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Actes des états généraux - cofaq

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Table <strong>des</strong> matièresAvant-propos 2Allocution d’ouverture 3Manon Bourbeau, responsable <strong>des</strong> États généraux sur la famille à la COFAQConférence d’ouverture, « Pour une communauté aux couleurs de ses familles » 4Andrée Fortin, professeure de sociologie, Université LavalCommunication I, « Que pensent les jeunes de la famille ? » 9Gilles Pronovost, directeur général du Conseil du développement de la recherche sur la famille du Québec – CDRFQCommunication II, 13Pratiques de solidarité familiale : « Parentalité et grandparentalité <strong>des</strong> années 30 à aujourd’hui »Renée B-Dandurand, chercheure à l’Institut national de la recherche scientifique – INRSMariane Kempeneers, professeure – Université de MontréalOuverture officielle <strong>des</strong> États généraux sur la famille 17Roch Turcotte, président de la COFAQAllocution d’ouverture 17L’Honorable Lise Thibault, lieutenant-gouverneure du QuébecPhase I, Rapport : Portrait de familles 18Jocelyne Valois, sociologuePhase II, Rapport : Parole aux familles 21Manon Bourbeau, responsable <strong>des</strong> États généraux sur la famille à la COFAQTable ronde <strong>des</strong> partenaires : Famille et politique familiale 23Michèle Asselin, présidente de la Fédération <strong>des</strong> femmes du QuébecMarguerite Blais, présidente du Conseil de la famille et de l’enfanceBenoît Clotteau, délégué de la COFAQ à l’Organisation Nord-Amérique de la famille-ONAFRenée B. Dandurand, chercheure à l’INRSDenise Lemieux, chercheure à l’INRSJacques Lizée, directeur général du Carrefour action municipale et familleGilles Rondeau, professeur, chercheur spécialisé en masculinité et intervention socialePhase III, Délibérations : « Les familles préparent leur devenir » 27Denise Campeau Blanchette, directrice générale, COFAQCahier <strong>des</strong> propositions 28Déclaration commune 30Parole aux enfants 31Allocution de clôture 33Carole Théberge, ministre de la Famille, <strong>des</strong> Aînés et de la Condition féminineRemerciements 34Hommage aux familles 36ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


Avant-proposLe projet de tenir <strong>des</strong> États généraux sur la famille, initiativede la COFAQ, qui voulait inviter les familles et l’ensemble<strong>des</strong> partenaires à prendre la parole en toute citoyenneté,s’est avéré un exercice de démocratie participative qui apermis l’adoption <strong>des</strong> éléments de plateforme pour unepolitique familiale globale, et ce pour la prochaine décennie.C’est pour transmettre et partager cette expertise que nouspublions les <strong>Actes</strong> <strong>des</strong> États généraux sur la famillequi permettront d’aller de l’avant pour définir Unecommunauté aux couleurs de ses familles.La famille, creuset de vie de la société, est appelée à jouerun rôle primordial dans le développement du capital humainet social. Il est donc impératif de reconnaître le rôle socialassumé par les familles et de leurs accorder le soutiennécessaire pour l’exercice d’une parentalité responsable.Dans les dernières décennies, les changements vécus àl’intérieur de la famille ont été nombreux et ont remodeléla réalité familiale en de multiples facettes. Cependant,ces changements n’ont pas modifié cette responsabilité<strong>des</strong> parents reconnue par le Code civil d’exercer l’autoritéparentale et d’assumer les tâches qui en découlent.Le Conseil d’administration et les membres <strong>des</strong> comitésde travail vous remercient pour votre contribution et voussouhaitent une lecture <strong>des</strong> plus fructueuses pour une miseen œuvre soutenue <strong>des</strong> consensus obtenus.Denise Campeau BlanchetteDirectrice générale2ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


Allocution d’ouvertureBonjour,Pendant les quelques minutes quivont suivre je vous décrirai lesétapes que la COFAQ a dûfranchir pour se rendre jusqu’auxÉtats généraux d’aujourd’hui.Les objectifs généraux sont :1. tracer le portrait <strong>des</strong> familles et <strong>des</strong> avancées réaliséesdepuis la dernière décennie, et cela, à partir <strong>des</strong> familleselles-mêmes;2. définir les actions collectives qui s’imposent pour laprochaine décennie;3. établir une plateforme pour une véritable politique familialeglobale.Pour la première étape, il nous est apparu judicieux ded’abord faire le point sur ce qui a été fait depuis 1994, soitl’Année internationale de la famille. Un document a étéproduit, « L’année internationale de la famille… et après? »Des témoins de la décennie ont partagé leur analyse <strong>des</strong>avancées qu’ils ont constatées.Afin de tracer le portrait <strong>des</strong> familles, la COFAQ a décidéqu’elle ne ferait pas un portrait statistique puisque cettefaçon d’aborder la famille est déjà prise en charge parl’Institut de la statistique du Québec. De plus, la COFAQdésirait donner la parole directement aux familles pourqu’elles dépeignent elles-mêmes leur réalité quotidienne.C’est pourquoi la COFAQ a opté pour un questionnaireauto-administré comportant 41 questions, dont certainesouvertes, afin de permettre aux familles de livrer leurpensée sans être influencées dans leurs choix deréponses.Il y a eu distribution de 22 000 copies papier et unedisponibilité en ligne. Après 1200 retours, la COFAQ avaitla quantité nécessaire de réponses pour effectuer unecompilation ayant <strong>des</strong> résultats significatifs. JocelyneValois, sociologue, a accepté le défi de la compilation etde l’analyse. La COFAQ a édité et diffusé « Portrait defamilles » suite à cette recherche.Pour le deuxième objectif qui est de définir les actionscollectives qui s’imposent pour la prochaine décennie, laCOFAQ a voulu valider les pistes d’action qui ont émergélors de la compilation <strong>des</strong> questionnaires. Pour ce faire,elle a tenu <strong>des</strong> forums régionaux dont l’objectif étaitd’obtenir une participation active significative <strong>des</strong> famillesà la démarche. La COFAQ a également tenu <strong>des</strong> miniforums ayant pour objectif d’assurer une meilleurereprésentation du milieu aux forums régionaux.La COFAQ en est donc arrivée à sa troisième phase quiest d’établir une plateforme pour une véritable politiquefamiliale globale. Pour ce faire, la COFAQ tient lesprésents États généraux en soumettant à l’assembléediverses propositions validées en forums ou mini forumsdont nous vous parlerons plus en détails demain. Cespropositions ont également été envoyées à différentsorganismes et reviennent aujourd’hui pour entamer leurdernière phase, soit leur adoption.Le cahier de propositions vous a été remis lors de votrearrivée. Nous avons besoin de votre opinion afin dedéterminer le temps que prendront les délibérations de lajournée de demain en identifiant les propositions qui serontsoumises au débat. Vous aurez à fournir un vote indicatifsur les propositions. Sur ce document, vous aurez àcocher votre opinion concernant chacune <strong>des</strong> 32propositions. Ainsi, la COFAQ pourra dégager lespropositions faisant consensus et les retirer afind’accorder plus de temps aux propositions requérant <strong>des</strong>améliorations.Pour les 32 propositions qui vous sont soumises, nousvous demandons donc d’exprimer votre opinion encochant votre accord par un bonhomme sourire, votredésir d’améliorer la proposition par un bonhomme neutreou encore, celles avec lesquelles vous êtes en désaccord,par un bonhomme chagrin.Comme nous discuterons uniquement <strong>des</strong> propositions àaméliorer, nous vous demandons, si faire se peut, de mettrepar écrit votre amendement et de le remettre à la tabled’inscription demain matin. Pouvoir en prendreconnaissance à l’avance permettra de mieux gérer letemps <strong>des</strong> délibérations afin que tous aient le sentimentd’avoir pu s’exprimer et d’avoir été entendus.La COFAQ espère que cette dernière étape sera <strong>des</strong> plusenrichissantes pour les participants et les participantes.Bons États généraux sur la famille!Manon BourbeauResponsable <strong>des</strong> États générauxACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 20063


Conférence d’ouverturePour une communauté aux couleurs de ses famillesAndrée Fortin, professeureDépartement de sociologie, Université LavalRésumé. La communauté ne serésume pas à <strong>des</strong> liens sociaux,à une sociabilité ou à <strong>des</strong> réseauxd’entraide, elle s’inscrit dansun territoire. À l’heure dudéveloppement durable et duvieillissement de la population, ilfaut prendre acte de la dimensionterritoriale et urbaine de plusieursaspects de la vie familiale, notamment de la conciliationfamille/travail, de l’entraide et du soutien entre personnesde différentes générations, ainsi que <strong>des</strong> habitu<strong>des</strong> de vie etde la santé.Quelles villes et agglomérations, quelles régions, quellesmaisons, voulons-nous pour les familles actuelles et cellesde demain ? Quels services collectifs (éducation, santé),quels équipements culturels et de loisir, quels types decommerces souhaitons-nous, et où nous attendons-nous àles trouver ? Quelles sont les conséquences à long termede nos choix actuels ? Une idée répandue au Québec estque la banlieue soit le meilleur endroit pour élever <strong>des</strong>enfants. Est-ce nécessairement le cas ? Est-ce vrai detoutes les banlieues ? Y a-t-il d’autres avenues dedéveloppement que la poursuite de l’étalement urbain etla ville conçue pour l’automobile, où la marche devientpresque une excentricité ? Les générations qui grandissentsont moins nombreuses que leurs aînées : <strong>des</strong> régions,<strong>des</strong> quartiers sont en décroissance et le phénomène rejointdéjà certaines banlieues où les écoles ferment.La conférence s’articulera en deux temps.I. Les familles dans l’espace : ce qui caractériseglobalement les familles d’aujourd’hui, au-delà de ladiversité <strong>des</strong> modèles familiaux, en mettant l’accent surla dimension urbaine et géographique de la vie familiale.II.Propositions urbaines, environnementales etarchitecturales : <strong>des</strong> pistes de solutions pour contrerles conséquences imprévues et souvent paradoxales<strong>des</strong> choix individuels et faciliter la vie <strong>des</strong> familles.4Merci de m’avoir invitée à réfléchir avec vous aux contoursd’une communauté aux couleurs de ses familles.Avant de décliner la palette de ces couleurs familiales,arrêtons-nous un moment sur la communauté.Une communauté c’est un lieu de rencontres, d’échangeset d’entraide, qui s’appuie sur une identité collective. Cettecommunauté se déploie dans un espace. Les formesspatiales ne déterminent pas les liens communautairesqui s’y tissent, mais les orientent.L’espace urbain (ou plus généralement géographique) nedétermine pas les liens familiaux et la vie familiale qui sedéploient dans cet espace, mais il permet ou empêchecertaines activités (comme la marche à pied qui apparaîtcomme une excentricité dans plusieurs quartiers debanlieue), favorise ou décourage certainesdynamiques sociales et familiales (comme l’entraideintergénérationnelle qui est plus facile pour les genshabitant « à proximité » les uns <strong>des</strong> autres ou la conciliationfamille/travail, elle aussi plus facile si les lieux de travail etde résidence sont proches l’un de l’autre).La question à laquelle je veux m’arrêter avec vous est celle<strong>des</strong> caractéristiques spatiales et géographiques d’unecommunauté aux couleurs de ses familles. Plus précisément :ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 20061. Quelles villes, quelles régions, quels quartiers et quellesmaisons, voulons-nous pour les familles actuelles etcelles de demain ?2. Quels liens ou types de liens sociaux et familiauxsouhaitons-nous inscrire dans ces espaces ?3. Quels services collectifs (éducation, santé, parexemple), quels équipements culturels et de loisir,quels types de commerces souhaitons-nous trouver àproximité <strong>des</strong> lieux de résidence ? Et comment s’évaluecette proximité ?4. Quelles sont les conséquences à long terme de noschoix actuels ?Ces questions prennent une acuité particulière car lagénération qui grandit actuellement et celle <strong>des</strong> jeunesadultes sont moins nombreuses que la génération <strong>des</strong>aînés : <strong>des</strong> régions, <strong>des</strong> quartiers sont en décroissanceet le phénomène rejoint même certaines banlieues, oùferment <strong>des</strong> écoles (c’est le cas déjà à Laval, Sainte-Foyou Charlesbourg, pour prendre quelques exemples).À cet égard, implicitement, se font sentir les changementsdans la vie <strong>des</strong> familles sur lesquels je n’ai pas le tempsd’insister. Il y a moins d’enfants dans les familles, qui secentrent désormais sur les liens entre les générations :les parents veulent passer du temps « de qualité » avecles enfants ; ces liens étroits sont appelés à se prolonger


avec le vieillissement. La conciliation famille/travail concernedésormais tant les soins aux enfants qu’aux aînés.Quelles contraintes et quelles possibilités sont inscritesdans l’espace urbain et régional pour faciliter ou compliquerla vie <strong>des</strong> familles ?Comme 80% de la population du Québec vit dans <strong>des</strong>agglomérations urbaines et en gros 60% dans <strong>des</strong> secteurs« de banlieue », cela teintera mon propos.I- Conséquences imprévues de comportements et depréférences individuelles et familialesJ’aborderai la question de l’espace et de la communautépar les conséquences imprévues de certainscomportements, choix et préférences individuelles oufamiliales. Ces conséquences imprévues concernent tantles familles qui effectuent ces choix que l’ensemble de lacommunauté.1- Une maison unifamilialeSi la mémoire collective nous rappelle l’époque <strong>des</strong> famillesnombreuses où les enfants s’entassaient respectivement« dans la chambre <strong>des</strong> filles » et dans « celle <strong>des</strong>garçons », désormais la norme c’est « à chacun sachambre ».Au Québec comme dans le reste de l’Amérique du Nord,l’arrivée d’un premier enfant est, idéalement du moins,dans la mesure où on en a les moyens, le moment del’achat d’une maison, le plus souvent en banlieue.Cette maison de banlieue « idéale » est entourée d’unterrain où peuvent jouer les enfants et relaxer les parents.On peut y aménager dans le sous-sol une salle de jeuxpour les petits, qui se transformera possiblement enterritoire privé pour les adolescents, en appartementd’étudiant universitaire, voire en bureau pour un travailleurautonome.La banlieue est réputée l’espace le plus propice àl’éducation <strong>des</strong> enfants ; aussi, désormais, en Amériquedu Nord, c’est la majorité de la population qui y réside,depuis souvent deux ou même trois générations. Lesrésidents de ces quartiers y sont attachés, et y ontdéveloppé un sentiment d’appartenance.Attachement et appartenance, deux notions qui étaientjusqu’à récemment associées aux quartiers centraux.Les quartiers centraux sont désormais habités soit par <strong>des</strong>familles qui y habitaient déjà avant la flambée <strong>des</strong> prix oupour qui le prix d’une maison est une question qui ne sepose pas, ou à l’inverse par <strong>des</strong> familles peu fortunées etqui n’ont pas le choix d’y résider (c’est dans ces quartierscentraux surtout qu’on trouve les coopératives d’habitation,les HLM, les logements abordables, voire les taudis…). Iln’empêche, l’idéal, la référence, demeure la banlieue et lamaison unifamiliale, et le centre-ville et la vie enappartement restent pour plusieurs un « choix par défaut »,un « non-choix ».2- Se faire construireL’attrait du neuf est fort au Québec. Se faire construire,pour avoir une maison à son goût sans être obligéd’effectuer toute une série de rénovations. Se construirenécessite un terrain ; ceux-ci sont de plus en plus loin ducentre. Moins chères à l’achat, ces maisons éloignées ducentre obligent leurs propriétaires à avoir deux voitures,voire une par personne de plus de 18 ans ; il y aallongement du temps consacré aux déplacements, voireaux embouteillages.Se faire construire, ce n’est pas seulement une affaireindividuelle, cela a <strong>des</strong> incidences collectives car celaimplique de nouveaux développements. Qui paie pour lesinfrastructures nouvelles (rues, aqueducs, électricité,ramassage <strong>des</strong> ordures ou de la neige), alors que lesquartiers existants ont besoin de rénovation ? A-t-on lesmoyens collectivement de s’offrir à la fois de nouveauxdéveloppements et de rénover les quartiers centraux, maisaussi les banlieues construites dans les années 1950 et1960, et qui ont déjà une cinquantaine d’années ?On vient de constater tragiquement à Laval la désuétudede certaines infrastructures en banlieue. Ce n’est que lapointe de l’iceberg car les réseaux d’aqueduc et d’égoutsne sont pas en bon état dans ces secteurs. Le grandverglas de 1998 a révélé pour sa part les failles <strong>des</strong>réseaux d’électricité et la nécessité de les enfouir. Peutonentretenir, rénover et construire du neuf tout à la fois ?Notre portefeuille de contribuable nous fournit uneréponse…3- Les meilleures écoles pour nos enfantsÉcoles publiques à vocation particulière et écolesprivées : un « plus » éducatif, bien sûr, mais au prix dedéplacements importants pour les jeunes et leurs parents,en voiture ou en autobus scolaires (au coin de ma rue, 4autobus scolaires amènent les enfants vers autantd’écoles primaires). C’est ainsi que la marche à pied tendà disparaître dans plusieurs quartiers, dénués de toutefaçon de trottoirs et où les distances sont trop importantespour qu’on les marche, ou parce que la marche est tropdangereuse à cause de la vitesse <strong>des</strong> voitures. Après, ons’inquiète de l’obésité <strong>des</strong> jeunes… et de leurs parents.4- La course aux aubaines dans les gran<strong>des</strong> surfacesOn ne peut se rendre aux gran<strong>des</strong> surfaces qu’en voiture;est-ce une réelle aubaine ? Amortissement du prix del’auto ; essence… Mais plus fondamentalement encore,la multiplication de ces gran<strong>des</strong> surfaces entraîne laACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006 5


6disparition <strong>des</strong> commerces de proximité, et la dépendanceaccrue à l’auto : un cercle vicieux.Vivre dans les quartiers centraux nécessite de plus en plusune auto (de plus en plus pour la quincaillerie, pour lesvêtements d’enfants à Québec par exemple, etc.). Lecommerce de détail, sous la forme de centrescommerciaux et de magasins-entrepôts, est aussi de plusen plus installé à l’extérieur <strong>des</strong> agglomérations.La voiture, qu’on la possède ou qu’on la partage, qu’onhabite dans les quartiers centraux ou périphériques estnécessaire pour s’y rendre.La ville est désormais conçue et organisée pour <strong>des</strong>automobilistes. La ville contemporaine est traverséed’autoroutes et de larges boulevards, structurée par cesaxes routiers qui constituent souvent <strong>des</strong> barrièresinfranchissables pour les piétons et cyclistes (etcompromettent parfois la vie de quartier).5- L’automobile pour l’autonomieL’obtention du permis de conduire est l’un <strong>des</strong> rares ritesde passage dans notre société, qui marque le passage del’adolescence à l’âge adulte et l’accès à une véritableautonomie. Ne pas avoir d’auto, ne pas avoir de permisde conduire comme les adolescents ou les personnes àfaible revenu ; le perdre comme les personnes âgées :voilà une nouvelle forme de dépendance. Les parentsd’adolescents ou les enfants de personnes âgées sont ainsiamenés à « faire le taxi ». Parfois c’est à cause de ladistance, parfois de l’absence ou de la rareté <strong>des</strong> transportsen commun, parfois c’est pour transporter <strong>des</strong> provisions,<strong>des</strong> paquets. Le résultat est le même. Si l’auto en premièreapproximation apporte l’autonomie, on en est aussidépendant.Dans plusieurs banlieues, le transport en commun est réduit,voire carrément inexistant. Les services à distance demarche sont rares. Garderies, écoles primaires ousecondaires, ou dans un autre registre, services aux aînés,ainsi que parcs ou terrains de sports : autant de servicesdits « services de proximité », et où on se rend plus souventqu’autrement en voiture.Si les commerces de détail, plusieurs services (comme<strong>des</strong> cinémas) et même <strong>des</strong> entreprises s’installent hors<strong>des</strong> centres, dans <strong>des</strong> secteurs difficilement accessiblessans voiture (magasins-entrepôts ou parcs industriels), quiira y travailler (souvent au salaire minimum ou à peineplus) et par quel mode de transport ? En anglais, on parlede spatial mismatch à propos de ces emplois à petit salaireofferts dans <strong>des</strong> endroits difficiles d’accès sans voiture.Ceux qui n’ont pas de voiture ont-ils accès à <strong>des</strong> transportsefficaces et abordables (au sens où on parle de logementabordable) ? Les personnes à faible revenu sont-ellesassignées à domicile ou à un quartier ?ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 20066- Se rapprocher de ses semblablesS’installer dans un quartier où vivent <strong>des</strong> gens semblablesà nous aboutit à <strong>des</strong> quartiers à la population homogène.Ce qui fait cette homogénéité, ce peut être aussi bien<strong>des</strong> caractéristiques <strong>des</strong> résidences (soit le prix, soit letype de résidences, unifamiliales ou appartements) oude la population (quartiers ethniques ou gais, parexemple).Le laisser-faire en la matière fera qu’on aura de plus enplus <strong>des</strong> quartiers de vieux, de jeunes, de riches ou depauvres, même si au Québec, il n’y a pas encore de gatedcommunities comme aux USA et en Amérique Latine,quartiers dont l’accès est surveillé et filtré par <strong>des</strong> gar<strong>des</strong>de sécurité.L’automobilité — et la relative disparition <strong>des</strong> piétons —diminue les occasions de rencontres entre groupessociaux différents qui ne se croisent que sur <strong>des</strong>autoroutes, ce qui accroît les représentations stéréotypées<strong>des</strong> gens qui sont différents de soi : les banlieusardsapparaissent pour les résidents du centre commeamateurs de tondeuses et de piscines et les résidents<strong>des</strong> quartiers centraux comme riches babyboomers oumembres de gang de rue, au choix. Pour certains vieux,les enfants sont bruyants et les ados délinquants etréciproquement les aînés ont une réputation de grincheuxaux yeux <strong>des</strong> plus jeunes. Jusqu’à quel point la recherchede ses semblables peut-elle se faire au détriment de larencontre avec <strong>des</strong> gens différents de soi? Préjugés etchoix se renforcent mutuellement.Toutes ces questions se résument au fond de la façonsuivante : dans une société vieillissante et dans uneperspective de développement durable, faut-il poursuivrel’étalement urbain, ou rénover les milieux existants ?Rénover à l’identique ou autrement ? La poursuite del’étalement résidentiel dans un contexte de vieillissementde la population ne pourra pas s’accompagner del’étalement <strong>des</strong> services scolaires et médicaux. Queprivilégier et pourquoi ?Les réponses à ces questions auront <strong>des</strong> effets importantssur la vie <strong>des</strong> familles. Je le rappelle, les fermeturesd’écoles, généralement associées aux quartiers centrauxou aux régions, ont déjà rattrapé les banlieues…Le vieillissement de la population, souvent abordé par lebiais de l’équité fiscale, a aussi une composante spatiale.II- Propositions architecturales, urbaines etenvironnementalesComme je le disais plus tôt, l’espace urbain ne déterminepas les relations sociales entre les gens qui l’habitent,mais contraint ou complique parfois la vie quotidienne <strong>des</strong>familles, dans la conciliation famille/travail et dans lesrelations intergénérationnelles, surtout au moment del’entraide et en particulier du soutien aux aînés.


Quels aménagements urbains ou architecturaux pourraientfaciliter la vie <strong>des</strong> familles ? Je vais aborder successivementles maisons, les quartiers et les agglomérations.Les résidences : maisons et appartementsLa vie de famille s’inscrit en tout premier lieu dans larésidence familiale, dans une maison ou un appartement.Quelles maisons (ou appartements) sont adaptéesaux caractéristiques et aux bourses <strong>des</strong> famillesmonoparentales, <strong>des</strong> familles recomposées qui accueillent4 enfants une semaine sur deux, <strong>des</strong> familles quisouhaitent pratiquer la cohabitation intergénérationnelle ourésider dans <strong>des</strong> logements voisins de leurs proches pourfaciliter l’entraide ?Le défi, c’est d’avoir <strong>des</strong> résidences adaptées à tous lesmodèles familiaux et à toutes les bourses, donc unediversité <strong>des</strong> logements dans un même quartier, pour yaccueillir <strong>des</strong> familles à divers sta<strong>des</strong> de leur vie familiale,pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de demeurerdans un milieu de vie auquel ils sont attachés à toutes lesétapes de leur vie familiale (départ de chez ses parents,fondation d’une famille, départ de ses propres enfants,vieillissement). Cela a aussi pour effet d’éviter la formationde « ghettos » de vieux ou de jeunes…Deux exemples.La transformation de maisons unifamiliales en maisonsbifamiliales ou multifamiliales. On construit d’embléequelques maisons bi-générationnelles, et surtout, de plusen plus de propriétaires font <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> de permis pourtransformer leur maison en résidence bifamiliale en yajoutant un logement supplémentaire. Cela implique <strong>des</strong>coûts de rénovation ou de construction pour les familles...et <strong>des</strong> économies de temps et d’argent dans leur viequotidienne ; tout comme <strong>des</strong> économies collectives dansle maintien à domicile ou la garde <strong>des</strong> enfants. Y a-t-il <strong>des</strong>incitatifs financiers ou <strong>des</strong> obstacles réglementaires à cesrénovations ?Il existe aussi, surtout dans les banlieues construites dansles années 1960 et 1970, de nombreux petits blocsappartements de 3 ou 4 étages, walk-up (c’est-à-dire sansascenseur), qui ont la plupart un urgent besoin derénovations. Souvent, ce sont <strong>des</strong> immigrants qui yrésident, et en général <strong>des</strong> personnes à revenus mo<strong>des</strong>tes.Voilà un exemple où la rénovation ne devrait pas se faireà l’identique, mais viser une diversité de ménages etenvisager la transformation de certains en coopératives,en logement social, voire en condos, tout en tenant comptedu fait que plusieurs <strong>des</strong> résidents sont <strong>des</strong> utilisateurs<strong>des</strong> transports en commun.Bref, du côté <strong>des</strong> résidences :1. Favoriser la rénovation plutôt que la poursuite del’étalement.2. Nécessité de programmes incitatifs à la rénovation, ycompris dans les secteurs de banlieue existants, d’unepart, (pour les résidences unifamiliales, pour les petitsblocs appartements) et d’un assouplissement <strong>des</strong>règlements de zonage d’autre part…3. Aider les acheteurs de résidence à évaluer le coût duneuf et de l’étalement : achat de la maison mais aussicoûts de transport (2 autos…). Les enfants jouent dansla cour jusqu’à 10 ans, après ils veulent sortir et voirleurs amis, et les parents « font le taxi ».Quartier/BanlieueLes familles vivent aussi dans <strong>des</strong> quartiers, villes etvillages ; certains services de proximité leurs sontnécessaires : alimentation, pharmacie, écoles ou CPE,services médicaux. Comment se mesure la proximité ?En temps de déplacement. La garderie, l’école ou le travailne sont pas à tant de kilomètres de chez soi, mais à tantde minutes.On pense les services de quartier pour les enfants, maisil faut désormais penser aussi aux aînés et à leursproches, par exemple à l’insertion de centres de soinset de services aux aînés qui regrouperaient sous unmême toit l’ensemble de l’offre de services à domicileaux aînés. Ces services aux aînés sont nécessaires nonseulement dans les quartiers centraux, mais aussi dansles banlieues. En effet, si la proportion d’aînés estimportante dans certains quartiers centraux, leur nombretotal est plus grand en banlieue.Bref, quand on pense aux quartiers :1. Pour éviter ou raccourcir certains déplacements,revitaliser les centres <strong>des</strong> quartiers, en misant surles noyaux anciens dans le cas <strong>des</strong> banlieues.2. Dans ces centres de quartier, maintenir ou développer<strong>des</strong> commerces et services de proximité : pour lesaînés, pour les travailleurs à domicile, pour lestravailleurs en banlieue en général, pour les jeunesfamilles qui essaient de minimiser les déplacementsentre la maison, la garderie ou l’école et le travail.3. Faire de tous les quartiers, au centre et en banlieue,<strong>des</strong> endroits où il est non seulement possible maisagréable d’y marcher (trottoirs et signalisation) et oùla marche peut avoir une <strong>des</strong>tination et une finalitéautre que « prendre une marche » (commerces etservices), encore que marcher c’est bon pour la santéen général, celle <strong>des</strong> enfants, <strong>des</strong> adolescents aussibien que celle <strong>des</strong> aînés… En faire <strong>des</strong> lieux derencontre communautaire.4. Permettre aux aînés de demeurer chez eux aussilongtemps qu’ils le souhaitent et leur offrir <strong>des</strong>services de maintien à domicile, et de demeurer dansleur quartier s’ils doivent quitter leur maison. Et toutesles enquêtes révèlent clairement que c’est leurpremier choix.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 20067


8AgglomérationQuels types de mesures et d’aménagements del’agglomération pourraient avoir un effet positif sur lesfamilles ?Les villes se sont développées en fonction del’automobile. Y a-t-il d’autres moyens de se déplacer,à l’année, de façon plus écologique, plus active etmeilleure pour la santé ?Le transport actif (marche ou vélo) est possibleessentiellement sur <strong>des</strong> courtes distances et quand ilfait beau. S’il n’est pas toujours possible de choisir sonlieu de travail, il faut penser à la localisation <strong>des</strong>services « de proximité », d’une part, et d’autre part à<strong>des</strong> transports en commun plus conviviaux, plusrapi<strong>des</strong> et plus fiables et surtout qui fonctionnent endehors <strong>des</strong> heures de pointe (à cause de la montée<strong>des</strong> horaires atypiques) et qui relient <strong>des</strong> secteurs debanlieue entre eux et non seulement au centre-ville.Il n’y a pas que le smog, les gaz à effets de serre oules bienfaits de l’exercice qui obligent à repenser lesmo<strong>des</strong> de déplacement, mais aussi le vieillissementde la population. Il y a les habitu<strong>des</strong> de conduitedifférentes <strong>des</strong> aînés, qui évitent les autoroutes et lesheures de pointe, qui recherchent les services deproximité, et qui sont susceptibles avec l’âge de se faireretirer leur permis de conduire.J’ai parlé tout à l’heure de la tendance àl’homogénéisation <strong>des</strong> quartiers. Des déplacementsautrement qu’en voiture et sur <strong>des</strong> autoroutespourraient aussi être <strong>des</strong> occasions de rencontres entregroupes sociaux différents.Bref :1. Diminuer la dépendance à l’auto par <strong>des</strong> transportsen commun imaginatifs : <strong>des</strong> trains de banlieue, <strong>des</strong>taxis collectifs, <strong>des</strong> services de partage de véhicules.Des transports en commun où on peut transporterun sac d’école ou de provisions sans devenir pourautant une nuisance pour les autres usagers. ÀLaval, dans l’urgence, on a improvisé. Des leçons àen tirer.2. Le transport abordable est aussi important que lelogement abordable pour éviter l’assignation àrésidence ou dans un périmètre très restreint <strong>des</strong>personnes à faible revenu (ou <strong>des</strong> aînés).3. Encourager la diversité de l’offre résidentielle dansles quartiers pour éviter une « ghettoïsation », et uneperte de l’identité commune plus large que celle d’unquartier, faisant ainsi de la communauté plus qu’uncadre physique, un véritable lieu de relationssociales… et familiales.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006Conclusion : enjeux et défis pour <strong>des</strong> communautésqui se voudraient aux couleurs <strong>des</strong> famillesAvec la décroissance démographique, au Québec, ilest impossible de poursuivre l’étalement urbain. Uneffet de vase communiquant commence à se fairesentir : si on développe de nouveaux secteurs,d’autres se vident. Cela est vrai tant à l’échelle duQuébec que dans les agglomérations.L’enjeu est donc d’adapter tous les quartiers, centrauxet de banlieue, aux besoins d’une populationdiversifiée : jeunes ménages, aînés, travailleurs àdomicile, familles à géométrie variable.Et comment y arriver ? Par exemple, par <strong>des</strong>processus participatifs comme ceux que mon équipe(Le Groupe interdisciplinaire de recherche sur lesbanlieues ou Girba) orchestre depuis quelques annéesà Québec, où citoyens, fonctionnaires municipaux etprovinciaux, représentants <strong>des</strong> sociétés de transports,organisateurs communautaires, architectes eturbanistes, gens d’affaires, et même <strong>des</strong> élusmunicipaux décident ensemble d’objectifs et depriorités, qu’ensemble toujours, ils traduisent enpropositions concrètes sur une table à <strong>des</strong>sin (voirwww.girba.crad.ulaval.ca).Dans ces discussions, les coûts économiques toutcomme les coûts sociaux et environnementauxdevront être pris en compte pour que lescommunautés qui en seront issues soient vraimentaux couleurs <strong>des</strong> familles.Réactions de la salleMario Hamilton (Matane) Penser à la construction et àl’entretien <strong>des</strong> trottoirs pour développer l’accès auxservices de proximité.Céline Duval (Saint-Pie: entre Saint-Hyacinthe et Granby)Développer de nouvelles idées pour répondre au besoinde transport pour les aînés.Nicole Valade (Montréal, ayant habité la banlieue durantplusieurs années) Il devient de plus en plus difficile d’avoiraccès aux services de proximité. On doit faire face àl’augmentation du prix <strong>des</strong> maisons et à la constructionde maisons de plus en plus luxueuses.Madeleine Gagnon (Maisonnette <strong>des</strong> parents, PetitePatrie, Montréal) À Montréal, nous vivons un contexte defermetures d’écoles et de fusions d’écoles avec un mêmeconseil d’établissement. Actuellement, se développe lemodèle de l’école communautaire avec la présenced’organismes communautaires à l’école, pour offrir <strong>des</strong>services aux familles.


Communication IQue pensent les jeunes de la famille ?Gilles Pronovost, directeur généralConseil de développement de la recherche sur la famille du QuébecRésumé. Pour les fins de cet exposé, l’auteur s’en tient à la catégorie <strong>des</strong> jeunes qui entrent dansl’adolescence. A partir de recherches qualitatives et quantitatives menées auprès de cette catégorie dela population et en accord avec d’autres données américaines et québécoises, il conclut que lamajorité <strong>des</strong> jeunes se disent satisfaits de leur milieu familial et se sentent à la fois aimés etsupportés par leurs parents. On peut observer, cependant, un noyau de 10 % à 15 % de jeunes quidéclarent ne valoriser ni l’amour, ni les enfants. Ce refus de famille, sorte de négation <strong>des</strong> valeursfamiliales, renvoie à <strong>des</strong> rapports difficiles à l’institution familiale et à l’institution scolaire, l’une <strong>des</strong>résultantes étant une identité plus problématique.Note : Cette communication a été synthétisée à partir de la présentation multimédia.Comment définir « la jeunesse » ?Quelques moments clés, sans frontières bien définies entreeux nous aident à décrire cette réalité de la jeunesse :• la sortie de l’enfance, le passage de l’enfance àl’adolescence (10-12 ans);• la première adolescence, la construction de l’identité enrupture avec le monde adulte;• l’entrée sur le marché du travail ou l’accès aux étu<strong>des</strong>supérieures;• la formation du couple;• l’arrivée du premier enfant.Au cours <strong>des</strong> ans, les repères ont été modifiés et les motsassociés à l’idée de jeunesse s’associent ou se dissocientpour décrire notre réalité. De nos jours, on ne qualifie plus ladélinquance de « juvénile » comme l’adolescence s’estémancipée de la notion de crise. La culture englobe la contreculturemais on qualifie de plus en plus les adultes de jeunesadultes.Les jeunes: entre problèmes sociauxet acteurs de leur propre vieIl est souhaitable d’aborder l’étude <strong>des</strong> valeurs non commeun « problème » ou dans une perspective alarmiste, maiscomme l’une <strong>des</strong> dimensions du projet de vie <strong>des</strong> jeunes,comme la construction d’une représentation du monde et <strong>des</strong>oi par <strong>des</strong> acteurs sociaux de plein droit.La notion de valeur (définitions)La valeur est une manière d’être ou d’agir qu’une personneou une collectivité reconnaissent comme idéale et qui renddésirables ou estimables les êtres ou les conduites auxquelselle est attribuée. (Rocher, 1969, T. 1, p. 102.)Les valeurs « appartiennent aux orientations profon<strong>des</strong> quistructurent les représentations et les actions d’un individu ».(Bréchon, 2000, p. 9.)Les valeurs tendent à se structurer selon <strong>des</strong> schémascohérents. Les « patterns culturels cohérents » sont liés auxchangements économiques et technologiques. (Inglehart,1997, p. 69.)Une typologie <strong>des</strong> valeursLes valeurs peuvent être définies selon trois catégories :1- Les valeurs de légitimité,les valeurs reliées à la vie en sociétéElles renvoient aux grands idéaux collectifs que partagentune partie, voire l’ensemble d’une société. Elles désignentce qui est considéré comme important, fondamental, dansune société telles les conceptions relatives à la vie et àla mort, au travail, à la famille, à la religion et à la morale,au bonheur, etc.2- Les valeurs d’actionElles renvoient aux normes de comportement, auxmanières de faire, aux modalités pratiques de vivre ensociété. On peut aussi parler de normes morales et devaleurs relationnelles. On peut y inclure la tolérance, lesattitu<strong>des</strong> à l’égard du politique et de l’économie, lesnotions de justice, de liberté, d’autorité et de pouvoir, lesattitu<strong>des</strong> par rapport à la sexualité, etc.3- Les valeurs personnelles ou identitairesElles renvoient aux représentations reliées à l’identité, àl’image de soi, aux notions d’accomplissement et <strong>des</strong>uccès, aux rapports au temps et à l’histoire, etc.La structuration <strong>des</strong> valeurs chez les jeunes: au moinsdeux pério<strong>des</strong>-clésLa période de 14 à 16 ans, tout particulièrement,constitue une période charnière :• au plan <strong>des</strong> pratiques culturelles;• le détachement harmonieux ou difficile d’avec le milieufamilial;• les premières incursions sur le marché du travail;• la nature du cheminement scolaire.Entre 16 et 20 ans, le système <strong>des</strong> valeurs peut se faireou se défaire ; il est modulé :• par le projet scolaire et les perspectives d’avenir;• par l’insertion progressive sur le marché du travail.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006 9


La place de la famille dans les valeurs <strong>des</strong> jeunesLes valeurs <strong>des</strong> jeunes : la familleParmi les valeurs que les jeunes jugent importantes, lesquatre les plus souvent citées sont : être heureux en amour;avoir un travail intéressant; avoir <strong>des</strong> enfants et avoir devrais amis.Les valeurs mondiales : la familleDans une étude menée dans 43 pays sur les domainesjugés très importants pour les jeunes, l’on retrouve en ordredécroissant les éléments suivants: la famille, le travail, lesamis et le loisir. (Ingelhart, 1997, p. 209.)Principales valeurs de la famillePour les jeunes, la famille est perçue comme :1. un lieu de conception et d’éducation,2. un lieu de soutien. (Royer et Pronovost, 2004.)La famille est aussi associée aux valeurs de respect etd’amour. (Belleau, 2002, p. 85.)Les conceptions de la familleOn peut déceler dans les attitu<strong>des</strong> <strong>des</strong> jeunes face à lafamille :• une résurgence <strong>des</strong> valeurs familiales;• une stabilité <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> <strong>des</strong> jeunes à l’égard de leursparents;• un accroissement <strong>des</strong> attentes à l’égard <strong>des</strong> parents.De plus, les jeunes partagent généralement les attenteséducatives de leurs parents et perçoivent leurs parents demanière généralement positive.Cette minorité de jeunes …Cependant un noyau d’environ 15 % de jeunes entre 11 et15 ans, rejettent ces valeurs. Qui sont-ils ? Ce sont surtout<strong>des</strong> garçons, vivant <strong>des</strong> problématiques familiales etscolaires avec pour conséquence pour ces jeunes, uneimage fragilisée de soi.Des relations relativement harmonieuses avec lesparentsMais pour une grande proportion <strong>des</strong> jeunes, les résultatsde certaines étu<strong>des</strong> laissent voir que :• « Les étudiants du secondaire sont à ce point satisfaitsde leur famille qu’ils aimeraient en fonder unesemblable ». (Bernier, dans Gauthier et Bernier, 1997,p. 51.);• Une forte relation entre la satisfaction <strong>des</strong> jeunes à l’égardde leur milieu familial et la perception d’une relativecohésion de la famille.Couple et familleLa famille occupe toujours une place centrale chez lesjeunes. Cette famille se définit de la façon suivante :• normes relationnelles dans la vie privée ; de nouvellesrégulations fondées sur les choix électifs, la confianceentre intimes et l’harmonie dans les relationspersonnelles;10 ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006• engagement amoureux fondé sur un pacte du bonheur;• remontée <strong>des</strong> valeurs de fidélité et de la confianceréciproque;• ouverture très nette à revoir la répartition <strong>des</strong> rôleshommes-femmes.« Les générations d’après le baby-boom adhèrent donc àune conception de la vie en couple qui valorise la tolérancedans les mœurs et la fidélité conjugale ». (Bréchon, 2000,p. 52.)Dimensions importantes dans la vie de coupleLes jeunes identifient la vie de couple aux valeurssuivantes :• amour,• franchise, honnêteté,• respect de soi et <strong>des</strong> autres .(Belleau, 2002, p. 78.)Famille, construction de l’identité et système devaleursLes étu<strong>des</strong> récentes nous amènent aux conclusionssuivantes :• la prégnance du milieu familial au premier temps de laconstruction de l’identité chez les jeunes;• l’importance croissante d’autres acteurs extérieurs àla famille;• le détachement familial comme source dereconstruction <strong>des</strong> valeurs et de l’affirmation del’identité;• la nécessaire décentration par rapport au milieu familialest fragilisée par l’expérience positive ou négative quele jeune en retient.RéférencesAUBIN, J., LAVALLÉE , C., CAMIRAND, J., AUDET, N. et autres, (2002),Enquête sociale et de santé auprès <strong>des</strong> enfants et <strong>des</strong> adolescentsquébécois 1999, Québec, Institut de la statistique du Québec, mai2002, p. 253-291.BELLEAU, Hélène et BAYARD, Chantal, Rapport de recherche.Portrait <strong>des</strong> jeunes de 12 à 18 ans de Bordeaux-Cartierville, Montréal,CHSLD CLSC Bordeaux-Cartierville, 2002, 125 p.CSIKSZENTMIHALYI, Mihaly and SCHNEIDER, Barbara, BecomingAdult. How Teenagers Prepare for the World of Work, New York,Basic Books, 2000, 289 p.GALLAND, Olivier, Les jeunes, 6è éd., Paris, La Découverte, 2002,124 p.GALLAND, Olivier et ROUDET, Bernard, (sous la direction de),Les valeurs <strong>des</strong> jeunes: tendances en France depuis 20 ans,Paris, L’Harmattan, 2001, 239 p.GAUTHIER, Madeleine et al, (sous la direction de), (2003),Regards sur la jeunesse au Québec, Québec, Les Éditions del’IQRC, 155 p.


INGLEHART, Ronald, Modernization and postmodernization.Cultural, Economic and Political Change in 43 Societies,Princeton, New Jersey, Princeton University Press, 1997, 453 p.INGLEHART, R. BASANEZ , M., MORENO, A, Human Values andBeliefs: A Cross-Cultural Sourcebook, Ann Arbor, The Universityof Michigan Press, 1998.PRONOVOST, GILLES, « Entre travail et loisir : aperçu <strong>des</strong>transformations <strong>des</strong> temps sociaux et <strong>des</strong> pratiques culturelles auQuébec », in COTÉ, Roch (sous la direction de), Québec 2002,Montréal, Fi<strong>des</strong>, 2001, p. 571-589.PRONOVOST, Gilles, « Les jeunes et le temps », in Lien social etpolitiques, 2000, 43, 33-40.PRONOVOST, Gilles et ROYER, Chantal (dir.) (2004), Les valeurs<strong>des</strong> jeunes, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2004, 252 p.ROCHER, Guy, Introduction à la sociologie générale, Montréal, HMH,1969, 3 tomes; 554 p.SCHNEIDER, Barbara and STEVENSON, David, The AmbitiousGeneration, New Haven, Yale University Press, 1999, 321 p.Points de vue <strong>des</strong> partenairesPierre-Alain Benoît, président de Force Jeunesse. Pourles 18-30 ans, il y a remise en question <strong>des</strong> solidaritésformelles et développement <strong>des</strong> solidarités informellesrépondant aux besoins de stabilité, de qualité d’éducationet d’encadrement. Avec l’évolution du travail et du statutéconomique <strong>des</strong> jeunes, les situations financières etprofessionnelles sont instables. Un changement majeurse fait dans la pyramide démographique.Cathy Anglade, au nom du Regroupements <strong>des</strong> Maisonsde jeunes du Québec. Sur 135 Maisons de jeunes de 12 à18 ans, pour les grands centres et en régions, il y a uneminorité de jeunes en difficulté. Dans les Maisons de jeunes,on donne le droit de vote et accès à <strong>des</strong> postes au C.A.Dans le contexte de monoparentalité familiale, de famillesrecomposées et de familles dysfonctionnelles, les jeunesréussissent à se parler et à construire leur personnalité. Leursvaleurs prédominantes sont le respect, la coopération et l’entraide.L’estime de soi et l’ouverture d’esprit y sont développées.Ariane Émond fait préciser les attitu<strong>des</strong> <strong>des</strong> jeunes endifficulté face à leur famille. Face à la consommation, audécrochage scolaire et à la pauvreté, ont-ils accès à <strong>des</strong>adultes significatifs?Cathy Anglade constate que <strong>des</strong> parents démissionnentde leurs adolescents. Ceux-ci, manifestant le besoin decontacts significatifs, retrouvent dans les Maisons dejeunes <strong>des</strong> adultes significatifs auxquels ils ont accès dansleur quartier.Ariane Émond éclaire les deux bouts du spectre de lasituation de la jeunesse.1 On s’engage dans la famille quand on est stabilisé.2 Avec le brassage social causé par la mondialisation etl’instabilité du travail, serait-ce la fin <strong>des</strong> familles ?Pierre-Alain Benoît affirme qu’il y a présentement un miniboum à ce niveau. Les valeurs sociales morales etreligieuses étant moins présentes, les jeunes agissentdavantage selon <strong>des</strong> choix personnels que par obligationmorale. Ils vivent <strong>des</strong> cassures dans le rythme de vie.Lorsqu’ils sont prêts à abandonner le rythme de vie de leurprime jeunesse, les garçons qui désirent un premier enfant ontentre 26 et 30 ans. Pour les femmes, c’est encore plus tard.Gilles Pronovost, référant à François de Singly, identifiedeux piliers du système de valeurs <strong>des</strong> jeunes:1. l’âge au premier enfant,2. le nombre d’enfants.Les désirs d’un travail stable, de la possibilité de l’achatd’une maison et d’une voiture, les exigences <strong>des</strong> enfantsroissont <strong>des</strong> éléments de distanciation qui viennentinfluencer le choix de fonder une famille.Ariane Émond interroge les participants à l’égard de l’effet<strong>des</strong> pressions exercées sur les jeunes. La conciliationtravail-famille ne serait-elle qu’un idéal ? Le monde du travailserait-il porteur de ces pressions ?Pierre-Alain Benoît reconnaît les résistances du mondedu travail. Les lois et les conditions du travail font en sorteque 40 % de la main-d’oeuvre a une protection socialequasi inexistante.Cathy Anglade constate que les pressions exercées surles jeunes les poussent à produire toujours davantage, àfaire de l’argent très rapidement. Faire de plus en plusd’heures de travail les conduit au décrochage. Devant cetteréalité, les organismes communautaires n’ont passuffisamment de financement pour intervenir adéquatement.Ils font entendre une sonnette d’alarme.Ariane Émond demande si on en parle suffisamment surles bancs d’école.Gilles Pronovost dit que les jeunes reconnaissent ceproblème.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 200611


Réactions de la salleViolaine Gaulin, du Carrefour du Richelieu à Chambly, a«quatre enfants avec le même conjoint». Son fils aîné a17 ans. Elle dialogue avec lui sur le pouvoir de créer unefamille et de grandir à travers ses enfants. Avoir <strong>des</strong> enfantspeut être considéré comme un investissement à longterme et non pas comme une perte de privilèges.Sylvie Turbide, du ministère de la Famille, pose laquestion <strong>des</strong> effets de l’ouverture <strong>des</strong> magasins ledimanche.Pierre Alain Benoît constate les effets négatifs. Le marchédu travail mondial influence négativement la gestion dutemps de travail <strong>des</strong> employés avec <strong>des</strong> horaires fracturéset irréguliers, <strong>des</strong> contrats intensifs et de courte durée.Marie-Thérèse Poupart, mariée depuis 25 ans, a eurecours à <strong>des</strong> valeurs familiales qui lui ont permis depersévérer dans <strong>des</strong> conditions bien établies. Face à <strong>des</strong>problèmes graves de santé mentale, elle a trouvé la forceintérieure. Elle reconnaît que la présence de ses enfantsde 20, 17, 15 et 14 ans vient fleurir sa vie.Gilles Pronovost constate que les couples actuels font<strong>des</strong> pactes de bonheur pour vivre leur relation de coupleavec ou sans enfants. Ils trouvent <strong>des</strong> façons d’êtreensemble en dehors du contrat juridique.Bernard Marier, chercheur au Conseil permanent de lajeunesse, a identifié auprès de 100 jeunes interrogés surleur conception de la famille, que l’ancrage social et familial,par les réseaux d’amis et de travail, est une valeuressentielle. La famille élargie leur donne <strong>des</strong> conditionsfacilitantes à leur épanouissement.Cathy Anglade reconnaît que 10 à 15 % <strong>des</strong> jeunes refusentde reconnaître la valeur de l’amour dans la famille. Enréaction à un modèle carencé de la famille, certainsperçoivent que donner la vie à un enfant peut être un moyende s’en sortir.Anne-Marie Chagnon, conseillère municipale de Val-David,côtoie <strong>des</strong> jeunes articulés, intéressants et impliqués. Ellerencontre <strong>des</strong> préjugés exprimés à leur égard. On a tropsouvent peur <strong>des</strong> jeunes adolescents présents sur la placepublique (exemple: skate parc).Ariane Émond mentionne que les adolescents sont souventnoircis dans les médias. Elle demande ce que nous pouvonsfaire pour changer la donne.Gilles Pronovost constate par les productions de musiqueet de théâtre que les adolescents désirent un milieu stable,chaleureux et affectueux. Il constate cependant que leursconditions de vie s’effritent facilement.Cathy Anglade affirme qu’il est important de faire lapromotion <strong>des</strong> bons coups <strong>des</strong> jeunes. Il arrive tropsouvent que leurs parents ne viennent pas voir leurs côtéspositifs. Elle note cependant que leurs grands-parentsles encouragent.Christiane Gaouette, de l’Office de la famille, constateque l’influence <strong>des</strong> valeurs matérialistes chez les jeunes,les fait retarder leur désir de fonder une famille. Dansune société de consommation encouragée par les babyboomers, la carrière passe avant la famille.Ariane Émond relance l’interrogation sur l’importance <strong>des</strong>pressions de cette société de consommation auprès <strong>des</strong>enfants.Gilles Pronovost affirme que le consumérisme estdéveloppé chez les très jeunes enfants. Il soulignel’importance de la valeur famille qui permet de choisir lafaçon d’être ensemble. Il formule certains espoirs dansles tendances exprimées pour la conciliation famille-travail.La principale source du problème se trouve au niveau dumilieu de travail dans une société industrialisée etcommercialisée.Ariane Émond appuie cette assertion en explicitantl’importance <strong>des</strong> congédiements et <strong>des</strong> refus d’embaucheen milieu de travail.Pierre-Alain Benoît identifie la possibilité de serenouveler comme société par une prise de consciencecollective sur les aspects économiques etdémographiques. Cela aurait un impact sur les financespubliques et la pérennité <strong>des</strong> programmes sociaux.Ariane Émond interpelle sur les vrais défis qui seraientde considérer les enfants comme la première richessenaturelle qui permettrait de continuer à faire roulerl’économie.Roger Le Clerc, du Regroupement <strong>des</strong> organismesvolontaires d’éducation populaire, souligne l’importance<strong>des</strong> petites unités, à dimensions humaines, pour lesécoles et les entreprises, de la revalorisation de la familleet de l’ouverture inter-mondialiste pour notre société. 600millions d’Africains ne demanderaient pas mieux que decontribuer à notre société en bénéficiant de nos richesses.Cathy Anglade observe que, dans les polyvalentes, lesadolescents se connaissent par petits groupes. Pour cequi est de l’immigration, nous devons améliorer lesconditions de vie et de travail autant pour la populationlocale que pour les immigrants.12 ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


Communication IIPratiques de solidarité familiale :«Parentalité et grandparentalité <strong>des</strong> années 30 à aujourd’hui»Renée B. DandurandChercheure, Institut national de la recherche scientifiqueMarianne KempeneersProfesseure-chercheure, Université de MontréalRésumé. Parmi les pratiques de solidarité familiale les plus courantesfigure la garde <strong>des</strong> jeunes enfants : que ce soit en raison de la maladieou de la mort, de la désunion du couple ou du travail hors du foyer, de touttemps, les parents ont eu besoin du soutien de leurs proches.À l’aide <strong>des</strong> données issues d’une vaste enquête auprès de 500Québécois et Québécoises nés entre 1933 et 1954, qui nous parlentnotamment de leur enfance, de celle de leurs enfants et de leurs petits-enfants, nous présentons l’évolution, pour troisgénérations, <strong>des</strong> pratiques de garde entre proches. Ces données permettent de dégager <strong>des</strong> profils plus ou moinscontrastés de la parentalité et de la grandparentalité depuis les décennies 1930 jusqu’à aujourd’hui.Note : Cette communication a été synthétisée à partir de la présentation multimédia.Réflexions sur les grands-parentsNotre exposé est centré sur certaines pratiques <strong>des</strong>olidarité familiale assumée de plus en plus largementpar les grands-parents. Les étu<strong>des</strong> actuelles démontrenttrois gran<strong>des</strong> contributions <strong>des</strong> grands-parents à leurréseau familial :1. une contribution financière vers les enfants et les petitsenfants;2. un soutien aux aînés;3. un soutien à la garde <strong>des</strong> petits-enfants.Les grands oubliés de la vie familiale en Occident ?Dans leur ouvrage paru récemment en France, Grandsparents,la famille à travers les générations, ClaudineAttias-Donfut et Martine Segalen font la remarquesuivante : « Grands oubliés de la société, les grandsparentsappartiennent pourtant aux nouvelles figures denotre temps ».Ils sont les grands oubliés <strong>des</strong> médias et <strong>des</strong> publicités,les grands oubliés dans les conférences sur la famillecomme celle de Beijing en 1995 sur les femmes, où il n’yavait pas une ligne sur les grand-mères. Ils sont oubliéségalement par les sciences humaines. Lorsque l’on enparle, c’est pour ramener le modèle de la famille nucléaire.Des figures nouvelles. En quoi ?Les grands-parents actuels se différencient <strong>des</strong> générationsprécédentes sur plusieurs aspects.• Allongement de l’espérance de vie. Au 20 ème siècle, 30années se sont ajoutées à la durée de vie.• Autonomie économique. Le statut <strong>des</strong> personnes âgéesest passé de personne à charge de leurs enfants àcelui de pourvoyeur auprès de leurs enfants et petitsenfants.Il y a eu inversion du sens de l’échangeéconomique à l’intérieur de la famille.• Parcours de vie familiale. Les grands-parents actuelsont connu ou ont été acteurs <strong>des</strong> changements dans lavie du couple. Ils ont connu la contraception efficace,le divorce, l’union libre et l’accès au marché du travailpour les femmes. Ils se sentent plus proches de leursenfants que de leurs parents.• Diversité <strong>des</strong> grands-parents. Il y a plusieurs types degrands-parents : ceux plus jeunes et plus actifs versusles plus vieux et moins autonomes, etc.Quand la coopération intergénérationnelle est importante,les grands- parents deviennent <strong>des</strong> nouveaux partenaires,avec les parents, de l’éducation <strong>des</strong> petits-enfants, unsoutien important lors de la rupture et pendant les autrescrises vécues dans la famille de leurs petits-enfants.Les solidarités familiales aujourd’huiComment définir la solidarité? Elle se vit toujours à l’intérieurd’un groupe social (une famille, une communauté). Ellesuppose la conscience d’une appartenance commune quicrée <strong>des</strong> devoirs de réciprocité entre les membres dugroupe. Elle désigne l’ensemble <strong>des</strong> dispositifs et <strong>des</strong>comportements de redistribution de biens, de services et<strong>des</strong> prestations symboliques (échanges d’informations,prestation affective).ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 200613


14L’État providence a-t-il fait disparaître les solidaritésfamiliales ?En instaurant plusieurs programmes de solidarité publique,a-t-on fait disparaître les solidarités familiales? Cettequestion est souvent posée par les organismescommunautaires. Avant les années soixante, l’Églisecatholique s’est souvent opposée aux interventions del’État au nom <strong>des</strong> solidarités familiales existantes. Derécentes gran<strong>des</strong> enquêtes montrent que l’État n’a pasfait disparaître ces solidarités mais, au contraire, auraitcontribué à resserrer les liens familiaux.Comment expliquer cela? L’État providence a fait disparaîtrele caractère obligatoire de venir en aide à ses proches.Ceux qui sont dorénavant aidés par l’État acquièrent uneindépendance financière et une certaine autonomie ce quifavorise <strong>des</strong> liens familiaux plus harmonieux. Au milieu <strong>des</strong>années 80, au moment ou l’État providence commence àse désengager en ciblant les clientèles à risque plutôt qu’enaidant tous ceux qui en ont besoin, on a recommencé àfaire appel aux familles. La solidarité familiale, qu’on avaitoubliée, redevient un mot à la mode. On peut se demander,à la lumière <strong>des</strong> politiques actuelles, jusqu’où la solidaritépublique pourra compter sur la solidarité familiale et jusqu’oùl’absence de solidarité publique portera-t-elle atteinte à lasolidarité familiale.(Renée B. Dandurand cède la parole à Marianne Kempeneerspour la suite de l’exposé.)L’enquête : Biographies et solidarités familiales auQuébecLe but général de l’enquête est de documenter l’état <strong>des</strong>solidarités familiales au Québec en s’intéressant auxtransformations <strong>des</strong> solidarités publiques et privées àtravers trois générations et à l’impact de ces transformationssur les conditions de soutien apporté aux individus fragilisés(chômeurs, mala<strong>des</strong>…) ou ceux requérant <strong>des</strong> ai<strong>des</strong>spécifiques à divers sta<strong>des</strong> de la vie (garde <strong>des</strong> enfants,étu<strong>des</strong>, vieillissement…).Les objectifs principaux de la recherche sont :• Retracer, au cours du dernier siècle, les continuités etdiscontinuités <strong>des</strong> trajectoires et <strong>des</strong> solidaritésfamiliales;• Mettre en lumière <strong>des</strong> modalités d’articulation entre lessolidarités familiales, les transformations du travail (enparticulier celui <strong>des</strong> femmes) et les régimes de protectionsociale.Les hypothèses retenues pour cet exposé sont :1. Les pratiques de solidarité familiale au Québec semaintiennent à travers le siècle.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 20062. Elles se redéploient en accordant une place accrue auxgrands-parents et aux conjoints.3. Ces solidarités familiales s’articulent à la conjoncturedu marché du travail et à celle <strong>des</strong> nouvelles ressourcespubliques mises en place par l’État protecteur.L’échantillon est composé de 500 personnes, hommeset femmes nés au Québec entre 1934 et 1954, résidantdans la grande région de Montréal et qui sontfrancophones. Les individus ont été sélectionnés par unéchantillonnage aléatoire de numéros de téléphone etl’enquête a été menée en 2004.Ces personnes ont été invitées à raconter leur vie, àreconstituer leur trajectoire familiale, professionnelle etrésidentielle, en mentionnant <strong>des</strong> dates et <strong>des</strong>événements très précisément. Les participants parlaientde leur vie mais également, de façon moins documentée,de celles de leurs parents et de leurs enfants. C’est en cesens que l’étude couvre tout le vingtième siècle.On peut dégager quelques caractéristiques <strong>des</strong>répondants :• leurs parents sont nés au début du siècle (1900-1934);• leurs enfants : entre 1954 et 1994 environ;• Leurs petits-enfants : entre 1980 et aujourd’hui;• leur petite enfance (- de 5 ans) s’est déroulée avant 1960(leurs parents n’ont pas eu accès à plusieurs servicespublics aujourd’hui disponibles);• ils sont sortis de l’enfance et entrés dans la vieprofessionnelle entre 1950 et 1970: en pleine périodede prospérité économique et de changements majeursdans tous les domaines (famille, travail, mise en placede l’État providence).Pour illustrer les résultats de la recherche, nous avonschoisi deux moments dans la vie <strong>des</strong> répondants soit lesrelevailles et celui de la garde <strong>des</strong> enfants.Les relevailles à travers deux générations.Les relevailles sont définies par la période qui suitimmédiatement l’accouchement et qui mobilise lesproches auprès de la jeune mère. Pour ces répondants,cette période de vie a vu un accroissement de l’implication<strong>des</strong> grands-parents et <strong>des</strong> conjoints auprès de la mère.Lorsque l’on pose la question à ces personnes, si ellesont participé aux relevailles de leurs enfants, ellesrépondent oui à 44,6 %.La garde « principale » <strong>des</strong> enfants à travers troisgénérations. Lorsqu’on regarde les réponses en ce quiconcerne la garde « principale » <strong>des</strong> enfants, l’on remarqueque le nombre de personnes qui répondent « les parentsuniquement », diminue fortement. Par contre le rôle de lagarde formelle (gardienne, institution…) s’accroîtfortement de même que celui <strong>des</strong> grands-parents. Il semble


s’établir une logique de complémentarité entre la gardeformelle et les grands-parents.La garde « occasionnelle » <strong>des</strong> enfants à travers lesdeux premières générations. Dans le cas <strong>des</strong> servicesde garde lors de maladie, de vacances ou d’imprévus, laparticipation <strong>des</strong> grands-parents s’accroît fortement (de 22,9à 49,0 %) tandis que celle <strong>des</strong> oncles et <strong>des</strong> tantes diminue(de 43,2 à 25,7 %). Le rôle <strong>des</strong> frères et sœurs disparaîtpresque totalement (17,3 % à 1,9 %).La 3 e générationEgo comme grands-parents (1982 à 2004)Lorsque l’on regarde la troisième génération, l’on constateque 40 % <strong>des</strong> répondants sont <strong>des</strong> grands-parents. Parmiceux-ci, 71,0 % gardent leurs petits-enfants selon <strong>des</strong>fréquences variables. Près de 40 % de ces grands-parentssont impliqués dans la garde de leurs petits-enfants de façonrégulière (de plusieurs fois par mois à plusieurs fois parsemaine). Ces données illustrent l’implication importante<strong>des</strong> grands-parents auprès de leurs petits-enfants.Ce sont <strong>des</strong> tendances qui se dégagent de cette enquête.L’analyse <strong>des</strong> données de l’enquête devra se poursuivreau cours <strong>des</strong> prochains mois sur une base quantitativeet qualitative.(Marianne Kempeneers cède la place à Renée B. Dandurandpour la conclusion de cette communication.)Cette enquête nous montre certains changements dansl’exercice de la parentalité et de la grandparentalité.Du coté de la parentalité, nous avons vu une baisseconsidérable de la présence exclusive <strong>des</strong> parents àtravers les trois générations, ce qui correspond à l’arrivéemassive <strong>des</strong> femmes sur le marché du travail. D’autrespersonnes interviennent désormais dans la vie <strong>des</strong> enfants,notamment la gardienne et les grands-parents. À lanaissance, les conjoints sont de plus en plus présents, cequi démontre un investissement croissant <strong>des</strong> hommesdans la parentalité, ce que notre société encourage avecles congés de naissance et parentaux.Du coté de la grandparentalité, on observe que les grandsparentssont très présents durant les relevailles, audétriment, autrefois, de la présence <strong>des</strong> sœurs, et trèsprésents dans la garde principale. Cela confirme le constatde plusieurs étu<strong>des</strong> qui montrent que la famille élargiecontemporaine se resserre autour de l’axe de filiation, celleciétant la lignée enfant, parents, grands-parents et arrièregrands-parents.La motivation <strong>des</strong> grands-parents à s’impliquer davantageauprès de leurs petits-enfants sera explorée dans l’étudequalitative <strong>des</strong> prochains mois. Il faut voir <strong>des</strong> liens entreles résultats de cette enquête et d’autres thèmes abordésdans les États généraux comme le manque de temps etles difficultés conjugales et financières <strong>des</strong> parents.Points de vue <strong>des</strong> partenairesYves Lajoie, directeur général du Regroupementinter-organismes pour une politique familiale auQuébecNathaly Roy, présidente de la Fédération <strong>des</strong>associations de familles monoparentales etrecomposées du Québec inc.Lorraine Guay, infirmière militanteNathaly Roy observe le contexte de rupturefamiliale auprès de 300 familles. Les grandsmamansd’adoption interviennent dans unprocessus d’adaptation pour toute la famille. Ellesne prennent pas parti et demeurent présentes.Ariane Émond constate que l’étude présentée parles conférencières vient documenter cesobservations.Lorraine Guay fait référence au rapport Bouchard,Un Québec fou de ses enfants, rappelant que noussommes responsables <strong>des</strong> enfants <strong>des</strong> autres. Ellerecommande de résister aux politiques quisoulageraient les célibataires de leursresponsabilités face aux enfants. Le travail précaireet non réglementé influe sur les rapports travail/famille/culture et participation citoyenne. Face auproblème de la pauvreté <strong>des</strong> enfants et <strong>des</strong> familles,elle fait appel à la vigilance publique à l’égard de laphilanthropie du secteur privé qui obtient <strong>des</strong>crédits d’impôt. La générosité, l’empathie et lacompassion sont prioritaires.Il est important d’encourager les rapports gratuitsaux enfants dans le développement <strong>des</strong> solidaritésdomestiques. Elle observe que les conjointsinterviennent en force dans les solidarités familiales.Yves Lajoie, dans sa présentation intitulée De Trois-Rivières à Tombouctou illustre que la famille réelleest immense. Elle peut être différente de la belle-familleet de la famille recomposée. Après 50 ans de vie auprèsd’organismes familiaux et d’organismes à intérêtfamilial, il reconnaît que les collaborations à laconstruction sociale sont intrafamiliales et interfamiliales.Elles s’élargiront au plan international endéveloppant l’autonomie, l’horizontalité, la verticalité(liens intergénérationnels) et la subsidiarité (soutienaux familles).ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 200615


Réactions de la salleAriane Émond introduit le débat en mettant en perspectiveles implications <strong>des</strong> chercheurs et les contributions au biencommun <strong>des</strong> solidarités sociales familiales et individuelles.Mariane Kempeneers souligne l’importance <strong>des</strong> solidaritésintra familiales.Renée B. Dandurand met en évidence l’ordre qualitatif deces contributions.Brigitte Ouellette, de SOS Réseau Soleil, exprimel’essoufflement <strong>des</strong> grands-parents au niveau intrafamilial.Mariane Kempeneers précise que 30 % <strong>des</strong> grandsparentsne s’impliquent pas dans le soutien intrafamilial.Renée B. Dandurand reconnaît la fragilité de la solidaritéfamiliale. Quand la charge devient trop lourde, on se retire.Cet aspect sera questionné au niveau qualitatif par <strong>des</strong>entrevues à venir.Brigitte Ouellette mentionne que les hommes sont moinsprésents que les femmes. Il importerait de leur laisserdavantage de place dans les solidarités intrafamiliales.Bernard Lefebvre, parent, a élevé seul ses quatre enfants.Il questionne le retrait <strong>des</strong> enfants de la garde paternelleet considère qu’une étude portant sur cet aspect devraitêtre faite et acheminée en haut lieu.Henri Lafrance, de l’Association <strong>des</strong> Grands-Parents duQuébec, déplore le fait que les grands-parents attendentd’être en détresse pour demander du soutien à leursinterventions familiales. Lors de la tempête du divorce, ilsapportent du support jusqu’à l’épuisement alors que lepère est souvent diabolisé par la brue et par la familleélargie.Ariane Émond pose la question du rapport entre lesmesures étatiques et les solidarités familiales spécialementpour les familles d’accueil et les problématiques liées àl’adoption.Annie Vézina, du Comité de la famille de Charlesbourg,intervient à propos de la solidarité obligée <strong>des</strong> grandsparents.1. Pour les conjoints, on doit faire reconnaître davantagece que fait le parent qui a la charge <strong>des</strong> enfants.2. Pour les garderies communautaires, il faut améliorer lesupport au financement.3. Pour les CPE, il faut réviser les normes qui pénalisentles familles qui n’y correspondent pas.Céline Duval, de l’AFEAS, fait appel à l’attention à donnerdavantage au «travail invisible» <strong>des</strong> parents. Elle voit lanécessité d’un «projet mobilisateur» au Québec. Ellerecommande :1. Le versement de prestations parentales à toutes lesmères qui accouchent. Il y a actuellement 20 000 mèresexclues.2. L’octroi, par la CSST, d’une compensation équivalenteaux pertes de salaire assumées par une personnedevant quitter son emploi pour accorder de l’aide à safamille.D’autres recommandations figurent au site www.afeas.qc.caAriane Émond reformule trois questions à partir <strong>des</strong>dernières interventions de la salle :1. les solidarités obligées <strong>des</strong> grands-parents;2. les problèmes liés aux familles d’accueil et auxprocédures d’adoption;3. les politiques de l’État pour soutenir les solidaritésfamiliales.Lorraine Guay croit que les politiques sont mauvaiseslorsqu’elles ne sont pas dans l’ordre d’un choix, lorsqueles rôles deviennent prescrits, normatifs, obligatoires. Leretour obligatoire <strong>des</strong> femmes dans la sphère domestiquen’est pas souhaitable. D’autre part, le désengagementde l’État contribue à l’érosion <strong>des</strong> solidarités familiales.Renée B. Dandurand déplore le retour aux solidaritésobligées par les coupures de lits dans les CHSLD. Elleappuie les revendications de l’AFEAS et lesreprésentations concernant le développement <strong>des</strong> congésparentaux.Nathaly Roy exprime qu’elle est souvent touchée par lalourdeur <strong>des</strong> situations tordues concernant lesrapports entre la DPJ et les familles dans les procéduresd’adoption. Elle observe que les pères ont <strong>des</strong> façonsdifférentes de prendre soin de leurs enfants. Pour leurlaisser leur place, il faut le reconnaître et composer avecces différences de perceptions.Yves Lajoie constate un essoufflement <strong>des</strong> organismesqui donnent un encadrement aux familles. Il voit lanécessité d’appuyer les regroupements d’organismes etde favoriser les solidarités inter-organismes.Mariane Kempeneers considère le piège du travailinvisible. Elle affirme cependant l’importance du liensymbolique qui émane du rôle <strong>des</strong> personnes importantesdans la mouvance <strong>des</strong> précarités conjugales.Ariane Émond conclut , en s’appuyant sur le résultat del’enquête exploratoire présenté dans le documentPortrait de familles qui a inspiré la déclaration communeprésentée dans les chemises <strong>des</strong> participants, que lesgrands-parents sont une fenêtre ouverte au-delà de lavie familiale.16 ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


Ouverture officielle<strong>des</strong> États généraux sur la familleRoch Turcotte, président de la COFAQ, souhaite labienvenue aux personnes présentes aux Étatsgénéraux sur la famille. Il rappelle aux participants dansune courte allocution, que les changements survenusà l’intérieur de la famille dans les dernières décenniesnous forcent à nous interroger sur l’avenir de nos enfantsactuels et à venir. Monsieur Turcotte a invité lalieutenant-gouverneure, l’Honorable Lise Thibault, àprendre la parole afin de procéder à l’ouverture officielle<strong>des</strong> États généraux sur la famille.Sur la photo, l’Honorable Lise Thibault, lieutenant-gouverneure duQuébec, Roch Turcotte, président de la COFAQ et, à l’arrière plan,Ariane Émond, animatrice.Message de la Lieutenant-gouverneure du QuébecVous souvenez-vous que, dans « l’ancien temps », la plupart <strong>des</strong> famillesquébécoises se rendait au moins une fois chez le photographe afin de faireréaliser son « portrait de famille » officiel ? À cette époque, la famille faisaitimage de stabilité et la seule chose qui différait au fil du temps était bien souventle blanchissement <strong>des</strong> cheveux de chacun de ses membres !De nos jours, il est beaucoup plus complexe d’établir un portrait de famille et,afin de s’outiller sur les nouvelles réalités familiales et en tirer <strong>des</strong> propositionsconstructives, la Confédération <strong>des</strong> organismes familiaux du Québec présente,en ce 28 octobre 2006, ses États généraux sur la famille.Parce qu’il y a tant à faire pour comprendre, aider et favoriser les famillesquébécoises, la théorie <strong>des</strong> « petits pas » permet de mettre en commun unemultitude de données qui, lorsque rassemblées, se font porteuses d’espoir et dedéveloppement. Dans nos changements de société, il est impératif d’être enmesure de donner un visage à nos familles pour mieux les représenter etcomprendre leurs besoins. Je souhaite donc la bienvenue à tous les participantsde cette importante rencontre de la Confédération <strong>des</strong> organisme familiaux duQuébec et je salue leur travail méritoire.Allocution d’ouvertureL’Honorable Lise Thibault, en illustrant ses propos de nombreuses anecdotes de sa vie familiale, a rappelé que la familleest la base de notre société, le « premier gouvernement ». Elle a souhaité que la réflexion et la vision qui se dégagerontde ces États généraux puissent être partagées par le plus grandnombre et qu’elles se traduisent en action. Elle souhaite que lesparticipants croient en cet exercice qu’ils vont entreprendre, enrappelant que la famille actuelle ne ressemble pas à la famille d’hieret encore moins à celle de demain.Monsieur Turcotte remercie la Lieutenant-gouverneure de saprésence et de l’intérêt qu’elle a manifesté envers la réussite <strong>des</strong>États généraux sur la famille.Sur la photo, le garde du corps, Denise Campeau Blanchette, directrice généralede la COFAQ, l’Honorable Lise Thibault, lieutenant-gouverneure du Québec etRoch Turcotte, président de la COFAQ.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006 17


Phase IRapport : Portrait de famillesJocelyne Valois, sociologue18ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006Le présent texte porte sur lespoints saillants de Portrait defamilles, rapport de la Phase I<strong>des</strong> États généraux sur la famille.Des famillesprennent la paroleCette enquête nous permet detracer un portrait de la situationfamiliale de personnes qui ontpris l’initiative de répondre au questionnaire de la COFAQ.Ces personnes sont près de huit cents. Il s’agit là d’un nombreappréciable qui apporte de la crédibilité aux réponsesdonnées. Cependant, l’enquête ne peut pas êtrereprésentative <strong>des</strong> familles qui ne prennent pas une telleparole et qui, souvent, vivent de sérieuses difficultés. Celase reflète d’ailleurs dans <strong>des</strong> taux élevés de satisfaction quipeuvent étonner. Soulignons toutefois que les familles dites« à problèmes » sont loin de constituer une majorité defamilles au Québec.Un autre effet du type d’enquête par questionnaire autoadministré,c’est que la majorité (74 %) <strong>des</strong> répondants ontfait <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> post-secondaires (30 % au collégial et 44 %à l’université), ce qui entraîne une surreprésentation <strong>des</strong>personnes instruites par rapport à l’ensemble de la populationquébécoise. Cependant, sous d’autres aspects, nosrépondants sont assez représentatifs <strong>des</strong> famillesquébécoises, comme nous le verrons avec le profilsocioéconomique.Profil socioéconomique <strong>des</strong> répondantsselon les régions administratives 1Les répondants sont-ils représentatifs de la population <strong>des</strong>diverses régions du Québec ? À l’exception du Nord duQuébec, toutes les régions administratives sontreprésentées. Dans le cas de huit régions, cettereprésentation est égale ou supérieure à la proportion de lapopulation québécoise que chacune de celle-ci comprend. 1Les régions sous-représentées sont le Bas-Saint-Laurent,l’Estrie, l’Outaouais, l’Abitibi-Témiscamingue, Laval,Lanaudière, Laurenti<strong>des</strong> et même Montréal. 2Sur le plan ethnique, les répondants sont très majoritairementoriginaires du Québec ou du Canada français hors Québec.Les 47 répondants qui ne le sont pas viennent de l’Europe(21), <strong>des</strong> Amériques excluant le Canada et les États-Unis(19), de l’Afrique du Nord (4) et de l’Asie-Moyen-Orient (3).Malgré le petit nombre de personnes appartenant à <strong>des</strong>familles immigrantes, nous tenterons de dégager certainsaspects qui leur seraient spécifiques.Groupes d’âge 2C’est le groupe <strong>des</strong> 31 à 40 ans qui compte le plus derépondants. Nous savons par ailleurs que 87 % <strong>des</strong>personnes appartenant à ce groupe sont <strong>des</strong> femmes.Compte tenu que l’âge moyen <strong>des</strong> femmes à lanaissance d’un premier enfant est de 28 ans, 3 nousavons là une bonne représentation <strong>des</strong> mères de jeunesenfants.Typologie <strong>des</strong> familles 3577 familles avec enfant(s) à la maison. Selon cesdonnées, 73,7 % <strong>des</strong> familles sont biparentales. C’estidentique à l’ensemble <strong>des</strong> familles québécoises, selonle recensement de 2001. De plus, les famillesbiparentales de notre enquête se répartissent entre les63,1 % de familles intactes et les 10,6 % de famillesrecomposées. Ces dernières sont ici quelque peusurreprésentées car, selon l’Enquête sociale généralede Statistique Canada, 9,5 % <strong>des</strong> familles sontrecomposées. Pour ce qui est <strong>des</strong> famillesmonoparentales, leur proportion correspond aussi à cellede l’ensemble <strong>des</strong> familles monoparentales du Québec.Cependant, les pères seuls y sont sous-représentés(3,6 % par rapport à 5,4 %). 4 Pour leur part, les famillesimmigrantes comprennent 58 % de familles intactes, 5 %de recomposées, 34 % de mères seules et 3 % de pèresseuls. Il y a donc, dans leur cas, une surreprésentation<strong>des</strong> mères seules.Taille <strong>des</strong> familles 4Si ces données sont comparées à celles du recensementde 2001, nous constatons qu’elles révèlent unesurreprésentation <strong>des</strong> familles de deux enfants et plus.En effet, selon le recensement de 2001, 47 % <strong>des</strong>familles québécoises ont un enfant, 38 %, deux enfantset seulement 15 %, trois enfants et plus. Il s’agit là ausside familles avec au moins un enfant à la maison. Il y adonc, toujours selon le recensement, seulement 53 %<strong>des</strong> familles qui ont deux enfants ou plus. Dans notreenquête, ce dernier pourcentage est de 71 % pour toutesles familles avec enfant(s) à la maison et de 73 % pourles familles immigrantes.De façon générale, il semble que les parents qui ontplus d’enfants que la moyenne ont été particulièrementintéressés par notre enquête.


Revenus 5Pour 45 % <strong>des</strong> familles biparentales, le revenu familial estde 60 000 $ et plus. La situation est fort différente de celle<strong>des</strong> mères seules, dont seulement 19 % ont un tel revenu.À l’autre extrémité, 42 % <strong>des</strong> mères seules ont un revenude moins de 20 000 $ comparativement à 7 % <strong>des</strong> famillesbiparentales et à 19 % <strong>des</strong> pères seuls. Les pères seulsdisposent de revenus plus élevés que les mères seulesmais il y a tout de même <strong>des</strong> écarts appréciables entreleurs revenus et ceux <strong>des</strong> familles biparentales. 5 Rappelonsque les mères immigrantes de notre enquête sontnombreuses en situation de monoparentalité.Les familles au quotidien - La vie familiale en images 6Il n’est pas facile de résumer toute la richesse et lacomplexité de la vie familiale en une seule image. Lesrépondants à notre enquête ont tout de même accepté derelever ce défi, et ce, de façon fort variée. Pour en rendrecompte le plus fidèlement possible, nous avons regroupéles images selon le type d’illustration auquel elles fontréférence. Toutes ces images sont, au total, 559 illustrationsà la fois semblables et différentes de la vie familiale.En voici quelques exemples sous le type de l’allégorie : Une chatte et ses petits qu’elle ramène sans arrêt aupanier. Une mère ourse et son bébé. Une meute de loups. Une ruche d’abeilles. Une tanière rigolote qui se vide le matin. Un aquarium. Un nid avec deux oisillons qui commencent à s’éloignermais reviennent le soir pour souper et se coller sur leursparents. Un canard qui flotte paisiblement mais qui pédale sousl’eau! Un pommier qui se fait parfois brasser, parfois caresserpar le vent et c’est à nous de garder les bonnes pommes. Un arc-en-ciel. Une fleur s’épanouit. Le soleil; un rayon de soleil qui aurait besoin de plus deplace pour briller. Le ciel bleu. Le fleuve… parfois l’eau est grise et turbulente mais plussouvent le bleu est d’une telle beauté qu’on se senttellement heureux et chanceux de pouvoir l’admirer.Le temps avec les enfants 7De façon générale, les répondants sont très satisfaits (16 %)ou satisfaits (54 %) du temps alloué à faire <strong>des</strong> activitésavec leurs enfants ou petits-enfants. Par contre, 26 % sontpeu satisfaits et 4 % pas du tout.Cette réponse peut sembler paradoxale. Les parentsmanquent de temps et ils l’ont dit de diverses manières,notamment dans les images dont nous venons de parler etdans les recommandations dont il sera question plus tard.Le paradoxe ici, c’est que cela ne les empêche pasd’afficher <strong>des</strong> taux de satisfaction élevés quant au tempsalloué à faire <strong>des</strong> activités avec les enfants. Cela tient peutêtreà l’ambiguïté de la question : certains parents peuventavoir axé leur réponse sur la satisfaction apportée par lesactivités avec les enfants tandis que d’autres se sont plutôtconcentrés sur la question du temps. Autrement dit, lesparents apprécient les activités qu’ils ont avec leurs enfantsmais on ne peut en conclure qu’ils ont, pour les faire, toutle temps souhaité.La conciliation famille-travail 8C’est la question pour laquelle les taux de satisfactionsont les moins élevés.De façon globale, 45 % de ces parents sont satisfaits dutemps alloué à la conciliation famille-travail et 8 %, trèssatisfaits. C’est là une faible majorité (53 %) qui côtoie39 % de parents peu satisfaits et 8 % d’insatisfaits. Cesont les pères seuls (60 %) et les parents de famille intacte(56 %) qui sont les plus satisfaits de leur conciliationfamille-travail. 6 Quant aux mères seules et aux parentsde familles recomposées, ils sont majoritaires à se direpeu ou pas satisfaits. 7 Pourquoi les pères seuls sedistinguent-ils <strong>des</strong> mères seules et ressemblent-ils plutôtaux familles biparentales quand il s’agit de concilier familleet travail ? Des éléments de réponse se trouvent du côté<strong>des</strong> niveaux de revenu, un revenu plus élevé semblantfaciliter cette conciliation.Les meilleurs moments de plaisir 9Quand il s’agit de déterminer quand les parents ont vécules meilleurs moments de plaisir avec leurs enfants, 84 %d’entre eux se réfèrent à la période de la petite enfance.C’est là un résultat prévisible compte tenu que la grandemajorité <strong>des</strong> parents de notre enquête ont de jeunesenfants. Ici, la figure se limite aux parents plus âgés. Ony voit que la petite enfance occupe toujours le premierrang mais, à mesure que les parents avancent en âge, cechoix côtoie celui d’autres pério<strong>des</strong> de la vie, surtout cellesoù les enfants sont devenus jeunes adultes et adultes.Des difficultés éprouvées 10Les enfants de 79 % <strong>des</strong> parents qui ont répondu à cettequestion ne vivent aucune difficulté particulière. Chez les21 % de parents qui en signalent une, il s’agit, dans l’ordre,d’un problème de santé, d’un problème de comportement,d’un problème de dépendance, d’une déficienceintellectuelle et, enfin, d’un handicap physique. 15 % deces parents signalent deux difficultés ou plus.Le soutien de la famille élargie 11Moins de 20 % <strong>des</strong> répondants ne reçoivent aucune aidede la part de leur famille élargie. Cette proportion est plusélevée mais de très peu (26 %) chez les immigrants. Pour74 % de ces derniers, il y a donc présence et soutien dela famille élargie.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 200619


20Pour ceux et celles qui en reçoivent, cette aide prend différentesformes qui se combinent généralement. Si les mentions d’ai<strong>des</strong>ont cumulées, il en ressort que les répondants reçoivent,dans l’ordre, du soutien affectif, du temps qui leur est alloué,de l’aide financière et, finalement, de l’aide matérielle.Des pistes pour l’action. 15Le soutien du réseau social 12Les trois quarts <strong>des</strong> répondants disent recevoir de l’aideapportée par le réseau social excluant celui du travail. Il s’agitcette fois très majoritairement de soutien affectif et de tempsalloué. Les deux autres types d’aide récoltent tout de mêmequelques mentions, plus nombreuses pour l’aide matérielleque pour l’aide financière. Cet ordre <strong>des</strong> types d’aidedemeure le même chez les immigrants mais ils sontproportionnellement plus nombreux à ne recevoir aucun Sourcesoutien d’un réseau social (30 %).Du pouvoir pour les familles? 13La moitié <strong>des</strong> répondants estiment n’avoir aucun pouvoir surtous les programmes et services concernant leurs enfants.57 % <strong>des</strong> immigrants estiment avoir du pouvoir sur lesservices publics, et ce, dans le même ordre. Y a-t-il là uneffet de comparaison avec le pays d’origine ? C’est en mettantloin en tête le secteur <strong>des</strong> loisirs que l’autre moitié <strong>des</strong>répondants déclare avoir quelque pouvoir. Viennent ensuiteles programmes éducatifs, les services de garde, les autresprogrammes et services non identifiés dans la liste suggéréeet, finalement, les services de santé et les services sociaux.Des éléments de plateformeParmi les deux valeurs jugées essentielles à transmettre, lerespect (de soi, <strong>des</strong> autres, de l’environnement, <strong>des</strong>différences), l’honnêteté et l’amour ont été les plusmentionnés. Vient ensuite une grande diversité de valeurs,lesquelles sont le reflet du libre choix dont jouissentmaintenant les parents. Remarquons que ces données sonttrès comparables à celles provenant <strong>des</strong> enquêtes auprès<strong>des</strong> jeunes, dont il a été question hier. Les parents semblentréussir assez bien à transmettre leurs valeurs à leurs enfants.Des attentes envers les organismes communautaires 14À l’exception <strong>des</strong> grands-parents qui placent la participationcitoyenne en tête de liste, tous les autres ont plutôt choisi laformation et l’information. De même, à l’exception <strong>des</strong> pèresseuls, tous et toutes s’entendent pour mettre l’amélioration<strong>des</strong> conditions matérielles au dernier rang. Pour les autresbesoins à combler, l’ordre <strong>des</strong> choix est plus varié. Ainsi, lesmères seules ont plus besoin d’aide et d’entraide que de soutienau développement de l’enfant, de même que du répit parentalde préférence à de la participation citoyenne. Outre le fait queles pères seuls mettent quatre besoins sur le même pied (lepetit nombre de pères seuls a probablement influencé cerésultat), soulignons que leur deuxième choix porte sur laparticipation citoyenne, ce qu’ils partagent avec les famillesrecomposées, les familles immigrantes et les membres defamille élargie. 8ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006Services aux familles (736 mentions). Mesures financières(506 mentions). Conciliation famille-travail (240 mentions).Valorisation sociale <strong>des</strong> familles (134 mentions). Mesurespréventives (41 mentions). Mesures législatives (20mentions). Soutien aux liens intergénérationnels (18mentions). Aide aux familles immigrantes (9 mentions). Untotal de 1704 mentions dont 1482 pour les trois mesures lesplus suggérées par les familles. Nous retrouvons ici l’objetmême <strong>des</strong> États généraux : déterminer les mesures à retenirpour élaborer une plateforme d’une politique familiale globale.C’est ce qui nous occupera pour le reste de la journée.VALOIS, Jocelyne, Portrait de familles, enquêteexploratoire. COFAQ, Montréal, Mars 2006.1. Figure1 : Répartition <strong>des</strong> répondants selon les régionsdu Québec.2. Figure 2 : Groupes d’âge <strong>des</strong> répondants.3. Figure 7 : Répartition <strong>des</strong> familles avec enfant(s) à lamaison selon le type de famille.4. Figure 10 : Taille <strong>des</strong> familles avec enfant(s) à lamaison.5. Figure 9 : Répartition du revenu familial selon le typede famille.6. Figure 12 : Les types d’images illustrant la viefamiliale.7. Figure 13 : Taux de satisfaction quant au temps passéavec les enfants ou petits-enfants.8. Figure 21 : Taux de satisfaction quant au temps alloué àla conciliation famille-travail, selon le type de famille.9. Figure 15 : Meilleurs moments de plaisir avec lesenfants, chez les parents plus âgés.10.Figure 16 : Enfants vivant <strong>des</strong> difficultés particulières11. Figure 23 : Aide venant de la famille élargie.12.Figure 25 : Aide venant du réseau social.13.Figure 20 : Programmes et services dans lesquels lesparents estiment avoir quelque pouvoir.14.Figure 31 : Ordre de priorité <strong>des</strong> besoins que lesorganismes communautaires devraient combler.Analyse comparée.15.Figure 34 : Classement <strong>des</strong> mesures de politiquefamiliale suggérées par les répondants.Notes1Institut de la statistique du Québec, Le Québec, chiffresen main, Édition 2005, p. 40-45.217 % <strong>des</strong> répondants sont de la région 06, alors quecelle-ci compte 25 % de la population québécoise.3Ministère de la Famille, <strong>des</strong> Aînés et de la Conditionféminine, Les familles et les enfants au Québec.Principales statistiques, Québec, Gouvernement duQuébec, Édition 2005, p. 8.4Source <strong>des</strong> données pour fin de comparaison :Ministère de la Famille, <strong>des</strong> Aînés et de la Conditionféminine, op. cit. p. 7; Valois, Jocelyne. Sociologie dela famille, Les Éditions CEC, Anjou, 2003, p. 93.5Le petit nombre de pères seuls (21) incite toutefois àla prudence quant à la généralisation de ces données.6Très satisfaits + satisfaits.7Nous n’avons pas d’information nous permettantd’expliquer le taux d’insatisfaction <strong>des</strong> parents defamilles recomposées.8C’est le grand nombre de familles intactes et de mèresseules, dans l’ensemble <strong>des</strong> répondants, qui a entraînéun quatrième rang général pour la participationcitoyenne malgré qu’elle soit première ou deuxièmepour tous les autres.


Phase IIRapport : Parole aux famillesManon Bourbeau, responsable <strong>des</strong> États GénérauxFort d’uneréussite, enterme demobilisation, à laPhase I et ayantdéposé le rapportde son enquêteexploratoire,Portrait defamilles, laConfédération<strong>des</strong> organismes familiaux du Québec a tenu la Phase II<strong>des</strong> États généraux du 15 mars au 19 juin 2006.À la question 39 de l’enquête exploratoire, « Si vous étiezministre de la famille, nommez, en priorité, trois mesuresque vous appliqueriez en politique familiale? »,1 700 propositions de pistes d’action ont été faites par lesfamilles.Les trois premiers types de mesures reçoivent 1 482mentions. Il s’agit de :• mesures de services aux familles (santé-services sociaux- services de garde - éducation - habitation - service deproximité);• mesures financières (directes, soutien aux prochesaidants);• mesures de conciliation famille-travail (conditions detravail pour temps de qualité en famille);Mesures pour les familles, total de : 86,9 %Autres mentions :Valorisation sociale <strong>des</strong> familles 7,8 %Mesures préventives et législatives 3,5 %Soutien aux liens intergénérationnels 1,0 %Aide aux familles immigrantes 0,5 %Dans ce contexte précis, chaque forum régional a permisde présenter aux familles et à tous les partenaires lesrésultats de sa consultation Portrait de familles tenue àl’automne 2005. Tout en exposant les données compilées,la COFAQ proposait la validation <strong>des</strong> propositions retenueset la priorisation de celles-ci.Ces forums et mini forums se sont adressés aux familles,aux organismes membres, aux partenaires, auxassociations locales et régionales, ainsi qu’à <strong>des</strong>personnalités locales et/ou régionales qui ont été invitéesà y participer. Précédant quelques-uns <strong>des</strong> forumsrégionaux, nous avons organisé <strong>des</strong> mini forums encollaboration avec les conseillers municipaux intéresséspar la question famille et qui sont, dans la plupart <strong>des</strong> cas,membres du Carrefour action municipale et famille.Ces municipalités ont déjà instauré une politique familialemunicipale ou sont en train de la bâtir.Pour les forums, tenus en journée le dimanche, lesrencontres débutaient par un brunch familial et incluaientune intervention théâtrale du groupe Mise au jeu qui faisaitune récapitulation <strong>des</strong> constats tirés de l’enquêteexploratoire, Portrait de familles. puis <strong>des</strong> échanges avecle public ont cherché à recenser <strong>des</strong> solutions pour contrerle manque de temps ressenti par les familles répondant ànotre enquête exploratoire. Des activités spéciales pourles enfants et <strong>des</strong> ateliers de discussion pour les adultesétaient aussi au programme. Les mini forums présentés lesoir se voulaient plus simples et conviviaux, axés sur lesdiscussions en atelier.Explication du processus dont les résultats se retrouventdans le tableau de la page suivante1 re étape Validation individuelle : les sujets ayant obtenuplus de 50 % ont été retenus ainsi que ceuxmarqués d’un astérisque en raison del’importance du sujet dans le contexte socialet politique actuel.2 e étape Débat dans les forums et mini forums : Sujet ayant reçu l’aval dans une majoritéde forums et mini forums; Sujet ayant suscité un questionnementdans les forums et mini forums; Sujet n’ayant pas été jugé prioritaire dansles forums et mini forums.3 e étape Délibération :Sujets qui ont été retenus pour être amenésaux États généraux.Pendant ces forums et mini forums, la COFAQ a soumis53 propositions à la validation individuelle. De celles-cin’étaient retenues que celles obtenant une majorité <strong>des</strong>votes. Des 47 sujets soumis pour débats, 24 enjeux ontété dégagés et 32 propositions pour fins d’élémentsconstituant une plateforme pour une politique familialeglobale à partir <strong>des</strong> acteurs concernés.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 200621


Des 70 recommandations pour la Déclaration commune,un projet a été soumis aux principaux partenaires nationauxlors d’une rencontre préparatoire en juin 2006.En août 2006, le cahier de propositions et la déclarationcommune ont été soumis à <strong>des</strong> organismescommunautaires. Cela a permis de concasser et d’ordonnerdavantage la masse de propositions reçues pour en faireressortir 32 dont 11 qui entraînent un consensus et 20 quidemandent de l’amélioration.Ces résultats ont été soumis au conseil d’administrationde la COFAQ, le 16 septembre 2006.Vendredi, hier, nous avons pris un deuxième vote indicatifauprès de vous, les participants et les participantes <strong>des</strong>États généraux, ce qui permettra de disposer du tempsaccordé aux délibérations en retenant immédiatement lesconsensus et en les retirant de la discussion pours’attaquer au vif du sujet, soit les propositions à améliorer.22Sujet Validation Débat Proposition1. Promotion <strong>des</strong> valeurs: pas une entrave au rôle social de la famille 39.2% 202. Professionnalisation du rôle d’éducation de l’enfant 31.6% 13. Établir le PIBonheur à partir de source de satisfaction et de réalisation de soi 50.2%4. Accorder du soutien au couple pour une exercice d’une parentalité responsable 56.1% 2, 65. Campagne de promotion : « Au Québec, on aime nos enfants » 43.9% 29, 316. Maintenir et développer les services de garde de qualité et diversifiés 62.0% 77. Reconnaître et financer les haltes-garderies 50.6%8. Rendre l’éducation gratuite et obligatoire jusqu’à 20 ans 43.0% 109. Accorder plus de mesures de soutien aux parents, par les services sociaux 61.6% 10. Assurer <strong>des</strong> services de santé gratuits et accessibles 71.3% 8, 911. Valoriser le rôle <strong>des</strong> aînés – transmission <strong>des</strong> valeurs 51.5% 312. Accorder du soutien aux personnes vieillissantes 73.4% 1713. Accorder du soutien aux proches aidants 62.4% 1414. Développer un accueil et favoriser la réunification <strong>des</strong> familles (immigration) 40.1% 4, 1815. Accorder la reconnaissance … pour la formation ou expérience d’emploi 45.1% 16. Éliminer la pauvreté 72.2% 1117. Réduire les inégalités 67.9% 1218. Favoriser l’égalité <strong>des</strong> sexes 65.4% 19. Contrer la violence conjugale, familiale 83.5% 1920. Diminuer la violence à la TV 62.4% 3021. Promouvoir l’apprentissage de résolution de conflits 66.7% 1922. Privilégier le soutien aux familles - cellule de base - capital humain 68.4% 23. Amélioration de l’offre <strong>des</strong> services publics 47.7% 24. Réduction d’impôt 50.2% 1325. Augmentation <strong>des</strong> prestations 46.4% 26. Reconnaissance du travail du parent au foyer, auprès d’enfants de 0-5 ans 67.1% 1527. Reconnaissance du travail du parent auprès d’un membre de la famille 61.2%28. Aide pour accès à du logement décent 56.5% 29. Aide pour accès à la propriété 36.7% 30. Donner du temps de qualité aux familles 62.9% 2531. Établir la semaine de 4 jours 46.0% 32. Décréter le dimanche « Journée de la famille » 45.6% 1633. Accorder de meilleurs congés aux parents 50.6% 34. Des horaires de travail et horaires scolaires harmonisés 60.3%35. Déjudiciariser les conflits familiaux 27.4% 2136. Établir une présomption de garde partagée, en cas de séparation 28.3% 2137. Revoir le rôle accru de la DPJ 44.3% 2138. Obtenir une politique familiale globale 60.3% 39. Développer <strong>des</strong> services de proximité adaptés aux familles 59.1%40. Adapter les transports en commun 57.4% 41. Accorder la gratuité <strong>des</strong> transports en commun 31.2%42. Rendre les activités plus accessibles 49.8% 43. Établir <strong>des</strong> tarifs réduits pour les familles 63.3% 44. Offrir certains accès gratuits : bibliothèques, activités culturelles… 62.0% 45. Créer <strong>des</strong> milieux de vie favorables aux divers types de familles 55.3% 546. Développer <strong>des</strong> milieux sains - santé 64.1%47. Développer <strong>des</strong> équipements accessibles aux familles 55.3%Politique familiale municipale obligatoire 22Politique familiale municipale, Mobilisation <strong>des</strong> familles 2748. Respecter les missions de bases <strong>des</strong> organismes d’action communautaire 61.6% 49. Garantir les conditions nécessaires … une participation citoyenne <strong>des</strong> familles 49.4% 2650. Reconnaissance <strong>des</strong> organismes d’action communautaire autonome 61.2% 2351. Rehaussement du financement 61.2% 2352. Reconnaissance <strong>des</strong> pratiques en éducation populaire 51.1%53. Assurer une concertation avec le milieu 55.7% 24, 28Diffuser valeurs universelles 17Programme-politique-législation 32ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


Table ronde<strong>des</strong>partenairesFamilleet politiquefamilialeMichèle AsselinPrésidenteFédération <strong>des</strong> femmesdu QuébecMarguerite BlaisPrésidenteConseil de la familleet de l’enfanceDenise LemieuxChercheure à l’INRSBenoît ClotteauDélégué de la COFAQà l’OrganisationNord-Amériquede la famille-ONAFGilles RondeauProfesseurChercheur spécialiséen masculinitéet intervention socialeRenée B. Dandurand,Chercheure à l’INRSJacques LizéeDirecteur généralCarrefour action municipaleet familleACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 200623


Table Ronde <strong>des</strong> partenairesSuite à la présentation <strong>des</strong> deux rapports : Portrait defamilles et Parole aux familles, en tenant compte <strong>des</strong> travaux,analyses, avis ou recherches, l’animatrice, Ariane Émond,initie l’échange sur Famille et politique familiale à partir dequestions dirigées à l’un ou l’autre <strong>des</strong> participants.1. Selon vous, la famille est-elle toujours le mailloncentral de la cohésion sociale ?Gilles Rondeau affirme que la famille est l’institution debase, le lieu privilégié, le creuset où peuvent se développerles capacités d’attachement, d’amour, d’autonomie et <strong>des</strong>tabilité en favorisant l’apprentissage et la croissance.Jacques Lizée partage le point de vue et nuance enconstatant que la famille subit l’influence de la vie en sociétéet qu’elle ne peut plus transmettre ses valeurs internes.Les suivis aux États généraux permettront d’améliorer lesrelations <strong>des</strong> familles et de la société.Marguerite Blais affirme que la famille n’est plus le modèleunique : père-mère-enfant. D’autres modèles existent, àpreuve, sur les 73.7 % <strong>des</strong> familles biparentales, 10.6 %sont <strong>des</strong> familles recomposées (voir Portrait de familles). Cequi reste essentiel, c’est de garder le lien parent-enfant, c’estla coparentalité. Ce sont de nouvelles réalités que lesprogrammes et les mesures devront prendre en compte.Michèle Asselin décrit la famille comme un révélateur dela cohésion sociale. Actrice de la transformation sociale,elle doit aussi influencer la cohésion sociale en état dechoc dans un monde en ébullition dû à la transformation<strong>des</strong> relations hommes-femmes. La famille en est le reflet.Benoît Clotteau reconnaît que près de 80 % <strong>des</strong> enfantsde moins de 18 ans vivent dans une famille biparentale. Oùsont les changements? Le nombre d’enfants diminue, lapopulation vieillit. La structure même de la famille influencela société. C’est peut-être dans la famille que se forme lasociété.Denise Lemieux présente la famille comme un mailloncentral où s’établissent <strong>des</strong> liens significatifs pour donner àl’enfant une identité dans la chaîne <strong>des</strong> générations. Onpeut y retrouver la sécurité favorable au développementaffectif, cognitif, relationnel et disciplinaire. Les parents sontles premiers responsables de l’humanisation et de latransmission de la culture.2. Pouvez-vous nommer un facteur déterminant pouraméliorer la qualité de vie <strong>des</strong> familles pour laprochaine année ?Jacques Lizée indique le besoin de temps en famille, avecles enfants, les aînés, pour soi-même et ses engagementssociaux. Ce qui rejoint la question préalable de la cohésionsociale. Si l’on manque de temps, l’on ne peut pas assumersa fonction.Renée B. Dandurand considère qu’il est très importantd’intervenir sur les conditions de vie <strong>des</strong> familles pauvres.Nous devrons reconnaître l’impact de la pauvreté sur lasanté, le décrochage scolaire, la violence, la délinquanceet la criminalité. Les étu<strong>des</strong> sont parlantes etquestionnent le manque d’intervention et de prévention.Gilles Rondeau souligne l’importance de combattre lapauvreté et l’exclusion sociale, d’éviter les écarts tropgrands entre les riches et les pauvres. Trop de genssont mis à la marge dans une société exclusive, ce quipeut être le cas <strong>des</strong> immigrants. Il faudrait éviter ledécrochage.Marguerite Blais appuie les interventions précédentesconcernant la pauvreté et l’exclusion sociale. Elle précise,pour les dix prochaines années, le besoin de mesurespour soutenir les familles dans les événements ponctuels<strong>des</strong> transitions de leur vie et dans la question deconciliation famille-travail, ce qui est une priorité pour leCFE.Michèle Asselin déplore les inégalités subies par lesfemmes monoparentales, étudiantes et assistéessociales. Elle considère prioritaire d’améliorer lesconditions de conciliation famille-travail et la questiond’imposition de la pension alimentaire.Benoît Clotteau indique l’importance de mettre lesparents au centre et de reconnaître la valeur du rôle<strong>des</strong> parents, particulièrement au niveau de la prévention,de développer le plaisir d’être parent.Ariane Émond interroge sur la pertinence de faire unecampagne pour la promotion sociétale de la famille ensoulignant son rôle auprès <strong>des</strong> enfants?Denise Lemieux reconnaît que la famille est le lieu oùl’on apprend à vivre <strong>des</strong> relations, à retrouver la valeurdu temps et à développer <strong>des</strong> habiletés pour vivre auquotidien. Améliorer les conditions de vie <strong>des</strong> famillespauvres et <strong>des</strong> mères monoparentales est important.Donner davantage de soutien au moment <strong>des</strong>événements transitionnels lourds est essentiel ainsi quevaloriser le fait d’être parent.3. À quel type de politique publique devrait-ontravailler, à quel niveau ? Politique de l’enfance,politique familiale globale ou politiques sociales :pauvreté, santé, condition féminine, etc. ?Renée B. Dandurand note qu’il faut d’abord définir lespolitiques : politique de l’enfance, c’est difficile de lesdissocier <strong>des</strong> politiques sociales, elles sont imbriquées. Onne peut s’en passer. Quant à la politique familiale globale,on aurait avantage à préciser ce que l’on veut dire. Leproblème est un problème de cohérence. Depuis dix ans ona <strong>des</strong> répondants familiaux dans les ministères. Ils devraientêtre davantage sollicités pour établir de la cohérence entreles différents aspects <strong>des</strong> politiques.24 ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


Gilles Rondeau appuie cette nécessité d’établir davantagede cohérence et de concertation. Il est important que lescitoyens et les organismes qui les représentent s’impliquentà la base. La dimension sociale devrait être mieuxconsidérée et mieux située par rapport à la santé et àl’éducation. Les politiques sociales sont trop importantes ,et on a besoin d’une politique familiale globale.Jacques Lizée reconnaît l’importance d’unedécentralisation mais pose la question : à quel niveau? Àson avis, il y a un besoin que ce soit au niveau dugouvernement local qui doit travailler avec et pour lesfamilles et savoir associer les familles pour qu’elles soient<strong>des</strong> acteurs avec les instances décisionnelles. Ainsi ellesdonneront la couleur de leur milieu cra elles auront un levierpour aller plus loin. Les politiques doivent se faire avec lasociété civile dans la reconnaissance du travail <strong>des</strong>organismes familles. Il faut miser sur la qualité <strong>des</strong> politiquesfamiliales municipales et accorder l’argent nécessaire.4. Si vous aviez une recommandation forte à faire àl’un <strong>des</strong> secteurs (acteurs) concernés par lapolitique familiale, quelle serait-elle ?Michèle Asselin rappelle qu’aux facteurs de transformationde la famille : moins d’enfants, population vieillissante,s’ajoute l’entrée massive <strong>des</strong> femmes sur le marché dutravail, qui n’a pas amélioré les conditions de leur propresécurité économique et qui doivent cumuler une doubletâche. Les familles se sont transformées, les pères se sontimpliqués, mais s’il y a problème ponctuel, ce sont lesfemmes qui font <strong>des</strong> choix : choix du temps partiel, du travailà la maison ou encore d’agir à titre d’aidante dite « naturelle »et qui subissent l’impact sur le plan de l’autonomiefinancière.Marguerite Blais affirme qu’une politique familiale globaledevrait toucher tous les âges et que c’est important departir de la base. Il y a un besoin d’écouter la base, parexemple sur la lutte à la pauvreté. Le ministère de la Famille,par sa loi, doit coordonner pour arriver à la globalité. Sivous saviez la force que vous avez en prenant la parolecollectivement et en se coordonnant au cours <strong>des</strong> dixprochaines années. Nous pouvons le faire car les élus ontla responsabilité de nous écouter pour agir avec nous.Benoît Clotteau considère que les parents doiventreprendre du pouvoir. C’est à nous d’aller chercher lesparents, pas les CLSC. On a besoin d’aller dans les familles.Les parents doivent reprendre du pouvoir à l’école, dans lamunicipalité, au comité <strong>des</strong> usagers et sur leurs enfants(parce que les enfants sont devenus le centre de la famille).À la question : voulons-nous encore avoir <strong>des</strong> enfants? Onpeut répondre par la valorisation du rôle de parent. On déplorela non-reconnaissance du milieu du travail. Il faut remettrele parent au centre et reconnaître l’implication ducommunautaire.Denise Lemieux nous rappelle que selon l’enquêteexploratoire, les parents manquent de pouvoir sauf dansle secteur loisir. L’État doit chercher le rapprochement <strong>des</strong>services au public, favoriser la proximité et diffuser uneapproche respectueuse <strong>des</strong> gens. Le mouvementcommunautaire peut contribuer à humaniser les services.5. Comment l’action communautaire peut-elleconcilier les valeurs humanistes avec les valeurséconomistes ?Jacques Lizée reste sur son appétit sur le pouvoir auxfamilles. Il considère que les familles doivent êtreinformées et formées par les organismes et invitées àprendre la parole. Pour éviter <strong>des</strong> incohérences, parexemple :1. la journée sans voiture, c’est louable, mais la 2 e voituredevient une question d’organisation de société,2. les familles qui habitent la 4 e couronne ont besoind’information réaliste,3. les parcs industriels avec <strong>des</strong> salaire à 12 $/h et lesmaisons de 300 000 $ à proximité. Besoin de cohérence.Donner du pouvoir, c’est donner de l’information.Renée B. Dandurand est d’accord avec Jacques Lizéeet affirme que les familles doivent s’infiltrer dans les lieuxde décisions représentés par les organismescommunautaires au niveau local et municipal. Elle donnel’exemple de l’AFEAS qui a offert un programme sur laparticipation <strong>des</strong> femmes dans les structures. Pour lesfamilles on pourrait développer le slogan « Parole auxfamilles » assumé par les OCF, infiltrer les lieux pour queles familles se sentent moins impuissantes.Gilles Rondeau constate qu’il est de plus en plusnécessaire de démontrer la rentabilité <strong>des</strong> valeursfamiliales en brisure avec les valeurs dominantesd’individualisme et de compétition à tout prix. L’actioncommunautaire se doit de répondre aux besoinsémergents et de démontrer que c’est rentable. On seraitplus pauvre si le secteur associatif n’était pas aussiengagé.Ariane Émond, animatrice, souligne qu’il est rentabled’être organisé, généreux et soucieux du bien commun.Marguerite Blais reconnaît que la COFAQ est un lieupropice à la conscientisation de nos forces et de nosdisponibilités. 800 réponses, c’est une conscientisation.Il y a <strong>des</strong> gens <strong>des</strong> Ministères qui prennent un samediavant-midi ce qui démontre le désir de travailler ensemble.On veut donner de la cohérence . Par exemple, enéconomie sociale, on arrête de dissocier le social etl’économique. Si l’on travaille plus on aura moins depauvreté, mais encore faut-il avoir <strong>des</strong> salaires décents.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006 25


Table ronde <strong>des</strong> partenaires - Réactions de la salleCéline Duval de l’AFEAS signale que ses14 000 membres soutiennent un plan d’action triennalvisant à sensibiliser les parents à leur pouvoir.Renée B.Dandurand explique que le mondecommunautaire doit faire <strong>des</strong> alliances.Denise Lemieux remarque que les organismes donnentdéjà de la formation. Dans la perspective de faire <strong>des</strong>alliances, elle souhaite que l’AFEAS partage avecd’autres organismes ses stratégies de recrutement,spécialement auprès <strong>des</strong> familles immigrantes.Ariane Émond observe qu’avec le vieillissement de lamilitance, les jeunes s’impliquent eux aussi, maisautrement.Jacques Lizée reconnaît que la famille est undénominateur commun, mais que la perspectived’alliances a <strong>des</strong> limites, parce que les champs d’intérêtne sont pas toujours les mêmes. Une expérience a étévécue au Regroupement inter organismes. Il estnécessaire de préciser où se situe la limite et comments’articule une stratégie pour une prise de parolecollective.Annie Vézina du Comité famille de Charlesbourgtémoigne que les rencontres entre mères avec leursenfants, favorisées par l’action communautaire,améliorent les conditions de vie <strong>des</strong> travailleuses àtemps partiel en favorisant la conciliation travail-famille.Michèle Asselin souligne l’importance de s’assurerque les femmes ne s’appauvrissent pas, ce qui ne veutpas dire que l’on dénigre leurs choix.Marguerite Blais dit que le Conseil de la famille aentendu ces besoins et qu’une étude auprès <strong>des</strong>familles immigrantes a démontré l’importance <strong>des</strong>organismes de soutien aux familles : halte-garderie,maison <strong>des</strong> grands-parents.Lise Frenet, du Conseil du statut de la femme, vientpréciser que le statut de « parent » implique mère etpère et déplore que le terme « parent » se confondeavec le terme « mère ». Elle déplore l’absence <strong>des</strong> pèresdans l’enquête exploratoire de la COFAQ avec laparticipation de 87 % de mères. Sur le plan politique,c’est une invitation que la réalité porte sur père-mère.Benoît Bourrassa de la Corporation de développementde Saint-Camille voit la nécessité d’une répartition pluséquitable <strong>des</strong> richesses et de l’éducation à laresponsabilité citoyenne. Dans le contexte del’avancement <strong>des</strong> technologies et du développement <strong>des</strong>marchés, il est important de former les citoyens à <strong>des</strong>stratégies de prévention et de promotion de mo<strong>des</strong> deconsommation qui donnent davantage de pouvoir auxparents. Monsieur Bourrassa travaille à mettre sur piedune École de responsabilité citoyenne.Ariane Émond demande comment nous pourrionsfavoriser la place <strong>des</strong> pères dans la famille et lapromotion de meilleures stratégies de consommation?Gilles Rondeau reconnaît que nous sommes à larecherche de nouveaux modèles de pères avec <strong>des</strong>relations égalitaires librement consenties dans lepartage <strong>des</strong> tâches auprès <strong>des</strong> enfants. La courseeffrénée à la consommation montre que la machines’est emballée. Nous devons accepter la simplicité etvaloriser la qualité <strong>des</strong> relations familiales.Jacques Lizée énonce la difficulté de faire reconnaîtrela valeur de la place <strong>des</strong> pères dans la famille. Laculture du monde du travail et la mondialisation vont àl’encontre de cette perspective et culpabilisent lespères.Denise Lemieux, en se référant à l’enquête sur lesOCF, considère que les normes de financement <strong>des</strong>organismes communautaires sont trop rigi<strong>des</strong>, ce quimet en péril la diversité de leurs missions. On doitsoutenir l’implication <strong>des</strong> pères dans les loisirs etdévelopper <strong>des</strong> programmes qui leur sont <strong>des</strong>tinés.Benoît Clotteau souligne l’importance de valoriser lerôle de l’homme par <strong>des</strong> formations en scienceshumaines. Pour y donner suite, il recommande ladécentralisation de l’action communautaire et dereprendre la notion perdue d’aimer s’occuper <strong>des</strong> autres.Renée B. Dandurand revient sur les argumentsconcernant la conciliation famille-travail et considèreque quand on dit qu’il y aura pénurie de main-d’œuvre,on devrait penser à fidéliser la main-d’œuvre par unemeilleure conciliation famille-travail.Gilles Rondeau rappelle le manque d’intervenantsmasculins. Lles femmes ont percé l’univers masculin.En accord avec Benoît Clotteau, il déplore l’absence<strong>des</strong> hommes en sciences sociales. On doit développer<strong>des</strong> programmes pour inciter les hommes à y participer.26 ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


Phase III - Délibérations«Les familles préparent leur devenir»Orientations et stratégies pour la prochaine décennieAriane Émond etDenise CampeauBlanchette procèdentà la lecture de laprocédure établiepour la période dedélibérations en vued’adopter lespropositions validéeslors <strong>des</strong> forums qui deviendront la plateforme d’une politiquefamiliale globale.• Compte tenu que le cahier <strong>des</strong> propositions constitueles éléments d’une plateforme pour une politique familialeglobale;• Compte tenu que les propositions soumises sont cellesqui ont obtenu un appui majoritaire à la Phase II -Validation <strong>des</strong> pistes d’actions proposées par les familles;• Compte tenu que ces propositions ont été re-soumisespour fin de vote indicatif et que la majorité <strong>des</strong> sujetsabordés n’ont pas fait l’objet de deman<strong>des</strong> demodification;• Compte tenu que pour préciser les éléments de laplateforme d’une politique familiale globale, nous avonschoisi de classer les propositions en fonction <strong>des</strong>principaux acteurs concernés par sa mise en œuvre;• Compte tenu du temps disponible pour faciliter lesdélibérations;Il est proposé :• de ne pas faire la lecture <strong>des</strong> propositions faisantconsensus et de soumettre les autres à la discussion;• de répartir le temps de la séance plénière selon le nombrede propositions à disposer.Il est proposé que les règles suivantes soientrespectées :Séance plénièreLes travaux de la période, Délibérations : « Les famillespréparent leur devenir » seront faits en séance plénière.PropositionsLes propositions inscrites au Cahier <strong>des</strong> propositions sontproposées par le CA de la COFAQ et sont soumises pouradoption.Toute nouvelle proposition sera reçue pour dépôtseulement et devra être remise par écrit avant 9 heures,le 28 octobre.DébatIl y aura débat sur les propositions qui ont reçu un voteindicatif par les participants aux États généraux indiquant« à améliorer ».AmendementsLes amendements sont recevables par écrit et doiventêtre soumis de préférence pour le 28 octobre, avant 9heures.Ordre <strong>des</strong> délibérationsL’animatrice de la séance plénière appellera par thèmesles propositions dites À AMÉLIORER par thème, en suivantl’ordre du Cahier de propositions. Elle désignera deuxscrutateurs pour faire le décompte <strong>des</strong> votes exprimés,s’il y a lieu.Vote• Si le vote est demandé, chaque participant(e) disposed’un droit de vote, qui se prend à main levée.• Le vote s’exprime à l’aide <strong>des</strong> cartons de couleur :Vert indique : PourRouge indique : ContreMajorité simplePour cette séance plénière, les décisions sont adoptéessur majorité simple.Droit de parole• Chaque participant(e), dûment inscrit(e) aux Étatsgénéraux, a un droit de parole sur chaque propositionsoumise à la séance plénière.• La durée <strong>des</strong> interventions est limitée à deux minutes.• L’animatrice de la séance plénière accordera la paroleprioritairement à ceux ou celles qui ne se sont pasencore exprimés.Procès-verbalSera noté au procès-verbal le résultat du vote adopté àmajorité ou à l’unanimité selon le cas.DissidencePour que la dissidence soit nommément inscrite au procèsverbal,il suffit qu’un(e) participant(e) en fasse la demandeà l’animatrice de la séance plénière.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 200627


Cahier <strong>des</strong> propositions28 ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006 29Cahier <strong>des</strong> propositions


Pour une communauté aux couleurs de ses famillesDéclaration communeConsidérant que la déclaration universelle <strong>des</strong> droits de l’homme définit que: « La famille est l’élément naturelet fondamental de la société et a droit à la protection de l’État » (Article 16, paragraphe 3);Considérant que la famille est aussi un agent fondamental du développement social, économique et cultureldurable;Considérant que la famille, lieu de rencontres intergénérationnelles, joue un rôle central dans la transmission<strong>des</strong> valeurs humaines et pour le développement d’individus. Ce capital humain, développé par l’acquisition deconnaissances, de qualifications, de compétences et autres qualités possédées par un individu, constitue unapport important pour l’activité économique.Considérant la nécessité pour les familles de faire face aux problèmes qui les confrontent dans le contexte dela mondialisation <strong>des</strong> marchés, <strong>des</strong> exigences d’un développement durable et <strong>des</strong> changements démographiques;Considérant l’importance d’outiller les familles pour qu’elles puissent assumer les fonctions qui leurs sontdévolues.Nous déclaronsQu’une communauté aux couleurs de ses familles doit valoriser le rôle premier <strong>des</strong> familles, qui génèrent lecapital humain, et les soutenir dans l’exercice de leurs fonctions et les outiller pour une participation citoyenneactive;Que l’État doit régulariser, par une politique familiale globale, le soutien aux familles en respectant leurs réalitésplurielles, en intégrant les liens intergénérationnels et interculturels et en privilégiant l’axe de la prévention pour lemieux-être <strong>des</strong> familles;Que le monde <strong>des</strong> affaires doit contribuer à assurer du temps de qualité aux familles, principalement par <strong>des</strong>mesures de conciliation famille-travail;Que la société civile, particulièrement le milieu communautaire, doit garantir une participation citoyenne <strong>des</strong> familleset <strong>des</strong> aînés afin d’augmenter le pouvoir <strong>des</strong> familles sur leur devenir;Que les médias doivent jouer leur rôle de transmission, tant de l’information que <strong>des</strong> modèles ou <strong>des</strong> repèressociaux, en regard <strong>des</strong> préoccupations famille;Que les experts – chercheurs – doivent contribuer par leurs recherches à documenter le développement depolitiques, de programmes, voire de législations, pour l’amélioration <strong>des</strong> conditions de vie <strong>des</strong> familles.Notre engagementNous affirmons notre conviction profonde que les familles, face aux nombreux défis qui peuvent se poser dansune société, sont parties prenantes de la solution.Nous nous engageons à poser les gestes pour soutenir les familles et demandons à toute personne, organisme etinstitution, à faire leur cet engagement.Signature *Date* par plus de 80 participants aux États généraux sur la famille30 ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


Parole aux enfantsLes États généraux sur la famille, initiative de laConfédération <strong>des</strong> organismes familiaux du Québec(COFAQ), qui ont eu lieu les 27 et 28 octobre 2006, sous lethème Une communauté aux couleurs de ses familles,ont voulu accorder la parole aux enfants et ce à travers le<strong>des</strong>sin.Nous avons demandé à l’enfant, soit lors <strong>des</strong> forumsrégionaux, soit lors de la Journée de l’enfant de Montréalsoit en halte-garderie communautaire, en collaboration avecl’Association <strong>des</strong> haltes-garderies communautaires duQuébec, de <strong>des</strong>siner sa famille et ce qu’il aimerait leplus pour sa famille.Le 20 novembre 2006 est une invitation à porter le rubanbleu pour démontrer que vous voulez que l’on accorde lapriorité aux enfants de ce pays dans les décisions, lespolitiques, les programmes et les dépenses à caractèreéconomique, social et politique.C’est pourquoi, nous demandons à madameCarole Théberge, ministre de la Famille, detransmettre à l’Assemblée nationale lemessage suivant :Ce <strong>des</strong>sin sur carte postale est adressé au premier ministredu Québec, monsieur Jean Charest. Cette collection decartes postales, rendue publique lors de cet événement,sera déposée à l’Assemblée nationale le 20 novembre 2006,Journée nationale de l’enfant.Monsieur le Premier Ministre, voici le <strong>des</strong>sin dema famille et de ce qu’elle représente pour moi.S’il vous plaît, prenez soin de faire <strong>des</strong> lois pourprotéger notre affectif et nous faire grandir ensanté et en harmonie avec nos proches et lanatureUn(e) citoyen(ne) en herbeLa Journée nationale de l’enfant a été proclamée par legouvernement du Canada, le 19 mars 1993, afin decommémorer deux évènements historiques concernant lesenfants :• l’adoption par les Nations unies de la Déclaration <strong>des</strong>droits de l’enfant en 1959,• et la Convention relative aux droits de l’enfant, en 1989.Soulignons également le dépôt du plan d’action Un Québecdigne <strong>des</strong> enfants soumis par le gouvernement du Québecen 2003.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 200631


Merci aux enfants ayant participéÀ la lecture de nos messages, vous verrez :• que le taux de natalité est en hausse au Québec, nousavons dépassé le 1,4 depuis longtemps…• … et imaginez l’impact du congé parental pour laprochaine décennie ?• que la famille est importante : la famille immédiate etla famille élargie;• que dans les familles, il faut soutenir le lienindispensable avec le parent : mère – père;• que la valeur la plus représentée, c’est l’amour, le besoind’être aimé, le besoin d’aimer, le besoin de créer <strong>des</strong>relations;• que selon notre âge, <strong>des</strong> fois, certains se perçoivent toutpetits, mais pourquoi?• que l’on doit donner du temps pour faire <strong>des</strong> activités enfamille, parce que j’aime faire <strong>des</strong> choses avec mesparents;• que l’on doit s’occuper dès maintenant de la santé et del’environnement, c’est une question de qualité de vie;• que l’on est inquiet de ce qui se passe dans le monde« Planète terre », si l’on veut rêver d’un monde enharmonie.Abdennous, Abel, Abrel, Aclab, Adam, Adeian,Ahtorhe, Aianyu, Aichaoui, Alex, Alexandre,Alexanne, Alexen<strong>des</strong>, Alexina, Alice, Alycia,Alycia Rose, Amanda, Amélia, Amélie,Anasailbihi, Andréa, Angela, Anh, Anis,Annabelle, Anne Julie, Anne Sophie, Anura,Aondou, Arp, Atiane, Audry Ann, Badj Sandra,Bella, Ben, Bertin, Brenda, Camélia, Camille,Caroline, Casmina, Catalina, Catherine,Christelle, Cindy, Colette, Cynthia, Dan, Danula,Darsine, Diana, Diandra, Diomi, Élina, Élisabeth,Émile, Éva, Eve, Fabe, Fany, Fares, Fatima,Fektehi, Feriel, Ficengeg, Flavie, Florence,Frédéric, Gabriel, Gabriella, Gago, Gallian,Ghoutu, Guillaume, Harina, Hélène, Imane,Ionna, Isabelle, James, Jason, Jeanine, Jérémie,Jessica, Jessicaa, Jia, Jici Jun Luo, Juba, Justin,Kat, Kerul, Kristel, Kyle, Lakabi, Laura, LauraLee, Léa, Lena, Lina, Linda, Lisa, Lynh Dan P,Mahamed, Mahomed, Maika, Malta, Marianne,Marie Lee, Marie-Josée, Marilou, Marisol,Mathieu, Mathis, Maxime, Maya, Mégan, Mélissa,Moi, Moïka, Mona, Myriam, Myrtha, Nada,Nathalie, Naura, Nicolas, Noémie, Nora, Nour,Nourdallila, Parsa, Pascale, Paul, Phillipe,Rachel, Rajana, Richem, Roxanne, Ryna, Sean,Sabrina, Sahar, Salma, Salmi, Samy, Sauluman,Sava, Soledad, Sophia, Sophie, Synne, Tchfak,Thais V, Thérèse, Thomas, Thommy, Tina, Veri,Victor, Viktor, Vilki, Vincent, Xave, Xavier, Yani,Yann Si, Yasmine, Yoan, Yosra, Yun Kai, Zachary,Zahera, Zehi,et tous ceux et celles dont le nom n’apparaît pasdans cette liste mais qui sont néanmoins parmiles 800 personnes qui ont créé une carte.Merci également à l’Association <strong>des</strong> haltesgarderiescommunautaire du Québec pour leurprécieuse collaboration.32 ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


Allocution de clôtureCarole Théberge, ministre de la Famille, <strong>des</strong> Aînés et de la Condition fémininePropos de la Ministreextrait du programme<strong>des</strong> États générauxSoutenir les parents etles enfants du Québec,discuter de leurs réalitésquotidiennes et trouverde nouvelles façons deles accompagner, c’estse donner les moyens, comme société, d’assurerl’avenir <strong>des</strong> générations futures. Pour ce faire, ilimporte de créer <strong>des</strong> lieux d’échanges comme le faitla Confédération <strong>des</strong> organismes familiaux duQuébec.Les États généraux sur la famille sont un momentprivilégié de partage et de générosité. Les échangespermettront aux participants de mieux connaître lesfamilles et de trouver <strong>des</strong> solutions pour nous adapterà leurs besoins. Avec la qualité <strong>des</strong> activités et <strong>des</strong>conférences offertes, je suis convaincue que nousréussirons, ensemble, à faciliter la vie de milliers defamilles.Les actions que le gouvernement du Québec aposées visent justement à placer la famille au cœurdu développement de notre société. Je souhaite ainsijoindre ma voix à celles <strong>des</strong> femmes et <strong>des</strong> hommesqui se réuniront lors de ce rassemblement. Vos idéeset vos propositions seront certainement marquantespour l’avenir du Québec.Suite à la séance de délibérations et à la présentation de laDéclaration commune, l’animatrice, Ariane Émond, aaccueilli au nom <strong>des</strong> personnes présentes la ministre dela Famille, <strong>des</strong> Aînés et de la Condition féminine, madameCarole Théberge.Elle a invité Denise Campeau Blanchette, directrice générale,en présence de Roch Turcotte, président de la COFAQ, àremettre à la ministre une copie de la Déclaration commune,intitulée : Pour une communauté aux couleurs de sesfamilles et les copies signées par les participants lors <strong>des</strong>États généraux. Ariane Émond a lu les dernières lignes oùles signataires s’engagent à poser <strong>des</strong> gestes concretspour soutenir les familles.Une copie du Cahier de propositions, issu <strong>des</strong> consultationsauprès de centaines de familles et de leurs représentantset adopté lors <strong>des</strong> États généraux, a également été remiseà la Ministre. Les enfants ont aussi été mis à contributiondans cette démarche <strong>des</strong> États généraux, par <strong>des</strong> <strong>des</strong>sinsillustrant leur vision de la famille. Plus de 800 <strong>des</strong>sins,faits sur un format carte postale, ont été remis à la ministreThéberge. Ariane Émond a fait la lecture du texteaccompagnant ces cartes postales.La Ministre s’est, par la suite, adressée à l’assemblée.Elle s’est dite rassurée de voir tant de monde disponiblepour partager leurs réflexions sur la famille. Elle a adresséses félicitations aux organisateurs et aux participants àl’événement afin de témoigner du respect qu’elle a pourl’action sociale dont ils sont les artisans au quotidien.La Ministre a rappelé les actions du gouvernement au cours<strong>des</strong> dernières années enmatière de politique familiale.Elle a mentionné égalementque, parmi les acteurs denotre société, les entreprisesavaient un rôle à jouer,qu’elles se devaient <strong>des</strong>’engager auprès de leursemployés qui ont <strong>des</strong>responsabilités familiales,particulièrement dans unmonde où existe <strong>des</strong> pénuriesde travailleurs qualifiés.Madame Théberge a rappeléqu’à son sens, le soutien à la famille fait partie <strong>des</strong> missionsessentielles de l’État et que l’exercice <strong>des</strong> États générauxest un travail nécessaire pour nourrir les réflexions dugouvernement.Ariane Émond a, pour conclure, invité Manon Bourbeau,responsable <strong>des</strong> États généraux sur la famille, à prononcerles remerciements et le mot de la fin.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 200633


RemerciementsLa COFAQ tient à remercier les personnes et les organismes qui ont collaboré à la réalisation <strong>des</strong> différentes étapes <strong>des</strong>États généraux sur la famille. En effet, les États généraux sur la famille ont nécessité la réalisation de trois phases dontl’aboutissement est l’évènement rassembleur du 28 octobre 2006.Contribution financière selon les montants accordésFondation Lucie et André ChagnonFondation Lise ThibaultFondation Engrenage noirMinistère de la Famille, <strong>des</strong> Aînéset de la Condition féminineMinistère du Développement économique, de l’Innovationet de l’ExportationMinistre délégué aux Affaires autochtonesEmploi-QuébecAssemblée <strong>des</strong> Évêques catholiques du QuébecCongrégation de Notre-DameLes Frères MaristesCongrégation <strong>des</strong> Sœursde Notre-Dame-du-St-RosaireSœurs de Sainte-CroixMaison générale <strong>des</strong> UrsulinesLes UrsulinesLes Filles de la Sagesse du CanadaConférenciers, panélistes et invités spéciaux selon le déroulement <strong>des</strong> États générauxL’HonorableLise Thibault Lieutenant-gouverneuredu QuébecCarole Théberge Ministre de la Famille, <strong>des</strong> Aînéset de la Condition féminineAndrée Fortin Professeure de sociologie,Université LavalGilles Pronovost Directeur général,Conseil de développementde la recherche sur la familledu Québec - CDRFQCathy Anglade Intervenante,Regroupement <strong>des</strong> maisons<strong>des</strong> jeunes du QuébecPierre-Alain Benoît Président, Force JeunesseRenée B. Dandurand Chercheure, Institut nationalde la recherche scientifiqueINRSMariane Kempeneers Professeure,Université de MontréalYves Lajoie Directeur général,Regroupement inter organismespour une politique familialeau QuébecNathaly Roy Présidente,Fédération <strong>des</strong> associationsde familles monoparentaleset recomposées du QuébecLorraine Guay Infirmière et militanteJocelyne Valois Sociologue,professeure à la retraiteManon Bourbeau Responsable <strong>des</strong> Étatsgénéraux sur la famille à la COFAQDirectrice généraleParents-Secours du QuébecMichèle Asselin Présidente,Fédération <strong>des</strong> femmesdu QuébecMarguerite Blais Présidente,Conseil de la famille et de l’enfanceBenoît Clotteau Délégué COFAQà l’Organisation Nord-Amériquede la famille – ONAFet directeur de l’IFACEFDenise Lemieux Chercheure, Institut nationalde la recherche scientifique – INRSJacques Lizée Directeur général,Carrefour action municipaleet familleGilles Rondeau Professeur chercheur,spécialisé en masculinitéet intervention socialeAriane Émond Animatrice <strong>des</strong>États généraux sur la familleJournaliste et auteure.34ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006


La COFAQ remercie également toutes les personnes qui ont contribué à la bonne réussite de ce vaste chantier dedémocratie citoyenne, les États généraux sur la famille, et très particulièrement les membres de divers comités qui, toutau long <strong>des</strong> phases précédentes, se sont investis dans l’élaboration et l’exécution du plan d’action. Et bien entendu, nousremercions toutes les participantes et tous les participants aux États généraux. Leurs points de vue ont façonné leséléments de plateforme pour une politique familiale globale.De plus, soulignons la collaboration et le travail exceptionnel de Claire Taillon pour lal de prise de notes lors <strong>des</strong> Étatsgénéraux sur la famille.Comités et partenairesComité organisateurRoch TurcotteHenri LafranceFranciene MucciManon BourbeauLucie LequinComité thématiqueManon BourbeauColette CasavantÉric GaëtanCarole LavalléeClaire TaillonPaul-André TremblayJocelyne ValoisComité communicationManon BourbeauPierre RileyAnnie ProulxClémence RacineÉquipe COFAQDenise Campeau BlanchetteMarise Elizabeth PérezDaniel CyrPaul BéginPierre BoucherCéline DubéBénévoleGilbert ParenteauInfographiste<strong>des</strong> États générauxYvan LemieuxPhase IJocelyne Valois, contractuelleBertrand Fournier, consultantBénévolesMarie ValoisClaire TaillonHenri LafranceJacqueline PérezMariane BoucherAutres membres du personnelFrance BoilyMichelle Rasson, stagiaireHicham BennisAux centaines d’organismes communautaires,CLSC et autres organismes ayant fait ladistribution de 22 000 questionnaires Portrait defamilles et aux 1200 répondants du questionnaire.Phase IIUn remerciement spécial à Jacques Lizée et à toute l’équipe duCarrefour action municipale et famille pour leur appui et leurcollaboration à la réalisation <strong>des</strong> forums et mini forums à traversle Québec.Remersiements à tous les participants <strong>des</strong> forums et miniforumstenus entre le 15 mars et le 19 juin 2006.Répondants régionauxGinette Lafrance, Conseillère municipale, Saint-Basile-le-GrandAndré Lemay, Conseiller municipal, Sainte-JulieFrancine Lachance, Ville de La Prairie,Denis Guérin, Conseiller au développement de la politiquefamiliale, LongueuilColette Simard, Maison de la famille, ValleyfieldRéjane Salvail, Mairesse de la ville de Sainte-Anne-de-SorelFranciene Mucci, Fédération <strong>des</strong> familles de Richelieu-YamaskaAnnick Fortin, Ville de GatineauIsabelle D’Amours, Ville de La SarreGuy Parent, Ville de Rouyn-NorandaHenri Lafrance, Association <strong>des</strong> Grands-parents, QuébecCatherine Harnois, Ville de BlainvilleLise Chenier, Ville de Baie-ComeauManon Pérusse, Maison Pause-Parent, Saint-JérômeSuzelle Mongrain, Maison de la famille de Trois- RivièresGaétan Malenfant, Table Famille du Bas-Saint-Laurent,Rivière du LoupMaryse Boily, Info-éveil, MataneLine Thibault, Conseillère, arrondissement de LachineNicole Charrette, Maison de la famille de SherbrookeNicole Leblanc, Maison de la famille de SherbrookeMonique Besson, Service d’entraide La Cigogne, AlmaAu groupe d’intervention théâtrale Mise au jeu, pour leur piècede théâtre « Des familles hautes en couleur », présentée lors<strong>des</strong> forums et <strong>des</strong> États généraux.Phase IIIRichard Martin de la Semaine Québécoise <strong>des</strong> familles pour l’exposition de photos : Portraits de familles.ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 200635


Hommage aux famillesOctobre 2006, lors <strong>des</strong> États généraux sur la famille, la COFAQ a renduhommage aux familles qui ont contribué, de façon exceptionnelle par leurengagement, à améliorer la qualité de vie <strong>des</strong> familles en région ou sur leplan québécois au cours de la dernière décennie.Prix Hommage aux famillesTous les domaines touchant la promotion <strong>des</strong> familles pouvaient êtrereconnus pour l’attribution de cette distinction.Cette distinction pouvait être attribuée à une famille ou à une personnepour souligner son engagement communautaire et bénévole voué àl’avancement du mouvement familial au Québec.Rendons hommage à une personne qui, au cours de la dernière décennie,a développé un engagement bénévole exemplaire à la cause <strong>des</strong> familleset qui a su, comme en témoigne sa lettre d’acceptation de la mise encandidature, transformer la grande peine qui l’habitait en un grand plaisirpar son implication au sein de la Fédération de la famille et amis de lapersonne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM). Comme il le soulignelui-même :« Cette implication me fait connaître de nombreuses personnesau grand coeur et me fait vivre de belles choses que je n’auraisjamais vécues autrement. C’est pour moi un cadeau que la viem’apporte à tous les jours. »Rendons hommage à ce père de famille, à la recherche d’une meilleurequalité de vie faite sans préjugés, sans jugements de valeur et pleind’empathie pour les siens et leurs semblables.Notre lauréat, Michel Houle, membre duconseil d’administration de la Fédération <strong>des</strong>familles et amis de la personne atteinte demaladie mentale et vice-président del’Éclusier du Haut-Richelieu.La COFAQ a rendu public le document : Éléments de plateforme pourune politique familiale globale. Ce document présente les énoncésd’orientations et de mesures adoptés par les participants lors <strong>des</strong> Étatsgénéraux sur la famille, le 28 octobre 2006, afin de mieux définir lesdéfis de la prochaine décennie.Les propositions présentées dans la Plateforme visent à redonner uneplace prépondérante aux familles, creuset de vie et institution de baseincontournable, et à augmenter le sentiment de pouvoir <strong>des</strong> familles surleur <strong>des</strong>tinée.Ce document est disponible à la COFAQ ou sur notre site Internet.36 ACTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA FAMILLE 2006

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