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Monique Fourdin Une petite fille entre désir de ça-voir et interdit de ...

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Mensuel 53[…] <strong>de</strong>s fois elle fait plein <strong>de</strong> bêtises, elle écoute pas maman, <strong>et</strong>papa lui dit <strong>de</strong> pas toucher l’ordinateur <strong>et</strong> elle touche l’ordinateur. »La gran<strong>de</strong> sœur <strong>de</strong> Marie semble donc focaliser le conflit <strong>entre</strong>le <strong>désir</strong> <strong>et</strong> la défense : l’aînée s’intéresse aux garçons, elle « fait sabelle », <strong>et</strong> c’est à partir <strong>de</strong> ce qu’elle scrute chez elle que Marie posela question sur son sexe, « qu’est-ce qu’être une femme ? » ; elle yrépond par une construction sur un mo<strong>de</strong> névrotique, en s’i<strong>de</strong>ntifiantà ce p<strong>et</strong>it autre imaginaire à laquelle elle voudrait ressembler tout ense l’interdisant. Les scénarios « hystérico-hystériques 5 » que Marierelate tournent autour <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s pulsionnels <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent en évi<strong>de</strong>nceune course aux obj<strong>et</strong>s plus-<strong>de</strong>-jouir : jouissance orale (« manger toutle gâteau »), sadique-anale (« toucher » l’ordinateur <strong>et</strong> le « casser »),scopique (la « jupe » qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> « faire la belle » <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’offrircomme obj<strong>et</strong> regard), vocale (sa sœur qui « rigole » ou sa propre jouissanceà « dire » <strong>de</strong>s bêtises). Toutefois, le gâteau, le chocolat, l’ordinateursont <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> <strong>désir</strong> pour autant qu’il peut être satisfait,mais « seulement pour l’Autre 6 ».En tout cas, la curiosité sexuelle, que Martine Menès considèrecomme l’une <strong>de</strong>s « premières manifestations patentes <strong>de</strong> la “névroseinfantile 7 ” », est bien présente chez c<strong>et</strong>te <strong>p<strong>et</strong>ite</strong> <strong>fille</strong>, <strong>et</strong> elle s’organiseà partir <strong>de</strong>s pulsions partielles « prégénitales 8 » : incorporation <strong>de</strong>l’obj<strong>et</strong>, emprise sur l’obj<strong>et</strong>, auxquelles Lacan a ajouté la vision <strong>et</strong>l’ouïe. Nous voyons bien ici, en acte, que le temps <strong>de</strong> la névroseinfantile est « le temps qu’il faut » pour le « travail <strong>de</strong> l’inconscient »<strong>et</strong> la « construction du fantasme », en réponse à « la castration <strong>de</strong>l’Autre, ce à partir <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> jouissance que l’enfant a <strong>de</strong>spulsions partielles 9 ». Mais la curiosité <strong>de</strong> Marie ne se limite pas à cepolymorphisme pervers caractéristique <strong>de</strong> la sexualité infantile : elles’applique aussi à la réflexion sur la différence <strong>de</strong>s sexes <strong>et</strong> à l’élaboration<strong>de</strong>s théories sexuelles infantiles.5. Expression très « parlante » que nous empruntons à J. Lacan, « Le rêve <strong>de</strong> la belle bouchère» dans Le Séminaire, Livre V, Les Formations <strong>de</strong> l’inconscient (1957-1958), Paris, Seuil,1998, p. 365.6. Ibid.7. M. Menès, Un trauma bénéfique : « la névrose infantile », op. cit., p. 67.8. S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Paris, Gallimard, 1987, p. 128.9. M. Menès, Un trauma bénéfique : « la névrose infantile », op. cit., p. 58 <strong>et</strong> 65.42

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