommun élevé). Les arguments ci-dessus indiquent qu'une filiale nécessite la satisfaction d<strong>et</strong>rois conditions : la condition de coexistence, la condition de la non-imitation <strong>et</strong> la conditionde l’inefficacité du monopole. Les configurations de paramètres qui satisfont la premièrecondition sont l'inverse de ceux exigés pour satisfaire la deuxième <strong>et</strong> la troisième condition.C’est peut être à cause de ce problème que <strong>les</strong> simulations n'ont pas abouti à des cas de filialequand l'imitation est possible.Considérons que <strong>les</strong> cas où l'imitation n’est pas possible (à cause de la force des DPI ou àcause d'autres barrières réglementaires), on peut identifier des situations où la filiale est lechoix préféré de la firme a. Par exemple, pour la configuration de paramètres : θ = 10,θ = 1.5 , sg=5, sc= 2.4,αa= 0.2,αs= 0.2, c= 3, E=0.01, la condition de coexistence <strong>et</strong> lacondition de l’inefficacité de monopole sont satisfaites. Nous avons alors le tableau suivant :Tableau 2: Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 1Licence Joint-venture Fusion FilialeFirme a 3.209 6.317 6.878 6.969Firme s 3.714 2.509 3.07 3.161Dans ce contexte, alors que la filiale est la meilleure option pour la firme a, elle n’est que ladeuxième option pour l’entreprise des semences. Dans nos simulations, une filiale émergecomme forme dominante d'entrée seulement quand la compétence technologique d’au moinsd'une des deux firmes est faible (autrement une joint-venture domine la filiale). Étant donné lecas d’une filiale est rare dans un contexte où l'imitation ne peut pas être empêchéecomplètement, on se concentre uniquement dans la suite sur <strong>les</strong> trois autres options : licence,joint-venture <strong>et</strong> fusion.Enfin, on se focalise sur <strong>les</strong> conséquences du choix d’une stratégie d'entrée de la firme a.- 161 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxRésultat 5 :Une firme a est susceptible de choisir :• un contrat de licence si <strong>les</strong> coûts d'entrée, E, sont élevés <strong>et</strong>/ou ladifférence dans <strong>les</strong> compétences technologiques de la firme a <strong>et</strong> de firme s,α − α , est faible <strong>et</strong> /ou la taille du marché, θ , est p<strong>et</strong>ite ;as• une joint-venture si la différence de qualité, s g− s c, est grande <strong>et</strong>/ou lataille du marché est large ;• une fusion si la différence de qualité, s g− s c, est faible <strong>et</strong>/ou ladifférence dans la compétence technologique de la firme a <strong>et</strong> de firme s,α − α , est élevée <strong>et</strong>/ou la taille du marché, θ , est grande.asDémonstration :Les propositions ci-dessus sont facilement dérivées des profits liés aux différentes optionsd'entrée pour la firme a comme présenté dans le tableau 1. Un contrat de licence est préféré àune joint-venture si πmg2( θ sg− c) 2E= < .4( θ −θ) s α (1 −α)g a sDémonstration : voir en annexe 2.1-dQuelle que soit la configuration des paramètres, nous pouvons toujours trouver une valeurαasuffisamment faible <strong>et</strong> unepour que l’inégalité ci-dessus soit vérifiée.αssuffisamment élevée ou une valeur E suffisamment élevéeUn contrat de licence donne un profit plus élevé qu'une fusion sim( ) ( )mαa − αs πg + 1− αa πc < 2E.En plus, quelle que soit la configuration des paramètres, une valeur E suffisamment élevéepeut toujours être trouvée pour que le contrat de licence soit attrayant. En même temps, selon<strong>les</strong> deux inégalités, une plus faible taille de marché, θ (<strong>et</strong> donc une plus faible valeur de<strong>et</strong>mπc) aussi bien qu’une plus faible asymétrie de compétences technologiques, α aα sfavorisent le contrat de licence.mπg− ,- 162 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxPour une firme a, une joint-venture est préférable à un contrat de licence simαa(1 − αs) πg > 2E<strong>et</strong> une fusion est préférable si α π> π . Une compétence technologiquem ms g célevée de la firme s rend une joint-venture attrayant par rapport à une fusion, mais pas parrapport à un contrat de licence. Par contre, une large taille de marché, θ , augmente le profit,mπg, <strong>et</strong> une plus forte différence de qualité,g cce qui pousse la firme a vers une stratégie de joint-venture.s− s , augmente la différence de profit, πmg− π ,mcEnfin, par analogie, nous pouvons m<strong>et</strong>tre en place un raisonnement semblable pour uneα π −π − α π + π < <strong>et</strong> àm m m mfusion. Une fusion est préférée à un contrat de licence si ( ) 2a g c s g cEune joint-venture siπαs< . Une fusion est préférée si α aest élevée,πmcmgα sfaible, ou sil’asymétrie de compétences technologiques entre <strong>les</strong> deux firmes est plus grande. En outre, sila différence entre le profit associé aux SB <strong>et</strong> SC, π − π , est faible, ou si la différence entresg<strong>et</strong> scest faible, la probabilité pour qu'une fusion soit l'option préférée est élevée.mgmcCeci peut être compromis de la manière suivante : sous un contrat de licence, le risque dedévelopper des SB est entièrement supporté par la firme s, <strong>et</strong> si sa compétence technologiqueest élevée, <strong>les</strong> perspectives sont prom<strong>et</strong>teuses pour elle. L'autre avantage d'un contrat delicence est que la firme a ne paye pas de frais d'entrée, <strong>et</strong> ainsi, toutes <strong>les</strong> fois que <strong>les</strong> coûtsd’entrée sont élevés, un contrat de licence est préféré par la firme a. Cependant, un contrat delicence est toujours dominé par une joint-venture, quand <strong>les</strong> coûts d’entrée sont faib<strong>les</strong> <strong>et</strong> lepotentiel du marché des SB élevé. Par conséquent, <strong>les</strong> compétences technologiques de lafirme a <strong>et</strong> de la firme s sont mises ensemble pour développer <strong>les</strong> SB, ce qui augmente laprobabilité de son développement.Une fusion domine également un contrat de licence, si dans le cas d’échec il existe commealternative un large marché de SC. Cependant, une joint-venture domine une fusion si la firmes dispose d’une compétence technologique élevée. D'autre part, si le gain de l'introduction desSB est faible en raison de la faible différence de qualité entre <strong>les</strong> SB <strong>et</strong> <strong>les</strong> SC, alors unefusion présente de faib<strong>les</strong> coûts d'opportunité, parce qu'au cas où une SB ne serait pasdéveloppée, la fusion conduit à un r<strong>et</strong>our sur le marché des SC.- 163 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxRésultat 6 :Le choix de la firme a peut ne pas être l'option préférée de la firme s. En d'autrestermes, l'équilibre parfait en sous-jeu pourrait changer si l'ordre du jeu change.Démonstration :Nous considérons le jeu développé dans <strong>les</strong> sections précédentes comme premier jeu.Considérons maintenant un deuxième jeu dans lequel la firme s fait une offre à la firme a enproposant un contrat de licence, une joint-venture ou une fusion <strong>et</strong> où la firme a accepte ourefuse l’offre. Si la firme a refuse, elle peut s’engager dans une filiale. L'équilibre parfait desous-jeu serait-il le même que dans <strong>les</strong> deux cas ? Le résultat 6 indique qu'il est susceptibled'être différent. Nous pouvons prouver cela par des exemp<strong>les</strong> numériques.Considérons un marché dont θ =10 <strong>et</strong> θ =1. La qualité de SB est s g= 7 <strong>et</strong> celle de SC estsc=3. Les compétences technologiques de la firme a <strong>et</strong> de la firme s sont éga<strong>les</strong>, αa αs= =0.5. Le coût unitaire de production est égale à c = 1, <strong>et</strong> le coût d’entrée pour une fois est égal àE = 3. Les profits correspondant aux différentes options d’entrée sont décrits dans l<strong>et</strong>ableau 3.Tableau 3: Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 2Licence Joint-venture Fusion FilialeFirme a 2.776 2.138 1.723 1.723Firme s 10.563 9.032 8.6178.617 (Imitation, noncoexistence)Avec la configuration des paramètres suivante : θ = 10, θ = 1,αs= 0.5, c= 1, E=3.sg=7,sc= 3, αa= 0.5,Etant donné <strong>les</strong> coûts élevés d'entrée, un contrat de licence avec la firme s est le meilleurchoix pour la firme a dans le jeu séquentiel. En outre, si la firme s doit choisir, elle préfèrera- 164 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxégalement un contrat de licence, étant donné que ses compétences technologiques sont éga<strong>les</strong>à cel<strong>les</strong> de la firme a.Supposons maintenant qu’aux mêmes coûts d'entrée, E=3, nous augmentions la taille dumarché par l’augmentation de θ . La simulation 3 montre qu’une joint-venture devientl'option la plus favorisée pour la firme a, alors que la firme s préfère un contrat de licence sielle bénéficie de l’avantage du first mover.Tableau 4 : Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 3Licence Joint-venture Fusion FilialeFirme a 4.017 4.466 3.898 3.898Firme s 15.541 13.228 12.66Avec la configuration des paramètres suivante : θ = 15, θ = 1,αs= 0.5, c= 1, E=3.12.66(Imitation, non-coexistence)sg=7,sc= 3, αa= 0.5,Au lieu d'augmenter la taille du marché, si nous augmentons la différence de qualités, la jointventureest encore la stratégie d’entrée la plus attrayante pour la firme a, <strong>et</strong> si la firme sbénéficierait de l’avantage du premier joueur, elle choisirait la même option.Tableau 5 : Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 4Licence Joint-venture Fusion FilialeFirme a 4.858 4.914 3.112 3.112Firme s 9.872 10.421 8.619Avec la configuration des paramètres suivante : θ = 10, θ = 1,αs= 0.5, c= 1, E=3.8.619(Imitation, non-coexistence)sg=9,sc= 2, αa= 0.5,Cependant, si <strong>les</strong> différences de qualité sont faib<strong>les</strong>, même avec une grande taille de marché,la fusion domine la joint-venture pour la firme a.- 165 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxTableau 6 : Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 5Licence Joint-venture Fusion FilialeFirme a 2.009 2.458 3.898 3.898Firme s 21.566 15.236 16.677Avec la configuration des paramètres suivante : θ = 15, θ = 1,αs= 0.5, c= 1, E=3.16.677Imitation, coexistence possib<strong>les</strong>g=7,sc= 5, αa= 0.5,Enfin, si nous revenons à la première configuration en y introduisant de l'asymétrie dans <strong>les</strong>compétences technologiques, alors on constate que la fusion émerge comme la meilleureoption pour la firme a <strong>et</strong> la firme s, (tableau 7).Tableau 7 : Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 6Licence Joint-venture Fusion FilialeFirme a 2.055 4.345 4.557 4.557Firme s 9.064 8.903 9.115Avec la configuration des paramètres suivante : θ = 10, θ = 1,αs= 0.3, c= 1, E=3.9.115(Imitation, non-coexistence)sg=7,sc= 3, αa= 0.8,3. Discussion : Comparaison des résultats théoriques avec <strong>les</strong>stratégies de commercialisation du coton Bt par MonsantoLa qualité perçue du coton Bt, par <strong>les</strong> agriculteurs, est très élevée par rapport au cotonconventionnel. Le premier utilise moins de produits phytosanitaires que le second. A titred’exemple, actuellement, près de 25% des insecticides utilisés dans le monde sont consacrés àla culture du coton, ce qui engendre des coûts économiques <strong>et</strong> écologiques considérab<strong>les</strong>. Dece point de vue, le coton Bt est plus avantageux que le coton conventionnel.Pour commercialiser ses intrants biotechnologiques, Monsanto, leader en agbiotech a besoinde l'accès aux meilleures variétés de plantes disponib<strong>les</strong>. Dépendant de la structure du marchéde semences pour chaque culture, Monsanto est amenée à choisir entre différentes formes de- 166 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxcontrats de collaboration avec <strong>les</strong> entreprises de semences locaux. La firme n’a pas pratiqué lamême stratégie à travers le monde : soit elle a vendu des licences aux entreprises desemences, soit elle a intégré verticalement la filière par l’acquisition ou la prise departicipation dans des entreprises de semences (cf. chapitre 1).Tableau 8 : Les stratégies de Monsanto pour commercialiser le coton BtPaysEtats-UnisMexiqueAfrique du sudChineArgentineIndeAustralieLes stratégies de MonsantoUn accord exclusif avec DPLUn accord avec DPL pour vendre sa technologieUn accord avec DPL pour vendre sa technologieUne joint-venture avec la filiale de DPL en Chine <strong>et</strong> un semencierlocalUne joint-venture avec la filiale de DPL en Argentine <strong>et</strong> Ciagro(un semencier local)Une joint-venture avec Mahayco, le plus grand semencier localAccord de licence avec DPLAinsi, comme indiqué dans le tableau 8, aux Etats-Unis, Monsanto a eu un accord exclusifavec DPL pour la commercialisation des variétés du coton Bt dès 1996. Au Mexique <strong>et</strong> enAfrique du sud, elle a eu un accord avec DPL pour la commercialisation du coton Bt. Lafiliale du DPL utilise le trait génétique fourni par Monsanto <strong>et</strong> le croise avec ses meilleuresvariétés loca<strong>les</strong>. En Chine, en Inde <strong>et</strong> en Argentine, la firme a développé une stratégie dejoint-venture. En Chine <strong>et</strong> en Argentine, Monsanto a effectué une joint-venture avec DPL <strong>et</strong>une entreprise de semences locale pour commercialiser le coton Bt, alors qu’en Inde elle aréalisé directement une joint-venture avec la plus grande entreprise de semences. Enfin, enAustralie, Monsanto a licencié sa technologie au CSIRO (Commonwealth Scientific andIndustrial Research Organization) qui a développé sa propre variété pour <strong>les</strong> agriculteursaustraliens.- 167 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxTableau 9 : Comparaison des stratégies d’entrée de Monsanto avec <strong>les</strong> résultats du modèlePays <strong>et</strong> stratégie d’entréeAustralie(Licence)Argentine, Inde, Chine(Joint-venture)Etats-Unis(fusion-acquisition)Mexique <strong>et</strong> Afrique du sud(filiale)Explication donnée par le modèle•faible asymétrie technologique.•faible taille de marché.• haute différence de qualité.• large taille de marché.• haute asymétrie technologique.• faible différence de qualité.• large taille de marché.• faible asymétrie technologique de la firme s.• Imitation n’est pas possible.• Coexistence avec <strong>les</strong> SC est possible.• faible taille de marchéLe modèle semble fournir des explications plausib<strong>les</strong> pour le comportement de Monsanto,bien que quelques remarques doivent être formulées. Pour l’Australie, la faible asymétri<strong>et</strong>echnologique par rapport à celle de Monsanto est susceptible d'être la raison principale,plutôt que la faible taille du marché, dans le choix du contrat de licence comme stratégied’entrée dans le marché des semences. Comme nous l’avons déjà mentionné dans le chapitre2, le système public de recherche en Australie est fort, <strong>et</strong> a déjà développé un certain nombrede variétés de coton biotechnologiques. Aux USA, <strong>les</strong> coûts d'entrée nuls ont joué un rôle enfavorisant des fusions plutôt que des contrats de licence. L’importance de la taille du marchépour <strong>les</strong> SC a probablement rendu la fusion plus attrayante.L'asymétrie technologique entre la firme s <strong>et</strong> la firme a est présente tant en Argentine, en Inde<strong>et</strong> en Chine qu'en Amérique du nord, mais c’est la différence dans la qualité des produits qui yest plus importante. En outre, il existe des contraintes institutionnel<strong>les</strong> qui rendent dans cespays <strong>les</strong> coûts d'entrée liés à une fusion plus importants qu'avec une joint-venture, <strong>et</strong> cecipourrait pousser Monsanto à opter pour la joint-venture plutôt qu'une acquisition en Asie <strong>et</strong> enAmérique latine.De plus, la non-imitation <strong>et</strong> la coexistence existent au Mexique <strong>et</strong> en Afrique du sud, assurantdes conditions nécessaires pour la filiale. Enfin, la proximité géographique entre <strong>les</strong> États-- 168 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxUnis <strong>et</strong> le Mexique, la grande taille du marché <strong>et</strong> <strong>les</strong> faib<strong>les</strong> coûts d’entrée ont favorisé lafusion.ConclusionLe but principal de ce chapitre est d'expliquer la rationalité des stratégies poursuivies parMonsanto pour commercialiser le coton Bt dans le monde à travers un contrat de licence, unejoint-venture, une fusion avec la firme s déjà établie sur le marché local de semences, ou unecréation de filiale. Afin de répondre à c<strong>et</strong>te problématique, nous avons formulé un modèle d<strong>et</strong>héorie des jeux décrivant le jeu de collaboration entre un innovateur en amont <strong>et</strong> unproducteur en aval. La rationalité du choix entre un contrat de licence, une joint-venture, unefusion ou une filiale a été identifiée en fonction de la taille du marché, l'asymétrie dans <strong>les</strong>compétences technologiques entre <strong>les</strong> deux firmes <strong>et</strong> la différence de qualité entre <strong>les</strong> deuxproduits. Le modèle théorique de jeu a donné quatre principaux résultats.D'abord, si le degré de concurrence sur le marché des semences en aval ne change pas,l'introduction des SB augmente le prix, la quantité, le profit <strong>et</strong> le surplus du consommateur,malgré le changement de la structure du marché.Ensuite, quelques indicateurs simp<strong>les</strong> du choix de la stratégie d'entrée de la firme a ont étéformulés, on peut <strong>les</strong> récapituler dans le tableau 10.- 169 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxTableau 10 : Indicateurs pour <strong>les</strong> stratégies de collaboration <strong>et</strong> d’entrée pour un innovateuramont en biotechnologieTaille dumarchéDifférence dequalité entre SB <strong>et</strong>SCDifférence decompétenc<strong>et</strong>echnologique entre lafirme a <strong>et</strong> la firme sNonimitation/coexistenceLicence Faible Elevée / Faible Faible ---Joint-venture Elevée Elevée Elevée/ Faible ---Fusion Elevée Faible Elevée ---Filiale Faible Elevée Elevée OuiTroisièmement, l'ordre du jeu intervient, mais pas forcément de manière importante. Lesexemp<strong>les</strong> numériques indiquent que parfois la même stratégie d'entrée est préférée par <strong>les</strong>deux firmes. En terme de politique économique, ceci conduit à une recommandationévidente : le pays d’accueil doit étudier clairement l'option qui est la plus adaptée à sesintérêts, car la meilleure stratégie (conduisant au profit le plus élevé pour la firme s <strong>et</strong> ausurplus du consommateur le plus important) peut ne pas coïncider avec celle de la firme a.Enfin, le modèle semble fournir une explication plausible décrivant le comportement deMonsanto sans avoir recours aux coûts de transaction, contraintes informationnel<strong>les</strong>, actifscomplémentaires ou acquisitions de propriété intellectuelle, qui sont <strong>les</strong> facteurs le plussouvent évoqués dans la littérature pour expliquer l'évolution du marché des <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong>. Le tableau 10 est indicatif, car <strong>les</strong> facteurs mentionnés ne correspondent pas tous àdes situations réel<strong>les</strong>. Par exemple, une faible taille de marché ne semble pas être uneexplication plausible pour s’engager dans un contrat de licence en Australie, mais <strong>les</strong> autresfacteurs correspondent à la situation de ce pays.Bien que le modèle actuel ait été employé pour expliquer principalement <strong>les</strong> stratégiesinternationa<strong>les</strong> de Monsanto, il peut également donner des indications concernant l'évolutiondu marché de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> aux États-Unis. En eff<strong>et</strong>, comme nous l’avons montrédans le chapitre 1, durant <strong>les</strong> années 80 <strong>les</strong> stratégies de licence <strong>et</strong> de joint-venture étaient <strong>les</strong>- 170 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxformes de collaborations préférées entre <strong>les</strong> firmes agrochimiques, <strong>les</strong> PME de<strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> entreprises de semences. Durant <strong>les</strong> années 90, <strong>les</strong> firmesagrochimiques ont investi en acquérant <strong>les</strong> PME de biotechnologie <strong>et</strong> <strong>les</strong> entreprises desemences <strong>les</strong> plus importantes, ce qui a conduit à une forte concentration sur le marché desSB. En utilisant le tableau 10, on peut souligner que la période de licence pourrait êtreattribuée à une perception d'un degré élevé d'incertitude du marché <strong>et</strong> de faible degré dedifférenciation des compétences de firmes, le nouveau paradigme technologique étant à sesdébuts. Au fur <strong>et</strong> à mesure que la perception du potentiel du marché <strong>et</strong> du perfectionnement dela qualité des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> devenait plus claire, des joint-ventures ont été misesen place. Enfin, dès lors que <strong>les</strong> compétences spécifiques de chaque type de firmes sontdevenues plus claires, des fusions-acquisitions ont été lancées.Une limite de notre modèle est celle qui concerne la plupart des autres modè<strong>les</strong> théoriquesexaminant <strong>les</strong> implications de l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur le bien êtresocial. Il s’agit d’une focalisation sur l’impact à court terme sur le marché des <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong>. Un certain nombre de groupements de consommateurs <strong>et</strong> d'ONG ont soulignél'existence d’externalités marchandes <strong>et</strong> non marchandes jouant un rôle négatif à moyen <strong>et</strong> àlong terme sur le bien-être des agriculteurs. Ceci nécessite la formulation de modè<strong>les</strong>théoriques plus raffinés. Une extension de notre modèle est envisageable pour tenir compted’une part des contraintes de ressources des agriculteurs <strong>et</strong> examiner <strong>les</strong> conséquences (d’unpoint de vue du risque financier) de l'adoption des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, <strong>et</strong> d’autre partcomprendre l'impact des externalités marchandes <strong>et</strong> non marchandes. Une autre extensionpossible du modèle est de le tester en étudiant un plus grand nombre de SB (autres que lecoton Bt) ayant été introduites dans différents pays.- 171 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexes du chapitre 3Annexe 1.1-a : Prix, quantités <strong>et</strong> profit d’équilibre dans le cas de monopole local avec dessemences conventionnel<strong>les</strong>d ⎡ ⎛ θ p ⎞⎤c⎢( pc−c). ⎜ − ⎟⎥= 0dpc⎣ ⎝( θ −θ) ( θ −θ)sc⎠⎦dd⇔ ⎡( p )( ) 0( ) 2cc sc p ⎤⎡cpc sc pc c sc cp ⎤cdp ⎣− θ −⎦= ⇔ θ − − θ +cdp ⎣ ⎦c⇒ θ sc− 2 pc+ c =0* c+θ sc⇒ pc=2( , )q p sc*cc⇔ q =θ p θ c+ θ s 2θ s −c−θs= − ⇔ − =( θ −θ) ( θ −θ) sc ( θ −θ) 2( θ −θ) sc 2( θ −θ)scθ sc− c2( θ −θ)scm ⎛θsc −c⎞⎛ θ sc−c⎞πc= ( pc − c). qc=⎜ ⎟.⎝ 2 ⎠ ⎜ 2. ( − ) sc⎟⎝θ θ ⎠c c c c- 172 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 1.1-b : Le surplus du consommateur dans le cas de monopole local avec dessemences conventionnel<strong>les</strong>m 1CSc = . ( θ −θc) . ( θ sc − pc)21 ⎛ θ sc+ c⎞1⇔ .( θ −θc) . ⎜θ sc − ⎟ ⇔ .( θ −θc) .( 2θ sc −θsc−c)2 ⎝ 2 ⎠ 4pcm 1 ⎛ p ⎞con sait que θc = ⇒ CSc = . ⎜θ − ⎟. ( 2θ sc −θsc−c)sc4 ⎝ sc⎠1 ⎛ θ sc+ c⎞1⇔ . ⎜θ − ⎟.2 ( θ sc −θ sc −c) ⇔ .2 ( θ sc −θ sc −c) .2 ( θ sc −θsc−c)4 ⎝ 2sc⎠8sc1⇔ . ( θ sc−c) . ( θ sc−c)8sCSmc=c( θ s ) 2c− c8sc- 173 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 1.2-a : Monopole local avec des semences conventionnel<strong>les</strong> versus monopole localavec des semences biotechnologiquesqθ sg− c θ s − c= > q =2 2 sm m cg( θ −θ) sgc( θ −θ)( ) ( )⇔ s θs − c > s θ s −c ⇔ sθ s − s c> s θ s −s cc g g c c g c g c g⇔ − scc>−scgon multiplie par (-1) :⇔ scc< scg⇒ s < s qui est toujours vraicgcLe profit <strong>et</strong> le surplus du consommateur augmentent si θ ss > cπmg2 2( θ sg− c)( θ sc− cm)c4( θ −θ)sg4( θ −θ)sc2 2( θ ) ( θ )2 2 2 2 2 2( θ 2θ ) ( θ 2θ)> π ⇔ >⇔ s s − c > s s −cc g g c⇔ s s − s c+ c > s s − s c+cc g g g c c⇔ sθs −2θs cs2 2c g g c+ cs > sθs −2θscs22⇔ θ ssg c( sg− sc)> c ( sg−sc)⇒ θ ss > cgc22 2 2c g c c g+22csg⎧ ⎪θsg> cceci est toujours vrai car par hypothèse on a : ⎨⎪⎩ θ sc> cgc2- 174 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 1.2-b : Prix, quantités <strong>et</strong> profit d’équilibre dans le cas du duopole avec uniquementdes semences biotechnologiquesdd ⎡ ⎛d θ p ⎞⎤g( ). 0d⎢ pg−c− ⎥ =dpg⎢⎜2( ) 2( ) s ⎟⎣ ⎝ θ −θ θ −θg ⎠⎥⎦d d d d d d( )( ) 0( ) 2d⎡ pd gc sg p ⎤⎡gpd gsg pg c sg cp ⎤gdp ⎣− θ −⎦= ⇔gdp ⎢θ − − θ +⎣⎥⎦gd⇒ θ sg− 2 pg+ c =0θ sd g+ c⇒ pg=2on remplace p par sa valeur dans la fonctiondgθ sd d don trouve : qag = qsg = qg=4g− c( θ −θ)sgθ s2g− p( θ −θ)dagsg- 175 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 1.2-c : Le surplus du consommateur dans le cas de monopole avec des semencesbiotechnologiquesm 1CSg = . ( θ −θc) . ( θ sg − pg)21 ⎛ θ sg+ c⎞1⇔ .( θ −θg) . θ sg − ⇔ .( θ −θg) .( 2θ sg −θsg−c)2 ⎜2 ⎟⎝⎠ 4pgm 1 ⎛ p ⎞gon sait que θg = ⇒ CSg = . θ − .( 2θ sg −θsg−c)sg4 ⎜s ⎟⎝ g ⎠1 ⎛ θ sg+ c⎞1⇔ . θ − . 2 θ sg −θ sg −c ⇔ . 2 θ sg −θ sg −c . 2θ sg −θsg−c4 ⎜2s⎟⎝g ⎠8sg1⇔ . ( θsg−c) . ( θ sg−c)8sCSmgg= CS =dg( θ s ) 2g− c8sg( ) ( ) ( )- 176 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 1.2-d : Prix d’équilibre pour le duopole avec produits différenciésLa firme a essaie de résoudre le problème suivant :Max{ π }df df dfg( pg , pc)df{ pg}df * df *Selon la condition du premier ordre, l'équilibre de Nash p , p tel que :gc⎧ df dfdd ⎡ pgp ⎤⎧⎛df θ − ⎞df df dfc⎡( p ) ( , , , ) 0 ( )0gc qg pg pc sc s ⎤ ⎪gdf⎢ pg− c− ⎥ =dfdp ⎣−⎦=dp ⎜g( )( sg sc)⎟⎪ g⎪ ⎣⎢ ⎝θ −θ θ −θ− ⎠⎦⎥⎨⇒ ⎨d df df⎪ df df df⎡( p ) ( , , , ) 0 d ⎡pdfgp⎤cdf c− c qc pg pc sc s ⎤g= ⎪⎛ − θ ⎞dp ⎣⎦( pcc)0df⎢ − − ⎥ =⎩⎪ ⎪cdp ⎜c ⎢ ( − )( sg −sc)− ⎟⎣ ⎝ θ θ θ θ⎪⎩⎠⎥⎦df df df df df df⎧ d ⎡ pg θ cθpg ( pg − pc ) c( pg − p ) ⎤c⎪ 0df ⎢ − − + ⎥ =⎪dpg ⎢⎣θ −θ θ −θ ( θ −θ)( sg −sc) ( θ −θ)( sg −sc)⎥⎦⇒ ⎨df df df df df df⎪ d ⎡ pc ( pg − pc ) c( pg − pc ) pcθ cθ⎤⎪0df ⎢− − + ⎥ =⎩dpc ⎢⎣( θ −θ)( sg −sc) ( θ −θ)( sg −sc)θ −θ θ −θ⎥⎦df⎧dfθ 2 pgpcc⎪ − + + = 0⎪θ − θ ( θ − θ)( sg − sc) ( θ − θ)( sg − sc) ( θ − θ)( sg − sc)⇒ ⎨dfdf⎪ pg2 pcc θ⎪ − + − = 0⎩( θ − θ)( s − gsc) ( θ − θ)( s − gsc) ( θ − θ)( s − gsc)θ − θ⇒( )df⎧ θ sg − sc + pc + c ⎧ ( s )(2 )dfdf *g−scθ −θpg=pg= c+⎪2⎪3⎨⇒ ⎨df⎪ pdf g+ c−θ( sg −sc)⎪ ( sdf *g−sc)( θ −2 θ)⎪ ppc=c= c+⎩2⎪⎩3- 177 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 1.2-e : Quantités d’équilibre dans le cas du duopole avec produits différenciésdf df⎧ ⎛dfθ pg− p ⎞c⎪qg ( pg, pc, sg, sc)= −⎪⎜θ θ ( θ θ)( sgsc)⎟⎝ − − − ⎠⎨df df⎪⎛ pdfg− pcθ ⎞⎪qc ( pg, pc, sg, sc)= −⎜ ( θ θ)( sgsc)θ θ ⎟⎩⎝ − − − ⎠df dfon remplace p <strong>et</strong> p par leur valeur :gc3 c+ ( sg −sc).(2 θ −θ) −3 c−( sg −sc).( θ −2 θ)df dfpg− pc=3( sg− sc)( θ + θdf df)pg− pc=3⎧ ⎛ ( )dfθ sg− sc( θ + θ)⎞⎪qg ( pg, pc, sg, sc)= −⎜θ θ 3( θ θ)( sgsc)⎟⎪ ⎝− − −⎠⇒ ⎨⎪⎛ ( sg− sc)df( θ + θ)θ ⎞⎪qc ( pg, pc, sg, sc)= −⎜3( θ θ)( sgsc)θ θ ⎟⎪− − −⎩⎝ ⎠⎧⎛3 θ( sg −sc) −( sg − sc)df( θ + θ)⎞⎪qg ( pg, pc, sg, sc)= ⎧ df * (2 θ −θ)⎜ 3( θ −θ)( sg−sc)⎟ qg=⎪⎝⎠ ⎪ 3( θ −θ)⇒ ⎨⇒ ⎨⎪ ⎛( s )( ) 3 ( )df * ( 2 )dfg− sc θ + θ − θ sg −s⎞c ⎪ θ − θq ( , , , )qccpg pc sg s=⎪ c= ⎜ 3( θ θ)( s )3( )gs ⎟⎪⎩ θ −θ⎪ ⎝− −c⎩⎠- 178 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 1.2-f : La condition C1⎧ ( sg−sc).(2 θ −θ)dfdf dfpgcp p= + c g⎪3θc= < = θgon sait que : ⎨sc sg ⎪ ( sg −sc).( θ −2 θ)dfpc= c+⎪⎩33 c+ ( sg −sc).( θ − 2 θ) 3 c+ ( sg −sc).(2 θ −θ)donc : 3 c( sg −sc) −sc( sg −sc).(2 θ −θ)⇔ −s ( s − s ).( θ 2 θ) ( s s ) 3 c−s(2 θ −θ)g g c( 2sg sc) 3c θ ( sg 2 sc)3c+ θ ( sg−2sc)CQFD( 2sg− sc)− >g−c ( c )⇔ −s ( θ − 2 θ) > 3 c−s (2 θ −θ) ⇔ − s θ + 2 s θ) > 3c− 2sθ + sθg c g g c c( ) ( )⇔ − s θ + 2s θ + 2sθ − sθ > 3 c ⇔ θ 2s − s + θ 2s − s > 3cg g c c c g g c⇔ θ − > + −⇔ θ >( g,c)f s s3c+ θ ( sg−2sc)( 2sg− sc)( sg sc) c θ ( sg sc)2( 2g−c)∂ f −2θ2 − + 3 + −2= =− 4sgθ + 2scθ + 3c + sgθ − 2scθ∂scs s∂ f =− 3sgθ+ 3c∂sc∂f⇒ =−3( sgθ− c)< 0∂sc∂ f > 0 si scθ> 2c∂sg=- 179 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 2.1-a : Calcul du prix de licence optimalMax{} L⎡⎣⎡m( L−z ).( απ −L−z)a s g sMax ⎢Lαπ−L −Lz − z απ + z L+z z⎣{} L∂Max{} Lm= 0⇒⎡απs g −2L− zs+ z ⎤a = 0∂L⎣⎦m*απ s g − zs+zadonc L =2m 2ms g s a s g a a s⎤⎦⎤⎥⎦- 180 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 2.1-b : Calcul de la part vMax{} vMax{} vmm((1 −v).απ g −za)( vαπg −zs)m m m( απ g −vαπ g −za)( vαπg −zs)m m m m m m mMax ⎡απ vαπ −απ z − vαπ vαπ + vαπ z − z vαπ+ z z⎣{} v∂Max{} vm m m= 0 ⇒⎡απ g ( απ g − 2 vαπg + zs− za) ⎤=0∂v⎣⎦m mαπ − 2vαπ+ z − z = 0v⎡⎢⎣⎡⎢⎣g g g s g g g s a g a sg g s amαπ + z −z2απg s a= mg⎤⎥⎦⎤⎥⎦⎤⎦- 181 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 2.1-c : Calcul du prix de la fusion⎡( a g ( a)c a)( s)mmMax 1{ M⎢απ + −α π −M −z M −z} ⎣⎡ m m m( απ )( ){ } a g + πMc −απ⎢⎣a c − − a − sMax M z M z⎡απ M − απ z + π M −π z − απ M + απ z − M + MzMax ⎢{ M } ⎢− zM+zz⎣m m m m m m 2a g a g s c c s a c a c s saa s⎤⎥⎦⎤⎥⎦⎤⎥⎥⎦∂ Max{ M }m m m= 0⇒ ⎡απ a g + πc −απa c − 2M + zs− z ⎤a = 0∂M⎣⎦mm*απ a g + (1 − αa)πc + zs−zaM =2- 182 -


Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech : une explication par unmodèle de théorie des jeuxAnnexe 2.1-d : Calcul correspondant à la préférence de L par rapport à JVLicence joint-ventureEn se référant au tableau 1, on peut écrire :mmαπs g− zs + za απg − zs + za m m> −E ⇔ απs g− zs + za > απg − zs + za−2E2 2α = 1−⎡⎣( 1−αa)( 1− αs)⎤⎦= αs + αa −αaαs22( )m Eθ sg− cmπg< ; πg=α (1 −α ) 4( θ −θ)sa s g2( θg− ) 2s cmEπg=


CHAPITRE 4 :LES DETERMINANTS DEL’OPPOSITION AUX OGM ENEUROPE : L’IMPORTANCE DE LACONFIANCE DANS LES DIFFERENTESPARTIES PRENANTES DU DEBATPUBLIC


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeIntroductionL’introduction des <strong>biotechnologies</strong> dans <strong>les</strong> procédés productifs s’étend aujourd’hui à denombreux secteurs tels que la pharmacie, l’agriculture, l’agroalimentaire, la chimie,l’environnement, la cosmétique, l’énergie, <strong>et</strong>c. De manière plus précise, depuis leurémergence, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> ont suscité un intense débat concernant leurinnocuité, inquiétude gagnant même <strong>les</strong> rangs des gouvernements de différents paysindustrialisés. Ainsi, suite à la publication de plusieurs rapports sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>, desinitiatives officiel<strong>les</strong> se sont multipliées. Le gouvernement français, pressé par son opinionpublique, a demandé des recommandations sur l’évaluation de la sécurité des nouveauxaliments au Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF). Le gouvernementbritannique, à son tour, annonçait le 21 mai 1999 une série de mesures destinées à renforcer lasécurité humaine <strong>et</strong> environnementale. À l’issue du somm<strong>et</strong> de Cologne, <strong>les</strong> représentants duG8 demandèrent aux experts de l’OCDE d’entreprendre une étude sur <strong>les</strong> conséquences del’introduction des <strong>biotechnologies</strong> dans la chaîne agroalimentaire pour la santé humaine,animale <strong>et</strong> environnementale.L'avènement des premiers produits alimentaires issus des OGM a questionné la capacité <strong>et</strong> lalégitimité de l'État à prendre des décisions <strong>et</strong> à ém<strong>et</strong>tre des lois en rapport avec l'intérêtgénéral, <strong>et</strong> ceci en liaison avec <strong>les</strong> débats précédents sur la restructuration de l’industrieagroalimentaire. En eff<strong>et</strong>, l’inquiétude qui s’établit sur <strong>les</strong> OGM constitue pour certainsgroupes d’acteurs la continuation logique de la quête de traçabilité <strong>et</strong> d’informationscomplètes <strong>et</strong> «honnêtes» sur <strong>les</strong> produits alimentaires. Les individus (s'identifiant commeconsommateurs, producteurs ou citoyens) se sont ainsi mobilisés en réaction dans desgroupements (associations, ONG <strong>et</strong> autres organisations) pour faire passer, par des stratégiesde lobbying, des lois (sur la traçabilité des aliments) dans le but d’assurer leur sécuritéalimentaire (consommateurs) ou leur indépendance économique (agriculteurs avec laConfédération Paysanne en France) supposées menacées. De même <strong>les</strong> firmes agbiotech,soucieuses de la rentabilité de leur investissement en R&D (entre 10 <strong>et</strong> 12% de leur chiffred'affaires), à leur tour, font pression sur <strong>les</strong> pouvoirs publics pour ém<strong>et</strong>tre des lois en matièrede brev<strong>et</strong>abilité, leur garantissant l’appropriabilité des gènes <strong>et</strong> leur commercialisation. Onpeut faire l’hypothèse forte que la réglementation actuelle apparaît comme le résultat d’unedynamique contradictoire entre <strong>les</strong> différents intérêts de ces acteurs organisés en groupes de- 185 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europepression, s’appuyant chacun sur différentes argumentations des bienfaits ou des inconvénientssupposés des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> (Chaklatti <strong>et</strong> Rousselière, 2006). Plus largement, on ser<strong>et</strong>rouve donc clairement dans le cadre de ce que Godard (1993) appelle un universcontroversé. Dans un tel univers controversé, la question de la modalité de formations despréférences individuel<strong>les</strong> <strong>et</strong> collectives est cruciale. Selon Claire Marris (2001), il ne s’agitplus d’une question de connaissance mais avant tout de confiance dans une sourced’information jugée fiable en raison des valeurs socia<strong>les</strong> <strong>et</strong> des « mondes sociaux » que lapersonne partage avec elle (agriculture durable <strong>et</strong> responsable, liberté de choix, principe deprécaution…) (voir également Pardo <strong>et</strong> al., 2002).Dans ce cadre, différentes enquêtes en économie expérimentale (Cook <strong>et</strong> al., 2002 ; Huffman<strong>et</strong> al., 2004 ; Lang <strong>et</strong> al., 2003 ; Noussair <strong>et</strong> al., 2002, 2003), ou cel<strong>les</strong> s’appuyant sur uneapproche transnationa<strong>les</strong> (dont <strong>les</strong> Eurobaromètres) (Bredahl, 2001 ; Gaskell <strong>et</strong> al., 2004 ;Priest <strong>et</strong> al., 2003 ; Pardo <strong>et</strong> al., 2002) ont montré une diversité des acquiescements ou refusdes aliments biotechnologiques de la part des consommateurs. Les déterminants del’opposition aux OGM semblent pour une part importante relever des attitudes <strong>et</strong> des valeursindividuel<strong>les</strong> (Pardo <strong>et</strong> al., 2002 ; Bredahl, 2001), alors même que le niveau de connaissanceen matière scientifique sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> est relativement peu important pour laformation des préférences individuel<strong>les</strong> (Priest <strong>et</strong> al., 2003 ; Sturgis <strong>et</strong> al., 2005 ; Gaskell <strong>et</strong>al., 2004). Sur ce dernier point selon Marris (2001) <strong>et</strong> Gaskell <strong>et</strong> al. (2004), l’argumentcouramment avancé que l’augmentation de la connaissance conduirait à une meilleureacception des applications des <strong>biotechnologies</strong>, relèverait d’une mauvaise compréhension desmodes de décisions des consommateurs. Différents auteurs avancent en eff<strong>et</strong> plutôt la notionde confiance (Todt, 2003 ; Priest <strong>et</strong> al., 2003 ; Cook <strong>et</strong> al., 2002 ; Huffman <strong>et</strong> al., 2004 ;Munnichs, 2004), comme déterminante pour définir la position des individus, dans uncontexte d’incertitude, dans le débat sur <strong>les</strong> OGM appliqués à l’agriculture : selon Todt(2003 : 248), la controverse sur l’utilisation de certaines technologies est d’abord révélatricedes différences de confiances dans <strong>les</strong> acteurs impliqués.Dès lors, l’objectif de ce chapitre est d'étudier l’impact de la confiance dans l’informationdonnée <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> actions réalisées par <strong>les</strong> différentes parties prenantes en matière de<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur le niveau de consommation (ou de non-consommation) deproduits issus des OGM. Il s’agit de caractériser la position des “citoyens ordinaires” “qui nesont légitimés ni par leur expertise dans un champ spécifique ni par une fonction de- 186 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europereprésentation” (Joly <strong>et</strong> Marris, 2003 a : 196), à partir de leur sentiment sur le travaild’information de ces différents acteurs engagés dans ce débat public <strong>et</strong> polémique sur <strong>les</strong>OGM en Europe.Dans la première section, nous établirons le panorama des différents acteurs <strong>et</strong> de leursactions dans l’évolution du débat sur <strong>les</strong> OGM. La deuxième section sera consacrée à la revuede la littérature sur le suj<strong>et</strong>. Dans une troisième section, nous exposerons la méthodologie <strong>et</strong> lemodèle économétrique mobilisé. Dans une quatrième section, nous exposerons <strong>les</strong> résultats.La dernière section sera consacrée à la discussion des résultats ainsi obtenus qui seront mis enrelation avec <strong>les</strong> différentes propositions d’observation <strong>et</strong> propositions théoriques des auteurss’étant intéressés à la question.1. La construction d’un débat public sur <strong>les</strong> OGM1.1. Les acteurs dans le débat public sur <strong>les</strong> OGMDans <strong>les</strong> années 1980, le débat sur <strong>les</strong> OGM en France est d’abord un problème de stratégiede recherche concernant à la fois <strong>les</strong> firmes agbiotech <strong>et</strong> certains organismes publics commel’INRA (Joly, Marris, 2003 b). Dans <strong>les</strong> années 1990, l’européanisation du dossier sur <strong>les</strong>OGM n’a guère élargi le débat en dehors des comités spécialisés (gouvernements <strong>et</strong> experts).En 1996, dans le contexte général de la crise de la vache folle, l’arrivée du sojabiotechnologique de Monsanto sur le marché européen a entraîné une intensification du débatsur <strong>les</strong> OGM par le mouvement associatif (Greenpeace, associations de consommateurs…) auniveau européen ne faisant confiance ni aux promesses de l’industrie agroalimentaire ni àcel<strong>les</strong> des gouvernements. Plus particulièrement, la controverse contre <strong>les</strong> OGM, en France,s’est structurée autour du mouvement associatif dans lequel ATTAC, la ConfédérationPaysanne <strong>et</strong> Greenpeace France vont jouer un rôle primordial. C<strong>et</strong>te polémique sur <strong>les</strong> OGM aété suivie par des débats d’ordre économique, social <strong>et</strong> éthique. L’élément principal avancépar ce mouvement associatif était alors que l’application des OGM dans le champagroalimentaire conduit à une forte transformation des rapports de force (<strong>et</strong> consécutivement àdes redistributions inéga<strong>les</strong> des gains) entre acteurs économiques de la filière. Elle conduiraità une dépendance accrue des agriculteurs à l’égard des entreprises en amont de l’agriculture.Les OGM, selon c<strong>et</strong>te position, servent <strong>les</strong> intérêts d’une agriculture productiviste audétriment d’une agriculture durable.- 187 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeDes agriculteurs se sont mobilisés dans des regroupements d’abord associatifs, puisprogressivement à dimension syndicale, pour défendre leur position vis-à-vis des OGM.Inscrivant pour partie leurs revendications dans une perspective altermondialiste (Sylvestro,2003), ces associations ont pour objectifs communs d’informer <strong>et</strong> de prévenir <strong>les</strong> agriculteursdes risques liés à la nouvelle technologie. Les rapports de force entre ces nouveauxregroupements syndicaux ont souvent conduit le syndicat dominant à infléchir alors(assumant un rôle de « suiveur » sur la question) sa position. On peut ainsi citer en France <strong>les</strong>conflits existants au sein de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitantsagrico<strong>les</strong>), prise entre l’opposition externe de la Confédération Paysanne <strong>et</strong> l’oppositioninterne du Centre National des Jeunes agriculteurs).Défendant le principe « de sécurité alimentaire » 57 , <strong>les</strong> associations de consommateurs se sontpour leur part fortement mobilisées pour manifester leur demande d’un véritable étiqu<strong>et</strong>age <strong>et</strong>d’une traçabilité sur l’ensemble des produits contenant des OGM, <strong>et</strong> ce dans toute la chaîneagroalimentaire. El<strong>les</strong> ont été suivies par <strong>les</strong> associations de défense de l’environnement quitelle Greenpeace ont publié une liste noire des produits biotechnologiques commercialisés.C<strong>et</strong>te position a pu inciter le lobby représentant la grande distribution à s’affirmer dans cedébat contre <strong>les</strong> OGM en faisant pression sur ses fournisseurs pour se garantir unapprovisionnement de produits sans OGM. La puissance des centra<strong>les</strong> d’achats de la grandedistribution (Moati, 2001) a fait que certaines entreprises d’agroalimentaire comme Danone,Nestlé, Mars alimentaire <strong>et</strong> autres ont alors écarté toute possibilité d’utiliser des OGM dansleurs marques. D’autres associations comme cel<strong>les</strong> relatives au cadre de vie (comme laconfédération de la consommation, du logement <strong>et</strong> du cadre de vie (CLCV)) ont égalementune action de consultation des maires des communes pour savoir s’il existe des essais d’OGMdans <strong>les</strong> champs de leurs communes <strong>et</strong> si le public concerné par de tel<strong>les</strong> expériences estinformé.Dans ce contexte, on voit évoluer la position de l’acteur public commandant alors denombreux rapports d’experts, <strong>les</strong>quels experts (comme C. Babusiaux, D. Sicard, J. Testard <strong>et</strong>J.Y. Le Déaut (<strong>les</strong> quatre sages)) concluent à la nécessité de mener des recherches sur <strong>les</strong>57 La sécurité alimentaire dans le sens de la sécurité de la chaîne alimentaire.- 188 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeOGM à condition que le principe de précaution 58 <strong>et</strong> de parcimonie (ne pas faire en champ ceque l’on peut faire ailleurs) soit respecté, c’est-à-dire que ces recherches soient justifiéespubliquement <strong>et</strong> qu’une évaluation détaillée sur des risques éventuels soit publiée.Le secteur de la recherche publique n’a pas pu échapper à ce débat (en externe <strong>et</strong> en internecomme en témoigne <strong>les</strong> destructions d’essais réalisés par des chercheurs du secteur public). Ila été critiqué dans son fonctionnement, dans ses liens avec des entreprises privéesd’agbiotech, <strong>et</strong> dans ses finalités comme ayant une orientation ‘‘productiviste’’ (Joly <strong>et</strong>Marris, 2003 a). C<strong>et</strong>te critique se nourrie d’événements passés <strong>et</strong> présents (la crise de la vachefolle, la technologie Terminator). Avec la multiplication de la destruction d’essais d’OGM, laquestion de la légitimité des essais est mise sur agenda. Pour <strong>les</strong> scientifiques <strong>et</strong> <strong>les</strong> experts,<strong>les</strong> expérimentations dans <strong>les</strong> champs sont légitimes <strong>et</strong> justifiées tant qu’on ignore <strong>les</strong> risquesdes OGM sur la santé humaine <strong>et</strong> environnementale. Au nom du principe de précaution, il estdonc important d’encadrer la législation des essais sur <strong>les</strong> champs. Ce principe trouve sonapplication, <strong>et</strong> son développement, dans <strong>les</strong> OGM tant que des incertitudes pèsent sur leurinnocuité (Turvey <strong>et</strong> al., 2005).La modification claire des rapports de force au sein de l’agriculture européenne entre <strong>les</strong>différents acteurs de la filière de production <strong>et</strong> notamment du développement de labrev<strong>et</strong>abilité du vivant conduit à l’émergence d’une nouvelle argumentation (appuyée par <strong>les</strong>gouvernements) : « pour que l’économie européenne reste compétitive dans le futur, il fautque la recherche fondamentale <strong>et</strong> appliquée sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> continue. Sinonle risque existerait alors d’être dépassé par <strong>les</strong> recherches menées dans d’autres pays <strong>et</strong>notamment aux Etats-Unis. Bien évidemment, un dispositif au niveau des essais aux champsest nécessaire, <strong>et</strong> toute expérimentation doit respecter le principe de précaution <strong>et</strong> d<strong>et</strong>ransparence » (On r<strong>et</strong>rouve ce type d’argumentation sur le site www.ogm.gouv.fr). Dès lors,l’autorisation des OGM doit se faire au cas par cas, ainsi que leur évaluation <strong>et</strong> leur intérêt58Le principe de précaution s’applique lorsqu’il existe des incertitudes scientifiques importantes sur la causalité,l’ordre de grandeur, la probabilité <strong>et</strong> la nature du danger. En eff<strong>et</strong> selon la déclaration de Rio en 1992 : « Pourprotéger l’environnement, des mesures de précaution doivent être largement appliquées par <strong>les</strong> États selon leurscapacités. En cas de risque de dommages graves ou irréversib<strong>les</strong>, l’absence de certitude scientifique absolue nedoit pas servir de prétexte pour rem<strong>et</strong>tre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir ladégradation de l’environnement».Selon la communication de l’UE en 2000 : «L’invocation ou non du principe de précaution est une décisionprise lorsque <strong>les</strong> informations scientifiques sont incomplètes, peu concluantes ou incertaines <strong>et</strong> lorsque desindices donnent à penser que <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s possib<strong>les</strong> sur l’environnement ou la santé humaine, animale ou végétalepourraient être dangereux <strong>et</strong> incompatib<strong>les</strong> avec le niveau de protection choisi». Voir Godard (2003) pour undéveloppement <strong>et</strong> une discussion sur ce suj<strong>et</strong>.- 189 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europepour le consommateur <strong>et</strong> l’agriculteur. En outre, ce n’est pas la technique du génie génétiquequi est en question, puisque celle-ci est relativement bien acceptée dans le secteurpharmaceutique.La mondialisation économique conduit à la concentration de l’industrie des semences entre<strong>les</strong> mains de quelques multinationa<strong>les</strong> d’agbiotech qui veulent <strong>et</strong> « peuvent » contrôler à lafois le marché des semences <strong>et</strong> celui des produits phytosanitaires. Ce groupe d’acteur justifie<strong>les</strong> OGM en en faisant le remède miracle aux problèmes des agriculteurs. A cela s’ajoutel’argument « qui fâche » <strong>les</strong> OGM combattront la faim <strong>et</strong> la malnutrition dans le monde(essentiellement dans <strong>les</strong> pays en développement), argument repris notamment par la FAOdans son rapport annuel sur l’alimentation dans le monde. Ce dernier rapport montre ainsi auniveau international le support important de l’opinion publique des pays du Sud envers <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> vues comme un remède miracle à la pauvr<strong>et</strong>é (FAO, 2004).Argument difficilement recevable pour le mouvement altermondialiste, pour lequel <strong>les</strong>mécanismes de la faim ne sont pas d’ordre technique mais sociopolitique (<strong>les</strong> richesses sontmal réparties dans le monde) <strong>et</strong> qui pense donc que <strong>les</strong> OGM n’amélioreront pas la capacitéde production des pays en développement (Boyens, 1999).C<strong>et</strong>te courte présentation des acteurs en présence, qui ne prétend pas à l’exhaustivité, soulignela pluralité des argumentations existantes dans le débat sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.C<strong>et</strong>te pluralité rend difficile l’émergence d’une réglementation au plan européen qui prenneen compte réellement l’ensemble des attentes concurrentes de ces différentes parties prenantesdu débat.1.2. Vers une réglementation uniforme des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> ?En Europe, la référence à la traçabilité est l’une des innovations majeures de la révision encours des directives relatives à la dissémination volontaire d’OGM, apparaissant comme uneréponse partielle donnée à la forte mobilisation du mouvement associatif, justifiant son actioncomme relais de « l’opinion publique » opposée aux OGM. Elle implique des règ<strong>les</strong>d’étiqu<strong>et</strong>age (garantissant le libre choix du consommateur qui pour des raisons éthiques ousanitaires peut refuser de consommer des produits biotechnologique) tout au long de la filièreagroalimentaire.- 190 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeEn eff<strong>et</strong> la première réglementation sur <strong>les</strong> OGM en Europe a été adoptée en 1990, elleconcerne deux directives relatives aux OGM :• la directive 90/219/CEE relative à l’utilisation confinée de micro-organismesgénétiquement modifiés (MGM) à des fins industriel<strong>les</strong> ou de recherche ;• la directive 90/220/CEE qui régit <strong>les</strong> disséminations volontaires à des fins derecherche <strong>et</strong> développement, ainsi qu’à la mise sur le marché. Elle fait obligation deprocéder à une évaluation environnementale <strong>et</strong> prévoit une autorisation par étapes de ladissémination d’OGM. Une évaluation au cas par cas des risques pour la santé humaine,la santé animale <strong>et</strong> l’environnement est réalisée avant toute dissémination ou mise sur lemarché.En 1998 a été adoptée la directive 98/81/CE modifiant la directive 90/219/CEE. C<strong>et</strong>teréglementation d’étiqu<strong>et</strong>age a été mise en vigueur dès 1998 en exemptant <strong>les</strong> alimentscontenant des dérivés de produits génétiquement modifiés (l’huile de Soja par exemple). Cedernier point a rencontré la forte réticence de certaines organisations associatives, souhaitantla mise en place d’autres directives plus strictes <strong>et</strong> comprenant un champ d'application pluslarge. Ceci atteste de la diversité du mouvement associatif différent dans ses revendications,suivant qu’el<strong>les</strong> soient centrées sur la liberté du consommateur, la défense de l’environnementou la promotion d’une autre agriculture <strong>et</strong> d’un autre développement.Les lois sur l’étiqu<strong>et</strong>age, recueillies jusque là, sont en grande partie une réponse à la fortemobilisation du mouvement associatif de l’opinion publique (associations de consommateurs,de défense de l’environnement <strong>et</strong> de protection des animaux). C<strong>et</strong>te forte présence dumouvement associatif dans ce débat public a renforcé la confiance des citoyens dans c<strong>et</strong>acteur (Joly <strong>et</strong> al., 2000).S’il y a une reconnaissance générale du rôle des associations dans le débat public, il existedifférentes appréciations suivant leur type (associations d'environnement / associations deconsommateurs) <strong>et</strong> suivant leur action (action de tests de produits <strong>et</strong> d'information / action decampagne anti-OGM). Par rapport aux associations de défense de l’environnement qui étaientdes leaders dans le déclenchement du débat sur <strong>les</strong> OGM en Europe, <strong>les</strong> associations deconsommateurs peuvent être considérées comme des suiveurs (Joly <strong>et</strong> al., 2000), s’étantsaisies tardivement de ce thème. Le positionnement initial des associations de défense del’environnement dans le débat sur <strong>les</strong> OGM, comme Greenpeace France, un des principaux- 191 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europeintervenants dans la structuration de ce débat en France leur a permis de regagner encrédibilité auprès de l’opinion publique (Bonny, 2003 59 ; Todt, 2003). De même sil’opposition des associations de défense de l’environnement apparaît comme une opposition« sur le fond », <strong>les</strong> associations de consommateurs semblent d’abord défendre <strong>les</strong> intérêts desconsommateurs, à savoir le droit à l’information.Devant c<strong>et</strong>te réticence, d’autres directives (plus strictes) se sont mises en place, par exemplela directive 2001/18 concernant la dissémination volontaire d’OGM dans l’environnement.C<strong>et</strong>te directive renforce <strong>les</strong> mesures de précaution en instaurant un véritable étiqu<strong>et</strong>age, unesurveillance <strong>et</strong> une meilleure participation du public. Le 22 septembre 2003, la Communautéeuropéenne a adopté formellement deux règlements sur la traçabilité <strong>et</strong> l’étiqu<strong>et</strong>age des OGM.C<strong>et</strong>te réglementation fait explicitement référence au principe de précaution. Le premierrèglement vise à définir une procédure, communautaire centralisée <strong>et</strong> transparente,d’évaluation de la sécurité sanitaire <strong>et</strong> d’autorisation des aliments à destination des hommes <strong>et</strong>des animaux lorsqu’ils ont été génétiquement modifiés ou produits à partir d’OGM, ainsi quedes prescriptions d’étiqu<strong>et</strong>age harmonisées <strong>et</strong> complètes en vue d’offrir aux consommateurs <strong>et</strong>aux utilisateurs des informations incontestab<strong>les</strong> sur leur composition <strong>et</strong> leurs qualités. Lesecond règlement modifie la directive 2001/18/CE. Il fournit un cadre harmonisé pour latraçabilité des OGM des produits destinés à l’alimentation humaine ou animale ainsi que <strong>les</strong>produits dérivants d’OGM, dans le but de faciliter l’étiqu<strong>et</strong>age des produits, la surveillancedes eff<strong>et</strong>s des OGM sur l’environnement <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>rait de ces produits dans le cas d’unpréjudice. La Commission Européenne a proposé le 14 octobre 2003 une directive surl’étiqu<strong>et</strong>age des semences prévoyant des seuils allant de 0,3% pour le colza à 0,7% pour <strong>les</strong>oja (0,5% pour le maïs, la tomate, la b<strong>et</strong>terave <strong>et</strong> la pomme de terre).Les règ<strong>les</strong> d'étiqu<strong>et</strong>age 60 sont désormais définies au niveau européen <strong>et</strong> obligatoires sur tous<strong>les</strong> produits depuis le 18 avril 2004. Les produits concernés sont ceux qui contiennent desOGM, mais aussi ceux qui ont été élaborés à partir d’OGM, même si le produit fini neprésente plus de traces (l’huile, par exemple). C<strong>et</strong>te réglementation impose la présence d’uneétiqu<strong>et</strong>te faisant mention de la présence d’OGM, dès qu’un produit alimentaire contient plus59 “For example its anti-GMO action was instrumental in bailing out and strengthening Greenpeace-Francewhich had been in serious financial straits and was experiencing a relative drop in its membership compared toother North European countries. Greenpeace now has sound legitimacy and is invited to many debates andconferences” (Bonny, 2003: 53).60 L’article 13 de c<strong>et</strong>te directive étend en outre l’étiqu<strong>et</strong>age appliqué aux « denrées alimentaires génétiquementmodifiées » aux « denrées alimentaires [qui] peuvent susciter des préoccupations d’ordre éthique ou religieux ».- 192 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europede 0,9% d’organismes génétiquement modifiés. Les nouvel<strong>les</strong> règ<strong>les</strong> s’appliquerontégalement aux aliments destinés aux animaux, pour <strong>les</strong>quels il n’y avait pas d’étiqu<strong>et</strong>ageobligatoire jusqu’à présent. Néanmoins, la réglementation n’impose aucun étiqu<strong>et</strong>agespécifique pour <strong>les</strong> produits, comme la viande, le lait ou <strong>les</strong> œufs, qui seraient issusd’animaux nourris aux OGM. En plus de ces obligations d’étiqu<strong>et</strong>age, <strong>les</strong> nouveauxrèglements instaurent également un système de traçabilité, perm<strong>et</strong>tant de suivre lecheminement des produits biotechnologiques, du producteur à l’ach<strong>et</strong>eur.Certains États membres, comme l’Autriche, ayant une réglementation plus stricte en matièrede seuil de tolérance (0,1%) contestent fortement la régularité de c<strong>et</strong>te directive jugée crucialepour l’organisation de la coexistence entre filière OGM <strong>et</strong> non-OGM. L’associationGreenpeace a organisé une compagne de protestations auprès de différents ministreseuropéens de l’agriculture sur ce thème. Il n’existe pas actuellement de règ<strong>les</strong> assezrigoureuses perm<strong>et</strong>tant de respecter le seuil de présence fortuite d'OGM ni de règ<strong>les</strong>uniformes en matière de responsabilité en cas de dommage économique, alors que certainspays comme l’Allemagne ont adopté des mesures de responsabilisation des auteurs dedissémination involontaire.Ainsi il semble que le point d’accord minimal sur lequel se fonde la politique publique est quela mise en place de l’étiqu<strong>et</strong>age perm<strong>et</strong> aux consommateurs de choisir entre deux produitsconcurrentiels : <strong>les</strong> produits GM <strong>et</strong> <strong>les</strong> produits non GM. En eff<strong>et</strong>, selon Philipps <strong>et</strong> McNeill(2000 : 223): “The debate is no longer about wh<strong>et</strong>her or not to develop a labeling system forGM foods but rather how to develop a system that provides real consumer choice withoutunduly interrupting international trade in agri-food products”.Toutefois ce point d’accord laisse complètement ouverte la question de la prise en charge descoûts de l’étiqu<strong>et</strong>age <strong>et</strong> de la séparation effective des filières (Thompson, 1997 ; Lemarié <strong>et</strong>al., 2001). Il ne répond donc qu’en partie aux attentes du consommateur, laissant une place àl’expression d’une certaine opposition <strong>et</strong> aux actions d’information des différents acteursd’opinion.- 193 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europe2. Revue de la littérature sur <strong>les</strong> déterminants de l’opposition auxOGMLa commercialisation des OGM passe par l’existence d’une demande effective, laquelle estreliée à l’acceptation des consommateurs. Les attitudes du public vis-à-vis des OGM ont faitl’obj<strong>et</strong> de beaucoup d’études portant sur des variab<strong>les</strong> sociodémographiques, le niveau deconnaissance, la confiance dans l’information <strong>et</strong>/ou l’action de certains acteurs dans le débatsur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, <strong>les</strong> valeurs socia<strong>les</strong> <strong>et</strong> politiques, la perception du risque <strong>et</strong>du bénéfice liés aux <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, <strong>et</strong>c. On présentera quelques-uns des facteursqui, selon <strong>les</strong> différentes études mobilisées, déterminent l’opposition aux OGM (cf. tableau 1).- 194 -


Tableau 1 : Les déterminants de l’opposition aux OGM : une revue de la littératureAuteurs L’enquête L’analyse Variab<strong>les</strong> r<strong>et</strong>enues Méthodologie RésultatsFrewer <strong>et</strong> al., 2004N = 1405 (Danemark,Allemagne, Italie, <strong>et</strong>Royaume Unis)Sur la base desindividusConfiance dans une sourced’informationEquations simultanéesMaximum devraisemblanceLes résultats impliquent que la disposition de l'information a eu peud'eff<strong>et</strong> sur <strong>les</strong> attitudes des personnes vers <strong>les</strong> alimentsbiotechnologiques <strong>et</strong> que <strong>les</strong> perceptions des caractéristiques des sourcesd'informations ont contribué très peu au changement d'attitude.Economie expérimentaleHuffman <strong>et</strong> al., 2004Noussair <strong>et</strong> al., 2004House <strong>et</strong> al., 2004N = 318 (USA)N = 97 (France)N = 309 (USA,Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> France)Sur la base desindividusSur la base desindividusSur la base desindividusCapital personnel (CP) <strong>et</strong>capital social (CS)Information dans <strong>les</strong> labels,Prix, Variab<strong>les</strong>sociodémographiquesConnaissances objectives <strong>et</strong>connaissances subjectivesModèle logitmultinomialComparaisons demoyennes <strong>et</strong> régressionlogistiqueModèle logistiqueordonnéLe CP <strong>et</strong> le CS des consommateurs affectent significativement laconfiance dans l’information fournie par certaines organisations. C<strong>et</strong>teconfiance a un impact sur le niveau de consommation des alimentsbiotechnologiques.Impact du prix <strong>et</strong> des labels sur l’acceptabilité ou le rej<strong>et</strong> des OGM.Les propensions à payer pour des produits alimentaires similaires quidiffèrent entre eux uniquement par leur contenu en organismesgénétiquement modifiés (OGM).Les variab<strong>les</strong> sociodémographiques n’ont aucun coefficient significatifdans la régression.Les résultats indiquent que ceux avec une éducation universitaire ou plussont <strong>les</strong> plus amenés à accepter des aliments GM. En plus, laconnaissance objective (partiellement un résultat de l'éducation) n'estpas liée à l'acceptation. Cependant, la connaissance subjective(également liée à l'éducation) est une variable significativementdéterminante de la disposition des consommateurs à consommer desaliments GM.Enquêtes auprès des ménages : <strong>les</strong> EurobaromètresPardo <strong>et</strong> al., 2002 Eurobaromètre (1996)Priest <strong>et</strong> al., 2003Eurobaromètre (1999)<strong>et</strong> comparaison avecUSA (2000, N = 1002)Gaskell <strong>et</strong> al., 2004 Eurobaromètre 52.1Sur la base desindividusSur la base desindividus <strong>et</strong> desgroupesd’individuSur la base desindividusBénéfices <strong>et</strong> risques perçusdes applications des<strong>biotechnologies</strong>Variab<strong>les</strong>sociodémographiquesConnaissance, confiance dansun acteur <strong>et</strong> différence deconfiancesVariab<strong>les</strong>sociodémographiques, risque<strong>et</strong> bénéfice perçus.Analyse factorielle<strong>et</strong>Modèle d’équationstructurelleRégression à partir desmoyennes par paysRégressions multip<strong>les</strong>linéairesLes résultats montrent l'importance des orientations généra<strong>les</strong> ou des''worldviews'' dans la formation des attitudes positives sur <strong>les</strong> OGM.Pour la plupart des adultes, un sens d'optimisme technologique (ou depessimisme) ou une croyance générale dans (ou le rej<strong>et</strong> des) promessesdes <strong>biotechnologies</strong> précède logiquement <strong>et</strong> chronologiquement desattitudes envers une application spécifique de la biotechnologie <strong>et</strong> peutdevenir un filtre pour la réception <strong>et</strong> le traitement de nouvel<strong>les</strong>informations sur le suj<strong>et</strong>. Le point d’intéressement d’un individu <strong>et</strong> sesconnaissances concernant ce point jouent un rôle important dans laperception des avantages des applications de biotechnologie.Les différences de réaction sur <strong>les</strong> OGM entre l’Europe <strong>et</strong> <strong>les</strong> Etats-Uniss’expliquent plus par la confiance dans <strong>les</strong> acteurs engagés dans le débatsur <strong>les</strong> OGM <strong>et</strong> la différence de ces confiances (trust gap), plutôt que parle niveau de connaissance <strong>et</strong> d’éducation.La perception du risque <strong>et</strong> des bénéfices liés aux OGM influence <strong>les</strong>attitudes des individus concernant l’opposition aux OGM.


Autres enquêtes auprès des ménagesBredahl, 2001Cook <strong>et</strong> al., 2002Fritz <strong>et</strong> al., 2003Auteurs L’enquête L’analyse Variab<strong>les</strong> r<strong>et</strong>enues Méthodologie RésultatsOnyango <strong>et</strong> al., 2004Harrison <strong>et</strong> al., 2004Sturgis <strong>et</strong> al., 2005N = 2031 (Danemark,Allemagne, Italie, <strong>et</strong>Royaume Unis)N = 266 (NouvelleZélande)N = 749 (USA)N =1201 (USA)N = 459 (Italie)N = 509 (USA)British SocialAttitudes survey(2000) <strong>et</strong> WellcomeConsultative PanelGene therapy (1999)Sur la base desindividusSur la base desindividusSur la base desindividusSur la base desindividusSur la base desindividus <strong>et</strong> desgroupesd’individusSur la base desindividus <strong>et</strong> desgroupesd’individusBénéfice <strong>et</strong> risque perçuSelf identity (SI), attitude,subjective norm (SN) <strong>et</strong>perceived behavioural control(PBC)Variab<strong>les</strong>sociodémographiquesBénéfices <strong>et</strong> risques <strong>potentiels</strong>des aliments GMVariab<strong>les</strong>sociodémographiquesvariab<strong>les</strong>sociodémographiquesConnaissances généra<strong>les</strong> ensciences <strong>et</strong> connaissancesspécifiques en sciencesgénétiquesAnalyse factorielle<strong>et</strong>Modèle d’équationstructurelleModèle logistiqueordonné <strong>et</strong> une analysede corrélation.Comparaisons demoyenneRégression logistiqueRégression logistique(probit dichotomique)Régression logistiqueL’attitude envers <strong>les</strong> aliments GM est déterminée par la perception desrisques <strong>et</strong> des bénéfices liés à l’application des OGM dans <strong>les</strong> aliments. Laperception du risque <strong>et</strong> des bénéfices est liée aux attitudes plus généra<strong>les</strong>tenues par <strong>les</strong> consommateurs, (notamment envers la nature <strong>et</strong> l’attitudeenvers la technologie).Le SI, attitude, SN <strong>et</strong> PBC influencent positivement l’intention d’ach<strong>et</strong>erdes aliments GM.Il existe une relation positive entre conscience <strong>et</strong> acceptation des<strong>biotechnologies</strong>. La population de jeunes rend beaucoup moins compte dela façon dont <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> affecteront la nourriture, la santé, <strong>et</strong>l'environnement que la population d’adultes.Les résultats indiquent que <strong>les</strong> individus ayant fourni à la fois desinformations concernant <strong>les</strong> bénéfices <strong>et</strong> <strong>les</strong> risques des produits GM sontmoins disposés à en consommer que ceux ayant fourni seulement desinformations sur <strong>les</strong> bénéfices des produits GM.Ceux qui prennent le temps de lire <strong>les</strong> étiqu<strong>et</strong>tes des produits sontégalement uniformément moins disponib<strong>les</strong> pour consommer <strong>les</strong> produitsconsidérés dans c<strong>et</strong>te étude.Les différences dans ces valeurs socia<strong>les</strong> ou politiques <strong>et</strong> la confiance dans<strong>les</strong> entités privées <strong>et</strong> publiques n’affectent pas l’acceptation des alimentsGM. Enfin <strong>les</strong> résultats suggèrent aussi que <strong>les</strong> hommes sont beaucoupplus aptes à consommer des aliments GM que <strong>les</strong> femmes.Aux Etats-Unis, l’âge n’a pas d’impact sur la volonté d’ach<strong>et</strong>er desaliments GM contrairement à l’Italie où un âge plus avancé correspond àune moindre disposition à l’achat d’aliments GM. En Italie, à des faib<strong>les</strong>niveaux d'éducation on associe une propension plus élevée à 'ach<strong>et</strong>er desaliments GM. En revanche, une éducation plus élevée a été liée à une plusgrande bonne volonté d'ach<strong>et</strong>er parmi des consommateurs des USA.Les consommateurs aux Etats-Unis sont également influencés par la tailledu ménage <strong>et</strong> la présence des enfants dans la maison, tandis que cesfacteurs n'ont pas d’influence sur <strong>les</strong> consommateurs italiens.Aux Etats-Unis, <strong>les</strong> hommes sont plus disposés à ach<strong>et</strong>er des aliments GMque <strong>les</strong> femmes par contre le sexe n'a pas d’importance dans le modèleitalien.Les connaissances en sciences généra<strong>les</strong> jouent un rôle important pourdéterminer <strong>les</strong> attitudes individuel<strong>les</strong> <strong>et</strong> de groupes concernant <strong>les</strong> alimentsGM.


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europe• Les déterminants sociodémographiquesLes différentes études concluent à une importance des différents déterminantssociodémographiques, mais c<strong>et</strong>te importance fluctue selon <strong>les</strong> enquêtes <strong>et</strong> le contexte national.A partir d’une étude comparative entre l’Italie <strong>et</strong> <strong>les</strong> Etats-Unis, Harison <strong>et</strong> al. (2004)montrent qu’aux Etats-Unis, l’âge n’a pas d’impact sur la volonté d’ach<strong>et</strong>er des aliments GM,alors qu’en Italie, plus l’âge est avancé, moins <strong>les</strong> consommateurs italiens achètent desaliments GM. Un faible niveau d'éducation en Italie, contrairement aux Etats-Unis, est lié àune grande bonne volonté de consommer des aliments GM. La taille du ménage <strong>et</strong> la présenced’enfants dans le foyer influence positivement la décision de consommer des aliments GMaux Etats-Unis, tandis que ces facteurs n'ont pas d’influence sur <strong>les</strong> consommateurs italiens.Alors que le sexe n’a pas d’influence sur <strong>les</strong> consommateurs italiens, aux Etats-Unis, parcontre, <strong>les</strong> femmes s’opposent plus que <strong>les</strong> hommes. Ce résultat a été confirmé par l’étuderéalisée par Onyango <strong>et</strong> al. en 2004 sur 1201 citoyens américains.L’étude de Fritz <strong>et</strong> al. (2003) a pour but d'évaluer des niveaux de conscience (awareness) <strong>et</strong>l'acceptation des applications des <strong>biotechnologies</strong> dans trois groupes : <strong>les</strong> jeunes, <strong>les</strong> étudiantspréparant une licence <strong>et</strong> <strong>les</strong> adultes. Leurs résultats montrent une corrélation positive entre laconscience <strong>et</strong> <strong>les</strong> niveaux d'acceptation de la biotechnologie. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> jeunes sontbeaucoup moins conscients que <strong>les</strong> adultes de la façon dont <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> affectent lanourriture, la santé <strong>et</strong> l'environnement. Enfin, un grand nombre de répondants (des adultes <strong>et</strong>des étudiants préparant une licence) ont cité <strong>les</strong> journaux <strong>et</strong> l'Intern<strong>et</strong> comme sourcesd’informations pour mieux se renseigner sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>.• Les risques <strong>et</strong> bénéfices perçusSi nous mobilisons <strong>les</strong> résultats des études effectuées à travers l'Europe (Bredahl, 2001 ;Prado <strong>et</strong> al., 2002) <strong>et</strong> aux Etats-Unis (Onyango <strong>et</strong> al., 2004), nous constatons que <strong>les</strong>consommateurs sont très sceptiques au suj<strong>et</strong> de l'utilisation des OGM dans l’alimentation. Ilssemblent associer la nouvelle technologie à un risque considérable. Ces consommateursassocient le risque au bénéfice attendu des OGM <strong>et</strong> ils sont conscients que le risque zéro sur<strong>les</strong> impacts des OGM n’existe pas (Marris <strong>et</strong> al., 2002). Autrement dit, <strong>les</strong> attitudes envers- 197 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europel'utilisation des OGM dans <strong>les</strong> produits alimentaires sont expliquées à la fois par <strong>les</strong> risques <strong>et</strong><strong>les</strong> avantages liés à la technologie. Ainsi, comme le précise Bredahl (2001 : 53): “In general,the attitude towards the use of gen<strong>et</strong>ic modification in food production was found to bed<strong>et</strong>ermined both by perceived risks and perceived benefits of applying gen<strong>et</strong>ic modification infood production”.Et comme le soulignent Gaskell <strong>et</strong> al., (2004 : 191) :“It is notable that in the context of GM foods there are a sizeable number ofrespondents in the group labeled “sceptical.” Fully 60% of the sample believes thatGM foods offer no benefits and carry risks. The other two groups of interest werelabeled “trade-off”—perceiving both risk and benefit—and “relaxed”—perceivingbenefit and no risk. Analysis of the characteristics of these three groups shows that theydiffer in respect of key social and cognitive resources that may inform their views ofGM foods”.Selon c<strong>et</strong>te analyse, il n’y a pas de relations directes entre la perception du risque <strong>et</strong>l’opposition, mais plutôt une pluralité d’attitudes possib<strong>les</strong>.• Le niveau de connaissanceHouse <strong>et</strong> al. (2004) font une différence entre connaissances objectives <strong>et</strong> connaissancessubjectives 61 . Leurs résultats indiquent que <strong>les</strong> personnes ayant un niveau de formationsupérieur ou égal au niveau universitaire sont cel<strong>les</strong> qui ont le plus tendance à accepter desaliments GM. Ils précisent que la connaissance objective (partiellement un résultat del'éducation) n'est pas liée à l'acceptation, alors que la connaissance subjective (également liéeà l'éducation) est une variable significativement importante de l’acceptation des aliments issusdes OGM.Sturgis <strong>et</strong> al. (2005) r<strong>et</strong>iennent deux variab<strong>les</strong> de connaissances comme déterminantes del’opposition aux OGM : <strong>les</strong> connaissances en sciences généra<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> connaissances en61 House <strong>et</strong> al. (2004: 113) définissent ainsi ces deux types de connaissances : « the goal of this study is todifferentiate and examine the impact of both subjective (self-rated, also known as perceived) and objective(tested) knowledge related to acceptance of gen<strong>et</strong>ically modified foods ».- 198 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europegénétique. Leurs résultats montrent que <strong>les</strong> connaissances en sciences généra<strong>les</strong> jouent un rôleimportant pour déterminer <strong>les</strong> attitudes individuel<strong>les</strong> <strong>et</strong> de groupes envers <strong>les</strong> aliments GM.Sturgis <strong>et</strong> Allum (2001) précisent que la connaissance <strong>et</strong> l’attitude envers <strong>les</strong> alimentsbiotechnologiques sont corrélées (plus la connaissance est élevée, plus l’acceptation l’est),mais c<strong>et</strong>te corrélation est souvent faible.En général, le niveau de connaissance en matière scientifique sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> est doncrelativement peu important pour la formation des préférences individuel<strong>les</strong> (Priest <strong>et</strong> al.,2003 ; Sturgis <strong>et</strong> al., 2005 ; Gaskell <strong>et</strong> al., 2004). Sur ce dernier point, (selon Marris, 2001 ;Gaskell <strong>et</strong> al., 2004), l’argument couramment avancé que l’augmentation de la connaissanceconduirait à une meilleure acceptation des applications des <strong>biotechnologies</strong>, relèverait d’unemauvaise compréhension des modes de décisions des consommateurs, <strong>les</strong>quels prennent encompte d’autres paramètres. De plus, <strong>les</strong> relations entre la connaissance <strong>et</strong> <strong>les</strong> attitudesscientifiques envers la science sont fortement discutées (Gaskell <strong>et</strong> al, 2001).• La confianceLa confiance est de plus en plus souvent identifiée comme étant le problème clé <strong>et</strong> la questionà résoudre pour <strong>les</strong> décideurs impliqués dans la gestion des risques (Marris <strong>et</strong> al., 2002).En eff<strong>et</strong>, différents auteurs avancent la notion de confiance (Todt, 2003 ; Priest <strong>et</strong> al., 2003 ;Cook <strong>et</strong> al., 2002 ; Huffman <strong>et</strong> al., 2004 ; Munnichs, 2004) comme déterminante pour définirla position des individus, dans un contexte d’incertitude, concernant <strong>les</strong> OGM appliqués àl’agriculture. Selon Todt (2003 : 248), la controverse sur l’utilisation de certainestechnologies est d’abord révélatrice des différences de confiance dans <strong>les</strong> acteurs impliqués.L’argumentation souvent avancée par des chercheurs universitaires <strong>et</strong> des partis politiques esttelle que si <strong>les</strong> citoyens faisaient plus confiance aux scientifiques <strong>et</strong> aux pouvoirs publics, il yaurait sûrement peu de raison pour qu’ils s’opposent aux développements technologiquescomme celui des aliments issus d’OGM (Gaskell <strong>et</strong> al., 2004).Pour établir la relation entre confiance dans l’information provenant de différentes sources enmatière de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> niveau de consommation de produits OGM, Huffman<strong>et</strong> al. (2004) ont développé un modèle inspiré de Becker (1996), (cf. annexe 1). Ce dernier- 199 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europepropose une formalisation des préférences ou goûts des individus en prenant en compte le“capital social” (acquis par contact avec son entourage ou la participation à des réseauxsociaux) <strong>et</strong> le “capital personnel” (acquis proprement par l’individu par l’éducation <strong>et</strong>l’expérience) (Becker 1996 : 7-18). La confiance, vue comme une fonction de ces deuxcapitaux, influence alors <strong>les</strong> choix entre différents types de biens (par exemple des alimentsOGM <strong>et</strong> non-OGM). Ainsi,« Si l’accroissement du capital personnel d’un individu réduit sa confiance dansl’information fournie par l’industrie agroalimentaire, ce qui tend à diminuer son utilitémarginale du produit labellisé “OGM”, dès lors cela contribue à diminuer son tauxmarginal de substitution entre produits labellisés OGM <strong>et</strong> produits non OGM »(Huffman <strong>et</strong> al. 2004 : 1224) 62 .Il y a donc pour un même individu coexistence des confiances envers différents acteurs enmatière d’information sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>, <strong>et</strong> c’est le rapport entre le niveau de chacuned’el<strong>les</strong> qui détermine la décision finale. Si un individu augmente sa confiance dansl’information provenant des associations de défense de l’environnement ou diminue saconfiance dans l’information provenant des entreprises agbiotech, cela contribue à diminuerson utilité marginale du bien OGM (par hypothèse). Le taux marginal de substitution duconsommateur entre <strong>les</strong> biens OGM <strong>et</strong> conventionnels baisse. A un niveau de prix relatifdonné, le consommateur achètera plus de produits conventionnels <strong>et</strong> diminuera saconsommation de biens OGM. Les auteurs cités ont, à partir d’un échantillon de 318personnes participant à différentes expérimentations sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>, analysél’importance de la confiance dans certaines sources d’information. Ils montrent que, dans lecontexte américain, <strong>les</strong> sources auxquel<strong>les</strong> <strong>les</strong> individus font d’abord confiance sont <strong>les</strong>scientifiques <strong>et</strong> le gouvernement, alors que <strong>les</strong> groupes environnementaux <strong>et</strong> de défense desconsommateurs sont relativement discrédités (3% des individus interrogés seulement <strong>les</strong>citent comme la première source digne de confiance, alors qu’ils sont 30% en ce qui concerne<strong>les</strong> scientifiques).Dans la suite de ce chapitre, à partir des résultats de c<strong>et</strong>te revue de la littérature, nous sommesdonc amenés à r<strong>et</strong>enir plutôt la confiance dans certains acteurs engagés dans le débat public62 “if an increase in an individual’s personal capital reduces his or her trust in agri-business information whichthen lowers his or her marginal utility of GM-labelled food, this causes the consumer’s marginal rate ofsubstitution b<strong>et</strong>ween GM- and plain-labelled foods to decrease. Hence the consumer will purchase more plainlabelledfoods at given relative prices” (Huffman <strong>et</strong> al. 2004 : 1224).- 200 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europesur <strong>les</strong> OGM, comme déterminante de l’opposition. Nous allons donc approfondir ce point ence qui concerne <strong>les</strong> attitudes des européens vis-à-vis des OGM.3. Méthodologie3.1. Présentation des données d’enquêteLes données utilisées sont extraites de l’enquête européenne spéciale « Eurobaromètre58.0 » 63 portant sur <strong>les</strong> services d’intérêt général, <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> l’environnementconduite en 2002. Les rapports Eurobaromètres spéciaux sont basés sur des étudesthématiques approfondies réalisées pour le compte de services de la Commission européenneou d'autres institutions européennes, <strong>et</strong> intégrées dans <strong>les</strong> vagues de sondage del'Eurobaromètre standard. Conduit en septembre <strong>et</strong> octobre 2002, l’Eurobaromètre 58.0couvre la population - ayant la nationalité d’un des pays membres de l'Union européenne -, de15 ans <strong>et</strong> plus, résidant dans chaque État membre de l'Union européenne. Le principed'échantillonnage appliqué dans tous <strong>les</strong> États membres est une sélection aléatoire(probabiliste) à phases multip<strong>les</strong> 64 . On obtient un questionnaire riche donnant lieu àdifférentes exploitations (rapport sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>, sur la vision des européens de lascience, <strong>et</strong>c.) 65 . 17076 individus provenant de 16 pays ont ainsi été interrogés.Dans notre analyse, nous avons r<strong>et</strong>enu différentes variab<strong>les</strong> de confiance <strong>et</strong> de jugements surl’action de certaines organisations, ainsi que de positionnement vis-à-vis des <strong>biotechnologies</strong>.Plus précisément, pour <strong>les</strong> besoins de l’analyse on a également construit certaines variab<strong>les</strong>(cf. statistiques descriptives en annexe 2). Prenant en compte <strong>les</strong> différentes analyses63 Nous remercions Daniel Masson (PACTE-CNRS) pour la mise à disposition des données de l’Eurobaromètre(extraites de la Banque de données sociopolitiques du CNRS).64 Dans chaque pays, divers points de chute ont été tirés avec une probabilité proportionnelle à la taille de lapopulation (afin de couvrir la totalité du pays) <strong>et</strong> à la densité de la population. A c<strong>et</strong>te fin, ces points de chute ontété tirés systématiquement dans chacune des "unités régiona<strong>les</strong> administratives", après avoir été stratifiés parunité individuelle <strong>et</strong> par type de région. Ils représentent ainsi l'ensemble du territoire des Etats membres, selon<strong>les</strong> EUROSTAT-NUTS II <strong>et</strong> selon la distribution de la population résidente nationale en termes de régionsmétropolitaines, urbaines <strong>et</strong> rura<strong>les</strong>. Dans chacun des points de chute sélectionnés, une adresse de départ a ététirée de manière aléatoire. D'autres adresses (chaque Nème adresse) ont ensuite été sélectionnées par desprocédures de "random route" à partir de l'adresse initiale. Dans chaque ménage, le répondant a été tiréaléatoirement. Toutes <strong>les</strong> interviews ont été réalisées en face à face chez <strong>les</strong> répondants <strong>et</strong> dans la languenationale appropriée. Dans chaque pays, l'échantillon a été comparé à l'univers <strong>et</strong> pondéré en conséquence (sur labase des données de population Eurostat).65 Voir le site des eurobaromètres : http://europa.eu.int/comm/public_opinion/index_fr.htm .- 201 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europeprécédentes (que nous avons présentées à la section 2), nous choisissons donc une grandevariété de variab<strong>les</strong>. Ceci est possible en raison même de la richesse de l’Eurobaromètre.• Les différentes variab<strong>les</strong> sociodémographiques, socioprofessionnel<strong>les</strong> <strong>et</strong> de valeurspolitiques extraites du questionnaire : le sexe (homme, femme) ; l’âge (en années); onutilise une fonction quadratique pour souligner l’existence de points d’inflexionéventuels, l’âge de fin d’études, le revenu déterminé à partir de tranches de revenus(quarti<strong>les</strong> suivant la répartition des revenus au sein d’un pays), le statut marital, le typede Ville, la catégorie socioprofessionnelle, le positionnement politique appréhendé parune échelle « Droite-Gauche ». On utilise également des variab<strong>les</strong> dichotomiques depays correspondant aux 16 pays concernés par l’enquête.• De la partie thématique sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>, ont été r<strong>et</strong>enues <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> deconfiance <strong>et</strong> de jugements suivantes :Une première liste est proposée, relative aux actions des organisations. La questionposée est : « différentes personnes <strong>et</strong> groupes de personnes interviennent dans ledébat sur <strong>les</strong> applications de la biotechnologie moderne <strong>et</strong> du génie génétique.Font-ils un bon travail pour la société ?». De la liste proposée, on obtient des tauxd’approbation sur <strong>les</strong> actions suivantes des organisations : « Les médecins gardantun œil sur <strong>les</strong> implications en terme de santé des <strong>biotechnologies</strong> », « Lesorganisations de patients défendant <strong>les</strong> intérêts de leurs membres », « Lesassociations de consommateurs testant <strong>les</strong> produits issus des <strong>biotechnologies</strong> »,« Les scientifiques universitaires faisant des recherches sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> »,« Les Journaux <strong>et</strong> magazines faisant des reportages sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> »,« Les associations de défense de l'environnement faisant des campagnes contre <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> », « Les scientifiques dans l'industrie réalisant des recherches sur<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> », « Les magasins s'assurant que notre nourriture est sûre »,« Les agriculteurs décidant quels types de cultures faire pousser », « Lacommission européenne réalisant des lois sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> pour l'ensembledes pays européens », « Notre gouvernement faisant des réglementations sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> », « L'Industrie développant de nouveaux produits avec <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> ».Une seconde liste d’organisations est proposée. La question posée est « faites vousconfiance à l’information sur la biotechnologie moderne provenant des sourcessuivantes ». A chaque fois on obtient ainsi une variable qualitative dichotomique- 202 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europeavec <strong>les</strong> modalités « confiance » (mentionné) <strong>et</strong> « pas confiance » (nonmentionné)). La liste des variab<strong>les</strong> obtenues est relative à la confiance dans <strong>les</strong>organisations suivantes : « associations de consommateurs », « associations dedéfense de l’environnement », « associations de protection des animaux »,« profession médicale », « organisations agrico<strong>les</strong> », « organisations religieuses »,« gouvernement <strong>et</strong> administrations nationa<strong>les</strong> », « institutions internationa<strong>les</strong> (horsentreprises) » « industrie (le secteur en particulier) », « universités », « partispolitiques », « télévision <strong>et</strong> journaux ». Une possibilité de réponse « ne sait pas »est proposée ainsi que la possibilité de répondre de manière spontanée « aucun deceux-là ».• Des autres parties thématiques ont été r<strong>et</strong>enues différentes variab<strong>les</strong> d’opinions <strong>et</strong> devaleurs.Les valeurs socia<strong>les</strong> sont issues d’un ensemble de propositions pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ondemande aux personnes interrogées de répondre si el<strong>les</strong> sont d’accord avec cel<strong>les</strong>ci.On obtient ainsi des variab<strong>les</strong> codées en trois modalités « Accord »,« Désaccord », « Ne sait pas » pour <strong>les</strong> propositions suivantes : « la croissanceéconomique apporte souvent une meilleure qualité de vie », « l’exploitation de lanature est nécessaire pour le progrès de l’humanité », « <strong>les</strong> valeurs traditionnel<strong>les</strong>doivent nous guider en ce nouveau siècle », « l’entreprise privée est le meilleurmoyen de résoudre <strong>les</strong> problèmes de notre pays », « participation à une discussionpublique », « lecture d’artic<strong>les</strong> ou vision de programmes télé ».On utilise trois variab<strong>les</strong> de valeurs socia<strong>les</strong> codées en trois modalités« quelquefois », « la plupart du temps », « rarement » pour <strong>les</strong> propositionssuivantes : « intérêt dans la politique », « intérêt dans la science », « intérêt dans laqualité des aliments ».• Enfin, pour <strong>les</strong> besoins de l’analyse on a également construit <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> relatives àl’opposition à l’usage alimentaire des OGM <strong>et</strong> de connaissance en <strong>biotechnologies</strong>.On a ainsi établi une échelle d’opposition à l’usage alimentaire des OGM <strong>et</strong> unevariable dichotomique « opposition à tout usage alimentaire des OGM ». Sixquestions ont en eff<strong>et</strong> été posées relativement à l’utilisation des OGM à finalimentaire (avec trois modalités possib<strong>les</strong> de réponse : « oui » « non » « ne sait- 203 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europepas ») 66 . A partir des réponses négatives à ces six questions, on a ainsi construitune échelle d’opposition allant de 0 (« non-opposition ») à 6 (« oppositiontotale »). L’alpha de Cronbach 67 de c<strong>et</strong>te échelle est de 0,877 ce qui perm<strong>et</strong> desupposer une grande fiabilité. En isolant la dernière modalité, on obtient alors unenouvelle variable « opposition à tout usage alimentaire des OGM » prenant deuxmodalités : opposition totale / non-opposition totale. Selon (Gaskell <strong>et</strong> al., 2003 :38), c<strong>et</strong>te division est celle qui discrimine le plus <strong>les</strong> deux groupes ainsi créés.“Across all the countries it is notable that the mean number of acceptable reasonsamongst the non-rejecters, is relatively high, indicating that the public is split onthis issue. The rejecters operate a total v<strong>et</strong>o, but once a threshold of minimalacceptability is reached, then people are inclined to find a number of the reasonsacceptable for buying GM foods”.De même nous avons créé une variable « accord total » isolant la populationrépondant de manière favorable à ces six questions. En moyenne, <strong>les</strong> individussont moins opposés aux propositions relatives à l’utilisation des OGM dès lorsqu’el<strong>les</strong> apparaissent comme des alternatives au mode de production habituel (plusrespectueux de l’environnement <strong>et</strong> utilisant moins de pesticides). Le coût sembleêtre l’élément intervenant le moins dans le choix pro-OGM, puisque 65.8 % deseuropéens ne veulent pas consommer des produits OGM s’ils sont seulementmoins chers que <strong>les</strong> produits conventionnels. 32% de la population européenne estopposée totalement aux différentes propositions d’usage alimentaire des OGM,alors que seulement 17,9% des européens n’ont aucune opposition (cf. tableau 2).66 « si la nourriture que je mange au restaurant contenait des ingrédients génétiquement modifiés, cela ne medérangerait pas » « j’achèterai de la nourriture génétiquement modifiée si elle était moins grasse que lanourriture ordinaire », « j’achèterai de la nourriture génétiquement modifiée si elle coûtait moins chère que lanourriture ordinaire » « j’achèterai de la nourriture génétiquement modifiée si elle contenait moins de résidus depesticides que la nourriture ordinaire » « j’achèterai de la nourriture génétiquement modifiée si elle était produitedans des conditions plus respectueuses de l’environnement que la nourriture ordinaire » « j’achèterai de lanourriture génétiquement modifiée si elle avait un meilleur goût que la nourriture ordinaire ».67 L’alpha de Cronbach (1951) est le coefficient de fiabilité le plus utilisé pour vérifier la fiabilité d’une échelle.Ce dernier est calculé de la manière suivante :N ⋅ rα =avec N le nombre de variab<strong>les</strong> considérées <strong>et</strong> r la corrélation moyenne entre variab<strong>les</strong>( 1+( N −1)⋅ r)sur l’ensemble des variab<strong>les</strong>.Dans la littérature sur <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> latentes, on considère souvent que l’alpha de Cronbach doit être au moins de0,6 voire 0,7 pour que l’échelle ainsi construite soit considérée comme fiable (Nunnally, 1978).- 204 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeTableau 2 : Répartition de la population suivant son opposition à la consommation desOGMMotif de l’opposition % Total opposition %Même si moins cher 65,8 6 oppositions (opposition totale) 32,1Même si moins gras 64,9 5 10,3Même au restaurant 62,2 4 9,9Même si meilleur goût 56,7 3 10,2Même si plus respectueux de l’environnement 47,6 2 9,5Même si moins de pesticide utilisé 46,6 1 10Source : Eurobaromètre 58.00 (aucune opposition) 17,9Enfin, une variable a été créée relative à la connaissance en <strong>biotechnologies</strong>. Desquestions relatives à l’utilisation des <strong>biotechnologies</strong> avaient pour objectif demesurer la connaissance réelle des individus. Afin de favoriser la comparabilitédes résultats avec <strong>les</strong> exploitations faites par <strong>les</strong> rapports sur <strong>les</strong> eurobaromètresprécédents, une échelle reprenant <strong>les</strong> 9 questions posées lors des différentes vaguesdes eurobaromètres peut alors être constituée 68 . On obtient ainsi une échelle fiable(alpha de Cronbach = 0,740) donnant le nombre de bonnes réponses.Tableau 3 : Pourcentage de réponses aux questions relatives à la connaissance en matièrede <strong>biotechnologies</strong>Source : Eurobaromètre 58.0.Nombre de bonnes réponses %0 ( aucune bonne réponse ) 2,61 ( une seule bonne réponse ) 3,22 5,73 10,24 15,75 19,86 21,07 14,48 6,89 (toutes <strong>les</strong> bonnes réponses) 0,668 Ce choix a également été effectué afin de comparer nos résultats avec ceux de Gaskell. Les neuf questionssont : « il y a des bactéries qui vivent dans l’eau sale », « <strong>les</strong> tomates ordinaires contiennent des gènes, alors que<strong>les</strong> tomates génétiquement modifiées non », « le clonage des êtres vivants produit des naissances génétiquementidentiques », « en mangeant des fruits génétiquement modifiés, <strong>les</strong> gènes d’une personne peuvent êtremodifiés », « La levure pour le brassage de bière consiste en organismes vivants », « Il est possible dans <strong>les</strong>premiers mois de grossesse de savoir si un enfant a le syndrome de Down », « Les animaux génétiquementmodifiés sont toujours plus grands que <strong>les</strong> ordinaires », « Plus de la moitié des gènes humains sont identiques àceux des chimpanzés », « Il est impossible de transférer <strong>les</strong> gènes animaux dans <strong>les</strong> plantes ». On supprime doncla question 5 : « ce sont <strong>les</strong> gènes de la mère qui déterminent qu’un enfant soit une fille ».- 205 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeTableau 4 : Statistiques descriptives des variab<strong>les</strong> relatives à l’opposition <strong>et</strong> à laconnaissance en matière de <strong>biotechnologies</strong>Moyenne Min MaxÉchelle d’opposition aux OGM 3,496 (2,290) 0 6Opposition totale aux OGM 0,329 (0,470) 0 1Accord total avec l’utilisation des OGM 0,093 (0,290) 0 1Échelle de connaissances en biotechnologie 5,039 (1,913) 0 9Source : Eurobaromètre 58.0 ; erreur standard entre parenthèses.3.2. Méthodes statistiques utiliséesAppliqués à c<strong>et</strong>te base de données, <strong>les</strong> outils statistiques mobilisés sont deux modalitésparticulières de l’analyse des variab<strong>les</strong> qualitatives, correspondant à l’opposition méthodesexplicatives / méthodes descriptives (voir Rouan<strong>et</strong> <strong>et</strong> al. (2002) dans un numéro deMathématiques <strong>et</strong> Sciences Humaines). La première est l’analyse de données <strong>et</strong> la secondel’économétrie des variab<strong>les</strong> qualitatives.L’analyse de données (Benzécri, 1981) a été utilisée pour m<strong>et</strong>tre en évidence <strong>les</strong> proximités<strong>et</strong> différences entre <strong>les</strong> confiances affichées par <strong>les</strong> individus. Plus précisément, nous avonsmobilisé la méthode de l’analyse en classification hiérarchique. Elle est fondée sur lamesure des proximités <strong>et</strong> consiste à former des typologies (groupes) d'individus similaires. Onfait l'hypothèse que chaque individu ne peut appartenir qu'à un seul groupe. C<strong>et</strong>te formationde groupes obéit à la logique statistique de minimisation de la variance intragroupe <strong>et</strong> demaximisation de la variance intergroupe. Nous avons eu l’usage de sa variante ascendante (àchaque étape on repère <strong>les</strong> deux classes <strong>les</strong> plus proches, qui sont ensuite fusionnées, jusqu’àne constituer plus qu’une seule classe). La classification est hiérarchique car <strong>les</strong> classes sontemboîtées : chaque classe nouvelle est obtenue en regroupant deux classes de l’étapeprécédente pour la classification ascendante. Pour c<strong>et</strong>te technique, le choix d’une distanceentre <strong>les</strong> individus est primordial, il faut définir en outre un critère mesurant la qualité desregroupements entre <strong>les</strong> classes (deux méthodes ont été r<strong>et</strong>enues, la méthode de Ward <strong>et</strong>l’Average Linkage b<strong>et</strong>ween groups).L’économétrie des variab<strong>les</strong> qualitatives (Greene, 2003 ; Wooldridge, 2002) a été mobiliséepour la recherche de la nature des relations entre différentes variab<strong>les</strong> (causalité,interaction…). C<strong>et</strong>te méthode a été utilisée pour rendre compte de l’importance de la- 206 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europeconfiance comme facteur déterminant de l’opposition, codé en caractères qualitatifs. Leprincipal problème rencontré, comme nous l’exposerons plus précisément par la suite, estcelui de l’existence de simultanéité <strong>et</strong> d’endogénéité des variab<strong>les</strong> explicatives, ce qui nous aconduit à utiliser la méthode d’estimation d’équations simultanées (probit multivarié). Lelogiciel mobilisé est Stata, version 9. Ce logiciel est collaboratif <strong>et</strong> bénéficie à ce titre desaméliorations proposées par de nombreux chercheurs dans le monde. De ces propositions,nous n’avons toutefois utilisé que la procédure associée présentée dans le Stata Journal(Cappellari <strong>et</strong> Jenkins 2003), c’est-à-dire celle validée par la communauté scientifiquemobilisant Stata.4. RésultatsDans un premier temps, nous allons étudier la proximité entre la confiance <strong>et</strong> le jugement surl’action de certains acteurs dans le débat public sur <strong>les</strong> OGM (4.1). Ensuite, nous allons voirla relation entre confiance <strong>et</strong> opposition (4.2). Enfin, nous allons caractériser l’eff<strong>et</strong> pays,c’est-à-dire préciser l’importance du cadre national (4.3).4.1. Proximité de la confiance dans l’information du jugement sur l’action decertaines organisations.Grâce aux données de l’enquête, on peut faire une différence chez <strong>les</strong> individus, entre laconfiance dans l’information <strong>et</strong> le jugement sur l’action des organisations.4.1.1. Confiance dans l’informationSi on s’intéresse à la manière dont sont répartis <strong>les</strong> différents taux de confiance dansl’information en matière de <strong>biotechnologies</strong> suivant <strong>les</strong> organisations, on remarque alors que<strong>les</strong> individus ont tendance à faire surtout confiance aux professions scientifiques (médica<strong>les</strong> <strong>et</strong>universitaires) <strong>et</strong> aux associations (de consommateurs, de l’environnement <strong>et</strong> de protectiondes animaux). On peut mener différents t-tests d’égalité des moyennes (avec des hypothèsessur l’égalité ou l’inégalité des variances) 69 .69 Les t-tests sur deux échantillons vérifient l'égalité des moyennes de populations de chaque échantillon. Pour cefaire, des hypothèses différentes peuvent être formulées : <strong>les</strong> variances de population sont éga<strong>les</strong> ; <strong>les</strong> variancesde population ne sont pas éga<strong>les</strong> ; <strong>les</strong> deux échantillons représentent, avant <strong>et</strong> après traitement, des observationssur <strong>les</strong> mêmes suj<strong>et</strong>s. Notre analyse porte (<strong>et</strong> portera uniquement) sur <strong>les</strong> deux premiers cas. Il s’agit de T-testsde Student. A chaque fois une valeur statistique t est calculée, elle peut être négative ou positive en fonction desdonnées. Selon l'hypothèse de moyennes de population éga<strong>les</strong>, si t < 0, « P(T


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeTableau 5 : Comparaison des taux d’opposition <strong>et</strong> de connaissances suivant la confiancedans <strong>les</strong> différentes organisations pour l’information sur <strong>les</strong> BiotechnologiesMoyennes de l’ensembleMoyennes oppositionsMoyennes connaissancesde la population Conf. Non conf. Diff. Conf. Non conf. Diff.Professions médica<strong>les</strong> 0,537 (0,005) 3,341 (0,002) 3,685 (0,002) *** 5,192 (0,002) 4,851 (0,002) ***Associations de consommateurs 0,507 (0,005) 3,570 (0,002) 3,428 (0,002) *** 5,333 (0,002) 4,775 (0,002) ***Associations de défense de l'environnement 0,460 (0,005) 3,661 (0,002) 3,360 (0,002) *** 5,284 (0,002) 4,837 (0,002) ***Universités 0,329 (0,005) 3,349 (0,002) 3,588 (0,002) *** 5,487 (0,002) 4,756 (0,002) ***Associations de protection des animaux 0,259 (0,005) 3,656 (0,002) 3,443 (0,002) *** 5,312 (0,002) 4,949 (0,002) ***Télévision <strong>et</strong> Journaux 0,229 (0,004) 3,306 (0,002) 3,555 (0,002) *** 5,105 (0,002) 5,018 (0,002) ***Institutions internationa<strong>les</strong> 0,165 (0,004) 3,169 (0,002) 3,567 (0,002) *** 5,562 (0,002) 4,924 (0,002) ***Gouvernement national 0,141 (0,004) 3,144 (0,002) 3,575 (0,002) *** 5,447 (0,002) 4,945 (0,002) ***Organisations d'agriculteurs 0,128 (0,004) 3,283 (0,002) 3,531 (0,002) *** 5,128 (0,002) 5,024 (0,002) ***Organisations religieuses 0,083 (0,003) 3,467 (0,002) 3,498 (0,002) ns 4,671 (0,002) 5,069 (0,002) ***Aucun de ceux-là 0,064 (0,002) 4,001 (0,002) 3,461 (0,002) *** 4,521 (0,002) 5,074 (0,002) ***Ne sait pas 0,059 (0,002) 2,969 (0,002) 3,524 (0,002) *** 3,564 (0,002) 5,119 (0,002) ***Industrie 0,046 (0,002) 3,001 (0,002) 3,526 (0,002) *** 5,242 (0,002) 5,026 (0,002) ***Partis politiques 0,030 (0,002) 3,101 (0,002) 3,510 (0,002) *** 5,075 (0,002) 5,037 (0,002) nsLecture : par exemple <strong>les</strong> confiants dans <strong>les</strong> professions médica<strong>les</strong> ont un niveau d’opposition de 3.341 <strong>et</strong> deconnaissances de 5.192 alors que <strong>les</strong> non-confiants dans ces mêmes professions ont des niveaux respectifs d »e3.685 <strong>et</strong> 4.851, dans <strong>les</strong> deux cas la différence de moyenne est significative.* : p < 10%, ** p < 5 %, *** p


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europen’est pas significative concerne <strong>les</strong> organisations religieuses. Le tableau (5) nous montreégalement que ceux qui accordent leur confiance à une organisation pour l’information sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> ont un niveau de connaissances en matière de <strong>biotechnologies</strong> plus important.La seule exception notable est ici la confiance dans <strong>les</strong> organisations religieuses (lacomparaison des moyennes pour <strong>les</strong> partis politiques n’étant pas significative). On constateque ceux qui ne font confiance à aucune de ces organisations ou qui ne savent pas à quiaccorder leur confiance ont également un niveau de connaissances sur le suj<strong>et</strong> plus faible(sans préjuger, est-il besoin de le rappeler, du sens de la causalité éventuelle).Comme il est possible pour <strong>les</strong> différents citoyens européens d’accorder leur confiance dansdifférentes sources d’information, il peut être intéressant de montrer comment sont associées<strong>les</strong> différentes réponses. Il s’agit alors de voir quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> proximités <strong>et</strong> <strong>les</strong> différencespour ces différentes confiances. Nous utilisons ici la méthode de la classification hiérarchique(méthode de Ward) (1963) : c<strong>et</strong>te méthode est adaptée au cas d’un espace euclidien (c’est lecas ici puisque l’ensemble des variab<strong>les</strong> mobilisées ont été codées en 0 <strong>et</strong> 1). C<strong>et</strong>te méthodeconsiste à prendre comme distance entre deux classes la perte d’inertie que l’on encourt en <strong>les</strong>regroupant <strong>et</strong> à agréger <strong>les</strong> individus faisant le moins varier l’inertie intraclasse (on cherche àobtenir à chaque pas un minimum local). (cf. figure 1).- 209 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeFigure 1 : Classification hiérarchique pour <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> de confiance dans l’informationsur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>Source : Eurobaromètre 58.0.La classification hiérarchique m<strong>et</strong> en évidence <strong>les</strong> résultats suivants :• il y a un rapprochement entre <strong>les</strong> confiances pour <strong>les</strong> différentes associations (<strong>les</strong>individus qui ont confiance dans un certain type d’association ont plus tendance à avoirconfiance dans un autre type d’association que dans une autre catégoried’organisation) 71 . De même <strong>les</strong> confiances pour <strong>les</strong> scientifiques (que cela soit <strong>les</strong>professions médica<strong>les</strong> ou <strong>les</strong> universitaires) ont tendance à se rapprocher. On constateque ces deux types de confiance (associations <strong>et</strong> scientifiques) tendent à s’opposer àtoutes <strong>les</strong> autres.• Dans c<strong>et</strong>te dernière catégorie (hors associations <strong>et</strong> scientifiques), on remarque que <strong>les</strong>confiances dans <strong>les</strong> instances internationa<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> gouvernements nationaux serapprochent. Enfin, il existe un fort rapprochement entre industrie <strong>et</strong> partis politiquespuis avec <strong>les</strong> organisations religieuses <strong>et</strong> <strong>les</strong> organisations agrico<strong>les</strong>.71 Si on fait un test d’échelle relative aux réponses sur la confiance dans l’information provenant des associationsde consommateurs, de défense de l’environnement, <strong>et</strong> de protection des animaux, on obtient un alpha deCronbach = 0,624, soit une bonne fiabilité.- 210 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeTout se passe comme si, dans le débat sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>, il y avait la reconnaissance dedeux types de sources d’information spécifiques : <strong>les</strong> associations <strong>et</strong> <strong>les</strong> scientifiques, cesdeux sources s’opposant à toutes <strong>les</strong> autres (relativement discréditées).4.1.2. Jugement sur l’action de certaines organisationsPlus spécifiquement, le questionnaire nous perm<strong>et</strong> de caractériser, au-delà de la confiancedans l’information, le jugement des individus sur l’action spécifique de ces organisations (cf.tableau 6).Par rapport à la confiance dans l’information, <strong>les</strong> actions des différentes organisationsbénéficient toutes d’un taux d’approbation plus élevé. Hormis pour l’action des magasins <strong>et</strong>cel<strong>les</strong> des agriculteurs, la proportion d’individus n’ayant pas d’opinion est plus importanteque celle ayant une mauvaise opinion de l’action de l’organisation pour le bien-être de lasociété. Seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> actions du gouvernement <strong>et</strong> de l’industrie bénéficient d’un tauxd’approbation inférieur à 50%. Les plus grands taux d’approbation concernent <strong>les</strong> actions desmédecins, des associations de patients, des associations de consommateurs <strong>et</strong> de la rechercheuniversitaire. La recherche universitaire est plus valorisée que la recherche industrielle, c<strong>et</strong>tedernière étant toutefois plus considérée que le développement de nouveaux produits parl’industrie. Parmi <strong>les</strong> associations, l’action spécifique de campagne contre <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>,qui est le fait principalement des associations de défense de l’environnement, est moinsconsidérée que la défense d’intérêts de la part des associations de patients <strong>et</strong> que le test deproduits de la part des associations de consommateurs. On peut souligner la déconsidérationdu travail réglementaire <strong>et</strong> législatif du gouvernement, plus déconsidéré que la CommissionEuropéenne. Si on analyse plus précisément un type d’action comparable pour différentesorganisations, on relève que le test de produits par <strong>les</strong> associations de consommateurs apparaîtcomme d’un plus grand intérêt pour la société que l’action de labellisation entreprise par lagrande distribution. On r<strong>et</strong>rouve le même type de comparaison entre la recherche publique <strong>et</strong>la recherche industrielle.- 211 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeTableau 6 : Comparaison des taux d’opposition <strong>et</strong> de connaissances suivant <strong>les</strong> tauxd’approbation de certaines actions des organisationsMoyenne d’approbation pourMoyennes oppositionMoyennes connaissancesl’ensemble de la population Conf. Non conf. Diff. Conf. Non conf. Diff.Médecins surveillant <strong>les</strong> implications en termesde santé des <strong>biotechnologies</strong>0,757 (0,004) 3,490 (0,002) 3,516 (0,002) ns 5,218 (0,002) 4,377(0,002) ***Organisations de patients défendant <strong>les</strong> intérêts deleurs membres0,720 (0,004) 3,544 (0,002) 3,364 (0,002) *** 5,225 (0,002) 4,531(0,002) ***Associations de consommateurs testant <strong>les</strong>produits issus des <strong>biotechnologies</strong>0,703 (0,004) 3,522 (0,002) 3,425 (0,002) *** 5,266 (0,002) 4,428 (0,002) ***Scientifiques universitaires faisant des recherchessur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>0,700 (0,004) 3,390 (0,002) 3,784 (0,002) *** 5,282 (0,002) 4,372 (0,002) ***Journaux <strong>et</strong> magazines faisant des reportages sur<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>0,595 (0,005) 3,496 (0,002) 3,494 (0,002) ns 5,247 (0,002) 4,661 (0,002) ***Associations environnementa<strong>les</strong> faisantcampagne contre <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>0,590 (0,005) 3,792 (0,002) 3,051 (0,002) *** 5,241 (0,002) 4,736 (0,002) ***Scientifiques dans l'industrie réalisant desrecherches sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>0,587 (0,005) 3,257 (0,002) 3,879 (0,002) *** 5,264 (0,002) 4,675 (0,002) ***Magasins s'assurant que notre nourriture est sûre 0,552 (0,005) 3,406 (0,002) 3,626 (0,002) *** 5,160 (0,002) 4,861 (0,002) ***Agriculteurs décidant quels types de cultures fairepousser0,547 (0,005) 3,406 (0,002) 3,614 (0,002) *** 5,150 (0,002) 4,890 (0,002) ***Commission européenne réalisant des lois sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> pour l'ensemble des payseuropéens0,506 (0,005) 3,363 (0,002) 3,653 (0,002) *** 5,246 (0,002) 4,791 (0,002) ***Notre gouvernement faisant des réglementationssur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>Industrie développant de nouveaux produits avec<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>0,459 (0,005) 3,419 (0,002) 3,582 (0,002) *** 5,262 (0,002) 4,786 (0,002) ***0,412 (0,005) 2,950 (0,002) 3,931 (0,002) *** 5,336 (0,002) 4,801 (0,002) ***Lecture : par exemple, <strong>les</strong> personnes approuvant l’action des médecins ont un niveau d’opposition de 3,490 <strong>et</strong> deconnaissances de 5,218, alors que <strong>les</strong> personnes n’approuvant pas l’action de ces derniers ont des niveauxrespectivement de 3,516 <strong>et</strong> 4,377. * p < 10%, ** p < 5 %, *** p < 1% , T-Test d’égalité des moyennes avechypothèses sur l’égalité (ou l’inégalité) des variances ; En gras : Moyenne de groupe significativementsupérieure à celle de l’autre groupe ; Entre parenthèses : Erreur Standard de la moyenne ; Source :Eurobaromètre 58.0.Les personnes approuvant l’action des différents types d’associations (de patients, deconsommateurs <strong>et</strong> de défense de l’environnement) ont également ici un taux d’opposition plusélevé que <strong>les</strong> autres envers la consommation d’OGM. Ils se différencient notammentfortement pour l’approbation des campagnes des associations de défense de l’environnement.Dans tous <strong>les</strong> cas, il est intéressant de relever que <strong>les</strong> personnes approuvant l’action desdifférentes parties prenantes ont un niveau de connaissance plus élevé (sans qu’on puissepréjuger du sens de la causalité).De la même manière, nous avons utilisé la méthode de classification hiérarchique (méthodede Ward) pour voir de quelle manière ces jugements se rapprochent ou s’éloignent (cf. figure2).- 212 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeFigure 2 : Classification hiérarchique pour <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> relatives aux jugements surl’action des organisations en ce qui concerne <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>Source : Eurobaromètre 58.0.C<strong>et</strong>te méthode nous perm<strong>et</strong> de noter qu’il semble y avoir une opposition entre approbation del’action des acteurs économiques <strong>et</strong> des gouvernements (il y a une forte association de cesapprobations) <strong>et</strong> toutes <strong>les</strong> autres actions, avec toutefois une particularité pour la rechercheindustrielle. Dans ce premier groupe, on constate une position spécifique pour <strong>les</strong> associationsde l’environnement : il semble y avoir une opposition entre une action axée sur la liberté <strong>et</strong> lasécurité (en terme de santé) du consommateur (<strong>les</strong> individus approuvant l’action desassociations de patients <strong>et</strong> des médecins tendant à approuver plus l’action des associations deconsommateurs <strong>et</strong> des chercheurs universitaires, puis des magazines <strong>et</strong> journaux, que toutes<strong>les</strong> autres actions) <strong>et</strong> une action centrée sur la défense de l’environnement (positions’inscrivant plus généralement dans une réflexion sur le développement économique). Onremarque, en eff<strong>et</strong>, que si on fait un test d’échelle pour <strong>les</strong> réponses relatives au jugement sur<strong>les</strong> actions des chercheurs universitaires, des organisations de consommateurs, des médecins<strong>et</strong> organisations de patients, on obtient un alpha de Cronbach égal à 0,807 (très bonnefiabilité).Pour étudier la relation entre confiance <strong>et</strong> opposition, on se concentre sur cinq catégoriesd’acteurs qui sont <strong>les</strong> plus importants dans ce débat sur <strong>les</strong> OGM : confiance dans- 213 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europel’information sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> fournie par <strong>les</strong> associations de défense del’environnement, par <strong>les</strong> associations de consommateurs, par l’industrie agbiotech, par <strong>les</strong>scientifiques <strong>et</strong> enfin par <strong>les</strong> pouvoirs publics. Comme on l’a vu précédemment, <strong>les</strong>scientifiques <strong>et</strong> <strong>les</strong> professions médica<strong>les</strong> ont tendance à se rapprocher. De même pour legouvernement national <strong>et</strong> <strong>les</strong> instances internationa<strong>les</strong>. Il existe enfin un léger rapprochemententre <strong>les</strong> industriels <strong>et</strong> <strong>les</strong> organisations d’agriculteurs. Ce regroupement nous perm<strong>et</strong>d’obtenir des résultats plus fiab<strong>les</strong>, vu la taille plus importante de chaque catégorie. Nousavons donc regroupé sous la même catégorie des « scientifiques », <strong>les</strong> scientifiquesuniversitaires <strong>et</strong> de professions médica<strong>les</strong>. De même, nous avons rassemblé le gouvernementnational <strong>et</strong> <strong>les</strong> instances internationa<strong>les</strong> sous le seul groupe « pouvoirs publics ». Enfin, legroupe « industrie agbiotech » comprend <strong>les</strong> organisations d’agriculteurs <strong>et</strong> <strong>les</strong> industriels.4.2. Relations entre confiance <strong>et</strong> opposition (modèle multivarié)Pour aller plus avant dans l’analyse de ces données, différentes méthodes de régressionslogistiques pourraient être utilisées, afin d’estimer l’impact de la confiance dans desdifférentes parties prenantes du débat concernant <strong>les</strong> OGM sur le niveau d’opposition deseuropéens. On risque cependant d’obtenir ici des coefficients biaisés, puisqu’on est dans lecas où l’on peut suspecter la simultanéité des décisions (opposition <strong>et</strong> différents types deconfiance) ; <strong>les</strong> réponses aux différentes questions ne sont pas indépendantes <strong>les</strong> unes desautres. Les déterminants observab<strong>les</strong> <strong>et</strong> inobservab<strong>les</strong> d’un type de confiance sontpotentiellement des variab<strong>les</strong> explicatives des autres types de confiances.Pour prendre en compte c<strong>et</strong>te simultanéité, qui induit donc des risques d’endogénéitéconduisant à des coefficients biaisés. (Cappellari <strong>et</strong> Turati 2004 ; Greene 2003 ; Prouteau <strong>et</strong>Wolff, 2004; Wooldridge, 2002), on procède à l’estimation d’un modèle probit multivariéavec six variab<strong>les</strong> dépendantes (plutôt que six modè<strong>les</strong> probits indépendants) (Greene, 2003;Cappellari <strong>et</strong> Jenkins, 2003). Ce modèle corrélatif nous perm<strong>et</strong> en outre de pouvoir disposerd’un indicateur, le coefficient ρ (Rho) de corrélation des résidus, de la force d’association deces différentes variab<strong>les</strong> (une fois contrôlée par un ensemble d’autres variab<strong>les</strong>) 72 .72 Ces modè<strong>les</strong> « corrélatifs » se différencient de modè<strong>les</strong> « causals », basés également sur l’estimation desystèmes d’équation simultanées, estimés soit par la méthode du maximum de vraisemblance (Heckman, 1979,2001 ; Heckman, Honoré 1990) (par la construction d’une première équation dite de sélection comportant desvariab<strong>les</strong> ne se r<strong>et</strong>rouvant pas dans une seconde équation), soit par la méthode des variab<strong>les</strong> instrumenta<strong>les</strong>(c’est-à-dire qu’il est nécessaire de disposer de variab<strong>les</strong> corrélées avec la variable endogène incluse dans- 214 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeOn r<strong>et</strong>ient ainsi <strong>les</strong> six variab<strong>les</strong> latentes*y1(opposition - désignée OPP),*y2(confiance dansl’information sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> fournie par <strong>les</strong> associations de défense del’environnement - désignée CONFENVI),*y3(confiance dans l’information sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> fournie par <strong>les</strong> associations de consommateurs - désignée CONFCONSO),(confiance dans l’information sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> fournie par l’industrie agbiotech -désignée CONFINDUSTR),*y5(confiance dans l’information sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> fourniepar <strong>les</strong> scientifiques - désignée CONFINSCIENCE) <strong>et</strong> y * 6(confiance dans l’information sur<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> fournie par <strong>les</strong> pouvoirs publics - désignée CONFINPUBLIC).*y4Soit pour ces six variab<strong>les</strong> latentes y * * * * * * ( *1, y2, y3,y 4, y5, y6i.e. yj1si yj0; 0 sinon)système d’équations à estimer :⎧ y = α + Xβ + ε⎪⎪y⎪y⎨⎪y⎪y⎪⎪⎩y= + +*1 1 1 1*2= α2 + Xβ2 + ε2*3= α3+ Xβ3+ε3*4= α4 + Xβ4 + ε4*5= α5 + Xβ5 + ε5*6α6 Xβ6 ε6= > , leavec :X, représentant un vecteur de variab<strong>les</strong> explicatives, identique dans chaque équation.Suivant ce que nous avons précisé auparavant, il comprend des variab<strong>les</strong>sociodémographiques, de valeurs <strong>et</strong> de participation au débat sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> (cf.tableau de synthèse de variab<strong>les</strong> en annexe 3)αi, β iavec i = 1,…6, sont des paramètres à estimerε1, ε2, ε3, ε4, ε5,ε6sont six termes d’erreurs distribués selon une loi normale multivariée,avec chacun une moyenne de 0 <strong>et</strong> une matrice de variance-covariance V, telle que V al’équation <strong>et</strong> non corrélées au terme d’erreur). Ces différentes méthodes ont ainsi pour obj<strong>et</strong> de spécifier le sensde la relation de causalité.- 215 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europedes valeurs de 1 sur la diagonale principale, <strong>et</strong> <strong>les</strong> corrélationsρ = ρ comme autresjkkjéléments 73 .Ce système à six équations simultanées est estimé suivant la méthode de simulation dumaximum de vraisemblance (puisque l’estimation implique le calcul d’une triple intégraledans la fonction de vraisemblance). Le simulateur GHK (Geweke-Hajivassiliou-Keane) peutêtre utilisé (Hajivassiliou 2000). Il correspond à la procédure mvprobit de Stata développé parCappellari <strong>et</strong> Jenkins (2003)). L’utilisation du simulateur GHK implique que <strong>les</strong> résultats sontdépendants du nombre de tirages aléatoires (random draws) utilisés pour calculer la fonctionsimulée de vraisemblance. Cappellari <strong>et</strong> Jenkins (2003) recommandent de choisir un nombrede tirages au moins équivalent à la racine carré de la taille de l’échantillon. En conséquence,le choix de 150 tirages nous perm<strong>et</strong> d’être relativement confiants dans <strong>les</strong> paramètres estimés.Dans le système d’équations, on r<strong>et</strong>ient comme variab<strong>les</strong> indépendantes : <strong>les</strong> différentesvariab<strong>les</strong> sociodémographiques (âge, sexe, âge de fin d’études, revenus, statutsocioprofessionnel, ancien statut socioprofessionnel, lieu de résidence), des variab<strong>les</strong> devaleurs (échelle droite-gauche, approbation de propositions relatives à des valeurs socia<strong>les</strong>,variab<strong>les</strong> en relation avec le débat sur <strong>les</strong> OGM), ainsi que des variab<strong>les</strong> dichotomiques depays comme contrô<strong>les</strong> des eff<strong>et</strong>s pays 74 . On obtient alors <strong>les</strong> estimations suivantes (cf. tableau7).73 La fonction de log-vraisemblance à maximiser est alors : L = log ϕ ( µ Ω), avec ϕ ( µ ;Ω)représentant la fonction de distribution cumulative normale multivariée74 Que nous analyserons en détail dans la section suivante.n∑i=13 i;3 i- 216 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeTableau 7 : Résultats de l’estimation d’un probit multivariéOPP CONFENVI CONFCONSO CONFINDUSTR CONFSCIENCE CONFPUBLICAGE 0.020 (0.005)*** -0.003 (0.004) 0.007 (0.004)* -0.012 (0.005)** -0.008 (0.004)* -0.009 (0.005)*AGE2 -0.014 (0.005)*** 0.003 (0.004) -0.007 (0.004) 0.011 (0.005)** 0.008 (0.005)* 0.009 (0.005)*SEXE (homme) -0.014 (0.024) -0.094 (0.023)*** -0.051 (0.024)** -0.084 (0.028)*** -0.058 (0.024)** 0.045 (0.025)*ETUDES16-19 -0.011 (0.032) 0.106 (0.031)*** 0.090 (0.031)*** -0.019 (0.036) 0.041 (0.032) 0.040 (0.034)ETUDES20+ -0.019 (0.038) 0.142 (0.036)*** 0.126 (0.037)*** -0.043 (0.043) 0.115 (0.038)*** 0.124 (0.039)***TOUJOURSETUDES 0.047 (0.144) 0.031 (0.135) -0.015 (0.131) -0.100 (0.155) 0.360 (0.145)** 0.206 (0.137)REVENU- -0.025 (0.038) 0.021 (0.037) 0.053 (0.037) 0.029 (0.042) 0.053 (0.038) 0.063 (0.040)REVENU+ -0.020 (0.042) 0.059 (0.040) 0.087 (0.040)** -0.062 (0.047) 0.070 (0.041)* 0.144 (0.043)***REVENU++ -0.114 (0.044)*** 0.003 (0.041) 0.100 (0.042)** -0.058 (0.049) 0.125 (0.043)*** 0.154 (0.044)***REVENUNESAITPAS 0.020 (0.036) -0.017 (0.034) 0.041 (0.035) -0.084 (0.040)** -0.045 (0.035) -0.020 (0.038)PETITEMOYENNEVILLE -0.095 (0.026)*** 0.067 (0.025)*** 0.078 (0.026)*** -0.027 (0.030) -0.021 (0.026) 0.034 (0.027)GRANDEVILLE -0.086 (0.029)*** 0.075 (0.028)*** 0.066 (0.028)** -0.052 (0.033) 0.001 (0.029) 0.095 (0.030)***ECHELLECONAISSANCE -0.039 (0.051) 0.174 (0.053)*** 0.064 (0.052) 0.128 (0.063)** 0.112 (0.050)** 0.072 (0.057)ECHELLECONAISSANCE2 0.008 (0.013) -0.023 (0.013)* -0.006 (0.013) -0.020 (0.016) -0.016 (0.013) -0.010 (0.014)PUBBIOTECHNON 0.059 (0.026)** -0.075 (0.025)*** -0.054 (0.025)** -0.090 (0.029)*** -0.018 (0.027) -0.086 (0.027)***PUBBIOTECHNESAITPAS -0.101 (0.040)** -0.014 (0.038) -0.038 (0.038) -0.068 (0.045) -0.058 (0.038) -0.102 (0.040)**TVBIOTECHNON 0.081 (0.029)*** -0.164 (0.028)*** -0.246 (0.029)*** -0.033 (0.034) -0.241 (0.029)*** -0.184 (0.031)***TVBIOTECHNESAITPAS -0.303 (0.048)*** -0.220 (0.044)*** -0.122 (0.044)*** -0.088 (0.053)* -0.237 (0.043)*** -0.091 (0.048)*FREQPARLEBIO 0.094 (0.049)* 0.055 (0.047) -0.025 (0.047) 0.096 (0.053)* -0.005 (0.049) 0.092 (0.049)*OCCASPARLEBIO 0.113 (0.029)*** 0.087 (0.028)*** 0.131 (0.028)*** -0.060 (0.033)* 0.045 (0.029) 0.100 (0.030)***UNEFOISPARLEBIO 0.080 (0.032)** 0.034 (0.031) 0.046 (0.031) -0.115 (0.037)*** 0.079 (0.032)** 0.071 (0.033)**PEUINTERETPOL -0.047 (0.028)* -0.040 (0.026) -0.079 (0.026)*** -0.033 (0.031) -0.008 (0.028) -0.088 (0.028)***RAREMENTNTSPOL -0.031 (0.033) -0.100 (0.032)*** -0.171 (0.032)*** -0.020 (0.038) -0.022 (0.033) -0.121 (0.034)***PEUINTERETSCIENCE 0.114 (0.028)*** 0.026 (0.026) 0.006 (0.027) -0.074 (0.031)** -0.133 (0.028)*** -0.057 (0.028)**RAREMENTINTSCIENCE 0.226 (0.034)*** -0.017 (0.032) -0.072 (0.033)** -0.097 (0.038)** -0.204 (0.034)*** -0.179 (0.035)***PEUINTSECUALIM -0.145 (0.025)*** -0.145 (0.024)*** -0.089 (0.025)*** -0.049 (0.029)* -0.024 (0.025) 0.108 (0.026)***RAREMENTINSECUALIM -0.352 (0.034)*** -0.295 (0.032)*** -0.116 (0.033)*** 0.054 (0.037) 0.053 (0.033) 0.192 (0.034)***CROISSANCEDES 0.191 (0.025)*** 0.014 (0.024) -0.090 (0.024)*** -0.071 (0.028)** -0.167 (0.025)*** -0.204 (0.026)***CROISSANCENESAITPAS -0.018 (0.041) -0.150 (0.039)*** -0.126 (0.040)*** -0.221 (0.048)*** -0.182 (0.039)*** -0.195 (0.043)***EXPLOINNATDES 0.307 (0.024)*** 0.089 (0.023)*** 0.079 (0.023)*** -0.161 (0.027)*** -0.105 (0.024)*** -0.095 (0.025)***EXPLOINATNESAITPAS 0.054 (0.042) -0.049 (0.040) -0.069 (0.041)* -0.172 (0.048)*** -0.098 (0.040)** -0.100 (0.044)**NONTRADVALDES 0.185 (0.026)*** -0.013 (0.025) 0.025 (0.025) -0.122 (0.029)*** 0.006 (0.026) 0.009 (0.027)NONTRADVALSAITPAS -0.016 (0.040) -0.017 (0.037) -0.080 (0.038)** -0.102 (0.044)** -0.029 (0.038) -0.087 (0.041)**ENTREPRISEDES -0.019 (0.026) 0.022 (0.025) -0.010 (0.025) -0.097 (0.029)*** -0.020 (0.026) -0.030 (0.026)ENTERPRISENESAITPAS -0.074 (0.032)** -0.018 (0.031) -0.048 (0.031) -0.151 (0.037)*** -0.056 (0.031)* -0.104 (0.034)***POLITIQUEGAUCHE -0.121 (0.048)** -0.035 (0.047) 0.037 (0.047) -0.116 (0.055)** 0.089 (0.048)* 0.100 (0.051)**POLITIQUECENTRE -0.148 (0.046)*** -0.111 (0.044)** 0.003 (0.045) -0.007 (0.052) 0.106 (0.045)** 0.093 (0.048)*POLITIQUEDROITE -0.204 (0.051)*** -0.224 (0.049)*** -0.086 (0.049)* 0.073 (0.056) 0.143 (0.050)*** 0.116 (0.053)**POLITIQUEDROITE++ -0.275 (0.069)*** -0.306 (0.067)*** -0.248 (0.067)*** 0.194 (0.074)*** 0.179 (0.068)*** 0.040 (0.072)POLITIQUEREFUS -0.158 (0.049)*** -0.212 (0.047)*** -0.100 (0.048)** -0.034 (0.055) -0.001 (0.048) 0.014 (0.052)CONSTANTE -0.808 (0.176)*** -0.278 (0.171) -0.221 (0.172) -0.094 (0.198) 0.246 (0.172) -1.062 (0.187)***Log pseudolikelihood -50828.874Wald χ2 (426) 5914.85***LRtest ofρij (15) 3169.99***ρ OPP CONFENVI CONFCONSO CONFINDUSTR CONFSCIENCE CONFPUBLICOPP - 0.048 (0.014)*** -0.013 (0.014) -0.065 (0.017)*** -0.094 (0.014)*** -0.104 (0.015)***CONFENVI - 0.507 (0.014)*** 0.287 (0.016)*** 0.110 (0.014)*** 0.153 (0.014)***CONFCONSO - 0.319 (0.016)*** 0.197 (0.014)*** 0.234 (0.015)***CONFINDUSTRI - 0.264 (0.017)*** 0.279 (0.017)***CONFSCIENCE - 0.311 (0.016)***CONFPUBLIC -OBSERVATIONS 15099Lecture : * p-value


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeLe test du rapport de vraisemblance de ρ (positif) nous perm<strong>et</strong> de justifier l’estimation de ceprobit multivarié <strong>et</strong> non de six probits indépendants : l’hypothèse H0 de nullité conjointe des15 ρijpeut être rej<strong>et</strong>ée (p-value


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europel’environnement <strong>et</strong> des consommateurs <strong>et</strong>, seulement pour <strong>les</strong> étudiants, de la confiancedans <strong>les</strong> scientifiques.La connaissance• Le niveau de connaissance n’a pas d’influence significative sur l’opposition auxOGM, par contre il influence positivement la confiance dans l’information donnée par<strong>les</strong> associations de défense de l’environnement, l’industrie agbiotech <strong>et</strong> <strong>les</strong> scientifiques.Variab<strong>les</strong> de valeurs politiques <strong>et</strong> socia<strong>les</strong>• Les variab<strong>les</strong> relatives à l’échelle politique influencent sensiblement de la mêmemanière <strong>les</strong> différentes variab<strong>les</strong> dépendantes. En eff<strong>et</strong>, par rapport aux personnes sesituant à gauche, <strong>les</strong> personnes plus à droite ou ne se situant pas sur l’échelle politiqu<strong>et</strong>endent à moins s’opposer aux OGM, à être moins confiantes dans l’information desassociations de défense de l’environnement ou des consommateurs, mais plus confiantsdans l’information fournie par <strong>les</strong> industriels <strong>et</strong> <strong>les</strong> scientifiques.• Le fait de ne pas participer à une discussion publique sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> augmentel’opposition aux OGM, mais diminue la confiance dans <strong>les</strong> associations de défense del’environnement, de consommateurs, l’industrie <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> pouvoirs publics.• On r<strong>et</strong>rouve le même type d’influence pour <strong>les</strong> personnes qui ne s’informent pas sur <strong>les</strong>uj<strong>et</strong>, à la différence que ces personnes ont tendance à faire moins confiance auxscientifiques.• Outre une opposition « de gauche », on peut m<strong>et</strong>tre en évidence un autre typeparticulier d’opposition aux OGM. Les personnes qui s’opposent alors qu’el<strong>les</strong> ne fontpas confiance aux diverses organisations sont des personnes qui ne se sentent pasconcernées. Autrement dit, il s’agirait d’une opposition basée sur l’absence de recherched’information.Plus précisément, pour m<strong>et</strong>tre en évidence la manière dont <strong>les</strong> différentes variab<strong>les</strong>dépendantes sont reliées <strong>les</strong> unes aux autres, on peut calculer <strong>les</strong> différentes probabilitésconditionnel<strong>les</strong>⎛ ⎛y1. ,i= ⎞⎞⎜ie p ⎜∀ i, j=1,2,3,4,5,6yj= 1⎟⎟ (cf. tableau 8).⎝ ⎝ ⎠⎠- 219 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeProbabilité de (ligne)sachant (colonne)Tableau 8 : Tableau des probabilités conditionnel<strong>les</strong>OPP CONFENVI CONFCONSO CONFINDUSTR CONFSCIENCE CONFPUBLICOPP 1 0.355 0.332 0.281 0.308 0.273CONFENVI 0.486 1 0.620 0.606 0.483 0.529CONFCONSO 0.476 0.649 1 0.633 0.521 0.605CONFINDUSTR 0.150 0.235 0.235 1 0.213 0.274CONFSCIENCE 0.622 0.713 0.734 0.809 1 0.821CONFPUBLIC 0.231 0.327 0.357 0.437 0.344 1Lecture : p.ex. P( y2=1/ y1=1) = 0.486. Erreurs standard entre parenthèses.On voit la manière dont <strong>les</strong> différentes décisions sont reliées entre el<strong>les</strong>. Ainsi, la probabilitéd’être opposé aux OGM sachant qu’on est confiant dans l’information fournie par <strong>les</strong>associations de défense de l’environnement est de 0,355, alors que celle d’être opposé auxOGM sachant qu’on est confiant dans l’information donnée par <strong>les</strong> industriels est de 0,281.Inversement, la probabilité d’être confiant dans <strong>les</strong> associations de défense del’environnement sachant qu’on est opposé est de 0,486 ; elle n’est que de 0,150 pour laprobabilité de faire confiance aux industriels.Tableau 9 : Tableau des pourcentages d’augmentationAugmentation de la probabilité de(ligne) sachant (colonne) par rapport à OPP CONFENVI CONFCONSO CONFINDUSTR CONFSCIENCE CONFPUBLICla probabilité inconditionnelleOPP ---- +7,9 +0,9 -14,6 -6,4 -17,0CONFENVI +7,8 ---- +37,5 +34,4 +7,1 +17,3CONFCONSO +0,8 +37,5 ---- +34,1 +10,4 +28,2CONFINDUSTR -14,3 +34,3 +34,3 ---- +21,7 +56,6CONFSCIENCE -6,5 +7,2 +10,4 +21,7 ---- +23,5CONFPUBLIC -17,2 +17,2 +28,0 +56,6 +23,3 ----Lecture : le fait d’être opposant conduit à une augmentation de 7,8% de la probabilité d’être confiants dans <strong>les</strong>associations de l’environnementEn comparant avec la probabilité inconditionnelle( py ( = 1), ∀ i= 1, 2,3, 4,5,6)d’être opposé,on en déduit que le fait d’être confiant dans <strong>les</strong> associations de défense de l’environnementconduit à une augmentation de 7,9% de la probabilité d’être opposé aux OGM. Par contre, lefait d’être confiant dans <strong>les</strong> industriels, <strong>les</strong> scientifiques ou <strong>les</strong> institutions publiques conduit àune baisse de la probabilité de s’opposer aux OGM (respectivement de 14,6%, 6,4% <strong>et</strong> 17%)(cf. tableau 9). On remarque que la probabilité d’être confiant dans un type de partie prenantei- 220 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europeest toujours influencée positivement par le fait d’être confiant dans une autre partie (avec desfacteurs plus ou moins importants).4.3. Structure du débat sur <strong>les</strong> OGM par pays (eff<strong>et</strong> pays)Pour aller plus loin dans l’analyse, il est important de m<strong>et</strong>tre en évidence la diversité de larépartition de l’opposition <strong>et</strong> de la confiance suivant <strong>les</strong> différents pays européens. On peut icitenter de caractériser c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> « pays ». Dans ce but, si on prend <strong>les</strong> moyennes par pays, onconstate que la perception du risque de la production des OGM apparaît relativementindépendante de la perception de son utilité ou de son acceptabilité morale (p>90%). Laconfiance dans <strong>les</strong> associations est corrélée positivement à l’opposition (R=0,43 avecp


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeFigure 3 : Répartition des désaccords pour l’usage alimentaire des OGM selon le niveau deconnaissances en <strong>biotechnologies</strong> par pays en EuropeSomme des désaccords sur l'usage alimentaire des OGM4,504,003,503,002,50GreceBas niveau de connaissances en<strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> tendances aurej<strong>et</strong> des OGMPortugalIrlandeItalieEspagneAutricheBelgiqueBas niveau de connaissances en<strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> tendances àl'acception des OGMAllemagneLuxembourgHaut niveau de connaissances en<strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> tendances au rej<strong>et</strong> desOGMFranceFinlandePays BasNorvègeRoyaume UniDanemarkSuèdeHaut niveau de connaissances en<strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> tendances à l'acceptiondes OGM4,00 4,50 5,00 5,50 6,00 6,50Niveau de connaissances en <strong>biotechnologies</strong>ource : Eurobaromètre 58.0, 2002.SIl n’existe pas de relation directe entre position sur <strong>les</strong> OGM <strong>et</strong> connaissance enbiotechnologie : le Royaume Uni, la Finlande, la France <strong>et</strong> le Luxembourg ont ainsi un niveaude connaissance équivalent, alors qu’ils sont situés à des positions très différentes sur un axe« somme des désaccords à l’usage alimentaire des OGM ». On r<strong>et</strong>rouve ici la relationexistante au niveau individuel en Europe 75 .75 Le V de cramer – indicateur d’association entre deux variab<strong>les</strong> qualitatives - entre ces deux variab<strong>les</strong>(opposition <strong>et</strong> niveau de connaissance sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>) qui est de 0,016 avec p>24% montre clairementl’indépendance entre niveau de connaissance en biotechnologie <strong>et</strong> position pour ou contre <strong>les</strong> OGM à usagealimentaire.- 222 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeOn peut, de manière heuristique, voir si on a des structures différentes du débat sur <strong>les</strong> OGMsuivant des groupes de pays européens : suivant <strong>les</strong> opinions sur différentes propositionsrelatives aux OGM, comment <strong>les</strong> confiances, la connaissance ou <strong>les</strong> jugements sur l’actiondes organisations varient-el<strong>les</strong> ? On en établit alors une cartographie du débat sur <strong>les</strong> OGM.Ceci peut se mener par une classification hiérarchique. On prend en compte ici uniquement<strong>les</strong> opinions sur <strong>les</strong> différentes propositions relatives aux OGM, ce qui conduit à obtenirl’arbre hiérarchique suivant (cf. figure 4) 76 .Par rapport aux réponses moyennes sur <strong>les</strong> différentes propositions relatives aux OGM, onvoit ainsi apparaître certaines proximités <strong>et</strong> différences entre <strong>les</strong> pays :• ainsi le Royaume Uni (groupe 4) apparaît comme fortement différent de l’ensembledes autres pays européens ;• un premier groupe qui tend à s’opposer à l’ensemble des autres pays européens estcelui constitué par la France, la Grèce, l’Italie <strong>et</strong> le Luxembourg (groupe1) ;• en ce qui concerne l’ensemble des autres pays européens, le Danemark <strong>et</strong> la Norvège(groupe 2) se ressemblent fortement <strong>et</strong> se différencient des autres pays ;• le groupe 3 regroupe la majorité de la population européenne, il y a d’abord uneproximité Allemagne / Finlande, Irlande /Portugal puis Belgique <strong>et</strong> Pays Bas.L’Espagne, l’Autriche puis la Suède ne rejoignent que tardivement ce groupe.Il apparaît ainsi pertinent de construire quatre groupes de pays. On peut faire descomparaisons de moyennes suivant ces groupes. On reporte ici le tableau synthétique de cescomparaisons (le tableau compl<strong>et</strong> est en annexe 4).Le résultat important de ce tableau est que, suivant <strong>les</strong> différents contextes nationaux, <strong>les</strong>individus ne donnent pas la même importance à différentes propositions relatives à lalégitimité de la production d’OGM : c<strong>et</strong>te classification est en eff<strong>et</strong> fondée sur <strong>les</strong> niveauxd’accord avec certaines propositions. On m<strong>et</strong> ainsi en évidence la diversité des arguments ouacteurs perçus comme légitimes dans le débat sur <strong>les</strong> OGM, indépendamment de la nature dela position.76 Les variab<strong>les</strong> n’étant plus dichotomiques, on utilise la méthode du lien moyen entre <strong>les</strong> groupes (AverageLinkage B<strong>et</strong>ween Groups).- 223 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeFigure 4 : Classification hiérarchique des pays européens à partir des variab<strong>les</strong> depositionnement sur <strong>les</strong> OGM.Source : Eurobaromètre 58.0.- 224 -


Tableau 10 : Synthèse des caractéristiques des différents groupes de pays identifiésGroupe 1 France, Grèce, Italie, Luxembourg 2 Danemark, Norvège3 Allemagne, Finlande, Irlande,Portugal, Belgique, Pays-Bas, Espagne,Autriche, Suède4 Royaume-UniFavorable aux OGM (5%)Favorab<strong>les</strong> aux OGM (9%)Favorab<strong>les</strong> aux OGM (10%)Favorab<strong>les</strong> aux OGM (17%)Part de la populationSans opposition aux OGM (10%) Sans opposition aux OGM (12%) Sans opposition aux OGM (19%) Sans opposition aux OGM (28%)Opposante aux OGM (43%)Opposantes aux OGM (36%) Opposantes aux OGM (30%)Opposantes aux OGM (23%)Niveau moyen d’opposition 4,10 Niveau moyen d’opposition 3,86 Niveau moyen d’opposition 3,30 Niveau moyen d’opposition 2,76Confiances1. Médecins (55%)2. Asso. Environnement (49%) (+)3. Asso. Consommateurs (48%)4. Universitaires (30%)5. Asso. Animaux (26%)1. Asso. Consommateurs (56%) (+)2. Médecins (49%)3. Universitaires (45%) (+)4. Asso. Environnement (42%)(-)5. Gouv ts nationaux (30%) (+)1. Médecins (56%)2. Asso. Consommateurs (47%)3. Asso. Environnement (45%)4. Universitaires (40%)5. Journaux (26%) (+)1. Médecins (58%) (+)2. Universitaires (45%) (+)3. Asso. Environnement (44%)4. Asso. Consommateurs (34%) (-)5. Asso. Animaux (30%) (+)Approbations1. Asso. Patients (81%) +2. Médecins (80%)3. Asso. Consommateurs (75%)4. Universitaires (73%)5. Asso. Environnement (66%) +1. Médecins (83%) (+)2. Universitaires (78%) (+)3. Asso. Consommateurs (77%) (+)4. Asso. Patients(75%)5. Journaux (67%)1. Médecins (78%)2. Asso. Consommateurs (73%)3. Universitaires (73%)4. Asso. Patients (71%)5. Journaux (66%)1. Universitaires (71%)2. Médecins (71%)( -)3. Scientifiques industrie (66%) (+)4. Asso. Consommateurs (61%) (-)5. Asso. Patients (61%) (-)Position générale (pour lasociété)Utilité : 27% (-)Risqué : 57%Acceptable moralement : 24% (-)A encourager : 21% (-)Utilité : 52%Risqué : 71% (+)Acceptable moralement : 41%A encourager : 31%Utilité : 45%Risqué : 51%Acceptable moralement : 41%A encourager : 36%Utilité : 51%Risqué : 51%Acceptable moralement : 43%A encourager : 38%Consommateurs : 17% (-)Consommateurs : 27%Consommateurs : 32%Consommateurs : 63% (+)Utilité spécifiqueFaim monde 37% (-)Faim monde 54%Faim monde 47%Faim monde 61% (+)Industrie 55%Industrie 53%Industrie 45%Industrie 27% (-)Economie 33% (-)Economie 48%Economie 39%Economie 50%Générations futures 15% (-)Générations futures 18%Générations futures 22%Générations futures 20%Santé 17% (-)Santé 27%Santé 29%Santé 34% (+)Caractère non dangereuxOrdre naturel 14%Ordre naturel 14%Ordre naturel 19%Ordre naturel 21% (+)des OGMSain manger 16% (-)Sain manger 25%Sain manger 26%Sain manger 57% (+)Environnement 20% (-)Environnement 22%Environnement 30%Environnement 32%Encadrement <strong>et</strong> capacité dejugementFuture recherche 39%Réglementations 19% (-)Liberté choisir 56%Opinion sûre 61%Jugement facile 41%Jugement important 83% (+)Future recherche 43%Réglementations 23%Liberté choisir 90% (+)Opinion sûre 62%Jugement facile 47% (+)Jugement important 78%Future recherche 43%Réglementations 26%Liberté choisir 60%Opinion sûre 47%Jugement facile 31%Jugement important 68%Future recherche 33% (-)Réglementations 34% (+)Liberté choisir 47% (-)Opinion sûre 49%Jugement facile 28% (-)Jugement important 67%Source Eurobaromètre 58.0 ; lecture : (+) pourcentage significativement supérieur à ceux des autres groupes de pays ; (-) pourcentage significativement inférieur à ceux des autres groupes de pays (voir annexe 4).


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europe• La particularité du groupe 1 : une plus grande opposition <strong>et</strong> place particulière desassociations. La part de la population opposante aux OGM est la plus élevée <strong>et</strong> concerne 43%de l’ensemble de la population de ces pays. Uniquement 5 % de la population est entièrementfavorable, <strong>et</strong> 10% seulement n’expriment aucune opposition. La confiance attribuée àl’information, ainsi que l’approbation de l’action des associations de défense del’environnement, sont <strong>les</strong> plus fortes de l’ensemble des groupes de pays européens. A ce titre,<strong>les</strong> associations (qu’el<strong>les</strong> soient de consommateurs, de défense de l’environnement ou desanimaux, de patients) ont une place particulière. Il s’agit du groupe de pays où lacondamnation morale des OGM est la plus importante <strong>et</strong> l’utilité perçue de c<strong>et</strong>te production laplus faible (que cela soit pour la société en général, pour <strong>les</strong> consommateurs ou pour luttercontre la faim dans le monde).• La particularité du groupe 2 : une situation de dilemme (risque contre utilité), mais <strong>les</strong>entiment de la capacité à choisir. Il semble y avoir une perception du risque élevé (71% descitoyens de ces pays pensent que la production d’OGM est risquée), mais également del’utilité (ils sont ainsi 52% à penser qu’elle est toutefois utile). Il semble ainsi que le débat sur<strong>les</strong> OGM soit dans ces pays dans un contexte de dilemme. Les actions des médecins,associations de consommateurs <strong>et</strong> chercheurs universitaires sont jugées de manière plusfavorable que dans <strong>les</strong> autres groupes de pays. On y compte également une grande confiancedans <strong>les</strong> gouvernements nationaux (30%). Les personnes ont en outre fortement le sentimentde pouvoir garder leur capacité à choisir dans le futur entre <strong>les</strong> aliments OGM <strong>et</strong> non-OGM :ils sont ainsi 90% à penser cela. Ils ont aussi le taux le plus élevé à penser que le jugementconcernant le bien-fondé des OGM est plus facile. 62% sont également sûrs de leur jugement.Au total, on relève une plus grande légitimité pour <strong>les</strong> organisations de consommateurs ou <strong>les</strong>universitaires que dans <strong>les</strong> autres groupes de pays.• Le groupe 3 comme position moyenne européenne. Ce groupe compte la plus grande part dela population européenne <strong>et</strong> apparaît comme une position moyenne : il n’a que peu de tauxsignificativement supérieur ou inférieur à ceux des autres groupes. Comme le montre l<strong>et</strong>ableau en annexe, ces taux concernent une approbation plus forte de l’action des magasinss’assurant de la sûr<strong>et</strong>é des aliments (62%), ainsi que de l’action du gouvernement national(56%). L’argument de l’utilité des OGM pour lutter contre la faim dans le monde n’est pastellement discuté (taux d’accord de 47%), mais 45% des personnes pensent tout de même que- 226 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europe<strong>les</strong> OGM sont d’abord bonnes pour l’industrie biotechnologique. C’est donc à partir de cegroupe que l’on peut différencier <strong>les</strong> autres.• La particularité du groupe 4 : une relative acception fondée sur l’utilité pour leconsommateur. C’est seulement au Royaume-Uni que la part des personnes n’ayant aucuneopposition à la consommation d’OGM est supérieure à celle ayant une totale opposition. Laproduction d’OGM est perçue comme relativement acceptable au point de vue moral (43%) <strong>et</strong>doit être encouragée (38%). Les aliments issus des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> apparaissentcomme sains à manger (57%), uti<strong>les</strong> pour le consommateur ou pour lutter contre la faim dansle monde. Sur ces deux derniers points, le Royaume-Uni se différencie fortement des autrespays européens. A ce titre, <strong>les</strong> réglementations actuel<strong>les</strong> sont suffisantes (34%). On constateégalement une forte confiance dans l’activité des scientifiques de l’industrie (66%). Dans cepays, on perçoit une plus grande légitimité des scientifiques, aussi bien au niveau del’information que de l’action de recherche : non seulement dans <strong>les</strong> universités, maiségalement dans la recherche privée.ConclusionAvant d’en venir aux enseignements de notre étude relativement aux déterminants del’opposition, on peut souligner que <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> relèvent bien d’un universcontroversé au sens de Godard (1993). En eff<strong>et</strong> <strong>les</strong> principaux développements en<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sont pour l’instant essentiellement employées pour l’alimentationdu bétail ou dans des produits dérivés pour l’alimentation humaine (lécithine de soja, hui<strong>les</strong>végéta<strong>les</strong>, <strong>et</strong>c.). A ce titre <strong>les</strong> consommateurs européens ne sont pas directement affectés. Autotal, <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> cultures concernées par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sont cel<strong>les</strong> quientrent dans le processus industriel <strong>et</strong> qui concernent essentiellement l’alimentation animale.De manière générale, la confiance dans l’information donnée par certains acteurs (comme <strong>les</strong>associations de défense de l’environnement, <strong>les</strong> industriels ou <strong>les</strong> gouvernements), mais quiplus est dans l’action menée par ces différents acteurs, est un facteur important expliquant <strong>les</strong>différences de comportement en matière de consommation des produits contenant des OGM.Notre approche confirme <strong>les</strong> résultats de différentes recherches, utilisant le même type dedonnées (enquêtes transnationa<strong>les</strong> dont <strong>les</strong> vagues précédentes des Eurobaromètres) (Gaskell<strong>et</strong> al., 2004 ; Priest <strong>et</strong> al., 2003 ; Pardo <strong>et</strong> al., 2002 ; Sturgis <strong>et</strong> al., 2005), ou mobilisant- 227 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europed’autres méthodologies (Cook <strong>et</strong> al., 2002 ; Lang <strong>et</strong> al., 2003), sur l’importance des attitudes<strong>et</strong> valeurs individuel<strong>les</strong> <strong>et</strong> de l’inscription dans certains réseaux sociaux, ou « l’importancedes valeurs généra<strong>les</strong> ou “visions du monde” » 77 (Pardo <strong>et</strong> al., 2002 : 9). Plus précisément,nous rejoignons <strong>les</strong> conclusions de Huffman (2003) 78 sur l’impact fort de la confiance dans<strong>les</strong> associations de défense de l’environnement.Nous pouvons plus particulièrement souligner <strong>les</strong> points suivants :(1.) On a pu noter qu’il y a une répartition particulière des types de confiance dans <strong>les</strong>organisations suivant le niveau d’opposition à l’usage alimentaire des OGM. Ainsi, <strong>les</strong>opposants ont tendance à faire en moyenne plus confiance aux différents typesd’associations, non seulement au plan de l’information qu’el<strong>les</strong> fournissent sur le suj<strong>et</strong>,mais également sur le type d’actions qu’el<strong>les</strong> proposent. S’il y a la reconnaissancespécifique de l’information associative, on voit toutefois qu’il y a bien, pour <strong>les</strong>individus, une division n<strong>et</strong>te entre le soutien pour l’action des associations deconsommateurs (axée sur l’information <strong>et</strong> l’étiqu<strong>et</strong>age) <strong>et</strong> <strong>les</strong> campagnes desassociations de défense de l’environnement (axées sur remise en cause de « l’économieproductiviste »), <strong>les</strong> associations de protection des animaux étant cel<strong>les</strong> pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong>on relève la plus faible confiance. Les individus semblent en eff<strong>et</strong> avoir des positionsdifférentes suivant qu’ils s’intéressent à telle ou telle partie du problème. Ceci rejointbien la distinction établie par Paul B Thompson (1997) entre conséquences involontaires(unintended consequences) relatives à la santé, <strong>et</strong> conséquences socia<strong>les</strong> (relatives auxquestions de justice sociale <strong>et</strong> économique) des <strong>biotechnologies</strong>. On voit ainsi seconstruire deux types principaux d’oppositions aux OGM : une autour de la liberté <strong>et</strong> lasécurité du consommateur, <strong>et</strong> l’autre autour de la réflexion sur le système économique.(2.) On peut donc faire une différence entre perception du risque, perception de l’utilité,<strong>et</strong> opposition aux OGM. Pour comprendre c<strong>et</strong>te relation, il a fallu s’intéresser auxacteurs perçus comme légitimes dans la diffusion de l’information ou dans leur action.On a pu voir que <strong>les</strong> oppositions étaient moins fortes pour <strong>les</strong> propositions relatives àl’usage alimentaire des OGM, dès lors que <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> perm<strong>et</strong>traient de mieux77 “the importance of general value orientations or “worldviews”78 “which reduces consumers’ willingness to pays, pushes some individuals out of the mark<strong>et</strong> and increases theprobability that all consumers are out of the mark<strong>et</strong> for GM foods”- 228 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europedéfendre l’environnement <strong>et</strong> non conduire à des aliments ayant meilleur goût ou étantmoins chers. Ce fait rejoint l’étude de Environics International : commentant <strong>les</strong>résultats, la FAO (2004 : 92) relève que : « <strong>les</strong> répondants semblent plus enclins àaccepter <strong>les</strong> applications de la biotechnologie animale qui comportent des avantagestangib<strong>les</strong>, notamment pour la santé humaine, que lorsqu’il s’agit d’en tirer des avantageséconomiques, comme l’intensification de la productivité ».(3.) La compréhension du débat sur <strong>les</strong> OGM implique en eff<strong>et</strong> d’identifier <strong>les</strong> acteursperçus comme légitimes à intervenir : on a enfin pu voir une construction spécifique dudébat suivant <strong>les</strong> pays européens (quatre idéaux types de pays). Il y a par contre uneforte corrélation entre la part des opposants <strong>et</strong> la part des confiants en toute circonstanceenvers <strong>les</strong> associations de défense de l’environnement. Il y a ainsi une relationimportante entre la position pour ou contre <strong>les</strong> OGM <strong>et</strong> la confiance générale dans <strong>les</strong>associations de l'environnement (non seulement pour <strong>les</strong> OGM, mais aussi en matière desanté <strong>et</strong> d'environnement), <strong>et</strong> ceci notamment en France (où paradoxalement <strong>les</strong> Françaisfont plus confiance à ces associations en matière d’information sur la santé <strong>et</strong> <strong>les</strong>Biotechnologies que sur <strong>les</strong> problèmes spécifiquement environnementaux). Lesdifférentes confiances coexistent. On r<strong>et</strong>rouve le résultat du « trust gap » analysé parPriest <strong>et</strong> al. (2003) qui expliquent la différence dans le niveau de consommation deproduits biotechnologiques entre l’Europe <strong>et</strong> <strong>les</strong> Etats-Unis par la plus grande confianceen Europe dans <strong>les</strong> associations de consommateurs <strong>et</strong> de défense de l’environnement, <strong>et</strong>par celle plus importante aux États-Unis dans l’industrie <strong>et</strong> <strong>les</strong> firmes agbiotech <strong>et</strong> nonl’éducation ou la connaissance 79 .(4.) Ce « trust gap » existe également au niveau microéconomique : en eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong>européens ont tendance à faire confiance à ou approuver l’action de plusieurs types departies prenantes dans le débat. On r<strong>et</strong>rouve alors <strong>les</strong> résultats du modèle de Becker(1996). Dans un cadre analytique très différent, c<strong>et</strong>te position est également celle de lathéorie de la justification (Godard 2004). Suivant Becker (1996) <strong>et</strong> Huffman (2003),pour un même individu, il y a coexistence des confiances envers différents acteurs en79 “Analysis based on “trust gap” variab<strong>les</strong> (defined as numerical differences b<strong>et</strong>ween trusts in specific pairs ofactors) did predict nationals levels of encouragement for several applications, suggesting an opinion formationclimate in which audiences are actively choosing among comp<strong>et</strong>ing claims. Differences b<strong>et</strong>ween European andUS Reactions to biotechnology appear to be a result of different trust and especially “trust gap” patterns ratherthan differences in knowledge or education”.- 229 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europematière d’information sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> c’est le rapport entre le niveau dechacune qui détermine la décision finale. Ceci conduit à des propositions théoriquesimportantes au plan de l’analyse économique. Il est nécessaire d’incorporer <strong>les</strong> valeurs<strong>et</strong> la perception dans la théorie économique du consommateur. Notre analyse empiriquepeut être alors vue comme une première corroboration de tel<strong>les</strong> analyses théoriques.Pour aller plus avant sur ce point, <strong>et</strong> véritablement affirmer ce résultat, il serait alorsnécessaire de pouvoir disposer d’échel<strong>les</strong> subjectives de confiance envers une partieprenante du débat (ce qui perm<strong>et</strong>trait alors de disposer d’une échelle de « trust gap » auniveau individuel).(5) Au plan normatif, comme le relèvent Joly <strong>et</strong> Marris, le problème des <strong>biotechnologies</strong>n’est pas une simple question d’information, contrairement à la plupart des politiques degestion des risques qui ont eu essentiellement pour objectif de réduire le décalage entrele “risque perçu” par la population générale <strong>et</strong> le “risque objectif” évalué par <strong>les</strong>spécialistes (Joly <strong>et</strong> Marris, 2003 b : 14-15) 80 . Ainsi, <strong>les</strong> individus semblent avoir despositions différentes suivant qu’ils s’intéressent à telle ou telle partie du problème. Deplus, selon Marris (2001: 546-547) <strong>les</strong> éléments sont différents suivant le domained’application des <strong>biotechnologies</strong>, du fait que l’utilisation médicale est accompagnée par<strong>les</strong> scientifiques <strong>et</strong> <strong>les</strong> médecins, alors que son usage alimentaire ne bénéficie pas d<strong>et</strong>el<strong>les</strong> précautions <strong>et</strong> surtout, comme le relève Gaskell <strong>et</strong> al. (2004 : 193), que sesbénéfices ne sont pas clairs.L’absence de consensus au sein des différents acteurs à l’égard des OGM a conduitcertains à proposer l’étiqu<strong>et</strong>age des produits comme compromis dans l’attente d’unconsensus définitif. Cependant, le débat sur l’étiqu<strong>et</strong>age n’a fait que, en partie, creuser ledésaccord entre <strong>les</strong> pro-OGM <strong>et</strong> <strong>les</strong> anti-OGM. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> partisans de l’étiqu<strong>et</strong>age desaliments produits par génie génétique partent du principe que <strong>les</strong> citoyens ont le droitd’être informé, <strong>et</strong> donc de choisir d’ach<strong>et</strong>er ou non, d’accepter ou non <strong>les</strong> applicationsdu génie génétique. Par contre, le lobby de l’industrie agroalimentaire craint que <strong>les</strong>consommateurs concluent à l’infériorité de ces produits par rapport aux produitsconventionnel<strong>les</strong>, <strong>et</strong> donc réclament un étiqu<strong>et</strong>age négatif « ce produit ne contient pasdes OGM ». L’étiqu<strong>et</strong>age entraîne des coûts qui doivent être supportés partie parl’industrie <strong>et</strong> partie par <strong>les</strong> pouvoirs publics. Ces coûts pourraient se répercuter sous80 La structure du site intern<strong>et</strong> du gouvernement français (www.ogm.gouv.fr ) est un bon exemple de ce type depolitique.- 230 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europeforme d’augmentation des prix pour <strong>les</strong> consommateurs (FAO, 2004). C<strong>et</strong>teaugmentation est injuste, selon <strong>les</strong> tenants de la théorie éthique (Thompson, 1997), étantdonné que <strong>les</strong> consommateurs n’ont pas demandé de produits GM. Dans ce sens, ledébat sur l’étiqu<strong>et</strong>age pose le problème de la coexistence de la filière OGM <strong>et</strong> de lafilière non OGM. La mise en place d’une politique de ségrégation des filières génère descoûts importants en amont de la filière (Noussair <strong>et</strong> al., 2003). Ces coûts liés à lacoexistence des deux filières OGM <strong>et</strong> non OGM sont classés en deux catégories : <strong>les</strong>coûts de séparation des filières <strong>et</strong> <strong>les</strong> coûts de contrôle. Les premiers sont supportés, engrande partie, par la filière non OGM pour éviter, par exemple, la pollinisation OGM,investir dans de nouveaux équipements, garantir que le produit est sans OGM, au delàdu seuil de tolérance fortuite (Lemarié <strong>et</strong> al., 2001). Les seconds sont supportés par <strong>les</strong>instances de contrôle publiques pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> la technologie dépasse <strong>les</strong> moyens dontils disposent pour assurer c<strong>et</strong>te fonction. C<strong>et</strong>te séparation des filières répond au besoindu consommateur-citoyen d’être « bien » informé <strong>et</strong> d’avoir le droit de choisir, selon sespréférences <strong>et</strong> ses croyances.- 231 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeAnnexes du chapitre 4Annexe 1 : L’impact de la confiance sur le niveau de consommation : <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> deBecker <strong>et</strong> HuffmanPour établir la relation entre la confiance dans l’information provenant de différentes sourcesen matière de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> ce niveau de consommation de produits OGM,Huffman <strong>et</strong> al. (2004) développent un modèle inspiré de Becker (1996). Ce dernier proposeune formalisation des préférences ou goûts des individus en prenant en compte le “capitalsocial” (acquis par contact avec son entourage ou participation à des réseaux sociaux) <strong>et</strong> le“capital personnel” (acquis proprement par l’individu par l’éducation, l’expérience) (Becker1996 : 7-18). La confiance, vue comme une fonction de ces deux capitaux, influence alors <strong>les</strong>choix entre différents types de biens (par exemple des aliments OGM <strong>et</strong> des aliments non-OGM). Le résultat est alors :“if an increase in an individual’s personal capital reduces his or her trust in agribusinessinformation which then lowers his or her marginal utility of GM-labelled food,this causes the consumer’s marginal rate of substitution b<strong>et</strong>ween GM- and plainlabelledfoods to decrease. Hence the consumer will purchase more plain-labelledfoods at given relative prices” (Huffman <strong>et</strong> al. 2004 : 1224).Il y a donc coexistence des confiances envers différents acteurs en matière d’information sur<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> pour un même individu <strong>et</strong> c’est le rapport entre le niveau de chacune quidétermine la décision finale. Ainsi supposons qu’un individu a le choix entre deux produits(un labellisé OGM <strong>et</strong> l’autre issu de l’agriculture conventionnelle) <strong>et</strong> tire de l’information dedifférentes sources à ce suj<strong>et</strong> tout en y accordant différents niveaux de confiance. Supposonssa fonction d’utilité quasi-concave :( X X ; T T )U = U...(1)avecgmo, conv 1jXgmo<strong>les</strong> aliments labellisés OGM, Xconv<strong>les</strong> aliments conventionnels.L’utilité r<strong>et</strong>irée de ces deux biens est affectée par j sources d’information auxquel<strong>les</strong>correspond pour chacune un niveau de confiance Tj(qui peut être déterminé par un vecteur Z- 232 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en Europede variab<strong>les</strong> explicatives) 81 . Si le prix pour <strong>les</strong> aliments OGM estpgmo<strong>et</strong> le prix pour <strong>les</strong>aliments conventionnelscontrainte de budg<strong>et</strong> M :pconv, le consommateur maximise alors sa fonction d’utilité sous la( X , X ; T T )max Ugmo conv 1Tj=U = ...(2)fj( Z )js.t.pgmoXgmo+pconvXconv≤ MLes conditions du premier ordre sont alors :gmo( Xgmo, Xconv; T1 ... Tj) − ⋅ pgmo= 0( X , X ; T1 ... T ) − ⋅ p = 0U λ (3)U λ (4)pconvXgmoconv+ p X − Mj= 0convgmo gmo conv conv(5)avecUgmo<strong>et</strong> Uconvrespectivement l’utilité marginale de l’aliment OGM <strong>et</strong> de l’alimentconventionnel.Le taux marginal de substitution est alors égal au rapport des prix, d’oùUUgmoconv( Xgmo, Xconv; T1... Tj) pgmo=( Xgmo, Xconv; T1...Tj) pconv(6)Dès lors que <strong>les</strong> biens OGM <strong>et</strong> conventionnels sont des biens substituab<strong>les</strong>, le taux marginalde substitution du consommateur entre <strong>les</strong> aliments OGM <strong>et</strong> conventionnels est fonction deleur prix relatif <strong>et</strong> du niveau de confiance respectivement dans <strong>les</strong> j sources d’information.L’équation suivante examine l’impact du changement de la confiance dans <strong>les</strong> sourcesd’information sur le taux marginal de substitution :J∂MU() •Jgmo∂MUconv()()(•)Uconv• ( ∑ −Ugmo• ( ∑j= 1 ∂Tjj = 1 ∂Tj[ U () • ] 2(7)conv81 Huffman <strong>et</strong> al. (2004) font dépendre, suivant en cela Becker (1996 : 5), ce niveau de confiance du niveau decapital social <strong>et</strong> de capital personnel de chaque individu.- 233 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeSupposons comme Huffman <strong>et</strong> al. 2004 le proposent, qu’un changement du niveau deconfianceTjpour j =1… J affecte simplement l’utilité marginale du bien OGM <strong>et</strong> n’affectepas celle du bien conventionnel, on alors :J∂Ugmo()•Uconv()• ( ∑j=1 ∂Tj•[ U ()] 2conv(8)Ainsi si par exemple un individu augmente sa confiance dans l’information provenant desassociations de défense de l’environnement ou diminue sa confiance dans l’informationprovenant des entreprises agbiotech, <strong>et</strong> contribue donc à diminuer son utilité marginale dubien OGM (par hypothèse) on a alors le taux marginal de substitution du consommateur entre<strong>les</strong> biens OGM <strong>et</strong> conventionnels qui diminue. Dès lors à un niveau de prix relatif donné, leconsommateur achètera plus de produits conventionnels <strong>et</strong> diminuera sa consommation debiens OGM.- 234 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeAnnexe 2 : Statistiques descriptives <strong>et</strong> définition des variab<strong>les</strong>CatégorieCatégorie sociodémographiques <strong>et</strong> socioprofessionnelleVariab<strong>les</strong>MeanStd.Dev.MinMaxSignificationAGE 45.083 18.012 15 99 AgeAGE 2 23.568 17.345 2.25 98.01 (Age) 2 / 100SEXE 0.469 0.499 0 1 Sexe: 1: Homme - 0: FemmeETUDES16-19 0.380 0.485 0 1 Age de fin d’études 16-19 ans (réf. Jusqu’à 15 ans)ETUDES20+ 0.269 0.444 0 1 Age de fin d’études 20 ans <strong>et</strong> plusTOUJOURSETUDES 0.106 0.308 0 1 Age de fin d’études : toujours étudiantsREVENU- 0.180 0.384 0 1 Revenu en 4 quarti<strong>les</strong> : 2 ème quartile (réf. 1 st quartile)REVENU+ 0.155 0.362 0 1 Revenu en 4 quarti<strong>les</strong> : 3 ème quartileREVENU++ 0.168 0.374 0 1 Revenu en 4 quarti<strong>les</strong> : 4 ème quartileREVENUNESAITPAS 0.322 0.467 0 1 Revenu en 4 quarti<strong>les</strong> : Ne sait pasREMARRIE 0.016 0.124 0 1 Statut marital : remarié (réf. Marié)VIVREPARTENAIRE 0.098 0.298 0 1 Statut marital : non marié, vit actuellement avec un partenaireJAMAISPARTENAIRE 0.189 0.391 0 1 Statut marital : non marié, n’a jamais vécu avec un partenaireDEJAPARTENAIRE 0.051 0.221 0 1 Statut marital : non marié, a précédemment vécu avec un partenaireDIVORCE 0.067 0.249 0 1 Statut marital : divorcéSEPARATE 0.017 0.131 0 1 Statut marital : séparéVEUF 0.081 0.272 0 1 Statut martial : veufPETITEMOYENNEVILLE 0.384 0.486 0 1 Type de ville : p<strong>et</strong>ite ou moyenne ville (réf. Village ou campagne)GRANDEVILLE 0.278 0.448 0 1 Type de ville: grande villeCADRES 0.097 0.296 0 1 Statut professionnel actuel : cadres <strong>et</strong> manageurs(réf. Indépendant)COLSBLANCS 0.105 0.307 0 1 Statut professionnel actuel : Autres “cols blancs”MANUELS 0.218 0.413 0 1 Statut professionnel actuel : Travailleurs manuelsDOMICILE 0.125 0.331 0 1 Statut professionnel actuel : Services <strong>et</strong> personnels domestiquesSANSTRAVAIL 0.054 0.225 0 1 Statut professionnel actuel : Sans travailRETRAITES 0.217 0.412 0 1 Statut professionnel actuel : R<strong>et</strong>raitésETUDIANTS 0.102 0.302 0 1 Statut professionnel actuel : ÉtudiantsANCIENEMPLOYE 0.312 0.463 0 1Ancien statut professionnel (1 an auparavant) : employé (réf.Indépendant)ANCIENSANSTRAVAIL 0.651 0.477 0 1 Ancien statut professionnel (1 an auparavant) :ne travaillait pasECHELLEOPP 3.496 2.290 0 6 Échelle d’opposition aux OGMOpposition OPP 0.329 0.470 0 1 Opposition totale aux OGMCONFENVI 0.451 0.498 0 1Confiance dans <strong>les</strong> organisations environnementa<strong>les</strong> pourl’information sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>CONFMED 0.551 0.497 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Professions médica<strong>les</strong> pour l’information sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>CONFCONSO 0.472 0.499 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Associations de consommateurs pourl’information sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>CONFUNIV 0.386 0.487 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Universitaires pour l’information sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>CONFANIMAL 0.248 0.431 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Associations de protection des animaux pourl’information sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>CONFTV 0.240 0.427 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Télévision <strong>et</strong> Journaux pour l’information sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>CONFINSTINTERN 0.180 0.384 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Institutions internationa<strong>les</strong> pour l’information sur<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>CONFGVT 0.186 0.389 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Gouvernement national pour l’information sur<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>CONFAGRI 0.143 0.350 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Organisations d'agriculteurs pour l’informationsur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>CONFRELI 0.076 0.265 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Organisations religieuses pour l’information sur<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>CONFNONE 0.064 0.245 0 1Confiance dans Aucun de ceux-la pour l’information sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>CONFDK 0.052 0.222 0 1 Ne sait pas pour l’information sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>CONFINDUS 0.058 0.234 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Industrie pour l’information sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>CONFPOL 0.036 0.186 0 1Confiance dans <strong>les</strong> Partis politiques pour l’information sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>Connaissances en ECHELLECONAISSANCE 5.039 1.913 0 9 Échelle connaissances en biotechnologie<strong>biotechnologies</strong> ECHELLECONAISSANCE2 29.050 17.944 0 81 (Échelle connaissances en biotechnologie) 2 /10Confiance dans l’information donnée par certains acteursdans le débat sur <strong>les</strong> OGM- 235 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeCatégorieJugement de l’action de certains acteurs dans ledébat sur <strong>les</strong> OGMVariab<strong>les</strong> de valeurs politiques <strong>et</strong> socia<strong>les</strong>Variab<strong>les</strong>MeanStd.Dev.MinMaxSignificationAPPROMED 0.786 0.410 0 1Bon travail : Médecins surveillant <strong>les</strong> implications en terme de santédes <strong>biotechnologies</strong>APPROPAT 0.731 0.443 0 1Bon travail : Organisations de patients défendant <strong>les</strong> intérêts de leursmembresAPPROCONSO 0.729 0.444 0 1Bon travail : Associations de consommateurs testant <strong>les</strong> produitsissus des <strong>biotechnologies</strong>APPROUNIV 0.732 0.443 0 1Bon travail : Scientifiques universitaires faisant des recherches sur<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>APPROJOURN 0.645 0.479 0 1Bon travail : Journaux <strong>et</strong> magazines faisant des reportages sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>APPROENVI 0.600 0.490 0 1Bon travail : Associations environnementa<strong>les</strong> faisant campagnecontre <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>APPRORESINDU 0.617 0.486 0 1Bon travail : Scientifiques dans l'industrie réalisant des recherchessur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>APPROMAG 0.593 0.491 0 1 Bon travail : Magasins s'assurant que notre nourriture est sûreAPPROAGRI 0.570 0.495 0 1Bon travail : Agriculteurs décidant quels types de cultures fairepousserAPPROEURO 0.544 0.498 0 1Bon travail : Commission européenne réalisant des lois sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>APPROGVT 0.531 0.499 0 1Bon travail : Notre gouvernement faisant des réglementations sur <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>APPROINDUS 0.444 0.497 0 1Bon travail : Industrie développant de nouveaux produits avec <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong>POLITIQUEGAUCHE 0.189 0.392 0 1 Échelle politique : gauche + (Ref. gauche++)POLITIQUECENTRE 0.332 0.471 0 1 Échelle politique : CentrePOLITIQUEDROITE 0.152 0.359 0 1 Échelle politique : Droite +POLITIQUEDROITE++ 0.043 0.203 0 1 Échelle politique : Droite ++POLITIQUEREFUS 0.215 0.411 0 1 Échelle politique : RefusPUBBIOTECHNON 0.529 0.499 0 1Participation à une discussion publique sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> :désaccord (réf. Accord)PUBBIOTECHNESAITPAS 0.132 0.339 0 1Participation à une discussion publique sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> : nesait pasTVBIOTECHNON 0.225 0.417 0 1Lecture d’artic<strong>les</strong> ou vision de programmes télé à propos des<strong>biotechnologies</strong> : désaccord (réf. accord)TVBIOTECHNESAITPAS 0.083 0.276 0 1Lecture d’artic<strong>les</strong> ou vision de programmes télé à propos des<strong>biotechnologies</strong> : ne sait pasFREQPARLEBIO 0.063 0.242 0 1A déjà parlé des <strong>biotechnologies</strong> : oui, fréquemment (réf. Non,jamais)OCCASPARLEBIO 0.271 0.444 0 1 A déjà parlé des <strong>biotechnologies</strong> : oui, occasionnellementUNEFOISPARLEBIO 0.164 0.371 0 1 A déjà parlé des <strong>biotechnologies</strong> : oui, une fois ou deuxPEUINTERETPOL 0.383 0.486 0 1 Intérêt dans la politique : quelquefois (réf. La plupart du temps)RAREMENTNTSPOL 0.276 0.447 0 1 Intérêt dans la politique : rarementPEUINTERETSCIENCE 0.390 0.488 0 1 Intérêt dans la science : quelquefois (réf. La plupart du temps)RAREMENTINTSCIENCE 0.292 0.455 0 1 Intérêt dans la science : rarementPEUINTSECUALIM 0.334 0.472 0 1Intérêt dans la qualité des aliments : quelquefois (réf. La plupart dutemps)RAREMENTINSECUALIM 0.161 0.367 0 1 Intérêt dans la qualité des aliments : rarementCROISSANCEDES 0.302 0.459 0 1La croissance économique apporte une meilleure qualité de vie :désaccord(réf. Accord)CROISSANCENESAITPAS 0.104 0.305 0 1La croissance économique apporte une meilleure qualité de vie : nesait pasEXPLOINNATDES 0.434 0.496 0 1L’exploitation de la nature est nécessaire pour le progrès del’humanité : désaccord (réf. Accord)EXPLOINATNESAITPAS 0.108 0.311 0 1L’exploitation de la nature est nécessaire pour le progrès del’humanité : ne sait pasNONTRADVALDES 0.591 0.492 0 1Les valeurs traditionnel<strong>les</strong> ne doivent pas nous guider dans cenouveau siècle : désaccord (réf. Accord)NONTRADVALSAITPAS 0.141 0.349 0 1Les valeurs traditionnel<strong>les</strong> ne doivent pas nous guider dans cenouveau siècle : ne sait pasENTREPRISEDES 0.421 0.494 0 1L’entreprise privée est le meilleur moyen de résoudre <strong>les</strong> problèmesdu pays : désaccord (réf. Accord)ENTERPRISENESAITPAS 0.226 0.418 0 1L’entreprise privée est le meilleur moyen de résoudre <strong>les</strong> problèmesdu pays : ne sait pas- 236 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeAnnexe 3 : Modèle compl<strong>et</strong> de l’estimation d’un probit multivariéOPP CONFENVI CONFCONSO CONFINDUSTR CONFSCIENCE CONFPUBLICAGE 0.020 (0.005)*** -0.003 (0.004) 0.007 (0.004)* -0.012 (0.005)** -0.008 (0.004)* -0.009 (0.005)*AGE2 -0.014 (0.005)*** 0.003 (0.004) -0.007 (0.004) 0.011 (0.005)** 0.008 (0.005)* 0.009 (0.005)*SEXE -0.014 (0.024) -0.094 (0.023)*** -0.051 (0.024)** -0.084 (0.028)*** -0.058 (0.024)** 0.045 (0.025)*ETUDES16-19 -0.011 (0.032) 0.106 (0.031)*** 0.090 (0.031)*** -0.019 (0.036) 0.041 (0.032) 0.040 (0.034)ETUDES20+ -0.019 (0.038) 0.142 (0.036)*** 0.126 (0.037)*** -0.043 (0.043) 0.115 (0.038)*** 0.124 (0.039)***TOUJOURSETUDES 0.047 (0.144) 0.031 (0.135) -0.015 (0.131) -0.100 (0.155) 0.360 (0.145)** 0.206 (0.137)REVENU- -0.025 (0.038) 0.021 (0.037) 0.053 (0.037) 0.029 (0.042) 0.053 (0.038) 0.063 (0.040)REVENU+ -0.020 (0.042) 0.059 (0.040) 0.087 (0.040)** -0.062 (0.047) 0.070 (0.041)* 0.144 (0.043)***REVENU++ -0.114 (0.044)*** 0.003 (0.041) 0.100 (0.042)** -0.058 (0.049) 0.125 (0.043)*** 0.154 (0.044)***REVENUNESAITPAS 0.020 (0.036) -0.017 (0.034) 0.041 (0.035) -0.084 (0.040)** -0.045 (0.035) -0.020 (0.038)REMARRIE -0.134 (0.089) -0.109 (0.085) -0.053 (0.086) 0.022 (0.098) 0.039 (0.088) 0.090 (0.086)VIVREPARTENAIRE -0.026 (0.043) -0.011 (0.040) 0.030 (0.041) -0.086 (0.048)* -0.070 (0.042)* -0.009 (0.043)JAMAISPARTENAIRE -0.013 (0.041) 0.068 (0.039)* -0.011 (0.040) -0.027 (0.047) -0.013 (0.041) -0.040 (0.042)DEJAPARTENAIRE 0.024 (0.055) 0.112 (0.052)** 0.002 (0.053) 0.015 (0.060) -0.053 (0.054) -0.077 (0.056)DIVORCE -0.019 (0.047) -0.082 (0.045)* 0.000 (0.046) -0.129 (0.054)** -0.053 (0.046) 0.013 (0.049)SEPARATE -0.120 (0.086) -0.070 (0.082) -0.006 (0.085) -0.168 (0.103) -0.028 (0.083) -0.208 (0.098)**VEUF -0.021 (0.047) 0.066 (0.046) -0.039 (0.047) 0.052 (0.053) -0.071 (0.047) 0.084 (0.051)*PETITEMOYENNEVILLE -0.095 (0.026)*** 0.067 (0.025)*** 0.078 (0.026)*** -0.027 (0.030) -0.021 (0.026) 0.034 (0.027)GRANDEVILLE -0.086 (0.029)*** 0.075 (0.028)*** 0.066 (0.028)** -0.052 (0.033) 0.001 (0.029) 0.095 (0.030)***ECHELLECONAISSANCE -0.039 (0.051) 0.174 (0.053)*** 0.064 (0.052) 0.128 (0.063)** 0.112 (0.050)** 0.072 (0.057)ECHELLECONAISSANCE2 0.008 (0.013) -0.023 (0.013)* -0.006 (0.013) -0.020 (0.016) -0.016 (0.013) -0.010 (0.014)ECHELLECONAISSANCE4 -0.001 (0.001) 0.001 (0.001) 0.000 (0.001) 0.001 (0.001) 0.001 (0.001) 0.001 (0.001)PUBBIOTECHNON 0.059 (0.026)** -0.075 (0.025)*** -0.054 (0.025)** -0.090 (0.029)*** -0.018 (0.027) -0.086 (0.027)***PUBBIOTECHNESAITPAS -0.101 (0.040)** -0.014 (0.038) -0.038 (0.038) -0.068 (0.045) -0.058 (0.038) -0.102 (0.040)**TVBIOTECHNON 0.081 (0.029)*** -0.164 (0.028)*** -0.246 (0.029)*** -0.033 (0.034) -0.241 (0.029)*** -0.184 (0.031)***TVBIOTECHNESAITPAS -0.303 (0.048)*** -0.220 (0.044)*** -0.122 (0.044)*** -0.088 (0.053)* -0.237 (0.043)*** -0.091 (0.048)*FREQPARLEBIO 0.094 (0.049)* 0.055 (0.047) -0.025 (0.047) 0.096 (0.053)* -0.005 (0.049) 0.092 (0.049)*OCCASPARLEBIO 0.113 (0.029)*** 0.087 (0.028)*** 0.131 (0.028)*** -0.060 (0.033)* 0.045 (0.029) 0.100 (0.030)***UNEFOISPARLEBIO 0.080 (0.032)** 0.034 (0.031) 0.046 (0.031) -0.115 (0.037)*** 0.079 (0.032)** 0.071 (0.033)**PEUINTERETPOL -0.047 (0.028)* -0.040 (0.026) -0.079 (0.026)*** -0.033 (0.031) -0.008 (0.028) -0.088 (0.028)***RAREMENTNTSPOL -0.031 (0.033) -0.100 (0.032)*** -0.171 (0.032)*** -0.020 (0.038) -0.022 (0.033) -0.121 (0.034)***PEUINTERETSCIENCE 0.114 (0.028)*** 0.026 (0.026) 0.006 (0.027) -0.074 (0.031)** -0.133 (0.028)*** -0.057 (0.028)**RAREMENTINTSCIENCE 0.226 (0.034)*** -0.017 (0.032) -0.072 (0.033)** -0.097 (0.038)** -0.204 (0.034)*** -0.179 (0.035)***PEUINTSECUALIM -0.145 (0.025)*** -0.145 (0.024)*** -0.089 (0.025)*** -0.049 (0.029)* -0.024 (0.025) 0.108 (0.026)***RAREMENTINSECUALIM -0.352 (0.034)*** -0.295 (0.032)*** -0.116 (0.033)*** 0.054 (0.037) 0.053 (0.033) 0.192 (0.034)***CROISSANCEDES 0.191 (0.025)*** 0.014 (0.024) -0.090 (0.024)*** -0.071 (0.028)** -0.167 (0.025)*** -0.204 (0.026)***CROISSANCENESAITPAS -0.018 (0.041) -0.150 (0.039)*** -0.126 (0.040)*** -0.221 (0.048)*** -0.182 (0.039)*** -0.195 (0.043)***EXPLOINNATDES 0.307 (0.024)*** 0.089 (0.023)*** 0.079 (0.023)*** -0.161 (0.027)*** -0.105 (0.024)*** -0.095 (0.025)***EXPLOINATNESAITPAS 0.054 (0.042) -0.049 (0.040) -0.069 (0.041)* -0.172 (0.048)*** -0.098 (0.040)** -0.100 (0.044)**NONTRADVALDES 0.185 (0.026)*** -0.013 (0.025) 0.025 (0.025) -0.122 (0.029)*** 0.006 (0.026) 0.009 (0.027)NONTRADVALSAITPAS -0.016 (0.040) -0.017 (0.037) -0.080 (0.038)** -0.102 (0.044)** -0.029 (0.038) -0.087 (0.041)**ENTREPRISEDES -0.019 (0.026) 0.022 (0.025) -0.010 (0.025) -0.097 (0.029)*** -0.020 (0.026) -0.030 (0.026)ENTERPRISENESAITPAS -0.074 (0.032)** -0.018 (0.031) -0.048 (0.031) -0.151 (0.037)*** -0.056 (0.031)* -0.104 (0.034)***CADRES -0.035 (0.053) 0.025 (0.051) 0.032 (0.052) -0.138 (0.060)** -0.004 (0.054) 0.051 (0.054)COLSBLANCS 0.043 (0.051) 0.014 (0.050) 0.055 (0.050) -0.083 (0.058) 0.043 (0.052) -0.046 (0.053)MANUELS -0.071 (0.046) 0.008 (0.044) 0.002 (0.045) -0.058 (0.051) 0.007 (0.046) -0.023 (0.048)DOMICILE -0.107 (0.056)* -0.113 (0.054)** -0.026 (0.055) -0.200 (0.063)*** -0.002 (0.056) 0.003 (0.060)- 237 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeOPP CONFENVI CONFCONSO CONFINDUSTR CONFSCIENCE CONFPUBLICSANSTRAVAIL -0.097 (0.071) -0.062 (0.068) -0.014 (0.069) -0.047 (0.079) 0.094 (0.069) -0.015 (0.075)RETRAITES -0.184 (0.064)*** -0.129 (0.062)** -0.065 (0.064) -0.178 (0.072)** 0.165 (0.064)*** -0.039 (0.068)ETUDIANTS -0.155 (0.149) 0.069 (0.139) 0.012 (0.135) -0.090 (0.160) -0.090 (0.149) 0.067 (0.141)ANCIENEMPLOYE 0.049 (0.062) 0.151 (0.061)** 0.191 (0.061)*** -0.137 (0.066)** 0.134 (0.060)** 0.101 (0.067)ANCIENSANSTRAVAIL 0.026 (0.070) 0.077 (0.069) 0.120 (0.070)* -0.204 (0.076)*** 0.206 (0.068)*** 0.148 (0.076)*POLITIQUEGAUCHE -0.121 (0.048)** -0.035 (0.047) 0.037 (0.047) -0.116 (0.055)** 0.089 (0.048)* 0.100 (0.051)**POLITIQUECENTRE -0.148 (0.046)*** -0.111 (0.044)** 0.003 (0.045) -0.007 (0.052) 0.106 (0.045)** 0.093 (0.048)*POLITIQUEDROITE -0.204 (0.051)*** -0.224 (0.049)*** -0.086 (0.049)* 0.073 (0.056) 0.143 (0.050)*** 0.116 (0.053)**POLITIQUEDROITE++ -0.275 (0.069)*** -0.306 (0.067)*** -0.248 (0.067)*** 0.194 (0.074)*** 0.179 (0.068)*** 0.040 (0.072)POLITIQUEREFUS -0.158 (0.049)*** -0.212 (0.047)*** -0.100 (0.048)** -0.034 (0.055) -0.001 (0.048) 0.014 (0.052)BELGIQUE -0.279 (0.062)*** 0.031 (0.060) -0.333 (0.059)*** 0.020 (0.072) 0.300 (0.061)*** 0.313 (0.068)***DANEMARK 0.076 (0.061) -0.167 (0.060)*** 0.003 (0.060) -0.030 (0.072) -0.264 (0.061)*** 0.383 (0.066)***ALLEMAGNE -0.257 (0.054)*** 0.013 (0.052) -0.056 (0.052) -0.127 (0.064)** -0.003 (0.054) 0.256 (0.060)***GRECE 0.334 (0.062)*** -0.001 (0.060) -0.583 (0.061)*** -0.042 (0.073) 0.251 (0.064)*** 0.261 (0.069)***ITALIE -0.204 (0.062)*** -0.061 (0.060) -0.114 (0.060)* -0.053 (0.075) -0.211 (0.061)*** 0.280 (0.069)***ESPAGNE -0.124 (0.062)** -0.153 (0.061)** -0.196 (0.061)*** -0.226 (0.078)*** -0.021 (0.062) 0.104 (0.072)IRLANDE -0.109 (0.063)* 0.191 (0.062)*** -0.537 (0.063)*** 0.156 (0.074)** 0.207 (0.064)*** 0.385 (0.070)***LUXEMBOURG -0.048 (0.069) 0.123 (0.067)* -0.260 (0.068)*** 0.167 (0.080)** -0.040 (0.070) 0.177 (0.077)**PAYSBAS -0.214 (0.063)*** -0.047 (0.061) 0.382 (0.062)*** 0.208 (0.070)*** 0.277 (0.064)*** 0.596 (0.067)***PORTUGAL -0.363 (0.064)*** -0.022 (0.063) -0.307 (0.063)*** 0.285 (0.072)*** 0.198 (0.063)*** 0.608 (0.069)***ROYAUMEUNI -0.436 (0.059)*** -0.052 (0.057) -0.550 (0.057)*** 0.364 (0.066)*** 0.234 (0.059)*** 0.381 (0.064)***FINLANDE -0.264 (0.063)*** -0.362 (0.061)*** -0.447 (0.061)*** 0.286 (0.069)*** 0.228 (0.063)*** 0.589 (0.066)***SUEDE -0.111 (0.063)* -0.110 (0.061)* -0.231 (0.061)*** 0.185 (0.071)*** 0.148 (0.064)** 0.683 (0.066)***AUTRICHE -0.472 (0.065)*** 0.003 (0.060) -0.355 (0.060)*** 0.155 (0.071)** -0.080 (0.062) 0.387 (0.068)***CONSTANTE -0.808 (0.176)*** -0.278 (0.171) -0.221 (0.172) -0.094 (0.198) 0.246 (0.172) -1.062 (0.187)***OPP CONFENVI CONFCONSO CONFINDUSTR CONFSCIENCE CONFPUBLICOPP - 0.048 (0.014)*** -0.013 (0.014) -0.065 (0.017)*** -0.094 (0.014)*** -0.104 (0.015)***CONFENVI - 0.507 (0.014)*** 0.287 (0.016)*** 0.110 (0.014)*** 0.153 (0.014)***CONFCONSO - 0.319 (0.016)*** 0.197 (0.014)*** 0.234 (0.015)***CONFINDUSTRI - 0.264 (0.017)*** 0.279 (0.017)***CONFSCIENCE - 0.311 (0.016)***CONFPUBLIC -OBSERVATIONS 15099- 238 -


Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM en EuropeAnnexe 4 : Les caractéristiques de différents groupes de pays identifiésGroupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 T-testNiveau d’opposition 4.095 (2.110) 3.855 (2.171) 3.304 (2.307) 2.760 (2.371) (1>2>3>4)***Part des personnes opposantes 0.426 (0.495) 0.364 (0.481) 0.299 (0.458) 0.237 (0.425) (1>2>3>4)***Part des personnes favorab<strong>les</strong> 0.051 (0.219) 0.092 (0.290) 0.099 (0.299) 0.167 (0.373) (4>3,2>1)***Confiances dans l’informationMédecins 0.550 (0.498) 0.486 (0.500) 0.560 (0.496) 0.580 (0.494) (4>3)* (4>1)** (3,1>2)***Associations de consommateurs 0.475 (0.499) 0.558 (0.497) 0.471 (0.499) 0.343 (0.475) (2>1,3>4)***Associations de défense de l’environnement 0.485 (0.500) 0.425 (0.494) 0.445 (0.497) 0.436 (0.496) (1>3,4,2)*** (3>2)**Universitaires 0.296 (0.457) 0.449 (0.498) 0.398 (0.490) 0.453 (0.498) (4,2>3>1)***Associations de protection des animaux 0.262 (0.440) 0.245 (0.430) 0.234 (0.424) 0.300 (0.458) (4>1,2,3)*** (1>2)*Journaux 0.207 (0.405) 0.219 (0.414) 0.259 (0.438) 0.224 (0.417) (3>4,1,2)*** (4>1)*Gouvernements nationaux 0.120 (0.325) 0.302 (0.459) 0.194 (0.395) 0.132 (0.339) (2>3>4,1)***Institutions internationa<strong>les</strong> 0.151 (0.358) 0.185 (0.388) 0.189 (0.391) 0.182 (0.386) (3,2,4>1)***Agriculteurs 0.131 (0.338) 0.152 (0.359) 0.137 (0.344) 0.209 (0.406) (4>2,1,3)*** (2>1,3)**Organisations religieuses 0.071 (0.257) 0.035 (0.184) 0.077 (0.267) 0.137 (0.344) 4>3,1>2***Aucun 0.067 (0.250) 0.075 (0.264) 0.057 (0.232) 0.096 (0..295) (4>2,1>3)**Industrie 0.040 (0.195) 0.077 (0.267) 0.061 (0 .240) 0.057 (0.231) (2>3,4>1)***Ne sait pas 0.039 (0.193) 0.052 (0.222) 0.056 (0.229) 0.062 (0.242) (4,3,2>1)***Partis politiques 0.024 (0.153) 0.043 (0.203) 0.037 (0.190) 0.045 (0.207) (4,2,3>1)***Jugements sur l’action des organisationsMédecins 0.801 (0.399) 0.828 (0.378) 0.784 (0.412) 0.705 (0.456) (2>1>3>4)***Organisations de patients 0.812 (0.391) 0.754 (0.431) 0.714 (0.452) 0.605 (0.489) (1>2>3>4)***Associations de consommateurs 0.745 (0.436) 0.772 (0.419° 0.730 (0.444) 0.613 (0.487)(2>1,3,4)*** (1>3,4)**(2,1,3>4)***Scientifiques universitaires 0.732 (0.443) 0.780 (0.414) 0.726 (0.446) 0.711 (0.454) (2>1,3,4)*** (1>4)*Journaux <strong>et</strong> magazines 0.660 (0.474) 0.673 (0.469) 0.658 (0.474) 0.460 (0.499) (2,1,3>4)***Associations environnementa<strong>les</strong> 0.661 (0.473) 0.608 (0.488) 0.593 (0.491) 0.474 (0.500) (1>2,3>4)***Scientifiques dans l'industrie 0.626 (0.484) 0.603 (0.489) 0.611 (0.488) 0.657 (0.475)(4>1)** (1>3)* (1>2)**(4>1,3,2)***Magasins 0.590 (0.492) 0.486 (0.500) 0.620 (0.485) 0.556 (0.497) (3>1>4>2)***Agriculteurs 0.588 (0.492) 0.503 (0.500) 0.577 (0.494) 0.575 (0.495) (1,3,4>2)***Commission européenne 0.612 (0.487) 0.392 (0.488) 0.572 (0.495) 0.372 (0.483) (1>3>2,4)***Notre gouvernement 0.528 (0.499) 0.479 (0.500) 0.561 (0.496) 0.396 (0.489) (3>1>2>4)***Industrie 0.413 (0.493) 0.445 (0.497) 0.456 (0.498) 0.440 (0.497) (3,2>1)*** (4>1)**Justifications de la position sur <strong>les</strong> OGMProduction utile à la société 0.268 (0.443) 0.516 (0.500) 0.449 (0.497) 0.506 (0.500) (2,4>3>1)***Production risquée pour la société 0.566 (0.496) 0.710 (0.454) 0.518 (0.500) 0.514 (0.500) (2>3,4>1)***Production moralement acceptable 0.244 (0.429) 0.406 (0.491) 0.414 (0.493) 0.426 (0.495) (4,3,2>1)***Production à encourager 0.211 (0.408) 0.311 (0.463) 0.356 (0.479) 0.378 (0.485) (4,3>2>1)***Uti<strong>les</strong> aux consommateurs 0.165 (0.371) 0.270 (0.444) 0.318 (0.466) 0.633 (0.482) (4>3>2>1)***Uti<strong>les</strong> pour lutter contre la faim dans le(4>2>3>1)***0.373 (0.484) 0.535 (0.499) 0.473 (0.499) 0.614 (0.487)mondeBon seulement pour l’industrie 0.554 (0.497) 0.532 (0.499) 0.448 (0.497) 0.265 (0.442) (1,2>3>4)***Bon pour l’économie dans le long terme 0.327 (0.469) 0.482 (0.500) 0.391 (0.488) 0.496 (0.500) (4,2>3>1)***Pas un danger pour <strong>les</strong> générations futures 0148 (0.355) 0.183 (0.387) 0.219 (0.414) 0.199 (0.400) (3>2)*** (3,4,2,>1)***Pas un danger pour ma santé <strong>et</strong> celle de ma4>3>2>1***0.165 (0.371) 0.270 (0.444) 0.293(0.455) 0.344 (0.476)famillePas un danger pour l’ordre naturel des(4>3)* (3,4>3,2>1)***Pas un danger pour l’environnement 0.201 (0.401) 0.221 (0.415) 0.295 (0.456) 0.321 (0.467) (4,3>1,2)*** (2>1)*Capacité à choisir des OGM ou non 0.560 (0.496) 0.895 (0.307) 0.597 (0.491) 0.472 (0.500) (2>3>1>4)***La recherche future peut lutter contre <strong>les</strong>(2,3>1>4)***0.390 (0.488) 0.429 (0.495) 0.427 (0.495) 0.329 (0.470)risques (éventuels) des OGMLes réglementations sont suffisantes pour(4>3>2>1)***0.192 (0.394) 0.233 (0.423) 0.264 (0.441) 0.335 (0.472)protéger contre <strong>les</strong> risquesOpinion sûre sur le suj<strong>et</strong> 0.614 (0.487) 0.617 (0.486) 0.474 (0.499) 0.486 (0.500) (2,1>4,3)***Jugement facile à avoir sur le suj<strong>et</strong> 0.414 (0.493) 0.474 (0.500) 0.313 (0.464) 0.282 (0.450) (2>1>3,4)*** (3>4)**Jugement important à avoir sur le suj<strong>et</strong> 0.828 (0.377) 0.775 (0.418) 0.682 (0.466) 0.667 (0.472) (1>2>3,4)***Pas un danger pour <strong>les</strong> générations futures 0148 (0.355) 0.183 (0.387) 0.219 (0.414) 0.199 (0.400) (3>2)*** (3,4,2,>1)***Observations 3440 1850 9432 1251Lecture : * p < 10%, ** p < 5 %, *** p < 1% , T-Test d’égalité des moyennes avec hypothèses sur l’égalité (oul’inégalité) des variances ; Erreur standard entre parenthèses ; source : Eurobaromètre 58.0.- 239 -


CONCLUSION GENERALE


Conclusion généraleL’économie de l’innovation cherche à comprendre l’évolution d’un nouveau secteur intensifen termes de connaissance scientifique, ainsi que la production <strong>et</strong> la commercialisation desinnovations. Les économistes essayent d’analyser <strong>les</strong> différentes trajectoires possib<strong>les</strong> del’évolution d’un secteur émergent, <strong>les</strong> facteurs qui en déterminent l’entrée dans chaqu<strong>et</strong>rajectoire, le rôle des différents acteurs impliqués, l’impact de l’environnement national <strong>et</strong>international <strong>et</strong> la formulation des politiques publiques optima<strong>les</strong> pour un contexte donné.L’ambition de ce travail est d’apporter une contribution à ce domaine de rechercheéconomique, en nous intéressant à un secteur spécifique, le secteur agbiotech, qui a eu ungrand impact dans <strong>les</strong> dernières années <strong>et</strong> qui continue à évoluer.Dans c<strong>et</strong>te thèse, l’examen a porté sur la nature complexe des <strong>biotechnologies</strong> <strong>et</strong> des facteursdéterminant leur intégration dans le secteur agricole, pour mieux comprendre l’évolution desmarchés des plantes <strong>et</strong> semences génétiquement modifiées. Dans c<strong>et</strong>te conclusion, nousrevenons dans un premier temps sur <strong>les</strong> principaux résultats ainsi obtenus, puis nous traçons<strong>les</strong> limites de ce travail. Enfin, nous présentons <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> pistes de recherches qui enrésultent.1. Résultats de notre rechercheLa thèse est divisée en quatre chapitres, chacun de ces chapitres ayant répondu à une questionbien précise concernant <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.Dans le chapitre 1, l’objectif principal était d’abord de tracer l’historique des<strong>biotechnologies</strong>, d’évaluer <strong>les</strong> apports des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> par rapport auxtechnologies existantes pour la création de nouvel<strong>les</strong> variétés de plantes <strong>et</strong> d’analyser leurimpact sur la restructuration de la chaîne agroalimentaire.Tout d’abord, en traçant brièvement l’historique des trois générations de <strong>biotechnologies</strong>,nous avons examiné quelques notions afin de définir le terme de « <strong>biotechnologies</strong> » pournotre travail : “l’ensemble de techniques (sciences <strong>et</strong> ingénierie) impliquant des manipulationsou des changements dans le patrimoine génétique des organismes vivants ou de leurs partiesactives. El<strong>les</strong> se caractérisent par l’interdisciplinarité des connaissances de base (génétique,biologie moléculaire, biochimie, microbiologie, enzymologie, immunologie) <strong>et</strong> desapplications plurisectoriel<strong>les</strong> (santé, agroalimentaire, agriculture, chimie, environnement,énergie). Ces applications plurisectoriel<strong>les</strong> constituent le secteur des <strong>biotechnologies</strong>”.- 241 -


Conclusion généraleEnsuite, la comparaison des techniques traditionnel<strong>les</strong> avec le génie génétique pour la créationde nouvel<strong>les</strong> variétés de plantes a confirmé la thèse selon laquelle <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> ontreprésenté une véritable révolution technologique. A la différence des méthodes précédentes,el<strong>les</strong> ont facilité l’introduction de gènes particuliers de façon plus précise, rapide <strong>et</strong> efficace.A travers l’étude du marché des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, nous avons montré que : (i) lasuperficie mondiale de ces cultures a augmenté, passant de 1,7 million d’hectares en 1996 à90 million en 2005 <strong>et</strong> selon <strong>les</strong> prévisions disponib<strong>les</strong>, va continuer sur sa lancée ; (ii) <strong>les</strong> paysémergents sont devenus <strong>les</strong> acteurs clés dans l’adoption des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> en2005. Ils représentent environ 38% de la superficie mondiale des plantes biotechnologiques ;(iii) <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> ont seulement été développées dans des variétés de plantesparticulières. Essentiellement mises en place par de grandes entreprises multinationa<strong>les</strong>cherchant la rentabilité de leur investissement, el<strong>les</strong> concernent avant tout des culturespossédant un important marché international.Enfin, nous avons expliqué l’évolution du secteur agbiotech en nous appuyant sur le cadrageconceptuel des évolutionnistes (Nelson <strong>et</strong> Winter, 1977), la vision de l’économie commeséquence d’activités ordonnées (Weizsäcker, 1980) <strong>et</strong> la stratégie d’appropriation de la rentede l’innovation (Teece, 1986). Traçant l'évolution du secteur agbiotech, le chapitre a montréque ce secteur a été marqué par deux périodes, la période d’émergence <strong>et</strong> la période deconsolidation, expliquant <strong>les</strong> caractéristiques de chaque phase <strong>et</strong> le rôle joué par <strong>les</strong>principaux acteurs.La phase d’émergence, du milieu des années 70 jusqu’à la fin des années 80, a étécaractérisée par : (i) l’émergence de PME dédiées aux <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> issues delaboratoire public ; (ii) un accroissement important de la collaboration entre <strong>les</strong> PME <strong>et</strong> <strong>les</strong>firmes installées ; (iii) le fait que très peu de firmes installées dans le secteur de semences oude l’agrochimie se sont intéressées aux <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, qu’il n’y a pas eu dechangement majeur dans l’organisation industrielle sur le marché d'innovation (<strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>) ou le marché de production (<strong>les</strong> pesticides ou <strong>les</strong> semences) maisessentiellement de fortes collaborations ; (iv) l’investissement significatif d’une firme établie– Monsanto- dans <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.- 242 -


Conclusion généraleLa phase de consolidation, de la fin des années 80 jusqu’à la fin des années 90 apparaîtcomme : (i) une période à laquelle <strong>les</strong> géants en agrochimie ont émergé en tant qu’entrants surle marché d'innovation (<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>) par identification d’une niche d’activités ;(ii) une période où <strong>les</strong> fusions-acquisitions vertica<strong>les</strong> (augmentation de contrôle vertical) <strong>et</strong>horizonta<strong>les</strong> (augmentation de leur base de connaissance) ont été <strong>les</strong> stratégies dominantes surle marché d'innovation <strong>et</strong> sur <strong>les</strong> marchés de production de semences dans le but des’approprier le maximum de la rente d’innovation.Tout cela confirme que <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies peuvent changer l’organisation industriellenon seulement dans un secteur mais dans plusieurs secteurs différents. Ainsi, <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> ont eu un impact sur trois marchés différents : le marché d<strong>et</strong>echnologie en aval, le marché des semences en amont <strong>et</strong> le marché de l’agrochimie.Par contre, ce secteur n’a pas connu de véritab<strong>les</strong> vagues de destruction créatrice, même s’il ya eu de manière temporaire certaines modifications. Dans le secteur agbiotech, ce sontd’abord <strong>les</strong> grandes firmes qui ont le pouvoir. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> PME, après leur phased’émergence, ont été rach<strong>et</strong>ées par <strong>les</strong> MNE car contrairement au secteur de la pharmacie lavalorisation de leur innovation n’est pas immédiate. Le processus de réglementation(notamment pour <strong>les</strong> innovations en biotechnologie alimentaire) est long <strong>et</strong> coûteux à cause dela réticence des consommateurs vis-à-vis des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.Dans le chapitre 2, nous avons analysé <strong>les</strong> raisons <strong>et</strong> l’impact de l’adoption du coton Bt dans<strong>les</strong> pays en développement <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> pays industrialisés. Nous avons relevé des différences<strong>et</strong> des similitudes entre ces deux groupes de pays.Tableau 1 : Les raisons d’adoption du coton Bt selon le type du paysPays industrialisés↓ du coût des pesticides↓ de la pollution de l’environnement↓ du coût de la main d’œuvrePays en développement↓ du coût des pesticides↓ de la pollution de l’environnement↓ d’exposition aux pesticides ⇒ ↓ du tauxde mortalité- 243 -


Conclusion généraleComme le montre le tableau 1, <strong>les</strong> deux groupes de pays ont essentiellement adopté le cotonBt pour des raisons économiques. En eff<strong>et</strong>, le coton Bt absorbe jusqu’à 25% des insecticidesutilisés dans le monde. Les intrants chimiques (pesticides <strong>et</strong> engrais) coûtent de plus en pluschers à cause de l’augmentation du prix du pétrole. Le coton Bt perm<strong>et</strong> une diminution de laconsommation de pesticides <strong>et</strong> par conséquent une diminution des dépenses tota<strong>les</strong> du coton.Dans ces deux types de pays, le coton Bt perm<strong>et</strong> une baisse de pollution de l’environnement.Vu la taille des exploitations dans <strong>les</strong> pays industrialisés, le coton Bt entraîne une réduction dela charge de travail <strong>et</strong> donc de la masse salariale qui intervient fortement dans la structure descoûts. Dans <strong>les</strong> pays en développement, la baisse de l’utilisation des pesticides conduit à uneréduction du temps auquel <strong>les</strong> individus sont soumis à leur exposition <strong>et</strong> entraîne doncpotentiellement une amélioration forte de la condition sanitaire des paysans du Sud. Enfin <strong>et</strong>surtout, dans <strong>les</strong> pays en développement, le coton Bt perm<strong>et</strong> une diminution de laconsommation d’eau, source de plus en plus rare dans ces pays.L’obstacle principal pour une meilleure adoption de c<strong>et</strong>te technologie par <strong>les</strong> pays endéveloppement en reste le coût relativement plus élevé, car <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its paysans du sud n'ontgénéralement pas <strong>les</strong> moyens de rach<strong>et</strong>er chaque année des semences ou de payer des droitsde licence. L’avantage pour <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its agriculteurs des pays en développement reste à vérifier,dans le cadre de la logique actuelle de mise en place des OGM par des grandes entreprisesmultinationa<strong>les</strong>.Par ailleurs, on a relevé également une différence dans le coût de la technologie pratiqué parMonsanto selon <strong>les</strong> pays. Ce prix n’est pas fonction du PNB de chaque pays (ex. Argentine)mais correspond avant tout aux stratégies de pénétration des marchés.On a montré enfin, à partir des études de cas disponib<strong>les</strong> pour le coton Bt sur l’Afrique du sud(Ismaël <strong>et</strong> al., 2002), le Mexique (Traxler <strong>et</strong> al., 2003 ; Traxler <strong>et</strong> Godoy-Avila, 2004), laChine (Pray <strong>et</strong> al., 2002), l’Inde (Qaim <strong>et</strong> Zilberman, 2003) <strong>et</strong> l’Argentine (Qaim <strong>et</strong> DeJanvry, 2003), que <strong>les</strong> différents acteurs dans la chaîne des valeurs gagnent avec l’utilisationdu coton Bt mais à des degrés différents : Les agriculteurs peuvent gagner plus avec <strong>les</strong>variétés biotechnologiques si <strong>les</strong> charges agrico<strong>les</strong> diminuent (pesticides, coût de la maind’œuvre), <strong>et</strong> <strong>les</strong> consommateurs gagnent si <strong>les</strong> prix sur le marché final des cultures concernéesbaissent. Les firmes agbiotech <strong>et</strong> <strong>les</strong> semenciers gagnent avec <strong>les</strong> variétés biotechnologiques- 244 -


Conclusion généra<strong>les</strong>i le taux d’adoption (des agriculteurs) augmente, <strong>et</strong> si l’opposition (des consommateurs) visà-visdes produits biotechnologiques baisse.Dans <strong>les</strong> deux premiers chapitres de c<strong>et</strong>te thèse, nous avons expliqué <strong>les</strong> stratégies poursuiviespar le leader en agbiotech. Il n’existe pas à notre connaissance de modèle théorique prenanten considération <strong>les</strong> différentes dimensions de ces stratégies <strong>et</strong> de leur contexte. Prenant actede c<strong>et</strong>te lacune, nous proposons, dans le chapitre 3, un modèle tenant compte des interactionsentre un innovateur en possession d’une technologie <strong>et</strong> une firme en aval sur la chaîne deproduction avec laquelle il doit collaborer pour sa commercialisation. L’innovation porte surune augmentation de la qualité d’un produit du point de vue du consommateur.Nous avons éclairci la rationalité du choix d’une stratégie plutôt qu’une autre : une firmeagbiotech est susceptible de choisir (i) un contrat de licence si la différence dans <strong>les</strong>compétences technologiques est faible <strong>et</strong> la taille du marché p<strong>et</strong>ite ; (ii) une joint-venture si ladifférence des qualités est haute <strong>et</strong> la taille du marché grande ; (iii) une fusion si la différencedes qualités est p<strong>et</strong>ite, la différence dans <strong>les</strong> compétences technologiques importante <strong>et</strong> lataille du marché grande ; (iv) la création d’une filiale si l’entreprise de semences ne peut pasimiter, si ni l'un ni l'autre ne peut être conduit en dehors du marché, si la compétenc<strong>et</strong>echnologique de l’entreprise de semences est basse <strong>et</strong> le monopole correspondant auxsemences biotechnologiques inefficace.Tableau 2 : Les indicateurs d’entrée <strong>et</strong> <strong>les</strong> stratégies de collaboration de l’innovateurDifférence deTaille duDifférence de qualitécompétenceNon-imitationmarchéentre SB <strong>et</strong> SCtechnologique entre la/coexistencefirme a <strong>et</strong> la firme sLicence Faible Elevée / Faible Faible ---Joint-venture Elevée Elevée Elevée/ Faible ---Fusion Elevée Faible Elevée ---Filiale Faible Elevée Elevée Oui- 245 -


Conclusion généraleOn a relevé l’existence d’une multiplicité d’équilibres ainsi que celle d’un équilibre sousoptimal.En eff<strong>et</strong>, la meilleure stratégie pour la firme agbiotech n’est pas forcément lemeilleur choix pour le pays d’accueil <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te stratégie peut s’avérer dangereuse car elle peutmême évincer la technologie du pays d’accueil.Enfin on a démontré la manière dont une nouvelle technologie peut changer la structure(monopole, duopole…) <strong>et</strong> la configuration (SC ou SB) du marché. Dans le cas de contrat delicence, ni la structure ni la configuration ne changent. Dans le cas d’une joint-venture <strong>et</strong> de lafusion, la structure reste la même mais la configuration évolue. Dans le cas de la filiale, cesont <strong>les</strong> deux qui changent.Dans le chapitre 4 nous avons montré, à partir des données de l’Eurobaromètre 58.0 portantsur <strong>les</strong> sentiments des Européens à propos des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, que la confiancedans l’information, mais plus encore dans l’action menée par certains acteurs (comme <strong>les</strong>associations de défense de l’environnement, <strong>les</strong> scientifiques, <strong>les</strong> industriels ou <strong>les</strong>gouvernements) est un facteur important expliquant <strong>les</strong> différences de comportement enmatière de consommation des produits contenant des OGM. En raison de la simultanéité dumode de décision <strong>et</strong> du risque d’endogénéité qui en découlait, nous avons dû utiliser laméthode du probit multivarié, par estimation d’un système d’équations simultanées.Au-delà de c<strong>et</strong> élément commun à l’ensemble des Européens (la corrélation entre <strong>les</strong>différents types de confiance <strong>et</strong> l’opposition aux OGM), notre étude a conduit à souligner lapersistance de différences entre <strong>les</strong> pays européens. Ceci pose la question d’une part de lapossibilité même d’un compromis européen en matière de <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> d’autrepart de la coexistence de différentes réglementations nationa<strong>les</strong> au sein de l’Europe (qui peutêtre alors en contradiction avec le principe de libre circulation des marchandises).Au plan normatif, on peut ainsi souligner que la question de la confiance est centrale pour <strong>les</strong>firmes agbiotech ainsi que pour <strong>les</strong> pouvoirs publics (surtout en Europe), surtout pour tous <strong>les</strong>décideurs impliqués dans la gestion des risques. En eff<strong>et</strong>, la succession de crises sanitaires(sang contaminé, amiante, vache folle, <strong>et</strong>c.) a conduit à une perte de confiance dans <strong>les</strong>décisions des politiques, des experts <strong>et</strong> des acteurs industriels. Pour restaurer <strong>et</strong> reconquérirc<strong>et</strong>te confiance, il faut investir dans la traçabilité <strong>et</strong> la mise en place d’instances consultatives(comme <strong>les</strong> conférences de citoyens (Joly <strong>et</strong> Marris, 2003 a <strong>et</strong> b), mais à grande échelle.- 246 -


Conclusion générale2. Limites de la thèseNotre analyse a nécessité de laisser de côté un certain nombre de questions, non pas parcequ’el<strong>les</strong> ne sont pas importantes <strong>et</strong> intéressantes mais parce que, comme nous l’avonssouligné précédemment, le problème des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> est complexe <strong>et</strong>multidimensionnel. Nous présentons ci-après certaines questions complémentaires à notreanalyse, qui ne peuvent être abordées faute du temps.• Notre thèse n’a pas abordé <strong>les</strong> questions relatives au droit de propriété intellectuelle.Nous n’avons donc pas cherché à connaître l’impact des DPI sur la dynamique dusecteur agbiotech, ou au plan normatif à connaître le régime de DPI le plus efficace pour<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> le rôle qu’ils peuvent jouer dans une meilleure insertiondes pays en développement dans l'économie mondiale. Notre analyse exclut aussi <strong>les</strong>questions relatives à l’équilibre entre <strong>les</strong> intérêts privés des firmes agbiotech à qui <strong>les</strong>DPI confèrent un droit de monopole limité dans le temps sur la commercialisation des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong>, d’autre part, <strong>les</strong> intérêts des consommateurs <strong>et</strong> de la sociétéau sens large.On peut toutefois souligner que le modèle que nous avons développé dans le chapitre 3perm<strong>et</strong> de s’intéresser à c<strong>et</strong>te question. Ainsi on pourrait très bien étudier l’impact duDPI, qui laisse ou non ouverte la possibilité d’imiter une innovation technologique pourune firme multinationale, sur la structure du marché, sa configuration <strong>et</strong> donc le profit dela firme nationale <strong>et</strong> le surplus du consommateur final. Un premier travail pourrait êtrefait dans c<strong>et</strong>te direction à partir de nouvel<strong>les</strong> simulations suivant la méthodeexpérimentée.• Elle ne pose pas non plus la question de l’eff<strong>et</strong> de l’étiqu<strong>et</strong>age sur la filièreagroalimentaire. On pourrait en eff<strong>et</strong> s’interroger sur le type d’étiqu<strong>et</strong>age qu’il faudraitinstaurer pour une meilleure transparence pour perm<strong>et</strong>tre le choix du consommateur <strong>et</strong>ceci sans nécessairement porter préjudice aux firmes agbiotech.• Elle ne considère également pas <strong>les</strong> différences de politique internationale : <strong>les</strong> Etats-Unis sont notamment en train de mener une politique de diffusion la plus large possiblealors que l’Europe fait la promotion du principe de précaution <strong>et</strong> de traçabilité qui se- 247 -


Conclusion généralebase sur l’étude au cas par cas avant toute autorisation possible des <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong>.3. Perspectives de recherchesNous présentons ci-après des extensions possib<strong>les</strong> de notre travail de recherche : el<strong>les</strong>concernent <strong>les</strong> stratégies d’entrée des firmes en agbiotech dans de nouveaux marchés (a) ; <strong>les</strong>implications des conventions internationa<strong>les</strong> sur l’évolution des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>(b) ; <strong>les</strong> enjeux des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> agriculteurs dans <strong>les</strong> pays endéveloppement (c) ; la gestion de l’acceptation des consommateurs pour la commercialisationde nouvel<strong>les</strong> technologies (d).3.1. Les stratégies d’entrée des firmes en agbiotech dans de nouveaux marchésLe marché agbiotech est dominé par six firmes : Monsanto (E-U), Dupont (E-U),DowAgrosciences (E-U), Bayer CropScience, BASF (Allemagne) <strong>et</strong> Syngenta (Suisse). Nousnous sommes ici focalisé sur le leader en agbiotech. D’un côté, nous avons dressé un<strong>et</strong>ypologie des stratégies d’entrée suivies par Monsanto dans le but de diffuser son innovation.D’un autre côté, nous avons étudié l’impact économique qu’ont eu ces stratégies sur <strong>les</strong> paysd’accueil <strong>et</strong> sur Monsanto (en termes de profit <strong>et</strong> de configuration industrielle). Pour le but dec<strong>et</strong>te analyse, nous avons mobilisé deux types d’approches (étude de cas détaillé surMonsanto <strong>et</strong> ses stratégies d’entrée dans de nouveaux marchés <strong>et</strong> modèle de théorie des jeux).Une extension possible de ce travail serait de faire une étude comparative entre <strong>les</strong> différentstypes de stratégies suivies par Monsanto <strong>et</strong> cel<strong>les</strong> suivies par <strong>les</strong> autres firmes parmi <strong>les</strong> sixleaders, tout en élargissant notre espace de produit. Autrement dit, on chercherait tout d’abordà identifier <strong>les</strong> différents types de stratégies suivies par <strong>les</strong> autres firmes, ensuite, à expliciter<strong>les</strong> raisons de ce choix différent ou similaire, <strong>et</strong> enfin, à expliquer quelle performanceéconomique ont eu ces stratégies sur le pays d’accueil de l’innovation <strong>et</strong> <strong>les</strong> firmesconcernées. Selon toute vraisemblance, c<strong>et</strong>te analyse pourrait nous perm<strong>et</strong>tre d’élargir <strong>et</strong>d’enrichir notre modèle tout en comprenant mieux la rationalité des différentes stratégiespoursuivies par <strong>les</strong> grandes entreprises dans leur quête d’élargissement au-delà du marchédomestique. Notre méthodologie pourrait se résumer dans un premier temps à l’analyse de lalittérature existante sur <strong>les</strong> entreprises concernées <strong>et</strong> à une réflexion analytique <strong>et</strong> économique- 248 -


Conclusion généra<strong>les</strong>ur le suj<strong>et</strong>. Dans un second temps, ceci pourrait conduire à un enrichissement de notremodèle de théorie des jeux par la prise en compte de la stratégie des pouvoirs publics (parexemple, comme on l’a souligné précédemment, par leur action sur la variable « droit depropriété intellectuelle ») qui rend possible ou non l’entrée sur le marché local d’une firmemultinationale en particulier (ou de plusieurs).3.2. Les implications des conventions internationa<strong>les</strong> sur l’évolution des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>Dans le chapitre 2, nous avons décrit <strong>les</strong> principaux accords internationaux qui influencentl’évolution des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>. Chacune de ces conventions (Accord sur <strong>les</strong> aspectsdes droits de propriété intellectuelle qui touchent aux commerce (ADPIC), UnionInternational pour la Protection des Obtentions Végéta<strong>les</strong> (UPOV), Convention sur laDiversité Biologique (CDB) <strong>et</strong> the International Treaty on Plant Gen<strong>et</strong>ic Resources for Foodand Agriculture (ITPGRFA)) a été introduite avec un objectif précis, bien qu’el<strong>les</strong> serecoupent sur certains points <strong>et</strong> qu’el<strong>les</strong> aient impact différent sur <strong>les</strong> dépositaires. Même enprésence de ces différentes options pour protéger <strong>les</strong> innovations dans le secteuragroalimentaire, il y a encore débat sur leur apport réel. Ceci nous amène à chercher <strong>les</strong>réponses aux questions suivantes :• Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> caractéristiques de ces conventions internationa<strong>les</strong> ? Quelssont leurs points communs ? Quel<strong>les</strong> sont leurs différences ? Y a-t-il des contradictionsentre ces conventions ? Sont-el<strong>les</strong> complémentaires ou substituab<strong>les</strong> ?• Au niveau national, comment faut-il définir des droits de propriété intellectuelle selon<strong>les</strong> spécificités loca<strong>les</strong> <strong>et</strong> pour améliorer le bien-être national (ou de certains acteurs enparticulier) ? Tromm<strong>et</strong>ter (2005) propose ainsi de s’intéresser à une gestion collective dela propriété intellectuelle (admise en droit de la concurrence si le bien-être social endépend) <strong>et</strong> à de nouveaux modes de recherches collectives <strong>et</strong> coopératives, par lacréation de consortium.• Comment <strong>les</strong> conventions internationa<strong>les</strong> affectent–el<strong>les</strong> <strong>les</strong> transactionstechnologiques (<strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> notamment) Nord-Sud, privé-public ouprivé-privé ?- 249 -


Conclusion générale3.3. Les enjeux des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> agriculteurs dans <strong>les</strong> paysen développementQuand on étudie <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> pays en développement, il y aplusieurs aspects qui ne sont pas suffisamment pris en considération dans la littératureexistante : la taille de l’exploitation, <strong>les</strong> externalités générées sur <strong>les</strong> populations loca<strong>les</strong> endehors du marché <strong>et</strong> l’impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur la sécurité alimentaire.• Qui bénéficie/perd le plus : <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its agriculteurs ou <strong>les</strong> grandes exploitations ?La révolution verte a permis surtout aux fermiers avec de grandes exploitations deprofiter de la technologie VHR. Une des grandes questions pour la diffusion des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> pays du tiers monde se pose en termes de profitabilitédes <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> aux paysans. Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> profitent-el<strong>les</strong>uniquement aux grandes exploitations agrico<strong>les</strong> ou peuvent-el<strong>les</strong> aussi apporter quelquechose aux p<strong>et</strong>its fermiers ? Pour répondre à c<strong>et</strong>te question, il faut dans un premier tempsfaire la distinction entre deux types d’exploitations : <strong>les</strong> p<strong>et</strong>ites exploitations axées surl'autosuffisance <strong>et</strong> <strong>les</strong> grandes exploitations orientées vers le commerce (<strong>et</strong> à viséeexportatrice).Cela soulève en outre un problème supplémentaire qui est celui de l’évaluation del’impact réel de la technologie. On peut en eff<strong>et</strong> supposer qu’on est en présence de biaisde sélection associés résultant d’une hétérogénéité importante des différents échantillons(celui composé des exploitations ayant adopté la technologie <strong>et</strong> celui composé des autresexploitations) (Heckman, 1979, 2001) 82 . Ainsi, la difficulté de mesure de l’eff<strong>et</strong> del’adoption des <strong>biotechnologies</strong> sur le rendement d’une exploitation tient à ce que, d’unepart, l’on ne peut l’observer que pour <strong>les</strong> exploitations qui l’ont justement adopté <strong>et</strong> quel’on ignore ce qu’il serait advenu s’ils ne l’avaient pas adopté <strong>et</strong> que, d’autre part, il y ade fortes raisons de penser que l’adoption des <strong>biotechnologies</strong> par une exploitationagricole n’est pas un processus aléatoire, mais qu’au contraire elle est inégalementrépartie suivant <strong>les</strong> caractéristiques observées <strong>et</strong> non observées des exploitationsagrico<strong>les</strong>. Pour ce faire, différentes méthodes sont possib<strong>les</strong> : il s’agit principalement desméthodes d’appariement sur le score de propension <strong>et</strong> de variab<strong>les</strong> instrumenta<strong>les</strong>82 Selon James Heckman (1979 : 153), il existe deux cas de biais de sélection : « Sample selection bais may arisein practice for two reasons. First, there may be self selection by the individuals or data units being investigated.Second, sample selection decisions by analysts or data processors operate in much the same fashion as selfselection ».- 250 -


Conclusion générale(Wooldridge, 2002). Notons que ce problème n’a pas été pris en compte par <strong>les</strong>différentes évaluations actuellement disponib<strong>les</strong> (cf. chapitre 2) au risque de surestimer,comme Heckman (1979, 2001) l’a souligné, l’impact réel de l’adoption des<strong>biotechnologies</strong> sur le rendement agricole. Ce point serait à étudier plus précisément.• Les résultats standard peuvent-ils changer si on intègre <strong>les</strong> externalités générées ?La littérature existante, surtout <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> formalisés, se base simplement sur l’impactdes <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur la structure du marché agricole <strong>et</strong> agroalimentaire,sans prendre en compte <strong>les</strong> externalités générées par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong>. Certainsanthropologues, par exemple, ont signalé qu’une des externalités générées par <strong>les</strong><strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> est l’affaiblissement du pouvoir des femmes mais pluslargement la remise en cause de l’économie informelle locale : avant l’avènement des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, ce sont <strong>les</strong> femmes qui avaient le pouvoir de conserver <strong>les</strong>graines pour <strong>les</strong> semences de la campagne suivante. Avec l'avènement des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, ce sont <strong>les</strong> hommes qui vont aux marchés chercher <strong>les</strong>semences.La méthodologie à utiliser est basée sur des enquêtes sur le terrain dans un pays endéveloppement afin de repérer <strong>les</strong> différents types d’externalités <strong>et</strong> ensuite construire unmodèle <strong>les</strong> intégrant.• L’apport des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> pour la sécurité alimentaire. Dans <strong>les</strong> paysen développement le problème de sécurité alimentaire se pose en terme d’accès (direct)à la nourriture <strong>et</strong> non pas en terme de qualité des aliments comme dans <strong>les</strong> paysindustrialisés. Un des plus importants débats actuels est le suivant: <strong>les</strong> plantesbiotechnologiques peuvent-el<strong>les</strong> combattre la faim dans le monde ?En eff<strong>et</strong>, un des objectifs du millénaire adoptés par l’ONU est de diminuer de moitiéd’ici 2015 le problème de la faim dans le monde. Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sontperçues comme une des solutions potentiel<strong>les</strong> pour résoudre ce problème (voir le rapportde la FAO à ce propos). Cependant augmenter tout simplement la productivité ou laproduction n’augmente pas nécessairement le pouvoir d’achat des pauvres. Toutdépendra de l’impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur le marché final <strong>et</strong> <strong>les</strong> revenusgénérés en prenant en compte toutes <strong>les</strong> externalités. Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> ontun impact indirect par l’augmentation des revenus des agriculteurs. Le lien entre c<strong>et</strong>impact <strong>et</strong> l’accès à la nourriture n’est pas du tout clair <strong>et</strong> dépendant largement de la part- 251 -


Conclusion généraledes surfaces agrico<strong>les</strong> consacrées à des cultures à visée d’autosuffisance <strong>et</strong> à des culturesà visée d’exportation. Il dépend également de la structure des économies loca<strong>les</strong> 83 . Dansce contexte, on cherchera donc à savoir comment <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>perm<strong>et</strong>tront d’assurer une sécurité alimentaire à toute la population agricole. Un travaildans ce sens a été réalisé par Haggui <strong>et</strong> al. (2006), en ce qui concerne la possibilitéd’une variété biotechnologique de blé, qui développent une analyse intégrant un modèled’adoption (prenant en compte <strong>les</strong> attitudes des consommateurs) <strong>et</strong> un modèle de marché(équilibre entre l’offre <strong>et</strong> la demande). L’impact éventuel dépend en tout état de causedes hypothèses nécessaires à faire pour le modèle (par exemple supposer que lecomportement des consommateurs sera le même pour une variété de blébiotechnologique que pour une variété de maïs biotechnologique 84 , ou une hypothèse sur<strong>les</strong> gains en terme de productivité agricole…). Ce modèle pourrait être enrichi enprenant en compte également la répartition de la surface agricole entre <strong>les</strong> différentstypes de culture.3.4. La gestion de l’acceptation des consommateurs pour la commercialisationde nouvel<strong>les</strong> technologiesImpliquer à grande échelle <strong>les</strong> citoyens dans l’évaluation des plantes biotechnologiques, c’està-direinstaurer un dialogue sur <strong>les</strong> bienfaits <strong>et</strong> <strong>les</strong> risques des <strong>biotechnologies</strong> en général,facilite probablement l’acceptation des produits biotechnologiques dans la société. En eff<strong>et</strong>,impliquer le public avant la mise sur le marché de nouvel<strong>les</strong> technologies (ex. desnanotechnologies) perm<strong>et</strong> dans un premier temps de comprendre leurs craintes <strong>et</strong> dans undeuxième temps de <strong>les</strong> intégrer dans le processus de diffusion de la technologie, ce quiperm<strong>et</strong>tra d’instaurer la confiance. Les exemp<strong>les</strong> de conférences de citoyens mis en placeNotre objectif est de vérifier c<strong>et</strong>te hypothèse, en se basant dans un premier temps sur <strong>les</strong>études faites par Joly <strong>et</strong> al. (2000). Claire Marris <strong>et</strong> Pierre-Benoît Joly (1999) ont ainsitravaillé sur <strong>les</strong> conférences de « consensus », regroupant des « citoyens ordinaires », pouvant83 Par exemple <strong>les</strong> économies agrico<strong>les</strong> de certains pays (notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest), fondéesessentiellement sur le partage au sein des villages des semences ou l’existence de nombreux métiers liés à latransformation du coton, sont susceptib<strong>les</strong> d’être bouleversées par l’introduction du coton Bt (qui ne perm<strong>et</strong> pasle partage des semences).84 Ce dont on peut raisonnablement douter, le blé étant un intrant direct dans la consommation humaine <strong>et</strong> ayantune forte dimension symbolique (comme avec le pain).- 252 -


Conclusion généralemener des auditions d’experts. Selon ces auteurs, ces conférences reflètent une « évolutiondes institutions françaises, tout particulièrement en matière de prise en compte du public dans<strong>les</strong> décisions environnementa<strong>les</strong> <strong>et</strong> technologiques ». D’après c<strong>et</strong>te étude, une co-évolutionconvergente entre institutions impliquées <strong>et</strong> grand public peut conduire à une participationpublique plus active en matière d’évaluation de technologies. Nous n’avons pas travailléspécifiquement sur c<strong>et</strong>te dimension mais le modèle économétrique développé dans le chapitre4 pourrait la prendre plus précisément en compte (pour l’instant elle a seulement été introduitesous la forme de variab<strong>les</strong> de contrô<strong>les</strong>). En outre, il est intéressant de noter quel’Eurobaromètre 63.1 de 2005 portant sur <strong>les</strong> valeurs socia<strong>les</strong>, la science <strong>et</strong> la technologieincorpore des variab<strong>les</strong> portant sur l’acceptation par le public des nouvel<strong>les</strong> technologies(confiance dans la science, nécessité d’impliquer <strong>les</strong> citoyens dans <strong>les</strong> décisions). Unenouvelle analyse économétrique pourrait perm<strong>et</strong>tre de prendre en compte c<strong>et</strong>te dimension <strong>et</strong>de m<strong>et</strong>tre en évidence la particularité des <strong>biotechnologies</strong> au regard des autres nouvel<strong>les</strong>technologies.- 253 -


BIBLIOGRAPHIE


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Table des matièresTABLE DES MATIÈRESIntroduction générale.........................................................................71. Présentation générale <strong>et</strong> formulation de la problématique......................... 81.1. Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> comme univers controversé .................................... 81.2. Obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> champ de la thèse....................................................................................... 92. L’originalité du suj<strong>et</strong>.................................................................................. 133. Méthodologie de la thèse ........................................................................... 164. Contribution de la thèse à la littérature économique ................................ 175. Organisation de la thèse ............................................................................ 18Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.................21Introduction.................................................................................................... 221. L’impact de l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> sur l’agriculture............. 231.1. Vers une définition plus adaptée des <strong>biotechnologies</strong> .......................................... 231.1.1. Biotechnologies : une analyse temporelle.................................................... 251.1.2. Définition des <strong>biotechnologies</strong> r<strong>et</strong>enue........................................................ 281.2. Introduction des <strong>biotechnologies</strong> en agriculture ................................................... 281.2.1. Création de nouvel<strong>les</strong> variétés par <strong>les</strong> méthodes traditionnel<strong>les</strong>.................. 291.2.2. La création des Plantes Génétiquement Modifiées (PGM).......................... 301.3. Les nouveaux produits .......................................................................................... 341.3.1. Les caractéristiques des nouvel<strong>les</strong> variétés biotechnologiques.................... 351.3.2. Quelques exemp<strong>les</strong> de plantes biotechnologiques ....................................... 372. Le marché des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> .................................................. 382.1. Approche spatiale des plantes biotechnologiques cultivées.................................. 392.2. Diversité des plantes biotechnologiques cultivées................................................ 432.3. Caractéristiques génétiques des plantes biotechnologiques cultivées................... 45- 269 -


Table des matières3. L’impact de l’introduction des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> sur larestructuration de la filière agroalimentaire................................................. 473.1. La naissance du secteur agbiotech ........................................................................ 523.2. L’évolution du secteur agbiotech durant <strong>les</strong> années 80 <strong>et</strong> 90................................ 533.2.1. Les réponses des firmes déjà établies à l’introduction des <strong>biotechnologies</strong>agrico<strong>les</strong> durant <strong>les</strong> années 80................................................................................ 533.2.2. Evolution durant <strong>les</strong> années 90..................................................................... 573.2.3. Discussion sur <strong>les</strong> raisons de l'évolution pendant <strong>les</strong> années 90.................. 593.3. Le marché aujourd’hui .......................................................................................... 643.4. Etude de cas de Monsanto, leader en agbiotech.................................................... 683.4.1. Monsanto, une entreprise pionnière qui a pris des risques........................... 693.4.2. Quel<strong>les</strong> étaient ou quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> stratégies de Monsanto pour maintenirson avantage concurrentiel ? .................................................................................. 70Conclusion...................................................................................................... 74Annexes du chapitre 1 .................................................................................... 77Annexe 1 : <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> modernes = un ensemble de techniques fondé sur <strong>les</strong>sciences avec des applications multisectoriel<strong>les</strong> .......................................................... 77Annexe 2 : Les caractéristiques agronomiques des plantes biotechnologiques ........... 78Annexe 3 : Les caractéristiques qualitatives des plantes biotechnologiques ............... 79Annexe 4 : La valeur du marché des principa<strong>les</strong> semences biotechnologiques entre1996 <strong>et</strong> 2006................................................................................................................. 80Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde :étude de cas sur le coton Bt.....................................................81Introduction.................................................................................................... 821. De la révolution verte à la révolution des <strong>biotechnologies</strong>....................... 831.1. La révolution verte ................................................................................................ 841.2. Libéralisation <strong>et</strong> arrivée des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>......................................... 87- 270 -


Table des matières2. Les <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>, un enjeu d’avenir entre innovation <strong>et</strong> droitde propriété .................................................................................................... 912.1. L’évolution des systèmes de protection des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> ................ 922.2. Évolution des dispositifs institutionnels : étude de cas sur l’Inde....................... 973. La culture du coton Bt <strong>et</strong> son introduction dans <strong>les</strong> pays par Monsanto 1003.1. La culture du coton Bt......................................................................................... 1003.2. L’introduction du coton Bt dans le monde.......................................................... 1033.3. Le cas du coton Bt en Inde.................................................................................. 1084. Le coton Bt : quel impact sur <strong>les</strong> pays l’ayant adopté ?.......................... 1114.1. L’impact du coton Bt dans <strong>les</strong> pays en développement ...................................... 1114.2. L’impact économique du coton Bt en Inde ......................................................... 1144.3. L’impact du coton Bt dans <strong>les</strong> pays industrialisés .............................................. 1175. Discussion ................................................................................................ 120Conclusion.................................................................................................... 126Annexes chapitre 2 ....................................................................................... 128Annexe 1 : Carte géographique de l’Inde................................................................... 128Annexe 2 : Impact économique du coton Bt dans <strong>les</strong> pays en développement : Revuede la littérature............................................................................................................ 129Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech :une explication par un modèle de théorie des jeux.............130Introduction.................................................................................................. 1311. Présentation du modèle............................................................................ 1341.1. Situation ex-ante : monopole local avec des SC ................................................. 1361.2. Situation ex-post sur le marché des semences .................................................... 1391.2.1. Monopole avec des SB............................................................................... 139- 271 -


Table des matières1.2.2. Duopole avec uniquement des SB.............................................................. 1401.2.3. Duopole avec des produits différenciés : SB <strong>et</strong> SC.................................... 1421.3. Le choix du mode de pénétration dans un pays d’accueil par une multinationaled’agbiotech................................................................................................................. 1491.3.1. Contrat de licence....................................................................................... 1501.3.2. Joint-venture............................................................................................... 1501.3.3. Fusion......................................................................................................... 1511.3.4. Filiale.......................................................................................................... 1512. Résolution du modèle ............................................................................... 1542.1. Explication du processus de négociation ............................................................ 1542.1.1. Négociation sur le prix de la licence avec tarif fixe, L .............................. 1552.1.2. Négociation sur le partage du profit dans la joint-venture, v ..................... 1552.1.3. Négociation sur le prix d’acquisition, M.................................................... 1562.2. Résultats sur <strong>les</strong> stratégies d’entrée d’une firme agbiotech ................................ 1603. Discussion : Comparaison des résultats théoriques avec <strong>les</strong> stratégies decommercialisation du coton Bt par Monsanto............................................. 166Conclusion.................................................................................................... 169Annexes du chapitre 3 .................................................................................. 172Annexe 1.1-a : Prix, quantités <strong>et</strong> profit d’équilibre dans le cas de monopole local avecdes semences conventionnel<strong>les</strong> .................................................................................. 172Annexe 1.1-b : Le surplus du consommateur dans le cas de monopole local avec dessemences conventionnel<strong>les</strong> ........................................................................................ 173Annexe 1.2-a : Monopole local avec des semences conventionnel<strong>les</strong> versus monopolelocal avec des semences biotechnologiques............................................................... 174Annexe 1.2-b : Prix, quantités <strong>et</strong> profit d’équilibre dans le cas du duopole avecuniquement des semences biotechnologiques............................................................ 175Annexe 1.2-c : Le surplus du consommateur dans le cas de monopole avec dessemences biotechnologiques ...................................................................................... 176Annexe 1.2-d : Prix d’équilibre pour le duopole avec produits différenciés ............. 177Annexe 1.2-e : Quantités d’équilibre dans le cas du duopole avec produits différenciés178- 272 -


Table des matièresAnnexe 1.2-f : La condition C1.................................................................................. 179Annexe 2.1-a : Calcul du prix de licence optimal...................................................... 180Annexe 2.1-b : Calcul de la part v.............................................................................. 181Annexe 2.1-c : Calcul du prix de la fusion................................................................. 182Annexe 2.1-d : Calcul correspondant à la préférence de L par rapport à JV ............. 183Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM enEurope : l’importance de la confiance dans <strong>les</strong> différentesparties prenantes du débat public........................................184Introduction.................................................................................................. 1851. La construction d’un débat public sur <strong>les</strong> OGM ..................................... 1871.1. Les acteurs dans le débat public sur <strong>les</strong> OGM .................................................... 1871.2. Vers une réglementation uniforme des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> ? ................... 1902. Revue de la littérature sur <strong>les</strong> déterminants de l’opposition aux OGM.. 1943. Méthodologie............................................................................................ 2013.1. Présentation des données d’enquête.................................................................... 2013.2. Méthodes statistiques utilisées ............................................................................ 2064. Résultats ................................................................................................... 2074.1. Proximité de la confiance dans l’information du jugement sur l’action de certainesorganisations............................................................................................................... 2074.1.1. Confiance dans l’information..................................................................... 2074.1.2. Jugement sur l’action de certaines organisations ....................................... 2114.2. Relations entre confiance <strong>et</strong> opposition (modèle multivarié).............................. 2144.3. Structure du débat sur <strong>les</strong> OGM par pays (eff<strong>et</strong> pays) ........................................ 221Conclusion.................................................................................................... 227Annexes du chapitre 4 .................................................................................. 232- 273 -


Table des matièresAnnexe 1 : L’impact de la confiance sur le niveau de consommation : <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> deBecker <strong>et</strong> Huffman ..................................................................................................... 232Annexe 2 : Statistiques descriptives <strong>et</strong> définition des variab<strong>les</strong>................................. 235Annexe 3 : Modèle compl<strong>et</strong> de l’estimation d’un probit multivarié.......................... 237Annexe 4 : Les caractéristiques de différents groupes de pays identifiés.................. 239Conclusion générale .......................................................................2401. Résultats de notre recherche.................................................................... 2412. Limites de la thèse.................................................................................... 2473. Perspectives de recherches ...................................................................... 2483.1. Les stratégies d’entrée des firmes en agbiotech dans de nouveaux marchés ...... 2483.2. Les implications des conventions internationa<strong>les</strong> sur l’évolution des<strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> ........................................................................................... 2493.3. Les enjeux des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> agriculteurs dans <strong>les</strong> pays endéveloppement ........................................................................................................... 2503.4. La gestion de l’acceptation des consommateurs pour la commercialisation denouvel<strong>les</strong> technologies ............................................................................................... 252Bibliographie...................................................................................254Table des matières ..........................................................................269Liste des tableaux, figures <strong>et</strong> encadrés..........................................275- 274 -


Liste des tableaux, figures <strong>et</strong> encadrésLISTE DES TABLEAUX, FIGURES ETENCADRESTABLEAUXIntroduction générale.........................................................................7Tableau 1 : Panorama des acteurs concernés par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> (plantes,semences <strong>et</strong> produits biotechnologiques)........................................................................ 11Tableau 2 : Offre <strong>et</strong> demande des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.......................................... 12Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.................21Tableau 1 : Les différentes générations des <strong>biotechnologies</strong>.......................................... 25Tableau 2 : La répartition de la superficie des plantes biotechnologiques dans <strong>les</strong> paysindustrialisés <strong>et</strong> <strong>les</strong> pays en développement entre 1996 <strong>et</strong> 2005 (en millions d’hectares)......................................................................................................................................... 40Tableau 3 : La surface totale des surfaces biotechnologiques par pays (en millionsd’hectares) ....................................................................................................................... 41Tableau 4 : La part des principa<strong>les</strong> plantes biotechnologiques dans la superficiemondiale de 2003 à 2005 ................................................................................................ 45Tableau 5 : La répartition de la superficie totale des plantes biotechnologiques par <strong>les</strong>trois principaux traits génétiques entre 1996 <strong>et</strong> 2005 (en millions d’hectares)............... 46Tableau 6 : Les différents accords de collaboration pendant <strong>les</strong> années 80.................... 55Tableau 7 : Les actions stratégiques de Monsanto.......................................................... 56Tableau 8 : Les relations significatives de Monsanto par activité .................................. 56Tableau 9: Croissance spectaculaire dans <strong>les</strong> actifs financiers des semenciers .............. 59Tableau 10 : Les différents accords de collaboration pendant <strong>les</strong> années 80.................. 59Tableau 11 : Les dépenses en R&D des six firmes leaders en agbiotech en 2000.......... 65Tableau 12 : Les dépenses en R&D des six firmes leaders en agbiotech (en millions dedollars) en 2005............................................................................................................... 65Tableau 13 : Les 10 premiers semenciers dans l'industrie des semences en 1999.......... 67Tableau 14 : Les différentes formes de collaborations entre Monsanto <strong>et</strong> certainssemenciers ....................................................................................................................... 71Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde :étude de cas sur le coton Bt.....................................................81Tableau récapitulatif 1 : Les bénéfices <strong>et</strong> <strong>les</strong> inconvénients de la révolution verte <strong>et</strong> de larévolution des <strong>biotechnologies</strong> sur l’agriculture indienne. ............................................. 90Tableau 2 : Les autorités compétentes concernées par <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> enInde.................................................................................................................................. 99- 275 -


Liste des tableaux, figures <strong>et</strong> encadrésTableau 3 : Les principaux lépidoptères nuisib<strong>les</strong> dans certains pays producteurs ducoton.............................................................................................................................. 101Tableau 4 : Situation du coton biotechnologique en 2004............................................ 103Tableau 5 : Pertes dues aux insectes nuisib<strong>les</strong> du coton aux Etats-Unis, de 1994 à 2001....................................................................................................................................... 104Tableau 6 : Superficie <strong>et</strong> pourcentage d’adoption du coton Bt au Mexique entre 1996 <strong>et</strong>2001............................................................................................................................... 105Tableau 7 : Superficie <strong>et</strong> taux d’adoption du coton Bt dans la région de Makhathini entre1998-1999 to 2000-2001 ............................................................................................... 107Tableau 8. Chronologie de l’autorisation du coton Bt en Inde. .................................... 110Tableau 9 : Moyenne sur trois ans (2002-2005) du coton Bt <strong>et</strong> coton non Bt .............. 115Tableau 10 : Avantage national du coton Bt aux Etats-Unis ........................................ 117Tableau 11 : Rendement <strong>et</strong> bénéfices économiques du coton INGARD par rapport auxvariétés conventionnel<strong>les</strong> en Australie entre 1996 <strong>et</strong> 2000........................................... 118Tableau 12 : Frais de la technologie pour le coton Bt................................................... 119Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech :une explication par un modèle de théorie des jeux.............130Tableau 1 : Matrice des gains de la firme a <strong>et</strong> de la firme s.......................................... 157Tableau 2: Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 1 ..... 161Tableau 3: Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 2 ..... 164Tableau 4 : Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 3 .... 165Tableau 5 : Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 4 .... 165Tableau 6 : Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 5 .... 166Tableau 7 : Le jeu de l’introduction des variétés biotechnologiques : Simulation 6 .... 166Tableau 8 : Les stratégies de Monsanto pour commercialiser le coton Bt.................... 167Tableau 9 : Comparaison des stratégies d’entrée de Monsanto avec <strong>les</strong> résultats dumodèle ........................................................................................................................... 168Tableau 10 : Indicateurs pour <strong>les</strong> stratégies de collaboration <strong>et</strong> d’entrée pour uninnovateur amont en biotechnologie ............................................................................. 170Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM enEurope : l’importance de la confiance dans <strong>les</strong> différentesparties prenantes du débat public........................................184Tableau 1 : Les déterminants de l’opposition aux OGM : une revue de la littérature .. 195Tableau 2 : Répartition de la population suivant son opposition à la consommation desOGM.............................................................................................................................. 205Tableau 3 : Pourcentage de réponses aux questions relatives à la connaissance enmatière de <strong>biotechnologies</strong>............................................................................................ 205Tableau 4 : Statistiques descriptives des variab<strong>les</strong> relatives à l’opposition <strong>et</strong> à laconnaissance en matière de <strong>biotechnologies</strong>................................................................. 206Tableau 5 : Comparaison des taux d’opposition <strong>et</strong> de connaissances suivant la confiancedans <strong>les</strong> différentes organisations pour l’information sur <strong>les</strong> Biotechnologies............. 208- 276 -


Liste des tableaux, figures <strong>et</strong> encadrésTableau 6 : Comparaison des taux d’opposition <strong>et</strong> de connaissances suivant <strong>les</strong> tauxd’approbation de certaines actions des organisations ................................................... 212Tableau 7 : Résultats de l’estimation d’un probit multivarié ........................................ 217Tableau 8 : Tableau des probabilités conditionnel<strong>les</strong> ................................................... 220Tableau 9 : Tableau des pourcentages d’augmentation ................................................ 220Tableau 10 : Synthèse des caractéristiques des différents groupes de pays identifiés. 225Conclusion générale .......................................................................240Tableau 1 : Les raisons d’adoption du coton Bt selon le type du pays ......................... 243Tableau 2 : Les indicateurs d’entrée <strong>et</strong> <strong>les</strong> stratégies de collaboration de l’innovateur 245Bibliographie...................................................................................254FIGURESIntroduction générale.........................................................................7Figure 1 : Système de commercialisation lié aux <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.................. 14Chapitre 1 : Repères sur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong>.................21Figure 1 : Les étapes de la transgénèse .......................................................................... 33Figure 2 : Filière agroalimentaire simplifiée................................................................... 50Figure 3 : Les facteurs affectant l’appropriation de la rente de l’innovation.................. 60Figure 4 : La valeur du marché des principa<strong>les</strong> semences biotechnologiques en 2005 .. 66Chapitre 2 : Impact des <strong>biotechnologies</strong> agrico<strong>les</strong> dans le monde :étude de cas sur le coton Bt.....................................................81Figure 1 : Collaboration <strong>et</strong> partage de surplus issus de la commercialisation desSemences biotechnologiques......................................................................................... 122Chapitre 3 : Transfert de technologie dans la filière agbiotech :une explication par un modèle de théorie des jeux.............130Figure 1 : Répartition des consommateurs suivant leur préférence pour la qualité ...... 138Figure 2 : Coexistence entre SB <strong>et</strong> SC .......................................................................... 145- 277 -


Liste des tableaux, figures <strong>et</strong> encadrésFigures 3 <strong>et</strong> 4 : Comparaison entre <strong>les</strong> situations de coexistence <strong>et</strong> de non-coexistence....................................................................................................................................... 146Figure 5 : Surplus du consommateur............................................................................. 147Figure 6 : Arbre du jeu .................................................................................................. 153Figure 7 : Arbre du jeu avec calcul des gains ............................................................... 159Chapitre 4 : Les déterminants de l’opposition aux OGM enEurope : l’importance de la confiance dans <strong>les</strong> différentesparties prenantes du débat public........................................184Figure 1 : Classification hiérarchique pour <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> de confiance dans l’informationsur <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> .................................................................................................. 210Figure 2 : Classification hiérarchique pour <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> relatives aux jugements surl’action des organisations en ce qui concerne <strong>les</strong> <strong>biotechnologies</strong> ............................... 213Figure 3 : Répartition des désaccords pour l’usage alimentaire des OGM selon le niveaude connaissances en <strong>biotechnologies</strong> par pays en Europe............................................. 222Figure 4 : Classification hiérarchique des pays européens à partir des variab<strong>les</strong> depositionnement sur <strong>les</strong> OGM......................................................................................... 224Conclusion générale .......................................................................240Bibliographie...................................................................................254ENCADREEncadré 1 : Glyphosate, Round up <strong>et</strong> plantes Roundup Ready....................................... 69- 278 -

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