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Supporters ultras et hooligans dans les stades de football.pdf - Accueil

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<strong>Supporters</strong> <strong>ultras</strong> <strong>et</strong> <strong>hooligans</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>sta<strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> <strong>football</strong>goslavie, où certains groupes <strong>de</strong> supporters <strong>de</strong>s clubs <strong>de</strong> Belgra<strong>de</strong> ontconstitué <strong>les</strong> embryons <strong>de</strong>s milices <strong>de</strong> l'épuration <strong>et</strong>hnique.Quelle est l'ampleur réelle du phénomène ? Le problème est que l<strong>et</strong>erme hooliganisme recouvre aussi bien <strong>de</strong>s affrontements recherchésentre supporters ou avec la police, <strong>de</strong>s actions menées par <strong>de</strong>s groupespolitiques d'extrême droite contre différentes catégories d'étrangers, que<strong>de</strong>s rixes provoquées par la mise en jeu <strong>de</strong>s susceptibilités individuel<strong>les</strong>ou d'un sens <strong>de</strong> l'honneur exacerbé, mais aussi <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> vandalisme,<strong>de</strong>s transgressions <strong>de</strong> règ<strong>les</strong> (comme l'envahissement <strong>de</strong> terrain) ou <strong>de</strong>scomportements comportant <strong>de</strong>s risques pour autrui (comme l'usage <strong>de</strong>fumigènes) ou encore <strong>de</strong>s comportements abusifs comme <strong>les</strong> insultesracistes ou sexistes ou bien l'ivresse. Ainsi, l'inci<strong>de</strong>nt le plus grave connuen France, <strong>de</strong>ux CRS sérieusement b<strong>les</strong>sés lors d'un match PSG-Caen, en1994, est certes le résultat d'une longue guérilla, durant plusieurs saisons,entre policiers <strong>et</strong> membres du hop <strong>de</strong> Boulogne, mais aussi d'un enchaînement <strong>de</strong> circonstances : geste <strong>de</strong> défi (lancement d'une chaussure surle terrain) qui provoque une intervention policière hors <strong>de</strong> proportion,une bouscula<strong>de</strong> <strong>et</strong> une r<strong>et</strong>raite brutale <strong>et</strong> précipitée <strong>de</strong>s CRS qui aspergent<strong>de</strong> gaz lacrymogènes <strong>les</strong> supporters <strong>et</strong> surtout frappent une supportrice,déclenchant aussitôt une réaction d'honneur <strong>de</strong> son p<strong>et</strong>it ami <strong>et</strong> <strong>de</strong> sesamis, <strong>et</strong>c. Il en est du hooliganisme ce qu'il en est <strong>de</strong> la violence urbaine :on y mélange tout ce qui apparaît comme une rupture <strong>de</strong>s conventionsd'usage <strong>de</strong>s lieux publics <strong>et</strong> <strong>de</strong>s relations entre individus, que ces rupturessoient volontaires ou le résultat d'interactions loca<strong>les</strong> <strong>et</strong> circonstanciel<strong>les</strong>.De plus, pour <strong>de</strong>s facilités <strong>de</strong> comparaison, il convient <strong>de</strong> limiter le proposaux seuls pays européens <strong>et</strong> <strong>de</strong> tradition démocratique où l'usage <strong>de</strong> laviolence,' celle <strong>de</strong> l'Etat ou celle <strong>de</strong>s individus <strong>et</strong> <strong>de</strong>s groupes, s'inscrit<strong>dans</strong> le long procès <strong>de</strong> pacification <strong>de</strong>s mœurs, <strong>et</strong> où, du coup, la violencehooligan pose <strong>de</strong> réel<strong>les</strong> questions aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong> ces sociétés.En eff<strong>et</strong>, si on prend le cas <strong>de</strong> l'Argentine, on s'aperçoit que <strong>les</strong> violencesautour du <strong>football</strong> ont sans doute provoqué la mort <strong>de</strong> 116 personnesentre 1958 <strong>et</strong> 1992. Mais, pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s victimes, c<strong>et</strong>te hécatombe est le résultat d'affrontements avec la police <strong>et</strong> doit aussi êtrereplacée <strong>dans</strong> un contexte <strong>de</strong> dictature où la police connaît peu <strong>de</strong> bornesà son intervention <strong>et</strong> où l'action <strong>de</strong>s supporters est souvent fortementpolitisée <strong>et</strong> interprétée comme telle. Enfin, on a souvent tendance à imputer au hooliganisme <strong>les</strong> victimes d'incendie (Bradford), d'effondrement<strong>de</strong>- tribune (Glasgow, Bolton, Furiani), d'étouffement <strong>et</strong> <strong>de</strong> bouscula<strong>de</strong>(Hillsborough) : ces événements renvoient à une autre violence, celle que<strong>les</strong> institutions qui gèrent le <strong>football</strong> font peser sur <strong>les</strong> spectateurs en neleur offrant pas <strong>de</strong> bonnes conditions <strong>de</strong> sécurité. Telle est la morale quel'on peut tirer du rapport réalisé par le Lord Justice Taylor à la suite <strong>de</strong>47


Patrick Mignonla catastrophe d'Hillsborough en 1989. Au vu <strong>de</strong> ces considérations, leproblème <strong>de</strong> la violence <strong>dans</strong> le <strong>football</strong> est un phénomène classique <strong>de</strong>panique morale?.Cependant, il faut bien constater qu'il y a <strong>de</strong>s morts <strong>et</strong> <strong>de</strong>s b<strong>les</strong>sés à lasuite d'affrontements entre supporters. En Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, on parle <strong>de</strong>94 morts, victimes <strong>de</strong>s violences autour du <strong>football</strong>, entre 1974 <strong>et</strong> 1991 8,sans parler <strong>de</strong>s b<strong>les</strong>sés aux séquel<strong>les</strong> plus ou moins graves. Mais c'est làune situation i exceptionnelle, sans autre équivalent, en Europe, qu'ilconvient d'interroger. Ce qui existe partout, ce sont <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong>mobilisation, <strong>de</strong>s stratégies qui visent à exercer une pression sur d'autresparticipants à l'événement <strong>et</strong> à établir, un rapport <strong>de</strong> force dont la violencene. peut être exclue. Mais c'est moins celle-ci qui est en jeu. que la compréhension -d'un «engagement <strong>dans</strong> une cause, celle du supportérisme,marquée par le sceau d'un extrême sérieux.Un lieu- dit <strong>football</strong>. .L'émergence du hooliganisme à partir du milieu <strong>de</strong>s années 50 s'inscritsans doute <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te phase <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ournement <strong>de</strong> la tendance multiséculaireà la pacification <strong>de</strong>s mœurs <strong>et</strong> à la résorption <strong>de</strong> la violencephysique?: le premier hooliganisme est contemporain <strong>de</strong>s teddy boysanglais <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs différents homologues européens. C<strong>et</strong>te violence, ouc<strong>et</strong>te atmosphère <strong>de</strong> violence, peut s'analyser, <strong>de</strong> même que <strong>les</strong> autresviolences urbaines, comme l'un <strong>de</strong>s aspects d'un mouvement général touchant <strong>les</strong> sociétés occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>, < à <strong>de</strong>s moments différents <strong>et</strong> selon <strong>de</strong>smodalités diverses, où se défont <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> régulation <strong>et</strong> <strong>de</strong> définition<strong>de</strong>s collectifs : la crise <strong>de</strong> l'État-Provi<strong>de</strong>nce <strong>et</strong> l'effondrement <strong>de</strong>s politiques d'émancipation collective, l'épuisement <strong>de</strong>s mouvements sociaux <strong>et</strong>la fin <strong>de</strong> la représentation <strong>de</strong> la société en termes <strong>de</strong> classes socia<strong>les</strong>, l'essor<strong>de</strong>s valeurs individualistes hédonistes ou concurrentiel<strong>les</strong> lié au développement <strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> masse <strong>et</strong> à son importance <strong>dans</strong> la formation <strong>de</strong>sindividus, l'allégement <strong>de</strong> certaines contraintes qui va <strong>de</strong> pair, avecl'importance prise par <strong>les</strong> regroupements générationnels, <strong>les</strong> modifications<strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> construction <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités individuel<strong>les</strong> <strong>et</strong> collectives. Lerecours à la violence contre d'autres groupes <strong>et</strong>hniques, la recherche durisque, la réaction violente à toute atteinte au territoire <strong>de</strong> l'individupeuvent être interprétés comme le signe d'un mouvement <strong>de</strong> décivilisation10, <strong>de</strong> défaite <strong>de</strong>s différentes médiations liant <strong>les</strong> individus <strong>et</strong><strong>les</strong> groupes entre eux, <strong>et</strong> d'une modification <strong>de</strong>s formes d'intériorisation<strong>de</strong>s contraintes socia<strong>les</strong>. Mais on peut aussi analyser c<strong>et</strong>te violence commela dimension d'une action.48


Patrick Mignonlaire. Mais ce désir peut s'accompagner <strong>de</strong> violence : parce que" celle-ciperm<strong>et</strong> alors <strong>de</strong> dramatiser la signification <strong>de</strong> valeurs <strong>et</strong> d'idées ou parcequ'elle est un instrument efficace pour transformer un contexte social u<strong>et</strong> donner à éprouver une existence.Deux modè<strong>les</strong>.Essayons <strong>de</strong> préciser cela en m<strong>et</strong>tant en avant <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux logiques dusupportérisme <strong>et</strong> <strong>les</strong> relations qu'el<strong>les</strong> entr<strong>et</strong>iennent avec la violence : lemodèle <strong>de</strong> la constitution d'une cause <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> la recherche du plaisir,qu'on i<strong>de</strong>ntifiera; par commodité, le premier au modèle italien <strong>de</strong> supportérisme, le second au modèle britannique. « Modèle » signifie ce qu'onpeut imiter parce qu'il y a antériorité <strong>et</strong> originalité (c'est le cas du modèlebritannique) mais aussi idéal-type construit pour comparer en accentuant<strong>les</strong> différences, ainsi l'opposition entre un pôle hédoniste <strong>et</strong> un pôle pluspuritain : « en vrai », il y a en Angl<strong>et</strong>erre <strong>de</strong>s pratiques ou <strong>de</strong>s valeursqu'on trouvera en Italie <strong>et</strong> inversement, mais il y a surtout <strong>de</strong>s traits quirapprochent plutôt <strong>hooligans</strong> hollandais <strong>et</strong> anglais.Qui sont <strong>les</strong> <strong>hooligans</strong> l£> ? Il y a un point commun : ce sont <strong>de</strong>s hommes,ado<strong>les</strong>cents <strong>et</strong> adultes. La mobilisation autour du <strong>football</strong> a donc à voiravec la manière dont se définit <strong>et</strong> se vit l'i<strong>de</strong>ntité masculine lô. Mais onrencontre <strong>de</strong>s différences <strong>dans</strong> la manière dont elle se définit. Il ; sembleattesté qu'en Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne le recrutement <strong>de</strong>s supporters <strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>hooligans</strong> après 1955 se soit effectué essentiellement parmi la jeunesseouvrière. Le <strong>football</strong> est un aspect <strong>de</strong> la socialisation du jeune mâle àtravers <strong>les</strong> plaisirs que lui propose la culture <strong>de</strong> masse n : il a à voir avecce que c'est qu'être un homme (boire, « vanner », défendre le territoire,« assurer » physiquement) <strong>et</strong> le hooliganisme est une forme exacerbée <strong>de</strong>ces « vertus ». Comme toile <strong>de</strong> fond, il y a la question <strong>de</strong> l'intégrationproblématique <strong>de</strong> la classe ouvrière <strong>dans</strong> la société britannique, la permanence <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux nations <strong>de</strong> Disraeli, <strong>et</strong> aujourd'hui la question <strong>de</strong> sonexistence même, <strong>et</strong>, ce qui va avec c<strong>et</strong>te division, la définition culturelle,<strong>et</strong>hnique peut-on dire, <strong>de</strong> la classe sociale, « race à part campant fièrement sur ses territoires18 ». La question du hooliganisme se pose <strong>dans</strong>c<strong>et</strong>te rencontre entre une manière particulière <strong>de</strong> définir l'appartenanceà la classe ouvrière <strong>et</strong> le rôle joué par la quête du plaisir, the quest forexcitment, <strong>dans</strong> la formation <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité sociale <strong>et</strong> individuelle. Ce seraitici comment faire corps grâce à la violence conçue comme recherche <strong>de</strong>plaisir.Le supportérisme ultra <strong>et</strong> le hooliganisme <strong>de</strong>s autres pays européensoffrent un profil social un peu différent. Ainsi, au parc <strong>de</strong>s Princes, si le50


Patrick Mignonvirilité, <strong>de</strong> même que sont <strong>de</strong>s territoires <strong>les</strong> lieux comme <strong>les</strong> bars ou <strong>les</strong>imple espace du groupe en mouvement quand il se déplace ailleurs, enAngl<strong>et</strong>erre. En Europe, le groupe peut re<strong>de</strong>venir national en redisposanten permanence la frontière entre « eux » <strong>et</strong> « nous » <strong>et</strong> se livrer à tous <strong>les</strong>comportements prédateurs qui signent sa maîtrise sur tout type <strong>de</strong> territoire <strong>et</strong> produisent un butin (vêtements, par exemple) qui- pourra êtreexhibé <strong>dans</strong> <strong>les</strong> compétitions pour le prestige national.' On a là <strong>les</strong> basesd'une vraie culture <strong>de</strong> violence, qui n'est pas le propre <strong>de</strong>s jeunes (<strong>les</strong><strong>hooligans</strong> anglais <strong>les</strong> plus durs sont <strong>de</strong>s adultes), <strong>dans</strong> la mesure où el<strong>les</strong>'instaure comme champ <strong>de</strong> compétition entre différents groupes répartissur le territoire national, mais aussi international, <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>rouvant régulièrement pour <strong>les</strong> matchs <strong>de</strong> <strong>football</strong>.*Dès analyses plus récentes ont insisté sur <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s transformations<strong>de</strong> la classe ouvrière, avant <strong>et</strong> durant l'ère thatchérienne, en distinguantceux qui explorent toutes <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> la mobilité sociale ascendante,concrètement par la promotion individuelle légale — heures supplémentaires, formation ou mise à son propre compte 28 — <strong>et</strong> illégale par le travail aunoir ou la participation à toutes sortes <strong>de</strong> trafic29, par l'enrichissementeffectif ou, symboliquement, par l'accumulation <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> richesse (levêtement <strong>et</strong> la vie nocturne). Etre casual ou pur hooligan est une <strong>de</strong>smodalités <strong>de</strong> la culture <strong>de</strong>s lads; <strong>les</strong> jeunes <strong>et</strong> <strong>les</strong> hommes jeunes <strong>de</strong> la classeouvrière, conscients d'eux-mêmes,' investissant tous <strong>les</strong> champs <strong>de</strong> laconsommation. Plus précisément, c'est se trouver à la rencontre entre <strong>les</strong>traditions d'illégalisme - <strong>et</strong> <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong> la violence physique - <strong>et</strong> <strong>les</strong>stratégies <strong>de</strong> promotion individuelle par la consommation ostentatoire, laviolence qui établit <strong>de</strong>s hiérarchies <strong>et</strong> l'économie souterraine. Le <strong>hooligans</strong>e trouve en phase avec le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> consommer <strong>et</strong> l'esprit d'entreprisepromu par la politique <strong>de</strong> Margar<strong>et</strong> Thatcher : sa carrière ne repose passeulement sur la participation aux matchs, mais sur toutes <strong>les</strong> activités quiexpriment ce qu'est la belle vie, sur <strong>les</strong> capacités entrepreneuria<strong>les</strong> qu'ilfaut m<strong>et</strong>tre en œuvre pour y accé<strong>de</strong>r <strong>et</strong> sur <strong>les</strong> capacités organisationnel<strong>les</strong>qui perm<strong>et</strong>tent- d'atteindre le* plaisir 'recherché, l'affrontement avecd'autres <strong>hooligans</strong>, après avoir déjoué tous <strong>les</strong> dispositifs mis en place parla police. Le terme firm, souvent utilisé pour désigner <strong>les</strong> regroupements<strong>de</strong>s casuals, exprime bien <strong>les</strong> traits <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te nouvelle violence. D'une violence ordinaire fondée sur la valeur ouvrière du territoire comme symbole<strong>de</strong>s vertus <strong>de</strong> classe, <strong>les</strong> casuals,- officialisant la désagrégation du mon<strong>de</strong>ouvrier <strong>et</strong> anticipant sur la perte <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rnières positions, n'ont gardéque la violence pure <strong>et</strong> le sens <strong>de</strong> l'organisation.56Patrick MIGNONINSEP


<strong>Supporters</strong> <strong>ultras</strong> <strong>et</strong> <strong>hooligans</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>sta<strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> <strong>football</strong>NOTES1. A. Dal Lago. Descrizione di una battaglia : i rituali <strong>de</strong>l calcio. Il Mulino. 1990.2. C. Bromberger, « La moquerie ; dires <strong>et</strong> pratiques », Le Mon<strong>de</strong> alpin <strong>et</strong> rhodanien, 1989.3. C'est la thèse défendue par P. Marsh <strong>et</strong> alii <strong>dans</strong> The Ru<strong>les</strong> of Disor<strong>de</strong>r, Londres, Routledge,1978, <strong>et</strong> Aggro: the Illusion of Violence , Dent, 1978.4. Sur l'histoire du supportérisme britannique, voir Patrick Mignon, « <strong>Supporters</strong> <strong>et</strong> <strong>hooligans</strong>en Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne <strong>de</strong>puis 1871 », Vingtième Siècle, n"26, avril-juin 1990.5. Sur l'Argentine, voir Eduardo Arch<strong>et</strong>ti. « Death and violence in Argentinian <strong>football</strong> ». inR. Giulianotti <strong>et</strong> alii. Football, Violence and Social I<strong>de</strong>ntity, Londres, Routledge, 1994.6. C'est la dénomination utilisée en Allemagne pour désigner ce qu'ailleurs on appelleraitsous-culture ou réseau.7. C'est-à-dire un <strong>de</strong> ces mouvements où <strong>les</strong> maux <strong>de</strong> la société sont attribués à un groupe, <strong>les</strong>folk <strong>de</strong>vils, ici <strong>les</strong> <strong>hooligans</strong>, créé <strong>dans</strong> le processus <strong>de</strong> dénonciation. Voir Stanley Cohen, FolkDevils and Moral Panics, Oxford, Basil Blackwell, 1972.8. Selon l'estimation <strong>de</strong> Dick Hobbs <strong>et</strong> David Robbins, « The boy done good : <strong>football</strong> violence,changes and continuities », Sociological Review, n" 30, 1991.9. Hugues Lagrange, La Civilité à répreuve : crime <strong>et</strong> sentiment d'insécurité. Paris, PUF, 1995.10. Eric Dunning <strong>et</strong> alii, « Anthropological versus sociological approaches to the study of soccerhooliganism : some critical notes », Sociological Review, n"30, 1991.1 1 . Voir Christian Bromberger, Alain Hayot <strong>et</strong> Jean Marc Mariottini, « Allez TOM ! Forza Juve !La passion du <strong>football</strong> à Marseille <strong>et</strong> à Turin », Teirain, n" 8, avril 1987 ; C. Bromberger, LeMatch <strong>de</strong> <strong>football</strong>. Ethnographie d'une passion partisane à Marseille, Nap<strong>les</strong> <strong>et</strong> Turin, Paris,Maison <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> l'homme, 1995 ; Alain Ehrenberg, Le Culte <strong>de</strong> la performance, Paris.Calmann-Lévy, 1991.12. Voir Luc Boltanski, Les Cadres, Paris, Éd. <strong>de</strong> Minuit, 1984.13. Alain Ehrenberg, « La rage <strong>de</strong> paraître », in « L'Amour-foot », Autrement, 1986.14. D. Riches, Anthropology of Violence, introduction, 1986.15. On prendra ici une définition très large <strong>de</strong> « <strong>hooligans</strong> », qu'on ne distinguera pasd'« <strong>ultras</strong> », renvoyant à l'usage courant, à savoir ceux qui troublent l'ordre <strong>de</strong>s <strong>sta<strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> quelquefaçon que ce soit. On précisera à l'occasion quelques différences entre ces différentes dénominations.16. Un autre point commun malheureusement peu documenté : c'est essentiellement une affaire<strong>de</strong> Blancs ou <strong>de</strong> « nationaux ». Il y a <strong>de</strong>s <strong>hooligans</strong> turcs, jamaïcains, maghrébins, mais trèsmarginaux <strong>et</strong> autour <strong>de</strong> certains clubs.17. Richard Holt, Sport and the British, Oxford, Oxford University Press, 1989.18. Voir Phil Cohen, « We hate humans », in « Violence <strong>et</strong> politique », Lignes, n" 25, mai 1995.19. Certaines données italiennes ne sont pas très éloignées. Voir S. Dal Lago. op. cit.20. B. Ehrenreich, The Fear of Falling : the Inner Life of the Middle Class, Pantheon, 1989.21. J'ai évoqué la présence <strong>de</strong> l'extrême droite. Mais en d'autres temps <strong>et</strong> d'autres lieux, ilfaudrait évoquer l'extrême gauche qui concourt à c<strong>et</strong>te radicalité. Il faut savoir qu'en Italie c'estle style <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong> rue d'extrême gauche qui a été importé <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>sta<strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> qui ad'abord animé <strong>les</strong> tribunes. Il y a également tout un engagement à l'extrême gauche partout enEurope qui renvoie aussi bien à la loi <strong>de</strong> la nécessaire opposition entre supporters qu'à celle <strong>de</strong>l'engagement politique.22. Voir C. Bromberger <strong>et</strong> A. Ehrenberg, op. cit.23. Richard Senn<strong>et</strong>t, The Uses of Desor<strong>de</strong>r : Personal I<strong>de</strong>ntity and City Life. Faber and Faber,1996. S'il y a une dimension carnava<strong>les</strong>que <strong>et</strong> parodique du supportérisme sur laquelle a bieninsisté Christian Bromberger, il y a aussi une face très sérieuse sur laquelle je souhaite insister.24. Elle change tellement la situation qu'elle est aussi à l'origine <strong>de</strong>s fuites, <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>raits ou <strong>de</strong>s57


Patrick Mignoncontre-mobilisations. Ainsi, on peut quitter une partie du sta<strong>de</strong> pour une autre (passer <strong>de</strong> Boulogneà Auteuil au parc <strong>de</strong>s Princes) ou militer contre <strong>de</strong>s violences hors <strong>de</strong> proportion (comme en Italieou en Allemagne, où on cherche à réintroduire <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> comportements <strong>dans</strong> l'affrontement) .Et ne parlons pas <strong>de</strong>s contrecoups du Heysel ou d'Hillsborough en Angl<strong>et</strong>erre comme supportsd'un changement <strong>de</strong> la définition du hooliganisme : on passe <strong>de</strong> l'analyse en termes <strong>de</strong> résistancepopulaire à une mise en question <strong>de</strong> la socialisation <strong>de</strong>s jeunes mâ<strong>les</strong>.25. Simon Frith, « Frankie said : but what did they mean ? », m Alan Tomlison, Consumption,I<strong>de</strong>ntity and Style, Londres, Routledge, 1990.26. On peut renvoyer à P. Willis, Learning to Labour : How Working Class Kids G<strong>et</strong> WorkingClass Job, Gower, 1977.27.' Norbert Elias <strong>et</strong> Eric Dunning, The Quest for Excitment, Oxford, Basil Blackwell, 1985.28. Ian Taylor, « Putting the boot into a working-class sport : British soccer after Bradford andBrussels », Sociology of Sport Journal, n"4, 1987.29. Dick Hobbs, Doing the Business, Oxford, Oxford University Press, 1988.

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