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Villes et Paysd’art et d’histoireCambrailaissez-vous conterle jardin public

Histoire du jardin publicLe jardin public de Cambrai, couvrant près de 20 hectares en centre-ville, est constitué de troisentités : le jardin aux fleurs, le jardin Monstrelet et le jardin des grottes. Son aménagement s’étendsur une cinquantaine d’années, de 1860 à 1910, et témoigne des préoccupations hygiénistesqui se diffusent tandis que les villes se développent et s’industrialisent. L’histoire du jardins’inscrit également dans une période de grandes transformations urbaines, notamment liées audémantèlement des fortifications cambrésiennes dans les années 1890. Enfin, ce jardin est l’œuvredu plus célèbre architecte paysagiste du XIX ème siècle, Jean-Pierre Barillet-Deschamps. Ce livretvous convie à une découverte de ce lieu incontournable du patrimoine cambrésien.Promenade dans la ville fortifiéeÀ l’aube des années 1860, Cambraiest une ville enserrée dans ses fortifications.À la muraille médiévale,flanquée régulièrement de tours etde portes s’ajoutent, dès le XVI èmesiècle, des ouvrages avancés (bastions,demi-lunes...) qui isolent laville de sa campagne. Au nord-est,sur le point culminant de la villes’élève une citadelle construite auXVI ème siècle par Charles Quint.Entre ses ouvrages avancés et lespremières habitations s’étend un terrainà découvert, l’esplanade et songlacis. Les remparts plantés d’arbreset les pelouses de l’esplanade constituent,en dehors des temps de conflits,les premiers lieux de promenadedes Cambrésiens. Depuis 1818,la municipalité en assure l’entretien,l’élagage et le renouvellement desplantations, en respectant l’objectifpremier des sites : la protection militairede la cité.Années 1860 : Second Empire et hygiénismeDans les années 1850, les infrastructurescambrésiennes évoluent.Des travaux d’envergure sont réalisésafin de pourvoir en eau potable lesdifférents quartiers de la ville.Le réseau d’égouts ainsi que l’équipementpour l’éclairage urbain, au gazpuis électrique sont programmés.Ces changements s’inspirent des«Grands Travaux» qui transformentà la même époque Paris sous la directionde Napoléon III et du baronHaussmann, dans l’objectif d’aérerles quartiers trop peuplés, d’enrayerles épidémies et de promouvoir unenouvelle manière de vivre en ville.Selon les théories de l’époque, quise diffusent peu à peu en province,la verdure, l’air et l’espace permettentune meilleure hygiène dans les villesencombrées et polluées par le développementdes usines. Dans le mêmeesprit, la municipalité souhaite aménagerun jardin pour proposer unegrande «promenade publique» auxCambrésiens. Le seul espace disponibleet adapté aux dimensions d’untel projet est l’esplanade de la citadelle.L’autorisation est alors demandéeà l’État pour l’aménager.Cambrai en 1850.Médiathèque classéed’agglomérationde Cambrai2

Création et aménagement du jardin public : 1860-1910Le 10 décembre 1860, une décisionministérielle autorise la Villeà transformer une partie de l’esplanademilitaire en jardin public.Après indemnisation des fermiersqui louaient l’espace pour faire paîtreleurs troupeaux, la municipalité confiela réalisation des plans à l’architectemunicipal Évrard. Ce premierprojet est refusé par le préfet, quireproche à l’architecte de ne pas tirerpartie du terrain et des plantationsexistantes et qui propose de faireappel à un architecte-paysagisteparisien renommé, Jean-PierreBarillet-Deschamps. Celui-ciconçoit un plan s’articulant de partet d’autre de l’ancienne allée de lacitadelle, avec d’un côté un jardind’agrément fermé, le jardin aux fleurset de l’autre, un jardin à l’anglaiseoù sera placé le kiosque à musique.La promenade initiale longeantle glacis est conservée et devientla grande allée, qui unit les deuxjardins. Les travaux conduits parEvrard débutent en1862 et s’achèventen 1867 par la constructiondu kiosque à musique.Vingt ans plus tard, le démantèlementdes fortifications libère la villede ses murailles séculaires et permetune seconde phase d’aménagementdu jardin public. Entre 1898et 1910, l’architecte communalEugène Verdez en redessine lescontours. De grands jeux publicssont installés à l’arrière du jardinMonstrelet, le jardin aux fleurs estagrandi pour s’ouvrir sur les nouveauxboulevards. Les derniers aménagementssont engagés en 1905avec la création du jardin des grottes,qui assure la jonction entre le centrevilleet les faubourgs Saint-Druonet Saint-Ladre.De haut en bas :Plan de E. Évrard présentant le premier projet detransformation de l’esplanade.Archives Départementales du NordAgrandissement du jardin aux fleurs vers la gare.Coll. D. DespagneVue du jardin public. Fonds René FailleMédiathèque classée d’agglomération de CambraiPlan du jardin public, dressé parBarillet-Deschamps en 1861.Archives Départementales du Nord3

Jean-Pierre Barillet-DeschampsJean-Pierre Barillet est né en 1824à Saint-Antoine-du-Rocher prèsde Tours. À 16 ans, il est embauchédans une colonie pénitentiaire à l’objectifnovateur pour l’époque : rééduquerdes adolescents délinquantspar les travaux des champs. Aprèsun séjour d’études d’horticulture àParis, il devient jardinier en chef dela Colonie. En plus d’affirmer sesqualités humanistes, ce métier luipermet d’expérimenter de nouvellesméthodes d’exploitation agricole quiremportent de nombreuses récompenses.En 1847, il épouse MarieDeschamps et s’installe à Bordeauxpour reprendre l’établissement horticolede sa belle-famille.Le pépiniériste se distingue en parvenantà acclimater de nouvellesplantes exotiques alors exclusivementcultivées en serre chaude, commele bambou. Il réduit également leprix de ces espèces rares grâce à unnouveau système de multiplicationdes plantes et dispense de nombreuxconseils dans l’élaboration des massifs.Sa rencontre avec le préfet deGironde, le baron Haussmann et soningénieur en chef, Adolphe Alphand,bouleverse sa carrière.Entre 1855 et 1869, il contribue àla plupart des réalisations paysagèresparisiennes : bois de Boulogneet de Vincennes, Champ de Mars,parcs Monceau et des Buttes-Chaumont...C’est à cette époque quela municipalité cambrésienne faitappel à lui pour la création du jardinpublic. Il redessine égalementle square Fénelon et son célèbre jetd’eau. Dans le département du Nord,il crée pendant la même période lejardin Vauban à Lille et le parc Barbieuxà Roubaix.Peu à peu sa réputation franchit lesfrontières. Il travaille aux parcs Laekenà Bruxelles et du Prater à Vienne,puis en Egypte pour les fêtesd’inauguration du canal de Suez.Barillet-Deschamps intervient aussien Turquie où il contracte une maladiepulmonaire, cause de sa mortprématurée en 1873. Un monumenten l’honneur du défunt est élevédeux ans plus tard au cimetière duPère Lachaise.Son nom et son œuvre tombentcependant rapidement dans l’oubli.Alphand n’en fera aucune allusiondans son livre «Les Promenades deParis». De plus, Barillet-Deschampsne laisse lui-même aucun écrit surses créations et ses recherches. Sonœuvre est redécouverte aujourd’huigrâce au patrimoine paysager exceptionnelde ses parcs et jardins.Portrait de Jean-Pierre Barillet-Deschamps.coll. L LimidoMonument commémoratif de Barillet-Deschamps au cimetière du Père LachaiseDans les années 1850, Haussmanndevenu préfet de la Seine est encharge des Grands Travaux de lacapitale. Alphand prend alors ladirection du «Service des Promenadeset Plantations de la Ville deParis», et Barillet-Deschamps estnommé jardinier en chef de la ville.4

Le jardin aux fleursBoulevard Paul BezinBoulevard VaubanAllée de la CitadellePlacedu GénéralLeclercRang Saint-Jean

Le jardin aux fl eursTrois parcours vous invitent à découvrir les différents espaces du jardin public deCambrai : le jardin aux fleurs, le jardin Monstrelet et le jardin des grottes. Chacuna son identité propre, où essences remarquables, sculptures et fabriques participentà la composition du paysage.Histoire et aménagementEntièrement clôturé sur près de 4 hectares, le jardinaux fleurs est la partie la plus ancienne du jardin public.Jean-Pierre Barillet-Deschamps en dresse le plan en septembre1861. L’essentiel des travaux d’aménagement sedéroule jusqu’en 1863.L’architecte-paysagiste applique dans ce lieu sa nouvelleconception des jardins, véritables œuvres d’artoù plantes, pelouses et perspectives s’harmonisent à lamanière de tableaux peints. Il utilise les vallonnementsdu terrain pour valoriser les massifs et groupes d’arbreset limiter le regard du promeneur sur la ville. Celui-cicontribue à donner vie à ce paysage, en faisant partieintégrante du décor et en devenant l’objet du regard desautres. Les formes courbes des allées larges et agréablesoffrent des points de vue toujours différents. Toutes lescomposantes de ces nouveaux jardins sont fabriquéespar l’homme, au contraire d’une nature laissée sauvage.Les jardins deviennent une sorte de «musée des paysages».Les innovations horticoles de Barillet-Deschamps prennentdans ce jardin tout leur sens, la beauté des lieuxrésidant dans la variété d’essences exotiques. Ces espècesimportées d’Amérique ou d’Asie étaient jusqu’alorsrares et précieuses, réservées aux jardins aristocratiques.Barillet-Deschamps parvient à les acclimaterà plus grande échelle et à moindre coût, grâce à un passageprogressif en serres chaudes, tempérées puis froides.Il peut ainsi planter sous nos climats des arbres apportantun caractère décoratif tout au long des saisons.Les sculptures sont ensuite intégrées à la compositionpour l’embellir. Achetées par la municipalité ou mises endépôt par l’État, elles se réfèrent à la mythologie, à l’histoirede la cité ou à ses héros. Exposées dans un espaceouvert à tous, ces statues ont à la fois un rôle décoratifet une mission d’instruction et d’hommage publics.Après le démantèlement des fortifications, le jardin auxfleurs est agrandi dans sa partie nord. Pour l’architectemunicipal Eugène Verdez, les objectifs sont alorsbien différents de ceux de son prédécesseur. Alors queBarillet-Deschamps crée un éden naturel loin des nuisancesurbaines, Verdez affirme la modernité de la villelibérée du poids de son enceinte. Délibérément, il nivèle2400 m 2 de terrain pour le rendre parfaitement plat etouvrir le jardin sur le boulevard Vauban et la gare, nouvellementcréés. Les voyageurs découvrent ainsi à leurdescente du train une ville verdoyante et soignée, et lesnouveaux propriétaires des boulevards jouissent d’unevue imprenable sur le parc.1Vue actuelle du jardin aux fl eurs6

2 3 45 6Les essences remarquables1- le tulipierde VirginieCet arbre très décoratifse reconnaît à la formeparticulière de sa feuilleéchancrée à son extrémitécomme une feuillecoupée, et doit son nomà sa fleur dont l’apparencerappelle la tulipe.Originaire de l’est ducontinent américain, ilest introduit en Franceau début du XVIII èmesiècle.2-le hêtreLe jardin conserve deshêtres pourpres et hêtrespleureurs (2b). Cetteessence se reconnaîtà son tronc lisse et àses feuilles ovales etbrillantes. De la mêmefamille que le chêne oule châtaignier, l’arbrelaisse en automne sur lesol un tapis de cupulesépineuses renfermant lesfruits de l’arbre.3-l’arbreaux 40 écusOriginaire d’Asie, ilest aussi connu sous lenom de ginkgo biloba.Ce magnifique conifèred’ornement éclaire lespaysages d’automne deson feuillage jaune d’or.Le gingko est un fossilevivant qui existait déjàil y a 150 millionsd’années. C’est un arbreoriginaire d’Asie, sacrépour les moines bouddhistes.Il vit plus de milleans et résiste parfaitementà la pollution.Avec le mélèze, c’estun des rares conifèresqui perd ses feuilles enhiver. Au XVIII ème siècle,un riche français enacheta un pied pour lasomme de 40 écus, d’oùson nom «d’arbre auxquarante écus».4-le séquoia géantCet arbre pousse naturellementsur la côtePacifique des États-Uniset a été découvert puisramené en Europe parles immigrants lors dela «conquête de l’ouest»des années 1840. Sonnom provient d’un chefindien cherokee. Outresa taille, ce conifèrese caractérise par sonécorce rougeâtre etspongieuse et son exceptionnellelongévité.5-le cèdre de l’AtlasCette variété de cèdreest originaire d’Afriquedu Nord. La couleurde ses aiguilles bleutéeset son port majestueuxlui valent d’être présentdans de nombreux parcsurbains.6-le paulowniaOriginaire de Chine,il est planté dans lesjardins pour sa floraisonspectaculaire : il se couvredébut avril de fleursmauves en forme detrompettes, disposées engrappe. Ses feuilles sonten forme de cœur.7-le robinierfaux-acaciaCe grand arbre possèdeune écorce épaisseprofondément crevassée.Il produit au printempsdes fleurs blanches etparfumées.8-le ptérocaryaCet arbre originaire duCaucase est particulièrementdécoratif par sesfleurs mâles et femellesqui se présentent sous laforme de longs chatonspendants de couleurverte.7

910 a 10 b11 12Fabriques et sculptures9-l’ancien kiosquerustiqueL’architecte municipalVerdez profite du nouvelespace libéré lors dudémantèlement poury établir un kiosquerustique, très en vogueau début du XX èmesiècle. Plusieurs foisincendiée, cette petiteconstruction n’existeplus aujourd’hui. Il enreste le socle et le pointde vue exceptionnel surle jardin.10-BatisteUne première statue(10 a), installée en 1864par Joseph Carlier dansle jardin aux fleurs, estdétruite par les bombardementsen mai 1944.Alfred Bottiau, artistequi réalisa égalementla façade de la Voix duNord de Lille, est chargéen 1947 de créer unenouvelle statue (10 b),représentant Batistesous les traits d’un jeunehomme tenant dansses mains une navette.Selon la tradition, cepersonnage aurait misau point dans les années1300 grâce à ce nouveloutil le tissage du lin fin,qui fera la renommée dusavoir-faire cambrésien.11-OrphéeOrphée, personnage dela mythologie grecque,avait le pouvoir d’endormirles bêtes férocesgrâce à sa musique. Ici,il enjambe Cerbère pourentrer dans le royaumedes morts et ramener àla vie Eurydice sa bienaimée.Plusieurs exemplairesde la sculptureont été réalisés par l’artisteHenri Peinte, issud’une célèbre famillecambrésienne.Un premier bronze estacheté en 1888 par laVille. Envoyé à la fontepar l’armée allemandeen 1918, il est remplacéen 1927 par une autreépreuve acquise parl’État pour le musée duLuxembourg.12-SarpédonSarpédon, fils de Zeus,est abattu d’un coupde lance lors du conflitlégendaire de la guerrede Troie. Cette sculptureest également l’œuvred’Henri Peinte. Détruitependant la PremièreGuerre mondiale, ellea pu être reconstituéeen 1933 grâce au plâtreoriginal.13-PomonePomone est une nympheromaine, déesse desfruits et des jardins, œuvredu sculpteur parisienAlbert Pommier (1880-1914). Cette sculpture(13 b) est un dépôt del’Etat, elle remplace depuis1946 le groupe «laFraternité» (13 a), créépar Joseph Carlier et détruitpendant la SecondeGuerre mondiale.8

13 a13 b14 151614-Gilliatou La pieuvreL’œuvre s’inspire du romande Victor Hugo «Lestravailleurs de la mer», oùle héros Gilliat, pêcheurde Guernesey, s’illustrecontre les forces marinespar amour, en combattantnotamment une pieuvre.L’épreuve en bronze a étéréalisée, comme de nombreusesstatues du jardin,par le cambrésien JosephCarlier en 1881, selon unmodèle en plâtre exécutédeux ans plus tôt. Fonduependant la PremièreGuerre mondiale, la statueest reconstituée en 1934par le fils du sculpteur.15-le monumentLouis BlériotCe monument célèbrel’exploit du cambrésienLouis Blériot, premierhomme à traverser laManche en avion en1909. Il est inauguré unan plus tard en présencedu célèbre aviateur, au milieud’une foule en liesse.Les architectes et sculpteurssont les douaisiensLaurent Fortier et André-Louis Laoust, le médaillonreprésentant Blériot est dûà Joseph Carlier.16-le monumentde la VictoireErigé en 1924 à l’entréedu jardin aux fleurs, lemonument de la Victoirea été réalisé par GeorgesVerez (1877-1933). Ondoit aussi à cet artisted’origine lilloise le décorde la salle des fêtes del’hôtel de ville. Le monument,réalisé en pierrede taille, représente unevictoire ailée qui entraîned’héroïques soldats entourantun tank.17-le massifdu papillonPour relier la partie dujardin créé autour desannées 1900 au jardin auxfleurs initial, un escalieren terre et rondins encadréde rocailles et une alléesinueuse sont réalisés. Surle surplomb est installéchaque année un massifen mosaïculture en formede papillon, point de vuele plus photographié dujardin public.Le massif papillondu jardin aux fleursColl. D. Despagne9

Histoire et aménagementLe jardin MonstreletLa création du jardin public se poursuit au-delà de l’alléede la citadelle par le jardin Monstrelet. De nouveaumissionné, Barillet-Deschamps dresse un plan d’ensembleremarquable pour son articulation entre les deux parties dujardin. La conception du jardin, dont le projet est approuvéen 1863, s’inspire des parcs londoniens. Il n’est pas clos etne présente aucune corbeille de fleurs. De vastes pelousessont encadrées de bouquets d’arbres aux essences le plussouvent indigènes, les allées périphériques sont une invitationà la promenade en sous-bois, où le visiteur se fait plusdiscret.A contrario, la grande allée, promenade commune aux deuxjardins, est à l’origine le lieu de rencontre favori de la bourgeoisiecambrésienne qui s’y retrouve et rivalise d’élégance.Elle ménageait une transition entre le centre-ville et l’espacevert. Le lieu a aujourd’hui bien changé. Les maisons côtéville ont largement souffert des bombardements liés à laSeconde Guerre mondiale et les pavés ont laissé place à unezone de parking en centre-ville.Disposé dans un écrin de verdure, l’élément majeur de cejardin est le kiosque à musique conçu comme un ornementau même titre que les sculptures ou massifs d’arbres.Son architecte, André de Baralle, construit également lespremières serres du jardin et l’escalier d’accès par la rueSaint-Jean (actuelle rue Gambetta).Les essences remarquables1 2D’une entité à l’autre du jardin, l’architecte paysagistedémontre son habileté dans la compositiondes espaces paysagés. Il joue d’abord sur les formes,entre des arbres aux branchages et feuillagesabondants, et des arbres ayant un aspect plus légercomme le bouleau. Ensuite, il marie les couleurs :le vert-jaune de l’érable s’allie au vert foncé dumarronnier. Enfin, Barillet-Deschamps structure lesmassifs en variant les hauteurs. Ainsi, les platanespouvant aller jusqu’à 30 mètres de hauteur côtoientdes ifs deux fois moins grands.Perspective du jardin MonstreletAllée de la citadelle. Carte postale. Coll. F. Tiry10

3 4 5 a5 b 671-le plataneMis en valeur par le vallonnementdu terrain, les platanessont reconnaissablesà leur tronc d’une couleurjaune pâle. Leurs feuilles ressemblentà celles de l’érable.Cette essence n’est pas indigèneet apporte par sa tailleélancée et son port majestueuxun caractère structurantau parc.2-le marronnierCe marronnier séculaire est leplus vieil arbre du jardin public,inscrit «arbre remarquable»en 2012. Ses branchestentaculaires et la couleur deson feuillage sont à admirertout au long de l’année.3-l’ifL’if est un conifère de formevariable, avec un tronc petitet noueux. La multiplicationdes troncs de cet if centenairese fait par «marcottage naturel»: ses branches bassess’enracinent spontanémentdans le sol.Sculptures et fabriques4-le bouleauCet arbre reconnaissableà son écorce blancheécaillée peut atteindre30 mètres de hauteur.5-Enguerrandde MonstreletLa statue d’Enguerrandde Monstrelet (5 b) estcréée en 1956 par lesculpteur parisien PierreCabauzon. Commandede l’Etat, cette sculpturemonumentale est d’unegrande sobriété. Ellerappelle la mémoire ducélèbre chroniqueur dela Guerre de Cent Ans,qui fut également prévôtde Cambrai dans la premièremoitié du XV èmesiècle, et dont cettepartie du jardin portele nom. Elle remplaceune première statue dumême homme (5 a), réaliséepar Joseph Carlieret détruite lors des bombardementsde 1944.6-Alfred de VignyLa sculpture d’Alfred deVigny a été réalisée parle douaisien AlexandreDescatoire en 1897. Enpierre de taille, elle présentel’écrivain debouttenant une plume et unlivre à la main. Sur lecôté, une lyre rappellequ’Alfred de Vigny,figure du romantismefrançais, était égalementpoète. Alors qu’ilétait lieutenant, il aséjourné pendant unedizaine d’années dansplusieurs garnisons, dontCambrai. Placée depuismars 1958 en haut dunouvel escalier donnantdans la rue du Maréchalde Lattre de Tassigny, lasculpture attire le regardvers le jardin public.7-les bas-reliefsdu monumentdes territoriauxLe mur de pierre de l’escalierest orné de deuxbas-reliefs en bronzeréalisés également parAlexandre Descatoire en1931. Ils proviennent del’ancien monument desterritoriaux qui était situésur l’ancienne placeau Bois et qui fut détruitdans les années 1950.Alexandre Descatoire(1874-1949), premiersecond prix de Romeen 1902, a aussi réaliséla sculpture de Villardde Honnecourt, dans lesquare Fénelon.11

8 9108-Le coin des mamansAlors que la ville est enpleine reconstruction, en1927, est projetée la créationd’un endroit réservéaux enfants. Il s’agit alorsde leur offrir un espacede loisirs dans une villeencore sinistrée. Celui-ciest aménagé à l’angle del’allée de la citadelle etdu boulevard du collège(aujourd’hui Paul Bezin).9-le kiosque à musiqueLe kiosque à musique deCambrai, réalisé en 1867par André de Baralle, estl’un des premiers construitsen France. En effet,les kiosques s’installentd’abord dans des villes degarnison pour abriter lesformations musicales militairesqui s’épanouissentau milieu du XIX ème siècle.Placé au centre d’un espacedégagé et facile d’accèspour le rassemblementdes auditeurs, il peut accueillirplus de 60 musicienset permet aux plusgrandes harmonies dunord de la France de s’yproduire. Il connaît unsuccès immédiat : en plusdes fêtes et des célébrations,des concerts y sontdonnés chaque semaine.Son travail de ferronnerie,exécuté par l’entreprise deserrurerie cambrésienneManiette, est particulièrementsoigné. Le lambrequinaux fleurs styliséeset volutes s’intègre aupaysage environnant.Entre les piliers, des blasonscouronnés évoquentdes compositeurs reconnus.Il servira de modèlepour d’autres villes, avantqu’apparaissent dans lesannées 1890 les kiosquespréfabriqués.10-les jeux publicsAvant la création dujardin public, des jeuxcomme le tir à l’arbalèteétaient déjà installés surl’esplanade de la citadelle.Dans les années 1860, lesjoueurs se retrouvent aubout de la grande alléepour tirer à l’arc, jouer aubillon ou aux fléchettes.Les travaux de démantèlementet le percement dela voie qui prolonge la ruedes Pochonnets rendentnécessaire le déplacementdes jeux publics, démontésen 1897. En février1898, le projet de reconstructionest adopté par lacommission municipalequi insiste pour une miseen œuvre des jeux avantla fête communale du 15août, qui attire chaqueannée plus de 1500joueurs.Un panneau pour le jeud’arbalète, une table et unappui de tir, un berceaupour les fléchettes, unbutoir pour le billon, ainsique des abris pour lescommissaires et pour lesjoueurs sont rapidementaménagés en chêne eten sapin. En 1903 sontplantés, autour des jeux,des tilleuls et des peupliersbaumier. Les jeux sonttoujours pratiqués aumême emplacement parles sociétés cambrésiennes.Le billon, jeu traditionneldu Cambrésis etdu Douaisis, se rapprochedu jeu de boules et se joueà deux équipes. Il consisteà lancer les billons, sortede massues de bois, leplus près possible d’une«butte», piquet enfoncédans la terre, et à conserverensuite le territoiregagné aux adversaires.12

Le jardin des grottesHistoire et aménagementEn 1905, l’architecte Eugène Verdez travaille à l’aménagementdu grand espace laissé libre le long du frontsud de la citadelle. L’objectif de son projet, approuvépar le conseil municipal en 1906, est de réunir par cejardin les nouveaux quartiers au centre-ville ancien.Eugène Verdez ne conçoit pas un jardin au sens propredu mot, mais une promenade composée d’une voiecarrossable avec trottoirs, d’allées et d’une esplanadepouvant accueillir les rencontres sportives, les foires etles manifestations diverses.Dans son projet, l’architecte cherche à dissimuler lesbâtiments de la citadelle qui surplombe le site par laconstruction d’une imposante grotte qui doit attirertous les regards. Cascade, ruisseaux et pièces d’eauétaient également prévus. De ce projet, seuls les grotteset un lac ont été réalisés, parfois tardivement (le lacaux cygnes n’a été terminé qu’après 1922).Vue actuelle du jardin des grottesPour donner à ce jardin un aspect forestier plus de7000 arbres à feuilles persistantes sont plantés, 14000arbres à feuilles caduques pour les massifs, 2500arbres pour futaies et plus d’une centaine de sujetsremarquables.La construction du Palais des grottes en 1972 marquela fin de l’aménagement du jardin public.Plan du jardin des grottes. Plan de E.Verdez. 1905. Archives Départementales du Nord13

ue Léon GambettaLe jardin MonstreletAllée de la citadellerang Saint-Jean9rang Croix à Poteriesgrande alléegrande allée8rue des Archers10grande alléeBoulevard Paul Bezinparking

Le jardin des grottesallée des SoupirsFond St-Georges11Square30th div.infant. U.S.Boulevard Paul BezinBoulevard de Berlaimontrue Watteaustaderue de Caudryavenue Villars

14 6 910Les essences incontournables1-le sophoraArbre originaire deChine, le sophora estintroduit en Europeau XVIII ème siècle. Sesfeuilles ressemblent àcelles de l’acacia (mêmefamille), mais ses foliolessont plus petites.Son tronc, d’une écorcegrise et fissurée diffèreégalement. Ses feuillestombent tardivement,conservant une belleteinte jaune jusqu’ennovembre.2-l’ormeLes ormes, espèce trèsrépandue à la créationdu jardin, sont devenustrès rares à cause de lagraphiose, une maladiequi les a décimés depuisplusieurs décennies.Quelques exemples,comme celui-ci, sontnéanmoins encore présentssur le site.Leur écorce se fissureprofondément en vieillissant,leurs feuilles sontdentées et dissymétriquesà la base.3-le catalpaCet arbre ressemble aupaulownia, observé dansle jardin aux fleurs, parsa taille et ses feuillesmais s’en différencie parses fleurs blanches et sesfruits en forme de goussespendantes.4-le tilleulLe tilleul domestiquéet planté un peu partoutdans nos villes estle tilleul de Hollande,exporté par des pépiniéristeshollandais auXVIII ème siècle dans toutel’Europe. Ses fleurs, trèsodorantes en mai et juin,sont utilisées en pharmacopéepour leurs vertuscalmantes et apaisantes.5-le charmeCes trois charmes se distinguentpar leurs troncscannelés et leurs écorcesminces. Si la feuille ducharme peut être confondueavec celle duhêtre, le dicton populaire«le charme d’Adam estd’être à poil» rappelle ladifférence entre les deuxespèces : la feuille decharme a des dents alorsque celle du hêtre a despoils.6-l’érable pourpreCe grand arbre se reconnaîtà son écorce quine s’écaille pas. L’érablepourpre a des feuillesidentiques à celles del’érable plane, mais ellesprennent à l’automneune couleur rougeflamboyante. Les érablesse caractérisent parleurs fruits secs ailés, lessamares, collés par deuxet communément appeléshélicoptères.7-le mélèzeIl est apprécié dans lesjardins pour ses métamorphosessaisonnières :ses aiguilles prennent uneteinte orange à l’automne,un vert lumineuxl’été et tombent en hiver.8-le châtaignierIl est reconnaissable à seslongues feuilles dentelées,mais surtout à lafameuse coque épineusequi renferme ses fruits :les châtaignes. Le châtaignierpeut atteindre 30mètres de haut et se parede chatons jaunes auprintemps.9-le frêne doréPlus petit que le frêne,il tire son nom de sacouleur automnale. Sontronc est droit et lissejusqu’au marquage de lagreffe. Au printemps, lesjeunes branches ont unecouleur jaune-orangée.16

13 141510- le pinConnu de tous pour sesaiguilles et ses fruits enforme de cône, les pinsoffrent au jardin unfeuillage persistant l’hiver.11- le noyerd’AmériqueIl veille sur l’entrée dujardin des grottes depuisplus de cent ans. Malgréson nom, ses fruits nesont pas comestibles.12- le chêneLes feuilles pédonculéesdu chêne nous sont familières.En hiver, ses branchestortueuses lui confèrentun port singulier.13-les grottesPour agrémenter etdonner vie au nouveaujardin, l’architecte EugèneVerdez prévoit un grandrocher factice en cimentde Portland d’oùs’échappe une cascade.L’architecture associée au jardinS’appuyant contre unemasse de terre, les rochessont traitées en assiseshorizontales comme lesbancs d’une carrière, etforment une grotte miseen eau. Les promeneurspeuvent s’y introduireen marchant sur les pasjaponais ornant le bassin.Deux escaliers encadrentla grotte et permettentde rejoindre un sentierlongeant l’enceinte del’ancienne citadelle.Interdite au public pourdes raisons de sécuritédepuis les années 1980,les grottes sont restauréesen 2012.14-les vestiges de laporte Saint-LadreLa porte faisait partiede l’enceinte médiévalereconstruite en pierre àpartir de la fin du XIV èmesiècle et disparut sous lesLes grottes en cours de construction.Médiathèque classée d’agglomérationde Cambrairemblais dans les années1540 lors de la constructionde la citadelle. Ellefut remise à jour en 1895lors du démantèlement.Ses vestiges sont conservéset restaurés lors del’aménagement du jardindes grottes. Ils font alorspartie intégrante dudécor, les ruines apportantun côté pittoresqueet romantique très à lamode à cette époque.Aujourd’hui, seul le hautdes ruines est encorevisible, le reste a été denouveau remblayé lorsdes travaux de constructiondu palais des grottes.15-le lac aux cygnesLe conseil municipal voteen 1922 à l’unanimité lacréation de l’étang, pourcombler le vide laissé àcet endroit et terminerainsi l’aménagement dujardin des grottes. Enplus des traditionnels canards,des cygnes y sontélevés. Après la SecondeGuerre mondiale, de nouveauxcygnes sont donnéspar la municipalité deVevey en Suisse. L’élevagecambrésien serviraalors à fournir les villesde Douai, Valenciennes,Maubeuge pour leursparcs et zoos.17

16b17 181916-le palaisdes grottesAvant la constructiondu palais des grottes(16 a), ce vaste espacea accueilli pendant plusde 50 ans des évènementsdivers en pleinair : foires aux bestiaux,matchs de football,concours de gymnastique(16 b), corrida...En 1972, la Ville décidela construction d’unbâtiment pour abriterces grandes manifestations.Il s’agit à l’époqued’une architectured’avant-garde, en bétonarmé, réalisée par la sociétécivile Artec regroupantles architectes Cesselin,Lancelle, Narcy et16aProd’homme, pouvantcontenir 4000 placesassises. L’intégration dubâtiment va à l’encontrede l’effet d’unité recherchépar les architectessuccessifs du jardin, lesespaces nécessaires deparking et de liaisonroutière au bâtimentcoupent le jardin desgrottes du reste duparc. Les travaux derevalorisation du site,à partir de 2012, ontpour objectif de recréerce lien pour faire dujardin public, dans sonensemble, un espace depromenade et de loisirsen centre-ville.Le site de la citadelleLe jardin public occupel’ancienne esplanade de lacitadelle de Cambrai, construitepar Charles Quintdans la première moitié duXVI ème siècle et démanteléeà la fin du XIX ème siècle. Sicertains de ses bâtimentsont alors disparu, d’autresont été réhabilités enlogements, salles de sportsou base de loisirs. Sous lacitadelle, un vaste réseaude souterrains accessiblesen visite guidée évoquel’importance stratégique etmilitaire de ce lieu pendantplus de 300 ans.17-les mursde l’enceintede la citadelleDe plan quadrangulaire,renforcée à chaqueangle par des bastionsaujourd’hui disparus, lacitadelle abritait casernes,logements des officiers, arsenal,poudrière et chapelle,dont les constructionsse sont étalées du XVI èmesiècle au XIX ème siècle.18-la porte royalede la citadelleSituée en dehors du jardinpublic, elle rappelle lafonction ancienne du site.L’allée de la citadelle existaitbien avant l’aménagementdu jardin public, ellepermettait l’accès depuis laville à la Porte Royale, accèsprincipal à la citadelle.19-le monumentaux régimentsde CambraiInauguré en 1927, le monumentrappelle le souvenirdes militaires des régimentsde Cambrai tombéspendant la Première Guerremondiale. Œuvre du sculpteurÉlie Ottavy, il présenteune figure apportant leslauriers de la victoire.Dans sa partie inférieureun médaillon représenteun poilu casqué entouréd’attributs guerriers.18

La grande allée (détail) - Collection François TiryLaissez-vous conter Cambrai, Ville d’art et d’histoire...... en compagnie d’un guide-conférencier agréé par le ministère de la CultureLe guide vous accueille. Il connaît toutes les facettes de Cambraiet vous donne des clefs de lecture pour comprendre l’échelle d’uneplace, le développement de la ville au fil de ses quartiers.Le guide est à votre écoute. N’hésitez pas à lui poser vos questions.Le service de l’architecture et du patrimoinecoordonne les initiatives de Cambrai, Ville d’art et d’histoire.Il propose toute l’année des animations pour les Cambrésiens et pourles scolaires. Il se tient à votre disposition pour tout projet.Il a conçu cette brochure avec le soutien du Ministère de la cultureet de la communication - Direction régionale des affaires culturellesdu Nord - Pas-de-Calais.Cambrai appartient au réseau national des Villeset Pays d’art et d’histoireLe Ministère de la culture et de la communication, Direction généraledes patrimoines, attribue l’appellation Villes et Pays d’art et d’histoireaux collectivités locales qui animent leur patrimoine. Il garantit lacompétence des guides-conférenciers et des animateurs du patrimoineet la qualité de leurs actions. Des vestiges antiques à l’architecture duxx ème siècle, les Villes et Pays mettent en scène le patrimoine dans sadiversité. Aujourd’hui, un réseau de 146 villes et pays vous offre sonsavoir-faire sur toute la France.À proximitéBoulogne-sur-Mer, Saint-Omer, Lille et Roubaix bénéficient del’appellation Ville d’art et d’histoire, Lens-Liévin de l’appellation Paysd’art et d’histoire.19© Archives Départementales du Nord - Médiathèque classée d’agglomération de Cambrai - Service Ville d’artet d’histoire de Cambrai - Fonds René Faille - Collections : François Tiry, Didier Despagne et Luisa LimidoImprimerie Danquigny, mai 2012 - création graphique : LM communiquer - mise en page : Béatrice Duprez

“Le jardin de l’esplanade réalise déjà toutes les promessesqu’il nous faisait. Les fleurs s’épanouissent au milieud’un plantureux gazon et la foule commence à circulerdans les allées sinueuses de cette charmante promenade.A. Fliniaux, Mémorial Cambrésien12 juillet 1862“17