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Traoré - Mondomix

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MMP005 22/11/03 19:01 Page 5Jamaican Sunrise 2003à BagnolsProgrammation judicieuse, public au diapasonet cadre idéal : plus de trente mille spectateursont vibré au son du reggae lors de la deuxièmeédition du “ Jamaican Sunrise”, organisé du 5 au9 août à Bagnols-sur-Cèze (30). Dédié à la culturejamaïcaine (cinéma, cuisine, sound system…), ce festival pro p o s edepuis deux ans une affiche originale en présentant des talentsméconnus. « Pas de stars du reggae sur scène, expliquent les org a-n i s a t r i c e s . Israel Vibration ou les Gladiators, par exemple, tourn e n ttoute l’année en France. Nous préférons inviter des artistes indispensablesà l’histoire du reggae, mais que l’on voit rarement surune scène française. » Cette année, Pablo Moses, Everton Blenderou Johnny Clarke ont confirmé que, sans eux, le reggae roots neserait plus qu’un lointain souvenir. Barrington Levy, Wa rrior King etAbijah ont démontré quant à eux que la musique jamaïcaine étaitcapable de se renouveler au contact des nouvelles sonorités. Étapeincontournable dans le circuit des festivals de l’été, le “JamaicanSunrise” prouve que le reggae s’épanouit d’abord sur scène.Vérification l’année prochaine, au même endroit.Philippe BordierLe monde en Seine-St-DenisSouad MassiDu 24 octobre au16 novembre,la Seine-Saint-Denisorganise la 4 e édition deson festival “ Villes desmusiques du monde”dans plusieurs villes dud é p a rtement. Yuri Buenaventura(salsa), René Lacaille & MarcP e rone, Daara J (rap), SallyNyolo (gospel), Tambours deTokyo, Maria Te resa (fado),Adama Dramé (djembé), SouadMassi (folk), Cherifa (chansonskabyles), Digital Bled (electrooriental), Saadil Horizon, AkimEl Sikameya (arabo-andalou) etd ’ a u t res donneront des concertsà Aubervilliers, Bagnolet, Bondy,É p i n a , yAulnay, Montreuil, etc.Renseignements 01 48 33 87 80


MMP005 22/11/03 19:01 Page 66 ExpressoMachito en coffretLa parution d’un excellent coffretde quatre CDs (“Ritmo caliente,Machito and his afro-cubans”,Properbox 48) est l’occasion deprésenter celui qui a été l’unedes figures majeures du jazzl a t i n o. Né à la Havane le 16 avril 1912,Frank Grillo Gutiérrez fera une carr i è re, enm a j e u re partie américaine, sous le nom d’artistede Machito. Il commencera néanmoinssa carrière à Cuba, jouant notamment entre1928 et 1937, avec différents sextetos (cesg roupes de six musiciens comprenant unchanteur et une section rythmique), dontle très renommé Sexteto Nacional devenuSepteto avec l’arrivée d’un tro m p e t t i s t e .Comme son compatriote le grand joueur deconga Chano Pozzo, avec qui il a d’ailleursenregistré, Machito est resté un fidèle de las a n t e r i a, ce culte syncrétique où les dieuxafricains côtoient les saints catholiques etdont les rythmes tambourinés et les chantsc u l t u rels ont eu une influence décisive surla musique cubaine orchestrale.Chanteur et joueur de maracas, il a surtoutété, dès son arrivée à New York, au débutdes années 1940, l’âme de re m a rq u a b l e so rc h e s t res où il a toujours su s’allier d’excellentsarrangeurs comme Mario Bauza, trompettiste,clarinettiste et hautboïste, et égalementépoux de la chanteuse Graciela, lasœur de Machito. Il fera appel plus tard àChico O’ Farrill, compositeur et arrangeur del’Afro Cuban Jazz Suite, superbe écrin pourle saxophone de Charlie Parker.Machito saura d’ailleurs s’allier les meilleurssolistes du jazz de l’époque. On re t ro u v eainsi au fil des plages les saxophonistes FlipPhillips, Brew Moore, Zoot Sims, le tro m p e t-tiste Howard Mc Ghee ou le vibraphonisteMilt Jackson. Deux autres CDs perm e t t ro n tde compléter cet éblouissant panorama, dont“Kenya, Afro-Cuban Jazz with Machito andhis Orchestra” (Palladium re c o rds PCD 104),où Machito s’est entouré d’autres grandsmusiciens swing ou be-bop, comme les tro m-pettistes Doc Cheatham et Joe Newman, let romboniste Eddie Bert ou le saxophonisteJulian “Cannonball” Adderley. Il ne pouvaitpas manquer de rencontrer une autre figurem a rquante du jazz afrocubain, le tro m p e t-tiste Dizzy Gillespie, dont le grand orchestreavait bouleversé les amateurs français lorsd’un célèbre concert à la salle Pleyel en1948. On peut donc écouter “Afro - C u b a nJazz Moods conducted and arranged byChico O’Farrill” de Dizzy Gillespie y Machito(Pablo OJCCD 447-2), enregistré en 1975,pour compléter le portrait musical de cethomme chaleureux, pionnier de la musiquecubaine moderne.Henri LecomteVictor Jara, c’était il y a 30 ansLe 11 septembre 1973, u ncoup d’État au Chili mettaitfin aux mille jours de l’UnitéPopulaire et provoqua lamort de Salvador A l l e n d e,président emblématique de cette époque.Cinq jour après, Victor Jara, ambassadeurculturel du gouvernement, étaitretrouvé mutilé, mort de ses blessures.Musicien, metteur en scène et dire c t e u ra rtistique, il flirtait avec les formes d’expressions les plus variées du folklorep o p u l a i re, en pleine mutation avec l’apparitionde la “nouvelle chanson chilienne”.Originaire des bidonvilles ettrès vite intégré au monde artistique, oùil connut Violeta Parra et son chant, ildédia une grande partie de son œuvremusicale à raconter les réalités cachéesde la misère des poblaciones. L’ i m p o rt a n c edu folklore pour appuyer ces témoignagesétait vital pour la compréhension,intime et populaire, des messages.De plus, la diversité intrinsèque de lac u l t u re chilienne réapparaissait sous denouvelles formes. Le résultat était unes o rte de chanson-re p o rtage ou hymner é v o l u t i o n n a i re ancrés dans les couchess o n o res chiliennes et latino-américaines.Dénoncer avec les mots et la poésie etnon avec les balles, perdues en l e u r sconsciences, était un travail extrêmementimportant. Le fait est qu’il étaitavant tout un travailleur. Comme d’autre sc reusaient la terre ou coupaient du bois,son instrument à lui c’était la guitare.Quand apparut son disque “Le droit dev i v re en paix”, il fut vite re c o n n ucomme un interprète privilégié del’Unité Populaire. Il chantait d a n s e tpour le peuple. L’État et la culture sesavaient complices de cette histoire, ilsétaient main dans la main. SalvadorAllende, Victor Jara et Pablo Neruda— disparus le même mois — brillaientd’une même flamme, éteinte violemmentil y a trente ans mais toujoursprésentes dans les cœurs avides deliberté.Diego Olivares Santa CruzAu Théatre de la VilleBelle rentrée au Théâtre de la Ville àParis avec Mohammad Reza Shajariane(Iran) les 29 et 30 septembre. Puis le 15 novembre,Kayhan Kalhor (kamantché) et le sitariste ShujaatHusdsain Khan devraient interpréter les morceaux deleur récente perle “The rain” (ECM). Dans cette mêmesalle, ne négligez pas non plus les visites de ShivKumar Sharma (7 octobre), Debashish Battachartyan(18 octobre) de l’opéra chinois Liyuanxi (20 octobre)puis des poètes et musiciens du Rajasthan (11n o v e m b re). Au-delà de la mi-novembre, la pro g r a m-mation grand luxe world nous réserve de belles surpriseset de grandes émotions.B. M.Théâtre de la Ville — 2 place du Châtelet — 75004 Paris.Certains concerts se déroulent au Théâtre des Abbesses.


MMP005 22/11/03 19:01 Page 7Coup de SiPhonL’associationmarseillaise Arts etTerre est à l’originedu projet SiPhon.En collaboration avec la sociétéP ro - F u s i o nM u l t i - C u l t u es, rle festival “La fiesta des suds”en France, l’Institut françaisde Johannesb u rg, le festival“Oppikob” en Afrique du Sud,et le Pôle régional des MusiquesActuelles à La Réunion, elle ao rganisé des résidences et desc o n c e rts dans ces trois pays.Le groupe réunionnais Zong,le collectif hip hop de CapeTown et le duo drum n’bassmarseillais Interlope présenteront le fruit de leurs re n c o n t res dansces mêmes pays, depuis le 18 septembre au 1 e r n o v e m b re 2003.B. M.Résidence 20 au 23/10 AMI Studios à Marseille.Concerts 21/10 Cabaret Aléatoire, Friche Belle de Mai à Marseille • 25/10 “La fiestades suds” à Marseille • 31/10 Florida à Agen • 01/11 Glaz’art à Paris.Mosaic, le reggae en couleurWomex 2003On ne pouvait pas passersous silence ce groupe dereggae né en 1996composé de huit musiciens.Ce combo développe une rare énerg i eet quelques véritables originalités.Alors comme l’on dit, s’il passe parchez vous n’hésitez pas. Sinon surw w w. reggae-mosaic.com allez doncacheter leur CD “Pa moli”.Rendez-vous incontournable des acteurs desmusiques du monde, le Womex (World Music Expo) sedéroulera cette année à Séville. Du 22 au 26 octobre, les professionnelspourront faire des affaires, assister à des conférences, àdes projections et à une dizaine de concerts journaliers. Cetteannée, Andalousie oblige, le Womex accueillera un marché duflamenco. De plus les artistes non retenus par le jury ont pu serattraper en présentant leur travail au sein de la section Vi rt u a lWomex du site Internet de l’événement. B. M.http://www.womex.com/


MMP005 22/11/03 19:02 Page 88 ExpressoUn ve nt d’Eire pur souffle sur Pa r i sLa programmation irlandaiseproposée du 2 au 5 octobre àla Cité de la Musique à Parisest un vrai cadeau de Noëlavant l’heure. Que vous soyez déjàconquis ou simplement curieux, allez aulong de ces quatre jours pousser les port e sdes ateliers, salles de danse, de concert sou du pub pour vous enivrer de musique.L’ a fiche, fort prometteuse, réunit quelquesunsdes plus authentiques voire des plusmythiques artisans du renouveau de lamusique trad’ des années 1960 et 1970avec nombre de leurs héritiers parmi lesplus talentueux et novateurs. Alchimistesautant que musiciens, les piliers du genreque sont Liam O’Flynn, Donal Lunnyou encore Andy Irvine ici présents ontsu donner à leurs cadets le goût de lad é c o u v e rte et de l’innovation, sans pourautant perd re leur âme en reniant leurso r i g i n e s .Suivez le guide et partez en voyage entreDonegal, Connemara et Irlande du Nordavec Liosril, The Kane Sisters et aussiThe Armagh Rhymers. Ressentez l’énerg i ep u re de Beginish ou Sharon Shannon, lafougue de Kila ou la maestria de Lunasapuis re t rouvez la filiation en succombantà la pureté des voix d’Altan. Si le vertest proscrit sur les scènes de théâtre ,il s’imposera ici en ce début d’automne.Car à n’en point douter, avec tous cestalents, bien aigris seront ceux n’y tro u-vant pas leur compte.Nicolas BleasPatrimoine en MusiqueÀ la fin de l’été, les cités du Var retrouvent leur quiétude.C’est le moment que choisit Patrimoine en Musique pour une invitation à seretrouver en des lieux magiques. Débutée le 20 septembre, l’édition 2003 de cefestival se déroule jusqu’au 12 octobre. À Cogolin, le chanteur Renat Sette, accompagnédu joueur de zarb Bijan Chemirani, proposera une autre lecture de l’héritageoccitan. L’orgue de Brignoles servira de prétexte à deux organistes et un percussionnistepour revisiter des musiques orchestrales du dix-neuvième siècle. Le moulinde Vinon-sur-Verdon clôturera ce parcours, avec l’inspirée Dominique Bouzonet sa fantasmagorie de flûtes. F. T.Renseignements 04 94 59 10 72.Site Internet www.adiam83.comUn cataloguemagiqueSi vous aimez les instruments demusique de tout poil, vous vous devezde connaître le catalogue Elderly instruments.Si vous vous inscrivez (c’est gratuit), vousre c e v rez deux fois par an un catalogue unique.Il y a toutes sortes de modèles : du ukulele auxg u i t a res Martin, du banjo old time au didgeridoo,du dulcimer aux kazoos et évidemmenttoutes sortes d’accessoires et même un portemédiators.Un catalogue riche de milliers d’instruments, d’accessoires, de livres et de disques.186 pages de rêve.www.elderly.comFestivalamérindiend’AwalaLa plage des Hattes, à l’Ouest de laG u y a n e, était jusqu’ici célèbre chezles amateurs de nature du mondeentier comme lieu de ponte des tortu e s - l y r e. Mais la commune d’Awala Ya l i m a p o ,dont dépend la plage, a d’autres cordes à sa… lyre :le festival “Kyapane”, vitrine de la nouvelle scènemusicale amérindienne. Ce n’était pas évident. Lorsquele mouvement a commencé dans les années 1980,la musique kalin’a (une branche de la famille amér i n-dienne) était réduite à quelques fragiles surv i v a n c e s .Et le battement monotone du tambour “sambula”semblait peu préparé à concurrencer les grooves de laCaraïbe noire. Mais depuis l’arrivée en 2001 d’unenouvelle équipe municipale, la musique est devenuele véhicule d’une identité kalin’a en re c o n s t ru c t i o n .Une école de musique tente de faire redécouvrir à lajeunesse son patrimoine culturel en développant lescontacts avec l’autorité traditionnelle, les femmes, lesshamans. Quant au festival, baptisé “Kyapane” enhonneur d’un vieux joueur de sambula décédé en1992, il présentait cette année cinq groupes d’inspirationamérindienne. Parmi eux, certains ont largementdépassé la phase “préservation” pour entre rdans le domaine de la création. T’leuyu, une form a-tion de Kuru, a l’atout d’un excellent chanteur etd’une bonne maîtrise de la scène. Ipakanamon, lajeune formation d’Awala Yalimapo, a beaucoup travailléces derniers mois, et l’on a pu constater quetoute la communauté se prend au jeu de ses longuesp e rf o rmances à effet de transe. Mais c’est du Surinamvoisin (juste de l’autre côté de l’estuaire du Maro n i ,sur lequel est situé la commune) que viennent lesinnovations les plus audacieuses. Sambura Maestrofait feu de tout bois, s’inspirant du “kaskawi” surinaméen,le nouveau style en vogue, avec son mélanged ’ i n s t ruments électriques et traditionnels et sesrythmes dansants — la concoction est re d o u t a b l e .K a rukuri joue la carte traditionnelle avec des mélopéesvenues de la nuit des temps et la pulsion dusambura qui vous met dans un état second. Pare m u ru ,enfin, réussit l’équilibrage délicat entre la fidélitéau patrimoine kalin’a et arawak et les impératifs de lascène, avec un beau travail d’arrangement des voix.Gardons l’œil (et l’oreille) sur la Guyane : elle n’a pasfini de nous étonner.Hélène Lee


MMP005 22/11/03 19:02 Page 9DVD 9SAMBApar Yves Billon(LES FILS DU VILLAGE/SONY MUSIC)Née il y a un siècle dans lesfavelas de Rio de Janeiro, lasamba est un art de vivre. Il y aRio de Janeiro, la matrice durythme et son conservatoire(film 1) ; Salvador de Bahia, “lapetite Afrique” (film 2) ; Récife(film 3) ; Sao Luis du Maranho,“la JamaÏque Brésilienne” (film4) ou l’immense Sao Paulo,(film 5) où la samba s’acoquineau rap. Un remarquable parcoursde 4h20 au vif des carnavals,des rues, des quartiersavec quelques illustres guidescomme Caetano Veloso,Gilberto Gil, Maria Bethania,Vinicius de Moraes.Frank TenailleSALSApar Yves Billon(LES FILS DU VILLAGE/SONY MUSIC)Ce DVD rassemble cinq documentssur la salsa. Jeu de va etvient perpétuel entre le Barrio deNew York (film N°1) et les terreauxqui l’ont vu naître, en l’occu rrence la Colombie, Puert oRico, le Venezuela, Cuba (films 2,3, 4, 5), le “sauce” a traversél’Atlantique et pris racines à Paris,prétexte à un sixième film deMauricio Martinez Cavard. Plus decinq heures de musiques calientesqui permettent de se frayer dansla jungle des genres (soca,m e rengue, son, etc.), et de cro i s e rOscar D’Leon, Toto Puente, ElGran combo de Porto Rico oun o t re Yuri Buenaventura chéri.S a b roso !Ijahman LeviON A JOURNEY(TREE ROOTS RECORDS/ MÉLODIE)Pour les aficionados de roots et leso reilles habituées au patois rastafarien,voici un documentaire, bienfilmé, en version originale nonsous-titrée (!). Ijahman Levi sedévoile chez lui, en toute simplicité.Il se fend sur le vif de tro i sinterprétations a cappella, dont unemagistrale version de son légenda i re Jah heavy load. S’ensuiventles concerts de Londres etMarseille, enregistrés lors de lad e rn i è e rtournée européenne duvétéran. Africa, burn burn, I want tobe fre e… Les morceaux emblématiquessont présents sur ce film quiprésente également une succinctebiographie de l’art i s t e .Aurélie BoutetTAMBOURS ET DJEMBES DU BURKINA FASO & VIETNAM / HMONG(PLAYA SOUND/MÉLODIE)Chasseur de sons bien connu des producteurs de musiques du monde, PatrickKersalé propose ses deux premiers DVD. La stru c t u e rdes deux rondelles estla même : un film, des clips et une galerie photos. Le pre m i e , r“Tambours etdjembes du Burkina-Faso” (Film 26’, clips 43’) est une sorte de petite encyclopédie“live” de la percussion burkinabaise avec un focus sur l’incontournabledjembé. Le montage est rapide, agréable, avec de bonnes images. Unejolie plongée dans le monde complexe des percussions. Seuls re p ro c h e s: letonun peu professoral du commentateur et des textes étonnants. En effet, ilsdistillent par moment des infos précises et intéressantes mais parfois on ad roit à quelques stéréotypes sur la musique et les percus africaines.Pour “Vietnam Hmong, l’art de la séduction” (Film 26’, clips 10’), lesre p roches peuvent être les mêmes sur les textes ; et les compliments identiquessur les images et le sons. La grande diff é rence étant que pour leBurkina, Kersalé nous parle de l’histoire des instruments. Alors que pour lesHmong, on pénètre la saga d’un peuple. Sans voyeurisme, une re n c o n e t rhauteen couleur pour une ethnie dont les femmes ont fait du “beau” un art de vivre .Pour un coup d’essai, ces deux DVD sont les prémices réussis de ce que l’onv e ra de plusen plus dans les bacs des disquaires. Et il est vrai que pour les musiques


MMP005 22/11/03 19:02 Page 1010@www.chebisabbah.comCadeaux d’artistesDans cette rubrique, retrouvez des adresses de sites Internetoù des artistes vous invitent à télécharger leur musique gratuitement.Hi s t o i re de prolonger le dossier electroworld de ce numéro, notre sélectiondu mois n’a retenu que des titre so ff e rts sur le net par des artistes de cette o b é-dience musicale. Commençons par Zencool,le “world electro live project” de Lionel Philippe,l’ancien guitariste du groupe breton Nomades.En solo, cet homme à tout faire (machines,g u i t a re, didgeridoo, sitar et tablas) livre surson site (w w w. z e n c o o l . f r. f m) t rois titres auxeffluves indiennes sur des rythmiques entrejungle (J u n g l o l y, My Joy) et house légère(Garden). À en croire la bio disponible sur lesite aux pages orangées, il préparerait unp remier album disponible avant la fin del’année. Par contre, le remix du M a d a n d eSalif Keïta par Alif (Alif Tree) est une excluque vous ne tro u v e rez jamais dans le comme rce. Disponible uniquement sur son site(h t t p : / / a l i f . t re e . f re e . f r), cette redoutable versiona été refusée par Universal Jazz qui gèrela carr i è re discographique de notre albinosafricain préféré. Autant dire après écouteque celle de Martin Solveig commercialiséepar le label ne fait pas le poids. Questionpoids, on re p rochera juste à Alif la lenteurdu téléchargement de son titre. Mais quecela ne vous rebute pas, ce remix mérite det o u rner dans vos patientes oreilles avert i e s .Sur ce même site, vous pourrez aussi rapatrierl’Higgins Remix de son Electro Salam,un titre paru en janvier 2002 sur S p a c e d(Universal Jazz), son deuxième album. Beaucoupplus rapide, puisque juste en écoute,le Turkish Delight de Nez est une véritablepetite curiosité puisque accessible depuis lep o rtail kurde (w w w. b u l i c a n . c o m), qui vousfera éliminer à coup sûr les méfaits devos récentes orgies de baklavas et aux autre sloukoums. Cette jeune chanteuse sembleexciter la curiosité de la communauté desi n t e rnautes turcophiles, à en juger par lesmultiples questions à son sujet sur diff é re n t sf o rums. Pour boucler cette virée, découvre zplus encore l’univers musical de Cheb iSabbah sur son site (w w w. c h e b i s a b b a h . c o m)grâce aux cinq titres extrait d’As Far as (SixD e g rees Record s / N o c t u rn e ), son premier DJmix.M a t o u b et Hari om Narayan sont sesp ro p res compositions, tandis que les tro i sa u t res sont des remixes par lui-même duS a p t a k de Solace, de l’A g r a de Paul Horn etde l’Audio Letter portée par la trompette deDon Cherry.Les CosmoDJs : DJ Yves Tibor & Big Buddhac o s m o d j s @ m o n d o m i x . c o mMali Musichttp://www.mali-music.com/Si l’on passe sur une charte graphiquecomme on aimerait envoir moins souvent et quelquesi n c o h é rences de navigation, MaliK7 (le site du seul label légal dece pays) s’avère une vraie mined’infos. À partir de la sectioncatalogue, on accède à des fichesbiographiques, agrémentées dephotos, de discographies complètesdes principaux musiciensmaliens et des descriptions desi n s t ruments typiques. Alors onpeut observer avec amusementl’évolution des looks de BoubacarTraoré, Ali Farka Touré, OumouSangaré ou Nahawa Doumbia, etdécouvrir le visage ou les textesde la nouvelle garde des chanteursmaliens Adama Ya l o m b a ,Déné, Issa Bagayogo ou les nombreux MCs du rap malien. Lemag’ propose de nombreuse newset la section juke-box une bellevingtaine de MP3 en stre a m i n g .Estación Tierrahttp://www.estaciontierra.comCe portail est entièrement re d i g édans la langue de Cervantès etp a rtiellement participatif. Il présenteles musiques du mondevia des articles d’actualité, desbiographies d’artistes des chroniquesCDs, une liste de liensvers des sites de festivals et unebibliothèque de périodiques( H e m e roteca), soit une listed ’ a rticles repérés sur l’Intern e thispanophone. Un designagréable, quelques photos maisaucun contenu audio ou vidéo.Ce site assez jeune ne pro p o s ea u j o u r-d’hui qu’un contenu sommaire etfonctionne grâce à des bandeauxde pub. Lorsque nous l’avonsvisité, nous nous sommes amusésdu fait que leur annonceur,Fnac Espagne, avait choisi dep romouvoir le jeune groupe traditionnelMarilyn Manson, bienconnu des fans de metal indus-World on your Streeth t t p : / / w w w. b b c . c o . u k / r a d i o 3 / w o r l d /onyourstreet/Avec ce site, la BBC veut accompagnerles pratiques musicales amateurset les musiques des communautésd’émigrés basés auRoyaume-Uni. On peut découvrirville par ville les salles de spectaclesqui s’ouvrent à ces musiques, et den o m b eux r portraits de musiciens. Lasection Your Charts propose auxi n t e nautes r d’établir leurs hit-paradesdans des catégories diverses (chantsde football, musiques des chauff e u r sde taxis, chansons sacrées oud’amour). Hands On, la rubrique laplus amusante, nous fait découvrirles tambours bata ou le dhôl à traversdes démos vidéos et des applicationsdéveloppées en Shockwave. Unea u t re section propose aux enfantsde mieux connaître l’enviro n n e m e n tc u l t u el rd’une famille indienne, nigériane,turque et brésilienne. Vi s i t e zaussi les autres pages world, bourréesd’archives audio et vidéo.Colophonhttp://www.colophon.beL’association belge Colophon œuvrepour l’éducation, l’information, etle développement culturel en dire c-tion des populations défavorisées.Le site présente leurs actions etpublications. On trouve des art i c l e sde leur trimestriel H é m i s p h è re . sDes essais que l’on peut commanderen ligne portant sur desquestions comme “La société civilecongolaise”, “L’Afrique face à sesdéfis sanitaires” ou encore“Musiques du monde, produits deconsommation ?” sur lequel onre t rouve les plumes de Lauere n tA u b e rt, Étienne Bours ou HenriLecomte. En étroite collaborationavec des ONG, Colophon a aussilancé une collection de disques demusique du monde populaires ettraditionnelles. On peut donc re d é-c o u v r , i récouter ou commanderdes enre g i s t rements originauxen provenance d’Afrique, d’Asieou d’Amérique du Sud.Labo de recherchesh t t p : / / w w w. v i rt u a l m u s e u m . c a /E x h i b i t i o n s / I n s t ru m e n t s / F r a n c a i s /lrmm_c_txt02_fr.htmlÀ l’intérieur de ce gigantesque sitecanadien, “Le laboratoires dere c h e rches sur les musiques dumonde” propose une visite virt u e l l ed’une collection démarrée en 1989.Elle comprend plus de cinq centsi n s t ruments world francophone etmille documents sonores inédits.Comme il se doit, les instru m e n t ssont classés par famille, et leur présentationest complète et originale.Chacun d’entre eux est présenté parun texte descriptif, une photo, unextrait sonore. Dans la section“ C a rnet de notes”, un texte rédigépar des ados coutumiers de leurpratique permet de resituer lecontexte originel des instru m e n t s .Dans la section Activités, des animationsdéveloppées en Flash permettentde jouer de l’harmonica, ducymbalum, du djembé, de la guita re ou encore du oud avec sa souris.Impre s s i o n n a n t .Benjamin MiNiMuM


MMP005 22/11/03 19:02 Page 11La biguineIl y a de la petite madele i n e, celle de Proust, d a n sce nom charmant et unbrin désuet : la biguine. O nimagine bien une Martinique sanstouristes, pour la bonne raison qu’ilfallait trois semaines de bateau pours’y re n d re ; de jolies et gentilles créoles,aux jupes volantes et colorées, sedandinant en cadence la main bienà plat sur la hanche ; le son un peua i g re des clarinettes et des banjos, lal u m i è re écarlate des boulainvillées,la chaleur du ti’ponch…Avant d’enfanter cadence et zouk,la biguine connut donc ses heure sde gloire, aux Antilles mais aussi enm é t ropole, entre les années 1920et 1960. Quarante glorieuses quidoivent beaucoup à un clarinettiste guyanais,A l e x a n d re Stellio, et à un tromboniste nomméAl Lirvat qui fit les beaux jours du cabaretLa Canne à Sucre, à Paris.Toutefois, cette biguine est indissociable desmultiples danses jadis populaires aux Antilles,comme le quadrille, la mazurka ou la valsecréoles. Autant de rythmes et d’expre s s i o n smusicales nées de la rencontre entre le classicismeeuropéen et l’énergie africaine.De fait, la biguine serait née en Martinique etGuadeloupe dès les années 1850. Elle auraitété alors jouée par d’anciens esclaves, puispeu à peu adoptée par les colons. Le parallèleest tentant avec le jazz de la Nouvelle-Orléans,né d’une alchimie très comparable, et où laclarinette tient aussi le premier rôle.C’est sans conteste l’exposition coloniale de1931 qui propulse la biguine dans le cœurdes Français. À cette époque, les Antilles sonte n c o re au bout du monde. Et les musiciensdu cru ne tard e ront pas à s’embarquer enmasse pour la métropole, où l’on peut vivrede la musique. Felix Valvert, Ernest Leardee,Roger Fanfant populariseront cette musiqueJocelyne Béroard du groupe Kassav’Encyclosur les rives de la Seine, et même influencercertains jazzmen, comme Louis Armstrong ouSydney Bechet. Bien entendu, les musiciensantillais sont eux-même fortement influencéspar le jazz puis, plus tard, par le merengue deSaint-Domingue et la musique cubaine.De tous ces frottements naîtront des variantesde la biguine ; biguine Wabap, biguine Ka, etla célèbre biguine vidée qui deviendra la re i n edes carnavals… Avant d’être récupérée par lespartis politiques des îles, pour servir de supportà leur propagande !Fâchée avec l’électricité, la biguine déclinedès le début des années 1960 pour laisser laplace au cadence de Vikings, Experience 7,et autres Gramacks, puis au zouk dont Kassav’fera l’étendard de la musique antillaise. Ilreste qu’aujourd’hui, la biguine suscite biendes nostalgies, et pourrait nous revenir sousune forme modernisée à laquelle travaillentquelques musiciens de Fort-de-France et deP o i n t e - à - P i t re. Mais chut, c’est encore secre t !Jean-Jacques Dufayetwww.rfimusique.comLa Fnac aime le nouvel album deGianmariaTestaA l t reL a t i t ud i n isortie le 24 octo b reEn concert à 20hau Café de la Dansedu 10 au 15 novembreavec Piero Ponzo, Enzo PietropaoliPhilippe Garcia • invités Ameriberia(Léonardo Sanchez et Nathalie Sanz)prix des places 20 €, en vente dans les Fnacrenseignements et réservations 01 47 00 57 59Chaque mois, Étienne Bours nous donne des définitions de mots autour de la world music,extraites de son “Dictionnaire thématique des musiques du monde” (éditions Fa y a r d ) .Prix du livre de l’Académie Charles Cros.Djelimousso(Jelimousso, Djeli Mousso)Chanteuses professionnelles(Afrique occidentale/Mandingues)Si le djeli est le griot du peuple mandingue, la djelimoussoest la femme griote, celle qui, née dans une famille de griots,est destinée à le devenir à son tour. Elle a le même rôle et lemême type de répertoire que le djeli, sinon qu’en généralcelui-ci est aussi musicien tandis que la djelimousso estsurtout chanteuse. Les femmes mandingues ont développé unchant très puissant, aigu, qui porte fort et loin et qui capteinévitablement l’attention d’une assemblée. Elles interprètentles louanges des uns et des autres, des chants dont les paro l e sre g o rgent de proverbes, symboles, commentaires moralisateurs.Elles chantent les héros des épopées Bambara et Malinké.Les djelimousso sont devenues les stars de la chansonmandingue. Leurs chants, leur style, leurs voix, leur extraordinaireprésence musicale et scénique et leur sens del’improvisation en ont fait de très grandes artistes reconnuesau-delà de leurs frontières. Elles chantent beaucoup enconcert mais sont aussi très demandées aux fêtes locales etsurtout aux mariages.Djeli (jeli, jali)Musicien(Afrique Occidentale/Mandingues)En mandingue, djeli veut dire “sang” et désigne les griots musiciens.C’est un préfixe ajouté comme un titre au nom de ces musiciens-historiensd’Afrique Occidentale. Si on leur donne un titre signifiantsang, c’est parce qu’ils sont comme le sang qui transporte la vie, ence sens qu’ils transportent la mémoire du peuple, qui passe ainsid’une génération à une autre. Ce titre est révélateur de l’import a n c ede ces musiciens professionnels. Ils symbolisent la sagesse etl’identité du peuple. Ils ont un pouvoir énorme puisqu’ils disent ouchantent ce que d’autres ne peuvent dire (part i c u l i è ement r ceux descastes supérieures). Les cinq pays mandingues sont la GuinéeC o n a k ry, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Mali et le Sénégal.Sélection CDs Djelimousso :• Tata Bambo Kouyate, “Jatigui” (Globe Style CDORB042).• Kandia Kouyate, “Kitakan” (Stern’s Africa STCD1088).• Mah Damba, “Mali, la voix du Mandingue” (Buda 92749-2).• Mali, “The divas from Mali” (World Network 28301).Sélection CDs Djeli :• Jali Musa Jawara. “Sounbindoor” (World Circuit WCD008).• Toumani Diabate, “Djelika” (Hannibal HNCD1380).• Bassi Kouyate, “Mali, chants de griot Bambara” (Buda 92658-2).• Dembo Konte & Kausu Kouyate. “Jaliology” (Xenophile XENO4036).Production Com’ NicoleCourtois Higelinharmonia mundid i s t r i b u t i o n


MMP005 22/11/03 19:02 Page 1212 IciIt’s a frenchy dub partyDepuis son explosion à la fin desannées 1990, le dub made in Franceest un genre désormais majeur etnovateur au sein du paysage musical.Les frenchies font fi des conventions. Et révolutionnentcette musique, jusqu’alors chasse gardéedes techniciens du son, en lui donnant unedimension humaine. Le matériel se démocratise, lesprix chutent et le dub monte sur scène. À l’inverse desdubmen allemands et anglais qui se la jouent solod e rr i è re leur console ou passeurs de disques en soundsystems, les Français jouent le dub live, armés destraditionnels basse, batterie et claviers. Reverb, scratcheset samples electro y sont savamment incorporés et lepublic en redemande.Issus (pour la majorité) de groupes punk et de ro c kindie, les membres des dub bands hexagonaux explorenttoute la liberté qu’off re ce style et osent toutesles expérimentations. À l’heure où le formatage dela production musicale est de rigueur et où les murss’érigent toujours plus haut, le dub prend ces idéauxà contre-pied et reste une musique ouverte, en mouvanceperpétuelle.Les Bordelais d’Improvisators Dub l’ont bien compriset en ont fait leur précepte. Né sous la forme d’unsound system improvisé sur un trottoir lors de la Fêtede la musique en 1995, ce quintette de bidouilleursfonceurs n’a pas la hantise de la fausse note lors dessets live. Spontanés, ils luttent contre une approchetechnique structurée qui nuirait, selon eux, à leurg roove. Leur dub est conscient, écho français du steppa(dub digital avec infrabasses et puissant rythme debatterie one shot) de la grande famille “yardie” anglojamaicaine.Rien d’étonnant pour un collectif quia débuté sous la houlette du mythique Junior Delgadoet qui s’est fait la main dans les sound systems JahShaka. Leur troisième album studio, “Super vocal anddub sessions”, amorce un recadrage roots. La basseest lourde, la batterie militante. Accompagnés au micropar les talentueux Dany Vibes et Jonah Dan (du posseDisciples), les membres d’Improvisators Dub démontrent que les connexions dub se font désormais aucœur de la vieille Europe.A u t re figure de proue du mouvement : High To n e .N o u rris de l’héritage musical de King Tu b b y, de LeePerry et de l’esprit Clash, ces cinq Lyonnais distillentdepuis cinq ans des vibes pures. Alchimie du dubwisejamaïcain des années 1970, de l’electro et des musi q u e s ethniques, leur dub est tout simplement onirique.Remarqués suite à une prestation honorablelors des Transmusicales de Rennes, le groupe part i-cipe à plusieurs compilations, notamment “Altern a t i v eNövö Dub” et “French Dub Connection”. Leur dern i e ropus, “Acid Dub Nucleik”, est une véritable messee l e c t ro dub. Drum’n’bass puissante, ethno gro o v esoyeux et samples de dialogues qui semblent issus desp i res séries B américaines suivent et enrobent uneligne de basse et une batterie entêtantes.Ce petit tour d’horizon ne saurait faire l’impasse surZenzile, quintette issu de l’effervescente scène angevineet acteur majeur de cette déferlante dub. Pre m i e rCD autoproduit en 1996, collaboration aux deux compilationspionnières du genre et désormais référe n-tielles (“Créatures des Abysses” et “Nova FutureDub”), le jeune groupe s’impose rapidement dans lesplaylists. S’ensuit un départ vers les terres arides duMali, où ils intègrent des éléments traditionnels afroà leur musique, puis un remix de Femi Kuti. “To t e m ” ,leur troisième album, off re un style épuré à l’extrême,lent et hypnotique. Plus de steppa mais un son minimalistesur lequel se posent les voix envoûtantes dela poétesse Jamika et celle du toaster Sir Jean, protagonistesvocaux du précédent opus, “Sound Patro l ” .Solidaires comme l’étaient les groupes du rock alternatifdes années 1980, les dubmen français ont créeleurs structures de production indépendante (JarringE ffects, Vicious Circle, Dub Dragon) et tendent lamain aux collègues. Citons pour illustration les Lillois10 Dubians, Ezekiel, Löbe Radiant Dub System, Kaly,Pirate Dub… Sans oublier les scènes réunionnaise(Manjul) et mauricienne. Les formations poussent commeles champignons après la pluie, apportant sans cesseune exploration personnelle et ingénieuse du son.Dub’s not dead !Aurélie Boutet


MMP005 22/11/03 19:02 Page 13CITÉ DE LA MUSIQUEJean-Jacques Milteau« En tant que fan de blues, je suis plutôt du genre “puriste”.En tant qu’artiste, c’est autre chose. Je ne sens pas trop de portesde sortie à cette musique. Et je ne veux pas être le “Laurent Gerradu blues”. On peut rester dans une filiation et un esprit très bluestout en sortant du sempiternel Sweet home Chicago. Les Stonesou Van Morrisson l’ont montré. Aujourd’hui, Olu Dara, Mighty MoRodgers ou même Robert Cray le prouvent encore. Avec “Blue3rd”, je tente de faire pareil. À ma manière. L’esprit général, lessonorités, l’écriture, le titre de l’album restent blues, mais en lorgnantvers certaines musiques cousines comme la soul ou lerh y t h m ’ n ’ b l u e s . » On pourrait taxer Jean-Jacques Milteau d’opportuniste.Samplée, rééditée, “strictly” réinterprétée, à la saucelatino, jazzy ou hip hop, la soul music est tendance. Mais lorsqueMilteau, Manu Galvin, Benoît Sourrisse et les autres partent àEnglewood près de New York en pèlerinage, dans le studio du filsde Tony Bennett, ce n’est pas pour faire du “revival Stax” à la lettreou du racolage funky. Un hymne à la soul music, oui, “Blue 3rd”.Mais une soul hantée, fragile, 100 % acoustique, ultra intimiste.Décalée, quoi. Aux côtés de notre harmoniciste vedette, le poètechicagoan Te rry Callier chante Paris et le blues comme jamais. Uneétonnante jeune princesse nu-soul s’éveille, N’Dambi, originairede Dallas. Et après un long séjour en taule, le black heroe GilScott-Heron y renaît miraculeusement de ses cendres. Bref, avec“Blue 3rd”, prenez la rentrée à contre pied. Du bon côté.Jonathan Duclos-ArkilovitchAlbum “Blue 3 rd ” disponible chez Universal Jazz France.En concert • 21/10 Grand Rex à Paris (75) en 1 ère partie de Buddy Guy (JVC Festival)• 25/11 Petit Journal Montparnasse à Paris pour les 25 ans de son fils batteur)• 11 au 13/12 Toulouse (31) Du 14 au 24/01/2004 Sunset à Paris (avec Terry Callier).Émission “Bon temps roulé” le samedi à 19h (rediffusion le mardi à 23h)sur TSF à Paris (89.9 MHz).concerts . danse . pub irlandaisMUSIQUES IRLANDAISESDU JEUDI 2 AU DIMANCHE 5 OCTOBREavec l’Ensemble Beginish . Kila .Sharon Shannon Band . Lunasa .Altan . The Kane Sisters .Donal Lunny . Ceilidh . Liam O’Flynn .The Armagh Rhymers . Liosril .Brendan Begleyprogrammation conçue avec l’agence artistique Harrison Parrott Ltd.01 44 84 44 84 - www. c i te - mu s i q u e . f rM o p o rte de Pa n t i n


MMP005 22/11/03 19:02 Page 1414 IciNocturne bosse jour et nuitNocturne n’estpas qu’un simpledistributeur. Ils’agit aussi d’unesociété d’édition,de production, deconception decollections.L’année passée, on a vu apparaître une collectiond’enregistrements de feu Deben Bhattacharya.Soit treize disques enregistrés par ce pionniere n t re les années 1950 et 2000 en Hongrie, Finlande,Syrie, Inde, Chine, Indonésie, Taïwan, etc. Le labels’appelle Nord Sud, et la collection a été baptisée“ Voyages by Deben Bhattacharya”. Sur sa lancéeet pour faire découvrir les musiques de l’Occitanied’aujourd’hui, Nord Sud créa la collection “Paratge”à l’initiative de Christian Grenet, directeur du Centrede re s s o u rces sur les pratiques culturelles de Midi-Pyrénées. Avec ses sept premiers CDs, “Paratge” (lavraie noblesse, celle du cœur et de l’esprit, en occitan)s’impose comme un re g a rd essentiel, indispensable,sur une scène occitane attachante, tant pourson ancrage dans les traditions que pour l’audaceavec laquelle elle projette les acquis du passé dansune expression contemporaine. On a déjà parlé du Corde la Plana ou du duo Besson et Jolivet. Il faut aussiciter le disque de la Fabrique avec André Ricro s(Nuit), celui de Marti (Jinete) ; ou encore le petitdernier “Ici l’Auvergne” où six artistes (Alain Gibert,François Raulin, André Ricros, Frédéric Paris, ChristianVille et Alain Bruel) s’éclatent entre la tradition auvergnateet un jazz résolument européen. “Paratge” estsans conteste un des fleurons de Nord Sud et doncde Nocturne.N o c t u rne ne se repose pas pour autant sur ses lauriers.Voici que sans tambour ni trompette (pas mêmebouchée), cette société lance — sous le label ÉditionsN o c t u rne — les BD Jazz, pre m i è res bandes dessinéesà lire et à écouter. Soit dix albums long box contenantdeux CDs et une bande dessinée de seize pages, unebiographie et une discographie. Un simple travail decompilation de ce que les meilleurs jazzmen ont faitmais amélioré par une présentation qui risque dere n d re les autres compils bien pâles à côté de celles-ci.Le disque consacré à Billie Holiday est sans re p ro c h e .La BD a du style, elle est signée Claire Braud. On peutimaginer que les disques consacrés à Lester Yo u n g ,Charlie Parker, Louis Arm s t rong ou Django Reinhard tt i e n d ront aussi bien la route. D’autant que le labelentend aussi nous faire découvrir de nouveaux talentsdu dessin. Le rêve annoncé pour cette collection : tre n t enouveaux titres par année abordant le jazz, les musiquesdu monde et la variété française. Allons-y, on est prêt.Enfin, lorsque Nocturne se décide simplement àd i s t r i b u e r, le flair semble encore être là. Exemple avec“Flamenco en el foro”, un catalogue énerg i q u e ,magnifiquement présenté, plongeant au plus profonddu flamenco de Jerez et des communautés gitanes.Entre la tradition de voix, guitare & palmas, et un flamenconouveau qui emprunte de façon intelligented ’ a u t res chemins, les sept premiers disques présentéspar Nocturne sont (très) forts. On retiendra surt o u tAgujetas (une fois de plus irrésistible), le re m a rq u a b l eguitariste Curro de Jerez, les chanteur Capullo deJ e rez et Chaqueton. Mais chaque disque vaut un larg edétour que nous ne pouvons que vous conseiller.Étienne BoursZad MoultakaAlbum “Zàrani” de Zad Moultaka disponible chezL’Empreinte digitale/Nocturne.Il n’y a pas si longtemps, Z a dMoultaka menait une carrièrehonorable en tant que concertisteclassique. Quoi de plus norm a lquand on a obtenu le premier prix de piano duc o n s e rv a t o i re de Paris à 22 ans ! Oui, maisvoilà, ce Libanais né le 4 juin 1967 a euun jour la révélation, face à la glace : « J echantais des quarts de tons… nature l l e m e n t .C’était extraord i n a i re. En 1995, j’ai épro u v éle besoin d’exprimer des choses plus personnelles,plus orientales. » Depuis, il a cherc h éau fond lui-même son identité, celle d’unArabe chrétien expatrié à Paris en 1984, aubeau milieu d’une guerre qui n’en finissait pasde détru i re son enfance. Il s’est jeté corps etâme sur la peinture, où il excelle. De ce longretour sur soi-même, il a aussi commencé enmusique à dépeindre les traits moins lissesde sa personnalité, faussement effacée, vraimentcomposite, avec “Anashid”, re v i s i t a t i o ndu Cantique des cantiques avec tambours etsymphonique. « “Anashid” fait partie de celong chemin d’expurgation de notre fantasmeoccidental. Mais plutôt que d’opposer les deuxfaces et de les rejeter en bloc, il est plus intéressantde les re f a ç o n n e r. » Au-delà des noteset des mots, il s’agit donc de l’acceptation desoi dans toutes ses diff é rences, donc de l’autre ,ce nécessaire envers de la médaille. Depuis,Zad Moultaka a encore avancé dans cettequête qui l’invite à réexaminer son patrimoine.Avec à la clef un nouvel album, irréductible àla pesante loi des catégories. “Zàrani” dépeintun monde en mouvement, où la mémoire sejoue au futur introspectif. Le pianiste y (ré)conciliehétérophonie et polyphonie, en re p a rt a n tdes merveilles mélodiques que sont les mouwashah,ces poésies d’amour nées au Moyen-Age, entre Bagdad et l’Andalousie. Mais loinde les re p re n d re à la lettre, il garde à l’espritles acquis des aventuriers du siècle passépour composer un univers foisonnant maisc o h é rent, entre cordes sensibles du oud etc o rdes vocales d’une voix majuscule. H i s t o i rede raconter entre les lignes la complexité dumonde actuel, où il faut lutter pour ne pass o m b rer dans les clichés de la facilité exoti q u e .Jacques Denis


MMP005 22/11/03 19:03 Page 1616 IciTri YannHistoriquement, il n’y a pasphoto. Au commencement,était Tri Yann. Trente ans plustard, les trois Jean de Nantessont toujours aussi actifs.Quelques questionset réponses pour recadrerune histoire qui marche.En concert du 08 au 11/10 au Casino de Paris (75).En quelle année est sorti votre premier album ?En 1972 : un 33 tours éponyme, “Tri Yann anNaoned”, avec en titre phare Les prisons deN a n t e s. Depuis sont sortis une quinzaine d’albums,plus de nombreuses compils pour la plupa rt commercialisées par les maisons de disquessans que nous n’en ayons été inform é s …Faites-vous de la world, du trad’, du folk oudu folklore ?N o t re pre m i è re démarche se voulait folk.À l’époque, nous n’utilisions que des instruments“simples” — g u i t a res acoustiques,flûtes, banjo, contrebasse, dulcimer, etc. —issus de ce que l’on appelait le “folksong”.Et puis les chansons et instru m e n t a u xétaient quasiment tous issus de la traditionb retonne. De la formation initiale (quatrepersonnes) au groupe actuel où nous sommeshuit sur scène, avec batterie, guitares électriqueset synthés, notre re n c o n t re avec lerock était inévitable. Mais nos goûts éclectiquesnous ont fait côtoyer les musiquesA FilettaAlbum “Si di me” (Virgin).DVD “A Filetta, voix corses” (Éditions Montparnasse).Livre-disque “Corse : polyphonies et chants” (Éditions du Layeur).médiévales, le grand orc h e s t re classiqueaussi bien que le chant a cappella. Il estdonc bien difficile aujourd’hui de nous rangerdans une catégorie précise.Vous avez toujours privilégié le show. Qu’avezvouspensé vous du grand concert celtique quia eu lieu au Stade de France en mars 2003 etpourquoi n’y avez-vous pas joué ?L’an dernier nous n’avions pas été approchés,et cette année nous étions pressentis.En ce qui concerne l’édition 2003, nousdevions honorer des contrats pour des spectaclesprévus à la même date que celle duStade de France. Donc même avec la meilleurevolonté du monde, nous n’aurions paspu participer à cet événement. Nous savonsque le spectacle de l’an dernier a essuyé denombreuses critiques. Quoi qu’il en soit, etque cela plaise ou non à certains, le fait def é d é rer autant d’artistes et de public dans unlieu aussi vaste dénote une belle vigueur dela “chose celtique”.Quel avenir pour Tri-Yann ?Nous venons de publier un nouveau CD dontle thème est la mer. Et nous re p renons cesjours-ci la route pour de nombreux concerts,dont le Casino de Paris en novembre. Etvogue la goélette…Quelques mots sur le nouveau label et les prévisionsde sorties ?Depuis deux ans environ, nous volons de nosp ro p res ailes sous le label Marzelle, encontrat de licence avec Sony qui se charg ede la promotion et de la distribution de notrediscographie après avoir racheté GlobeMusic. Nous avons donc le privilège d’utilisernotre pro p re studio d’enre g i s t re m e n t .Cela nous donne beaucoup de souplessedans nos emplois du temps et nous permetde travailler de manière confortable et eff i-cace, au calme à la campagne, où nouso u v rons aussi nos portes pour l’enre g i s t rementde nos coups de cœur.Propos recueillis par Philippe Krümm.A Filetta (La Fougère) fait partie des groupes qui, à partir desannées 1970, sous le nom de “riacquistu” (réappropriation) se sont attachésà redécouvrir le répert o i re traditionnel avant de le féconder à d’autres re g i s t re s .Conciliant fidélité aux chants originels, enracinement de terrain et ouvert u re aumonde (cf. le festival de Calvi qu’il inspire), il est certainement celui qui a réussiavec le plus de bonheur son investissement dans la novation. À preuve ses chants deLa Passion, son Médée pour le théâtre, ses collaborations avec Bruno Coulais pourles bandes originales de plusieurs films, dont celles de “Don Juan”, “Himalaya,l’enfance d’un chef”, “Le Libertin”, “Le peuple migrateur”. Un compositeur quel’on re t rouve de pair avec Jean-Claude Acquaviva, leader du groupe, aux compositionset arrangements de ce nouvel opus, très ouvert, plein de couleurs, tournant un tempsle dos à la fatale sévérité de la polyphonie dans laquelle le groupe excelle. Enl ’ o c c u rrence, avec Si di mè (“tu es des miens”), ne pas y voir un changement destyle mais bien une expérience nouvelle dans leur parcours et un retour à la chanson.L’occasion d’y associer, outre des complices (du Géorgien Guram Tamazashvili aufacétieux Orlando Furioso), quelques-uns de ceux qui ont fécondé leur démarc h e ,qu’il s’agisse de poètes comme Marcellu Acquaviva ou Anton’ Francescu Filippini,décédé en Italie en 1985, ou de précieux aînés à l’instar d’Antoine Ciosi ou desf r è res Vincenti, à l’origine de nombre de vocations vocales insulaires.Frank Tenaille


MMP005 22/11/03 19:03 Page 17FredA u t e u r- c o m p o s i t e u r- i n -t e rprète inspiré, Fred seraitille dernier rejeton de cettegrande famille nomméede façon simpliste “ l an o u-velle chanson française” ?Rien n’est moins sûr. Certes, l’hommechante (bien) en français, accompagnéde sa guitare. Mais s’il se re c o n-naît des influences éclectiques (RickyLee Jones, Joe Jackson, Tr i c k , yJacquesHigelin), Fred s’avoue plus inspirépar le griot du blues malien Ali FarkaTouré. Celui dont les mélodies pure set le chant cristallin l’ont initié auxsonorités africaines. L’influence del’Afrique est d’ailleurs tout à fait perceptiblesur son premier album,“Sauter du nid”. Afro-blues, perc u s-sions et chœurs sont un clin d’œila ffectueux à ces moments passés en Éthiopie. Fred se rappelle les re n c o n t res avec des musiciensnomades, la série de concerts improvisés avec la chanteuse Zeuwditu qui mèneront à l’enre g i s t rementd’une maquette de trip hop couleur locale à Adis Abeba. Vo l o n t a i rement en retrait, plus à l’aisedans le rôle d’observateur que dans celui de commentateur, Fred se fait le conteur d’une sociétém o d e rne complexe. Ses ballades sont tour à tour enjouées et mélancoliques, à la fois intimistes et universelles.“Sauter du nid” est un album “tribal”, un melting pot sonore où se mêlent avec finesse poprock, afro-blues, funk et reggae. Métissé donc, mais également minimaliste. Simple (à l’image duchanteur sur scène), seul et charismatique, cherchant la confrontation, « à pre n d re les gens à contre -pied, là où ils ne m’attendent pas ». Ou l’art de déstabiliser sans pro v o q u e r.Aurélie BoutetEn concert 21 & 22/10 Montpellier (34) • 24 & 25/10 Marseille (13) • 29 & 30/10 à Rennes (35) •10, 11 & 17/11 Zèbre de Belleville à Paris.TryoDans son troisième album“Grain de sable”, le quatuorTryo propose une collectionsympatoche de quinze chansonsacoustiques sous influencereggae. Et, pour la plupart ,engagées (telles Récréaction o uP o m p a f ) r : i c« On est tous vachement impliquésdans la vie de notre pays en tant quecitoyens, explique Mali, l’un des chante u r s -guitaristes du groupe. Donc, dansnos chansons, on ne peut pas passer àcôté de thèmes comme la Palestine, leG8… On travaille avec Greenpeace, onse sent très proches d’Attac. Il y en aqui disent : “Tryo c’est consensuel, ils ne font que du bon sentiment.” Mais voilà, nous, on estde gauche, on voit le désastre que l’actuel gouvernement cause à la société : la façon dont il traitele peuple ou dont Sarkozy vide la place de la Concorde de ses manifestants, comment ils traitentla culture aujourd’hui, ce qu’il se passe avec les intermittents, le régime des retraites, dans leslycées, l’écologie. Mais dans ce disque, à côté de textes très militants, on trouve des chansonsd’amour comme Désolé pour hier soir et S e rre - m o i. Ça fait du bien car si on n’arriverait qu’avec desm o rceaux militants, ça fatiguerait un peu le public. » Le groupe est en tournée intensive depuisdébut juin — dont trois Cigale à Paris affichant complet. « Maintenant qu’on a quarante-cinqchansons à notre répert o i re, on peut proposer un show très pêchu, avec un côté ro c k ’ n ’ roll.Le décor c’est une plage, quatre palmiers et un vrai bar. N’importe qui — techniciens, art i s t e s ,même nous — peut venir y boire du rhum ou des boissons non alcoolisées pendant qu’on joue.Dans un récent festival où on est passé, Jean-Louis Aubert, Watcha, K2R Riddim sont venus boireun coup à ce bar pendant notre set. Ça donne un côté très détente qui nous correspond bien. »François GuibertAlbum “Grain de sable” disponible chez Salut Ô Productions/Yelen Musiques.En concert du 11 au 13/11 à l’Olympia à Paris (75).Site Internet www.tryo.com


MMP005 22/11/03 19:03 Page 1818 Là-basRokia TraoréCes trois dernières années, Rokia Traoréa goûté à la reconnaissance internationale.Elle s’est produite et a été acclaméedans le monde entier.Le disque précédent de Rokia Traoré, “Wanita”, a été nommé“meilleur album de l‘année 2000” par de nombreux magazines.Rokia a été élue meilleur espoir féminin au Kora d’Or. Etd e rn i è rement, Wa n i t a (la chanson, cette fois) a été retenue par Sportsans Fro n t i è res comme bande son du clip promouvant les actionsde l’O.N.G. lors des championnats d’athlétisme 2003.Rokia s’est dit qu’il était peut-être temps pour elle de rejoindre unegrosse compagnie de disques qui lui donnerait plus de moyens dep romotion. Mais la lenteur des négociations, et surtout le peu dem a rge de manœuvre que l’équipe artistique possédait, lui ont faitrenoncer à ce projet. Ce nouvel album qu’elle a produit avec sonmari sortira chez Label Bleu comme les précédents.“Bowmboï” ! Si plus personne ne se souvient du sens exact de cemot, tous les Maliens connaissent la berceuse Bamanan dont il esttiré : « Les louanges de parents pauvres qui remercient leur enfantde les avoir choisis comme père et mère malgré leur manque derichesse. » La chanson qui donne son nom à cette nouvelle pierreprécieuse de la culture mandingue a été composée en réaction auxcommentaires hautains d’une série de reportages consacrés à l’exploitationd’enfants en Afrique de l’Ouest. Magnifiquement habillépar les cordes sensibles du Kronos Quartet, Rokia y souligne avecbeaucoup de poésie et une interprétation poignante, la sagesse deshumbles de son continent. À travers les autres chansons, elle réagitaux troubles de notre monde. Elle loue l’union mais questionne lasincérité de l’amour des humains. Elle rend hommage aux traditionsmais revendique sa quête de nouveauté. Autant de questionnementscomplexes qui trouvent écho dans la musique même. Tout en se gardantde tomber dans les travers de la world music FM et en restantfidèles aux sonorités mandingues (n’goni, balafon, calebasse eta u t res percussions) et à ses musiciens, Rokia innove. Par la présencedu quartet américain, les atmosphères créees par le percussionnisteSteve Sheann, le dynamisme et la finesse accrus de songroupe. Mais surtout par une écriture et un chant qui ont gagné enl i b e rté d’expression. À ces noces sincères de l’ancien et du nouveauelle a tenu à inviter un chanteur malien un peu oublié, OusmaneSacckho. Elle lui a proposé de recréer en duo M a r i a m a. Les louangesà la beauté d’une femme, qui avait fait du griot une star des années1960, se sont transformées en fable sur la fugacité du bonheur.Le chant ancestral et puissant d’Ousmane Sacckho et la délicatesseinnovante de celui de Rokia donne une belle perspective de la richessevocale du Mali. En 2000, elle voulut défendre cette musiqueen organisant une marche des artistes, pour protester contre lespratiques frauduleuses des duplicateurs de cassettes pirates.Pendant quelque temps, toute l’Afrique de l’Ouest s’est intéresséeà ce mouvement qui aurait dû aboutir à une législation plus conformeà la bonne gestion des droits d’auteur. Trois ans plus tard, lasituation n’a fait qu’empirer. Le gouvernement se garde d’interveniret les artistes se sont désolidarisés. Pour une majorité de ses collègues,le principe du droit d’auteur est incompréhensible. Les griotssont habitués à toucher les revenus des nobles dont ils chantentles louanges. Et les musiciens des zones rurales sont payés par lescultivateurs qu’ils aident à garder le rendement. Ne se sentant pasl’âme d’une Don Quichotte, Rokia garde sa colère mais a cesséle combat. Ses prises de position sur les archaïsmes de la sociétémandingue ont aussi inspiré de jeunes Maliens. Lors d’un de sesséjours à Bamako, elle a fait la connaissance d’un groupe de jeunesde banlieue qui venait de fonder l’association des Amis de RokiaTraoré. D’abord méfiante, elle fut convaincue de leur sincérité lorsqu’ilslui ont annoncé leur intention de mener diff é rentes actionsd’intérêt général que le service public n’arrive pas à assurer (commele nettoyage des places et des caniveaux après les marchés). En juind e rn i e r, lorsque “Bowmboï” est sorti sur le marché malien, elles’est investie à leurs côtés. Elle passa des nuits en leur compagnieà coller les affiches de ses concerts dans les rues de la capitale.A u j o u rd’hui, Rokia aimerait avoir plus de temps à consacrer à cesenfants de la rue. Et les aider à mener à bien leurs projets dec o n s t ruction d’une fontaine publique, dont ils pourraient re t i re rquelques revenus ou de création de cours du soir pour aider à l’alphabétisation.Avec la sortie internationale de “Bowmboï” et sesc o n c e r t sà venir, il n’est pas évident que son planning lui laisse l’espacen é c e s s a i re pour épauler ses nouveaux amis. Mais il est cert a i nqu’elle ne les oubliera pas.Benjamin MiNiMuMSite Internet http://www.rokiatraore.netEn concert les 15 et 17/10 au Café de la Danse et le 10/11au Théâtre de la Ville avec le Kronos Quartet à Paris.I nt e rvi ews int é g rales &vidéos en concert sur :http:// www.mondomix.org/papier


MMP005 22/11/03 19:03 Page 19Richard BonaSept ans maintenant que Richard Bona chantel’Afrique. Souvenez-vous : 1997, Scenes from my life. Installédepuis peu à New York, l’indomptable mustang camerounais tro q u esa panoplie de bassiste jazz star contre celle de chanteur worlddébutant. Une voix envoûtante, atypique ; des mélodies crémeuses,textes d’actualités, un groove organique. Élégance et sensualité àt a rt i n e r. Le public international suit. Côté j u n k i e s de la note bleue,par contre, on jase. Sacrilège. Hérésie. Voilà que le “Jaco Pastoriusde Douala” joue au “Sting africain” ! Mais Bona garde la banane,Bona s’en fout, lui. « So what ! La musique ne s’arrête pas à un solode basse. » Trois ans plus tard, “Reverence”, second opus. Rebelote.Sa casquette d’auteur- c o m p o s i t e u r-interprète gonfle. Automne2 0 0 3 : place à “Munia”/“The Tale”. Nouveau label, nouvel hymneà la “Mother Africa”. Entre deux extra en studio, réalisationsd’albums et gigs de luxe — dans le désord re : George Benson,Chaka Khan, Pat Metheny, Bobby Mc Ferrin, Sadao Wa t a n a b e ,Richard Bona persiste et signe. En grand format. Trois mois d’enregistrement,de Montreuil à Brooklyn, de Bamako à Washington.Au final : un album plus libre et plus mature. Plus engagé. Larecette est pourtant identique. Chansons en forme de contes,poésie africaine dépouillée, intimiste. « M u n i a, ça signifie “conte”en douala. Mon grand-père était un chanteur et perc u s s i o n n i s t eréputé. C’était aussi un conteur, qui improvisait sur des histoiresvécues. Il m’a transmis cette culture, ce don. Perpétuer la tradition,conter sa pro p re histoire et la transmettre, c’est import a n t ,c’est une responsabilité. Si je ne chante pas mon histoire, qui lefera ? Je l’ai compris avec le temps. Tout comme j’ai réalisé qu’entant artiste, on a un rôle à jouer. “Munia” dénonce tout un tas desujets qui me touchent, qui me révoltent : la guerre, l’oppressiondes femmes, le rejet et l’oubli ( “ K a l a b a n c o ro”, avec Salif Keita,NDLR). “Munia”, c’est une invitationà la paix, à la tolérance. Quelleque soit la galère, mon frère, nejamais oublier l’essentiel : “Staypositive” ! »Jonathan Duclos-ArkilovitchAlbum “Munia/The Tale”disponible chez Universal. Sortie le 23/09.En concert le 05/11 à la Cigale à Paris,puis en tournée française.Plus d’infos sur www.bonatology.com


MMP005 22/11/03 19:03 Page 2020 DossierLa nouvelle génération brésilienneSélection CDs, Marisa Monte “ Tr i b a l i s t a s ”(Capitol/EMI/Virgin), Elza Soares“A bossa negra”(Dubas Edition/DG Diffusion), Renata Rosa“Zunido da mata”( A u t o p od’/ r World Kitchen, import ), Fernanda Porto“Fernanda Porto”(Trama/Night & Day), Cibelle “Cibelle”( Z i r i g u i b o o m / C r a m m e d / Wa rn e r ), DJ Dolores OrchestraSanta Massa “ C o n t r a d i r i o ”(Stern’s/Night & Day), Silverio Pessoa“Batidas urbanas”( A u t o p rod’/ World Kitchen, import ), Davi Moraes“Papo Macaco”(Mercury/Universal Brésil), Totonho “E Os Cabra”(Trama/Night & Day), Naçao Zumbi“Naçao Zumbi”(Trama/Night & Day), Carlos Malta“et Coreto U r b a n o ”(Rob Digital, en import ), S i b a “ F u l o resta do Samba”(Autoprod’, en import), Targino Gondim“Toca Pra Nos Dois”( A u t o p od’, r en import )Une autre mondialisation, une autremusique du monde. Tel pourrait êtrele slogan de la nouvelle générationbrésilienne, qui porte au-delà desocéans et clichés leurs bonnesparoles et consciences musicales.On le sait depuis longtemps : Carlinhos Bro w ndonne le meilleur de lui-même pour les autre s .La preuve avec “Tribalistas”, qui l’associe àdeux complices, Arnaldo Antunes et Marisa Monte. Sort ifin 2002, ce disque qui combine faux-airs pop et vraiesprit d’aventures inédites s’est hissé en haut desc h a rts, devenant le symbole d’une génération de musiciensdécidés à faire exploser les derniers carcans d’uneindustrie soucieuse de catégories. Ni world, ni pop, pasde ci, pas de ça, cet album manifeste le bouillon dec u l t u res qui jaillit du Brésil, qui se diffuse désorm a i ssous nos tropiques, le groupe EMI/Capitol l’ayant propulsépriorité mondiale ! Mais la Carioca Marisa Monten’est pas la seule femme de tête en la matière.P a rmi celles-ci, on retiendra quatre fortes personnalités,très diff é rentes. Revenue sur l’avant-scène l’an passéavec un ovni rétro-futuriste en diable, Elza Soares n’estpas née de la dern i è re pluie de CD. Il suffit d’écouterson détonant “A Bossa Negra”, enregistré en 1961, pours’en convaincre : une samba-jazz torride et couillue, quidevrait faire dresser les poils des amateurs de sensationschaudes. Dans un re g i s t re tout autre, mais avec un charismeaussi terrien que souterrain, Renata Rosa est àmoins de 30 ans la révélation de la scène nordestine quine manque pas de talents. Entre compositions personnelleset reprises, cette chanteuse native de S ã o P a u l oconcocte de sublimes mélodies qui rappellent que chacundes rythmes empruntés, énergique ou plus nostalgique,est synonyme d’une danse ad hoc : coco, maracatu,forro… À voir le public parisien bien suer en juillet,il ne fait aucun doute que ce joli petit brin de dame saity faire en la manière. De rythmes, il est aussi questionchez Fernanda Porto et Cibelle, deux des jeunes égériesde S ã o Paulo. Elles publient chacune un premier opuséponyme sur des labels à la pointe technologique. Lap re m i è re élabore sur Trama un crossover en formede mix où les rythmiques surgies de la jungle actuelles u p p o rtent des chansons douces-amères, parfois sensuelles.Remarquée aux côtés du génial Suba et du plusautomnal Celsio Fonseca, la seconde s’illustre sur “Ziriguiboom”avec un album entre deux, entre influencese l e c t ronica et réminiscences acoustiques, qui invite aussibien le producteur Apollo 9 que le pianiste tutélaireJohnny Alf.Non, Dolores n’est pas une femme mais l’un deshommes qui fouillent ses racines à l’aide des outilsnumériques. Boosté par son Orchestra Santa Massa, cetex-designer devenu DJ témoigne de l’émulsion créatricede sa ville, Recife, et plus largement de tout le Nord e s t e .Son “Contradirio” mélange avec naturel toutes les ry t h-miques, du hip hop tellurique au maracatu frénétique.De quoi faire monter la température ambiante. Quelquesdegrés au-dessus de ce volcan sonore, le fiévreux SilverioPessoa se place lui aussi entre passé recomposé et futura n t é r i e u r. Lui aussi ne vient pas de nulle part : ce chanteurcréa le combo Cascabulho, fricota avec le manguebeat, avant de signer sous son nom deux opus magnifiques.Le premier intitulé “Baté O Manca” saluaitJacinto Silva, vieil homme invité à part i c i p e r; le second(le bien nommé “Batidas Urbanas”) honore Jackson doP a n d e i ro et, plus largement, le frevo. Mais attention, sice sosie de Lenine connaît ses classiques, il les transcendeen injectant à sa formule acoustique (violon,a c c o rdéon, flûte…) une bonne dose de beats concasséset fracassants. Un résultat saisissant qui vous prend dela tête aux pieds pour ne plus vous lâcher ! On pourr a i tcontinuer à l’envi cette liste de re n c o n t res du tro i s i è m et y p e: au hasard des sorties récentes, il faut s’arrêter surle “Papo Macaco” du guitariste noisy Davi Moraes, cocktailexplosif qui honore la verve funk de Tim Maia et lapoésie ludique d’Arnaldo Antunes, et l’album deTotonho, entre post-punk et pro t o - f o rro. Sur le mêmelabel, le collectif Naçao Zumbi signe un retour un poildécevant, tandis qu’à l’inverse le flûtiste Carlos Malta sem o n t re toujours aussi déroutant et captivant. Dans unre g i s t re plus traditionnel, le “Fuloresta do Samba” signépar Siba, l’un des piliers des redoutables MestreA m b rosio, marie percus et violons en des processions etchansons entêtantes, au même titre que le “Toca PraNos Dois” de cet autre fabuleux accordéoniste nord e s t i nqu’est le moins connu Ta rgino Gondim.Jacques Denis


MMP005 22/11/03 19:03 Page 21TribalistasA t t e n t i o n ,priorité mondiale. C’est le mot d’ord re décrétépar Alain Lévy, le patron d’EMI/Capitol. Alors depuis juillet, la petitemusique d’attente de la major égrène le même re f r a i n : Jà SeiN a m o r a r, le tube pop funk qui a fait grimper les tribalistes en hautdes charts brésiliens fin 2002. Pourtant, rien ne présageait un telengouement pour ce triumvirat d’auteurs-compositeurs des plusc o m p l é m e n t a i res, qui travaillent depuis belle lurette ensemble maisaussi pour le compte de tous ceux qui comptent au pays de la MPB.Marisa Monte apporte la touche diva sambista carioca, le poète paulisteA rnaldo Antunès celle du rock expérimental et touche-à-tout. Quantà Carlinhos, il porte avec lui ses racines bahianaises, hautes en couleursmélodiques et effusions rythmiques. Au final, ce qui n’était q u ’ u ne n re g i s t rement supplémentaire pour ses amis de plus de dix ansest devenu bien malgré eux un phénomène de société. D’autant plusque le disque est sorti au moment même où Lula devenait enfinprésident d’un Brésil en pleines mutations. Et de risquer la comparaisonavec les Tro p i c a l i s t e s : « Rien à voir, même si nous avonsété élevés à l’écoute de cette génération. Nous avons d’ailleurs unechanson qui répond à cette question. C’est une autre époque.A u j o u rd’hui, il ne s’agit en rien d’un mouvement de contestation,juste de l’envie de témoigner de notre plaisir de créer ensemble. »Soit treize chansons gravées en à peine quinze jours dans lesstudios de Miss Monte à Rio. Un projet d’une simplicité enfantine,qui sonne comme une évidence, comme l’enfance de l’art. Ce n’estsans doute pas un hasard si les sonorités naïves rappellent biensouvent l’univers des tout-petits, si les textes parlent de papa Noël,de la nostalgie des premiers jours, des gentils “anges gard i e n s ” .C’est d’ailleurs sur les chansons douces-amères comme Ve l h aI n f a n c a que les Tribalistes touchent en plein cœur.J. D.Album “Tribalistas” disponible chez Photomator/Virgin.De l’or brésilienUn stick apposé sur les CDs de la nouvelle“Gold series” de BMG avertit :“Première réédition en CD”. A rg u m e n timparable, démarche essentielle. Avec l’avènement duCD, un pan de notre mémoire musicale était part i ere j o i n d re les vieux meubles au gre n i e r. Et sansm é m o i re, nous sommes bien peu de choses… C’estdans les pépites d’or du passé, justifiant ainsi l’intituléde la collection, que BMG a puisé, proposant au fil dessept CDs brésiliens réédités, un voyage avec livre t s -guides touristiques signés des meilleures plumes,à travers temps et tempo de la samba. À l’étape tradition,on y trouve “Cartola”, incontournable. Et aussi“ Q u a t ro grandes do samba” qui, comme son nom l’indique,compile quatre compositeurs cultes qui ontaccouché de montagnes de standards. Côté re n o u v e -llement, opéré dans les années 1970, Martinho da Vi l a ,c h a n t re de la négritude dans la samba (qui n’a pastoujours voulu s’avouer noire), avec Rosa do povo e tJoão Bosco avec un chef-d’œuvre Caça à Raposa, quiredonna un salutaire coup de fouet à la sambamoribonde, lui insufflant avec la complicité du génialp a rolier Aldir Blanc des accents aussi nouveauxque réjouissants. Du même encore, “João Bosco” unc o l l e c t o , r puisqu’il s’agit du jusqu’ici introuvable premier disque duguitariste. Et bien entendu de la bossa, qui est une forme de samba, nel’oublions pas. À la page icône, “Miucha & Tom Jobim”, harmonieusere n c o n t re entre Dieu le Père du genre et l’espiègle maman de BebelG i l b e rto. Et encore, “Tamba trio”, disque éponyme d’un groupe mythiquede la bossa nova, et “Piano of João Donato” ou quand la bossa se faitj a z z y. Bref, une flamboyante occasion de faire ou parf a i re son éducations a m b i m e n t a l e .Dominique DreyfusFernanda PortoBrésil 21Grâce à Fernanda Porto,on trouve de la musiquebrésilienne là où on nel’attend pas forcément :au rayon drum’n’bass.P o u rquoi pas ? Question ry t h m i q u eet minimalisme entre batucada etbossa, elle s’y connaît. Les Tr i c k yet autres Craig David suçaiente n c o re leur pouce que les DJsbritanniques, belges et berlinoisla samplaient, (re)mixaient etbidouillaient depuis longtemps.Quant aux DJs brésiliens (Patife,M a rquee…), ça fait une paye qu’ilsfont danser les discothèques internationales.Sur leurs traces, voiciF e rnanda Porto. À l’université deSão Paulo, sa ville natale, elle aappris le piano, la composition,l ’ o rchestration, le chant et a travailléavec les maît res de lamusique atonale. Mais a craquésur le drum’n’bass. Dans ce monde de brutes… pardon, d’hommes, ets’est fait recevoir comme un chien dans un jeu de quilles mais a tenubon. Enfermée dans son studio, avec ord i n a t e u r, synthés et machinesen tous genres, elle a pondu son premier album chez Trama, le labelbrésilien qui monte. Voix jazzy, Fernanda tricote ses pro p res textes aussibien qu’elle recuisine à la sauce électronique la bossa de TomJobim,la samba et même un extrait des “Écclésiastiques III”. Avec une flamboyancequi lui a valu d’être disque d’or. Bon début.D. D.


MMP005 22/11/03 19:03 Page 2222 DossierLe mangue beatdu BrésilPour qui ignoraitque la musiquebrésilienne faitson lit dans lesdraps de toutesles musiques dumonde et ne seréduit pas aucouplesamba/bossa,l’été 2003 aurafait la preuve ducontraire.Les musiciens brésiliens étaient de tous les festivals… De ceuxqui ont eu lieu, brandissant toutes les bannières des ry t h m e sde leur pays. Nombreux, divers, éclectiques, il y avait les typiquementcariocas, les authentiquement bahianais, les furieusementnovateurs, les décidément roots. Et les Nordestins. Ces gens venusd’une région qui s’étend de Bahia au Maranhão, du littoral au sert ã o ,zone semi-aride chargée d’histoire et de mythes. C’est là quele Brésil a commencé… Une ville y a aujourd’hui un rayonnementculturel particulier, Recife. C’est là que sont nés le fulgurant ChicoScience et son mouvement “mangue beat”. La carrière éclair de cemusicien mort accidentellement en 1997, a suffi pour sensibiliser laFrance à l’univers musical du Nordeste, baigné d’influences arabes,p o rtugaises, africaines, amérindiennes. Et pour que l’été dernier lesNordestins dominent la scène des festivals, comme ils dominent lascène brésilienne depuis quelques années.Elle est comme ça la musique là-bas, tellement riche qu’il n’y ajamais de place pour tout le monde en même temps. Alors au fil desans, les règnes se succèdent, donnant la vedette à un style, à unerégion. Samba, forro, bossa nova, tropicalisme de Gilberto Gil etCaetano Veloso qui mâtinèrent la musique brésilienne de pop dans lesannées 70, rock (hard de préférence), musique caïpira, axê music,funk, rap occupèrent à tour de rôle le devant de la scène. Aujourd ’ h u i ,c’est le mangue beat. Et c’est quoi, le mangue beat ? Au départ, lare l e c t u re sous influence de la musique électronique du maracatu,manifestation folklorique locale. Une bombe dont les éclats venaientdes DJs londoniens qui, dès les années 1980, ont samplé, mixé,remixé la musique brésilienne. Et Chico Science de recuisiner lamusique du nordeste à la lumière de ces nouvelles techniques, defabriquer des patchworks de tambours lancinants du maracatu etde pulsions des rythmiques. À écouter sa musique et celle de sessuccesseurs, l’univers electro semble le prolongement, l’aboutissementnaturel des rythmes du Nordeste. À cro i re qu’il est né pours e rvir cette musique rurale et rude, tout à la fois légère et grave. Lep è re du mangue beat est mort, ses enfants poursuivent son œuvre .Mais ils ont fait de la réflexion de Chico Science une porte ouverteà toutes les audaces, à toutes les expérimentations.Silverio PessoaMaracatu, boi-bumba, cavalo marinho,coco de embolada, repente, xote,baião… Le folklore nordestin, richeet divers, est devenu leur sourc ed’inspiration, le métier sur lequel ilsont tissé les plus intéressantes tapisseriesmusicales de ces dern i è re sannées. Ce sont leurs racines rappellent-ils, mais des racines qu’ilsrevisitent avec les moyens de leur temps. Ils ont grandi dans lac u l t u re rock et vécu l’émergence de l’electro, du drum n’bass, dela jungle et du rap, dont ils se sont imprégnés. De quoi concocter descombos explosifs où se côtoient toutes les générations d’instru m e n t set où cohabitent toutes sortes de références musicales. Voix ru g u e u s e set crues, rabeca (violon ru d i m e n t a i re), accordéon diatonique, tambourinsdialoguent avec des synthés, des programmations et dese ffets spéciaux. Chez tous, la démarche musicale passe par un re t o u raux sources et une rigueur indéniable. Quant à la qualité de lap roduction et du son, à chacun son traitement, sa manière de faire ,de triturer le matériau musical.Explicite, la filiation avec l’électronique chez DJ Dolores, Totonho,Naçao Zumbi ou Lenine. Beaucoup plus nuancée chez SilverioPessoa, Mestre Ambrosio ou Chico César. Et comme pour boucler laboucle, il y a ceux — celles en l’occurrence — comme Isaar França(la divine chanteuse de DJ Dolores), qui dans son pro p re gro u p e ,C o m a d re Fulozinha, à l’instar de Renata Rosa, restent dans le pur etdur originel. Ils sont venus, ils ont vu et, à en cro i re les réactions dupublic français, ils ont vaincu. Ils re v i e n d ront. On l’espère. L’été fini,les Nordestins sont re p a rtis. Mais pour beaucoup, leurs disques sontrestés. Sautez dessus.Dominique DreyfusI nt e rvi ews int é g rales &vidéos en concert sur :http:// www.mondomix.org/papier


MMP005 22/11/03 19:04 Page 23Voix de femmes du MaliParmi la quinzaine de peuples quihabitent au Mali, deux ont mis particulièrementen valeur la voix fémini n e: les Bambara (qui sont les plusimportants numériquement) et lesWassoulounké (Peul du sud du Maliqui parlent bambara). Chez les Bambara,les djelimoussolou, les griottes, continuent àchanter les louanges de leurs “patrons”, même sila plus emblématique, Sira Mory Diabaté (1931-1989), s’exprimait dans un style austère, plusp rompte à faire entendre des conseils morauxqu’à flatter ses auditeurs. Elle a été la grandedétentrice de la tradition du Kela, un des principauxcentres de la tradition orale bambara.L’ a u t re grande djelimousso a été Fanta Damba(1938-1999), qui chantait dans le style classiquede Ségou, souvent accompagnée par la kora duIl s’était souvent produiten Fr a n c e(l’une des dern i è re sfois au Printemps de Bourges en1 9 9 7 ) . Aucun autre chanteur dec o u n t ry n’a atteint chez nous untel niveau de popularité. Faisant fides paradoxes d’un homme qui futà la fois engagé contre la guerre auVietnam et ami de Richard Nixon,défoncé notoire et bigot exaspérant,le public français retint surtoutle côté “outlaw” et l’engagementsocial du personnage. Sesalbums les plus populaires dansl’Hexagone furent pro b a b l e m e n tses deux enre g i s t rements de concerts en pénitenciersdatant de 1968 et 1969 : “Live at FolsomPrison” et “Live at San Quentin Prison”. La plusbelle épitaphe de l’homme que Nashvilledétestait tant se trouve probablement dans lagrand Batourou Sékou Kouyaté. La musique malienneest parfois aff a i re de famille. Et sa nièceMah Damba, qui vit à Paris, a repris d’une voixl é g è rement plus voilée et avec beaucoup detalent, la tradition familiale. Née à Djoliba (lemême village que Salif Keïta), Ami Koita a commencéune carr i è re acoustique avant d’allierclaviers et guitares électriques aux instru m e n t straditionnels. Les instruments occidentaux étaienta p p a rus, peu après l’indépendance, avec FantaSacko qui chantait accompagnée de deux guita res acoustiques. Parmi la multitude de talents,citons aussi les voix de Diaba Koita, qui estKhassonké, de Mamani Keita, choriste bienconnue des studios parisiens, qui tente de mariertradition et électronique avec Marc Minelli, oue n c o re Babani Koné, une des griottes les plus envue de Bamako. L’ a u t re grande tradition est celledu Wassoulou. Ici, pas de louanges mais deschants revendicatifs, notamment à propos del’émigration ou de la condition féminine. NahawaDoumbia, qui vit à Bougouni, a été la pre m i è reà développer ce style, revenant aux instru m e n t straditionnels dont l’emblématique harpe kamalengoni.C’est aussi la grande spécialiste du didadi,la danse de la fin des moissons qu’elle continueà animer dans sa petite ville natale. C’est cependantsurtout Oumou Sangaré, qui a recueilli àjuste titre les faveurs du public, n’hésitant pasà utiliser parfois les cuivres de James Brown àcôté des instruments traditionnels. Sali Sidibé,e x - m e m b re de l’Ensemble National du Mali, nemanque pas non plus de qualités, de même quela jeune Mamou Sidibé, ex-choriste d’OumouSangaré. Ces quelques noms sont loin de re c o u-vrir toute la richesse et la diversité du chant desfemmes maliennes.Henri LecomteI nt e rvi ews int é g rales &vidéos en concert sur :http:// www.mondomix.org/papierIn Memoriam Johnny Cash 1932/2003chanson en forme de portrait que lui consacrason grand pote Kris Kristofferson. Ce dern i e r,fidèle en amitié jusqu’au bout, fut l’un des porteursdu cercueil de Johnny à son enterre m e n t .La chanson qui s’appelle The Pilgrim (Chapter3 3 ) fut écrite en 1971 et narre ceci : « H e ’s apoet, he’s a picker, he’s a prophet, he’s apusher / He’s a pilgrim and a preacher and ap roblem when he’s stoned / He’s a walkingcontradiction, partly truth and partly fiction /Taking every wrong direction on his lonely wayback home. » Ce qui veut à peu près dire ceci(pâle et imparfaite traduction) : « C’est unpoète, un prince de la gratte, un prophète et unf o u rgueur / Un pèlerin et un prêcheur, une m m e rdeur quand il est défoncé / Une contradictionvivante à mi-chemin entre fiction et réalité/ Un solitaire qui essaie de re n t rer dans led roit chemin mais s’égare sur tous les mauvaiss e n t i e r s .»Là-bas 23Deux nouveautésWorld VillageMohamed Shadjarian est l’undes plus grands chanteursi r a n i e n s. Depuis quelques années, ilchante souvent au sein d’un “all-stars”,dont fait aussie partie Hossein Alizadeh,grand joueur de luth târ et novateur, touten restant dans le cadre de la musiquesavante persane, profil partagé par KayhanK a l h o r, virtuose de la vièle kémantché.Quant à Homayoun Shajarian, le fils duc h a n t e u r, il se révèle être un fin perc u s-sionniste, dont on commence aussi à apprécierles qualités vocales. Il est émouvantde constater la communauté de penséea rtistique entre ces artistes de quatregénérations, allant de la soixantaine pourle chanteur à 28 ans pour le perc u s s i o n-niste. Deux éblouissants récitals enre g i s-trés en public, ce qui paraît stimuler lesa rtistes, dont la prestation dégage uneintense émotion.H. L.Albums “Without you” (468011) et “Faryad” (deuxCDs, 468023) de Mohammad Reza Shajarian, HosseinAlizadeh, Kayhan Kalhor, Homayoun Shajarian,disponibles chez World Village.LatroupetibétaineCham enFranceOriginaire dumonastère deTriten Norbutséà Kathmandou,la troupe tibétaineCham est en tournéefrançaise en octobre. Vingt ans queces étonnants moines-artistes, spécialisésdans les musiques et danses traditionnellesde la tradition Bön (religion prébouddhiste),n’étaient pas venus dans l’Hexagone !Début des festivités au centre KarmaLing près d’Annecy les 4 et 5 octobre( T é l .: 04 79 25 78 21), avant un week-endentier aux Arènes de Lutèce à Paris(les 18 et 19 octobre).Précisions sur le site www.spheric.org


MMP005 22/11/03 19:04 Page 2424 DossierVia KaboulMusiques d’Asie centrale“ Via Kaboul”, le programmeVingt artistes musiciens, chanteurs et danseurs de l’Asie centrale :, A f g h a n s : Rahim Ta k h â r i (chant, instr.), Gholâm Husayn ( r a b â b ) ., Baloutches : Abdurahmân Surizehi (benju), Ali Mohammad B a l u c h(sorud), Mashallâh Bâmeri (chant, tanburag)., I r a n i e n : Hamid Khezri (dotâr)., K i rghiz : Zaynoddin Imanaliev (chant, komuz)., Ouzbeks : Asadollah Otaullaev (chant, doyra), Mohiniso Majitova( d a n s e ), Shoberdi Boltaev (chant, dombra), Mirzohid Abasov(ney, doyra)., Tadjiks : Mastona Erg a s h o v a (chant, rabob), Davlatmand Kholov,(chant, instr.), Nobovar Tchenarov (chant, instr.), Zarif Puladov(tabla, doyra, tablak), Iqbal Zavkibek (setar), ShanbeMamad-Gaminov (qijak), Sayram Mubalieva (danse et chant),Latofat Yusupova (danse), Aqnazar (chant).• Concerts et conférences au Musée des Arts Asiatiques —Guimet les 29 et 30/10.• Masterclass et conférences à la Maison populaire de Montreuilles 01/11 et 02/11.• Concerts à l’Odéon, Théâtre de l’Europe, aux ateliers Berthierles 07 et 08/11.Site officiel : http://www.viakaboul.comTél. : 01 44 85 40 40. Fax : 01 44 85 40 01Paris accueille un vasteprogramme de traditionsenchevêtrées, distinctes etpossédant un certain airde famille.Si le programme “Via Kaboul”, concoctépar le musicien et ethnomusicologueJean During, est sous-titré “Musiquesde l’Asie centrale sans fro n t i è res”, ce n’estpas par hasard. Car dans cette région dumonde, dont les États ont le plus souventacquis leur indépendance en 1991, lesh o m m e s ,d’ethnies et de langues diff é-rentes (indo-iraniennes, türkes), lesmusiques et les cultures plus généralementonttoujours circulé, sans se soucier des limitest e rritoriales imposées au long des sièclespar les pouvoirs politiques et/ou re l i g i e u xsuccessifs. De même, les traditions nomades,longtemps dominantes chez les Kazakhs,les Turkmènes et les Kirghizes, ont cro i s éles autres, sédentaires, celles des Ouzbeks,des Tadjiks et des Ouïghours du Tu r k e s t a nchinois.Ainsi peu à peu, et jusqu’à nos jours, s’estconstitué un tissu assez inextricable detraditions musicales enchevêtrées et plutôtdifficiles à cern e r. Cette complexitéexplique en partie qu’elles soient moinsconnues ici que celles de l’Inde ou del’Iran, malgré la découverte depuis unedizaine d’années de grands artistes de larégion, notamment ouzbeks comme lachanteuse Monajat Yultchieva ou le joueurde sato, dotâr et tanbur, Tu rgun Alimatov.Pour autant, il n’est pas impossible det rouver quelques re p è res dans cet immensefoisonnement musical. La pro g r a m m a t i o nde cet événement au Musée Guimet età l’Odéon-Ateliers Bert h i e r, fin octobreet début novembre, en donnera une illustrationtrès concrète. En deux temps car,au-delà des spécificités des groupes etdes styles, il s’agit aussi de vérifier quel’origine commune des langages musicauxn’est pas seulement une élucubration despécialistes.En schématisant à l’extrême, on pourr a i td i re qu’il existe deux grandes traditions enAsie centrale. D’une part la musiquesavante, classique, modale, urbaine et liéeà la culture persane, dont le fleuron, né àBoukhara, s’appelle le shashmaqam, « u na rt au-dessus du temps » comme l’a qualifiéla grande chanteuse Barno Ishakova.D ’ a u t re part l’art des bardes (bakhshi ouzbeket hafez tadjik). Entre les deux, la fro n-t i è re est pourtant un peu floue, puisquec e rtains bardes professionnels possèdentun répert o i re de genre semi-classique.Le shash maqam (six maqam) de Boukhara,comme ses équivalents dans d’autre srégions, celle de Ferg h a n a - Tachkent parexemple, est une suite de pièces instrumentaleset vocales — on en compte plusieursdizaines —, mesurées ou non, partantdu re g i s t re grave et évoluant vers uneapogée (awj) avant de re d e s c e n d e r vers legrave. Ces suites ne sont bien sûr pas sansr a p p o rt avec celles du Maghreb (nouba), duMoyen-Orient (wasla) ou même de Tu rq u i e(fasl). La durée des cycles (plusieursh e u res), respectée à l’époque des fastueusescours des khans, a peu à peui m p o s éd’en interpréter seulement des extraits, enc o n c e rt comme dans les enre g i s t rements.Malgré la forte concurrence (auprès desj e unes en particulier) des musiques occidentalesou plus légères, cette tradition est toujoursvivante, pratiquée par les Ouzbeks, lesTadjiks du Nord du pays et les Ouïghours.Un immense travail de collectage eff e c t u éauprès de vieux maîtres a permis sa prése rvation. Et depuis quelques mois s’esto u v e rte à Douchanbé une école de formationaux instruments et au chant dushash maqam, dirigée par AbdourashidovAbduvali, un musicien novateur, très soucieuxdu rapport nécessaire entre la métrique poétiqueet la rythmique musicale. Les textes


MMP005 22/11/03 19:04 Page 25des pièces chantées du shash maqam sontpuisés dans le répert o i re des chansons(anciennes ou récentes) et surtout dansl’immense corpus de poèmes des sièclespassés, soufis ou non, tous empreints d’unehaute spiritualité, voire de mysticisme et dereligiosité. Largement répandus chez lesmusiciens qui en connaissent parfois descentaines sinon davantage, ils n’ont jamaiscessé d’être chantés, même en cachettecomme à l’époque de l’empire soviétique.À Paris, les longues plaintes magnifiquesqui sculptent à l’infini l’amour, terre s t re etc h a rnel, divin et dévotionnel, seront cellesde quelques artistes de premier plan ouzbekset tadjiks comme Asadollah otaullaev,Mastona Ergashova, Davlatmand Kholov.À cette tradition savante, il n’est pas inco n g ru de rattacher les pièces pour rababafghan dit ″c l a s s i q u e″ (Gholam Husayn) oùp e rcent les influences indiennes, les chantssacrés du Badakhshan (ensemble dirigé parNobovar Tcheranov) ainsi que les mélodiesde transe baloutches (groupe de MashallahBameri), ces deux derniers genres n’étantpas non plus exempts de parfums indiens.Il serait absurde d’imaginer que les chanteursde shash maqam limitent leur réperto i re à ce seul genre savant. La plupartsont capables d’exceller aussi dans lamusique populaire. Ils n’hésitent pas, poura rrondir les fins de mois, à accepter dese pro d u i re dans les fêtes privées (toy)données par les familles en diff é re n t e soccasions (naissances, circ o n c i s i o n s ,mariages, décès) et à accompagner parf o i sdes danseuses (sazanda).Ils ne sont pas les seuls. Les bardes, quireprésentent l’autre grande tradition d’Asiecentrale, font de même. Ces chanteurs, jadise rrants des steppes et aujourd’hui installésdans les campagnes avec parfois un statutde vedette (radio, toy), s’accompagnent auluth à long manche (dotâr à deux cordes oudombra, sa plus petite version ouzbeque,ou encore komuz kirghiz à trois cordes). Av e ccela, ils interprétent un répert o i re ancienou contemporain, appartenant à la grandepoésie ou plus léger, déjà existant ou de leurcomposition. Avec des thèmes récurre n t s(sentimental, moral, festif, religieux, épique).Cette tradition vocale prendra à Parisplusieurs visages. Kirghiz avec ZaynoddinI m a n a l i e v, ouzbek avec Shoberdi Bakhshi(seul au dombra ou à la vièle ghijak etaccompagné par le dotâr iranien de HamidKhezri), afghan avec Rahim Takhari, baloutcheavec Mashallah Bameri accompagnéà la cithare benju et à la viole soru d .Enfin, comment imaginer l’Asie centralesans musiques festives ? Elles existent, biens û r. Le programme parisien “Via Kaboul”en présentera un superbe panorama : lesdanses du Badakhshan avec l’ensemble deNobovar Tc h e n a rov et la danseuse SayramMubalieva, celles de Boukhara avec le gro u p ed’Asadollah Otaullaev et deux danseuses,Latofat Yusupova et la déjà célèbre, malgréson jeune âge, Mohiniso Majitova, les chansonsaccompagnées d’instruments, afghanes(Rahim Takhari) et baloutches (MashallahL’Aga KhanVia Kaboul 25“ … Via Kaboul” est produit par l’AKTC.L’ Aga Khan Trust for Culture est une des agences duréseau Aga Khan de développement (AKDN). Il estc h a rgé de promouvoir et de mettre à exécution des initiativesvisant à revitaliser le patrimoine cultureldes communautés musulmanes et à en favoriser lesincidences sur le développement social et économique.L’AKDN dépend directement de l’Aga Khan, chef spirituel(Imam) des musulmans chi’ites imamites ismailis.L’ismaélisme est un rameau majeur du chiisme quicompte de nombreuses subdivisions. Il est apparu auI I e siècle de l’hégire (VIII e s . ) . Et la période la mieuxconnue est la période califale des Fatimides (910-1171), pendant laquelle les imam dirigèrent un empirequi fut un temps le plus puissant du monde méditerr a-néen. C’est à cette époque notamment que les textesg recs (Aristote, Platon, Plotin...) furent traduits enarabe et purent ainsi parvenir jusqu’à l’occident et queles imam entamèrent une politique de “mécénat” enfavorisant les artistes, les artisans et les intellectuels.Depuis, cette tradition est toujours vivace. Et l’AgaKhan investit chaque année plus de 230 millions dedollars au sein de l’AKDN, soit l’équivalent du budgetde l’Unesco.Marc BenaïcheSites Internet www.viakaboul.com & www.akdn.orgÀ lire “Musiques d’Asie Centrale, l’esprit d’une tradition”de Jean During (Editions Cité de la Musique/Actes Sud).


MMP005 22/11/03 19:04 Page 2626 Là-basUne collection panmusicaleÀ Bruges, Bernard Kleikamp(au milieu) accompagné dedanseuses Miao (Chine).L’ethnomusicologue et businessmanBernard Kleikamp a pris lescommandes du label Pan en 1980.Au catalogue de celui-ci :des musiciens du Mali, d’Ouganda,de Géorgie, des Moluques, de Sicile,d’Azerbaïdjan, de Hongrie,de Bulgarie et, bien entendu,de Hollande (liste non exhaustive).Le label Pan, fondé en 1977, comprend actuellementplus de deux cents CDs. S’assurant le concours d’unet rentaine d’ethnomusicologues de diverses nationalités,Bern a rd Kleikamp a conçu une série qui se caractérisepar la qualité des textes des livrets (en anglais) et des enregi s t rements effectués, la plupart du temps, sur le terr a i n .Une des pre m i è res passions de Bern a rd a été le chant diphonique,cette technique qui permet d’émettre deux notessimultanément, comme en Mongolie ou à Touva. Il a d’ailleursété, avec Smithsonian Folkways (et après les enre g i s t rements,hélas jamais réédités, de Roberte Hamayon pourle Musée de l’Homme), un pionnier qui nous a permis dedécouvrir ces musiques inouïes, notamment avec les musiciensqui devaient fonder plus tard le groupe Huun Huur Tu .Il a édité depuis 1991 une dizaine de CDs consacrés auchant diphonique de Touva mais aussi de Mongolie et del’Altaï. D’autres régions de l’ex-U.R.S.S. ont aussi attiré sacuriosité avec plusieurs enre g i s t rements des campagnesrusses. On peut ainsi citer ces extraord i n a i res enre g i s t rementsde flûtes du centre de la Russie d’Europe, dont lejeu en hoquet évoque plus les musiques des Gbaya deCentrafrique que la musique slave, ou encore la musique desM o rdves, des Ougriens de la Volga, des Dagestanais ou desNagaybak. Au Caucase également, il ne se contente pas dep ro d u i e rdes CDs des Géorgiens ou des Azerbaïdjanais maisnous propose aussi la musique des Abkhazes et des Adjars.D’Asie centrale, proviennent de beaux enre g i s t ements r eff e c-tués chez les Ismaëliens des vallées du Pamir ou bien ceuxde Ouïgour, peuple turcophone du Nord-Ouest de la Chine.En Chine, il produit un CD consacré aux musiques des“ Trois religions” (le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme)qui commençaient à re s u rgir après les sombre sannées de la Révolution culturelle, mais aussi d’autresprésentant celles d’une douzaine de minorités du Yu n n a n ,au sud-ouest du pays, ainsi que leurs cousins tibétobi rmans, les Karen de Thaïlande et de Myanmar.Comme on peut s’en douter, un label hollandais ne sauraitomettre l’Indonésie, à laquelle le rattache son passécolonial. Nous avons encore une fois aff a i re à une sérieoriginale d’enre g i s t rements présentant le Pays soundaavec la grande chanteuse Ida Widawati, accompagnéepar le délicat ensemble de musique de chambre où laflûte suling s’allie à deux cithares ou par un gamelanf o rmé principalement de métallophones, un CD austèremais passionnant consacré aux traditions narratives duc e n t re de Java ou encore des épopées et de la musiquei n s t rumentale de l’île de Nias. Deux autres albums sontconsacrés à la musique de luth de Sarawak, la partiemalaise de Kalimantan (ex-Bornéo). Un travail exceptionnelprésente aussi une série d’une quinzaine de CDsconsacrés aux musiques océaniennes, si rares sur lem a rché du disque, avec des albums consacré notammentaux îles Cook, à Hawaï, à l’île de Pâques, aux îles Samoa,aux Fidji, à Tonga, à Tuvalu, ou à la Nouvelle-Zélande.Le catalogue africain est relativement réduit mais off redes enre g i s t rements de terrain. C’est le cas de plusieursCDs sur le Mali, avec entre autres le n°2104, consacréà la voix superbe de la grande Siramory Diabaté, qui aété l’archétype des griottes bambara, mais aussi dese n re g i s t rements du sud du pays avec les Sénoufo etleurs cousins, les Minianka. Deux autres CDs consacrésau Ghana nous permettent notamment d’entendre untrès riche instrumentarium où s’allient flûtes, xylophones,vièles ou cithares en radeau. L’Ouganda estégalement représenté par trois enre g i s t rements, avecnotamment de magnifiques pièces enregistrées à la cour,a u j o u rd’hui disparue, du Royaume de Buganda.L’Amérique et l’Europe sont pour le moment moins bienreprésentées. Néanmoins, on peut citer parmi d’autre sl’album consacré aux Amérindiens du Surinam ou celuisur la musique afrovenezuelienne, ou encore ceuxd’Ukraine, de Bulgarie, de Madère ou de Macédoine,sans oublier les Pays-Bas.Le directeur de cette re m a rquable collection ne manqued’ailleurs pas de projets, comme un disque consacré à lamusique des chasseurs du Mali ou un autre (double) sur lespolyphonies du Yunnan, au sud-ouest de la Chine. L’ a n n é e2004 verra peut-être également l’appariton de premiers DVD.Henri Lecomtee-mails aradox@dataweb.nl • abeilleinfo@abeillemusique.com


MMP005 22/11/03 19:04 Page 27BaCissokoI nt e rvi ews int é g rales &vidéos en concert sur :http:// www.mondomix.org/papierQuand on naît Cissoko, on est joueurde kora. Et le Guinéen Ba Cissoko ne déroge pasà la légende, selon laquelle la kora aurait été crééepar un homonyme, il y a bien longtemps. Lui a suiviles préceptes de son oncle M’Bady Kouyaté, experten cordes graciles. C’est ainsi qu’il a fait au débutdes années 1980 le voyage initiatique de village envillage mandingue, de Kandara où il est né auSénégal. Il en est revenu avec une connaissancee x p e rte de la tradition, avec l’intuition qu’il pouvaiten renouveler les codes d’accès. À Conakry, il fondeen 1986 un quartet de koras tout en pratiquant lorsdes baptêmes et mariages. En croisant le chemin deGilles Poizat, un trompettiste arlésien alors coopérant,Ba Cissoko entame ses pre m i è res fusions, end i rection du jazz, du funk et du reggae. À l’époque,il est timide mais déjà sans complexe sur l’instrument,avec l’envie de moderniser son approche. Cesera l’aventure Tamalalou (un nom qui signifie “Ceuxqui voyagent pour gagner la chance”). Depuis, heureuxqui comme Ba a multiplié les allers et détourse n t re Conakry et Marseille. Dans cette ville, l’associationNuis Métis lui off re les résidences, l’invite auxexpériences en tous genre s: Ray Lema, Yvi Slan…Sans parler des sessions plus ou moins impro v i s é e savec la scène locale. Huit ans plus tard, à la tête d’unq u a rtet, il se révèlera aux oreilles du Womex marseillais.Son concert aux Docks des Suds produit sone ffet. Et le voilà en route pour enre g i s t er r (toujoursà Marseille) un premier disque, après quelquescassettes et maquettes. Et même si “Sabolan” nedonne qu’une version partielle de la puissance hypnotiquede ce quartet, dont il faut goûter la fièvrehautement tellurique en direct, il a le mérite d’exposerenfin “cette aff a i re de famille” (aux côtés deBa et de son percussionniste, on trouve deux cousins,Kourou le bassiste placide et Sékou, la petitet e reur de la kora électrifiée, voire saturée) aux yeuxd’un plus large public. Et de parier sur l’avenir d’unef o rmule entre rythmiques entêtantes et mélodies enc h a n t i e , qui r promet des lendemains qui swinguentt e riblement au-delà des querelles de mosquée.Jacques DenisAlbum “Sabolan” disponible chez Marabi/Mélodie.Olahs de HongrieContrairement à d’autres T z i g a n e , sles Olahs de Hongrie ne sont passpécialement musiciens. Leur traditionmusicale est surtout vocale. Du coup, lorsdes veillées lorsque l’ambiance monte, ils se saisissentd’ustensiles domestiques pour ponctuerles chants qui, inévitablement, montent de leursg o rges. Cruche d’eau et cuillères ont ainsi étéélevées au rang d’instruments de musique etcomplètent les onomatopées dont ils usentcomme base rythmique. Anti Kovacs s’est form éà la musique dans le groupe Ando Drom, puisa fondé Romano Drom avec son père Gojmaet une poignée d’amis. Ces rénovateurs sonten train de faire passer une tradition surt o u tdomestique sous les feux de la rampe. Avec leurnouvel album, ils poussent les choses encore unpeu plus loin en invitant un saxophoniste, unc o n t rebassiste, un accordéoniste ou encore unvioloniste pour augmenter leur spectre sonore .J. D.-A.Album “Ande Lindri” chez Daqui (voir chronique p. 40).


MMP005 22/11/03 19:05 Page 2828 Là-basPortugal newsAgenda, Après une tourn é eaméricaine d’anthologie,M a r i z arevient en Francecet automne. Le 15/10à Reze (44), le 24/10 àla Fiesta des Suds àMarseille et les 04 et06/12 aux Théâtre desAbbesses à Paris, Le festival “Nancy jazzp u l s a t i o n s ”fête ses tre n t eans. Cristina Branco seralà pour souffler les bougiesle 11/10, avant le Casinode Paris le 13 etl ’ I n t e rnationales de lag u i t a e rà Montpellier le 17., L’Angolais Bonga amis le feu au NewMorning l’hiver dernier.Séance de rattrapageles 02/10 et 02/11novembre au TrianonThéâtre à Paris 18 e ., Katia Guerreiro seproduira le 03/10 àGennevilliers (92).Tél. : 01 42 74 22 77, Expo “Mixitésd ’ a u j o u rd’hui... Regard ssur une ville euro p é e n n e :”Lisbonne/Lisboa àtravers le regard et lesvoix de ses habitants.Photos, vidéos et artsplastiques. Du 5 octobreau 25 janvier 2004 auParc de la Villette(Pavillon Paul Delouvrier).Tél. : 01 40 03 75 75Les échos d’Evo raL’annulation surprise, en chaîne, d e sfestivals du début d’été en France nousa donné au moins une bonne raisonpour traverser les frontières, et aller voirce qui se passe ailleurs. Avignon s’endo r t? Cap vers Evora, petite ville à centkilomètres à l’Est de Lisbonne. Même ceintu re de re m p a rts, autre atmosphère . Nous sommes dansl’Alentejo, région carre f o u r, entre Porto et la sacro - s a i n t eA l g a rve. Région fertile, tranquille, méconnue. Evora enest l’épicentre. De prime abord, une cité médiévalecomme les autres. Mais l’ancienne capitale du Port u g a la des re s s o u rces. Evora ville-zen, lieu de villégiaturepour fonctionnaires stressés. Evora ville étudiante, quidissimule une des plus étonnantes universités du continent(1559) — Katia Guerre i ro y enseigne. À Evoral ’ é t é , côté saison culturelle, pas de quoi fantasmer.On est encore loin de la movida qui enfièvre Porto etLisbonne : un festival de danse, un autre de marionnettes,les 24 heures karting, quelques corridas, balsfolkloriques. Nada mas. Heureusement, la duchesse deCadaval veille. Ancrées sur la colline qui abrite leurPalais de conte de fées, cette femme haute en couleurset ses deux filles sont à la tête d’un petit bout d’choude festival, “Evora classica”. « Neuf ans, et toutes sesd e n t s . » Le gentil gamin passait dans la classe supérieurcet été. À la programmation musique classique,de qualité, une brèche : l’Inde de Ram Narayan et deDivana, inédite au Portugal. Autre invitée surprise :l ’ i rr é v é rencieuse Mariza, porte-flambeau d’un fado“nouvelle vague” plutôt indésirable jusque-là dans cescontrées straight et rétro. Trois jours ont suffi pour nousc o n v a i n c re d’adopter “Evora classica”. Images insolitesde ce festival artisanal et sympa. Quelques polaro ï d s ?Ram Narayan triomphal, dans ses petits souliers : « I lflotte ici comme un parfum familier. La ville baignedans une tranquillité qui me rappelle Pushkar et Goa. »Les vieux ro u b l a rds de Divana mettant le souk auJ a rdim do Paço, rajasthani market improvisé (le paquetd’encens est à 5 €), et tour de chant off bien arrosésur fond de blagues grivoises. Mariza enfin. Écouterla fadista au pays, tendue par les circonstances d’unc o n c e rt riche de sens, débordée par un public d’expert si rrémédiablement conquis. Sacrée expérience.Jonathan Duclos-Arkilovitchwww.festivalevoraclassica.comInterview intégrale sur :http:// www.mondomix.org/papierMachado célèbre Pessoa et LisbonneL i s b o n n e, ville impressionniste et horsdu temps, à la croisée des mondes.Lisbonne, ses ruelles en bric-à-brac, l’Alfama fumeux, levent capricieux qui rebondit sur le Tage… Avec “Leveleve, muito leve”, exquis mini livre-CD qui sort sur lelabel classique Hortus, le pianiste et compositeur Jean-Marie Machado nous ouvre les portes féeriques du poèteF e rnando Pessoa et de sa ville fétiche. Tiré du spectacle“La main des saisons” créé il y a deux ans, le disque estconçu comme une déambulation poétique, mêlant avecbrio les genres (jazz, classique, musiques traditionnelles)et les personnalités (Andy Sheppard, Riccardo Del Fra,les solistes du Chœur de Lyon, le chanteur basque BenatA c h i a ry...), sans jamais faire patchwork ou pompeux.Disque ambitieux, mature, poignant : contenu choc pourcontenant chic — un livret soigné où les photos deLisbonne de Benjamin Te i s s e d re prolongent le chant destextes de Pessoa. Dans les bacs mi-octobre . J. D.-.A, Jean-Marie Machado, “Leve leve, muito leve :rêves et déambulations d’après FernandoPessoa” disponible aux éditions Hortus., En concert :05/11 Mérignac06/11 Fresnes07/11 Villeurbanne02/12 Amiens., Du 06 au 09/10 à la FondationCalouste-Gulbenkian à Paris, staged’improvisation animé par Jean-Marie Machado,à l’occasion de la création d’un nouveaurépertoire solo inspiré du fado.Rens : 01 48 06 66 14 oumachado@wanadoo.fr


MMP005 22/11/03 19:05 Page 29Arts martiaux etmusiques à SintraPremière pierre à ce qui doit constituer l’un destemps forts de la rentrée lisboète 2004, l e“Festival et rencontre des arts et mouvementss a c r é s ” investira début novembre la petite ville historiquede Sintra — le Saint-Paul-de-Vence portugais, sur les hauteurs deLisbonne. Son leitmotiv : faire coïncider pratiques artistiqueset pratique en ateliers, pour appréhender les arts sacrés “de l’intérieur”.Sur scène, le 8 novembre, la mystérieuse chanteuse MariaJoao, le flûtiste Räo Kyao et quelques maîtres de danses sacréest e n t e ront une re n c o n t re en roue libre. La conférence et les ateliersp roposés (budo, calligraphie, tenchi tessen, yoga..) viendronts’inscrire dans le prolongement. La manifestation est à l’initiativede l’Association Tenchi International, créée en collaboration avecle Festival de Fès. Plusieurs “parrains” réputés figurent dans lecomité d’honneur, parmi lesquels Faouzie Skali (Fès), Georg e sStobbars (grand maître d’Aïkido de Lisbonne), Mohammed Métalsi(Institut du Monde Arabe à Paris), Maurice Béjart et SetsukoBalthus (Suisse), Carolyn Carlson… Vous cherchiez peut-être uneidée de week-end sympa début novembre ?J. D.-A.CamanéPortugal 29Du 07 au 09/11 à Sintra et au Monastère de Mafra.Renseignements Monacréations à Paris au 01 40 51 01 30 (tél.).Nouveautés CDs, Maria Teresa, “O mar”(Chant du Monde/Harmonia Mundi) :un fado plutôt tropical., Pour se consoler des rendez-vousd’été manqués (la création duspectacle “Lisboa” avec IsabelleHuppert prévue à Perpignan ; leduo avec Angélique Ionatos à Montpellier), Misia sort“Canto” le 21/10, nouvelle signature Warner. DVD annoncépour la fin de l’année. Arte diffusera un documentaireinédit sur la chanteuse courant décembre. Concerts àBordeaux (02/10), Arcachon (03/10), Marseille (08 et09/12), au Théâtre du Châtelet à Paris le 22/12.Fidèle à la tradition et innovant, Camané est l’unedes valeurs sûres du fado contemporain. Inconnu enFr a n c e, mais pas pour longtemps. Dans la famille MoutinhoPaiva dos Santos Duarte, comme des millions de Portugais, on partage unemême passion pour le blues du Tage. Le soir, lorsque l’on n’écoute pas lese n re g i s ements t r de l’un des monstres sacrés (Alfredo Manceineiro, Carlos doC a rmo ou l’immense Amalia Rodrigues), on sort les guitares et l’on chanteles fados éternels. Le petit Carlos Emmanuel — que tous, pour simplifier,appelle Camané — est habile de sa voix et possède un don inné pour inventerde nouvelles paroles aux classiques. Alors on le pousse un peu plus queles autres. Et à 14 ans, il brille déjà sur les planches lors d’une Noite do Fado.Cette aventure re n f o rce sa passion naissante qui, cinq ans plus tard, se transfo rme en véritable carr i è re. Il hante les maisons de fados, les concerts semultiplient et les éloges aussi. Plus tard, après un premier disque enre g i s t r éen public, le plus beau des compliments vient de la reine Amalia en personnequi reconnait en Camané son digne hérititier. Impossible de rester insensibleà cette voix pure et puissante, tendre et brillante.. Il aborde chaque fado del’intérieur et s’approprie chaque syllabe, chaque vers de chaque chanson qu’ilchoisit avec précautions dans le répert o i re traditionnel ou parmi les œuvres dejeunes compositeurs. Si le choix des chansons lui incombent, pour la musiqueil fait équipe avec un compositeur, arrangeur et producteur qui affûte sontalent depuis les années 1970. Quels que soient les musiciens qui accompagnentCamané, c’est José Maria Branco qui les dirige et apporte cettetouche si personnelle. Il y a la part visible comme l’innovation de choisir unec o n t rebasse au lieu d’une basse acoustique, mais aussi la magie impalpablequi naît du contact de ses deux hommes. Les preuves de cette alchimie sere t rouvent au long des quatre disques que Camané a publiés dans son payset qui ont fait de lui un intouchable du fado. En France où sort une très bellecompilation, Camané bénéficie de l’actuelle déferlante du fado. Son nom semêle à ceux de Mariza, Katia Guerre i ro ou Cristina Branco. Ce qui ne vapas sans créer de malentendus. D’abord en étant assimilé à des artistes auxjeunes carr i è res, il est pris pour un débutant. Et en étant le seul homme, il estpris pour une curiosité par ce nouveau public qui ignore que le fado futd ’ a b o rd interprété par des hommes.Benjamin MiNiMuMAlbum “L’art de Camané, prince du fado” disponible chez Hemisphère.Site internet http://www.camane.em.pt/I nt e rvi ews int é g rales &vidéos en concert sur :http:// www.mondomix.org/papier


MMP005 22/11/03 19:05 Page 3030 Là-basMauriceEl MedioniCréateur du “pianoriental” (fusion de jazz et derumba mâtinés d’arabesques), Maurice ElMedioni est une légende vivante, l’un desderniers survivants de la communauté musicalesépharade d’Algérie.ÀOran, dans les années 1950, Maurice El Medioni a contribuéà la modernisation du raï. Et voilà qu’à 75 ans, sa carr i è rep o u rtant riche connaît de nouveaux et étonnants re b o n d i s -sements. Quand fin août, je l’ai appelé à son domicile de Marseille,il était encore sur un petit nuage. Il revenait tout juste de Los Angelesoù il s’est produit en concert sous l’égide du DJ britannique MaxR e i n h a rdt. Il partageait l’affiche avec quelques spécialistes del’electro et les jeunes musiciens du groupe klezmer Oi-Va-Voi. « Les1 200 spectateurs du Skirball Cultural Center m’ont réservé un véritabletriomphe, s’exclame-t-il. À tel point que j’ai tout de suite étéréengagé pour me produire là-bas l’été prochain. »« Tout ça, raconte-t-il, p a rce qu’un DJ marseillais, Big Buddha,a fait un remix de ma chanson Laissez-moi me griser. » Cela a attirél’attention de Reinhardt, amoureux des musiques orientales. « Il estvenu me voir, m’a emmené jouer à Londres et à Moscou. » Unerencontre qui en a provoqué une autre, celle des jeunes musiciens,tendance “eth nu” ou “nouvelle musique ethnique” d’Oi-Va - Voi (quifont du klezmer adapté aux dancefloors) : « Ils m’ont emprunté deuxm o rceaux, je leur en ai pris un. » Un ingrédient supplémentaire dansl’appétissante bouillabaisse de Maurice qui mêlait déjà chaâbi, raï,flamenco et traditions judéo-andalouses. Ces dern i è res années,d ’ a u t res bonnes fées s’étaient déjà penchées sur son clavier. D’abordFrancis Falceto, gourou de la musique éthiopienne qui a produit sonp remier album chez Buda en 1982 (récemment réédité en CD). PuisHijaz Mustapha (du groupe 3 Mustaphas 3), producteur du second(sur le label Piranha) qui lui apporta comme accompagnateursrien moins que le trompettiste des Klezmatics FrankLondon et David Krakauer.F l a s h b a c k: 1937, dans le quartier juif du Derb à Oran oùcohabitent aussi Musulmans, Français et Espagnols.L’arrivée d’un vieux piano dans l’appartement familialde Maurice, alors âgé de 10 ans, bouleverse sa vie.Passion immédiate pour cet instrument dont il apprendà jouer des deux mains en huit jours, tout seul,en autodidacte : « J’étais et je suis resté un analphabètemusical. Chez moi, tout passe par l’oreille et unerelation très spéciale entre mon cerveau et mesd o i g t s . » Son répert o i re ? Les succès entendus à laradio, Charles Trenet, Tino Rossi, Rina Ketti. Te l l e m e n tdoué le marmot qu’en 1943, il joue dans les bars pourles soldats des troupes américaines qui viennent ded é b a rquer en Afrique du Nord. Échange de bonsp rocédés, les GI’s à leur tour martèlent son piano etlui enseignent des airs au parfum exotique : les noirsdu blues et du boogie woogie, les Porto-Ricains de larumba, les blancs Deep In the Heart of Te x a s o uPennsylvania polka. Maurice maîtrise vite tout celaet on le surnomme dorénavant “Boogie”.En 1948, Maurice est tailleur mais joue pour le plaisirà l’heure de l’apéro au café Salvat, dans le Derb. Tro i smusiciens maghrébins avec oud, darbouka et tambourindébarquent. Ils lui demandent d’accompagnerun air moderne chanté en arabe. C’était du raï : « Mamain droite jouait de la rumba, la gauche du boogie.Le café s’est tout de suite rempli, le trottoir étaitbondé. Ça a duré comme ça plusieurs années. » M a u r i c esera très demandé comme accompagnateur, aussibien par des musiciens arabes (comme BlaouriHouari, et les précurseurs du raï moderne que furentDjelloul Bendaoud et Ahmed Wa h b y, auteur duWahran, Wa h r a nrepris par Khaled) que par des art i s t e sde sa communauté (Blond Blond, Cheick Zouzou).Arrive 1961, les “événements” que l’on sait, l’exodedans une France inconnue. Maurice reprend son activité de tailleurmais accompagne régulièrement des chanteurs du “circuit” sépharaderéfugié comme Line Monty, Lili Boniche et Lili Labassi (pèrede l’acteur Robert Castel). Peaufinant son style inimitable, brassageunique qu’il qualifie de « m é d i o n i e n » , il en vient à la conclusionque « musiques judéo-andalouses ou arabo-andalouses, c’est lamême chose, bien malin qui entend la différence ! ». Malgré l’exil,il est resté fidèle à ses amitiés de jeunesse oranaises. Il correspondtoujours avec Blaoui Houari et Bensmir Kadouri (ce dernier seul survivantdes “trois” du café Salvat).A u j o u rd’hui, les projets ne lui manquent pas. Celui que l’on a appelé“le Ruben Gonzalez maghrébin” se verrait bien aller enre g i s t rerà Cuba, son rêve. Outre plusieurs disques en prévision, des docume n t a i res retraçant son histoire sont annoncés. Avec l’humoristealgérien Fellag pour lequel il a composé des chansons, il travailleaussi à un film sur le thème du “sabir”, « ce français défectueux del’époque coloniale ».Jean-Pierre BruneauEn concert le 20/09 au théâtre Mogador à Paris (75) dans le cadre d’unspectacle intitulé “Music-hall d’Algérie” avec Lili Boniche.Discographie “Café Oran” (Piranha), “Pianoriental” (Buda),“Samaï andalou” (Magda Records).I nt e rvi ews int é g rales &vidéos en concert sur :http:// www.mondomix.org/papier


MMP005 22/11/03 19:05 Page 31Dossier 31Le tour du monde del’ethno electroFace au succès des compiles lounge, où lesmusiques du monde se glissent dans un litgroove down tempo, “<strong>Mondomix</strong> Papier” sedevait d’ouvrir le dossier electro world. Histoirede rappeler que bien avant et au-delà de cette“bobo mode”, des artistes du monde entiern’ont pas attendu que des limonadierscherchent à sonoriser leurs estaminetspour créer des musiques avec lesinstruments d’hier et d’aujourd’hui.Histoire succinctede ce courantEn composant “ H y m n e n ” en 1967, K a r l - H e i n zStockhausen était loin de se douter qu’il créait àcette occasion une nouvelle étiquette pour lesbacs des disquaires du millénaire suivant. P o u rt a n t ,cette œuvre monumentale réalisée dans son studio de Darm s t a d(Allemagne) à partir d’échantillons d’hymnes nationaux du mondeentier, ce mix d’électronique avec des vrais bouts de musiques dumonde, est en droit de revendiquer le terme de pierre fondatrice dece nouveau genre. De la mythologie aux pre m i è res réalisations sonore s ,plus d’une décennie s’écoulera avant qu’au début des années 1980,My Life in the Bush of Ghosts concocté à l’aide d’un sampler (unep re m i è re !) par Brian Eno et David Byrne viennent faire écho dans unregistre plus populaire à cette œuvre monumentale.A u t re visionnaire, plus discret mais tout aussi obstiné, Mart i nMeissonnier expérimente à la même époque sur les albums de KingSunny Ade les possibilités off e rtes par les pre m i è res Linn Dru m .Quelque temps plus tard, il produira le cultissime Medecine de RayLema. Avec constance et intelligence, comme manager et commep roducteur (en studio ou pour Arte), l’éclaireur Martin défriche lapiste du “Mégamix” global. Pour qui l’aurait oublié, il est aussiderrière la console lors de l’enregistrement de “Kutché”, le premieralbum “international” de celui qu’on appelait encore Cheb Khaled.Une fois de plus, des avancées technologiques ouvrent de nouveauxhorizons aux créateurs. Bien sûr le sampler modifie la donne, maisaussi les synthés japonais qui permettent aux claviers du raï de jouerla gamme arabe et ses 1/4 de ton, les boîtes à rythmes tru fféesde patterns sophistiquées de tablas qui permettent à chacun derivaliser avec Zakir Hussain. Désormais, les musiques du monde sontà une portée de clic.Mais au delà de cette contamination digitale, la globalisationbouleverse aussi la donne. Dès les années 1970 — donc sansI n t e rnet, Kazaa ou autres Napster —, Addis Abeba possède sonJames Brown local ; Tlemcen adule Jimi Hendrix avec autant def e rveur que Londres. Ces allers-retours et ces nouvelles machinesgénèrent des musiques locales inattendus que nous pistons depuisavec plaisir. Des Aborigènes en Nouvelle-Zélande ou en Australie,des Tamouls en Inde ou des Zoulous en Afrique du Sud créent despièces musicales héritières sans le savoir de ce fameux Hymnende Karl-Heinz Stockhausen.Yves ThibordTango grooveSi rigide soit-il dans ses formes, ses harmonies et sesr è g l e s, le tango n’en aime pas moins les rencontresfortuites avec d’autres univers musicaux. Cependant,on ne l’attendait pas forcément sur le chemin de l’electro. Les rythmesbrésiliens, mexicains ou “latino flavours”, sorte de nébuleuse qui réunitautant le cha-cha-cha que le merengue, prédominaient sur les métissages.Voilà que le tango lorgne sur les machines. En réalité, il n’en est pas à sonp remier coup d’essai. Juan Carlos Caceres s’était essayé avec brio auxmélanges avec le be-bop puis le funk et la musique noire, quelque peuoubliée en Argentine. Il s’est acoquiné avec le collectif Roughcut pour unopus loungy-tango à sortir cette année. Caceres a des prédécesseurs,diablement doués, comme Gotan Project, qui donnait en 2001 ses lettre sde noblesse à une union des plus sérieuses. Étonnés, les aficionados de ladanse se re t rouvaient aux côtés des artys et intellos electros. Les concert sde Gotan Project, toujours complets jusqu’à aujourd’hui, ont la drôle detête d’une réunion d’inconnus qui se découvrent soudain de la mêmefamille. Comme le trio Philippe Cohen Solal & Christoph H. Müller &E d u a rdo Makaro ff n’a cessé de travailler, une compilation/album de re m i xavec raretés et inédits est prévue en début d’année. Mais l’actualité tourn eautour du maître Astor Piazzoll,a. Ses enre g i s t rements avec Kip Hanrahanétaient déjà des petits bijoux de post-production, digne d’un “BitchesB rew”. Voilà que le maître passe aux mains des DJs et producteurs et se faitre l i f t e r. Le projet “The Astor Piazzolla Remixed Project”, plutôt réussi,convie autant le jazz que l’electro avec Alex Kid, 4Hero, Nuspirit Helsinki,Koop ou Toshio Matsuura. Du remix bien pensé et venant à point nommé.Sandrine Teixido• Juan Carlos Caceres, “From Buenos Aires to Paris, Best of 1958-2003” (Celluloid/Melodie).• Gotan Project, “La revancha del tango” (Ya Basta/Barclay).• “The Astor Piazzolla remixed Project” (Milan Records).


MMP005 22/11/03 19:05 Page 3232 Ethno electroSocalledP i a n i s t e, a c c o r d é o n i s t e, d e s s i n a t e u r,D J, journaliste… E n t re Montréal et New York, lejeune Canadien Josh Dolgin — alias DJ Socalled —projette la musique klezmer dans le futur : de FrankLondon à David Krakauer en passant par son groupeS h t reiml et l’explosif collectif HipHopKhasene,Interview d’un défricheur à l’humour corrosif.Présentation« Je suis de la campagne, une petite ville prèsd’Ottawa, Chelsea. Mais je vis à Montréal, où j’écrispour un quotidien (The Hour). Je dirige plusieurs bands— dont un orc h e s t re de synagogue et bosse en tant queDJ. Je fais de la musique parce que j’en suis accro, etque c’est un pied monumental de faire du bruit. Il m’arrivede faire de la merde. Ce n’est pas un problème. »Jewish beats« Un jour, en chinant, je suis tombé sur un vieux vinylede musique yiddish. Le choc ! Je me suis dis : “Ces vieuxt rucs groovent un max, pourquoi on ne les entend nullep a rt ?” J’ai commencé à créer mes pro p res “jewishbeats”, à partir de tout un tas de sourc e s : théâtreyiddish, chant liturgique, musiques hassidiques, israéliennes,klezmer, folklores roumains… Mais ça ne mes u ffisait pas. Il me fallait appre n d re à jouer ces musiques,pour compre n d re d’où venait la force brute decette pulsation, de ces mélodies. C’est capital. ChaqueDJ devrait se plonger à la source, ne pas se contenterde piller les sons à l’aveugle. C’est comme coucher avecune fille sans connaître son nom ni son âge. Criminel. »Klezmer jungle« Un DJ est toujours à l’affût d’un break, de la moindreo u v e rt u re dans un morceau. Il cherche aussi des thèmesf o rts mais qui laissent de l’espace. La musique klezmertraditionnelle et les vieux enre g i s t rements de théâtreyiddish re g o rgent de moments comme ceux-là, riches demille et un sons isolés que l’on peut remixer à gogo. C’estune mine d’or, très juteuse. Mes favoris ? Disons que j’aiun petit faible pour le drumming et les beats des gro u p e sklezmer américains des années 1950. Rajoutez un MCdessus et vous foutez le feu au shtetl. »Propos recueillis par Jonathan Duclos-ArkilovitchAlbums • Solomon & Socalled, “HipHopKhasene” (Piranha/Night & Day).• David Krakauer, “Live in Krakow” (Label Bleu, oct. 2003).En concert 15/10 Foix (09) • 16/10 Grenoble (38) • 17/10 Valenciennes (59) •18/10 Clamart (92) • 19/10 Cigale à Paris (75) • 21/10 Montbéliard (25).Au clair de la (Double)moonÀ la genèse : trois jeunes stamboulio t e s, trois apprentis-ingénieurs mutésen fans de free jazz à la faveur d’un séjourd’étude sur la côte Est des États-Unis. Djem Ye g u iet les frères Ulug craquent pour le jazz déjanté deSun Ra ou de Cecil Ta y l o r. Ils remuent ciel et terrepour créer une stru c t u re de production à Istanbul,susceptible de faire venir ces vétérans agitateurs.Pozitif est née. Nous sommes au tout début desannées 1990. La société turque sort d’une longuel é t h a rgie et découvre les joies du libéralisme.À New York, Berlin, Montréal ou Copenhague, unenouvelle génération d’artistes turcs s’éveille, biberonnéeau jazz (rock et acid), reggae, hip hop, à la funk, house. À l’aveugle, sans expérienceni re p è res mais avec du flair, Pozitif donne un terrain d’expression à cette diasporaurbaine fort en gueule qui re d é c o u v re ses racines, jouant sur le dialogueEst/Ouest, sur les re n c o n t res. Entre ethnique et numérique. Plus de dix ans ont passé,et la tribu Pozitif a f i è re allure : label et maison d’édition, radio alternative, festivals,club de jazz… Une vraie success story à l’orientale, vitrine d’une “movida turq u e ”e n c o re confidentielle et réservée. Implanté sur le marché français il y a deux ans (viaNight & Day), le label Doublemoon est l’interface internationale. Il prolonge en studioles expérimentations du Babylon — ce club-laboratoire branché basé dans le quart i e rhype de Tünel, le “Soho d’Istanbul”. Plus d’une quinzaine de références disponibles,p a rmi lesquelles Mercan Dede (la locomotive sufi-electronica), le collectif Wax Poeticet Laço Tayfa (jazz fusion en arabesque), Burhan Öçal (groove alla turca), Istanbul BluesKumpanyasi (blues anatolien), Sultana (hip hop oriental)… Inégal, trop libertin parc e rtains côtés, d’un éclectisme parfois rustique, le catalogue est un curieux souk danslequel on chine avec délectation, intrigué par les sons mutants et les surprises descastings — on y croise Norah Jones, Craigh Harris, les Brooklyn Funk Essentials,Jamaaladeen Tacuma, Mad Pro f e s s o r, Natacha Atlas, etc.J. D.-A.DJ Doloreset Santa MassaSite Internet www.doublemoon.com.trDepuis les années 1990, H e l d e rAragão — alias DJ Dolores —s’est distingué comme l’un despersonnages clés de la scènemusicale de Récife. Réalisateur devidéoclips, il est aussi organisateur de soiréeset surtout un DJ électronique inventif. Maislorsqu’il a voulu se pro d u i re lors de lives, ils’est vite rendu compte que sa seule présenced e rr i è re ses platines et son laptop ne donnaientguère de vie à sa prestation scénique.Il s’est alors mis en quête de musiciens pour l’accompagner. Depuis l’avènement du manguebeat, initié par feu Chico Science, la ville nordestine ne manque pas de jeunes et bonsmusiciens prêts à faire entrer les traditions du Pernambuco dans l’ère moderne. Pour l’album“Contraditario ?”, quelques musiciens de Naçao Zumbi, le groupe de Sience, sont venuslui prêter main forte, mais aussi de jeunes talents venus de plusieurs formations commela chanteuse Isaar de Comadre Florzinha, le chanteur joueur de rebeca (violon traditionnelp o rtugais), Maciel Salustiano, le percussionniste MrJam ou le guitariste du groupe pop Eddieavec lesquels DJ Dolores est parti en tournée. Si ce premier album est des plus excitants,la chaleur que l’Orchestra Santa Massa dégage sur scène est caniculaire. Samba, coco ouf o ro s’y entremêlent avec encore plus de justesse avec les rythmes drum’n’bass ou les eff e t snumériques. À l’évidence, le mélange s’est affiné et la complicité entre les musiciens s’esta c c rue. Partout où ils se produisent, la critique et le public s’enflamment. Au Brésil, les plusgrands musiciens s’accordent pour re n d re hommage à la formation. Marisa Monte leur acommandé un remix. Et losqu’il les a croisés lors du festival “Les Suds à Arles”, CaetanoVeloso n’a pas hésité à les re j o i n d re sur scène pour un rappel endiablé. Tonifiant, fruitéet astucieux, le projet de DJ Dolores et l’orchestra Santa Massa est certainement le concepte l e c t ro ethno le plus excitant de cette année.Benjamin MiNiMuM


MMP005 22/11/03 19:05 Page 33a New York, l’Urban RaagIl y a une douzaine d’années, une poignée de jeunes artistes indo-pakista n o - b r i t i s hmettaient le feu aux free parties et sound systems de la capitale anglaise, mélangeantmusiques urbaines underg round (drum’n’bass, trip hop, dub, goa trance) et musiques trad’. L’asian beatétait née ! L’eau a coulé sous les ponts depuis que Talvin Singh, Nittin Sawnhey, Amar et les allumésde Fun>Da>Mental ou de TransGlobal Underg round ont pris la mouche. Le mouvement a fait des petits.À Paris : DJ Soundar et Ganesh. À Delhi : Midival Punditz et Capt. Groove. À New Yo r k: Karsh Kale, DJPathaan, Rekha et la troupe de Mutiny, le collectif Globe Sonic, les groupes OmZone, SaMusa… Né enA n g l e t e re r d’une famille indienne, mais élevé au grain hybride de la Big Apple entre chutney et burg e r,Karsh Kale est l’un des fleurons de l’asian beat. Ses casquettes : batteur, e-tablaïste, DJ, compositeur,p ro d u c t e u . rSes référe n c e s: trois albums en leader et une flopée de collaborations grand luxe (Sting,Herbie Hancock, Arto Lindsay, Craig David, Sussan Deyhim, Bill Laswell, DJ Spooky, Dave Douglas).Son cre d o: l’Urban Raag. « C’est une image, plus qu’un concept. L’Urban Raag, c’est me servir de lac h a rge émotionnelle et des éléments organiques de la musique classique indienne, pour les faire évoluerdans le contexte urbain qui est le mien. Celui de New York. Une jungle urbaine, froide, mécanique. »Concrètement, l’Urban Raag de Karsh brasse large, sur les traces des cousins européens, mais il le faitbien. L’aura des ragas et la virilité rythmique de la jungle s’accordent au groove afro-américain, à lal i b e té r et l’exigence instrumentale du jazz, à la densité du post-rock et au souffle du baroque — le MadrasChamber Orchestra figure sur quelques morceaux de son dernier opus, “Liberation”. Il y a deux ans,le dandy-recycler était venu “taper un set” en solo, à la Cité de la Musique à Paris, invité par feu lecollectif/Festival Etnotek (sic). Depuis, aucune apparition. Mais que font les pro g r a m m a t e u r ? sJ. D.-A.Album “Liberation” de Karsh Kale disponible chez Six Degree Records/M10.Sambaloco se fait une Nouvelle VieCaché derrière la bannière Trama — label de São Paulo,aujourd’hui de mieux en mieux connu en Europe —, il y a (ouplutôt il y avait) le sous-label Sambaloco. Fondé en 1999 par Bruno E,Sambaloco avait pour ambition de réunir les acteurs d’une scène électroniqueéparpillée. La tâche était rude. D’une part parce que les raves étaient dominées parune techno pesante et venue d’Europe, avec en figure de proue DJ Marky. De l’autrecôté, l’élégant DJ Mau Mau réfléchissait déjà à un son plus electro brésilien tout eno fficiant dans les afters de la mégalopole. Au milieu, passé de l’indus à la dance,Mad Zoo végétait dans le Centre et Ramilson Maia possédait avec Xerxes de Oliveira le seul labele l e c t ro, Le Cri du Chat (ça ne s’invente pas). Bruno E décide de mettre en valeur chacune des composantesdu label par des albums solos.Et affine l’identité sonore en peaufinant des compilationsautour du concept “samba & drum’n’bass”. Bref, il “brasilianise” une musique tout d’abord importéeet crée une identité reconnaissable. De là sortira le plus doué de tous, DJ Patife, qui résumeà lui tout seul cette sonorité à la fois brésilienne et urbaine, orientée vers la scène drum’n’bassde Londres. Entre-temps, Bruno E a démarré une nouvelle vie à Londres, toujours sous la bannièreTrama mais avec un nouveau nom, Nova Vida. Il mixe une compil du même nom, histoire de re j o i n d erun circuit de distribution plus electro et moins world. On y entend Technozoide alias Mad Zoo,Anderson Soares, Patricia Marx et João Marcello (fils d’Elis Regina et l’un des patrons de Trama).De São Paulo à Londres, c’est une nouvelle vie qui commence pour la drum’n’bass brésilienne.Sandrine TeixidoAlbums • Sambaloco, “Brazilian drum’n’bass classics” (Sambaloco/Trama/Night & Day).• Nova Vida, “Nova Vida vol. 1 mixed by bruno E” (Trama).


MMP005 22/11/03 19:05 Page 3434 Ethno electroQuand le sitar arendez-vous avec la jungleL’asian vibe distille ses rythmesfiévreux aux quatre coins dela planète. P o rtée par les labels NationR e c o rds (cofondé par Aki Nawaz, leader deFun>Da>Mental, premier à signer AsianD u b Foundation) et Outcaste, ce mouvementmêle sonorités trad’ et electro. Parm iles figures de proue de ce mouvement, il ya Talvin Singh, virtuose du tabla classique.A u t res ambassadeurs : le brillant NithinS a w h n e y, les ingénieux Badmarsh & Shri(dont l’opus “Signs” a révélé une electro orientale plus aff i rmée triphop), State of Bengal ou encore Bally Sagoo, qui mixe standard ss o n o res bollywoodiens et beats hip hop. Se sont aussi constituéesdes scènes asian new-yorkaise (Karsh Kale, Globe Sonic) et parisi e n n e: DJ Soundar est l’instigateur de la vibe hexagonale. Au seindu collectif Drav’Indiaz’, il a développé une savante fusion dru m ’ n ’bass ambiant relevée par des notes de musique karnatique (sud del’Inde), se diff é renciant ainsi de ses collègues d’outre-Manche quii n s è rent des sonorités hindoustanies (nord de l’Inde). Le comboSenses de Bapi das Baul et DJ Ganesh enflamment régulière m e n tles soirées de la capitale. Et Recycler, seul groupe français labelliséNation Records, qui a livré sa nouvelle bombe “Iboga” en avril. En France, les asian clubspoussent comme des champignons, dans la lignée du très trendy Coffe India qui ao u v e rt ses portes en 2000 dans le quartier parisien de la Bastille. Lieu historique d’unerévolution des hommes pour une révolution historique de la musique ?A. B.Frikyiwa, en direct des maquisDJ et compositeur inventif, pionnier del ’ a f r o h o u (African s e Divas), Frédéric Gallianoest avant tout un nomade. Il re c h e che r des merveilles vocaleset instrumentales de l’Afrique occidentale. Son label, Frikyiwa,a m o rce une conception atypique de la production musicale :saisis tels des instants de vie au gré des re n c o n es t r à traversla Casamance, le Sud malien et le Sahel nigérien, les enregi s t ements r évoquent toute l’intensité mystique des guitare s ,kamélé’n goni et l’émotion des voix cristallines des griottes.Comment s’opèrent la rencontre de l’artiste et l’enregistrement sur place ?Chaque fois que je pars, je sais pourquoi. Enre g i s t rer dans le cadre de vie del ’ a rtiste, c’est un vrai bonus humain et artistique. Je découvre des instru m e n t straditionnels sur des marchés, chez des musiciens. Je re n c o n t re des art i s t e sinattendus que j’intègre au projet en cours. C’est ce qui s’est passé avec Filifin :je l’ai entendu jouer du kamélé n’goni lors des sessions d’enre g i s t rement deN’Gou à Bigouni (sud du Mali, NDLR), ils ont fait un morceau ensemble puison a enregistré l’album de Filifin en un quart d’heure. Ce sont des accidentsh e u reux. Ça ne peut pas arriver à Paris en studio !Jusqu’à présent, vous n’avez produit que des musiciens d’Afrique occidentale et sahélienne.Cela correspond-il à un choix artistique ou à des contraintes d’un autre ord re ?J’y avais mes premiers contacts donc j’y travaillais jusqu’à présent. Mais je souhaitemaintenant étendre la production du label aux musiques de l’Est et duCentre. Il y a tellement de potentiels inexploités. En France, on n’entend mêmepas 10% de la réalité musicale africaine.Les prochaines sorties de Frikyiwa ?Diéfadima Kanté, chanteuse malienne, et “FW016”, une sélection de re m i x e selectro de morceaux des quatres premiers albums.Propos recueillis par Aurélie Boutet.Dans mon île… I think !Figurez-vous qu’aux Antilles et à laRéunion, il n’y a pas que du zouk, dugros-ka, du bel-air ou du maloya. Il y aaussi de l’electro. Enfin, disons qu’il y a desproducteurs qui remixent des inédits jazz ou biguinedes années 1960/1970. C’est le cas du label parisienIsma’a. Après avoir re s s o rti le “Creole Gypsy” deRoland Brival, cette maison de disques a produit sonnouvel album “Waka” et en a fait des remixes, toutcomme pour quelques raretés latin créoles sortis surla compilation “Créole Love Calls”. Kemit, Osunlade,Jephté Guillaume se sont pris au jeu. Donc quand onentend dire « dans mon île, il y a aussi de l’electro »,il vaudrait mieux dire qu’une alliance parisiano-newyorkaiseajoutée au goût des DJs de collectionner desvinyles oubliés, et à l’impérieuse nécessité d’apport e rdu son neuf aux blasés, a pour conséquence le faitqu’il existe de l’electro conçue à partir des douceursmusicales des Caraïbes. Finalement, rien n’a changé,puisque la matière pre m i è re vient toujours desAntilles et le produit fini de la Métropole. Inverse estla réflexion de Zong à l’île de la Réunion. Zong faitde l’electro, voire de la techno et de la transe. EtSandrine, la chanteuse, a sur scène des allures depunkette du futur. Sauf qu’ils sont Réunionnais et quela donzelle utilise kayamb et bob, instru m e n t s - rois dumaloya, elle qui vient d’une des plus grandes famillesde sega de l’île (l’un des rythmes traditionnels). Onpeut donc se poser la question de savoir si le lieud’origine, aussi éloigné soit-il de la France, fait laworld et si l’instrument fait la tradition. Ou au contraire,s’il faut habiter une mégalopole pour produireune musique estampillée electro. Question idiote ?Pas tant que ça puisque Zong s’est vu affilié auxg roupes traditionnels de maloya dans le dernier festivaldes “Transmusicales” de Rennes et a dû se débro u i l l e rdevant un public interloqué qui se demandait pourquoiils n’étaient pas dans la programmation electro.Réflexion à suivre.S. T.• Roland Brival, “Waka” (Isma’a/Discograph).• Creole Love Calls, “Rythmes latins des Antilles” (Isma’a/Discograph).33 tours :• “Bourrique La, re-création by Jephté Guillaume” (Isma’a/Discograph).• “Diamant, Re-création by Osunlade” (Isma’a/Discograph).• “An ka séin/Pas an tombé, Re-création by Kemit Sources” (Isma’a/Discograph).Zong en concert • le 25/10 à la Fiesta des Suds à Marseille (13)• 31/10 Florida à Agen (47)• 01/11 Glaz’art à Paris.


MMP005 22/11/03 19:06 Page 35T O U L O U S E C A P I TA L ELes milleet une nuits deDJ Cheb i SabbahDepuis bientôt quinze ans, le vétéranDJ Cheb i Sabbah anime une soiréehebdomadaire au club Nickie’s à SanFrancisco. “As far as”, son premierDJ-mix, est en fait le quatrième opusde ce producteur et DJ natifd’Algérie.Cheb i Sabbah est né en 1947 à Constantine dans une famille juive berbère. Avant même l’indépendance,sa smala quitte l’Algérie, direction Paris où elle sera l’une des pre m i è res famillesd’Afrique du Nord à s’installer boulevard de la Chapelle. Peu attiré par les études, il devienta p p renti coiffeur à 15 ans. Mais plutôt que de lisser les tignasses, il préfère décoiffer les dancefl o o r s après qu’un ami lui ait proposé de le remplacer un soir. Le pli est pris. Et rapidement, leWhisky à Gogo, le Roméo et le Tabou Club misent sur lui pour faire tourner la soul de l’époque.Mai 68 le propulse shilom aux lèvres sur les barricades, puis sur la route du Living Theaterc roisé au festival d’Avignon. Théâtre et voyage deviennent ses deux obsessions, avant dere p re n d re au début des années 1980 le chemin des platines au Nova Park en bas des Champs-Élysées. « La vie française ne me convenait pas. Je suis parti à San Franscico où j’ai participéà la création du Tribal Wa rning Theater, une compagnie adepte des perf o rmances multimédiasp roche de Psychic TV, tout en manageant Don Cherry. » Là, il démarre une soirée hebdomadaireà dominante orientale dans un petit club : le Nickie’s. « Le premier soir, il y avait tout justequarante personnes. Quinze jours après, la queue courait sur le trottoir », rappelle-t-il. Depuis,tous les mardis, DJ Cheb i Sabbah est fidèle au rendez-vous.P roducteur de concerts par ailleurs, il a invité Khaled, Fadela & Sahraoui, Hakim, UstadSalamat Khan, Hassan Hakmoun, Nusrat et une pléiade de musiciens d’Afrique du Nord etde l’Ouest, d’Iran, du Pakistan, d’Inde. « J’ai organisé au total quarante-trois concerts sansun sou », précise-t-il. « Juste avec ma carte de crédit, remboursant le lendemain les importantessommes empruntées. J’ai profité du système américain », avoue-t-il. Au fil de cette viemouvementée, Cheb i Sabbah a croisé de nombreux musiciens avec qui il finira par enre g i s t re r.Sur “Shri Durga”, son premier opus publié par le label new-yorkais Six Degrees et vendu àplus de cent mille exemplaires à travers le monde, figuraient pas moins de vingt-deux instrumentistes.« Je joue souvent comme DJ avec des musiciens. Passer à la production a donc étéune suite logique », commente-t-il. Peu enclin jusqu’à présent à l’exercice des mixtapes, Chebi Sabbah s’est enfin décidé cette année à “recorder” le son des ses platines. Plus universelet inspiré, que spécialisé et technique,“As far as” (Six Degrees Record s / N o c t u rne) tisse enmusique de véritables Golden Gate Bridge entre Afrique, Asie et Proche Orient. À découvrirsur disque (son prochain opus studio à paraître en 2004 sera inspiré en grande partie par lesrythmes maghrébins), en attendant de le croiser aux platines sur le vieux continent.SquaalyL’œil et les oreillesde l’électroniqueAnne-Cécile Worms et toute uneéquipe de passionnés se battentpour que chaque mois paraisse leur M C D(Musiques et Cultures Digitales). Il s’agitd’un petit magazine très documenté sur lesmusiques, les arts et les médias électroniques.On ne peut évidemment que les encourageren s’abonnant.Site Internet : www.musiquescd.comSite Internet www.chebisabbah.comE N C O N C E RTÀ L A M A R O Q U I N E R I ED U 2 A U 1 1 O C T.À 20H.(RELÂCHE LE 5 ET6 OCTOBRE 2003)1ÈRE PA RT I E:BOMBES 2 BALET AUSSI À PA RTIRDU 7 OCTOBRE À 18H30 :D É B ATS, B A L ,A P É R O S - C O N C E RTS,GASTRONOMIET O U L O U S A I N E .NOUVEL ALBUMDÉJÀ DISPONIBLEL O C ATIONS : FNAC - www.fnac.com - CARREFOUR0 892 68 36 22 (0,34 Euro/min) et autres points de vente habituels.LA MAROQUINERIE 23 RUE BOYER 75020 PARIS.Métro : Gambetta ou Menilmontanttotoutard.comE s c a m b i a r


MMP005 22/11/03 19:06 Page 3636 MondotekBideew Bou BessORIGINAL(ISSAP/DIK MUSIQUES/MÉLODIE)Après Positive Black Soul et PeeF roiss, voici la nouvelle merv e i l l ede l’ethno hip hop sénégalais.Bideew Bou Bess (en wolof, “lanouvelle étoile qui naît de l’obscurité”)est plutôt dans la lignéede Bisso na Bisso. Un rap extrêmementmélodique qui puiseà pleines brassées dans les sonoritésafricaines et sait s’éloignerdes modèles américains ou français.Le groupe, bien entouré etrepéré par Youssou N’Dour, estp a rrainé par Passi qui produit cetalbum. Ce dernier apparaît surdeux morceaux et leur apporteen invités Geoff rey Oryema ainsique Nancy et Roldan du gro u p ecubain Orishas.J.-P. B.Dizu Plaatj i e sIBUYAMBO(NEXT MUSIC)Dizu Plaatjies a été longtemps leleader d’Amampondo, groupe sudafricainde marimba. Aujourd ’ h u i ,il sort son premier album solo quiprésente une facette méconnuedes folklores d’Afrique subsaharienne,résultat d’un collectageminutieux. Dans ce CD, Dizu se faitc o n t e u , rponctuant par de petitesi n t roductions ses compos où il ser é a p p roprie les traditions. Il raconteles instruments, les batailles légenda i res d’Ouganda, les chansons duRwanda… Sa voix sert de passerellepour un univers unique, fait decoutumes et de spiritualité. Chaquet i t re déclenche de nouvelles découve rtes, de nouveaux échos. Uneh i s t o e i rafricaine envoûtante.A. C.Mariem HassenCA N T O SD EL A S MU J E R E SSA H A R U I S(NUBENEGRA —SITE DU LABEL : WWW.NUBENEGRA.COM)La musique de Mariem Hassan etdu groupe Leyoad est joyeuse, entraînanteet fière, tout en criant lad é t resse de l’exil forcé. Aux chants etrythmes traditionnels (haul, medej)le plus souvent adressés à Dieu, sesont gre fés des récits de souff r a n c e set d’espoirs. Entre blues mandinguev i rtuose et arabesques mélodiques,Leyoad distille un groove fascinant surlequel vient planer le chant poignantde Mariem Hassen et de ses compagnons.Dans la voix de la chanteusetransparaissent les stigmates de larudesse de cette vie nomade, maisplus encore le témoignage des re f l e t sfidèles de la splendeur du Sahara.Benjamin MiNiMuMCamel ZekriVÉNUS HOTTENTOTE( LA NU I T TR A N S F I G U R É E/ IN T É G R A L ED I S T R I B U T I O N)Grand improvisateur devantl’éternel, l’enfant du Diwan etde l’ère numérique accouched’un album solo bouleversant,inouï de par sa nudité et latotale absence de repère. Électriques,acoustiques, ancestrales…Murmurées, grattées,maltraitées, superposées… Lesguitares et la voix du Franco-Algérien Camel s’enchevêtrentdans une mise en scènedépouillée qui célèbre la mèreAfrique, sans autre leitmotivque de graver l’émotion brute.Un voyage intérieur, entre traditionet improvisation. Entreméditation et cri de rage.Jonathan Duclos-ArkilovitchGhetto BlasterRIVER NIGER(NEXT MUSIC)MeiwayLE MEILLEUR DE…(NEXT MUSIC)Ghetto Blaster, groupe monté parun ancien musicien d’Africa 70’et quelques occidentaux à Lagosen 1983, n’a pas perdu la main.Pour preuve, ce nouvel album quim a rque leur vingtième anniversa i re. Aux côtés des piliers KialaNzavotunga (voix et guitare ) ,Frankie Ntohsong (claviers) et lecompositeur Stéphane MichaelBlaess, des invités comme CyrilAtef à la batterie et PrincessErika aux voix apportent dynamismeet fraîcheur. Transe afrobeat,rythmes hypnotiques,c u i v res bien placés, guitaresyncopée, les morceaux s’enchaînentcomme un chapeletde grains de bonheurs.Arnaud CabanneRokia TraoréBOWMBOÏ(INDIGO/LABEL BLEU)Que l’on ne s’y trompe pas, voici non pas un “grand disque malien deplus” mais tout simplement un grand disque, contemporain et universel.E n registré à Bamako, chanté uniquement en bambara, on y entend cert e sdes instruments traditionnels africains, mais mis au service d’une écritureactuelle, visionnaire même, subtile et sophistiquée. Épurés, parfois minimalistesmais variés et captivants, les arrangements mettent en valeurle chant virtuose de la diva malienne dotée d’une voix de sopranoà l’étonnant vibrato. Un album surprenant, stimulant et enrichissant.Jean-Pierre BruneauCela fait plus de dix ans queMeiway remplit les pistes dedanses d’Afrique et du mondeavec son zoblazo enflammé. Samusique mêle traditions musicalesde Côte-d’Ivoire et nombreuses influences venues despays voisins. Le joyeux mariagedonne naissance à des mélodiesentraînantes et des rythmes soutenus.Ce “Meilleur de” Meiwayse présente en deux CDs, unp remier disque “pimenté”,explosif et festif, et un second“sucré” qui entraîne le corps etl’esprit dans des danses beaucoupplus langoureuses. Cedouble album retrace la carr i è res i n g u l i è re du créateur duzoblazo.Habib Ko ité & BamadaFÔLY !(CONTREJOUR)Dés les pre m i è res notes de cesublime double album live enre g i s-tré durant les cinq mois de leurt o u rnée mondiale, la finesse et labeauté prennent place aux côtésde l’énergie et de la joie. HabibK o i t é ,c é l è b re griot du Mali, guitaristeinspiré et chef d’orc h e s t rehors pair, off re un album où lamusique africaine sait évoluer sansp e rd re son inspiration et sesracines. Il est bien sûr accompagnépar Bamada qui confère unfabuleux rayonnement à ses compositions.Sans oublier les publicsdu monde entier qui voyagent,durant plus de deux heures etdemie de bonheur, sur les tracesd’un Mali toujours plus ensorc e-l a n t .Non ! Limite Pas mal Bon ExcellentIncontournable


MMP005 22/11/03 19:06 Page 37Mondotek 37Abyssinia InfiniteZION ROOTS(NETWORK/HARMONIA MUNDI)Voilà un nouvel écrin concoctépar Bill Laswell pour la voix angéliquede la dame de son cœur,Ejigayehu Shibabaw, originaire dupays de la reine de Saba et plusconnue dans nos contrées sous lenom de Gigi. Cette fois-ci, nulrecours à la notion de “fusion” nià Herbie Hancock ou Pharo a hSanders comme sur le disqueprécédent (label Palm). Juste unretour à une instrumentation traditionnelle,bien davantage évocatricede l’atmosphère envoûtantede l’“Addis Abeba groovy” queFrancis Falceto fit découvrir aumonde avec sa collection “Éthiopiques”.Une belle réussite et, àce jour, le meilleur album de Gigi.J.-P. B.Fanta Damba du MaliACCOMPAGNÉE À LA CORA PARBATOUROU SÉKOU KOUYATÉ( BO L I B A N A330 & 331 — V O L. 1 & 2., S É PA R É S)Avec Sira Mory, Fanta Damba a étéla plus grande djelimousso, la plusgrande “griotte” du vingtièmesiècle. On ne peut donc qu’applaudircette réédition de classiques dela musique de cour de l’Empiremandingue. D’autant plus quecette grande voix, expressive etnuancée, est soutenue par la harpekora de Batourou Sékou Kouyaté,également l’un des maîtres les plusrenommés de la musique mandingue.Dans le second volume, onpeut aussi apprécier un charm a n tchœur féminin ainsi qu’un excellentflûtiste peul qui chante dansson instrument en même tempsqu’il joue. Indispensable à tous lesa m o u reux de la musique africaine.Henri LecomteAnouar BrahemVAGUE(ECM RECORDS/UNIVERSAL)Ainsi mise en perspective, la discographied’Anouar Brahem sur lep restigieux label allemand ECMapparaît exemplaire. Avec cettecompil’, on prend conscience duchemin parc o u ru par le subtiloudiste tunisien, de la libert éacquise au gré de ses alliances fru c-tueuses. Seul avec son instru m e n tou entouré de musiciens précieuxet attentifs (J. S u rman, D. H o l l a n d ,K .E rg u n e r, R. G a l l i a n o ,J .G a r b a z rek ou B. E r k rose). AnouarBrahem ne faisait que repousser lesf ro n t i è es, r ceux du maqam commeceux du jazz. Sa musique limpide,tour à tour gaie ou nostalgique,n ’ a p p a tient r qu’à lui et toucheau-delà des chapelles.B. M.Aaron Bebe Sukura& the Local DimensionPalm Wine BandACOUSTIC GHANAIAN HIGHLIFE(ARION)Le highlife de la Gold Coast ghanéennefut une bombe musicale quit r a n s f ma o r le visage de l’Afrique del’Ouest durant le vingtième siècle.A a ron Bebe Sukura a été élevé aucontact de cette musique. Son“Acoustic Ghanaian Highlife” est unalbum métissé. Les couleurs duGhana re n c o n ent t r le goût incomparablede la musique mandingue. Sons e p e ewa r (harpe-luth du peuple Akandu Ghana) ouvre la marche à JohnCollins et au Local Dimension Band.Les chansons s’enchaînent avec douceuret poésie, comme un ensemblede petites pièces traitant de la conditionhumaine, de l’amour, de Dieu, etc.Namibie,Bushmen Ju’hoansiMUSIQUE INSTRUMENTALE(OCORA C 560179)Papa WembaBEST-OF(NEXT MUSIC)De l’ambianceur des années 1980au Papa Wemba un peu plus r&bet rap des années 1990, ce “Bestof”couvre de façon non exhaustive(comment faire autre m e n t?) lalongue carr i è re de la star congolaise.Il est clair que deux CDs nepeuvent suff i re à résumer l’impre s-sionnante œuvre de Papa We m b a ,mais aucune crainte à avoir : l’ambianceest là. On voyage tous azimutsde la sensuelle rumba congolaisejusqu’aux titres fétiches aveclesquels il a enflammé les sallesdans le monde entier. C’estp resque devenu une lapalissade,Papa Wemba sait faire la fête, etce disque donne envie de la faireavec lui.A. C.Dans ce CD consacré aux chasseurscueilleursde la Namibie, l’accent estmis sur la musique instru m e n t a l e ,même si la voix est presque omniprésente.On peut y entendre que la polyphonien’est pas seulement vocale. Et l’on appréciera la grande variétédes timbres des instruments, cordes métalliques des pluriarcs ou boyau del ’ a rc de chasse utilisé comme instrument de musique. Les Ju’hoansi ontaussi emprunté à leurs voisins bantous des lamellophones (connus enFrance sous le nom de sanza). Une plongée dans un univers qui semblehors du temps, habité par une musique au charme incomparable.Henri LecomteLe Festival au désert(CRÉON MUSIC)Cette compil’ réunit quelquesmoments de choix de la dern i è reédition du “Festival au désert” auMali. Elle donne un aperçu perc u-tant de la créativité musicale de larégion (Mali, Mauritanie, Niger).Aux grandes voix et aux cord o p h o-nistes hypnotiques de l’Afriquesahélienne (Oumou Sangaré, AliFarka Touré, Afel Bocoum,Tinariwen ou Ballaké Sissoko), sontvenus se mêler des punks navajos(Black Fire), des Français atypiques(Lo Jo, co-organisateur du festival),une légende du rock (Robert Plant)et de nombreux musiciens richesdu secret d’un groove qui conjuguedéhanchement du chameau, originesdu blues et course des étoilesdans le ciel.Franklin Boukaka,ses sanzas et sonorchestre congolaisSURVIVANCE(BOLIBANA BIP 333)Le Congolais Franklin Boukaka a étél’un des premiers à tenter une synthèseentre les instruments trad’ africains(ici des s a n z a , slamellophonesjoués avec les pouces) et des instrumentseuropéens (saxos et guitare s ).Sa musique est très proche du soukous,tel qu’il a été popularisé pardes maîtres comme Franco ou Ta b uL e y, avant des versions plusm o d e rnes comme celle de Koff iOlomidé. Une plongée intére s s a n t edans l’univers musical de l’Afriquecentrale des années 1970. La plupa rt des textes sont en lingala. Unechanson en français célèbre lec h a rme des Brazzavilloises dans ceCD où les rythmes congolais,comme celui de la rumba boucher,côtoient biguine et cha-cha-cha.Philippe Sellam &Gilles RenneAfrican ProjectLIVE À SAINT-LOUISDU SÉNÉGAL(NORD-SUD/DIST. NOCTURNE)H. L.Dix ans au moins que ces deuxfigures de la scène jazz hexagonaletraquent le chant multicolorede l’Afrique, par épisode.Pas de hasard. Ici, la fusion nese fait pas à sens unique, maisdans le respect de chaque tradition,avec un sens immodérédu partage. Sans se prendre latête. Du coup, c’est un régalde les entendre faire la fête surscène, parmi une foule d’invitéset amis.J. D.-A.A. C.B. M.


MMP005 22/11/03 19:06 Page 3838 MondotekCapletonLIVE AT NEGRIL JAMAICA(KINGS OF KINGS/ NOCTURNE)Jamais à court de lyrics incisifs nide riddims fiévreux, Capletontranscende ses missives dancehallsur scène. Le prolifique faya manse livre ici à une interprétationendiablée qui nous plonge corps etâme dans l’atmosphère brûlantedu “Roots rock festival 2001”, lagrand-messe annuelle du dancehalljamaicain. Le Prophet autoproclamé,accompagné de façon eff i-cace par son David House Crew augrand complet, enchaîne avecé n e rgie ses classiques (Jah Jahc i t y, Who I am…) et autres morceauxplus obscurs sur ce liveg é n é reux (quarante-et-un titre spour soixante-quatorze minutes deshow non stop).Tango & tangueros(IRIS MUSIC/HARMONIA MUNDI)Vous voulez comprendre letango, passé, présent, à venir ?Procurez-vous ce double CD àla présentation soignée. Unpremier disque consacré aux“monstres” anciens du tango :Gardel, Canaro, Simone…Le deuxième CD se tourne versle tango contemporain : unebouffée revitalisante. Le trioEsquina de C. Stroscio et legénial hamoniciste Hugo Diazy côtoient le bandonéonisteLisandro Adrover, La Chicana(superbe Tinta Roja) ou AstorPiazzolla. Parmi les temps fortsde ce disque : Libertango par leCuarteto Almagro et les deuxtitres d’E. Rovira et R. Nichele(Que lo paren, La Cumparsita).Blaise GoldensteinThe State ofAmazonasINDIGENOUS AND CRIOLLOMUSIC FROM VENEZUELA(PAN 2092)Au sud du Venezuela, vivent les Hiwiet les Piaroa, qui pratiquent toujoursles rituels chamaniques où la voixest prépondérante. Ici figurent plusieursextraits d’un rituel piaroa plusdes pièces instrumentales jouées surdes flûtes de Pan ou l’instru m e n tdes Hiwi, une flûte constituée parun crâne de cervidé. Les chants ensolo évoquent la nature. Le CD set e rmine avec des musiques orc h e s-trales mêlant trompettes, saxs,c o rdes et percus, pour finir par unrap des jeunes gens de la ville. Unetrès intéressante présentation de lac u l t u e rindienne et créole de l’État leplus méridional du Ve n e z u e l a .Arnaldo Antunes &Carlinhos Brown &Marisa MonteTRIBALISTAS(VIRGIN)Une suite de chansons d’amour,sensuelles ou humanistes, sur fondde pop brésilienne jamais tapageuseet toujours entraînante. Untrio comme les musiciens brésiliensen ont l’habitude, commea u t refois, Gil, Veloso et Bethaniaen pleine époque tropicaliste. Maisa u j o u rd’hui, l’ère est diff é re n t e .E tces représentants du son brésilienactuel n’ont pas besoin de se serrerles coudes pour exister. Ils sesont réunis par pur plaisir d’êtreensemble, de jouer une belle partieentre amis. Dans la chansont i t re, ils se définissent ainsi :« Tribalistas les mains au plafond,les pieds au sol, Tribalistas est unanti mouvement qui va se désintégrer dès le prochain instant » C ’ e s taussi le pari de l’éphémère quirend ce disque si attachant.B. M.A lvin Youngblood Ha rtDOWN IN THE ALLEY( ME M P H I SIN T E R N AT I O N A LRE C O R D S/ DI S T. SO C A D I S C)Alléluia ! Le deep blues versionMemphis, Tennessee, a un nouvelambassadeur de choc.Dreadlocks en bataille et barbede pêcheur, le jeune Alvin ressusciteune sélection de traditionnelsintemporels, seul enpiste, dans le plus simple appareil(guitares, banjo et mandoline).Du blues vieille école,très incarné, servi par une voixd’écorché vif. Miam.João GilbertoPRADO PEREIRA DE OLIVEIRA(WARNER)Ce CD est la trace d’une de cessoirées rares où João Gilberto estallé jusqu’au bout d’un récital, oùsa voix de velours et ses accord ssensuels se sont mariés aux violonssuaves de l’orc h e s t re de TV Globopour concrétiser une certaine idéedu paradis terre s t re. Non seulementil enfile les perles et lesc h e f s - d ’ œ u e v rqui jalonnent sa carri è re, mais il invite deux grandsi n t e r p r è t e : ssa fille Bebel alorsdébutante pour une re l e c t u re deChega de saudade, et Rita Leepour un Jou Jou Balangadãs. Seulou bien accompagné, le maître dela bossa fait mouche à chaqueseconde de chacun de ces tre i z em o rceaux plus vivants que jamais.Bill MonroeTWO DAYS AT NEWPORT ANDMORE BEARS(PO BOX 1165 D 27727 HAMBERGEN)B. M.Véritables trésors du bluegrass,ces enre g i s t rements inédits(d’excellente qualité technique)réalisés au festival folk deN e w p o rt en 1963 marquent lare n c o n t re de Bill Monroe avecdeux musiciens d’exception : leguitariste Del McCoury et lebanjoïste Bill Keith. Cette associationne devait pas dure r. Cedisque est le seul où l’on puissee n t e n d re les trois hommes jouerensemble. Dommage, car lebluegrass atteint ici des sommetsinégalés. En témoigne lam e rveilleuse version de D e v i l ’sD re a m avec d’époustouflantssolos de Bill Keith.Pablo GadBLOOD SUCKERS(CELLULOID/ MÉLODIE)Événement. Voici la rééditiond’un chef-d’œuvre, méconnu, duroots jamaïcain. Oublié depuis saversion vinyle originale de 1978,“Blood Suckers” est une référencedu genre. Pablo Gad distillesa verve conscious sur desriddims classiques mais eff i-caces. Dubs hypnotiques, eff e t set reverb entêtants, lignes debasse sinueuses, toute la pro f o n-deur du roots s’exprime dans cetalbum à re d é c o u v r i . rLe morc e a uéponyme de l’album dénonce surune rythmique entraînante, àl’aide d’une évidente métaphore ,les dérives “vampiristes” dessociétés occidentales capitalistes.Un refrain plus que jamaisd ’ a c t u a l i t é .Doug WambleCOUNTRY LIBATIONS(MARSALIS MUSIC/ROUNDER RECORDS/MÉTISSE MUSIC)Passez outre la pochette kitsch àm o u r i r. Mettez le disque parcuriosité. Brandford Marsalis està la production et joue les invitéssur deux titres, alors…. Et là, lechoc. Doug Wamble, jeune guitaristeayant vu le jour à MemphisTennessee, et son équipe nousmettent K.-O, par surprise. Uneg u i t a re acoustique décomplexée,au grain très roots, empru n t a n tce qu’il y a de meilleur à chacundes univers évoqués (jazz, blues,c o u n t ry, gospel). Une voix desudiste hantée, gorgée de terro i r,quelque part entre Son House,H a rry Connick Jr et Kelly JoePhelps. Grosse, grosse claque.Aurélie BoutetH. L.J. D.-A.J.-P. B.J. D.-A.Non ! Limite Pas mal Bon ExcellentIncontournable


MMP005 22/11/03 19:06 Page 39Mondotek 39Country QuébecLES PIONNIERS ET LES ORIGINES(1925-1955)(FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/NIGHT & DAY)Méprisée par l’intelligentsia, la country francophone canadienne bénéficietoujours d’un réel enracinementp o p u l a e. i rCette intéressante compil’de cinquante titres permet dedécouvrir les sources du genre àl’époque où l’on idéalisait un Ouestromantique à souhait sous l’influencedes héros de celluloïdcomme Gene Autry et Tex Ritter. Dela vingtaine d’interprètes rassemblésici émerge surtout le prolifique Wi l l i eLamothe, tandis que Paul Bru n e l l es u r p end r en affectant des vocalisessucrées à la Tino Rossi. Et comme lechantait si joliment Julien Tailly :« J’aime la vie du cow-boy, c’estsi beau et je joue du lasso…. »J.-P. B.Nadejda KuularKHONDERGEY(PAN 200)Lorsque l’on évoque la musique desTouva, ce peuple turcophone du sudde la Sibérie, on pense en généralau chant diphonique. Même s’il estprésent dans ce CD, il n’en constituepas le centre. Nadejda Kuularchante avec puissance un répert o i rede chants longs, proche de l’u rt y nd u umongol. Elle est accompagnéepar une flûte traversière en bambou,un luth et une vièle ou par unensemble instrumental, avec parf o i sl ’ i n t e vention r d’un chanteur diphonique.Elle interprète aussi deschants courts, syllabiques, plus ry t h-més, présentant ainsi avec beaucoupde charme et de talent unr é p e rt o e i fort r peu présent dans lesCDs consacrés à sa culture .Henri LecomteM.M. Naji & K.M. KhalilLA CHANSON D’ADEN(INSTITUT DU MONDE ARABE/HARMONIA MUNDI)La chanson d’Aden mêle chantsm i l l é n a i res à des compositionsde poètes contemporains pour unvoyage au cœur du Moyen-Orient.Les deux chanteurs, MohammedMurshid Naji et KhalilMohammed Khalil, nous off re n tl’un après l’autre un aperçu de lamusique adénite. Leurs histoire ssont portées par le rythme lancinantdu luth, relevé par quelquesp e rcussions et les youyous dupublic. De leurs voix graves naîtun message empli de sagesse quinous emmène au-delà de la traditionà la découverte de cesinfluences de l’Égypte, de l’Indeet des anciennes routes colonialesqui baignent le portd ’ A d e n .Parissa &Ensemble DastanSHOORIDEH (DEUX CDS)(NETWORK 24253)Parissa est sans doute la plusémouvante chanteuse actuelle demusique savante persane. Ce doubleCD est le seul aisément accessibleactuellement. Deux des musiciensde l’Ensemble Dastan (Mélodie)— le joueur de vièle kamânche,Said Farajpoori, et le spécialiste duluth barbat (ancêtre du ‘ûd), HamidMotebassem — ont composé deuxsuites modales où la chanteusedéveloppe avec charme et délicatessel’art du tahrir, ces subtils orn e-ments agrémentés de coups deglotte dont chaque vocaliste développeun style unique. Noussommes ici au plus haut niveau dela musique savante persane.H. L.GroundationHEBRON GATE(ON THE CORNER/ NOCTURNE)Troisième album du (bon) gro u p eroots américain Gro u n d a t i o n ,“ H e b ron Gate” s’avère agréablemais sans grande surprise.L’ o rchestration basique, agrémentéeçà et là d’un zeste demélodica fluide et de perc u snyabinghi, est tout de mêmesoutenue par une section dec u i v res honorable et quelquesdubs profonds. Pas d’innovationtextuelle non plus, les lyrics évoquentles sempiternels thèmesrasta (Babylon, Zion…). La présencevocale des vétérans DonCarlos et Cedric Myton (desl é g e n d a i res Congos) donne dupiquant et de la matière à unesauce un peu fade.A. B.Radio Kaboul(ACCORDS CROISÉS)Ustad Mahwash et les musiciensde l’Ensemble Kaboulprésentent treize classiques, dela chanson populaire au ghazal.Panel musicald’Afghanistan, ce disquereflète les programmes de laradio de Kaboul avant la terreurdes Talibans. Mahwashrayonne, et l’orc h e s t re form épar Hossein et Khaled Arm a np rend la forme exacte desg roupes de cette époque.H a rmonium, rubâb, flûtebansuri, tablas et zerbaghali,re p roduisent avec passion dest i t res que les Kaboulis écoutaientsur les places publiques.Un moment de beauté et dedouceur incomparable.Arnaud CabanneMad Sheer KhanSAMARKAND HOTEL(LE TRITON/MUSEA)“Samarkand Hotel”, nom du lieu oùs’est éteint Jimi Hendrix, est unc o n c e t renregistré en 2002 auTriton. Qu’elles soient atmosphériquesou électriques, les compositionshendrixiennes paraissent sef a i re parfaitement au son du Dilru b a(violon indien du Rajasthan) de MadSheer Khan. Le fabuleux If 6 was 9c o n s e ve r sa mélodie et son authenticité.Les tablas transportent leschansons, et les font s’envoler touten gardant une intensité rare. Le tag( a rt de déplacer un instrument deson contexte), que Mad Sheer Khana ffectionne part i c u l i ement, è r présentedans cet opus sa facette laplus accessible. Les amoureux duguitariste mythique devraient adore r.A. C.Yat-KhaTUVA ROCK(YAT/NIGHT & DAY — WWW.YAT-KHA.COM)Cet album original évoque lesgrands espaces et les steppes deTouva, une petite républiquenichée aux confins de la Mongolie.Astucieux mélange de sonoritéstraditionnelles asiatiques et deg u i t a res rock, il fait (un peu tro p )e n t e n d re la voix ultrabasse etp resque irréelle d’Albert Kuvezin,dissident de Huun-Huur- Tu (leaderet fondateur de Yat Kha). Le plusgrand mérite du groupe, à ce jour,est d’avoir composé une musiquebien davantage re m a rquable jouéelive en accompagnement d’ungrand classique du cinéma muet,“ Tempête sur l’Asie” dePoudovkine. À quand cet étonnantspectacle en France ?Jean-Pierre BruneauUstad F.WasifuddinDagarCHANTS DHRUPADINDE DU NORD(UNESCO/NAÏVE)L’ a r b re généalogique de la familleDagar remonte à vingt générationsdont les membres ne se sont jamaisé c a rtés de la tradition du chantd h rupad. Le présent CD comport edeux ragas (Malkaush et Durga) ett rois compositions Dhru p a d .Wasifuddin est accompagné par unetampura et un pakhawaj, tambour àdouble peau. Pendant l’alap, la voixdu chanteur s’élève doucement enun mouvement comparable auxvolutes de fumée d’encens. Lorsqu’arrive la percussion, le chants ’ a c c é l e è sans r s’éloigner de sonobjectif. Et entraîne l’auditeur dansune belle contemplation cosmique.B. M.


MMP005 22/11/03 19:06 Page 4040 MondotekDoc ZydecoDANS MON IDÉE(CONTACT : WWW.DOCZYDECO.FR.ST )BalaguèraLA VOTZ DEUS ANJOS.POLYPHONIES DU BÉARN ET DESPYRÉNÉES GASCONNES(ALPHA 506)Balaguèra est un groupe de neufchanteurs qui ont conservé la traditiongasconne de chant à plusieursvoix. Une tradition virile quis’est développée dans les sallesd ’ a u b e rges, aux comptoirs desbars, lors des fêtes, des matchsde rugby… Un chant à trois voixmais rarement figé car chaquechanteur reste libre au sein dumodèle déterminé. C’est un chantsocial, de participation collective,de fusion vocale. Balaguèra nousen livre une page superbe, solide,p rofonde, enracinée tout à l’ouest.Le livret y ajoute traductions eti n f o rmations. Rare et essentiel.É. B.Comme le jazz qui s’est envolé duq u a rtier de Storyville à la Nouvelle-Orléans pour s’en aller conquérir lemonde, voici que deux idiomesmusicaux louisianais — le cajun etle zydeco — font de notables percéesbien loin de leur bayou d’origine.Venu du piémont pyrénéen,ce groupe démontre avec sondisque qu’il est devenu l’un desf l e u rons de la scène zydeco européenne.Ses ingrédients : unechanteuse (Lydie Dandrau) pleinede soul et une étonnante maîtrisetechnique collective. Il manquecependant la présence d’un producteurqui aurait pu contribuerà gommer les quelques faiblessesde cette autoproduction.J.-P. B.Sergent GarciaLA SEMILLA ESCONDIDA(LABELS/EMI)Agitateur en chef du salsamuffin, le Sergent re p rend du service et livre unemissive détonante. “La semilla escondida” est une explosion d’énergie positive,une danse endiablée qui mêlent les rythmes de feu de Cuba et deJamaïque, sans altérer leurs saveurs respectives. Riddims roots, ragga, etska s’unissent à la sensualité épicée des cuivres et percussions de la salsa.Coréalisé par Ty rone Downie et réunissant les musiciens chevronnés du FireHouse Cre w, l’album alterne morceaux festifs et incisifs. Il rappelle ainsitoute l’habileté du Sergent à distiller un discours conscient sur des ry t h m e sensoleillés. L’album le plus abouti de Bruno Garcia. Viva el Sarg e n t o!Aurélie BoutetBirkin Tree3 (THREE)(FELMAY FY8059/L’AUTRE DISTRIBUTION)Même les Italiens apprécient lamusique irlandaise au point dela jouer. Et, qui plus est, de lajouer avec un talent étonnant.C’est le cas du groupe BirkinTree dont les membres manientintelligemment violon, flûte,uillean pipes et claviers. Pource nouveau disque, ils invitentl’excellente chanteuse NiamhParsons, présente sur une seulepièce hélas. D’autres invitésétoffent les instrumentaux oùtradition et composition s’épaulentmutuellement. L’Irlandevue par les Italiens. Pourquoipas ?Étienne BoursRassegnaCHANTS DE MÉDITERRANÉE(PLAYA SOUND PS65273/MÉLODIE)Un groupe qui s’ouvre commeun horizon à 360 degrés, regardantla Méditerranée sur tousses rivages : telle est l’idée deRassegna. Une idée réussiegrâce à huit chanteurs et musiciensvenant de Grèce,Espagne, Algérie, France, Italieet Corse, chacun venant avecdes répertoires différents, desconnaissances approfondies, unlangage propre. Et la rencontrese fait parfaitement, basée surl’écoute, la compréhension, lefeeling commun, sans démonstration,passant de la tammurriataà la nouba, au chantcorse, occitan, arabo-andalouou espagnol. Parfait.É. B.Romano DromANDE LINDRI(DAQUI)Complaintes des jours sombres ouhymnes à la fête, le nouvel albumde Romano Drom brasse lesthèmes de la vie des tziganes Olahsavec entrain et conviction. La voixéraillée d’Antal “Gojma” Hovács, lep è re, ignore les bonnes manières eto u v re son cœur sans pudeur. Antal“Anti” Kovacs, le fils, a appris lamusique. Il tire profit des richessesn a t u relles de ses compatriotes. Sesp a rties de guitare se superposentaux phrases de contre b a s s evocales, aux onomatopées ry t h-miques. Il ouvre le groupe à desinvités et orc h e s t re l’énergie spontanéede ces re t rouvailles. Les joieset les peines son intactes, maismaintenant l’harmonie domine.B. M.GjallarhornRANAROP( VI N D A U G A V D M C D 9 0 2 / L’ AU T R E DI S T R I B U T I O N)Succès oblige ! L’ A u t reDistribution nous fait la fleur dedistribuer le premier disque dug roupe Gjallarh o rn, étonnantquatuor qui revisite les traditionssuédoises de Finlande. Ce premierdisque est ici remastérisé etenrichi d’une pièce. L’ œ u v re n’apas pris une ride et tient parf a i-tement la comparaison avec led e rnier disque. Ranarop date de1977 et montre l’inventivité etl’audace de ces très jeunesmusiciens. Le violon et la voix dela chanteuse Jenny Wilhelms s’yd ressent comme des piliers aussisolides que raffinés et les autre smusiciens y apportent un décors u b t i l .É. B.CapercaillieCHOICE LANGUAGE( VE RT I C A / LSA N C T U A YRRE C O R D /BMG, S VRT C D 006 )On re t rouve le beau vibrato de la voixde Karen Matheson, une des plusemblématiques de la scène celtique.F o rmés sur la côte ouest écossaise, àOban, les huit musiciens interv i e n-nent tout en fluidité sur un répert o i recomposé de chants en langue gaélique,en anglais (ballades, poèmes,chants de travail), et de pièces instrumentales.Accordéoniste et membrefondateur de Capercaillie, DonaldShaw a installé une ambiance électronique fine et souple. Scratches etboucles ne dénature pas le travaildes musiciens mais le vitalise.Mention spéciale pour la superbesonorité des uilann pipes (corn e-muses à bras d’Irlande) de MichaelM c G o l d r i c k ) .Pierre CunyNon ! Limite Pas mal Bon ExcellentIncontournable


MMP005 22/11/03 19:07 Page 41Mondotek 41Riccardo TesiACQUA FOCO E VENTO(FELMAY FY8060/L’AUTRE DISTRIBUTION)FredSAUTER DU NID(SAINT GEORGE/SONY MUSIC)Jean Baron &Christian AnneixHE N TA D, B O M B A R D EE TB I N I O UK O Z(KELTIA MUSIQUE KMCD140)Hentad, en breton, signifie “chemin”.C’est en effet le chemin musicalde deux des meilleurs sonneursb retons qui est ici présenté. Il s’étendsur trente ans. Dans cette compilationfigurent des pièces en couple“classiques”, chants en gallo,reconstitution du trio biniou-bomba rd e - t a m b , o musique u r ancienneou créations comme les cantiquesavec orgue ou un extrait de laCantate du bout du monde de JeffLe Penven. Un disque varié et trèsagréable qui permet d’apprécier unefois de plus la créativité des musiciensbretons, re n f o rcée ici par uneentente exceptionnelle découlant deces décennies de travail en commun.Paco IbañezCO N C E RT SH I S T O R I Q U E S(EMEN/MÉLODIE)H. L.(T R O I SC DS)Le 4 décembre 1968, Paco Ibañezdonne un concert au Téatro de laComedia à Madrid. Il sera désorm a i st r i c a d ren Espagne, le régime dictatorialde Franco et sa censure n’ayantpas vu le coup venir. 12 mai 1968 :le même Ibañez donne un concertmagique dans la cour de la Sorbonneà Paris en juin 1971 : au Palais desS p o ts, r il galvanise le public avec lespoètes de prédilections qu’il a mis enmusique. La même année, il eff e c-tue en Amérique latine une tourn é eprise d’assaut inaugurée à BuenosA i res. Quatre enre g i s t re m e n t smythiques exhumés parMoshe–Naïm, fondateur du labelEmen, qui à la même époque éditaC a rmela, Luis Cilia, ou Imanol.Frank Tenaille“Nouvelle musique traditionnellede Toscane”, précise d’embléele sous-titre de ce nouveaup rojet de Riccardo Tesi, accordéonisteincontournable del’Italie et de toutes ses traditions.Cette fois, notre hommese met entièrement au serv i c edu chanteur Maurizio Geri pourune exploration des traditionsde sa région natale : chants detravail, ballades, comptines,b e rceuses, chansons d’amour,le tout au départ de collectagesde la fin des années 1970.Musique, répert o i re, livret, chantet arrangements sont irr é p ro -c h a b l e s . Et l’émotion qui s’endégage est impre s s i o n n a n t e .Sancto IanneSCAPULÀ(FOLKCLUB ETHNOSUONI ES 5324)É. B.Voici le second album d’un gro u p efondé en 1995 à Benevento où letempérament diff è re assez de celuides autres campaniens : il est tranquille,plus dur, re n f e rmé et monta g n a rd, mais tout aussi génére u x .Sancto Ianne re m p o rte le pre s t i-gieux “European Folkcontest2OO1” et brille au “Festival interceltique”de Lorient. On reste attachéaux sons acoustiques et austyle traditionnel. Principalementcomposé de chansons originales,le répert o i re est authentiquementp o p u l a i e. r Et comme cette form a-tion y croit véritablement et queson interprétation file droit, sanst rop s’embarrasser de nuances, cedisque s’écoute sans déplaisir.Philippe BourdinAndré TaïebCHANTS SÉFARADES DESSYNAGOGUES DU LANGUEDOC(ATLAS SONORE EN LANGUEDOC-ROUSSILLON/ABEILLE MUSIQUE)Né à Constantine en 1931, AndréTaïeb fut initié au Mawwal (impro v i-sation vocale a cappella sur unmode musical) et fit partie d’uno rc h e s e t rde musique trad’ à Souk-Ahras, avant de se mettre à l’écoutedes maîtres du malouf constantinois.En 1962, quittant l’Algérie, ils’investit dans l’interprétation desr é p e rt o es i rséfarade et ashkénaze.Retiré à Montpellier, il deviendra l’undes chantres de la synagogue MazelTov et collectera des piyyutims(poèmes liturgiques) de la régionavec le musicien Pierre-Luc BenSoussan (tous deux ont fondé l’ensembleNaguila). Ce sont donc ceschants dont l’origine renvoie àl’Espagne médiévale que nous proposeTaïeb.Roy Paci & AretuskaTUTTAPPOSTO(V2)“Baciamo le mani”, le premieralbum paru en 2002 du comboperso de l’ex-trompettiste deRadio Bemba (l’explosif groupede Manu Chao sur scène),sonnait monocorde, trop skapropret jazzy. Sur leur nouveauCD, le Sicilien gominé et sabande au look Blues Brothersse lâchent, avec un son live etpêchu. Hormis quelques lenteursjazz (My beauticase), lesstyles ragga (Yettaboom), ska(Moanin’), reggae (Che vitti ‘nacrozza), swing (Etnasherpa)sont à la fête, le tout avec uneénergie rock (Sicilia Bedda).François GuibertPremier album hybride etinclassable, “Sauter du Nid”est un joyeux maelström oscillantentre pop rock, afro-blues,funk et reggae. Une basesonore métissée ainsi qu’uneproduction minimaliste signéeLoo et Placido (La Tordue) portentdes ballades aux textessubtils, tour à tour mélancoliqueset vives. À la fois introspectifet universel, cet albums’écoute telle une chroniquedes travers et des thèmes dequestionnement de la sociétéactuelle. À noter une repriseétonnante du classique deNTM, J’appuie sur la gâchette.A. B.Ludovic Beier &Angelo DebarreCOME INTO MY SWING(LE CHANT DU MONDE/HARMONIA MUNDI)Ces derniers mois ont vu fleurirles galettes de jazz manouche,à l’occasion des 50 ans de lamort du dieu Django. On secroyait proche de l’indigestionmais le nouvel opus des deuxsolistes Ludovic Beier (accordéon)& Angelo Debarre (guitare)vient nous remettre enappétit. Du style et du souffle.L’art de faire vivre un genreultra balisé sans rester scotchéà ses commandements et à sesmodèles.Jonathan Duclos-ArkilovitchGianmaria TestaALLTRE LATITUDINI(LE CHANT DU MONDE/HARMONIA MUNDI)Plus que jamais, les murmures,l’accent piémontais et lesgraves veloutés de GianmariaTesta nous émeuvent. Il livre iciquatorze nouvelles chansons.Pour vêtir ses histoires delucioles d’août, de fleurs d’hiver,de touaregs et d’étoiles, il achoisi les arrangements sobresetélégants de son vieux complicePiero Ponzo. Des cordes, duswing, une trompette bouchéequi évoquent un club de jazzenfumé tard dans la nuit etprécèdent les confidencesd’une guitare au petit matin.Autant de scènes qui vues dela latitude de Testa deviennentuniques.Elena FrolovaZERKALO(L’EMPREINTE DIGITALE)Des accord de guitare qui s’égrènentcomme des flocons de neige,des mélodies fragiles, une voix quis’élève comme un soleil et habilled’air pur des textes délicats. Lesvers de Nabokov, Joseph Bro d s k y,Ta r k o v s k , yMarina Tsvetaeva cohabitentsans gêne avec les pro p re spoèmes d’Elena Frolova. Cettechanteuse venue de Lettoniei n c a rne l’âme slave avec fraîcheuret modernité. Troublante commeune authentique fadista, cetteromantique dénuée de mièvre r i eau lieu de s’emmurer dans sa douleursoulage les nôtres. Son collierde chansons aux arr a n g e m e n t sf ruités et légers est à découvrird ’ u rgence.Benjamin MiNiMuM


MMP005 22/11/03 19:07 Page 4242 MondotekOjos de BrujoBARI(LA FABRICA DE COLORES/MOSAIC MUSIC)Phénomène de l’année au-delàdes Pyrénées, cet album estdéjà disque d’or en Espagne.Issu de la scène barc e l o n a i s e ,Ojo de Brujo est un gang quipousse le flamenco vers d’autre sc o n t r é e s: fièvres latines par- c i ,p e rcussions indiennes par- l à ,plus le Sénégalais Cheikh Loinvité sur un titre. Mais ce quiest sans doute le plus frappant,c’est l’usage qu’ils font del ’ é l e c t ronique et des scratches.Une chanteuse fougueuse, desg u i t a res flamencas, des perc u sgitanes cultivées, un zeste dehip hop ou de drum’n’bass, Ojosde Brujo convainct par la sincéritéde leur métissage inédit.B. M.Maria TeresaO MAR...(WORLD MUSIC/HARMONIA MUNDI)Il y a trois ans, cette chanteuselusophone sortait son pre m i e ropus, “Porto das palabras”, serv ipar l’inspiration nordestine d’unCarlos Marques. Toujours entouréedes Brésiliens Toninho do Carm o( g u i t a res, cavaquinho) et ZéNascimento (percus) et de l’accordéonisteFrancis Varis, MariaTe resa Feirrera nous off re à nouveauun album sensuel etcontrasté, griffé fado ou bossa,épicé vira, biaio ou forro. Outre lescompos du groupe, on apprécierade fort adroites reprises deCaetano Veloso, Chico Buarq u e ,Amalia Rodriguez ou Jose Afonso,en l’occurrence Grandola Vi l aM o re n a, la chanson du déclenchementde la Révolution des Œilletsqui en avril 1974 mit fin à tre n t e -deux ans de dictature salazariste.F. T.Electric Gypsyland(CRAMMED)C o n t r a i rement à ce que suggère son titre, ce disque n’est pas un hommageà Jimi Hendrix mais une opération de télescopage de l’univers desgitans des Balkans et de DJs techno, electro, dub ou expérimentaux. Lesbandes précieuses des disques du Kocani Orkestar, du Taraf de Haïdoukset des nouveaux venus Mahala Rai Banda ont été confiées à des producteurséclairés (Arto Linsday, DJ Dolores, Bumcello, Senor Coconut,M e rcan Dede ou Juryman) pour des combats où tout le monde sortgagnant. Les auditeurs éclairés et les nightclubbers exigeants tro u v e ro n tici de quoi se dégourdir les oreilles et les jambes.Benjamin MiNiMuMNu Tango(A.P.P.A.R.T./APOCALYPSE RECORDS/LABALEINE — WWW.LA-BALEINE.COM)BagadouL’ANTHOLOGIE (DEUX CDS)(COOP BREIZH)Les premiers bagadoù se créent aulendemain de la Seconde Guerremondiale. Corporatifs ou scolaire s ,laïques ou confessionnels, nés aupays ou dans l’immigration, ils sem u l t i p l i e ont, r vivifiant le terre a umusical. Ils ont servi de vivier àn o m b re de musiciens — s o i x a n t emille sonneurs furent formés surplusieurs générations — dontbeaucoup d’artistes bretons derenom, d’Alan Stivell à PatrickM o l a rd. Cette anthologie pro p o s edix-neuf formations de renom dontc e rtains “grands anciens” qui marqu è rent leur époque. Un abondantl i v ret permet d’apprécier la genèseet la personnalité musicale de chacund’entre eux.Cet album électronique d’inspirationtango, le premierd’A.P.P.A.R.T (AnthonyRouchier), est expérimental,abrupt, différent du désormaiscélèbre Gotan Project. Qu’a-t-ilde tango ? Son titre, et un bandonéonde temps à autres… Ils’agit en fait plutôt d’un “collage”d’images (de clichés) quele tango évoque en France.S’appuyant sur ce prétexte,Appart mène avec finesse uneexploration des différentesfacettes de l’electro.B. G.Babazula &Mad ProfessorPSYCHEBELLY DANCE MUSIC(DOUBLEMOON/NIGHT & DAY)Ce nouvel album de Babazula abénéficié du savoir- f a i e rnarcotique deMad Pro f e s s . o Le r mixer favori de Lee“Scratch” Perry n’a pas pour autantt r a n s f mé o r “Psychebelly dancemusic” en grande messe dub. Si iciet là traînent quelques vapeurs ded é c o n s uctions t r jamaïcaines, gro s s e sbasses et échos démoniaques, la couleurdominante reste largement orientalo-balkanique.Les saz, derbouka,clarinette et les voix des musicienst u rcs, déjà habitués à cohabiter avecdes samples débridés et des tourn e-ries electro ro c k ’ n oll, ’ r trouvent avecl’aide du scalpel du chiru rgien fou lesmille et un sentiers d’un universinédit qui ne demande qu’à mûrir.Chamanes etpossédés(BUDA)Au menu de cette compil’ : desmusiques de rituels chamaniques(Guâti, Nganasan, Dayak, Jivaro …)ou de possession. D’après la visionchamanique du monde, l’être voyagee n t re trois mondes — le supérieur,celui du milieu, celui du bas —,selon des règles qui régissent les rappo rts de l’homme avec son enviro n-nement. La mission du chamanétant de réguler les désord res dus àune inobservance de ces règles. Unefonction assez similaire de celle des“ p r ê es” t r dans divers rituels de possessionsnotamment d’inspirationvaudoue que l’on re t rouve dans leShango-cult à Trinidad, la Santeria àCuba, le Bayou à la Nouvelle-Orléanset bien sûr au Nigéria, Bénin, Togo.DebashishBhattacharya& Bob BrozmanMAHIMA(WORLD NETWORK/HARMONIA MUNDI)O r i g i n a e i d’Hawaï, r la slide guitare estdevenue un instrument à part entièrede la musique indienne. La petite histo i re rappelant qu’elle fut populariséeen Inde par Tau Moe, le gourou deBob Brozman, maître de la steel guita re et de la slide hawaïenne. Pointde hasard donc à ce que la routede ce dernier ait croisé celle deDebashish Bhattacharya, virtuose dela guitare slide hindoustanie, dont ona pu apprécier la fascinante techniquesur l’album “Shakti” de JohnMac Laughlin. Avec eux, le frère deDebashish, Subhashis, aux perc u s-sions et tablas et sa sœur, Supta auchant. Délicieux.F. T.B. M.F. T.F. T.Non ! Limite Pas mal Bon ExcellentIncontournable


MMP005 22/11/03 19:07 Page 43Mondotek 43Tabla Beat ScienceTALA MATRIX : ADVENTURES INE L E C T R O-A C O U S T I CH Y P E R C U S S I O N(AXIOM/PALM PICTURES, 2000)Déjà datée, inévitablement imparfaite,cette série d’expérimentationsfuturistes autour des tablasreste pourtant au panthéon desgalettes du rayon “world fusion”.“ Tala Matrix” prouve à quel pointo rganique et électronique peuvents ’ i n t e r p é n é er t r avec sens — lamachine comme pro l o n g e m e n tcréatif de la main de l’homme.Autour du père spirituel UstadZakir Hussain, le boulimique producteurBill Laswell a réuni uncasting de luxe, sorte de dre a mteam internationale pour “tablashappening” du troisième type.Talvin Singh, Trilok Gurtu etKarsh Kale y jouent les secondscouteaux avec délice.Jonathan Duclos-ArkilovitchTony AllenHOME COOKING(PLANET WOO-COMET RECORDS/VIRGIN 2002)Quand l’artificier en chef du stylea f robeat re n c o n t re les hommesmachinesdu label Comet, gareaux éclats du cyberg ro o v e!Installé à Paris en 1986, aprèsun séjour providentiel dans lec h a u d ron londonien, l’ancienbatteur de Fela a surmontétoutes les galères pour revenir aup remier plan. Résultat : “HomeCooking” transforme l’essai desdeux albums de la résurre c t i o n(“Black Voices” et “Psyco on DaBus”), donnant à l’afrobeat sonplus beau manifeste depuis prèsde trente ans. Entre dub, funkfuturiste, afro-hop, soul jazz etmakossa, l’art séculaire du dru m-mer et toaster de Lagos trouve unp rolongement inespéré.J. D.-A.Solomon & SocalledHIPHOPKHASENE(PIRANHA/NIGHT&DAY 2003)Un pied de nez futuriste aux mordusde musique klezmer ? Un bainde jouvence yiddish pour adosnew-yorkais shootés au rap ? Noncontent de dynamiter les gro u p e sdes maîtres David Krakauer etFrank London, le jeune DJ canadienSocalled s’associe à la violonisteSophie Solomon (Oï-Va - Vo ï ,Maurice el Médioni) pour imaginerla bande son d’un mariage ashkénazetendance hip hop, Lower EastS i d e. À grand re n f o rt d’invités(Smadj, Michael Alpert, Krakauer),le collectif réuni accouche d’unemusique patchwork, truculente etcaustique comme un numéro dumagazine de BD Fluide glacial. Unalbum concept qui devrait fairedes petits.J. D.-A.Brian Eno &David ByrneMY LI F EI N TH E BU S HO F GH O S T S(WARNER)S o rti en 1981, cet opus deBrian Eno et David Byrne est unalbum phare à placer illico dansv o t re discothèque. Il exploreautant le côté no-wave d’unDavid Byrne que les expérimentationselectro d’un Brian Eno.À partir de guitares, basses,batteries, percus, synthés etobjets trouvés, Eno & Byrn ei n t roduisent et mixent deschants et des voix pris à diversess o u rces. On trouve des radios,des exorcistes et des évangélistesaméricains. Mais surt o u t ,ils vont fouiller dans les collectionsfolk du monde entier et ens o rtent des voix traditionnelles.Électriquement exotique !S. T.Jephté GuillaumeVOYAGE OF DREAMS(SPIRITUAL LIFE MUSIC/EMI)SubaSÃO PAULO CONFESSIONS(ZIRIGUIBOOM)Z a zou & Bikaye & CY 1NOIR ET BLANC(CRAMMED)1998 : Depuis quelque tempsà New York, une bande de producteurslatino-caribéens seréunissent tous les dimanchesà la soirée “Body & Soul”. Là,on peut entendre une housemâtinée de rythmes sud-américainset haïtiens. Le labelSpiritual Music réunit les producteursJephté Guillaume, JoeClaussel ou Kerry Chandler. LeHaïtien Jephté Guillaume finitpar sortir son bijou, Voyage ofDreams, un trip étrange au paysdu vaudou et de l’electro avecdes voix en créole haïtien quiinvoque les dieux. Électriquementenvoûtant !Sandrine Teixido1999 : le Yougoslave Suba, quia bien bourlingué, s’est installédepuis quelque temps à SãoPaulo. Féru d’érudition musicale,il cherche à connaître larichesse de la musique traditionnellebrésilienne. Dans sonstudio, il expérimente. LeBrésil, longtemps pionnier desmétissages rythmiques, patineun peu dans une techno lourdeou une drum’n’bass importée.Suba rafraîchit l’atmosphèrepar une proposition que l’onattendait secrètement : unebossa electro raffinée et subtile,prometteuse et innovante.Électriquement brazuca !S. T.En 1983, le Français HectorZazou — qui aime mélangermusique africaine et harmoniesclassiques — rassemble leCongolais Bony Bikaye et leduo CY1. L’album ne fonctionnepas selon le principe dusample, il est construit par troisentités distinctes. La voix et leswing de Bony Bikaye sontorchestrés par Hector Zazou etbidouillés par deux ingénieursfous. Si cet album peut êtrerangé dans la catégorie worldelectro, c’est dans le sens qu’ilest issu d’une vraie rencontreentre les machines, les mélodiesoccidentales et les rythmescongolais. Électriquementhybride !S. T.À boire et à manger dans ce cataloguestambouliote, à cheval entre la “greatblack music” américaine, les musiquesélectroniques et différents folklorestraditionnels turcs. Il faut aller à la pêcheet trier., Pour s’initier en douceur, une compilation d’abord : “Est2West”(Global departures from Istanbul, flight 001/DB 16). Tracklistingmalin et accrocheur., P remier prix toute catégorie : M e rcan Dede, la locomotive du label.En l’espace d’une poignée d’albums — dont “ S e y a h a t n a m e ” (DB 12) et“ N a r ” (DB 15), le caïd de la sufi-electronica s’est fait un nom et unesérieuse cote. Mystique, caustique, atypique. Un modèle de cro s s o v e r., Toujours dans la catégorie “premiers de la classe” : le collectif WaxPoetic (“ Wax Poetic”, DB 2), réunion new-yorkaise d’un combo jazzluxueux (celui du saxophoniste Ilhan Ersahin, avec E.Henderson,K.Rozenwinkel, N.Jones) et du fameux DJ égyptien Mutamassik.Un peu daté mais terriblement efficace., Le même Ilhan Ersahin propose une évadée élégante et provocantedans “ Wo n d e r l a n d ” (DB 17), fusion digitale ou darbouka, sampler,saz, boite à rythmes et voix mutantes cohabitent avec intelligence., On aime le “ G roove alla turc a ” (DB 4) de Burhan Öçal & JamaaladeenTacuma. Leur recette ? Free funk de Philadelphie et turkish beatsà la sauce ottomane. Quatre titres avec la belle Natacha Atlas., Idem pour Baba Zula & Mad Professor (“Psychebelly dance music”,DB 19), deuxième opus du groupe culte (après “Üç oyundan onyedim ü z i k ”, DB 7), où leur folk un brin psyché se voit malmener parl’enfant terrible du dub expérimental., Moins pertinents mais néanmoins piquants : le groupe Laço Tayfa(“Hicaz dolap”, DB 18), dirigé par le clarinettiste Husnu Senlendirici,jazz vintage à la Stanley Clarke et mélodies tzigano-arabisantes ; le“Bosporus Bridge” (DB 13) de la formation allemande Orientation., Plus anecdotiques, enfin : le hip hop hypnotique de Sultana (“ C e r k e zk i z i ”, DB 10), qui vit à Los Angeles, et celui très militant d’Aziza A(“Kendi dünyam”, DB 14), installée à Berlin. À découvrir, par curiosité., Pour le Craigh Harris & The Nation of Imagination (“ I s t a n b u l ”, DB 1) etle Brooklyn Funk Essentials feat. Laço Tayfa (“In the buzzbag”, DB 3),albums fondateurs de l’esthétique Doublemoon. Patience, Night &Day devrait les sortir sous peu.Jonathan Duclos-Arkilovitch


MMP005 22/11/03 19:07 Page 4444 MondotekLes “Coups de cœur” musiques dumonde de l’Académie Charles Cros1Créée en 1947, l’Académie Charles Cros( w w w. c h a r l e s c r o s.org) est composée d’unecinquantaine d’experts (compositeurs,c r i t i q u e s, p r o d u c t e u r s, p r o g r a m m a t e u r s … ) .U ncollectif de compétences mises bénévolementau service de la musique et de l’enregistrementsonore qui a décidé, à côté de son palmarèsa n n u e l , d’établir sur des bases thématiques( c h a n s o n , musiques actuelles, c l a s s i q u e, o p é r a ,c o n t e m p o r a i n , musiques du monde, e n f a n t s,j a z z , parole enregistrée, e t c.) des sélectionsannuelles appelées “Coups de cœur”. L apremière cérémonie des “Coups de cœurmusiques du monde” vient de se dérouler dansle cadre du festival “Les Suds à A r l e s ” .L’occasion de récompenser quinze aventuresartistiques à travers des albums dont certainsont déjà été signalés par “<strong>Mondomix</strong> Papier”.1 • Chœurs royaux du Bénin Fon-Gbéd’Abomey(Collection Prophet Philips/Universal)Ce disque a été l’occasion de re n d re un hommageà Charles Duvelle, fondateur du label Ocora (cf. leportrait de Charles Duvelle dans notre n°3 page 7).2 • Wendo KolosoyAmba(Marabi/Mélodie)En 1948, avec M a r i e - L o u i s e, Antoine Kolosoy aliasWendo signe un des premiers tubes panafricains. Dèslors, cet ex-boxeur devient une figure essentielle dela musique congolaise à la tête de son orc h e s t reVictoria Kin. Durant le régime de Mobutu, ne voulantpas avoir à chanter les louanges de l’homme à latoque de léopard, Wendo se tait. Il faut attendre 1997et la chute du dictateur pour le voir réapparaître re p renantles choses où il les avait laissées. Nonchalancetranquille, swing moelleux, voix de miel, guitaresobsédantes, lignes de basse ouvragées, avec lui larumba s’exprime comme elle se faisait jadis. Unemusique nourrie d’éléments ancestraux bantous, demélodies populaires urbanisées, d’influences cubaines e tfrançaises. Une musique pleine d’humanité, de sensualité,à laquelle il apporte de singulières inflexionscomme ces yodels à la manière des hillbillies appalachiens.Ce disque a été le prétexte au second hommagede l’Académie rendu au père de la Rumbacongolaise.3 • Taos AmroucheChants berbères de Kabylie (quatre CDs)(Empreinte Digitale)Cf. chronique du disque dans <strong>Mondomix</strong> Papier n ° 1page 30.234564 • Musique des Touaregs (Niger)Vol. 1 : Azawagh / Vol. 2 : In Gall(AIMP VDE-Gallo)Ces enre g i s t rements échelonnés entre 1971 et 1998sont dus à François Borel et Ernst Lichtenhahn. Aumenu, divers répert o i res : des musiques de femmes,avec des pièces à la vièle imzad ; des séances chantées,dédiées aux génies pour chasser la maladie ducorps d’un membre de la communauté, accompagnéesau tambour tindé ; des jeux vocaux d’enfants ; des voixd’hommes sur des re g i s t res poétique ou épique ; descompositions récentes inspirées par les événementsdes vingt dern i è res années dans lesquelles le chant sefait revendicatif. Et, en prime, un livret exemplaire .5 • Les maqam rituels des Yarsan(Kurdistan iranien)(quatre CDs inédits)(Naïve/Auvidis)Ali Akbar Moradi (chant et luth tanbur) réalise en quatredisques le tour des soixante-douze maqams rituels desYarsan du sud du Kurdistan iranien. Si le yarsanismeest un courant religieux datant d’une dizaine de siècles,il se veut sans attachement à l’Islam. Par là, cesmaqams ne désignent pas exactement la même choseque dans les traditions arabes, turques ou persanes.Dans cette musique, n’utilisant qu’une seule échellemodale, les motifs mélodiques correspondent chacunà un sentiment ou une émotion. Ainsi distingue-t-ondes maqams de la parole, chantés sur des poèmes composés,des maqams de réunion, pro p res aux épopées,des maqams qui expriment les plaisirs et l’amour, etpeuvent être dansés. Les revenus de ces enre g i s t rementsfondamentaux étant affectés à la constru c t i o nd’une école de tanbur dans la région de Guran.6 • Mohammed AmânLa tradition du Hejâz (Arabie Saoudite)(Ocora)A cappella ou s’accompagnant à l’oud, MohammedAmân (voix puissante exercée aux subtils mélismes)est le dernier héritier du style hijâzî (de hijâz, “la barri è re”, en référence à la chaîne de montagnes parallèleà la mer Rouge), si caractéristique avec ses préludesvocaux, son système modal, ses formes ry t h m i q u e s .L’ex-muezzin de la mosquée du Noble Sanctuaire dela Pierre Noire travaille aujourd’hui à la télévision deson pays. Dans cet enre g i s t rement, il est accompagnépar le violon, la cithare quanun, les timbales mas’ounagrazân, la darbouka et le târ. Son répert o i re court dela poésie courtoise à des poèmes contemporains. Undisque précieux pour découvrir un art, chaînon essentieldans l’histoire de la musique arabe, marqué parles influences de la Syrie, de l’Égypte ou du Yémen,et qui, en re t o u r, les a notablement influencés.


MMP005 22/11/03 19:07 Page 457 • Association La TalveraFagem ribota(La Ta l v e r a - C o rdae, “Mémoires sonore s ” / L’ A u t re Distribution)Avec l’équipe du Groupement d’ethnomusicologie enMidi-Pyrénées, Daniel Loddo, ne cesse de cherc h e r,collecter, inventer un prolongement aux traditions del’Albigeois, du Rouergue, du Quercy, du Lauragais…et aussi d’interpréter, de jouer pour un plaisir collectif.C’est ainsi qu’on découvrira tout un enviro n n e m e n tétonnant grâce à la collection “Mémoires sonore s ” .Une histoire faite des petits et des grands sons de t o u sles jours : imitations d’oiseaux, sifflements, mimologies,comptines et formulettes, danses et chansons. Le toutbasé sur un sens de l’écoute, un savoir-faire de gensqui vivent avec la nature au point de dialoguer avecelle autant qu’avec les hommes. C’est ce travail patrimonialqu’a voulu récompenser l’Académie à traversce disque plein de sucs.8 • Françoise Atlan et l’OrchestreArabo-Andalou de FèsAndalussyat(Buda Musique)789Mondotek 45En 1990, à l’initiative de Laurent Audemard, se créeune formation orchestrale autour des hautbois traditionnels(instruments à anches doubles) joués enLanguedoc, mais aussi dans les pays du bassin médite rranéen. Ainsi, au fil des ans, a-t-elle intégré lejoueur de ténora catalan, Jordi Figaro, le joueur de piffe ro italien Stefano Valla, le joueur de taragot ro u m a i nD u m i t ru Dobrican, le clarinettiste d’Epire, Lambro sKaraferis. Autant d’aventures acoustiques ponctuéespar de lumineux albums : “Pendant que tu attends lesoleil” (1990), “Entre tarentelle et Sardane” (1993),“ P o rt d’attache” (1996), “Serpent d’étoiles” (1997),“Le grand troupeau” (2000), “Négriz”. Une autredimension d’Une Anche Passe étant l’interprétationde grands devanciers qui ont célébré les musiques traditionnelleset y ont puisé leur inspiration à l’instarde Manuel de Falla, Belá Bartók, Nino Rota, LluisLlach ou, plus près de nous, Georges Brassens.11 • Faiz Ali FaizLa nouvelle voix du quawwali(World Village/Harmonia Mundi)Lire chronique dans <strong>Mondomix</strong> Papier n°3 page 30.12 • Gjallarhorn (Finlande)Grimborg(Ab Vindanga Music VDM/L’Autre Distribution)Lire chronique dans <strong>Mondomix</strong> Papier n°1 page 34.13 • La musique selon Deben BhattacharyaB.O du film de Stéphane Jourdain(Frémeaux & associés/Night & Day)Lire chronique dans <strong>Mondomix</strong> Papier n°3 page 31.9 • Giovanna MariniMusiche di Scena / Si Bemolle / Cantata per PierPaolo Pasoli/ Cantata del secolo breve (quatre CDs)(Orchêstra International)Luthiste classique, Giovanna Marini découvre dans lesannées 1960 la transmission orale de l’histoire par lechant grâce à son ami, le cinéaste Pier Paolo Pasolini.Elle parcoura alors son pays pour effectuer des collectages.Juxtaposant des chants à des ballades de sacomposition, mêlant musique savante et musiquepaysanne, elle assumera dès lors une carrière uniquee n t re l’art et la vie, entre poétique et politique. Ellese consacra par la suite à enseigner ses découvertes.Cette édition française met à disposition ses musiquesde scène tant pour le théâtre classique qu’expérimental,et trois de ses plus célèbres cantates (S ibémol, Pour Pier Paolo Pasolini, Cantate du sièclec o u rt). À cette occasion, l’Académie a tenu à évoquerla disparition le 10 mai 2003 de Pierre Guyoux, fondateurdu catalogue Orchêstra International.10 • Une Anche PasseNégriz(Buda Musique)1 01 11 21 3Né à Bénarès en 1921, Deben Bhattacharya nous aquitté à Paris le 23 juillet 2001. Une vie qui l’auraconduit sur les routes du monde, faisant de lui unpionnier en matière de collectage (on lui doit huitcents heures d’enregistrements). Ainsi, au milieu desannées 1950, il est l’un des premiers à recueillir lamusique tsigane aux Saintes-Marie-de-la-Mer. Commedix ans après la création d’Israël, il ira recueillir lesmusiques des communautés qui arrivent d’Europe oud’Orient ou encore, en pleine Guerre froide, celles demaintes régions d’Europe de l’Est. Dans son film, réalisépour Mezzo, Stéphane Jourdain a rendu justice àce passeur d’exception tout autant musicologue quepoète. Le label Frémeaux & associés a décidé pour sapart de rééditer les enregistrements de ce globe-trotterpassionné des autres.14 • DVD “Samba ”par YvesBillon(Les Films duVillage/Sony MusicVidéo)Née dans les favelas de Riode Janeiro il y a un siècle,la samba est tout un art dev i v re, l’étendard sonore d’unesociété métissée, une mystiquepopulaire avec sesfoyers historiques. Il y a Riode Janeiro, la matrice durythme et son conserv a t o i re (film 1), Salvador de Bahia,“la petite Afrique” (film 2), Recife (film 3), Sao Luis duMaranho, “la Jamaïque brésilienne” (film 4) ou l’immenseSao Paulo (film 5) où la samba s’acoquine au rap. Unpassionnant parcours de quatre heures vingt au vif des carnavals,des rues, des quartiers avec quelques illustre sguides comme Caetano Veloso, Gilberto Gil, MariaBethania, Vinicius de Moraes.Texte / Coordination : Frank Tenaille.Experts associés : Laurent Aubert, Etienne Bours, Luigi Elongi,Francis Gay, Rabah Mezouane.


MMP005 22/11/03 19:07 Page 46<strong>Mondomix</strong> Papier remercietous les lieux qui ont bien voulu accueillir le magazinedans leurs murs, particulièrement lesdisquaires indépendants et tous les magasinsHarmonia Mundi, les espaces culturels Leclerc,les Cultura pour leur ouverture d’esprit etleur participation active à la diffusiondes musiques du monde.Vous pouvez trouver <strong>Mondomix</strong> Papier chezdes disquaires, dans les salles de concerts,bars, médiathèques et lieux spécialisésmusique du monde à travers un réseau departenaires et dans les médiathèques de lacommunauté française de Belgique.Pour connaître nos lieux de dépôts :tél. 01 43 67 02 00.Pour connaître les dates de concerts,contactez nos partenairessur les villes de :Paris — Lylo (01 42 09 65 02),B o rdeaux — Clubs & Concerts (05 56 52 09 95),Rennes — La Griffe (02 23 30 04 44),Toulouse — Let’s Motiv (05 61 14 03 28),Lyon — O’Range Tour (06 63 18 19 91),Marseille — Watt News (04 91 64 79 90)Montpellier — Coca’ Zine (04 67 06 95 83).Pour recevoir chez vous<strong>Mondomix</strong> PapierAbonnez-vous à prix coûtantau prix du postage.Adressez-nous dans une enveloppetimbrée votre adresse sur papier libreplus un chèque de 20 €pour 11 numéros(à l’ordre de “ABC S.A.R.L.”).Expédiez le tout à :ABC S.A.R.L.183/189 avenue de Choisy75013 Paris.N°5 - octobre 2003 - Gratuit• Rédaction :3 rue Basfroi — 75011 Paris.Tél. : 01 43 67 02 00Fax : 01 43 67 02 40e-mail : papier@mondomix.com• Édité par ABC S.A.R.L. et<strong>Mondomix</strong> Média S.A.R.L.• Directeur de la publication :Marc Benaïche.e-mail : marc@mondomix.com• Rédacteur en chef :Philippe Krümm.e-mail : pkrumm@mondomix.com• Rédacteur en chef adjoint :Benjamin MiNiMuM.e-mail : benjamin@mondomix.com• Ont collaboré à ce numéro :Paul Barnen, Laurent Benhamou, Nicolas Bleas, Philippe Bordier,Philippe Bourdin, Étienne Bours, Aurélie Boutet, J e a n - P i e re Bru n e a u ,Arnaud Cabanne, les CosmoDJs (DJ Tibor et Big Buddha), Pierre Cuny,Jacques Denis, Dominique Dreyfus, Jonathan Duclos-Arkilovitch,Jean-Jacques Dufayet, Blaise Goldenstein, Henri Lecomte, Hélène Lee,Marushka, Jean-Louis Mingalon, Sami Sadak, Squaaly,Sandrine Teixido, Frank Tenaille, Jean-François Vrod.• Photographe :Bill Akwa Betote.• Direction artistique :Tania Latchman.e-mail : tania@mondomix.com• Secrétaire de rédaction :François Guibert.e-mail : guibert@mondomix.com• Publicité et partenariats musique :Antoine RiolletTél. : 01 55 80 20 36 — Fax : 01 55 80 20 53e-mail : a.riollet@laroquette.comSite : www.laroquette.com• Publicité instruments de musique :ABC communicationMaurice BruneauTél. : 01 64 95 09 99 — Mobile : 06 14 64 51 38• Impression :Assistance Printing.• Dépôt légal :à parution.Toute re p roduction, représentation, traduction ou adaptation, intégrale oup a rtielle, quel qu’en soit le procédé, le support ou le média, est strictementi n t e rdite sans l’autorisation de la société ABC S.A.R.L.• N° d’ISSN :1639-8726Copyright ABC / <strong>Mondomix</strong> Média 2003.<strong>Mondomix</strong> Papier, gratuit.


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