connaissance où abusus est ignoré, où <strong>la</strong> libre circu<strong>la</strong>tion est <strong>la</strong> règle, et non l’exception. C’est notamment ledomaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> science ouverte, sans brevet, où les héritiers d’Einstein ne sauraient interdire à quiconquel’apport <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> leur ancêtre pour explorer l’univers. C’est là aussi qu’ont pris leur essor lesexpériences volontaires <strong>de</strong> col<strong>la</strong>boration et <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s savoirs.J’appellerai ici domaine public ce vaste continent <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance et <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture en accès libre.Cette dénomination est juridiquement fausse, bien sûr. En droit, le domaine public est un abîme où lesœuvres et l’innovation échouent une fois le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> protection expiré. Ne diton pas tomber dans le domainepublic ?Il faut en finir avec cette conception négative <strong>de</strong>s ressources en libre accès. Le domaine public« historique » n’est rien d’autre que le patrimoine commun <strong>de</strong> l’humanité, le réservoir <strong>de</strong>s savoirs et œuvresdu passé, que les scientifiques, les développeurs <strong>de</strong> logiciels libres, ou les artistes, alimentent. Une définitionmo<strong>de</strong>rne du domaine public doit intégrer tout à <strong>la</strong> fois les créations qui ne sont plus protégées, mais aussicelles que leurs auteurs ont désiré mettre en libre accès. Car c’est bien le libre accès qui caractérise cettedéfinition étendue du domaine public, et certainement pas l’absence <strong>de</strong> règles ou le déni <strong>de</strong> rémunération et<strong>de</strong> reconnaissance. Seul l’abusus s’efface. L’us, non. Aucun auteur <strong>de</strong> logiciel libre ne saurait se voir dénierle droit <strong>de</strong> jouir <strong>de</strong> sa création, pas plus qu’un chercheur ou un écrivain. Quant au fructus, il ne se mesure pasen terme purement pécuniaires : <strong>la</strong> rétribution y est tout aussi symbolique et sociale, que financière.Notes1. François d’Aubert, « Fournisseurs d’accès : un investissement risqué », Les Échos, 3 février 2004.2. Cité par Maurice Cassier, L’engagement <strong>de</strong>s chercheurs visàvis <strong>de</strong> l’industrie et du marché : normes et pratiques <strong>de</strong>recherche dans les biotechnologies, in Les logiques <strong>de</strong> l’innovation, sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> Norbert Alter, La découverte, Paris,2002, p. 155.3. Il convient <strong>de</strong> souligner aussi que l’obtention d’un brevet est conditionnée à <strong>la</strong> divulgation <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> utilisée pourparvenir à l’invention ainsi protégée. Même si cette règle est très souvent dévoyée (les Offices <strong>de</strong> brevet ne se préoccupentguère <strong>de</strong> vérifier si <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription faite par l’inventeur est suffisamment précise et les déposants passent leur vie àcontourner <strong>la</strong> règle), elle se vou<strong>la</strong>it à l’origine vertueuse et évitait ainsi <strong>la</strong> multiplication <strong>de</strong>s secrets <strong>de</strong> fabrication.4. Dominique Foray et Liliane Hi<strong>la</strong>ire Perez, « The economics of open technology : collective organization and invididualc<strong>la</strong>ims » in the Fabrique Lyonnaise during the old regime, in Economics of knowledge », MIT Press, Cambridge, 2004, p.174178.5. Dominique Foray, op. cit., p. 89.6. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> CohenTannoudji, « Redynamisons <strong>la</strong> recherche », Le Mon<strong>de</strong>, 13 janvier 2004.7. L’Économie <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance, op.cit.8. Lori Pressman, « AUTM Licensing Survey », The Scientist, 14 juillet 2003.9. Dominique Foray et Liliane Hi<strong>la</strong>ire Perez, op. cit.10. Toute l’histoire <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> soierie à Lyon dans les paragraphes qui suivent est tirée <strong>de</strong> Dominique Foray etLiliane Hi<strong>la</strong>ire Perez, op. cit.11. La mécanisation <strong>de</strong> plus en plus rapi<strong>de</strong> du tissage aura aussi <strong>de</strong>s conséquences sociales importantes, les ouvriers <strong>de</strong> <strong>la</strong>soierie lyonnaise, les Canuts, voyant l’automatisation ruiner leur travail. En 1806, une machine Jacquard sera brûléepubliquement et son inventeur échappera <strong>de</strong> peu à <strong>la</strong> noya<strong>de</strong> dans le Rhône.12. Bill Gates, Une lettre ouverte aux hobbyistes, Computer Notes, février 1976. Voir le texte complet <strong>de</strong> <strong>la</strong> tribune surhttp://www.freescape.eu.org/biblio (traduction <strong>de</strong> Michel Volle). Et sur l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> microinformatique, lire StevenLevy, « Hackers: Heroes of the computer revolution », Doubleday, New York, 1984.13. Voir le site http://www.microsoft.com14. On distingue dans un logiciel le « co<strong>de</strong>source », qui est écrit par les programmeurs et se présente sous forme d’un<strong>la</strong>ngage structuré, compréhensible et modifiable par un humain, du « co<strong>de</strong> binaire » uniquement lisible par <strong>la</strong> machine. Onpasse du co<strong>de</strong> source au co<strong>de</strong> binaire par une opération baptisée « compi<strong>la</strong>tion ». Les logiciels dits propriétaires,notamment ceux <strong>de</strong> Microsoft, sont fournis directement en co<strong>de</strong> binaire, sans le co<strong>de</strong> source. On ne peut donc les modifier.15. Richard Stallman, « Le Manifeste GNU », in Libres Enfants du savoir numérique, l’Ec<strong>la</strong>t, 2000.16. Acronyme récursif pour Gnu’s not Unix (Gnu n’est pas Unix), en référence au système d’exploitation Unix donts’inspire Richard Stallman.17. L’<strong>usage</strong> <strong>de</strong> GNU/Linux permet <strong>de</strong> créditer tout à <strong>la</strong> fois le travail <strong>de</strong> <strong>la</strong> fondation <strong>de</strong> Richard Stallman et celui <strong>de</strong> Linus
Torvalds. Par facilité, c’est le seul mot « Linux » qui est le plus souvent utilisé pour évoquer GNU/Linux. Un raccourci quisuscite <strong>la</strong> réprobation, parfois virulente, <strong>de</strong> RMS et son entourage.18. Netcraft Survey, voir http://www.netcraft.com19. « Linux is a cancer that attaches itself in an intellectual property sense to everything it touches. [...] The way the licenseis written, if you use any opensource software, you have to make the rest of your software open source ». Interview <strong>de</strong>Steve Ballmer, Chicago SunTimes, 1er juin 2001.20. Les débats sémantiques autour <strong>de</strong> « logiciels libres » ou « open source » s’apparentent souvent à <strong>de</strong>s dialogues <strong>de</strong>sourds, leurs définitions n’étant pas les mêmes selon les locuteurs.21. Michel Vivant, « Propriété intellectuelle et nouvelles technologies, à <strong>la</strong> recherche d’un nouveau paradigme »,Conférence prononcée dans le cadre <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> tous les savoirs, 2000. Disponible surhttp://www.freescape.eu.org/biblio.22. Eric Raymond, « La Cathédrale et le Bazar », 1998, trad. Sébastien Blon<strong>de</strong>el, dispo. sur Biblio du Libre. Dans sonarticle, Eric Raymond parle plutôt <strong>de</strong> style Cathédrale dans le cas du développement centralisé <strong>de</strong> logiciels, un modèleappliqué aussi souvent en milieu académique qu’en entreprise.23. Eben Moglen, « L’anarchisme triomphant : le logiciel libre et <strong>la</strong> mort du copyright », 1999, trad. Jérôme Dominguez,http://www.freescape.eu.org/biblio24. Dominique Foray et Liliane Hi<strong>la</strong>ire Perez, The economics of open technology, op. cit.25. Olivier Blon<strong>de</strong>au, « Celui par qui le co<strong>de</strong> est parlé », Biblio du Libre, http://www.freescape.eu.org/biblio, 2003.26. Voir <strong>la</strong> lettre d’explication <strong>de</strong> Microsoft : http://www.microsoft.com/presspass/DOJ/15lessigltr.asp27. La notion <strong>de</strong> « Commons », très anglosaxonne, se montre particulièrement rétive à <strong>la</strong> traduction. Nous emploieronssouvent ici <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> « biens communs » plutôt que celle <strong>de</strong> « communaux ».28. « Some Rights Reserved: building a <strong>la</strong>yer of reasonable copyright ». Voir le site http://www.creativecommons.org29. « Some Rights Reserved..., » op. cit.30. Voir le site <strong>de</strong> Roger McGuinn, le Folk Den : http://www.ibiblio.org/jimmy/folk<strong>de</strong>n/31. Magnatune : http://www.magnatune.com32. Citation tirée <strong>de</strong> son propre site : http://www.craphound.com/down/33. Voir le film et les textes <strong>de</strong> Brian Flemming sur http://www.nothingsostrange.com34. Geoff Watts, « Crusa<strong>de</strong>rs for a truly free flow of i<strong>de</strong>as », The Times Higher Education Supplement, 2 janvier 2004.35. Kurt Kleiner, Freedom Fighter, New Scientist, vol 180 issue 2419, 2003.36. http://www.plosbiology.org
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