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Le Conte : apprentissage et utilisation en classe avec les ... - ACFOS

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PÉDAGOGIE<strong>Le</strong> <strong>Conte</strong> : <strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong> <strong>et</strong> <strong>utilisation</strong><strong>en</strong> <strong>classe</strong> <strong>avec</strong> <strong>les</strong> <strong>en</strong>fants sourdsPHILIPPE GENESTEC<strong>et</strong> article repr<strong>en</strong>d des élém<strong>en</strong>ts développés <strong>et</strong> analysés durant le séminaire t<strong>en</strong>u parPhilippe G<strong>en</strong>este <strong>et</strong> Philippe Séro-Guillaume du 26 au 28 novembre 2008 à l’INJS deParis <strong>et</strong> organisé par le CNFEDS de Chambéry. Ce séminaire constituait la seconde partied’une session antérieure consacrée à l’<strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong> du discours par l’<strong>en</strong>fant.Philippe Séro-Guillaume <strong>et</strong> Philippe G<strong>en</strong>este développ<strong>en</strong>t la problématique des<strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong>s créatifs du langage (titre générique du programme général de leursséminaires) <strong>en</strong> li<strong>en</strong> direct <strong>avec</strong> des pratiques pédagogiques effectives 1 .PROGRAMME GÉNÉRAL DE CETTE SÉRIEDE SÉMINAIRESAppr<strong>en</strong>dre le langage, appr<strong>en</strong>dre le français, appr<strong>en</strong>drela langue des signes : il s’agit donc d’<strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong>. <strong>Le</strong>sconceptions des <strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong>s concernés se heurt<strong>en</strong>ttoujours à deux questions : quelle est la part des <strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong>sformels ? Quelle est la part des <strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong>spratiques ?Et si c<strong>et</strong>te manière de poser le problème laissait dansl’ombre d’autres <strong>en</strong>jeux, à savoir l’activité de l’élève <strong>et</strong>du groupe <strong>classe</strong>. Que l’on soit sourd ou <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant, l’intérêtpour la langue, ne passe-t-il pas par une libérationdes discours ?Ce séminaire vise à favoriser la confrontation d’expéri<strong>en</strong>ces<strong>et</strong> d’observations à partir d’exemp<strong>les</strong> concr<strong>et</strong>s<strong>et</strong> <strong>avec</strong> le rappel de vues théoriques sur le langage <strong>et</strong>son acquisition. L’objectif est d’<strong>en</strong>visager des séqu<strong>en</strong>cespédagogiques qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte la part de la créationdans l’<strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong> langagier <strong>et</strong> spécifiquem<strong>en</strong>tcelui de l’<strong>en</strong>fant sourd.L’OBJET DU SÉMINAIRE 2<strong>Le</strong> conte <strong>et</strong> la grammaire du discours<strong>en</strong> situation pédagogique<strong>Le</strong> séminaire a porté sur un g<strong>en</strong>re littéraire incontournablepour <strong>les</strong> élèves puisque exigé par <strong>les</strong> programmesde l’Éducation Nationale. Par ailleurs, le conteest un archétype du récit. Qu’est-ce que le conte ? Comm<strong>en</strong>test-il construit ? Quels <strong>en</strong>jeux s’y jou<strong>en</strong>t au niveaudes lecteurs : au plan personnel, au plan linguistique, auplan d’une réconciliation év<strong>en</strong>tuelle <strong>avec</strong> la situation d’<strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong>? On parle d’universalité des contes, maisest-ce véritablem<strong>en</strong>t un g<strong>en</strong>re si universel ? Quels <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tspeut-on tirer de la mise <strong>en</strong> scène filmique d’unconte par une <strong>classe</strong> d’<strong>en</strong>fants sourds ? Comm<strong>en</strong>t <strong>et</strong>pourquoi aborder le conte d’un point de vue des <strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong>scréatifs du langage ?La confrontation des réponses aux premières questionsa permis de lancer le séminaire à partir d’une pratiquepédagogique d’écriture auprès d’élèves <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dants. <strong>Le</strong>groupe a été invité à se m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> situation de créer uneséqu<strong>en</strong>ce de travail complète adressée à des élèves.Ici aussi, la discussion a ouvert <strong>les</strong> perspectives après<strong>et</strong> p<strong>en</strong>dant la réalisation, <strong>en</strong> alternance individuellem<strong>en</strong>t<strong>et</strong> collectivem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> p<strong>et</strong>it groupe <strong>et</strong> <strong>en</strong> grand groupe.<strong>Le</strong>s séances ont été traversées par la question de latransposition de ce g<strong>en</strong>re de séqu<strong>en</strong>ces pédagogiquesauprès d’élèves sourds.La seconde partie (novembre) a été consacrée à l’analysedes contes par la grammaire de discours : cohésionsnomina<strong>les</strong> <strong>et</strong> verba<strong>les</strong>, cohér<strong>en</strong>ce textuelle, énonciation,types de texte, architectures, g<strong>en</strong>res. <strong>Le</strong>sdiverses applications m<strong>en</strong>ées durant c<strong>et</strong>te seconde partiedu séminaire se sont inscrites dans la réflexion plusgénérale m<strong>en</strong>ée jusqu’à prés<strong>en</strong>t sur la place de la grammairedans <strong>les</strong> <strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong>s créatifs du langage. Précisém<strong>en</strong>t,comm<strong>en</strong>t articuler <strong>les</strong> éclairages théoriques<strong>et</strong> la conception de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> la mise <strong>en</strong> œuvre<strong>en</strong> pratique pédagogique. Ces applications ont permisd’approfondir <strong>les</strong> élém<strong>en</strong>ts de réponse à la question: quelle grammaire pour <strong>les</strong> <strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong> créatifsdu langage ?24CONNAISSANCES SURDITÉS • JUIN 2009 • N°28


<strong>Le</strong> conteECRIRE UN CONTE EN CLASSEMatériaux extraits d’une pratique d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t.La perman<strong>en</strong>ce de l’intérêt pour le conte dans la société<strong>et</strong> sa prés<strong>en</strong>ce toujours aussi importante dans l’école,suffis<strong>en</strong>t à expliquer c<strong>et</strong>te prés<strong>en</strong>tation qui, plus qu’unarticle est un cond<strong>en</strong>sé de préparations de cours <strong>en</strong>vue de tout travail sur le conte. Nous posons commeun principe que l’appropriation des savoirs exige dessituations d’<strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong> basées sur la pratique d’écrituredes élèves. C’est dans c<strong>et</strong>te optique que nousavons élaboré <strong>et</strong> rassemblé ces matériaux. Il n’y a, ici,aucune recherche de vue panoramique sur la question,ni de recherche d’exhaustivité, la tâche, d’ailleurs <strong>en</strong>serait impossible, surtout <strong>en</strong> un article.L’avantage du conte est qu’il est un repère génériqueconnu de tous :“Qu’est-ce que c’est ce texte ?- C’est un conte.”C<strong>et</strong>te évid<strong>en</strong>ce du g<strong>en</strong>re peut être travaillée <strong>en</strong> ellemême,bi<strong>en</strong> sûr, mais elle est, surtout dans <strong>les</strong> premiers<strong>appr<strong>en</strong>tissage</strong>s, un point de départ facilitateur. En eff<strong>et</strong>,on peut directem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>gager <strong>les</strong> élèves sur quelquescaractéristiques du g<strong>en</strong>re. Dans le quotidi<strong>en</strong> de l’interaction,on passe par des cadres, comme parexemple le dialogue, la correspondance, l’échange verbal<strong>en</strong> assemblée, <strong>en</strong> réunion, l’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>, <strong>et</strong>c. Il s’agità chaque fois de cadres, de discours conv<strong>en</strong>tionnelsimposés par la vie <strong>en</strong> société. Ces cadres garantiss<strong>en</strong>tà celui qui s’exprime la recevabilité de sa production langagièrepar ses interlocuteurs. Si nombre de cescadres se r<strong>et</strong>rouv<strong>en</strong>t dans diverses sociétés, ils vari<strong>en</strong>t,aussi d’une société à l’autre. Parmi ceux qui sont communson trouve le conte, <strong>en</strong> tant que g<strong>en</strong>re d’une littératureorale doublé, dans certaines sociétés, par ung<strong>en</strong>re écrit du conte.C<strong>et</strong>te contribution prés<strong>en</strong>te des docum<strong>en</strong>ts pédagogiquespour l’analyse <strong>et</strong> l’écriture de contes.PREMIÈRE PARTIE : DOCUMENTSPÉDAGOGIQUES POUR L’ANALYSE ETL’ÉCRITURE DU CONTE EN CLASSE1. Analyse morphologique du conteselon V. ProppVladimir Propp (1895-1970), théorici<strong>en</strong> russe spécialistede la littérature populaire a dégagé l’architecturedu conte à partir de l’analyse d’un vaste corpus.C<strong>et</strong>te architecture ou structure repose sur 31 fonctions.Ces fonctions r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte des actions cont<strong>en</strong>uesdans des contes très divers. La réflexion est guidéepar le primat de la question : que font <strong>les</strong> personnages? Propp publie <strong>les</strong> résultats de son travail <strong>en</strong>1928 dans un livre ess<strong>en</strong>tiel “Morphologie du conte”.Jamais, bi<strong>en</strong> sûr, un conte ne conti<strong>en</strong>t toutes <strong>les</strong>fonctions.Dans ce qui suit <strong>et</strong> qu’utilise le conteur H<strong>en</strong>ri Cazaux,auteur d’ouvrages lumineux sur sa pratique deconteur, <strong>les</strong> sept premières fonctions correspond<strong>en</strong>tà la situation initiale alors que la huitième est celle où“se noue” à proprem<strong>en</strong>t parler l’action. La lecture att<strong>en</strong>tivede Propp montre, aussi, que le chercheur restaitatt<strong>en</strong>tif aux modalités diverses de réalisation des fonctions<strong>et</strong> aux nuances dans leur apparition. C’est ce quifait dire à Georges Jean : “il me semble capital de ne pasoublier (…) que la formalisation n’a de s<strong>en</strong>s <strong>et</strong> de dev<strong>en</strong>ir,<strong>et</strong> de r<strong>et</strong>ombées pédagogiques, que dans la mesureoù elle perm<strong>et</strong> de ne pas <strong>en</strong>fermer la créativité de chacundans des schémas qui apparaîtrai<strong>en</strong>t comme descarcans” (p.101).1. Un des membres de la famille quitte le foyer.(Abs<strong>en</strong>ce) ;2. Une interdiction est imposée au héros. (Interdiction)3. L’interdiction est violée. (Transgression) ;4. <strong>Le</strong> méchant cherche à se r<strong>en</strong>seigner sur sa victime.(Demande de r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t) ;5. <strong>Le</strong> méchant reçoit l’information relative à sa futurevictime. (R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>u) ;6. <strong>Le</strong> méchant t<strong>en</strong>te de tromper sa victime pour s’emparerd’elle ou de ses bi<strong>en</strong>s. (Duperie) ;7. La victime se laisse abuser <strong>et</strong> aide ainsi involontairem<strong>en</strong>tson <strong>en</strong>nemi. (Complicité involontaire) ;8. <strong>Le</strong> méchant cause un dommage à un membre de lafamille. (Méfait) ;9. <strong>Le</strong> malheur est annoncé. <strong>Le</strong> héros est prié ou commandéde le réparer. (Appel ou <strong>en</strong>voi au secours) ;10. <strong>Le</strong> héros accepte la mission. (Entrepriseréparatrice) ;11. <strong>Le</strong> héros quitte la maison. (Départ) ;12. <strong>Le</strong> héros est soumis à une épreuve préparatoire,(questionné ou attaqué) avant de recevoir un auxiliaireou une aide magique. (Première fonction du donateur) ;13. <strong>Le</strong> héros réagit aux fonctions du futur donateur.(Réaction du héros) ;14. <strong>Le</strong> héros r<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> possession de l’auxiliairemagique. (Transmission) ;15. <strong>Le</strong> héros arrive sur le lieu où se trouve l’obj<strong>et</strong> de sarecherche. (Transfert d’un royaume dans un autre) ;16. <strong>Le</strong> héros <strong>et</strong> le méchant s’affront<strong>en</strong>t dans unebataille <strong>en</strong> règle. (Lutte) ;17. <strong>Le</strong> héros reçoit une marque ou un stigmate.(Marque) ;18. <strong>Le</strong> méchant est vaincu. (Victoire) ;CONNAISSANCES SURDITÉS • JUIN 2009 • N°28 25


<strong>Le</strong> conte19. <strong>Le</strong> méfait est réparé. (Réparation) ;20. <strong>Le</strong> héros r<strong>en</strong>tre. (R<strong>et</strong>our) ;21. <strong>Le</strong> héros est poursuivi, pourchassé. (Poursuite) ;22. <strong>Le</strong> héros échappe à la poursuite. Il est secouru(secours) ;23. <strong>Le</strong> héros arrive incognito chez lui ou dans un autrepays. (Arrivée incognito) ;24. Un faux héros prét<strong>en</strong>d être l’auteur de l’exploit.(Imposture) ;25. On propose au héros une tâche difficile. (Tâchedifficile) ;26. La tâche difficile est accomplie par le héros.(Accomplissem<strong>en</strong>t) ;27. <strong>Le</strong> héros est reconnu. (Reconnaissance) ;28. <strong>Le</strong> faux héros ou le méchant est démasqué.(Découverte) ;29. <strong>Le</strong> héros pr<strong>en</strong>d une nouvelle appar<strong>en</strong>ce.(Transfiguration) ;30. <strong>Le</strong> faux héros ou le méchant est puni. (Châtim<strong>en</strong>t)31. <strong>Le</strong> héros se marie <strong>et</strong>/ou monte sur le trône.(Mariage).2. Écrire un conte <strong>avec</strong> <strong>les</strong> élèves(version simplifiée de la matrice complète)Nous empruntons l’exemple ci-dessous à H<strong>en</strong>ri Cazauxque nous adaptons dans nos <strong>classe</strong>s.1. Choisissez <strong>et</strong> découvrez un personnage qui sera lehéros de votre histoire <strong>et</strong> qui va donc vous inspirer : Uneprincesse, Un voyageur, Un p<strong>et</strong>it garçon, Un marin,Une jeune .fille, Un pauvre paysan, Un roi...2. Imaginez ce qu’il désire ou ce qui lui manque pourêtre heureux : <strong>Le</strong> mariage ou l’amour, Un animal ou Unobj<strong>et</strong> magique, Un trésor, La liberté, La sagesse...3. Racontez par qui <strong>et</strong> comm<strong>en</strong>t le héros reçoit desconseils ou des r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : Une fée, Un rêve, Unanimal, Un savant, Un message mystérieux, Un par<strong>en</strong>tou Un ami...4. Racontez son départ à l’av<strong>en</strong>ture, à la quête de cequi lui “manque”.5. En chemin le héros peut r<strong>en</strong>contrer : Un ami, Un allié...Un autre av<strong>en</strong>turier, Un génie, Une jeune fille, Un prince,Un vieillard, Quelqu’un à qui il r<strong>en</strong>d service...6- Imaginez <strong>les</strong> épreuves ou <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> qu’il doitsurmonter : Tâches impossib<strong>les</strong>, Mauvais sorts <strong>et</strong><strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>ts, Monstres, Énigmes <strong>et</strong> devin<strong>et</strong>tes, Brigands,Voleurs ou pirates, Obstac<strong>les</strong> naturels (gouffre,falaise, forêt impénétrable...), <strong>et</strong>c.7. <strong>Le</strong> héros parvi<strong>en</strong>t au but de son voyage, décrivez celieu : Une île, Un château, Un palais, Une grotte, Un souterrain,Une ville, Une planète, Un pays ou Un royaumeinconnu...8. C’est là qu’habite l’adversaire du héros, décrivez le :Un méchant roi, Un savant fou, Un géant, Un nain, Unmonstre, Un rival, Un extra-terrestre, Une méchantereine...9. <strong>Le</strong> héros est d’abord vaincu par son <strong>en</strong>nemi, il estpar exemple : B<strong>les</strong>sé, Vaincu, Trompé, Emprisonné,Laissé pour mort, Métamorphosé, Empoisonné...10. Racontez comm<strong>en</strong>t le héros est aidé par son amiou son allié : En le guérissant, En le délivrant, En leconseillant, En trompant son <strong>en</strong>nemi, En lui donnantun obj<strong>et</strong> magique, En allant chercher de l’aide...11. Racontez comm<strong>en</strong>t le héros affronte (une ou plusieursautres fois) son <strong>en</strong>nemi <strong>et</strong> finit victorieux, ayantobt<strong>en</strong>u ce qu’il était v<strong>en</strong>u chercher.12. <strong>Le</strong> héros peut r<strong>en</strong>trer chez lui mais il est poursuivi<strong>en</strong> chemin par des alliés de son <strong>en</strong>nemi vaincu. Racontezses épreuves : Obstac<strong>les</strong> naturels, animaux, soldats,t<strong>en</strong>tations, pièges, traqu<strong>en</strong>ards, êtres fantastiques...13. <strong>Le</strong> héros est rev<strong>en</strong>u, vainqueur, à son point dedépart : c’est la fin de l’histoire. Racontez la nouvel<strong>les</strong>ituation.Pour l’’écriture d’un conte, on peut procéder ainsi :• Exercice compl<strong>et</strong> d’élaboration d’un conte par sesfonctions (à partir des 31 fonctions ou de la version simplifiéede la matrice des fonctions ;• 10 minutes par jour ;• Individuel ;• À la fin <strong>les</strong> élèves ont un docum<strong>en</strong>t compl<strong>et</strong>. À partirde ce docum<strong>en</strong>t, ils rédig<strong>en</strong>t le conte <strong>en</strong> temps limités(2 heures) ;• Sur une feuille à part ils essai<strong>en</strong>t de noter <strong>les</strong> opérationsqu’ils ont réalisées pour réécrire leur conte (soitune réflexion sur le travail de liage <strong>et</strong> de réécriture).Mais on peut, aussi, procéder de façon plus légère, àpartir de la version simplifiée de la matrice complète.Evidemm<strong>en</strong>t, l’âge des élèves auxquels on s’adresseimporte.3. <strong>Le</strong> schéma quinaire1. Situation initiale : c’est le début de l’histoire. On ydécouvre <strong>les</strong> personnages, <strong>les</strong> rapports <strong>en</strong>tre eux. Onest dans une situation où règne l’équilibre.26CONNAISSANCES SURDITÉS • JUIN 2009 • N°28


<strong>Le</strong> conte2. Perturbation (ou problème ou déséquilibre) : quelquechose arrive, perturbe l’équilibre initial, pose problème,m<strong>et</strong> le bazar, la situation initiale est modifiée,déséquilibrée.3. Dynamique de l’action : <strong>les</strong> personnages agiss<strong>en</strong>tpour résoudre le problème posé. <strong>Le</strong> héros part à larecherche d’une solution, d’un obj<strong>et</strong>. C’est la quête. Ilfait des r<strong>en</strong>contres (adjuvants, opposants), surmontedes obstac<strong>les</strong>, subit des épreuves.4. Rectification (ou résolution ou solution définitive trouvéeau problème initial) : c’est le mom<strong>en</strong>t décisif quirésout le problème. C’est la force équilibrante. <strong>Le</strong> hérosa trouvé l’obj<strong>et</strong> de sa quête, a triomphé de sonadversaire...5. Situation finale (équilibre) : c’est le nouvel état danslequel se trouv<strong>en</strong>t <strong>les</strong> personnages à la fin de l’histoire.Exercice possible:faire comparer la situation initiale d’unconte <strong>et</strong> sa situation finale <strong>et</strong> demander aux élèves d<strong>et</strong>rouver le cheminem<strong>en</strong>t que va suivre l’histoire.Ensuite, seulem<strong>en</strong>t, aller lire <strong>et</strong> étudier le conte. Pr<strong>en</strong>drede préfér<strong>en</strong>ce un conte non connu par <strong>les</strong> élèves. Maisce peut être un conte connu pour montrer aux élèvesqu’ils n’ont pas tous eu la même lecture compréh<strong>en</strong>sivedu conte, ce qui peut ouvrir des discussions sur <strong>les</strong>élém<strong>en</strong>ts décl<strong>en</strong>cheurs d’anticipation du s<strong>en</strong>s <strong>et</strong> décidantde l’interprétation qu’on donne à un récit.4. Schéma actancielCe schéma est celui qui est le plus utilisé dans <strong>les</strong><strong>classe</strong>s. S’il est une aide indéniable pour écrire un conte,<strong>en</strong> revanche, il est moins intéressant à utiliser pourl’étude des contes. En eff<strong>et</strong>, il est rare qu’un conte soitréductible à ce schéma. En général, il y a des complications<strong>et</strong> il n’est pas rare que deux ou trois voire plusieursschémas s’emboît<strong>en</strong>t <strong>les</strong> uns dans <strong>les</strong> autrespour articuler l’<strong>en</strong>tièr<strong>et</strong>é du conte.• Un destinateur : qui donne la mission <strong>et</strong> prom<strong>et</strong> unerécomp<strong>en</strong>se <strong>en</strong> cas de succès.• Un obj<strong>et</strong> (ou mission) : que le destinateur demandequ’on lui rapporte ou une épreuve qu’il impose.•Un héros : qui part <strong>et</strong> va essayer de remplir sa mission.• Un opposant : qui va essayer d’empêcher le héros deréussir. S’il essaie lui aussi de rapporter l’obj<strong>et</strong>, il devi<strong>en</strong>tle rival du héros. Ils peuv<strong>en</strong>t être plusieurs.• Un adjuvant : qui aide le héros à réussir. Ils peuv<strong>en</strong>têtre plusieurs.• Un destinataire (ou bénéficiaire) à qui le héros rapportel’obj<strong>et</strong>. C’est souv<strong>en</strong>t le même que le destinateur.• Une récomp<strong>en</strong>se ou un châtim<strong>en</strong>t.Ce schéma peut servir d’instrum<strong>en</strong>t d’auto-évaluationpour l’élève. Notons que s’il est une aide pour lancer <strong>les</strong>élèves dans l’écriture d’une histoire, il n’est pas toujoursopérant de par <strong>les</strong> complications du récit évoquées cidessus.5. <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>res proches du conte• L’apologue : p<strong>et</strong>ite fable visant à illustrer une leçon demorale.• L’épopée : mélange d’histoire réelle <strong>et</strong> de mythe <strong>et</strong> delég<strong>en</strong>de. L’épopée est généralem<strong>en</strong>t écrite <strong>en</strong> vers ;C’est l’ancêtre du roman à une époque de non dés<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>tdu monde.• La fable : c’est le g<strong>en</strong>re le plus étudié à l’école (cf.André Chervel, <strong>Le</strong>s Auteurs français, latins <strong>et</strong> grecs auprogramme de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t secondaire de 1800 ànos jours, Paris, INRP - Publications de la Sorbonne,1986). Il est reconnu à la morale qui termine le texte<strong>et</strong> lui donne sa perspective.• La lég<strong>en</strong>de : détournem<strong>en</strong>t fabuleux ou vers le fantastiqued’un événem<strong>en</strong>t historique qui lui donne unedim<strong>en</strong>sion exemplaire. La lég<strong>en</strong>de apparti<strong>en</strong>t à la culturepopulaire.•<strong>Le</strong> mythe : récit fondateur de civilisations ou de culturede peup<strong>les</strong> <strong>et</strong> visant à donner s<strong>en</strong>s au monde <strong>et</strong> à l’univers.<strong>Le</strong> mythe est aussi de nature populaire.• La nouvelle : récit court, <strong>en</strong> cela proche du conte, maisd’où le merveilleux est abs<strong>en</strong>t.• La parabole : récit allégorique des livres saints dans<strong>les</strong>quels se cache un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t. La parabole est unapologue visant une vérité religieuse.6. Début <strong>et</strong> fin de conteDemander aux élèves (on peut former deux groupes,un pour le début des contes <strong>et</strong> un pour la fin des contes)d’aller recueillir dans des contes un corpus de premièresphrases <strong>et</strong> un corpus de dernière phrase. Onphotocopiera ces deux listes qu’on distribuera auxélèves pour l’écriture du conte. Ceci facilite l’<strong>en</strong>trée dansl’écriture. Pour le début des contes, on demandera d<strong>et</strong>rouver des phrases autres que “Il était une fois...”.7. <strong>Le</strong>s types de contes• L’anti-conte : par exemple, on étudie la morale d’unconte <strong>avec</strong> <strong>les</strong> élèves puis on leur demande de rechercherune morale inverse, opposée, contraire. À partirde là, ils rédig<strong>en</strong>t un conte (court) aboutissant à c<strong>et</strong>teantimorale. On voit l’intérêt du travail d’écriture, il obligeà se réapproprier chaque étape du conte initial. Ce travailperm<strong>et</strong> aussi de voir qu’<strong>en</strong> termes d’actions, l’invers<strong>en</strong>’est pas toujours possible <strong>et</strong> oblige à desvariantes <strong>et</strong> non à des négations de l’histoire initiale.CONNAISSANCES SURDITÉS • JUIN 2009 • N°28 27


<strong>Le</strong> conte• <strong>Le</strong> conte merveilleux : c’est le plus connu des élèves.Ce peut être un mom<strong>en</strong>t important pour dégager <strong>les</strong>personnages qui, pour <strong>les</strong> élèves, perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t d’id<strong>en</strong>tifierun texte comme un conte (fées, sorcières, géants,génies, ogres, dans un autre monde cohér<strong>en</strong>t mais quin’a ri<strong>en</strong> à voir <strong>avec</strong> le nôtre). À travers <strong>les</strong> personnages,on travaille sur le g<strong>en</strong>re.• <strong>Le</strong> conte factieux : on crée <strong>avec</strong> <strong>les</strong> élèves des situationscomiques, drô<strong>les</strong>, bur<strong>les</strong>ques. Pour autant, on n<strong>et</strong>ombe pas dans le non s<strong>en</strong>s <strong>et</strong> on doit faire att<strong>en</strong>tionà conserver le merveilleux. La littérature se montre sousle jour du divertissem<strong>en</strong>t, mais on sait que la facétiepeut masquer la moquerie.• <strong>Le</strong>s contes d’animaux : ici, on peut s’appuyer sur lafable qui vi<strong>en</strong>t assez spontaném<strong>en</strong>t à l’esprit des élèvesaprès quelques années de scolarité. C’est l’occasionpour faire la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre le conte <strong>et</strong> la fable, tout<strong>en</strong> montrant <strong>les</strong> croisem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre ces deux g<strong>en</strong>res.<strong>Le</strong>s élèves, <strong>en</strong> général, aim<strong>en</strong>t autant inv<strong>en</strong>ter que liredes histoires animalières. On peut, évidemm<strong>en</strong>t,s’amuser à créer des animaux fantastiques par un travailsur la composition des mots selon, par exemple, latechnique simple des “mots valises”.• <strong>Le</strong>s contes d’obj<strong>et</strong>s inanimés : notre modèle resteAnders<strong>en</strong>. <strong>Le</strong>s élèves sont bi<strong>en</strong> moins à l’aise qu’<strong>avec</strong><strong>les</strong> animaux. En sixième, nous procédons à partir d’unschéma très simplifié <strong>et</strong> un jeu d’obj<strong>et</strong>s mis à la dispositiondes élèves. <strong>Le</strong> conte peut tout aussi bi<strong>en</strong> se réaliser<strong>en</strong> bande dessinée qu’<strong>en</strong> texte. On aborde bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>tl’obj<strong>et</strong> inanimé personnifié car <strong>les</strong> élèves font parler<strong>les</strong> obj<strong>et</strong>s. C’est l’occasion, mine de ri<strong>en</strong>, de travaillersur la figure de la personnification. Ici, nous travaillonsdavantage sur la structure minimale de toute histoire.En général, on est am<strong>en</strong>é à travailler sur la différ<strong>en</strong>ce<strong>en</strong>tre obj<strong>et</strong>s ordinaires <strong>et</strong> obj<strong>et</strong>s magiques, possesseursd’un pouvoir. Ce peut être l’occasion de travailler surl’étude de ce type d’obj<strong>et</strong> dans des groupem<strong>en</strong>ts d<strong>et</strong>extes extraits de divers contes.sans aucun s<strong>en</strong>s, mais agréab<strong>les</strong> à lire <strong>et</strong> créant undécalage dans l’att<strong>en</strong>te du lecteur. C’est assez diffici<strong>les</strong>auf à faire créer des contes très brefs <strong>et</strong> à être particulièrem<strong>en</strong>tatt<strong>en</strong>tif à ce que la brièv<strong>et</strong>é soit scrupuleusem<strong>en</strong>trespectée. L’intérêt de c<strong>et</strong>te variante descontes est de jouer sur <strong>les</strong> mots, sur leur écriture, <strong>et</strong>de créer des suites logiques absurdes. Signalons quela berceuse, la comptine, <strong>les</strong> devin<strong>et</strong>tes, <strong>les</strong> virelangues(difficultés de prononciation), <strong>les</strong> vire-oreil<strong>les</strong> (difficultésd’audition), sont parfois proches du conte nons<strong>en</strong>sique.• <strong>Le</strong> conte philosophique : on fait passer une réflexionou une idée religieuse à travers une histoire merveilleuse.La Bible, le Coran <strong>en</strong> sont pleins, ainsi que <strong>les</strong>récits bouddhiques. <strong>Le</strong>s contes de Voltaire sont <strong>les</strong> plustravaillés <strong>en</strong> situation scolaire, <strong>en</strong> <strong>classe</strong> de quatrième.• <strong>Le</strong>s contes fantastiques : il s’agit de partir d’une situationprise dans le réel mais dans laquelle s’insinue uneétrang<strong>et</strong>é, si bi<strong>en</strong> que l’on finit par ne plus trop savoir,<strong>et</strong> le monde merveilleux vi<strong>en</strong>t alors pénétrer le monderéel ; c’est un dialogue <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> deux mondes. On estproche de l’heroïc fantasy, c’est par exemple “La Croiséedes mondes” de P. Pullman.Nous préférons travailler des types de conte connusdes élèves <strong>et</strong> dont <strong>les</strong> caractéristiques sont bi<strong>en</strong> délimitéesafin que l’élève ne se perde pas dans <strong>les</strong>méandres du g<strong>en</strong>re. Philippe GENESTEEnseignant, CNFEDS Chambéry1. <strong>Le</strong> prochain séminaire aura lieu <strong>en</strong> décembre (pour tout r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t,contacter le CNFEDS de Chambéry sis à l’université de Savoie).2. Ce séminaire a lieu <strong>les</strong> 24, 25, 26 septembre <strong>et</strong> 26, 27, <strong>et</strong> 28 novembre2008.• <strong>Le</strong>s contes de la métamorphose : la métamorphosepeut être travaillée <strong>en</strong> sixième (le programme de françaisimpose <strong>les</strong> Métamorphoses d’Ovide, ce qui peutêtre un point de départ intéressant, évidemm<strong>en</strong>t. Onest de plus à la limite du mythe <strong>et</strong> de la lég<strong>en</strong>de antique.Là <strong>en</strong>core, un travail sur le g<strong>en</strong>re s’offre à l’<strong>en</strong>seignant.Avec l’<strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t pour l’heroïc fantasy où le processusde la métamorphose est surabondamm<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t,il est particulièrem<strong>en</strong>t intéressant de travailler c<strong>et</strong>ype de conte. On passe de plus, aisém<strong>en</strong>t du conte d<strong>et</strong>radition populaire au conte littéraire.• <strong>Le</strong>s contes nons<strong>en</strong>siques : il s’agit là de jouer <strong>avec</strong> <strong>les</strong>mots pour créer des contes au s<strong>en</strong>s incertain, voire28CONNAISSANCES SURDITÉS • JUIN 2009 • N°28

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