Influencer les politiques par les pratiquesAu-delà du magazine, le programme promeut la mise en réseau desacteurs pour leur permettre de partager leurs expériences de façonplus approfondie à l’échelle nationale en prenant en compte lesspécificités locales. Cela permet à la fois un renforcement mutueldes capacités et une dynamique d’influence des instances nationalesde prise de décision. En effet, le programme considère les réseauxnationaux comme une bonne échelle d’échange et de dialoguepolitique basé sur les expériences pratiques.Au Mali, une première revue des institutions maliennes menée enjanvier/février <strong>2008</strong> a permis de repérer les organisations maliennesactives dans le domaine de l’agriculture durable. Une mission de prisede contact avec les lecteurs d’AGRIDAPE et certaines organisationsidentifiées par l’étude a été organisée. Il est ressorti que l’agriculturedurable est d’un grand intérêt pour les organisations ; que l’idée d’unréseau des acteurs pour le partage des expériences en agriculturedurable est très pertinente et répond à un besoin réel des lecteurset institutions et, enfin, que la capitalisation est une excellente ported’entrée pour le lancement de ce réseau.Ainsi, la mise en place de réseaux est l’une des stratégies adoptée parAGRIDAPE pour stimuler l’apprentissage mutuel, faciliter la diffusiondes pratiques agro-écologiques et promouvoir le concept d’agriculturedurable. L’idée n’est pas d’implanter de nouveaux réseaux. Il s’agitplutôt d’impulser un mécanisme d’échanges ouvert à tous les acteursde l’agriculture qui souhaitent élargir leurs bases de connaissancessur l’agriculture durable, dans les pays les plus représentatifs dela communauté des lecteurs du magazine dont le Burkina Faso, leSénégal, le Cameroun, le Mali, le Bénin et le Niger. Ces réseaux sontouverts à tous les acteurs de l’agriculture qui souhaitent élargir leursbases de connaissances sur l’agriculture durable.En <strong>2008</strong>, l’initiative de la fondation Georgeslemaraicher de constituerun comité des lecteurs d’AGRIDAPE au Cameroun a été appuyée.Une quinzaine de lecteurs et responsables de structures à Daoula etYaoundé ont été mobilisés pour réfléchir sur les bases d’un réseaunational. Cette plateforme devrait servir de tremplin pour capitaliserles expériences de terrain des membres et susciter l’intérêt desautres acteurs pour l’agriculture durable à faible apports externes. Lelancement de ce réseau est prévu en 2009.© Awa Faly Ba26 RAPPORT ANNUEL <strong>2008</strong>
Au Bénin, les contacts établis lors de l’atelier de capitalisation DURASen février <strong>2008</strong> et la proposition du syndicat paysan Synergie Paysannepour la tenue d’un forum national sur l’agriculture durable a retenul’attention du programme. Toutes les structures rencontrées, lors dela mission de prise de contact en novembre <strong>2008</strong>, ont manifesté ungrand intérêt pour des activités communes telles que l’organisationd’un atelier de capitalisation. Elles se sont également engagées àappuyer la production du magazine AGRIDAPE par leurs contributionsen articles.Au Sénégal, en réponse à la crise alimentaire sans précédent qui aengendré une effervescence sociale et politique, <strong>IED</strong> Afrique et laFédération des organisations paysannes du Sénégal (FONGS) ontorganisé, le 5 juin <strong>2008</strong>, une journée thématique autour de la question :Quelle agriculture pour le Sénégal ? L’objectif de cette rencontre étaitde réunir les acteurs du développement afin de susciter une réflexionsur l’état de l’agriculture sénégalaise, des pratiques aux politiques.Il s’agissait, en effet, de questionner les conditions d’efficacité et dedurabilité des pratiques agricoles actuelles, d’aborder la problématiquedes enjeux commerciaux face à la globalisation et, enfin, de dégagerdes perspectives pour une politique agricole forte.Renforcer la capitalisation des expériencesDe nombreuses expériences de développement sont conduites partoutdans le monde et, particulièrement, en Afrique pour lutter contre lapauvreté, promouvoir les droits humains ou le développement d’uneagriculture plus durable. Ces efforts mobilisent diverses organisationsde la société civile, des ONG, des organisations communautaires, desinstitutions publiques et des individus en ville et en zone rurale.Bien entendu, toutes ces expériences ne sont pas des succès, maischacune porte en elle des éléments d’apprentissage pour d’autresacteurs de développement. Tous les résultats peuvent et doiventêtre analysés afin d’identifier les succès, les limites, les conditionsfavorables et l’impact général réalisé. Cette masse de connaissancesgénérées permet d’affiner les actions de développement. L’importancede ce processus dans la génération des connaissances est largementadmise même si l’opérationnalisation du principe pose encoreproblème.Or, si les réalisations et les leçons tirées ne sont pas documentéesd’une manière ou d’autre, il est très difficile de les partager. Pour cetteraison, une grande quantité d’informations qui pourrait contribuer àla génération des connaissances relatives à l’agriculture durable, enparticulier, et au développement durable, en général, est perdue oubien inaccessible.Dans le cadre du programme AGRIDAPE, <strong>IED</strong> Afrique a expérimentéla méthodologie de capitalisation développée au sein du réseau LEISApour explorer son adaptabilité au contexte des expériences d’Afriquefrancophone. Ainsi, en 2007, un manuel sur la capitalisation desexpériences, « du terrain au partage », a été produit. Ce manuel aété largement diffusé en <strong>2008</strong> par voie postale et mis à dispositionsur le site d’<strong>IED</strong> Afrique. Le projet a été renforcé par l’organisation de2 ateliers de capitalisation en <strong>2008</strong>. L’objectif n’est pas de s’arrêteraux formations, mais plutôt d’enclencher une dynamique pourdévelopper une masse critique de personnes capables non seulementde démultiplier la formation mais aussi de conduire des processus decapitalisation à la base.RAPPORT ANNUEL <strong>2008</strong>27