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Arpad Szenes - Musée des beaux-arts de Dijon

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La trace, l’effacement<strong>Szenes</strong> entreprend l’illustration du Chant <strong>de</strong> l’amour et <strong>de</strong> lamort du cornette Christophe Rilke. Il choisit le passage du reposet <strong>de</strong> la fête après les combats. Il écrit : « Toute mon attention,s’est portée sur la structure (...). La couleur <strong>de</strong>venait tâchegéométrique, rappelant peut-être la façon dont elle est appliquéedans certaines bro<strong>de</strong>ries hongroises. (...) Comme les cubistes, jetournais autour <strong>de</strong> l’objet et je changeais constamment <strong>de</strong> points<strong>de</strong> vue. Je simplifiais aussi. L’objet <strong>de</strong>venait signe (...) ». Dans les<strong>de</strong>rnières versions, la structure s’adoucit et prend <strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs<strong>de</strong> fleur. La gouache qui « suit <strong>de</strong> plus près l’enchevêtrement <strong>de</strong>l’idée, l’émotion et la forme », accompagne ce glissement <strong>de</strong> lafête vers son souvenir.Cette œuvre introduit à une nouvelle orientation, dans laquelle lesforces <strong>de</strong> dissolution jouent un rôle aussi actif que les lignes <strong>de</strong>définition.3L’art <strong>de</strong> <strong>Szenes</strong> relève du paysagisme abstrait dans lequel levisible est sublimé par le paysage intérieur : « le visible et l’invisible,il faut pourtant qu’ils rentrent l’un dans l’autre, à moi <strong>de</strong> les unirdans cette lumière qui s’extériorise en travaillant... » (1963). Lapeinture se veut un équivalent <strong>de</strong> la dynamique interne du mon<strong>de</strong>à travers les signes ; chez <strong>Szenes</strong>, ces signes sont passage,empreinte. « Un poète doit laisser <strong><strong>de</strong>s</strong> traces <strong>de</strong> son passage,non <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves. Seules les traces font rêver » (R. Char).A partir <strong><strong>de</strong>s</strong> années 60, l’eau matricielle signe un effacement -tout oriental - du vouloir : « Ce qui commence quand la toile vi<strong>de</strong>est là (...) a commencé bien avant, bien avant ce fut la mer, uneplage, une ville où j’ai marché, le silence d’un objet, la vie, ma viequi passe (...) que le pinceau inscrit sur la toile et aussitôt c’estun spectacle qui se dédouble : l’idée que j’ai et la forme que jepoursuis dans un espace qui n’est pas le mien (...) » (1963).54Le peintre reconnaît n’avoir pu résister à « la tentation <strong><strong>de</strong>s</strong>couleurs pures ». Sans doute en raison <strong>de</strong> la pratique intensivedu <strong><strong>de</strong>s</strong>sin (« La peinture permet d’escamoter. (...) Avec le<strong><strong>de</strong>s</strong>sin c’est impossible »), cette victoire <strong><strong>de</strong>s</strong> lentes houles, <strong><strong>de</strong>s</strong>respirations latentes, ces souvenirs <strong><strong>de</strong>s</strong> limons originels n’effacentpas « l’armature cachée » dont parlait Kandinsky, « celle qui sedégage insensiblement <strong>de</strong> l’image et qui, par conséquent, estmoins <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée aux yeux qu’à l’âme ».L’étendueL’étendue <strong>de</strong> <strong>Szenes</strong> - qui a été rapprochée <strong>de</strong> l’immensitébachelardienne, catégorie philosophique <strong>de</strong> la rêverie - seconjugue à une aspiration à la subtilité et à la clarté : « Autrefois jecherchais à prévoir mon tableau, je traçais une trame au fusain (...)après tant <strong>de</strong> besogne j’abor<strong>de</strong> enfin la toile comme une totalitéqui s’infléchit peu à peu (...) j’ai commencé par <strong><strong>de</strong>s</strong> rouges quisont <strong>de</strong>venus gris, j’ai mis <strong><strong>de</strong>s</strong> jaunes qui sont <strong>de</strong>venus blancs,ce qui me semblait brutal s’est avéré nuance. »Des expositions rétrospectives à Budapest, Lisbonne, Paris,<strong><strong>de</strong>s</strong> achats <strong>de</strong> l’Etat consacrent la notoriété <strong>de</strong> l’artiste dans lesannées 1970.1. L’Enfant au cerf-volant, 1934, huile sur carton, <strong>Dijon</strong>, musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>beaux</strong>-<strong>arts</strong>2. Portrait <strong>de</strong> Maria-Helena Da Silva, 1947, huile sur toile, <strong>Dijon</strong>, musée <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>beaux</strong>-<strong>arts</strong>3. Le Banquet, 1953, gouache sur papier, <strong>Dijon</strong>, musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>beaux</strong>-<strong>arts</strong>4. Vers l’Ouest, 1965, huile sur toile, <strong>Dijon</strong>, musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>beaux</strong>-<strong>arts</strong>5. Flux et reflux, 1965-72, huile sur toile, <strong>Dijon</strong>, musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>beaux</strong>-<strong>arts</strong>© novamondo.com / © musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>beaux</strong> <strong>arts</strong> <strong>Dijon</strong>, photo F. Jay, rédaction Rémi Cariel

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