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EXPOSITIONS - Musée d'art moderne de Saint-Etienne

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communiqué<strong>EXPOSITIONS</strong>14 octobre – 5 février 2012DOSSIER DE PRESSEAlicia Treppoz-Vielle, a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr, +33 (0)4 77 91 60 40


communiquéAlicia Treppoz-Vielle, a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr, +33 (0)4 77 91 60 40


14 OCTOBRE 2011 > 19 AOUT 2012MONUMENTAL ?NOUVEL ACCROCHAGE DE LA COLLECTIONcommuniquéOctobre 201114 OCTOBRE 2011 > 5 FEVRIER 2012BERTRAND LAVIERCe vendredi 14 octobre 2011, démarre le <strong>de</strong>uxième volet <strong>de</strong> la programmation d’automne du Muséed’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole avec une installation créée in situ par Bertrand Lavier etun nouvel accrochage <strong>de</strong> la collection intitulé Monumental ?. Jusqu’au 20 novembre se poursuiventégalement les expositions Lee Bae, Damien Cabanes, Pizzi Cannella et Local Line 8BERTRAND LAVIERComposition en quatre couleurs, détail, 2011 ;création in situ dans la salle centralePour Bertrand Lavier (né en 1949 à Châtillon-sur-Seine), bâtir une œuvre contemporaine, c’est poserun regard singulier sur la réalité. Puis par <strong>de</strong>sgestes minimes, banals, c’est la détourner, ladémontrer par l’absur<strong>de</strong>, faire <strong>de</strong>s rapprochementsinattendus et en faire surgir <strong>de</strong>s instants poétiques.À ses débuts dans les années 1970, alors que l’arttraverse quelques turbulences dues à une remise enquestion <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments artistiques, il s’agit pourl’artiste d’engager une critique <strong>de</strong> l’art conceptueltriomphant à cette époque. Les conceptuelsmontrent l’égalité entre les mots et les choses,Bertrand Lavier tente d’en souligner leur séparation,leurs différences. Sa principale préoccupation est <strong>de</strong>remettre en cause <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités reconnues etnotamment les i<strong>de</strong>ntités langagières <strong>de</strong>s choses. Ilinstalle le spectateur face à <strong>de</strong>s dilemmes, à <strong>de</strong>s questions qui restent parfois en suspens. Il en esttoujours ainsi chez cet artiste qui se saisit d’un objet, en modifiant les co<strong>de</strong>s et les repères qui obligentle spectateur à découvrir <strong>de</strong> « nouveaux pouvoirs <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> transformation aux choses. »La Composition en quatre couleurs, détail, créée par l’artiste pour la salle centrale du Musée d’ArtMo<strong>de</strong>rne, se trouve réalisée dans un contexte familier, celui du sport. Elle résulte du recadrage <strong>de</strong>smotifs d’un terrain <strong>de</strong> sport. Sur un socle <strong>de</strong> 40 cm <strong>de</strong> haut et d’une surface <strong>de</strong> 225 m 2 , ce fragment<strong>de</strong> formes cernées <strong>de</strong> lignes, cadré d’une certaine manière, <strong>de</strong>vient une peinture au sol, monumentaleet géométrique, dont la parenté formelle rappelle l’esthétique mo<strong>de</strong>rniste <strong>de</strong> la peinture abstraite. Ellepeut aussi évoquer une sculpture plate. La question d’échelle se pose au moment <strong>de</strong> la présentation<strong>de</strong> l’œuvre et <strong>de</strong> son exposition. Bertrand Lavier répond : « Je vais voir l’espace qu’on m’offre. Je netravaille pas sur l’espace, mais il est important. Je définis un propos bien précis que je veux mettre enscène. À partir <strong>de</strong> là, je <strong>de</strong>ssine mon exposition en maquette ou en croquis perspectifs. »MONUMENTAL ?Nouvel accrochage <strong>de</strong> la collectionA travers un accrochage <strong>de</strong> longue durée(jusqu’en août 2012), le Musée d’Art Mo<strong>de</strong>rne<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole poursuit lavalorisation <strong>de</strong> son fonds exceptionneld’œuvres d’art <strong>de</strong>s XX ème et XXI ème siècles.Cette présentation, à l’instar <strong>de</strong> Perspectivescontemporaines (septembre 2010) etCatalogue (mai 2011) s’articule autour d’unethématique afin d’offrir aux visiteurs une visiontransversale et renouvelée <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>l’art.Alicia Treppoz-Vielle, a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr, +33 (0)4 77 91 60 40


dossier <strong>de</strong> presseMusée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole, BP 80241, 42006 <strong>Saint</strong>-Étienne ce<strong>de</strong>x 1, www.mam-st-etienne.fr, 04 77 79 52 52La monumentalité est étymologiquement liée aux notions <strong>de</strong> souvenir, <strong>de</strong> mémoire, d'édification etplus largement à celles <strong>de</strong> masse, d'éternité, <strong>de</strong> stabilité physique et morale. On a souvent dit que lamo<strong>de</strong>rnité avait cherché à abattre cette monumentalité, dans son sens classique, renversant lepié<strong>de</strong>stal (intégration du socle à l'œuvre chez Brancusi), faisant éclater l'unicité <strong>de</strong> l'œuvre (par lecollage et l'assemblage notamment), rendant caduques les genres traditionnels <strong>de</strong> la monumentalité(sculpture monumentale, peinture d'histoire). Le monumental perdure pourtant autant qu'il estcombattu ou ignoré, du début du XX ème siècle jusqu'à nos jours. A travers <strong>de</strong>s pièces majeures <strong>de</strong> lacollection, du cubisme aux approches les plus contemporaines, c'est cette problématique que lanouvelle exposition <strong>de</strong>s collections se propose d'abor<strong>de</strong>r.Parmi les œuvres présentées, le visiteur peut découvrir une toile exceptionnelle en France <strong>de</strong> MorrisLouis (Addition IV, 1959), don <strong>de</strong> sa veuve au musée en 2010, mais également certaines piècesphare <strong>de</strong> la collection comme la bibliothèque monumentale <strong>de</strong> Claes Ol<strong>de</strong>nburg et Cossje VanBruggen (From the Entropic Library, 1989) ou les peintures <strong>de</strong> différents courants avant-guerrecomme le cubisme avec Albert Gleize, le purisme avec Amédée Ozenfan et l’abstraction avec WilliBaumeister. Un ensemble cohérent <strong>de</strong> sculptures et peintures d’Erik Dietman trouve sa place auxcôtés d’œuvres <strong>de</strong> Robert Filliou, Anthony Caro, Aurelie Nemours, Robert Morris, Braco Dimitrijevic ouencore Didier Vermeiren.PROGRAMMATION CULTURELLE AUTOMNE 2011Spectacles13 novembre 15 h 30, Mathias Forge & Philippe Fontes, improvisations sonores et vidéo11 décembre 15 h et 16 h 30, Yan Duyvendak, performancesRencontres avec les artistes / Colloque12 octobre 15 h – 17 h, rencontre autour du livre d’artiste dans le cadre <strong>de</strong> la Fête du livre20 octobre, 19 h, rencontre avec Olivier Dutel26 octobre, 15 h – 17 h 30, rencontre avec Bertrand Lavier3 novembre, 19 h, Valère Novarina, lectures10 novembre, 15 h – 17 h 30, rencontre avec Damien Cabanes23 novembre, 19 h, rencontre avec Veit Stratmann10-13 décembre, Colloque Europe Centrale en turbulences, en partenariat avec le Grand LuxTous visiteursVisites guidées, samedi et dimanche, 14 h 30 et 16 hVisites ludiques enfants, 1 er dimanche du mois, 14 h 30 et 16 h, gratuitVisites insolites en famille, mercredi à 14 h 30Soirées au musée, 27 octobre et 22 décembre, 18 h – 21 hVisite LSF, 23 octobre à 15 h 30, gratuitStages vacances enfants, 24 – 25 octobre et 19 – 20 décembreAteliers adultes, 19 novembreRenseignements et réservations : 04 77 79 52 52 ou mam.accueil@agglo-st-etienne.fr► Nouvelles expositions du 10 décembre au 5 février 2012 :Lois et Franziska Weinberger ; Laszlo Feher ; Serse ; jeunes créateurs <strong>de</strong> Roumanie.HorairesHorairesd’ouvertured’ouvertureDu mercredi au lundi <strong>de</strong> 10h à 18h sans interruption. Fermé le mardi.FermetureDu mercredilesau1 er lundijanvier,<strong>de</strong>110h er mai,à1418hjuillet,sans15interruption.août, 1 novembre,Fermé le25mardi.décembre.Fermeture les 1 er janvier, 1 er mai, 14 juillet, 15 août, 1 er novembre, 25 décembre.Visites guidéesVisites Mercredi guidées et samedi à 14h30 ; dimanche et jours fériés à 11h, 14h30 et 16h. Durée 1 heure.Visites Mercredi tous et les samedi jours à 14h30 pendant ; dimanche les vacances et jours scolaires. fériés à 11h, 14h30 et 16h. Durée 1heure. Visites tous les jours à 14h30 pendant les vacances scolaires.TarifsEntrée : 5 € / Tarif réduit : 4 € / Entrée et visite guidée : 6 € / Tarif réduit : 4,50 €GratuitTarifs-12 ans et pour tous le 1 er dimanche du mois.Entrée Programmation : 5 € / Tarif culturelle réduit sur : 4 www.mam-st-etienne.fr € / Entrée visite guidée rubrique : 6 € / agenda. Tarif réduit : 4,50 €Gratuit -12 ans et pour tous le 1 er dimanche du mois.Adresse postale :Adresse La Terrasse postale :La BP Terrasse 8024142006 <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> BP 80241 ce<strong>de</strong>x 142006 <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> ce<strong>de</strong>x 1AdresseAdresseGPSGPSetetitinéraireitinéraire :RueRueFernandFernandLégerLéger4227042270<strong>Saint</strong>-Priest-en-Jarez<strong>Saint</strong>-Priest-en-JarezTél. Tél. +33 +33 (0)4 (0)477 7779 9 52 52 52 52Fax +33 (0)4 77 79 52 50mam@agglo-st-etienne.frwww.mam-st-etienne.frContact presse : Alicia Treppoz-Vielle, +33 (0)4 77 91 60 40,a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr


dossier <strong>de</strong> presseMusée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole, BP 80241, 42006 <strong>Saint</strong>-Étienne ce<strong>de</strong>x 1, www.mam-st-etienne.fr, 04 77 79 52 52Bertrand Lavier est et n’est pas un artiste conceptuelCatherine MilletTexte à paraître dans le catalogue <strong>de</strong> l’exposition, édition Silvana (octobre 2011)J’anticipe ma visite <strong>de</strong> l’exposition : j’imagine que pénétrant dans la salle, mon regard serainévitablement attiré par la puissante luminosité du tableau accroché sur le mur qui me fait face,composé <strong>de</strong> tubes <strong>de</strong> néon <strong>de</strong> diverses couleurs, juxtaposés selon un motif géométrique. Mais ilfaudra très vite en détacher mon regard, ne serait-ce que pour m’en approcher, car la plus gran<strong>de</strong>partie <strong>de</strong> la salle est occupée par une autre composition, couchée au sol celle-ci, sur un socle <strong>de</strong> bois<strong>de</strong> 40 cm <strong>de</strong> haut et <strong>de</strong> 15 mètres <strong>de</strong> côté, qu’il me faudra contourner si je veux pénétrer plus avant,en évitant <strong>de</strong> m’y prendre les pieds. Cette œuvre-ci s’intitule Composition en quatre couleurs, détail.Concentrons-nous sur cette <strong>de</strong>rnière, réalisée spécialement pour cette exposition.Les quatre couleurs très contrastées, jaune, bleu, orange et noir, occupent <strong>de</strong>s zones bien délimitées,ron<strong>de</strong>s ou quadrangulaires, cernées d’une ligne blanche, le tout, zones et contours, découpé dans <strong>de</strong>l’étoffe <strong>de</strong> moquette. Aux amateurs <strong>de</strong> sport, cette composition dira sans doute quelque chose : ils’agit d’un fragment du <strong>de</strong>ssin au sol d’une salle <strong>de</strong> basket ball ; aux connaisseurs <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong>l’artiste, elle rappellera certaines <strong>de</strong> ses œuvres antérieures, telle la déjà ancienne Composition rougeblanche et jaune, détail <strong>de</strong> 1988, réalisée selon le même principe ; tous les autres pourront l’i<strong>de</strong>ntifiercomme une sorte <strong>de</strong> grand tableau abstrait qu’on aurait couché là au sol dans l’attente <strong>de</strong> l’accrocherau mur <strong>de</strong> quelque architecture monumentale, les mieux informés tentés peut-être <strong>de</strong> situer laréférence dans l’abstraction <strong>de</strong>s années d’avant-guerre (du côté d’Herbin ou <strong>de</strong> Servranckx, parexemple). Néanmoins, aucune <strong>de</strong> ces lectures ne suffira à expliquer l’étrange — et imposant — objetqui s’étend au pied <strong>de</strong>s visiteurs, et même ceux qui suivent <strong>de</strong> près l’évolution <strong>de</strong> l’artiste sont en droit<strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi celui-ci a choisi une telle disposition horizontale alors qu’il lui arrive, parailleurs, d’accrocher classiquement au mur bien d’autres « tableaux abstraits » ; qu’on pense auxReliefs-peintures réalisés avec <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s <strong>de</strong> maisons préfabriquées, ou aux reproductions sur toile<strong>de</strong> photos <strong>de</strong> vitrines badigeonnées <strong>de</strong> blanc. C’est en fait que ces œuvres doivent resterproblématiques. Ce n’est pas pour rien que Composition en quatre couleurs, détail se déploie sur unsocle d’une quarantaine <strong>de</strong> centimètres <strong>de</strong> haut : elle flotte entre ce qu’est le marquage réel d’unesalle <strong>de</strong> sport (qu’elle reproduit à échelle 1, ce qui ai<strong>de</strong>ra un peu à mettre sur la voie le visiteurignorant <strong>de</strong>s pratiques sportives) et le statut <strong>de</strong> l’œuvre d’art qu’on soustrait à, ou isole <strong>de</strong> la réalité.Disons qu’en regard d’une <strong>de</strong>s principales problématiques <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> notre temps, celle <strong>de</strong> la frontièreentre l’art et le réel, Lavier se refuse à trancher, ou, plus exactement, il entend maintenir extrêmementsensible le passage <strong>de</strong> cette frontière qui n’est jamais ni facile ni gratuit, qui engage sa responsabilitéet la nôtre. Sa quête est, dans la chambre noire <strong>de</strong> notre faculté <strong>de</strong> jugement, l’infinitésimal momentoù un fragment <strong>de</strong> réalité se révèle être sa représentation, son épiphanie dans le hors-temps duroyaume <strong>de</strong> l’art.Les objets superposés sont parmi les œuvres les plus connues <strong>de</strong> Bertrand Lavier, objets ready-ma<strong>de</strong>qui, posés l’un sur l’autre, par exemple une chaise <strong>de</strong> Verner Panton posée sur un réfrigérateur ArthurMartin, sont immédiatement appréhendés comme une sculpture (la chaise chantournée) sur son socle(l’auguste réfrigérateur). Dans le cas <strong>de</strong> la Composition qui nous occupe, il y a aussi, <strong>de</strong> façon subtile,superposition. Ici, c’est l’image mentale plus ou moins nette du terrain <strong>de</strong> basket, ou du moins l’idéevague d’une surface utilitaire, qui transparaît à travers le tableau abstrait à moins qu’elle ne sesuperpose à lui. Le procédé est semblable à celui qu’engagent les Objets peints, autres réalisationscélèbres <strong>de</strong> l’artiste : <strong>de</strong>vant ou <strong>de</strong>rrière un panneau <strong>de</strong> signalisation routière recouvert d’une épaisseContact presse : Alicia Treppoz-Vielle, +33 (0)4 77 91 60 40,a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr


dossier <strong>de</strong> presseMusée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole, BP 80241, 42006 <strong>Saint</strong>-Étienne ce<strong>de</strong>x 1, www.mam-st-etienne.fr, 04 77 79 52 52couche <strong>de</strong> peinture qui respecte grossièrement la disposition <strong>de</strong> ses couleurs, flotte le signe mémorisépour le bon usage du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la route. Dans un entretien mené à l’occasion <strong>de</strong> la présentation d’une<strong>de</strong> ses œuvres au musée d’Orsay, Bertrand Lavier, qui se souvenait alors <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s enhorticulture, m’avait parlé <strong>de</strong>s champignons qui se développent sur les radicelles <strong>de</strong>s arbres et <strong>de</strong>l’intérêt qu’il portait à cette zone microscopique <strong>de</strong> la greffe où il est bien difficile <strong>de</strong> discerner si l’on aencore affaire à l’arbre ou déjà au champignon. Gageons toutefois que l’amateur <strong>de</strong> champignonss’intéressera d’abord à voir poindre le cryptogame, comme l’amateur d’art sera avant tout sensible àla disposition et au traitement <strong>de</strong>s couleurs et <strong>de</strong>s matières qui transmuent le marquage utilitaire d’unsol en un objet esthétique.Ce parcours sur la ligne <strong>de</strong> crête où se joue le statut <strong>de</strong> l’œuvre d’art place l’ensemble du travail <strong>de</strong>Bertrand Lavier dans une proximité avec celui <strong>de</strong>s artistes conceptuels qui sont ses contemporains.D’autant que, comme eux, il fait volontiers appel aux jeux <strong>de</strong> langage pour démontrer comment celuiciinduit, corrige ou pervertit notre perception visuelle, qu’on songe à Polished, objet exécuté selon<strong>de</strong>s instructions successivement traduites dans différentes langues et subissant les aléas <strong>de</strong> cestraductions, ou au double sens du titre générique « Objets peints ». Surtout, il met au jour et nous faitéprouver avec une vivacité particulière les tensions qui sous-ten<strong>de</strong>nt les mécanismes mêmes <strong>de</strong> lapensée. Ne sommes-nous pas en permanence tiraillés entre plusieurs interprétations <strong>de</strong> la réalité quise présente à nous ? Notre pensée n’est-elle pas faite <strong>de</strong> différentes strates qui se développentsimultanément, se stimulent ou au contraire se freinent l’une l’autre et qu’on appelle arrière-penséesou plus savamment subconscient et inconscient ? Ne sommes-nous pas continuellement obligés <strong>de</strong>nous faire violence pour trancher, choisir, agir en censurant une partie <strong>de</strong> cette pensée ? Et même aucours d’une paisible promena<strong>de</strong> au musée, ne <strong>de</strong>vons-nous pas sans cesse renoncer à lacontemplation <strong>de</strong> tous les reflets du mon<strong>de</strong> déposés à la surface <strong>de</strong>s tableaux, corps nus, regardsfiers, appétissantes natures mortes, pour mieux jouir <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> pinceaux habiles et <strong>de</strong>s couleursharmonieuses dont les artistes les ont, à leur façon, recouverts ?Je ne fais pas cette <strong>de</strong>rnière remarque par hasard. Nous venons <strong>de</strong> repérer <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s opérations quicaractérisent la démarche <strong>de</strong> Bertrand Lavier : la superposition ou le recouvrement qui absorbent lesobjets réels dans leur représentation — la chaise <strong>de</strong> Panton dans une sculpture ayant la mêmesubstance que celle-ci, le panneau <strong>de</strong> signalisation sous la couche <strong>de</strong> peinture, le tracé du parquetsous la moquette —, et l’effet <strong>de</strong> transsubstantiation qui dans les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers exemples y estassocié — la laque du panneau disparaissant sous le gel appliqué irrégulièrement, le bois sous l’épaistissu —. Ajoutons le cadrage, opération par laquelle l’artiste choisit <strong>de</strong> « découper » telle ou tellepartie <strong>de</strong> réalité, comme ce morceau <strong>de</strong> pylône sectionné <strong>de</strong> façon à tout juste tenir entre le sol et leplafond <strong>de</strong> la galerie (Pylône/chat, détail), comme cette Composition en quatre couleurs, détail qui,ainsi que son titre le dit si bien, ne reproduit qu’un fragment du terrain <strong>de</strong> basket, légèrement dévié <strong>de</strong>l’axe par rapport au format carré, et comprenons que ces opérations relèvent <strong>de</strong> la pratique <strong>de</strong> lapeinture : recouvrement d’une surface, transcription d’une réalité matérielle dans une matière autre,adoption d’un point <strong>de</strong> vue spécifique, c’est-à-dire, cadrage (1). Dans le même entretien auquel j’ai faitallusion, l’artiste parlait <strong>de</strong> son « dialogue avec la peinture ».Et c’est bien en raison <strong>de</strong> ce dialogue que Bertrand Lavier, relançant la spéculation théorique sur ladéfinition <strong>de</strong> l’art, telle que l’avait initiée Marcel Duchamp et telle que l’a poursuivi l’art conceptuel,l’inscrit dans la logique propre <strong>de</strong> sa pratique d’artiste plasticien. Ce n’est pas un raisonnementphilosophique qui le gui<strong>de</strong>, c’est une pensée plastique, celle qui veut qu’une image entraîne une autreimage sans autre médiation, qui procè<strong>de</strong> par analogie formelle, active la mémoire visuelle. C’est ainsique les différentes Compositions réalisées à partir <strong>de</strong> terrains <strong>de</strong> sport présentent <strong>de</strong> troublantesContact presse : Alicia Treppoz-Vielle, +33 (0)4 77 91 60 40,a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr


dossier <strong>de</strong> presseMusée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole, BP 80241, 42006 <strong>Saint</strong>-Étienne ce<strong>de</strong>x 1, www.mam-st-etienne.fr, 04 77 79 52 52analogies formelles — tel le motif du cercle sectionné par une ligne transversale — avec certainstableaux <strong>de</strong>s Walt Disney Production, agrandissements <strong>de</strong> tableaux abstraits imaginaires empruntés àl’album Mickey au musée d’art <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>. Par l’inspiration, ces œuvres se situent également dans uneproximité avec <strong>de</strong>s tableaux tels que Donnay n°1, fait d’une table <strong>de</strong> ping-pong repeinte. Quant à laprincipale innovation <strong>de</strong> la présente Composition en quatre couleurs, détail, c’est-à-dire sa surfacepelucheuse (les Compositions antérieures conservaient la surface parquetée <strong>de</strong> leur modèle), elle està mettre en rapport avec la qualité haptique <strong>de</strong>s Objets peints. Toute l’œuvre <strong>de</strong> Bertrand Lavier peutêtre lue, ou relue, selon cette perspective ; je n’ajouterai qu’un seul autre exemple : celui duPylône/chat, détail qui fait écho, huit ans plus tard, à l’objet (un tableau) peint, Lavier/Morellet.Mais la façon dont travaille l’œil <strong>de</strong> l’artiste, allant d’un <strong>de</strong> ses « chantiers », pour reprendre le mot qu’ilemploie, à un autre, vaut aussi, bien sûr, pour le regard qu’il pose sur les « chantiers » <strong>de</strong> sesprédécesseurs. Il serait intéressant d’établir une comparaison entre le repérage <strong>de</strong>s vitrinesbadigeonnées et la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Affichistes, attentifs, dans leurs pérégrinations urbaines, auxpalissa<strong>de</strong>s couvertes d’affiches déchirées dont ils faisaient <strong>de</strong>s tableaux (d’autant que Lavier, à l’instar<strong>de</strong> Villeglé, titre ses œuvres du nom <strong>de</strong> la rue où il a fait la trouvaille). L’œuvre en néon qui a d’abordattrapé notre regard lorsque nous sommes entrés dans l’exposition est une transposition, on le sait,d’un tableau <strong>de</strong> Frank Stella. Cet emprunt ne nous autorise-t-il pas à interpréter le fait que lesCompositions <strong>de</strong> Lavier, qui ne sont que <strong>de</strong>s détails, indique que le <strong>de</strong>ssin se prolonge au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>sbords du tableau, exactement comme dans certaines œuvres <strong>de</strong> la peinture formaliste. Et <strong>de</strong>vant lasurface moquettée <strong>de</strong> Composition en quatre couleurs, détail est-ce que nous ne nous souvenons pas<strong>de</strong> la série <strong>de</strong>s Villages polonais <strong>de</strong> Stella dont les formes découpées étaient recouvertes <strong>de</strong> feutre ?Voilà comment Bertrand Lavier bouscule nos repères esthétiques les plus profondément ancrés, autravers d’œuvres qui sont aussi parfaitement évi<strong>de</strong>ntes qu’elles sont irréductiblement énigmatiques.(1) Certaines œuvres, Rouleur <strong>de</strong> câble électrique et bobine <strong>de</strong> fil, <strong>de</strong> même que les Photo-reliefsexploitent même <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> perspective.Contact presse : Alicia Treppoz-Vielle, +33 (0)4 77 91 60 40,a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr


Biographiedossier <strong>de</strong> presseMusée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole, BP 80241, 42006 <strong>Saint</strong>-Étienne ce<strong>de</strong>x 1, www.mam-st-etienne.fr, 04 77 79 52 52Né le 14 juin 1949 à Châtillon-sur-SaôneDe 1968 à 1971, Bertrand Lavier fait ses étu<strong>de</strong>s à l’Ecole nationale d’Horticulture <strong>de</strong> Versailles etcommence parallèlement sa pratique artistique par <strong>de</strong>s travaux proches du Land Art, comme Bottes<strong>de</strong> paille accolées 2 à 2 en arc <strong>de</strong> cercle (1969). Sa première exposition personnelle a lieu en 1973 àla Galerie Lara Vincy à Paris, puis en 1975 au Centre national <strong>d'art</strong> contemporain, et en 1976 ilparticipe à la Biennale <strong>de</strong> Venise.A partir <strong>de</strong> 1978, Bertrand Lavier met en place son vocabulaire plastique, avec <strong>de</strong>s photographies et<strong>de</strong>s objets repeints, dont les motifs et les détails sont exactement recopiés.Au début <strong>de</strong>s années 80, Bertrand Lavier poursuit ce détournement d'objets. Il le fait non plus en lesrecouvrant <strong>de</strong> peinture mais en les superposant. Lavier systématise ce procédé en l'appliquant àtoutes sortes d'objets, y compris à <strong>de</strong>s objets aussi célèbres que la chaise Panton qu'il installe en1989 sur un réfrigérateur.Bertrand Lavier réalise ce qu’il nomme <strong>de</strong>s « chantiers ». Sur les traces <strong>de</strong> Marcel Duchamp, ilréfléchit sur la définition et le statut <strong>de</strong> l’œuvre d’art. Dans les années 1970, il pratique la photographieet repeint <strong>de</strong>s objets dans le cadre d’une réflexion sur la peinture : il recouvre un piano, un placard(Ma<strong>de</strong>moiselle Gauducheau, 1981) ou un miroir d’une épaisse couche <strong>de</strong> peinture « à la Van Gogh »reprenant la couleur originelle <strong>de</strong> l’objet.Depuis 1984, l’artiste réalise également <strong>de</strong>s Sculptures sur socle, posant par exemple un piano sur unréfrigérateur (Young Chang-Arthur Martin, 1990). A propos <strong>de</strong> cette démarche, Lavier déclare : «Disons que ces objets sont <strong>de</strong>s sculptures, et tout s’arrange. Mais pendant un instant elles se sontinsinuées entre <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s que nous avions paradoxalement crus unis. Ces œuvres présentent <strong>de</strong>sobjets, bien évi<strong>de</strong>mment, mais en même temps elles représentent <strong>de</strong>s sculptures : par exemple unvrai coffre-fort représente un socle, en <strong>de</strong>vient un instantanément ». L’artiste joue ainsi sur ledéplacement, et « interroge les mécanismes du goût, <strong>de</strong> la conformité et <strong>de</strong> la plus-value » (EricTroncy).Bertrand Lavier vit et travaille à Aignay-le-Duc (Côte-d’Or) et à Paris, et est représenté en France parla galerie Yvon Lambert, Paris.Quelques œuvres et expositions majeures :• Ma<strong>de</strong>moiselle Gauducheau (1981, Paris, musée national d'Art <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>)• Peugeot 103 (1993)• 308 GTS (1998)• Walt Disney Productions (1999, San Diego, MoCA)• Objet-Dard (hommage à Frédéric Dard) (2003)• Bocca-Bosch (2005, ill.)Contact presse : Alicia Treppoz-Vielle, +33 (0)4 77 91 60 40,a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr


dossier <strong>de</strong> presseMusée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole, BP 80241, 42006 <strong>Saint</strong>-Étienne ce<strong>de</strong>x 1, www.mam-st-etienne.fr, 04 77 79 52 52Expositions Bertrand Lavier (sélection)L’Académie <strong>de</strong> France à Rome consacre en 2009 une gran<strong>de</strong> exposition à Bertrand Lavier qui, àtravers une quarantaine d’oeuvres <strong>de</strong> différents formats, documente la totalité du parcours créatif <strong>de</strong>l’artiste français <strong>de</strong>puis ses débuts jusqu’à la plus récente installation "Sociétés Générales", conçuepour la faça<strong>de</strong> interne <strong>de</strong> la Villa Médicis, coté jardin, espace qui verra également reproposée l’oeuvre"Fontaine", présentée en l’an 2000, à l’occasion <strong>de</strong> l’exposition collective "La Ville, le Jardin, laMémoire".Le travail <strong>de</strong> Bertrand Lavier puise son origine dans l’art conceptuel, mais ici l'analyse du langageproprement artistique est plutôt orientée vers la confrontation entre ce <strong>de</strong>rnier et le domaine <strong>de</strong> lacommunication sociale et <strong>de</strong>s objets d'usage commun. Plus précisément, Lavier met en évi<strong>de</strong>nce lesmécanismes d'attribution <strong>de</strong> valeur établis dans le domaine <strong>de</strong> l'art et les compare à ceux que nousutilisons habituellement pour juger, utiliser et consommer les objets typiques du mon<strong>de</strong> contemporain<strong>de</strong>s plus ordinaires aux plus précieux. Il cherche à i<strong>de</strong>ntifier la frontière, souvent si subtile, qui sépareces <strong>de</strong>ux univers objectuels et met en relief le caractère fétichiste <strong>de</strong> notre comportement enversceux-ci. Sans doute, l'oeuvre <strong>de</strong> Lavier renvoie à son grand prédécesseur Marcel Duchamp et à sesready-ma<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s objets communs exposés tels quels dans les espaces institutionnels <strong>de</strong> l'art. Toutcomme Duchamp, Lavier part d'une approche linguistique et métalinguistique.La sélection <strong>de</strong>s oeuvres <strong>de</strong> cette exposition, choisies selon la spécificité <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> la VillaMédicis, témoigne <strong>de</strong>s différentes stratégies engagées par l'artiste pour abor<strong>de</strong>r ces sujets. Cedécollement entre les mots et les choses, entre les objets et les notions, est déjà présente dans sespremières oeuvres vers la fin <strong>de</strong>s années 1970: comment peut-on nommer une couleur? commentpeut-on le distinguer à l'intérieur <strong>de</strong>s différents nuances? est-il possible <strong>de</strong> faire coïnci<strong>de</strong>r la notion <strong>de</strong>"rouge" avec une réalité définie? Voici, par exemple, l'épreuve à laquelle sont soumis les dytiquesmonochromes, dont on voit plusieurs exemplaires dans cette exposition.Les objets recouverts d'une épaisse couche <strong>de</strong> peinture acrylique, dont la radicalité a contribué ausuccès immédiat <strong>de</strong> Lavier et qui, dans cette exposition, sont représentés par <strong>de</strong>s oeuvres telles queSteinway&Sons (1985, piano à <strong>de</strong>mi-queue repeint à l'acrylique), ont immédiatement ouvert laconfrontation entre le système <strong>de</strong> la peinture et le mon<strong>de</strong> "réel" , mettant en scène une"transévaluation" <strong>de</strong> l'acte pictural, au sens <strong>de</strong> langage aulique, ici transformé en cet acte mécaniqueet passivement orienté <strong>de</strong> recouvrir entièrement un objet d'une peinture imitant la couleur <strong>de</strong> l'objet luimême.Un même type <strong>de</strong> recherche, moins expressif et peut-être plus énigmatique à première vue, oriente lasérie <strong>de</strong>s objets superposés, où l'un sert <strong>de</strong> pié<strong>de</strong>stal à l'autre - par exemple <strong>de</strong>s objetsd'ameublement posés sur <strong>de</strong>s congélateurs, comme l'oeuvre exposée à l'entrée <strong>de</strong> la Villa Médicis -dans lesquels est repris le débat typiquement mo<strong>de</strong>rniste autour <strong>de</strong> la manière d'exposer et <strong>de</strong>valoriser la sculpture abstraite. Entre <strong>de</strong>ux objets communs, quelle sera l'oeuvre et quel le dispositifd'exposition/valorisation? Telle est aussi la question à laquelle répon<strong>de</strong>nt les objets posés sur un vraisocle réalisé par <strong>de</strong>s artisans spécialisés, pour les musées ethnographiques, dans la présentation <strong>de</strong>spièces <strong>de</strong> culture "primitive". Dans ce cas, le rapport, toujours joué sur le fil <strong>de</strong> l'ironie, se faitContact presse : Alicia Treppoz-Vielle, +33 (0)4 77 91 60 40,a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr


dossier <strong>de</strong> presseMusée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole, BP 80241, 42006 <strong>Saint</strong>-Étienne ce<strong>de</strong>x 1, www.mam-st-etienne.fr, 04 77 79 52 52"transculturel" et nous offre une vision d'objets consommés, à la limite <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> débris, "sauvés" parl'acte <strong>de</strong> l'exposition et pourvus d'élégants supports métalliques.Mais Lavier utilise également les signes du réel, tels qu'il les trouve dans l'expérience du quotidien.Pour lui, les vitrines <strong>de</strong>s magasins recouvertes par <strong>de</strong> grand coups <strong>de</strong> peinture blanche - ce qui arriveen général au moment où la vitrine est en aménagement - évoquent la peinture gestuelle e ont lamême dignité que <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> pinceau. Il les prend en photo et les expose, tels <strong>de</strong>s exemplaires <strong>de</strong>peinture "trouvée", <strong>de</strong> la même manière que ses objets.Ainsi, à ce choix <strong>de</strong> signes "bas" répond la citation du répertoire "élevé" <strong>de</strong> l'art contemporain, commepar exemple lorsqu'il refait avec <strong>de</strong>s néons colorés les oeuvres abstraites-analytiques du premierFrank Stella. D'ailleurs, dans une fameuse série inspirée d'une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée <strong>de</strong> Walt Disney,l'artiste a réalisé <strong>de</strong>s peintures et <strong>de</strong> sculptures "abstraites", reproduisant dans la réalité celles quifigurent parmi les salles du musée imaginaire visité par Mickey et Minnie.Cultures élevées et basses cultures coexistent ainsi dans l'oeuvre <strong>de</strong> Bertrand Lavier. Pour nous, quisommes immergés dans l'univers médiatique, <strong>de</strong> telles oeuvres peuvent avoir une fonction <strong>de</strong>boussole, d'instruments servant à s'orienter au milieu du bombar<strong>de</strong>ment d'images et <strong>de</strong> signes auquelnous sommes soumis et y discerner les différents niveaux <strong>de</strong> qualité; mais surtout nous ai<strong>de</strong>r àmaitriser critères avec lesquels nous sélectionnons, plus ou moins consciemment, les messages quenous recevons.Contact presse : Alicia Treppoz-Vielle, +33 (0)4 77 91 60 40,a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr


dossier <strong>de</strong> presseMusée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole, BP 80241, 42006 <strong>Saint</strong>-Étienne ce<strong>de</strong>x 1, www.mam-st-etienne.fr, 04 77 79 52 52et <strong>de</strong>s analogies avec l'histoire visuelle <strong>de</strong> notre temps. En 1985, Bertrand Lavier élargit sa réflexionsur les catégories esthétiques en exposant, dans le cadre <strong>de</strong> la biennale <strong>de</strong> Paris, un réfrigérateurjuché sur un coffre-fort : Brandt/Haffner (1984, Musée national <strong>d'art</strong> <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>, Paris). C'est le premierexemple d'une série mettant en jeu <strong>de</strong>s objets superposés. Ainsi, une hélice ,<strong>de</strong> bateau sur <strong>de</strong>stoilettes publiques Decaux : Argens/Decaux (1990) ; un piano sur un congélateur : Young,Chang/Zanussi (1990). L'artiste joue dans ses oeuvres sur la dialectique classique du socle et <strong>de</strong> lastatue, développant sur un mo<strong>de</strong> ludique la problématique inaugurée par Rodin et radicalisée parBrancusi.II-« Le mon<strong>de</strong> virtuel nous permet d'approcher plus profondément la ,réalité »Ce qui irrite certains critiques en mal <strong>de</strong> romantisme, c'est précisément l'apparente facilité aveclaquelleBertrand Lavier élabore ses pièces. Mais il ne s'agit pas pour lui <strong>de</strong> produire un objet artistique <strong>de</strong>plus, maisbien <strong>de</strong> construire une situation visuelle inédite à partir d'un contexte (aussi banal soit-il)ayant déjà fait preuve, ailleurs, <strong>de</strong> ses compétences. Quand Bertrand Lavier inaugure sa série Walt,Disney Productions en ,1984, il s'appuie littéralement sur une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée <strong>de</strong> Walt Disney publiéedans le Journal <strong>de</strong> Mickey, sous ,le titre français <strong>de</strong> Traits très abstraits, qui raconte les aventures <strong>de</strong>Minnie et <strong>de</strong> Mickey au musée d'Art <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>. Lavier isole les peintures et les sculptures quiconstituent le décor <strong>de</strong> la narration et les agrandit ensuite au format présumé. Lavier opère ainsi uncourt-circuit dans le processus <strong>de</strong> la représentation, puisqu'il rend tangible (il fait accé<strong>de</strong>r au statutd'oeuvre) ce qui n'était jusqu'alors que décor et fiction. Les peintures ,photographiques et lessculptures réalisées à partir <strong>de</strong> cette ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée sont désormais vouées à errer ,dans un espaceindécidable, car elles conservent la forme <strong>de</strong> leur territoire d'origine tout en ayant quittécelui-ci. Il ne s'agit pas en effet d'agrandissements <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins ayant pour sujet l'art <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>, maisbien <strong>de</strong> peintures et <strong>de</strong> sculptures parfaitement emblématiques d'une certaine doxa concernant lamo<strong>de</strong>rnité. La translation opérée par Lavier met ainsi au jour une dimension refoulée <strong>de</strong> lareproduction, qui, au-<strong>de</strong>là du stéréotype, accè<strong>de</strong> à une forme d'universalité. Walt Disney Productionsne constitue pas à cet égard le ,commentaire ironique <strong>de</strong> l'art <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong> raconté aux enfants, maisnous rappelle, comme le remarque l'artiste, que « c'est le mon<strong>de</strong> virtuel qui nous permet d'approcherplus profondément la réalité ».III-« Exposer un principe d'émotion »En 1993, Bertrand Lavier expose à la galerie Durand-Dessert à Paris une Alfa-Romeo rougeacci<strong>de</strong>ntée, une ,Giuletta. Cette intrusion <strong>de</strong> la violence dans un mon<strong>de</strong> jusqu'ici préservé <strong>de</strong> toutpathos produisit une on<strong>de</strong> <strong>de</strong>choc dans le micro-milieu artistique. Mais, comme s'en explique très bienl'artiste, il ne s'agissait pas pour lui ,<strong>de</strong> représenter un drame, à la manière d'Andy Warhol avec lasérie <strong>de</strong>s Crashed Cars, mais, au contraire, « d'exposer un principe d'émotion ». « J'ai découvert,précise-t-il, dans l'intervalle entre César et Chamberlain une oeuvre qui m'attendait. Dans une <strong>de</strong> cesnombreuses casse-auto existant <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong>, se trouvait Giuletta, c'est-à-dire l'émotion pure. »La démarche <strong>de</strong> Bertrand Lavier se veut toujours légère, voire incisive, sans aucune forme <strong>de</strong>cynisme. Ce qui intéresse l'artiste c'est <strong>de</strong> donner à voir <strong>de</strong>s rencontres, <strong>de</strong> favoriser <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vousentre les objets du ,commun (que nous avons en commun) et le grand art.En 2003, Bertrand Lavier a rendu hommage à Frédéric Dard (1921-2000) en réalisant un « antimonumentfunéraire » dans la ville natale <strong>de</strong> l'auteur, Bourgoin-Jallieu (Isère). Telle une pierretombale, cette sculpture reprend les 174 titres <strong>de</strong> l'oeuvre littéraire <strong>de</strong> San Antonio gravés et peints enContact presse : Alicia Treppoz-Vielle, +33 (0)4 77 91 60 40,a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr


dossier <strong>de</strong> presseMusée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole, BP 80241, 42006 <strong>Saint</strong>-Étienne ce<strong>de</strong>x 1, www.mam-st-etienne.fr, 04 77 79 52 52rose vif, sur le granit vert foncé. ,Signe <strong>de</strong> l'attention portée au langage et à la dénomination <strong>de</strong>schoses, cette comman<strong>de</strong> publique reprend ,dans son titre (Objet-Dard) le patronyme <strong>de</strong> l'auteur <strong>de</strong>San Antonio, tout en faisant référence à Marcel ,Duchamp.Bibliographie• D. BOZO, P. H. PARSY, C. MILLET, B. MARCADÉ, T. DE DUVE & D. BAUDIER, Bertrand Lavier,Musée national <strong>d'art</strong> <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>, CentreGeorges-Pompidou, Paris, 1991• C. FRANCBLIN, Bertrand Lavier, Flammarion, Paris, 1999• I. GIANELLI, G. VERZOTTI, D. SOUTIF & D. DEL GIUDICE, Bertrand Lavier, Museo d'ArteContemporanea, Castello di Rivoli, Charta,Milan, 1996• B. LAVIER, Conversations, 1982-2001, Musée <strong>d'art</strong> <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong> et contemporain, Genève, 2001• C. MILLET & S. PATRY, Correspondances. Bertrand Lavier/Édouard Manet, Argol-Musée d'Orsay,Paris, 2008• B. PARENT & D. SOUTIF, Bertrand Lavier, catal. expos., Musée <strong>d'art</strong> <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong> <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris,Paris musées, Paris, 2002• É. TRONCY, Bertrand Lavier : vitrines, catal. expos. Galerie Yvon Lambert, Paris, 2000.Contact presse : Alicia Treppoz-Vielle, +33 (0)4 77 91 60 40,a.treppoz-vielle@agglo-st-etienne.fr

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