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Ars Electronica 2008 - Dominique Moulon

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art médias 343- Julius von Bismarck,“Image Fulgurator”,2007-<strong>2008</strong>(photographie).4- Chris Lavis etMaciek Szczerbowski,“Madame Tutli-Putli”,2007 (film d’animation).5- HeHe, “Smoking Lamp”,2005 (installationinteractive).6- Du Zhenjun, “GlobeFire”, 2007 (installationvidéo interactive).7- Mark Formaneket Datenstrudel,“Standard Time”, 2007(installation vidéo).modifiées, c’est le réel qui subit d’imperceptibles“augmentations”.Tout festival d’art numérique se doit aussi de projeterquelques films d’animation, comme Madame Tutli-Putli, de Chris Lavis et Maciek Szczerbowski. Un courtmétrage produit par l’Office national du film duCanada et réalisé image par image, dans la plus puretradition du cinéma d’animation, à un détail près : lesyeux de Madame Tutli-Putli ont été empruntés à unevéritable actrice. Et ce sont ces quelques pixelsd’incrustation qui changent tout, humanisant lesacteurs virtuels de ce film. Le résultat de cettehybridation est saisissant.Fumées et flammesUn prix récompensant les œuvres d’art hybride a étécréé l’an passé et c’est un projet dans sa globalité qu’ilrécompense cette année : Pollstream, initié en 2002par le collectif HeHe basé à Paris. Helen Evans etHeiko Hansen sont tous les deux fascinés par lesnuages, “tant pour leurs mouvements que pour leursformes indéfinies”, mais c’est autour des nuages généréspar les hommes que leurs recherches s’articulent :Smoking Lamp (2005), n’est autre qu’une lampequi scintille et crépite lorsqu’elle perçoit la fuméed’une cigarette. Ainsi, cette sculpture hautementparticipative transforme en espace fumeur la piècedans laquelle on l’installe. On fume donc à l’intérieurde l’OK Centrum, mais combien de musées ont refusécette pièce ? Champs d’Ozone (2007) est une vitre“augmentée” qui permet aux visiteurs de l’exposition“Airs de Paris” du Centre Pompidou de visualiser enfinla qualité de l’air de la capitale puisqu’elle se coloreselon les codes visuels d’Airparif dont les capteurs sesituent, notamment, dans le quartier des Halles. ToyEmission, réalisée la même année, est une performanceau cours de laquelle les deux artistes téléguident unePorsche miniature dégageant des fumigènes colorésdans les rues de Manhattan, sous les yeux des passantsdont les réactions sont aussi immédiates que multiples.Enfin, en <strong>2008</strong>, le collectif HeHe parvient à réaliserNuage Vert, qui consiste à “redessiner”, à l’aide d’unrayon laser, les contours du nuage de vapeur d’eausortant de l’imposante cheminée d’une centralethermique d’Helsinki. Et les habitants du quartier,durant l’opération “unplug” qui se déroulait le29 février dernier, ont vu grandir ce nuage vert au furet à mesure qu’ils économisaient l’énergie dans leurshabitations.Il n’est pas rare, à <strong>Ars</strong> <strong>Electronica</strong>, que les installationssoient présentées au travers de documents vidéo,souvent parce qu’elles sont trop volumineuses. C’est lecas de Globe Fire, de Du Zhenjun, artiste chinois vivanten France. Il s’agit d’un dôme de huit mètres de hautéquipé d’une douzaine de capteurs de chaleur,auxquels correspondent autant de geysers de gazdans l’image vidéo recouvrant l’intégralité de cettearchitecture de l’éphémère. Le public est invité à lestransformer en autant de flammes virtuelles à l’aidede briquets réels qui les accompagnent de l’autre côtéde l’image. Une multitude de drapeaux s’enflammentalors, mais il faut impérativement être douze pour quele feu envahisse la totalité du dôme et qu’une explosionne laisse la place à des fumées dont la densitépourrait évoquer quelques cieux orageux peints parLe Greco ou quelques représentations de colèresdivines dans la peinture occidentale. Il convient doncde s’y mettre tous ensemble pour générer un événementà même de souffler la totalité des drapeaux du mondequi, trop souvent, ne font que catalyser haines etrancœurs. Notons enfin que cette installation existeaussi dans une version “politiquement correcte”, sansdrapeaux, et qu’elle a été exposée durant le festivaleArts 2007 de Shanghai.[ 124 ] IMAGES magazine n ° 15 31


5 6 7Une esthétique du Low TechUne œuvre vidéo affiche l’heure à l’entrée de l’OKCentrum et c’est bien là sa seule utilité. StandardTime, de Mark Formanek et Datenstrudel, a pourtantmobilisé pendant vingt-quatre heures l’énergie desoixante-dix travailleurs qui ont manipulé, “en tempsréel”, les quelques planches de bois qui composaientalors une horloge digitale. On peut se demandercombien a coûté cette performance transformée enhorloge low-tech qui fait le tour des festivals d’artnumérique, à l’heure où le coût d’une pendule àaffichage digital ne dépasse pas les quelques euros. Ilest cependant intéressant de remarquer que le numérique,ici, n’est autre que le sujet de la représentation,ce que certains ne manqueront pas d’interprétercomme la fin des pratiques artistiques qui lui sontassociées.Au-dessus de Standard Time, une rambarde permet àl’artiste allemand Markus Kison de placer le public del’OK Centrum dans la situation des spectateurs deTouched Echo, installée à Dresde au même moment.Un pictogramme nous conseille de nous boucher lesoreilles avec les mains et de poser nos coudes sur larambarde. Deux conditions sont donc nécessaires àl’écoute, à travers nos os, du son de moteurs d’avionssimilaires à ceux qui annonçaient les terriblesbombardements de la ville de Dresde à la fin de ladeuxième guerre mondiale. Notre position, similaire àcelle des spectateurs de Dresde, ne peut que nousévoquer celle des habitants et autres réfugiés effrayésne supportant plus le bruit des B-25 en ces journéesdésormais historiques des 13 et 14 février 1945 aucours desquelles un tiers de la ville fut détruit par lesforces alliées, sans pour autant que les motivationsde ce que l’on peut qualifier d’acharnement, à cettepériode où la guerre tirait à sa fin, soient d’une grandeclarté.Un ars Off ?Il est, à chaque édition, quelques événements quiviennent se raccrocher au festival sans que l’on puissevéritablement parler de Off. C’est ainsi que le galeristeDanois Peet Thomsen a décidé cette année d’ouvrirtemporairement une galerie sur Marienstrasse. LaBlack Box Gallery y expose notamment quelquesœuvres de la série Rabbit Remix, d’Eduardo Kac qui, en1999 - bien avant la création du Golden Nica en Arthybride - avait installé un dispositif transgéniqueintitulé Genesis à l’OK Centrum. Mais ce n’est qu’en2000 que le projet GFP Bunny, dont l’artiste nousindique qu’il “englobait la création d’un lapin vertfluorescent, le débat public suscité par le projet etl’intégration sociale du lapin”, initie la série RabbitRemix. On se souvient de la vitesse avec laquelle tousles médias de l’époque s’étaient emparés de la lapinealbinos que les rayons de lumière bleue rendaientluminescente suite à des manipulations génétiquesincluant l’usage d’une protéine fluorescente verteprovenant de méduses Aequorea Victoria vivant dansle Nord-Ouest du Pacifique. Alba, la lapine verte, bienqu’elle ne soit jamais sortie des laboratoires del’Institut national de recherche agronomique, a depuisfait le tour du monde en images. Plus fluorescente quejamais, elle est encore très présente sur l’Internet.Quant à Eduardo Kac, après avoir milité en compagniede son ami Louis Bec pour la libération de l’animal, ilcontinue de questionner les rapports que nous entretenonsavec le vivant en prolongeant la vie artificiellede GFP Bunny au sein d’une série d’actions symboliques.Parmi elles il a réalisé, en 2006, deux sculptures :la première est la représentation tridimensionnelle del’unique photographie de l’artiste portant sa lapinedans les bras, la deuxième prend les allures d’uneplaque de rue sur laquelle on peut lire : BoulevardAlba - Hommage de la France à la lapine verte, enWeb• <strong>Ars</strong> <strong>Electronica</strong> :aec.at• Evelina Domnitch& Dmitry Gelfand :portablepalace.com• Yann Marussich :yannmarussich.ch• Julius vonBismarck : juliusvonbismarck.com• National FilmBoard ofCanada : nfb.ca• HeHe :hehe.org.free.fr• Du Zhenjun :duzhenjun.com• Datenstrudel :datenstrudel.de• Markus Kison :markuskison.de• Eduardo Kac :ekac.org• European SoundDelta :sound-delta.eu


8 9108- Markus Kison, “TouchedEcho”, 2007-<strong>2008</strong>(installation sonore).9- Eduardo Kac,“Featherless”, 2006(sculpture).10-“European SoundDelta”, <strong>2008</strong> (projetradiophonique).reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à ladéfense du droit des nouveaux êtres vivants.Notons enfin l’amarrage, à quelques pas duBrucknerhaus où se déroule l’<strong>Ars</strong> <strong>Electronica</strong> Gala, dela péniche Ange Gabriel, faisant partie du vaste projetEuropean Sound Delta coorganisé par les Français ducollectif MU. Le bateau est en train de remonterle Danube pour rejoindre, à Strasbourg, un second“studio flottant”, Le Gavroche, navigant sur le Rhin.Une trentaine d’artistes dont les recherchess’articulent autour des pratiques soniques et autrescaptations radiophoniques se sont embarqués pourdonner, tout au long de leurs parcours, des performancescomme celle de Linz, au cours de laquelleEwen Chardronnet, Aljosa Abrahamsberg, HoriaCosmin Samoïla et Joachim Montessuis contrôlent etdiffusent des flux sonores provenant de multipleshorizons. L’imaginaire du Français Ewen Chardronnetest très nettement inspiré par la conquête spatiale,tandis que le Slovène Aljosa Abrahamsberg interceptetoutes les ondes radiophoniques qui passent à saportée. Le Roumain Horia Cosmin Samoïla scrute laionosphère à l’aide d’une antenne VLF (very lowfrequency) et un autre Français, Joachim Montessuis,sculpte littéralement les sons de sa voix, de ses cris, enmanipulant énergiquement un instrument qu’il adéveloppé en collaboration avec le V2 Institute deRotterdam.C’est ainsi qu’avec des projets comme ce dernier,une Europe culturelle, lentement, se construit. Larenommée internationale du festival <strong>Ars</strong> <strong>Electronica</strong> ad’ailleurs indiscutablement joué un rôle dans le choixde Linz comme capitale européenne de la culturepour 2009. Preuve que les arts numériques sontaujourd’hui autant d’enjeux politiques à la mesure devilles ou d’Etats. Le statut des pratiques artistiquesémergentes, trop souvent ignoré, serait-il en traind’évoluer ?<strong>Dominique</strong> <strong>Moulon</strong>ÉvénementsNouveaux médiasIn-OutLe temps fort de la seconde édition d’In-Outse tiendra début décembre. Organisé parl’association de laboratoires des universitésParis 1 et Paris 8 intitulé CiTu, l’événementregroupera les créations interconnectées enréseau d’artistes et de chercheurs installéesdans des lieux culturels à Issy-les-Moulineaux,Montreuil, Nancy, Paris et Poitiers.In-Out - Du 01/12 au 06/12/08 - www.citu.info.Still MovingStill Moving, de Maurice Benayoun, serainstallée au Grand Palais à l’occasion del’exposition “Ville européenne des sciences”,avant d’être accueillie par le Générateur, àGentilly. Cetteinstallation faitpartie de la sérieLa mécanique desémotions, quis’articule autourde la représentation des émotions de laplanète que l’artiste “capte” sur Internet.Les 14/11 au 16/11/08 au Grand PalaisDu 20/11 au 20/12/08 au Générateurwww.benayoun.com.Ghost WalkL’exposition “Ghost Walk” de Reynald Drouhinse tiendra à la galerie parisienne NumeriscausaElle regroupera photographieset installations s’articulantautour des notions commele monochrome et le réseauou la vision fantomatiqueet l’espace urbain.Ghost Walk - Du 14/11/08 au14/01/09 - numeriscausa.com.Arts NumériquesAnne-Cécile Worms, présidente de Musiques& Cultures Digitales, s’est associée à M21Editions pour publier un livre consacré auxarts numériques. Ce dernier est organiséen trois parties : une vingtaine de textesthéoriques ; l’univers visuel d’une centained’artistes ; une liste commentée des lieuxde diffusion, festivals et sites Internet.Arts Numériques, M21 Editions,Anne-Cécile Worms, 330 pages, 29 euros.www.m21editions.com.Life ExtremeLe Guide illustré des nouvelles formes de vieest issu d’une collaboration entre l’artiste“transgénique” Eduardo Kac et la philosopheaméricaine Avital Ronell. Les photographiesde plantes comme la pastèque cubique etd’animaux comme la brebis Dolly y sontassociées à de courts textes. De cette“hybridation” mêlant nature, scienceet pensée naît une réelle poésie.Life Extreme, Eduardo Kac et Avital Ronell,éditions Dis voir, 130 pages, 29 euros.www.disvoir.com.

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