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au fil des jours... - Musée des beaux-arts de Dijon - Ville de Dijon

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<strong>au</strong> <strong>fil</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jours</strong>...James-Jacques-Joseph Tissot,Le Déjeuner sur l’herbe,vers 1881-1882Peinture à l’huile sur toile© musée <strong><strong>de</strong>s</strong> be<strong>au</strong>x-<strong>arts</strong>Photo F. JayImages <strong>de</strong> la vie quotidiennedans l’art français (1850-1910)à travers les collections du musée <strong><strong>de</strong>s</strong> be<strong>au</strong>x-<strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Dijon</strong>l’été dans l’expositionVisites commentéesles samedis à 15hVisites <strong><strong>de</strong>s</strong>criptives déficients visuels19 juin à 14h30 et 9 septembre à 10hAtelier “Vacances Pour Ceux qui Restent”10, 11, 12, 13 juilletConte, chant, pianoproduction l’Oreille Internesamedi 8 juillet à 17 h et 20 hdimanche 9 juillet à 15 hmercredi 12 juillet à 15 hAtelier-promena<strong>de</strong> individuels31 mai, 21 juin, 13 septembre à 14h30Parcours découverte<strong>au</strong> <strong>fil</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jours</strong>…<strong>au</strong> musée <strong><strong>de</strong>s</strong> be<strong>au</strong>x-<strong>arts</strong> à 10hLa Bourgogne rurale du 19 e siècle<strong>au</strong> musée <strong>de</strong> la Vie Bourguignonne à 11hles dimanches du 11 juin <strong>au</strong> 10 septembreConférencePeindre “vrai”Icônes du réalisme en Europe (1850-1900)14 septembre à 18hPromena<strong><strong>de</strong>s</strong> contéesavec Bernard Bacherot, Cie <strong><strong>de</strong>s</strong> Contessamedis 26 août, 2 et 9 septembredimanches 20 et 27 août, 3 et 10 septembre à 14h30Atelier-promena<strong>de</strong> scolairesCE1, CM2 sur ren<strong>de</strong>z-vous Inscriptions, tarifs et réservations <strong>au</strong> 03 80 74 52 09


<strong>au</strong> <strong>fil</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> années…1845 - 1914Honoré <strong>de</strong> Balzac, Les Paysans. 1845février-mai : Révolution <strong>de</strong> 1848. 184827 avril : Abolition <strong>de</strong> l’esclavageGeorge Sand, François le ChampiAbolition du jury <strong>au</strong> Salon (rétabli l’année suivante).Gustave Courbet, L’Après-Midi à Ornans, suivi un an plus tard par Un Enterrement à Ornans. 1849Champfleury utilise pour la première fois le terme « réalisme » pour désigner l’art <strong>de</strong> Courbet.2 décembre : Coup d’Etat <strong>de</strong> Louis-Napoléon Bonaparte. 1851Jean-François Millet, Le Semeur.L’administration <strong><strong>de</strong>s</strong> Be<strong>au</strong>x-Arts reprend le contrôle du Salon. 18521 er juillet : H<strong>au</strong>ssmann <strong>de</strong>vient Préfet <strong>de</strong> la Seine. Début <strong><strong>de</strong>s</strong> grands trav<strong>au</strong>x à Paris. 1853Jules Breton, Le Retour <strong><strong>de</strong>s</strong> moissonneurs.Courbet organise, en marge <strong>de</strong> l’Exposition universelle, 1855une exposition personnelle qu’il intitule « Le réalisme ».Gustave Fl<strong>au</strong>bert, Madame Bovary. 1856Edouard Duranty fon<strong>de</strong> la revue Le Réalisme.Jean-François Millet, L’Angélus et Les Glaneuses. 1857Victor Hugo, Les Misérables. 1862Création du Salon <strong><strong>de</strong>s</strong> Refusés. 1863Edouard Manet, Le Déjeuner sur l’herbe.Pierre-Joseph Proudhon, Du principe <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong> sa <strong><strong>de</strong>s</strong>tination sociale. 1865Portrait par Courbet.mars-mai : Commune <strong>de</strong> Paris. 1871Emile Zola, La Fortune <strong><strong>de</strong>s</strong> Rougon, premier tome <strong><strong>de</strong>s</strong> Rougon-Macquart(L’Assommoir, 1877; Nana, 1880; Germinal, 1885; La Bête humaine, 1890, etc)Naissance <strong>de</strong> l’impressionnisme avec Impression, soleil levant <strong>de</strong> Cl<strong>au</strong><strong>de</strong> Monet. 1874Gustave Caillebotte, Les Raboteurs <strong>de</strong> parquet. 1875Jules Bastien-Lepage, Les Foins. 1878Guy <strong>de</strong> M<strong>au</strong>passant, Boule <strong>de</strong> Suif, ouvrage paru dans les 1880Soirées <strong>de</strong> Médan (groupe formé <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> Zola en 1876).16 juin : Gratuité <strong>de</strong> l’enseignement primaire. 18811870-71 Guerre franco-prussienneJusqu’en 1852 : Deuxième République 2 décembre 1852- 4 septembre 1870 : Second Empire1871 - 1940 : Troisième République28 mars : Enseignement primaire laïc et obligatoire. 1882Naissance du post-impressionnisme avec 1886Un dimanche après-midi à l’île <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Jatte <strong>de</strong> Georges Seurat.Edgar Degas, Les Repasseuses.“Manifeste littéraire du symbolisme” <strong>de</strong> Jean Moréas publié dans Le Figaro.Exposition universelle : construction <strong>de</strong> la Tour Eiffel. 1889L. Bloy, « Les funérailles du naturalisme », conférence parue dans La Plume. 1891décembre : Procès et condamnation du capitaine Dreyfus. 1894Jules Renard, Poil <strong>de</strong> carotte.13 janvier : Publication <strong>de</strong> « J’accuse » <strong>de</strong> Zola dans le journal L’Aurore. 18984 juin : Création <strong>de</strong> la Ligue <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> l’Homme.19 juillet : Ouverture du premier tronçon du Métropolitain <strong>de</strong> Paris. 1900Exposition universelle.24 mars : Constitution du Parti socialiste français. Les Bourses 1902du travail adhèrent à la CGT. Série <strong>de</strong> grèves jusqu’en 1913.(1894-1898 : Affaire Dreyfus)octobre : Troisième Salon d’Automne (Scandale <strong>de</strong> la cage <strong>au</strong>x «F<strong>au</strong>ves») 19059 décembre : Séparation <strong><strong>de</strong>s</strong> Eglises et <strong>de</strong> l’EtatNaissance du cubisme avec Les Demoiselles d’Avignon <strong>de</strong> Pablo Picasso. 190725 avril-8 mai : Vote <strong>de</strong> la loi sur les retraites ouvrière et paysanne. 1910Assassinat <strong>de</strong> l’Archiduc d’Autriche Louis-Ferdinand à Sarajevo. 1914Déclenchement <strong>de</strong> la 1ère Guerre mondiale


panorama (salles 1 et 2)à la campagnesalle 1 > le temps du labeur ; le temps du repos1848 : un vent <strong>de</strong> liberté souffle sur le Salon, dit « Salon <strong>de</strong> la République »,où peuvent désormais figurer <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages et <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes <strong>de</strong> genrepeints pour eux-mêmes. Grâce <strong>au</strong>x œuvres <strong>de</strong> Jean-François Millet etAdolphe Leleux, Cour <strong>de</strong> Cabaret, Basse-Bretagne,1857, <strong>Dijon</strong>, musée <strong><strong>de</strong>s</strong> be<strong>au</strong>x-<strong>arts</strong><strong>de</strong> Théodore Rousse<strong>au</strong>, les sujets paysans s’élèvent alors <strong>au</strong> rang <strong>de</strong> la peinture d’histoire. Avec son amiCharles Jacque, Millet s’installe l’année suivante à Barbizon, près <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> Fontaineble<strong>au</strong>, et consacresa peinture à la représentation <strong>de</strong> la vie paysanne, qu’il montre à la fois dans sa réalité quotidienne etlaborieuse, mais <strong>au</strong>ssi dans sa transfiguration biblique, exprimant lebesoin d’un retour à la terre nourricière, face à un mon<strong>de</strong> paysan enpleine mutation, menacé par la révolution industrielle.Les marchés, foires et fêtes traditionnelles rythment cette vie rurale.Lieux d’échanges et <strong>de</strong> détente, ces sujets, qui ne sont pas sansrappeler les scènes <strong>de</strong> kermesses peintes par les artistes hollandaisdu XVII e siècle, rencontrent un vif succès <strong>au</strong>près <strong><strong>de</strong>s</strong> amateursbourgeois <strong>de</strong> folklore populaire.Jean-François Millet, Le Semeur,vers 1852-1855, <strong>Dijon</strong>, musée <strong><strong>de</strong>s</strong> be<strong>au</strong>x-<strong>arts</strong>salle 2 > dans l’intimité du foyerDans la secon<strong>de</strong> moitié du XIX e siècle, les artistes décrivent avec un souci d’<strong>au</strong>thenticité<strong><strong>de</strong>s</strong> intérieurs paysans, qui reflètent la crise du mon<strong>de</strong> rural. La <strong>de</strong>meure rustique, quis’agrandit <strong>au</strong> cours du siècle, se compose généralement d’une ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pièces<strong>au</strong> sol <strong>de</strong> terre battue et n’abrite qu’un mobilier mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te. De même, la nourriture sediversifie, mais l’alimentation quotidienne reste frugale, comme en témoigne Le Repas<strong><strong>de</strong>s</strong> humbles <strong>de</strong> Louis A<strong>de</strong>not, la vian<strong>de</strong> étant réservée <strong>au</strong>x <strong>jours</strong> <strong>de</strong> fête. Il n’y règnepas moins une atmosphère d’intimité chaleureuse, comme dans les toiles <strong>de</strong> Lignier,Girar<strong>de</strong>t et P<strong>au</strong>pion.Edouard P<strong>au</strong>pion,La Fileuse, 1881, <strong>Dijon</strong>,musée <strong><strong>de</strong>s</strong> be<strong>au</strong>x-<strong>arts</strong>salle 2 > le temps <strong>de</strong> la prièreAu XIX e siècle, la France religieuse possédait <strong>de</strong> multiples visages. Si la gran<strong>de</strong> majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> Français étaientcatholiques, du moins baptisés, tous ne montraient pas une réelle piété, celle-ci étant surtout le fait <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes et <strong><strong>de</strong>s</strong> petites gens, notamment dans les campagnes, où la vie rurale était rythmée par la prière. Enville ne subsistait bien souvent qu’une religiosité superstitieuse, centrée sur les sacrements, la communionpascale et les rites mortuaires notamment. Malgré cette pratique régulière mais plus ou moins sincère <strong><strong>de</strong>s</strong>Français, la République choisira <strong>de</strong> faire entrer la religion dans la sphère privée, comme en témoigne lalaïcisation <strong><strong>de</strong>s</strong> écoles primaires, <strong><strong>de</strong>s</strong> hôpit<strong>au</strong>x, etc., et finalement <strong>de</strong> séparer les <strong>de</strong>ux institutions en 1905.


L’œuvre à la loupeLa Prière <strong><strong>de</strong>s</strong> humbles<strong>de</strong> Henri Geoffroyla Prière <strong><strong>de</strong>s</strong> humblesHenri Geoffroy, 1893Dépôt <strong>de</strong> l’Etat en 1893Huile sur toileH. 1,45 mL. 1,92 mSigné « Géo 1893 »L’artisteHenri-Jules-Jean Geoffroy est né à Marennes (Charente-Maritime)en 1853. Il débute <strong>au</strong> Salon à Paris à 21 ans et sera à plusieursreprises médaillé. Peintre, aquarelliste et sculpteur, il s’est taillé unesoli<strong>de</strong> réputation <strong>de</strong> peintre d’enfants, par son incontestable talentà traduire le charme <strong><strong>de</strong>s</strong> écoliers. Il meurt à Paris en 1924.Le bénitierL’église du XIX e siècle tente <strong>de</strong> se réconcilier avec lemon<strong>de</strong> ouvrier, longtemps taxé d’ignorance et d’hostilité.A la campagne, la pratique religieuse rythme la viepaysanne profondément imprégnée <strong>de</strong> ferveur mêlée <strong><strong>de</strong>s</strong>uperstitions ancestrales.Point d’accrocheDans le table<strong>au</strong>, le bébé estle seul à se détourner <strong>de</strong> lascène. Il permet <strong>au</strong> regard duspectateur <strong>de</strong> ne pas rester« enfermé » dans le groupe dupremier plan.La paletteGrise, mais pas tout à fait...Les infinies variations <strong><strong>de</strong>s</strong>gris, colorés délicatement,insufflent à l’œuvre une gran<strong><strong>de</strong>s</strong>olennité, en même tempsqu’un certain sentiment <strong>de</strong>tristesse et <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>.Humbles...Tête baissée, yeux perdus dans le vague ou dans son mon<strong>de</strong> intérieur,chaque participant est muré dans une pose statique et forme bloc. Ainsi,chacun n’en paraît que plus seul, noyé dans la foule <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles.La composition du table<strong>au</strong>La direction <strong><strong>de</strong>s</strong> regards, tou<strong>jours</strong>vers le bas, participe <strong>de</strong> la thématique<strong>de</strong> l’humilité. On prie comme on secourbe sous le far<strong>de</strong><strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> trav<strong>au</strong>x<strong><strong>de</strong>s</strong> champs.Le coin <strong><strong>de</strong>s</strong> enfantsA la campagne, les instants<strong>de</strong> prière rassemblaient la familleet les voisins, d , habitu<strong>de</strong> trèsoccupés par les trav<strong>au</strong>x <strong><strong>de</strong>s</strong>champs.Observe bien le nourrisson...Peux-tu retrouver ces trois <strong>au</strong>tresbébés dans l , exposition ?


panorama (salles 3 et 4)le réalisme socialsalle 3 > art, misère et désespoir !Antithèse du be<strong>au</strong> idéalisé, le réalisme se teinta parfois <strong>de</strong> misérabilisme en représentant le sort <strong><strong>de</strong>s</strong> plusdémunis, souvent condamnés à se séparer <strong>de</strong> leurs maigres biens. Vieillards, mendiants et petits métiersmisérables <strong><strong>de</strong>s</strong> villes étaient les princip<strong>au</strong>x archétypes <strong>de</strong> ce dénuement, que les gravures <strong>de</strong> Legros et lespetits sujets sculptés <strong>de</strong> Pompon illustrent ici.Mais la réalité était en fait be<strong>au</strong>coup plus complexe.L’opinion publique restait ambiguë face à ces petitesgens : tantôt on admirait leur religiosité profon<strong>de</strong> etsincère, leur sagesse bon enfant, tantôt on leur reprochaitleur inculture, leur paresse, leur saleté. S’imposèrentalors <strong>de</strong>ux modèles : le « m<strong>au</strong>vais p<strong>au</strong>vre », le mendiantoisif et le « bon p<strong>au</strong>vre », exécutant <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches répétitivespour une rémunération insuffisante. L’industrialisation<strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XIX e siècle introduisit, en effet,<strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x sujets dans l’iconographie <strong>de</strong> la peintureréaliste, qui s’intéressa alors <strong>au</strong>tant <strong>au</strong> paysan laborieuxqu’à l’ouvrier exploité par la bourgeoisie capitaliste,<strong>de</strong>venu un véritable héros <strong><strong>de</strong>s</strong> temps mo<strong>de</strong>rnes.François Bonvin, La Forge, 1852, <strong>Dijon</strong>, musée <strong><strong>de</strong>s</strong> be<strong>au</strong>x-<strong>arts</strong>salle 4 > le portrait, reflet d’une sociétéAn<strong>de</strong>rs Zorn, Portrait d’EugèneSpuller, 1891, <strong>Dijon</strong>, musée <strong><strong>de</strong>s</strong>be<strong>au</strong>x-<strong>arts</strong>Confi<strong>de</strong>ntiel, rarement exposé <strong>au</strong> Salon et ainsi <strong>au</strong>x critiques, le genre du portraitconnut néanmoins, sous l’impulsion d’Ingres, <strong>de</strong> subtils changements <strong>au</strong> XIX esiècle. Bien plus qu’une mémoire <strong><strong>de</strong>s</strong> apparences, le portrait se donnait commeambition <strong>de</strong> révéler le caractère <strong>de</strong> la personne ainsi que son origine sociale etculturelle, <strong>de</strong> la « saisir » à travers sa posture, son regard, son environnementet ses accessoires vestimentaires. Les peintres dijonnais Sophie Ru<strong>de</strong> et FélixTrutat donnèrent ainsi <strong>de</strong> la bourgeoisie provinciale une image d’un réalismesans complaisance. Enfin, les artistes se plurent également à illustrer les loisirsbourgeois <strong>de</strong> leur temps, comme Léon Goupil et Jean-Baptiste Carpe<strong>au</strong>x avecles portraits <strong>de</strong> Sarah Bernhardt ou <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>moiselle Fiocre, danseuse étoile<strong>de</strong> l’Opéra. Le portrait permettait ainsi une vraie mise en abîme <strong>de</strong> la sociétébourgeoise <strong>de</strong> ce siècle, née <strong>de</strong> l’expansion du capitalisme, créant alors uneFrance à <strong>de</strong>ux vitesses.


L’œuvre à la loupeLe Mont-<strong>de</strong>-Piété<strong>de</strong> Ferdinand HeilbuthL’artisteNé à Hambourg en 1826, naturalisé Français en 1876, FerdinandHeilbuth est surtout un grand voyageur : Anvers, Munich,Düsseldorf, Rome et enfin Paris où il s’installe. Il peint d’abord <strong><strong>de</strong>s</strong>scènes inspirées <strong>de</strong> la Renaissance italienne, puis il se consacre àla peinture <strong><strong>de</strong>s</strong> mœurs bourgeoises et populaires, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvresgraves et souvent pleines <strong>de</strong> vérité. Il meurt à Paris en 1889.Le sujetLe Mont-<strong>de</strong>-Piété est créé par Louis XVI en 1778. Cette étonnanteinstitution <strong>de</strong> solidarité prête <strong>de</strong> l’argent à toute personne (attestantd’un domicile) en échange <strong>de</strong> biens matériels. Les intérêts sont fixésà 10 % par an et les bénéfices <strong><strong>de</strong>s</strong> ventes sont reversés à l’Hôtel-Dieu. Cette « banque <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>au</strong>vres » fut très vite populaire (un milliond’objets déposés en 1817 !) car elle acceptait absolument n’importequoi : matelas, linges, bijoux, outils... Toutes les classes sociales y ontrecours, et c’est le peuple qui la surnomme très vite « ma tante » ou« le clou ».Le Mont-<strong>de</strong>-PiétéFerdinand Heilbuth, vers 1861Dépôt du musée du Louvre en 1902Huile sur toileH. 1, 08 mL. 1,32 mSigné « Heilbuth »« Le Mont-<strong>de</strong>-Piété est une paged’un sentiment très juste, étudiéeconsciencieusement et sincèrementexpressive. La physionomie <strong>de</strong> l’ouvrierhonnête forcé d’engager ses outils atteintà une puissance d’expression peu familière<strong>au</strong>x peintres <strong>de</strong> genre ».Léo Lagrange, Salon <strong>de</strong> 1861.L’employéIsolé <strong>de</strong>rrière le rempart <strong>de</strong> son guichet,est le seul personnage « rai<strong>de</strong> » <strong>de</strong>l’œuvre. Ainsi figé dans sa fenêtre,il incarne l’indifférence <strong>de</strong> l’administrationface <strong>au</strong> dénuement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres.Les outilsA la fin du XIX e siècle, 73 % <strong><strong>de</strong>s</strong>emprunteurs sont <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvriers quidéposent vêtements, mais surtout outilsen attendant <strong><strong>de</strong>s</strong> « <strong>jours</strong> meilleurs ».Un cadrage <strong>de</strong> la vie sociale...Par la composition, Heilbuth traduitplastiquement le poids <strong>de</strong> la détressematérielle : le mur du fond et le plafondoccupent la moitié <strong>de</strong> l’espace dutable<strong>au</strong>, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> teintes m<strong>au</strong>ssa<strong><strong>de</strong>s</strong>,qui accentuent la sensation <strong>de</strong>dénuement. Les personnages alignés,courbés, n’en paraissent que plus« vidés », écrasés par une situationsans issue.esseuleLe coin <strong><strong>de</strong>s</strong> enfantsObserve bien tous ces personnageset entoure parmi les motssuivants ceux qui décrivent lemieux leurs sentiments :hagardlourdpaisibleenjouesolennel,,preoccupepensifmalicieuxfestifSais-tu pourquoi ils sont si tristes ?,,


panorama (salle 5)à la villesalle 5 > en promena<strong>de</strong>...Percement <strong>de</strong> boulevards bordés d’arbres et <strong>de</strong> faça<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’ordonnance classique, trav<strong>au</strong>x d’assainissement<strong><strong>de</strong>s</strong> rues et <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers insalubres, aménagements <strong>de</strong> parcs et <strong>de</strong> squares pour la promena<strong>de</strong> publique,éclairage <strong>au</strong> gaz : <strong>au</strong>tant <strong>de</strong> transformations qui, sous l’égi<strong>de</strong> du baron H<strong>au</strong>ssmann, nommé préfet <strong>de</strong> Parisen 1853, <strong>de</strong>vaient faire <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière une capitale mo<strong>de</strong>rne. Impulsé par l’Exposition universelle <strong>de</strong>1855, ce renouvellement urbain sans précé<strong>de</strong>nt répondait <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong>xpréoccupations sociales <strong>de</strong> l’Empereur.Félix Buhot, Spleen et Idéal ou Le Fiacre<strong>au</strong>x Amours, 1877, <strong>Dijon</strong>, musée <strong><strong>de</strong>s</strong>be<strong>au</strong>x-<strong>arts</strong>« Le vieux Paris n’est plus » déclare ainsi B<strong>au</strong><strong>de</strong>laire qui, à l’instar <strong>de</strong> Zolaet du critique d’art Duranty, préconise alors le « paysage urbain » commel’un <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets mo<strong>de</strong>rnes à traiter en priorité par les artistes. Plus queles quartiers historiques, c’est le Paris h<strong>au</strong>smannien <strong><strong>de</strong>s</strong> boulevardsqui fascine désormais les peintres en quête <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x effets. S’ilsaffectionnent surtout les bords <strong>de</strong> Seine et la côte norman<strong>de</strong>, lesimpressionnistes, en particulier Monet, Caillebotte et Pissarro, sacrifientà leur tour à cet engouement pour la ville dont ils s’attachent à restituerl’animation et l’atmosphère changeante.Parmi les <strong>au</strong>tres motifs récurrents <strong>de</strong> cette mo<strong>de</strong>rnité urbaine,on trouve <strong>au</strong>ssi le réverbère, le kiosque à journ<strong>au</strong>x et les colonnespublicitaires, sans oublier le fiacre promenant dandys et élégantesvêtues <strong>de</strong> crinolines, comme en témoignent l’aquarelle <strong>de</strong> ConstantinGuys et le table<strong>au</strong> à la poésie b<strong>au</strong><strong>de</strong>lairienne <strong>de</strong> Félix Buhot.salle 5 > la ville et ses dangersCette vision poétique et onirique <strong>de</strong> la ville est bien éloignée <strong>de</strong> l’univers sombre du Franc-Comtois JulesAdler qui s’attache à montrer un <strong>au</strong>tre visage <strong>de</strong> la civilisation urbaine, non plus celui <strong>de</strong> la prospérité et <strong><strong>de</strong>s</strong>loisirs frivoles, mais celui <strong>de</strong> la misère sociale et <strong><strong>de</strong>s</strong> faits divers tragiques. C’est en effet les déshérités et leslaissés-pour-compte <strong>de</strong> l’expansion économique <strong><strong>de</strong>s</strong> villes qui retiennent l’attention du peintre. Hérité <strong>de</strong>Zola, son naturalisme sans concession se prolonge jusque dans les années 1910, comme en témoigne cetAcci<strong>de</strong>nt dont les tonalités sour<strong><strong>de</strong>s</strong> accentuent l’expression dramatique.


L’œuvre à la loupeL’Acci<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> Jules AdlerL’artisteNé à Luxeuil (H<strong>au</strong>te-Saône) en 1865, Jules Adler est formé à l’Ecole<strong><strong>de</strong>s</strong> Arts Décoratifs puis <strong>au</strong>x Be<strong>au</strong>x-Arts <strong>de</strong> Paris. Sa carrières’oriente rapi<strong>de</strong>ment vers la peinture <strong><strong>de</strong>s</strong> couches populaires, <strong><strong>de</strong>s</strong>oubliés du progrès économique, avec une prédilection pour lesmineurs chez qui il séjourne régulièrement. Mort à Nogent-sur-Marne en 1952, il est considéré comme l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> meilleurs peintres<strong>de</strong> la vie sociale.La ville et sesdangersAdler sepassionne pourles distractions<strong>de</strong> la foule et sespréoccupationsmalsaines. A priorianecdotique, lascène n’en estpas moins lecompte-rendud’une tragédieurbaine.L’Acci<strong>de</strong>ntJules Adler, 1912Dépôt <strong>de</strong> l’Etat en 1914Huile sur toileH. 1,38 mL. 1,82 mLe lieuUn pont... Un canal... Mais quelle ville ?Paris : il semblerait qu’il s’agisse du CanalSaint-Martin proche du quartier <strong>de</strong> laRépublique où Jules Adler s’était établi.La techniqueLa matière estgénéreuse, épaisseet brillante ; elleest appliquée entouches largeset vigoureuses.L’artiste renonce <strong>de</strong>ce fait <strong>au</strong>x détailsminutieux, <strong>au</strong> profitd’un geste plusdynamique que<strong><strong>de</strong>s</strong>criptif.Be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> bad<strong>au</strong>ds...Le temps pluvieux, perceptible <strong>au</strong> premier plan par labrillance <strong><strong>de</strong>s</strong> pavés, ne semble pas avoir découragé lafoule <strong><strong>de</strong>s</strong> curieux. Cette populace, accourue en masse,semble s’être rapi<strong>de</strong>ment formée. A cette époque, lapoussée démographique est spectaculaire et l’agitation<strong><strong>de</strong>s</strong> villes une réalité...Le coin <strong><strong>de</strong>s</strong> enfantsImaginons un instant que tu esun journaliste, et que tu viensd , arriver sur les lieux. Voilà ceque tu vois... Dessine ou écrisce qui, à ton avis, s , est passé...4, 3, 2, 1...Une composition simple et efficacepar la succession <strong>de</strong> quatre plans,<strong><strong>de</strong>s</strong> groupes <strong>de</strong> curieux formant unefrise, qui donne une gran<strong>de</strong> lisibilité àl’œuvre.

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