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Academie Nissart 97/225 - Le Pays de Nice et ses Peintres

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Or, certains <strong>de</strong>s Jeunes Amateurs prêtent leurconcours au Teatrino Martiniano, le théâtre <strong>de</strong>marionn<strong>et</strong>tes animé par <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> d’anciens élèvesdu collège qui, <strong>de</strong>puis 1844, sous la protection dugouverneur <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Jésuites, expriment les idées duparti conservateur <strong>et</strong> participent aux polémiquesprécédant la promulgation du Statuto par le roiCharles-Albert. Ils jouent les pièces qu’écriventJean-Baptiste Bottero, Joseph Giorgi, AugusteFricon <strong>et</strong> le poète Eugène Emanuel. Ce <strong>de</strong>rnier estun peu l’inverse <strong>de</strong> Guisol. Né en 1817, il est issud’une famille aisée <strong>de</strong> la bourgeoisie niçoise, seragreffier <strong>de</strong> justice <strong>et</strong>, <strong>de</strong>meuré fidèle à la Maison <strong>de</strong>Savoie, prendra la nationalité italienne en 1860 pourterminer sa carrière à la cour d’appel <strong>de</strong> Gênes. Ildécè<strong>de</strong>ra à <strong>Nice</strong> en 1880. La troupe porte le nom <strong>de</strong>Martin, un personnage <strong>de</strong> spirituel paysan niçois quiréapparaît dans chaque pièce bilingue (italiennissart)<strong>et</strong> dont Emanuel ambitionne <strong>de</strong> faire lamaschera nizzarda, l’équivalent niçois du Giandoujaturinois.271 Jacques GUIAUDMaison <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong>s Jésuites à Carabacel, <strong>Nice</strong>, vers 1850AquarelleHercule Trachel, qui est comme Emanuel unancien élève <strong>de</strong> l’établissement, peint les décors <strong>et</strong> leri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> scène. Si les décors sont perdus, le ri<strong>de</strong>auexiste encore. C<strong>et</strong>te toile <strong>de</strong> 2,90 m. sur 1,66 m. estconservée au Musée Masséna. <strong>Le</strong> bord, très dégradé,est garni d’une frise où l’on lit les noms <strong>de</strong> quelquesanimateurs <strong>et</strong> le titre <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong>s créations duTeatrino. <strong>Le</strong> centre représente un pique-nique surfond <strong>de</strong> campagne niçoise. Au loin, la mer, la côte,une végétation méditerranéenne, <strong>de</strong>s aloès, unechapelle <strong>et</strong> une gran<strong>de</strong> bâtisse. Il s’agit trèsprobablement <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> campagne possédéepar les Jésuites à Carabacel, sur les premières pentes<strong>de</strong> la colline <strong>de</strong> Cimiez. L’emplacement <strong>de</strong> cebâtiment familier aux spectateurs du Teatrino assurecomme la jonction entre le milieu rural <strong>et</strong> populairequ’incarne Martin <strong>et</strong> la « bonne société » dont lecollège instruit l’élite. Au premier plan, un enfantlève son verre (<strong>de</strong> la main gauche, sans doute pour<strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> symétrie). Il est vêtu d’un pantalonbleu serré par une taiola rouge <strong>et</strong> d’une chemiseblanche : un élève du collège en tenue campagnar<strong>de</strong> ?A côté <strong>de</strong> lui, répondant à son toast mais s’adressantaussi aux spectateurs, voici Martin, une sorte <strong>de</strong>gnome sans âge qui esquisse un pas <strong>de</strong> danse. Seul cedocument perm<strong>et</strong> d’avoir une idée <strong>de</strong>s marionn<strong>et</strong>tesdu Teatrino. Si l’on compare Martin avec le pêcheurou avec Barba Lauren du Presepi 13 , on est frappé parles ressemblances : même bonn<strong>et</strong> niçois rouge,même chemise épaisse, même visage grotesque.Mais, comme Giandouja, Martin porte la culotte à lafrançaise, les bas <strong>et</strong> les souliers à boucle. C<strong>et</strong>te tenueapparemment populaire <strong>et</strong> au fond conservatrice(car, sans être réellement archaïques, <strong>de</strong> telsvêtements sont démodés en 1844) symbolise assezbien les idées politiques exprimées dans les piècesjouées <strong>de</strong>vant le gouverneur <strong>de</strong> Maistre, l’évêque,Mgr Galvano, <strong>et</strong> les autres membres <strong>de</strong> la hautesociété niçoise à qui le spectacle est réservé surinvitations.Quant à la participation d’Hercule Trachel auTeatrino, elle s’explique peut-être par le fait qu’il estle professeur <strong>de</strong> peinture <strong>de</strong> la comtesse <strong>de</strong> Maistre,<strong>de</strong> <strong>ses</strong> filles ainsi que d’autres personnes d’unearistocratie <strong>et</strong> d’une haute bourgeoisie dont il décoreles villas. En outre, il travaille pour l’Eglise <strong>de</strong>puis1841 <strong>et</strong> son activité dans le domaine <strong>de</strong> l’art sacré estparticulièrement importante en 1844, année <strong>de</strong> lafondation du Teatrino 14 .La contribution picturale d’Antoine Trachel à lalittérature d’oc <strong>de</strong> <strong>Nice</strong> est moins spectaculaire, maistout à fait remarquable, puisqu’elle concerne le textefondateur <strong>de</strong> la littérature nissar<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, LaNemaïda <strong>de</strong> Joseph-Rosalin<strong>de</strong> Rancher (1785-1843).Elle consiste en une série <strong>de</strong> sépias <strong>de</strong>stinées àquelques exemplaires <strong>de</strong> la première édition (1823).Réalisées à une date inconnue, celles du volume ducomte <strong>de</strong> Cessole ont été partiellement révélées aupublic en 1954, date à laquelle M. André Compan ena publié huit en hors-texte dans son édition <strong>de</strong>sOeuvres du poète 15 , <strong>et</strong> en 1985, quand six autres ontété reproduites avec les précé<strong>de</strong>ntes dans l’album <strong>de</strong>l’exposition du Musée Masséna, <strong>Le</strong>s Fleurs <strong>de</strong>Rancher 16 .Enfin, l’apport <strong>de</strong> l’architecte <strong>et</strong> aquarelliste PaulTrachel est plus mo<strong>de</strong>ste, mais se rattache égalementà une étape importante <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres d’oc<strong>de</strong> <strong>Nice</strong>, l’essai <strong>de</strong> renaissance théâtrale que l’on doità Juli Eynaudi (1871-1948). Ce <strong>de</strong>rnier, qui a crééson Cagancio en 1901 <strong>et</strong> a publié Lou Terno en 1905,fait appel au fils d’Antoine pour illustrer sa troisièmecomédie nissar<strong>de</strong>, Misè Pounchoun 17 , parue en encartdans le numéro <strong>de</strong> 1910 <strong>de</strong> son Armanac niçart. Ses165

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